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Année 2 Gouvernement Général T om e X 1 V j 93 1 de Janvier-Juin l'Afrique Occidentale Française Nos 1-2 U BULLETIN ,iu COMITÉ d ÉTUDES HISTORIQUES et SCIENTIFIQUES de l'Afrique Occidentale Française SOMMAIRE Pages Liste des Membres du Comité au 1" janvier 1DU1 v Albert RÉMONDET. Deux former primitives d'éducation au Soudan français 1 Charles MONTE1L. La Divination chez les 'soirs (te l'Afrique Occidentale rraiicaite 27 Gilbert V1H1LLARD. Récits l'eiils du Mucina el du Kounuri 137 R. ROUSSEAU. Les î'luies au Sénégal de 1SS7 à 11)27 157 Chronique 183 Bibliographie A fiicaine |gy ABONNEMENTS: J J'>nce, Colon.ks 16 fr. hlItANGEK 18fl\ PARIS (V) LIBRAIRIE LAROSE il, Riu Victor-Cousin Sr'i'izs. du numéro O francs

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Année2 Gouvernement Général T ome X 1 V

j 931 de –

Janvier-Juin l'Afrique Occidentale Française Nos 1-2

U BULLETIN

,iu

COMITÉ d ÉTUDES HISTORIQUES

et SCIENTIFIQUES

de

l'Afrique Occidentale Française

SOMMAIREPages

Liste des Membres du Comité au 1" janvier 1DU1 v

Albert RÉMONDET. – Deux former primitives d'éducation auSoudanfrançais 1

Charles MONTE1L. – La Divination chez les 'soirs (te l'AfriqueOccidentale rraiicaite 27

Gilbert V1H1LLARD. – Récits l'eiils du Mucina el du Kounuri 137

R. ROUSSEAU. – Les î'luies au Sénégal de 1SS7 à 11)27 157Chronique 183Bibliographie A fiicaine |gy

ABONNEMENTS:J J'>nce, Colon.ks 16 fr.hlItANGEK 18fl\

PARIS (V) – LIBRAIRIE LAROSEil,Riu Victor-Cousin

Sr'i'izs. du numéro O francs

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Comité d'Etudes Historiqueset Scientifiques

de l'Afrique Occidentale Française

Bureau du Comité pour l'année 1931

Président d'honneur M. Roume, Gouverneur GénéralHonoraire.

Présidenl: M. le Gouverneur Général de l'Afrique Occi-dentale Française.

Vice-Présidenls MM. Charton, Inspecteur Général del'Enseignement en A. O. F.le Docteur MATHIS, Directeur del'Institut Pasteur, Dakar.

Secrétaire- Archiviste M. REMONDET, Professeur au CoursSecondaire, Dakar.

Le « Bulletin du Comité d'Etudes historiques et scienti-fiques de l'Afrique Occidentale Française » étant un organede libre discussion scientifique, les opinions développéesdans les divers articles et notes n'engagent que la respon-sabilité de leurs auteurs.

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Comité d'Etudes Historiques

et Scientifiques

l'Afrique Occidentale Française

BULLETIN

du

de

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Gmmracmcnl «aérai de l'Afrique Occidentale Française

BULLETIN

COMITÉ d ÉTUDES HISTORIQUES

et SCIENTIFIQUES

"f'de

l'Afrique Occidentale Française

A.IVIVÉE 1931

LIBRAIRIE LAROSE

du

(Tome XIV|

PARIS Ve

11, RUE VICTOR-COUSIN, 11

1932

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Table des Matières du Tome XIV(Année r 93 r )

1I<l'p\<Nn~~s> Pages

Liste des Membres du Comité au janvier 1931 v

bïé~noiv·es

Albert RÉMONDET. – Deux formes primitives d'édu-cation au Soudanfrançais. 1

Ch. MoNTElL. – La divination chez les Noirs dei'~1. 0.F. 27

Gilbert VtEtLLARD. – Récits peuls du Macina et duKounari. 137

R. Rou~sÈAU. – Les pluies au Sénégal de 1887 â'1927. d57L. GERMAM. – Mollusques terrestres et fluviatiles. 205P. CoLENo. – Contributionà J'étude des acridiens

migrateurs du Soudan. 218L. AujAs. Les Sérères du Sénégal 293R. ROUSSEAU. Le Sénégal d'autrefois. Etude sur leToubé. 334F. M. CoLOMBA~i. – Le Guidimaka 365P. LAFORGUE. Les Djenouu de la Mauritanie saha-rienne. 433AImANT DU PICQ. Une population africaine lesDyerma. 461

Iazctex ccLpTtabétiqzae yaa· a~ozam cfccuteua.s

ARDANTDU PrcQ. 461A.UJAS(L.). 293BLONRRL (M.). L'adaptation des coloniesb. l'organi-

sation actuelle des sociétés, art. an U88

CAPEHAN(D''). Notes sur l'étal sanitaire des popula-tions M'Fangs de Wo)en N'Ten, art. an 195

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CAZA;'¡OYE (Dr). Histoire épidémique de la fièvrejaune, art. an 194

CHETELÀT (E. de). -Notes d'un voyage géologique auDattomey et en Haute-Volta, art.an. 192

CHEVALIER (A.). L'aviation au set-vice de J'agricul-ture tropicaleet de la géographiebotanique, art. an. 191CoLt;Ko(P.). 218

CoLOMBAKt (F.M.). 365COULON (M.). L'enseignement des indigènes en

~3lgériey artcit. 188COLLON (M.). L'enseignement des filles indigènes

en Algérie, art.cit. 188FERHAKM (J.). Le Centre africain français, ouv.an. 200FURON (R.). Les gisements préhistoriques du

IÇaai,ta, art. au 194FUMN (R~). Sur la présence du cuivre dans le

Soudan occidental français. art.cit. J94GERMAIN(L.). 205HiLi!HE!MER(M.).–DieA)testen Beziehunge1.1 Zwis-

chen Asien und Africa Nachgewiesenan den Haus-tieren, art. an 199

HUBERT (H.). Quelques particutarités de la météo-rologie de l'Afrique Occidentale, art. an. 189

LABOURET (H.). La parenté à plaisanteries enA. O.F.,art.an. 197

LAFORGUE (P.). Contribution à la préhistoire del'Ouest africain, art.an. 201LAFORGUE(P.). 433

La5 m;vA~;T (F.) La poésie chez les Basuto, art. an. 198LEGRANn (J.). Corrélation entre les précipitations

annuelles de diverses régions intertropicales,art.an. 190y

LE TESTU (M.). Etude sur le fétiche N'Gwema,art.an. 198

MAMs(J.). –Les tigurinea

sculptées du Bas-Congo,art.cit. 197

MoNon (Th.). Une traverséede la Mauritanie oc-cidentale, art.an. 192MoNTEtL(Ch.). 27

MONTESPAN (M.). Etude sur le mariage dans la cir-conscription des Adoumas, art.an. 198

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RW ovn~T(A.). 1

REYNOLOS (F. G. B.). Thé rock-hewn wells in fikaemirate, art.an. 196

ROUSS)!~AU (11.) 157RoussEAU(R.). 33ATnocHAtN(J.).–Rote de l'aviation dans l'étude des

formations végétales et des forêts tropicales,art.an. 191VtE[LLARD(G.). 137

WtLLfAMS (J. J.). Hebrewisms of West Africa, ouv.an 195

C~t'OHt~Me. Notes e< 7n/'Ot'tKCt<<o<ts

La Société des Africanistes. 183MissionethnographiqueetlinguistiqueDakar-Djibouti. 183Travaux scientifiques dus à des indigènes. 184Prix littéraires de l'lnstitut des Langues et civilisa-

tions africaines. 186Actes duComité. 187

La réorganisation du Musée d'Ethnographie du Tro-cadéro. 453L'organisation des bibliothèques dans les cercles 453Une chaire de linguistique africaine à la Sorbonne. 455Conférence internationale pour l'Enfance africaine.. 455Mission Dakar-Djibouti. Communiqués no'1 1 et2. 457

Rochefort-sur-mer. Imprimerie A. Thoyon-Thèie.

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LA DIVINATIONchez les Noirs de l'Afrique Occidentale Française

par CHARLES MONTEIL

Ancien Administrateur des ColoniesMembre correspondant de l'Académie dés Sciences coloniales

I

INTRODUCTION(1)

Le Noir croit à un monde invisible dans lequel lemonde visible est comme noyé. Tout fait qui lui estinconnu ou qui, pour quelque motif que ce soit, luiparaît anormal, n'est autre, selon lui, qu'une mani-festation de cet occulte.

Le Noir croit, aussi, que certains individus possè-dent le don, ou le moyen, de connaître l'occulte et,par suite, d'en interpréter les manifestations ces indi-vidus sont les devins.

L'art du devin, la divination, tient une place consi-dérable, primordiale, dans la vie de l'indigène qu'ils'agisse de l'individu ou de la société, nul ne peut sepasser du devin, dont la science n'est, d'ailleurs, pasrestreinte au seul présent mais embrasse égalementle passé et l'avenir. En principe, le devin est un simpleinterprète de l'occulte; ce n'est pas un prêtre, ce n'estpas non plus un magicien, mais la pratique de sa fonc-

(1) Les noms empruntés aux dialectes indigènes sont, dans notretexte, écrits en italiques toutes les lettres se prononcent, remarquefaite que g est toujours dur; u = ou e = t 1'» n'a jamais le son du zles consonnes d, t, s. suivies d'un y, sont mouillées.

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tion l'incline à devenir l'un et l'autre, d'autant plusque la religion et la magie indigènes ne peuvent se pas-ser de la divination.

Le devin a donc, chez les Noirs, un rôle que l'on nesaurait s'exagérer il n'est pour ainsi dire rien qui nenécessite son intervention, l'Etat et les particulierssont, à divers titres, sous sa dépendance et à sa dis-crétion. L'Européen ne s'en rend pas compte parcequ'il est ignorant de la mentalité du Noir, mentalitéfort éloignée de la sienne. Et cependant 1

Dans le discours qu'il prononça, le 28 mai 1913, enqualité de président de la Society for psychical researchs,Bergson se demandait ce qui serait arrivé si la sciencemoderne, au lieu de partir des mathématiques et d'ap-pliquer ses investigations à la matière seule, avaitconsidéré, tout d'abord, l'esprit. Que serait-il advenusi Képler, Galilée, Newton, par exemple, avaient étédes psychologues.

«Nous aurions certainement eu, dit-il, une psycho-

logie dont nous ne pouvons nous faire aucune idéeaujourd'hui, pas plus qu'on n'eut pu, avant Galilée,imaginer ce que serait notre physique: cette psycho-logie eut probablement été à notre psychologie actuellece que notre physique est à celle d'Aristote.

« Etrangère à toute idée mécanistique, ne concevantmême pas l'idée d'une pareille application, la scienceeut recherché, alors, au lieu de les écarter a priori,des faits comme ceux qu'étudie notre Société; peut-être même la recherche psychique eut-elle Sguré parmises principales applications.

« Une fois découvertes les principales lois de l'acti-vité spirituelle comme le furent, en effet, les loisfondamentales de la mécanique – on aurait passé del'esprit, proprement dit, à la vie; la biologie se seraitconstituée, mais une biologie vitaliste, toute différentede la nôtre, qui serait allée chercher, derrière lesformes sensibles des êtres vivants, la force intérieureinvisible dont elles sont les manifestations )'.

A l'exemple de bien d'autres peuples, les Noirs igno-rent les mathématiques et sont, par contre, exclusi-vement engagés, si loin que l'on remonte dans leur

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passé, dans la voie psychique. Il en résulte que, poureux, la vie n'est pas ce que nous imaginons; mais.comme ils n'ont pas codi&é leurs croyances, nous nepouvons que déduire, des paroles et des actes de laplupart d'entre eux, les principes de leur psychisme.

L'être humain, l'homme, d'après ces principes, appa-raît comme dominé par un élément immatériel double,constitué par une âme dya (1) qui périt avec le corps,et une âme nyama (2) qui survit au corps. Pendantle sommeil naturel, ou autres circonstances analogues(léthargie, hypnose.), le dya est susceptible de diva-guer hors du corps et d'entrer en relation avec les autresdya ses semblables il peut aussi, dans les cas de pos-session notamment, se trouver comme annihilé.

Le nyama, après la mort du corps, ne périt pas, ildemeure dans le monde invisible les nyama des indi-vidus d'élite, c'est-à-dire de ceux surtout qui, de leurvivant, ont détenu la puissance ou l'autorité, mènentdans cet au-delà une vie pareille à celle qu'ils avaientici-bas et conservent, en outre, des pouvoirs accrussur les vivants. Les nyama ont une tendance à se réin-carner dans les familles auxquelles ils ont appartenudurant leurs vies terrestres. Cette idée de reviviscenceest très répandue et elle permet de dire que l'existence,suivant la conception nègre, est une sorte de cyclemarqué par la naissance, la vie terrestre, la mort, lavie dans l'au-delà et qui recommence par la réincar-nation.

Les âmes désincarnées des ancêtres sont, pour lesNoirs, analogues aux dn manes des Romains. En plusde ces Manes, les Noirs peuplent le monde invisibled'une infinité d'esprits (nyama) dont quelques-uns seu-lement échappent à l'anonymat et sont honorés d'unculte.

Ces conceptions sont constamment présentées dupoint de vue anthropomorphique et les relations entreles deux mondes sont considérées comme ininterrom-pues, si bien que le Noir est sans cesse occupé et préoc-

(1) En mandé.(3) En mand6<

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cupé par l'immixion de l'occulte dans le réel et entraîné« à aller chercher derrière les formes sensibles, la force

intérieure invisible dont elles sont les manifestations »,comme dit Bergson.

Ce bref exposé aide à comprendre bien des pratiquessoudanaises, bornons-nous à quelques exemples quitrouveront d'ailleurs leur développement ci-après.

La naissance d'un enfant, pour nous, simple faitphysiologique, pose pour l'indigène des questions autre-ment préoccupantes et troublantes. Est-elle, cettenaissance, le résultat d'une réincarnation? Commentle savoir? La mère, le père, les gens de leur entourage,chacun s'ingénie, par l'examen du corps de l'enfantet la critique des circonstances de l'événement, à décou-vrir des indices révélateurs. Autre question y a-t-ilquelque raison de croire que cette naissance est unemanifestation spéciale de quelque esprit malin de l'au-delà ? C'est le cas, d'ordinaire, lorsque l'enfant meurtpeu après sa naissance et que ce décès a été précédéd'autres décès pareils. Les suppositions sont innom-brables que pose une naissance et chacune exige uneinterprétation et des soins particuliers que l'on ne sau-rait envisager d'avance, ce sont autant de cas d'espèce.Aussi, alors que chez nous le baptême est une cérémo-nie religieuse à caractère défini, l'imposition du nom,chez les Soudanais, traduit, le plus souvent, le résultatvariable des découvertes psychiques dont nous venonsd'esquisser les tâtonnements.

Et que dire de la mort? L'interrogation du défunt,encore pratiqué chez nombre de populations noires, aété beaucoup plus général qu'aujourd'hui. Pour toutdéfunt, il importe, en effet, de découvrir pourquoi ila quitté la vie, et rien ne fait mieux comprendre com-ment, pour le Noir, le corps n'est qu'une apparencec'est ce qu'il cache qui importe et que l'on ignore. D'oùune angoissante incertitude qui s'exprime sous les for-mes les plus diverses dans les questions que l'on poseau défunt lui-même et, surtout, dans rinterrogatoireformel et solennel qu'on lui fait subir publiquement.

Cette cérémonie publique met en lumière un traitcaractéristique de ces conceptions la solidarité pro-

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fonde et forte des membres de la collectivité indigène,solidarité qui, notamment, oblige à rechercher et àpunir tout ce qui est susceptible d'engendrer un malspirituel. C'est ainsi que lors d'une calamité publique(famine, épidémie, inondation.), l'on soupçonne aussi-tôt que le corps social est infesté par l'impureté dequelqu'un de ses membres et l'on procède à l'épurationgénérale par l'épreuve bien connue du poison préparéavec le bois rouge de l'erythrophleum guineense.

L'on comprend donc que dans ce dernier cas et dansd'autres innombrables, et même insoupçonnés de nous,il faut à un moment donné qu'un savant en matièrepsychique intervienne, spontanément ou sur demandedes intéressés, pour déterminer et pour dire de quoi ils'agit, ce qu'il faut faire et, souvent, pour procéder,en outre, aux opérations convenables.

Ainsi apparaissent à la fois la raison d'être et lanécessité du devin.

II

LE DEVIN

Il n'est pas de Noir qui ne pratique la divination àsa manière, chacun suivant ses moyens. Dans la famille,le chef de famille vise à se conformer aux désirs, voireaux ordres des Mânes comment les connaît-il cesdésirs ou ces ordres? A certains indices traditionnels;par des faits qu'il reconnaît pour des admonitions;par des pressentiments qu'il interprète, tout commeil interprète aussi ses rêves et les rêves des gens de samaison. Il recourt également à la divination par lepoulet, les colasj les cauris. Nombreux sont les indi-gènes qui portent toujours sur eux un jeu de douzecauris, qui leur permet, tout le long de la journée, deconsulter le sort, afin de ne pas faire de fausse manoeuvre.

Ce sont là des pratiques privées dont chacun a sonpetit assortiment, la divination a, en outre, des pro-fessionnels. Les devins sédentaires ne tirent de ce métier

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que des profits intermittents et vivent surtout duproduit de leurs récoltes, ce sont les plus nombreux.

« Chez les Nounouma, nous dit Tauxier (1), ne peuvent« devenir devin (vorko) que les gens de la soukala (mai-« son) du vorko ou bien ceux qui sont désignés par une« maladie mystérieuse. Il faut alors tombei malade,« très malade, d'une maladie causée par les esprits« c'est une sorte de folie et l'homme souffre beaucoup« et se sauve dans la brousse où on l'arrête.

« Alors, le chef de soukala de cet homme sacrifie un« boue aux ancêtres; il donne la peau de ce bouc séchée« et tannée à notre malade il lui fait fabriquer par unK forgeron trois palets en fer de la taille d'une pièce de« 5 fr. et un bâton en bois. Puis il réunit les vorko duf< village il fait offrir par le plus ancien de ceux-ci« une poule aux ancêtres. Le vorko coupe la tête qu'il« va cacher dans un trou de la brousse l'aspirant vorko« doit trouver cette tête. H prend le bâton par un« bout tandis qu'un vorko l'empoigne par l'autre extré-e mité et les deux chercheurs se laissent guider par« le bâton. Notre homme, paraît-il, trouve toujours« la tête et la rapporte triomphalement à sa soukala

« dès lors, il est reçu vorko. Il tue un chien pour régaler« ses nouveaux confrères et ceux-ci, par un échange« de bons procédés, lui donnent des grisgris pour garnir« sa peau de bouc. Le nouveau vorko peut alors exercer« son métier.» (2).

Chez les Mossi et Foulsé, le bugo ou buga (pluriel&H~u&a) est désigné et agrégé dans des conditions ana-logues « il est reconnaissable au collier de cauris qu'il« porte au cou et au bâton qu'il a à la main quand one le consulte, il se revêt de tous ses grisgris, s'orne de« têtes de marabouts, met aux doigts de gros anneauxa de fer forgé qu'il frappe les uns contre les autres à la« manière des castagnettes il monte sur une grosse« pierre ou un mortier renversé et c'est de là qu'il rend<' ses oracles» (Tauxier) (3).

(1) Le Noir du Soudan, p. 198.(2) Il en est de même pour le voro des Kassouma-fra et Kassouma-

boura, le bara ou baga des Nankana et des Koutango.(3) Le Noir du yat~tt, p. 39t.

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Le costume est quelquefois beaucoup plus compliquéque celui qui vient d'être décrit: notamment, chezles devins ambulants qui, tantôt de manière perma-nente, tantôt de manière saisonnière parcourent desrégions par eux élues. Nous avons connu un certainFarakourou qui circulait dans la région de Kayes-Médine.

Le matériel du devin est aussi quelquefois impor-tant par l'attirail qui le compose, nous décrivons Ci-après celui d'un sangsuru. Cet attirail nous incline àcroire que le sangsuru n'est pas que devin: la magieet la sorcellerie sont également dans ses moyens. C'estqu'en effet le devin se trouve entraîné à remplir, à l'occa-sion, les fonctions de prêtre, de magicien et même de sor-cier. Il fait souvent métier de guérisseur lorsque, parexemple,un individu est soupçonnéd'être sous l'influencede quelque esprit malin qui lui cause des troubles oule pousse à nuire à autrui; alors, le devin détermine dequoi il s'agit, ce qu'il convient de faire et soigne, enconséquence, le malade. En général, il tire de grosprofits de ces sortes de cure et se trouve, par là, incitéà en abuser. Son intervention est autrement gravedans les calamités, les épidémies. Il fait, en ces cir-constances, figure de justicier, désignant le coupableet spécifiant la punition à lui infliger, punition quipeut être la mort et entraîner le pillage et la confisca-tion des biens du coupable. Dans le Khasso (région deKayes-Médine), le mmna-dyombo opère à la lueur dufeu et, par des danses, acquiert l'extralucidité qui luipermet de découvrir les individus malfaisants et man-geurs d'âmes tantôt, il les soigne et les guérit tantôt,il leur inflige des punitions corporelles, parfois même,il les condamnait à mort, avec torture préalable ayantpour but d'arracher l'aveu des crimes commis.

Dans cette même province du Khasso, le gankurango,qui préside aux fêtes de l'adolescence, est égalementun devin doublé d'un magicien qui découvre et punitpareillement les prétendus sorciers mangeurs d'âmes.

Toutes ces fonctions, habituelles ou occasionnelles,reposent donc sur la divination dont il convient, parsuite, d'étudier les voies et moyens.

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III

LA DIVINATION

Tantôt le devin est en relation directe avec l'au-delàil use alors de quelque moyen de la divination diteintuitive; tantôt, il n'est renseigné que par des inter-médiaires animés ou inanimés, c'est-à-dire qu'il arecours à la divination inductive. Il existe dans cesdeux formes de divination des procédés strictementindigènes et des procédés inspirés ou introduits parl'Islam telles sont les grandes divisions de l'exposé quisuit.

DIVINATION INTUITIVE

PROCÉDÉS INDIGÈNES

Dans certains cantons de la province du Khasso (1),le Tringa et le Sorma plus particulièrement, l'on trouvedes sociétés composées exclusivement, en principe, defemmes et de filles et qui ont pour but spécial le traite-ment de la maladie de l'eau, causée par les esprits deseaux. Celui qui est atteint de cette maladie maigritd'une manière excessive, est incapable de se mouvoiret se plaint de la tête et de l'estomac. Les guérisseusesse donnent pour des épouses des ondins et elles em-ploient pour unique remède la racine de dyombo (~tos-pyros mesptK/ormtS).

Ces sociétés se réunissent invariablement le vendrediet le lundi de chaque semaine et se livrent, alors, à desdanses qui ont pour but et, prétend-on, pour résultatd'amener l'extralucidité. Au cours de ces danses, eneffet, après un temps variable avec les sujets, l'ondinetombe à terre, saisie par une sorte de crise la direc-trice de la séance s'approche alors, prend sur ses genouxla tête de l'inspirée et l'interroge. La réponse s'annonce

(1) Sur les deux rives du Sënégat, vers Khayes et Médine.

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toujours par une sorte de cri rauque qui rappelle lemeuglement du taureau et c'est pourquoi l'interroga-trice demande toujours « Eh bient que dit le « taureaudu Dêbo? car c'est par des esprits du lac Débo (1) queles ondines se prétendent, d'ordinaire, inspirées.

Ces femmes vaticinent à propos de tout et de tousleur loquacité dans cet état est excessive pour y mettrefin, la directrice place une feuille de d~ojn~o sur la lan-gue de l'ondine qui aussitôt se tait. Les adeptes de cessociétés sont les « enfants de l'eau » (dyidin') certainesont joui d'une grande renommée; Waré, par exemple,<[ui était une vieille femme pourvue d'une assez fortebarbe blanche.

Chez les Bambara, ces ondines sont appelées dt~deou j~tde, suivant les dialectes. Elles sont répandues unpeu partout chez les Mandé.

Les esprits auxquels on s'adresse sont innombrableset les procédés grâce auxquels on entre en rapportavec eux varient à l'infini, mais se résument en défini-tive à se mettre en la possession du génie auquel on arecours. Chez les Gouro du sud, nous dit le docteurNeveu, l'attirail du devin &edrotxan comporte unepirogue minuscule, à l'intérieur de laquelle est fixéeune sonnette. Vêtu de blanc, portant un anneau debois autour du cou, le bedroizan opère de la façon sui-vante. Il froisse entre ses mains et contre les parois dela pirogue des feuilles d'un certain arbre il frappe laterre avec la pirogue la sonnette résonne et le devinsiflle et tombe en transe. Il vaticine alors sous l'in-fluence du génie et lui ofïre ensuite un sacrifice.

Le p~ad<M(M des Gouro du nord et le te~oraxan desGouro du centre font usage, d'après Tauxier (2), d'unepetite gourde (pla) contenant une poudre ou des petitscailloux et recouverte d'une résille de perles de diversescouleurs ils l'agitent pour appeler l'esprit et aboutir.à une crise prophétique.

Chez les Samo du Dédougou, nous dit Tauxier, la

(1) Sorte de vaste épanchement du Niger, au sud-ouest de Tombouc-tou.

(2) M~~e~ Gouro et Gagou,p. 250.

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gourde permet d'entrer en relation avec des espritsmalins dénommés pieranon. D'ordinaire, chez ces indi-gènes, le devin est désigné par la « possession s mani-festée par des crises au cours desquelles le patient,tombé à terre, est agité par des tremblements. Le devinen exercice prescrit les soins à lui donner lorsqu'il estréputé rétabli, les gens du village lui font subir uneépreuve qui consiste à deviner un mot que l'un d'euxchoisit mentalement s'il réussit, il est reconnu apte,.si non il est écarté (1).

Le devin le plus considéré des Gouro du nord, d'aprèsle même informateur, c'est le baladyezan qui est unemanière de nécromancien. Pendant la nuit, ses consul-tants l'enferment hermétiquement dans sa case etmènent, au dehors, grand tapage à l'aide de deux ins-truments le ~o6<! formé de deux morceaux de fer quel'on heurte l'un contre l'autre et une corne de <yoro(antilope). Le MtKh~Mtn fait connaître la réponse desesprits qu'il a consultés dans ces conditions (2).

Nous sommes mieux informés du Nya. C'est, dansla région du delta central du Niger, un esprit honoréd'un culte public sous la direction d'un clergé. Parmiles membres de ce clergé, le waraminade (3) est celuiqui, lorsqu'il est possédé par cet esprit, rend des oraclesce qui le fait dénommer wara da « la bouche du dieu ».Ces oracles sont d'ailleurs formulés dans l'idiome dece dieu c'est-à-dire dans la langue du pays dont le Nyaest originaire, le Bélédougou, canton au sud-ouest deSégou. C'est lors des deux grandes fêtes saisonnières duNya, aux semailles et aux moissons, que le tparamtnaaefait connaître publiquement les révélations du Nga.Pour ces fêtes, le waraminade absorbe certain breuvagepropre, combiné avec des chants et des danses, à luiobtenir l'extralucidité dans la possession du dieu.Comme dans cet état son langage est inintelligiblepour les assistants, c'est le a maître du Nyale Nyatigiou grand prêtre, qui traduit ses paroles. Le toaramtnade

(1) Noir du Yatenga, p. 602.(8) MgfM Co«M et Gagou, p. 2SO.(3) Terme qui, littéralement, signifie < Qui est saisi par le dieu f.

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peut aussi interroger le Nya à tout moment pour ren-seigner quiconque le désire à cet effet, il se retire dansla petite case du Nya là, it concentre sa pensée sur laquestion qui lui a été posée, s'endort et, pendant cesommeil, reçoit les révélations du Nya.

Il est fréquent, partout au Soudan, que des indivi-dus reçoivent des révélations par le rêve. Chez les Mossi,le rêve est attribué à l'influence des Manes ou des géniesc'est le bagre qui s'attribue la science d'interpréterle rêve. Parfois, le rêve est l'image même de la réalité,plus souvent ce n'en est qu'un symbole que seul lebagre sait expliquer, mais qui aussi par sa fréquencea reçu une explication acceptée de tous les abeilles,que l'on voit en rêve, présagent la guerre à cause deleur aiguillon figuratif de flèche; le chien annonce lemangeurs d'âme; le mil et l'eau sont signes d'abon-dance le mouton indique qu'un sacrifice doit êtrefait aux ancêtres; rêver d'agonie est un présage demort. Le bagre discerne aussi les rêves trompeurs quine sont que des illusions (1).

Les Noirs ont, en général, une grande tendance àse suggestionner. Les « possédés » volontaires sontnombreux et l'on admet, plus même, l'on rechercheet l'on honore couramment la transe hypnotique. Iln'est pour ainsi dire pas de cérémonie cultuelle où lasurexcitation provoquée par les chants et les dansesne détermine chez certains assistants des crises decette nature, accompagnées souvent d'une grandeloquacité, chez les femmes en particulier.

La divination recrute parmi ces individus ses meil-leurs intermédiaires, et ces pratiques libres, publiqueset courantes font qu'il est très facile de trouver desmédiums ou tout au moins des sujets impressionnablesfaciles à suggestionner. C'est ainsi que dans l'assistancemême l'on trouve sans peine des « porteurs x de lacivière, lors de l'interrogatoire du mort, cérémoniesi caractéristique.

La mort est un mal qu'en principe l'on n'acceptepas sans en connaître la cause. Aussi, lorsque les pre-

(I ) t< ~6tf du Yalenga, (TACXtER), p. 386.

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mières formalités qui suivent le décès ont été accom-plies, voici comment l'on procède chez les Koniagui~d'après Delacour (1). On sort le cadavre de la case, onl'étend sur une civière faite de branches d'arbre recou-vertes de nattes. Quatre jeunes hommes célibatairesprennent ce fardeau qu'ils soutiennent sur leurs têtes.Un vieillard interroge alors le défunt: pourquoi est-ilmort? Est-ce volontairement, ou par maléfice, ou parle fait d'un génie (ruben) dont il a provoqué la colère?Les réponses résultent des mouvements de la civièrelorsqu'elle se porte en avant, la réponse est affirmativeelle est négative en cas de retrait en arrière.

Chez les mêmes Koniagui, le cadavre du chef devillage mort (2) est promené dans l'agglomération qu'ilcommandait on l'arrête devant chaque groupe decase, on lui fait choisir les bœufs qu'il désire lui êtresacrinés, on l'interroge sur sou successeur, s'il ne l'apas désigné de son vivant, on le questionne sur l'avenirdu village. Ne sont dispensés de l'interrogatoire, queceux qui décèdent à la suite de blessures reçues, de lavariole ou de la lèpre.

L'Européen est porté à croire que dans de pareillescérémonies le noir est dupe de lui-même et des manœu-vres des magiciens. Il faut remarquer tout d'abordqu'en principe celui qui préside la cérémonie procèdeà une sorte d'épreuve préalable pour savoir si les cho-ses sont au point. A cet effet, il a fait cacher un objetet ordonne au mort de le retrouver la réussite est con-sidérée comme une certitude qu'il n'y a pas de super-cherie.

Les porteurs eux-mêmes attestent qu'ils se trouventdans un état où leur volonté propre disparaît.

« Lorsque j'étais jeune homme, raconte un de ces<' porteurs, je croyais que les réponses étaient combi-

(1) Dei.ACOOR Les retM&t.(1) D'après les résultats de son interrogatoire, Pata Tougan~, chef

de la circonscription de Bantank, décMë en novembre IS08, aurait étévictime de Saméni, génie protecteur de son viUage parce qu'H n'avaitpas consentià accorderà ce génie le sacrifice humain qu'il lut demafda<t.

Ce qui ne signifie pas que, nécessairptnent, un être humain auraitdu être égorgé en l'honneur de ce génie, mais qu'une âme humaineaurait dû lui être donnée, par l'un de ces moyens dont les mitgif'tpnaet les sorciers ont le secret (DEt.AcoCR).

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« nées à l'avance et qu'il ne s'agissait que de super-«cheries. Un jour, il m'arriva d'être désigné comme« porteur d'un cadavre à interroger; je m'entendis à< l'avance avec trois de mes camarades, qui avaient« été désignés en même temps que moi il fut convenu« que quelles que fussent les questions posées, nous« resterions fermes pour empêcher tout mouvement« du cadavre. Toutes ces belles résolutions ne servirent« à rien dès la première question, malgré les efforts« que nous fîmes tous quatre pour nous retenir, le« cadavre nous entraîna très nettement en avant, sans« que nous fussions pour rien dans le sens de la question« faite (1).

Et voici un tableau brossé d'après nature qui rendbien compte que cette coutume, si caractéristique dupsychisme nègre, entre en action automatiquement,comme une formalité courante. On remarquera quele cadavre, gênant à porter, est substitué par quelquesobjets et quelques débris. La scène se passe à Sapiasé,village de la Haute Côte d'Ivoire, où séjournaient lesmembres de la mission Binger. Namarou, étrangère à lalocalité où elle résidait cependant sans difficulté depuisde nombreuses années, s'était chargée d'approvision-ner de lait les voyageurs européens un matin, on latrouva morte dans la case qu'elle occupait seule avecses deux enfants, n'ayant pas de mari.

Namarou (2)

quelqu'un l'avait frappée pourtant. On ne meurtpas comme cela, naturellement. Les noirs le savent.

D'où venait le coup? D'un maléfice ou du démon?Sakarabrou a de ces colères. Et malheur à ses victimes tII les pousse jusque dans la mort, étouffant les plaintesdes parents, imposant silence aux voix amies. Il faitle vide autour du cadavre qui ne connaîtra pas le reposde la sépulture dans la case~ ou près du village.

(1) DBI.ACOURi Les Tenda, p. 44.(2) Extrait de La France noire, pp. 168 et ss., par MMeet MoKMEB.

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On saurait vite à quoi s'en tenir sur les causes dudécès. Le féticheur avait fait un signe, les curieuxs'écartèrent, livrant passage à deux hommes qui por-taient une espèce de civière, quatre bâtons, arrachésà une toiture, liés ensemble; un appareil bien frêle,bon pour un petit enfant jamais la longue Namaroune s'y étendrait. Aussi n'était-il pas question d'opérerla levée du corps, mais d'attacher sur ce brancarddifférents effets ayant appartenu à la morte son pagne,d'abord, puis ses fuseaux, des écuelles, plusieurs gris-gris pendus au mur, les objets témoins de sa vie, témoinsde sa mort. Eux diraient qui l'avait fait mourir; ilsconduiraient les porteurs chez celui qui avait jeté lesort.

Namarou semblait suivre ces mouvements, les yeuxfixes, les prunelles dilatées par l'épouvante.

Et voici qu'on la laisse seule sur sa natte, seule dansla case dévastée. Le groupe des anciens, le féticheuret ses acolytes portant la civière se dirigent, escortésde la foule, vers la demeure du fétiche, le terrible Saka-rabrou, enceinte palissadée enveloppant un arbre àdemi-mort dont le vieux tronc est fouillé de cavitésbéantes. C'est lui (Sakarabrou) que le féticheur invoqueen touchant de sa baguette les hardes de la morte.

Les deux hommes ont placé la civière sur leurs têtes,frémissants, ils attendent, ils hésitent. Indifférentstout à l'heure, un frisson les secoue, leurs faces se con-vulsent, ils fléchissent sous le léger fardeau. Ils nes'appartiennent plus; un singulier phénomène de sug-gestion en fait les dociles instruments du sorcier qui,d'un geste irrésistible, les ploie, les lance en avant.

Ils détalent, ils bondissent, parcourent le villageen tous sens, heurtant les cases de-ci dé-là. Parfois, ilss'appuient à une porte, aux écoutes, et repartent d'untrain fou.

De l'endroit où nous sommes, sur une éminence, àl'entrée de Sapiasé, le terrain s'abaisse en pente douce.le regard suit toutes les péripéties de la chasse. Et cesont des cris, des protestations enragées lorsque lescoureurs, buttant contre une cabane, ruisselants desueur, pantelants, font halte une minute pour reprendre

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haleine. Le propriétaire qui craint d'êtredésigné commefauteur du sortilège se défend avec véhémence, prendles assistants à témoin. On le connaissait. Est-ce qu'ilétait capable de vouloir du mal à qui que ce fût? Pour-quoi donc aurait-il fait fétiche contre Namarou? Iln'avait rien à lui reprocher; ils étaient amis. Mais lescoureurs s'éloignent, il s'apaise.

Cela dure des heures. Et je songe à l'autre, à la tré-passée, oubliée là-bas dans sa hutte, les yeux grandsouverts, qui attend.

Il est plus de midi quand, pour la vingtième fois,les deux énergumènes reviennent près de l'enclos sacré,où ils s'arrêtent, enfin, haletants, une écume aux lèvres.Ils s'adossent, têtus, à la palissade, d'oû on ne peut lesarracher. C'est de là que, la nuit dernière, les fétichesont frappé Namarou. Elle est jugée maintenant, soncorps ne reposera pas dans la terre.

Alors éclate une clameur féroce, un concert d'impré-cations, la meute se rue à la curée. On amène, aumilieu de la place, les tam-tams géants, creusés dans untronc d'arbre, et l'orchestre prélude à petits coups. Puis lacadence s'accélère, le bruit s'enfle en grondement d'orage.

Namarou a été roulée dans une natte on l'apporte,on la traîne pour mieux dire; dans la bousculade,la sinistre bourriche crève la tête pend râclant le sol,de son haut chignon en cimier. Et le corps jeté à terre,autour, une ronde s'organise. D'abord serrés l'un contrel'autre, l'échiné courbée, les bras ballants, les dan-seurs se redressent et partent d'un vertigineux galop.Dans un poudroiement de sable rouge, le village entier,un millier de personnes, tourbillonne, les enfants et lesfemmes, les jeunes mères elles-mêmes avec leur marmotpendu en sautoir comme une giberne. Le féticheuret ses gens, à coups de martinet, activent le branlesur les épidermes en sueur, les lanières claquent avecun bruit de linge mouillé.

Le tapage a mis en fuite les animaux domestiques,moutons et chèvres se sauvent dans la brousse; lespoules eNarées sont perchées sur les toits. Et, masséesdans la prairie, les vaches inquiètes cessent de paître,le munie tendu, regardent.

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Au plus fort du tumulte, des hommes se précipitent,s'emparent du cadavre et l'emportent en courant versles bois.

Pendant une heure encore, la danse et les chantsont repris avec un redoublement de furie. Puis, subite-'ment, les trépidations du tam-tam cessent. Trois coups,largementespacés, et tout se tait. La chaîne est rompueà pas lents, muette, la foule se disperse les habitantsrentrent chez eux, apaisés, dans la sérénité du devoiraccompli.

Le soir vient. Le village est retombé à son train devie accoutumé. Des ménagères vont puiser de l'eau,les pilons retentissent dans les mortiers, broyant lemaïs et le sorgho. Le forgeron, sous son hangar, façonneles engins de culture et de guerre; les cuisines s'allu-ment et, des cases en forme de ruches, les fumées mon-tent vers le ciel pâle"(Marcel MONNIER).

Le procédé que nous venons de voir employé pourl'interrogatoire du défunt est communément en usagechez les diverses peuplades de l'A. 0. F. Bien loin dela forêt équatoriale, nous l'avons trouvé sur les bordsdu Sénégal, dans le Gadiaga, canton largement isla-misé. Là, pour découvrir un malfaiteur, le marabout,substitut du devin payen, prend un pilon qu'il habilled'un pagne et choisit deux jeunes gens non circoncis,qu'il plonge dans une sorte d'état hypnotique en réci-tant des prières ou des incantations. Il les éprouve enleur faisant rechercher un objet qu'il a fait caché, puis,sûr d'eux, il les lance à la recherche du malfaiteur.

PROCÉDÉS EMPRUNTÉS AUX MUSULMANS

Le devin noir, quel qu'il soit, sait donc mettre àprofit le fond facilement suggestionnable, dont nousavons parlé, pour les besoins de son métier. Ce n'estd'ailleurs là qu'un aspect de la tendance mystiqueprofonde et générale du noir dont l'Islam a été béné-ficiaire et dupe tout à la fois.

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Il est comamment admis de dire, en effet, que lesnoirs se sont islamisés; on ne remarque guère, parcontre, que plus encore l'Islam a été soudanisé, c'est-à-dire adapté par les noirs à leur mentalité. Notamment,l'Islam tolère chez les musulmans une certaine démono-logie, accepte des formes diverses de divinations quisont plus ou moins basées sur la croyance aux génies etaussi sur les rêves. Les Berbères et les Noirs islamisésmettent cette tolérance à large contribution voiciquelques exemples qui entrent dans le cadre de notreétude.

<Il existe dans l'Afrique du Nord un génie très en

honneur, Chamharouch (1), souvent invoque dans lesformules magiques. Il existe également une grotteoù l'on va dormir pour rêver sous l'inspiration de cegénie (2). Il semble que ce génie soit d'origine berbèreet qu'il faille retenir à son compte certains passagesd'El Bekn au xï~ siècle (3). Quoi qu'il en soit, ce Cha-mharouch s'est implanté au Soudan. Le Tarikh es Soudansignale l'askia El hadj Mohammed comme l'un de sesdévots au xv~ siècle et nous l'avons retrouvé à Djénnéau xxe siècle. C'est donc un des rares personnagesmythiques dont on jalonne l'existence sur près de dixsiècles et qui continue à être en honneur.

Voici rapportés textuellement d'après la traductionfrançaise du Tarikh el Fattach deux épisodes relatifsà la consultation du dit Chamharouch.

Le premier récit se rapporte au voyage à La Mecquede l'askia el hadj Mohammed, empereur du Songhay

(1) Il itgure au nombre des sept rois terrestres des génies (Magie etfeHg&tM. p. 121) l'origine de son nom est inconnue

(2) c J'at eu connaissance d'une autre grotte dans le GonntaS quipoite le nom de Sidj ChenihaMudj, c'est comme nous le savons, ]enom d'un des sept rois des djinns e.(DourTE.

BeH~tOK « Ma~fe, p. 4] 2).(3) Les Bnou Wami&n, qui font partie des Berbères, lorsqu'ilsveutent entreprendre une guerre, immolent une vache aux Chtuna-fMj (c'est ainsi qu'ils appellent les diables) et disent tnmême temps– Voi!& une offnmde pour les Chamuridj. Cette nuit même, ils ou-vrent toutes les outres et les sacs qui contiennent les provisions debouche et des fourj&ges, en criant: Voi!& des v~re~ et des fourragespour les Chamaridj. e <Bt:KM, ~t~~Me, trad. QuatremÈre).

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(1493-1528). Ce haut personnage était accompagné dequelques jurisconsultes qui constituaient son Conseilprivé et c'est l'un d'eux, rédacteur du Tarikh el Fattach,qui nous a laissé la narration qui va suivre; cette des-cription, où le réel et l'irréel se trouvent étroitementconfondus, est un exemple des plus caractéristiquesde la mentalité indigène et doit, à ce titre déjà, retenirtout particulièrement l'attention.

« Le récit (1) de son (2) voyage (à La Mecque), nous« dit le Tarikh el Fattach, contient des choses mer-« veilleuses qui témoignent à nos yeux de la faveur dont« Dieu avait comblé ce prince, ainsi que les deux juris-« consultes l'alla (3) Salih Diawara et l'alla Mohammed« Toulé.

« Un jour qu'il marchait, accompagné de sa suite,« il arriva dans une vaste oasis située entre Alexandrie

et le Caire et y passa la nuit avec sa troupe. Quand'f vint minuit, l'alla Salih Diawara, qui était sorti seul« pour aller faire des prières surérogatoires dans un« endroit écarté, entendit tout-à-coup un bruit élevé« de voix il se dirigea du côté des voix et lorsqu'il s'en« fut rapproché, il aperçut des lampes autour desquelles« des taleb, appartenant à la tribu des génies, réci-« taient le Coran. Ayant fait le tour du groupe, il décou-« vrit que c'étaient les compagnons du génie Chamha-

rouch qui revenaient avec lui du pèlerinage et que ce« dernier se tenait au milieu d'eux, tandis que cesa taleb de la race des génies se touinaient vers lui pourf réciter le Coran.

« L'o~/a Salih Diawara se dirigea du côté de Chamha-« rouch et, quand il fut arrivé auprès de lui, il lui« adressa la salutation musulmane et lui serra la main.« Tout le groupe se mit alors à rendre son salut à l'alla« et à lui serrer la main.

« Les voix s'étant élevées à cette occasion furent« entendues par l't~/a Mohammed Tonlé, qui sortait« lui-même pour aller faire des prières surérogatoires.

(1) A la page 126 de la traduction française.(2) C'est-A-dire du voyage d'el hadj Mohammed susvisé.(3) Titre signifiant a jurisconsulte musulman

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Ayant reconnu, au milieu des voix, celle de l'allaIl Salih Diawara, il craignit que celui-ci se fut pris de« querelle avec quelqu'un de la suite de l'askia Moham-med et il se dMgea de leur coté. Arrivé auprès d'eux,« il reconnut la troupe du génie Chamharouch et l'alfa« Salih Diawara qui, se tenant auprès de Chamharouch,lui adressait des questions. S'étant alors avancé, ilsalua Chamharouch et ses compagnons et s'assit pour« s'entretenir avec eux.

« Pendant qu'ils devisaient ainsi, voici que Moussafils de l'a!/a Salih Diawara, soitit à son tour; c'était,

« alors un enfant de six ans. Il entendit la voix de son« père et se dirigea du côté d'où elle venait. ArrivéK

auprès du groupe, il reconnut son père et l'alfa Moham-« med Toulé au milieu des génies qui formaient l'es-« corte du génie Chamharouch et il s'assit auprès de'< son père.

« A cemoment,Chamharouchs'adressant aux deux ju-« risconsultes leur dit a Qui êtes-vous? Nous sommes,« répondirent-ils, des gens de l'entourage du prince< des Croyants, l'asMa Mohammed il est parti de chez« lui pour accomplir le pèlerinage et nous l'avons accom-« pagné dans le même but. » Chamharouch félicitaalors Salih Diawara et dit « L'askia Mohammed esta un saint homme. J'ai entendu dire au Prophète« (Dieu répande sur lui ses bénédictions et lui accorde« le salut !) qu'il y aurait douze kalifes, tous issus de« Koreïch et je pense que l'askia Mohammed est l'un

d'eux. Dix d'entre eux ont déjà vécu, il en reste encore« deux à venir et sans doute est-il le onzième. Quant au« dernier, il viendra au cours du xm~ siècle de l'Hégire.« Le Prophète (Dieu répande sur lui ses bénédictionsIl et lui accorde le salut !) m'a annoncé que je vivrai« jusqu'au tx~ siècle de l'Hégire, que je serai le contem-« porain du onzième kalife, lequel serait juge entre les« génies et les hommes et que c'est à ce moment-là que« je devrais m'attendre à mourir. Tu as donc vu le« Prophète (Dieu répande sur lui ses bénédictions et lui

accorde le salut !) lui demandèrent-ils? Oui, répon-dit-il, et j'ai reçu ses enseignements. Cette bonne« nouvelle remplit de joie le cœur des jurisconsultes.

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e Sur ces entrefaites, un génie esclave se présenta« devant ces derniers et leur dit « L'un de vos bergers« a frappé un de nos jeunes serviteurs au point que« celui-ci en a perdu la connaissance et en conséquence« nous faisons appel à la loi contre vous. Comment,« s'écria le jurisconsulte, alfa Salih Diawara, un de nos« bergers aurait-il frappé un de vos serviteurs, alors« que vous êtes invisibles pour nous? Le jeune ser-« viteur, répliqua l'esclave, avait pris la forme d'un« serpent. » Mais alors Chamharouch, chef des génies,« prit la parole et dit «Le sang de celui qui a quitté« sa forme primitive pour se métamorphoser, ne peut« être vengé. x

« Là-dessus, les jurisconsultes se levèrent, prirent« congé des génies et s'en furent rejoindre leurs compa-« gnons de voyage,w

Lors de son pèlerinage à La Mecque, l'askia el hadjMohammed avait insisté pour qu'un membre de lafamille du Prophète vint s'établir auprès de lui auSoudan. Il ne reçut satisfaction que longtemps aprèset voici dans quelles conditions, d'après le Tarikh E!Fattach (tr. fr. p. 126).

« Plus tard, en effet, Moulaï el Abbas enjoignit à« Moulaï es Seqli, qui était le fils de son frère, d'aller« s'établir auprès du prince. Moulaï es Seqli s'y rendit en« l'année 925 (3 janvier 1519-21 décembre 1519) et sa« venue patmi nous coïncida avec le moment où nous« venions de commencer cet ouvrage (1) et où notre« plume était atrêtée en cet endroit aussi faisons-nous« tout d'abord le récit des événements merveilleux«

relatifs à ce personnage avant de parler de ceux rela-« tifs aux autres.

« Voici, à ce sujet, l'un des faits qui sont parvenus à<f notre connaissance.

« Comme Moulaï es Seqli approchait de Tombouctouet qu'il n'en était plus qu'à un jour de marche environ,a le cheikh, l'imam, le cadi Mahmoud ben Omar ben« Mohammed Aqit, vit en songe le Prophète (Dieue répande sur lui ses bénédictions et lui accorde le

(1) C'est-à-dim te TanMi el FaMftcA.

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« salut 1) au cours de cette même nuit, qui était la nuit« par laquelle commença le 11 du mois sacré de dhou-« lhidja. Le chameau du prophète étant encore accroupi,« te vénérable iman s'avança vers le Prophète, le baisa« au front entre les deux yeux et se mit à causer avec&

lui de différentes choses. Le Prophète (Dieu répande« sur lui ses bénédictions et lui accorde le salut 1) lui« dit « Sache, ô Mahmoud, qu'aujourd'hui même« arrivera chez vous un de mes descendants portant des« vêtements verts, monté sur une chamelle noire et« ayantune cicatrice à l'œil gauche c'est lui qui aujour-« d'hui présidera parmi vous à la prière de la fête. Dès« qu'il arrivera, installe-le dans un endroit situé à la« fois à proximité de l'eau, des cimetières, de la grande« mosquée et du marché. » A ce moment, un chien ayant« aboyé, le chameau du Prophète bondit pour se relever« alors le Prophète (Dieu répande sur lui ses bénédie-« tions et lui accorde le salut 1) arrêta son discours, re-« monta sur son chameau et partit.

:< Le cheikh s'étant réveillé ensuite fit ses ablutionse et s'assit un moment. Alors apparut l'aube du jour,« qui était le jour de la fête. Le cheikh s'approcha de« l'endroit où le chameau s'était accroupi et, ayant« retrouvé ses traces sur le sol, il traça tout autour un« cercle avec son bâton, puis il se rendit à la mosquée.

« Quand la prière de l'aurore fut terminée et qu'on« se fut mis en route pour aller faire la prière de la fête,« le cheikh Mahmoud donna l'ordre au muezzin Ibrahim<'b&n Abderrhaman ben Es Soyouti, à-l'a!/a Salih« ben Mohammed et à l'alla Mohammed ben Modan« d'aller regarder sur la route s'il n'arrivait pas quel-« qu'un du côté de l'Orient. Ils regardèrentet ne virent« rien. Il leur ordonna d'y retourner une seconde fois,« puis une troisième fois et ils revinrent encore en disant« qu'ils n'avaient rien vu. Très étonné, il s'écria « Dieu« est grand »et après être resté assis un moment, il« leur dit «Allez voir, car je ne puis croire que le songe« que j'ai eu soit mensonger, montez sur les collines et« regardez au loin. » Ils lui dirent alors « Nous avons« aperçu quelque chose qui ressemble à un oiseau. » –« Attendez un instant, leur dit-il, et examinez-le bien.

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«Ayant ainsi fait, ils s'aperçurent que c'était un« homme habillé de vert et monté sur une chamelleIl noire « C'est là ce que j'attendaisleur dit le cheikh,

qui leur raconta alors ce qu'il avait vu pendant la nuit.« Lorsque le chérif Ahmed 05 Seqli fut arrivé auprès

« d'eux, ils le trouvèrent tel que l'avait décrit son« ancêtre, l'Envoyé de Dieu (Dieu répande sur lui ses'<

bénédictions et lui accorde le salut !). Ils le reçurent« avec beaucoup d'égard et le portèrent sur leurs épau-«les jusqu'à un endroit nommé Sowko! où ils l'ins-«tallèrent. Ensuite, ils le firent marcher devant eux« jusqu'à la place de la prière et il présida à la prière« de la fête.

« En revenant de la place de la prière, le cheikh« alla examiner l'endroit qu'il avait entouré d'un cerclew

à l'aide de son bâton et H le trouva portant encore la« trace du corps du chameau et celle du cercle tracé« avec le bâton. II ordonna à ses disciples d'y construireIl un monument qu'il appela koulou soko et que les« gens de Tombouctou choisirent, pour y aller, les jours«de grande fête, célébrer les louanges du Prophète« (Dieu répande sur lui ses bénédictions et lui accordeIl le salut 1) et y étudier les hadits. Puis en raison du

«songe qu'il avait eu, le cheikh enjoignit de tuer tous« les chiens de Tombouctou (1).

Les deux récits qui précèdent témoignent que lesSoudanais islamisés continuent à évoluer, suivantleur mentalité propre, dans le cadre de l'Islam tel qu'ilsl'ont adapté. Voici un nouvel exemple qui montre queles musulmans du Nord et de l'Orient ont importé despratiques tout à fait adéquates à la mystique indigène.Le désir de connaître, par l'intermédiaire des génies del'Islam, est l'équivalent du désir que le noir cherche àsatisfaire par ses dieux personnels. Que les plus hautspersonnages de l'Etat, l'askia, le cheikh et ses juris-consultes soient les adeptes fervents et convaincusde ces pratiques atteste combien il est dimcile de lesfaire disparaître.

(1) Tarich el FaHoet (tr. tr., p. 80).

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« Le septième jour, depuis l'arrivée à Gao du chérif.<( hassanide Ahmed es Seqli, ainsi surnommé à cause« de son habitude de traîner ses sandales sur le sol,« était un lundi. Ce jour-là, le prince équitable, c'est-à-« dire l'askia, vint lui tenir compagnie et causer avec<:lui et ils demeurèrent assis en devisant ensemble« jusqu'à ce que le soleil fut élevé au-dessus de l'horizon.< S'adressant alors au chérif, le prince lui dit a Sei-« gneur, est-il possible à l'homme de voir les génies et« de converser avec eux, sans s'être au préalable mis en« retraite en récitant des oraisons, des prières ou quel-« que chose d'analogue?– Cela est possible, lui répon-« dit le chérif, et, si nous étions seuls en ce moment,je te le montrerais.

Le prince ordonna alors aux personnes présentes« de se retirer et toutes s'éloignèrent, laissant seuls le« prince et le chérif, qui demeurèrent assis pendant« longtemps.

« Et voici ce qu'a dit le plince (au sujet de ce qui se« passa alors) Je vis toute la terre transformée comme« une masse d'eau, les étoiles semblaient surgir de cette« eau et s'élever vers le ciel, les oiseaux paraissaient

venir autour de moi et s'entrechoquer entre eux.« Ensuite je vis sept hommes portant une chaire verte« qu'ils vinrent placer entre nous deux. Au bout d'un'< instant voici que m'apparut un grand nombre d'hom-« mes dont les uns tenaient dans leurs mains des livres« et d'autres des planchettes à écrire et au milieu des-f quels était un vieillards'appuyant sur un bâton,'< sans que je puisse savoir d'où ils étaient venus. Ils

s'assirent en cercle autour de nous et le vieillard'< s'étant apptoché de la chaire s'y assit.

« Le chérif me dit alors « Ce vieillard est l'aîné des« disciples du cheikh Chamharouch il appartient aux« Oulad Maïmoun et a fait dix fois le pèlerinage avec« son maître.

))Après qu'il nous eut salués, je deman-

« dais quel était son nom. « Demir ben Yakoub »,« répondit-il. Nous échangeâmes alors les salutations« que l'on échange entre gens de connaissance. Le« Chérif me dit ensuite « Tout ce que tu voudrais« demander au chérif Chamharouch si tu le voyais,

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« demande-le à ce vieillard, car il sait tout ce que sait« Chamharouch. »

Et effectivement, l'askia posa les questions les plusdiverses, sur des sujets parfois très importants depolitique indigène notamment et le Tarikh nous rap-porte les réponses qui lui furent faites. Sans doute, lerécit ci-dessus ne nous renseigne pas explicitementsur le moyen (1) mis en œuvre dans ce mode de divi-nation, mais, quel qu'il soit, il a pour but et semble-t-ilpour résultat de mettre le demandeur en relationdirecte avec les génies et de lui permettre de conver-ser avec eux aussi librement et facilement que les hom-mes entre eux. L'on peut affirmer que c'est, à tout lemoins, la réalisation du plus cher désir de tout indigène.

DIVINATION INDUCTIVE

PROCÉDÉS INDIGÈNES

La divination inductive consiste dans l'interpré-tation de signes révélateurs. Ces signes sont très diversà proprement parler tout est « signe pour qui « sait ».Quelques exemples montreront la diversité qui existeen cette matière.

Pour les besoins de l'exposé qui suit nous distingue-rons les indications tirées des êtres animés et cellesdéduites des objets inanimés.

=.%

On observe les être animés soit de leur vivant, soitaprès leur mort. Les oiseaux sont parfois un indicemis à profit par le cultivateur si, au sortir du village,

(1) L'on peut supposer que le chérifa suggestionné )'<Mtt<t, qui paraitavoir été d une nature facilement impressionnable et crédule. L'on peutaussi remarquer, d'après la description donnée, que lavtsionIlétéobtenue par le moyen du miroir d'encre on dessine dans la paume de lamain du sujet un carré magique au milieu duquel est une petite Haqued'encre dont le sujet fixe 1a surface brillante.

<~II est hors de doute, aujourd'hui, que certaines personnes (une sur

cinq, d'après les évaluations les plus favorables),en regardantfixementune surface brillante et spécialement une boule de cristal, voient d~

« apparitions véritablement surprenantes (Magie et religion, p. 892)

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il voit, perchés sur sa gauche un konkankon qui chantepuis s'envole, c'est un présage favorable si cet oiseaus'était trouvé, dans les mêmes conditions, à droite,le présage eut été funeste.

On observe, plus souvent, les signes que les animauxsont amenés à tracer, en quelque manière inconsciem-ment, pour révéler les choses cachées. L'animal sauvageet qui demeure inconnu est mis à contribution un peopartout dans la région de Sangha, l'on forme un enclosépineux présentant des brèches et dont le sol est plas-tique et sablonneux le devin trace au centre un carréon il met des arachides et, tout autour, il dessine diver-ses figures, triangles, cercles, carrés. suivant des dis-positions déterminées. Lorsque, au cours de la nuit,un animal a pénétré dans cette enceinte et mangé lesarachides, les traces de ses pas, combinés avec lesfigures, permettent au devin de connaître les chosescachées. Ce même procédé est employé par les baga(devin) du Mossi.

Les populations de la haute Côte d'Ivoire utilisentà même fin des souris. On enferme deux souris communesdans un pot en terre à peu près cylindrique d'environ0 m. 30 de haut sur 0 m. 12 de large; ce pot est coupéintérieurement, vers les deux tiers de sa hauteur parune cloison horizontale percée d'un trou de la grosseurde la souris. Sur ce plafond, on place une écaille detortue (ou un petit récipient en fer de même forme)dans laquelle des petites branches en os (ou en laitonou en fer) sont placées côte à côte dans le sens longitu-dinal. Ces baguettes sont fixées par l'une de leurs extré-mités à la paroi du récipient mais sont susceptiblescependant de mouvements latéraux parce qu'elles sontarticulées à quelque distance de leur point fixe. Lepot est obturé avec un couvercle concave servant àcontenir des débris de grains ramassés au pied desmortiers où les ménagères pilent les. céréales. Les ba-guettes ayant été soigneusement alignées parallèlementles unes aux autres, on les recouvre d'une certaine quan-tité de débris de grains. On met le récipient en placeainsi que le couvercle que l'on heurte légèrement pourdonner l'éveil aux souris. Comme elles sont habituées

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à cet appel, elles viennent grignoter dans le récipienten déplaçant les barrettes. Quand le devin juge lemoment venu, il heurte de nouveau le couvercle cequi fait fuir les souris dans le compartiment inférieur.Le devin enlève le couvercle sort le récipient et examineattentivement les dispositions des barrettes, car c'estde ces dispositions qu'il tire ses pronostics.

Le monedozan (1) prescrit tout ce que comportentses observations et notamment des sacrifices dont ilassure lui-même l'exécution, se transformant ainsi enprêtre.

Ce procédé divinatoire est en très grande faveur.Nous même l'avons vu employé, plusieurs fois parjour, par le vieux chef de Toumodi, Gnango Koassi, quin'aurait pas pris la moindre détermination importantesans cette consultation préalable.

Dans les bassins du Haut-Niger et du Haut-Sénégal,le poulet est constamment employé comme victime et,si l'on peut dire, comme médium. Mentalement ouexpressément, celui qui offre le sacrifice précise quelleposition de la victime correspondra à une réponseaffirmative ou négative. Ainsi, après avoir exposé sarequête et offert la victime en demandant au génie del'agréer, le sacrificateur coupe le cou au poulet, arrosele symbole du dieu, ou autre objet du culte, avec lesang qui gicle, puis laisse la volaille se débattreen libertéexpire-t-elle le ventre en l'air, il conclut à une réponsefavorable par contre, cette réponse serait défavorablesi le poulet expirait le ventre contre le sol.

D'autres fois, le signe favorable résulte de ce quele cadavre a les pattes tendues vers le sacrificateur,alors le signe défavorable résulte de l'attitude contraire.Il est d'ailleurs admis qu'en réitérant le sacrifice, entant que de besoin, on peut, dans certain cas, provoquerune réponse qui annule la précédente.

Le poulet est encore employé d'autre façon; ledevin l'ayant offert, l'ouvre, sort les viscères, les exa-mine attentivement et tire des conclusions de certains

(1) Dérivede Mome, souris,désigne,en dialecte gouro, celui qui vaticiuepar les souria.

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détails anatomiques ou morbides. On a cru remarquerque les traces de tuberculose notamment servaient al'interprétation. Couramment, il est admis, chez lesMalinké et les Bambara en particulier,que l'homme quirevient à son foyer, après une certaine absence peutse convaincre aisément de la fidélité de telle ou tellede ses femmes. A cet effet, il tue un jeune coq et examineses glandes séminales sont-elles rouges? il a été trompésinon, la femme a été fidèle.

Les êtres inanimés sont largementutilisés pour ladivination.

Les cauris sont en grande faveuf chez les Mandé.Quel Bambara circule sans les douze cauris fatidi-

1. Un cauri en appuyant un autre indique que le demandeur peutcompter sur un bon protecteur.

2. Deux cauris bout à bout tu peux avoir conuance dans ton ami.3. Un cauri à l'encontre de deux autres méfie-toi d'an hypocrite qui

veut te brouiller avec ton ami.4. Un cauri renversé, l'ouverture endessous, et l'autre en sens in-

verte mariage avec une veuve.S. Deux cauris renversés en face l'un de l'autre mariage avec une

vierge.6. Un cauri pris so)M un cauri renversé: ta femme est enceinte.7. Un cauri debout dans le creux d'un autre eanri ta femme acou-

chera d'une Slle. C'est la figure dite la petite Nie dans la calebasse.S. Des cauris & ta suite fun de l'autre tu voyageras, ou tf vas avoir

des nouvelles d'un voyageur.9. Un cauti entouré par d'autres tu seras chef d'une nombreuse

famille.

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ques. Pourquoi douze, avons-nous demandé ? On enemployait davantage, mais un jour qu'un devin étaiten consultation, l'ange Gabriel survint inopinémentet partit en râflant tous les cauris du jeu sauf douzec'était marquer qu'à l'avenir on ne devait employerque douze cauris. Bien entendu, les gens qui n'ont pasconnaissance de cette intervention de l'ange Gabrielcontinuent d'employer tel nombre de cauris qu'il leurplaît. Quel qu'en soit le nombre, les cauris sont projetéssur le sol même ou sur une natte et le devin interprèteles figures qu'ils forment.

Mais les cauris n'entrent parfois que comme acces-soires dans un attirail compliqué. C'est le cas chez lesdevins dits sangsuru et zosegeta chez les Bobo-fing,ainsi que l'indique comme suit M. Chéron.

L'appareil sang du sangsuru est assez compliqué.Un sac de forme ellipsoïdale en peau de chèvre, renfer-mant un enchevêtrement de racines et de fils (namony~).Un petit pot en terre, de forme hémisphérique, munid'une gorge sur son pourtour et d'un couvercle, conte-nant de l'eau et des racines (dyongdagha). Deux sta-tuettes en bois représentant grossièrement l'une unhomme, l'autre une femme (yodalo). Deux lames decouteau rhomboïdales (sangsinado). Quatre clochettes(pagholo) à battant indépendant (paghalobe), vérita-bles bagues de pouces. Une clochette plate (logholo-ghono).

Un récipient de forme ovoïde, en peau de chèvre,muni d'un orince à l'un de ses pôles et servant à mettredes cauris (segesinsing).

Deux cornes de bœuf servant de cornet à cauris(beng). Une peau de chien (kong).

Pour interroger l'oracle, le devin, après avoir conve-nablement disposé son attirail, s'assied à terre devantle sang, prend une des clochettes cylindriques entrel'index et le majeur de la main droite et la frappe sui-vant certains rythmes à l'aide de son battant dont ils'est garni le pouce, en prononçant des mots cabalis-tiques puis il saisit la main droite du consultant assisà sa gauche et la tenant dans sa main gauche, il se metà frapper avec le dos de celle-ci son genou gauche tout

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en continuant à battre la clochette en proférant desparoles mystérieuses.

Enfin, lâchant son client, il prend six cauris dansleur récipient, les introduit dans l'une des cornes et lesjette à plusieurs reprises sur la peau de chien en arti-culant quelques mots d'approbation ou de protestationselon la position des cauris. C'est un mauvais présagequand, plusieurs fois de suite, quatre cauris restentsur la face postérieure.

Ces rites accomplis, le devin annonce la réponsedu sang.Plus simple est l'appareil (zo) du zosegeta, il comprend

un petit pot hémisphérique (bengde). Une figurine encuivre représentant grossièrement un homme et unefemme (t~ùta).

Une corne de bœuf (beng) servant de cornet à cauris.Le devin opère en jetant plusieurs fois six cauris

et en inspectant l'eau qu'il a mise dans le pot, aprèsquoi il fait ses ablutions.

Chez les Koulango (1), le bupesise prend quarantecauris, les roule dans ses mains et les projette sur unepeau de mouton de la disposition de ces coquillages,il déduit d'abord quel est l'objet qui amène le consul-tant. Il reprend les cauris et, les projetant de nouveau,il fixe son client sur la conduite à tenir (2).

Même procédé des menedoinko (nMM=cauri) chezles Gagou (3) des bedurazan chez les Gouro (3) despamisande chez les Samo. (4).

En Guinée (5) on emploie des petites pierres. Ledevin les place d'abord par rangées de 2 sur 6 ou 8de profondeur, puis il les brouille rapidement suivantcertain procédé et tirealors des conclusions des dispo-sitions qu'il observe. Le baga (devin) chez les Mossi (6)lit de même dans les positions prises par 50 à 60 cail-loux qu'il a projetés sur le sol à cette fin.

(1) TAU~iMn Le Noir de BoH<&M<to!<,p. 17T..(2) Che~ les Dioula, les devins sont appeler Kolokien gj~tt6aMt; les

maraboutsprédisent, par ce système, le sexe de l'enfant attendu (TATi-XIER BotMOM&OM, p. 488).

(3) TAttXTER: <?OMM f< CagOM, p. 141.(4) TATonsu te j!~C!T<!tt ya<e~a,p.603.(A~) Tau~Ex: Le NoiT du Yader~ga, p. 603.

(5) MABry JMs&MM en CMMKfe, p. 464.(6) TAttXIER Le Noir du Ï0<e~;<

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Autre genre. Le devin prend une de ces pierres platessur lesquelles on égrène le coton et dont la surface estbien lisse, il place dessus une autre pierre plate etlégère à laquelle il imprime, avec la main, un lentmouvement de va-et-vient et il interprète suivant soninspiration les résistances qu'il ressent.

Un procédé très voisin du précédent consiste en unepetite calebasse contenant de l'eau placée dans unede ces couronnes en vannerie on autre matière que lesfemmes interposent entre leur tète et la calebasse d'eauqu'elles portent. Le devin imprime un mouvement deva-et-vient à la calebasse et vaticine suivant les résis-tances qu'il perçoit.

A une époque, il fut d'usage à Dakar et à Saint-Louisd'interroger le sort au moyen d'un appareil ainsi com-

posé un coquillage conique assez volu-mineux (fig. 2) était traversé, dans le sensde sa plus grande dimension, par un sillonlégèrement coudé et dans lequel passaitune ficelle dont l'un des bouts était fixéau toit de la case et l'autre tenu en main.Au début de la séance, l'habile devin lan-çait le coquillage vers l'extrémité supé-rieure et l'y maintenait en raidissant lacorde. Les réponses affirmatives à ses de-mandes résultaient d'une descente plus oumoins grande du coquillage qui, par contre,demeurait immobile dans le cas contraire.

Cette supercherie eut beaucoup de vogue.Autre système plus complexe chez les Nounou ma

et les Kassouma-fra. Le vorko (devin) vaticine avec lebâton et les cailloux ou des palets en fer, ceux-ci dela taille d'une pièce de 5 fr. Le consultant prend lespalets et, à chacun, confie mentalement une supposi-tion sur l'affaire qui l'intéresse. Quand cette opérationest terminée, le vorko et son client saisissent le bâtonfatidique chacun par une extrémité, le vorko à pleinemain, le client du bout des doigts le vorko frappe lespalets (ou les cailloux) avec le bâton et c'est celui quiest touché auquel la vérité a été dite.

Chez les Kassouma-boura, le voro (devin) se sert soit

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du bâton seul, soit du bâton et de 3 palets,mais lorsquele consultant confie ses suppositions aux palets ou aubâton, le para ne cesse d'agiter, de faire tourner etsonner une petite gourde contenant des graines et despetits cailloux (1).

Lorsque le vorko a donné un conseil reconnu bonon lui offre un bout de ficelle comme marque de recon-naissance, il l'attache à l'ouverture de son sac en peauet lorsqu'un nouveau client se présente, si le sortdésigne cette ficelle, le vorko en conclut que la solu-tion de l'affaire est la même que précédemment.

Chez les Sisala (2), le vorko se sert précisément debouts de ficelles. A cet effet, il plonge la main dans lesac en peau qui les contient et donne ses conseils d'aprèsle morceau de Réelles qu'il tire ainsi au hasard.

Chez les Bobo, le niu vaticine à l'aide du bâton seul,tenu par lui et le consultant. Toutefois chez les Bobode Payalo, le niu (devin) se sert d'un large morceau depeau de bœuf posé à plat sur le sol. Le consultant con-vient mentalement quelle solution devra être adoptéeou rejetée selon que dans le rite qui suit, la peau seraou ne sera pas frappée par la main du niu. Puis il saisitle niu par la main et avec la main ainsi gênée, le nu!essaye de frapper la peau selon qu'il la frappe effecti-vement ou la manque, le client est renseigné.

Chez les Koulango(3), le ~onmmafas~ se sert de lanièresde peau de bicheou d'antilope (goniuma).Avec un paquetde ces lanières, il frappe sur une peau de biche, puistire au hasard l'une de ces lanières qui lui donne lasolution cherchée.

Le ~o~o~esc, autre devin des Koulango, emploieune petite fourche qu'il tient avec son client. Ellerépond oui en frappant le sol à plusieurs reprises,tandis que pour dire non elle oscille de droite à gauche.

La lécanomancie ou divination par les surfacesréfléchissantes est également pratiquée chez les Noirs.

<&

(1) TAUXtEH Le JVOtf du Soudan.(2) TAUXIER: Le Noir du Soudan. p. 358.(3) TAUxtEtt Le Noir de Bon~otdi-eM, p. 177.

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Nous l'avons vu en usage dans le Baoulé (Haute-Côted'Ivoire) à Toumodi. Le vieux chef, Gnango Koassi,valétudinaire, était très enclin à se croire sous l'influencemaligne des maléfices des gens de son village et c'estpourquoi, fréquemment, il les faisait tous, quelque futleur âge, défiler devant la calebasse d'eau révélatrice.C'était une grande calebasse dans laquelle le devinavait délayé un peu de terre blanche, sorte de kaolinrépandu dans la région. Chacun à tour de rôle venait

expression rigoureusementexacte confesser sestorts envers le vieux chef. Ces torts consistaient enaction de fait et aussi en intentions diverses. Le devinlisait, dans les lignes du dépôt formé sur les parois de lacalebasse, la sanction que comportait chaque cas.

Ce système, à peine modifié, est pratiqué chez lesKoulango. Ils expriment, dans reau, le jus d'unefeuille; les Gagou et les Gouro du sud mâchent unecola et en crachent les débris dans l'eau fatidique,tandis que les Gouro du centre et du nord y mêlentune certaine poudre qui forme dépôt.

Ces opérations se font toujours en présence du sym-bole de quelque divinité locale et, de la part du devin,sous l'inspiration de ce dieu, aussi ont-elles pour con-clusion un sacrifice offert en l'honneur de ce dieu parle devin.

PROCÉDÉS EMPRUNTÉS AUX MUSULMANS

Cette dernière remarque permet de comprendrecombien en ces matières le marabout, prêtre d'Allah,est proche d'un de ces devins, prêtre d'un des innom-brablesdieuxdu panthéonnègre par les mêmes moyens,en effet, il rend aussi des oracles.

Ainsi, chez les Dioula, le marabout prédit au moyendes cauris le sexe de l'enfant attendu avant de lan-cer ceux-ci, il égrène sur son chapelet une invocation,comme son confrère païen invobue son dieu.

L'on peut supposer vraisemblablement que, dansle cas ci-dessus rapporté de l'askia Mohammed, c'estpar le moyen d'une calebasse d'eau ou d'un miroir

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d'encre que le chérit Ahmed es Seqli mit l'askia enrapport avec Chamharouch, roi des génies.

En général, le marabout utilise des moyens importéspar les musulmans venus de l'Afrique du Nord ou duproche Orient. Le plus important et qui a acquis enAfrique une place prépondérante, la géomancie, va-être examiné en détail, mais ce n'est pas le seul sansdoute tous ceux en usage dans l'Afrique mineuresont-ilsplus ou moins répandus dans le Soudan et spéciale-ment dans les grands centres fréquentés par les mara-bouts nous ne possédons quelques précisions à cetégard que pour quelques jeux relevaut de l'arithmo-mancie, les voici

Le grand compte.

Comprend deux tableaux de nombres, l'un (oui)correspond aux réponses favorables, l'autre (non)aux réponses défavorables.

NON OUI

9865421 18 15 12 10

30 25 29 2724

11 3 2 7 1

19 17 16 13 14

20 ~323 28 38

D'autre part, les lettres de l'alphabet sont aBectéesdes valeurs ci-après

AM ==J1 Ha == 8 SM = 60 T& = -MMBa =22 Tât = 9 Aïne== Va Tsa = 6(MDjtme=83 Ya =]~ Fa =- 80 Kha = 600DM =44. Kef -=S!0 Dad == 90 Dzal = MOH& =S6 L&me=30 K~t = 100 Dza == 800Ouaou==66 Mime ~40 Râ =300 RA!ne= 000Ztne =77 Noune=50 Sine ==300 Chtnp~looo

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Voici comment on opèreI" On fait le total des valeurs des lettres du nom du

demandeur;20 On fait de même pour les lettres du nom de l'ob-

jet désiré;3" Au total des deux chiffres ainsi obtenus, on ajoute

le nombre des jours de la lune au moment de l'opération4" On augmente cet ensemble de 20

5" On cherche le reste par 30;6° On cherche ce reste dans les tableaux pour con-

nattre la réponse.Exemple: Mamadou obtiendra-t-il le cheval qu'il

désire?Mahmadou==40 +8 +40 +4. = 92Fers (cheval) =80+200 +300. = 580Age de la lune = 26

20

Total 718Reste par 30. 28

Le nombre 28 figure dans le tableau des réponsesfavorables, Mamadou aura donc satisfaction.

Le petit compte.

Exclusivementemployé pour les questions de mariage,comprend les neuf rubriques suivantes

1. Paix et contentement au début, divorce à la fin.2. Bon ménage d'un bout à l'autre.3. Début pénible pour le mari union heureuse dans

les dernières années.4. Bon début, puis brouille et le mari renvoie sa

femme plus tard, il veut la reprendre mais n'y réussitpas et c'est ce qui cause son malheur.

5. Bon ménage, nombreux enfants, grande fortune.6. Mauvaise union qu'il est préférable d'éviter.7. Bonne union, qu'il convient de conclure rapide-

ment.

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8. Paix et prospérité.9. Projet à abandonner.

Voici comment on procède

1. Additionner la valeur des lettres du nom du futur.2. De même pour le nom de la future.3. Ajouter 16 à l'ensemble.3. Chercher le reste par neuf.5. Se reporter à la réponse affectée du chiffre ainsi

obtenu.Les lettres n'ont qu'une valeur variant de 1 à 10.

Dans le tableau ci-dessus donné pour le grand compte,les valeurs au-dessus de 10 sont réduites respective-ment au chiffre des unités.

Les « sorts » des propres.

Il est fait usage également d'un tableau comportanttrente-deux noms de prophètes

Nouhoun Idrissa Sita Adama

Ismalla SaUhon Hondi Ibrahilna

Loudou 'f<mss[miom Yagouha Isathaca

Harooma Moussa Ayouba Ohoaaïb&u

Daouda Zouttèa Lasbadi YtmchaïrotaMt

Iliassa DzoaUtarne!n AHasaa So~tleytnana

Ouzatrou Danielou Athhttdéfou Youmous

Mohammadotm Issa TTaya

Zacharia

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Après avoir récité trois fois la latiha, on pose auhasard le doigt sur le tableau, on lit le nom du pro-phète ainsi désigné et l'on se reporte à un petit recueilqui donne pour chaque nom un ensemble de renseigne-ment dont voici des spécimens.

Adama. L'interrogateur verra son désir réaliséet recevra beaucoup de biens. Il recevra quelquechose à quoi il ne s'attend pas. Qu'il se méfie deson ami, c'est un hypocrite. Il devra se séparerd'un camarade qu'il considère comme un parent; laséparation durera longtemps, puis la réconciliation sefera. Il devra aller vers des contrées qui lui sontinconnues, il y trouvera la paix. Il retrouvera unechose égarée.–II ressentira autant de joie qu'Adamquand il vit finir ses misères. Ce qu'il désirera, il lerecevra. Aumônes grains, or, colas, 70 cauris.

Issa. L'interrogateur trouvera la paix. IIrecevra ce qu'il désire sans peine. Son parent estun hypocrite qui le haït autant que lui l'affectionne.La plupart de ses parents le trahissent, mais Dieu lesauvera comme il sauva Issa dans le malheur. Au-mône une blouse dans la poche de laquelle il auraroulé 70 cauris et 7 colas.

jMb~am/netdotm. – L'interrogateur désire savoir sitelle chose se produira et, dans l'affirmative, si ellelui sera favorable effectivement cette chose survien-dra et lui sera favorable. Il a de la veine, il est re-nommé, il Vaincra ses ennemis comme Mahomet vain-quit les siens, ainsi que Dieu l'a fait connaître dans leCoran. Cette maison est celle de la paix, que l'inter-rogateur soit rassuré, il triomphera de ses ennemiset, s'il est en prison, il en sortira. – Aumône un grosou un demi-gros ou un quart de gros d'or; ou la couver-ture du demandeur, ou du lait, ou des aliments, ou descolas.

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LA GÉOMANCIE

Mais le système de divination employé par excel-lence est la géomancie.

Pour examiner utilement ce qui concerne cet artdivinatoire il est indispensable d'avoir des notionsd'astrologie.

PRINCIPES D'ASTROLOGIE

L'axiome qui sert de base à l'astrologie est que, lorsde sa venue au monde, tout être (et pas seulementtout homme) se trouve influencé définitivement par lesaspects sidéraux de ce moment; que cet être appar-tienne au règne animal, végétal ou minéral.

Pour l'homme en particulier « Le vrai secret de« l'influence planétaire, en ce qui concerne la bonne« ou la mauvaise chance, c'est l'harmonie ou la dis-« sonnance magnétique. La couleur et la polanté ma-« gnétiques sont Bxées, avec la vitesse de l'éclair, au« premier instant de notre existence matérielle séparée.« Ce moment, exact est généralement celui où l'enfant« existe comme être indépendant de sa mère jusqu'à« ce moment, le corps est polarisé par la force aminique« de la mère et les planètes ne peuvent l'influencer« que par l'action réflexe qui provient de l'organismet<

de la mère mais lorsque le lien est coupé, les pou-« mons se gonflent de l'atmosphère magnétique chargée« de l'influx stellaire et en un instant tout l'organisme« tressaille des vibrations de la puissance céleste. Ces« vibrations une fois en action conservent leur polarité< spéciale durant tout le coursde l'existence terrestre )'.

« Selon qu'à ce moment précis où l'êtré respire les« astres présentent entre eux des angles aigus, obtus« ou droits; selon que les planètes bénéfiques se trouvent

placées dans d'heureux signes ou non selon que les« maléfiques sont jointes ou non à des étoiles violentes« ou favorables en un mot, de cet état, état harmo-

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e nique ou non du ciel, la forme, le tempérament, le« prédestin de l'être peut être connu » (1).

Les astres impriment donc leurs caractères propresdans chaque être qui se trouve, de la sorte, comme signépar eux. Ce sont les sept planètes Soleil, Lune, Mars,Jupiter, Mercure, Vénus et Saturne qui sont consi-dérées comme marquant les êtres de leur sceau. C'estpourquoi, en ce qui concerne l'humanité, les astrolo-gues prétendent qu'il y a sept races chacune rattachéeà une des sept planètes et caractérisée, en conséquence,aux points de vue physique et moral.

Tous les êtres qui portent la même signature astraleont entre eux une amnité particulière qui, lorsqu'ilsse trouvent groupés, est portée à son maximum. Ainsi,l'individu né sous le signe du soleil augmente l'actionque cette planète exerce sur lui en s'associant les attrac-tions astrales correspondantes, telles que les objets decouleur jaune, l'or. (voir ci-après). Mais au cas oùles considérations horoscopiques révéleraient que lesigne astral est funeste, celui qui s'y trouve soumis,aurait par suite intérêt à éviter, au contraire, les attrac-tions astrales correspondantes qui auraient pour effetd'accroître cette influence malheureuse.

L'on comprend, dès lors, que tout individu a le plusgrand intérêt à connaître son horoscope, c'est-à-direl'état du ciel au moment de sa naissance. « Un horos-« cope bien fait est un miroir fidèle dans lequel un<t

opérateur exercé peut lire non seulement le tempéra-« ment et les idiosyncrasies du sujet, les maladies pro-« bables et les accidents qui peuvent lui survenir, mais« encore ses goûts, ses tendances, ses chances heureuses« et malheureuses, son caractère, ses pentes fatales. »

Eriger un horoscope, c'est dresser le tableau du cielzodiacal et planétaire à l'instant considéré et la signi-fication de ce tableau résulte de son interprétation.Ces deux opérations, érection et interprétation, exigentdes connaissances spéciales dont voici un raccourci.

Erection de r/toroscope. Pour ériger l'horoscope

(1) Dr STAR L'art de voir l'avenir par f<M<ro~gte.

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d'une personne, il faut connaître, avec précision, ladate (année, mois, quantième), l'heure très exacte etle lieu de naissance de cette personne. A l'aide de ceséléments

1. On détermine, au moyen d'une table spéciale,à quel point du zodiaque se trouvait le soleil à ladate en question: pour fixer les idées supposons quel'on obtienne ainsi le 26e degré du Capricorne.

2. On cherche de même le nombre qui, dans cettetable, correspond à ce degré en l'espèce 296W

3. On convertit l'heure de la naissance en degréen remarquant qu'un degré correspond à 4 minutesde temps en supposant que la naissance ait eu lieuà 9 h. 16 m. du soir, nous aurons 556 minutes ou 139" i

4. On ajoute ces deux nombres 296"57' +139° =435<*57' et l'on retranche de cette somme 360" (limitedes degrés de la circonférence) ce qui aboutit à 75057'.

5. On cherche ce nombre dans la table et l'on voità quel nouveau signe du zodiaque il correspond dansnotre exemple c'est au signe des Gémeaux.

Le tableau horoscopique se présente essentiellementsous la forme de deux cercles concentriques dont l'in*tervalle est partagé en 12 secteurs normalement dis-posés et numérotés comme l'indique la figure 3.

On incrit, dans le secteur X, le signe obtenu commenous venons de l'indiquer et, à sa suite, en allant degauche à droite, les autres signes de zodiaque dansl'ordre qui va être donné. Celui de ces signes qui tombedans le secteur 1 ou, comme l'on dit, en maison 1 cor-respond à l'ascendant, qui est comme le symbole mêmedu sujet de l'horoscope.

Dans ce tableau horoscopique ainsi orienté, l'onplace les planètes et d'autres astérismes, tels qu'ilsétaient au moment de la naissance considéré; on sesert pour cela de la « Connaissance des temps

Il reste à tenir compte de la latitude du lieu en utili-sant la « Table des ascensions obliques a.

Le tableau horoscopique étant de la sorte terminé,l'on passe à son interprétation.

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Irderpritatîon de horoscope. Elle nécessite laconnaissance et la lecture de certains éléments.

EMmenfs. Ils sont au nombre de trois les maisons,les signes du zodiaque, les planètes et autres astérismes.

Nous avons dit que le tableau horoscopique se com-pose essentiellement d'un cadre formé par deux cerclesconcentriques dont l'intervalle est partagé en douzesecteurs chacun de ces secteurs est appelé maisonet se trouve caractérisé par l'un des signes du zodiaque.Les maisons sont numérotées de 1 à XII, en allant dela gauche (orient) vers la droite (occident), en passant

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par le sud (nadir), puis par le nord (zénith) les signeszodiacaux y sont inscrits dans les mêmes conditionssuivant l'ordre immuable donné par ces deux vers:

SMnt, Ariès, Taurns, Gemint, Cacer, Léo, Virgo,Libraque, Scorpius, Arcttetteus, Caper, Amphora, Pisces.

Cet horoscope théorique est dit horoscope au repos.

Horoscope au repos. En principe, les maisons doi-vent être désignées d'après leur numéro, mais couram-ment on les dénomme d'après le signe zodiacal qui yfigure, ce qui n'est pas sans entraîner des confusions

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car selon qu'il s'agit de l'horoscope orienté ou de l'ho-roscope au repos ce signe dMère c'est seulement pourl'horoscope au repos que le signe zodiacal est vraimentcaractéristique de la maison puisque la maison est unélément fixe.

Chaque maison a ses attributions propres.I. La Maison 1 est dite maison de l'ascendant

qui est ainsi défini en astrologie « l'ascendant est lepoint de l'Orient où, si nous nous figurons être surune montagne et la terre tournant, il semble què

« l'on voit monter les constellations ». Dans l'horos-cope cette maison renseigne sur le tempérament,les forces vitales et les entreprises du sujet.

II. La maison II est celle des travaux, emplois,charges, professions et industries diverses; des gainsqui s'y rattachent; c'est, aussi, l'argent que l'on gagnepar ces moyens.

III. La maison III renseignesur les frères et sœurs,les parents consanguins, les amis, les amants, les ser-viteurs, les animaux domestiques.

IV. La maison IV renseigne sur la vie privée,les renversements de positions sociales ou familiales,les maladies.

V. La maison V renseigne surles passions, l'amour,la foi, la moralité.

VI. La maison VI est dite le paradis de l'horos-cope et renseigne sur l'épargne, les richesses familiales,les héritages.

VII. La maison VII renseigne sur la vie en com-mun, les associations, les contrats, les rapports entreépoux.

VIII. La maison VIII est celle de la haine et dela discorde entre époux et dans la famille des deuilset chagrins de famille.

IX. La maison IX est celle des ambitions, desvoyages, et aussi des aptitudes naturelles et intellec-tuelles.

X. La maison X est dite le domicile royal de

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l'horoscope,elle renseigne sur le rôle social, les honneurs,les succès.

XI. La maison XI renseigne sur les relationsavec les supérieurs de tous ordres.

XII. La maison XII est dite l'enfer de l'horos-cope, maison de l'infortune, des fatalités, de la ruine,des embarras de toute sorte.

A leur tour, les signes du zodiaque, classés dans lemême ordre que les maisons qu'ils caractérisent dansl'horoscope au repos, sont assortis d'attributions di-verses dont nous donnons quelques-unes dans le ta-bleau qui suit.

Quant aux planètes, elles jouent un rôle capital enastrologie, nous nous bornons à donner dans le tableauci-après quelques-uns de leurs attributs.

Signes du zodiaques et planètes sont courammentreprésentés par des symboles dont voici le tableau

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TABLEAU DES SYMBOLES

Symboles Symbolesdes des Constellations

Ptanètes Zod iaca les

0 A"~o~ le Bélier

~ZM~wa~

jt) /a/.t//?e /e.y~/7?ea~

<3~ y~c/f~~e

/~a~s 0 /<?~o~jjT~

/~t~e~ye

I ~e~<?< =~= /9~/is?/?ce

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LES SIGNES DU ZODIAQUE

pLANÈTE fAMtES gNOMS qui MMBOHS ATTBACTMN dueot'ps §

le régit humain &nettée s

Le tempéramentBNier Mars du amjet de 1'horos- Améthyste La tête t

copeLeIabeuretseBgaïns.T. Vénus Les fonctions Agate °

et les charges les épaules

G. Mercure Beryt Les bras mLes frères et soeurs et les mains

Ecréme Lune J~~ ~<' La poitrine IVLe marasme et les seille

</

Lion solen La force. R~'s Le P~MLa générosité aire

Vierge Mercure Les épargnes J&epe Le ventre VI

Balance Venua Lajustice

Diajmant ~or~Sedorsale

Scorpion Mars Les malheurs Sanguine Les ~S°~ VJHp conjugaux sexuels V,III

Sagittaire Jupiter Les facultés Turmttise Les caisses IXintellectuelles

Chèvre Saturne 0~ Les genoux Xaftuatfoas sociales

Verseau Saturne La paternité Saphir Les jambes XI

Poissons Jupiter Les naufrages Les pieds XÏÏ

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Fig. S. Les signes du Zodiaque et le corps humain,d'après un vieille estampe.

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LES PLANÈTES

fAMtEsPRINCIPALESATTRACTIONS

H-AN&TtS du cnrp, tninMin ––––- -–aMOtëes METtI, PtEatOS ANIMAL PLAKTE H~,0tt COCt.BOB

t,e cerveau,les pensées, AigleSoleil le coeur, Or Rubis et Lion Palmier Héliotrope Jaune

les artèreset les veinee

Le cervelet,les idées,

1Lune< l'imagination, Argent Emeraudo Oiseau bleu Tabac Narcisse Blancl'eatoBaao

er les intestins

Les reinsMars le fiel, Fer Améthyste Taureau Poivrier Broyère BMge

le sens du go&t

L'intelligence,Mercure .t~fnSe~ Vif argent Béryl Singe Marjolaine Verveine Vertet l'épine dorsale,

la vue

Le foie, le sang,les nerfs,

Jupiter les muscles, Etaim Escarboucle Eléphant Oheme ANttpime Bleul'oeil et la main,

l'odorat

Le gosier,Venue et~e'venîre Cuivre Agate Brebis Pin Muguet Botteet le ventre,

le toucher

Las dents,Saturne les os, la vessie, pjojaab Ony:t Chameau Neaier Violette Violetet,= ~u~'

ril'oule

1

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Sont considérées comme favorables le Soleil, laLune et Jupiter; comme tantôt favorables et tantôtdéfavorables Mercure et Vénus comme néfastesMars et Saturne. Ces influences se trouvent modifiéessuivant le signe du zodiaque sous lequel agit la planètequi jouit, de la sorte, d'après la terminologie astrolo-gique, de dignités différentes.

Eminemment favorable, la planète est dite en exal-tation; le trône est la dignité planétaire affectée auxnaissances diurnes (midi à minuit) tandis que la maisonest celle qui correspond aux naissances nocturnes(minuit à midi). Quand elle se trouve sous le signezodiacal opposé à celui où elle serait en exaltation,la planète est dite en chute; elle est en exil lorsqu'elleest à l'opposé du trône ou de la maison. Le tableau ci-dessous donne les indications afférentes à ces rapportsdes planètes et des signes du zodiaque.

SMNESOLEIL Ï-UNB MAH9 MERCUBE JUPITER VÉNUS SATURNE

BC ZOCtAOUE

Bélier. MM!M» Tr&no

<. Ex!l Chute

Taureau. xEMtMM Exil e Tr6ae

Gétnea~x.. x » Maison Exil <

Cancer. » Trône Chute »BHKatï)!)) Exil

Mon. Tr&me x x ExilVierge. E~l Chute

Btdanee. Chute Exil Maison Eï:!ttt)BB

Scorpion. » Chute Maison n ExilSagittaire.< x » Exil Trône

Capricorne x Exil EïitIMOBc Chute Maison

Verseau. Exil t x Tr&me

Poissons. » t~~to EMMtMjet chute

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Interprétation ou lecture des éléments. Les basesde l'interprétation se trouvent résumées dans cetteconception astrologique

« Les douze signes du zodiaque sont comme les douze

« portes immobiles par où passent les âmes qui s'in-« carnent sur la terre. Mais il existe sept forces mobiles,« dirigées si l'on veut par sept esprits et qui agissent« tantôt dans rune et tantôt dans l'autre de ces régions« zodiacales, dites aussi maisons zodiacales. Ces sept« grandes forces, où plutôt les influences de ces sept« esprits (analogues aux sept devas de l'Inde, et aux

sept anges de la Chaldée) ont été symbolisés par les« noms connus des sept planètes matérielles auxquelles« les astrologuesattribuentcertainescaractéristiques a (1).

Il en résulte que les signes du zodiaque et les pla-nètes forment un langage intelligible pour les initiés.

« Connaître à fond la signification des douze signes« du zodiaque est la partie principale de la science« astrologique l'étude des sept planètes ne peut que« modifier les présages donnés par le zodiaque, à peu« près comme dans les mots les voyelles modifient les'<

articulations consonnantes. » (2).Mais comment peut-on connaître ce que signifient

les signes du zodiaque? Pour cela, il faut sans douteavoir des lumières spéciales où les prendre?

« Dans la pensée vivante et féconde de certains êtres« dont la mission terrestre peut être justement comparée« à celle des comètes, ces mystérieuses messagères de« l'infini; comme elles, ils semblent n'être point entraî-<:

nés dans l'orbe commun, mais venir d'un autre centre<t

moteur, d'un foyer hnpulseur diHérent de celui du« commun des hommes, ils irradient sur leur passage« les intelligences mûres, et fécondent par leur verbe« les coeurs préparés. Ce sont les messies permanent de« l'humanité.

Les anthroposophes, disciples de ce messie que fut,pour eux, Roudolphe Steiner sont également de cetavis, mais ils s'en expliquent autrement

(1) D' STAtt L'art A; voir FopetttA. p. ST.(2) ~6M.

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« n y a une sagesse primordiale, transcendante, éter-« nelle, en qui réside la plénitude de la connaissance,« elle procède d'autres facultés que celles dont use la« raison d'à présent.

« L'intuition n'en est qu'une vive lueur et la pre-« miére étape; elle se nomme voyance, contemplation« du divin, communion vivante avec l'Eternel. Elle« vient de la lumière intérieure qui s'allume dans l'hom-« me à un certain point de son développement. Elle

pénètre à travers le monde astral, laboratoire desforces créatrices~ jusqu'au monde spirituel origine

« des choses.« Obscures et imparfaites sont les traductions que

« le langage et l'art humain nous donnent de cette« sagesse, mais pure et radieuse en est la source, car« elle jaillit sous l'influx direct des puissances spiri-« tuelles qui ont créé le monde.

'< Non seulement les sages primitifs perçurent ces« puissances, mais ils contemplèrent intérieurement« les grands mystères de la création, je veux dire les« aspects successifs que revêtit le système solaire avanttf la formation de la terre. Ils les contemplèrent dans« les clichés vivaces qui flottent dans la lumière astrale« pour l'œil de l'esprit pur et ils donnèrent aux pla-« nètes les mêmes noms qu'aux forces cosmiques qui« les modelèrent. C'est pourquoi les planètes devinrent« des dieux dans la mythologie. » (1).

Par ces extraits, l'on comprend comment les initiésprétendent traduire le tableau horoscopique. Ils em-ploient à cet effet deux méthodes, l'une intuitive etl'autre littérale.

« Si l'on obéit à cette dernière qui demande ou une« mémoire prodigieuse ou des documents très com-« plexes, on ne fera que du travailpurementmécanique.« par l'intuition on arrive à des révélations merveil-« leuses de précisions l'Esprit trônera éternellement

sur les choses matérielles.« Dans son bel ouvrage, Histoire de-la Magie, Chris-

(1) Ed. ScHUEÉ: Z'~co!«<MMt divine.

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« tian, donne pour l'interprétation d'un horoscope,« 569 clefs. C'en est trop ou pas assez trop pour la« méthode intuitive, pas assez pour la méthode déduc-« tive. En voici la preuve. Une planète peut être, pre-« mièrement, dans l'un des signes zodiacaux, puis dans« l'une des douze maisons solaires et, s'il s'agissait de« la lune, par exemple, il faudrait tenir compte de ses« quatre phases. Ainsi rien que pour la solution exacte« de cet énonce

« Que signifie la lune, à son premier quartier, dans le« signe du scorpion, en septième maison solaire il« faudrait 576 clefs, sans compter les aspects d'opposi-« tion, de quadrature, de trigonocratie des autres« planètes.

« On sent bien que ce n'est pas pratique.« Par l'autre méthode, pour interpréter savamment

« un horoscope, il faut savoir dix-neuf mots l'intrin-« sèque signification des douze signes du zodiaque et« des sept planètes, c'est tout. Prenons un exemple

»

« une personne a, sur son horoscope de nativité, Vénus,« avec le Lion en septième maison solaire.

« Nous traduisons maison VII = mariage; avec« le Lion mariage d'amour influencé par Vénus ==

« mariage d'amour partagé.« Ce n'est pas plus difficile que cela. L'essentiel en as-

« trologie est donc de bien eonnaitre les diverses signifi-« cations des signes du zodiaque et des planètes » (1).

Quelles sont ces significations? Nous en avons donnéquelques-unes ci-dessus, mais il ne faut pas les consi-dérer comme absolues. Ces significations sont dues,en effet, à la « voyance et celle-ci est variable avec lesvoyants, chacune voit à sa manière. Les traits essen-tiels que nous résumons ici sont assez généralementacceptés. Mais, en fait, les interprétations forment unensemble touffu, confus, contradictoire ou toutes lesopinions se heurtent sans frein, sans règle l'intuition etl'analogie sont constamment invoquées pour justifierles inductions et les déductions les plus étranges.

A titre de simple renseignement, voici les principes

(t) Dr STAB: &'<t~ t'<Mf l'avenir par f~M~M, pp. M3-JM.

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directeurs qu'invoque un occultiste anonyme pourl'interprétation d'un horoscope.

1. Remarquer la place occupée par le Soleil et par laLune. Le soleil est favorable du 21 février au 8 septem-bre, ainsi qu'à l'Orient et au Zénith.

Le passage dans la voie combuste, maléficie le soleilce passage a lieu du 9 au 22 juin, d'une part, et du 15 au23 décembre, de l'autre.

La lune aux 4e, 5e, 6e, 15e, 20e 22e et 29e jours n'estpas favorable, non plus que dans les signes de la Balance,du Scorpion, du Verseau et de la voie combuste.

2. Si les planètes se trouvent au point de leur exal-tation et quelles sont les étoiles qui occupent le Zénithet l'Orient.

3. Si les planètes sont sur leur trône. Quand lesplanètes bénéfiques, qui sont le Soleil, la Lune, Jupiter,et celles qui sont tantôt bonnes, tantôt mauvaises,Mercure et Vénus, sont en exaltation ou sur leur trôneles présages sont favorables, Les présages sont au con-traire mauvais lorsque les planètes néfastes, Mars etSaturne, se trouvent dans ces dignités.

4. Si les astres sont tous des signes d'heureusesinfluences.

5. Quelles distances existent entre les planètestoutes les distances de 30, 60, 72, 120 degrés sont d'unbon augure. Celles de 45, 90, 135 et 180 degrés sont demauvais aspects (1).

Après avoir examiné ces grandes lignes, l'astrologueen question se livre à la discussion détaillée de toutesles parties de l'horoscope.

Ce résumé astrologique nous paraît suffisant pourl'intelligence de l'exposé qui suit.

(1) Stbxla Sciences occultes, pp. 42 et ss.

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LA GÉOMANCIE EN EUROPE

La Géomancie est un mode de divination importéd'Orient en Europe et en Afrique. Elle consiste essen-tiellement en signes idéographiques que l'on doit tracersur le sol sous l'inspiration des esprits de la terre etdont l'interprétation est arbitraire. En principe, cesystème se suffit à lui-même mais le plus souvent onle rattache à l'astrologie. Nous l'étudierons tant enEurope qu'en Afrique ce qui nous fournira un ensembled'observations portant sur un domaine immense.Nous aurons ainsi à noter les déviations instructivesd'un même procédé évoluant sous l'influence de milieuxdifférents. Nous ne disposons, il est vrai, que d'un petitnombre d'études qui, de plus, sont trop souvent incom-plètes, mais, même insuffisants, ces documents ne man-quent pas d'intérêt.

Les signes en usage en géomancie européenne sontdonnés dans le tableau que voici (1).

(Voir le tableau page ci-contre)

(l) Dr STAB L'art de voir l'avenir par l'astrologie, pp. 126 et su.

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SIGNES DE LA GÉOMANCIE

N° SIGNE NOM N° SIONE NOM

1 Via 9 • • Carcarl (la voie) (la prison)

2 Amissio 10 i• Laetitia*–t'' (la perte) • • (le joie)

3 Acquisitio 11 • Fortuna major• • (le grain) • • (grande fortune)

4 Populus 12 Albus(l'assemblée) •· ·

(le blanc)• • • •

5 i La queue du dragon 13 (la^K^• ••

6 ` Puer 14•i (leje^nthomme) • •

La tète du dragon

7 Fortuna minor 15 Conjonctio(petite fortune) (l'union)• • • •

8 PuellaI

18 • RufoeusT

(la jeune fille ) (le rouge)» »

L'occultiste auquel nous nous référons (1) pense queles quatre premiers signes sont les symboles des quatreéléments l'air (signe 1) le feu (2) l'eau (3) la terre (4)Les douze autres proviendraient de ces bases combinéesentre elles suivant le procédé de génération qui vaêtre indiqué ci-après ainsi, 1 et 2 donnent 5 (air-feu)

(1) Dr STAR î L'Art de voir l'avenir par V Astrologie.

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1 et 3: 6 (air-eau) 1 et 4: 7 (air-terre) 2 et 1 8 (feu-.air) 2 et 3 9 (feu-eau) 2 et 4:10 (feu-terre).

Cette manière de voir, qui n'est qu'une supposition,présente l'avantage de rendre compte de certains détailsque nous retrouverons ci-après. Nous verrons comments'expliquent les appellations singulières de ces signes:l'emploi de mots latins atteste leur usage à l'époqueoù cette langue était celle des corps savants,

Le tableau de consultation.

Dans la pratique divinatoire, voici comment l'onobtient les signes relatifs à une question.

« Suivant Franz Hartmann (1), l'occultiste bien« connu, l'art de la géomancie ne doit être pratiqué« qu'avec un esprit tranquille et calme. Si le champ de« la vision mentale est obscurci par les nuages du doute« ou de la crainte, du chagrin ou des désirs égoïstes,« si le temple de l'esprit est occupé de questions pécu-« niaires ou de querelles des pharisiens et des scribes, il« lui sera difficile d'entendre la voix de la vérité.

« Cornelius Agrippa (1) dit qu'il ne faut pas faire« de géomancie un jour de pluie (2), ni même par un« temps nuageux (2), ni un jour d'orage (2), ni lorsquel'esprit est en colère ou en proie à divers soucis.

« Il ne faut pas non plus se livrer à cet art pour satis-« faire une vaine curiosité, par simple amusement ou« pour confondre les sceptiques. Finalement, la même« question ne doit pas être posée plusieurs fois dans« la même forme.

« Bien plus, il faudrait choisir pour chaque question« un jour spécial et une heure propice. Toutes les ques-« tions concernant l'agriculture et les mines, par exem-« ple, devraientêtre faites au jour età l'heure de Saturne« toutes les questions de mariage et d'amour, au jour« et à l'heure de Vénus.

(1) Cornélius Agrippa et Franz Hartmann sont des occultistes quse sont particulièrement occupés de l'étude de la Géomancie.

(2) C'est une règle observée dans les sociétés secrètes indigènes.

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« Anciennement, pour obtenir les signes, l'opérateur,après s'être isolé, fixait fortement en son esprit la« question qui le préoccupait; puis, sans compter, les« yeux clos, il faisait sur la terre nue, avec son bâton,.« des trous dont le total, pair ou impair, formait,« après avoir répété quatre fois l'opération primitive.« des figures spéciales dont chacune avait sa significa-« tion propre heureuse, neutre, ou maléfique.

«L'obtention des signes peut aussi avoir lieu avec-« un crayon sur une feuille de papier. seulement ce« ne serait plus de la géomancie proprement dite puis-« que l'élément principal, primordial, la terre, se trou-« verait écarté.

« Nous avons imaginé un moyen mixte. Au lieu de« pointer le sol ou la feuille de papier, ce qui offre trou-« jours l'inconvénient de compter malgré soi les em-« preintes obtenues, nous prenons, toujours sans comp-« ter, quatre pincées de grains de café vert, produit« terrestre, et le total de chacune de ces pincées de« grains, prises au hasard, forme l'un des 16 signes sus-« ceptibles d'être produits par les différentes combinai-« sons de un avec deux, c'est-à-diredu fait de Timpréci-« sion » (1). `

Quel que soit le procédé employé, les quatre pre-mières figures sont nommées « mères » parce que ce sontelles qui donnent naissance aux autres de la manièresuivante en comptant horizontalement les pointsde la rangée supérieure des mères (ce que l'on nommeles têtes), on inscrira un ou deux points suivant que letotal sera impair ou pair. On agira de même avec les.rangées suivantes dénommées respectivement, cous,corps, pieds.

Les quatre figures ainsi obtenues constituent lesfilles. On obtient ensuite les neveux de la manièresuivante au lieu de totaliser les points de la rangéesupérieure des mères pour l'obtention du premier neveu,on n'additionne que les deux premiers signes des mères(1 et 2) les têtes d'abord, puis les cous, les corps et lespieds ce qui donne le premier neveu. Le second s'ob-

(1) Df Star Op. cil.

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tient en opérant de même sur les mères 3 et 4; lestroisième et quatrième neveux sont dérivés de mêmedes signes 5 et 6, 7 et 8. Les figures 9, 10, 11, 12, don-nent 13 et 14 qui, combinées,donnent le 15e signe appeléle juge et l'on obtient l'arbitre en combinant le 15*avec le 1er.

L'interprétation.

Elle est basée, d'abord, sur la classification suivantedes signes

le blanc te rouge.le Jeune homme la jeune fillela joie la tristesse.le gain la perte.ta grande fortune la petite fortunel'union la prisonlavoie. le peuplela tête du dragon la queue du dragon

Ainsi opposés deux à deux, les signes forment commeun résumé de ce qui advient habituellement dans lavie une subdivision accuse ce rôle les quatre premierssignes sont représentatifs des personnes, le blanc c'estle vieillard à tête blanche, calme et sage, tandis que lerouge c'est l'homme adulte, violent et que la colèreempourpre le jeune homme et la jeune fille figurentla jeunesse inexpérimentée et sentimentale.

Les douze autres signes se rapportant aux diversescirconstances de la vie.

La terminologie et la graphie des idéogrammesattestent que la géomancie européenne est étroitementreliée à la géomancie arabe de laquelle elle provienttrès certainement. Les figures sont les mêmes; quantaux noms qu'elles portent, voici un rapprochementinstructif.

AJfcus est comparable a l'arabe Al Bayada(le blanc) (ia blancheur)

Rubeus – Al Omra(le rouge) (le rouge)

Puer – Al Halanl(le jeune homme) – (le barbu)

Puella – Naqi al kbaddi(la jeune fille) (la joue sans poil)

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Vis – Al Tarika(la voie) (la vote)

Fopulus – Al Djemaa(l'assemblée) (l'assemblée)

Conjonctio Al Idjtimal(la rencontre) (la rencontre)

Amimfo – Gabda al dafcnal(la perte) (la poignée rentrante)

Fortuna major – Nagrat al dakhel(la grande fortune) (la victoire entrante)

Fortnna minor Nagrat al khakhidja(la petite fortune) (la victoire sortante)

Tristitia – Al Ankis(la peine) (le renversé)

Laetitia – Al Kousadji(la joie) (signification inconnu)

La tate du dragon – Ras al dyaouzahirLa queue du dragon – Dhil al dyaousahir

(Ces deuxderniersdésignent lesigne par son astdrisme caractéristique ).Carcer (H prison). – »

L'on voit que, dans la plupart des cas, les Européensn'ont fait que traduire les dénominations des. Arabes.Des deux côtés les interprétations sont aussi étroite-ment apparentées, ce qui n'a rien de surprenant, ellesprocèdent des mêmes méthodes.

La Géomancie astrologique.

Voici, d'après Cornelius Agrippa, la manière d'érigerun horoscope géomantique astrologique.

Il faut d'abord tracer, sur une feuille de papier unpeu grande, deux cercles concentriques dont on divisel'intervalle en 12 secteurs égaux qui sont les maisons.On numérote celles-ci en commençant par l'angle degauche de manière à ce qu'une croix, tracée dans lecercle ait sa tête dans le Xe maison, son pied dans laIVe et ses branches en Ire et VIIe.

Horoscope géomantique astrologique.

On procède ensuite avec recueillement à l'obtentiondes figures comme nous l'avons indiqué. On numérotechaque figure au fur et à mesure, puis on les place dansles maisons, savoir la mère I dans la maison 1, la

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mère II en maison X, la mère III en maison VII et lamère IV en maison IV. Puis la fille V en maison II;la fille VI en XI; la fille VII en VIII; la fille VIII en V.

Le neveu IX en IX; le neveu X en VI; le neveuII en III et le neveu XII en maison XII.

L'interprétation nécessite les renseignements telatifsaux maisons d'une part et nous les avons donnés pré-cédemment et, d'autre part, les renseignements concer-nant la valeur des signes géomantiques. Sur les signesgéomantiques voici, d'après notre occultiste, leur cor-respondance avec les signes du zodiaque et les éléments.

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SIGNES DU ZODIAQUE ET ÉLÉMENTS

FIGURE NOM SIGNESdes ÉLÉMENTS

signes des Signes zodiacaux

•Albus le Taureau terre-feu

Rubeus les Poissons eau-terre

Puer les Gémeaux air-eauww

Puella le Lion feu-air

Petite fortune le Verseau air-terre

Grande fortune la Vierge terre-air

Laetitia le Bélier feu-terre

Tristitia le Capricorme terre-eau

Gonjonctio le Cancer eau-feu

Carcer le Sagittaire teu-eau

w "`

Tête du dragon le Scorpion eau-air

Queue dn dragon la Balance air-feu

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••

Via IIilII

• m

•Aoquisitio

» • IIPopulus AmifisioII

Quant aux quatre signes via, populus, acquisitio-et amissio, ils n'ont de similitude, dit l'occultiste Star,qu'avec l'essence élémentaire des signes du zodiaque,ils renseignent sur le tempéramentdu sujet. Ces signes,doubles, parce que formés de deux partiespareilles,sontparticulièrement maléfiques s'ils sont en IVe, VIII*ou XIIe maison quant aux douze autres signes, chacuna, en principe, la même signification que le signe zodiacalcorrespondant leur interprétation dérive aussi deséléments qui les composent suivant les indicationssuivantes.

Sachant que l'élément feu symbolise l'action morale,intellectuelle ou matérielle; que l'eau est comparableà la force d'inertie, aux barrières naturelles, aux obs-tacles de tous genres, aux maladies, aux accidentset aux inimitiés; que l'air est l'élément qui fait com-muniquer entre eux tous les êtres, qu'il est le symboleheureuxdes relations individuelles,familiales et socialesque la terre, la grande mamelle du genre humain, estla source de toutes les richesses: minérales, végétaleset animales, on en déduit, par combinaisons avec lessignifications des maisons et des signes du zodiaque,la valeur des signes géomantiques.

Exemple

Amissio, en première maison signifie que l'excès dezèle peut dépasser le but de l'entreprise et que le sujetait à calmer sa fougue. II donne le tempérament muscu-laire.

En deuxième maison, il signifie excès de travail,fatigue physique ou cérébrale travaux pressés dangerdans ses occupations, mais réussite pécuniaire.

En troisième maison une colère causée par un en-fant, un employé, un domestique c'est un excès de

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rigueur qu'il faudra modifier vis-à-vis de ses subor-donnés ou de ses frères et sœurs.

En quatrième maison on court un danger corporelpar colère, étourderie ou entêtement.

En cinquième maison passion aveuglante, luxure,grande crédulité, fanatisme ou sainteté.

En sixième maison amour du luxe et du lucretendance à des actes de violence pour se procurer lebien d'autrui. Péril d'incendie. Etc., etc.

LA GÉOMANCIE CHEZ LES NOIRS

LE livre DE MOHAMMED EZ ZENATI

Historique. La géomancie est enseignée dans toutel'Afrique par les lettrés musulmans d'après le livred'un certain Cheikh Mohammed Ez Zenati, mais il n'enrésulte pas une doctrine et des pratiques uniformesrsur un fond commun, assez vague d'ailleurs, c'est uneprolifération extravagante.

L'exposé qui suit est le résultat de nos investigationspersonnelles à Djénné (Soudan français) en 1902.C'est au marabout Ahmadou Gano que nous devons laconnaissance du livre d'Ez Zenati. Ahmadou Ganoappartenait à une vieille famille de lettrés lettré lui-même, il exerçait les fonctions de Cadi à Djénné. L'écri-vain d'arabe du cercle, Amadou Oumar Cissé, nousprêta son concours pour la traduction et la copie destextes. Par Amadou Oumar Cissé, nous fîmes la con-naissance d'un géomancien distingué et réputé dans larégion, le peul Issa Daou. Pour acquérir son bagagegéomantique, Issa Daou, très âgé quand nous l'avonsvu, avait passé cinq années au service d'un marabout.D'autre part, lors d'une instruction judiciaire, dontnous eûmes à nous occuper en notre qualité de comman-dant du cercle de Djénné, nous entrâmes en rapportavec un waraminade du Nya de Soun-bambara, villageau sud-est de Djénné cet individu nous donna quelquesrenseignements sur l'emploi de la géomancie dans lessociétés secrètes auxquelles il avait appartenu.

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Par ces divers informateurs, nous avonspu apprécierl'importance de la géomancie dans le milieu indigèneet en consigner les procédés essentiels.

Les éléments et le tableau fondamental.

Dans le texte d'EzZenati, que nous devonsà AhmadouGano, les signes géomantiques sont classés et présentés,parfois, en tableaux synoptiques, chacun d'eux estaccompagné d'une lettre qui permet de le repérerfacilement. A titre de spécimens, voici un de cestableaux (fig. 7).

Chaque signe a une figure, un nom, une maison etdiverses correspondances astrologiques, ainsi que l'in-dique le tableau ci-après.

SIGNES GÉOMANTIQUES

AVEC LEURS CORRESPONDANCES ASTROLOGIQUES

mI I "• I'r ™^ –

S h FIGURE NOM MAISON Ér.KMENT SIGNE PLANÈTE«g du du du signe et du JOURg.°o signe signe en ordre normal orientation zodiaque métal

loussoufou Feu Gémeaux (ï) MercureI Al Kousadji maison et ou mercredi

du demandeur Est Vierge (2) vit argent

Adama Feu Sagittaire (1 ) JupiterM Dahika maison et ou jeudi

des biens Est Poissons (2) étain

• • Mahdiou vent Sagittaire (1) JupiterIII Otba ed dakhel maison de la et ou jeudifamille,des frèlt:s Su* Poissons (-2) étainet soeurs

• • Idrissa Eau LuneIV •• Al Bayada maison et Ecrevisse (1) lundi

du pays Nord argent

Ibrahima Eau Van*V • Et Tariqi maison et Ecrevisse (l) lundi· des enfants Nord argentet des nouvelles argemt

(1) Trône de la planète.(2) Maison de la planète.

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i|j MOUBEl NOM MAISON ÉLÉMENT B1ONE PtANÈTPtj g dn An da signe et da jourg^J signe signe en ordre normal orientation zodiaque métal

Isea Eau Scorpion (1} MaraVIT

.;• «Ai.tf.MdMl.de,™Sàes et mardietde^sda^ NOTd BMiw<2> fer· · et des esclaves

O^wlU Vent Scorpion (1) MarsVII Al Omra dn^ïïïïï» et et mardidu mariage S.d BNi.r(~ fer· · et des époux 8nd 881fer (21 ter

^X^J? Terre Scorpion (1) MarsVIII • Al Mangoussi diT™* et et mardi·

etdei'an^se <»"8* »««<»> fer

• Allah Taala Feu SoleilIX Naçrat al Kharidja maison et Lion (1) dimanche

des voyages Est or

SZFSFa?^ Terre Capricorne(l) SaturneX • Et Tiqaf maison de la et et samedix Et Tîqat yiatne ~üli~o Ouest VIélau

(2) plomtttŒté OueBt Verseanta) plomb

AUmaisondelatutelle Vent Capricorna(l) Saturne

XI Al Radjah et de la protection et et samedit des grands sur Sud Verseau (2) plomb

les humbles

• Houhoun Terre Taureau (1) VénusXII Nacrâted dakfael maison et et vendredi

des ennemis Ouest Balance (2) cuivre

HousseYni gau B~Iier 1MaraSoTdS Eau Baiera) Mars

XHI >:> OtbaelKl^d^ «Sj^S* A et --«-· · divers Nord Scorpion (i) ier

m^^n^fpo Terre Taureau (1) VenusXIV Naqi el Kfaaddi ^Seinento «* «* vendredi7LIV Naqf el 8lasddi re~~ ements et et

(2)vendredit rense^ements QmBt Btaane» (2) cuivre

• Ousmani Vent SoleilXV

·Gabda ed dakhel maison et Mon (1) dimanche

du juge Sud or

• Moussa Teu Vierge (I) MercureXVI Al Djemaa maison et et mercredi::| AI I)jegmm des nouvelles Estt Gémeau, (2) vif argentXV,

de toute nature

1) Trône de la planète,(S) Maison de la planète.

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Le tableau de consultation.

Pour dresser un tableau de consultation, le devinlettré détermine les signes; à cet effet, il commencepar égrener son chapelet en prononçant une formuleinvocatoire, puis, à l'aide de son calam et les yeuxclos, il fait sur la papier et sans compter, en allant dedroite & gauche, un nombre de points qui ne doit pasêtre inférieur à douze; il répète quatre fois l'opéra-tion et obtient un signe en déterminant le reste pardeux du nombre des points de chaque ligne chaquereste pair donne deux points du signe et chaque resteimpair en donne un.

L'opération se présente ainsi

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Il obtient ainsi quatre signes qui, dans l'exemplechoisi, sont les suivants• • •• • • •• • •• • • •

IV III II I

Ce sont les quatre mères. En transcrivant verticale-ment et de droite à gauche les points de chaque lignehorizontale des mères (tête, cou, corps, pieds) on ob-tient quatre filles. ••• • • t•• • • • •• • • •

VIII VII VI V

On combine ces signes deux à deux, savoir: I et IIIdonnent IX; III et IV donnent X; V et VI XI VIIet VIII XII.• • • • • ••• • • • ••• • • • ••• • • • • •B

XII XI X IX

On forme de même avec IX et X XIII XI etXII XIV; XIII et XIV: XV; XV et I XVI.• t • ••• • • ••• • • • •«• • • • •

XVI XV XIV XIII

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L'interprétation.

Basée sur l'intuition, elle s'aide toutefois de repèresgénéraux. Les maisons sont réparties en trois sectionsessentielles qui se réfèrent de toute évidence aux carac-téristiques de l'horoscope astrologique:

1er groupe. Maison 1, 4, 7, 10 constituent lespieux, en arabe al autad si les signes qui y figurentsont favorables, le but poursuivi par le consultantsera atteint.

2e groupe. Maison 2, 5, 8, 11, appelées par lesArabes maïali al autad, c'est-à-dire « ce qui toucheaux pieux » si elles sont occupées par des signes enmajorité favorables, le demandeur a des chances deréussir dans ses projets. >

3e groupe. Maisons 3, 6, 9, 12, appelées par lesArabes zaïlat al autad, c'est-à-dire « la fin des pieux».Quant elles sont occupées simultanément par des signesfavorables, le consultant voit ses désirs réalisés sansdélai.

Il n'est pas question d'un 4e groupe qui renfermeraitles 4 dernières maisons, tous les systèmes sont embar-rassés pour les classifier parce qu'en astrologie il n'y aque douze maisons. Nous avons dit comment l'occul-tiste Star a fait, des quatre signes astrologiquementen surnombre, les symboles des éléments et les généra-teurs des douze autres signes.

On dit aussi que les quatre signes en trop représen-tent deux des témoins, un troisième le juge et le qua-trième (1) l'arbitre suprême la consultation devientainsi une manière de tribunal, et dans ce système lesXIIIe et XIV maisons sont celles des deux témoins;la XVe celle du juge et la XVIe celle de l'arbitre su-prême.

Les signes sont, eux aussi, répartis en catégories.Huit, dits taleb, représentent le consultant (I, II, III,

(1) Le quatrième représente, disent certains, le demandeur.

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IV, VII, VIII, XIII et XIV); huit autres, dits matlub,l'objet de la demande du consultant (V, VI, IX, X, XI,XII, XV, XVI) lorsque le premier signe qui sort esttaleb, le VII» mallubet le XVe taleb, le demandeur ob-tiendra ce qu'il désire. Si le Ie' ou le XV- est matlubses espérances s'évanouiront.

Sont dits daouakhel (1) les IIIe, XIIe et XVe signesdu tableau normal: lorsqu'ils apparaissent souventdans le tableau de consultation, c'est un indice que ledemandeur aura satisfaction si au contraire, leskhaouaredj (2) VIe, IXe, XIIe sont en majorité, le de-mandeur ne doit garder aucun espoir. Si les munqaleb (3)IVe, Ve, Xe, XIe, XIV», XVIe sont fréquents, l'avenirest douteux; enfin, si les manahis (4) Ier, VIIIe, VIe,VIle dominent c'est de funeste présage.

Les durées sont révélées, en jours par I, II, III,IV en semaines par V, VI, VII, VIII en mois parIX, X, XI, XII; en ans par XIII, XIV, XV, XVI.

Les délais sont marqués à la case XIV suivant lesigne qui y apparaît.

A l'aide de ces indices généraux, qui ne sont pas lesseuls, et suivant des procédés personnels à chacun, ledevin vaticine au gré de son intuition.

Celui qui n'a pas la lumière intérieure a recours auxmanuels de clefs qui donnent pour tous les cas la si-gnification de chaque signe. Le praticien apprend parcœur ces indications et s'en sert ensuite plus ou moinshabilement. Voici un extrait d'un de ces manuels àpropos du signe Kousadji.

Quand Kousadji est dans la première maison, prédireà celui qui interroge longue vie et grande prospérité.A cette place Ce signe indique que la question à résoudreest relative soit à une armée en campagne, soit à unmariage, soit à une femme de mauvaise vie, soit aucommerce, soit à une maladie de la tête.

(1) Dakhel = qui entre c'est-à-dire favorable.(2) Kharidja = qui sort c'est-à-dire défavorable.(3) Mungaleb = qui se retoume c'est-à-dire neutre.(4) Manahis = funeste.

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Si l'interrogateur désire savoir où est un animalqu'il a perdu ou un objet qu'il a égaré, il retrouveral'animal perdu ou l'objet égaré, moyennant de sacrifierune chèvre, qu'il ira manger dans la brousse, et deslibations de dege (farine de mil délayée dans l'eau)au bord d'un cours d'eau.

Si l'interrogateur veut être fixé sur l'issue d'unemaladie dont il est atteint, le prévenir que cette maladieest due aux artifices des ennemis dont il est entouréet qu'il en guérira moyennant qu'il entreprenne unlong voyage.

Si l'interrogateur vient pour s'informer d'une femmeà laquelle il veut se fiancer, lui conseiller de ne rienentreprendre sans au préalable offrir des colas et du lait.

Quand Kousadji est à la fois 1er et 2e dans le tableaude consultation, c'est qu'il s'agit soit d'un incendie,soit de la mort d'une petite fille, soit de revers de for-tune, soit d'un héritage en espérance.

Si l'interrogateur désire savoir ce qu'il doit fairepour accroître sa fortune, lui conseiller, d'abord, defaire l'aumône, puis de se livrer au commerce, maisde se méfier de ceux qui le haïssent à cause d'une joliefemme.

Si Kousadji est à la fois le 1er et le 4e signe dans letableau de consultation, c'est qu'il s'agit d'un désac-cord entre l'interrogateur et ses parents. Prévenirl'interrogateur qu'il se remettra d'accord avec sesparents et qu'il sera comblé des libéralités d'un hommepuissant.

Etc., etc.Tous les autres signes sont passés en revue un à un

dans les mêmes conditions, ce qui permet de répondreà toute question.

LA 6ÉOMANCIE PRATIQUÉE PAR LES NOIRS

Introduit en Afrique par des lettrés musulmans,le livre d'Ez Zenati est répandu probablement dansce continent tout entier en tout cas, on le trouve duSénégal jusqu'à Madagascar. Chose curieuse, ce sont

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certainement les païens illettrés qui en font le plususage et l'adaptation de cet art divinatoire aux besoinsde leur mystique est particulièrement instructif. C'estpourquoi nous allons passer en revue ici les quelquesexemples à notre connaissance.

LA géomancie CHEZ LES PEULS DU MACINA

Issa Daou, dont nous avons parlé ci-dessus, étaitdemeuré cinq ans au service d'un marabout, précisémentpour apprendre à connaître les formules géomantiqueset à s'en servir. Etant illettré, il procédaitun peu autre-ment que les marabouts. C'est vraiment sur le sol qu'ilécrivait le tableau des signes. Sur une aire de dimensionconvenable et bien plane, il répandait, en une mincecouche, de la poussière propre réunie au préalable enun petit tas. Après s'être recueilli, il traçait dans cettepoussière, sans compter, et de droite à gauche, unesérie de quatre lignes de barres, le nombre de celles-cine devant pas être inférieur à douze. Voici le schémade l'opération qui montre que le reste par deux étaitobtenu en rayant les barres deux par deux.

Il répétait quatre fois cette opération pour obtenirles douze signes-mères gé-nérateurs des douze autresde la façon que nous avonsexposéeprécédemment ici.

Mais, en pratique, IssaDaou ne recourait qu'ex-ceptionnellement au ta-

bleau des seize signes. Les cas de consultationse se ra-menaient à deux espèces le consultant exposait l'ob-jet de ses préoccupations ou bien il ne voulait pasle faire connaître. Dans le premier cas, Issa Daouconnaissait de suite le signe I; par des procédés àlui et qu'il gardait secrets, il en déduisait le VIlece qui lui permettait de donner d'emblée de multiplesrenseignements, notamment en remarquant le rap-port favorable ou défavorable des deux signes entreeux le signe terre, par exemple, surgissant en second

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alors que le premier est un signe feu, marque une issuetrouble et même fatale la terre jetée sur le feu ayantpour effet de diminuer ou d'éteindre celui-ci.

Dans le second cas, il remettait au client une poignéede la poussière préparée pour que le client confie àcette poussière ce qu'il désirait connaître, après quoi,la poussière ayant été étendue sur le sol, Issa Daoudéterminait le Ier signe et en concluait quel étaitl'objet que poursuivait le demandeur; il déterminaitle VIIe signe et, comme dans le premier cas, exposaittout ce qu'il savait. Remarquant en particulier quece 1er et ce VIIe signes différaient du Ier, du VIIe signesdu tableau normal: il combinait ces quatre signesdeux à deux ce qui lui suggérait de nouvelles idées.

Quand il était amené à dresser le tableau completdes seize signes, Issa Daou recourait à des combinai-sons variées qui inspiraient sans arrêt son intuition.Ainsi, le tableau de consultation au complet étantdevant lui, partant du premier signe compris, il addi-tionnait toutes les barres uniques, en ne tenant pascompte du dernier signe, parce que dans le tableaunormal le seizième signe ne comporte pas de barreunique. En faisant cette addition, il retranchait 12 (1)autant de fois que possible et le reste inférieur à cenombre lui indiquait à quel signe il devait se référer.Comme le signe ainsi déterminé était d'ordinaire diffé-rent du signe qui, normalement, occupe cette maison,Issa combinait les deux et tirait conclusion du nouveausigne ainsi obtenu.

Dans tous les cas, il accordait la plus grande atten-tion aux signes qui occupaient les Ire, IVe, VIle et Xemaisons, suivant l'expression soudanaise, il les appelaitles lautadu, corruptive de l'arabe al autad. Le premiersigne le renseignait à la fois sur la personne du clientet sur le sujet qui amenait ce client.

Issa Daou ne s'embarrasse pas de connaissance astro-

(1) Le nombre douze parait avoir acquis une valeur magique parréférence mentale aux 12 signes du Zodiaque et aux douze maisonssolaires. Nous avons signalé que le jeu fatidique de cauris ne comporteque 12 de ces coqui llages. Dans le Tarikh es Soudanet le Tarikhet Faltach,les empires ou les provinces comportent souvent douze circonscriptionsterritoriales. •-

», 7,.v~

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logiques, il n'a même aucune notion ai élémentairesoit-elle d'astronomie. Ce qu'il sait est affaire de mé-moire pure. Il est absolument convaincu qu'il révèlela vérité et ses clients le sont, en général,autant que lui.

Il a retenu par-ci par-là quelques termes arabes qu'ildéforme à la soudanaise; en général, il appelle lessignes d'après le nom des maisons du tableau normal,tout au plus use-t-il des noms de Kaousadji (pourKousadji), Mangoussi, Litigafou (pour Et Tiqaf),Al Bayada, Lizani (pour Al Haïani), Limora (pourAl Omra).

Il affirme que la géomancie, le lurabu comme ildit, a été enseignée par Dieu lui-mêmeà en nabi Idrissaet a été importée au Soudan par Cheikou boun Nafi.Comme beaucoup d'autres, il a entendu dire que lemansa Moussa, empereur du pays de Mali au xivesiècle a rapporté de son pèlerinage en Orient quantitéde livres de magie et de divination.

LA GÉOMANCIE CHEZ LES BAMBARA ET LES MANDÉ

EN GÉNÉRAL

Le waraminade de Soun-bambara, dont nous avonsparlé plus haut, n'était pas à beaucoup près aussi com-pétent qu'Issa Daou. Ce qu'il savait, il l'avait apprisau hasard de ses voyage à travers le Soudan; toujoursaffilié à quelque secte, tenant un rôle dans le clergé,il avait de la sorte acquis un bagage géomantiquehétéroclite fort éloigné de toute doctrine. Il parlaitavec grande fatuité et vaticinait avec une assurancequi n'admettait pas la discussion. La lumière s'allu-mait en lui sous l'inspiration du Nya dont il était la« bouche « (wara-da). Sa terminologie marque des dé-formations curieuses à divers titres et des adaptationsintéressantes.

La géomancie pour lui c'est le latura corruption del'arabe al tereb (la terre), d'où les expressionslaturu da étendre la terre, pour procéder à la divina-

tion, par allusion au geste du devin qui effecti-

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vement disperse le petit tas de poussière où il écrirales signes géomantiques.

laluru da-la la géomancielaturu fan' tableau des signes de consultationlaturu den' chaque signe.laturu masau les maîtres, les signes auxquels on attri-

bue la plus grande importance, ce sont les « pieux »(lautadu).

Le mot laturu est fréquemment remplacé par ceux debuguri (poussière)(1) kenye, kinge, tyen, tyentyen sable.On emploie également tyen', kyen' signifiant « vérité »,et le mot da qui suit veut dire a parler », « dire »,tyen' da dire la vérité tyen'-da-la le diseur de vérité.

Du verbe fie: voir, on forme fleli divination flelikedeviner; fîelikela devin.

Le waraminade de Soun-bambara désignait les signesle plus souvent par les noms des maisons, mais il avaitaussi d'autres termes qui dénotaient une adaptationentièrement indigène, tels Dyonge, Ngivense, Dyamba-almami que doublait une altération profonde desfigures qui comptaient parfois jusqu'à 9 et 12 points.

Il est regrettable que les circonstances ne nous aientpas permis de débrouillei le système ou, plus probable-ment, le mélange de systèmes dont ce noir faisait usage,il aurait fourni un exemple très instructif de déforma-tion totale de la géomancie.

Les Bambaras qui, d'une manière générale, sontcantonnés dans la région des rives du Niger supérieuret moyen, ont des géomanciens dont les pratiquestrès diverses mériteraient d'être étudiées en détail.Nous n'avons pu donner ci-dessus que de vagues indi-cations dues au waraminade de Soun-bambara parcontre, MM. Labouret et Travélé ont publié une inté-ressante étude dans le bulletin n° 10 de 1927, nous enextrayons les éléments essentiels utiles au présent«xposé. Voici d'abord les tableaux des signes

(1) Dans le langage spécial des sociétés secrètes, on appelle le devinFa-m-Buguri maître poussière.

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N° NOMS VALEURSIGNES

i'utn des signes des signes (1)iI I I Suleymane Pouvoir,autorité, relationsavec

| i (Salomon) le chef.

11II I Madi Maison, famille maternelle,

i (L'envoyé) bonheur.

III I I Iasa Réclamation, douleurs de ven-| (Jésus) tre, nouvelle.

IV II Moussa Royaume.| j (Moïse)lV I Kalantala (2) Avortement, tranquillité, paix,I (Mahomet) prospérité.

VI I Ali Force.| (Ali)M

IIVII 1 I Yacouba Dispute en ménage.Ii (Jacob)J

(1) Cette valeur n'a rien d'absolu, d'après les auteurs.(2) A notre avis, Kalantala est une corruption d'Allah Taala, qui est

effectivement employé en divination (voir ci-devant le tableau, p. 90.En bambara, Allah se dit Ngala.

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K»SIONES

NOMS VALEURSIGNES

d'ardre de) signes des signes (1)

nVIII I I Idrissa Maison paternelle, étendue

i (Idriss) d'eau.MI

IX I I Adama Origine, généalogie, assena-'I (Adam) blée, tribu, conseil.

III

Ousmane Malheur.

1X I Ousmane Malheur.

I I (Ousmane)

I

XI i Jonas Péripéties, àme.| | (Jonas)I

I

XII i Ibrahim Querelle, contestation.(Abrahim)

1

IIXIII I Oumarou Fidélité, amitié.

| | (Omar)\J_ (Omar)I

XIV I I Ladari Mort du malade, gain en| (Ladari ?) voyage.l_

II1XV II Nouhoun Prospérité, descendance.

| (Noe)|_

I

XVI I Lasslna Certitude, morsurede serpent.| (al Housseïn)II

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TABLEAU DE CONSULTATION ET interprétation

« Le consultant ne pose jamais de question directe,« écrite ou orale. Assis près du tas de sable, il reçoit dans«la main droite une pincée de cette poudre, la garde« un instant, formule mentalement sa question, crache« sur ce qu'il tient, et le rend à l'opérateur, qui le ré-« pand aussitôt sur le tas, puis étend le sable. Il n'y« a pas d'orientation imposée.

« L'opérateur dessine avec un doigt une série de« traits sur la poussière, se laissant guider par l'ins-« piration. Il trace ainsi quatre lignes constituant un« tableau. Ce tableau sert à dégager la première figure« qui s'obtient en barrant deux à deux, à partir de la« droite, les traits imprimés dans le sable (1). Il est« ainsi formé quatre tableaux donnant chacun nais-« sance à une figure. Ces figures sont rangées côte à« côte dans l'ordre de sortie.

« L'opération répétée un certain nombre de fois,« permettrait donc d'obtenir les seize figures. Mais il« n'est pas toujours nécessaire d'aller aussi loin et,« dans les consultations ordinaires, on trouve la réponse« à la question en décomposant deux à deux, suivantIl certaines règles, les éléments des quatre figures du« premier tableau, la synthèse des traits ainsi obtenus« forme deux figures nouvelles tirées des quatre pre-« mières celles -ci à leur tour, en engendrent une der-« nière qui est la réponse cherchée.

« Pour le grand jeu, les seize figures sont placées« sur le sable dans leur ordre de sortie, on observe« leur position respective dans le groupe et leur fré-« quence on en désigne une ou plusieurs par le moyen« du sort, en jetant des cauris, des osselets, des colas« ou certains instrument magiques sur le tableau.

a Le diseur de choses cachées soudanais révèle donc,« par le moyen du sable, au consultant, ce que ce der-

1

(1) Voir ce que nous avons dit de pareil pour Issa Daou.

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a nier veut connaître il indique aussi les objets qui« doivent être portés dans certains cas et au besoin« les consacre par un sacrifice sanglant.

« Lorsque, en effet, le tableau (tien fan) a été pourvu« de toutes ses figures (tien den), qu'une de celles-cit a été désignée d'une manière quelconque, comme« répondant à la question posée et au but poursuivi,« le devin peut faire sa prédiction. Il annonce alors« que, pour obtenir ce qu'il souhaite, le consultant« devra acquérir, par exemple, la balle, la pince, le« ciseau, le bracelet. etc. Le consultant s'empresse de« se procurer l'objet indiqué qu'il rapporte au devin.« Celui-ci, après l'avoir couché sur la figure appropriée,« le consacre en immolant dessus une victime et en<r prononçant une invocation au Boli (1) protecteur. »

MM. Labouret et Travelé font dans leur étude unedescription détaillée de la plupart de ces amulettes.Nous ne retiendrons ici, à titre d'exemple, que la for-mule relative à l'amulette à base de noix de cola.

« Les protections de colas blanches, dit cette formule,« sont nombreuses mais beaucoup différent de celle-ci

« Lorsque cette protection de la cola blanche a été« indiquée pour vous, on pose la noix sui la figure, on« prie Dieu (2) sur elle, puis on la met dans une cale-« basse de lait frais, on place celle-ci sur la figure et« on offre un sacrifice dessus. Boire ensuite le lait frais,« prendre la noix, la donner au cordonnier pour la« gainer de peau et la porter sur soi. Tant qu'elle est« sur votre corps, votre cœur ne pleure jamais.

« Si le ventre du devin vous est favorable, il vous« indiquera un remède, mais aucun remède ne s'obtient« si l'on ne donne pas quelque chose en échange. Pour« se procurer le remède, couper un peu des racines qui« courent sous l'eau et ne sèchent jamais. Mettre ces« racines avec une cola dans du lait frais, puis prier« Dieu sur cela. Après avoir bu le lait, séparer la cola,« mettre la racine au milieu, attacher le tout avec un

(1) C'est-à-dire au dieu analogue à l'odu des Yoruba (voir ci-après).(2) Or, la plupart du temps, le géomancien et le consultant sont

également paiens tout ce texte dénoté un mélange de pratiques diverses

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« fil blanc, le gainer de peau pour le porter sur soi.« Tant que cela sera sur votre corps, votre cœur sera« toujours apaisé, vous serez en paix.

« S'il se trouvait que la figure indique Lumière, Vie,« Royauté, le consultant ne mourrait pas avant d'être« roi. »

Comme on le voit par l'exposé qui précède,ce systèmebambara est une déformation de la géomancie d'EzZenati il donne pour les noms des signes, les noms desmaisons et, soit par ignorance, soit pour tout autremotif, il est doublé par divers procédés de divinationpour déterminer le signe qui domine la question àrésoudre. Ce signe ainsi découvert est tenu pour unedivinité (1) à laquelle on adresse à la fois des prièresmusulmanes, quand on en sait, et des sacrifices païens.

Il est très probable qu'il existe des noms bambaraspour tous les signes, il serait intéressant de les connaî-tre avec tous les détails d'origine, etymologie, signifi-cation. nous aurions alors la géomancie entièrementadaptée au milieu nègre, avec sa terminologie et sespratiques propres. Les sociétés secrètes doivent four-nir ample moisson dans ce milieu et aussi certainescorporations» comme celle des chasseurs par exemple.

LA géomancie CHEZ LES gourma

En attendant des travaux de ce genre, nous avonsun aperçu de cette soudanisation de la géomanciegrâce à l'étude, malheureusement trop sommaire,publiée par M. Maubert, dans le bulletin N° XI de 1928.

« Les Gourmatché, nous dit M. Maubert, ont pourhabitude de ne rien entreprendre de tant soit peut important sans avoir interrogé les esprits. Pour ce

« faire, ils s'adressent à de rares initiés qui tracent, sur« du sable exempt de toute impureté, des signes qui,« accouplés de certaines façons, permettront de deviner« l'avenir. Cette espèce de science aurait pour inventeur« un nommé Cergininkassa. »

(1) Même fait pour Vodu chez les Yoruba, voir ci-après.

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s§;1j

SIGNE NOM DU SIONE VALEUR DU iIGNEi 1~I II ) Aridiana Les grande fauves.

III II

Aly Les grandes antilopes le che-I I val, le bœuf.

III •| Emdidiari Le roi.

IVI I Nassarti Le file du roi.

V I |Arbiyala La temmt.

VI Kamélédou Richesse en biens, santé.IltVII I | Armanoouti Tout ce qui tait du bruit.

VIII I | Mamari Le sang ou tout ce qui est rouge.

Tableau fondamental

M. Maubert ne nous donne pas les signes en ordrenormal, il n'a observé qu'un tableau de consultationqui ne nous permet de connaître que onze signes.

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5. "HSIGNE NOM DU SIGNE VALEUR DU SIGNEgb

IXI

Tadiga L'amaml, le péril.

X i I Arkary La résidence du chef du pays.

1

XI Kato (1 ) Tout ce qui se manifeste avec| violence.

Parmi les onze noms de signes de ce tableau cer-tains sont encore reconnaissables aridyana est poural djemaa nassarti c'est naçrat (ed dakhel); arbiyalaest semble-t-il pour ai bayada; armancouti c'est almangoussi namari, qui désigne tout ce qui est rouge,c'est al omra tadiga est pour tariqa; arkary paraîtune corruption de al kharidja (naçrat-). Aly est em-prunté aux noms de maisons. Quant à Emdidiari,Kamélédou et Kafo, ils nous sont inconnus. Peut-êtreKafo est-il une altération de Gabdat (ed dakhel). 1

La figuration graphique de ces signes laisse facile-ment voir qu'elle n'est qu'une déformation de cellepar points ou traits, ainsi peut-on identifier sans diffi-culté

(1) Kafo est représenté par deux signes différents dans le tableaude M. Maubert. Emdediari et Annancouti ont le même signe. Ce sontlà, sans doute, des erreurs.

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•et I Tariqa et Tadiga.

? 1 | I Naçrat et Nassarti• e I (eddakhel)

etII (Nacrât)

l | | al thaxidja et Arkary

· et III al djemaa et ardiana

•1*1 Gabda ot kafo

·1*1I

(ed dakhel)

Tableau de consultation et interprétation.

Le consultant frappe la terre à deux reprises en pen-sant à ce qu'il désire connaître.

Le devin (osambépouadou) entre en rapoprt avecDieu par l'intermédiaire d'Omarou (1) il trace sur lesol quatre lignes concentriques de points en nombreindéterminé (8 ou 9 ordinairement). Ces points comptésdeux à deux laissent, vers la droite, des nombres pairsou impairs, qui, assemblés, donnent un signe. On répètecette opération quatre fois et, par combinaison de cesquatre signes, on obtient le tableau des seize signes.

« Par élimination, nous dit M. Maubert, les signes« restant donnent la réponse que le client est venu« demander. »

Tout cela est fort incomplet, mais nous permetcependant de constater qu'en somme les gens du Gour-ma (2) se servent d'un système géomantique déformémais dans lequel on reconnaît sans trop de difficultéles traits essentiels du système initial.

(1) Omarou paraît une réminiscence d'un nom de maison pris pourun nom de signe. Le signe Omar serait donc l'initial du tableau fonda-mentalchez les gens du Gourma.

(2) Rive droite de la boucle du Niger.

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LA géomancie CHEZ LES YORUBA

L'ancien pays de Yoruba avait pour capitale Oyode là, les Dahoméens notamment, appelaient ses ha-bitants « les gens d'Oyo » Oyonu, entendu aussiAyonu ils les dénommaient encore Anago-nu etNagonu, dont les Français ont fait Nago et Nagot.

La civilisation des Nagot a été marquée, en parti-culier, par une organisation fétichiste puissante à la-quelle les Dahoméens ont fait divers emprunts lesdivinités dahoméennes telles que Chango, Legba, Fane sont autres que Chango, Elegba ou Elegbara, etIfa des Nagot.

Ifa, dieu de la divination retiendra seul, ici, notreattention nous l'étudierons d'abord au Yoruba, ensuiteau Dahomey. Nos connaissances sur l'Ifa des Nagotont été puisées dans Yoruba Heathnism by Righi Rev.fBishop James Johnson, suivant l'extrait de ce travailqu'en a donné Dennett (1). Le bishop J. Johnsonétant lui-même nagot, son livre à l'avantage de nousexprimer la pensée d'un indigène sur une institu-tion indigène. Le livre de M. Dennett (1) cite égale-ment d'autres documents dont les auteurs sont indi-gènes et nous ferons également état de certains d'entreeux.

Tout d'abord, il est à noter qu'aucune de ces sourcesne permet de connaître avec certitude l'origine d'Ifa.Suivant les légendes reproduites par M. Dennett (1),Ifa aurait été un habile médecin déifié après sa mort.Tandis que. suivant une autre légende recueillie parM. Abayomi Cole et reproduite par M. Dennett (1),Ifa serait au contraire descendu du ciel: Dans un cascomme dans l'autre, Ifa n'auraitpas inventé la divina-tion par les akin il l'aurait apprise soit d'un sage, soitdu démon et pour gagner sa vie. Le bishop J. Johnsonaffirme, de son côté, qu'Eko Ifa est un emprunt faitpar les Yoruba à la tribu des Akoko.

On désigne effectivement par Ifa un système de

(1) Dans 80n ouvrage Ai the bock o] the blaeh man'a mind.

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divination par le moyen de noyaux d'amandes depalme, appelés akin ou ikin en Yoruba, ou commedisent couramment les Européens, par les noix depalme. Ces noyaux se distinguent, par ce détail qu'ilsprésentent au moins 4 et quelquefois 10 œillets etplus. Certains palmiers, réputés pour produire desnoix présentant cette caractéristique sont dits « palmiersd'Ifa », consacrés à cette divinité, et ces noix divina-toires ne sont pas employées dans l'alimentation.

Tableau fondamental.

Le jeu divinatoire comporte régulièrement 16 akin,qui ne sont utilisables pour la divination que lorsqu'ilsont été cueillis et consacrés spécialement à cet effetpar un babalowo (1).

Chaque akin est supposé représenter une divinitédite odu les 16 odu du tableau fondamental sontclassés dans un ordre invariable que voici 1 ogbe;II Oyekun III Iwori; IV Odi V Irochum VI Owurin;VII Obara VIII Okuron IX Oguda X Osa Ika;XII Oturupon; XIII Otura XIV; Ireke XV Oche;XVI Ofu.

Les textes dont nous nous servons et qui sont sus-visés ne font pas connaître la signification fondamentale de chaque odu non plus que sa figuration graphi-que. A ce dernier point de vue nous sommes rensei-gné par les signes dahoméens identiques et donnés ci-après, et qui sont pareils à ceux que nous connaissonsdéjà.

Les quatre premiers odu ogbe, oyekun, iwori et odisont considérés comme ayant une importance parti-culière, et ogbe a parmi eux et sur tous par conséquent,une prééminence spéciale.

(1) Terme signifiantlittéralement père des mystères » ainsi désigne-t-on, en Yomba, celui qui fait office de devin et de magicien.

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Tableau de consultation.

Voici comment on opère pour le dresser.Le babalowo dispose d'une sorte de plateau circu-

laire concave en bois, ou se sert d'un plateau en spar-terie ou bien d'une planchette pareille à celle des éco-liers musulmans. Sur cet appareil, il répand, en légèrecouche une poudre blanche provenant de bois desséché.Puis il prend dans son sac 16 akin qu'il met dans samain gauche et qu'il tente de saisir tous ensembleavec sa main droite si le nombre des akin, restés dansla main gauche après ce geste, est pair, le babalowotrace un trait vertical dans la poussière de son plateauil y inscrit deux traits verticaux au cas de reste impair.Il répète huit fois cette opération et inscrit les résultatsobtenus les uns sous les autres de manière à formerdeux odu juxtaposés et que l'on nomme en les lisantde droite à gauche (1) comme ils ont été inscrits, ainsidit-on ogbe-oguda; oyekun-iwori. Chaque signe deconsultation est donc formé de deux signes fondamen-taux c'est pourquoi ces signes de consultation sontqualifiés meji (paire, couple), ainsi oyekun meji, ogudameji on dit avec la même signification eji ogbe.

Le nombre des meji est égal, comme on le comprendau nombre des combinaisons que l'on peut former avecles 16 odu fondamentaux pris deux à deux de toutesles manières possibles ce qui donne évidemment unnombre bien supérieur à celui de 4.096 calculé par lebishop J. Johnson qui déclare d'ailleurs que chacunedes combinaisons est un odu ou divinité.

Interprétation.

Chacun de ces très nombreux odu de consultationest,assorti d'une série de sentences (2) qui révèlentses réponses à l'interrogation et, d'après le bishopJ. Johnson, chaque odu possède 1.680 sentences. Tout

(1) Détail caractéristique d'origine musulmane.(2) Littéralement: voie, chemin.

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devin doit s'efforcer à retenir de mémoire, faute d'écri-ture, le plus grand nombre possible de ses sentences,car, suivant l'odu qui apparaît, il doit se rappeler lessentences y afférentes et choisir celles qui répondentau cas proposé.

Opélé.

Pour une consultation rapide et sommaire d' Ifa,il existe un instrument approprié nommé opélé. Ûconsiste en huit lamelles, en bois ou autre matière,assemblées sur deux rangs de quatre et à égale distanceles unes des autres. On jette Yopélê sur le sol et lebabalowo déduit des dispositions des lamelles l'odude consultation qu'elles représentent, ce qui lui suffitpour donner une réponse.

Tout devin porte sur soi un opélé qui lui permet dedonner satisfaction immédiate aux clients; chaquematin il y recourt lui-même pour connaître ce quesera la journée, heureuse ou malheureuse, les ritesà observer et les sacrifices à faire pour conjurer le mau-vais sort. Mais obligatoirement tous les cinq jours lebabalowo doit consulter Ifa en dressant le tableaucomplet des 16 signes.

Culte d'Ifa.

Le trait caractéristique de ce système de divinationc'est le culte qui en est comme le couronnement. Lesrenseignements à notre connaissance ne nous permet-tent pas de dégager une doctrine précise; cependant,le symbole connu sous le nom d'igbadu donne à penserqu'il existe ou qu'il a existé un certain ésotérisme basésur un culte des quatre éléments.

L'igbadu, en effet, est une calebasse, fermée par uncouvercle, dans laquelle sont quatre moitiés de noix decoco contenant l'une un peu de terre la seconde unpeu de charbon de bois la troisième un peu de chauxet la quatrième du « bois rouge ». D'après J. Johnson,c'est là une manière de représentation d'attributs

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divins et les quatre matières et leurs récipients repré-sentent les quatre principaux odu. Une case est réservéeà cette représentation symbolique d'Ifa; elle se dis-tingue par l'encadrement de la porte décoré d'orne-ments blancs ou noirs obtenus à l'aide de la chaux etdu charbon. Aucun profane n'est admis dans cette case.

Les offrandes et les victimes présentées devantl'igbadu doivent être consommées le jour même en tota-lité et exclusivement par les olodu.

Pour ceitaines cérémonies, l'igbadu est transportédans un bosquet sacré, mais le babalowo qui procède àce transport doit l'opérer de nuit et en secret pouréviter que l'igbadu soit vu des non-initiés.

Prêtres d'Ifa..

L'on voit par les détails qui précèdent que les baba-lowo jouent un rôle capital dans le culte d'Ifa, il estpar suite intéressant de savoir comment ils sont formés.

Le candidat babalowo est en apprentissage pendanttrois ans, au moins, chez un olodu, ou maître babalowo.Celui qui vise à acquérir des connaissances un peuapprofondies prolonge ses études parfois pendant septans faute d'écriture, en effet, l'enseignement estoral et mnémotechnique, ce qui exige beaucoup detemps de la part du maître et de l'élève.

La première année, l'élève apprend les noms desolodu et odu et leurs signes représentatifs et doit fairela preuve de ses connaissances.

Pendant la deuxième année, il apprend les sentencesdes olodu et des odu, si nombreuses, avons-nous dit,qu'aucun babalowo ne saurait prétendre les connaîtretoutes.

Pendant la troisième année, l'étudiant est initié àla pratique de l'art divinatoire et aux règles duculte.

Ces trois catégories d'étudiants sont distinguées dela façon suivante. Il est remis à l'étudiant successive-ment deux séries de 16 akin l'olori est celui qui a reçuune séiie d'akin mais n'est pas qualifié pour s'en servir

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pour vaticineret ne peut non plus la prêter dans ce butl'oricha est en possession des deux séries d'akin etpeut s'en servir ou les prêter pour la divination Volodu

a les mêmes pouvoirs que Yoricha avec, en plus, leprivilège de consommer tout ce qui est offert devantl'igbad u.

Les olodu forment un corps d'agrégés étroitementsolidaires en vertu d'une cérémonie spéciale dite du« foulement des akin ».

Cette progressive initiation ne nous est pas connuedans le détail, elle entraine des frais très lourds pourles parents des candidats autrefois, tout au moins,il n'était pas rare de voir des famillesobligées de mettreen gage certains de leurs enfants ou vendre de leursesclaves pour payer les frais d'étude d'un candidatbabalowo. Rien que l'achat des akin consacrés entrai-nait une dépense de 5 à 150 livres, suivant les circons-tances. Les rites d'initiation comportaient notammentla purification des akin la purification du candidatpar l'eau et par le feu, enfin la cérémonie suprême du« foulement des akin » accompli dans le bois sacréappelé igbodu. Pour cette cérémonie, l'igbadu était,comme nous l'avons dit, transporté dans le courantde la nuit dans l'igbodu. Celui-ci était divisé en troiscompartiment au moyen de' branches de palmier;le premier était accessible à tous même aux non-initiésdans le second ne pénétraient que les olodu et dans letroisième où se trouvait l'igbadu ne pénétraient quel'obalodu, son assistant et le candidat.

Pour les cérémonies du culte, les babalowo se distin-guent de la manière suivante, l'oluwo est le grandprêtre, son adjoint et l'ajigbona, Vodofln est leur sup-pléant en cas de besoin. L'assarepowo est une manièred'appariteur du corps des olodu, il a pour aide Yassawo.

Les babalowo bénéficient des offrandes et des victi-mes et aussi des honoraires de consultation et de soins.Les sentences, en effet, contiennent toujours l'indica-tion des plantes propres à assurer la guérison des mala-des en même temps que des prescriptions diverses,seuls les babalowo sont, en principe, qualifiés pour labonne exécution de ces ordonnances. Leurs exigences

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vont parfois si loin que tous les biens de leurs clientsne sumsent pas à les payer.

Les initiés.

Seuls les hommes peuvent être initiés au culte d'Ifa,mais nous ne savons pas en quoi consiste cette initia-tion. Le bishop J. Johnson nous apprend seulementque les trente-deux akin d'Ifa, surmontés d'un akin (1)représentant l'initié, sont contenus dans une calebasseque l'on place, dans la maison, au-dessus des symbolesde toutes les autres divinités, pour marquer la préémi-nence d'Ifa.

Les femmes ne peuvent être admises toutefois, si,lors d'une consultation, il est révélé qu'une femme peutêtre admise au culte d'Ifa, le babalowo remet à la béné-ficiaire un akin spécial dit Eko-Ifa et, chaque fois quecette femme voudra consulter Ifa, elle devra mélangercet akin au jeu de son mari ou de son frère.

Importance sociale d'Ifa.

Tout, dans la vie privée, relève d'Ifa qui, du matinau soir, guide ses adeptes pour les empêcher d'agirmal au point de vue de leurs intérêts spirituels et, par,voie de conséquence, matériels.

Les affaires de l'Etat sont soumises aux mêmesdirectives par les mêmes moyens et l'intermédiaireobligé des babalowo le roi ne peut rien entreprendresans l'avis de ceux-ci et c'est pourquoi il a auprès delui un clergé d'Ifa. Ce clergé comprend un aluwo enchef assisté de l'aluwo atun awo ou awo de la maindioite, de l'aluwo ossi awo ou awo de la main gaucheet de l'olopon ekéji awo ou awo en second tous troisont un adjoint, ajigbona, dit lewere.

h'alawo royal en chef se distingue par quelquessignes extérieurs au poignet gauche, il porte un brace-

(1) Appels? oduso.

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let en perles de diverses couleurs, ainsi qu'une queuede bœuf ou de vache et quelquefois un bâton d'ofu.

LA géomancie CHEZ LES DAHOMÉENS

Ce serait sous le règne d'Agadja (1708-1728) que,suivant les renseignements recueillis par M. Le Hérissé,la géomancie aurait été introduite au Dahomey ouplus exactement à la cour du Dahomey. Cette région,en effet, avait déjà été parcourue par des marabouts et,par suite, il est possible que ceux-ci y avaient déjàfait connaître ce mode de divination. Quoi qu'il ensoit, on rapporte qu'un certain Amonkobi ayant,par les procédés géomantiques, prédit une victoired'Agadja sur les Nagot et cet heureux événements'étant réalisé, des Dahoméens pensèrent à se faireinitier, dit-on, chez les Nagot et en rapportèrent desméthodes du jeu géomantique.

Par ce qui nous est connu des pratiques dahoméen-nes de cet ordre, il ne fait pas de doute, en tout cas,que l'emprunt aux Nagot est certain. Les Fon disentpour I fa, Fa pour odu, du pour akin, ki et les noms des16 odu sont eux-mêmes, à peine modifiés, ceux en usagedans le Yoruba. L'origine musulmane se trahitd'ailleurs àce détail que les signes sont inscrits de droite à gaucheet de haut en bas.

Tableau fondamental.

Les du qui forment le tableau normal sont classéspar ordre d'importance en partant de la droite, etchacun est, en outre, favorable ou défavorable, commeil est indiqué ci-après

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NUMEBO NOM BEPRESENTATION NATUBE

du signe du signe du signe du signe

n ––––––––––I gbé II1 défavorable

II1

II1

I

n yéku I favorableI

I

I

III woli I| défavorableII1

I

II

IV di I favorableIhI

V losso I défavorable111

MII

VI wenlen II défavorableI

I

I

Vil abla I défavorableI

MII

VIII aklan I favorableII

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NUMERO NOM REPRESENTATION NATUBE

du signe du signe du signe du signe

i

IX guda II défavorableII1JJ1

II1

X saII 1 favorableII|

I

XI trupen II favorableI

III

XII tula I I»

I

IIXIII lètè I favorable

IIM

I

XIV tchà I I défavorableI

II

I

XV ka I défavorableII1

IIXVI tu I

»II|

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L'on peut remarquer que, d'une manière presqueuniforme, les signes du tableau ci-dessus sont deux àdeux inverses l'un de l'autre eu égard à leurs élémentsgraphiques, les quelques divergences peuvent être attri-buées à des erreurs par ignorance.

Initiation et consultation.

La géomancie n'est au service que des initiés et parles initiés. L'initiation peut provenir du désir spontanéde l'individu ou résulter d'une indication donnée indi-rectement par Fa à l'occasion d'une consultation faitepar un autre individu.

Comme chez les Nagot, les hommes seuls peuventêtre initiés toutefois, lorsque Fa le prescrit une femmepeut être admise en consultation à l'aide du jeu deson mari ou d'un de ses parents.

Lorsqu'un homme veut être initié, il s'adresse aubokonon (devin) celui-ci met dans la main droite ducandidat un jeu de 18 ki le candidat passe ces ki(akin des Yoruba) dans la main gauche et tente de lesenlever tous en une seule fois avec la main droite. Si,après ce geste, il reste un ki dans la main gauche, lebokonon marque deux traits verticaux parallèles surle sol soigneusement égalisé devant lui si le reste estde deux ki, il ne fait qu'un trait pour tous les autresrestes, le coup est réputé nul. Huit restes valables ayantété obtenus, le bokonon, qui les a inscrits successive-

ment de droite à gauche et de hauten bas, en deux groupes de 4 restes,se trouve avoir constitué deux du(odu des Yoruba).

Le bokonon grave ces deux du surun fragment de calebasse (1) et leconsultant ramasse avec soin dans unsachet la poussière où ils sont inscritssur le sol. Le tout, poussière et frag-ment de calebasse, est attachéen un

seul paquet à l'aide de cordelettes dites kpolikan

(1) Fig. 9.<

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Le kpoli ou du ainsi obtenu est, d'après ce que nousavons exposé ici précédemment, le premier signe del'horoscope du consultant, ce que les astrologues ap-pellent son « ascendant ». Pour les Dahoméens, c'estun symbole auquel ils accordent une particulière véné-ration. Celui qui est riche le garde dans une case spécialel'adoho, de sa maison, dans laquelle lui-même serainhumé après sa mort. A défaut d'adoho, le kpoli estplacé dans la case de l'épouse la plus ancienne; le sim-ple Dahoméen l'enferme dans une calebasse qu'il posesur l'ouverture d'une jarre dans sa propre case. Quandil s'absente pour quelque temps, pour un voyage, leDahoméen emporte son symbole de Fa attaché sur sesreins dans ces circonstances, l'homme riche le suspendau cou d'une de ses femmes ou d'un de ses enfants.

Lorsque meurt son propriétaiie, le symbole de Faest jeté à un carrefour, lieu où, dans la croyance indi-gène, se rencontrent les invisibles. L'on pense donc quele yé (âme) du symbôle retrouvera là le yê du défunt.

Pour tout initié, le bokonon consulte Fa. L'hommeriche a sa case spéciale de consultation pour ceux quin'en ont pas, le lieu est choisi par le bokonon qui, d'ail-leurs, consulte aussi chez lui-même. Le bokonon faitemploi d'un instrument composé d'une cordeletteportant à chacune de ses extrémités quatre grainesqui présentent chacune une face concave doublée d'uneface convexe. En admettant que la face concave cor-responde à un trait et la face convexe à deux traitsl'on voit que chaque extrémité de la corde figure undu de telle sorte que la corde étant jetée sur le soldonne un résultat analogue à celui fourni par l'opetedes Yoruba en observant la position des graines, lebokonon obtient le double du révélateur.

Pour l'emploi de cet instrument, on se réfère autableau normal des signes tel que nous l'avons donnéplus haut chaque du y est inscrit à son rang de pré-séance qui indique en même temps son importanceplus grande par rapport au du qui le suit, moins grandepar rapport à celui qui le précède et, en outre, sa naturefavorable ou défavorable. Dès lors, pour savoir parexemple comment on doit se comporter dans une

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affaire ou quelle sera l'issue d'une affaire déjà engagée,l'on a recours à l'un ou l'autre des deux procédés quevoici

Le bokonon ayant pris un ki le porte à ses lèvres, luiconfie l'une des solutions envisagées et le pose du côtéde sa main droite puis il prend un cauri, lui confie demême une autre solution, après quoi il le place du côtéde sa main gauche. Alors, ayant balancé la cordelettedes signes, il la lance de manière que ses extrémitéstombent à gauche du ki, il lit le double du qui apparaîtIl procède de même pour le cauri et lit le double duqui apparaît à la droite de ce coquillage. La préémi-nence de l'un de ces couples sur l'autre précise à quellesolution il convient de s'arrêter.

Le bokonon peut aussi n'employer qu'un ki ou qu'uncauri alors, il lance la cordelette des signes de manièreà ce que ses deux extrémités viennent encadrer l'objetchoisi, et la simple lecture du double du donne uneréponse favorable ou défavorable à la solution proposée,selon que ce double du est lui-même favorable ou défa-vorable.

Tels sont les renseignements connus jusqu'à présentsur la géomancie au Dahomey. Il n'est sans doute pastéméraire de supposer que les bokonon ont été munispar leurs initiateurs nagot et par les marabouts de pas-sage de quelques-unes au moins de ces innombrablessentences qui permettent de donner les détails dontles consultants sont toujours si avides. Des recherchessur ce point et tous autres insuffisamment traités icine peuvent manquer d'être fructueuses.

Importance sociale de Fa.

Les particuliers recourent à l'office du géomanciendans les cas les plus divers. Deux exemples attestentl'importance prise par ce mode de divination chezles Fon. Ceux-ci croient, en effet. à l'influence des mortset des dieux sur les naissances d'enfants; il était decoutume autrefois de réunir des vieillards autour dunouveau-né et de leur demander de déterminer, d'aprèsdes indices d'eux connus, quel invisible et, surtout,

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quel ancêtre était la cause de la venue de l'enfant ence monde. Cet office est aujourd'hui rempli par Fa.

Autrefois, les Fon ne pratiquaient pas la circoncisionet même actuellement seuls ceux qui sont musulmanssont circoncis. Mais il arrive que Fa révèle au bokononla nécessité pour le consultant de subir la circoncisionet le consultant s'y soumet non sans répugnance car,pratiquée sur des gens d'un certain âge et sans précau-tion hygiénique, elle provoque couramment des acci-dents mortels.

Voilà deux petits faits qui montrent comment lescoutumes ancestrales se modifient; la tradition n'estpas chez les indigènes la routine que supposent si faci-lement les Euiopéens. La géomancie est un de cesemprunts qui ont apporté bien des changements dansla vie du noir, car, dès qu'il en a usé, il n'ose plus riendécider d'important sans au préalable consulter lebokonon. Pour un personnage notable, consultel Faest une obligation de chaque jour, tout comme ailleursil interroge les souris.

Les affaires de l'Etat exigent non moins de circons-pection que les affaires particulières aussi les rois duDahomey comme ceux de l'Yoruba, avaient un clergégéomantique pour éclairer leurs décisions. La conduiteà tenir en toute circonstance dépendait de l'interpré-tation des signes de Fa la paix, la guerre, les sacrificeshumains, le détail des grandes cérémonies publiquesétaient comme les actes de la vie domestique régis parla science des bokonon.

LA GÉOMANCIE CHEZ LES MALGACHES

Nous avons dit que la géomancie est pratiquéejusqu'à Madagascar. Nous retiendrons, ici, un exempleparticulièrement instructif des avatars, dans la grandeîle, de cet art divinatoire.

Remarquons, tout d'abord, que le livre d'Ez Zenati estbien connu à Madagascar nous devons à M. Ferrand (1)le résumé substantiel d'un exemplaire de cet ouvrageles grandes lignes en sont identiques à celles que nous

(1) Encyclopédiede l'Islam, III, p. 65.

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avons développées plus haut en ce qui concerne l'oeuvred'Ez Zenati au Soudan d'après l'exemplaire du mara-bout Ahmadou Gano de Djenné.

La diffusion de l'enseignement zenatien à Madagas-car a produit des résultats non moins curieux qu'auSoudan, si on en juge par l'étude intéressante queM. le Colonel Ardant du Picq a consacré à la divina-tion chez les Tanala, population du Sud-Est de Mada-gascar. La géomancie est appelée à Madagascar* sikidi,dénomination qui n'est qu'une déformation de l'arabechikl (signe, figure). Il y a, chez les Tanala, nous ditM. Ardant du Picq, deux formes de sikidi et nous luien empruntons la description.

Le sikidi fasina. C'est la forme habituelle de lagéomancie avec, toutefoisj des particularités locales.Ramené au cadre que nous avons dégagé ici, le sikidifasina offre les caractéristiques suivantes (1).

Tableau fondamental.

Il est assez difficile à établir, parce qu'au point devue qui nous intéresse, le travail de M. Ardant du Picqmanque de précision. Nous croyons cependant que leséléments servant de base au dit sikidi fasina peuventêtre présentés comme il suit

(I) Voir Bulletin n» XIII de 1930.

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MAISONS SIGNES

N° NOM ETYMOXOG1E DES NOMSNOM vAiKijB figube ci-contre empruntée

4'Wto et attribut à 1 arabenI Talé Objet I Alakaosy le Sanitaire

de la consultation. | (esclave) signe du zodiaquelII

II Maly la richesse I Alaomora le Bouge| I (esclave) signe géomantîqueyi

III Flahatélo l'ennemi I Alasahady le Lion| | (noblee signe du zodiaque

IIIV Bilady la terre fertile I Alaiiotsy les Poissons|I (noble) signe du zodiaque

IIV Fianahana les enfants de la IIt Alibeavo al Bayada ?P

maison | (esclave) signe géomantîquey• i w

VI Abydi la mère I I Alaizaha parait mis pourI I (esclave) Alizoza: les Gémeaux

signe du zodiaque

VII Betsiroisa? la jeune femme I Adalo le Verseaul'épouse I (esclave) signe du zodiaquey

I, paraît mis pour9III Fahavalo l'eaaemi I Karlsa Knaridja

I (noble) signe géomantique

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MAISONS SIGNES

NOMETYMOIOOIE

DES

NOMS

nom YAueuB figubk ci-contre empruntée'"•" NOM VALEURet attribut à l'arabej–

IX Fabasivy l'esprit I Alikoasazi Al Kousadjides ancârtes | | (esclave) signe géomantiqueI

II1

X Ombiasa le devin I Alatzimay la Kencontre| (noble) signe géomantique

\J1

I

XI Raja la nourriture I Tareky la Route| (noble) signe géomantiqueI

irXII Zanabary Dieu I 1 Asomiola la Viergeeou Haky | | (esclave) signe du zodiaque

JJ7CïII Soictany le cheE, Ia père

I( Alakarabo le

S3corpioxl-

XIII Solotany le chef, le père I | Alakarabo le ScorpionI (esclave) signe du zodiaqueJ

IIXIV Seily la foule | | Alikisi Al Ankis

I 1 (esclave) (le Renversé)1 signe géomantique

XV Safary le voyage | | Alsdebara le Taureaul (noble) signe du zodiaqueJ

XVI Akiba la maison, le foyer || Alahokola Ai Okbat ? Yj I (noble) signe géomantique

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Les maisons, qui figurent dans le tableau qui précède,portent des noms probablement indigènes; pourtant,celui de talé, première maison, qui désigne le consultantdans le sikidi zoria, pourrait être une altération detaleb qui, en géomancie arabe, désigne effectivement leconsultant. Nous avons emprunté l'ordre des maisonset leurs valeurs à l'invocation de l'ombiasa, rapportéepar M. Ardant du Picq.

Les noms des 16 signes comprennent 8 noms designes du zodiaque et 8 noms de signes géomantiques,quelques-uns douteux. L'ordre de ces signes, dans letableau donné ici, est purement arbitraire, M. Ardantdu Picq ne le faisant pas connaître il ne nous donnepas non plus la relation fondamentale entre les maisonset les signes.

Tableau de consultation.

Le consultant peut questionner directement le devinc'est-à-dire lui exposer le but de sa consultation, aulieu de le laisser le deviner, selon l'habitude soudanaise.

L'ombiasa (devin) étale du sable fin sur un van, qu'ilfrappe par trois fois avec l'index pour réveiller lesmolécules de ce sable et les inciter à lui découvrir lavérité; il prononce, en même temps, une incantationà ce sable divinatoire.

Puis, il marque légèrement sur ce sable la place quechaque maison doit y occuper suivant la dispositioninvariable du schéma ci-dessous (1)

Nord i VIII VII VI v IV III II I j Est

Ouest | IX X XI XII XIII XIV XV XVI j-Sud

Il invoque, en même temps, chacune de ces maisons.Ensuite, il procède au tirage des signes de la manièresuivante il trace sur le sable, avec son doigt, un traitvertical, à partir duquel il décrit quatre lignes briséesvaguement courbes et parallèles.

(1) Les chiffres romains sontun rappelaux chiffres ordinauxdu tableaufondamental des maisons.

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Les quatre parties, dont se compose chaque signe.étant dénommées tête, cou, reins et pieds, sont déter-minées respectivement en cherchant le reste par deuxdu nombre des éléments constitutifs de ces lignes appe-

lées Alizoza, Alakarabo, Asombola, Alakaosy. Cesderniers termes ne sont autres que les noms en arabedes signes du zodiaque dits les Gémeaux, le Scorpion,la Vierge et le Sagittaire.

L'opération répétée quatre fois donne les quatremères dont les combinaisons engendrent les 12 autressignes (1). Les quatre premiers signes sont placés dansles quatre premières maisons dans l'exemple choisipar M. Ardant du Picq, les 12 autres signes sont répar-tis dans les autres maisons suivant un ordre dont nousne savons ni s'il est invariable ni s'il est spécial au casenvisagé; nous le donnons dans le schéma ci-dessousoù les maisons sont indiquées en chHfre romains et lessignes dans leur ordre de générations en chiffre arabes

( vin vu vi v tv in n i )-,N°rd 16 35 14 13 j 4 3 il 1 # E`̀16 15 14 13 4 3 2 1~IXXXI301) XIII XIV XV XVI Te,

Ouesttl lx X XI XII 1 XIII XIV' XV Xvir Sud0"Mt~¡ 5 7 6

11 8 10 9M

L'interprétation.

L'interprétation, d'après M. Ardant du Picq, est faiteen tenant compte de l'attribut du signe et de la valeurde la maison où se trouve ce signe. Mais, de plus, chaquesigne est assorti de certaines sentences pareilles ou ana-logues à celles que nous connaissons et qui renferment,

(t) Nous n'insistons pas sur tes procédés de cette génétat:on exposapar M. AuBAttr DU PtCQ ils sont diN6)rents de ceux déjà indiqum ici,mais ne s'en écartent que par des détails.

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en particulier, des conseils pour se débarrasser decertaines maladies. Par une hésitation dans la pronon-ciation d'un mot de ces sentences, l'ombiasa indique cequ'il convient de lui donner à lui-même à titre d'ho-noraires. Voici l'une de ces sentences

« Alatsimay est une figure du sikidi. Les AntaYmakaont pour eux la beauté et les Antaimaliliha l'éloquence.

« Prenez les remèdes à deux mains et ne laissez per-« sonne à la porte. La hampe de la sagaie est brisée,< le bœuf dort sur le flanc. On arrive sans être appelé.« Chacun est libre sur la terre. Le bouclier est dans le« grenier à riz. Il ne faut ni retourner la guitare ni

faire résonner le fer, ni chanter avec le Valiha.

StMdt zorfa. – Appartient à un genre de divinationscaractérisé par l'emploi de graines au lieu de signes dansle cadre des maisons géomantiques. Les graines misesdans chaque maison proviennent des restes par deux(sikidi /ofa&eMra) ou par trois (sikidi zoria). C'est cedernier que M. Ardant du Picq décrit avec un certaindétail, mais les lignes générales s'appliquent à toutesles variétés de ce genre semble-t-il.

La séance débute par une invocation aux grainesqui vont être employées pour la divination. Puis, sortantseize graines de son sac, l'ombiasa les met pai couplesur un seul rang et invoque les huit premières maisonsqu'elles sont supposées représenter, savoir talé, maly,fahatelo, bilady, fianahana, abidy, betsimisay, fahavalo.Puis il fait un second rang de huit en divisant les cou-ples et invoque, fahasivy, ombiasa, haja, zanahary,solotany, seily, safary, akiba.

Tableau de consultation.

Pour l'établir, l'ombiasa vide son sac de graines; decelles-ci, il fait un tas dans lequel il puise successivement16 poignées. Il cherche le reste par 3 du nombre desgraines de chaque poignée le reste nul étant repré-senté par trois graines et les autres par une ou deux, le

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tableau de consultation se présente alors sous la formeque voici

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L'ombiasa déduit de cet ensemble des conclusionset des combinaisons qui lui permettent de renseignerson client (1). <f

L'on ne saurait citeï un exemple plus probant etplus instructif de l'importance de la géomancie à Mada-gascar que le rôle joué par cet art divinatoire dans l'éta-blissement et la disposition de la maison (2).

Celle-ci consiste en un bâtiment rectangulaire orienténord-sud, face à l'ouest. Elle ne peut être édifiée qu'unjour reconnu favorable par l'ombiasa, c'est, en général,un jour sous l'influence de la constellation des Poissons(alahotsg) il faut, parfois, que l'ombiasa harmonisele destin des intéressés avec cette période favorable.

A la date et à l'heure indiquées par l'ombiasa, onmet en terre, dans l'angle nord-est toujours consacré

(1) Il y a lieu de rapprocher du stM<K-xo)'m le système égatementgéomantique rapporta en Ces termes par le capitaine BiNSt:!t dans larécit de son voyage Du ~Vtgef au ~O~e de GMMt~e, tome 1. pp. 41-42.

« J'entrai dans sa case (la case du ~Ott~httft = ~MKMCten) dont ilreferma soigneusement la porte. Apres quelques mots échanges, il

<' me pria d'aller chercher mon fusil et d'apporter huit cotas rouges ett huit colas Marnes. Dans sa case, il avait un petit tas de saMe bien fin« d'un seul coup, avec un petit balai, il l'étendit devant lui en forme« d'éventail.

« Apres m'avoir fait promettre que je ne dirais & personne ce que le< MtM~ m'apprendrait, il plaça mon fusil le long du diamètre de la figure« et traça rapidementdans le sable, avec le doigt, dessignet cabalsitiques,« puis, M me nt tenir un demi'kola rouge et undemi-kolaMancau-dessus« du sable. Pendant une minute environ, il marmotta quelques paroles$< à partir de ce moment, mon rôle était & peu près terminé, je n'avais« plus qu'à manger séance tenante les deux moitiés de kolas et à étendre« une de mes mains au-dessus du ten~ pendant les trois opérations sui-« vantes

« Deuxième opération un l~ola rouge entier est placé au centre.« Troisième opération: les sept kolas blancs sont ranges en demi-

a cercle et relevés dans l'ordre inverse.« Quatrième opération: même opération que les précédentes, mais

« avec les kolas rouges.« Cela terminé, on peut demander au devin tout ce que l'on veut.

<tLes kolas sont pour lui, c'est son petit bénéfice. S il a besoin de sel oude cawis, ce sont ces derniers articles qu'il faut apporter pourla rétts-

r site de votre aNaire.Cette séance de divination eut Ueu & Ouotosébougou (Soudan Fran-

çais), on ne peut que regretter sa description insuiBsante telle qu'eBeest, cependant, elle atteste l'emploi d'un système analogue au M&fdtxerto! de Madagascar, dans une région fort éloignée de la grande Me, enAfrique Occidentale. Ce rapprochement,corroboré par nombre d'autres,anmne l'identité de la mentalité nègre

(2) Ces renseignements sont extraits de f.'AaMtatton tttfMg~te danstM poMM~toM /r<tMf<t~e~ .M<K~tg<MC<ti', par A. JunsN, in La y<tre <<la ~e (n< 1 et 3 de tSM).

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au culte des ancétîes, un poteau représenté d'ordinairepar un arbuste au pied duquel on plante un M<ft/a/ana(~opA~Hum proliterum) herbe vivace, analogue auchiendent et symbole de vitalité et de fécondité deshabitants.

La construction proprement dite doit obligatoire-ment commencer par ce coin nord-est réputé placéastrologiquement sous l'unluence du signe zodiacalLe Bélier (alahamady). Les parois de la case apparais-sent comme formant la ligne intérieure d'un tableauastrologique dont voici le schéma.

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On reconnaît sans peine les noms arabes déjà citésptécédenunent, savoir

Atahamady. tcBMiMAdaoro le TaureauAdizaoza les GémeauxAsMotMy. tEoteviaseAJahasaty le LionAsombota t'Ept de ta Vierge.Adimizana la BatanceAtakarabo. le ScorpionAtatcaosy le SagittaireAdijady. le ChevreauAlado le VerseauAtahotsy.). le Poisson

Le tableau est complété par les vingt-huit mansionslunaires, représentant chacune un jour du mois etréparties en 4 séries de trois jours pour les angles et8 séries de deux jours pour les parois. Les quatre pre-mières sont dites les génératrices des destins (rent-vintana) (1) et sont censées supérieures aux huit au-tres dites « destins engendrés x (Mtna-6tni!<ma) (2). Lestrois jours des reni-vintana sont dits 1~ Mpont/ (bou-che) le second vontony (plénitude, gonflement) (3)le troisième podtny (déclin, derrière). Dans les zana-bintana ne figure pas le jour de conception (vontony).

Les jours eux-mêmes sont divisés, mais pour la partiediurne seulement, en douze fractions

ces « destins x

se lépartissant à peu près comme suit

7 h.à8h.S h.a. 9h.9 h. à 10h.

10 h. à 11h.11 h. &12ht.12 h.& 13h.13 h.& 14h.14 h. à 15h.ISh.àMh.16 h. & 17h.17 h.& 18h.18 h. à ]9h.

(1) Aven allusion non douteuse au membre viril(2) Terme qui rappelle les mères a de la géomancie. d'Ez Zenati.(3) Ce sont les SUes d'Ez Zenati.

AdaoroAdizaozaAsorotanyAlahasatyAsombolaAdimizanaAMtMaboAlakaosyAdijadyAdaloAtahotsyAlahamady

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Au moyen du tableau astrologique de la case telqu'il est donné ci-dessus, l'on détermine le &uMnandr<~de chacun, c'est-à-dire son '< ascendant Ainsi, pourconnaître le tononandro d'un enfant né le 15e jourd'A!aAasa~ l'on compte

AtatuMaty 2 joursAsomt)ol& 2 joursAdimizana 3 joursAtakarabo 2 jours 15 jouMAlakaosy 2 joursAdtjady 3 joufsAd&)o. t jour

L'enfant considéré est donc né sous Finuuence du1er jour d'Adalo.

Les douze mansions zodiacales ont à Madagascarleurs « légendes » propres dont voici celle relative àAlahamady (1)

« C'est le « destin » favorable et glorieux par excel-« lence. Il fut pour cette raison choisi par Andréanam-« poinimerina pour célébrer le Fandroana qui était la<t

journée des ablutions rituelles et tombait, sous Rana-« valona III, le 22 novembre. On adressait aux ancêtres« des prières et des suppliques dans le coin réservé à

« cet usage au N.-E. de la case, zoro ~rorazona, après« quoi l'on répandait sur soi l'eau lustrale. C'était le« premier jour de l'an malgache, celui où les souhaits« et les compliments s'échangeaient entre parents« amis et relations. Les jeunes gens devaient aux jeunes« filles dont ils voulaient faire leurs épouses, le jakam-« &oMtMtM/ ou présent d'usage en laisser passer l'occa-« sion s'était s'exposer à se voir plus tard éconduit« comme indésirable. Ce manquement nulle jeune fille

« ne l'eut pardonné. II y avait même à cette occasion« une réplique consacrée par l'usage et qui équivalait« à dire t Il est vain de vouloir rattrapper en Adaorow

l'occasion négligée en Alahamady. » Aucun camou-« flet n'était plus cuisant pour un jeune homme ainsiIl congédié, a

Par cet aperçu, l'on voit comment la vie domestique

(t) D'après l'ouvrage sus-indiqué de M. J~HEN.

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et sociale est dominée par les influences astrologiques.C'est encore ce que fait ressortir l'importance accordéeaux relations entre les <<MïOfMtndfc. On estime, en effet,que dans le tableau astrologique de la maison, les« destins » qui se font vis-à-vis selon des parallèlesaux parois, se complètent harmoniquement par suite,une union matrimoniale ou autre est favorable entregens sous l'influence respective d'Alakaosy et d'Adaoropar exemple. Par contre, les « destinsen diagonalesont adverses. Pour des « destins moins nettementopposés, l'interprétation de l'ombiasa résout, comme.toujours, les dimcultés en aboutissant, le cas échéant,à la formalité complexe de la « levée de l'interdit

!t:!tt

Une fois de plus apparaît le rôle considérable desdevins, « le métier d'ambiasa, dit M. Julien, a tous« les caractères d'un sacerdoce. Celui qui l'exerce est

honoré et respecté. Il jouit dans la tribu d'un ascen-dant moral supérieur à celui des plus grands chefs

«politiques.« Il n'est d'ailleurs pas douteux que maints d'entre

« eux, à l'instar de nos alchimistes du Moyen-Age,« sont parfaitement convaincus de l'utilité de leur« rôle social, de la puissance et du caractère en quelque<' sorte sacré de leur art (1).

« Expert en la connaissance de toute chose, l'ombiasa« est capable par la pratique du stM<H d'indiquer pourt chacun le bon ou le mauvais destin des jours M (2).

(1) Notes et observations sMf tM tribus s<M~-oe<t<~MMes <<e Madagascar,par G. JfUE!~ in BepM d'BNmo~rap&te, 8' année.

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IV

CONCLUSIONS

Partout oit ils ont pénétré, en Europe et en Afrique,les musulmans ont introduit la géomancie. En Europe,sa pratique, qui ne paraît pas avoir jamais été prépon-dérante, a revêtu le double caractère d'un moyen pure-ment empirique et d'un procédé apparemment savantparce que rattaché à l'Astrologie.

Dans l'Afrique du Nord, ce double caractère s'estmaintenu jusqu'à nos jours. De même, en AfriqueOccidentale et à Madagascar, tandis que, dans l'Yoruba,le système géomantique a été si bien incorporé à lamythologie locale qu'il s'est trouvé transformé, touten gardant un symbolisme qui, par l'igbadu, le rattacheaux principes de l'Astrologie. Emprunté aux Nagotpar les Dahoméens, l'art géomantique a été, par cesderniers, réduit à une sorte de jeu de hasard avec, toute-fois, cette vénération de l'« ascendant qui marque sadérivation de l'Astrologie.

En définitive, donc, c'est en se référant à l'Astrologieque l'on comprend ce qui, tout au fond, anime les diversgenre de divination géomantique examinés ici et nousavons montré comment l'Astrologie elle-même s'insèredans des systèmes philosophiques auxquels adhèrent,en Europe, des notabilités du monde intellectuel. Deces systèmes, le Noir ne sait rien. Par contre, il possèdedans ses sociétés secrètes des pratiques mal connuesdans leur consistance et plus encore dans leur essence.Or, il est de constatation facile que ces sociétés se-crètes se sont souvent approprié la géomancie pourdes fins qui leur sont ptopres et sans se soucier aucune-ment d'en connaître le sens profond.

D'autre part, le nègre est de lui-même adonné àdivers procédés qui, en Europe, relèvent de l'hypno-tisme, du spiritisme et des sciences occultes. Engagédepuis longtemps dans des recherches psychologiques,

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il poursuit au gré de ses divagations, des essais servispar sa croyance à sa nature double et à la nature doublede l'Univers. De la sorte, il travaille en liberté et entoute incohérence, du moins apparemment, dans cesubconscient, qui préoccupe grandement nombre d'es-prits curieux ou mystiques du vieux et du nouveaumonde. Il parait incontestable, d'ailleurs, qu'ici encoreil agit sans souci d'aucune théorie.

Ce qu'il y a d'hétéroclite et de superficiel dans cesdivers procédés indigènes, relève du caractère le mieuxavéré de la mentalité nègre, telle que cette mentalitéapparaît sous ces mêmes aspects, en d'autres domaineset en d'autres lieux. Il ne faudrait pas en conclure,cependant, que ces débris sont inertes et demeureronttoujours en l'état où nous les trouvons. Certains, amal-gamés avecd'autresempruntsfaits à l'Islam, notamment,ont accentué, chez les Noirs, un mysticisme protéï-forme susceptible, sous des influences appropriées, deprendre soudain une grande extension.

Notre époque pousse à une explosion de ce genre parceque les vieilles institutions indigènes sont sapées chaquejour par l'Européen qui ne les remplace lui-même parrien, tandis qu'il offre au noir des perspectives indéfi-nies dans les domaines politiques, philosophiques,scientifiques, religieux. Dans ces conditions, le mo-ment approche où l'indigène s'engagera dans ces voiesnouvelles et la présente étude montre, dans une certainemesure, comment il s'y comportera. Il pratiquera,suivant ses tendances naturelles, une sélection trèséloignée de ce que l'Européen suppose et dont il ajou-tera les éléments au fond composite de ses coutumestraditionnelles, mettant de la sorte au goût du jourses mœurs trop anciennes. C'est de cette manière queles sociétés secrètes ont adopté une géomancie qui setrouve désormais incorporée à leur ésotérisme.

Le maître européen selaisse facilement tromperpar ces changements que, dans son désir impatientde tout transformer, il prend volontiers pour un ren-versement profond. N'est-ce pas ainsi que depuisdes siècles l'indigène semble devenir musulman, alorsque le travail accompli, par l'effort persévérant des

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islamisateurs, est, en réalité, extrêmement complexeet aboutit, en déBnitive, à un aménagement nouveaude la coutume dans son cadre ancestral l'Islam a étésoudanisé, tel est le fait.

Il serait, donc, hautement instructif de posséder unedocumentation étendue et profonde sur le sujet quinous occupe ici, pour en dégager avec précision quel-ques-unes des innombrables manières dont usent lesnègres pour adapter à leur fond coutumier les impor-tations étrangères. L'on prendrait connaissance, parce travail, des déviations que subissent nécessairementles idées et les faits étrangers en pénétrant dans lemilieu indigène et il serait, par suite, possible de dégager,avec quelque chance de succès, les méthodes les plussûres pour provoquer et guider une évolution propre-ment indigène dans le sens et dans le cadre qui con-viennent le- mieux à la mentalité nègre et n'est-ce pasen cela seul que peut consister le vrai progrès pour cespeuples ?