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C A P I T A I N E D E S A I N T - P H A L L E
EQUITATION
TOME I"
ÈQUITATION ÉLÉMENTAIRE
LEGOUPY, 5, Boulevard de la Madeleine, Paris.
CHAPELOT, 30 RUE Dauphine, Par is . | LESOUDIER, 174, B ( I St-Germain, P
Librairie Mtlon, ROBERT, Successeur, Saum ur.
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EQ UITATION
DU MEME AUTEUR
Dressage et Emploi du Cheval de Selle
^ 2e ÉDITION
Ouvrage honore d'une Souscription
du Ministère de la Guerre
et récompensé d'une Médaille de Vermeil
par la Société des A griculteurs de France
C A P I T A I N E D E S A I N T - P H A L L E
EQUITATION
TOME I"
ÉQUITATION ÉLÉMENTAIRE
LEGOUPY, 5, Boulevard de la Madeleine, PARIS.
CHAPELOT, 50 Rue Dauphin e, PARIS. | LESOUDIER, 174, B(1 St-Germa in, PARIS.
Librair ie MILON, ROBERT, Successeur, SAU MUR.
I907
VAuteur réserve expressément ses droits de traduc
tion et de reproduction en France et à l'Etranger, y
compris la Suède et la Norvège.
TABLE DES MATIERES DU TOME 1"
Pages
AVANT-PROPOS . V
EQUITATION ÉLÉMENTAIRE
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES IX
TITRE M
CHAPITRE P-v
CONNAISSANCE ET UTILISATION DES FACULTÉS MORALES DU CHEVAL
i" La mémoire 2
20 La confiance et la crainte 5
30 Comparaison des sensations 4
40 La volonté 5
Les récompenses 5
Les châtiments 7
CHAPITRE II
APTITUDES PHYSIQ.UES ET MÉCANIQUES DU CHEVAL
§ IE R DES ÉQ UILIBRES
Equilibre direct 11
Équilibre latéral 14
§ II ACTION DE S A IDES S UR L ES É QUILIBRES
Les jambes I5
L'éperon
Les rênes I9
Pli de l'encolure • 24
Accord des aides. 24
— I I —
Les embouchures 26
Tenue des rênes 31
Lès étriers
TITRE II
CHAPITRE 1ER
LA POSITION 3 5
CHAPITRE II
ETUDE ÉLÉMENTAIRE DU MANIEMENT DU CHEVAL 4 r
Mécanisme des allures ' 42
Sauter et monter à cheval. ... 4^
Sauter à terre et mettre pied à terre 47
Le contact de la bouche. Ajuster les rênes 47
Etant arrêté, prendre le pas ou le trot 49
Prendre le galop par allongement du trot.
Passer du pas à l'arrêt 52
Passer du trot ou du galop à une allure inférieure ou à l'arrêt 53
Ralentir le pas, le trot ou le galop 54
Allonger le pas, le trot ou le galop 54
Tourner 35
Doubler 57
Volte ... 58
Demi-volte 59
Demi-volte renversée 59
Changement de main 60
Contre-changement de main 60
Serpentine 61
• Huit de chiffre 61
Pas de côté 62
Pirouette renversée 64
Pirouette 67
Travail sur deux pistes 69
Croupe au mur
Tête au mur 73
Départs au galop. 74
CHAPITRE III
MANIEMENT DU CHEVAL DANS LA MISE EN MAIN
Le r amener 79
La descente d'encolure 81
Les flexions 83
La mis e en main 92
Cadencer le trot 93
Etendre le trot 95
Rectitude des départs au galop 96
Cadencer le galop 98
Changements de pied 100
CHAPITRE IV
§ I e r . — SAUTS D'OBSTACLES IO3
i0 Mener l e cheval sur l'obstacle 103
20 Franchir l'obstacle 106
30 Reprendre le cheval après l'obstacle 110
4° P rogression à suivre pour apprendre à sauter. m
g I L — TRAVAIL A LA LONGE II3
CHAPITRE V
CHEVAUX DIFFICILES II9
TITRE III
SOMMAIRE ET PROGRESSION DU DRESSAGE
DU CHEVAL DE TROUPE
OBSERVATIONS G ÉNÉRALES 125
IR O PÉR IODE : Préparation 126
2e PÉRIODE ; Dressage proprement, dit 134
TITRE IV
QUALITÉS A RECHERCHER POUR LE CHEVAL DE SELLE
CHAPITRE lor
aUALITÉS MORALES I53
CHAPITRE II
Q.UALITÉS PHYSIQUES 161
§ Tr. — La ligne de dessus I6î'
g II. — Le corps 168
I V —
§ III. —• Les membres 171
£ IV . — Tar es les plus fréquentes 174
S- V. — Conclusion 179
TITRE V
HYGIÈNE ET CONDITION
CHAPITRE I"
L'HYGIÈNE
S I er. — H ygiène à l'é curie 185
S II. — Hygiène des membres 1S9
S III.— La n ourriture 104
LA CONDITION
CHAPITRE II.
203
AVANT-PROPOS
La rapide expansion prise par l 'automobilisme a pu
donner à penser et à dire qu'une locomotion répondant
à ce point aux besoi ns m odernes était appelée à rem
placer l 'hippisme dans un temps indéterminé mais assu
rément très court. Ces prévisions ont été démenties par
les faits : l 'expérience est déjà assez longue , les condi
tions dans lesquelles elle se déroule sont assez pro
bantes pour qu 'on puisse maintenant tenir p our certain
que l ' invention nouvelle n'a pas diminué chez nous le
goût du cheval : elle l 'a épuré, voilà tout. Et ceci n'est pas
un paradoxe : les corvées que nous imposions autrefois
aux animaux de service reviennent maintenant de droit
à l 'automobile ; grâce à cela, bien des chevaux ont quitté
le rôle de bêtes de somme, qu'il leur fallait souvent
remplir, et sont devenus dans une plus large mesure, les
instruments du plus ancien et du plus noble des sports.
Aussi bien, ne semble-t-il p as qu'on monte moins à
cheval en France maintenant qu'autrefois. Peut-être,
même, n'a-t-on jamais vu chez nous les manifesta tions
équestres se multiplier autant et les cavaliers rivaliser à
— V I —
ce point d'entrain, de travail et de science. Les grandes
sociétés hippiques donnent une impulsion intensive et
efficace par les courses et les concours, et certes, les
encouragements de toutes sortes, prodigués aux produc
teurs comme aux acheteurs, sont bien faits pour entretenir
le goût du cheval, il nous faut nous en réjouir non seu
lement parce que notre amour du sport y trouve son
compte, ce qui est beaucoup, mais surtout parce que ce
sont les peuples cavaliers qui forgent le mieux cette puis
sante arme de guerre qu'est une cavalerie solide e t bien
montée.
Toutefois-, les excellents encouragements donnés aux
choses du cheval resteraient stériles pour l 'équitation si,
à côté du désir de s ' instruire, le futur cavalier ne trouvait
pas le moyen d'y parvenir. Ce moyen, il est donc néces
saire de le lui donner : c 'est ce qu'ont entrepris tous les
écrivains qui ont traité de la science équestre. Le nombre
des traités d'équitation e st considérable ; aussi, doit-on
tenir pour certain que tout ce qui peut être dit de bon
a été dit . Malheureusement, beaucoup de ce qui pouvait
être dit de mauvais a eu l e même sort. En sorte que,
ballotté au mi lieu de tant de théories sans que l 'expé
rience puisse le guider, le jeune cavalier ne trouve pas
facilement la bonne direction. Il la trouve d'autant
moins aisément que les meilleurs ouv rages, s 'adressant
souvent d e préférence à des cavaliers déjà faits, traitent
l 'équitation à un point de vue élevé pour établir les prin
cipes et les lois, et n'en dégagent pas l 'enseignement
pratique d'une manière assez exclusive pour que le n éo
phyte trouve aisém ent ce qui lui est nécessaire e t ne se
— V I I —
perde pas dans des démonstrations qui lui seront utiles,
certes, mais plus tard .
Le débutant a besoin d'un cours qui dirige son instruc
tion et non celle du cheval, le prenne depuis l ' instant où
il se pré pare pour la première fois à se mettre en selle,
lui ensei gne à éviter les écueils qu'il va renc ontrer dés
la première minute, le suive ensuite dans ses progrés
successifs pour l 'amener, en définitive, si se s goûts et
ses dispositions naturelles le comportent, jusqu'à la con
naissance des théories qui régissent l 'équitation savante.
Tels sont les desiderata que j 'ai cherché à satisfaire
dans ce travail ; je lui ai don né une forme, un a gence
ment qui permettront au commençant ou à l ' instructeur
encore peu expérimenté qui a à diriger des débutants,
de trouver en dehors des questions théoriques inutiles à
ce moment, une direction pratique pour leur travail.
Dans ce but, j 'ai rigoureusement séparé l ' instruction du
cavalier de celle du cheval. Cette dernière est exposée
d'une manière sommaire dans un titre séparé . Si le le c
teur veut approfondir les questions de dressage et ne pas
se contenter des quelques mots que j 'en dis dans cet
ouvrage, je le renvoie à ce que j 'en ai écrit dans le Dres
sage et Emploi du cheva l de selle, traité do nt j 'ai d 'ail
leurs reproduit quelques passages dans celui-ci lorsque
j 'ai eu à ex poser une théorie déjà étudiée.
Cette instruction du cavalier en vue de l 'équitation
courante fait l 'objet du premier volume. Le second con
tient l 'étude d es principes qui régissent l 'art équestre et
de leur application d ans l 'équitation savante. C'est là
que le cavalier qui a déjà assez pr atiqué, assez senti le
Vili
cheval, pourra trouver la raison d'être des procédés qui
lui ont été enseignés et l 'exposé de ceux qui peuvent lui
être utiles pour arriver à l 'obtention de la légèreté, c 'est-
à-dire de la soumission co mplète.
EQUITATION ÉLÉMENTAIRE
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
L'équitation élémentaire a pour but de donner au cava
lier une assiette solide et correcte et de lui faire acquérir
une autorité suffisante sur le cheval de selle dans les con
ditions où on l 'emploie d'habitude : promenade, travail
d 'armes, chasse, etc. L'usage du cheval dans ces diffé
rentes circonstances exige de la part du cavalier la con
naissance et l 'application d'un certain nombre de pro
cédés lui permettant d'indiquer sa volonté et de la faire
accepter. Pour y arriver il lui faut se livrer à une double
étude. La p remière lui fai t connaître l ' instrument qu'il
veut util iser et qui, dans l 'espèce, doit être envisagé aussi
bien comme être doué de facultés morales auxquelles
on a constamment recours, que comme animal sentant et
se mouvant. Ces considérations sur les facultés physiques
et psychiques du cheval font l 'objet du Titre I e ' ' . La s e
conde étude est d'ordre pratique : c'est celle des pro
cédés par lesquels le cavalier peut transmettre et imposer
sa volonté au moyen de ses aides, c 'est-à-dire des rênes,
des jambes et de l 'assiette. C e sera l 'objet du Titre II .
Le Titre III n'est autre chose qu'une progression de
dressage élémentaire donnant une directive très simple,
qui pourra pe rmettre de donner aux chevaux d e troupe,
malgré les difficultés d ues à la réduction du temps de
service, un dressage suffisant. Par une adaptation très
simple, ces mêmes indications peuvent être suivies par
les cavaliers civils pour former des chevaux confortable
ment utilisables à l 'extérieur.
Ces trois ti tres suffis ent à constituer, à proprement
parler, un man uel d'équitation élémentaire à l 'usage des
cavaliers à leurs débuts et des jeunes instructeurs encore
peu au fait des exigences de l 'enseignement et désireux
d'être guidés dans le choix des matières à enseigner à
leurs é lèves. Mais j 'ai pensé que ce petit traité serait
utilement complé té par qu elques considérations sur les
qualités à rechercher lorsqu'on veut choisir un cheval de
selle. Il est évident que celui-ci rend d'a utant mieux les
services qu'on lui demande que sa conformation s 'y
prête mieux : moins elle s 'adapte aisément aux exigences
du cavalier, plus le cheval présente de difficultés qui,
pour être combattues, exigent une assez longue expé
rience. Il importe donc pour le débutant et pour le cava
lier de goûts tranquilles qui veulen t obtenir de leurs che
vaux un bon rendement et désirent ne pas risquer de se
trouver aux prises avec des résistances sérieuses, il leur
importe donc, dis-je, de reconnaître si la conformation
du cheval qu'ils veulent a cheter se prête facilement ou
X I —
non au service de la selle. Nous étudierons succincte
ment cette question dans le Titre IV.
Enfin, je donnerai dans le titre V d es indications pra
tiques sur l es soins les plus habituels à apporter à l 'en
tretien, à l 'hygiène et au travail du cheval de selle pour
l 'avoir en bon état de santé et de condition.
TITRE I
CHAPITRE I"
c o n n a i s s a n c e e t u t i l i s a t i o n
d e s f a c u l t é s m o r a l e s d u c h e v a l
Sans vouloir ici m'étendre sur cette question autant que
je l 'ai fait ailleurs je crois devoir en exposer les lignes
principales parce qu'il est de toute nécessité pour un
cavalier, même à ses débuts, de n'en pas faire abstrac
tion. On est, en effet, obligé pou r commander le cheval
d'en respecter tout autant les facultés morales que les
aptitudes physiques. Aussi est-il utile de passer tout au
moins sommairement en revue celles de ces facultés que
le cheval manifeste le plus fréquemment et d'exposer le
rôle que le cavalier doit faire jouer à chacune d'elles, les
services qu'il en peut attendre et les ménagements qu'il
leur doit.
I. Dressage et emploi âu cheval de selle, 2" édition p. xn.
1. LA MÉMOIRE
C'est à cette faculté q ue le cheval doit en grande
partie son aptitude au dressage. C'est, en effet, parce
qu'il se rappelle et reconnaît les indications que nous lui
avons données, la manière dont il y a répondu, les récom
penses enfin ou les châtiments qui s'en sont suivis, que
son dressage a pu se faire.
Mais ce n'est pas seulement pour et pendant le dres
sage qu'on doit tenir compte de cette faculté : c'est
encore toutes les fois qu'on se sert de l'animal dressé. A
cause d'elle, il est un des animaux l es plus maniaques
qui soient, un de ceux qui prennent le plus facilement
une habitu de bonne ou mauvaise. Il en résulte que le
cavalier doit soigneusement éviter d e lui laisser faire
plusieurs fois une faute s ans la redresser, sans quoi elle
devient bientôt une habitude qu'il aurait été facile
d'éviter au début, mais qu'il est souvent fort difficile au
contraire et fort long de faire passer.
Pour une raison analogue, le cavalier doit soigneuse
ment éviter d'employer des moyens défectueux comme
momentanément plus commodes, avec l 'intention de leur
en substituer d'autres plus tard. Ce plus tard nécessite
souvent plus de science et fait perdre plus de temps
qu'on ne l'imagine.
2. LA CONFIANCE ET LA CRAINTE
L'intelligence du cheval est trop rudimentaire pour
qu'il puisse comprendre ou s'expliquer les phénomènes
extérieurs qui impressionnent ses sens. Il s'effray e sou
vent d e la nouveauté des plus ano dins et cela d'autant
plus qu'il est habituellement moins bien traité. Aussi faut-
il non seulement éviter de développer par des procédés
brusques ou violents ces dispositions à la crainte, mais
encore les atténuer en faisant appel à la facilité avec
laquelle le cheval se rassure, se met en confiance avec
son maître lorsque celui-ci sait s e l 'attacher par sa dou
ceur et combattre par ses bons p rocédés des appréhen
sions involontaires et souvent nombreuses.
Mais si les dispositions à la crainte doivent être abolies
chez le cheval pourtoutce qui est étranger à son service,
il y a lieu de les exploiter raisonnablement pour assurer
notre domination sur lui : c'est le rôle des châtiments.
Toutefois, ils ne doivent être donnés qu'à bon escient,
avec à-propos, et exactement dans la mesure convenable.
Cela exige qu'ils ne soient infligés que lorsque le cheval
est volontairement et sciemment fautif. Mais alors ils ne
nuisent pas à la confiance qui est plus nécessaire encore
que la crainte et qui est entretenue par les récompenses.
Je reviendrai plus loin sur ce point lorsque je parlerai des
récompenses et des châtiments.
Il résulte d e ceci que le cavalier doit être parfaitement
calme et maître de lui, afin de s'imposer la patience qui
lui mérite la confiance de son cheval, disposition sans
laquelle celui-ci est d'un emploi impossible.
COMPARAISON DES SENSATIONS
Par cette aptitude, la mémoi re aidant, l 'animal rap
proche les phénomènes qu'il a déjà vus se produire
ensemble. Ainsi, le cheval qui se voit donner l 'avoine
peu après le moment où il a entendu ouvrir le coffre à
avoine, ne tarde pas à faire une association entre ces
deux sensations : l 'audition du bruit d u coflre qu'on
ouvre et le plaisir de recevoir l 'avoine ; la réalité de ce
phénomène est prouvée parle hennissement de contente
ment qu'il fait entendre, lorsque se produit le bruit
coutumier. Cette faculté est fréquemment utilisée en
équitation. C'est elle, par exemple, qui donne leur signi
fication aux réc ompenses et aux châtiments ; mais elle
peut aussi être cause de difficultés, co mme dans le cas
d'un cheval qui fait une faute dans certaines circonstances :
les mêmes circonstances se reproduisant, il est tenté de
commettre la même faute.
Le cavalier doit donc se souvenir que son cheval est
toujours disposé à répondre de la même manière aux
mêmes demandes. Il faut par conséquent, non seulement
en dressage, mais aussi dans l 'habitude de l'équitation,
veiller à ce que ces demandes obtiennent dès les premières
fois, au moins un acheminement vers le résultat qu'elles
devront obtenir dans la suite.
4. LA VOLONTÉ
Tous les chevaux jouissent à des degrés différents de
la faculté de vouloir : les uns ploient sans trop de peine
et d'hésitations leur volonté à la nôtre ; d'autres, au
contraire, résistent quelque fois avec acharnement ; tous
sont susceptibles dans certaines circonstances, de
montrer un véritable entêtement. Aussi le cavalier doit-
il comp ter toujours sur la possibilité d'une intervention
nuisible de cette faculté, intervention qu'il faut cherc her
à éviter en n'employant que des aides justes, pour ne
demander au cheval que ce qu'il peut faire et comme il
peut le faire, étant donnés son degré de dressage et ses
aptitudes physiques. De plus, il faut que le cavalier fasse
concourir les récompenses et les châtiments à assurer la
suprématie de sa volonté sur celle du cheval.
LES RHCOMPKNSES
Le cheval est sensible aux récompenses et en com
prend la portée. Elles stimulent sa bonne volonté,
l 'encouragent, le rassurent lorsqu'il s'effraie d'une
demande inconnue, entretiennent sa confiance et sa
soumission. Par elles, le cavalier engage le cheval à
réitérer une concession obtenue ; jointes à la voix qui en
augmente encore la portée, elles peuvent avoir les
meilleurs effets ; mais il i mporte de ne l es distribuer
qu'avec à-propos. On voit souvent des cavaliers caresser,
— ó
pour l 'amadouer, un cheval e n pleine insubordination.
C'est une lourde faute. Si votre cheval s'irrite parce qu'il
a peur ou si, par ignorance, il ne se laisse pas conduire
par les aides à la concession que vous lui demandez et
s'en énerve, caressez-le p our le calmer ou le familiariser
avec l 'objet de sa frayeur. Mais s'il sait ce que vous
voulez et vous résiste sans raison, il serait d'une mauvaise
politique de le caresser; vous l 'encourageriez à s'enfoncer
davantage dans sa résistance età la recommencer ; vous
le feriez aussi douter de votre fermeté, ce qui vous
obligerait à recourir à des corrections d'autant plus fortes
et plus répétéees que vous les auriez fait attendre plus
longtemps ; enfin, vos caresses, après avoir été données
a tort, perdraient de leur portée. La caresse est un
calmant et un moyen de persuasion et ne doit être
employée qu'avec un cheval énervé ou après une con
cession, mais jamais pendant un refus.
Les caresses sont les récompenses qu'on peut donnei
le plus souvent et le plus facilement, mais elles ne sont
pas les plus efficaces. En prenant le cheval par la gour
mandise, on peut en obtenir les résultats les plus mer
veilleux. La satisfaction de cette passion lui procure le
summum du contentement, et peut l 'amener à vaincre son
mauvais naturel pour se soumettre aux exigences les plus
dures.
Quelles que soient, d'ailleurs, les récompenses dont
nous usons, soyons-en généreux.
l e s c h a t i m e n t s
Si le cheval mérite d' être récompensé quand il a bien
fait, il doit aussi être châtié quand il est fautif; mais il
est nécessaire de le corriger à temps et avec justice. La
correction doit suivre immédiatement la faute, l 'accom
pagner même si c'est possible, afin que le cheval y
reconnaisse bien la cause de la douleur qu'il éprouve. Ce
n'est qu'à ce prix que la correction s era salutaire, autre
ment elle ne serait plus comprise et le cheval la considé
rerait comme une attaque injuste et sans raison.
S'il importe de punir à temps, il n'est pas moins néces
saire de le faire avec justice. Quand le cheval pèche
par ignorance, par peur ou par suite d'un défaut de sa
conformation, ce ne sont pas des coups qu'il lui faut, ils
amèneraient l 'écœurement et la rétivité parce qu'il n'en
saisirait pa s la cause. Mais si la faute est voulue, il faut
affirmer v otre autorité. Il importe que vous soyez le
maître, soyez-le à tout prix ; ne redoutez ni luttes, ni
défenses; en vous montrant toujours le plus fort, vous
ôterez au cheval l 'i dée de s'insurger et il pren dra l 'habi
tude de se plier à vos exigences, parce qu'il reconnaîtra
en vous une volonté et des moyens d'action contre
lesquels il aurait mauvais je u de lutter.
La correction doit être administrée en toute liberté
d'esprit car, lorsqu'elle est donnée avec colère, elle l 'est
rarement avec mesure. Le cavalier doit conserver son
calme afin de saisir le moment où le châtiment est suffi
sant; il obtient alors une plus grande obéissance, tandis
- 8 —
qu'en dépassant cette limite on provoque la ra ncune du
cheval et on ne lui laisse que le souvenir d'une injustice.
Dès que la cor rection a produit son effet e t que le
cheval a cédé, il importe de le récompenser afin de lui
faire sentir qu'il a tout à perdre en s'insurgeant, tout à
gagner en se soumettant. De plus, la récompense apaise
l 'irritation, ramène le calme et permet de continuer le
travail dans de bonnes conditions.
Les deux meilleurs instruments de correction sont
l 'éperon et la crav ache, employés ensemble ou séparé
ment. Il faut que, sous leur action, le cheval bondisse en
avant. Pour cela, il faut lui rendre en l'attaquant, quitte
à le reprendre à temps. « Tirer dessus, taper dedans, »
est une expression justement ironique et qualifiant bien
le fait du cavalier qu i accule son cheval en le corrigeant.
Cette manière de faire provoque les défenses sur place;
ce sont les plus mauvaises, les plus déplaçantes, et elles
confinent à la rétivité.
liest des circonstances où il està propos de mettre
pied à terre pour donner la correction nécessaire. 11 en
est ainsi, par exemple, avec les chevaux qui s e renver
sent ou lorsque le cavalier est encore insuffisamment
expérimenté et solide pour donner, en restant à cheval,
un châtiment reconnu indispensable.. A condition de
l'infliger immédiatemeut après la faute, il e st préférable
de le donner pied à terre que de rester à cheval et de
ne pas le donner du tout. Il va sans dire qu'au fur et à
mesure des progrès qu'il fait, le cavalier tend de plus en
plus à acquérir assez de tenue pour être plus fort que son
cheval tout en restant en selle.
Je ne veux pas clore ces considérations sans attirer
l 'attention sur ce fait q ue les châtiments sont très rare
ment nécessaires. La plupart des fautes du cheval sont
dues à son ignorance et à son manque de préparation, ou
à l'insuffisance des moyens d'action du cavalier. Dans
un cas comme dans l 'autre, la sévérité devient de l'injus
tice et obtient de si fâcheux résultats qu'il vaut encore
mieux ne pa s châtier du tout que le faire mal.
CHAPITRE II a p t i t u d e s p h y s i q u e s e t m é c a n i q u e s d u c h e v a l
§ I. DES ÉQUILIBRES
Si intéress ant et utile qu'il soit d'approfondir l 'étude
de cette question, si l 'on veut se trouver à même de faire
face à toutes les nécessités, je ne la traiterai que dans
les proportions voulues pour rendre le cavalier qui
débute capable de dominer les difficultés qui se pré
sentent le plus habituellement.
e q u i l i b r e d i r e c t
J'appelle ainsi celui dans lequel le poids du cheval et
du cavalier n'est porté ni à droite ni à g auche.
Il résulte des expériences et des pesées qui ont été
faites, que, lorsqu'un cheval monté est en station libre,
c'est-à-dire arrêté et droit, le poids de la masse est
réparti de manière à charger sensiblement plus l 'avant-
main que l'arrière-main. D'autre part, le cheval est ainsi
construit que les membres de devant ont surtout un rôle
— J 2
de translation et que les membres de derrière ont surtout
un rôle de propulsion.
Cette double disposition, qui piacele centre de gravité
près des épaules et l 'éloigné de l'arriére-main, est émi
nemment favorable à la progression. En effet, plus le
centre de gravité est avancé, plus aussi l 'effort des pos
térieurs pendant la marche est dirigé d'arrière en avant ;
en outre, cette disposition du centre de gravité le fait
tendre à sortir constamment de la base de sustentation,
de sorte que les forces de la pesanteur attirent la masse
en avant en même temps que les postérieurs la poussent
dans le même sens : les mouvements des membres se
font en étendue. Inversement, si le centre de gravité
recule et vient se mettre au-dessus des points d'appui
des postérieurs, ceux-ci exercent leur effort de bas en
haut ; les mouvements gagnent en hauteur. Dans le pre
mier équilibre qui est sur les épaules, les membres pos
térieurs sont peu maître de la masse qu'ils ne peuvent
que pousser et qui est d'ailleurs con stamment entraînée
par son poids comme serait le corps d'un homme penché
en avant. Dans le deuxième équilibre qui est sur les
hanches, les postérieurs portent le poids et peuvent le
mouvoir facilement da ns tous les sens : les mouvements
perdent en étendue mais le cheval gagne en maniabilité.
Ces considérations très simples doivent être com
prises de quiconque veut diriger un cheval ; elles sont la
base des procédés à employer pour tout ce que l 'on a à
demander. Nous en déduirons les conclusions suivantes :
1° Lorsqu'un cheval désire marcher, il se met naturel
lement dans la position la plus favorable à l 'étendue de
— l i
ses mouvements ; par conséquent il rapproche son poids
de ses épaules et, pour y arriver, il étend l 'encolure et la
tête qui lui servent de balancier.
2° Par suite, pour obtenir la mise en marche et les
accélérations d'allure, il faut que le cavalier laisse le
cheval étendre et abaisser quelque peu la tê te et l 'enco
lure ; il fa ut au cont raire les élever pour obtenir des al
lures plus ralenties.
3° Un cheval ne peut être utilisé avec justesse et agré
ment que s'il est toujours prêt à se porter en avant, par
ce que ce n'est qu'à cette condition qu'il s e meut d'ac
cord avec sa conformation, ce qui lui est nécessaire
pour obéir avec aisance et rapidité aux volontés de son
cavalier. On dit alors qu'il est dans l 'impulsion. Sans im
pulsion, nous ne pouvons pas avoir plus d'influence sur
la direction que n'en peut avoir le gouvernail sur un ba
teau arrêté.
Du reste le cheval est destiné à transporter son cava
lier d'u n point à un autre : il est donc en dehors de son
rôle s'il n'est pas toujours et sans cesse prêt au mouve
ment en avant.
Ces différentes raisons nous obligent à toujours res
pecter l 'impulsion du cheval qui en est doué naturelle
ment ou de la donner à celui qui en manque. Pratique
ment, il faut d'abord que les jambes, dont c'est le rôle,
soient maîtresses de donner ou de réveiller l 'impulsion ;
il faut aussi que les mains qui la reçoivent évitent de se
mettre en contradiction avec les jambes qui la d onnent.
Cela revient, comme nous le verrons plus loin, à ne ja
mais tirer sur les rênes.
4° Le cavalier ne peut utiliser son cheval avec facilité
et celui-ci ne peut se laisser diriger avec soumission que
si les moyens employés respectent ces dispositions phy
siques.
é q u i l i b r e l a t é r a l
Cet équilibre est celui dan s lequel on met le cheval
pour charger une épaule ou une hanche ou tout un côté
plus que l 'autre. Il s'utilise pour les changements de di
rection, les déplacements parallèles, etc. 11 est évident
que si, le cheval étant en mouvement, on le force à por
ter le poids de son avant-main de côté, F avant-main tout
entier tend à se déplacer du même côté : on peut m ême
dire que ce déplacement e st obligatoire si celui du cen
tre de gravité est suffisamment ac centué : des conclu
sions importantes en dérivent au point de vue pratique.
Nous les verrons en temps opportun ; mais, dès main
tenant, je ferai obs erver que, puisque le changement de
direction est la conséquence du déplacement du poids
de F avant-main, la meilleure manière de l'imposer est de
faire agir les rênes après avoir plus ou moins porté les
mains du c ôté vers lequel on veut aller et non de tirer
d'avant en arrière su r la rêne de ce côté.
§ II. ACTION DES AIDES SUR L'ÉQUILIBRE
En réalité, tout revient en équitation à commander
l 'équilibre. Cela est vrai en dressage et l 'est aussi dans
— iS -
la pratique de l'équitation. Or, c'est par ses aides que
le cavalier commande l'équilibre : les aides sont les
jambes, les rênes et l 'assiette.
l e s j a m b e s
Le rôle le plus important des jambes est, en agissant
simultanément, de donner ou d'entretenir l 'impulsion,
cette tendance au mouvement en avant sans laquelle l e
cheval est inutilisable. Ce sont elles qui l e mettent en
marche et commandent les accélérations d'allure ; c'est
par elles aussi, lorsqu'elles sont armées de l 'éperon, que
le cavalier impose le plus efficacement l 'obéissance à sa
volonté. On comprend, par suite, quelle importance il y
a à surveiller et à perfectionner constamment leur em
ploi ; car si le cavalier en mésuse, il les met hors de leurs
attributions ou to ut au moins, il diminue leur autorité et
se trouve dans l 'impossibilité d'obtenir comme il convient
l 'impulsion dont elles sont les meilleures génératrices.
A côté de ce rôle capital que jouent l es jambes en
agissant également, elles ont souvent à en remplir un
autre qui, pour être d'une importance com parativement
moindre, est cependant fort utile, en se faisant sentir
l 'une plus que l'autre. Elles sont ainsi em ployées pour
déplacer latéralement F arrière-main ou pour en amener
'e poids sur une hanche.
Action égale des deux jambes. — Ainsi que nous venons
de le voir, cette action a pour but et doit avoir pour
effet chez le cheval dressé de commander le mouvement
— 1 6 —
d'arrière en avant ou son accélération. Pour obtenir ce
résultat, l es jambes peuvent agir par simple pression des
genoux ou par pression des genoux et des mollets. La
pression des genoux ne suffit qu'avec des chevaux déli
cats ; ils s ont loin d'être en majorité, aussi la pression
des mollets a-t-elle presque toujours à se joindre à celle
des genoux. L'effet produit est d'autant plus fort que la
pression est plus énergique et se fait plus en arrière des
sangles. Habituellement la jambe agit suffisamment en se
plaçant contre ou un peu en arrière de la sangle. Si elle
n'est pas assez efficace, on peut la reculer un peu mais
sans cependant arriver à la placer à 450 . La perfection
est d'en venir à ce que la jambe ne bouge qu'impercep
tiblement et ne varie ses effets que par des nuances dans
le degré de pression. Mais si on a un cheval qui ne
répond pas suffisamment à ces demandes, il faut recule r
un pe u la jambe en pliant le genou et en gardant le talon
bas. L'inclinaison de la jambe à 450 est un grand maxi
mum qu'il est inesthétique et inutile de dépasser voire
même d'atteindre ; en sorte que si l 'action de la jambe
n'est pas efficace d ans ces conditions, il faut en venir à
des procédés plus énergiques. Le premier à essayer
consiste en des battements de mollets consécutifs, peu
prononcés et répétés jusqu'à l 'obtention du résultat cher
ché. A ce moment, les jambes doivent cesser leur action
pour ne la ré itérer que lorsque le besoin s'en fait sentir
de nouveau.
Si ce moyen ne suffit pa s, il n'y a plus qu'à en venir au
choc de la jambe. Il s'exécute en écartant légèrement le
mollet et en le ramenant co ntre le cheval avec une vio
lence proportionnée au résultat à obtenir. Ce mouve
ment doit être fait sans élever ni écarter le genou, le bas
de la jambe restant indépendant du r este du corps pour
que ni l 'assiette ni les mains ne soient dérangées. Cette
manière d'actionner le cheval ne doit pas être répétée
longtemps si son effet est insuffisant ou non durable.
Comme tout mouvement violent, celui-ci doit être ex
ceptionnel et plutôt que de le renouveler fréquemment,
il vaut mieux recourir à une action brève et énergique des
éperons.
Je crois du reste devoir répéter, parce que cela est
est essentiel, que lorsque les jambes agissent pour ex
citer l 'impulsion, les mains, non seulement ne doivent
pas agir plus fort, ce qui n'est que trop naturel aux
jeunes cavaliers, mais au contraire, faire u ne concession
permettant au cheval d'obéir sans en trave à la demande
des jambes.
Enfin on doit se bien p énétrer que pour bien conser
ver la sensibilité aux jambes, il est de toute nécessité
d'éviter cette faute fréquente qui consiste à se servir des
jambes même lorsque le cheval est suffisamment actionné
ou à continuer leurs demandes même lorsqu'elles sont
déjà obéies. Car alors l 'impulsion e st augmentée d'une
façon préjudiciable au résultat désiré ce qui nécessite
que des actions de mains viennent s'opposer à cette aug
mentation d'impulsion ordonnée à tort par les jambes. Il
en résulte qu^après avoir été ainsi un certain nombre de
fois contrecarrée aussitôt que commandée, cette augmen
tation ne se produit plus malgré la sollicitat ion des jam
bes, dont l 'autorité se trouve par là bientôt amoindrie.
— 1 8 —
Action inégale des jambes. — Lorsqu'une jambe agit
plus que l'autre les hanches se déplacent du côté oppo
sé ; on dit alors que le cheval « range les hanches ». Cet
effet est souvent utile p our empêcher le cheval de se
traverser, ou pour le redresser, ou pour le faire changer
de direction lorsqu'on manque d'espace etc., mais sa
plus g rande utilité e st de permettre au cavalier de tra
vailler les pas de côté et les appuyers, mouvements aussi
utiles à l 'instruction de l'homme qu'à la souplesse morale
et physique du cheval.
L'action latérale de la jambe s'exerce selon les pres
criptions que j'ai ex posées pour l 'emploi égal des deux
jambes, relativement à l 'endroit où le contact doit se
prendre età la manière d'en graduer l 'intensité. Je
reviendrai plus en détail sur ce sujet à propos des pas
de côté et du travail sur deux pistes.
d e l ' é p e r o n
Le cavalier ne doit prendre d'éperons que lorsque
son assiette est assez assurée pour qu'il soit certain de
ne pas ê tre amené par des déplacements involontaires à
faire sentir l 'éperon sans raison. Tant que la press ion
des mollets suffit pour commander l 'impulsion et l 'entre
tenir au degré voulu, il est mauvais de recourir à l 'épe
ron. On ne doit s'en servir qu'au cas où les jambes res
tent insuffisantes, par une action toujours brève mais plus
ou moins forte e t répétée, suivant la résist ance rencon
trée.
— 1 9 —
Je viens de dire que l'action d e l'éperon doit être
brève et j 'insiste sur ce point : si l 'éperon reste au poil,
'a continuité de la douleur ou de la sensation peut pro
voquer des résistances qui, ayant une raison toute phy
siologique, échappent à la volonté de l'animal qui alors
désobéit et se défend presque malgré lui. Aussi do it-on
remplacer la continuité du contact par sa répétition pen
dant un temps e t avec une intensité proportionnée au
besoin.
Quant à l 'éperon lui-même, il doit avoir une longueur
variant avec celle des étriers et des jambes du cavalier,
la forme du cheval, etc. Mais, pour un cavalier et un
cheval donnés, cette longueur devra être telle que
l'emploi d e l 'éperon soit facile san s risquer d'être in
volontaire. Il faut aussi qu e les éperons soient bien
fixes afin que le cavalier, toujours sûr de leur position,
le soit aussi de leur action. Les molettes ne devront
avoir qu e la sévérité exigée par l 'insensibilité ou le mau
vais vouloir du cheval. Elles peuvent même avantageu
sement être supprimées avec les juments et les sujets
particulièrement impressionnables.
l e s r ê n e s
Les rênes sont un intermédiaire entre la main du cava
lier et la bouche du cheval. Les barres, qui sont leur
point d'application, sont d'une sensibilité extrême dans
les débuts et ce que j'ai dit à propos de la nécessité de
garder au cheval toute la sensibilité aux jambes pourrait
2 0 —
se répéter ici, car si les jambes provoquent le mouve
ment de la masse et la mobilisation du centre de gra
vité, ce sont les rênes qui s'emparent de ce dernier pour
établir l 'équilibre général. Sensibilité aux jambes, sensi
bilité aux rênes, telles sont les sources de toute finesse
d'équitation.
La manière d'établir le contact entre la bouche et le
mors a une influence prépondérante aussi bien su r le
dressage du cheval, que sur l 'équitation du cavalier.
C'est quelquefois à grand'peine, qu'on est arrivé à
apprendre au cheval que les jambes doivent toujours
avoir une action impulsive.
Le bénéfice de ces soins peut être perdu et le cheval
mis en dedans de la main et rendu rétif par un mauvais
emploi des rênes.
Pour éviter ce résultat désastreux il faut que les rê
nes n'agissent que par l 'effet de l'impulsion donnée par
les jambes ; de la sorte, l 'usage des rênes, loin de
nuire à l 'impulsion, e n devient une conséquence, en
nécessite l 'emploi, l 'exerce et par conséquent la dé
veloppe.
Pour mettre ce principe e n pratique, i l faut non pas
que le mors vienne sur le cheval, mais que celui-ci soit en
voyé sur le mors.
Voici comment on y arrive ; en faisant agir les jam
bes, nous savons que nous provoquons chez le cheval
dans l 'impulsion un allongement de l 'encolure pour
entamer ou accélérer le mouvement en avant. Si à ce
moment, on serre les doigts, l 'extension de l'encolure
fait prend re à la bouche un contact plus fort avec le
mors, ce qui le fait agir.
L'action des rênes se produit ainsi par l 'effet de la
soumission aux jambes en mettant à profit l 'impulsion
qu'elles donnent ; de sorte qu'au lieu de nuire à la fr an
chise, on la met en œuvre et on l'augmente.
Cette manière de procéder a encore l 'avantage de ne
pas provoquer les résistances à la main, comme cela
arrive si l 'on tire sur les rênes, parce qu'alors l 'action du
mors est en contradiction avec celle des jambes, au lieu
d'en être la conséquence.
Enfin, lorsque les rênes agissent, elles trouvent toutes
les puissances du cheval déjà tendues et prêtes à dé
placer sa masse à la moindre indication.
Si au lieu d'être employées ainsi les rênes tirent sur la
bouche, il en résulte des inconvénients multiples. En
effet tout en tirant, elles agissent soit seules, soit concur
remment avec les jambes.
Dans le premier cas, elles trouvent le cheval inerte
et sans impulsion ; elles s ont aux prises avec le poids
de la masse ; et le cheval, au lieu de se mouvoir lui-
même, laisse déplacer son centre de gravité p ar leur
effort. 11 est lourd à la main et d'un maniement difficile,
ce dont il peut efficacement tirer parti po ur résister aux
volontés de son cavalier.
Si, au contraire, les jambes agissent en même temps
que les rênes tirent sur la bouche, ces aides sont en
contradiction, car l 'encolure est ramenée en arrière au
moment où elle devrait chercher à s'étendre sous l 'action
des jambes.
2 2
Pris entre ces deux actions inverses, le cheval est
forcé de désobéir à l 'une pour se soumettre à l 'autre, à
moins qu'il n'échappe aux deux en se révoltant et ne
donne à des demandes aussi inconsidérées la r éponse
qu'elles méritent.
Les rênes ont des effets et portent des noms différents
suivant la direction dans laquelle elles agissent.
Rêne d'ouverture. — On appelle ainsi la rêne qu'on
fait agir en l 'écartant du cheval. La rêne droite, par
exemple, est dite d'ouverture si la ma in d roite se porte
à droite. On se sert ainsi des rênes pour agir avec une
efficacité particulière sur la tête du cheval. Le besoin
s'en fait sentir surtout dans le dressage des jeunes
chevaux, mais aussi avec un cheval qui refuse de tourner
en portant la tête du côté opposé à celui où on veut l e
mener. Si la rêne d'ouverture réussit à faire tourner la
tête, le changement de direction s'ensuit habituelle
ment.
Il est possible toutefois qu e la têt e e t même l'enco
lure tournent sans que les épaules se rendent solidaires
de ce mouvement, en sorte que le changement de direc
tion n'a pas lieu. On l'assure alors par la rêne d'appui
ou d'opposition dont il ser a parlé plus loin.
Rêne directe. — Elle agit parallèlement à l 'axe du
cheval sans action intermédiaire sur l 'encolure entre le
mors et la main.
Les rênes sont très fréquemment employées de cette
façon ; elles amènent alors un peu de poids du côté où
elles agissent ; cela suffit pour qu'un cheval obéissant
tourne aussi de ce côté.
Rêne d'appui ou dopposition. — La réne droite, par
exemple, s'appelle rêne droite d'opposition lorsque la
main droite la fait agir de droite à gauche en se portant
à gauche. Elle a des effets différents suivant le point vers
lequel elle est dirigée. Tant que cette direction passe en
avant ou sur l 'épaule gauche, l 'effet pr oduit est d'ame
ner le poids de l'avant-main ver s cette épaule et de
déterminer le tourner de ce côté tout en faisant refluer
aussi un peu de poids sur la hanche gauche. Cet effet
de rêne est d'une grande utilité pour assurer les change
ments de direction dans la conduite à une main.
Si la dire ction d e la rêne droite d'opposition passe en
arrière du garrot, la réaction sur la hanche gauche s'accen
tue et si l 'action de la rêne est assez forte, elle peut soit
amener le déplacement des hanches vers la gauche en
fixant l 'épaule gauche : le cheval fait alors face à droite ;
soit déplacer simultanément les épaules et les hanches
vers la gauche et pousser le cheval tout entier de ce
côté.
L'effet des rênes d'appui est extrêment puissant et
efficace pour empêcher le cheval de dérober de leur côté
ou pour le contraindre à tourner du côté opposé. Dans
ces deux cas leur action peut être déterminante.
— 2 4 —
p l i d e l ' e n c o l u r e
On nomme ainsi une faible incurvation de la partie
supérieure de l'encolure destinée à tourner légèrement
la tête de côté.
Le pli de l 'encolure n'a guère d'utilité que lor sque le
cheval se met sur une ligne différente de celle de son
axe : changement de direction et appuyer. On ne peut
pas dire que son emploi soit indispensable, même dans
les cas où il est le plus indiqué ; mais il f acilite le mou
vement en permettant au cheval de reconnaître le terrain
sur lequel il va se mouvoir.
Le pli de l 'encolure peut s'obtenir par une rêne,
qu'elle soit d'ouverture, directe ou d'opposition, à con
dition qu'elle marque su r la bouche une action un peu
plus forte que l'autre jusqu'au moment où le pli est obtenu.
Celui-ci, du reste, n'influe par lui-même sur l 'équilibre
qu'avec des chevaux particulièrement délicats.
a c c o r d d e s a i d e s
Cet accord réside dans le secours mutuel que se
prêtent les aides en agissant exactement dans le sens et
avec l'intensité nécessaires. L'accord des aides est une
des difficultés de Téquitation : ce n'est que par l 'usage
que le cavalier peut arriver à sentir comment ses aides
doivent respectivement agir pour concourir à l 'exécution
du mouvement voulu. J'ai t raité cette question dans un
— 2 ^
autre ouvrage % av ec les développements qu'elle com
porte pour quiconque veut s'occuper d'équitation rai-
sonnée, et j 'y reviendrai plus loin dans les proportions
où cela est nécessaire à une equitation plus modeste,
lorsque je parlerai du ramener et de la mise en main.
Maintenant, je veux seulement mettre le cavalier en
garde contre des fautes qu'il doit éviter dès ses débuts,
s'il veut ne pas fausser définitivement, irrémédiablement,
son cheval et le laisser en état d'obéir exactement aux
aides lorsqu'elles agiront avec accord.
Il faut :
iu Ne jamais tirer sur les rênes ; j 'en ai développé
les raisons plus haut et j 'ai expliqué la manière de faire-
sentir l a main ;
2° Ne se servir de l'action égale des jambes que
lorsque l'impulsion a besoin d'être mise en jeu ou aug
mentée soit pour obtenir la mise en marche, le change
ment d'allure, l 'augmentation de vitesse, soit pour parer
à un ralentissement produit par l 'action directrice des
rênes ;
50 Ne pas permettre à l 'encolure de s'incurver depuis
les épaules, ni d'une manière prononcée, par l 'action
prépondérante d'une rêne : pour cela, il faut faire con
courir l 'autre rêne à l 'obtention de l'effet cherché comme
il sera dit à propos des changements de direction ;
4° Dans le même ordre d'idées, lorsqu'il y a lieu de
se servir d'une jambe p lus que de l'autre, ne pas ou
blier que celle-ci doit cependant surveiller l 'action pro-
I. Dressage et Emploi du Cheval de Selle) 2° Édit., p. 74.
3*
duite par la première et être prête à apporter son appoint
à l 'entretien de l'impulsion, de l'allure et de la vitesse si
le besoin s'en fait sentir.
l e s e m b o u c h u r e s
i° Le Filet.
Le filet ordinaire est une embouchure composée essen
tiellement de deux pièces métalliques légèrem ent incur
vées et coniques dites « canons » et recourbées à leur
extrémité la plus mince en forme d'anneau d'un très petit
diamètre. L'anneau de chaque canon est passé dans
celui d e l'autre de manière à réunir ces deux pièces tout
en les laissant mobiles l 'une sur l 'autre. L'extrémité la plus
grosse de chaque canon est percée d'un trou dans lequel
tourne sans résistance un anneau métallique dont la
dimension est variable, mais qui doit être assez grand
pour qu'on puisse y fixer le montant de filet et les rênes.
Pour empêcher cet anneau d'entrer dans la bouche du
cheval, on a eu recours à différentes disposi tions dont
les principales sont les suivantes :
Grande dimension du diamètre ;
Tige métallique tangente à l 'anneau, faisant corps avec
lui, le dépassant des deux côtés et destinée à se mettre
en travers contre les lèvres du cheval, si l 'anneau tend
à entrer dans la bouche ;
• Tige semblable à la précédente, mais ne dépassant
l 'anneau que d'un côté et portant à son extrémité un œil
destiné à servir de point d'attache au montant de filet.
Cette embouchure porte le nom de « fi let Gaucher ».
Avec les chevaux de bouche très sensible, on peut
employer des filets à gros canons ou recouverts de cuir
ou de caoutchouc.
Le filet est une embouchure très douce agissant en
grande partie sur les lèvres et peu sur les barres. C'est
avec un filet qu'un cavalier d oit commencer à monter à
cheval, parce que la douceur de cette embouchure rend
les fautes de main moins préjudiciables à la bouche du
cheval. Lorsque la t enue des rênes est devenue fami
lière et n'est plus un embarras, on peut emboucher le
cheval avec un doub le filet, embouchure qui ne saurait
être dangereuse et qui donne au cavalier plus d'action
sur son cheval. Les doubles filets les plus commodes
sont ceux qu'on compose d'un filet à branches et d'un
filet Baucher.
Le double filet se prète à des combinaisons par les
quelles on peut s'opposer utilement à un cheval qui ti re
ou qui pèse à la main. Les plus efficaces consistent à
agir soit par effets alt ernés qui font sentir chaque filet
isolément l 'un après Lautre ; soit par effets croisés qui
s'obtiennent par Taction d'un filet d'un c ôté, et de l'autre
filet de l 'autre côté.
2° Le mors de bride.
Le mors de bride ordinaire se compose de deux tiges
portant le nom de branches et terminées à une de leurs
extrémités par un œil auquel se fixe le montant de bride
2 8 —
et à l 'autre extrémité par un anneau mobile auquel
s'attache la rêne de bride. Ces deux branches sont
réunies par l 'embouchure proprement dite, pièce métal
lique dont la longueur varie suivant la largeur de
la bouche du cheval auquel le mors est destiné.
Chaque extrémité de cette pièce métallique e st nommée
canon et porte sur les barres. Les canons sont cylin
driques et peuvent soit se continuer l 'un l 'autre, soit être
séparés par un coude arrondi qu'on nomme « liberté de
langue », dans lequel l 'épaisseur de la langue peut se
loger, ce qui permet au canon d'appuyer plus fortement
sur les barres. On conçoit d'après cela que plus la
liberté de langue est grande, plus le mors est dur. Les
mors les plus doux sont ceux qui n'ont pas de liberté de
langue ; on les nomme « mors droits ». Outre la partie
principale que je viens de décrire, le mors comprend
encore la gourmette, sorte de chaînette qui s'attache à la
partie supérieure des branches par des crochets fixés
à cet effet à chaque œil.
Le mors complet agit dans la bouche de la manière
suivante : l'action des rênes amène en arrière la partie
inférieure des branches, tandis que l'extrémité supé
rieure tend à se porter en avant ; mais l a gourmette,
s'appuyant alors sur le passage de gourmette, l 'effort se
transmet par un mouvement de levier sur les barres.
En raison de la conformation des mors, leur dureté
augmente : .
i0 Avec le rapport des longueurs des parties infé
rieure et supérieure des branches : '
2° A vec la tension de la gourmette ;
— 2 9 —
3° Avec la liberté de langue ;
4° En raison inverse de la grosseur des canons.
On a imaginé un e infinité d'autres mors, parmi les
quels on peut signaler le mors à pompe comme donnant
de bons résultats dans certains cas. Il est construit d e
telle sorte que les canons glissent sur les branches avec
environ un centimètre de jeu : il trouve son utilité avec
les chevaux qui ont la m âchoire peu mobile.
On peut tenir pour certain que plus un mors est com
pliqué, plus il est mauvais. J'e ngage par suite les cava
liers à laisser aux étalages des éperonniers les outils plus
ou moins baroques qu'on leur présente comme doués
des propriétés les plus merveilleuses.
Le mors de bride est sensiblement plus énergique que
le filet et demande pat; conséquent à être utilisé avec
plus de précautions. Aussi l 'élève ne doit-il s'exercer
à l 'employer que lorsqu'il est déjà assez maître de ses
mains pour pouvoir le manier avec délicatesse.
c h o i x d ' u n e e m b o u c h u r e
Tant que le cavalier n'est pas sûr d e la fixité de son
assiette, il est sujet à donner des à-coups sur la bouche ;
par conséquent il n' y a pas à hésiter sur l 'embouchure
qu'il lui faut employe r : le filet simple ou double peut
seul lui convenir.
Même lorsque la solidité e st suffisante, il ne faut pas
se presser de prendre un mors plus sévère. Le mors le
plus doux qu'on puisse employer pour se faire obéir est
assurément le meilleur, car c'est celui qui, d'une part,
prend le moins sur l 'impulsion e t qui, d'autre part, risque
le moins de provoquer chez le cheval de la mauvaise
humeur ou des défenses en lui imprimant une sujétion
intempestive.
Aussi, tant qu'on est sûr de pouvoir dominer un che
val en toutes circonstances avec le filet ou le double
filet, le mieux est de se contenter de cette embouchure.
Si elle devient insuffisante , on peut essayer d'un mors
sans gourmette : on agit alors directement sur les barres,
action plus sévère que celle du filet ; mais l 'absence de
gourmette empêche l'effet de levier d'être aussi puissant
et la bouche n'est impressionnée que par une force sen
siblement égale à celle de la main.
Dans les cas où il fau drait r ecourir à des mors plus
sévères, on tiendrait compte de la progression que j'ai
indiquée plus haut.
il faut d'ailleurs, avant de prendre une embouchure
plus dure, se rappeler que si le cheval tire, cela peut
tenir à ce qu'il est déjà embouché trop sévèrement et
lutte contre la douleur qu'il en éprouve. Un mors plus
énergique ne ferait naturellement qu'aggraver sa r ésis
tance.
Si le cheval est lourd à la main, cela peut provenir de
ce que le cavalier n'est pas assez énergique dans ses
jambes, ou de ce qu'il tire sur ses rênes. Une embou
chure plus sévère ne changerait rien ; le cavalier doit
changer, non son embouchure, mais sa manière de faire.
La lourdeur à la main peut aussi provenir de la position
naturellement basse de l'encolure et de la tête ; l 'emploi
du filet, dont l 'effet est précisément de relever la tête,
est alors tout indiqué.
T E N U E D E S R Ê N E S
Lorsque l'on n'a qu'une embouchure, la man ière de
tenir les rênes a peu d'importance. Toutefois le mieux,
lorsqu'on les sépare, est de les tenir à pleine main en les
faisant entrer du côté du petit doig t et sortir sous le
pouce. Si on les tient dans une seule main, on intercale
entre elles un ou deux doigts.
Quand on utilise deux embouchures, il fa ut adop ter
une tenue de rênes pratique. Voici celle qui me paraît la
plus commode ; elle est réglementaire maintenant dans
la cavalerie française ; les rênes sont tenues dans la
main gauc he, la rêne gauche de filet sous le petit doigt,
la r êne gauche de bride entre le petit doigt et l 'annulaire,
la rêne droite de bride entre l 'annulaire et le médius, la
rêne droite de filet entre le médius et l 'index.
Toutes les extrémités des rênes sortent entre l 'index
et le pouce qui s'appuie sur elles et les empêche de
glisser.
Si l 'on travaille à gauche, on peut avoir avantage à tenir
les rênes dans la main droite . La r êne gauche de filet est
alors entre le pouce et l 'index, la rêne gauche de
bride entre l 'index et le médius, la rène droite de bride
entre le médius et l 'annulaire, la rêne droite de filet entre
l 'annulaire et le petit doigt. Les extrémités des rênes
sortent du côté du petit doigt qui peut les enserrer
toutes.
— 3 2 —
Cette tenue des rênes permet de faire agir les quatre
rênes, ensemble ou séparément, en ne serrant les doigts
que sur celles qu'ont veut utiliser. Les rênes de filet,
qui sont les plus utiles pour la direction, sont placées de
telle sorte que, le mors de bride ayant produit la décon
traction, un simple jeu d e poignet permet de maintenir le
contact entre le filet et la bouche.
La main qui n'est pas main d e bride peut saisir n'im
porte quelle rêne sans crainte de se tromper, ce qui est
moins facile lorsque les rênes sont alternées, pour ne pas
dire enchevêtrées, comme cela a lieu dan s plusieurs sys
tèmes.
Enfin, rien n 'est plus simple que de séparer les rênes,
soit pour en tenir d eux dans chaque main quand on a
besoin d'encadrer fortement le cheval, soit pour en tenir
une dans une main et trois dans l 'autre ce qui est souvent
utile.
l e s é t r 1 e r s
Je ne les décrirai point, ils se valent tous. Leurs dimen
sions doivent être telles que les pieds puissent en sortir
facilement en cas de chute. Ils sont bien ajustés lorsque,
le genou étant bien descendu et la jambe to mbant natu
rellement, la semelle de l'étrier arrive à la partie supé
rieure du talon de la botte.
On ne saurait trop recommander au jeune cavalier qui
travaille seul ou aux instructeurs qui dirigent des débu
tants de ne se servir que très modérément des étriers
pendant plusieurs mois. Ils ne sont utiles au commence
ment de l'instruction que pour rassurer les cavaliers pris
d'appréhension : encore les étriers, même dans ce cas,
doivent-ils ê tre fréquemment retirés à l 'arrêt et au pas et
être supprimés complètement quand leur rôle moral
n'est plus utile. Ce n'est pas sans raison qu'à l 'Ecole de
Saumur, pour les reprises de carrière et de manège, les
étriers ne sont donnés aux élèves qu'après de longs
mois.
Le moment de les prendre est celui où les jambes ont
acquis définitivement une bonne position et même alors
il est bon de les retirer de temps en temps.
Pour prendre les étriers après qu'ils o nt été ajustés,
on engage le pied de manière à ce que le bord antérieur
de l'étrivière soit tourné en dehors. Si la jambe tombe
naturellement, si la cheville est liante e t enfin si l 'étrier
est ajusté d'après la règle énoncée plus haut, la pointe du
pied est un peu plus h aute que le talon. Il est certaines
conditions, telles que le galop vite, les sauts d'obstacle,
etc., où il est utile et commode de chausser les étriers.
T I T R E I I
CHAPITRE I
L A P O S I T I O N
La solidité du cavalier et la possibilité pour lui de se
servir aisé ment de ses aides exigent impérieusement que
sa position à cheval possède certaines qualités et l 'esthé
tique veut que cette position ne soit ni ridicule, ni co n
trainte, mais paraisse, au contraire, élégante et aisée. Il y
a là plus de raisons qu'il n 'en faut pour que le cavalier
cherche à donner à sa position par un travail et un e at
tention soutenus, les qualités nécessaires.
Partie supérieure du corps. — La tête doit être haute
et droite sur des épaules tombant d'elles-mêmes. Les
bras descendent naturellement le long du corps. Les
avant-bras ont une direction telle que les coudes sont un
peu au-dessus des poignets. Ceux-ci doivent se tenir dans
leur position naturelle, sans se contourner, de manière à
ce que le dessus de la main soit tourné en dehors la
ligne des ongles étant verticale.
— ^ 6 —
Le rein sera convexe et sans raideur pour permettre
la souplesse indispensable à Vamortissement des réac
tions des allures et des mouvements violents. Cette sou
plesse est matériellement impossible si le rein se creuse ;
de plus, s'il est convexe, les fesses sont d'elles-mêmes
chassées sous le cavalier, ce qui lui est indispensable pour
trouver le fond de sa selle et avoir du liant et de la cohé
sion avec son cheval ; s'il est placé autrement, on dit
qu'il n' est pas « assis ».
Toute la partie supérieure du corps doit être sensible-
blement verticale au pas et au galop ; elle peut être légè
rement inclinée en avant pou r le trot enlevé.
Les qualités que je viens d'énumérer appartiennent
tout naturellement, sans aucune préparation e t au degré
où elles sont utiles, à tous les cavaliers, sans qu'ils aient
besoin de les acquérir, et la position qui en résulte se
prend d'elle-même si on ne la dérange pas par des con
tractions momentanées. Or, ces contractions sont dues
à l 'appréhension ; s'il ne craignait pas de tomber, le
cavalier garderait la position que je viens d'indiquer : elle
n'est autre, en effet, que celle qu'il prend de lui-même
lorsqu'il est assis sur un tabouret ou un banc. Puisque
donc cette position est naturelle, il n 'y a pas à assouplir
le cavalier pour la lui faire prendre, il suffit de faire dispa
raître l 'appréhension qui l 'en fait sortir.
Ces effets de l'appréhension n'ont rien qui doive nous
étonner : ne les retrouvons-nous pas toutes les fois que
nous commençons à nous livrer à un exercice physique
dans lequel l 'équilibre estinstable ; patinage, bicyclette...
etc ? Au début, on se contracte et on tombe : puis
l 'habitude aidant, les contractions d isparaissent et la
position devient aisée. On n'a pas eu pour cela à recourir
à des assouplissements spéciaux ; il a suffit que l'habitude
enlève l 'appréhension.
Il en es t de même en équitation ; point n'est besoin
d'assouplir la partie supérieure du corps, et je ne parle
que de celle-ci en ce moment, pour qu'elle prenne la
meilleure position ; elle la prend d'elle-même si la crainte
de tomber n'y met pas obstacle. Il n'est donc pas nécessaire d'assouplir c es régions ; il n'y a qu^à rassurer le
cavalier. C'est beaucoup moins long et bien plus efficace.
Un des premiers soucis de l'instructeur doit donc être
de s'ingénier à chasser toute crainte chez son élève. Il y
peut parvenir en ne lui faisant monter au début que des
chevaux faciles et d'allures douces qu'il peut même tenir
à la longe. On peut aussi empêcher le cavalier de se
trop préoccuper de sa stabilité en le iorçant à converser
et à s'occuper d'autre chose, etc.
Les cuisses. — Ce que j'ai dit de la partie supérieure
du corps qui se place naturellement dans une bonne
position si le cavalier ne se contracte pas, n'est plus vrai
pour les cuisses, car leur conformation ne leur permet
pas de prendre d'elles-mêmes, une fois é cartées par le
cheval, la position qu 'elles doivent avoir. Leur fixité,
en effet n'est posssible qu'autant que leur partie osseuse
se rapproche de la selle, sans quoi le fémur roule sur] la
masse musculaire qui s e trouve entre lui et la selle et qui,
de plus, fait remonter ,1e genou : on dit alors que le
cavalier est raccroché'. Dans cette position, la cuisse et
• - 3 8 -
la jambe n'ont pas d'enveloppe, ne peuventpas, si je puis
ainsi dir e, « ceinturon ner » le cheval, ce qui est cepen
dant nécessaire pour résister aux réactions violentes.
Enfin l 'articulation de la hanche est telle que si le
cavalier à cheval laisse ses cuisses se placer naturelle
ment, le genou s'éloigne de la selle et la jambe n'adhère
plus au cheval que par le haut de la cuisse et la partie
postérieure du mollet. De là deux inconvénients :
premièrement, la mobilité de la surface adhérente empê
che toute solidité ; deuxièmement, le mollet étant au
contact du cheval par sa partie postérieure, l 'éperon y
vient forcément aussi à la moindre réaction un peu vio
lente.
Tous ces maux ont leur remède dans un exercice d'as
souplissement appelé <( rotation d e la cuisse » qui tout à
la fois rap proche le fémur de la selle, permet la pression
du genou, le descend et enfin le tourne en dedans, De
là, fixité du fémur et du genou et éloignement de l 'éperon
dans des proportions normales.
Pour exécuter la rotation de la cuisse, il faut écarter la
cuisse de la selle, reculer legenou et le tourner endedans
ainsi que la pointe du pied, étendre la jambe et enfin
ramener le genou un peu en avant en appuyant forte
ment la cuisse sur la selle de manière à chasser en arrière
les muscles qui se trouvent à l 'intérieur. Le genou étant
en place, laisser tomber naturellement le bas de lajambe
et les pieds et relâcher le rein si l 'on a été amené à le
creuser en reculant le genou. La rotation de la cuisse
étant ainsi exécutée, le cavalier doit s'efforcer d e main
tenir la cuisse le plus longtemps possible dans la position
— 39 —
qu'il lui a donnée et de conserver le rein lâche. Le mou
vement s'exécute d'abord à l 'arrêt, puis au pas, alterna
tivement d es deux jambes, après avoir quitté les étriers
si l 'on en a.
Cet assouplissement est excellent, mais son rôle étant
de changer un peu la conformation du cavalier, il demande
à être recommencé souvent et pendant longtemps. Il ne
devient inutile que lorsqne l'articulation de la hanche
étant suffisamment rompue et les muscles intérieurs étant
suffisamment rejetés en arrière, la cuisse prend d'elle-
même une bonne position.
Les jambes. — On peut répéter pour les jambes et les
pieds ce qui a été dit pour la partie supérieure du corps :
lorsque la cuisse es t dans une bonne position, il n'y a
rien à faire po ur en assurer aussi une aux jambes : il n'y
a qu'à les laisser tomber naturellement par leur propre
poids, ainsi que les pieds, en relâchant complètement le
genou et la cheville.
La position des cuisses et des jambes est notablement
et rapidement améliorée si, concurrement avec de
fréquentes rotations des cuisses, le cavalier s'astreint à
quitter souvent les étriers au trot et au galop lents. Le
poids tend à faire de scendre naturellement les genoux.
Cet exercice est si excellent qu'il est avantageusement
exécuté même par les cavaliers déjà formés, pour entre
tenir la bonne position d e leurs jambes e t pour se couler
dans leur selle.
CHAPITRE II
e t u d e é l é m e n t a i r e d u m a n i e m e n t d u c h e v a l
Dans le titre I, nous avons examinéles facultés morales
du cheval et la manière d'en tirer parti ; nous avons vu
ensuite quelles sont ses aptitudes physiques pour dé
placer son poids soit d'avant en arrière et d'arrière en
avant, soir de côté. Enfin nous avons étudié d'une
manière générale comment nos rênes et nos jambes
doivent se faire sentir pour commander ces équilibres.
Connaissant ainsi la manière de préparer le cheval à
acquiescer à notre volonté, sachant quels intermédiaires
nous avons pour la lui transmettre e t connaissant leu rs
effets nous devons maintenant entrer daas les particu
larités de la conduite et voir comment ces intermédiaires,
c'est-à-dire nos aides, doiven t s 'y prendre pour manier
le cheval.
Il est utile que dès le début, le cavalier varie fréquem
ment les allures pour travailler et assurer sa position à
chacune d'elles. Il doit s'attacher à profiter du pas pour
faire de nombreuses rotations de cuisses, du trot assis
pour que le poids de ses jambes fasse descendre les
genoux et mobilise les articulations du rein ; du galop
— 4 2 —
dans le même but et plus particulièrement dans celui de
profiter des oscillations de cette allure pour couler les
fesses dans la selle.
Ce souci de la position doit, de la part du cavalier et
de son instructeur, primer longtemps tous les autres. Ce
n'est que lorsque la position se rapproche réellement de
ce qu'elle doit être qu'on peut commencer à s'occuper
de la direction du cheval par les moyens que nous allons
examiner.
Les mouvements qui vont être étudiés ne trouvent pas
tous leur emploi immédiat dans l 'équitation usuelle. Ils
n'en sont pas moins nécessaires : comme les gammes
indispensables à l 'éducation du pianiste, ils son t utiles
pour donner aux aides la justesse et F à-propos sans les
quels il n'y a pas de bonne équitation.
m é c a n i s m e d e s a l l u r e s
Le pas.
Le pas est une allure marchée, c'est-à-dire que les
quatre membres ne sont jamais ensemble au-dessus du
sol. Les membres antérieurs ont exactement le même
mouvement l 'un que Lautre, de même les postérieurs.
Le mouvement des antérieurs est accompagné d'un
balancement vertical de l 'encolure qui aide la progression
du cheval comme le mouvement alternatif de nos bras
nous aide à marcher. Lorsqu'il y a lieu de ménager le
cheval et de lui éviter tou te fatigue inutile, comme par
exemple pendant une longue route, il faut lu i laisser les
— 43 —
rênes assez longues pour permettre ce balancement de
l 'encolure.
Le trot.
Le trot est une allure diagonale et sautée ; les membres
restent toujours associés, au soutien et à l 'appui, l 'anté
rieur droit avec le postérieur gauche et l 'antérieur gauche
avec le postérieur droit. L'allure est sautée parce que
chaque diagonal quitte terre avant que l'autre s'y mette :
il y a donc un instant très court appelé temps de sus
pension, ou les quatre pieds sont au-dessus du sol.
L'appui pris par chaque diagonal porte le nom de
« temps ». La réunion de deux temps comporte le même
geste successivement de la part des deux diagonaux et
constitue une « foulée de trot >>. P our cette raison on dit
que le trop est une allure à deux temps.
Trot asssis et trot enlevé. — Si le cavalier se laisse
retomber sur sa selle à tous les temps, on dit qu'il trotte
« assis » ou « à la française ». S'il évite une réaction
sur deux, on dit qu'il tro tte « à l 'anglaise » ou au « trot
enlevé ». Le trot assis doit être le plus habituellement
employé, même avec les étriers, tant que le cavalier n'en
est qu'à étudier l 'emploi des aides par des mouvements
de manège. La position doit être telle que jel'ai expliquée ;
au besoin on penche légèrement le haut du corps en
arrière pour faciliter la so uplesse du rein.
Au trot assis, le cavalier doit laisser tomber ses cuisses
et ses jambes afin d'en trer dans sa selle et de descendre
— 44 —
les genoux. Le trot assis doit être habituellement l ent;
il est éminemment favorable àTétude des mouvements qui
s'exécutent au trot, car le cavalier peut se lier à son
cheval et sentir ce qui se passe sous lui ; mais il comporte
une difficulté qui doit être l 'objet d'une attention assidue
de la part de l'instructeur et de l'élève et qui est de garder
les mains fixes malgré les réactions du cheval. Il est bon
aussi, pour assurer l 'assiette, de trotter assis de temps
en temps en prenant une allure vive.
Le trot enlevé s'exécute en ne retombant en selle
qu'un temps sur deux. Pour le prendre, il faut pe ncher
légèrement le corps en avant ; on peut s'y aider dans les
débuts en tenant u ne poignée de crins. Le trot à l 'an
glaise e st employé à l 'extérieur et quand on trotte vite ;
dans ces circonstances, il est beaucoup moins secouant
et fatigant que le trot assis. Il comporte l 'usage des
étriers, mais ceux-ci ne doivent pas servir au cavalier
comme point d'appui pour s'enlever : les mouvements
alternatifs d'élévation et d'abaissement du corps doivent
lui être imprimés par les réactions de l'allure et non par
des efforts faits sur les étriers. Quand le cavalier s'enlève
en s'appuyant exagérément sur les étriers, il conserve
difficilement la souplesse du rein, il a l 'air de trotter avant
son cheval c e qui est fort disgracieux.
Le galop.
Le galop est une allure dissymétrique, à trois t emps
et sautée. Il est une allure dissymétrique parce que les
antérieurs ne font pas le même geste l 'un que l'autre, les
— 4 5 —
postérieurs non plus. Cela donne lieu à deux combi
naisons différentes qui portent l e nom de galop à droite
et de galop à gauche. Le moment où se prennent les
appuis porte le nom de « temps » ; il y en a trois. Dans
le galop à droite, les appuis s'exécutent dans cet ordre :
i0 postérieur gauche ;
2° diagonal gauche;
5° antérieur droit;
La succession de ces trois appuis ou temps constitue
ce qu'on appelle une « foulée » ou « battue ». Le dia
gonal gauche se met à l 'appui pendant que le postérieur
gauche y est encore ; puis le postérieur gauche se lève
et c'est au tour de l 'antérieur droit de se mettre à l 'appui,
ce qu'il fait pendant que le diagonal gauche est encore
à terre. Enfin celui-ci se lève, puis l 'antérieur droit quitte
terre aussi. A ce moment qu'on appelle « temps de sus
pension ), et qui es t cause de ce que le galop est une
allure sautée, les quatre pieds sont en l 'air. Le postérieur
gauche se remet alors à terre, puis le diagonal gauche,
puis l 'antérieur droit; les temps se renouvellent ainsi,
constituant des foulées successives séparées les unes des
autres par un temps de suspension.
Au lieu de s'exécuter à droite, le galop peut s'exécuter
à gauche, et alors les membres droits se comportent
comme le faisaient tout à l 'heure les membres gauches
dans le galop à droite; de même les membres gauches
font le geste qu'exécutaient les membres droits ; en sorte
que les trois appuis d'une foulée de galop à gauche se
décomposent ainsi :
4 6
V po stérieur droit;
2° diagonal droit;
3° antérieur gauche ;
temps de suspension.
Comme on le voit, le galop est désigné par le côté de
l'antérieur qui s e met le dernier à l 'appui.
s a u t e r e t m o n t e r a c h e v a l
Pour sauter à cheval sans se servir de l'étrier, on se
place face à l 'épaule gauche du cheval. On ajuste les
rênes d ans la main droite qui saisit en même temps le
pommeau. La main gauche prend une poignée de crins
en en faisant sortir l 'extrémité du côté du petit doigt et à
l 'endroit de l 'encolure qui paraît le plus commode eu
égard aux tailles respectives de l 'homme et du cheval.
Puis le cavalier plie les jarrets et les détend en restant
sensiblement vertical et en s'aidant des poignets de
manière à s'élever sur les bras tendus. Passer alors la
jambe droite par-dessus la croupe et se mettre légè
rement en selle.
[1 y a plusieurs manières de monterà cheval e n se
servant de l'étrier. Une des plus commodes et qui permet
d'éviter des coups de pieds de derrière e st la suivante :
se placer vis-à-vis de l'épaule gauche du cheval ; ajuste r
les rênes dans la main gauche qui saisit en même temps
une poignée de crins ; engager le pied gauche dans
l 'étrier en s'aidant au besoin de la main droite. Faire face
à la selle en baissant la pointe du pied et saisir le pom-
— 47 —
meau de la main droite ; s'élever sur i 'étrier en évitant de
toucher le cheval avec la pointe du pied ; passer la jambe
par-dessus la croupe, se mettre légèrement en selle et
enfin enga ger le pied droit dans I'étrier droit.
s a u t e r a t e r r e e t m e t t r e p i e d a t e r r e
Si l 'on a des étriers, saisir une poignée de crins avec
la main gauche et le pommeau avec la main droite, passer
la jambe droi te p ar dessus la croupe et enfin mettre le
pied droit à terre en faisant l 'ace un peu en arrière et à
hauteur de l 'épaule. Si l 'on n'a pas d'étriers, on commence
le mouvement comme tout à l 'heure, mais après avoir
passé la jambe droite, on saute à terre.
l e c o n t a c t d e l a b o u c h e
Ajuster les rênes.
Le cavalier doit toujours avoir ses rênes assez tendues
pour garder le contact de la bouche; cette règle est
absolue, on ne peut la transgresser que dans les moments
d'abandon complet. C'est la tension des rênes, si légère
soit-elle, qui donneati cavallerie sentiment delà bouche,
c'est-à-dire de la partie du cheval qui est la meilleure
indicatrice de ses impressions. C'est aussi grâce aux
rapports continuels et immédiats entre les doigts et la
bouche, que le cavalier peut agir sur cette dernière ins
tantanément et sans à-coups. De plus la communication
48
incessante de la main du cavalier et de la bouche du
cheval entretient la dépendance de ce dernier en lui
faisant constamment sentir l 'instrument de domination
auquel le dressage l 'a habitué à se soumettre.
Enfin et surtout, si la main n'est pas là toujours pour
régler les allures et laisse l 'animal les modérer à son
gré, c 'est la ruine d e son impulsion, d e cette tendance
dont nous avons vu la nécessité primordiale. Ce n'est
que lorsque la bouche fait une concession, comme je le
dirai en parlant des flexions, que son contact avec le
mors peut se perdre ; mais alors c'est d'une manière
absolument brève et momentanée.
La nécessité de la continuité du contact n'entraîne pas
celle de tenir toujours le cheval sur des rênes courtes.
Mais si ba s qu'on laisse descendre l 'encolure, si loin
qu'on la isse aller la bouche, les rênes ne doivent pas
devenir flottantes. Si cela supporte une exception, ce ne
peut être, comme je le disais plus hau t, que par suite
d'une concession instantanée de la bouche ou que dans
le repos complet et au pas, allure à laquelle o n peut
généralement laisser prendre sa vitesse maxima.
Pour prendre le contact de la bouche, il faut , suivant
le t erme habituel, « ajuster les rênes. » Cela consiste à
donner aux rênes une longueur telle que le cavalier sent
légèrement la bouche du cheva l. Du reste, tout en pré
sentant cette qualité, la longueur des rênes varie suivant
les besoins du travail qu'on exécute.
é t a n t a r r ê t é , p r e n d r e l e p a s o u l e t r o t
Si Ton veut prendre le pas en partant de l'arrêt,
on doit faire sentir progressivement les jambes jusqu'à
ce que la mise en marchese produise et céder des doigts
pour laisser l 'encolure s'étendre. Il faut mettre le cheval
en mouvement exactement dans la direction de son axe,
sans précipitation co mme sans hésitation.
Le cavalier obtient la mise en marche dans la direc
tion de l'axe en faisant agir les aides avec une symétrie
complète.
Il faut d'ailleurs, entre les jambes et les rênes, une
concordance telle que le déplacement du c entre de gra
vité et le mouvement provoqués par les jambes, soient
réglés parles mains et maintenus par elles dans les pro
portions voulues pour donner le pas, le trot ou le galop,
suivant le désir du cavalier.
Pour éviter que le départ soit brusque, il faut régler
l 'énergie des jambes sur le degré de sensibilité du che
val. On empêchera la mise en marche d'être hésitante,
en donnant progressivement, mais rapidement, aux jam
bes l 'intensité d'action qu'elles doivent avoir et en cédant
des doigts au moment précis ou l 'encolure cherche à
s'étendre.
Si le cheval déplace latéralement les hanches bien que
les jambes aient une action égale, on le redresse en fai
sant sentir davantage la jambe du côté où les hanches sont
venues. Si la même faute se renouvelle, si le cheval hésite
à partir, on aura recours à des actions de jambes de
— ;o —
plus en plus énergiques et répétées, jusqu'à ce qu'il se
décide sans tergiverser.
Pour prendre le trot en partant de l'arrêt, le procédé
est exactement le même.
On doit apporter le plus grand soin à la manière dont
on met habituellement le cheval e n mouvement, car si
l 'on se sert des jambes avec plus d'énergie que de rai
son, qu'arrive-t-il ? Le cheval se met brusquement en
marche, au lieu de couler dans son mouvement, ou
même il se met au trot. On sera obligé de s'op
poser par les rênes à reffet produit par l 'action trop
énergique des jambes. Il ne faudra pas longtemps, dans
ces conditions, pour que, sa paresse aidant, le cheval
ne réponde plus à une forte action des jambes que dans
les limites restreintes qu'on lui assigne et on aura atro
phié chez lui, de gaîté de cœur, la faculté pr écieuse de
répondre aux demandes les plus légères. Il deviendra,
suivant l 'expression consacrée, « froid aux jambes ».
p r e n d r e l e g a l o p p a r a l l o n g e m e n t d u t r o t
Comme il e st fort utile pour le cavalier de galoper
dés les premières leçons, il lui faut pouvoir mettre s on
cheval au g alop sans que l 'accord des aides ait besoin
d'intervenir. Pour cela, il n'y a qu'à prendre le trot et
à pousser cette allure jusqu'à ce que l e cheval la quitte
pour passer au galop. Cela s'obtient en desserrant les
doigts et en répétant les actions d e jambes jusqu'à ce
que le galop s'ensuive.
Ainsi que le recommande pour les cavaliers militaires
le règlement sur les exercices et les manœuvres de la
cavalerie, on peut se mettre préalablement sur un cer
cle de six ou sept mètres de rayon qu'on décrit d'abord
au tro t et en allongeant cette allure jusqu'à ce que le
cheval s'échappe au galop. Lorsqu'il est calme et quand
le cavalier se sent en confiance, il quitte le cercle et
rejoint la pi ste à la même main. En arrivant dans les
coins, il doit s e pencher légèrement vers l 'intérieur du
manège p our résister à la force centrifuge, comme le
fait du reste le cheval lui-même.
Pendant qu'il est au galop, le cavalier veille à s'assou
plir, à se laisser aller de plus en plus du corps, des
cuisses et des jambes. L'instructeur le conduit à s'aban
donner ainsi en conversant avec lui et en détournant son
attention de toute préoccupation de stabilité : c'est
alors que celle-ci se confirme par suite de Tabsence de
contractions. Le cavalier augmente son aisance en se
retournant sur sa selle, en caressant son cheval sur l 'en
colure, la croupe et les flancs, etc.
Il est nécessaire que le cheval reste à une allure modé
rée. La position sur le cercle contribue à éviter l 'excès
de vitesse qui pourrait se produire au départ par suite
des sollicitations d es jambes. Lorsque ses progrès le lui
permettent, le cavalier doit s'exercera prendre le galop
sur la piste sans que la vitesse s 'exagère : à cet effet, les
rênes laissent assez de liberté au cheval pour prendre
le galop mais pa s assez pour partir trop vite. Il y a là
une nuance que le cavalier doit s'efforcer de saisir.
Lorsque le galop s'exécute sur le pied du dedans, on
— 5 2 —
dit qu'il est « juste » ; s'il s 'exécute sur le pied du dehors,
on dit qu'il est « à faux ». Or, pour que le cheval travaille
bien au galop à faux, il est nécessaire qu'il soit bien
dressé et bien monté. C'est un exe rcice qu'on n'exécu
tera que plus tard, si on le juge à propos.
Toutefois, tant qu'on ne veut pas faire de doublers,
de voltes, etc., et qu'on reste sur le cercle ou sur la
piste au galop pour s'habituer au rythme de cette allure,
il importe peu que le cheval galope juste ou à faux et il
est inutile que le cavalier s'en préoccupe. Mais lorsqu'on
en est aux exercices de direction au galop, il faut galo
per juste ; par suite, si le cheval est parti faux, on doit le
remettre au trot et redemander le galop soit en se remet
tant s ur un cercle, soit dans un coin.
P A S S E R D U P A S A L ' A R R Ê T
Lorsqu'étant au pas avec des rênes ajustées on veut
arrêter, il faut remplacer l 'action moelleuse de la main
parsa fixité et par la résistance des doigts. Si l 'arrêt
s'ensuit, le résultat cherché est obtenu. Plus souvent le
cheval, s'il est un peu mis, élève son encolure en ralen
tissant ; le cavalier rapproche alors ses mains de lui ou
raccourcit ses rênes pour garder le contact de la bou
che, et cela jusqu'à ce que l'arrêt se produise. Ce recul
de la main ne doit en aucun cas précéder le mouvement
rétrograde de la bouche, sans quoi il y aurait traction
sur les rênes, ce que nous savons ne devoir jamais se
produire. Le cavalier ne rapproche sa main de lui qu e
lorsqu'il s ent se perdre le contact de la bouche et du
mors et afin de maintenir c e contact tel qu'il était ; dès
que l'arrêt est obtenu, les doigts se desserrent.
Dans les débuts, le cavalier et l 'instructeur n'ont pas
à se préoccuper outre mesure de la bonne exécution de
l'arrêt ; mais, lorsqu'en raison des progrès accomplis on
veut rechercher la correction de ce mouvement, la plus
grande attention doit être apportée à l'action des jambes
qui peuvent ne pas avoir à agir mais qui doivent être
prêtes à le faire si la nécessité s'en fait sentir ;
io Afin d'ass urer entre le mors et la bouche un co n
tact suffisant pour que la fixité de la main, succédant à sa
complaisance, produise soit l 'arrêt, soit l 'élévation de
l'encolure ; 2° afin de pouvoir parer à un arrêt brusque
et assurer la progression du mouvement en se relâchant
au fur et à mesure que la diminution de l'allure se pro
duit ; 3" pour pouvoir se faire sentir à temps et sans
secousse, si les hanches s e déplacent latéralement ou si
le cheval tend à reculer après s'être arrêté. Dans le cas
d'un déplacement latéral, la jambe du côté où il s e pro
duit intervient jusqu'à ce que le cheval soit remis dr oit,
et si un mouvement de recul s'ébauche, c'est l 'action
simultanée des deux jambes qui s'y oppose.
p a s s e r d u t r o t o u d u g a l o p
a u n e a l l u r e i n f é r i e u r e o u a l ' a r r ê t
Ces différents mouvements s'exécutent exactement
comme pour passer du pas à l 'arrêt : mêmes actions de
— 54 —
mains, mêmes recommandations pour les jambes ; toute
fois, si au lieu d'arrê ter, on veut seulement prendre une
allure inférieure, le moment où les actions des aides
doivent diminuer est celui où cette allure est obtenue.
r a l e n t i r l e p a s , l e t r o t o u l e g a l o p
Le ralentissement des allures s'obtient encore en sui
vant les mêmes principes, mais il ne suffit pas que le
cheval couvre moins de terrain dans le même temps, il
faut encore qu'il conserve l'intégrité de son impulsion,
sans quoi le cavalier n'est plus maître de maintenir c e
ralentissement dans les limites qu'il désire. Il est donc
nécessaire, si l'impulsion fléchit, qu'elle soit relevée par
l 'intervention bien dosée des jambes.
Lorsque le cavalier est devenu d'une certaine force,
les exercices de ralentissement lui sont d'utiles sujets
d'étude en lui d onnant l 'occasion d'accorder ses aides
dans une me sure exacte et de s'apercevoir immédiate
ment s'il en a bien proportionné les actions.
a l l o n g e r l e p a s , l e t r o t o u l e g a l o p
On accélère la vitesse des allures soit en se conten
tant de desserrer les doigs lorsque le cheval est assez
impulsif, soit, si cela est nécessaire, en réveillant son
impulsion par une action des jambes accompagnant le
desserrement des doigts. Il faut q ue cet effet de main
permette au cheval d 'étendre l 'encolure dans des pro-
— 55 —
portions utiles, mais les rênes ne doivent pas devenir
lâches, ce serait mauvais ici, com me en toute circons
tance.
Lorsque l'allure a pris la vitesse désirée, on empêche
l'encolure de s'étendre davantage en résistant des doigts
plus ou mo ins moëll eusement suivant q ue le cheval est
plus ou moins délicat.
t o u r n e r
Le tourner comporte deux opérations distinctes, mais
qui doivent res ter parfaitement unies et qui sont le chan
gement de direction et la marche.
Je suppose tout d'abord qu'au moment où on veut
tourner, comme lorsqu'on doit commencer un mouve
ment quelconque, les rênes sont ajustées. Cela étant, l e
cavalier a trois moyens de déplacer l 'avant-main pour
déterminer un changement de direction. Le moyen le
plus simple, celui par lequel le débutant peut faire faire
à son cheval les changements de direction indispen
sables, consiste à agir par rêne d'ouverture en portant,
si l 'on veut tourner à droite, la main droite de ce côté.
La tête est attirée à droite, les épaules et le reste du
corps suivent si le cheval ne cherche pas à résister et le
changement de direction s'exécute tant bien que mal.
Un des inconvénients de ce procédé est qu'il peut ame
ner les hanches à l 'extérieur, ce qui ne va pas sans con
séquences fâcheuses.
Le tourner par la rêne d'ouverture a en outre le défaut
— 56 —
que j'ai expliqué être inhérent à cette rêne et qui est de
laisser au cheval la possibilité de lâcher l 'encolure et la
tête et de ne pas faire suivre les épaules : l'instrument de
direction perd ainsi son utilité et le cavalier n'est plus
maître de la conduite.
Le second procédé pour tourner à droite consiste dans
l 'emploi isolé de la rêne gauche d'opposition. Elle pro
voque, en effet, le changement de direction et elle est
d'un grand secours dans la conduite à une main. Mais en
agissant seule, elle charge plus ou moins fo rtement la
hanche droite et provoque ainsi un ralentissement néces
sitant une plus grande intervention des jambes q ue si le
tourner est demandé d'une manière plus rationnelle. De
plus, si le cheval fait des difficultés pour avancer en tour
nant, le reflux de poids que la rêne d'opposition pro
voque sur le postérieur du dedans favorise ce tte résis
tance.
Le troisième moyen de demander le changement de
direction vers la droite et qui est le bon, consiste dans
l 'usage combiné de la rêne directe et de la rêne d 'oppo
sition. La première déplace légèrement la tête vers la
droite, tandis que la seconde empêche ce déplacement
de s'exagérer, lie les épaules à l 'encolure et leur fait
suivre la même direction.
Pendant ce temps, que doivent faire le s jambes ? J'ai
dit tout à l 'heure que le t ourner comporte à la fois le
changement de direction et la marche. Nous venons de
voir les mains assurer le changement de direction, c 'est
aux jambes à entretenir la marche. Si l 'action des rênes
tend à provoquer un ralentissement, le changement de
— 5 7 —
direction se fait mal ou ne se fait pas, absolument comme
cela arriverait pour le bateau qui ne serait pas actionné
et dont on ne commanderait que le gouvernail : il ne
tournerait pas. Ainsi fait le cheval s'il ne marche pas
quand les rênes lui demandent de tourner. Les jambes
doivent donc être prêtes à agir si le besoin s'en fait sentir,
soit pour amener le cheval à venir subir le commande
ment des rênes, soit pour entretenir l 'allure si elle t en
dait à s'éteindre par suite de l'action de la main. De
plus, c ette nécessité de marcher implique po ur les han
ches celle de ne dévier ni à droite ni à gauche, sans
quoi la propulsion des postérieurs perd de son effet. Les
jambes doivent donc veiller à maintenir l 'arrière-main e n
bonne place et l 'encadrer pour l 'empêcher, le cas
échéant, de se déplacer latéralement.
Si, a près avoir tourné à droite, par exemple, le cava
lier veut reprendre la marche directe, il doit répartir
également sur les deux épaules le poids de l'avant-
main, par l 'action égale et directe des deux rênes.
Pendant ce temps, les jambes agissent également, si cela
est utile, pour finir de placer le cheval droit et l 'actionner
dans son nouvel équilibre.
d o u b l e r
Le doubler à main droite, par exemple, se compose
de deux à d roite reliés par une ligne directe conduisant
le cheval perpendiculairement d'une piste à l 'autre.
s-
Pour que ce mouvement soit bien exécuté, il faut que
le premier tourner se termine exactement lorsque le
cheval est perpendiculaire à la piste qu'il va rejoindre ;
la marche directe doit se faire sur une ligne absolument
droite et perpendiculaire aux pistes et, ainsi que les deux
tourners, exactement à l'allure qu'avait le cheval sur la
piste.
Ainsi compr is, le doubler est un excellent exercice ;
car le cavalier, ayant un point de repère commode, peut
voir facilement si l e cheval se redresse exactement au
moment où il le lui dem ande et l 'y obliger.
Le doubler est dit : « doubler dans la largeur » ou
n doubler dans la longueur » suivant qu'il est fait entre
les deux grandes pistes ou entre les deux petites. On
peut changer de main par le doubler en faisant le deu
xième tourner en sens inverse du premier.
v o l t e
La volte, telle qu'o n la comprend maintenant, est un
cercle. Si l 'on part de la piste, le cercle doit lui être
tangent.
Elle se compose d'une succession de tourners égaux
ramenant le cheval à son point de départ. Les principes
qui régissent la volte sont les mêmes que ceux du tour
ner; mais si celui-ci est difficile à bien exécuter, celle-là
l 'est bien davantage, parce que les difficultés d e chacun
des tourners qui la composent s'ajoutent les unes aux
autres.
— —
Tant que dure la volte, le cheval doit être constamment
maintenu dans le même équilibre, sans quoi les tourners
ne sont pas égaux et la volte est irrégulière ; en consé
quence, les jambes doivent s'entendre, à tout instant,
pour pousser le cheval dans la direction prise par Tavant-
main, lequel doit être maintenu dans un équilibre immuable
par un accord complet entre les deux mains.
d e m i - v o l t e
• La demi-volte est un mouvement qui se commence
comme la volte, mais se termine par une ligne droite
parallèle à la diagonale du manège. Le cheval reprend
donc la piste à main inverse de celle à laquelle il se
trouvait.
La ligne droite commence au point de la volte où le
cheval se trouve parallèle à la diagonale du manège.
L'utilité de ce mouvement est d'amener le cavalier à
redresser son cheval à un moment déterminé et à le faire
marcher droit sans être guidé par aucune ligne appa
rente.
d e m i - v o l t e r e n v e r s é e
Ce mouvement se commence comme se termine la
demi-volte, c'est-à-dire que, pour l 'exécuter, on quitte
la piste par une ligne droite, généralement parallèle à
une des diagonales du manège. Lorsqu'on est arrivé à
une distance de la piste variant suivant l 'étendue qu'on
— óo
veut donner au mouvement, on décrit un demi-cercle
pour reprendre la piste à la main inverse de celle à la
quelle on se trouvait préc édemment.
c h a n g e m e n t d e m a i n
Le changement de main consiste à quitter le grand
côté à environ trois mètres du coin qu'on vient de passer
et à rejoindre par une ligne droite l 'autre grand côté à
six mètres à peu près du coin opposé.
Ces chiffres n'ont rien de fixe mais ils sont générale
ment les plus commodes. Il ne devient nécessaire de les
déterminer que dans le travail en deux reprises.
Quoi qu'il en soit, le cavalier fût-il seul, doit en quit
tant la piste, prendre un point de direction sur la piste
opposée et y parvenir par une ligne très droite.
c o n t r e - c h a n g e m e n t d e m a i n
Pour exécuter ce mouvement on quitte la piste par
une ligne droite, puis on marche droit, parallèlement à
cette piste, pendant un ou deux pas et, enfin on la rejoint
par une autre ligne droite.
Ces lignes droites doivent être respectivement paral
lèles à l 'une des diagonales du manège.
Le contre-changement de main se composant de deux
changements de main successifs, on se trouve, après l 'a
voir fini, à la même main qu'en le commençant.
Ò1
S E R P E N T I N E
La serpentine se compose de demi-voltes successives
exécutées perpendiculairement aux pistes et tangentes
les unes aux autres, comme l'indique la figure :
Toute la difficulté, a u pas et au trot, réside dans la
régularité e t l 'égalité • des demi-voltes. Or, ces qualités
ne s'obtiennent qu'assez difficilement en raison des chan
gements continuels auxquels le placer est soumis.
A Ar V
M V X V H V
l e h u i t d e c h i f f r e
Le « hui t de chiffre » e st un mouvement analogue à
la serpentine, du moins comme utilité. Il consiste à
décrire le chiffre huit perpendiculairement à la piste,
comme sur la figure :
\ >
X k
La volte, la demi-volte, le changement et le contre-
changement de main, la serpentine et le huit de chiffre
0 2
doivent être exécutés souvent, même au pas, comme
exercices de tourner. Bien q ue la raison d'être des der
niers existe surtout au galop, ils exig ent pour être bien
exécutés, même aux allures lentes, de la part du cava
lier et du cheval, un souci de précision dont l 'un et
l 'autre ne peuvent que bénéficier.
p a s d e c o t é
Jusqu'ici nous nous sommes occupés surtout du rôle
impulsif des Jambes, rôle qu'elles remplissent par la
simultanéité de leur action et qui est de beaucoup le
plus important ; mais il n'e st pas le seul. Les jambes
peuvent agir inégalement et, dans ce cas, elles ont pour
effet de déplacer les hanches du côté opposé à celui de
la jambe prépondérante. 11 est essentiel que l 'élève sai
sisse bien cet effet dont il a constamment besoin pour
faire gagn er du terrain de côté par l 'arriére-main ou pour
amener plus de poids sur un postérieur, ce qui est d'une
application fréquente en équitation.
Le cavalier s'exerce à rendre une jambe prépondé
rante d'abord au pas, ensuite au trot. Marchant en ligne
droite avec des rênes ajustées et les jambes près, il en
ferme une un peu plus que l 'autre. Le cheval porte a lors
ses hanches du côté opposé, plus ou moins suivant le
degré de prépondérance donné à la jambe la plus ac
tive.
Il faut se contenter dans les débuts de ce qu'on ap
pelle « le quart de hanche » amenant simplement la piste
— 6 j —
du postérieur du dehors, c'est-à-dire du côté de la
jambe prépondérante sur la piste de l'antérieur du dedans.
Autrement dit, si c'est la jambe d roite qui agit le plus, le
déplacement est suffisant dans les débuts, lorsque le
pied droit de derrière se pose sur la même piste que le
pied gauche de devant.
La jambe du dedans, c'est-à-dire la jambe gauche
dans l 'exemple que je viens de prendre, peut avoir éven
tuellement un double rôle à remplir : premièrement em
pêcher les hanches de venir exagérément de son côté ;
deuxièmement, empêcher l 'allure de se ralentir et obli
ger le cheval à continuer à avancer tout en rangeant son
arriére-main. Cette nécessité de contraindre l 'animal à
avancer pendant ce mouvement et de l'empêcher de rame
ner ses épaules sur les hanches est d'une difficulté qui
grandit avec le degré d'obliquité. C'est pourquoi il im
porte que celui-ci soit modéré lorsque le cavalier com
mence cet exercice.
Les rênes n'ont qu'un rôle à remplir, c'est d'éviter que
l'allure ne s'accélère tout en n'empêchant pas le cheval
d'avancer. Peu importe, du reste, au commencement,
que celui-ci quitte la ligne sur laquelle il marchait pré
cédemment ; l 'important est qu'il d éplace ses hanches
tout en se portant en avant.
Lorsqu'un léger déplacement de l'arrière-main est
obtenu d'une manière satisfaisante, on en demande un
plus considérable sans toutefois faire faire à l 'axe du
cheval un angle de plus d e 450 avec la direction de la
marche.
— 6 4
Le cavalier doit être attentif à ne donner à ses actions
de jambes que l'intensité strictement nécessaire ainsi
que je l 'ai expliqué lorsque j'ai parlé de ces aides. Sinon,
à une action trop forte de la jambe extérieure répond un
déplacement trop considérable des hanches : il faut alors
que la jambe intérieure empêche cet effet de se pro
duire ; de là o rdre, contre-ordre, désordre. Bientôt les
hanches ne se déplaceront p lus avec la même franchise
et la sensibilité, l 'obéissance aux jambes sera perdue.
Quand en s'exerçant au pas de côté, Téléve a saisi e t
senti l 'effet produit par l 'action latérale de ses jambes, il
lui faut encore se confirmer dans l 'usage de ses aides
agissant séparément sur l 'avant-main et sur l 'arrière-main
et pour cela s'exercer à la pirouette renversée et à la
pirouette.
p i r o u e t t e r e n v e r s é e
o u d e m i - t o u r s u r l e s é p a u l e s
La pirouette renversée consiste à faire décrire aux
hanches un c ercle ou un arc de cercle autour d'une
épaule. On l'appelle aussi demi-tour sur les épaules.
Cette dénomination est moins juste que la première
parce que la pirouette renversée est d'un nombre de
degrés absolument facultatif qu'il appartient au cavalier
ou aux circonstances de déterminer.
Dans ce mouvement, l 'arrière-main tourne autour de
F avant-main qui, lui-même, tourne autour de l'antérieur
du dehors, du gauche si les hanches vont de gauche à
— 6 5 —
droite. Il importe, du moins, qu'il en soit ainsi du mou
vement des antérieurs, car si c'était, au contraire, l 'anté
rieur du dehors qui tournait autour de l'autre, ce ne pour
rait être que par un mouvement rétrograde qui c harge
rait l 'arrière-main et le gênerait.
Ainsi qu'on le voit, le mouvement de l'avant-main se
réduit à fort peu de chose ; un antérieur est même immo
bile ; tout le mouvement est exécuté par l 'arrière-main.
En conséquence, les aides à employer doivent concou
rir à porter sur l 'antérieur immobile le plus de poids pos
sible ; on facilitera ainsi l e mouvement de l'autre anté
rieur et de l'arriére-main.
Si donc, nous voulons faire tou rner les hanches de
gauche à droite, il faut d'abord amener le poids de la
masse sur les épaules en fermant les jambes et en des
serrant les doigts jusqu'à ce que la mise e n marche
devienne imminente ; on empêchera alors le centre de
gravité d'avancer davantage et on conduira le poids sur
l 'épaule gauche en fermant les doigts sur la rêne droite
d'opposition et sur la rêne gauche directe, en ayant soin
de tenir la tête et l 'encolure dans la direction de l'axe du
cheval. Pendant ce temps, si l 'on veut exécuter la pi
rouette renversée de gauche à droite, par exemple, la
jambe gauche se glissera plus en arrière pour pousser
les hanches vers la droite ; la jambe droite restera près
pour maintenir la position avancée du centre de gravité,
empêcher le cheval de reculer et arrêter les hanches au
moment où le cavalier le jugera bon.
L'assiette se portera à droite pour faciliter l e dépla
cement des hanches.
(
— 6 6 —
En résumé, les aides à employer pour demander la
pirouette renversée de gauche à droite sont les sui
vantes :
i0 Action égale des jambes pour amener la masse sur
les épaules.
2° Action de la rêne gauche directe et de la rêne
droite d'opposition, agissant de manière à charger
l 'épaule gauche, tout en maintenant l 'encolure droite.
3° Action pré pondérante de la jambe gauche.
4° Léger déplacement de l'assiette vers la droite.
Si le cheval marque une tendance à reculer malgré les
précautions prises pour l 'en empêcher, il faut y pa rer de
suite en rendant les jambes plus énergiques jusqu'à pro
voquer la mise en marche, si c'est nécessaire. On devrait
même passer immédiatement au trot ou au galop si cette
tendance persistait ou s'accentuait. Mais souvent, lors
qu'elle se manifeste, la faute en est au cavalier qui n'a
pas préalablement pris le soin d'avancer le centre de
gravité. C'est alors à lui de ne plus retomber dans la
même erreur.
Les premières fois que le cavalier exécute ce mouve
ment, il e st inutile qu'il s'astr eigne à maintenir l ' avant-
main strictement en place. Ce n'est qu'au fur et à mesure
qu'il se sentira plus maître de ses aides, qu'il tâche ra de
les faire concorder avec l 'exactitude nécessaire pour ob
tenir l 'immobilité de l'avant-main.
Cet exercice commence l 'ère des petites difficultés.
Il a la grande utilité d'enseigner au cavalier à mesurer
exactement l 'intensité de ses aides.
— b y —
p i r o u e t t e
o u d e m i - t o u r s u r l e s h a n c h e s
La pirouette consiste à faire déc rire un cercle ou arc
de cercle aux épaules autour des hanches comme pivot.
Ce mouvement est assez dilficile à obtenir parce qu'il
exige que rarrière-main ne fasse que tourner autour
d'un postérieur servant d e pivot, et laisse à l'avant-main
le soin de déplacer toute la masse; il faut par conséquent
que le cavalier s'attache à sentir c e qui se passe sous
lui pour s'apercevoir des déplacements plus ou moins
accusés de l'arrière-main.
L'élève s'achemine vers l 'exécution de ce mouvement
en demandant des demi-voltes dont il réduit progressi
vement le rayon. Lorsque celui-ci devient très court, les
hanches marquent souvent une tendance à se déplacer
vers l 'extérieur. L a jambe de ce côté doit s'y opposer
et concourir avec l 'autre jambe, à empêcher le che
val d'amener ses épaules sur ses hanches et de reculer.
Grâce à la répétition de cet exercice, le cavalier envient
à raccourcir assez la demi-volte pour que les hanches
ne quittent presque plus la piste ; à ce moment, la pi
rouette s'obtient en augmentant l 'action des rênes de
manière à arrêter le mouvement en avant et à accentuer
en même temps le mouvement latéral de l'avant-main. Il
faut qu e l'arrière-main s'immobilise ; à cet effet, la jambe
extérieure l 'empêche de se jeter en dehors si, comme
cela arrive souvent, il cherche à le faire. D'autre part, la
— 68 —
jambe intérieure se tient prête à intervenir si le cheval
cherchait à reculer. L'arrière-main étant ainsi immobilisé
et, d'autre part, les mains continuant à assurer le dépla
cement des épaules, il en résulte que celles-ci tour nent
autour des hanches : c'est la pirouette.
Le cavalier n'en demande d'abord que deux ou trois
pas et n'essaye d'en obtenir davantage que lorsqu'il sait
faire exécuter correctement les premiers. Il s 'exerce
ensuite à obtenir la pirouette en partant de l'arrêt, La
difficulté est plus g rande parce que le cheval n 'étant pas
en mouvement est plus enclin à jeter ses hanches en
dehors ou à reculer.
L'élève s'étant arrêté e t désirant exécuter la pirouette
de droite à gauche, établit le contact de la bouche et
du mors de telle sorte que le poids soit reporté vers
l 'arrière-main sans cependant que son cheval recule. Ce
résultat, d'une difficulté plus sér ieuse que celles qu'on
rencontre dans le demi-tour sur les épaules, s'obtient
par l 'effet des doigts contenant l 'impulsion sollicitée par
une action simultanée et judicieuse des jambes dont je
reparlerai à propos du ramener, mais dont le cavalier
doit dès maintenant chercher à saisir pratiquement la
formule. Il reconnaît qu'une position suffisante pour le
moment est obtenue, lorsque l 'encolure s'est é levée au
tant que possible sans que l'animal recule ou s'accule-
Ce résultat étant acquis, la rêne gauche directe et la
rêne droite d'appui agissent de manière à donner un
léger pli à gauche e t à amener le déplacement circulaire
des épaules de droite à gauche. Les rênes ne doivent
contenir le mouvement en avant ni tr op, ce qui provo-
— Ó9 —
querait le reculer, ni tr op peu ce qui amè nerait les han
ches à marcher pour suivre les épaules. Enfin la jambe
droite intervient si cela est nécessaire pour empêcher les
hanches d e se déplacer vers la droite.
Dans ces conditions, les postérieurs ne reculant pas,
n'avançant pas et ne se déplaçant pas de côté restent en
place tandis que les épaules tournent autour d'eux.
En résumé, les aides sont les suivantes :
i° Action simultanée des deux jambes incitant le che
val à se mouvoir et l 'amenant à recevoir le commande
ment des rênes.
2° Rêne gauche directe et rêne droite d'appui dépla
çant les épaules vers la gauche et agissant avec une in
tensité telle que le cheval n'a vance ni ne r ecule.
3° Le cas échéant, prépondérance de la jambe droite
pour empêcher l 'arriére-main de se porter à droite.
Tant que le cavalier n'est pas tout à fait capa ble de
bien obtenir ce mouvement, Il peut laisser l 'arrière-main
avancer un peu, mais en aucun cas, il ne doit provoquer
le reculer. Le demi-tour sur les hanches exige un réel
accord dans les aides. Il ne doit être abordé que lors
qu'on possède déjà une certaine adresse.
t r a v a i l s u r d e u x p i s t e s
Le cavalier sait déplacer latéralement et indépendam
ment l 'un de l'autre l 'avant-main et l 'arrière-main, soit en
marche, soit à l 'arrêt par les pas de côté, les pirouettes
renversées et les pirouettes. Il lui f aut apprendre à coor
donner avec justesse ces deux déplacements. C'est en
s'exerçant au travail s ur deux pistes qu'il peut y arriver.
Le travail de deux pistes consiste à déplacer le che
val, parallèlemeut à lui-même, dans une direction oblique
à celle de son axe, les antérieurs et les postérieurs dé
crivant deux pistes parallèles.
Les membres extérieurs chevalent par dessus les mem
bres intérieurs. Lorsque le travail de deux pistes est
correct, il s 'exécute avec une entente et une symétrie
telles, entre les différentes par ties du cheval, que les
gestes s'exécutent sans diminution de vitesse et d'im
pulsion.
Or, dans ce travail, l 'arrière-main doit comme tou
jours pousser l 'avant-main ; mais, n'agissant plus exac-
ment dans la direc tion de l'axe, son action propulsive
est amoindrie. Pour maintenir l 'impulsion dans son
intégrité, il faut utiliser judicieusement le poids de l'avant-
main de manière à ce qu'il entraîne les antérieurs et rem
place ainsi, pour eux, la dose d'impulsion qu'ils ne
reçoivent plus des postérieurs. On obtiendra alors une
impulsion aussi considérable que celle dont le travail sur
une piste est susceptible. On doit viser à ce résultat
dans tous les mouvements exécutés sur deux pistes ; ce
n'est qu'à la condition d'y arriver qu'ils ont une raison
d'être.
L'élève s'exerce à ce mouvement d'abord au pas, puis
au t rot. Voici les aides à employer pour marcher sur
deux pistes de gauche à droite, par exemple :
i0 Les deux jambes, si l 'insuffisance momentanée de
— 71 —
l 'impulsion le nécessite, envoient le cheval sur la main et
lui font recevoir l es indications des rênes.
2° La rêne droite directe fait regarder le cheval du
côté vers lequel il doit marcher et commence le dépla
cement du centre de gravité de Vavant-main vers la
droite. La rêne gauche d'opposition agit en même temps
que la précédente pour achever le déplacement latéral
de l'avant-main et de son poids.
3° La jambe ga uche, à ce.moment, se fait p répondé
rante pour diriger les hanches à droite, tandis que la
jambe droite agit si c'est nécessaire pour limiter le dépla
cement des hanches et obliger le cheval à maintenir son
allure et à gagner du terrain en avant en même temps
que de côté.
4° L'assiette ne se laisse pas déplacer vers la gauche
mais, au contraire, se maintient plutôt à droite pour
aider la mar che du cheval de ce côté.
Parmi les erreurs les plus communément commises,
il faut éviter surtout celle des cavaliers qui, au lieu d'ai
der les épaules en les poussant du côté vers lequel on
appuie, les ralentissent au contraire, en se servant, si
l 'on appuie de gauche à droite, de la rêne gauche directe
ou de la rêne droite d'opposition. Bien qu'on obtienne
ainsi, avec facilité, une position traversée ressemblant
à celle des deux pistes, on commet un non -sens et une
faute d e lèse-impulsion ; car ces aides ont pour résultat
de ralentir les épaules qui, cependant, ont déjà beaucoup
de peine à se mouvoir latéralement.
La direction dans laquelle marche le cheval ne doit
pas faire un angle de plus de 45° avec celle de son axe.
— 7 2 —
Sa structure, en effet, s 'o ppose à ce qu'il puisse faire
chevaler adroitement ses membres extérieurs si ce tte
inclinaison est plus forte ; il se frappe péniblement les
genoux, rompt son équilibre et travaille mal. D e plus, si
l 'on accentue trop l'obliquité, les hanches ne sont plus
assez d errière les épaules et l 'avant-main ne bénéficie
plus assez de la détente des propulseurs pour que l'ap
point apporté par le déplacement du centre de gravité
suffise à conserver l 'impulsion. Lorsque, donc, le che
val tend à exagérer l 'obliquité, la jambe extérieure ne
doit guère agir plus que l'autre et toutes deux doivent
être assez énergiques, pour que les propulseurs jettent
l 'avant-main dans l 'action déplaçante des rênes.
Comme toutes les fois qu'il commence un travail nou
veau pour lui, le cavalier ne doit d'abord rechercher que
peu de chose et s'attacher non pas à prolonger le mou
vement, mais à l 'exécuter correctement. L'étude du tra
vail sur deux pistes est pour Télève une des plus fécondes
en résultats. Elle l 'habitue à sentir marcher son cheval et
à coordonner ses aides d'après ces déplacements qu'il
ne voit pas et qu'il ne peut apprécier que par son tact.
A c e travail, celui-ci s e développe, tandis que les aides
gagnent en accord et en à propos.
c r o u p e a u m u r
La cr oupe au mur est un exercice qui consiste à
faire marcher le cheval sur deux pistes, la croupe se
déplaçant le long du mur. Pour obtenir ce mouvement.
— 73 —
il fau t d'abord amener l 'avant-main à l 'intérieur du m a
nège comme si on commençait une volte. Puis, au mo
ment où l'arrière-main est sur le point de quitter la piste ,
on déplace le cheval parallèlement à lui-même le long
du mur par les aides indiquées plus haut pour la marche
sur deux pistes.
t ê t e a u m u r
La tête au mur consiste à faire progresser les épaules
sur la piste, les hanches décrivant une piste intérieure.
Pour obtenir le déplacement de l'arrière-main vers
l 'intérieur, il faut s'y prendre exactement comme si l 'on
voulait faire une pirouette renversée, mais en ne mar
quant qu'un ralentissement de l'avant-main. Dès que le
cheval est dans la position voulue pour marcher sur deux
pistes, on l'y pousse en continuant la prépondérance de
la jambe extérieure et en employant comme toujours la
rêne intérieure directe et la rêne extérieure d'opposi
tion.
Lorsque le cavalier obtient le travail sur deux pistes
avec une correction suffisante en marchant sur une ligne
droite, il peut se perfectionner en tenant les hanches en
dedans ou en dehors sur la volte, la demi-volte, les
contre-changements de main, e tc. Ce dernier mouve
ment a une utilité particulière en raison de laquelle il est
bon de l'exécuter souvent : il amène le cavalier à inverser
rapidement ses aides et à leur donner du premier coup
l'intensité et l 'action nécessaires.
6.
— 74 —
d é p a r t s a u g a l o p
Au moment où, grâce à une étude suffisante des demi-
tours sur les épaules et sur les hanches e t du travail sur
deux pistes, le cavalier sait commander l 'équilibre, il
peut presqu'absolument assurer le départ sur le pied
qu'il veut. En effet, po ur partir à droite par exemple, il
faut qu e le postérieur gauche entame l'allure en enlevant
toute la masse par sa détente ; il faut aussi que l 'anté
rieur et le postérieur droits dépassent leurs congénères,
afin que le latéral droit puisse constamment prendre ses
appuis en avant de l'autre.
Or, si l 'assiette charge le postérieur gauche, il est
clair qu e c'est ce membre qui peut le mieux enlever la
masse, puisque le droit, complètement dégagé, n'a évi
demment qu'une, action moindre sur cette dernière. Si,
en même temps, les rênes chargent l 'épaule gauche,
l 'antérieur droit, grâce à la ,décharge dont il bénéficie et
à la détente du postérieur gauche, a tendance et facilité
à étendre son geste plus que l'antérieur gauche ; enfin
le postérieur droit, se mettant en mouvement au mom ent
de l'enlever, dépasse forcément son congénère qui
reste à l 'appui ; le latéral droit dépasse donc le gauche.
On voit qu 'à condition d'employer des aides qui cha r
gent le latéral gauche et provoquent la détente du pos
térieur gauche, on peut presque forcer le départ à se
faire sur le pied droit ; on aura, du reste, une action plus
décisive en accentuant la position avancée du latéral
droit par rapport au gauche.
En conséquence, pour partir à droite, les aides à
employer s ont les suivantes :
Assiette à gauche chargeant la hanche gauche.
Jambe gauche faisant ten dre les hanches à se dépla
cer à droite et, par conséquent, le latéral droit à dépas
ser le gauche.
Jambe droite joignant son action à celle de la jambe
gauche pour donner la dose d'impulsion nécessaire au
départ et empêcher les hanches de venir trop à droite.
Le cheval, envoyé par les jambes sur la main, est
reçu par les rênes de la manière suivante :
Rêne droite dopposition chargeant l 'épaule gauche qui
doit être ralentie, dégageant la droite qui doit s'éten
dre.
Rêne gauche directe corroborant l 'action de la rêne
droite et maintenant l 'encolure et la tête directes.
Les deux rênes doivent en outre s'opposer jusqu'à un
certain point, au passage de l'impulsion, de manière à ce
que l'excédent qu'elle reçoit soit employé à enlever
F avant-main. Pui s une légère remise de main permettra à
l 'antérieur droit de s'étendre et au postérieur gauche de
pousser toute la masse dans l 'allure.
Pour faciliter la justesse des départs, le cavalier peut
commencer par les demander soit dans les coins soit à
la fin d'une volte, mais toujours de manière à ce que le
cheval les donne au moment où il va se redresser.
Cette dernière p rescription a son importance ; voici
pourquoi : dans le tourner à droite, par exemple, le
latéral droit est plus en avant que le gauche, ce qui met
le cheval dans une position favorable a u dépa rt à dr oite.
Mais, d'autre part, dans le tourner à droite, l 'épaule
et la hanche droites sont les plus chargées, ce qui est
une condition défavorable. Donc, pour n'emprunter au
tourner que ce qu'il a de commode, il faut exciter le
cheval à prendre le galop au moment où on le redresse ;
à cet instant, il est encore incurvé et, comme on reporte
le poids de Tavant-main et de l'arriére-main sur le latéral
gauche pour reprendre la m arche directe, on achève
ainsi d'assurer le départ à droite.
De plus, pour avoir plus de chances d'obtenir un dé
part calme et tranquille, le cavalier a avantage à le de
mander en partant du trot parce que le cheval bénéficie
alors, pour passer au galop, de l'impulsion acquise ; pa r
suite, les* jambes ayant à en fournir une moins grande
dose, peuvent agir moins énergiquement et le départ peut
être plus calme, ce qui a son importance.
Dès que l'élève sait commander habituellement les dé
parts justes à la fin des tourners et en partant du trot, il
peut s'exercer à les demander sur la ligne droite au trot
puis au pas.
Au chapitre suivant, après avoir étudié comment
s'obtient la mise en main, nous chercherons comment on
peut assurer la rectitude des départs.
Les départs au g alop exécutés sans souci de la recti
tude clôturent la liste des mouvements par l 'étude des
quels le cavalier se met dans la possibilité d e diriger
grosso modo son cheval. Tant qu'on ne se trouve pas
aux prises avec des résistances ou à fortiori, avec des
défenses, tant qu'on n'éprouve pas le besoin d'avoir un
cheval ag réable, on peut se contenter de l'expérience
acquise jusqu'à présent. Mais si ce résultat paraît insuf
fisant, si on veut ê tre capable d'imposer l 'obéissance à
un cheval mal intentionné, si on veut le conserver en bon
état de membres, si on tient enfin à l 'utiliser avec le maxi
mum d'agrément et le minimum d e fatigue, il faut conti
nuer les progrès que l'on a faits et s'instruire dans la
manière d'équilibrer l e cheval avec une exactitude suffi
sante pour les services qu'on veut lui demander.
CHAPITRE III
m a n i e m e n t d u c h e v a l d a n s l a m i s e e n m a i n
Il faut qu e le cavalier soit maître de décontracter son
cheval, tou t au moins dans des conditions sensibles, pour
pouvoir lui imposer les équilibres nécessaires et vaincre
des résistances qui ont le double inconvénient de rendre
l'animal désagréable à utiliser et de lui permettre de refu
ser momentanément ou définitivement l 'obéissance. Pour
échapper à ces éventualités, il est nécessaire de pouvoir
obtenir le « ramener », « la desce nte d'encolure » et les
« flexions » c e qui permet de maintenir le cheval dans
la « mise en main ».
l e r a m e n e r
Le ramener est l 'opération des doigts, et, éventuelle
ment, des jambes, par laquelle on élève l 'encolure p our
faire re culer le p oids vers les hanches ou, autrement dit,
pour engager l 'arrière-main.
On l'obtient, en substituant sur les rênes ajustées la
résistance des doigts à leur action moelleuse. Si le che-
— 8o —
val répond à cet effet de rênes par une flexion, un retrait
de main, accompagnant la mâchoire, le force à élever
l 'encolure pour pouvoir refermer la bouche. C'est un
commencement de ramener. Pour l'avoir plus considéra
ble, on n'a qu'à demander de la même manière plusieurs
élévations consécutives.
Si le cheval ne donne pas la flexion en arrivant su r les
doigts fermés, ou bien l 'allongement d'encolure exigé
par l 'action des jambes se change en une élévation qui
n'est autre chose que le ramener simple et sans flexion ;
ou bien l 'encolure s'abaisse en se rouant ce qui es t l 'en-
capuchonnement. Ce dernier cas est rare, heureuse
ment. On le corrigera en agissant sur le filet par des
actions alternatives de rêne droite et de rêne gauche ;
c'est ce qu'on appelle scier du filet.
Dans le cas où, les doigts s'étant fermés, le cheval
n'accuserait pas leur action, il faudrait qu e les jambes
agissent de manière à le forcer à prendre le contact du
mors assez fort pour en être douloureusement impres
sionné et pour chercher à s'y soustraire, ce qu'il fait de
la manière que je viens d'indiquer. Au besoin même,
les mains peuvent s'élever un peu afin d' accentuer leur
action de bas en haut.
Aux élévations d'encolure correspondent des reculs
consécutifs par lesquels le centre de gravité se rapproche
des propulseurs et les engage.
Il importe que les raccourcissements de rênes par
lesquels on obtient le ramener, suivent et ne précèdent
pas l 'encolure dans ses élévations successives ; sans
— 8i —
quoi, ce serait la traction de rênes avec tous ses incon
vénients.
Le cavalier doit commencer à demander le ramener
au pa s et non à l'arrêt, afin de ne pas courir le risque
d'acculer son cheval. Du reste, le mouvement d'encolure
particulier à cette allure facilite l 'action des mains.
Le ramener commence et fait partie de la mise en
main pour laquelle l 'engagement des propulseurs est né
cessaire.
l a d e s c e n t e d ' e n c o l u r e
Il ne suffit pas au cavalier de pouvoir provoquer le recul
du poids vers les hanches, il faut aussi qu'il puisse le
faire avancer : il y arrive pa r la descente d'encolure plus
ou moins accentuée. Elle consiste dans une extension et
un abaissement de1 l 'encolure qu'on obtient en cédant
des doigts dans la proportion commandée par l 'amplitude
qu'on veut laisser prendre à ce mouvement : l'encolure
s'abaissant, le poids se rapproche des épaules.
La descente d'encolure est un résultat de l'impulsion
qui, sur un desserrement des doigts incite le cheval à
augmenter sa vitesse et pour cela, à étendre son enco
lure. Aussi, dans le cas où l'encolure ne répondrait pas '
immédiatement par son extension à la concession des
mains et où une augmentation de vitesse ne se produirait
pas, c'est que le cheval manquerait d'impulsion, tout au
moins momentanément ; il faut alors que les jambes inter
viennent pour la réveiller.
8 2 —
Ainsi comprise, la d escente d'encolure n'est pas seu
lement pour le cavalier un moyen de faire avancer le
centre de gravité lorsqu'il le désire, c'est aussi, quand on
la fait assez prononcée, un excellent moyen d'entretenir
l 'impulsion en forçant le cheval à allonger son encolure
dès que les doigts le lui permettent et à en profiter pour
augmenter sa vitesse ; aussi son emploi, doit-il ê tre fré
quent.
A vrai dire, il peut paraître commode d'avoir des che
vaux s'en allant tranquillement à bout de rênes, l 'enco
lure basse et, dans cette position, se maintenant d'eux-
mêmes à une allure modérée ; il es t facile de donner à la
plupart des chevaux cette habitude qui ne manque pas
d'utilité pour les cavaliers à leurs débuts ; mais dès qu'on
commence à être un peu adroit, il vaut mieux re noncer
à cette licence, car les chevaux ainsi placés sont dans
l'impossibilité d'être conduits aisément : pour les rendre
maniables, il faut les relever et alors, leur allure qui était
lente tout à l 'heure bien que l'équilibre fût pro pice à la
vitesse, s'éteint maintenant que cet équilibre est moins
favorable au mou vement en avant. Pour la sou tenir, les
jambes deviennent constamment nécessaires. De pareils
errements mettent donc le cavalier dans l'obligation ou
d'avoir un cheval sur les épaules et difficilement maniable,
ou, s'il le relève pour le conduire plus aisément, de lui
donner continuellement de la jambe ou de l 'éperon. Que
de braves chevaux vibrants et brillants ont perdu ces
précieuses qualités et se sont éteints par l 'emploi de sem
blables procédés !
l e s f l e x i o n s
Il n'es t pas de cavalier qui n'ait eu occasion mainte et
mainte fois de constater avec quelle facilité il manie
son cheval lorsque les indications du mors sont reçues
avec souplesse et quelle difficulté, au contraire, la con
traction de la nuque et de la mâchoire apporte à la di
rection.
C'est que, si l 'encolure et la tè te restent raides dans
toutes leurs articulations, elles sont comme invariable
ment s oudées à tout le reste du corps ; la puissance
propulsive de l'arrière-main est transmise sans amortisse
ment à la main du cavalier qui, réciproquement, doit
réagir avec une grande énergie sur les propulseurs pour
les commander.
Dans ces conditions, le cavalier est aux prises avec la
force motrice dont l 'effet lui est intégralement transmis ;
en sorte que la direction ne peut se faire avec aucune
délicatesse.
Si au co ntraire, les articulations de la mâchoire et de
la nuque sont souples, elles deviennent entre l 'arrière-
main et le mors un intermédiaire dont l 'élasticité amortit,
d'une part, la poussée de la masse jetée sur la main par
les propulseurs e t ajoute, d'autre part, sa force à celle
du doigté, ce qui permet à ce dernier de commander les
propulseurs tout en restant léger.
C'est quelque chose d'analogue à ce qui se passerait
dans le cas d'un wagon lancé contre un heurto ir de ma
— 84 —
nière à y r ester appliqué. En se comprimant, les tam
pons amortissent le choc reçu par le heurtoir et, en
outre, emmagasinent une force qui, lorsqu'on voudra
reculer le wagon, s'ajoutera à celle qu'il faudra mettre en
oeuvre et par conséquent lui permettra d'être moindre. Il
en est de même pour l 'encolure et la mâchoire. Logique
ment assouplies, elles font office de tampons. Elles
amoindrissent la poussée de la masse lancée par les pro
pulseurs sur la main e t augmentent l 'action de la main
sur les propulseurs ; en sorte que les efforts reçus ou
faits par le cavalier peuvent ê tre infiniment légers. C 'est
le dernier terme de la légèreté ; c'est aussi la raison d'être
des flexions.
Le jeu de l'articulation du garrot, dans le ramener,
donne déjà à l 'encolure une certaine souplesse, mais elle
serait insuffisante, et même fortement compromise, si les
articulations avoisinantes étaient contractées.
Il faut do nc qu'au jeu de cette articulation se joignent
celui d e la nuque et celui de la mâchoire. Leur conces
sion porte le nom de « flexion directe » si elle s e fait
dans le plan vertical de l'axe d u cheval, et de « flexion
latérale » si elle s e fait dans un plan oblique.
Flexion directe.
La flexion directe est la concession que font la nuque
et la mâchoire dans le plan vertical de l'axe du cheval,
lorsqu'une action symétrique des rênes arrête une exten
sion de l'encolure, La concession de la nuque est
- 8 5 -
limitée à la partie supérieure de l'encolure ; elle rap
proche l'axe de la tête de la verticale en le laissant au-
delà, et lui fait faire d'une manière presque impercep
tible un mouvement analogue à celui que nous faisons
de la tête pour répondre « oui > >.
Cette comparaison qui n'est pas de moi m e semble
très juste et qualifie bien le mouvement de la tête dans la
flexion.
La concession de la mâchoire consiste dans une
ouverture de la bouche provoquant l 'abandon complet du
mors et suivi immédiatement de la fermeture de la bouche
et de la reprise du contact.
Tant que le cheval ne donne pas cette puverture de
la bouche jusqu'à lâcher le mors, c 'est que la plus grande
décontraction possible de la mâchoire n'est pas obtenue
et que le cheval est prêt à se recontracter.
Ce n'est que lorsqu'il est habitué à faire cette conces
sion complète dès qu'on la lui demande que sa mâchoire
reste continuellement souple.
Le cheval ne doit pas être maintenu pendant tout le
temps du travail dans la flexion directe complète. La
nuque seule reste ployée pour maintenir la tête dans
une bonne position. La b ouche garde un appui moelleux
et souple et ne donne la flexion complète que lorsque
le cavalier ferme les doigts et les jambes.
A ce moment seulement, la flexion complète de mâ
choire a sa raison d'être qui est de décomposer la pous
sée de la masse sur la main et d'augmenter l 'action du
doigté sur les propulseurs pour lui permettre de produire
son effet avec l'intensité voulue tout en restant léger. Si
— 8 6 —
la flexion d irecte complète se produisait en dehors du
resserrement d es doigts et par le simple effet du c ontact
qui doit toujours exister entre le mors et la bouche, ce
contact se perdrait continuellement sans raison, la bouche
ne serait plus en communication permanente avec le
cavalier et le cheval ne serait plus sur la main. Il y au
rait lieu de l'y remettre en l 'exerçant aux allures déten
dues.
Il ne faut pas confondre la flexion directe avec la
détestable position de certains chevaux qui ont cons
tamment la bouche ouverte. Ce défaut fait perdre à la
mâchoire toute mobilité et toute souplesse. C'est poni
le cheval une manière de se braquer qu'on guérira par la
flexion juste.
Pour obtenir la flexion directe, il faut placer le cheval
dans le ramener. S'il est bien mis et si son impulsion est
suffisante, i l n 'en faut pas plus pour obtenir la flexion sur
un ress errement des doigts ; mais dans le cas où il ne la
donnerait pas, il faudrait que les jambes l 'obligent à
prendre avec le mors un contact plus fort ; afin d'échapper
à la do uleur qu'il en éprouve, il c ède de la mâc hoire et
de la nuque.
Le cavalier se rend très facilement compte si la flexion
s'est produite, parce qu'on éprouve, pendant le temps
extrêmement co urt que le cheval met à abandonner son
mors et à le reprendre, l 'impression de ne plus rien avoir
dans la main 1.
1, Si l'action des rênes et des jambes p rovoque une tendance à Tacculement avec ralentissement d'allure, c'est que les rênes sont trop courtes. Si, au contraire, l e cheval accélère l'allure sans c éder de la bouche et de la nuque, c'est que les rênes sont t rop longues. Quelques courts tâtonnements permettront de prendre la longueur convenable.
— 8y —
Certains chevaux sont rebelles à la flexion et la donnent
difficilement.
Ce sont surtout ceux qui sont doués de beaucoup
d'allant ou ceux qui, au contraire, aiment à se faire por
ter. Ils se braquent sur le mors et profitent, pour refuser
la flexion, de ce fait que lorsqu'un objet impressionne la
sensibilité par son contact, cette impression est beau
coup plus forte lorsque le c ontact se produit ou lorsqu'il
cesse que pendant qu'il d ure. Pour vaincre cette diffi
culté, il suffit au cavalier ou bien d'augmenter la sévérité
du contact en rendant les jambes plus énergiques, ou
bien de faire cesser le contact par un desserrement des
doigts, puis de le reprendre aussi tôt en les refermant : à
chaque fois, le mors impressionne la bouche.
Il n'y a qu'à continuer jusqu'à ce que la mobilité de la
mâchoire s'en suive.
Si ces moyens ne suffisent pas, on peut essayer de
garder les doigts d'une main fermée en resserrant et
desserrant alternativement les doigts de l 'autre main.
L'embouchure en reçoit un mouvement de va-et-vient
qui impressionne constamment la bouche. Le cheval se
rend vite compt e par ces différents moyens qu'il ne gagne
rien à garder la mâchoire fixe et se décide à céder sur la
fermeture des doigts, ce qui, somme toute, le gêne moins.
Mais il faut toujours chercher à obtenir l a flexion par
l 'insistance de la fermeture des doigts et des jambes ; le
cheval est ainsi dans les conditions mêmes où il doit sa
voir faire la flexion. Il ne faut recourir aux autres pro
cédés que lorsque celui-ci n'a pas abouti.
— 88 —
Quand la flexion directe s 'obtient facilement au pas, il
faut la demander au trot puis au galop.
On ne devra jamais demander la flexion sur l 'encolure
libre et détendue puisque cette position d'encolure est
particulière aux allures rapides qui exigent que, sans
tirer, le cheval cependant sente bien la main. C ar s'il est
certain qu'au train de course, par exemple, il se fatigue
en tirant très fort, il est certain aussi que lâcher la main
est, dans ce cas, de sa part, signe de détresse ou de
mauvais cœur.
Flexion latérale.
La flexion latérale est la conceession que font la nuque
et la m âchoire en tournant la tête face à droite ou à
gauche, lorsqu'une action dissymétrique des rênes arrête
une extension d'encolure.
La mâchoire cède dans la flexion latérale comme dans
la flexion directe.
La nuque cède en faisant faire à la tête un quart d'à
droite ou d'à gauche.
Comme la flexion directe, la. flexion latérale ne doit
se demander que dans le ramener et, pour commencer,
au pas. Pour l 'obtenir à droite, par exemple, il faut
marquer une résistance sur la rêne droite directe qui
amène la tête dans la position voulue ; la rêne gauche
agit alors pour limiter c e mouvement et concourir avec
la rêne droite à l 'obtention de la concession de mâchoire.
Pendant la flexion, les rênes droites sont directes, les
- 89 -
rênes gauches agissent par opposition sur l 'encolure et
la tê te est à droite du plan vertical de l 'axe. Pour ces
raisons, le po ids de Pavant-main est porté à droite et le
cheval s'engage dans le tourner.
On peut éviter que le cheval tourne en donnant la
llexion. Il suffit po ur cela que les rênes droites agissent,
non plus parallèlement au plan vertical de l 'axe, mais
diagonalement de droite à gauche.
Le poids de l'avant-main peut ainsi être reporté égale
ment sur les deux épaules, ce qui laisse le cheval
marcherdroit.
Les difficultés qu' on rencontre sont de différentes
sortes. Le plus souvent, le cheval résiste de la bouche et
de l'encolure et aide sa résistance parle poids de sa
masse en s'arc-boutant sur l 'épaule gauche, si on
demande la flexion à droite, par exemple. Il n'y a alors
qu'à agir très énergiquement des jambes pour donner
une action vigoureuse tant aux rênes directes qu'à celles
d'opposition. Dès que le poids sera jeté à droite, la
résistance sera rompue et le cheval donnera plus facile
ment une concession.
D'autres fois, au contraire, sous l 'action des aides
employées, le cheval incurve toute l 'encolure delà nuque
à l 'épaule. Nous avons vu qu e c'est une flexion défec
tueuse et combien il importe de s'en garer : pour y arri
ver, il s uffit de passer trois rênes, dont la rêne droite de
bride, dans la main gauche : on se sert comme rêne
directe de celle qu'on tient dans la main droite tandis
qu'on appuie l 'autre rêne droite contre l 'encolure pour
l 'empêcher de s'incurver à droite.
— 9° —
En ne contrariant que progressivement par la r êne
d'opposition l'incurvation prov oquée parla rêne directe,
le cheval finit par incurver de moins en moins son enco
lure à la base et de plus e n à la nuque.
A partir de ce moment il suff it, pou r obtenir la flexion
par des aides régulières, de diminuer peu à peu l 'action
de la rêne droite d'appui, de manière à ce que la rêne
droite directe finisse par obtenir seule la flexion correcte
de la nuque.
Quand ce résultat est obtenu, on fait concourir les rênes
gauches à l 'obtention de la flexion de mâchoire.
Il arrive aussi, a ssez s ouvent, que le bout du nez cède
seul à l 'action des rênes directes, la nuque et la partie
adjacente restant dans le plan vertical de l 'axe.
Ce fait s e produit, lorsque la nuque ne se décontracte
pas suffisamment. On la fait céder en relevant les rênes
gauches de manière à les faire agir par opposition près du
haut de l'encolure.
Quelquefois enfin, le cheval cherche à résister à la
demande de flexion à droite en couchant son encolure à
gauche. On remédiera à cette faute en agissant encore
par l 'opposition des rênes gauches appliquées à l 'endroit
où l 'encolure devrait rester droite.
La flexion latérale est utile po ur plusieurs raisons :
1°. Elle dé place le poids de l'avant-main du côté vers
lequel on marche.
Ce déplacement est provoqué à la fois par l 'action
des rênes directes, par celle des rênes opposées et par
l 'incurvation du haut de l 'encolure plaçant la tête hors du
— 9i —
plan vertical de l'axe. Pour les déplacements obliques
ou parallèles, c'est un appoint nécessaire.
2° La flexion latérale fait regarder le cheval du côté
vers lequel il marche.
Si le cheval ne regardait pas le terrain à parcourir, sa
direction serait aussi difficile que celle d'un cheval
aveugle. La flexion latérale fait regarder l 'animal du
côté vers lequel elle déplace le poids de l'avant-main,
c'est-à-dire du côté vers lequel on marche. Dans ces
conditions le cheval peut régler ses foulées et mesurer
ses mouvements.
3° La flexion latérale établit entre l 'avant-main et
l 'arriére-main une indépendance relative qui permet de
donner aux épaules e t aux h anches, dans le tourner et
sur les deux pistes, un mouvement propre, tout en les
laissant liées les unes aux autres ' .
4° Enfin la flexion latérale habitue le cheval à localiser
les déplacements latéraux de l'encolure dans la nuque
et les parties immédiatement adjacentes.
Quand cette habitude est prise, l 'encolure est liée aux
épaules, et, lorsqu'on a besoin de déplacer latérale
ment la position de la tête, on ne risque plus de voir le
cheval donner ces flexions latérales au garrot qui isolent
l 'encolure du reste du corps et lui enlèvent ses proprié
tés directrices.
I . C'est quelque chose d'analogue à ce qui se produit pour une baguette flexible qu'on incurve en la tenant par ses deux extrémités. Toutes les deux sont dans des directions différentes et chacune d'elles cependant ressent l'action de la force qui agit sur l'autre.
LA MISE EN MAIN
La mise en main est l 'état grâce auquel le cheval
remet, en quelque sorte, la disposition de toutes ses
forces actives entre les mains de son cavalier. Elle com
porte un équilibre dont la stabilité peut être rompue à la
plus légère sollicitation par toutes les forces du cheval
tendues et prêtes à agir.
Je ne saurais mieux comparer le cheval, dans la mise
en main, qu'à une tige élastique ployée par deux forces
qui en rapprochent les extrémités. Q u'une de ces forces
soit supprimée ou diminuée, la tige se détend de son
côté. Ainsi fait le cheval dans la mise en main : il a une
élasticité qui est la résultante de toutes ses puissances
tendues et retenues par les aides ; qu'on augmente ou
diminue l 'intensité d'une des aides, toutes les forces
vives concentrées par la mise en main s'échappent du
côté où elles sont le moins vivement sollicitées ou rete
nues, entraînant à leur suite un changement d'équilibre
et de sens dans le mouvement.
La mise en main comporte naturellement la souplesse
absolue de tout le cheval et l 'engagement des propul
seurs : la souplesse pour rendre possible le changement
immédiat de l'équilibre ; rengagement des propulseurs
pour les rendras maîtres de la masse et leur permettre
de l'actionner suivant la nouvelle position du centre de
gravité.
C'est assez dire qu'il n'y a de mise en main que s'il y
a élévation de l'encolure et décontraction complète de
— 93 —
la nuque et de la mâchoire : par conséquent, pour mettre
son cheval en main, il suffit que le cavalier le tienne dans
le ramener et prêt à donner la flexion dès que l'action
des doigts la sollicite.
Il va d e soi que la mise en main ne doit pas être con
tinuelle : elle exige une tension musculaire qu'on devra
faire cesser quand on voudra mettre le cheval au repos ;
il ne faudra pas l 'employer non plus, quand on deman
dera la rapidité maximum d'une allure, parce qu'elle sup
pose une position d'encolure et une souplesse de nuque
et de mâchoire tout à fait défavorables à la vitesse.
Lorsque le cavalier sait obtenir et conserver la mise
en main, il est maître d'amener le poids vers les hanches
par le ramener, ou vers les épaules par la descente
d'encolure, ou de côté par la flexion latérale et par l 'ac
tion prépondérante d'une jambe, le tout s ans effort de sa
part et, grâce aux flexions, sans résistance de la part du
cheval. Les aides peuvent donc manier l 'animal comme
elles l 'entendent puisqu'elles peuvent le mettre dans les
différents équilibres qui lui sont nécessaires. Il est pos
sible, par suite, d'aborder l 'étude des mouvements sui
vants dont l 'utilité se fait con stamment sentir dans l 'em
ploi du cheval.
CADENCER LE TROT
Le trot est dit c adencé, lorsqu'il est caractérisé par
l 'isochronisme absolu des foulées, par la détente puissante
des jarrets et par une telle indépendance des diagonaux
— 94 —
que le cheval semble se recevoir dans un équilibre abso
lument stable de l'un sur l 'autre et changer d'appui, non
pas pour conserver l 'équilibre mais pour progresser.
L'allure devient très belle et donne à qui la contemple
une haute idée de la puissance du cheval. Le maximum de
la cadence est obtenu dans le passage, dont chaque temps
est scandé par un arrêt complet et bien marqué sur le
diagonal à l 'appui. Mais le passage est du domaine de
l'équitation savante, Cadencer le trot exige moins de
science et un accord moins complet dans les aides. C'est
un ex ercice que presque tous les' cavaliers peuvent en
treprendre pourvu qu'ils aient un peu de doigté.
Pour obtenir le trot cadencé il faut am ener le diago
nal à l 'appui à supporter la masse dans un équilibre pres
que stable afin que le diagonal au soutien puisse s'éle
ver et détacher son geste en toute liberté.
Supposons le cheval au trot, au moment où le diagonal
d r o i t v a s e m e t t r e à l ' a p p u i . Pour établir l 'équilibre sur ce
diagonal, il faut, d'une part, fermer les doigts sur la rêne
droite directe et sur la rêne gauche opposée, et agir
d'une manière plus pr ononcée de la jambe droite que
de la gau che. Le diagonal droit dispose alors du centre
de gravité. Une remise de main légère permettra à ce
moment au diagonal gauche de se porter en avant. P uis,
lorsque ce diagonal sera sur le point de se mettre à l 'ap
pui, on recevra le cheval da ns les aides inverses de
celles de tout à l 'heure. Le poids de la masse sera
alors saisi par le diagonal gauche comme il l'était p ar le
droit.
Le cheval est ainsi envoyé d'un diagona l sur l 'autre et
— 9 ) —
maintenu e n équilibre sur celui qui est à l 'appui pendant
que l'autre prononce son geste.
Lorsque le cheval est un peu mou ou manque de sou
plesse à la jambe, on peut le préparer à cadencer le trot
en le balançant dans des contre-changements de main ser
rés, sur deux pistes. On le contraint par là à des inver
sions de direction qui l 'obligent aussi à inverser son
équilibre sous l 'action diagonale des aides. Il est alors
prêt à se laisser cadencer. Au reste, s'il est vrai que,
pour cadencer le trot, il faut une certaine délicatesse
dans les aides, il es t certain que la difficulté est con
sidérablement amoindrie par les réactions qu'on res
sent.
Cet exercice est très important dans l 'équitation
courante, car c'est en cadençant le trot qu'on arrive le
mieux à l 'étendre. C'est pourquoi j 'en ai parlé ic i-, c'est
pourquoi aussi j 'engage tous les cavaliers, ne fussent- ils
soucieux que de donner du brillant et de l'extension aux
allures de leurs chevaux, à prendre la peine de les caden
cer. Quelques leçons suffisent pour obtenir d'excellents
résultats.
ÉTENDRE LE TROT '
Lorsque le cheval est habitué à se laisser cadencer,
rien n 'est plus facile que d' étendre son trot. Les jambes
I. Le trot étendu, q ui est celui dans lequel les foulées sont très longues, n'est pas forcément un trot vite ; pour qu'il le devienne, il fa ut encore et surtout que les foulées se répètent rapidement.
agissent comme pour obtenir la cadence ; mais elles
ont à commander une grande impulsion afin que la
détente des propulseurs fasse parcourir à la masse un
espace plus étendu pendant le temps de suspension.
La mise en main doit être diminuée ou même supprimée ;
on laissera l 'encolure prendre toute l 'extension possible
et enfin, on donnera sur la main un léger appui qui mette
le cheval en confiance et règle la détente des posté
rieurs.
Le trot naturellement étendu est très rare ; mais il le
devient vite et presque sûrement chez les chevaux qui
ont été soigneusement c adencés et qui sont montés par
un cavalier sachant développer leurs moyens. La monte,
en effet, est pour beaucoup dans la manière dont le
cheval se livre au trot, car toutes les fo rces qu'il met en
jeu et celles qu'il subit s'harmonisent d'autant mieux qu e
le cavalier sait mieux tirer parti des unes et des autres.
RECTITUDE DES DÉPARTS AU GALOP
Pour obtenir des départs droits, c'e st à dire l'a xe du cheval restant exactement dans la direction de la marche, il fa ut que la jambe intérieure intervienne exa ctement au moment et dans les proportions voulues ; car si e lle agit trop tard, elle laisse, dans le cas du départ à droite, venir les hanches vers la droite ; si elle a git tro p tôt elle ne donne pas le temps à la jambe gau che de placer le cheval en vue du départ à droite et, pa r con séquent, d'assurer le départ sur ce pied. Il faut que la jambe droite
— 97 —
reçoive le cheval au moment où il va prononc er le dépla
cement des hanches et où cette tentative de déplacement
a eu seulement pour effet de disposer le latéral droit à
dépasser le latéral gau che.
La rectitude d es départs au galop est nécessaire si
l 'on veut que le cheval soit droit aussi en galopant, ce qui
est indispensable pour deux raisons ; premièrement, s'il
galope de travers, ses propulseurs ne le poussent pas
exactement dans la direction de la m arche ; par suite,
une bonne partie de leur force propulsive est perdue et
reste sans effet utile. Deuxièmement, les hanches étant
en dedans, l 'animal est dans une mauvaise position pour
changer de direction ; il peut même s'arc-bouter sur la
hanche intérieure pour refuser de tourner ; l 'a isance des
mouvemepts en est diminuée. 1 1 en résulte des contrac
tions nuisant à la maniabi lité et à la soumission.
Pour ces raisons, il f aut que le cavalier s'efforce d'ob
tenir des départs droits en môme temps que justes. Il
n'y a pas à se dissimuler que c'est une difficulté réelle
mais dont la nécessité s'impose. Aussi peut-on dire d'un
cavalier dont les chevaux sont toujours droits, en parti
culier au galop, qu'il a une justesse d'aides le rendant
apte à se tirer de toutes les situations délicates qu'on
peut rencontrer en equitation courante.
Certains chevaux s'obstinent à toujours vouloir partir
sur un pied e t jamais sur l 'autre. C'est la conséquence
soit d'une tare, soit d'une facilité marquée à travailler
d'un côté plutôt que de l 'autre. Il y a tout intérêt à ce
que, dès le début, le cavalier reconnaisse et combatte
cette prédisposition en travaillant surtout le côté rebelle.
— ç8 —
Si c 'est une tare qui gêne le cheval, il faudra apporter
beaucoup de ménagements afin d e ne pas l 'irriter ; mais,
qu'on ait affaire à une tare ou simplement à une préfé
rence, la manière de procéder reste celle que j^ai expli
quée plus h aut.
Lorsqu'on demande le départ au galop, il y a une
question de tact qui doit intervenir pour déterminer
l 'intensité précise que doivent avoir les aides ; cette
intensité varie avec les chevaux et les allures ; c'est au
cavalier de l'atteindre sans la dépasser.
J'ai souvent employé l'expression : « enlever l 'avant-
main », parce qu'elle est consacrée, mais il ne faudrait
pas qu'elle fît naître une idée fausse. 11 n'est pas rare, en
etlet, de voir de s cavaliers solliciter leur cheval par des
appels de main ou en tirant sur l es rênes, soi-disant
pour enlever l 'avant-main. La traction des rênes n'a pas
plus de raison d'être ici qu'ailleurs, car ce n'est pas au
cavalier à enlever l 'avant-main, il n'y s uffirait pas ; mais
il doit amener, sans aucune dépense de force, le cheval
à le faire. 11 suffit de le pousser sur les doigts fermés ; a
dose d'impulsion qui ne peut s'échapper en avant fait
rétrograder le centre de gravité et s'emploie d'elle-même
à effectuer ce fameux « enlever » des antérieurs, surtout
de celui qui est déchargé par la r êne d'opposition.
CADENCER LE GALOP
Le galop est une allure susceptible d'une rapidité qui,
même lo rsqu'elle n'est pas exagérée, peut rendre diffi-
— 99 —
eile le maniement du cheval ; il importe donc de le ra
lentir, de le cadencer.
Pour y arriver, il faut profiter de ce que, au deuxième
temps, le cheval marque une extension d'encolure ac
compagnant et aidant le lancer de l 'antérieur qui va battre
le troisième temps. Si les doigts se ferment pour s'op
poser à cette extension de l 'encolure, le cheval tombe
dans la mise en main, le centre de gravité recule et l 'al
lure se ralentit et cela d'autant plus que l'extension de
l 'encolure sera plus fortement marquée ; or, l 'énergie de
cette extension dépend de celle de l'impulsion ; donc
plus on voudra ralentir, plus l 'impulsion devra ê tre forte
et plus, p ar conséquent, les jambes devront veiller à
l 'entretenir ; c'est ce qui permet de ralentir jusqu'au g a
lop sur place sans que l'allure s'éteigne.
11 est des chevaux qui ont le galop naturellement lent,
mais rampant et sans impulsion. 11 faut alors que les
jambes se fassent sé vères pour secouer cette torpeur et
ranimer le geste ; le plus souvent, le mieux sera de
donner à l 'extérieur des galops vites.
Lorsque le cheval galope cadencé dans la mise en
main, l 'encolure est haute, les propulseurs s'engagent et
la bouche et la nuque sont liantes : le maniement est
facile.
Il est plus aisé d'obtenir et de conserver la mise en
main sur le droit que sur les changements de direction et
en tournant large qu'en tournant court. Pour cette raison,
le cavalier doit d'abord rechercher la mise en main en
galopant droit devant lui et ensuite s'efforcer de la con
server sur des cercles d'un assez grand rayon qu'il ne
0 O
— 1 0 0 —
réduit qu'au fur e t à mesure qu'il peut le faire sans pro
voquer des contractions. Enfin, il a borde une difficulté
plus grande, apte à augmenter Taccord et la finesse de
ses aides, en galopant son cheval sur deux pistes sans le
laisser sortir de la mise en main. Les aides à employer
sont les mêmes qu'aux autres allures. Si l 'on veut appuyer
de gauche à droite, par exemple, la jambe gauche dirige
les hanches vers la droite, la rê ne gauche d'opposition
fait d e même pour les épaules, la rêne droite directe
obtient le pli de la nuque à droite; enfin la jambe droite
règle le déplacement des hanches et maintient le cheval
sur la main. L 'assiette se porte légèrement du côté vers
lequel on appuie, tant pour faciliter le déplacement des
hanches que pour conserver une stabilité qui deviendrait
difficile sans cela.
CHANGEMENTS DE PIED
Au g alop, le cheval ne peut tourner facilement que
sur le pied intérieur en raison du mécanisme de l'allure.
Il faut un dr essage approprié, ne relevant pas de l 'équi-
tation élémentaire, pour que le tourner puisse se faire
bien et à faux sur un arc de cercle de petit rayon.
Il en résulte que le cavalier qui galope à droite, par
exemple, et qui veut tourner court à gauche, doit ou
passer au trot ou changer de pied. Si le manque de temps
ou le souci d 'une equitation moins rudim entaire l 'empê
chent de passer au trot, il lui faut demander un change
ment de pied. Ce mouvement consiste dans une in ver-
— 10 1 —
sion complète et instantanée de l'équilibre et du méca
nisme des membres exécutée dans la même foulée.
Pour effectuer cette inversion, il en faut une analogue
dans les aides. Autrement dit, si, du galop à droite, on
veut passer au galop à gauche, il faut : i0 que la jambe
droite prenne la prépondérance qu'avait la jambe gauche ;
2° qu e celle-ci n'agisse plus que pour pousser le cheval
sur la main, lui faire recevoir les indications des rênes et
le maintenir droit; y que la rêne gauche agisse par
opposition ; 40 que la rêne droite agisse comme rêne
directe; 5° que l'assiette se porte de gauche à droite.
Pour que cette quintuple opération obtienne du cheval
un mouvement précis et régulier, il fau t q u'elle soit faite
avec ensemble, tact et décision.
Le cavalier doit s'acheminer progressivement à la s o
lution de cette difficulté et ne p as chercher à la vaincre
du premier coup. A cet effet, il s e met au galop sur la
piste, à main droite, par exemple, puis il exécute une
demi-volte après le demi-cercle de laquelle il passe au
trot pour rejoindre la piste ; en y arrivant, il dem ande le
départ à gauche. Entre le moment où il a quitté le galop
et celui où il Ta repris, il a parcouru cinq ou six m ètres
au trot, ce qui lui a permis d 'inverser tranquillement s es
aides. Il recommence cet exercice tantôt à une main
tantôt à l 'autre, jusqu'à ce qu'il se sente bien maître de
ses aides au moment où il repart au galop. 11 augmente
alors la difficulté en quittant le ga lop un peu plus tard et
en diminuant par conséquent le temps dont il dispose
pour changer ses aides. 11 en arrive ainsi à n'avoir plus
besoin que de deux foulées puis qu e d'une seule. Enfin,
— 1 0 2
quand il sait inverser aisément l 'équilibre dans ce court
intervalle, il demand e au cheval de passer du pied droit
au pied gauche sans temps de trot intermédiaire : c'est
le changement de pied. J'ai dit tout à l 'heure par quelles
aides il convient de le demander. Lorsque le cavalier le
fait corre ctement à la fin de la demi-volte, il s 'exerce à
le demander sur la ligne droite.
Comme dans les départs au galop, il n'y a pas lieu en
commençant l 'é tude du changement de pied, de cher
cher la rectitude complète pendant leur exécution. Mais,
dès qu'on commence à être un peu confirmé dans l 'usage
des aides qui demandent le changement de pied, il faut
s'efforcer de maintenir les hanches exactement derrière
les épaules. Les raisons en sont les mêmes que celles
qui exigent la rectitude des départs au galop, et pour que
les changements de pied se fassent parfaitement droits,
la jambe qui devient intérieure doit agir suivant les indi
cations que j'ai données à propos des départs. Enfin, il
faut chercher à maintenir la mise en main : c'est seule
ment l 'à-propos et la juste pondération des aides qui
permettent d'y arriver si le cheval est suffisamment mis.
S'il ne l 'est qu'incomplètement, ces qualités dans les
aides sont aptes à le perfectionner et l 'amènent à ne
plus se contracter.
Le changement de pied ainsi obtenu est ce qui peut
se demander de plus difficile en equitation courante : il
clôt la liste des exercices aptes à donner au cavalier le s
qualités nécessaires pour utiliser et dominer son cheval
dans les diflérentes circonstances où il peut avoir à l 'em
ployer à l 'extérieur.
CHAPITRE V
I § SAUT D'OBSTACLES
i" Mener le cheval sur l'obstacle
Le cheval ne saute bien que s'il va gaillardement sur
l 'obstacle. O r, pour que le cheval veuille saut er, il faut
que le cavalier, lui surtout, veuille sauter ; il peut alors
transmettre à ses aides la déc ision nécessaire.
Tant que le cheval va droit sur l 'obstacle, il n'y a rien
à changer aux actions des aides. Les rênes doivent être
séparées pour mieux encadrer le cheval en cas de besoin.
Si l 'allure augmente un peu en arrivant à quelques
mètres de l'obstacle, c ela n'importe guère et on peut
laisser cette latitude au cheval qui la demande. C'est ainsi
que les choses se passent avec un cheval allant et franc
sur l 'obstacle. Mais souvent le cavalier doit intervenir
soit parce que le cheval hésite, ralentit, ne se livre pas
ou même s'arrête, soit parce qu'il veut dérober, soit
parce qu'il bourre sur l 'obstacle.
Dans le premier cas, ce sont surtout les jambes qui
doivent intervenir et il faut qu'elles le fassent, n on pas
seulement en arrivant pr ès de l'osbtacle, ce serait trop
— 104 —
tard pour que leur action soit efficace, mais dès que la
première hésitation se manifeste, fût-ce cent mètres avant
de sauter. Puis elles maintiennent leurs exigences tant
que le cheval ne se livre pas ; elles se font encore
plus sévères si les hésitations s'accentuent. Enfin elle s
deviennent particulièrement exigentes au moment où, le
cheval étant arrivé au moment de sauter, il faut l 'y
décider.
Si, malgré ces précautions, le cheval s'arrête, on lui
laisse d'abord reconnaître l 'obstacle, puis on lui fait
prendre un peu de champ, non pas en le reculant ce qui
ne répond que trop à son désir, mais par un cercle, et
on le ramène avec les mêmes exigences. Si deux ou trois
essais restent infructueux, on peut le mettre au pas sur
une assez large volte tangente à l 'obstacle, en le lui
laissant bien regarder, jusqu'à ce que le calme soit
revenu. A ce moment on fait de nouvelles tentatives. Si
elles restent infr uctueuses, il faut se décider à en venir
aux corrections et les donner à l 'instant et à la place
mêmes où se produit l 'arrêt sans chercher à faire sauter
l 'obstacle de pied ferme à moins qu'il ne soit très-bas.
Quand la correction semble suffisante, on reprend du
champ et on s'efforce d'obtenir que le cheval se décide
enfin à sauter.
Dans le cas où l'animal dérobe sans chercher à
s'arrêter, les jambes ont moins à faire et le rôle important
incombe aux rênes pour maintenir la direction. C'est
surtout par la rêne d'appui du côté où le cheval dérobe
secondée par la rêne directe de l'autre côté, qu'on agit
de la manière la plus efficace. Souvent, après une
dérobade, on a avantage à laisser le cheval reconnaître
l 'obstacle avant de faire un nouvel essai. Quant aux
jambes, elles ont à agir avec prépondérance du côté où
vont les hanches.
Enfin l e cheval peut avoir la mauvaise habitude de
bourrer. Je n'ai pas vu que dans ce cas on arrive à de
bien bons résultats en cherchant à le maintenir coûte que
coûte ou à l'arrêter pour repartir ensuite. Il s'insurge
contre les actions nécessairement sévères des mains et
sort de plus en plus du calme qu'il importe avant tout de
lui donner. On obtient un meilleur effet e n se mettant
comme tout à l 'heure sur une voltetangente à l 'obstacle,
mais avec cette différence qu'on doit la décrire à l 'allure
à laquelle on veut sauter. Puis, lorsque le calme est
complet, on profite du moment où l'on fait face à
l 'obstacle pour laisser le cheval l ' aborder et cela à sa
guise. Partant du calme absolu, il finit par n'en plus
sortir, parce qu'il s'aperçoit qu'il n'a plus à redouter une
contrainte pénible.
Il est bien évident que tout ce que je viens de dire n'a
de raison d'être qu'avec un cheval dont le dressage etles
moyens sont suffisants pour lui permettre de sauter
correctement l 'obstacle qu'on aborde. 11 n'y a p as de
plus grosse faute en equitation que de demander à un
cheval de faire ce à quoi il n'est pas bien préparé ou ce
qui dépasse ses aptitudes. Dans ce cas la responsabilité
de ses fautes n'incombe pas à lui, mais au cavalier qui
doit être profondément et en toutes circonstances con
vaincu de cette absolue vérité. Il en e st de même lors
que le cheval manifeste son mauvais vouloir en réponse
— I oó
à des maladresses du cavalier : celui-ci ne doit évi
demment pas alors le corriger mais se perfectionner lui-
même en s'exerçant sur des obstacles plus faciles. Du
reste, tant que l'élève n'est pas déjà d'une certaine
habileté, il ne l ui faut sauter qu'avec des chevaux faciles
sur l 'obstacle, sans quoi il se trouv e aux prises avec des
difficultés trop grandes pour lui et il perd le laisser-aller
et la souplesse sans lesquels il ne saurait faire de progrès
dans cet exercice.
Un cheval m ême bien mis sur l 'obstacle, a besoin
d'être entretenu dans ses qualités et par conséquent de
sauter beaucoup : les points de force qui lui servent dans
le mouvement du saut se développent et l 'entraînement
musculaire con tribue autant que l'habitude à l 'entretien
des qualités déjà acquises et à leur perfectionnement.
Mais, comme la grande fréquence des sauts serait une
fatigue si le cheval était toujours monté, on a grand avan
tage à l 'exercer à la longe.
2° F ranchir l'Obstacle.
Il est nécessaire pour bien accompagner le cheval
pendant le saut proprement dit de connaître exactement
le mécanisme de ce mouvement. Voici quel il est dans la
grande majorité des cas :
îr° phase. Le cheval ferme les angles moteurs de
l'arrière-main et engage ses postérieurs sous son centre
de gravité en élevant et ramenant l 'encolure.
— i o / —
2°phase. Les angles moteurs s'ouvrent pour projeter
la masse par dessus l 'obstacle. L'encolure s'allonge et
concourt par son extension à entraîner le centre de
gravité.
3° phase. L'obstacle étant franchi, les antérieurs se
posent à terre l 'un après l 'autre et reçoivent toute la
masse. L'encolure se relève pour dégager l 'avant-main,
précipiter l 'appui des postérieurs et les amener par là à
s'emparer d'une partie de la masse afin de permettre aux
antérieurs de se dégager.
Enfin l 'encol ure cherche à s'étendre de nouveau.
Lorsque le cheval est amené très vite sur l 'obstacle, il
élève moins l 'encolure avant et après l 'obstacle ; cela
tient à ce que, en raison de son allure, il ne prend p as le
temps d'engager fortement ses propulseurs et de faciliter
l 'enlever de l'avant-main en le déchargeant ; de même,
en se recevant, il g arde son encolure basse pour con
server, en vue d e la vitesse, le bénéfice de la position
avancée de son centre de gravité. On y gagne comme
temps, mais on y perd comme sécurité, car, àia première
phase, l 'avant-main s'élève difficilement, et à la troisième,
il risque de fléchir sous le poids. C'est une des raisons
pour lesquelles beaucoup de chevaux ra lentissent lors
qu'on les amène vite sur l 'obstacle.
Il est des chevaux qui s'enlèvent des quatre pieds à la
fois et se reçoivent de même. Heureusement qu'ils sont
rares, car cette manière de sauter est dangereuse et rui
neuse pour le rein.
Enfin l 'enlever se produit plus ou moins loin de l'obs
tacle. S'il s'a git d'un saut en hauteur il n'est sûr et n'a
— i o 8 —
toute l 'élévation possible que lorsqu'il s e fait à une dis
tance de l'obstacle telle que toute la force de détente
de F arrière-main est employée à le franchir en ne gagnant
avant ou après que le terrain nécessaire. Quant au
saut en largeur, il se fait autant en vertu de la vitesse
acquise que par la détente des propulseurs. On ne
peut donc que le faciliter en laissant le cheval s'étendre
sans toutefois le laisser sortir du train qu'il pe ut fournir.
De la part du cavalier, les aides et l 'assiette doivent
avoir un mécanisme en rapport avec les mouvements du
cheval. Comme celui-ci doit faire un effor t considérable
pour sauter, la grande science du cavalier est surtout de ne
pas le gêner.
Les jambes doivent, le cas échéant, déterminer le
saut et provoquer la détente des propulseurs, mais s e
contenter d'accompagner le cheval, pendant qu'il e st en
l 'air.
La main garde seulement le contact de la bouche
tant que le saut s'exécute normalement et se tient prète
à parer à une dérobade avant l 'obstacle ou à une faute
après. Ce serait, ici, comme dans le départ au galop,
une erreur de croire que les rênes doivent enlever l 'avant-
main ; toute traction ne peut que gêner le cheval au mo
ment où il a le plus besoin de sa liberté d'action.
Pour garder le contact, le cavalier est forcé d'exécu
ter un retrait de main qui accom pagne la bouche dans la
première élévation de la tête, une remise de main lors
que l'encolure se détend et un nouveau retrait lorsqu'elle
s'élève dans la troisième phase. Puis la main se fait plus
I OC)
ou moins complaisante suivant la position qu'on veut
laisser re prendre à l 'encolure.
Tous les chevaux n'étendent pas l 'encolure dans les
mêmes proportions. La plupart du temps, il suff it pour
garder le contact de la bouche d'avancer les mains ;
mais il n'e st cependant pas rare, surtout avec les gros
sauteurs, qu'on soit e n outre obligé de laisser les rênes
glisser dans les doigts ; cela ne doit se faire, bien en
tendu, qu'à la demande du cheval e t de telle façon que
les rênes soient moelleuses sans être abandonnées.
L'obstacle franchi, le cavalier d oit rajuster ses rênes en
évitant soigneuseme nt de donner un à- coup ; une sac
cade ne peut avoir q ue les plus mauvais effets au point
de vue de l'adresse dans le moment même et de la fran
chise dans l 'avenir.
Les jambes et les rênes n'ont, ainsi qu'on le voit,
qu'un rôle négatif dans le saut proprement dit ; il en est de
même de l'assiette qui, mal utilisée , ne peut que le gêner.
Dans la première phase, qui est celle de l'enlever de
l'avant-main, il fa ut éviter de porter le corps en avant, ce
qui chargerait mal à propos les épaules ; mais i l faut évi
ter aussi l 'excès inverse, car si l 'on mettait le corps trop
en arrière, on aurait grand'chance, en raison de la force
d'inertie, de ne pas pouvoir le redresser à temps et de
charger encore et mal à propos l 'arrière-main pendant
la deuxième phase. Le cavalier doit donc prendre une
position intermédiaire qui c onsiste à être assis, mais à
garder le corps sensiblement droit. Les quelques va
riantes qu'il peut y avoir lieu d'admettre, en raison d es
circonstances, doivent être subordonnées à cette double
considération ; i° si F avant-main doit être dégagé, le
centre de gravité de la masse ne doit cependant jamais
être assez en arrière pour accularle cheval. 2° le cava
lier doit être en posture de décharger à temps Tarriére-
main.
Pendant la d euxième phase, au moment où le cheval
est au-dessus de l'obstacle et le passe, le cavalier reste
encore sensiblement droit. S ' il penche son corps en
arrière, il gêne le passage de l'arrière-main ; s'il se
penche en avant, il raccourcit l 'étendue du saut e n fai
sant mettre trop tôt les antérieurs à l 'appui. L'inconvé
nient qui en résulte est évident, s'il s'agit d'un saut e n
largeur; il e st tout aussi réel dans le cas d'un saut en
hauteur, car si le poser des antérieurs est anticipé, celui
des postérieurs l 'est aussi ; l 'arrière-main risque donc
de s'abaisser trop tôt et d'accrocher l 'obstacle.
Enfin, pe ndant la troisième phase, l 'arrière-main ayant
passé l 'obstacle et l 'avant-main étant ou se mettant à
l 'appui, le cavalier doit pencher son corps en arrière,
tant pour décharger l 'avant-main déjà éprouvé par tout le
poids qu'il reçoit que pour éviter d'être projeté en avant,
de « saluer », suivant le terme consacré, par l 'effet du
choc des antérieurs sur le sol.
30 Reprendre le cheval après l'Obstacle.
Quoique cela puisse paraître paradoxal, la façon dont
le cavalier reprend la direction de son cheval après
l 'obstacle influe b eaucoup sur la manière dont l 'animal
I I I
saute : cela se conçoit car la faute qu'on fait souvent
d'exécuter un retrait de main trop rapide et trop brusque
après avoir sauté a pour résultat un à-coup douloureux
sur la bouche. Or il est bien évident que le cheval qui
est soumis à ce traitement non seulement p erd le goût
du saut, mais encore acquiert de l 'appréhension, double
raison pour qu'à l 'avenir il aborde l 'obstacle moins
gaillardement et avec moins de confiance ou même pour
qu'il le refuse en prévision de ce qui l ' attend de l'autre
côté.
Il est don c indispensable après l 'obstacle de ne re
prendre que très progressivement : en s'y prenant de la
sorte, la main trouve l e cheval d'autant plus soumis qu'il
n'a pas l 'habitude de la craindre à ce moment. On peut
même dire que la meilleure manière de corriger un
cheval habitué à se sauver après l 'obstacle, est de le
laisser faire pendant quelques foulées et de ne le re
prendre qu'ensuite et avec ménagement. Peu à peu cette
période d'indépendance devient moins nécessaire et se
raccourcit d'elle-même jusqu'à c e que le cheval remis
en confiance redevienne calme et ne cherche plus à s'é
chapper.
4° Progression à suivre pour apprendre à saider.
La manière de bien mener un cheval sur l 'obstacle, de
le lui faire franchir sans le gêner et de le reprendre sans à-
coup ne se prend pas d'emblée. Le débutant n'arrive à
l 'acquérir que par une décomposition raisonnée des dif-
— 1 1 2
Acuités. Mais avant tout, deux choses lui sont indispen
sables que l'instructeur doit soigneusement développer ;
la hardiesse et la ferme volonté de passer de l'autre côté
de l'obstacle.
Pour commencer, il faut monter un cheval co nfirmé,
sans réactions violentes et embouché avec un simple bri-
don pour que les fautes de main n'amènent pas de désor
dres. Le mieux est qu'un instructeur tienne le cheval à la
longe et que l'élève soit laissé libre de prendre le pom
meau s'il le désire. Le cheval est dirigé au pas puis au
trot et au galop sur la barre placée à terre jusqu'à ce
que le cavalleria passe sans appréhension. La barre sera
alors élevée suffisamment pour que le cheval soit obligé
de la sauter. On la lui f ait franchir en suivant la même
progression dans les allures, mais on ne doit pas se
presser de l'élever davantage. 11 faut d'abord que l'élève
soit familiarisé et rompu avec cette première difficulté
et que pour en arriver là, il saute deux cents, trois cents,
cinq cents fois si c'est nécessaire, la barre à cette faible
hauteur. Ce n'est que lorsqu'il r este lié à son cheval,
sans appréhension et sans contractions d'aucune sorte,
qu'il peut aborder une difficulté plus grande consistant soit
à diriger lui-même son cheval si celui-ci était à la longe,
soit à sauter la barre un peu plus haut. Si l 'on n'en vient
à cette petite augmentation de la difficulté qu e lorsque
le cavalier se tire tout à fait bi en du saut sur une moindre
hauteur, les progrès sont rapides parce qu'alors en réa
lité le cavalier sait sauter. Cette science dépend unique
ment des soins apportés au début, vu que le mécanisme
du saut est exactement le même sur 30 centimètres de
hauteur que sur i m. 50 et plus. Le tout est de conser
ver l 'allant et la confiance qui sont nécessaires au cava
lier com me la franchise l 'est au cheval. On y arrive en
abordant progressivement des obstacles variés soit en
hauteur soit en largeur, soit au manège, soit à l 'extérieur
et on ne les choisit plus sévères qu'au fur et à mesure
des progrès. Grâce à cela, le cavalier n'est jamais pris
au dépourvu par une difficulté tr op grande pour lui e t il
en acquiert tout à la fois la gaillardise sur l 'obstacle et
la science du saut.
§ II. TRAVAIL A LA LONGE
Autant il faut estimer peu l e travail à pied proprement
dit, autant on peut recommander le travail à la longe ; il
a, en effet, de nombreuses utilités. Outre qu'il peut être
utilement e mployé pour le dressage à l 'obstacle, il est
extrêmement commode pour donner un travail sûr e t
réglé. Si, en effet, on est empêché de monter un che
val en travail et obligé de le confier à un aide ou si une
cause d'indisponibilité nécessite un travail léger, la
mise à la longe permet de doser le travail sans danger,
sans crainte d'abus et d'une manière appropriée aux
besoins du moment.
Pour mettre un cheval à la longe, le mieux est d 'em
ployer un caveçon dont la muserole métallique soit
doublée de cuir ou de feutre. La longe doit avoir une
longueur de 12 à 15 mètres environ et être assez légère
pour laisser aux actions de la main toute leur intégrité ;
— 1 1 4 —
on rattache à l 'anneau de muserole du côté de l'intérieur
du cercle.
La manière de tenir la longe à son importance, car si
on l 'enroule autour de la main, le cheval, en s'échap-
pant, peut serrer les doigts et les désarticuler. Il faut
passer la longe dans la main d'avant en arrière et d'arrière
en avant, de manière à ce qu'elle soit tenue à pleine
poignée. Cela étant fait, pour mettre le cheval sur le
cercle, on saisit la longe contre le caveçon, puis on se
porte en avant en même temps que le cheval tout en
tournant largement à gauche, par exemple, si on veut le
faire travailler à main gauche. On le laisse ensuite conti
nuer seul en lui rend ant cinq à six mètres de longe e t
on se met soi-même sur un cercle d'environ deux mètres
de diamètre qu'on parcourt en même temps que le cheval
marche sur le sien. On a soin de se tenir à hauteur de sa
croupe de manière à être en posture de l 'inciterà marcher :
on l'amènerait au contraire à ralentir ou à s'arrêter si on se
déplaçait en marchant en avant de lui. La longe est
tenue par la main gau che et la chambrière par la main
droite, d'autant plus bas et plus loin derrière le cheval
que celui-ci en a moins besoin. La longe doit être ten
due sans traction.
Si le cheval vient vers l 'intérieur du cercle, on marche
sur lui et, au besoin, on élève la chambrière à hauteur
de son épaule pour le forcer à s'éloigner. Si, au con
traire, il tire sur la longe on opère de fortes tractions et
on rend brusquement après chacune de manière à rom
pre l 'équilibre qu'il cherche à prendre. On peut aussi le
faire travailler pendant quelques tours sur un cercl e très
petit.
Au travail à la longe, les actions de la main sont uti
lement secondées par celles de la voix. Pour ralentir, on
dit sur deux tons différents e t sans crier : « h o, ho ! —
ho, ho ! » P our arrêter, on dit de même « holà ! holà ! »
— en traînant sur les deux syllabes.
11 est important que le cheval s 'arrête droit sur le cer
cle afin que, lorsqu'on voudra le reporter avant, il n'ait
pas tendance à se rapprocher ou à s'éloigner du centre.
Pour cela, il n'y a qu'à l 'arrêter souvent et à le remettre
droit toutes les fois qu'en s'arrêtant il tourne les épaules
ou les hanches vers l ' intérieur du cercle.
Lorsque le cheval n'est pas naturellement bien équi
libré et bien cadencé, il faut le faire trav ailler surtout à
la main qui exerce plus particulièrement les membres les
moins actifs. Mais si l 'on n'a pas à lutter contre ce dé
faut, il importe que le travail soit égal aux deux mains ;
sans quoi on pourrait fortifier certains membres au détri
ment des autres, ce qui romprait la symétrie des allures,
rendrait le cheval gaucher ou droitier et lui fe rait mar
quer une répugnance à travailler du côté le moins exe r
cé.
A la longe, aucune faute ne doit se produire sans être
rectifiée de suite. La grande indépendance dont jouit le
cheval lui permettrait, sans c ette précaution, de prendre
de mauvaises habitudes qu'on ne lui ferait perdre que
difficilement.
Le travail à la longe, si utile dans bien des cas, e st
— 1 1 6 —
excellent en particulier pour entretenir le cheval dans
l 'habitude du sau t. Comme il n'est pas monté, on ne ris
que pas de le fatiguer en le faisant sauter cinquante ou
soixante fois et même plus dans la môme leçon, avec
quelques repos plus ou moins longs suivant son é tat et
la hauteur des obstacles. Ce serait exagéré et fatigant
de lui en dem ander autant monté.
En d ehors de la question d'entraînement, la fréquente
répétition du saut en rend le mécanisme familier : le
cheval en acquiert de l 'adresse et la maîtrise de son poids
et de ses forces en vuejde l 'effort à fournir.
Cependant le travail à la longe sur l 'obstacle ne con
serve ses avantages que s'il est bien dirigé. Voici com
ment on peut le donner. On met d'abord le cheval sur
un cercle, près de l 'obstacle, à l 'allure à laquelle on veut
faire sauter. On le lui fa it parcourir jusqu'à ce qu'il s 'y
comporte bien, puis on s'avance progressivement de
manière à ce qu'au moment où on veut qu'il franchisse
l 'obstacle, on soit sur le bord de ce dernier et un peu
en avant. Si l 'obsta cle est appuyé à un mur, on laisse le
cheval pr endre la piste, sinon on le dirige vers le milieu
de l 'obstacle. De toutes façons, on lui permet de se
redresser quelques mètres avant de sauter et de
marcher droit quelques mètres après. S ans que la longe
devienne lâche, on la laisse glisser sans résistance au
moment du saut et on a soin d'év iter un -à-coup lors
qu'on veut faire reprendre la marche en cercle.
Si le cheval aborde bien l 'obstacle, la chambrière
reste passive ; s 'il le refuse ou hésite, il f aut la montrer
— 1 1 7 —
derrière lui ou même l 'agiter ou enfin, au besoin, l 'en
toucher plus ou moins fort sur les fesses.
Toutes les fois qu'on veut prendre un obstacle d 'ap
parence nouvelle, il e st bon d'en approcher d'abord le
cheval et de le lui laisser regard er à son aise.
CHAPITRE V
CHEVAUX DIFFICILES
Il n'est pas bon pour un cavalier tout à fait à ses
débuts de monter des chevaux difficiles. Ce qu'il lui
faut d'abord, pour travailler avec fruit et progresser
rapidement, c'est acquérir de la confiance. 11 ne le peut
qu'en commençant par monter des chevaux faciles ne le
mettant pas dans des situations dont il n e sache pas se
tirer. Mais il en est autrement lorsqu'il a acquis un peu
d'expérience et d'habileté. A partir de ce moment, il ne
peut faire d e réels progrès qu'en se trouvant de temps
en temps aux prises avec quelques difficultés. D'ail
leurs, toute question de progrès à part, les chevaux tou
jours faciles sont rares, aussi est-il nécessaire que le
cavalier se familiarise, d ès que ses progrès le lui per
mettent, avec les difficultés qu'il peu t avoir à rencontrer
par la suite. Nous allons examiner celles qui se mani
festent le plus souvent et la manière de les combattre.
CHEVAUX RÉTIFS
Les chevaux rétifs s ont souvent l es meilleurs : il y a
longtemps qu'on l 'a dit et nombreux sont les cavaliers qui
I 20
l 'ont expérimenté et l 'expérimentent journellement. Pour
être devenu ou resté rétif, il faut que le cheval ait ass ez
de volonté pour ne pas vouloir céder à des aides mala
droites. Or cette volonté ne se montre et ne se déve
loppe que si elle est secondée par u ne réelle puissance
et par des forces dont le cheval a conscience. Pour la
vaincre, il faut d'abord essayer des moyens doux parmi
lesquels on doit compter en première ligne l 'emploi
d'aides justes, puis la patien ce et enfin les récompenses
après les concessions, récompenses d'autant plus
sérieuses que l 'obéissance s'est fait attendre plus long
temps. La grande majorité des chevaux rétifs le sont
parce qu'ils ont été mal montés ou maltraités. Leurréti-
vité cè de lorsque la manière de faire change. Si on con
tinuait à se montrer violent avec eux, on ne ferait que les
ancrer davantage dans leur mauvais vouloir. Le cavalier
qui m onte un cheval rétif doit donc se montrer ferme,
certes, mais aussi patient et calme, La modération dans
les premières exigences, accompagnée d'une patiente
insistance qui ne cesse qu'avec la concession, sont les
meilleurs éléments du succès, il n'y a que lorsqu'on ne
constate aucun progrès bien qu'on soit sûr de demander
avec justesse, e t cela pendant plusieurs jour s de suite,
qu'on peut se décider à se montrer sévère. A ce moment,
il faut continuer, bien entendu, à surveiller étroitement
les aides e t, lorsqu'on reconnaît que le cheval sait p ar
faitement ce qu'il doit faire et désobéit en connaissance
de cause, il ne faut plus de pitié et on corrobore l 'action
des jambes dans les proportions ou c'est nécessaire,
par l 'éperon ou la cravache ou par les deux ensemble.
1 2 1
Il est indispensable que les mains restent indépendantes
des jambes et résistent ou cèdent, suivant le besoin, sans
que les attaques les dérangent.
Dans ces luttes, le calme et la maîtrise de lui-même
sont une nécessité absolue pour le cavalier. S'il s 'énerve
ou s'irrite, il frappe à tort et à travers, souvent même
lorsque la concession se fait, et au moment où il devrait
récompenser, il châtie encore. Il n'en faut pas davan
tage pour rendre le cheval encore plus rétif q u'il n'est ;
il aurait été bien préférable de ne pas chercher à le domi
ner e t de le renvoyer à l 'écurie ou chez le m archand.
Voici com me exemple de l 'application de ces prin
cipes, la manière de les mettre en pratique d ans le cas
de rétivité le plus fréquent qui est celui du cheval rétif
aux jambes. Il manifeste son mauvais vouloi r en refu
sant d'avancer ou en s'arrêtant lorsque les jambes lui
ordonnent de marcher. Pour employer d'abord les
moyens doux, on essaie de mobiliser latéralement les
épaules par des actions de rênes ou les hanches par des
actions latérales des jambes. Si on arrive à obtenir
ainsi un mo uvement de côté, on tâche d'en profiter pour
lui substituer un mouvement d'arrière en avant qui, dans
ces conditions, se produit assez souvent. Si ce procédé
ne donne pas de résultat et si on dispose d'un aide,
celui-ci prend le montant de filet et cherche à porter le
cheval en avant, ou encore il se met à quelques mètres
devant lui et lui montre quelque gourmandise p endant
que le cavalier fait sentir ses jambes.
Toujours la concession doit être suivie immédiate
ment d'une récompense : caresse ou gourmandise. Habi
— 1 2 2 —
tuellement, après avoir été obtenues une t 'ois, ces con
cessions se renouvellent de plus en plus facilement, de
sorte que les moyens détournés qu'on a employés finis
sent par devenir inutiles et l 'obéissance, suitnormale-
mentla seule demande des jambes. Avec le cheval qui
se comporte ainsi, il y a gros à parier que la violence
aurait moins bien réussi ; elle aurait eu, en tous cas, l ' in
convénient qu'elle comporte toujours et qui est d'empê
cher l 'obéissance d'être aussi calme et de bonne grâce
que si elle est due à de bons procédés.
Malheureusement ceux-ci ne suffisent pas toujours et
avec un cheval bien décid é à l ' insubordination il faut en
venir tôt ou tard à la violence. Lorsqu'on y est contraint,
il faut le faire avec décision et attaquer de la manière la
plus sévère avec les éperons et au besoin avec la crava
che. On répète les attaques avec d'autant plus de rapi
dité et d'énergie que la concession se fait plus atten
dre. Plus les coups sont serrés et rapides, moins le
cheval a le temps de se ressaisir et de leur répondre par
des défenses. Au milieu de s bonds plus ou moins désor
donnés auxquels ils se livre, il y en a un à un moment
ou à l 'autre qui s e produit d'arrière en avant, surtout si
les rênes n'agissent pas, ce qui, dans tout le cours de
cette leçon, est particulièrement important. Il faut alors
laisser le cheval s 'engager dans le mouvement en avant,
de quelque côté que ce soit, puis le reprendre tranquil
lement : un à-coup de la main serait déplorable à ce mo
ment ; on met alors au repos et on récompense. Après
cette concession, on en demande plusieurs aut res, au
— 1 2 3 —
besoin par les mêmes moyens, jusqu'à ce que l 'obéis
sance soit entière et immédiate.
Il est important que le cavalier qui en vient à donner
cette leçon ne se fasse pas désarçonner. S'il doute de sa
solidité ou s'il la sent faiblir, qu'il prenne le pommeau
plutôt que de se laisser jetter à terre, ce qui donnerait
au cheval une fâcheuse confiance en lui-même.
Quelquefois la rétivité tient à ce que l 'animai souffre
de quelque tare ou maladie. Il importe que le cavalier le
reconnaisse et qu'il ne prenne pas pour de la mauvaise
volonté ce qui n'est qu'une répugnance bien naturelle à
affronter une douleur. La manière d'être du cheval per
met de se fixer facilement su r ce point. Lorsqu'on a
reconnu qu'il souffre, le mieux est d'éviter autant qu'on
le peut de le mettre dans les conditions où la do uleur
se manifeste tant que la cause pathologique subsiste.
En dehors des chevaux rétifs, il en est qui sont peu
reux, encensent, portent au vent, s 'encapuchonnent,
trottinent, s 'emballent, etc. Ces difficultés se traitent par
des moyens que j 'ai exposés dans un autre traité. 1
I. « D ressage et Emploi du cheval de selle » 2 e éd ition, p. 282 et sq.
1
.
TITRE III
SOMMAIRE ET PROGRESSION
DU DRESSAGE DU CHEVAL DE TROUPE
OBSERVATIONS GENERALES
Les procédés dont il va être parlé sont aptes à
donner a ux chevaux de iroupe un d ressage suffisant pour
eux et pour les cavaliers qui les montent mais ne sauraient
donner la maniab ilité et les autres qualités qui doivent
distinguer le cheva l d'officier.
Il ne saurait être donné, à priori, de date fixe,
pour l 'exécution des divers exercices. En principe, il
faut suivre les progrès des chevaux et non les précéder.
On devra seulement s 'arranger pour obtenir le degré de
dressage exigé par le règlement aux époques qu'il
désigne.
On peut diviser le dressage du cheval de troupe
en 2 périodes : i™ Période : préparation.
2" P ÉRIODE ; de dressage^
I 26 —"
i r c PÉRIODE
PRÉPARATION
11 y a 4 résultats à rechercher.
i0 Mettre en condition ;
20 Mettre en confiance ; calmer, soumettre ;
30 Mettre dans l ' impulsion ;
40 Dresser sommairement à la l onge.
i0 Mettre en condition 1 . — Résultat nécessaire
pour permettre au cheval de supporter le dressage. —
Longs temps de pas ( 1 /2 h. à 3/4 d'heure) ; longs temps
de trot lent (jusqu'à 1 /2 heure au b out de 6 semaines) ;
temps de galop très lent (jusqu'à 10 minutes au bout
de 6 semaines sans souffler ni suer).
Pour prendre le galop, pousser au trot jusqu'à l 'ob
tention du galop (particulièrement dans les coins si l 'on
est au manège, ou sur un cercle) : si les chevaux partent
faux ne pas s'en préoccuper.
S'ils s 'excitent et dès qu'ils s 'excitent, passer au pas
par résistance des rênes, calmer, en se mettant, si c 'est
nécessaire ou possible, en sens inverse.
Repartir lorsque le calme est revenu.
La mise en condition s'acquiert concuremment avec la
recherche des trois autres rérsultats : elle se maintient
et se développe par la suite du dr essage.
I . Les indications qui suiv ent diffèrent de celles qu' on tr ouvera au t i tre V parce qu' i l s 'agit ici de préparer de jeunes chevaux à pouvoir s upporter le dressage sans fat ig ue. Au t i tre V, on envisage la préparation de chevaux adultes à un service sévère.
— 1 2 7 —
2". Mettre en confiance, calmer, soumettre.
Résultat nécessaire à obtenir pour que le cheval écoute
et accepte les leçons ultérieures.
Récompenses continuelles. Interdiction absolue des
moyens violents. Faire passer à l 'allure inférieure et môme
arrêter, jusqu'à preuve d'un calme complet, les chevaux
qui s 'excitent. S'ingénier à trouver les moyens de faire
obéir sans être sévère, particulièrement en ayant recours
à un aide à pied ou monté sur un vieux cheval. Ne jamais
céder. Attendre la concession avec calme et patience,
la récompenser de suite et d'autant plus qu'elle s 'est fait
attendre plus longtemps. Recommander de prendre le
pommeau plutôt que de se cramponner aux rênes. Travail
à la longe d'abord sur de très grands cercles qu'on
raccourcit quand les chevaux sont calmes.
Promenades à l 'extérieur aussi longues que possible
(2 heures et même 3 heures ) ; longs temps de pas entre
coupés de temps de trot très lent. Ne pas craindre de
faire ces temps de pas dans du terrain un peu diflicul-
tueux obligeant les chevaux à être attentifs et par consé
quent, à la longue, à se calmer. Ne trotter que sur du
terrain uni.
Pendant les trois ou quatre premiers mois, les chevaux
n'étant pas complètement sous la domination d es aides,
les laisser ensemble pour ces promenades afin d'éviter
les difficultés.
Appliquer ces prescriptions dans la mesure où le
permettent la température, les heures disponibles, les
circonstances, etc.
— I 28 —
3° M ise en impulsion. — Doit se rechercher dès les
premières leçons ; consiste à apprendre aux chevaux à se
porter en avant par la sollicita tion simultanée des deux
jambes. (L'éperon doit pendant les trois ou quatre pre
miers mois, être recouvert du cache-éperon, j
Chercher à obtenir directement ce résultat par la
pression modérée des mollets ; si cela ne suffit pas, par
quelques légers battements des jambes.
Si cela reste insuffisant, s e mettre derrière le maître
d'école et faire sentir les jambes pendant qu'il se porte
en avant, ou se servir d'un aide à pied tenant le montant
du bridon pour solliciter le cheval à se mettre en marche ;
pendant ce temps, faire agir les jambes. Au besoin, faire
présenter de l 'avoine ou une gourmandise quelconque ;
la donner lorsque la mise en marche s'est produite. De
toutes façons, s 'efforeer de l 'obtenir le plus tôt possi
ble par l 'action des jambes seules .
Si, par hasard, il devient de toute nécessité, ces
moyens ayant échoué, d'en venir aux attaques, l ' instruc
teur monte le cheval lui-même ; ne pas insister pour qu'il
parte dans une direction donnée et attaquer jusqu'à ce
qu'il s'élance en avant dans quelque direction que ce soit.
Reprendre doucement, récompenser, recommencer
aussi souvent que cela est nécessaire, mais avoir pour
objectif d'en revenir, dès que possible, aux moyens
doux.
Pour augmenter l 'autorité donnée aux jambes par ces
divers moyen s, il est excellent de recourir, pendant les
séances qui se font au manège, ou sur du bon terrain à
l 'extérieur, à de fréquentes accélérations du trot qu'oq
poussera plusieurs fois sur les lignes droites ou, dehors,
sur une centaine de mètres, à sa plus grande vitesse.
Veiller à ce que les cavaliers laissent les chevaux libres,
mais non abandonnés.
Pour ralentir, ne pas se servir des jambes et se con
tenter de remplacer les complaisances de la main par sa
fixité.
Ne pas chercher à ralentir rapid ement. Lorsque les
chevaux sont au pas, interdire formellement aux cavaliers
de mouvoir constamment leurs jambes, sous prétexte de
faire accélé rer le pas. Ce résultat doit s 'obtenir par d es
demandes aussi espacées que possible des jambes,
celles-ci redevenant Inactives dès qu'une accélération a
été obtenue et tant qu'elle dure.
4° Dresser sommairement à la longe.
Ce dressage n'a pas besoin, pour les chevaux de
troupe dont on ne veut pas faire des chevaux de voltige,
d'être poussé loin.
Le caveçon doit être rembourré soigneusement.
Le cheval étant au pas, l 'homme lui c ède un peu de
longe et marche à hauteur de la hanche. Si le cheval
bondit, reprendre de la longe et résister. S'il fait face, le
saisir près du cav eçon et le remettre sur le cercle. S'il
s 'obstine, passer en arriére de lui et lui montrer la cham
brière jusqu'à ce qu'il se p orte en avant. Pendant qu'il
est sur le cercle, l 'homme en décrit aussi un, mais plus
petit, en se maintenant à hauteur de la hanche. Recom
mencer cet exercice aux deux mains.
Pour ralentir ou arrêter, reprendre de la lon ge dans
les proportions nécessaires. Pour accélérer ou prendre
une allure supérieure, faire un appel de langue ou élever
la chambrière en arrière.
Dès qu'une concession ou un progrès sont o btenus,
caresser. Ne jamais céder ni rester sur une désobéis
sance.
RÔLE DES RÊNES PENDANT LA PREMIÈRE PÉRIODE
Les chevaux doivent être en bridon le plus l ongtemps
possible, ce qui ne comporte l 'emploi de la bride qu'une
quinzaine de jours avant l 'époque exigée par le règle
ment. Lorsque les chevaux la supportent, revenir au
bridon.
Ne se servir des rênes, pendant la première période,
que dans le but de maintenir l 'allure et la direction sans
chercher en aucune façon la souplesse de la bouche, les
ralentissements ou arr êts immédiats, ni les changements
de direction à petit rayon ou corrects.
Pour obtenir les arrê ts ou ralentissements, les cava
liers doivent seulement résister sur leurs rênes.
Pour tourner, ils doivent ouvrir la rêne qui se trouve
du côté où ils veulent aller; puis, à ce moment, la main,
sentant la bouche du cheval, résiste sur cette rêne.
L'autre main ne doit pas bouger et résiste moins for
tement.
I I
PRATIQUE DES PREMIÈRES LEÇONS
Les chevaux sont amenés en main au manège, peu
sanglés à l 'écurie, un peu plus en arrivant au manège.
Un ou deux cavaliers sont montés sur de vieux che
vaux et on a, si possible, autant de cavaliers à pied que
de chevaux, jusqu'à ce que ceux-ci soient absolument
calmes au montoir.
Leçon du montoir. — Un homme à pied se place
devant le cheval ; il ne le tient qu'en cas d'absolue né
cessité et seulement pendant le temps indispensable. Le
cavalier qui doit monter le cheval s 'en approche tranquil
lement, tout en le caressant et lui parlant ; il remue le s
rênes, les étriers et étrivières, les quartiers de la selle,
il prend la crinière et la tire ; tout cela doit se faire sans
grands gestes et jusqu'à ce que le cheval reste immo
bile et plac é d'aplomb. A ce moment, engager le pied
dans rétrier sans que la pointe du pied touche. Si le
cheval ne bouge pas, peser légèrement d'abord, plus
fort ensuite, jusqu'à en venir à s'enlever et à se mettre en
selle. Caresser. Si le cheval bouge et à quelque moment
que ce soit, le cavalier à pied doit prendre doucement
les montants du bridon e t s 'opposer au cheval mais non
le tirer ; pendant ce temps, l 'homme qui doit monter à
cheval se remet sur pied et suit le cheval tranquillement
en marchant aussi vite que lui e t à hauteur de son
épaule, soit qu'il tourne, soit qu'il recule. Ne s'arrêter
qu'en môme temps que lui. Refaire un e nouvelle tentative
pour le monter.
Dans le cas où l 'on n'a pas d'aide à pied, le cavalier
s 'y prend de même, mais en remettant lui-même son
cheval en place lorsqu'il a bougé. Avec l es chevaux qui
s 'obstinent à reculer dès qu'on veut les monter, il fau t
reculer en même temps qu'eux jusqu'à ce qu'ils s 'arrê
tent. Renouveler la tentative à ce moment.
Recommencer jusqu'à ce que le résultat soit obtenu.
Au besoin, s 'aider en donnant de l 'avoine.
Exiger que les hommes aient les rênes ajustées dans la
main gauche avant d e monter et récompensent lorsqu'ils
sont en selle et lorsque le cheval est immobile.
Lorsqu'un cheval est particulièrement difficile au mon -
toir, l ' instructeur le tient ou le monte lui-même, suiva nt
les cas. Ne pas chercher à monter par violence ou par
surprise.
Dans certa ins cas, il est utile de faire mettre une main
de l 'homme à pied sur l 'œi l gauche du cheval. Lorsque
celui-ci est devenu .calme, le cavalier à pied se place à sa
gauche, le tient par le montant du bridon et le conduit sul
la piste à main gauche ; si cheval est tranquille, i l le lâche
mais march e à côté de lui et le reprend s'il cher che à
bondir. Il ne s 'en éloigne définitivement q ue sur l 'ordre
de l ' instructeur.
L'instructeur pe ut, suivant qu 'il le juge à propos, soit
faire placer les chevaux en reprise derrière le maître
d'école, soit les laisser à distance indéterminée. Lors
qu'il voit tous les chevaux absolument tranquilles, il
commande aux hommes à pied de jes tenir par le mon.
tant du bridon et de les déterminer au trot; chaque
homme monté s'y emploie, si c 'est utile, par des appels
de langue et des actions calmes des jambes.
Dès que les chevaux sont au trot, l 'Instructeur com
mande aux aides de les lâcher et de s'en éloigner t ran
quillement. Il laisse trotter pendant une dizaine de mi
nutes. Si un cheval s 'échappe et bondit hors de la piste,
un homm e à pied doit chercher à le reprendre et le re
conduit su r la piste.
Lorsque le temps de trot a bien calmé les chevaux,
l ' instructeur commande aux cavaliers de passer au pas
en résistant su r leurs rênes, puis d e s'en servir, com me
il a été dit plus haut, pour amener leurs chevaux à l ' in
térieur du manège et les arrêter.
S'il se trouve des chevaux qui ne veulent pas quitter
la piste, on les fait pren dre par des hommes à pied.
Tous les chevaux étant à l ' intérieur du manège et
arrêtés, les hommes à pied s'en approchent et on donne
de nouveau la leçon du montoir.
L'instructeur conti nue d e la sorte sa reprise et règle
le nombre et la longueur des temps de trot, sur le degré
de calme et sur la condition des chevaux. Le dernier
temps de trot doit, en tous cas, se terminer de manière
à ce que les chevaux soient renvoyés secs. La reprise
se finit sur une leçon du montoir, et les chevaux sont
emmenés en main.
Les trois ou quatre reprises suivantes se font de la
même manière en réduisant autant que possible l ' inter
vention des hommes à pied.
— 1 5 4 —
A ce moment, les doublers faits pour amener les che
vaux à l ' intérieur du manège et les arrêts qui ont été
exécutés ont amené l 'ensemble des chevaux à tourner et à
arrêter au moins après quelques sollicitations ; cela suffit
pour que l ' instructeur puisse les mener dehors, faire
quelques longues promenades au pas coupées d'un ou
deux temps de trot, si la température et le tableau de
travail le permetten t.
Dans les reprises suivantes, l ' instructeur continue les
leçons du montoir et, tout en réglant se s allures de ma
nière à rechercher la mise en condition, il s 'attach e à
obtenir le calme et l ' impulsion.
Lorsque ces résultats sont obtenus d'une manière
satisfaisante, le moment est venu de passerà la deuxième
période ou période de dressage proprement dit.
2e PÉRIODE
DRESSAGE PROPREMENT DÎT
5 résultats à rechercher :
i0 Rendre les chevaux obéissants à l 'action latérale
des jambes, ce qui est surtout nécessaire pour permettre
de les assouplir.
2° Rend re les chevaux obéissants aux rênes.
30 Utiliser l 'obéissance acquise pour obtenir les départs
au galop.
4° Augme nter l 'obéissance aux aides et assouplir par
les demi-tours sur les hanches et l 'appuyer.
— 13 5 —
5» Soumettre les chevaux aux nécessités du travail
d'armes et d'extérieur.
1" Rendre les chevaux obéissants à l'action latérale
des jambes.
Travail au pas ralenti sur un très petit cer cle ; faire
sentir la jambe int érieure; assiette à l 'extérieur. Récom
penser dès que les hanches sont venues à l 'extérieur.
Lorsqu'elles y viennent sans peine, ne plus s 'aider de
l 'assiette; au fur et à mesure des progrès, augmenter le
cercle pour laisser plus à faire à la jambe. Enfin lorsque
celle-ci suffit à déplacer les hanches vers l 'extérieur,
profiter d'un moment d'obéissance pour passer direc
tement du cercle sur la ligne droite en conservant pendant
quelques pas le déplacement des hanches.
En venir à obtenir ce déplacement sur la ligne droite
sans partir du ce rcle. Lorsqu'on y est arrivé, le cheval
sait que l 'action d'une jambe doit amener les hanches du
côté opposé.
Recommencer cet exercice pendant quelque temps
pour le rendre bien familier; ne pas redresser mais porter
le cheval droit dans la direction de son axe pour l 'habituer
à toujours tendre à se porter en avant.
Demi-iour sur les épaules.
On augmente ensuite la mobilité des hanches en ensei
gnant le demi-tour sur les épaules. Pour cela, déplacer
— 1 ;ó —
les hanches pendant la marche en ligne droite, profiter
d'un moment de bonne obéissance pour ralentir beaucoup
les épaules en entretenant le mouvement des hanches.
Lorsque celles-ci ont gagné un ou deux pas su ries épaules,
porter le cheval droit devant lui en le récompensant.
Quand cet exercice se fait couramment bien, deman
der le demi-tour sur les épaules de pied ferme.
Se contenter d'abord d'un petit déplacement de hanches.
Ne pas se préoccuper, surtout au début, d'empêcher
les membres antérieurs d'avancer un peu. Terminer
toujours le mouvement en portant le cheval droit devant
lui.
2° Rendre les chevaux obéissants aux rênes.
A. Dans le mouvement en avant, tarrêt et le recaler.
Cela revient à empêcher les chevaux de tirer, car il ne
saurait être question, avec les chevaux de troupe, de
rechercher la légèreté.
On ne cherche à leur faire faire de sérieux progrès
sous ce rapport que lorsque leur mise en condition per
met de leur do nner de longs temps de trot et de galop.
Pendant ces temps de trot et de galop, on recommande
aux hom mes de compter beaucoup moins, pour arriver
à empêcher les chevaux de tirer, sur des effets de rênes
que sur la continuité de l 'allure et de se contenter de
résister aussi mo ëlleusement et tranquillement q ue pos
sible et sans tirer.
Néanmoins, si quelques chevaux cherchent à gagner
fortement à la main, il s doivent être arrêtés sans à coups
- 1 3 7 —
au moment où leur allure menace de devenirdesordonnee,
puis calmés complètement soit à l 'arrêt, soit au p as.
Les remettre tranquillement au galop .
Recommencer autant de fois que cela est nécessaire.
Au besoin les faire galoper à main inverse.
Afin d'é viter des résistances que les hommes de troupe
ne sauraient vaincre, il faut qu 'ils tende nt à laisser, dans
les limites du possible, leurs chevaux s'équilibrer seuls.
Ils doivent par suite laisser galoper avec des rênes lon
gues, quoique ajustées, et par conséquent, d'abord, ne
pas tir er, mais seulement résister quand cela est néces
saire ; ensuite, rendre progressivement dès que l 'allure
s 'est suffisamment ralentie ; enfin, résister de nouveau,
sur des rênes aussi longues que le permet le résultat à
obtenir, si elle tend à s'accélérer encore.
Recaler
En même temps que ce travail, on peut enseigner le
reculer que les chevaux de troupe doivent pouvoir exé
cuter. Polircela, les chevaux étant arrêtés, l ' instructeur
recommande aux cavaliers de les mobiliser légèrement
avec les jambes d'abord et ensuite, au moment où le
mouvement en avant se produirait, de les solliciter à
reculer avec des rênes longues en évitant toute contrainte,
par résistances intermittentes des doigts.
Arrêter dès le premier pas, récompenser, porter en
avant, recommencer.
- ' 3 0 -
Apporter toute la patience et le temps voulus : le
résultat est certain. Si cependant quelques chevaux pré
sentaient des difficultés particulières, o n pourrait, avant
de demander le reculer, mobiliser les ép aules latérale
ment par les rênes ; profiter du mouvement obtenu pour
reculer. On peut encore faire mettre pied à terre et
demander le reculer au cheval non monté.
Choisir, pour l 'exécution de ce travail, le mom ent où
les chevaux paraissent tirer, pendant un temps de galop
par exemple.
.Ralentissement et arrêt.
il est nécessaire que les chevaux au trot ou au galop
puissent s 'arr êter rapidement. On ne cherche à les y
amener que lorsqu'ils restent à ces allures sans tirer.
Pour y arriver, l ' instructeur comm ande souvent plusieurs
arrêts consécutifs. Ceux-ci doivent être exécutés par
résistances sur les rênes, résistances intermittentes,
d'abord pour obtenir des ralentissements successifs. Au
fur et à mesure des progrès que l ' instructeur constate, il
recommande de résister plus fermement et d'une manière
de plus en plus con tinue. Il doit interdire formellement
les effets de force d'avant en arrière.
B. Dans le mouvement circulaire. — Il n'y a pas de
moment précis pour faire ce dressage qui a été com
mencé dès les premières leçons par rênes d'ouverture.
Il continue chaque jour, particulièrement pendant la
deuxième période, l ' instructeur recommandant, dès qu'il
— ' 3 9 —
en reconnaît la possibilité, d e diminuer l 'ouverture de la
rêne, puis faisant exécuter des voltes (par quelques cava
liers seulement à la fois) de plus en plus serrées.
Les aides à employer pour l 'exécution des voltes et
tourners sont les suivantes :
Jambes agissant également pour empêcher un ra len
tissement accentué. Si les hanches s'échappent d'un côté,
soutenir plus fermement la jambe de ce côté.
Rêne directe du côté vers lequel on veut tourner, ame
nant légèrement la tête de ce côté (bien se garder d'exa
gérer). Lorsque cette position de tête est obtenue, faire
agir l 'autre rêne en portant légèrement la main qui la
tient du côté du tourner. Cette rêne agit ainsi par appui
ou o pposition ; elle rend les épaules et par suite tout le
corps solidaires de la direction prise par la tête et l 'enco
lure.
Peu à peu les chevaux devront être habitués à ne tour
ner que par la rêne d'appui, commòie cela est nécessaire
pour la conduite à une main. On y arrive en se servant
de moins en moins de la rêne directe sur les tourners et
particulièrement les voltes, de manière à en venir à ne
plus se servir pendant la dernière partie du mouvement,
puis pendant le mouvement to ut entier, que de la seu le
rêne d'appui.
3° Utiliser l'obéissance acquise
pour obtenir les départs au galop.
Les tourners au galop ne se demandent que sur le
bon pied.
— iifò —
Cela nécessite qu'on puisse obtenir des départs justes.
On enseigne aux chevaux à partir sur le pied voulu par
le cavalier, lorsque les demi-tours sur les épaules ont
rendu les hanches tout à fait obéissantes.
Pour amener le s cavaliers à obtenir le départ sur le
pied qu'ils veulent, on le leur fait toujours demander su r
le pied de l ' intérieur du manège.
L'instructeur, le s ayant mis au trot, leur reco mmande
de porter les mains légèrement du côté du mur, d'amener
un peu le s hanches à l ' intérieur et, lorsqu'elles y s ont,
d'agir également des deux jambes. Si un cheval part
faux, reprend re tranquillement le t rot ou le pas, rede
mander le départ ; ne jamais manquer de caresser lors
qu'il est obtenu juste.
Peu à peu, quand il en voit la possibilité, l ' instructeur
recommande aux hommes de restreindre le déplacement
des hanches, mais ne doit pas leur faire rechercher cette
rectitude absolue qu'il doit obtenir de ses propres che
vaux et qui est du domaine d'une equitation plus déli
cate.
Si un cheval se montre particulièrement difficile au
départ su r un pied , l ' instructeur doit le travailler lui-
même.
4° Augmenter l'obéissance aux aides
et assouplir par les demi-tours sur les hanches
et l'appuyer.
A. Demi-tour sur les hanches. — La mobilité des
épaules et par conséquent l 'obéissance aux sollicitations
— 1 4 1 —
latérales des rênes, est aidée et confirmée par l 'étude
du demi-tour sur les hanches.
On l 'enseigne lorsque les chevaux donnent quelque
peu leurs hanches sur la ligne droite. Pour arriver par
cet intermédiaire au demi-to ur sur les hanches, on de
mandera à celles-ci de se déplacer sur la ligne droite
puis, à un moment donné, la jambe qui les déplace cesse
d'être aussi active et les rênes agissent comme pour
faire tourner le cheval du côté où il dé place ses han
ches.
Le déplacement préliminaire de l 'arrière-main l 'amène
à se fixer, tandis que l 'avant-main fai t un ou deux pas
autour de lui. Por ter en avant sans retard, récompenser.
Recommencer en augmentant le nombre de pas de
l 'avant-main.
Porter en avant après chaque essai.
B. L'appuyer. — Tout le travail qui vient d'ê tre ex
pliqué, consistant en mouvements circulaires de difficul
tés graduées, en demi-tours sur l es épaules et sur les
hanches, en accélérations et ralentissements d'allure,
arrêts, reculers, assouplit les chevaux.
Le dernier et le meilleur assouplissement est l 'ap
puyer ; il doit s 'enseigner lorsque les mouvements précé
dents sont exécutés facilement.
De plus, les premières leçons doivent être données à
deux ou trois chevaux au plus à la fois sous la surveil
lance immédiate de l ' instructeur.
Les chevaux marchant sur le droit, l ' instructeur fait
déplacer un peu les hanches d'un côté, par exemple à
— 1 4 2 —
droite. Puis-, pro fitant de ce que l 'obéissance et le calme
sont complets, il d it aux cavaliers de continuer les effets
de jambes, mais d'amen er par la rêne droite directe et la
rêne gauche d'appui les épaules du même côté que
les hanches et de tâcher de faire marcher leur cheval
pendant deux ou trois pas en maintenant c et effet. Au
bout de quelques tentatives, si ce n'est à la première,
les épaules e t les hanches se déplacent simultanément
vers la droite pendant un court instant.
Veiller de près à ce que ce déplacement se fasse en
même temps d'arrière en avant puis porter les chevaux
droit devant eux dans la direction de leur axe. Récom
penser ; au fur et à mesure des progrès, demander un
plus grand nombre de pas.
Rendre cet exercice familier aux hommes et aux che
vaux et en user souvent sur la piste ou en dehors d'elle
et sur le s lignes circulaires. Exiger que les hommes por
tent souvent leurs chevaux droit devant eux, ne fût-ce
que pendant un ou deux pas. N'appuyer que très tard
(ou même jamais) le tête au mur.
5" Soumettre les chevaux aux nécessités
du travail d'armes et d'extérieur.
A. Sortir du rang. — Commencer cet exercice dès
que les aides ont sur le cheval une action réelle, un
mois ou un mois et demi après le début du dressage.
Plus on le commence tôt, moins il présente de difficulté.
Si on en rencontre, mettre le cheval diff icile entr e deux
— 1 4 3 —
autres chevaux seulement : le porter en avant. En ca s de
refus les voisins s 'en écartent. Recommencer jusqu'à ce
que ceci n e soit plus nécessaire. Encadrer alors le che
val entre quatre chevaux, puis entre un plus grand
nombre. Si de nouvelles difficultés se produisent,
recommencer en ne mettant qu'un cheval de chaque
côté.
Si ce procédé reste inefficace, faire écarter les voisins
et rec ourir à un aide maniant une chambrière et placé
derrière le cheval ; récompenser toutes les fois que la
difficulté est résolue.
Revenir fréquemment à cet exercice pour tous les
chevaux.
L'indépendance des chevaux les uns vis-à-vis des
autres est utilemement confirmée et accrue si on les fait
travailler isolé ment, ainsi qu'il a déjà été dit, dès que les
circonstances le permettent.
B. Coniaci et bruit du sabre. — On peut poser en
principe q ue les chevaux difficiles au s abre le sont de
venus par suite d'un manque de précautions.
Commencer ce dressage dès que les ch evaux savent
suffisamment aller à la longe, c'est-à-dire au bout d'un
mois environ.
Le cheval portant un caveçon, on approche de lui un
des sabres de bois dont les escadrons sont déten
teurs, on le lui montre, on le lui passe doucement sur
l 'encolure, les flancs, la croupe, les cuisses et les canons
postérieurs e t cela jusqu'à ce que l 'animal reste abso
lument immobile et sans crainte ; y consacrer le temps
— 1 4 4 —
nécessaire. Lorsque ce résultat est acquis, mettre le
sabre de bois dans le porte-sabre, l 'agiter en le laissant
retomber sur le flanc et la cu isse.
Agir progressivement, de manière à obtenir l ' indiffé
rence absolue. Faire ensuite tourner à la longe aux trois
allures, d'abor d à main droite, main à laquelle le sabre
ne risque pas d'atteindre les canons postérieurs.
Aux premiers signes de crainte ou d'énervement, re
venir au point où le cheval reste ca lme. User de récom
penses avec d'autant plus de générosité que le cheval se
montre plus impressionnable.
Quand l e calme est complet à la longe, on met le
sabre en bois aux chevaux montés pendant plusieurs
promenades un peu longues.
On recommence ensuite les mêmes exercices de la
même manière en remplaçant le sabre en bois par le four
reau du sabre ordinaire, puis par ce dernier complet. On
a soin d'hab ituer le cheval au bruit de Tarme avec autant
de progression que pour l 'habituer à son contact.
Si un cheval se montre particulièrement impressionné
par le choc du fourreau sur le canon postérieur gauche,
on peut, pendant quelque temps, mettre une guêtre à
cette jambe ; mais c'est presque toujours inutile si l 'on a
agi avec la progression voulue.
C. Bruit des détonations des armes, des musiques. Vue
des fanions, étendards, etc. — Comme complément de
dressage, il est nécessaire de préparer les chevaux de
troupe à ne pas s'effrayer de ces divers objet s. Pour y
arriver, on leur fait entendre d'abord de faibles détona-
— 145 —
lions à quelque distance, puis on leur donne un peu
d'avoine qu'on leur laisse manger pendant que les déto
nations se font entendre plus près et plus fortes.
Chaque détonation ne doit se produire que lorsque le
calme est complet.
On agit de même pour le bruit des instruments de
musique, la vue des fanions, des mannequins, etc.
D. Le sani. — Partie capitale du dressage qu'il est
indispensable de mener avec une sage progression si
l 'on veut éviter les défenses et acquérir une franchise
absolue.
Lorsque l e dressage est commencé depuis deux mois
ou dix semaines, mettre en travers de la piste une ou
deux barres. Les cavaliers tenant leurs chevaux en main
leur font passer ces barres en se suivant à une distance
de deux ou trois mètres. Si un cheval refuse, le mettre
derrière un vieux cheval. Faire passer ainsi la barre à
tous les chevaux tenus en main, jusqu'à ce que tous la
passent sans y faire attention. On ne fait passer les
barres par les chevaux montés que lorsque cette indiffé
rence e st obtenue.
Si un cheval monté fait quelque difficulté, le faire tenir
par un ai de ou faire mettre pied à terre à son cavalier
pour recommencer le travail précédent.
Après obéissance, remonter le cheval.
Lorsque tous les chevaux montés passent la barre sans
changer d'allure et avec la même indifférence q ue non
montés, on la laisse en permanence sur la piste, pendant
tout le cours des reprises qui se font au manège.
— I z|.Ó
A partir de ce moment mettre la barre à terre sur la
ligne du milieu et la faire passer fréquemment aux trois
allures en faisant doubler successivement dans la lon
gueur.
Après résultat satisfai sant, re mettre les barres sur la
piste à io ou I ) centimètres du sol. Les faire passer
un certain no mbre de fois, comme lorsqu'elles étaient à
terre. En cas de résistance, faire de nouveau pren dre le
cheval en main ou, pour passer au trot ou au galop, le
mettre derrière un maître d'école ou enfin l ' instructeur
le monte lui-même. En aucun ca s, pendant le dressage,
ne laisser un cavalier user de sévérité devant un obstacle.
Continuer ainsi le dr essage pendant une petite partie
des reprises qui se font au manège, en élevant tr ès pro
gressivement la barre au fur et à mesure des progrès ;
puis, lorsque la franchise est complète sur la piste,
mettre les barres sur la ligne du milieu.
Nota.— i0 Recommander aux hommes de prendre le
pommeau d 'une main les premières fois que les chevaux
sautent.
2° Ne pas empêcher les chevaux de galoper en allant
vers l 'o bstacle quand il atteint 50 ou óo centimètres de
hauteur. Tout au plus recommander aux cavaliers de
résister mo êlleusement aux chevaux qui veulent aller par
trop vite, mais sans chercher à obtenir dès les premières
fois un ralentissement complet. La meilleure manière
d'obtenir le ca lme sur l 'obstacle et la franchise est d'en
nuyer le moins possible le cheval avant et après.
— 1 4 7 —
y Après l 'obstacle, exiger absolument que les che
vaux ne soient repris que très lentement.
4° O n a avantage, particulièrement avec les chevaux
très chauds, à substituer fréquemment le travail à la longe
au travail exécuté suivant les explications précédentes.
A la long e, le cheval pe ut être nu ou monté. Dans ce
dernier cas, le nombre de sauts doit être beaucoup
moins grand.
50 Éviter d'une manière à peu près absolue les luttes,
profiter de toutes l es occasions de récompenser.
Le dressage à la barre étant parachevé avec l 'aide du
temps et de la patience nécessaires, faire sauter des
haies, puis a border de tous petits obstacles naturels en
les faisant passer en main d'abord, puis avec un maître
d'école et enfin les chevaux étant montés et seuls.
Ne passer d'une difficulté à une plus grande que quand
la première est absolument résolue.
51 l 'on dispose d'un couloir, le faire pa sser une ou
deux fois par semaine par les chevaux nus. Dans cet
exercice, éviter de les exciter.
o r d r e d a n s l e q u e l i l y a l i e u d e c o m m e n c e r
c h a c u n d e s e x e r c i c e s q u e c o m p r e n d l e d r e s s a g e
i0 Mise en condition (commence dès les premiers
jours et dure tout le temps du dressage.)
2° Mise en confiance, obtention du calme (même
remarque).
— 1 Zj.ìj —
3" Leçon du montoir \
4° Eléments de conduite / Dans cet ordre, mais
5° Dressage à la longe i presque simultanément.
6° Mise en impulsion /
7° Début du dressage au sabre.
8° Dressage à l 'action latérale des jambes.
9° Dressage à l 'obstacle (barre à terre).
!0° Demi-tour sur les épaules.
iT Dressage aux rênes (ralentir, arrêter, reculer,
tourner).
I 2° D éparts au galop.
I y Demi-tour s ur les hanches,
14» S ortir du rang.
150 Appuyer.
ióo Bruit des armes et vue des objets que les chevaux
ne rencontrent que dans le travai l militaire.
Pour terminer, je rappelle q ue l ' instructeur do it tou
jours se souvenir que la chose la plus importante, on
pourrait presq ue dire la seule nécessaire à enseigner au
cheval de troupe pour qu'il puisse rendre les services
que nous en devons a t tendre , c ' e s t l e c a l m e d a n s
l ' i m p u l s i o n .
n o t a
Lorsque le dressage se fait en deux ans, la progres
sion à suivre reste la môme, chaque période correspon
dant sensiblement à chaque année de dressage et les
quelques indications données relativement à l 'époque où
- 149 —
l 'on peut commencer les différents ex ercices devenant
plus larges. Toutefois, les résultats obt enus pendant la
première période doivent être scrupuleusement entrete
nus et développés pendant la deuxième année. D'autre
part, quelques-uns des exercices constituant le travail de
la deuxième année peuvent être utilement ébauchés pen
dant la première ; notamment le dressage aux rênes, au
sabre et à l 'obstacle, l 'accoutumance aux bruits d e la
guerre, etc.
TITRE IV
QUALITÉS A RECHERCHER POUR LE CHEVAL
DE SELLE
Les qualités à rechercher lorsqu'on choisit un cheval
de selle sont de deux sortes, morales ou physiques. Elles
ont une grande importance au point de vue de la du rée
et de l 'agrément du service que le cheval peut fournir.
C'est le degré auquel elles sont portées qui fait qu'un
cheval est excellent, bon, médiocre ou n'est qu'une rosse.
Aussi est-il utile d e les connaître lorsqu'on doit, sans
beaucoup d'expérience et sans conseils, acheter un
cheval.
CHAPITRE I
q u a l i t é s m o r a l e s
A mon avis, la première des qualités morales à recher
cher chez un cheval, c 'est la générosité. Grâce à elle,
il est toujours prêt à marcher, il a ccélère ses allures
sans qu'on ait besoin de le lui d emander et simplement
parce qu'on le lui permet ; lorsque la fatigue vient, il
semble ne pas la sentir ; il se dépense sans compter et
meurt si son cavalier est assez ignorant, assez barbare ou
assez contraint par la nécessité pour en abuser à ce
point.
La générosité d'un cheval s e reconnaît dès la pre
mière minute. On le sent vibrant ; un rien suffit p our
qu'il se porte délibérément en avant, sans hésiter et sans
marchander Son allure est franche et tride ; pour qu'elle
s 'accélère, il n'y a qu'à laisser faire. Cette qualité est
d'une importance telle quelle ne saurait être excessive. Je
sais bien que son exagération a quelquefois des inconvé
nients : il arrive que le cheval t rop ardent s 'agite avec
désordre, demande à marcher vite quand on voudrait
qu'il allât lenteme nt ; la proximité des autres chevaux
— 1 5 4 —
l 'énerve, sa bravoure semble ne pas vouloir admettre de
concurrence et le cavalier qui voudrait s e faire porter
tranquillement et avoir la paix est obligé de s'y employer.
Evidemment c e n'est pas toujours amusant ; cepen
dant on ne doit pas se plaindre de cet excès de géné
rosité, parce qu'avec un pe u d'adresse, avec des aides
calmés et justes, on peut amener le cheval à contenir sa
fougue, à la concentrer, en quelque sorte, pour ne
la laisser éclater que par sa bonne volonté et son instan
tanéité dans l 'accomplissement des ordres de son maître:
ce n'est rien pour un cavalier suf fisant que d'amener un
cheval chaud à devenir calme, tandis qu'il est infiniment
difficile, quelquefois impossible, même au plus habile
écuyer, de rendre généreux l 'animal qui ne l 'est pas.
Par suite des circonstances dans lesquelles il s 'est
trouvé ou de la manière dont il a été monté, le cheval
peut quelquefois ne pas montrer de lui-même ses quali
tés d'allant et ne les avoir, si je puis ainsi parler, qu'à
l 'état latent. Cela arrive en particulier assez souvent avec
les chevaux de pur sang qui sont à l 'entraînement et qui
n'ont jamais travaillé q u'en vue d es courses. A l 'exer
cice, ils sont systématiquement habitués à presque s'en
dormir au pas et au trot, en sorte qu'ils restent quelque
fois d'eux-mêmes aux allures plus ou moins traînantes
qu'on leur a toujours imposées. Ils peuvent ê tre cepen
dant et sont la plupart du temps parfaitement braves.
Le cavalier qui les essaie s'en aperçoit dés qu'il en vient
à des actions quelque peu énergiques des jambes ou des
éperons. Ces demandes sévères font sortir en peu de
temps le cheval d e sa froideur si, sous son apparence
plus ou moins v eule. il ca che une réelle gén érosité. Je
cite c omme se trouvant souvent dans ce cas les chevaux
de pur sang qui sont à l 'entraînement ; mais d'autres
peuvent se comporter de même et il importe au cavalier
qui choisit un cheval de ne pas se laisser tromper par
les apparences et de reconnaître l 'existence d'un allant
qui n'est qu'à l 'état potentiel et qu'il suffit de solliciter
pendant quelque temps dans les proportions voulues
pour qu'il s 'éveille et demeure.
Dans un de ses ouvrages, toujours si pleins d'humour,
M. le marquis de Poudras raconte une anecdote dont
je vais citer les passages principaux p our montrer un
exemple de cette double façon dont les chevaux g éné
reux peuvent montrer qu'ils le sont.
A l a suite de circonstances qu'il serait trop long de
retracer, M. de Poudras fut amené, un jour, à faire lutter
d'endurance, pendant une chasse très sévère, la jument de
son piqueur nommée La Légère qu'il fit monter par Mme
la co mtesse de Sénozan, contre un cheval app elé Cœur
de Lion spécialement amené d'Angleterre pour cette
chasse par un per sonnage que M. de Poudras désigne
sous le nom de lord Henry.
Voici la description que M. de Poudras fait lui-même de
la Légère: « C'était une petite limousine, hors d'âge et dé-
« jà fatiguée qui cachait ses mérites extraordinaires même
(( aux yeux des plus fins connaisseurs. Elle était fleur de
« pêcher comme un cheval de meunier et elle avait les
(( yeu x vairons, ce qui défigure même un bel animal.
« Proide des épaules au départ, on eût dit qu'elle était
« tout au plus bonne pour gagner le rendez-vous... »
— I 5 6 —
Quant à Cœur de Lion, c'était « un cheval vraiment
« admirable par la beauté de ses formes et la vigoureuse
« élégance de ses mouvements. »
En allant au rendez-vous, le contraste s 'accentue :
« Cela fait, on alla frapper aux brisées. La Légère trot
te t ina it toujours la tête basse et le cheval de my lord ron-
« geait son frein et faisait claquer ses dents. »
Puis le cerf est lancé : « Aux premiers cris des chiens,
il se fit une métamorphose complète dans la p iteuse
limousine. Elle releva la tête, dressa les oreilles,
retourna en panache s a queue qui tombait comme un
émouchoir ; son œil blafard lança d es éclairs et quand
les t rompes sonnèrent le lancer, elle bondit comme un
chevreuil et avec la rapidité de la pensée, elle prit la
tète des quarante ou cinquante chevaux qui s 'étaient
comme elle précipités en avant.. . Le cheval de mylord,
l 'œil en feu, les naseaux ouverts, dévorait l 'es
pace... »
Puis pendant un défaut : « Le cheval de mylor n'avait
rien perdu de sa vigueur et sa beauté semblait avoir
gagné. Fièrement planté sur ses quatre jambes fines
et nerveuses, il écoutait le son de la trom pe et son
agitation annonçait qu'il souffrait d'être au repos. Sa
peau fine comm e un velours et son poil lissé par une
imperceptible transpiration laissaient apercevoir un
réseau de veines dans lesquelles circulait un s ang plus
brûlant qu e la lave, plus actif que le vif-argent. Jamais
plus belle bête n'avait attiré me s regards ; je l 'aurais
volontiers achetée au prix d'une de mes terres, mais
je ne l 'aurais point échangé contre La Légère.
a Celle-ci, depuis que la chasse était interrompue,
« avait repris son attitude plus que modeste, une jambe
(( de devant étendue, une de derrière douloureusement
« appuyée sur le bout du sabot, le flanc haletant, le poil
« hérissé et gluant, les oreilles flasques, elle me repré-
« sentait au naturel un pauvre bidet d e poste exténué
« par une course hors de proportion avec ses mo-
<< yens... »
La chasse ayant repris : « La Légère s'était mainte-
« nue à sa brillante allure et même depuis quelques ins-
«. tants, elle mêlait à son galop des bonds de gaîté qui
« témoignaient e ncore plus de sa vigueur que la rapi-
« dité de sa course. Cœur de Lion était toujours superbe
« et rien n'annon çait qu'il commençât à être fatigué, si
« ce n'est sa respiration qui sortait plus bruyante et plus
« pénible d e ses naseaux tendus... Vingt fois, trente
« fois peut-être le cerf avait couru devant nous et à plu-
« sieurs reprises nous l 'avions suivi dans le fourré ; dans
« ces moments-là, la situation de mylord était vraiment
« pénible, car, tandis que la Légère se glissait com me
« une biche sous les gaulis sans s'inquiéter de ceux qui
« la frappaient en se relevant. Coe ur de Lion se jetait
(( avec rage au milieu des cépées ou franchissait les
« buissons qui résistaient à une première tentative ; la
« finesse de sa peau, l 'ardeur de son sang oriental lui
« faisaient supporter impatiemment les obstacles qui
« s 'opposaient à ses efforts, et les coups qu'il recevait
« du hasard et que, dans son inexpérience, il attri buait
« à la brutalité inaccoutumée de son maître, le rendaient
n furiçux : cependant il soutenait la lutte sans désavan-
i 5 8 —
« tage et je ne fis nulle di fficulté de le proclamer plu-
« s ieurs fois le premier cheval du monde. . . après la
« Légère. »
Enfin l 'anim al de chasse débuche : M. de Poudras a
profité d'un arrêt pour relayer ; il continue ainsi son
récit ; « N ous étions toujours en tête et nous avions
« franchi je ne sais combien de haies, de fossés et de
« ravins, quand je crus remarquer que lord Henry, qui
« n'avait voulu prendre ni fo uet, ni é perons, frappait à
« coups redoublés sur le flanc de son cheval qui, tout
« en courant, se tordait quelquefois sous la pression du
« poing de son maître. Je regardai avec plus d'attention
« et je ne tardai pas à découvrir dans la main de mylord
« un objet brillant et aigu et à reconnaître dans cet objet
« un de ces élégants cure-dents d'or guilloché que les
« hommes portaient dans ce temps-là. »
Les chasseurs rencontrent un gros obstacle b ordant
un champ où le cerf fait tête aux chiens. La Légère le
franchit en se jouant ; M. de Poudras le traverse et ra
conte ainsi ce que devint lord Henry : « Je l 'aperçus
<i dans la plus déplorable position que le ciel puisse
« imposer à un orgueilleux : Cœur de Lion refu sait de
« sauter. Il avait planté ses quatre pieds en terre et il
« renaclait devant l 'o bstacle qu'il contemplait d'un oeil
<( déso lé et cependant fier encore, car ce n'était pas le
« courage, mais la force qui lui manquait.
« Lord Henry leva son bras avec fureur ; le cure-
« dents étincela en descendant rapidement... L'illustre
». f ils d 'Arabian-Godolphin fit un effor t désespéré et il
« se trouva à côté de moi dans la prairie ; mais malheu-
— 1 5 9 —
« reusement p our lui dans un endroit marécageux où il
« enfonça jusqu'aux jarrets.
a Son maître le frappa de nouveau ; le noble animal
« pou ssa un gémissement plaintif e t il resta immobile.
« Ses membres tremblaient, ses reins fléchissaien t, sa
<( belle et intelligente tête s'inclinait vers le sol. Alors
« l 'orgueilleux insula ire, convaincu q ue Coeur de Lion
« n'arriverait pas au cha mp de l 'honneur, jeta loin de
« lui le misérable aiguillon don t il s 'était servi et, s 'étant
« précipité à terre, il dégaina son couteau de chasse et
« le plongea jusqu'à la gar de dans le poitrail du pauvre
« vaincu. Cœur de Lion bondit co mme s'il allait s 'élan-
« cer en avant, puis il retomba aussitôt immobile comme
« si la foudre l 'eût frappé. »
Le lecteur ne m'en voudra pas d'avoir quelque peu
longuement mis ou remis sous ses yeux ces lignes tour à
tour exquises et poignantes et, dans sa tombe, M. de
Poudras pardonnera à mon admiration de lui avoir fait
un aussi large emprunt pour montrer mieux que je ne
l 'aurais pu faire, et avec tous leurs contrastes, les caractè
res si différents du cheval généreux. La Légère, mo
deste et ne payant pas de mine, ne montre ses qualités
qu'à l 'épreuve. Cœur de Lion, magnifique d'ardeur et de
bravoure, va jusqu'à ce qu'il tombe, montrant une géné
rosité d'autant plus admirable qu'elle est dépensée
au service d'un maître assez ingrat pour le mal
traiter quand il est à bout de forces, assez sotte
ment et lâchement vaniteux pour le tuer quand il est
vaincu.
— I Ó O —
Il ne faut donc pas, comme je le disais tout à l 'heure,
juger un cheval d'après un premier examen ; c'est quel
quefois seulement après lui avoir demandé des preuves
de qualité, qu'on voit s 'il est capable d'en donner. Il y a
plus, non seulement il peut se faire que des chevaux
ayant l 'air apathique soient susceptibles d'acquérir beau
coup de perçant, mais cela se voit aussi pour des che
vaux parfaiteme nt rétifs qui, lorsqu'ils sont bien entrepris
et montés par des cavaliers énergiques et adroits, se
corrigent et emploient pour le service de leur maître
toute l 'énergie qu'il mettaient auparavant à lui désobéir.
Ils se révoltent parce qu'ils ont le sentiment de leur
force ; quand ils se soumettent, on peut souvent en tirer
ce que des chevaux plus débonnaires seraient incapa
bles de donner.
CHAPITRE II
q u a l i t é s p h y s i q u e s
Je ne parlerai pas de l 'esthétique des lignes. Le beau
cheval est diffi cile à définir parce que les beautés ne sont
pas également estimées par chacun. Tel préfère la ma
nière forte, osseuse et carrée de l 'irlandais ; tel autre
aime mieux les longues et élégantes lignes du cheval de
pur sang anglais ou la gracieuse silhouette de l 'arabe et
de ses dérivés. A part l 'élégance qui é chappe à la dis
cussion, les autres beautés du modèle peuvent être dif
féremment appréciées par chacun.
Mais il en est autrem ent des qualités qui concourent
à assurer un bon service : le cheval doit, au point de
vue dynamique, satisfaire à certains desidérata qui r es
tent étrangers aux caprices du goût ou de la mode. Ce
sujet es t trop vaste pour que je le traite dans ses détails :
je n'en exposerai que les grandes lignes et dans la pro
portion où cela peut être utile pour gu ider le choix du
cavalier qui n 'a pas encore acheté beaucoup de chevaux
et qui veut s 'en procurer un.
Quelqu'utile que soit l 'étude de F extérieur, il ne faut
1 6 2
pas lui donner une importance exclusive. Elle donne de
précieuses indications, mais elle ne les donne pas toutes ;
il f aut les comparer avec celles qu'on n'obtient qu'en
essayant le cheval, parce que les défauts visibles peu
vent être compensés par des qualités cachées et parce
qu'un cheval mal fait peut quelquefois se comporter
mieux que celui qui paraît plus correct, si le premier
marche avec son cœur et si le second n'en a pas.
L'attention de l 'acheteur doit se porter successivement
sur la ligne de dessus, puis sur le corps y compris l 'épaule
et la croupe, et enfin sur les membres dans leurs parties
détachées du corps. J 'adopte cette division bien qu'elle
ne soit pas la plus habituelle, parce q u'elle facilite l 'exa
men en étudiant les régions dans l 'ordre et la position où
l 'œil les embrasse le plus facilement.
§ I". — L A LIGNE DE DESSUS
i» La tête et l'encolure. — La conformation d e la tète
n'a guère d'importance qu'au point de vue de la beauté
plastique. Il importe que son attache soit légère et maigre
et que l 'auge soit ouverte : ces qualités facilitent la posi
tion de la tète utile à la conduite en lui permettant de se
plier aisément sur l 'encolure, tandis qu'une attache
grasse, une auge étroite ou pleine forcent la tête à se
rapprocher de l 'horizontale.
On recherchera une encolure longue et, sinon droite,
du moins plutôt convexe à sa partie supérieure que
concave : dans ces conditions elle se prête au ramener;
— l ôj
sa longueur lui assure un rôle efficace comme balancier;
les muscles auxquels elle sert de base et qui agissent sur
l 'épaule sont eux-mêmes étendus et donnent de l 'ampli
tude aux mouvements. La convexité d e l 'encolure lui
permet de se ployer et de s'étendre. Cependant, il ne
faut pas d'excès dans ce sens, sans quoi l 'encolure,
qui est alors dite cou de cygne , manque de cohésion et
transmet mal à la masse les actions de la main. L'excès
contraire, qui fait d ire que l'encolure est fausse, ou ren
versée, ou en cou de cerf, est encore plus mauvaise : ce
défaut amène le dos et le rein à se creuser; ces contrac
tions sont des plus diff iciles à vaincre e t le cheval est
sujet à porter au vent.
La sortie d'encolure, c'est-à-dire sa direction en sortant
des épaules, doit être dirigée carrément de bas en haut.
L'encolure qui sort horizontalement se relève difficile
ment, son rôle de balancier est amoindri, elle maintient
le p oids sur les épaules ce qui est la condition la plus
défavorable à la maniabilité. L'enco lure à rechercher est
donc longue, droite et se pliant aisément de manière à
ce que son bord supérieur devienne convexe : enfin elle
est bien greffée, faisant dire du cheval qu'il a du chef.
2° Le ga rrot. — Le garrot sert de base aux muscles
élévateurs et fixateurs de l 'épaule ; il doit donc présenter
un b on développement, c'est-à-dire qu'il doi t êt re haut
et se prolonger en arrière; il faut tenir compte qu'il est
ordinairement plus bas chez les juments que chez les
chevaux. Enfin i l doit ê tre bien musclé à sa partie infé
rieure pour assurer un bon maintien à la selle.
/
— i Ó 4 —
3° Le dos et le rein. — Cette région, qui s 'ét end du
garrot à la pointe de la croupe, supporte le poid s du
cavalier : c'est donc à sa puissance que le cheval de selle
doit d'être bon porteur. C'est là une de ses principales
qualités, car s'il supporte mal le poids, il se fatigue, se
contracte, s 'use, est désagréable à monter et inapte à un
service dur. De plus la g êne où le met la charge qui lui
est imposée peut l 'amener à des défenses et à une
mauvaise volonté dont le cavalier devient difficilement
maître puisqu'il n'en peut pas supprimer la cause.
Enfin, le d os et le rein servent de trait d'union entre
F avant-main et l 'arrière-main ; ils ne peuvent remplir
utilement ce rôle s'ils ne sont pas assez robu stes pour
transmettre, malgré le poids, dans de bonnes conditions,
l 'effort des propulseurs et servir de base solide aux
muscles qui co ordonnent les mouvements de l 'arrière-
; main et de F avant-main. De sorte qu'on peut dire q u'un
cheval, fût-il admirablement f ait par ailleurs est, en prin
cipe, mal constitué pour le service de la selle si son
dessus est mauvais.
Les qualités que doit présenter cette région sont ;
a) La rectitude. — Cela va de soi : une tige qui doit
transmettre des efforts longitudinaux, le fait d'autant plus
sûrement qu'elle est plus rigide et plus droite.
La conc avité du dos est surtout néfaste, car elle ne
peut que s'accuser sous le poids : le cheval s 'écrase, la
tige manque de résistance pour transmettre à l 'avant-main
les efforts de l 'arrière-main. La convexité de cette ligne
qui fait dire que le cheval a le dos de mulet, est moins
mauvaise en soi ; ses inçoiwéniçnts résident surtout dans
ses conséquences qui sont l 'épaule droite et la croupe
courte et avalée : de plus, le dos de mulet est suje t aux
blessures occasionnées par le harnachement.
b) La brièveté.— La brièveté apparente de la ligne de
dessus est due à l ' inclinaison et à la longueur de l 'épaule,
à la longueur de la c roupe et au développement muscu
laire, toutes choses qui sont des beautés absolues. Aussi,
la brièveté est-elle une beauté de premier ordre. En
elle-même, elle est aussi nécessaire que la rectitude et
pour les mêmes raisons dynamiques.
c) La direction. — La direction la plus avantageuse pour
le dos et le rein est l 'horizontalité ou une disposition in
sensiblement descendante d'arrière en avant. Si cette
ligne s'incline trop vers l 'avant, le cheval est sur les
épaules : son dos se creuse facilement, et les jarrets
s 'éloignent. Par suite, l 'engagement d es postérieurs et
l 'abaissement des hanches sont difficiles à obtenir dans
de bonnes conditions, ce qui occasionne des difficultés
dans le dressage et la con duite. Enfin, les jarrets s 'éloi-
gnant et ne pouvant pas facilement secourir l 'avant-main,
le cheval est souvent maladroit dans les terrains diff i-
cultueux. Mais il est disp osé aux allures rapides et cette
conformation s'affirme de plus en plus chez les chevaux
de course. Si, au contraire, le dos et le rein sont hori
zontaux ou si F arrière-main est naturellement bas , mais
sans exagération, le ramener provoque sans peine l 'en
gagement des jarrets, les pro pulseurs supportent facile
ment la masse et la manient avec aisance. Cette dispo
sition qui favorise moins que la précédente la vitesse
propre aux allures de course, rend pa r contre la conduite
'— 166 —
facile : le ch eval p rend e t conserve a isément l'équilibre utile au se rvice de hack ses al lures sont en général brillantes et Aères, parc e qu'il e st à son aise pou r se déplacer et mouvoir en to us sen s son poids augmenté de celui du ca valier.
Mais l 'exagération de cette conformation e st nuisible
à la conservation de l 'arrière-main en l 'écrasant sous
l 'afflux continuel du poids. Le travail de s propulseurs se
transmet trop de bas en haut, en sorte que les allures ne
sont pas douées de l 'étendue nécessaire au service de la
selle. Mieux vaut l 'excès contraire du cheval sur les
épaules qui se porte difficilement, mais qui, au moins,
est capable d'avancer.
En résumé, la direction à rechercher pour le dos et le
rein d'un hack est cel le qui permet de dire que le cheval
est fait en montant. Toute fois, à l 'exagération de cette
disposition, il faut préférer la direction descendante vers
F avant-main dont le principal inconvénient est de rendre
le cheval peu maniable sans contrevenir aux autres qua
lités qui lui sont nécessaires.
d) La largeur. — Elle doit être aussi grande que pos
sible dans la région du rein, parce qu'elle lui suppose un
fort dévelop pement squelettique et musculaire. L e dos
aussi doit être large ; cela va av ec une bonne muscula
ture de cette région et une ouverture utile de s rayons
costaux. Cependant l 'excès comporterait la rondeur des
côtes et serait par conséquent mauvais.
, e) Attache du rein. — La manière dont le rein est at
taché d'une part au d os, d'autre part à la croupe, est
d'une importance capitale. Elle est bonne lorsqu'aux
1
-— 16^7 —*
points d'attache la ligne de dessus ne montre aucune dé
pression. Elle est mauvaise dans le cas contraire et alors
le trait d'union entre l 'arrière-main et l 'avant-main man
que de force, les soudures en sont irrégulières, par suite
les forces propulsives de l 'arrière-main sont en partie
perdues et l 'aptitude à supporter le poids est diminuée.
L'attache du dos au rein est rarement défectueuse :
celle du rein à la cr oupe l 'est plus souvent. Cela se ma
nifeste par une dépression dans cette région. Cepen
dant cet indice n'est pas toujours exact : il peut ê tre dû à
une disposition des masses musculaires ou à un grand
développement des pointes supérieures des coxaux dont
la saillie porte alors le nom de bosse du saut. Aussi, lors
qu'on voit une dépression à l 'attache du rein et de la
croupe, il faut vérifier si elle n'est pas due à la bosse du
saut et alors elle se répète généralement, quoique dans
de moindres p roportions, en arrière de cette saillie. On
s'en assure en suivant la ligne lombaire par une pression
modérée des doigts p ermettant d'en explorer la dispo
sition.
4° Ligne de faîte de la croupe. — La longueur de cette
ligne est solidaire d e celle de la cr oupe dont nous nous
occuperons tout à l 'heure ; sa direction doit être telle
qu'elle se détache bien de la ligne allant d e la pointe de
la hanche à celle de la fesse : elle assure ainsi une bonne
épaisseur à l a croupe.
S II. — LE CORPS
i0 Vépaule elle bras. — L'épaule va du garrot à la
pointe de l 'épaule ; elle doit être chez les hacks aussi
oblique que possible. Grâce à cette qualité, en effet, elle
assure une bonne direction de contraction aux muscles
qui meuvent le bras; elle fait avec ce rayon un angle
assez fermé pour être susceptible de s'ouvrir dans de
grandes proportions ce qui donne l 'étendue aux gestes
des antérieurs ; elle va avec une bonne sortie de l'enco
lure ; enfin son obliquité entraîne sa longueur.
L'épaule doit être longue, d'abord pour donner une
bonne base aux muscles, ensuite parce que pour une
même étendue de contraction des muscles qui la meu
vent et par conséquent pour un même eflort, sa pointe
se porte d'autant plus en avant que sa longueur est plus
grande, ce qui permet à l 'antérieur d'embrasser plus de
terrain.
Le bras s'étend de la pointe de l 'épaule au coude. Son
obliquité doit être modérée ; trop incliné, il met l e che
val so us lui ; trop droit, il fait un trop grand angle avec
l 'épaule dont l 'heureuse obliquité perd ainsi un d e ses
avantages.
2° L a poitrine. — Entre autres organes, elle renferme
les poumons dont l 'ampleur est indispensable à une
bonne respiration. Celle-ci est nécessaire à l 'entretien
des vitesses demandées aux hacks qui, par suite, doi
vent avoir des poumons volumineux, ce qui suppose une
poitrine vaste dans toutes ses dimensions considérées de
haut en bas, d'avant en arrière et d'un côté à l 'autre. De
plus les côtes doivent être inclinées en arrière pour que
leur jeu soit étendu et permette l 'amplitude des inspi
rations.
La largeur de la poitrine comporte, dans une certaine
mesure, celle du poitrail. S'il est étroit, la poitrine est
étriquée ; mais sa largeur ne doit cependant pas être
excessive, car elle entraînerait trop d'écartement entre
les antérieurs, ce qui causerait des décompositions de
mouvements défavorables à la progression.
3° Le ventre et le flanc.— Leur examen peut donner
quelques indications sur le tempérament et la manière
dont le cheval se nourrit. Le ventre levreté, le flanc
troussé indiquent en général que les fonctions intesti
nales et digestives se font mal. Toutefois, on ne peut
tenir ces indications pour certaines, car cet état peut
être dû aussi à la fatigue, au manque de soins ou aussi à
un entraînement intensif.
4° La croupe, la cuisse et la fesse. — La croupe est
comprise entre la pointe de la cr oupe, la naissance de
la queue, les pointes des hanches et les pointes des
fesses. Sa direction e t sa largeur se jugent de profil et
d'après les dimensions de la ligne fictive allant
de la pointe de la hanche à la pointe de la fesse. L'obli
quité d e[cette ligne doit être moyenne (environ 30°)
Plus d'horizontalité donne de la vitesse aux allures, mais
I. JACOULEI e t CUOMEL, Trulli! d'hippologie.
diminue l 'aptitude à porter et à manier le poids et éloigne
les jarrets. Plus de verticalité fait travailler le cheval sous
lui et lui enlève de la chasse. La longueur de la cr oupe
ne saurait être trop grande, car elle va avec un dévelop
pement correspondant des muscles qui la me ublent.
Si l 'on rapproche ce que j 'ai dit, d 'une part, de la
longueur du dos et du rein et , d'autre part, de la lon
gueur et de l 'obliquité de l 'épaule et de la croupe, on en
concluera que, relativement à ces dimensions, le cheval
est d'autant mieux établi que la ligne qui joint la hanche
au garrot est plus courte, et que celle qui joint la pointe
de l 'épaule à celle de la fesse est plus longue.
La largeur de la croupe s'examine en se plaçant der
rière le cheval. « Lorsq ue les hanches et les pointes des
fesses sont sur deux lignes tendant au parallélisme et
qu'en même temps la région est large et longue, on dit
que le cheval a un beau carré de derrière, qualité à re
chercher parce qu'elle donne force et vitesse ' . »
L'épaisseur de la croupe se reconnaît de profil ; elle
se compte entre la ligne de faîte et la ligne déjà consi
dérée allant de la pointe de la hanche à la pointe de la
fesse. L'étendue de cette région permet une bonne mus
culature et doit être recherchée.
La cuisse s'étend de la pointe de la f esse au grasset.
Sa longueur est une beauté absolue comme celle de
l 'épaule et pour les mêmes raisons. Elle doit être moyen
nement inclinée ; si elle l 'est fortement, le cheval est sous
lui de derrière ; si elle est trop droite, elle élo igne les
I, GOUBAUX et BARRIER,
jarrets,, favorise les grandes vitesses utiles aux chevaux
de courses, mais nuit à la maniabilité nécessaire aux
hacks.
La fesse, comme, du reste, la croupe et la cuisse,
gagne à être fortement musclée, ce qui se manifeste par
sa longueur et son épaisseur.
§ III. — LES MEMBRES
i0 Membres antérieurs. — Après le corps, l 'examen
se porte tout naturellement sur la partie des membres
qui en est détachée. On les examine successivement d e
profil et de face, à l 'arrêt et en marche.
A l 'arrêt et vus de profil, les membres antérieurs
doivent p résenter les qualités suivantes : longueur de
F avant-bras donna nt de l 'étendue aux mouvements ; lar
geur de cette région attestant sa bonne musculature ;
brièveté du canon, permettant pour une même dimen
sion du membre une plus grande longueur de l 'avant-
bras ; verticalité, grosseur et sécheresse des tendons e t
leur parallélisme avec le canon dont ils doivent être bien
détachés. L'avant-bras et la partie du membre située
au-dessous du genou doivent être dans la même direc
tion, sans qu'au repos leur axe fasse au genou un angle
rentrant o u sortant.
Les boulets doivent ê tre gros et secs. Les paturons
sont à rechercher forts et plutôt co urts que longs : leur
direction doit être sensiblement parallèle à celle de
l 'épaule.
— 172 —
Le bon pied est d'une grosseur proportionnée au
volume de l 'animal. Les talons en sont sensiblement
parallèles à la ligne de pince, leur hauteur varie entre
le tiers et la moitié de la longueur de cette ligne et ils
sont écartés. La fourchette est descendue de ma
nière à s'appuyer sur le sol, saine et volumineuse. Les
deux pieds sont égaux de forme et de volume.
Un pied peut être mal paré et, quoique bien fait, ne
pas présenter les qualités que je viens d'énumérer : il
faut donc vérifier si ses défauts sont réels ou dus à un e
mauvaise ferrure.
Enfin, comme direction d'ensemble, le membre vu de
profil doit être sensiblement vertical lorsque le cheval est
dans son aplomb naturel. Pour l 'y mett re, on le fait
changer de place et on l 'arrête plusieurs fois : son aplomb
normal est celui qu'il prend le plus souvent en s'arrêtant.
Vus de face et toujours à l 'arrêt, les antérieurs doi
vent se montrer épais, ce qui est l ' indice d'un bon déve
loppement musculaire et osseux. Le genou sera recher
ché large et exempt de cicatrices, le boulet et le paturon
forts. Les différentes phalanges, canon, paturon et pied,
seront exactement dans le prolongement les unes des
autres et, ensemble, dans le prolongement de l 'avant-
bras. Dans l eur aplomb naturel, les membres doivent
être verticaux, avoir un écartement tel que les pieds
soient séparés par un intervalle égal à la largeur du sabot.
Toutes les dispositions contraires ont d es inconvénients
au point de vue de la locomotion, si elle s sont accen
tuées ; si les défectuosités sont minimes, i l n 'y a pa s lieu
d'en tenir grand compte.
— i 7 3 —
En marche, les antérieurs doivent se mouvoir dans un
plan parallèle au plan vertical passant par l 'axe du cheval,
sinon celui-ci fauche, billarde, se coupe et tout au moins
perd du temps et de l 'aisance.
2° Membres postérieurs. — Vus de profil, à l 'arrêt, les
membres postérieurs doivent présenter une bonne lon
gueur de la jambe, c'est-à-dire du grasset au jarret, rela
tivement à celle du canon. Elle doi t êt re légèrement in
clinée : trop droite, elle élève les hanches et chasse le
poids vers les épaules ; trop inclinée, elle éloigne les
jarrets du centre, le cheval se porte mal et l 'effet utile d e
ses forces est diminué. Enfin, la jambe d oit être forte
ment musclée.
Il faut rechercher pour le jarret de l 'étendue dans
toutes les dimensions et une ouverture correcte : très
ouvert, il porte le nom de jarret droit, i l per met difficile
ment la venue des appuis sous le centre et, par consé
quent, la maniabilité. D'autre part , il est mauvais que
l 'angle du jarret soit trop fermé, parce qu'alors cette arti
culation trav aille en porte-à-faux et remplit péniblemen t
son rôle d'intermédiaire entre les appuis et les angles
moteurs supérieurs : le cheval s e tire difficilement des
terrains lourds. Cependant, tant que la fermeture du
jarret n'est pas exagérée, et si elle est due à l ' inclinaison
du canon, jointe à une bonne direction de la jambe, elle
favorise la maniabilité en rapprochant les appuis du centre
et les inconvénients précités sont minimes.
Ce qui a été dit de la conformation de s canons, ten-
— 1 7 4 —
dons, boulets, paturons et pieds antérieurs, s 'applique
aux postérieurs.
Quant aux aplombs, on peut dire que, « vu de profil,
le membre postérieur est bien d'aplomb l orsque la ver
ticale abaissée de la pointe de la fesse au sol suit, à
partir du jarret, le profil des tendons et tombe à une
petite distance en arrière d es talons du sabot'. »
Vus de derrière, les postérieurs doivent présenter une
forte épaisseur dans toutes leurs parties. Cette épaisseur
comporte de puissantes masses musculaires pour la
jambe, de larges assises pour les articulations et une
bonne r ésistance pour les rayons. De plus, le plan du
jarret doit être sensiblement parallèle au plan vertical
passant par l 'axe du cheval.
Examinés de derrière, les aplombs sont bons « lorsque
l 'axe longitudinal d e chacun est vertical et qu'il existe
entre les deux pieds à l 'appui un intervalle égal à la lar
geur du boulet2 . »
En marche, les postérieurs doivent se mouvoir sans
trousser, mais d'un mouvement délibéré. Les jarrets,
en particulier, ne doivent pas avoir ce mouvement de
rotation qui les fait dire « vac illants », et qui détruit une
partie de la déte nte des postérieurs.
§ IV. — TARES LES PLUS FRÉQUENTES
L'examen des membres comporte aussi celui de leurs
tares. Les unes peuvent être développées sans gêner en
I. JACOULET et CHO MEL, loc. cit. 3. GOUBAUX et BARRIER.
— ï y ? —
rien le service ; d'autres, quoique peu apparentes, sont
quelquefois très nuisibles; toutes permettent des pronos
tics utiles sur l 'état pathologique de l 'animal.
Aux boulets, il y a lieu d'examiner s'il y a des moieties:
s'il s 'en trouve qui ne soient ni grosses, ni indurées, ni
chaudes, il n'y a pa s à s'en préoccuper beaucoup. S ans
avoir de molettes, les boulets peuvent être empâtés,
gras; c 'est toujours un signe de fatigue et l ' indice d'une
médiocre résistance des tissus de ces régions.
Aux jarrets, les tares les plus importantes et les plus
habituelles sont les vessigons et les éparvins.
Les vessigons sont des tares molles ; ils peuvent êt re
tendineux : ils sont alors oblongs et peu dangereux; ils
peuvent être aussi articulaires : leur forme est plus sphé-
roïdale et ils sont susceptibles d'être très graves, surtout
en raison des lésions qu'ils accompagnent. Si le bon
fonctionnement du jarret et la régularité des allures
donnent à penser que le cheval qui a des vessigons arti
culaires n'en souffre pas, on ne saurait cepen dant rien
en préjuger pour l 'avenir.
Les éparvins sont des protubérances osseuses qui se
trouvent à la partie inférieure et intérieure du jarret.
Cette tare peut rendre un cheval à tout jamais inu tili
sable, comme aussi n e jamais le faire souff rir. Si donc
on reconnaît la présence d'un éparvin, on examinera s'il
ne provoque pas de chaleur, s 'il n'est pas douloureux à
la 'pression du doigt, si en marche, le mouvement du
jarret est régulier. On fait aussi t rotter, arrêter net et
reculer immédiatement ou tourner court sur le jarret ma
lade. Si dans ces différentes expériences, le mouvement
L
de cette articulation est normal et si l 'examen à l 'arrêt
n'est pas défavorable, il y a bien des chances pour que
i 'éparvin n'entrave pa s avant longtemps un se rvice utile
sans être excessif.
Les capelels, grosseurs situées à la pointe des jarrets,
déparent le cheval, mais ne le font presque jamais boîter.
La jarde et le jardon ne sont, eux aussi, que rarement
nuisibles au service immédiat ; ils indiquent plutôt une
fâcheuse prédisposition aux p oussées osseuses, pouvant
affecter le reste du jarret, sinon dès maintenant, du
moins dans l 'avenir.
Les suros se rencontrent fréquemment sur les rayons
osseux. Ils peuvent n'avoir aucune gravité s'ils ne sont
près ni d'une articulation ni d'un tendon ; là, au contraire,
ils sont fort graves et peuvent occasionner des boîteries
inguérissables. Il n'y a donc pas grand compte à tenir
d'un suros bien placé, tandis qu'il faut s 'attendre aux
pires inconvénients s'il l 'est mal.
La névrotomie est une opération chirurgicale qui peut
remettre complètement droit un cheval qui a les pieds
douloureux ; mais elle n'a que rarement un effet du rable
et tel cheval marchant beau lorsqu'on vient de l 'acheter,
peut boiter bas six mois après sans qu'aucune lésion nou
velle se soit déclarée. Lorsque donc on achète un cheval,
il faut toujours s 'assurer qu'il n'est pas névrotomisé, sur
tout si quelque hésitation dans les appuis antérieurs
donne à penser qu'il l 'a ét é. On s'en rend compte en
recherchant s'il n'existe pas de cicatrices longitudinales,
d'ailleurs souvent recouvertes par les poils, et situées
soit à la partie supérieure et intérieure de l 'avant-bras,
- 177 —
soit d'un ou des côtés du haut du boulet à la partie anté
rieure d u tendon, soit enfin da ns le pli du paturon. La
présence d'une cicatrice linéaire et verticale dans une
de ces régions montre que le cheval a été névrotomisé
et qu'on ne peut escompter un long service. La névro-
tomie es t rar ement pratiquée aux membres p ostérieurs.
Les traces de feu, en pointe ou en raies, indiquent
qu'une lésion a été traitée, mais ne permettent en aucune
façon de conclure que cette lésion comporte de fâcheuses
conséquences. L'application du feu est un traitement si
énergique qu'elle obtient très souvent la guérison com
plète. Evidemment, ces traces n'embellissent pas, mais
elles ne peuvent entraîner une certitude de moindre ré
sistance pour la région qu'elles intéressent. On se rend
compte que l 'eflét produit par le feu est satisfaisant s'il
ne reste ni chaleur, ni engorgement, ni sensibilité, et si
le cheval en marche ne montre pas qu'il est gêné dans
la partie traitée. Nombre de chevaux de selle et en par
ticulier de chevaux de pur sang, ont d es traces de feu
aux tendons, aux boulets et même aux paturons des
membres antérieurs, sans que leur qualité com me hacks
en soit le moins du monde diminuée. Si le feu a produit
son effet et si l 'exploration e t l 'essai donnent des indica
tions satisfaisantes, il y a toutes chances pour que le
cheval soit pa rfaitement utilis able com me hack et sou
vent même comme steeple-chaser : un simple tour dans
les paddocks des champs de course d'obstacles suffit à
en donner la preuve.
Le claquage des tendons antérieurs, ou des ligaments
ou cordes qui leur sont annexés, p orte différents noms
— l y S —
suivant sa gravite. Quoi qu'il en soit, cette lésion à l 'état
aigu rend le cheval inutilisable pour tout service immé
diat.
Le claquage se reconnaît à la température élevée, à la
sensibilité ou à la déformation d'une quelconque des
parties postérieures et latérales du membre, entre le
genou et la couronne, symptômes qui sont d'ailleurs
accompagnés ou non de boiterie. Si l 'on n'a pas un be
soin immédiat des services du cheval et si ces lésions ne
sont pas par trop accentuées, on peut compter pouvoir
le remettre sûrement à un service de hack, mais au bout
d'un tem ps variable dans la proportion de quinze jours à
six mois.
Les manifestations extéri eures du claquage, s'il n'est
pas très grave, peuvent être masquées par un repos de
quelques jours e n même temps que par une médication
spéciale : on dit alors que le tendon est blanchi ; i l n'en
est pas moins malade pour cela et pour ne pas s'y lais
ser tromper, l 'acheteur doit toujours explorer les ten
dons avec soin, même lorsqu'ils paraissent sai ns.
La connaissance des tares que nous venons d'exami
ner est à peu près suffisante pour permettre de juger
l 'état de netteté de la plupart des chevaux qu'on a à exa
miner ; mais il en est de plus difficiles à apprécier, sur la
gravité desquelle s on ne peut être renseigné que lors
qu'on a acquis de l 'expérience ou que par l 'avis d'un
spécialiste.
— 179 —
§ V. — CO NCLUSION.
Comme résumé de cette rapide étude de la conforma
tion du cheval, on peut d ire qu'il y a lieu d e rechercher
dans celui qu'on veut acheter :
Une tête d'attache légère.
Une encolure longue, dont le bord supérieur devient
facilement convexe et qui sort crânement des épau
les,
Un garrot élevé, mais surtout porté et prolongé en
arriére.
Un dos et un rein larges, courts, bien attachés et sen
siblement horizontaux.
Une épaule longue et oblique.
Une poitrine haute, large et profonde.
Une croupe longue, médiocrement inclinée, large et
épaisse.
Une cuisse longue et presque verticale.
Des antérieurs verticaux, rectilignes vus deface et de
profil, d'avant-bras longs, forts de charpente, gros dans
leurs rayons oss eux, de tendons gros, bien déta chés et
parallèles aux canons.
Des postérieurs longs dans la jambe ; de jarrets assez
ouverts, étendus dans toutes leurs dimensions et se
pliant sans tourner ; des canons courts. Vus de derrière,
les postérieurs doivent être verticaux dans tous leurs
rayons et peu écartés ;
Une musculature générale puissante et étendue.
— l u O —
Enfin les tares doivent être absentes ou, du moins,
rares et sans gravité, car, outre la diminution qu'elles
apportent aux facultés physiques, elles présagent pour
Tavenir une usure anormale.
Mais si important que soit cet examen, il ne faut pas
perdre de vue que les conséquences qu'on en peut tirer
ne doivent pas être absolues. Un cheval médiocrement
fait dans certaines de ses parties peut en racheter les
inconvénients par les beautés ou les dispositions d'une
autre région. De plus, la générosité du caractère, le
sang, la bonne trempe des tissus sont des qualités qui
peuvent remplacer beaucoup de celles qui manquent par
ailleurs et contrebalancer bien des défauts, au point de
rendre bon un cheval que ses défectuosités de confor
mation pourraient faire prévoir mauvais. C'est à l 'essai
qu'on en juge.
TITRE V
HYGIÈNE ET CONDITION
La bonne hygiène du cheval de selle est assurée par
l 'ensemble des soins dont on Tentoure pour conserver
sa santé et lui faire prendre une nourriture utile comme
quantité et comme qualité.
La condition est l 'aptitude physiologique au tra
vail.
CHAPITRE I
HYGIENE
§ I . — H Y G I È N E A L ' É C U R I E
i0 Installation dune écurie
Ce sujet comporte de nombreux développements utiles
pour qui veut construire des écuries ; je ne le considé
rerai qu'au point de vue plus modeste du propriétaire de
chevaux qui cherche une écurie pour les loger ou qui
désire aménager à cet effet un bâtiment déjà existant.
On doit choisir comme écurie un local pouvant s 'aérer
et s 'éclairer facilement, et élevé. C'est à tort qu'on pense
augmenter le confortable en recherchant des écuries
cubant p eu, sous prétexte qu'elles sont plus chaudes :
l'air s 'y vicie rapidement et la moindre ouverture desti
née à le renouveler y établit sans amendement la tempé
rature extérieure froide ou chaude. Il en est différemment
si l 'écurie est vaste, sans excès. La température dégagée
par les chevaux y entretient en hiver une température suffi
sante, d'äutant moins influencée par la température exté=-
184
Heure qu'il n'est pas nécessaire d'avoir de grandes pri
ses d'air ; celui qui se trouve dans l 'écurie est en quan
tité suffisante pour que l 'ouverture des fenêtres et des
portes pendant le travail suffise pr esque à le renouveler.
En été , il est évident que l 'élévation de la température
intérieure d'une écurie est en raison inverse de ses di
mensions.
11 est indispensable que le sol soit imperméable sans
être glissant et légèrement incliné, de manière à assurer
l 'évacuation immédiate d es urines. Le pavage cimenté
est ce qu'il y a de meilleur à condition d'être repiqué
quand il devient glissant. La terre naturelle ou battue est
ce qui est le plus mauvais.
Comme couverture, les plafonds sont préférables à
toute a utre comme donnant le moins de poussière et se
nettoyant le mieux.
Les fenêtres et portes doivent pouvoir s 'ouvrir large
ment sans risquer, dans cette position, d'atteindre les
chevaux.
L'espace réservé à chaque cheval est limité soit par
des boxes, soit par des stalles, des bas-flancs ou de sim
ples barres. Le premier mode, qui a l ' inconvénient de
demander plus de place, est de beaucoup le meilleur ; il
permet de laisser le cheval en liberté, ce qui est infini
ment plus confortable pour lui que d'être attaché, et lui
donne la faculté de prendre un exercice modéré pendant
le temps qu'il passe à l 'écurie. Toutefois cet exercice ne
doit pas être excessif comme cela arrive avec les che
vaux qui ont l 'habitude d e tourner sans cesse autour de
leur boxe, ne prenant souvent pas le temps de manger.
— 1 8 ^ —
Pour ces chevaux le boxe, ou du moins la liberté conti
nuelle en boxe, est contre-indiqué.
Pour qu'un boxe soit confortable, il fa ut qu'il ait au
minimum 3 mètres dans sa plus petite dimension, l 'autre
étant sensiblement plus grande ; un boxe est bien s'il a
de .3 m. 50 à 4 mètres de côtés, il est très bien s'il a 4
mètres et plus.
Si la place manque pour établir des boxes, on est
obligé d'attacher les chevaux. La meilleure manière d e
les séparer est de limiter leurs intervalles par des stalles
pleines, fixes, hautes d'environ 1 m. 50, longues de
3 m. 50 à 3 m. Bo et éloignées de i m. 70 à 1 m. 80.
Les bas-flancs, par leur mobilité et leur résonnance,
encouragent les chevaux à frapper et à "s'embarrer ; ils
constituent le plus mauvais mode de séparation. Les
simples barres sont préférables su rtout si elles sont pla
cées à I m. 30 ou I m. 4 0 au-dessus du sol et s uppor
tent une pièce de tissus plus ou moins épais retombant
jusqu'à la litière. La matité et la résistance flasque ren
contrées par le pied du cheval qui veut frapper l 'en dé
goûtent rapidement. Certains tissus très résistants, de
couleur crottin et d'un prix peu élevé sont particulière
ment commodes pour cet usage, si l 'on ne veut pas faire
les frais nécessités par l ' installation des stalles.
Les intervalles doivent avoir d es séparations de tête ;
elles sont faciles et peu coûteuses à installer et empê
chent les batailles entre chevaux voisins.
Tous les moyens d'attache sont bons pourvu qu'ils
permettent aux chevaux d'atteindre facilement le râtelier
pour manger, de descendre la tête à terre pour s e cou
13-
— 18 6 —
cher et enfin de ne pas s'y prendre les pieds. Le
vieux mode d'attache constitué par une longe de o m. 80
à I m. glissant dans l 'anneau de mangeoire après avoir
été fixée par une extrémité au licol et par l 'autre à un
billot de bois est, sinon le plus élégant, du moins un
des plus pratiques.
Les mangeoires doivent être de dimensions suffisantes
pour que la ration soit loin de l es remplir ; elles doivent
aussi ne présenter aucun angle aigu pouvant blesser le
cheval et être faciles à nettoyer. Si elles sont en bois, il
est bon de les border de zinc pour que le cheval ne
puisse pas les ronger. Il est utile qu'une mangeoire
puisse contenir les aliments plus ou moins liquides. Les
meilleures sont en fonte émaillée.
Lorsqu'un cheval a la mauvaise habitude de jeter son
avoine à terre, il suffit, pour l 'en e mpêcher, de fixer sur
la mangeoire une tringle métallique la sépa rant dans son
milieu et dirigée perpendiculairement au mur.
Des râteliers rien à dire, si ce n'est qu'ils sont loin
d'être toujours utiles : les chevaux peuvent en général
manger sans inconvénient leur paille et leur foin par
terre.
Il est bon, en été, de munir de rideaux les fenêtres
longtemps exposées au soleil et d'arroser fréquemment
les parties libres du sol avec de l 'eau légèrement cré-
sylée.
2° L a litière.
La litière est nécessaire pour que le cheval se couche
et se repose bien ; de plus, elle retient les vapeurs déga
gées par les urines. Elle doit être assez épaisse pour iso
ler complètement le cheval du sol.
Les parties souillées seront enlevées dans des pro
portions telles que la litière soit renouvelée tous les deux
jours da ns les écuries particulières. Dans les écuries
militaires, les allocations sont trop faibles pour qu'on
puisse la changer aussi souvent. Il y a plusieurs procé
dés qui permettent d'y conserver cependant une litière
suffisamment épaisse et à peu près propre. En voici un :
on la chan ge complètement pour d eux chevaux p ar jour
et par peloton, en conservant, bien entendu, ce qui reste
de bon dans l 'ancienne. Pour les autres chevaux, on se
contente de relever la paille de dessus, d'égaliser la
couche de fumier qui se trouve dessous, en enlevant la
partie la plus souillée et de la recouvrir à nouveau avec
la paille restée propre mélangée à celle qui est tombée
du râtelier. Dans ces conditions, la litière est renouve
lée pour chaque cheval environ tous les quinz e jours et,
grâce à ce qui tombe du râtelier, s 'entretient pendant ce
laps de temps aussi bien que les maigres ressources dont
on dispose le permettent. Il va sans dire qu'une des pre
mières conditions pour cela est que les gardes-écurie
enlèvent le crottin dès qu'il tombe, en ayant soin de ne
pas enlever la bonne paille en même temps.
— 1 8 8 —
On a préconisé comme litière la tourbe, la sciure de
bois, etc. Mais l 'emploi de ces matières comporte des
inconvénients tels qu'il ne faut y recourir que lorsqu'il
est impossible d'employer la paille.
3° Aération et température
Les écuries ne peuvent être trop aérées lorsque la
température le permet. En hiver, il es t bon que celle-ci
ne descende pas au-dessous de o0 et qu'elle ne monte pas
au-dessus de i80 à 190 en été. Dans ces limites, on peut
laisser les portes et fenêtres ouvertes autant qu'on le
voudra en évitant que les chevaux soient dans un c ou
rant d'air, su rtout lorsqu'ils rentrent du travail. Si, par
suite de grands froids, il fallait ne pas ouvrir les écuries
pour que la température n'y descende pas au-dessous de
00 , il vaudrait mieux aérer quand même, quitte à couvrir
plus chaudement avec couvertures et camails.
Il ne faut d'a illeurs pas exagérer la couverture à l 'écu
rie ; le cheval qui y e st très couvert souffre plus de la
transition dès qu'il est découvert et sorti pour son tra
vail qui n'est gén éralement pas rapide et réchauffant en
commençant. Il n'y a que lorsque l 'animal est tondu qu'on
peut le couvrir plus chaudement surtout si l 'écurie est
froide, sans quoi il souffre réellement du froid et son état
général en pâtit. Il est vrai q ue lorsqu'on le découvre
pour le sortir, il est encore plus sensible à la tempéra
ture du dehors que s'il n'est pas tondu ; mais cela vaut
cependant mieux que la souffrance continuelle qu'il
— 189 —
éprouverait à l 'écurie du fait d e manque de couverture
suffisante.
La tonte est nécesssaire avec les chevaux qui ont le
poil très fourni et qui, pou r cette raison, suent beaucoup
pendant le travail et sèchent difficilement en rentrant.
Mais, sauf le cas de nécessité, je ne la crois pas recom-
mandable. Un pansage bien fait, une couverture modé
rée, mais com mencée dès que les nuits et les matinées
deviennent fraîches, empêchent généralement le poil d e
devenir assez gros pour nécessiter la tonte.
Si l 'on prévoit qu'on sera obligé de tondre, il faut s 'y
décider de bonne heure pour ne pas laisser le cheval
s 'habituer à la chaleur que lui donne son poil d'hiver et
l 'en priver précisément au moment où la saison est
plus rigoureuse.
En été, même quand il fait très chaud, il est bon de
laisser une chemise de toile sur le cheval pour le préser
ver des mouches.
§ I I . — H Y G I È N E D E S M E M B R E S
Je ne parle pas des soins qui co nstituent le pansage
et qui ont pour but la propreté absolue de tout l 'animal,
ni des soins de corps à donner à la rentrée du travail. J e
laisse aussi de côté ce qui a trait à la toilette proprement
dite, résidant dans l 'entretien e t la co upe des poils ou
des crins des extrémités, et que le cavalier doit avoir la
coquetterie d'exiger soignée, élégante et appropriée au
modèle : ce sont là des sujets qu'on connaît sans qu'il
A
• — I g o —
soit utile d'y revenir ici. Je n'envisagerai que la question
des soins à donner aux membres, abstraction faite d es
traitements à faire suivre pour les tares sérieuses, b oite-
ries, accidents, etc., qui nécessitent l ' intervention du
vétérinaire. L es soins à donner d'une manière couran te
peuvent être entendus de façons très différentes qui ne
sont pas toutes également bonnes.
Après le travail, il faut que les membres soient soi
gnés immédiatement si la tem pérature et l 'état du cheval
le permettent, ou après qu'il a été séché et couvert s 'il y
a lieu. Ces soins sont indispensables avec la majorité
des chevaux pour que les membres se conservent sains
ou pour qu'ils ne se tarent pas davan tage s'ils son t déjà
fatigués.
Le moins qu'on puisse faire est de doucher depuis les
genoux et depuis et y compris les jarrets jusqu'aux pieds.
La douche doit durer au moins 5 minutes par membre
pour avoir un effet utile. Elle acti ve alors la circulation,
lui permet d'entraîner les produits d'usure dont le dépôt
est la cause la plus fréquente d es tares et lui fait viv ifier
et resserrer les tissus. Le jet doi t être plutôt fort que
gros et dirigé sur les tares existant déjà. Dans le cas où
celles-ci entraînent de la chaleur et, en particulier, lors
que les tendons montrent d e la fatigue, la douche doit se
prolonger sur le point malade pendant au moins
I5 minutes.
De préférence aux douches et lorsque la température
s'y prête, on peut avoir re cours aux bains d'eau cou
rante recouvrant les membres jusqu'au-dessus des ge
noux et des jarrets. Lorsqu'on dispose d'un cours d'eau
I G) I 1—-
d'accès facile et de bonne profondeur, rien n'est meil
leur aussi bien pour reposer le cheval qu e pour soigner
les membres chauds ou sensibles. L'inconvénient de ce
procédé est d'exiger du temps, 2 heures à 2 heures 1 /2,
et presque toujours pendant ce temps la présence d'un
homme.
Si les tendons ou une tare molle donnent des inquié
tudes, on se trouve bien d es massages à l 'eau blanche
légère et très chaude. Ce traitement n'est ni long ni coû
teux, il ne demande que du s oin. Dans un seau d e bois
dont le bas des parois ne dépasse pas le fond, de ma
nière à ce que celui-ci repose sur le sol, on verse jus
qu'à une hauteur d'environ 5 centimètres de Veau tiède
qu'on additionne d'une demi-cuillerée à bouche d'extrait
de saturne. On met ensuite le pied du cheval dans le
seau et on lotionne toute la partie du membre qu'on se
propose de masser. Puis, toujours en continuant, les
lotions, on ajoute très progressivement de l 'eau bouil
lante jusqu'à ce que la température ait atteint le degré
le plus élevé que l 'opérateur peut supporter. Alors com
mence le massage qui se fait, suivant le ca s, soit avec la
paume ou l ' intérieur de la main, soit entre le pouce et
les quatre doigts réunis. Il consiste en un glissement
d'abord lent et sans pression, puis un peu plus rapide et
plus appuyé, en tenant constamment sous l 'eau ou mouil
lée la région qu'o n masse. L'opération doit durer au
moins 5 minutes.
Quels que soient les soins donnés, il faut le plus sou
vent les faire suivre d'un séchage complet. Au besoin,
avec les chevaux sujets aux crevasses, on peut friction-
— 192 —
nei-le pli du paturon avec du son sec. Enfin on applique
des bandes de repos qu'on enlève au bout de 3 heures
environ.
Après le massage et si on veut en activer l 'effet, on
peut, au lieu de flanelles sèches, appliquer des bandes
imbibées d'eau bl anche ou de toute autre solution astrin
gente dont on a soin d'exprimer l'excès; on les entre
tient humides pendant deux ou trois heures ; au bout de
ce temps, on les enlève et on sèche. Au lieu d e bandes,
on peut enduire la région malade d'une couche de
terre glaise mélangée à une solution astringente.
Il faut se rappeler que, quelles que soient ces solu
tions, elles doivent être employées très légères si
leur usage est prolongé ou fréquent, sous peine de faire
venir de s croûtes ou tomber le poil.
Les pieds réclament des soins assidus, tant à récurie
que dehors ; il faut les maintenir toujours en état de pro
preté complète et enduits d'un corps gras. Un des meil
leurs onguents de pied n'est autre que l 'huile de foie de
morue brune. Elle a des effets excellents sur la pousse
et l 'élasticité de la corne à laquelle elle donne l 'aspect
luisant recherché au sortir de l 'écurie, et elle revient
très bon marché. Il est bon d'enduire les pieds, y com
pris la sole et la fourchette, môme à l 'écurie .
Pendant le travail, il peut être utile de protéger les
membres contre les chocs ou de les consolider s'ils ont
quelque point faible. A cet effe t, on emploie les guêtres,
les flanelles et les protecteurs divers.
Les guêtres sont de différentes sortes. Celles qui ne
sont pas extensibles sont d'un emploi difficile : trop ser
— 1 9 3 —
rées, elles s ont nuisibles ; trop lâches, elles tournent et
glissent, en sorte qu'il est délicat de trouver le degré de
serrage utile. L es guêtres qui donnent le meilleur résul
tat sont extensibles ; elles se composent d'une plaque
rectangulaire de feutre épais dont la hauteur est à peu
prés égale à la longueur du canon et dont la largeur est
un peu plus grande que le tour du membre, de maniéreà
ce que les bords, préalablement coupés en biseau, se
recouvrent légèrement. Au milieu de cette plaque e t sui
vant sa hauteur, est cousue une pièce de tissus élastique
portant sur un de ses bords des sanglons et sur l 'autre, des
boucles. Bouches et sanglons servent à maintenir les
guêtres en place et, en raison d e l 'élasticité de leur sup
port, peuvent sans inconvénient être un peu serrés.
Dans ces conditions, la guêtre maintient le tendon tout
en se prêtant à sa demande. Une coquille en cuir fort
peut être fixée à la partie inférieure pour recouvrir et pro
téger le boulet des chevaux qui se coupent. Pour les
galops d'entraînement, on peut mettre sous la guêtre une
plaque d'ouate qui permet au serrage d'être plus fort sans
être nuisible.
Les flanelles sont des bandes de tissus inextensible ou
de jersey. Elles s 'enroulent autour des membres en com
mençant au pli du genou ou du jarret e t en descendant
en s pires égales et sans plis jusqu'au boulet ; là on leur
fait faire un tour horizontal et o n les remonte encore par
spires égales jusqu'à leur point de départ. Un cordon
fixé à l 'extrémité est enroulé bien à plat par-dessus le
dernier tour pour maintenir la bande. Les flanelles sont
des protecteurs et des soutiens excellents, mais elles
— 1 9 4 —
sont difficiles à bien mettre soit que, trop serrées, elles
amènent des désordres, soit que, insuffisamment serrées,
elles se déroulent. Elles peuvent alors occasionner une
chute ; elles nécessitent tout au moins qu'on mette pied
à terre et qu'on les re place, ce qui n'est pas toujours
facile dehors avec un cheval impatient.
Les protecteurs sont nombreux. Leur rôle est d'éviter
que les chevaux se frappent douloureusement ou se
coupent. Ils sont de différentes sortes e t doivent êt re
choisis d'après l 'endroit où le cheval s 'atteint. Ce sont
les bracelets pleins ou à billes reposant su r le boulet,
les demi-guêtres ou les guêtres à coquilles, les guêtres
à la marchande et enfin les protecteurs de caoutchouc
fixés entre le fer et le pied. Mais le meilleur protecteur
est l 'habileté du maréchal, car on peut dire que sur dix
chevaux qui se coupent neuf le font par ce qu'ils n'ont
pas les pieds convenablement parés.
§ I I I . — L A N O U R R I T U R E
1°. — Les Aliments
C'est la nourriture qui fait le jeune cheval, et entre
tient l 'adulte, aussi la qualité et la quantité des aliments
doivent-elles être judicieusement choisies.
La quantité de nourriture se règle d'après l 'âge, le
volume et le travail du cheval. Toutes choses étant
moyennes, c 'est-à-dire, le cheval ayant environ 6 ou
7 ans, i m. 6o et un bon travail d'entretien, il suf fit de
: - > 9 5 -
donner io litres d'avoine et 4 kilogr. de foin ou l 'équiva
lent. Ces quantités doivent augmenter assez se nsible
ment suivant la taille et le travail ; il en est de même si
l 'animal est tr ès bas d'état. Toutefois, dans ce dernier
cas, un bon résultat est obte nu plutôt par le choix des
aliments que par leur quantité.
On diminue la ration si le travail es t interrompu en
totalité ou en partie ou si le cheval est trop haut d'état.
Mais dans ce dernier cas, c'est surtout par un plus fort
travail, s ' il est possible de le d onner et, au besoin, par
des suées, qu'on obtient les meilleurs résultats.
La connaissance du cheval, la manière dont son état
s 'améliore, se maintient ou s'abaisse, permettent de
doser la quantité de nourriture exigée par un sujet.
Quant aux aliments, ils so nt multiples. Les meilleurs,
pour faire le fond de la nourriture, sont l 'avoine et le foin.
Ils apportent à l 'organisme ce qui lui est nécessaire
pour ses combustions et ses réparations ; ils sont d'une
digestibilité facile ; ils se prêtent bien à l 'absorption et à
la nutrition ; en un mot, ils possèdent toutes les qualités
voulues pour faire la base de l'alimentation et même y
suffire dans la plupart des cas. Mais lorsque le travail est
augmenté ou diminué, lorsque le cheval a besoin d' être
relevé d'état, lorsque son appétit devient capricieux et
demande de la variété dans la nourriture, etc., il est utile
d'ajouter à l 'avoine et au foin de s aliments appropriés.
Nous allons examiner les substitutions les plus indiquées
et leurs effets.
Le son gros, ayant d e la fleur, blanchissant la main,
est bon pour donner du gros ou pour éviter l 'échauffé-
— I 96 ——
ment chez les chevaux soumis à une nourriture intensive.
S'il est donné mouillé ou mélangé à l 'eau de boisson, il
est rafraîchissant. 11 n'en faut pas donner plus de quatre
à cinq litres par jour ; l 'excédent s'assimile mal e t s 'éli
mine diffic ilement.
La farine d'orge a des propriétés analogues à celles
du son, mais elle est plus rafraîchissante ; en grande
quantité ou donnée à suivre, elle devient m ême laxative.
Elle se prend en barbottage ou à sec mélangée en petite
quantité à l 'avoine. Elle entre utilement dans la compo
sition des maschs.
Le bouilli, donné conjointement à un travail modéré,
est bon pour les chevaux maigres ; mais il est échauffant
s'il est donné en grande quantité ou p endant longtemps.
Un litre de riz sec prend, bouilli, un volume variant de
2 1. I /2 à 3 litres et représente à peu prés le maximum de
ce qu'on peut donner sans inconvénient. Dans ces condi
tions, il est un engraissant excellent, à condition cepen
dant qu'on surveille l 'état des crottins pour arrêter son
usage s'il amenait de réchauffement.
L'avoine bouillie possède des propriétés analogues à
celles du riz, mais moins caractéris ées.
L'avoine concassée est bonne pour les chevaux qui
mâchent mal et s 'assimilent mal l 'avoine intacte ; cepen
dant, l 'usage exclusif en serait mauvais parce qu'il donne
au cheval l 'habitude de boire son avoine et de ne plus la
mâcher du tout lorsqu'on est empêché de la concasser.
Les car ailes sont un rafraîc hissant de premier ordre.
Elles peuvent être données quotidiennement à la dose
de 2 kilogr. à 3 kilogr. aux chevaux fortement p oussés
— 1 9 7 —
en avoine ; elles stimulent Tappétit et facilitent les assi
milations.
La graine de lin « poss ède des propriétés laxatives et
«diurétiques... Elle convient aux chevaux fatigués, échauf-
« fé s, urinant mal ». (Jacoulet et Chomel). Elle se donne
à suivre à raison de un quart de litre par jour pendant
une huitaine ou en ma sch.
Le vert donné pendant trois semaines ou un mois, à
raison de 6 kilogr. à 8 kilogr. par jour, exige une grande
modération dans le travail à cause de la mollesse qu'il
provoque. Il est excellent pour les fonctions intestinales
et stomacales : il rafraîchit les tempéraments échauffés
et repose les organes digestifs fatigués, les rénove et
leur permet de supporter plus facilement dans la suite la
nourriture nécessitée par un service s évère.
Le vert peut se donner à l 'écurie mélangé au fourrage
ou mieux, lorsque cela est possible, en mettant le cheval
au pré pendant une demi-heure ou une heure par jour,
suivant le temps qu'il y emploie à manger. Sauf pour des
raisons d'économie qui ne doivent guère intervenir dans
une écurie particulière en raison du nom bre restreint des
chevaux, il n'y a pas lieu de diminuer pen dant le régime
du vert la ration d'avoine et de foin qui serait donnée en
temps ordinaire d'après le travail imposé à ce moment.
Cela souffre cependant une exception lorsque ce régime
n'est pas seulement préventif mais curatif.
Le sucre est excellent comme stimulant et comme
appoint destiné à pourvoir aux combustions organiques.
11 peut se donner de différentes manières : soit sec, gra
nulé ouencassonnade, mélangé à l 'avoine, soit en mélasse
— t ç8 —
pure ou absorbée par des tourteaux, du son, du fourrage
haché, des raisins séchés, etc. Il peut être donné à suivre
à raison de 500 gram mes à 1 kiiogr. par jour pendant
plusieurs mois de travail : il n'est indiqué de le donner
en plus grande quantité qu'au moment où un effort consi
dérable est demandé. Les mélanges à base de mélasse
ont à peu près tous la même teneur en sucre et peuvent
être absorbés à raison de 3 à 6 litres par jour, surtout s 'ils
sont donnés en substitution d'une quantité d'avoine.
Lorsqu'on fait un usage continu du sucre, il y a lieu
de surveiller de près les excrétions pour parer en temps
utile à réchauffement qui peut se produire, surtout si l 'on
donne des produits mélassés.
Les maschs sont des mélanges dont l 'usage doit être
au moins hebdomadaire avec les chevaux en plein travail
et bien po rtants, et bihebdomadaire pour ceux qui sont
échauffés, qui- ont des fonctions digestives difficiles ou
qui ont besoin d'être remontés d'état. Une des meilleures
manières de composer un masch consis te à mettre dans
le fond d'un seau de bois en couches successives et dans
l 'ordre suivant ; 2 litres d'avoin e, une jointée de graine
de lin, une jointée de farine d'orge, une po ignée de sel,
une bonne poignée de foin. S'il y a lieu de rendre le
masch un pe u laxatif, on ajoute 250 grammes de sulfate
de soude. Puis on verse de l 'eau bouillante en quantité
suffisante pour immerger le tout. On recouvre et on entoure
le seau dans des sacs ou des couvertures, de manière à
le tenir chaud le plus longtemps possible. Le masch doit
être préparé au moins quatre heures avant d'être donné.
A ce moment on verse à peu près toute l 'eau qui n'a
î ÇC) —-
pas été absorbée, on ajoute deux litres de son et on brasse
le tout de manière à en mélanger intimement les éléments.
Ainsi composé, le masch peut être donné en augmenta
tion de la ration si le cheval a bon appétit ou être donné
en substitution de deux litres d'avoine.
2.° Choix des aliments d!après l'état
et le travail des chevaux.
En résumé, suivant l 'état, la santé et le travail, la
ration normale d'avoine et de foin comporte, ainsi qu'on
l 'a vu, des suppléments, diminutions, substitutions qui
peuvent être donnés soit simultanément, soit séparément ;
leur quantité et leur qualité se règlent d'après le but
qu'on se propose, l 'âge et le volume du cheval, etc., de
la manière suivante :
Chevaux bien portants et en plein travail. — En sup
plément ; carrottes, son sec, maschs sans sulfate de
soude la veille des jours de repos ou de moindre
travail, suc re.
Chevaux maigres. — En supplément : son sec ou frisé,
avoine bouillie, r iz bou illi, maschs (deux par semaine).
Chevaux échauffés, — En substitution d'un tiers de la
ration d'avoine : 8 à 10 kilogr. de vert ou 3 kilogr. de
carottes. En supplément : deux maschs par semaine dont
un avec 250 grammes de sulfate de soude, farine d'orge
dans l 'eau.
e / v .
u E.N.E r o •
2 0 0
3° Boisson.
Un cheval bien portant e t n'ayant pas chaud ne boit
jamais trop. En été particulièrement, il est nécessaire que
le cheval ré pare les pertes dues à l 'abondance de la
sueur en buvant autant qu'il le désire : c'est une des
meilleures manières de l'empêcher de baisser d'éta t. En
toute saison, le cheval qui ne boit pas assez souffre et
maigrit. Il est bon aussi qu'il puisse boire en mangeant :
la mastication, la digestion et l 'absorption sont facilitées.
Pour ces raisons, le cheval doit avoir de l 'eau à volonté
dans son boxe ou sa stalle. Dans les corps de troupes à
cheval, les chevaux ne sont ordinairement abreuvés que
deux fois par jour : c'est a peine suffisant en hiver, cela,
ne L'est plus en été. Pendant les courses de longue
haleine, il est indiqué de laisser les chevaux boire quelques
gorgées toutes les fois que l 'occasion s'en présente.
On ne doit empêcher les chevaux de boire à leur soif
que quand ils ont chaud ou avant de prendre un exercice
violent ou de suite après avoir mangé l 'avoine.
On ne doit jamais laisser le cheval boire beaucoup d'un
seul trait ; à cet effet, on lui coupe l 'eau, c'est-à-dire qu'on
le f orce à s'arrêter de temps en temps.
4° R épartilion des repas.
Le cheval digère d'autant mieux et sä nourriture lui
profite d'autant plus qu'elle est plus fractionnée. On
concilie c e fractionnement avec la nécessité de ne pas
faire travailler complètement à jeun ni moins de deux
heures après un repas important. On peut généralement
faire face assez facilement à ces exigences en donnant
trois repas égaux ou un plus faible le matin et les deux
autres vers onze heures ou midi et vers cinq ou six heures
du soi r.
Lorsqu'une route doit être longue, il n 'est pas mauvais
de faire manger un peu pendant un repo s, si c 'est pos
sible : on le peut presque to ujours dans les exercices
militaires prolongés où les chevaux emportent leur avoine
avec eux : elle leur profite plus dans l 'estomac que dans
les sacoches.
Si les chevaux ne boivent qu'à des heures détermi
nées, celles-ci doivent con corder avec les heures des
repas. Il est toujours bon de faire manger le foin
et toujours mauvais de donner l 'avoine avant l 'abreu
voir.
CHAP [TRE II
LA CONDITION
La condition peut se définir : « l 'aptitude physiolo
gique au travai l ». Elle comporte des degrés qui vont
depuis la mauvaise condition, laissant le cheval inapte à
tout effort, jusqu'à la meilleure qui lui permet de
donner le rendement maximum. Ce la est vrai, quel que
soit d'ailleurs le travail demande : chasse, manœuvres,
courses, service d'attelage, etc.
Voici, admirablement décrits par MM. Jacoulet et
Chomel, les symptômes extérieurs d'une bonne condi
tion : le cheval « a le poil bril lant, la peau souple, le
<( regard vi f, les oreilles mobiles, une grande excitabilité
« sans nervosisme. Ses masses musculaires sont fermes,
« denses, en relief et bien dessinées sous la peau ; ses
« tendons secs et nets. 11 a le ventre bien arrondi sans
« exagération. Son réseau veineux superficiel est d'autant
« plus apparent que la peau est plus fine. Tout l 'organisme
« reflète extérieurement une apparence sèche et ner-
<( veuse.
« En mouvement, l 'animal a du calme, de l 'adresse,
'1 de la légèreté, de la spontanéité, de la régularité, de
« l 'aisance. Sa respiration est ample et facile ; il t ient en
« réserve une surabondance de forces. Si l 'exercice est
« poussé jusqu'à provoquer la sueur, celle-ci est peu
>< abondante, incolore et s'évapore au fur et à mesure de
« sa production tandis que lorsque le cheval manque de
« condition, elle survient rapidement, avec un aspect
« mousseux. »
Telles sont les manifestations extérieures de la condi
tion ; o n peut dire qu'elles se retrouvent sensiblement
chez tous les chevaux ayant atteint leur plus grande ap
titude au travail. Mais parce que ce travail est variable,
il comporte des exigences variables aussi : suivant que
la bonne condition doit permettre de faire (ace aux unes
ou aux autres, elle s 'obtient par un travail différent
préparant spécialement le cheval au service auquel
on le destine. C'est ainsi qu'i l serait téméraire
d'avancer qu'un cheval en excellente condition pour la
chasse, par exemple, pourrait lutter avec chance de suc
cès sur un hippodrom e contre des chevaux préparés en
vue de s courses. De même, le seul travail du cheval de
course ou d^attelage ne lui donne pas l 'adaptation né
cessaire pour se comporter à la chasse sans plus de
fatigue que s' i l avait été mis en condition en vue des
terrains et des obstacles qu'il rencontrera derrière les
chiens. Il en est de même des autres services que le
cheval peut être appelé à r endre. Chacun demande une
préparation particuliè re sans laquelle les aptitudes qu'il
réclame n'atteignent pas leur dé veloppement maximum.
Je ne parlerai pas de la mise en condition ou entraî
nement en vue des luttes d'hippodrome. Quels que soient
les détails dans lesquels on entre en traitant cette ques
tion, tout ce qu'on en peut dire est peu de chose à côté
de ce qu'ont à faire l 'expérience et l 'habileté ; du reste,
pareille étude sortirait du cadre de ce petit exposé. Je
ne traiterai que de la préparation du hack à son service
de promenade, de chasse ou d'armes.
En principe, ,11 est toujours préférable de travailler la
mise en condition sur un cheval gros q ue sur un animal
bas d'état ; par conséquent on a avantage à l 'avoir un peu
haut au moment où on doit commencer sa préparation
et à le conserver pendant tout le temps qu'elle dure au-
dessus du point où il lui faut être au moment d'aborder
les fatigues en vue desquelles on l 'entraîne. Si Ton cons
tate un abaissement rapide ou trop accentué de l 'état
général, c 'est qu'on procède trop vite et que la dose de
travail augmente plus rapidement q ue l 'aptitude à le sup
porter. 11 faut alors diminuer les exigences.
Au moment où l 'on commence l 'entraînement d'un
sujet, celui-ci peut cependa nt être plus gros qu'il n 'est
utile. Po ur l 'amener rapidement à l 'état haut sans exagé
ration dans lequel i l est bon de l 'avoir, on lui donne, sui
vant le temps dont on dispose et l 'étendue du résultat
recherché, une suée par semaine ou trois en quinze jours
et même une purgation si les suées ne produisent pas un
effet suffisant. La suée se donne au galop, à la longe, sur
un grand cercle ou en liberté dans le manège, le cheval
portant plusieurs couvertures et non monté . On change
souvent d e main ; l 'arrêt ou le ralentissement nécessai-
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res pour cela sont un repos suffisant jusqu'à ce que la
suée soit abondante. Le cheval doit alors êtr e passé au
couteau de chaleur, séché et travaillé à un trot très lent,
jusqu'à ce qu'il n 'y ait plus à craindre de resuée, puis au
pas.
Supposons le cheval prêt comme état à subir l 'entraî
nement : celui-ci doit obtenir deux résultats dont l 'en
semble constitue la bonne condition : premièrement le
développement du souffle qui permet de parcourir sui
vant le degré auquel on veut atteindre de quatre à six
kilomètres au galo p, dans des conditions normales de
terrain et de température, sans que le cheval en soit au
cunement fatigué. Deuxièmement, le développement
musculaire, gr âce auquel des efforts longs et répétés
peuvent être fournis dan s une journée et recommencés
plusieurs jours de suite. 11 va de soi que si bonne que
soit la condition de l 'animal, la longueur et l ' intensité
des efforts qu'on peut demander sont en raison inverse
de leur fréquence ; il n 'y a pas de préparation qui exclue
l 'abus ni de si bon cheval, si prêt qu'il soit , dont un ma
ladroit ne puisse voir la fin. D'ailleu rs, o n fait une fau te
plus grande en ne sentant pas ce qu'un cheval peut en
core faire, qu'on ne montre de talent en le préparant
bien ; et la science de l 'homme de cheval se montre
encore plus dans l 'appréciation e xacte de ce qu'il peut
obtenir à un moment donné que dans l 'habileté à donner
la prép aration.
Les exercices destinés à donner le souffle et ceux qui
fortifient les muscles ne sont pas a bsoluments distincts
car tout travail développe l 'organisme entier ; mais, parmi
ces exercices, les uns agissent plus spécialement sur les
facultés respiratoires que sur le système musculaire, tan
dis que les autres développent plus la musculature que
les poumons. 11 est bien entendu que dans l 'exposé qui
va suivre, je ne parle que du cheval de service et non du
cheval de course.
La progressi on que je vais indiquer est presque tou
jours applicable avec la majorité des chevaux ; toutefois,
elle doit rester subordonnée aux indications fournies par
la manière dont elle est supportée et à l 'état des mem
bres. Avec les meilleurs chevaux, elle peut être re ndue
plus sévère et plus rapide ; avec d'autres, au contraire,
on devra la tempérer.
Il est bon de laisser un jour de repos complet par
semaine : c'est la veille de ce jour qu'on donnera le tra
vail le plus dur et le masch. On ne saurait être trop per
suadé que la minutie dans le travail et les soins comptent
parmi les plus sûrs garants du su ccès.
S O U F F L E
Le galop est le meilleur agent de développement des
facultés respiratoires. Dans le but d'augmenter le souffle,
on peut, au commencement de la mise en condition, ga
loper tranquillement sur 1 200 à 1500 mètres deux fois
dans chaque travail quotidien qui dure environ deux
heures.
A partir d e quelques jours, on portera un de ces
galops à 2000 mètres, e t quatre ou cinq jours plus tard,
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on prendra les deux temps de galop sur cette distance.
Après la deuxième semaine, le travail peut avantage use
ment être porté à 2 h. 1/2, puis à 5 heures dès le com
mencement de la troisième semaine. Cette durée est
suffisante dans la plupart des cas, ce n'est qu'exception
nellement qu'il y a lieu de l 'augmenter. Pendant la troi
sième semaine, un jour sur deux, un des galops sera de
3000 mètres. Le travail au galop de la quatrième semaine
sera léger un jour sur deux ; les trois autres jours qui
seront, je suppose, les mardi, jeud i et samedi, on don
nera le mardi un temps de galop de 4000 mètres, le
jeudi on ne galope ra pas et le samedi, on galopera de
nouveau sur 4000 mètres.
A partir de la cinquième semaine, on augmentera
l 'efficacité des galops en même temps qu'on préparera
le cheval aux éventualités qui peuvent se présenter, en
ne galopant que trois fois par semaine, mais d'une ma
nière bien dét endue et assez vive une fois sur 1000 mè
tres, une fois sur 1500 mètres, et enfin le troisième galop
sera pris tranquillement sur 4500 mètres ou 5000 mètres.
La sixième semaine, il n 'y aura encore que trois fois tra
vail au galop, dont une fois à une allure gaillarde sur
3 500 mètres, et une fois tranquillement sur 6000 mètres.
A partir de ce moment, le cheval est prêt comme
souffle à faire face à toutes les n écessités du service de
hack.
On profite d es jours où les temps de galop doivent
être moins longs et moins vites pour les prendre e n ter
rain varié avec quelques obstacles.
M U S C U L A T U R E
Le travail au ga lop, si bon pour donner du souffle,
agit aussi d' une manière excellente sur le système mus
culaire ; mais il n 'est réellement efficace dans ce sens
que lorsqu'il est donné à peu prè s dans les proportions
indiquées pour la troisième s emaine et suivantes. Or,
comme on ne pourrait , sans crainte de fatigue générale
et d es membres, commencer par le donner à cette dose,
on a recours au pas et au trot pour préparer l 'organisme
à pouvoir le supporter.
Pendant la première semaine, outre les galops, on
donne tous les jours de longs temps de pas, un trotting
de 1500 mètres et un de 2000 mètres. La deuxième se
maine, on donnera trois fois le même travail et les trois
autres jours qui seront ceux où le travai l au galop se ra
le moins fort, un d es trottings ser a de 2000 mètres et
l 'autre de 3000 mètres. La troisième semaine, le travail
au trot sera donné dans les mêmes conditions, mais deux
fois on donnera un des trottings sur 4000 mètres. A partir
de ce moment, le trot peut céder utilement s on rôle au
galop : on profitera seulement des jours où on ne galo
pera pas, pour faire un trotting sur 3500 mètres. Les
jours de galop léger, deux trottings de 1500 mètres et
les jours de galop vite et court, un temps de trot sur la
même distance seront suffisants.
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N O U R R I T U R E
Ce travail ne peut être utilement donné que si l 'orga
nisme est incessamment vivifié et refa it de ses pertes par
une nourriture bien comprise. La ration normale d'avoine,
qui est continuée pendant la première et la deuxième
semaine, peut être augmentée de deux litres pendant la
troisième semaine et recevoir encore la même augmen
tation et même une plus forte suivant la manière dont s e
font les fonctions digestives, pendant la quatrième se
maine et les suivantes.
Le foin, donn é à raison de 4 kilos à peu près jusqu'à
la troisième semaine, peut être fourni à volonté à partir
de ce moment, à moins que le cheval n'en fasse abus.
Pourentretenir les fonctions digestives, on peut donner
un masch par semaine la veille d'un jour de repos ou de
petit travail et quatre ou cinq fois, à un des repas, une
poignée de graine de lin sèche mélangée à l 'avoine.
L E S M E M B R E S
Pendant un trav ail sérieux, les membres ont plus be
soin q ue jamais de soins et de l 'examen quotidien, grâce
auquel on peut reconnaître, dès qu'elles apparaissent,
les manifestations de fatigue des articulations, des ten
dons et des pieds. Prises à temps et bien soigné es dès
le début, c es manifestations peuvent être enrayées sans
arrêter le travail d 'une manière très préjudiciable, tandis
qu'au contraire, si elles ne sont soignées que lorsqu'elles
se sont aggravées, elles peuvent nécessiter un long arrêt,
si même elles ne forcent pas à remettre à une époque
éloignée la préparation projetée. Et il n 'y a pas à passer
outre aux tares qui deviennent sérieuses : tant qu'elles ne
sont pas guéries ou n'ont pas terminé leur évolution,
elles rendent impossible un travail qu elque peu sévère ;
en insist ant, on peut ruiner irrémédiable ment le cheval
et, même en faisant abstraction de cette éventualité,
l 'évolution plus ou moins douloureuse des tares fatigue
en dehors de tout travail et au détriment de celui qui est
nécessaire au dé veloppement de l 'organisme.
F I N D U T O M E l "
BOURGES. — TYP. TARDY-PIGKLET.
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