09. Bolduc, 1985 - Recension de Heidegger - Les Problèmes Fondamentaux de La Phénoménologie

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    Compte rendu

    Ouvragerecens :

    HEIDEGGER, Martin, Les problmes fondamentaux de la phnomnologie par Ren BolducLaval thologique et philosophique, vol. 41, n 3, 1985, p. 454-456.

    Pour citer ce compte rendu, utiliser l'adresse suivante :

    URI: http://id.erudit.org/iderudit/400206ar

    DOI: 10.7202/400206ar

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    dossier d'analyses et de faits dont l'utilit et la porte scientifiques dpassent largement ce que laisserait entendre le titre de l'ouvrage.

    Paul-Hubert POIRIER

    Marie-Dominique CHENU, Une cole de thologie : le Saulchoir. Collection Thologies, Paris, ditions du Cerf, 1985 (14.5 x 23 cm), 182 pages.

    Ce livre rdite le clbre manifeste Pre Chenu, publi hors commerce en 1937 et mis l'index en 1942 pour ses ides sur les relations entre histoire et thologie. Le texte de Chenu est prcd de quatre tudes qui retracent les circonstances de sa condamnation et qui montrent la permanente actualit de l'objet du litige.

    Sous le titre de Christianisme en tant qu'histoire et thologie confessante, Giuseppe Alberigo situe les thses alors controverses par rapport l'itinraire thologique de leur auteur et par rapport la raction romaine qu'elles ont suscite. Sa proposition d'une thologie confessante o la confession priante de la foi... constitue la seule forme lgitime de thologie (p. 32) nous semble abusive pour incarner aujourd'hui les intuitions de Chenu. Autre chose est de considrer, comme Chenu, la thologie comme la foi in statu scientiae, autre chose est d'en faire une forme primaire d'expression de la foi. L'tude suivante, d'Etienne Fouilloux sur Le Saulchoir en procs (1937-1942), nous invite resituer la condamna-tion de Chenu dans le contexte du dbat entre deux thomismes : celui de la scolastique schement spculative et deductive de l'Angelicum o s'illus-trait Garrigou-Lagrange et celui d'une ouverture l'historicit de toute thologie, dfendu par la thologie thomiste cisalpine. Jean Ladrire pro-pose ensuite quelques rflexions sur l'historicit de la thologie dans ses rapports avec la philo-sophie. Enfin, Jean-Pierre Jossua nous dit com-ment il ressent aujourd'hui ces grandes options de Chenu que furent son sens de l'humain, de l'intel-ligence de la foi, de l'histoire, de la philosophie vivante et de la libert.

    Le texte de Chenu est une pice majeure de l'histoire de la thologie du XXe sicle. En mme temps qu'il nous rvle l'tat lamentable de la thologie officielle de l'poque, il nous fait con-natre l'inspiration des pionniers de la nouvelle thologie d'alors. Les intuitions matresses de

    Chenu valent encore aujourd'hui, mme si elles appelleraient d'autres formulations. Ainsi, mme si la thologie s'exprime maintenant travers la rationalit des sciences humaines, elle reste incarna-tion de la foi dans l'intelligence. Comme le Christ est tout aussi homme que Dieu, la thologie est tout autant savoir humain autonome que foi vcue. Aujourd'hui, on insisterait peut-tre davan-tage pour dire que la thologie rpond d'abord une initiative de la raison ; il s'agit cependant toujours de la raison croyante, assez croyante dans le mystre de la Parole de Dieu devenant parole humaine pour prendre au srieux tout questionnement humain sans perdre sa vise fonda-mentale.

    Chenu tait alors et est toujours rest un grand serviteur de la foi vcue. C'est comme cela qu'il a toujours conu son mtier de thologien. Voil pourquoi sa thologie n'a jamais vieilli, la diffrence hlas de celle de trop d'artisans de Vatican IL

    R.-Michel ROBERGE

    Martin HEIDEGGER, Les problmes fondamentaux de la phnomnologie, trad, de l'allemand par J.-F. Courtine, Gallimard, (Bibliothque de philosophie). Paris, 1985, 410 p.

    La publication de ce cours vient prciser le projet initial d'tre et temps o l' explication du temps comme horizon transcendantal de l'tre > n'a pu tre mene terme, suite l'interprtation du Dasein sur la base de la temporalit. Pour l'appro-fondissement de cette question, Heidegger nous renvoyait cependant, dans une note marginale de son exemplaire personnel de Sein und Zeit, ce cours du semestre d't de 1927, disponible en allemand depuis 1975. Ds la premire phrase des Problmes fondamentaux de la phnomnologie, Heidegger note en bas de page qu'il s'agit en fait d'une nouvelle laboration de la troisime sec-tion de la premire partie de Sein und Zeit . Cette laboration est beaucoup plus historique et ne saurait constituer une simple suite d'tre et temps (dont la traduction intgrale en franais ne devrait plus tarder). Un point commun, parmi d'autres, entre le livre et le cours de 1927 : tous les deux demeureront inachevs. L'A. abordera donc peine la question ontologique du sens de l'tre en gnral et ne pourra entamer la discussion sur la mthode scientifique de l'ontologie et l'ide de phnomnologie (voir plan, p. 42). Que

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    nous rserve donc ce cours? S'agira-t-il de remettre en cause la validit d'une discipline philosophique laquelle Heidegger doit beau-coup, malgr les critiques qu'il formule son endroit ? Cela n'est pas le but de ce cours puisque l'A. nous prvient ds le dbut que nous ne traiterons pas de phnomnologie mais de ce dont traite la phnomnologie (17), afin, crivait ailleurs le philosophe, d'en saisir les possibi-lits . Heidegger ne se gne donc pas pour rap-peler la phnomnologie son caractre mtho-dique ; si sa devise est bien le retour aux choses mmes , il importe alors de ne pas se cantonner dans des considrations sur le mode d'accs mais de parvenir vritablement ce que sont ces choses. La phnomnologie demeure ainsi la mthode privilgie de l'ontologie bien que, comme toute mthode, elle devienne ncessairement caduque en raison mme des rsultats obtenus (393). Alors que dans tre et temps l'analytique existen-tiale devait procurer le moyen d'accder au cur de la question du sens de l'tre, ce cours nous convie dialoguer immdiatement avec les repr-sentants de la philosophie classique avec, pour fil conducteur, le problme de la diffrence onto-logique.

    Le cours est divis en deux parties (au lieu des trois prvues et ne traite que du premier point de la deuxime). La premire division propose une discussion phnomnologique de quelques thses [quatre] traditionnelles sur l'tre et la deuxime amorce une analyse de la question ontologique fondamentale du sens de l'tre en gnral et des structures fondamentales et des modes fonda-mentaux de l'tre. Premire partie, premire thse : la thse kantienne : l'tre n'est pas un prdicat rel. Kant avait montr dans la Critique de la raison pure que le prdicat d'existence (d'tre) n'est pas une dtermination relle qui vient rajouter un supplment la chose. Ralit, pour Kant, n'est pas synonyme d'effectivit (ra-lit objective) mais indique la dtermination pos-sible d'une chose. Ainsi tre acquiert le sens de simple position tandis que l'effectivit (position absolue) relve plutt de la perception. L'A. dmontre que l'intentionnalit, structure essen-tielle de la perception, n'est pas d'abord une relation des choses effectives la facult de connatre mais un comportement existential du Dasein. Deuxime thse : la thse de l'ontologie mdivale. Lorsque l'effectivit de l'tant se lie essentiellement l'ide de cration (= production), la distinction onto-thologique essence-existence

    (127) devient ncessaire, laquelle ne recouvre que partiellement la diffrence ontologique tre-tant.

    Quant aux diffrentes approches de la premire distinction, les thses de Thomas d'Aquin (dis-tinctio realis), de Duns Scot (distinctio formalis) et de Suarez (distinctio rationis) sont minutieu-sement tudies et intgres dans l'histoire de la mtaphysique, quoique l'ide de l'tant cr condamne et rende impossible toute probl-matique ontologique (128). Troisime thse: l'ontologie moderne : res extensa-res cogitans. Toute ontologie (mme celle de l'Antiquit avec ses notions de logos, psych, nous, me, vie...) exige une interprtation de l'tant humain, d'aprs l'A., sans ncessairement constituer celui-ci en fondement absolu la faon cartsienne. Mais l'orientation dcisive sur l'ego et sa subjectivit rgulatrice manque inexorablement son but quand elle cherche dterminer le sujet l'aide de concepts inappropris son mode d'tre (en particulier celui de subsistance). La diffrence ontologique qui se transpose (se dgrade) en distinction sujet-objet caractrise la modernit. Kant est, selon Heidegger, celui qui a dvelopp le plus loin la dimension propre de la sphre du sujet. Parmi les distinctions kantiennes entre le moi transcendantal (aperception), le moi psycho-logique (empirique) et le moi moral (responsable), ce dernier s'avre la vritable dtermination kantienne centrale du moi et de la subjectivit (164), cependant que Kant en est demeur la position de Descartes, c'est--dire la conception d'un je subsistant. Quatrime thse : la thse de la logique, l'tre de la copule. La problmaticit de l'tre se confine ici dans la fonction de liaison entre le sujet et le prdicat. La vrit trouve sa consistance avec l'hypernominalisme de Hobbes dans la proposition nonce (229). John Stuart Mill assigne la copule, en plus de son rle de liaison, l'expression de l'existence (dire que Socrate est juste, c'est reconnatre que Socrate est ) ou de non-existence dans le cas des propo-sitions ngatives (235). Lotze poussera plus loin encore en dmontrant qu'en chaque nonc se retrouvent une ide principale (contenu du juge-ment) et une ide annexe (jugement de vrit sur l'ide principale). L'A. montrera par la suite l'insuffisance de la conception de l'tre comme copule dans l'nonc, lequel ne saurait manifester de par lui-mme son caractre vritatif puisqu'il relve avant tout de cet existential du Dasein qui lui permet d'emble d'tre dans la vrit ou la non-vrit, avant toute expression de jugement. La deuxime partie, qui aborde le problme de la

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    diffrence ontologique par le biais de la compr-hension traditionnelle du temps et de la tempo-ralit, constitue ce qu'aurait t en quelque sorte la troisime section de la deuxime partie de Sein unci Zeit, laquelle nous promettait une analyse du trait d'Aristote sur le temps. L'interprtation prend ses assises sur cette dfinition que nous retrouvons dans la Physique 219b 1 sq., dfini-tion qui, selon Heidegger, n'a pas t dpasse par les poques ultrieures (287). (L'A. mentionne l'interprtation aberrante de Bergson qui rduit le temps chez Aristote l'espace [294] ). L'impor-tance que revt le maintenant dans la dfinition aristotlicienne ne se rduit quelque chose de spatial qu' la condition d'en faire un point isol qui s'estompe ds qu'il se prsente. Heidegger remarque que cette msinterprtation oublie que, pour Aristote, le maintenant n'est pas une partie du temps, mais il est toujours le temps lui-mme (302). L'approche aristotlicienne ne rend pas compte cependant, premirement, de la tem-poralit originaire des trois ek-stases (pass-prsent-futur), qui constituent l'tre du Dasein, et deuximement, de l'tre temporal qui rend pos-sible la comprhension prontologique et onto-logique de l'tre. Dans le cas de l'tre disponible (donn de prime abord puisque le subsistant dcoule d'une connaissance drive), le Dasein se comporte son gard par la prsentification ad-tensio rtentionnelle du complexe instrumental comme tel (365), ou encore, par la retenue prsentifiante de la finalit de l'outil. Enfin et ici se dvoile la conjonction ncessaire entre tre et temps toute ontologie est science temporale par excellence (bien que cette dimension soit tombe dans l'oubli) en vertu de l'apriorit de l'tre. L'tre s'exprime par le dj, le ce qui vient avant, le premier commencement, le ce qui est seulement prsent , parfois mme par ce qui est en dehors du temps, ou encore par ce qui revient toujours. Ce langage, qui s'nonce au sein des positions mtaphysiques fondamentales, ne reconnat pas que la tempo-ralit distinguer de la conception vulgaire correspondant l'intratemporalit, au sens o un tant est dans le temps constitue la condition par laquelle quelque chose comme tre peut devenir comprhensible. Heidegger use mme, dans son cours sur la Phnomnologie de l'esprit de Hegel, de l'expression onto-chronie. Il faut signaler l'excellent travail de J.-F. Courtine qui fait partie, avec E. Martineau, de cette deuxime gnration de traducteurs de Heidegger qui s'en tient davantage la lettre du texte. Le sens

    particulier de certaines expressions heidegg-riennes est soulign par l'emploi de traits d'union ( -vidence, dif-frence, temporal-it ...) et on ne craint pas le nologisme lorsque l'qui-valent franais manque le sens ou n'existe tout simplement pas ( ad-tentif pour gewartigen , quissit pour Werheit , perceptit pour Wahrgenommenheit...). L'avertissement du dbut et le lexique la fin du volume nous renseignent sur les principes de la traduction-interprtation de Courtine.

    Ren BOLDUC

    Luc FERRY. Philosophie politique, I : Le Droit : la nouvelle querelle des Anciens et des Modernes. II: Le systme des philosophies de l'histoire. 2 volumes de 183 et 245 pages, Coll. Recher-ches politiques, P.U.F., Paris, 1984.

    Ces deux volumes, qui peuvent se lire sparment et qui seront suivis de deux autres, s'inscrivent dans un ensemble de recherches par un jeune universitaire franais un vritable essai de synthse, semble-t-il sur le phnomne du totalitarisme et les dbats qu'il suscite au sujet de la pense allemande.

    Le premier volume prend en charge le mou-vement de retrait l'gard de la modernit tel qu'il s'labore dans la pense contemporaine chez Lo Strauss et Heidegger penseurs videmment forts diffrents mais que Ferry se propose, non sans audace, de rapprocher ici. Loin de vouloir adhrer l'une ou l'autre de leur dmarche, il s'agit pour lui d'assumer et d'intgrer leurs objec-tions pour envisager la philosophie politique d'un point de vue rsolument moderne mais sans la navet d'un simple retour Kant ou de Tocqueville (p. 10) qui prtendrait faire l'conomie de ces questionnements. Ferry rappelle donc d'abord en avant -propos le sens de l'interrogation heidegerrienne pour en suggrer la pertinence proprement politique (surtout travers sa reprise par H. Arendt) et indiquer en quoi elle ouvre la voie la rflexion straussienne sur le droit natu-rel (p. 31) : la dconstruction heideggerienne de la modernit comme imprialisme de la subjec-tivit constitue, pour Ferry, le modle de la critique straussienne de l'historicisme. Dans ce cadre, il reprend son compte la critique de la mtaphysique et celle de l'historicisme (comme abolition de toute transcendance), mais se refuse

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