Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

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C A P I T A I N E D E S A I N T - P H A L L E

EQUITATION

TOME I"

ÈQUITATION ÉLÉMENTAIRE

LEGOUPY, 5, Boulevard de la Madeleine, Paris.

CHAPELOT, 30 RUE Dauphine, Par is . | LESOUDIER, 174, B ( I St-Germain, P

Librairie Mtlon, ROBERT, Successeur, Saum ur.

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EQ UITATION

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DU MEME AUTEUR

Dressage et Emploi du Cheval de Selle

^ 2e ÉDITION

Ouvrage honore d'une Souscription

du Ministère de la Guerre

et récompensé d'une Médaille de Vermeil

par la Société des A griculteurs de France

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C A P I T A I N E D E S A I N T - P H A L L E

EQUITATION

TOME I"

ÉQUITATION ÉLÉMENTAIRE

LEGOUPY, 5, Boulevard de la Madeleine, PARIS.

CHAPELOT, 50 Rue Dauphin e, PARIS. | LESOUDIER, 174, B(1 St-Germa in, PARIS.

Librair ie MILON, ROBERT, Successeur, SAU MUR.

I907

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VAuteur réserve expressément ses droits de traduc­

tion et de reproduction en France et à l'Etranger, y

compris la Suède et la Norvège.

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TABLE DES MATIERES DU TOME 1"

Pages

AVANT-PROPOS . V

EQUITATION ÉLÉMENTAIRE

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES IX

TITRE M

CHAPITRE P-v

CONNAISSANCE ET UTILISATION DES FACULTÉS MORALES DU CHEVAL

i" La mémoire 2

20 La confiance et la crainte 5

30 Comparaison des sensations 4

40 La volonté 5

Les récompenses 5

Les châtiments 7

CHAPITRE II

APTITUDES PHYSIQ.UES ET MÉCANIQUES DU CHEVAL

§ IE R DES ÉQ UILIBRES

Equilibre direct 11

Équilibre latéral 14

§ II ACTION DE S A IDES S UR L ES É QUILIBRES

Les jambes I5

L'éperon

Les rênes I9

Pli de l'encolure • 24

Accord des aides. 24

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— I I —

Les embouchures 26

Tenue des rênes 31

Lès étriers

TITRE II

CHAPITRE 1ER

LA POSITION 3 5

CHAPITRE II

ETUDE ÉLÉMENTAIRE DU MANIEMENT DU CHEVAL 4 r

Mécanisme des allures ' 42

Sauter et monter à cheval. ... 4^

Sauter à terre et mettre pied à terre 47

Le contact de la bouche. Ajuster les rênes 47

Etant arrêté, prendre le pas ou le trot 49

Prendre le galop par allongement du trot.

Passer du pas à l'arrêt 52

Passer du trot ou du galop à une allure inférieure ou à l'arrêt 53

Ralentir le pas, le trot ou le galop 54

Allonger le pas, le trot ou le galop 54

Tourner 35

Doubler 57

Volte ... 58

Demi-volte 59

Demi-volte renversée 59

Changement de main 60

Contre-changement de main 60

Serpentine 61

• Huit de chiffre 61

Pas de côté 62

Pirouette renversée 64

Pirouette 67

Travail sur deux pistes 69

Croupe au mur

Tête au mur 73

Départs au galop. 74

CHAPITRE III

MANIEMENT DU CHEVAL DANS LA MISE EN MAIN

Le r amener 79

La descente d'encolure 81

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Les flexions 83

La mis e en main 92

Cadencer le trot 93

Etendre le trot 95

Rectitude des départs au galop 96

Cadencer le galop 98

Changements de pied 100

CHAPITRE IV

§ I e r . — SAUTS D'OBSTACLES IO3

i0 Mener l e cheval sur l'obstacle 103

20 Franchir l'obstacle 106

30 Reprendre le cheval après l'obstacle 110

4° P rogression à suivre pour apprendre à sauter. m

g I L — TRAVAIL A LA LONGE II3

CHAPITRE V

CHEVAUX DIFFICILES II9

TITRE III

SOMMAIRE ET PROGRESSION DU DRESSAGE

DU CHEVAL DE TROUPE

OBSERVATIONS G ÉNÉRALES 125

IR O PÉR IODE : Préparation 126

2e PÉRIODE ; Dressage proprement, dit 134

TITRE IV

QUALITÉS A RECHERCHER POUR LE CHEVAL DE SELLE

CHAPITRE lor

aUALITÉS MORALES I53

CHAPITRE II

Q.UALITÉS PHYSIQUES 161

§ Tr. — La ligne de dessus I6î'

g II. — Le corps 168

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I V —

§ III. —• Les membres 171

£ IV . — Tar es les plus fréquentes 174

S- V. — Conclusion 179

TITRE V

HYGIÈNE ET CONDITION

CHAPITRE I"

L'HYGIÈNE

S I er. — H ygiène à l'é curie 185

S II. — Hygiène des membres 1S9

S III.— La n ourriture 104

LA CONDITION

CHAPITRE II.

203

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AVANT-PROPOS

La rapide expansion prise par l 'automobilisme a pu

donner à penser et à dire qu'une locomotion répondant

à ce point aux besoi ns m odernes était appelée à rem­

placer l 'hippisme dans un temps indéterminé mais assu ­

rément très court. Ces prévisions ont été démenties par

les faits : l 'expérience est déjà assez longue , les condi­

tions dans lesquelles elle se déroule sont assez pro­

bantes pour qu 'on puisse maintenant tenir p our certain

que l ' invention nouvelle n'a pas diminué chez nous le

goût du cheval : elle l 'a épuré, voilà tout. Et ceci n'est pas

un paradoxe : les corvées que nous imposions autrefois

aux animaux de service reviennent maintenant de droit

à l 'automobile ; grâce à cela, bien des chevaux ont quitté

le rôle de bêtes de somme, qu'il leur fallait souvent

remplir, et sont devenus dans une plus large mesure, les

instruments du plus ancien et du plus noble des sports.

Aussi bien, ne semble-t-il p as qu'on monte moins à

cheval en France maintenant qu'autrefois. Peut-être,

même, n'a-t-on jamais vu chez nous les manifesta tions

équestres se multiplier autant et les cavaliers rivaliser à

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— V I —

ce point d'entrain, de travail et de science. Les grandes

sociétés hippiques donnent une impulsion intensive et

efficace par les courses et les concours, et certes, les

encouragements de toutes sortes, prodigués aux produc­

teurs comme aux acheteurs, sont bien faits pour entretenir

le goût du cheval, il nous faut nous en réjouir non seu­

lement parce que notre amour du sport y trouve son

compte, ce qui est beaucoup, mais surtout parce que ce

sont les peuples cavaliers qui forgent le mieux cette puis­

sante arme de guerre qu'est une cavalerie solide e t bien

montée.

Toutefois-, les excellents encouragements donnés aux

choses du cheval resteraient stériles pour l 'équitation si,

à côté du désir de s ' instruire, le futur cavalier ne trouvait

pas le moyen d'y parvenir. Ce moyen, il est donc néces­

saire de le lui donner : c 'est ce qu'ont entrepris tous les

écrivains qui ont traité de la science équestre. Le nombre

des traités d'équitation e st considérable ; aussi, doit-on

tenir pour certain que tout ce qui peut être dit de bon

a été dit . Malheureusement, beaucoup de ce qui pouvait

être dit de mauvais a eu l e même sort. En sorte que,

ballotté au mi lieu de tant de théories sans que l 'expé­

rience puisse le guider, le jeune cavalier ne trouve pas

facilement la bonne direction. Il la trouve d'autant

moins aisément que les meilleurs ouv rages, s 'adressant

souvent d e préférence à des cavaliers déjà faits, traitent

l 'équitation à un point de vue élevé pour établir les prin­

cipes et les lois, et n'en dégagent pas l 'enseignement

pratique d'une manière assez exclusive pour que le n éo­

phyte trouve aisém ent ce qui lui est nécessaire e t ne se

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— V I I —

perde pas dans des démonstrations qui lui seront utiles,

certes, mais plus tard .

Le débutant a besoin d'un cours qui dirige son instruc­

tion et non celle du cheval, le prenne depuis l ' instant où

il se pré pare pour la première fois à se mettre en selle,

lui ensei gne à éviter les écueils qu'il va renc ontrer dés

la première minute, le suive ensuite dans ses progrés

successifs pour l 'amener, en définitive, si se s goûts et

ses dispositions naturelles le comportent, jusqu'à la con­

naissance des théories qui régissent l 'équitation savante.

Tels sont les desiderata que j 'ai cherché à satisfaire

dans ce travail ; je lui ai don né une forme, un a gence­

ment qui permettront au commençant ou à l ' instructeur

encore peu expérimenté qui a à diriger des débutants,

de trouver en dehors des questions théoriques inutiles à

ce moment, une direction pratique pour leur travail.

Dans ce but, j 'ai rigoureusement séparé l ' instruction du

cavalier de celle du cheval. Cette dernière est exposée

d'une manière sommaire dans un titre séparé . Si le le c­

teur veut approfondir les questions de dressage et ne pas

se contenter des quelques mots que j 'en dis dans cet

ouvrage, je le renvoie à ce que j 'en ai écrit dans le Dres­

sage et Emploi du cheva l de selle, traité do nt j 'ai d 'ail­

leurs reproduit quelques passages dans celui-ci lorsque

j 'ai eu à ex poser une théorie déjà étudiée.

Cette instruction du cavalier en vue de l 'équitation

courante fait l 'objet du premier volume. Le second con­

tient l 'étude d es principes qui régissent l 'art équestre et

de leur application d ans l 'équitation savante. C'est là

que le cavalier qui a déjà assez pr atiqué, assez senti le

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Vili

cheval, pourra trouver la raison d'être des procédés qui

lui ont été enseignés et l 'exposé de ceux qui peuvent lui

être utiles pour arriver à l 'obtention de la légèreté, c 'est-

à-dire de la soumission co mplète.

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EQUITATION ÉLÉMENTAIRE

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

L'équitation élémentaire a pour but de donner au cava­

lier une assiette solide et correcte et de lui faire acquérir

une autorité suffisante sur le cheval de selle dans les con­

ditions où on l 'emploie d'habitude : promenade, travail

d 'armes, chasse, etc. L'usage du cheval dans ces diffé­

rentes circonstances exige de la part du cavalier la con­

naissance et l 'application d'un certain nombre de pro­

cédés lui permettant d'indiquer sa volonté et de la faire

accepter. Pour y arriver il lui faut se livrer à une double

étude. La p remière lui fai t connaître l ' instrument qu'il

veut util iser et qui, dans l 'espèce, doit être envisagé aussi

bien comme être doué de facultés morales auxquelles

on a constamment recours, que comme animal sentant et

se mouvant. Ces considérations sur les facultés physiques

et psychiques du cheval font l 'objet du Titre I e ' ' . La s e­

conde étude est d'ordre pratique : c'est celle des pro­

cédés par lesquels le cavalier peut transmettre et imposer

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sa volonté au moyen de ses aides, c 'est-à-dire des rênes,

des jambes et de l 'assiette. C e sera l 'objet du Titre II .

Le Titre III n'est autre chose qu'une progression de

dressage élémentaire donnant une directive très simple,

qui pourra pe rmettre de donner aux chevaux d e troupe,

malgré les difficultés d ues à la réduction du temps de

service, un dressage suffisant. Par une adaptation très

simple, ces mêmes indications peuvent être suivies par

les cavaliers civils pour former des chevaux confortable­

ment utilisables à l 'extérieur.

Ces trois ti tres suffis ent à constituer, à proprement

parler, un man uel d'équitation élémentaire à l 'usage des

cavaliers à leurs débuts et des jeunes instructeurs encore

peu au fait des exigences de l 'enseignement et désireux

d'être guidés dans le choix des matières à enseigner à

leurs é lèves. Mais j 'ai pensé que ce petit traité serait

utilement complé té par qu elques considérations sur les

qualités à rechercher lorsqu'on veut choisir un cheval de

selle. Il est évident que celui-ci rend d'a utant mieux les

services qu'on lui demande que sa conformation s 'y

prête mieux : moins elle s 'adapte aisément aux exigences

du cavalier, plus le cheval présente de difficultés qui,

pour être combattues, exigent une assez longue expé­

rience. Il importe donc pour le débutant et pour le cava­

lier de goûts tranquilles qui veulen t obtenir de leurs che­

vaux un bon rendement et désirent ne pas risquer de se

trouver aux prises avec des résistances sérieuses, il leur

importe donc, dis-je, de reconnaître si la conformation

du cheval qu'ils veulent a cheter se prête facilement ou

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X I —

non au service de la selle. Nous étudierons succincte­

ment cette question dans le Titre IV.

Enfin, je donnerai dans le titre V d es indications pra­

tiques sur l es soins les plus habituels à apporter à l 'en­

tretien, à l 'hygiène et au travail du cheval de selle pour

l 'avoir en bon état de santé et de condition.

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TITRE I

CHAPITRE I"

c o n n a i s s a n c e e t u t i l i s a t i o n

d e s f a c u l t é s m o r a l e s d u c h e v a l

Sans vouloir ici m'étendre sur cette question autant que

je l 'ai fait ailleurs je crois devoir en exposer les lignes

principales parce qu'il est de toute nécessité pour un

cavalier, même à ses débuts, de n'en pas faire abstrac­

tion. On est, en effet, obligé pou r commander le cheval

d'en respecter tout autant les facultés morales que les

aptitudes physiques. Aussi est-il utile de passer tout au

moins sommairement en revue celles de ces facultés que

le cheval manifeste le plus fréquemment et d'exposer le

rôle que le cavalier doit faire jouer à chacune d'elles, les

services qu'il en peut attendre et les ménagements qu'il

leur doit.

I. Dressage et emploi âu cheval de selle, 2" édition p. xn.

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1. LA MÉMOIRE

C'est à cette faculté q ue le cheval doit en grande

partie son aptitude au dressage. C'est, en effet, parce

qu'il se rappelle et reconnaît les indications que nous lui

avons données, la manière dont il y a répondu, les récom­

penses enfin ou les châtiments qui s'en sont suivis, que

son dressage a pu se faire.

Mais ce n'est pas seulement pour et pendant le dres­

sage qu'on doit tenir compte de cette faculté : c'est

encore toutes les fois qu'on se sert de l'animal dressé. A

cause d'elle, il est un des animaux l es plus maniaques

qui soient, un de ceux qui prennent le plus facilement

une habitu de bonne ou mauvaise. Il en résulte que le

cavalier doit soigneusement éviter d e lui laisser faire

plusieurs fois une faute s ans la redresser, sans quoi elle

devient bientôt une habitude qu'il aurait été facile

d'éviter au début, mais qu'il est souvent fort difficile au

contraire et fort long de faire passer.

Pour une raison analogue, le cavalier doit soigneuse­

ment éviter d'employer des moyens défectueux comme

momentanément plus commodes, avec l 'intention de leur

en substituer d'autres plus tard. Ce plus tard nécessite

souvent plus de science et fait perdre plus de temps

qu'on ne l'imagine.

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2. LA CONFIANCE ET LA CRAINTE

L'intelligence du cheval est trop rudimentaire pour

qu'il puisse comprendre ou s'expliquer les phénomènes

extérieurs qui impressionnent ses sens. Il s'effray e sou­

vent d e la nouveauté des plus ano dins et cela d'autant

plus qu'il est habituellement moins bien traité. Aussi faut-

il non seulement éviter de développer par des procédés

brusques ou violents ces dispositions à la crainte, mais

encore les atténuer en faisant appel à la facilité avec

laquelle le cheval se rassure, se met en confiance avec

son maître lorsque celui-ci sait s e l 'attacher par sa dou­

ceur et combattre par ses bons p rocédés des appréhen­

sions involontaires et souvent nombreuses.

Mais si les dispositions à la crainte doivent être abolies

chez le cheval pourtoutce qui est étranger à son service,

il y a lieu de les exploiter raisonnablement pour assurer

notre domination sur lui : c'est le rôle des châtiments.

Toutefois, ils ne doivent être donnés qu'à bon escient,

avec à-propos, et exactement dans la mesure convenable.

Cela exige qu'ils ne soient infligés que lorsque le cheval

est volontairement et sciemment fautif. Mais alors ils ne

nuisent pas à la confiance qui est plus nécessaire encore

que la crainte et qui est entretenue par les récompenses.

Je reviendrai plus loin sur ce point lorsque je parlerai des

récompenses et des châtiments.

Il résulte d e ceci que le cavalier doit être parfaitement

calme et maître de lui, afin de s'imposer la patience qui

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lui mérite la confiance de son cheval, disposition sans

laquelle celui-ci est d'un emploi impossible.

COMPARAISON DES SENSATIONS

Par cette aptitude, la mémoi re aidant, l 'animal rap­

proche les phénomènes qu'il a déjà vus se produire

ensemble. Ainsi, le cheval qui se voit donner l 'avoine

peu après le moment où il a entendu ouvrir le coffre à

avoine, ne tarde pas à faire une association entre ces

deux sensations : l 'audition du bruit d u coflre qu'on

ouvre et le plaisir de recevoir l 'avoine ; la réalité de ce

phénomène est prouvée parle hennissement de contente­

ment qu'il fait entendre, lorsque se produit le bruit

coutumier. Cette faculté est fréquemment utilisée en

équitation. C'est elle, par exemple, qui donne leur signi­

fication aux réc ompenses et aux châtiments ; mais elle

peut aussi être cause de difficultés, co mme dans le cas

d'un cheval qui fait une faute dans certaines circonstances :

les mêmes circonstances se reproduisant, il est tenté de

commettre la même faute.

Le cavalier doit donc se souvenir que son cheval est

toujours disposé à répondre de la même manière aux

mêmes demandes. Il faut par conséquent, non seulement

en dressage, mais aussi dans l 'habitude de l'équitation,

veiller à ce que ces demandes obtiennent dès les premières

fois, au moins un acheminement vers le résultat qu'elles

devront obtenir dans la suite.

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4. LA VOLONTÉ

Tous les chevaux jouissent à des degrés différents de

la faculté de vouloir : les uns ploient sans trop de peine

et d'hésitations leur volonté à la nôtre ; d'autres, au

contraire, résistent quelque fois avec acharnement ; tous

sont susceptibles dans certaines circonstances, de

montrer un véritable entêtement. Aussi le cavalier doit-

il comp ter toujours sur la possibilité d'une intervention

nuisible de cette faculté, intervention qu'il faut cherc her

à éviter en n'employant que des aides justes, pour ne

demander au cheval que ce qu'il peut faire et comme il

peut le faire, étant donnés son degré de dressage et ses

aptitudes physiques. De plus, il faut que le cavalier fasse

concourir les récompenses et les châtiments à assurer la

suprématie de sa volonté sur celle du cheval.

LES RHCOMPKNSES

Le cheval est sensible aux récompenses et en com­

prend la portée. Elles stimulent sa bonne volonté,

l 'encouragent, le rassurent lorsqu'il s'effraie d'une

demande inconnue, entretiennent sa confiance et sa

soumission. Par elles, le cavalier engage le cheval à

réitérer une concession obtenue ; jointes à la voix qui en

augmente encore la portée, elles peuvent avoir les

meilleurs effets ; mais il i mporte de ne l es distribuer

qu'avec à-propos. On voit souvent des cavaliers caresser,

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— ó

pour l 'amadouer, un cheval e n pleine insubordination.

C'est une lourde faute. Si votre cheval s'irrite parce qu'il

a peur ou si, par ignorance, il ne se laisse pas conduire

par les aides à la concession que vous lui demandez et

s'en énerve, caressez-le p our le calmer ou le familiariser

avec l 'objet de sa frayeur. Mais s'il sait ce que vous

voulez et vous résiste sans raison, il serait d'une mauvaise

politique de le caresser; vous l 'encourageriez à s'enfoncer

davantage dans sa résistance età la recommencer ; vous

le feriez aussi douter de votre fermeté, ce qui vous

obligerait à recourir à des corrections d'autant plus fortes

et plus répétéees que vous les auriez fait attendre plus

longtemps ; enfin, vos caresses, après avoir été données

a tort, perdraient de leur portée. La caresse est un

calmant et un moyen de persuasion et ne doit être

employée qu'avec un cheval énervé ou après une con­

cession, mais jamais pendant un refus.

Les caresses sont les récompenses qu'on peut donnei­

le plus souvent et le plus facilement, mais elles ne sont

pas les plus efficaces. En prenant le cheval par la gour­

mandise, on peut en obtenir les résultats les plus mer­

veilleux. La satisfaction de cette passion lui procure le

summum du contentement, et peut l 'amener à vaincre son

mauvais naturel pour se soumettre aux exigences les plus

dures.

Quelles que soient, d'ailleurs, les récompenses dont

nous usons, soyons-en généreux.

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l e s c h a t i m e n t s

Si le cheval mérite d' être récompensé quand il a bien

fait, il doit aussi être châtié quand il est fautif; mais il

est nécessaire de le corriger à temps et avec justice. La

correction doit suivre immédiatement la faute, l 'accom­

pagner même si c'est possible, afin que le cheval y

reconnaisse bien la cause de la douleur qu'il éprouve. Ce

n'est qu'à ce prix que la correction s era salutaire, autre­

ment elle ne serait plus comprise et le cheval la considé­

rerait comme une attaque injuste et sans raison.

S'il importe de punir à temps, il n'est pas moins néces­

saire de le faire avec justice. Quand le cheval pèche

par ignorance, par peur ou par suite d'un défaut de sa

conformation, ce ne sont pas des coups qu'il lui faut, ils

amèneraient l 'écœurement et la rétivité parce qu'il n'en

saisirait pa s la cause. Mais si la faute est voulue, il faut

affirmer v otre autorité. Il importe que vous soyez le

maître, soyez-le à tout prix ; ne redoutez ni luttes, ni

défenses; en vous montrant toujours le plus fort, vous

ôterez au cheval l 'i dée de s'insurger et il pren dra l 'habi­

tude de se plier à vos exigences, parce qu'il reconnaîtra

en vous une volonté et des moyens d'action contre

lesquels il aurait mauvais je u de lutter.

La correction doit être administrée en toute liberté

d'esprit car, lorsqu'elle est donnée avec colère, elle l 'est

rarement avec mesure. Le cavalier doit conserver son

calme afin de saisir le moment où le châtiment est suffi­

sant; il obtient alors une plus grande obéissance, tandis

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- 8 —

qu'en dépassant cette limite on provoque la ra ncune du

cheval et on ne lui laisse que le souvenir d'une injustice.

Dès que la cor rection a produit son effet e t que le

cheval a cédé, il importe de le récompenser afin de lui

faire sentir qu'il a tout à perdre en s'insurgeant, tout à

gagner en se soumettant. De plus, la récompense apaise

l 'irritation, ramène le calme et permet de continuer le

travail dans de bonnes conditions.

Les deux meilleurs instruments de correction sont

l 'éperon et la crav ache, employés ensemble ou séparé­

ment. Il faut que, sous leur action, le cheval bondisse en

avant. Pour cela, il faut lui rendre en l'attaquant, quitte

à le reprendre à temps. « Tirer dessus, taper dedans, »

est une expression justement ironique et qualifiant bien

le fait du cavalier qu i accule son cheval en le corrigeant.

Cette manière de faire provoque les défenses sur place;

ce sont les plus mauvaises, les plus déplaçantes, et elles

confinent à la rétivité.

liest des circonstances où il està propos de mettre

pied à terre pour donner la correction nécessaire. 11 en

est ainsi, par exemple, avec les chevaux qui s e renver­

sent ou lorsque le cavalier est encore insuffisamment

expérimenté et solide pour donner, en restant à cheval,

un châtiment reconnu indispensable.. A condition de

l'infliger immédiatemeut après la faute, il e st préférable

de le donner pied à terre que de rester à cheval et de

ne pas le donner du tout. Il va sans dire qu'au fur et à

mesure des progrès qu'il fait, le cavalier tend de plus en

plus à acquérir assez de tenue pour être plus fort que son

cheval tout en restant en selle.

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Je ne veux pas clore ces considérations sans attirer

l 'attention sur ce fait q ue les châtiments sont très rare­

ment nécessaires. La plupart des fautes du cheval sont

dues à son ignorance et à son manque de préparation, ou

à l'insuffisance des moyens d'action du cavalier. Dans

un cas comme dans l 'autre, la sévérité devient de l'injus­

tice et obtient de si fâcheux résultats qu'il vaut encore

mieux ne pa s châtier du tout que le faire mal.

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CHAPITRE II a p t i t u d e s p h y s i q u e s e t m é c a n i q u e s d u c h e v a l

§ I. DES ÉQUILIBRES

Si intéress ant et utile qu'il soit d'approfondir l 'étude

de cette question, si l 'on veut se trouver à même de faire

face à toutes les nécessités, je ne la traiterai que dans

les proportions voulues pour rendre le cavalier qui

débute capable de dominer les difficultés qui se pré­

sentent le plus habituellement.

e q u i l i b r e d i r e c t

J'appelle ainsi celui dans lequel le poids du cheval et

du cavalier n'est porté ni à droite ni à g auche.

Il résulte des expériences et des pesées qui ont été

faites, que, lorsqu'un cheval monté est en station libre,

c'est-à-dire arrêté et droit, le poids de la masse est

réparti de manière à charger sensiblement plus l 'avant-

main que l'arrière-main. D'autre part, le cheval est ainsi

construit que les membres de devant ont surtout un rôle

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— J 2

de translation et que les membres de derrière ont surtout

un rôle de propulsion.

Cette double disposition, qui piacele centre de gravité

près des épaules et l 'éloigné de l'arriére-main, est émi­

nemment favorable à la progression. En effet, plus le

centre de gravité est avancé, plus aussi l 'effort des pos­

térieurs pendant la marche est dirigé d'arrière en avant ;

en outre, cette disposition du centre de gravité le fait

tendre à sortir constamment de la base de sustentation,

de sorte que les forces de la pesanteur attirent la masse

en avant en même temps que les postérieurs la poussent

dans le même sens : les mouvements des membres se

font en étendue. Inversement, si le centre de gravité

recule et vient se mettre au-dessus des points d'appui

des postérieurs, ceux-ci exercent leur effort de bas en

haut ; les mouvements gagnent en hauteur. Dans le pre­

mier équilibre qui est sur les épaules, les membres pos­

térieurs sont peu maître de la masse qu'ils ne peuvent

que pousser et qui est d'ailleurs con stamment entraînée

par son poids comme serait le corps d'un homme penché

en avant. Dans le deuxième équilibre qui est sur les

hanches, les postérieurs portent le poids et peuvent le

mouvoir facilement da ns tous les sens : les mouvements

perdent en étendue mais le cheval gagne en maniabilité.

Ces considérations très simples doivent être com­

prises de quiconque veut diriger un cheval ; elles sont la

base des procédés à employer pour tout ce que l 'on a à

demander. Nous en déduirons les conclusions suivantes :

1° Lorsqu'un cheval désire marcher, il se met naturel­

lement dans la position la plus favorable à l 'étendue de

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— l i ­

ses mouvements ; par conséquent il rapproche son poids

de ses épaules et, pour y arriver, il étend l 'encolure et la

tête qui lui servent de balancier.

2° Par suite, pour obtenir la mise en marche et les

accélérations d'allure, il faut que le cavalier laisse le

cheval étendre et abaisser quelque peu la tê te et l 'enco­

lure ; il fa ut au cont raire les élever pour obtenir des al­

lures plus ralenties.

3° Un cheval ne peut être utilisé avec justesse et agré­

ment que s'il est toujours prêt à se porter en avant, par­

ce que ce n'est qu'à cette condition qu'il s e meut d'ac­

cord avec sa conformation, ce qui lui est nécessaire

pour obéir avec aisance et rapidité aux volontés de son

cavalier. On dit alors qu'il est dans l 'impulsion. Sans im­

pulsion, nous ne pouvons pas avoir plus d'influence sur

la direction que n'en peut avoir le gouvernail sur un ba­

teau arrêté.

Du reste le cheval est destiné à transporter son cava­

lier d'u n point à un autre : il est donc en dehors de son

rôle s'il n'est pas toujours et sans cesse prêt au mouve­

ment en avant.

Ces différentes raisons nous obligent à toujours res­

pecter l 'impulsion du cheval qui en est doué naturelle­

ment ou de la donner à celui qui en manque. Pratique­

ment, il faut d'abord que les jambes, dont c'est le rôle,

soient maîtresses de donner ou de réveiller l 'impulsion ;

il faut aussi que les mains qui la reçoivent évitent de se

mettre en contradiction avec les jambes qui la d onnent.

Cela revient, comme nous le verrons plus loin, à ne ja­

mais tirer sur les rênes.

Page 45: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

4° Le cavalier ne peut utiliser son cheval avec facilité

et celui-ci ne peut se laisser diriger avec soumission que

si les moyens employés respectent ces dispositions phy­

siques.

é q u i l i b r e l a t é r a l

Cet équilibre est celui dan s lequel on met le cheval

pour charger une épaule ou une hanche ou tout un côté

plus que l 'autre. Il s'utilise pour les changements de di­

rection, les déplacements parallèles, etc. 11 est évident

que si, le cheval étant en mouvement, on le force à por­

ter le poids de son avant-main de côté, F avant-main tout

entier tend à se déplacer du même côté : on peut m ême

dire que ce déplacement e st obligatoire si celui du cen­

tre de gravité est suffisamment ac centué : des conclu­

sions importantes en dérivent au point de vue pratique.

Nous les verrons en temps opportun ; mais, dès main­

tenant, je ferai obs erver que, puisque le changement de

direction est la conséquence du déplacement du poids

de F avant-main, la meilleure manière de l'imposer est de

faire agir les rênes après avoir plus ou moins porté les

mains du c ôté vers lequel on veut aller et non de tirer

d'avant en arrière su r la rêne de ce côté.

§ II. ACTION DES AIDES SUR L'ÉQUILIBRE

En réalité, tout revient en équitation à commander

l 'équilibre. Cela est vrai en dressage et l 'est aussi dans

Page 46: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— iS -

la pratique de l'équitation. Or, c'est par ses aides que

le cavalier commande l'équilibre : les aides sont les

jambes, les rênes et l 'assiette.

l e s j a m b e s

Le rôle le plus important des jambes est, en agissant

simultanément, de donner ou d'entretenir l 'impulsion,

cette tendance au mouvement en avant sans laquelle l e

cheval est inutilisable. Ce sont elles qui l e mettent en

marche et commandent les accélérations d'allure ; c'est

par elles aussi, lorsqu'elles sont armées de l 'éperon, que

le cavalier impose le plus efficacement l 'obéissance à sa

volonté. On comprend, par suite, quelle importance il y

a à surveiller et à perfectionner constamment leur em­

ploi ; car si le cavalier en mésuse, il les met hors de leurs

attributions ou to ut au moins, il diminue leur autorité et

se trouve dans l 'impossibilité d'obtenir comme il convient

l 'impulsion dont elles sont les meilleures génératrices.

A côté de ce rôle capital que jouent l es jambes en

agissant également, elles ont souvent à en remplir un

autre qui, pour être d'une importance com parativement

moindre, est cependant fort utile, en se faisant sentir

l 'une plus que l'autre. Elles sont ainsi em ployées pour

déplacer latéralement F arrière-main ou pour en amener

'e poids sur une hanche.

Action égale des deux jambes. — Ainsi que nous venons

de le voir, cette action a pour but et doit avoir pour

effet chez le cheval dressé de commander le mouvement

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— 1 6 —

d'arrière en avant ou son accélération. Pour obtenir ce

résultat, l es jambes peuvent agir par simple pression des

genoux ou par pression des genoux et des mollets. La

pression des genoux ne suffit qu'avec des chevaux déli­

cats ; ils s ont loin d'être en majorité, aussi la pression

des mollets a-t-elle presque toujours à se joindre à celle

des genoux. L'effet produit est d'autant plus fort que la

pression est plus énergique et se fait plus en arrière des

sangles. Habituellement la jambe agit suffisamment en se

plaçant contre ou un peu en arrière de la sangle. Si elle

n'est pas assez efficace, on peut la reculer un peu mais

sans cependant arriver à la placer à 450 . La perfection

est d'en venir à ce que la jambe ne bouge qu'impercep­

tiblement et ne varie ses effets que par des nuances dans

le degré de pression. Mais si on a un cheval qui ne

répond pas suffisamment à ces demandes, il faut recule r

un pe u la jambe en pliant le genou et en gardant le talon

bas. L'inclinaison de la jambe à 450 est un grand maxi­

mum qu'il est inesthétique et inutile de dépasser voire

même d'atteindre ; en sorte que si l 'action de la jambe

n'est pas efficace d ans ces conditions, il faut en venir à

des procédés plus énergiques. Le premier à essayer

consiste en des battements de mollets consécutifs, peu

prononcés et répétés jusqu'à l 'obtention du résultat cher­

ché. A ce moment, les jambes doivent cesser leur action

pour ne la ré itérer que lorsque le besoin s'en fait sentir

de nouveau.

Si ce moyen ne suffit pa s, il n'y a plus qu'à en venir au

choc de la jambe. Il s'exécute en écartant légèrement le

mollet et en le ramenant co ntre le cheval avec une vio­

Page 48: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

lence proportionnée au résultat à obtenir. Ce mouve­

ment doit être fait sans élever ni écarter le genou, le bas

de la jambe restant indépendant du r este du corps pour

que ni l 'assiette ni les mains ne soient dérangées. Cette

manière d'actionner le cheval ne doit pas être répétée

longtemps si son effet est insuffisant ou non durable.

Comme tout mouvement violent, celui-ci doit être ex­

ceptionnel et plutôt que de le renouveler fréquemment,

il vaut mieux recourir à une action brève et énergique des

éperons.

Je crois du reste devoir répéter, parce que cela est

est essentiel, que lorsque les jambes agissent pour ex­

citer l 'impulsion, les mains, non seulement ne doivent

pas agir plus fort, ce qui n'est que trop naturel aux

jeunes cavaliers, mais au contraire, faire u ne concession

permettant au cheval d'obéir sans en trave à la demande

des jambes.

Enfin on doit se bien p énétrer que pour bien conser­

ver la sensibilité aux jambes, il est de toute nécessité

d'éviter cette faute fréquente qui consiste à se servir des

jambes même lorsque le cheval est suffisamment actionné

ou à continuer leurs demandes même lorsqu'elles sont

déjà obéies. Car alors l 'impulsion e st augmentée d'une

façon préjudiciable au résultat désiré ce qui nécessite

que des actions de mains viennent s'opposer à cette aug­

mentation d'impulsion ordonnée à tort par les jambes. Il

en résulte qu^après avoir été ainsi un certain nombre de

fois contrecarrée aussitôt que commandée, cette augmen­

tation ne se produit plus malgré la sollicitat ion des jam­

bes, dont l 'autorité se trouve par là bientôt amoindrie.

Page 49: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 8 —

Action inégale des jambes. — Lorsqu'une jambe agit

plus que l'autre les hanches se déplacent du côté oppo­

sé ; on dit alors que le cheval « range les hanches ». Cet

effet est souvent utile p our empêcher le cheval de se

traverser, ou pour le redresser, ou pour le faire changer

de direction lorsqu'on manque d'espace etc., mais sa

plus g rande utilité e st de permettre au cavalier de tra­

vailler les pas de côté et les appuyers, mouvements aussi

utiles à l 'instruction de l'homme qu'à la souplesse morale

et physique du cheval.

L'action latérale de la jambe s'exerce selon les pres­

criptions que j'ai ex posées pour l 'emploi égal des deux

jambes, relativement à l 'endroit où le contact doit se

prendre età la manière d'en graduer l 'intensité. Je

reviendrai plus en détail sur ce sujet à propos des pas

de côté et du travail sur deux pistes.

d e l ' é p e r o n

Le cavalier ne doit prendre d'éperons que lorsque

son assiette est assez assurée pour qu'il soit certain de

ne pas ê tre amené par des déplacements involontaires à

faire sentir l 'éperon sans raison. Tant que la press ion

des mollets suffit pour commander l 'impulsion et l 'entre­

tenir au degré voulu, il est mauvais de recourir à l 'épe­

ron. On ne doit s'en servir qu'au cas où les jambes res­

tent insuffisantes, par une action toujours brève mais plus

ou moins forte e t répétée, suivant la résist ance rencon­

trée.

Page 50: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 9 —

Je viens de dire que l'action d e l'éperon doit être

brève et j 'insiste sur ce point : si l 'éperon reste au poil,

'a continuité de la douleur ou de la sensation peut pro­

voquer des résistances qui, ayant une raison toute phy­

siologique, échappent à la volonté de l'animal qui alors

désobéit et se défend presque malgré lui. Aussi do it-on

remplacer la continuité du contact par sa répétition pen­

dant un temps e t avec une intensité proportionnée au

besoin.

Quant à l 'éperon lui-même, il doit avoir une longueur

variant avec celle des étriers et des jambes du cavalier,

la forme du cheval, etc. Mais, pour un cavalier et un

cheval donnés, cette longueur devra être telle que

l'emploi d e l 'éperon soit facile san s risquer d'être in­

volontaire. Il faut aussi qu e les éperons soient bien

fixes afin que le cavalier, toujours sûr de leur position,

le soit aussi de leur action. Les molettes ne devront

avoir qu e la sévérité exigée par l 'insensibilité ou le mau­

vais vouloir du cheval. Elles peuvent même avantageu­

sement être supprimées avec les juments et les sujets

particulièrement impressionnables.

l e s r ê n e s

Les rênes sont un intermédiaire entre la main du cava­

lier et la bouche du cheval. Les barres, qui sont leur

point d'application, sont d'une sensibilité extrême dans

les débuts et ce que j'ai dit à propos de la nécessité de

garder au cheval toute la sensibilité aux jambes pourrait

Page 51: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

2 0 —

se répéter ici, car si les jambes provoquent le mouve­

ment de la masse et la mobilisation du centre de gra­

vité, ce sont les rênes qui s'emparent de ce dernier pour

établir l 'équilibre général. Sensibilité aux jambes, sensi­

bilité aux rênes, telles sont les sources de toute finesse

d'équitation.

La manière d'établir le contact entre la bouche et le

mors a une influence prépondérante aussi bien su r le

dressage du cheval, que sur l 'équitation du cavalier.

C'est quelquefois à grand'peine, qu'on est arrivé à

apprendre au cheval que les jambes doivent toujours

avoir une action impulsive.

Le bénéfice de ces soins peut être perdu et le cheval

mis en dedans de la main et rendu rétif par un mauvais

emploi des rênes.

Pour éviter ce résultat désastreux il faut que les rê­

nes n'agissent que par l 'effet de l'impulsion donnée par

les jambes ; de la sorte, l 'usage des rênes, loin de

nuire à l 'impulsion, e n devient une conséquence, en

nécessite l 'emploi, l 'exerce et par conséquent la dé­

veloppe.

Pour mettre ce principe e n pratique, i l faut non pas

que le mors vienne sur le cheval, mais que celui-ci soit en­

voyé sur le mors.

Voici comment on y arrive ; en faisant agir les jam­

bes, nous savons que nous provoquons chez le cheval

dans l 'impulsion un allongement de l 'encolure pour

entamer ou accélérer le mouvement en avant. Si à ce

moment, on serre les doigts, l 'extension de l'encolure

Page 52: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

fait prend re à la bouche un contact plus fort avec le

mors, ce qui le fait agir.

L'action des rênes se produit ainsi par l 'effet de la

soumission aux jambes en mettant à profit l 'impulsion

qu'elles donnent ; de sorte qu'au lieu de nuire à la fr an­

chise, on la met en œuvre et on l'augmente.

Cette manière de procéder a encore l 'avantage de ne

pas provoquer les résistances à la main, comme cela

arrive si l 'on tire sur les rênes, parce qu'alors l 'action du

mors est en contradiction avec celle des jambes, au lieu

d'en être la conséquence.

Enfin, lorsque les rênes agissent, elles trouvent toutes

les puissances du cheval déjà tendues et prêtes à dé­

placer sa masse à la moindre indication.

Si au lieu d'être employées ainsi les rênes tirent sur la

bouche, il en résulte des inconvénients multiples. En

effet tout en tirant, elles agissent soit seules, soit concur­

remment avec les jambes.

Dans le premier cas, elles trouvent le cheval inerte

et sans impulsion ; elles s ont aux prises avec le poids

de la masse ; et le cheval, au lieu de se mouvoir lui-

même, laisse déplacer son centre de gravité p ar leur

effort. 11 est lourd à la main et d'un maniement difficile,

ce dont il peut efficacement tirer parti po ur résister aux

volontés de son cavalier.

Si, au contraire, les jambes agissent en même temps

que les rênes tirent sur la bouche, ces aides sont en

contradiction, car l 'encolure est ramenée en arrière au

moment où elle devrait chercher à s'étendre sous l 'action

des jambes.

Page 53: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

2 2

Pris entre ces deux actions inverses, le cheval est

forcé de désobéir à l 'une pour se soumettre à l 'autre, à

moins qu'il n'échappe aux deux en se révoltant et ne

donne à des demandes aussi inconsidérées la r éponse

qu'elles méritent.

Les rênes ont des effets et portent des noms différents

suivant la direction dans laquelle elles agissent.

Rêne d'ouverture. — On appelle ainsi la rêne qu'on

fait agir en l 'écartant du cheval. La rêne droite, par

exemple, est dite d'ouverture si la ma in d roite se porte

à droite. On se sert ainsi des rênes pour agir avec une

efficacité particulière sur la tête du cheval. Le besoin

s'en fait sentir surtout dans le dressage des jeunes

chevaux, mais aussi avec un cheval qui refuse de tourner

en portant la tête du côté opposé à celui où on veut l e

mener. Si la rêne d'ouverture réussit à faire tourner la

tête, le changement de direction s'ensuit habituelle­

ment.

Il est possible toutefois qu e la têt e e t même l'enco­

lure tournent sans que les épaules se rendent solidaires

de ce mouvement, en sorte que le changement de direc­

tion n'a pas lieu. On l'assure alors par la rêne d'appui

ou d'opposition dont il ser a parlé plus loin.

Rêne directe. — Elle agit parallèlement à l 'axe du

cheval sans action intermédiaire sur l 'encolure entre le

mors et la main.

Les rênes sont très fréquemment employées de cette

façon ; elles amènent alors un peu de poids du côté où

Page 54: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

elles agissent ; cela suffit pour qu'un cheval obéissant

tourne aussi de ce côté.

Rêne d'appui ou dopposition. — La réne droite, par

exemple, s'appelle rêne droite d'opposition lorsque la

main droite la fait agir de droite à gauche en se portant

à gauche. Elle a des effets différents suivant le point vers

lequel elle est dirigée. Tant que cette direction passe en

avant ou sur l 'épaule gauche, l 'effet pr oduit est d'ame­

ner le poids de l'avant-main ver s cette épaule et de

déterminer le tourner de ce côté tout en faisant refluer

aussi un peu de poids sur la hanche gauche. Cet effet

de rêne est d'une grande utilité pour assurer les change­

ments de direction dans la conduite à une main.

Si la dire ction d e la rêne droite d'opposition passe en

arrière du garrot, la réaction sur la hanche gauche s'accen­

tue et si l 'action de la rêne est assez forte, elle peut soit

amener le déplacement des hanches vers la gauche en

fixant l 'épaule gauche : le cheval fait alors face à droite ;

soit déplacer simultanément les épaules et les hanches

vers la gauche et pousser le cheval tout entier de ce

côté.

L'effet des rênes d'appui est extrêment puissant et

efficace pour empêcher le cheval de dérober de leur côté

ou pour le contraindre à tourner du côté opposé. Dans

ces deux cas leur action peut être déterminante.

Page 55: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 2 4 —

p l i d e l ' e n c o l u r e

On nomme ainsi une faible incurvation de la partie

supérieure de l'encolure destinée à tourner légèrement

la tête de côté.

Le pli de l 'encolure n'a guère d'utilité que lor sque le

cheval se met sur une ligne différente de celle de son

axe : changement de direction et appuyer. On ne peut

pas dire que son emploi soit indispensable, même dans

les cas où il est le plus indiqué ; mais il f acilite le mou­

vement en permettant au cheval de reconnaître le terrain

sur lequel il va se mouvoir.

Le pli de l 'encolure peut s'obtenir par une rêne,

qu'elle soit d'ouverture, directe ou d'opposition, à con­

dition qu'elle marque su r la bouche une action un peu

plus forte que l'autre jusqu'au moment où le pli est obtenu.

Celui-ci, du reste, n'influe par lui-même sur l 'équilibre

qu'avec des chevaux particulièrement délicats.

a c c o r d d e s a i d e s

Cet accord réside dans le secours mutuel que se

prêtent les aides en agissant exactement dans le sens et

avec l'intensité nécessaires. L'accord des aides est une

des difficultés de Téquitation : ce n'est que par l 'usage

que le cavalier peut arriver à sentir comment ses aides

doivent respectivement agir pour concourir à l 'exécution

du mouvement voulu. J'ai t raité cette question dans un

Page 56: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 2 ^

autre ouvrage % av ec les développements qu'elle com­

porte pour quiconque veut s'occuper d'équitation rai-

sonnée, et j 'y reviendrai plus loin dans les proportions

où cela est nécessaire à une equitation plus modeste,

lorsque je parlerai du ramener et de la mise en main.

Maintenant, je veux seulement mettre le cavalier en

garde contre des fautes qu'il doit éviter dès ses débuts,

s'il veut ne pas fausser définitivement, irrémédiablement,

son cheval et le laisser en état d'obéir exactement aux

aides lorsqu'elles agiront avec accord.

Il faut :

iu Ne jamais tirer sur les rênes ; j 'en ai développé

les raisons plus haut et j 'ai expliqué la manière de faire-

sentir l a main ;

2° Ne se servir de l'action égale des jambes que

lorsque l'impulsion a besoin d'être mise en jeu ou aug­

mentée soit pour obtenir la mise en marche, le change­

ment d'allure, l 'augmentation de vitesse, soit pour parer

à un ralentissement produit par l 'action directrice des

rênes ;

50 Ne pas permettre à l 'encolure de s'incurver depuis

les épaules, ni d'une manière prononcée, par l 'action

prépondérante d'une rêne : pour cela, il faut faire con­

courir l 'autre rêne à l 'obtention de l'effet cherché comme

il sera dit à propos des changements de direction ;

4° Dans le même ordre d'idées, lorsqu'il y a lieu de

se servir d'une jambe p lus que de l'autre, ne pas ou­

blier que celle-ci doit cependant surveiller l 'action pro-

I. Dressage et Emploi du Cheval de Selle) 2° Édit., p. 74.

3*

Page 57: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

duite par la première et être prête à apporter son appoint

à l 'entretien de l'impulsion, de l'allure et de la vitesse si

le besoin s'en fait sentir.

l e s e m b o u c h u r e s

i° Le Filet.

Le filet ordinaire est une embouchure composée essen­

tiellement de deux pièces métalliques légèrem ent incur­

vées et coniques dites « canons » et recourbées à leur

extrémité la plus mince en forme d'anneau d'un très petit

diamètre. L'anneau de chaque canon est passé dans

celui d e l'autre de manière à réunir ces deux pièces tout

en les laissant mobiles l 'une sur l 'autre. L'extrémité la plus

grosse de chaque canon est percée d'un trou dans lequel

tourne sans résistance un anneau métallique dont la

dimension est variable, mais qui doit être assez grand

pour qu'on puisse y fixer le montant de filet et les rênes.

Pour empêcher cet anneau d'entrer dans la bouche du

cheval, on a eu recours à différentes disposi tions dont

les principales sont les suivantes :

Grande dimension du diamètre ;

Tige métallique tangente à l 'anneau, faisant corps avec

lui, le dépassant des deux côtés et destinée à se mettre

en travers contre les lèvres du cheval, si l 'anneau tend

à entrer dans la bouche ;

• Tige semblable à la précédente, mais ne dépassant

l 'anneau que d'un côté et portant à son extrémité un œil

Page 58: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

destiné à servir de point d'attache au montant de filet.

Cette embouchure porte le nom de « fi let Gaucher ».

Avec les chevaux de bouche très sensible, on peut

employer des filets à gros canons ou recouverts de cuir

ou de caoutchouc.

Le filet est une embouchure très douce agissant en

grande partie sur les lèvres et peu sur les barres. C'est

avec un filet qu'un cavalier d oit commencer à monter à

cheval, parce que la douceur de cette embouchure rend

les fautes de main moins préjudiciables à la bouche du

cheval. Lorsque la t enue des rênes est devenue fami­

lière et n'est plus un embarras, on peut emboucher le

cheval avec un doub le filet, embouchure qui ne saurait

être dangereuse et qui donne au cavalier plus d'action

sur son cheval. Les doubles filets les plus commodes

sont ceux qu'on compose d'un filet à branches et d'un

filet Baucher.

Le double filet se prète à des combinaisons par les­

quelles on peut s'opposer utilement à un cheval qui ti re

ou qui pèse à la main. Les plus efficaces consistent à

agir soit par effets alt ernés qui font sentir chaque filet

isolément l 'un après Lautre ; soit par effets croisés qui

s'obtiennent par Taction d'un filet d'un c ôté, et de l'autre

filet de l 'autre côté.

2° Le mors de bride.

Le mors de bride ordinaire se compose de deux tiges

portant le nom de branches et terminées à une de leurs

extrémités par un œil auquel se fixe le montant de bride

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2 8 —

et à l 'autre extrémité par un anneau mobile auquel

s'attache la rêne de bride. Ces deux branches sont

réunies par l 'embouchure proprement dite, pièce métal­

lique dont la longueur varie suivant la largeur de

la bouche du cheval auquel le mors est destiné.

Chaque extrémité de cette pièce métallique e st nommée

canon et porte sur les barres. Les canons sont cylin­

driques et peuvent soit se continuer l 'un l 'autre, soit être

séparés par un coude arrondi qu'on nomme « liberté de

langue », dans lequel l 'épaisseur de la langue peut se

loger, ce qui permet au canon d'appuyer plus fortement

sur les barres. On conçoit d'après cela que plus la

liberté de langue est grande, plus le mors est dur. Les

mors les plus doux sont ceux qui n'ont pas de liberté de

langue ; on les nomme « mors droits ». Outre la partie

principale que je viens de décrire, le mors comprend

encore la gourmette, sorte de chaînette qui s'attache à la

partie supérieure des branches par des crochets fixés

à cet effet à chaque œil.

Le mors complet agit dans la bouche de la manière

suivante : l'action des rênes amène en arrière la partie

inférieure des branches, tandis que l'extrémité supé­

rieure tend à se porter en avant ; mais l a gourmette,

s'appuyant alors sur le passage de gourmette, l 'effort se

transmet par un mouvement de levier sur les barres.

En raison de la conformation des mors, leur dureté

augmente : .

i0 Avec le rapport des longueurs des parties infé­

rieure et supérieure des branches : '

2° A vec la tension de la gourmette ;

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— 2 9 —

3° Avec la liberté de langue ;

4° En raison inverse de la grosseur des canons.

On a imaginé un e infinité d'autres mors, parmi les­

quels on peut signaler le mors à pompe comme donnant

de bons résultats dans certains cas. Il est construit d e

telle sorte que les canons glissent sur les branches avec

environ un centimètre de jeu : il trouve son utilité avec

les chevaux qui ont la m âchoire peu mobile.

On peut tenir pour certain que plus un mors est com­

pliqué, plus il est mauvais. J'e ngage par suite les cava­

liers à laisser aux étalages des éperonniers les outils plus

ou moins baroques qu'on leur présente comme doués

des propriétés les plus merveilleuses.

Le mors de bride est sensiblement plus énergique que

le filet et demande pat; conséquent à être utilisé avec

plus de précautions. Aussi l 'élève ne doit-il s'exercer

à l 'employer que lorsqu'il est déjà assez maître de ses

mains pour pouvoir le manier avec délicatesse.

c h o i x d ' u n e e m b o u c h u r e

Tant que le cavalier n'est pas sûr d e la fixité de son

assiette, il est sujet à donner des à-coups sur la bouche ;

par conséquent il n' y a pas à hésiter sur l 'embouchure

qu'il lui faut employe r : le filet simple ou double peut

seul lui convenir.

Même lorsque la solidité e st suffisante, il ne faut pas

se presser de prendre un mors plus sévère. Le mors le

plus doux qu'on puisse employer pour se faire obéir est

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assurément le meilleur, car c'est celui qui, d'une part,

prend le moins sur l 'impulsion e t qui, d'autre part, risque

le moins de provoquer chez le cheval de la mauvaise

humeur ou des défenses en lui imprimant une sujétion

intempestive.

Aussi, tant qu'on est sûr de pouvoir dominer un che­

val en toutes circonstances avec le filet ou le double

filet, le mieux est de se contenter de cette embouchure.

Si elle devient insuffisante , on peut essayer d'un mors

sans gourmette : on agit alors directement sur les barres,

action plus sévère que celle du filet ; mais l 'absence de

gourmette empêche l'effet de levier d'être aussi puissant

et la bouche n'est impressionnée que par une force sen­

siblement égale à celle de la main.

Dans les cas où il fau drait r ecourir à des mors plus

sévères, on tiendrait compte de la progression que j'ai

indiquée plus haut.

il faut d'ailleurs, avant de prendre une embouchure

plus dure, se rappeler que si le cheval tire, cela peut

tenir à ce qu'il est déjà embouché trop sévèrement et

lutte contre la douleur qu'il en éprouve. Un mors plus

énergique ne ferait naturellement qu'aggraver sa r ésis­

tance.

Si le cheval est lourd à la main, cela peut provenir de

ce que le cavalier n'est pas assez énergique dans ses

jambes, ou de ce qu'il tire sur ses rênes. Une embou­

chure plus sévère ne changerait rien ; le cavalier doit

changer, non son embouchure, mais sa manière de faire.

La lourdeur à la main peut aussi provenir de la position

naturellement basse de l'encolure et de la tête ; l 'emploi

Page 62: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

du filet, dont l 'effet est précisément de relever la tête,

est alors tout indiqué.

T E N U E D E S R Ê N E S

Lorsque l'on n'a qu'une embouchure, la man ière de

tenir les rênes a peu d'importance. Toutefois le mieux,

lorsqu'on les sépare, est de les tenir à pleine main en les

faisant entrer du côté du petit doig t et sortir sous le

pouce. Si on les tient dans une seule main, on intercale

entre elles un ou deux doigts.

Quand on utilise deux embouchures, il fa ut adop ter

une tenue de rênes pratique. Voici celle qui me paraît la

plus commode ; elle est réglementaire maintenant dans

la cavalerie française ; les rênes sont tenues dans la

main gauc he, la rêne gauche de filet sous le petit doigt,

la r êne gauche de bride entre le petit doigt et l 'annulaire,

la rêne droite de bride entre l 'annulaire et le médius, la

rêne droite de filet entre le médius et l 'index.

Toutes les extrémités des rênes sortent entre l 'index

et le pouce qui s'appuie sur elles et les empêche de

glisser.

Si l 'on travaille à gauche, on peut avoir avantage à tenir

les rênes dans la main droite . La r êne gauche de filet est

alors entre le pouce et l 'index, la rêne gauche de

bride entre l 'index et le médius, la rène droite de bride

entre le médius et l 'annulaire, la rêne droite de filet entre

l 'annulaire et le petit doigt. Les extrémités des rênes

sortent du côté du petit doigt qui peut les enserrer

toutes.

Page 63: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 3 2 —

Cette tenue des rênes permet de faire agir les quatre

rênes, ensemble ou séparément, en ne serrant les doigts

que sur celles qu'ont veut utiliser. Les rênes de filet,

qui sont les plus utiles pour la direction, sont placées de

telle sorte que, le mors de bride ayant produit la décon­

traction, un simple jeu d e poignet permet de maintenir le

contact entre le filet et la bouche.

La main qui n'est pas main d e bride peut saisir n'im­

porte quelle rêne sans crainte de se tromper, ce qui est

moins facile lorsque les rênes sont alternées, pour ne pas

dire enchevêtrées, comme cela a lieu dan s plusieurs sys­

tèmes.

Enfin, rien n 'est plus simple que de séparer les rênes,

soit pour en tenir d eux dans chaque main quand on a

besoin d'encadrer fortement le cheval, soit pour en tenir

une dans une main et trois dans l 'autre ce qui est souvent

utile.

l e s é t r 1 e r s

Je ne les décrirai point, ils se valent tous. Leurs dimen­

sions doivent être telles que les pieds puissent en sortir

facilement en cas de chute. Ils sont bien ajustés lorsque,

le genou étant bien descendu et la jambe to mbant natu­

rellement, la semelle de l'étrier arrive à la partie supé­

rieure du talon de la botte.

On ne saurait trop recommander au jeune cavalier qui

travaille seul ou aux instructeurs qui dirigent des débu­

tants de ne se servir que très modérément des étriers

pendant plusieurs mois. Ils ne sont utiles au commence­

Page 64: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

ment de l'instruction que pour rassurer les cavaliers pris

d'appréhension : encore les étriers, même dans ce cas,

doivent-ils ê tre fréquemment retirés à l 'arrêt et au pas et

être supprimés complètement quand leur rôle moral

n'est plus utile. Ce n'est pas sans raison qu'à l 'Ecole de

Saumur, pour les reprises de carrière et de manège, les

étriers ne sont donnés aux élèves qu'après de longs

mois.

Le moment de les prendre est celui où les jambes ont

acquis définitivement une bonne position et même alors

il est bon de les retirer de temps en temps.

Pour prendre les étriers après qu'ils o nt été ajustés,

on engage le pied de manière à ce que le bord antérieur

de l'étrivière soit tourné en dehors. Si la jambe tombe

naturellement, si la cheville est liante e t enfin si l 'étrier

est ajusté d'après la règle énoncée plus haut, la pointe du

pied est un peu plus h aute que le talon. Il est certaines

conditions, telles que le galop vite, les sauts d'obstacle,

etc., où il est utile et commode de chausser les étriers.

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T I T R E I I

CHAPITRE I

L A P O S I T I O N

La solidité du cavalier et la possibilité pour lui de se

servir aisé ment de ses aides exigent impérieusement que

sa position à cheval possède certaines qualités et l 'esthé­

tique veut que cette position ne soit ni ridicule, ni co n­

trainte, mais paraisse, au contraire, élégante et aisée. Il y

a là plus de raisons qu'il n 'en faut pour que le cavalier

cherche à donner à sa position par un travail et un e at­

tention soutenus, les qualités nécessaires.

Partie supérieure du corps. — La tête doit être haute

et droite sur des épaules tombant d'elles-mêmes. Les

bras descendent naturellement le long du corps. Les

avant-bras ont une direction telle que les coudes sont un

peu au-dessus des poignets. Ceux-ci doivent se tenir dans

leur position naturelle, sans se contourner, de manière à

ce que le dessus de la main soit tourné en dehors la

ligne des ongles étant verticale.

Page 67: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— ^ 6 —

Le rein sera convexe et sans raideur pour permettre

la souplesse indispensable à Vamortissement des réac­

tions des allures et des mouvements violents. Cette sou­

plesse est matériellement impossible si le rein se creuse ;

de plus, s'il est convexe, les fesses sont d'elles-mêmes

chassées sous le cavalier, ce qui lui est indispensable pour

trouver le fond de sa selle et avoir du liant et de la cohé­

sion avec son cheval ; s'il est placé autrement, on dit

qu'il n' est pas « assis ».

Toute la partie supérieure du corps doit être sensible-

blement verticale au pas et au galop ; elle peut être légè­

rement inclinée en avant pou r le trot enlevé.

Les qualités que je viens d'énumérer appartiennent

tout naturellement, sans aucune préparation e t au degré

où elles sont utiles, à tous les cavaliers, sans qu'ils aient

besoin de les acquérir, et la position qui en résulte se

prend d'elle-même si on ne la dérange pas par des con­

tractions momentanées. Or, ces contractions sont dues

à l 'appréhension ; s'il ne craignait pas de tomber, le

cavalier garderait la position que je viens d'indiquer : elle

n'est autre, en effet, que celle qu'il prend de lui-même

lorsqu'il est assis sur un tabouret ou un banc. Puisque

donc cette position est naturelle, il n 'y a pas à assouplir

le cavalier pour la lui faire prendre, il suffit de faire dispa­

raître l 'appréhension qui l 'en fait sortir.

Ces effets de l'appréhension n'ont rien qui doive nous

étonner : ne les retrouvons-nous pas toutes les fois que

nous commençons à nous livrer à un exercice physique

dans lequel l 'équilibre estinstable ; patinage, bicyclette...

etc ? Au début, on se contracte et on tombe : puis

Page 68: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

l 'habitude aidant, les contractions d isparaissent et la

position devient aisée. On n'a pas eu pour cela à recourir

à des assouplissements spéciaux ; il a suffit que l'habitude

enlève l 'appréhension.

Il en es t de même en équitation ; point n'est besoin

d'assouplir la partie supérieure du corps, et je ne parle

que de celle-ci en ce moment, pour qu'elle prenne la

meilleure position ; elle la prend d'elle-même si la crainte

de tomber n'y met pas obstacle. Il n'est donc pas néces­saire d'assouplir c es régions ; il n'y a qu^à rassurer le

cavalier. C'est beaucoup moins long et bien plus efficace.

Un des premiers soucis de l'instructeur doit donc être

de s'ingénier à chasser toute crainte chez son élève. Il y

peut parvenir en ne lui faisant monter au début que des

chevaux faciles et d'allures douces qu'il peut même tenir

à la longe. On peut aussi empêcher le cavalier de se

trop préoccuper de sa stabilité en le iorçant à converser

et à s'occuper d'autre chose, etc.

Les cuisses. — Ce que j'ai dit de la partie supérieure

du corps qui se place naturellement dans une bonne

position si le cavalier ne se contracte pas, n'est plus vrai

pour les cuisses, car leur conformation ne leur permet

pas de prendre d'elles-mêmes, une fois é cartées par le

cheval, la position qu 'elles doivent avoir. Leur fixité,

en effet n'est posssible qu'autant que leur partie osseuse

se rapproche de la selle, sans quoi le fémur roule sur] la

masse musculaire qui s e trouve entre lui et la selle et qui,

de plus, fait remonter ,1e genou : on dit alors que le

cavalier est raccroché'. Dans cette position, la cuisse et

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• - 3 8 -

la jambe n'ont pas d'enveloppe, ne peuventpas, si je puis

ainsi dir e, « ceinturon ner » le cheval, ce qui est cepen­

dant nécessaire pour résister aux réactions violentes.

Enfin l 'articulation de la hanche est telle que si le

cavalier à cheval laisse ses cuisses se placer naturelle­

ment, le genou s'éloigne de la selle et la jambe n'adhère

plus au cheval que par le haut de la cuisse et la partie

postérieure du mollet. De là deux inconvénients :

premièrement, la mobilité de la surface adhérente empê­

che toute solidité ; deuxièmement, le mollet étant au

contact du cheval par sa partie postérieure, l 'éperon y

vient forcément aussi à la moindre réaction un peu vio­

lente.

Tous ces maux ont leur remède dans un exercice d'as­

souplissement appelé <( rotation d e la cuisse » qui tout à

la fois rap proche le fémur de la selle, permet la pression

du genou, le descend et enfin le tourne en dedans, De

là, fixité du fémur et du genou et éloignement de l 'éperon

dans des proportions normales.

Pour exécuter la rotation de la cuisse, il faut écarter la

cuisse de la selle, reculer legenou et le tourner endedans

ainsi que la pointe du pied, étendre la jambe et enfin

ramener le genou un peu en avant en appuyant forte­

ment la cuisse sur la selle de manière à chasser en arrière

les muscles qui se trouvent à l 'intérieur. Le genou étant

en place, laisser tomber naturellement le bas de lajambe

et les pieds et relâcher le rein si l 'on a été amené à le

creuser en reculant le genou. La rotation de la cuisse

étant ainsi exécutée, le cavalier doit s'efforcer d e main­

tenir la cuisse le plus longtemps possible dans la position

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— 39 —

qu'il lui a donnée et de conserver le rein lâche. Le mou­

vement s'exécute d'abord à l 'arrêt, puis au pas, alterna­

tivement d es deux jambes, après avoir quitté les étriers

si l 'on en a.

Cet assouplissement est excellent, mais son rôle étant

de changer un peu la conformation du cavalier, il demande

à être recommencé souvent et pendant longtemps. Il ne

devient inutile que lorsqne l'articulation de la hanche

étant suffisamment rompue et les muscles intérieurs étant

suffisamment rejetés en arrière, la cuisse prend d'elle-

même une bonne position.

Les jambes. — On peut répéter pour les jambes et les

pieds ce qui a été dit pour la partie supérieure du corps :

lorsque la cuisse es t dans une bonne position, il n'y a

rien à faire po ur en assurer aussi une aux jambes : il n'y

a qu'à les laisser tomber naturellement par leur propre

poids, ainsi que les pieds, en relâchant complètement le

genou et la cheville.

La position des cuisses et des jambes est notablement

et rapidement améliorée si, concurrement avec de

fréquentes rotations des cuisses, le cavalier s'astreint à

quitter souvent les étriers au trot et au galop lents. Le

poids tend à faire de scendre naturellement les genoux.

Cet exercice est si excellent qu'il est avantageusement

exécuté même par les cavaliers déjà formés, pour entre­

tenir la bonne position d e leurs jambes e t pour se couler

dans leur selle.

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CHAPITRE II

e t u d e é l é m e n t a i r e d u m a n i e m e n t d u c h e v a l

Dans le titre I, nous avons examinéles facultés morales

du cheval et la manière d'en tirer parti ; nous avons vu

ensuite quelles sont ses aptitudes physiques pour dé­

placer son poids soit d'avant en arrière et d'arrière en

avant, soir de côté. Enfin nous avons étudié d'une

manière générale comment nos rênes et nos jambes

doivent se faire sentir pour commander ces équilibres.

Connaissant ainsi la manière de préparer le cheval à

acquiescer à notre volonté, sachant quels intermédiaires

nous avons pour la lui transmettre e t connaissant leu rs

effets nous devons maintenant entrer daas les particu­

larités de la conduite et voir comment ces intermédiaires,

c'est-à-dire nos aides, doiven t s 'y prendre pour manier

le cheval.

Il est utile que dès le début, le cavalier varie fréquem­

ment les allures pour travailler et assurer sa position à

chacune d'elles. Il doit s'attacher à profiter du pas pour

faire de nombreuses rotations de cuisses, du trot assis

pour que le poids de ses jambes fasse descendre les

genoux et mobilise les articulations du rein ; du galop

Page 73: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 4 2 —

dans le même but et plus particulièrement dans celui de

profiter des oscillations de cette allure pour couler les

fesses dans la selle.

Ce souci de la position doit, de la part du cavalier et

de son instructeur, primer longtemps tous les autres. Ce

n'est que lorsque la position se rapproche réellement de

ce qu'elle doit être qu'on peut commencer à s'occuper

de la direction du cheval par les moyens que nous allons

examiner.

Les mouvements qui vont être étudiés ne trouvent pas

tous leur emploi immédiat dans l 'équitation usuelle. Ils

n'en sont pas moins nécessaires : comme les gammes

indispensables à l 'éducation du pianiste, ils son t utiles

pour donner aux aides la justesse et F à-propos sans les­

quels il n'y a pas de bonne équitation.

m é c a n i s m e d e s a l l u r e s

Le pas.

Le pas est une allure marchée, c'est-à-dire que les

quatre membres ne sont jamais ensemble au-dessus du

sol. Les membres antérieurs ont exactement le même

mouvement l 'un que Lautre, de même les postérieurs.

Le mouvement des antérieurs est accompagné d'un

balancement vertical de l 'encolure qui aide la progression

du cheval comme le mouvement alternatif de nos bras

nous aide à marcher. Lorsqu'il y a lieu de ménager le

cheval et de lui éviter tou te fatigue inutile, comme par

exemple pendant une longue route, il faut lu i laisser les

Page 74: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 43 —

rênes assez longues pour permettre ce balancement de

l 'encolure.

Le trot.

Le trot est une allure diagonale et sautée ; les membres

restent toujours associés, au soutien et à l 'appui, l 'anté­

rieur droit avec le postérieur gauche et l 'antérieur gauche

avec le postérieur droit. L'allure est sautée parce que

chaque diagonal quitte terre avant que l'autre s'y mette :

il y a donc un instant très court appelé temps de sus­

pension, ou les quatre pieds sont au-dessus du sol.

L'appui pris par chaque diagonal porte le nom de

« temps ». La réunion de deux temps comporte le même

geste successivement de la part des deux diagonaux et

constitue une « foulée de trot >>. P our cette raison on dit

que le trop est une allure à deux temps.

Trot asssis et trot enlevé. — Si le cavalier se laisse

retomber sur sa selle à tous les temps, on dit qu'il trotte

« assis » ou « à la française ». S'il évite une réaction

sur deux, on dit qu'il tro tte « à l 'anglaise » ou au « trot

enlevé ». Le trot assis doit être le plus habituellement

employé, même avec les étriers, tant que le cavalier n'en

est qu'à étudier l 'emploi des aides par des mouvements

de manège. La position doit être telle que jel'ai expliquée ;

au besoin on penche légèrement le haut du corps en

arrière pour faciliter la so uplesse du rein.

Au trot assis, le cavalier doit laisser tomber ses cuisses

et ses jambes afin d'en trer dans sa selle et de descendre

Page 75: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 44 —

les genoux. Le trot assis doit être habituellement l ent;

il est éminemment favorable àTétude des mouvements qui

s'exécutent au trot, car le cavalier peut se lier à son

cheval et sentir ce qui se passe sous lui ; mais il comporte

une difficulté qui doit être l 'objet d'une attention assidue

de la part de l'instructeur et de l'élève et qui est de garder

les mains fixes malgré les réactions du cheval. Il est bon

aussi, pour assurer l 'assiette, de trotter assis de temps

en temps en prenant une allure vive.

Le trot enlevé s'exécute en ne retombant en selle

qu'un temps sur deux. Pour le prendre, il faut pe ncher

légèrement le corps en avant ; on peut s'y aider dans les

débuts en tenant u ne poignée de crins. Le trot à l 'an­

glaise e st employé à l 'extérieur et quand on trotte vite ;

dans ces circonstances, il est beaucoup moins secouant

et fatigant que le trot assis. Il comporte l 'usage des

étriers, mais ceux-ci ne doivent pas servir au cavalier

comme point d'appui pour s'enlever : les mouvements

alternatifs d'élévation et d'abaissement du corps doivent

lui être imprimés par les réactions de l'allure et non par

des efforts faits sur les étriers. Quand le cavalier s'enlève

en s'appuyant exagérément sur les étriers, il conserve

difficilement la souplesse du rein, il a l 'air de trotter avant

son cheval c e qui est fort disgracieux.

Le galop.

Le galop est une allure dissymétrique, à trois t emps

et sautée. Il est une allure dissymétrique parce que les

antérieurs ne font pas le même geste l 'un que l'autre, les

Page 76: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 4 5 —

postérieurs non plus. Cela donne lieu à deux combi­

naisons différentes qui portent l e nom de galop à droite

et de galop à gauche. Le moment où se prennent les

appuis porte le nom de « temps » ; il y en a trois. Dans

le galop à droite, les appuis s'exécutent dans cet ordre :

i0 postérieur gauche ;

2° diagonal gauche;

5° antérieur droit;

La succession de ces trois appuis ou temps constitue

ce qu'on appelle une « foulée » ou « battue ». Le dia­

gonal gauche se met à l 'appui pendant que le postérieur

gauche y est encore ; puis le postérieur gauche se lève

et c'est au tour de l 'antérieur droit de se mettre à l 'appui,

ce qu'il fait pendant que le diagonal gauche est encore

à terre. Enfin celui-ci se lève, puis l 'antérieur droit quitte

terre aussi. A ce moment qu'on appelle « temps de sus­

pension ), et qui es t cause de ce que le galop est une

allure sautée, les quatre pieds sont en l 'air. Le postérieur

gauche se remet alors à terre, puis le diagonal gauche,

puis l 'antérieur droit; les temps se renouvellent ainsi,

constituant des foulées successives séparées les unes des

autres par un temps de suspension.

Au lieu de s'exécuter à droite, le galop peut s'exécuter

à gauche, et alors les membres droits se comportent

comme le faisaient tout à l 'heure les membres gauches

dans le galop à droite; de même les membres gauches

font le geste qu'exécutaient les membres droits ; en sorte

que les trois appuis d'une foulée de galop à gauche se

décomposent ainsi :

Page 77: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

4 6

V po stérieur droit;

2° diagonal droit;

3° antérieur gauche ;

temps de suspension.

Comme on le voit, le galop est désigné par le côté de

l'antérieur qui s e met le dernier à l 'appui.

s a u t e r e t m o n t e r a c h e v a l

Pour sauter à cheval sans se servir de l'étrier, on se

place face à l 'épaule gauche du cheval. On ajuste les

rênes d ans la main droite qui saisit en même temps le

pommeau. La main gauche prend une poignée de crins

en en faisant sortir l 'extrémité du côté du petit doigt et à

l 'endroit de l 'encolure qui paraît le plus commode eu

égard aux tailles respectives de l 'homme et du cheval.

Puis le cavalier plie les jarrets et les détend en restant

sensiblement vertical et en s'aidant des poignets de

manière à s'élever sur les bras tendus. Passer alors la

jambe droite par-dessus la croupe et se mettre légè­

rement en selle.

[1 y a plusieurs manières de monterà cheval e n se

servant de l'étrier. Une des plus commodes et qui permet

d'éviter des coups de pieds de derrière e st la suivante :

se placer vis-à-vis de l'épaule gauche du cheval ; ajuste r

les rênes dans la main gauche qui saisit en même temps

une poignée de crins ; engager le pied gauche dans

l 'étrier en s'aidant au besoin de la main droite. Faire face

à la selle en baissant la pointe du pied et saisir le pom-

Page 78: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 47 —

meau de la main droite ; s'élever sur i 'étrier en évitant de

toucher le cheval avec la pointe du pied ; passer la jambe

par-dessus la croupe, se mettre légèrement en selle et

enfin enga ger le pied droit dans I'étrier droit.

s a u t e r a t e r r e e t m e t t r e p i e d a t e r r e

Si l 'on a des étriers, saisir une poignée de crins avec

la main gauche et le pommeau avec la main droite, passer

la jambe droi te p ar dessus la croupe et enfin mettre le

pied droit à terre en faisant l 'ace un peu en arrière et à

hauteur de l 'épaule. Si l 'on n'a pas d'étriers, on commence

le mouvement comme tout à l 'heure, mais après avoir

passé la jambe droite, on saute à terre.

l e c o n t a c t d e l a b o u c h e

Ajuster les rênes.

Le cavalier doit toujours avoir ses rênes assez tendues

pour garder le contact de la bouche; cette règle est

absolue, on ne peut la transgresser que dans les moments

d'abandon complet. C'est la tension des rênes, si légère

soit-elle, qui donneati cavallerie sentiment delà bouche,

c'est-à-dire de la partie du cheval qui est la meilleure

indicatrice de ses impressions. C'est aussi grâce aux

rapports continuels et immédiats entre les doigts et la

bouche, que le cavalier peut agir sur cette dernière ins­

tantanément et sans à-coups. De plus la communication

Page 79: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

48

incessante de la main du cavalier et de la bouche du

cheval entretient la dépendance de ce dernier en lui

faisant constamment sentir l 'instrument de domination

auquel le dressage l 'a habitué à se soumettre.

Enfin et surtout, si la main n'est pas là toujours pour

régler les allures et laisse l 'animal les modérer à son

gré, c 'est la ruine d e son impulsion, d e cette tendance

dont nous avons vu la nécessité primordiale. Ce n'est

que lorsque la bouche fait une concession, comme je le

dirai en parlant des flexions, que son contact avec le

mors peut se perdre ; mais alors c'est d'une manière

absolument brève et momentanée.

La nécessité de la continuité du contact n'entraîne pas

celle de tenir toujours le cheval sur des rênes courtes.

Mais si ba s qu'on laisse descendre l 'encolure, si loin

qu'on la isse aller la bouche, les rênes ne doivent pas

devenir flottantes. Si cela supporte une exception, ce ne

peut être, comme je le disais plus hau t, que par suite

d'une concession instantanée de la bouche ou que dans

le repos complet et au pas, allure à laquelle o n peut

généralement laisser prendre sa vitesse maxima.

Pour prendre le contact de la bouche, il faut , suivant

le t erme habituel, « ajuster les rênes. » Cela consiste à

donner aux rênes une longueur telle que le cavalier sent

légèrement la bouche du cheva l. Du reste, tout en pré­

sentant cette qualité, la longueur des rênes varie suivant

les besoins du travail qu'on exécute.

Page 80: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

é t a n t a r r ê t é , p r e n d r e l e p a s o u l e t r o t

Si Ton veut prendre le pas en partant de l'arrêt,

on doit faire sentir progressivement les jambes jusqu'à

ce que la mise en marchese produise et céder des doigts

pour laisser l 'encolure s'étendre. Il faut mettre le cheval

en mouvement exactement dans la direction de son axe,

sans précipitation co mme sans hésitation.

Le cavalier obtient la mise en marche dans la direc­

tion de l'axe en faisant agir les aides avec une symétrie

complète.

Il faut d'ailleurs, entre les jambes et les rênes, une

concordance telle que le déplacement du c entre de gra­

vité et le mouvement provoqués par les jambes, soient

réglés parles mains et maintenus par elles dans les pro­

portions voulues pour donner le pas, le trot ou le galop,

suivant le désir du cavalier.

Pour éviter que le départ soit brusque, il faut régler

l 'énergie des jambes sur le degré de sensibilité du che­

val. On empêchera la mise en marche d'être hésitante,

en donnant progressivement, mais rapidement, aux jam­

bes l 'intensité d'action qu'elles doivent avoir et en cédant

des doigts au moment précis ou l 'encolure cherche à

s'étendre.

Si le cheval déplace latéralement les hanches bien que

les jambes aient une action égale, on le redresse en fai­

sant sentir davantage la jambe du côté où les hanches sont

venues. Si la même faute se renouvelle, si le cheval hésite

à partir, on aura recours à des actions de jambes de

Page 81: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— ;o —

plus en plus énergiques et répétées, jusqu'à ce qu'il se

décide sans tergiverser.

Pour prendre le trot en partant de l'arrêt, le procédé

est exactement le même.

On doit apporter le plus grand soin à la manière dont

on met habituellement le cheval e n mouvement, car si

l 'on se sert des jambes avec plus d'énergie que de rai­

son, qu'arrive-t-il ? Le cheval se met brusquement en

marche, au lieu de couler dans son mouvement, ou

même il se met au trot. On sera obligé de s'op­

poser par les rênes à reffet produit par l 'action trop

énergique des jambes. Il ne faudra pas longtemps, dans

ces conditions, pour que, sa paresse aidant, le cheval

ne réponde plus à une forte action des jambes que dans

les limites restreintes qu'on lui assigne et on aura atro­

phié chez lui, de gaîté de cœur, la faculté pr écieuse de

répondre aux demandes les plus légères. Il deviendra,

suivant l 'expression consacrée, « froid aux jambes ».

p r e n d r e l e g a l o p p a r a l l o n g e m e n t d u t r o t

Comme il e st fort utile pour le cavalier de galoper

dés les premières leçons, il lui faut pouvoir mettre s on

cheval au g alop sans que l 'accord des aides ait besoin

d'intervenir. Pour cela, il n'y a qu'à prendre le trot et

à pousser cette allure jusqu'à ce que l e cheval la quitte

pour passer au galop. Cela s'obtient en desserrant les

doigts et en répétant les actions d e jambes jusqu'à ce

que le galop s'ensuive.

Page 82: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

Ainsi que le recommande pour les cavaliers militaires

le règlement sur les exercices et les manœuvres de la

cavalerie, on peut se mettre préalablement sur un cer­

cle de six ou sept mètres de rayon qu'on décrit d'abord

au tro t et en allongeant cette allure jusqu'à ce que le

cheval s'échappe au galop. Lorsqu'il est calme et quand

le cavalier se sent en confiance, il quitte le cercle et

rejoint la pi ste à la même main. En arrivant dans les

coins, il doit s e pencher légèrement vers l 'intérieur du

manège p our résister à la force centrifuge, comme le

fait du reste le cheval lui-même.

Pendant qu'il est au galop, le cavalier veille à s'assou­

plir, à se laisser aller de plus en plus du corps, des

cuisses et des jambes. L'instructeur le conduit à s'aban­

donner ainsi en conversant avec lui et en détournant son

attention de toute préoccupation de stabilité : c'est

alors que celle-ci se confirme par suite de Tabsence de

contractions. Le cavalier augmente son aisance en se

retournant sur sa selle, en caressant son cheval sur l 'en­

colure, la croupe et les flancs, etc.

Il est nécessaire que le cheval reste à une allure modé­

rée. La position sur le cercle contribue à éviter l 'excès

de vitesse qui pourrait se produire au départ par suite

des sollicitations d es jambes. Lorsque ses progrès le lui

permettent, le cavalier doit s'exercera prendre le galop

sur la piste sans que la vitesse s 'exagère : à cet effet, les

rênes laissent assez de liberté au cheval pour prendre

le galop mais pa s assez pour partir trop vite. Il y a là

une nuance que le cavalier doit s'efforcer de saisir.

Lorsque le galop s'exécute sur le pied du dedans, on

Page 83: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 5 2 —

dit qu'il est « juste » ; s'il s 'exécute sur le pied du dehors,

on dit qu'il est « à faux ». Or, pour que le cheval travaille

bien au galop à faux, il est nécessaire qu'il soit bien

dressé et bien monté. C'est un exe rcice qu'on n'exécu­

tera que plus tard, si on le juge à propos.

Toutefois, tant qu'on ne veut pas faire de doublers,

de voltes, etc., et qu'on reste sur le cercle ou sur la

piste au galop pour s'habituer au rythme de cette allure,

il importe peu que le cheval galope juste ou à faux et il

est inutile que le cavalier s'en préoccupe. Mais lorsqu'on

en est aux exercices de direction au galop, il faut galo­

per juste ; par suite, si le cheval est parti faux, on doit le

remettre au trot et redemander le galop soit en se remet­

tant s ur un cercle, soit dans un coin.

P A S S E R D U P A S A L ' A R R Ê T

Lorsqu'étant au pas avec des rênes ajustées on veut

arrêter, il faut remplacer l 'action moelleuse de la main

parsa fixité et par la résistance des doigts. Si l 'arrêt

s'ensuit, le résultat cherché est obtenu. Plus souvent le

cheval, s'il est un peu mis, élève son encolure en ralen­

tissant ; le cavalier rapproche alors ses mains de lui ou

raccourcit ses rênes pour garder le contact de la bou­

che, et cela jusqu'à ce que l'arrêt se produise. Ce recul

de la main ne doit en aucun cas précéder le mouvement

rétrograde de la bouche, sans quoi il y aurait traction

sur les rênes, ce que nous savons ne devoir jamais se

produire. Le cavalier ne rapproche sa main de lui qu e

Page 84: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

lorsqu'il s ent se perdre le contact de la bouche et du

mors et afin de maintenir c e contact tel qu'il était ; dès

que l'arrêt est obtenu, les doigts se desserrent.

Dans les débuts, le cavalier et l 'instructeur n'ont pas

à se préoccuper outre mesure de la bonne exécution de

l'arrêt ; mais, lorsqu'en raison des progrès accomplis on

veut rechercher la correction de ce mouvement, la plus

grande attention doit être apportée à l'action des jambes

qui peuvent ne pas avoir à agir mais qui doivent être

prêtes à le faire si la nécessité s'en fait sentir ;

io Afin d'ass urer entre le mors et la bouche un co n­

tact suffisant pour que la fixité de la main, succédant à sa

complaisance, produise soit l 'arrêt, soit l 'élévation de

l'encolure ; 2° afin de pouvoir parer à un arrêt brusque

et assurer la progression du mouvement en se relâchant

au fur et à mesure que la diminution de l'allure se pro­

duit ; 3" pour pouvoir se faire sentir à temps et sans

secousse, si les hanches s e déplacent latéralement ou si

le cheval tend à reculer après s'être arrêté. Dans le cas

d'un déplacement latéral, la jambe du côté où il s e pro­

duit intervient jusqu'à ce que le cheval soit remis dr oit,

et si un mouvement de recul s'ébauche, c'est l 'action

simultanée des deux jambes qui s'y oppose.

p a s s e r d u t r o t o u d u g a l o p

a u n e a l l u r e i n f é r i e u r e o u a l ' a r r ê t

Ces différents mouvements s'exécutent exactement

comme pour passer du pas à l 'arrêt : mêmes actions de

Page 85: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 54 —

mains, mêmes recommandations pour les jambes ; toute­

fois, si au lieu d'arrê ter, on veut seulement prendre une

allure inférieure, le moment où les actions des aides

doivent diminuer est celui où cette allure est obtenue.

r a l e n t i r l e p a s , l e t r o t o u l e g a l o p

Le ralentissement des allures s'obtient encore en sui­

vant les mêmes principes, mais il ne suffit pas que le

cheval couvre moins de terrain dans le même temps, il

faut encore qu'il conserve l'intégrité de son impulsion,

sans quoi le cavalier n'est plus maître de maintenir c e

ralentissement dans les limites qu'il désire. Il est donc

nécessaire, si l'impulsion fléchit, qu'elle soit relevée par

l 'intervention bien dosée des jambes.

Lorsque le cavalier est devenu d'une certaine force,

les exercices de ralentissement lui sont d'utiles sujets

d'étude en lui d onnant l 'occasion d'accorder ses aides

dans une me sure exacte et de s'apercevoir immédiate­

ment s'il en a bien proportionné les actions.

a l l o n g e r l e p a s , l e t r o t o u l e g a l o p

On accélère la vitesse des allures soit en se conten­

tant de desserrer les doigs lorsque le cheval est assez

impulsif, soit, si cela est nécessaire, en réveillant son

impulsion par une action des jambes accompagnant le

desserrement des doigts. Il faut q ue cet effet de main

permette au cheval d 'étendre l 'encolure dans des pro-

Page 86: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 55 —

portions utiles, mais les rênes ne doivent pas devenir

lâches, ce serait mauvais ici, com me en toute circons­

tance.

Lorsque l'allure a pris la vitesse désirée, on empêche

l'encolure de s'étendre davantage en résistant des doigts

plus ou mo ins moëll eusement suivant q ue le cheval est

plus ou moins délicat.

t o u r n e r

Le tourner comporte deux opérations distinctes, mais

qui doivent res ter parfaitement unies et qui sont le chan­

gement de direction et la marche.

Je suppose tout d'abord qu'au moment où on veut

tourner, comme lorsqu'on doit commencer un mouve­

ment quelconque, les rênes sont ajustées. Cela étant, l e

cavalier a trois moyens de déplacer l 'avant-main pour

déterminer un changement de direction. Le moyen le

plus simple, celui par lequel le débutant peut faire faire

à son cheval les changements de direction indispen­

sables, consiste à agir par rêne d'ouverture en portant,

si l 'on veut tourner à droite, la main droite de ce côté.

La tête est attirée à droite, les épaules et le reste du

corps suivent si le cheval ne cherche pas à résister et le

changement de direction s'exécute tant bien que mal.

Un des inconvénients de ce procédé est qu'il peut ame­

ner les hanches à l 'extérieur, ce qui ne va pas sans con­

séquences fâcheuses.

Le tourner par la rêne d'ouverture a en outre le défaut

Page 87: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 56 —

que j'ai expliqué être inhérent à cette rêne et qui est de

laisser au cheval la possibilité de lâcher l 'encolure et la

tête et de ne pas faire suivre les épaules : l'instrument de

direction perd ainsi son utilité et le cavalier n'est plus

maître de la conduite.

Le second procédé pour tourner à droite consiste dans

l 'emploi isolé de la rêne gauche d'opposition. Elle pro­

voque, en effet, le changement de direction et elle est

d'un grand secours dans la conduite à une main. Mais en

agissant seule, elle charge plus ou moins fo rtement la

hanche droite et provoque ainsi un ralentissement néces­

sitant une plus grande intervention des jambes q ue si le

tourner est demandé d'une manière plus rationnelle. De

plus, si le cheval fait des difficultés pour avancer en tour­

nant, le reflux de poids que la rêne d'opposition pro­

voque sur le postérieur du dedans favorise ce tte résis­

tance.

Le troisième moyen de demander le changement de

direction vers la droite et qui est le bon, consiste dans

l 'usage combiné de la rêne directe et de la rêne d 'oppo­

sition. La première déplace légèrement la tête vers la

droite, tandis que la seconde empêche ce déplacement

de s'exagérer, lie les épaules à l 'encolure et leur fait

suivre la même direction.

Pendant ce temps, que doivent faire le s jambes ? J'ai

dit tout à l 'heure que le t ourner comporte à la fois le

changement de direction et la marche. Nous venons de

voir les mains assurer le changement de direction, c 'est

aux jambes à entretenir la marche. Si l 'action des rênes

tend à provoquer un ralentissement, le changement de

Page 88: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 5 7 —

direction se fait mal ou ne se fait pas, absolument comme

cela arriverait pour le bateau qui ne serait pas actionné

et dont on ne commanderait que le gouvernail : il ne

tournerait pas. Ainsi fait le cheval s'il ne marche pas

quand les rênes lui demandent de tourner. Les jambes

doivent donc être prêtes à agir si le besoin s'en fait sentir,

soit pour amener le cheval à venir subir le commande­

ment des rênes, soit pour entretenir l 'allure si elle t en­

dait à s'éteindre par suite de l'action de la main. De

plus, c ette nécessité de marcher implique po ur les han­

ches celle de ne dévier ni à droite ni à gauche, sans

quoi la propulsion des postérieurs perd de son effet. Les

jambes doivent donc veiller à maintenir l 'arrière-main e n

bonne place et l 'encadrer pour l 'empêcher, le cas

échéant, de se déplacer latéralement.

Si, a près avoir tourné à droite, par exemple, le cava­

lier veut reprendre la marche directe, il doit répartir

également sur les deux épaules le poids de l'avant-

main, par l 'action égale et directe des deux rênes.

Pendant ce temps, les jambes agissent également, si cela

est utile, pour finir de placer le cheval droit et l 'actionner

dans son nouvel équilibre.

d o u b l e r

Le doubler à main droite, par exemple, se compose

de deux à d roite reliés par une ligne directe conduisant

le cheval perpendiculairement d'une piste à l 'autre.

s-

Page 89: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

Pour que ce mouvement soit bien exécuté, il faut que

le premier tourner se termine exactement lorsque le

cheval est perpendiculaire à la piste qu'il va rejoindre ;

la marche directe doit se faire sur une ligne absolument

droite et perpendiculaire aux pistes et, ainsi que les deux

tourners, exactement à l'allure qu'avait le cheval sur la

piste.

Ainsi compr is, le doubler est un excellent exercice ;

car le cavalier, ayant un point de repère commode, peut

voir facilement si l e cheval se redresse exactement au

moment où il le lui dem ande et l 'y obliger.

Le doubler est dit : « doubler dans la largeur » ou

n doubler dans la longueur » suivant qu'il est fait entre

les deux grandes pistes ou entre les deux petites. On

peut changer de main par le doubler en faisant le deu­

xième tourner en sens inverse du premier.

v o l t e

La volte, telle qu'o n la comprend maintenant, est un

cercle. Si l 'on part de la piste, le cercle doit lui être

tangent.

Elle se compose d'une succession de tourners égaux

ramenant le cheval à son point de départ. Les principes

qui régissent la volte sont les mêmes que ceux du tour­

ner; mais si celui-ci est difficile à bien exécuter, celle-là

l 'est bien davantage, parce que les difficultés d e chacun

des tourners qui la composent s'ajoutent les unes aux

autres.

Page 90: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— —

Tant que dure la volte, le cheval doit être constamment

maintenu dans le même équilibre, sans quoi les tourners

ne sont pas égaux et la volte est irrégulière ; en consé­

quence, les jambes doivent s'entendre, à tout instant,

pour pousser le cheval dans la direction prise par Tavant-

main, lequel doit être maintenu dans un équilibre immuable

par un accord complet entre les deux mains.

d e m i - v o l t e

• La demi-volte est un mouvement qui se commence

comme la volte, mais se termine par une ligne droite

parallèle à la diagonale du manège. Le cheval reprend

donc la piste à main inverse de celle à laquelle il se

trouvait.

La ligne droite commence au point de la volte où le

cheval se trouve parallèle à la diagonale du manège.

L'utilité de ce mouvement est d'amener le cavalier à

redresser son cheval à un moment déterminé et à le faire

marcher droit sans être guidé par aucune ligne appa­

rente.

d e m i - v o l t e r e n v e r s é e

Ce mouvement se commence comme se termine la

demi-volte, c'est-à-dire que, pour l 'exécuter, on quitte

la piste par une ligne droite, généralement parallèle à

une des diagonales du manège. Lorsqu'on est arrivé à

une distance de la piste variant suivant l 'étendue qu'on

Page 91: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— óo

veut donner au mouvement, on décrit un demi-cercle

pour reprendre la piste à la main inverse de celle à la­

quelle on se trouvait préc édemment.

c h a n g e m e n t d e m a i n

Le changement de main consiste à quitter le grand

côté à environ trois mètres du coin qu'on vient de passer

et à rejoindre par une ligne droite l 'autre grand côté à

six mètres à peu près du coin opposé.

Ces chiffres n'ont rien de fixe mais ils sont générale­

ment les plus commodes. Il ne devient nécessaire de les

déterminer que dans le travail en deux reprises.

Quoi qu'il en soit, le cavalier fût-il seul, doit en quit­

tant la piste, prendre un point de direction sur la piste

opposée et y parvenir par une ligne très droite.

c o n t r e - c h a n g e m e n t d e m a i n

Pour exécuter ce mouvement on quitte la piste par

une ligne droite, puis on marche droit, parallèlement à

cette piste, pendant un ou deux pas et, enfin on la rejoint

par une autre ligne droite.

Ces lignes droites doivent être respectivement paral­

lèles à l 'une des diagonales du manège.

Le contre-changement de main se composant de deux

changements de main successifs, on se trouve, après l 'a­

voir fini, à la même main qu'en le commençant.

Page 92: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

Ò1

S E R P E N T I N E

La serpentine se compose de demi-voltes successives

exécutées perpendiculairement aux pistes et tangentes

les unes aux autres, comme l'indique la figure :

Toute la difficulté, a u pas et au trot, réside dans la

régularité e t l 'égalité • des demi-voltes. Or, ces qualités

ne s'obtiennent qu'assez difficilement en raison des chan­

gements continuels auxquels le placer est soumis.

A Ar V

M V X V H V

l e h u i t d e c h i f f r e

Le « hui t de chiffre » e st un mouvement analogue à

la serpentine, du moins comme utilité. Il consiste à

décrire le chiffre huit perpendiculairement à la piste,

comme sur la figure :

\ >

X k

La volte, la demi-volte, le changement et le contre-

changement de main, la serpentine et le huit de chiffre

Page 93: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

0 2

doivent être exécutés souvent, même au pas, comme

exercices de tourner. Bien q ue la raison d'être des der­

niers existe surtout au galop, ils exig ent pour être bien

exécutés, même aux allures lentes, de la part du cava­

lier et du cheval, un souci de précision dont l 'un et

l 'autre ne peuvent que bénéficier.

p a s d e c o t é

Jusqu'ici nous nous sommes occupés surtout du rôle

impulsif des Jambes, rôle qu'elles remplissent par la

simultanéité de leur action et qui est de beaucoup le

plus important ; mais il n'e st pas le seul. Les jambes

peuvent agir inégalement et, dans ce cas, elles ont pour

effet de déplacer les hanches du côté opposé à celui de

la jambe prépondérante. 11 est essentiel que l 'élève sai­

sisse bien cet effet dont il a constamment besoin pour

faire gagn er du terrain de côté par l 'arriére-main ou pour

amener plus de poids sur un postérieur, ce qui est d'une

application fréquente en équitation.

Le cavalier s'exerce à rendre une jambe prépondé­

rante d'abord au pas, ensuite au trot. Marchant en ligne

droite avec des rênes ajustées et les jambes près, il en

ferme une un peu plus que l 'autre. Le cheval porte a lors

ses hanches du côté opposé, plus ou moins suivant le

degré de prépondérance donné à la jambe la plus ac­

tive.

Il faut se contenter dans les débuts de ce qu'on ap­

pelle « le quart de hanche » amenant simplement la piste

Page 94: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 6 j —

du postérieur du dehors, c'est-à-dire du côté de la

jambe prépondérante sur la piste de l'antérieur du dedans.

Autrement dit, si c'est la jambe d roite qui agit le plus, le

déplacement est suffisant dans les débuts, lorsque le

pied droit de derrière se pose sur la même piste que le

pied gauche de devant.

La jambe du dedans, c'est-à-dire la jambe gauche

dans l 'exemple que je viens de prendre, peut avoir éven­

tuellement un double rôle à remplir : premièrement em­

pêcher les hanches de venir exagérément de son côté ;

deuxièmement, empêcher l 'allure de se ralentir et obli­

ger le cheval à continuer à avancer tout en rangeant son

arriére-main. Cette nécessité de contraindre l 'animal à

avancer pendant ce mouvement et de l'empêcher de rame­

ner ses épaules sur les hanches est d'une difficulté qui

grandit avec le degré d'obliquité. C'est pourquoi il im­

porte que celui-ci soit modéré lorsque le cavalier com­

mence cet exercice.

Les rênes n'ont qu'un rôle à remplir, c'est d'éviter que

l'allure ne s'accélère tout en n'empêchant pas le cheval

d'avancer. Peu importe, du reste, au commencement,

que celui-ci quitte la ligne sur laquelle il marchait pré­

cédemment ; l 'important est qu'il d éplace ses hanches

tout en se portant en avant.

Lorsqu'un léger déplacement de l'arrière-main est

obtenu d'une manière satisfaisante, on en demande un

plus considérable sans toutefois faire faire à l 'axe du

cheval un angle de plus d e 450 avec la direction de la

marche.

Page 95: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 6 4

Le cavalier doit être attentif à ne donner à ses actions

de jambes que l'intensité strictement nécessaire ainsi

que je l 'ai expliqué lorsque j'ai parlé de ces aides. Sinon,

à une action trop forte de la jambe extérieure répond un

déplacement trop considérable des hanches : il faut alors

que la jambe intérieure empêche cet effet de se pro­

duire ; de là o rdre, contre-ordre, désordre. Bientôt les

hanches ne se déplaceront p lus avec la même franchise

et la sensibilité, l 'obéissance aux jambes sera perdue.

Quand en s'exerçant au pas de côté, Téléve a saisi e t

senti l 'effet produit par l 'action latérale de ses jambes, il

lui faut encore se confirmer dans l 'usage de ses aides

agissant séparément sur l 'avant-main et sur l 'arrière-main

et pour cela s'exercer à la pirouette renversée et à la

pirouette.

p i r o u e t t e r e n v e r s é e

o u d e m i - t o u r s u r l e s é p a u l e s

La pirouette renversée consiste à faire décrire aux

hanches un c ercle ou un arc de cercle autour d'une

épaule. On l'appelle aussi demi-tour sur les épaules.

Cette dénomination est moins juste que la première

parce que la pirouette renversée est d'un nombre de

degrés absolument facultatif qu'il appartient au cavalier

ou aux circonstances de déterminer.

Dans ce mouvement, l 'arrière-main tourne autour de

F avant-main qui, lui-même, tourne autour de l'antérieur

du dehors, du gauche si les hanches vont de gauche à

Page 96: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 6 5 —

droite. Il importe, du moins, qu'il en soit ainsi du mou­

vement des antérieurs, car si c'était, au contraire, l 'anté­

rieur du dehors qui tournait autour de l'autre, ce ne pour­

rait être que par un mouvement rétrograde qui c harge­

rait l 'arrière-main et le gênerait.

Ainsi qu'on le voit, le mouvement de l'avant-main se

réduit à fort peu de chose ; un antérieur est même immo­

bile ; tout le mouvement est exécuté par l 'arrière-main.

En conséquence, les aides à employer doivent concou­

rir à porter sur l 'antérieur immobile le plus de poids pos­

sible ; on facilitera ainsi l e mouvement de l'autre anté­

rieur et de l'arriére-main.

Si donc, nous voulons faire tou rner les hanches de

gauche à droite, il faut d'abord amener le poids de la

masse sur les épaules en fermant les jambes et en des­

serrant les doigts jusqu'à ce que la mise e n marche

devienne imminente ; on empêchera alors le centre de

gravité d'avancer davantage et on conduira le poids sur

l 'épaule gauche en fermant les doigts sur la rêne droite

d'opposition et sur la rêne gauche directe, en ayant soin

de tenir la tête et l 'encolure dans la direction de l'axe du

cheval. Pendant ce temps, si l 'on veut exécuter la pi­

rouette renversée de gauche à droite, par exemple, la

jambe gauche se glissera plus en arrière pour pousser

les hanches vers la droite ; la jambe droite restera près

pour maintenir la position avancée du centre de gravité,

empêcher le cheval de reculer et arrêter les hanches au

moment où le cavalier le jugera bon.

L'assiette se portera à droite pour faciliter l e dépla­

cement des hanches.

Page 97: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

(

— 6 6 —

En résumé, les aides à employer pour demander la

pirouette renversée de gauche à droite sont les sui­

vantes :

i0 Action égale des jambes pour amener la masse sur

les épaules.

2° Action de la rêne gauche directe et de la rêne

droite d'opposition, agissant de manière à charger

l 'épaule gauche, tout en maintenant l 'encolure droite.

3° Action pré pondérante de la jambe gauche.

4° Léger déplacement de l'assiette vers la droite.

Si le cheval marque une tendance à reculer malgré les

précautions prises pour l 'en empêcher, il faut y pa rer de

suite en rendant les jambes plus énergiques jusqu'à pro­

voquer la mise en marche, si c'est nécessaire. On devrait

même passer immédiatement au trot ou au galop si cette

tendance persistait ou s'accentuait. Mais souvent, lors­

qu'elle se manifeste, la faute en est au cavalier qui n'a

pas préalablement pris le soin d'avancer le centre de

gravité. C'est alors à lui de ne plus retomber dans la

même erreur.

Les premières fois que le cavalier exécute ce mouve­

ment, il e st inutile qu'il s'astr eigne à maintenir l ' avant-

main strictement en place. Ce n'est qu'au fur et à mesure

qu'il se sentira plus maître de ses aides, qu'il tâche ra de

les faire concorder avec l 'exactitude nécessaire pour ob­

tenir l 'immobilité de l'avant-main.

Cet exercice commence l 'ère des petites difficultés.

Il a la grande utilité d'enseigner au cavalier à mesurer

exactement l 'intensité de ses aides.

Page 98: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— b y —

p i r o u e t t e

o u d e m i - t o u r s u r l e s h a n c h e s

La pirouette consiste à faire déc rire un cercle ou arc

de cercle aux épaules autour des hanches comme pivot.

Ce mouvement est assez dilficile à obtenir parce qu'il

exige que rarrière-main ne fasse que tourner autour

d'un postérieur servant d e pivot, et laisse à l'avant-main

le soin de déplacer toute la masse; il faut par conséquent

que le cavalier s'attache à sentir c e qui se passe sous

lui pour s'apercevoir des déplacements plus ou moins

accusés de l'arrière-main.

L'élève s'achemine vers l 'exécution de ce mouvement

en demandant des demi-voltes dont il réduit progressi­

vement le rayon. Lorsque celui-ci devient très court, les

hanches marquent souvent une tendance à se déplacer

vers l 'extérieur. L a jambe de ce côté doit s'y opposer

et concourir avec l 'autre jambe, à empêcher le che­

val d'amener ses épaules sur ses hanches et de reculer.

Grâce à la répétition de cet exercice, le cavalier envient

à raccourcir assez la demi-volte pour que les hanches

ne quittent presque plus la piste ; à ce moment, la pi­

rouette s'obtient en augmentant l 'action des rênes de

manière à arrêter le mouvement en avant et à accentuer

en même temps le mouvement latéral de l'avant-main. Il

faut qu e l'arrière-main s'immobilise ; à cet effet, la jambe

extérieure l 'empêche de se jeter en dehors si, comme

cela arrive souvent, il cherche à le faire. D'autre part, la

Page 99: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 68 —

jambe intérieure se tient prête à intervenir si le cheval

cherchait à reculer. L'arrière-main étant ainsi immobilisé

et, d'autre part, les mains continuant à assurer le dépla­

cement des épaules, il en résulte que celles-ci tour nent

autour des hanches : c'est la pirouette.

Le cavalier n'en demande d'abord que deux ou trois

pas et n'essaye d'en obtenir davantage que lorsqu'il sait

faire exécuter correctement les premiers. Il s 'exerce

ensuite à obtenir la pirouette en partant de l'arrêt, La

difficulté est plus g rande parce que le cheval n 'étant pas

en mouvement est plus enclin à jeter ses hanches en

dehors ou à reculer.

L'élève s'étant arrêté e t désirant exécuter la pirouette

de droite à gauche, établit le contact de la bouche et

du mors de telle sorte que le poids soit reporté vers

l 'arrière-main sans cependant que son cheval recule. Ce

résultat, d'une difficulté plus sér ieuse que celles qu'on

rencontre dans le demi-tour sur les épaules, s'obtient

par l 'effet des doigts contenant l 'impulsion sollicitée par

une action simultanée et judicieuse des jambes dont je

reparlerai à propos du ramener, mais dont le cavalier

doit dès maintenant chercher à saisir pratiquement la

formule. Il reconnaît qu'une position suffisante pour le

moment est obtenue, lorsque l 'encolure s'est é levée au­

tant que possible sans que l'animal recule ou s'accule-

Ce résultat étant acquis, la rêne gauche directe et la

rêne droite d'appui agissent de manière à donner un

léger pli à gauche e t à amener le déplacement circulaire

des épaules de droite à gauche. Les rênes ne doivent

contenir le mouvement en avant ni tr op, ce qui provo-

Page 100: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— Ó9 —

querait le reculer, ni tr op peu ce qui amè nerait les han­

ches à marcher pour suivre les épaules. Enfin la jambe

droite intervient si cela est nécessaire pour empêcher les

hanches d e se déplacer vers la droite.

Dans ces conditions, les postérieurs ne reculant pas,

n'avançant pas et ne se déplaçant pas de côté restent en

place tandis que les épaules tournent autour d'eux.

En résumé, les aides sont les suivantes :

i° Action simultanée des deux jambes incitant le che­

val à se mouvoir et l 'amenant à recevoir le commande­

ment des rênes.

2° Rêne gauche directe et rêne droite d'appui dépla­

çant les épaules vers la gauche et agissant avec une in­

tensité telle que le cheval n'a vance ni ne r ecule.

3° Le cas échéant, prépondérance de la jambe droite

pour empêcher l 'arriére-main de se porter à droite.

Tant que le cavalier n'est pas tout à fait capa ble de

bien obtenir ce mouvement, Il peut laisser l 'arrière-main

avancer un peu, mais en aucun cas, il ne doit provoquer

le reculer. Le demi-tour sur les hanches exige un réel

accord dans les aides. Il ne doit être abordé que lors­

qu'on possède déjà une certaine adresse.

t r a v a i l s u r d e u x p i s t e s

Le cavalier sait déplacer latéralement et indépendam­

ment l 'un de l'autre l 'avant-main et l 'arrière-main, soit en

marche, soit à l 'arrêt par les pas de côté, les pirouettes

renversées et les pirouettes. Il lui f aut apprendre à coor­

Page 101: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

donner avec justesse ces deux déplacements. C'est en

s'exerçant au travail s ur deux pistes qu'il peut y arriver.

Le travail de deux pistes consiste à déplacer le che­

val, parallèlemeut à lui-même, dans une direction oblique

à celle de son axe, les antérieurs et les postérieurs dé­

crivant deux pistes parallèles.

Les membres extérieurs chevalent par dessus les mem­

bres intérieurs. Lorsque le travail de deux pistes est

correct, il s 'exécute avec une entente et une symétrie

telles, entre les différentes par ties du cheval, que les

gestes s'exécutent sans diminution de vitesse et d'im­

pulsion.

Or, dans ce travail, l 'arrière-main doit comme tou­

jours pousser l 'avant-main ; mais, n'agissant plus exac-

ment dans la direc tion de l'axe, son action propulsive

est amoindrie. Pour maintenir l 'impulsion dans son

intégrité, il faut utiliser judicieusement le poids de l'avant-

main de manière à ce qu'il entraîne les antérieurs et rem­

place ainsi, pour eux, la dose d'impulsion qu'ils ne

reçoivent plus des postérieurs. On obtiendra alors une

impulsion aussi considérable que celle dont le travail sur

une piste est susceptible. On doit viser à ce résultat

dans tous les mouvements exécutés sur deux pistes ; ce

n'est qu'à la condition d'y arriver qu'ils ont une raison

d'être.

L'élève s'exerce à ce mouvement d'abord au pas, puis

au t rot. Voici les aides à employer pour marcher sur

deux pistes de gauche à droite, par exemple :

i0 Les deux jambes, si l 'insuffisance momentanée de

Page 102: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 71 —

l 'impulsion le nécessite, envoient le cheval sur la main et

lui font recevoir l es indications des rênes.

2° La rêne droite directe fait regarder le cheval du

côté vers lequel il doit marcher et commence le dépla­

cement du centre de gravité de Vavant-main vers la

droite. La rêne gauche d'opposition agit en même temps

que la précédente pour achever le déplacement latéral

de l'avant-main et de son poids.

3° La jambe ga uche, à ce.moment, se fait p répondé­

rante pour diriger les hanches à droite, tandis que la

jambe droite agit si c'est nécessaire pour limiter le dépla­

cement des hanches et obliger le cheval à maintenir son

allure et à gagner du terrain en avant en même temps

que de côté.

4° L'assiette ne se laisse pas déplacer vers la gauche

mais, au contraire, se maintient plutôt à droite pour

aider la mar che du cheval de ce côté.

Parmi les erreurs les plus communément commises,

il faut éviter surtout celle des cavaliers qui, au lieu d'ai­

der les épaules en les poussant du côté vers lequel on

appuie, les ralentissent au contraire, en se servant, si

l 'on appuie de gauche à droite, de la rêne gauche directe

ou de la rêne droite d'opposition. Bien qu'on obtienne

ainsi, avec facilité, une position traversée ressemblant

à celle des deux pistes, on commet un non -sens et une

faute d e lèse-impulsion ; car ces aides ont pour résultat

de ralentir les épaules qui, cependant, ont déjà beaucoup

de peine à se mouvoir latéralement.

La direction dans laquelle marche le cheval ne doit

pas faire un angle de plus de 45° avec celle de son axe.

Page 103: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 7 2 —

Sa structure, en effet, s 'o ppose à ce qu'il puisse faire

chevaler adroitement ses membres extérieurs si ce tte

inclinaison est plus forte ; il se frappe péniblement les

genoux, rompt son équilibre et travaille mal. D e plus, si

l 'on accentue trop l'obliquité, les hanches ne sont plus

assez d errière les épaules et l 'avant-main ne bénéficie

plus assez de la détente des propulseurs pour que l'ap­

point apporté par le déplacement du centre de gravité

suffise à conserver l 'impulsion. Lorsque, donc, le che­

val tend à exagérer l 'obliquité, la jambe extérieure ne

doit guère agir plus que l'autre et toutes deux doivent

être assez énergiques, pour que les propulseurs jettent

l 'avant-main dans l 'action déplaçante des rênes.

Comme toutes les fois qu'il commence un travail nou ­

veau pour lui, le cavalier ne doit d'abord rechercher que

peu de chose et s'attacher non pas à prolonger le mou­

vement, mais à l 'exécuter correctement. L'étude du tra­

vail sur deux pistes est pour Télève une des plus fécondes

en résultats. Elle l 'habitue à sentir marcher son cheval et

à coordonner ses aides d'après ces déplacements qu'il

ne voit pas et qu'il ne peut apprécier que par son tact.

A c e travail, celui-ci s e développe, tandis que les aides

gagnent en accord et en à propos.

c r o u p e a u m u r

La cr oupe au mur est un exercice qui consiste à

faire marcher le cheval sur deux pistes, la croupe se

déplaçant le long du mur. Pour obtenir ce mouvement.

Page 104: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 73 —

il fau t d'abord amener l 'avant-main à l 'intérieur du m a­

nège comme si on commençait une volte. Puis, au mo­

ment où l'arrière-main est sur le point de quitter la piste ,

on déplace le cheval parallèlement à lui-même le long

du mur par les aides indiquées plus haut pour la marche

sur deux pistes.

t ê t e a u m u r

La tête au mur consiste à faire progresser les épaules

sur la piste, les hanches décrivant une piste intérieure.

Pour obtenir le déplacement de l'arrière-main vers

l 'intérieur, il faut s'y prendre exactement comme si l 'on

voulait faire une pirouette renversée, mais en ne mar­

quant qu'un ralentissement de l'avant-main. Dès que le

cheval est dans la position voulue pour marcher sur deux

pistes, on l'y pousse en continuant la prépondérance de

la jambe extérieure et en employant comme toujours la

rêne intérieure directe et la rêne extérieure d'opposi­

tion.

Lorsque le cavalier obtient le travail sur deux pistes

avec une correction suffisante en marchant sur une ligne

droite, il peut se perfectionner en tenant les hanches en

dedans ou en dehors sur la volte, la demi-volte, les

contre-changements de main, e tc. Ce dernier mouve­

ment a une utilité particulière en raison de laquelle il est

bon de l'exécuter souvent : il amène le cavalier à inverser

rapidement ses aides et à leur donner du premier coup

l'intensité et l 'action nécessaires.

6.

Page 105: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 74 —

d é p a r t s a u g a l o p

Au moment où, grâce à une étude suffisante des demi-

tours sur les épaules et sur les hanches e t du travail sur

deux pistes, le cavalier sait commander l 'équilibre, il

peut presqu'absolument assurer le départ sur le pied

qu'il veut. En effet, po ur partir à droite par exemple, il

faut qu e le postérieur gauche entame l'allure en enlevant

toute la masse par sa détente ; il faut aussi que l 'anté­

rieur et le postérieur droits dépassent leurs congénères,

afin que le latéral droit puisse constamment prendre ses

appuis en avant de l'autre.

Or, si l 'assiette charge le postérieur gauche, il est

clair qu e c'est ce membre qui peut le mieux enlever la

masse, puisque le droit, complètement dégagé, n'a évi­

demment qu'une, action moindre sur cette dernière. Si,

en même temps, les rênes chargent l 'épaule gauche,

l 'antérieur droit, grâce à la ,décharge dont il bénéficie et

à la détente du postérieur gauche, a tendance et facilité

à étendre son geste plus que l'antérieur gauche ; enfin

le postérieur droit, se mettant en mouvement au mom ent

de l'enlever, dépasse forcément son congénère qui

reste à l 'appui ; le latéral droit dépasse donc le gauche.

On voit qu 'à condition d'employer des aides qui cha r­

gent le latéral gauche et provoquent la détente du pos­

térieur gauche, on peut presque forcer le départ à se

faire sur le pied droit ; on aura, du reste, une action plus

décisive en accentuant la position avancée du latéral

droit par rapport au gauche.

Page 106: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

En conséquence, pour partir à droite, les aides à

employer s ont les suivantes :

Assiette à gauche chargeant la hanche gauche.

Jambe gauche faisant ten dre les hanches à se dépla­

cer à droite et, par conséquent, le latéral droit à dépas­

ser le gauche.

Jambe droite joignant son action à celle de la jambe

gauche pour donner la dose d'impulsion nécessaire au

départ et empêcher les hanches de venir trop à droite.

Le cheval, envoyé par les jambes sur la main, est

reçu par les rênes de la manière suivante :

Rêne droite dopposition chargeant l 'épaule gauche qui

doit être ralentie, dégageant la droite qui doit s'éten­

dre.

Rêne gauche directe corroborant l 'action de la rêne

droite et maintenant l 'encolure et la tête directes.

Les deux rênes doivent en outre s'opposer jusqu'à un

certain point, au passage de l'impulsion, de manière à ce

que l'excédent qu'elle reçoit soit employé à enlever

F avant-main. Pui s une légère remise de main permettra à

l 'antérieur droit de s'étendre et au postérieur gauche de

pousser toute la masse dans l 'allure.

Pour faciliter la justesse des départs, le cavalier peut

commencer par les demander soit dans les coins soit à

la fin d'une volte, mais toujours de manière à ce que le

cheval les donne au moment où il va se redresser.

Cette dernière p rescription a son importance ; voici

pourquoi : dans le tourner à droite, par exemple, le

latéral droit est plus en avant que le gauche, ce qui met

le cheval dans une position favorable a u dépa rt à dr oite.

Page 107: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

Mais, d'autre part, dans le tourner à droite, l 'épaule

et la hanche droites sont les plus chargées, ce qui est

une condition défavorable. Donc, pour n'emprunter au

tourner que ce qu'il a de commode, il faut exciter le

cheval à prendre le galop au moment où on le redresse ;

à cet instant, il est encore incurvé et, comme on reporte

le poids de Tavant-main et de l'arriére-main sur le latéral

gauche pour reprendre la m arche directe, on achève

ainsi d'assurer le départ à droite.

De plus, pour avoir plus de chances d'obtenir un dé­

part calme et tranquille, le cavalier a avantage à le de­

mander en partant du trot parce que le cheval bénéficie

alors, pour passer au galop, de l'impulsion acquise ; pa r

suite, les* jambes ayant à en fournir une moins grande

dose, peuvent agir moins énergiquement et le départ peut

être plus calme, ce qui a son importance.

Dès que l'élève sait commander habituellement les dé­

parts justes à la fin des tourners et en partant du trot, il

peut s'exercer à les demander sur la ligne droite au trot

puis au pas.

Au chapitre suivant, après avoir étudié comment

s'obtient la mise en main, nous chercherons comment on

peut assurer la rectitude des départs.

Les départs au g alop exécutés sans souci de la recti­

tude clôturent la liste des mouvements par l 'étude des­

quels le cavalier se met dans la possibilité d e diriger

grosso modo son cheval. Tant qu'on ne se trouve pas

aux prises avec des résistances ou à fortiori, avec des

défenses, tant qu'on n'éprouve pas le besoin d'avoir un

cheval ag réable, on peut se contenter de l'expérience

Page 108: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

acquise jusqu'à présent. Mais si ce résultat paraît insuf­

fisant, si on veut ê tre capable d'imposer l 'obéissance à

un cheval mal intentionné, si on veut le conserver en bon

état de membres, si on tient enfin à l 'utiliser avec le maxi­

mum d'agrément et le minimum d e fatigue, il faut conti­

nuer les progrès que l'on a faits et s'instruire dans la

manière d'équilibrer l e cheval avec une exactitude suffi­

sante pour les services qu'on veut lui demander.

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CHAPITRE III

m a n i e m e n t d u c h e v a l d a n s l a m i s e e n m a i n

Il faut qu e le cavalier soit maître de décontracter son

cheval, tou t au moins dans des conditions sensibles, pour

pouvoir lui imposer les équilibres nécessaires et vaincre

des résistances qui ont le double inconvénient de rendre

l'animal désagréable à utiliser et de lui permettre de refu­

ser momentanément ou définitivement l 'obéissance. Pour

échapper à ces éventualités, il est nécessaire de pouvoir

obtenir le « ramener », « la desce nte d'encolure » et les

« flexions » c e qui permet de maintenir le cheval dans

la « mise en main ».

l e r a m e n e r

Le ramener est l 'opération des doigts, et, éventuelle­

ment, des jambes, par laquelle on élève l 'encolure p our

faire re culer le p oids vers les hanches ou, autrement dit,

pour engager l 'arrière-main.

On l'obtient, en substituant sur les rênes ajustées la

résistance des doigts à leur action moelleuse. Si le che-

Page 111: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 8o —

val répond à cet effet de rênes par une flexion, un retrait

de main, accompagnant la mâchoire, le force à élever

l 'encolure pour pouvoir refermer la bouche. C'est un

commencement de ramener. Pour l'avoir plus considéra­

ble, on n'a qu'à demander de la même manière plusieurs

élévations consécutives.

Si le cheval ne donne pas la flexion en arrivant su r les

doigts fermés, ou bien l 'allongement d'encolure exigé

par l 'action des jambes se change en une élévation qui

n'est autre chose que le ramener simple et sans flexion ;

ou bien l 'encolure s'abaisse en se rouant ce qui es t l 'en-

capuchonnement. Ce dernier cas est rare, heureuse­

ment. On le corrigera en agissant sur le filet par des

actions alternatives de rêne droite et de rêne gauche ;

c'est ce qu'on appelle scier du filet.

Dans le cas où, les doigts s'étant fermés, le cheval

n'accuserait pas leur action, il faudrait qu e les jambes

agissent de manière à le forcer à prendre le contact du

mors assez fort pour en être douloureusement impres­

sionné et pour chercher à s'y soustraire, ce qu'il fait de

la manière que je viens d'indiquer. Au besoin même,

les mains peuvent s'élever un peu afin d' accentuer leur

action de bas en haut.

Aux élévations d'encolure correspondent des reculs

consécutifs par lesquels le centre de gravité se rapproche

des propulseurs et les engage.

Il importe que les raccourcissements de rênes par

lesquels on obtient le ramener, suivent et ne précèdent

pas l 'encolure dans ses élévations successives ; sans

Page 112: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 8i —

quoi, ce serait la traction de rênes avec tous ses incon­

vénients.

Le cavalier doit commencer à demander le ramener

au pa s et non à l'arrêt, afin de ne pas courir le risque

d'acculer son cheval. Du reste, le mouvement d'encolure

particulier à cette allure facilite l 'action des mains.

Le ramener commence et fait partie de la mise en

main pour laquelle l 'engagement des propulseurs est né­

cessaire.

l a d e s c e n t e d ' e n c o l u r e

Il ne suffit pas au cavalier de pouvoir provoquer le recul

du poids vers les hanches, il faut aussi qu'il puisse le

faire avancer : il y arrive pa r la descente d'encolure plus

ou moins accentuée. Elle consiste dans une extension et

un abaissement de1 l 'encolure qu'on obtient en cédant

des doigts dans la proportion commandée par l 'amplitude

qu'on veut laisser prendre à ce mouvement : l'encolure

s'abaissant, le poids se rapproche des épaules.

La descente d'encolure est un résultat de l'impulsion

qui, sur un desserrement des doigts incite le cheval à

augmenter sa vitesse et pour cela, à étendre son enco­

lure. Aussi, dans le cas où l'encolure ne répondrait pas '

immédiatement par son extension à la concession des

mains et où une augmentation de vitesse ne se produirait

pas, c'est que le cheval manquerait d'impulsion, tout au

moins momentanément ; il faut alors que les jambes inter­

viennent pour la réveiller.

Page 113: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

8 2 —

Ainsi comprise, la d escente d'encolure n'est pas seu­

lement pour le cavalier un moyen de faire avancer le

centre de gravité lorsqu'il le désire, c'est aussi, quand on

la fait assez prononcée, un excellent moyen d'entretenir

l 'impulsion en forçant le cheval à allonger son encolure

dès que les doigts le lui permettent et à en profiter pour

augmenter sa vitesse ; aussi son emploi, doit-il ê tre fré­

quent.

A vrai dire, il peut paraître commode d'avoir des che­

vaux s'en allant tranquillement à bout de rênes, l 'enco­

lure basse et, dans cette position, se maintenant d'eux-

mêmes à une allure modérée ; il es t facile de donner à la

plupart des chevaux cette habitude qui ne manque pas

d'utilité pour les cavaliers à leurs débuts ; mais dès qu'on

commence à être un peu adroit, il vaut mieux re noncer

à cette licence, car les chevaux ainsi placés sont dans

l'impossibilité d'être conduits aisément : pour les rendre

maniables, il faut les relever et alors, leur allure qui était

lente tout à l 'heure bien que l'équilibre fût pro pice à la

vitesse, s'éteint maintenant que cet équilibre est moins

favorable au mou vement en avant. Pour la sou tenir, les

jambes deviennent constamment nécessaires. De pareils

errements mettent donc le cavalier dans l'obligation ou

d'avoir un cheval sur les épaules et difficilement maniable,

ou, s'il le relève pour le conduire plus aisément, de lui

donner continuellement de la jambe ou de l 'éperon. Que

de braves chevaux vibrants et brillants ont perdu ces

précieuses qualités et se sont éteints par l 'emploi de sem­

blables procédés !

Page 114: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

l e s f l e x i o n s

Il n'es t pas de cavalier qui n'ait eu occasion mainte et

mainte fois de constater avec quelle facilité il manie

son cheval lorsque les indications du mors sont reçues

avec souplesse et quelle difficulté, au contraire, la con­

traction de la nuque et de la mâchoire apporte à la di­

rection.

C'est que, si l 'encolure et la tè te restent raides dans

toutes leurs articulations, elles sont comme invariable­

ment s oudées à tout le reste du corps ; la puissance

propulsive de l'arrière-main est transmise sans amortisse­

ment à la main du cavalier qui, réciproquement, doit

réagir avec une grande énergie sur les propulseurs pour

les commander.

Dans ces conditions, le cavalier est aux prises avec la

force motrice dont l 'effet lui est intégralement transmis ;

en sorte que la direction ne peut se faire avec aucune

délicatesse.

Si au co ntraire, les articulations de la mâchoire et de

la nuque sont souples, elles deviennent entre l 'arrière-

main et le mors un intermédiaire dont l 'élasticité amortit,

d'une part, la poussée de la masse jetée sur la main par

les propulseurs e t ajoute, d'autre part, sa force à celle

du doigté, ce qui permet à ce dernier de commander les

propulseurs tout en restant léger.

C'est quelque chose d'analogue à ce qui se passerait

dans le cas d'un wagon lancé contre un heurto ir de ma­

Page 115: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 84 —

nière à y r ester appliqué. En se comprimant, les tam­

pons amortissent le choc reçu par le heurtoir et, en

outre, emmagasinent une force qui, lorsqu'on voudra

reculer le wagon, s'ajoutera à celle qu'il faudra mettre en

oeuvre et par conséquent lui permettra d'être moindre. Il

en est de même pour l 'encolure et la mâchoire. Logique­

ment assouplies, elles font office de tampons. Elles

amoindrissent la poussée de la masse lancée par les pro­

pulseurs sur la main e t augmentent l 'action de la main

sur les propulseurs ; en sorte que les efforts reçus ou

faits par le cavalier peuvent ê tre infiniment légers. C 'est

le dernier terme de la légèreté ; c'est aussi la raison d'être

des flexions.

Le jeu de l'articulation du garrot, dans le ramener,

donne déjà à l 'encolure une certaine souplesse, mais elle

serait insuffisante, et même fortement compromise, si les

articulations avoisinantes étaient contractées.

Il faut do nc qu'au jeu de cette articulation se joignent

celui d e la nuque et celui de la mâchoire. Leur conces­

sion porte le nom de « flexion directe » si elle s e fait

dans le plan vertical de l'axe d u cheval, et de « flexion

latérale » si elle s e fait dans un plan oblique.

Flexion directe.

La flexion directe est la concession que font la nuque

et la mâchoire dans le plan vertical de l'axe du cheval,

lorsqu'une action symétrique des rênes arrête une exten­

sion de l'encolure, La concession de la nuque est

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- 8 5 -

limitée à la partie supérieure de l'encolure ; elle rap­

proche l'axe de la tête de la verticale en le laissant au-

delà, et lui fait faire d'une manière presque impercep­

tible un mouvement analogue à celui que nous faisons

de la tête pour répondre « oui > >.

Cette comparaison qui n'est pas de moi m e semble

très juste et qualifie bien le mouvement de la tête dans la

flexion.

La concession de la mâchoire consiste dans une

ouverture de la bouche provoquant l 'abandon complet du

mors et suivi immédiatement de la fermeture de la bouche

et de la reprise du contact.

Tant que le cheval ne donne pas cette puverture de

la bouche jusqu'à lâcher le mors, c 'est que la plus grande

décontraction possible de la mâchoire n'est pas obtenue

et que le cheval est prêt à se recontracter.

Ce n'est que lorsqu'il est habitué à faire cette conces­

sion complète dès qu'on la lui demande que sa mâchoire

reste continuellement souple.

Le cheval ne doit pas être maintenu pendant tout le

temps du travail dans la flexion directe complète. La

nuque seule reste ployée pour maintenir la tête dans

une bonne position. La b ouche garde un appui moelleux

et souple et ne donne la flexion complète que lorsque

le cavalier ferme les doigts et les jambes.

A ce moment seulement, la flexion complète de mâ­

choire a sa raison d'être qui est de décomposer la pous­

sée de la masse sur la main et d'augmenter l 'action du

doigté sur les propulseurs pour lui permettre de produire

son effet avec l'intensité voulue tout en restant léger. Si

Page 117: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 8 6 —

la flexion d irecte complète se produisait en dehors du

resserrement d es doigts et par le simple effet du c ontact

qui doit toujours exister entre le mors et la bouche, ce

contact se perdrait continuellement sans raison, la bouche

ne serait plus en communication permanente avec le

cavalier et le cheval ne serait plus sur la main. Il y au­

rait lieu de l'y remettre en l 'exerçant aux allures déten­

dues.

Il ne faut pas confondre la flexion directe avec la

détestable position de certains chevaux qui ont cons­

tamment la bouche ouverte. Ce défaut fait perdre à la

mâchoire toute mobilité et toute souplesse. C'est poni­

le cheval une manière de se braquer qu'on guérira par la

flexion juste.

Pour obtenir la flexion directe, il faut placer le cheval

dans le ramener. S'il est bien mis et si son impulsion est

suffisante, i l n 'en faut pas plus pour obtenir la flexion sur

un ress errement des doigts ; mais dans le cas où il ne la

donnerait pas, il faudrait que les jambes l 'obligent à

prendre avec le mors un contact plus fort ; afin d'échapper

à la do uleur qu'il en éprouve, il c ède de la mâc hoire et

de la nuque.

Le cavalier se rend très facilement compte si la flexion

s'est produite, parce qu'on éprouve, pendant le temps

extrêmement co urt que le cheval met à abandonner son

mors et à le reprendre, l 'impression de ne plus rien avoir

dans la main 1.

1, Si l'action des rênes et des jambes p rovoque une tendance à Tacculement avec ralentissement d'allure, c'est que les rênes sont trop courtes. Si, au con­traire, l e cheval accélère l'allure sans c éder de la bouche et de la nuque, c'est que les rênes sont t rop longues. Quelques courts tâtonnements permettront de prendre la longueur convenable.

Page 118: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 8y —

Certains chevaux sont rebelles à la flexion et la donnent

difficilement.

Ce sont surtout ceux qui sont doués de beaucoup

d'allant ou ceux qui, au contraire, aiment à se faire por­

ter. Ils se braquent sur le mors et profitent, pour refuser

la flexion, de ce fait que lorsqu'un objet impressionne la

sensibilité par son contact, cette impression est beau­

coup plus forte lorsque le c ontact se produit ou lorsqu'il

cesse que pendant qu'il d ure. Pour vaincre cette diffi­

culté, il suffit au cavalier ou bien d'augmenter la sévérité

du contact en rendant les jambes plus énergiques, ou

bien de faire cesser le contact par un desserrement des

doigts, puis de le reprendre aussi tôt en les refermant : à

chaque fois, le mors impressionne la bouche.

Il n'y a qu'à continuer jusqu'à ce que la mobilité de la

mâchoire s'en suive.

Si ces moyens ne suffisent pas, on peut essayer de

garder les doigts d'une main fermée en resserrant et

desserrant alternativement les doigts de l 'autre main.

L'embouchure en reçoit un mouvement de va-et-vient

qui impressionne constamment la bouche. Le cheval se

rend vite compt e par ces différents moyens qu'il ne gagne

rien à garder la mâchoire fixe et se décide à céder sur la

fermeture des doigts, ce qui, somme toute, le gêne moins.

Mais il faut toujours chercher à obtenir l a flexion par

l 'insistance de la fermeture des doigts et des jambes ; le

cheval est ainsi dans les conditions mêmes où il doit sa­

voir faire la flexion. Il ne faut recourir aux autres pro­

cédés que lorsque celui-ci n'a pas abouti.

Page 119: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 88 —

Quand la flexion directe s 'obtient facilement au pas, il

faut la demander au trot puis au galop.

On ne devra jamais demander la flexion sur l 'encolure

libre et détendue puisque cette position d'encolure est

particulière aux allures rapides qui exigent que, sans

tirer, le cheval cependant sente bien la main. C ar s'il est

certain qu'au train de course, par exemple, il se fatigue

en tirant très fort, il est certain aussi que lâcher la main

est, dans ce cas, de sa part, signe de détresse ou de

mauvais cœur.

Flexion latérale.

La flexion latérale est la conceession que font la nuque

et la m âchoire en tournant la tête face à droite ou à

gauche, lorsqu'une action dissymétrique des rênes arrête

une extension d'encolure.

La mâchoire cède dans la flexion latérale comme dans

la flexion directe.

La nuque cède en faisant faire à la tête un quart d'à

droite ou d'à gauche.

Comme la flexion directe, la. flexion latérale ne doit

se demander que dans le ramener et, pour commencer,

au pas. Pour l 'obtenir à droite, par exemple, il faut

marquer une résistance sur la rêne droite directe qui

amène la tête dans la position voulue ; la rêne gauche

agit alors pour limiter c e mouvement et concourir avec

la rêne droite à l 'obtention de la concession de mâchoire.

Pendant la flexion, les rênes droites sont directes, les

Page 120: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

- 89 -

rênes gauches agissent par opposition sur l 'encolure et

la tê te est à droite du plan vertical de l 'axe. Pour ces

raisons, le po ids de Pavant-main est porté à droite et le

cheval s'engage dans le tourner.

On peut éviter que le cheval tourne en donnant la

llexion. Il suffit po ur cela que les rênes droites agissent,

non plus parallèlement au plan vertical de l 'axe, mais

diagonalement de droite à gauche.

Le poids de l'avant-main peut ainsi être reporté égale­

ment sur les deux épaules, ce qui laisse le cheval

marcherdroit.

Les difficultés qu' on rencontre sont de différentes

sortes. Le plus souvent, le cheval résiste de la bouche et

de l'encolure et aide sa résistance parle poids de sa

masse en s'arc-boutant sur l 'épaule gauche, si on

demande la flexion à droite, par exemple. Il n'y a alors

qu'à agir très énergiquement des jambes pour donner

une action vigoureuse tant aux rênes directes qu'à celles

d'opposition. Dès que le poids sera jeté à droite, la

résistance sera rompue et le cheval donnera plus facile­

ment une concession.

D'autres fois, au contraire, sous l 'action des aides

employées, le cheval incurve toute l 'encolure delà nuque

à l 'épaule. Nous avons vu qu e c'est une flexion défec­

tueuse et combien il importe de s'en garer : pour y arri­

ver, il s uffit de passer trois rênes, dont la rêne droite de

bride, dans la main gauche : on se sert comme rêne

directe de celle qu'on tient dans la main droite tandis

qu'on appuie l 'autre rêne droite contre l 'encolure pour

l 'empêcher de s'incurver à droite.

Page 121: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 9° —

En ne contrariant que progressivement par la r êne

d'opposition l'incurvation prov oquée parla rêne directe,

le cheval finit par incurver de moins en moins son enco­

lure à la base et de plus e n à la nuque.

A partir de ce moment il suff it, pou r obtenir la flexion

par des aides régulières, de diminuer peu à peu l 'action

de la rêne droite d'appui, de manière à ce que la rêne

droite directe finisse par obtenir seule la flexion correcte

de la nuque.

Quand ce résultat est obtenu, on fait concourir les rênes

gauches à l 'obtention de la flexion de mâchoire.

Il arrive aussi, a ssez s ouvent, que le bout du nez cède

seul à l 'action des rênes directes, la nuque et la partie

adjacente restant dans le plan vertical de l 'axe.

Ce fait s e produit, lorsque la nuque ne se décontracte

pas suffisamment. On la fait céder en relevant les rênes

gauches de manière à les faire agir par opposition près du

haut de l'encolure.

Quelquefois enfin, le cheval cherche à résister à la

demande de flexion à droite en couchant son encolure à

gauche. On remédiera à cette faute en agissant encore

par l 'opposition des rênes gauches appliquées à l 'endroit

où l 'encolure devrait rester droite.

La flexion latérale est utile po ur plusieurs raisons :

1°. Elle dé place le poids de l'avant-main du côté vers

lequel on marche.

Ce déplacement est provoqué à la fois par l 'action

des rênes directes, par celle des rênes opposées et par

l 'incurvation du haut de l 'encolure plaçant la tête hors du

Page 122: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 9i —

plan vertical de l'axe. Pour les déplacements obliques

ou parallèles, c'est un appoint nécessaire.

2° La flexion latérale fait regarder le cheval du côté

vers lequel il marche.

Si le cheval ne regardait pas le terrain à parcourir, sa

direction serait aussi difficile que celle d'un cheval

aveugle. La flexion latérale fait regarder l 'animal du

côté vers lequel elle déplace le poids de l'avant-main,

c'est-à-dire du côté vers lequel on marche. Dans ces

conditions le cheval peut régler ses foulées et mesurer

ses mouvements.

3° La flexion latérale établit entre l 'avant-main et

l 'arriére-main une indépendance relative qui permet de

donner aux épaules e t aux h anches, dans le tourner et

sur les deux pistes, un mouvement propre, tout en les

laissant liées les unes aux autres ' .

4° Enfin la flexion latérale habitue le cheval à localiser

les déplacements latéraux de l'encolure dans la nuque

et les parties immédiatement adjacentes.

Quand cette habitude est prise, l 'encolure est liée aux

épaules, et, lorsqu'on a besoin de déplacer latérale­

ment la position de la tête, on ne risque plus de voir le

cheval donner ces flexions latérales au garrot qui isolent

l 'encolure du reste du corps et lui enlèvent ses proprié­

tés directrices.

I . C'est quelque chose d'analogue à ce qui se produit pour une baguette flexible qu'on incurve en la tenant par ses deux extrémités. Toutes les deux sont dans des directions différentes et chacune d'elles cependant ressent l'ac­tion de la force qui agit sur l'autre.

Page 123: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

LA MISE EN MAIN

La mise en main est l 'état grâce auquel le cheval

remet, en quelque sorte, la disposition de toutes ses

forces actives entre les mains de son cavalier. Elle com­

porte un équilibre dont la stabilité peut être rompue à la

plus légère sollicitation par toutes les forces du cheval

tendues et prêtes à agir.

Je ne saurais mieux comparer le cheval, dans la mise

en main, qu'à une tige élastique ployée par deux forces

qui en rapprochent les extrémités. Q u'une de ces forces

soit supprimée ou diminuée, la tige se détend de son

côté. Ainsi fait le cheval dans la mise en main : il a une

élasticité qui est la résultante de toutes ses puissances

tendues et retenues par les aides ; qu'on augmente ou

diminue l 'intensité d'une des aides, toutes les forces

vives concentrées par la mise en main s'échappent du

côté où elles sont le moins vivement sollicitées ou rete­

nues, entraînant à leur suite un changement d'équilibre

et de sens dans le mouvement.

La mise en main comporte naturellement la souplesse

absolue de tout le cheval et l 'engagement des propul­

seurs : la souplesse pour rendre possible le changement

immédiat de l'équilibre ; rengagement des propulseurs

pour les rendras maîtres de la masse et leur permettre

de l'actionner suivant la nouvelle position du centre de

gravité.

C'est assez dire qu'il n'y a de mise en main que s'il y

a élévation de l'encolure et décontraction complète de

Page 124: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 93 —

la nuque et de la mâchoire : par conséquent, pour mettre

son cheval en main, il suffit que le cavalier le tienne dans

le ramener et prêt à donner la flexion dès que l'action

des doigts la sollicite.

Il va d e soi que la mise en main ne doit pas être con­

tinuelle : elle exige une tension musculaire qu'on devra

faire cesser quand on voudra mettre le cheval au repos ;

il ne faudra pas l 'employer non plus, quand on deman­

dera la rapidité maximum d'une allure, parce qu'elle sup­

pose une position d'encolure et une souplesse de nuque

et de mâchoire tout à fait défavorables à la vitesse.

Lorsque le cavalier sait obtenir et conserver la mise

en main, il est maître d'amener le poids vers les hanches

par le ramener, ou vers les épaules par la descente

d'encolure, ou de côté par la flexion latérale et par l 'ac­

tion prépondérante d'une jambe, le tout s ans effort de sa

part et, grâce aux flexions, sans résistance de la part du

cheval. Les aides peuvent donc manier l 'animal comme

elles l 'entendent puisqu'elles peuvent le mettre dans les

différents équilibres qui lui sont nécessaires. Il est pos­

sible, par suite, d'aborder l 'étude des mouvements sui­

vants dont l 'utilité se fait con stamment sentir dans l 'em­

ploi du cheval.

CADENCER LE TROT

Le trot est dit c adencé, lorsqu'il est caractérisé par

l 'isochronisme absolu des foulées, par la détente puissante

des jarrets et par une telle indépendance des diagonaux

Page 125: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 94 —

que le cheval semble se recevoir dans un équilibre abso­

lument stable de l'un sur l 'autre et changer d'appui, non

pas pour conserver l 'équilibre mais pour progresser.

L'allure devient très belle et donne à qui la contemple

une haute idée de la puissance du cheval. Le maximum de

la cadence est obtenu dans le passage, dont chaque temps

est scandé par un arrêt complet et bien marqué sur le

diagonal à l 'appui. Mais le passage est du domaine de

l'équitation savante, Cadencer le trot exige moins de

science et un accord moins complet dans les aides. C'est

un ex ercice que presque tous les' cavaliers peuvent en­

treprendre pourvu qu'ils aient un peu de doigté.

Pour obtenir le trot cadencé il faut am ener le diago­

nal à l 'appui à supporter la masse dans un équilibre pres­

que stable afin que le diagonal au soutien puisse s'éle­

ver et détacher son geste en toute liberté.

Supposons le cheval au trot, au moment où le diagonal

d r o i t v a s e m e t t r e à l ' a p p u i . Pour établir l 'équilibre sur ce

diagonal, il faut, d'une part, fermer les doigts sur la rêne

droite directe et sur la rêne gauche opposée, et agir

d'une manière plus pr ononcée de la jambe droite que

de la gau che. Le diagonal droit dispose alors du centre

de gravité. Une remise de main légère permettra à ce

moment au diagonal gauche de se porter en avant. P uis,

lorsque ce diagonal sera sur le point de se mettre à l 'ap­

pui, on recevra le cheval da ns les aides inverses de

celles de tout à l 'heure. Le poids de la masse sera

alors saisi par le diagonal gauche comme il l'était p ar le

droit.

Le cheval est ainsi envoyé d'un diagona l sur l 'autre et

Page 126: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 9 ) —

maintenu e n équilibre sur celui qui est à l 'appui pendant

que l'autre prononce son geste.

Lorsque le cheval est un peu mou ou manque de sou­

plesse à la jambe, on peut le préparer à cadencer le trot

en le balançant dans des contre-changements de main ser­

rés, sur deux pistes. On le contraint par là à des inver­

sions de direction qui l 'obligent aussi à inverser son

équilibre sous l 'action diagonale des aides. Il est alors

prêt à se laisser cadencer. Au reste, s'il est vrai que,

pour cadencer le trot, il faut une certaine délicatesse

dans les aides, il es t certain que la difficulté est con­

sidérablement amoindrie par les réactions qu'on res­

sent.

Cet exercice est très important dans l 'équitation

courante, car c'est en cadençant le trot qu'on arrive le

mieux à l 'étendre. C'est pourquoi j 'en ai parlé ic i-, c'est

pourquoi aussi j 'engage tous les cavaliers, ne fussent- ils

soucieux que de donner du brillant et de l'extension aux

allures de leurs chevaux, à prendre la peine de les caden­

cer. Quelques leçons suffisent pour obtenir d'excellents

résultats.

ÉTENDRE LE TROT '

Lorsque le cheval est habitué à se laisser cadencer,

rien n 'est plus facile que d' étendre son trot. Les jambes

I. Le trot étendu, q ui est celui dans lequel les foulées sont très longues, n'est pas forcément un trot vite ; pour qu'il le devienne, il fa ut encore et sur­tout que les foulées se répètent rapidement.

Page 127: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

agissent comme pour obtenir la cadence ; mais elles

ont à commander une grande impulsion afin que la

détente des propulseurs fasse parcourir à la masse un

espace plus étendu pendant le temps de suspension.

La mise en main doit être diminuée ou même supprimée ;

on laissera l 'encolure prendre toute l 'extension possible

et enfin, on donnera sur la main un léger appui qui mette

le cheval en confiance et règle la détente des posté­

rieurs.

Le trot naturellement étendu est très rare ; mais il le

devient vite et presque sûrement chez les chevaux qui

ont été soigneusement c adencés et qui sont montés par

un cavalier sachant développer leurs moyens. La monte,

en effet, est pour beaucoup dans la manière dont le

cheval se livre au trot, car toutes les fo rces qu'il met en

jeu et celles qu'il subit s'harmonisent d'autant mieux qu e

le cavalier sait mieux tirer parti des unes et des autres.

RECTITUDE DES DÉPARTS AU GALOP

Pour obtenir des départs droits, c'e st à dire l'a xe du cheval restant exactement dans la direction de la marche, il fa ut que la jambe intérieure intervienne exa ctement au moment et dans les proportions voulues ; car si e lle agit trop tard, elle laisse, dans le cas du départ à droite, venir les hanches vers la droite ; si elle a git tro p tôt elle ne donne pas le temps à la jambe gau che de placer le cheval en vue du départ à droite et, pa r con séquent, d'assurer le départ sur ce pied. Il faut que la jambe droite

Page 128: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 97 —

reçoive le cheval au moment où il va prononc er le dépla­

cement des hanches et où cette tentative de déplacement

a eu seulement pour effet de disposer le latéral droit à

dépasser le latéral gau che.

La rectitude d es départs au galop est nécessaire si

l 'on veut que le cheval soit droit aussi en galopant, ce qui

est indispensable pour deux raisons ; premièrement, s'il

galope de travers, ses propulseurs ne le poussent pas

exactement dans la direction de la m arche ; par suite,

une bonne partie de leur force propulsive est perdue et

reste sans effet utile. Deuxièmement, les hanches étant

en dedans, l 'animal est dans une mauvaise position pour

changer de direction ; il peut même s'arc-bouter sur la

hanche intérieure pour refuser de tourner ; l 'a isance des

mouvemepts en est diminuée. 1 1 en résulte des contrac­

tions nuisant à la maniabi lité et à la soumission.

Pour ces raisons, il f aut que le cavalier s'efforce d'ob­

tenir des départs droits en môme temps que justes. Il

n'y a pas à se dissimuler que c'est une difficulté réelle

mais dont la nécessité s'impose. Aussi peut-on dire d'un

cavalier dont les chevaux sont toujours droits, en parti­

culier au galop, qu'il a une justesse d'aides le rendant

apte à se tirer de toutes les situations délicates qu'on

peut rencontrer en equitation courante.

Certains chevaux s'obstinent à toujours vouloir partir

sur un pied e t jamais sur l 'autre. C'est la conséquence

soit d'une tare, soit d'une facilité marquée à travailler

d'un côté plutôt que de l 'autre. Il y a tout intérêt à ce

que, dès le début, le cavalier reconnaisse et combatte

cette prédisposition en travaillant surtout le côté rebelle.

Page 129: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— ç8 —

Si c 'est une tare qui gêne le cheval, il faudra apporter

beaucoup de ménagements afin d e ne pas l 'irriter ; mais,

qu'on ait affaire à une tare ou simplement à une préfé­

rence, la manière de procéder reste celle que j^ai expli­

quée plus h aut.

Lorsqu'on demande le départ au galop, il y a une

question de tact qui doit intervenir pour déterminer

l 'intensité précise que doivent avoir les aides ; cette

intensité varie avec les chevaux et les allures ; c'est au

cavalier de l'atteindre sans la dépasser.

J'ai souvent employé l'expression : « enlever l 'avant-

main », parce qu'elle est consacrée, mais il ne faudrait

pas qu'elle fît naître une idée fausse. 11 n'est pas rare, en

etlet, de voir de s cavaliers solliciter leur cheval par des

appels de main ou en tirant sur l es rênes, soi-disant

pour enlever l 'avant-main. La traction des rênes n'a pas

plus de raison d'être ici qu'ailleurs, car ce n'est pas au

cavalier à enlever l 'avant-main, il n'y s uffirait pas ; mais

il doit amener, sans aucune dépense de force, le cheval

à le faire. 11 suffit de le pousser sur les doigts fermés ; a

dose d'impulsion qui ne peut s'échapper en avant fait

rétrograder le centre de gravité et s'emploie d'elle-même

à effectuer ce fameux « enlever » des antérieurs, surtout

de celui qui est déchargé par la r êne d'opposition.

CADENCER LE GALOP

Le galop est une allure susceptible d'une rapidité qui,

même lo rsqu'elle n'est pas exagérée, peut rendre diffi-

Page 130: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 99 —

eile le maniement du cheval ; il importe donc de le ra­

lentir, de le cadencer.

Pour y arriver, il faut profiter de ce que, au deuxième

temps, le cheval marque une extension d'encolure ac­

compagnant et aidant le lancer de l 'antérieur qui va battre

le troisième temps. Si les doigts se ferment pour s'op­

poser à cette extension de l 'encolure, le cheval tombe

dans la mise en main, le centre de gravité recule et l 'al­

lure se ralentit et cela d'autant plus que l'extension de

l 'encolure sera plus fortement marquée ; or, l 'énergie de

cette extension dépend de celle de l'impulsion ; donc

plus on voudra ralentir, plus l 'impulsion devra ê tre forte

et plus, p ar conséquent, les jambes devront veiller à

l 'entretenir ; c'est ce qui permet de ralentir jusqu'au g a­

lop sur place sans que l'allure s'éteigne.

11 est des chevaux qui ont le galop naturellement lent,

mais rampant et sans impulsion. 11 faut alors que les

jambes se fassent sé vères pour secouer cette torpeur et

ranimer le geste ; le plus souvent, le mieux sera de

donner à l 'extérieur des galops vites.

Lorsque le cheval galope cadencé dans la mise en

main, l 'encolure est haute, les propulseurs s'engagent et

la bouche et la nuque sont liantes : le maniement est

facile.

Il est plus aisé d'obtenir et de conserver la mise en

main sur le droit que sur les changements de direction et

en tournant large qu'en tournant court. Pour cette raison,

le cavalier doit d'abord rechercher la mise en main en

galopant droit devant lui et ensuite s'efforcer de la con­

server sur des cercles d'un assez grand rayon qu'il ne

0 O

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— 1 0 0 —

réduit qu'au fur e t à mesure qu'il peut le faire sans pro­

voquer des contractions. Enfin, il a borde une difficulté

plus grande, apte à augmenter Taccord et la finesse de

ses aides, en galopant son cheval sur deux pistes sans le

laisser sortir de la mise en main. Les aides à employer

sont les mêmes qu'aux autres allures. Si l 'on veut appuyer

de gauche à droite, par exemple, la jambe gauche dirige

les hanches vers la droite, la rê ne gauche d'opposition

fait d e même pour les épaules, la rêne droite directe

obtient le pli de la nuque à droite; enfin la jambe droite

règle le déplacement des hanches et maintient le cheval

sur la main. L 'assiette se porte légèrement du côté vers

lequel on appuie, tant pour faciliter le déplacement des

hanches que pour conserver une stabilité qui deviendrait

difficile sans cela.

CHANGEMENTS DE PIED

Au g alop, le cheval ne peut tourner facilement que

sur le pied intérieur en raison du mécanisme de l'allure.

Il faut un dr essage approprié, ne relevant pas de l 'équi-

tation élémentaire, pour que le tourner puisse se faire

bien et à faux sur un arc de cercle de petit rayon.

Il en résulte que le cavalier qui galope à droite, par

exemple, et qui veut tourner court à gauche, doit ou

passer au trot ou changer de pied. Si le manque de temps

ou le souci d 'une equitation moins rudim entaire l 'empê­

chent de passer au trot, il lui faut demander un change­

ment de pied. Ce mouvement consiste dans une in ver-

Page 132: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 10 1 —

sion complète et instantanée de l'équilibre et du méca­

nisme des membres exécutée dans la même foulée.

Pour effectuer cette inversion, il en faut une analogue

dans les aides. Autrement dit, si, du galop à droite, on

veut passer au galop à gauche, il faut : i0 que la jambe

droite prenne la prépondérance qu'avait la jambe gauche ;

2° qu e celle-ci n'agisse plus que pour pousser le cheval

sur la main, lui faire recevoir les indications des rênes et

le maintenir droit; y que la rêne gauche agisse par

opposition ; 40 que la rêne droite agisse comme rêne

directe; 5° que l'assiette se porte de gauche à droite.

Pour que cette quintuple opération obtienne du cheval

un mouvement précis et régulier, il fau t q u'elle soit faite

avec ensemble, tact et décision.

Le cavalier doit s'acheminer progressivement à la s o­

lution de cette difficulté et ne p as chercher à la vaincre

du premier coup. A cet effet, il s e met au galop sur la

piste, à main droite, par exemple, puis il exécute une

demi-volte après le demi-cercle de laquelle il passe au

trot pour rejoindre la piste ; en y arrivant, il dem ande le

départ à gauche. Entre le moment où il a quitté le galop

et celui où il Ta repris, il a parcouru cinq ou six m ètres

au trot, ce qui lui a permis d 'inverser tranquillement s es

aides. Il recommence cet exercice tantôt à une main

tantôt à l 'autre, jusqu'à ce qu'il se sente bien maître de

ses aides au moment où il repart au galop. 11 augmente

alors la difficulté en quittant le ga lop un peu plus tard et

en diminuant par conséquent le temps dont il dispose

pour changer ses aides. 11 en arrive ainsi à n'avoir plus

besoin que de deux foulées puis qu e d'une seule. Enfin,

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— 1 0 2

quand il sait inverser aisément l 'équilibre dans ce court

intervalle, il demand e au cheval de passer du pied droit

au pied gauche sans temps de trot intermédiaire : c'est

le changement de pied. J'ai dit tout à l 'heure par quelles

aides il convient de le demander. Lorsque le cavalier le

fait corre ctement à la fin de la demi-volte, il s 'exerce à

le demander sur la ligne droite.

Comme dans les départs au galop, il n'y a pas lieu en

commençant l 'é tude du changement de pied, de cher­

cher la rectitude complète pendant leur exécution. Mais,

dès qu'on commence à être un peu confirmé dans l 'usage

des aides qui demandent le changement de pied, il faut

s'efforcer de maintenir les hanches exactement derrière

les épaules. Les raisons en sont les mêmes que celles

qui exigent la rectitude des départs au galop, et pour que

les changements de pied se fassent parfaitement droits,

la jambe qui devient intérieure doit agir suivant les indi­

cations que j'ai données à propos des départs. Enfin, il

faut chercher à maintenir la mise en main : c'est seule­

ment l 'à-propos et la juste pondération des aides qui

permettent d'y arriver si le cheval est suffisamment mis.

S'il ne l 'est qu'incomplètement, ces qualités dans les

aides sont aptes à le perfectionner et l 'amènent à ne

plus se contracter.

Le changement de pied ainsi obtenu est ce qui peut

se demander de plus difficile en equitation courante : il

clôt la liste des exercices aptes à donner au cavalier le s

qualités nécessaires pour utiliser et dominer son cheval

dans les diflérentes circonstances où il peut avoir à l 'em­

ployer à l 'extérieur.

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CHAPITRE V

I § SAUT D'OBSTACLES

i" Mener le cheval sur l'obstacle

Le cheval ne saute bien que s'il va gaillardement sur

l 'obstacle. O r, pour que le cheval veuille saut er, il faut

que le cavalier, lui surtout, veuille sauter ; il peut alors

transmettre à ses aides la déc ision nécessaire.

Tant que le cheval va droit sur l 'obstacle, il n'y a rien

à changer aux actions des aides. Les rênes doivent être

séparées pour mieux encadrer le cheval en cas de besoin.

Si l 'allure augmente un peu en arrivant à quelques

mètres de l'obstacle, c ela n'importe guère et on peut

laisser cette latitude au cheval qui la demande. C'est ainsi

que les choses se passent avec un cheval allant et franc

sur l 'obstacle. Mais souvent le cavalier doit intervenir

soit parce que le cheval hésite, ralentit, ne se livre pas

ou même s'arrête, soit parce qu'il veut dérober, soit

parce qu'il bourre sur l 'obstacle.

Dans le premier cas, ce sont surtout les jambes qui

doivent intervenir et il faut qu'elles le fassent, n on pas

seulement en arrivant pr ès de l'osbtacle, ce serait trop

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— 104 —

tard pour que leur action soit efficace, mais dès que la

première hésitation se manifeste, fût-ce cent mètres avant

de sauter. Puis elles maintiennent leurs exigences tant

que le cheval ne se livre pas ; elles se font encore

plus sévères si les hésitations s'accentuent. Enfin elle s

deviennent particulièrement exigentes au moment où, le

cheval étant arrivé au moment de sauter, il faut l 'y

décider.

Si, malgré ces précautions, le cheval s'arrête, on lui

laisse d'abord reconnaître l 'obstacle, puis on lui fait

prendre un peu de champ, non pas en le reculant ce qui

ne répond que trop à son désir, mais par un cercle, et

on le ramène avec les mêmes exigences. Si deux ou trois

essais restent infructueux, on peut le mettre au pas sur

une assez large volte tangente à l 'obstacle, en le lui

laissant bien regarder, jusqu'à ce que le calme soit

revenu. A ce moment on fait de nouvelles tentatives. Si

elles restent infr uctueuses, il faut se décider à en venir

aux corrections et les donner à l 'instant et à la place

mêmes où se produit l 'arrêt sans chercher à faire sauter

l 'obstacle de pied ferme à moins qu'il ne soit très-bas.

Quand la correction semble suffisante, on reprend du

champ et on s'efforce d'obtenir que le cheval se décide

enfin à sauter.

Dans le cas où l'animal dérobe sans chercher à

s'arrêter, les jambes ont moins à faire et le rôle important

incombe aux rênes pour maintenir la direction. C'est

surtout par la rêne d'appui du côté où le cheval dérobe

secondée par la rêne directe de l'autre côté, qu'on agit

de la manière la plus efficace. Souvent, après une

Page 136: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

dérobade, on a avantage à laisser le cheval reconnaître

l 'obstacle avant de faire un nouvel essai. Quant aux

jambes, elles ont à agir avec prépondérance du côté où

vont les hanches.

Enfin l e cheval peut avoir la mauvaise habitude de

bourrer. Je n'ai pas vu que dans ce cas on arrive à de

bien bons résultats en cherchant à le maintenir coûte que

coûte ou à l'arrêter pour repartir ensuite. Il s'insurge

contre les actions nécessairement sévères des mains et

sort de plus en plus du calme qu'il importe avant tout de

lui donner. On obtient un meilleur effet e n se mettant

comme tout à l 'heure sur une voltetangente à l 'obstacle,

mais avec cette différence qu'on doit la décrire à l 'allure

à laquelle on veut sauter. Puis, lorsque le calme est

complet, on profite du moment où l'on fait face à

l 'obstacle pour laisser le cheval l ' aborder et cela à sa

guise. Partant du calme absolu, il finit par n'en plus

sortir, parce qu'il s'aperçoit qu'il n'a plus à redouter une

contrainte pénible.

Il est bien évident que tout ce que je viens de dire n'a

de raison d'être qu'avec un cheval dont le dressage etles

moyens sont suffisants pour lui permettre de sauter

correctement l 'obstacle qu'on aborde. 11 n'y a p as de

plus grosse faute en equitation que de demander à un

cheval de faire ce à quoi il n'est pas bien préparé ou ce

qui dépasse ses aptitudes. Dans ce cas la responsabilité

de ses fautes n'incombe pas à lui, mais au cavalier qui

doit être profondément et en toutes circonstances con­

vaincu de cette absolue vérité. Il en e st de même lors­

que le cheval manifeste son mauvais vouloir en réponse

Page 137: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— I oó

à des maladresses du cavalier : celui-ci ne doit évi­

demment pas alors le corriger mais se perfectionner lui-

même en s'exerçant sur des obstacles plus faciles. Du

reste, tant que l'élève n'est pas déjà d'une certaine

habileté, il ne l ui faut sauter qu'avec des chevaux faciles

sur l 'obstacle, sans quoi il se trouv e aux prises avec des

difficultés trop grandes pour lui et il perd le laisser-aller

et la souplesse sans lesquels il ne saurait faire de progrès

dans cet exercice.

Un cheval m ême bien mis sur l 'obstacle, a besoin

d'être entretenu dans ses qualités et par conséquent de

sauter beaucoup : les points de force qui lui servent dans

le mouvement du saut se développent et l 'entraînement

musculaire con tribue autant que l'habitude à l 'entretien

des qualités déjà acquises et à leur perfectionnement.

Mais, comme la grande fréquence des sauts serait une

fatigue si le cheval était toujours monté, on a grand avan­

tage à l 'exercer à la longe.

2° F ranchir l'Obstacle.

Il est nécessaire pour bien accompagner le cheval

pendant le saut proprement dit de connaître exactement

le mécanisme de ce mouvement. Voici quel il est dans la

grande majorité des cas :

îr° phase. Le cheval ferme les angles moteurs de

l'arrière-main et engage ses postérieurs sous son centre

de gravité en élevant et ramenant l 'encolure.

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— i o / —

2°phase. Les angles moteurs s'ouvrent pour projeter

la masse par dessus l 'obstacle. L'encolure s'allonge et

concourt par son extension à entraîner le centre de

gravité.

3° phase. L'obstacle étant franchi, les antérieurs se

posent à terre l 'un après l 'autre et reçoivent toute la

masse. L'encolure se relève pour dégager l 'avant-main,

précipiter l 'appui des postérieurs et les amener par là à

s'emparer d'une partie de la masse afin de permettre aux

antérieurs de se dégager.

Enfin l 'encol ure cherche à s'étendre de nouveau.

Lorsque le cheval est amené très vite sur l 'obstacle, il

élève moins l 'encolure avant et après l 'obstacle ; cela

tient à ce que, en raison de son allure, il ne prend p as le

temps d'engager fortement ses propulseurs et de faciliter

l 'enlever de l'avant-main en le déchargeant ; de même,

en se recevant, il g arde son encolure basse pour con­

server, en vue d e la vitesse, le bénéfice de la position

avancée de son centre de gravité. On y gagne comme

temps, mais on y perd comme sécurité, car, àia première

phase, l 'avant-main s'élève difficilement, et à la troisième,

il risque de fléchir sous le poids. C'est une des raisons

pour lesquelles beaucoup de chevaux ra lentissent lors­

qu'on les amène vite sur l 'obstacle.

Il est des chevaux qui s'enlèvent des quatre pieds à la

fois et se reçoivent de même. Heureusement qu'ils sont

rares, car cette manière de sauter est dangereuse et rui­

neuse pour le rein.

Enfin l 'enlever se produit plus ou moins loin de l'obs­

tacle. S'il s'a git d'un saut en hauteur il n'est sûr et n'a

Page 139: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— i o 8 —

toute l 'élévation possible que lorsqu'il s e fait à une dis­

tance de l'obstacle telle que toute la force de détente

de F arrière-main est employée à le franchir en ne gagnant

avant ou après que le terrain nécessaire. Quant au

saut en largeur, il se fait autant en vertu de la vitesse

acquise que par la détente des propulseurs. On ne

peut donc que le faciliter en laissant le cheval s'étendre

sans toutefois le laisser sortir du train qu'il pe ut fournir.

De la part du cavalier, les aides et l 'assiette doivent

avoir un mécanisme en rapport avec les mouvements du

cheval. Comme celui-ci doit faire un effor t considérable

pour sauter, la grande science du cavalier est surtout de ne

pas le gêner.

Les jambes doivent, le cas échéant, déterminer le

saut et provoquer la détente des propulseurs, mais s e

contenter d'accompagner le cheval, pendant qu'il e st en

l 'air.

La main garde seulement le contact de la bouche

tant que le saut s'exécute normalement et se tient prète

à parer à une dérobade avant l 'obstacle ou à une faute

après. Ce serait, ici, comme dans le départ au galop,

une erreur de croire que les rênes doivent enlever l 'avant-

main ; toute traction ne peut que gêner le cheval au mo­

ment où il a le plus besoin de sa liberté d'action.

Pour garder le contact, le cavalier est forcé d'exécu­

ter un retrait de main qui accom pagne la bouche dans la

première élévation de la tête, une remise de main lors­

que l'encolure se détend et un nouveau retrait lorsqu'elle

s'élève dans la troisième phase. Puis la main se fait plus

Page 140: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

I OC)

ou moins complaisante suivant la position qu'on veut

laisser re prendre à l 'encolure.

Tous les chevaux n'étendent pas l 'encolure dans les

mêmes proportions. La plupart du temps, il suff it pour

garder le contact de la bouche d'avancer les mains ;

mais il n'e st cependant pas rare, surtout avec les gros

sauteurs, qu'on soit e n outre obligé de laisser les rênes

glisser dans les doigts ; cela ne doit se faire, bien en­

tendu, qu'à la demande du cheval e t de telle façon que

les rênes soient moelleuses sans être abandonnées.

L'obstacle franchi, le cavalier d oit rajuster ses rênes en

évitant soigneuseme nt de donner un à- coup ; une sac­

cade ne peut avoir q ue les plus mauvais effets au point

de vue de l'adresse dans le moment même et de la fran­

chise dans l 'avenir.

Les jambes et les rênes n'ont, ainsi qu'on le voit,

qu'un rôle négatif dans le saut proprement dit ; il en est de

même de l'assiette qui, mal utilisée , ne peut que le gêner.

Dans la première phase, qui est celle de l'enlever de

l'avant-main, il fa ut éviter de porter le corps en avant, ce

qui chargerait mal à propos les épaules ; mais i l faut évi­

ter aussi l 'excès inverse, car si l 'on mettait le corps trop

en arrière, on aurait grand'chance, en raison de la force

d'inertie, de ne pas pouvoir le redresser à temps et de

charger encore et mal à propos l 'arrière-main pendant

la deuxième phase. Le cavalier doit donc prendre une

position intermédiaire qui c onsiste à être assis, mais à

garder le corps sensiblement droit. Les quelques va­

riantes qu'il peut y avoir lieu d'admettre, en raison d es

circonstances, doivent être subordonnées à cette double

Page 141: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

considération ; i° si F avant-main doit être dégagé, le

centre de gravité de la masse ne doit cependant jamais

être assez en arrière pour accularle cheval. 2° le cava­

lier doit être en posture de décharger à temps Tarriére-

main.

Pendant la d euxième phase, au moment où le cheval

est au-dessus de l'obstacle et le passe, le cavalier reste

encore sensiblement droit. S ' il penche son corps en

arrière, il gêne le passage de l'arrière-main ; s'il se

penche en avant, il raccourcit l 'étendue du saut e n fai­

sant mettre trop tôt les antérieurs à l 'appui. L'inconvé­

nient qui en résulte est évident, s'il s'agit d'un saut e n

largeur; il e st tout aussi réel dans le cas d'un saut en

hauteur, car si le poser des antérieurs est anticipé, celui

des postérieurs l 'est aussi ; l 'arrière-main risque donc

de s'abaisser trop tôt et d'accrocher l 'obstacle.

Enfin, pe ndant la troisième phase, l 'arrière-main ayant

passé l 'obstacle et l 'avant-main étant ou se mettant à

l 'appui, le cavalier doit pencher son corps en arrière,

tant pour décharger l 'avant-main déjà éprouvé par tout le

poids qu'il reçoit que pour éviter d'être projeté en avant,

de « saluer », suivant le terme consacré, par l 'effet du

choc des antérieurs sur le sol.

30 Reprendre le cheval après l'Obstacle.

Quoique cela puisse paraître paradoxal, la façon dont

le cavalier reprend la direction de son cheval après

l 'obstacle influe b eaucoup sur la manière dont l 'animal

Page 142: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

I I I

saute : cela se conçoit car la faute qu'on fait souvent

d'exécuter un retrait de main trop rapide et trop brusque

après avoir sauté a pour résultat un à-coup douloureux

sur la bouche. Or il est bien évident que le cheval qui

est soumis à ce traitement non seulement p erd le goût

du saut, mais encore acquiert de l 'appréhension, double

raison pour qu'à l 'avenir il aborde l 'obstacle moins

gaillardement et avec moins de confiance ou même pour

qu'il le refuse en prévision de ce qui l ' attend de l'autre

côté.

Il est don c indispensable après l 'obstacle de ne re­

prendre que très progressivement : en s'y prenant de la

sorte, la main trouve l e cheval d'autant plus soumis qu'il

n'a pas l 'habitude de la craindre à ce moment. On peut

même dire que la meilleure manière de corriger un

cheval habitué à se sauver après l 'obstacle, est de le

laisser faire pendant quelques foulées et de ne le re­

prendre qu'ensuite et avec ménagement. Peu à peu cette

période d'indépendance devient moins nécessaire et se

raccourcit d'elle-même jusqu'à c e que le cheval remis

en confiance redevienne calme et ne cherche plus à s'é­

chapper.

4° Progression à suivre pour apprendre à saider.

La manière de bien mener un cheval sur l 'obstacle, de

le lui faire franchir sans le gêner et de le reprendre sans à-

coup ne se prend pas d'emblée. Le débutant n'arrive à

l 'acquérir que par une décomposition raisonnée des dif-

Page 143: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 1 2

Acuités. Mais avant tout, deux choses lui sont indispen­

sables que l'instructeur doit soigneusement développer ;

la hardiesse et la ferme volonté de passer de l'autre côté

de l'obstacle.

Pour commencer, il faut monter un cheval co nfirmé,

sans réactions violentes et embouché avec un simple bri-

don pour que les fautes de main n'amènent pas de désor­

dres. Le mieux est qu'un instructeur tienne le cheval à la

longe et que l'élève soit laissé libre de prendre le pom­

meau s'il le désire. Le cheval est dirigé au pas puis au

trot et au galop sur la barre placée à terre jusqu'à ce

que le cavalleria passe sans appréhension. La barre sera

alors élevée suffisamment pour que le cheval soit obligé

de la sauter. On la lui f ait franchir en suivant la même

progression dans les allures, mais on ne doit pas se

presser de l'élever davantage. 11 faut d'abord que l'élève

soit familiarisé et rompu avec cette première difficulté

et que pour en arriver là, il saute deux cents, trois cents,

cinq cents fois si c'est nécessaire, la barre à cette faible

hauteur. Ce n'est que lorsqu'il r este lié à son cheval,

sans appréhension et sans contractions d'aucune sorte,

qu'il peut aborder une difficulté plus grande consistant soit

à diriger lui-même son cheval si celui-ci était à la longe,

soit à sauter la barre un peu plus haut. Si l 'on n'en vient

à cette petite augmentation de la difficulté qu e lorsque

le cavalier se tire tout à fait bi en du saut sur une moindre

hauteur, les progrès sont rapides parce qu'alors en réa­

lité le cavalier sait sauter. Cette science dépend unique­

ment des soins apportés au début, vu que le mécanisme

du saut est exactement le même sur 30 centimètres de

Page 144: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

hauteur que sur i m. 50 et plus. Le tout est de conser­

ver l 'allant et la confiance qui sont nécessaires au cava­

lier com me la franchise l 'est au cheval. On y arrive en

abordant progressivement des obstacles variés soit en

hauteur soit en largeur, soit au manège, soit à l 'extérieur

et on ne les choisit plus sévères qu'au fur et à mesure

des progrès. Grâce à cela, le cavalier n'est jamais pris

au dépourvu par une difficulté tr op grande pour lui e t il

en acquiert tout à la fois la gaillardise sur l 'obstacle et

la science du saut.

§ II. TRAVAIL A LA LONGE

Autant il faut estimer peu l e travail à pied proprement

dit, autant on peut recommander le travail à la longe ; il

a, en effet, de nombreuses utilités. Outre qu'il peut être

utilement e mployé pour le dressage à l 'obstacle, il est

extrêmement commode pour donner un travail sûr e t

réglé. Si, en effet, on est empêché de monter un che­

val en travail et obligé de le confier à un aide ou si une

cause d'indisponibilité nécessite un travail léger, la

mise à la longe permet de doser le travail sans danger,

sans crainte d'abus et d'une manière appropriée aux

besoins du moment.

Pour mettre un cheval à la longe, le mieux est d 'em­

ployer un caveçon dont la muserole métallique soit

doublée de cuir ou de feutre. La longe doit avoir une

longueur de 12 à 15 mètres environ et être assez légère

pour laisser aux actions de la main toute leur intégrité ;

Page 145: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 1 4 —

on rattache à l 'anneau de muserole du côté de l'intérieur

du cercle.

La manière de tenir la longe à son importance, car si

on l 'enroule autour de la main, le cheval, en s'échap-

pant, peut serrer les doigts et les désarticuler. Il faut

passer la longe dans la main d'avant en arrière et d'arrière

en avant, de manière à ce qu'elle soit tenue à pleine

poignée. Cela étant fait, pour mettre le cheval sur le

cercle, on saisit la longe contre le caveçon, puis on se

porte en avant en même temps que le cheval tout en

tournant largement à gauche, par exemple, si on veut le

faire travailler à main gauche. On le laisse ensuite conti­

nuer seul en lui rend ant cinq à six mètres de longe e t

on se met soi-même sur un cercle d'environ deux mètres

de diamètre qu'on parcourt en même temps que le cheval

marche sur le sien. On a soin de se tenir à hauteur de sa

croupe de manière à être en posture de l 'inciterà marcher :

on l'amènerait au contraire à ralentir ou à s'arrêter si on se

déplaçait en marchant en avant de lui. La longe est

tenue par la main gau che et la chambrière par la main

droite, d'autant plus bas et plus loin derrière le cheval

que celui-ci en a moins besoin. La longe doit être ten­

due sans traction.

Si le cheval vient vers l 'intérieur du cercle, on marche

sur lui et, au besoin, on élève la chambrière à hauteur

de son épaule pour le forcer à s'éloigner. Si, au con­

traire, il tire sur la longe on opère de fortes tractions et

on rend brusquement après chacune de manière à rom­

pre l 'équilibre qu'il cherche à prendre. On peut aussi le

Page 146: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

faire travailler pendant quelques tours sur un cercl e très

petit.

Au travail à la longe, les actions de la main sont uti­

lement secondées par celles de la voix. Pour ralentir, on

dit sur deux tons différents e t sans crier : « h o, ho ! —

ho, ho ! » P our arrêter, on dit de même « holà ! holà ! »

— en traînant sur les deux syllabes.

11 est important que le cheval s 'arrête droit sur le cer­

cle afin que, lorsqu'on voudra le reporter avant, il n'ait

pas tendance à se rapprocher ou à s'éloigner du centre.

Pour cela, il n'y a qu'à l 'arrêter souvent et à le remettre

droit toutes les fois qu'en s'arrêtant il tourne les épaules

ou les hanches vers l ' intérieur du cercle.

Lorsque le cheval n'est pas naturellement bien équi­

libré et bien cadencé, il faut le faire trav ailler surtout à

la main qui exerce plus particulièrement les membres les

moins actifs. Mais si l 'on n'a pas à lutter contre ce dé­

faut, il importe que le travail soit égal aux deux mains ;

sans quoi on pourrait fortifier certains membres au détri­

ment des autres, ce qui romprait la symétrie des allures,

rendrait le cheval gaucher ou droitier et lui fe rait mar­

quer une répugnance à travailler du côté le moins exe r­

cé.

A la longe, aucune faute ne doit se produire sans être

rectifiée de suite. La grande indépendance dont jouit le

cheval lui permettrait, sans c ette précaution, de prendre

de mauvaises habitudes qu'on ne lui ferait perdre que

difficilement.

Le travail à la longe, si utile dans bien des cas, e st

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— 1 1 6 —

excellent en particulier pour entretenir le cheval dans

l 'habitude du sau t. Comme il n'est pas monté, on ne ris­

que pas de le fatiguer en le faisant sauter cinquante ou

soixante fois et même plus dans la môme leçon, avec

quelques repos plus ou moins longs suivant son é tat et

la hauteur des obstacles. Ce serait exagéré et fatigant

de lui en dem ander autant monté.

En d ehors de la question d'entraînement, la fréquente

répétition du saut en rend le mécanisme familier : le

cheval en acquiert de l 'adresse et la maîtrise de son poids

et de ses forces en vuejde l 'effort à fournir.

Cependant le travail à la longe sur l 'obstacle ne con­

serve ses avantages que s'il est bien dirigé. Voici com­

ment on peut le donner. On met d'abord le cheval sur

un cercle, près de l 'obstacle, à l 'allure à laquelle on veut

faire sauter. On le lui fa it parcourir jusqu'à ce qu'il s 'y

comporte bien, puis on s'avance progressivement de

manière à ce qu'au moment où on veut qu'il franchisse

l 'obstacle, on soit sur le bord de ce dernier et un peu

en avant. Si l 'obsta cle est appuyé à un mur, on laisse le

cheval pr endre la piste, sinon on le dirige vers le milieu

de l 'obstacle. De toutes façons, on lui permet de se

redresser quelques mètres avant de sauter et de

marcher droit quelques mètres après. S ans que la longe

devienne lâche, on la laisse glisser sans résistance au

moment du saut et on a soin d'év iter un -à-coup lors­

qu'on veut faire reprendre la marche en cercle.

Si le cheval aborde bien l 'obstacle, la chambrière

reste passive ; s 'il le refuse ou hésite, il f aut la montrer

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— 1 1 7 —

derrière lui ou même l 'agiter ou enfin, au besoin, l 'en

toucher plus ou moins fort sur les fesses.

Toutes les fois qu'on veut prendre un obstacle d 'ap­

parence nouvelle, il e st bon d'en approcher d'abord le

cheval et de le lui laisser regard er à son aise.

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CHAPITRE V

CHEVAUX DIFFICILES

Il n'est pas bon pour un cavalier tout à fait à ses

débuts de monter des chevaux difficiles. Ce qu'il lui

faut d'abord, pour travailler avec fruit et progresser

rapidement, c'est acquérir de la confiance. 11 ne le peut

qu'en commençant par monter des chevaux faciles ne le

mettant pas dans des situations dont il n e sache pas se

tirer. Mais il en est autrement lorsqu'il a acquis un peu

d'expérience et d'habileté. A partir de ce moment, il ne

peut faire d e réels progrès qu'en se trouvant de temps

en temps aux prises avec quelques difficultés. D'ail­

leurs, toute question de progrès à part, les chevaux tou­

jours faciles sont rares, aussi est-il nécessaire que le

cavalier se familiarise, d ès que ses progrès le lui per­

mettent, avec les difficultés qu'il peu t avoir à rencontrer

par la suite. Nous allons examiner celles qui se mani­

festent le plus souvent et la manière de les combattre.

CHEVAUX RÉTIFS

Les chevaux rétifs s ont souvent l es meilleurs : il y a

longtemps qu'on l 'a dit et nombreux sont les cavaliers qui

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I 20

l 'ont expérimenté et l 'expérimentent journellement. Pour

être devenu ou resté rétif, il faut que le cheval ait ass ez

de volonté pour ne pas vouloir céder à des aides mala­

droites. Or cette volonté ne se montre et ne se déve­

loppe que si elle est secondée par u ne réelle puissance

et par des forces dont le cheval a conscience. Pour la

vaincre, il faut d'abord essayer des moyens doux parmi

lesquels on doit compter en première ligne l 'emploi

d'aides justes, puis la patien ce et enfin les récompenses

après les concessions, récompenses d'autant plus

sérieuses que l 'obéissance s'est fait attendre plus long­

temps. La grande majorité des chevaux rétifs le sont

parce qu'ils ont été mal montés ou maltraités. Leurréti-

vité cè de lorsque la manière de faire change. Si on con­

tinuait à se montrer violent avec eux, on ne ferait que les

ancrer davantage dans leur mauvais vouloir. Le cavalier

qui m onte un cheval rétif doit donc se montrer ferme,

certes, mais aussi patient et calme, La modération dans

les premières exigences, accompagnée d'une patiente

insistance qui ne cesse qu'avec la concession, sont les

meilleurs éléments du succès, il n'y a que lorsqu'on ne

constate aucun progrès bien qu'on soit sûr de demander

avec justesse, e t cela pendant plusieurs jour s de suite,

qu'on peut se décider à se montrer sévère. A ce moment,

il faut continuer, bien entendu, à surveiller étroitement

les aides e t, lorsqu'on reconnaît que le cheval sait p ar­

faitement ce qu'il doit faire et désobéit en connaissance

de cause, il ne faut plus de pitié et on corrobore l 'action

des jambes dans les proportions ou c'est nécessaire,

par l 'éperon ou la cravache ou par les deux ensemble.

Page 152: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

1 2 1

Il est indispensable que les mains restent indépendantes

des jambes et résistent ou cèdent, suivant le besoin, sans

que les attaques les dérangent.

Dans ces luttes, le calme et la maîtrise de lui-même

sont une nécessité absolue pour le cavalier. S'il s 'énerve

ou s'irrite, il frappe à tort et à travers, souvent même

lorsque la concession se fait, et au moment où il devrait

récompenser, il châtie encore. Il n'en faut pas davan­

tage pour rendre le cheval encore plus rétif q u'il n'est ;

il aurait été bien préférable de ne pas chercher à le domi­

ner e t de le renvoyer à l 'écurie ou chez le m archand.

Voici com me exemple de l 'application de ces prin­

cipes, la manière de les mettre en pratique d ans le cas

de rétivité le plus fréquent qui est celui du cheval rétif

aux jambes. Il manifeste son mauvais vouloi r en refu­

sant d'avancer ou en s'arrêtant lorsque les jambes lui

ordonnent de marcher. Pour employer d'abord les

moyens doux, on essaie de mobiliser latéralement les

épaules par des actions de rênes ou les hanches par des

actions latérales des jambes. Si on arrive à obtenir

ainsi un mo uvement de côté, on tâche d'en profiter pour

lui substituer un mouvement d'arrière en avant qui, dans

ces conditions, se produit assez souvent. Si ce procédé

ne donne pas de résultat et si on dispose d'un aide,

celui-ci prend le montant de filet et cherche à porter le

cheval en avant, ou encore il se met à quelques mètres

devant lui et lui montre quelque gourmandise p endant

que le cavalier fait sentir ses jambes.

Toujours la concession doit être suivie immédiate­

ment d'une récompense : caresse ou gourmandise. Habi­

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— 1 2 2 —

tuellement, après avoir été obtenues une t 'ois, ces con­

cessions se renouvellent de plus en plus facilement, de

sorte que les moyens détournés qu'on a employés finis­

sent par devenir inutiles et l 'obéissance, suitnormale-

mentla seule demande des jambes. Avec le cheval qui

se comporte ainsi, il y a gros à parier que la violence

aurait moins bien réussi ; elle aurait eu, en tous cas, l ' in­

convénient qu'elle comporte toujours et qui est d'empê­

cher l 'obéissance d'être aussi calme et de bonne grâce

que si elle est due à de bons procédés.

Malheureusement ceux-ci ne suffisent pas toujours et

avec un cheval bien décid é à l ' insubordination il faut en

venir tôt ou tard à la violence. Lorsqu'on y est contraint,

il faut le faire avec décision et attaquer de la manière la

plus sévère avec les éperons et au besoin avec la crava­

che. On répète les attaques avec d'autant plus de rapi­

dité et d'énergie que la concession se fait plus atten­

dre. Plus les coups sont serrés et rapides, moins le

cheval a le temps de se ressaisir et de leur répondre par

des défenses. Au milieu de s bonds plus ou moins désor­

donnés auxquels ils se livre, il y en a un à un moment

ou à l 'autre qui s e produit d'arrière en avant, surtout si

les rênes n'agissent pas, ce qui, dans tout le cours de

cette leçon, est particulièrement important. Il faut alors

laisser le cheval s 'engager dans le mouvement en avant,

de quelque côté que ce soit, puis le reprendre tranquil­

lement : un à-coup de la main serait déplorable à ce mo­

ment ; on met alors au repos et on récompense. Après

cette concession, on en demande plusieurs aut res, au

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— 1 2 3 —

besoin par les mêmes moyens, jusqu'à ce que l 'obéis­

sance soit entière et immédiate.

Il est important que le cavalier qui en vient à donner

cette leçon ne se fasse pas désarçonner. S'il doute de sa

solidité ou s'il la sent faiblir, qu'il prenne le pommeau

plutôt que de se laisser jetter à terre, ce qui donnerait

au cheval une fâcheuse confiance en lui-même.

Quelquefois la rétivité tient à ce que l 'animai souffre

de quelque tare ou maladie. Il importe que le cavalier le

reconnaisse et qu'il ne prenne pas pour de la mauvaise

volonté ce qui n'est qu'une répugnance bien naturelle à

affronter une douleur. La manière d'être du cheval per­

met de se fixer facilement su r ce point. Lorsqu'on a

reconnu qu'il souffre, le mieux est d'éviter autant qu'on

le peut de le mettre dans les conditions où la do uleur

se manifeste tant que la cause pathologique subsiste.

En dehors des chevaux rétifs, il en est qui sont peu­

reux, encensent, portent au vent, s 'encapuchonnent,

trottinent, s 'emballent, etc. Ces difficultés se traitent par

des moyens que j 'ai exposés dans un autre traité. 1

I. « D ressage et Emploi du cheval de selle » 2 e éd ition, p. 282 et sq.

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1

.

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TITRE III

SOMMAIRE ET PROGRESSION

DU DRESSAGE DU CHEVAL DE TROUPE

OBSERVATIONS GENERALES

Les procédés dont il va être parlé sont aptes à

donner a ux chevaux de iroupe un d ressage suffisant pour

eux et pour les cavaliers qui les montent mais ne sauraient

donner la maniab ilité et les autres qualités qui doivent

distinguer le cheva l d'officier.

Il ne saurait être donné, à priori, de date fixe,

pour l 'exécution des divers exercices. En principe, il

faut suivre les progrès des chevaux et non les précéder.

On devra seulement s 'arranger pour obtenir le degré de

dressage exigé par le règlement aux époques qu'il

désigne.

On peut diviser le dressage du cheval de troupe

en 2 périodes : i™ Période : préparation.

2" P ÉRIODE ; de dressage^

Page 157: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

I 26 —"

i r c PÉRIODE

PRÉPARATION

11 y a 4 résultats à rechercher.

i0 Mettre en condition ;

20 Mettre en confiance ; calmer, soumettre ;

30 Mettre dans l ' impulsion ;

40 Dresser sommairement à la l onge.

i0 Mettre en condition 1 . — Résultat nécessaire

pour permettre au cheval de supporter le dressage. —

Longs temps de pas ( 1 /2 h. à 3/4 d'heure) ; longs temps

de trot lent (jusqu'à 1 /2 heure au b out de 6 semaines) ;

temps de galop très lent (jusqu'à 10 minutes au bout

de 6 semaines sans souffler ni suer).

Pour prendre le galop, pousser au trot jusqu'à l 'ob­

tention du galop (particulièrement dans les coins si l 'on

est au manège, ou sur un cercle) : si les chevaux partent

faux ne pas s'en préoccuper.

S'ils s 'excitent et dès qu'ils s 'excitent, passer au pas

par résistance des rênes, calmer, en se mettant, si c 'est

nécessaire ou possible, en sens inverse.

Repartir lorsque le calme est revenu.

La mise en condition s'acquiert concuremment avec la

recherche des trois autres rérsultats : elle se maintient

et se développe par la suite du dr essage.

I . Les indications qui suiv ent diffèrent de celles qu' on tr ouvera au t i tre V parce qu' i l s 'agit ici de préparer de jeunes chevaux à pouvoir s upporter le dressage sans fat ig ue. Au t i tre V, on envisage la préparation de chevaux adultes à un service sévère.

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— 1 2 7 —

2". Mettre en confiance, calmer, soumettre.

Résultat nécessaire à obtenir pour que le cheval écoute

et accepte les leçons ultérieures.

Récompenses continuelles. Interdiction absolue des

moyens violents. Faire passer à l 'allure inférieure et môme

arrêter, jusqu'à preuve d'un calme complet, les chevaux

qui s 'excitent. S'ingénier à trouver les moyens de faire

obéir sans être sévère, particulièrement en ayant recours

à un aide à pied ou monté sur un vieux cheval. Ne jamais

céder. Attendre la concession avec calme et patience,

la récompenser de suite et d'autant plus qu'elle s 'est fait

attendre plus longtemps. Recommander de prendre le

pommeau plutôt que de se cramponner aux rênes. Travail

à la longe d'abord sur de très grands cercles qu'on

raccourcit quand les chevaux sont calmes.

Promenades à l 'extérieur aussi longues que possible

(2 heures et même 3 heures ) ; longs temps de pas entre­

coupés de temps de trot très lent. Ne pas craindre de

faire ces temps de pas dans du terrain un peu diflicul-

tueux obligeant les chevaux à être attentifs et par consé­

quent, à la longue, à se calmer. Ne trotter que sur du

terrain uni.

Pendant les trois ou quatre premiers mois, les chevaux

n'étant pas complètement sous la domination d es aides,

les laisser ensemble pour ces promenades afin d'éviter

les difficultés.

Appliquer ces prescriptions dans la mesure où le

permettent la température, les heures disponibles, les

circonstances, etc.

Page 159: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— I 28 —

3° M ise en impulsion. — Doit se rechercher dès les

premières leçons ; consiste à apprendre aux chevaux à se

porter en avant par la sollicita tion simultanée des deux

jambes. (L'éperon doit pendant les trois ou quatre pre­

miers mois, être recouvert du cache-éperon, j

Chercher à obtenir directement ce résultat par la

pression modérée des mollets ; si cela ne suffit pas, par

quelques légers battements des jambes.

Si cela reste insuffisant, s e mettre derrière le maître

d'école et faire sentir les jambes pendant qu'il se porte

en avant, ou se servir d'un aide à pied tenant le montant

du bridon pour solliciter le cheval à se mettre en marche ;

pendant ce temps, faire agir les jambes. Au besoin, faire

présenter de l 'avoine ou une gourmandise quelconque ;

la donner lorsque la mise en marche s'est produite. De

toutes façons, s 'efforeer de l 'obtenir le plus tôt possi­

ble par l 'action des jambes seules .

Si, par hasard, il devient de toute nécessité, ces

moyens ayant échoué, d'en venir aux attaques, l ' instruc­

teur monte le cheval lui-même ; ne pas insister pour qu'il

parte dans une direction donnée et attaquer jusqu'à ce

qu'il s'élance en avant dans quelque direction que ce soit.

Reprendre doucement, récompenser, recommencer

aussi souvent que cela est nécessaire, mais avoir pour

objectif d'en revenir, dès que possible, aux moyens

doux.

Pour augmenter l 'autorité donnée aux jambes par ces

divers moyen s, il est excellent de recourir, pendant les

séances qui se font au manège, ou sur du bon terrain à

l 'extérieur, à de fréquentes accélérations du trot qu'oq

Page 160: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

poussera plusieurs fois sur les lignes droites ou, dehors,

sur une centaine de mètres, à sa plus grande vitesse.

Veiller à ce que les cavaliers laissent les chevaux libres,

mais non abandonnés.

Pour ralentir, ne pas se servir des jambes et se con­

tenter de remplacer les complaisances de la main par sa

fixité.

Ne pas chercher à ralentir rapid ement. Lorsque les

chevaux sont au pas, interdire formellement aux cavaliers

de mouvoir constamment leurs jambes, sous prétexte de

faire accélé rer le pas. Ce résultat doit s 'obtenir par d es

demandes aussi espacées que possible des jambes,

celles-ci redevenant Inactives dès qu'une accélération a

été obtenue et tant qu'elle dure.

4° Dresser sommairement à la longe.

Ce dressage n'a pas besoin, pour les chevaux de

troupe dont on ne veut pas faire des chevaux de voltige,

d'être poussé loin.

Le caveçon doit être rembourré soigneusement.

Le cheval étant au pas, l 'homme lui c ède un peu de

longe et marche à hauteur de la hanche. Si le cheval

bondit, reprendre de la longe et résister. S'il fait face, le

saisir près du cav eçon et le remettre sur le cercle. S'il

s 'obstine, passer en arriére de lui et lui montrer la cham­

brière jusqu'à ce qu'il se p orte en avant. Pendant qu'il

est sur le cercle, l 'homme en décrit aussi un, mais plus

petit, en se maintenant à hauteur de la hanche. Recom­

mencer cet exercice aux deux mains.

Pour ralentir ou arrêter, reprendre de la lon ge dans

Page 161: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

les proportions nécessaires. Pour accélérer ou prendre

une allure supérieure, faire un appel de langue ou élever

la chambrière en arrière.

Dès qu'une concession ou un progrès sont o btenus,

caresser. Ne jamais céder ni rester sur une désobéis­

sance.

RÔLE DES RÊNES PENDANT LA PREMIÈRE PÉRIODE

Les chevaux doivent être en bridon le plus l ongtemps

possible, ce qui ne comporte l 'emploi de la bride qu'une

quinzaine de jours avant l 'époque exigée par le règle­

ment. Lorsque les chevaux la supportent, revenir au

bridon.

Ne se servir des rênes, pendant la première période,

que dans le but de maintenir l 'allure et la direction sans

chercher en aucune façon la souplesse de la bouche, les

ralentissements ou arr êts immédiats, ni les changements

de direction à petit rayon ou corrects.

Pour obtenir les arrê ts ou ralentissements, les cava­

liers doivent seulement résister sur leurs rênes.

Pour tourner, ils doivent ouvrir la rêne qui se trouve

du côté où ils veulent aller; puis, à ce moment, la main,

sentant la bouche du cheval, résiste sur cette rêne.

L'autre main ne doit pas bouger et résiste moins for­

tement.

Page 162: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

I I

PRATIQUE DES PREMIÈRES LEÇONS

Les chevaux sont amenés en main au manège, peu

sanglés à l 'écurie, un peu plus en arrivant au manège.

Un ou deux cavaliers sont montés sur de vieux che­

vaux et on a, si possible, autant de cavaliers à pied que

de chevaux, jusqu'à ce que ceux-ci soient absolument

calmes au montoir.

Leçon du montoir. — Un homme à pied se place

devant le cheval ; il ne le tient qu'en cas d'absolue né­

cessité et seulement pendant le temps indispensable. Le

cavalier qui doit monter le cheval s 'en approche tranquil­

lement, tout en le caressant et lui parlant ; il remue le s

rênes, les étriers et étrivières, les quartiers de la selle,

il prend la crinière et la tire ; tout cela doit se faire sans

grands gestes et jusqu'à ce que le cheval reste immo­

bile et plac é d'aplomb. A ce moment, engager le pied

dans rétrier sans que la pointe du pied touche. Si le

cheval ne bouge pas, peser légèrement d'abord, plus

fort ensuite, jusqu'à en venir à s'enlever et à se mettre en

selle. Caresser. Si le cheval bouge et à quelque moment

que ce soit, le cavalier à pied doit prendre doucement

les montants du bridon e t s 'opposer au cheval mais non

le tirer ; pendant ce temps, l 'homme qui doit monter à

cheval se remet sur pied et suit le cheval tranquillement

en marchant aussi vite que lui e t à hauteur de son

épaule, soit qu'il tourne, soit qu'il recule. Ne s'arrêter

Page 163: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

qu'en môme temps que lui. Refaire un e nouvelle tentative

pour le monter.

Dans le cas où l 'on n'a pas d'aide à pied, le cavalier

s 'y prend de même, mais en remettant lui-même son

cheval en place lorsqu'il a bougé. Avec l es chevaux qui

s 'obstinent à reculer dès qu'on veut les monter, il fau t

reculer en même temps qu'eux jusqu'à ce qu'ils s 'arrê­

tent. Renouveler la tentative à ce moment.

Recommencer jusqu'à ce que le résultat soit obtenu.

Au besoin, s 'aider en donnant de l 'avoine.

Exiger que les hommes aient les rênes ajustées dans la

main gauche avant d e monter et récompensent lorsqu'ils

sont en selle et lorsque le cheval est immobile.

Lorsqu'un cheval est particulièrement difficile au mon -

toir, l ' instructeur le tient ou le monte lui-même, suiva nt

les cas. Ne pas chercher à monter par violence ou par

surprise.

Dans certa ins cas, il est utile de faire mettre une main

de l 'homme à pied sur l 'œi l gauche du cheval. Lorsque

celui-ci est devenu .calme, le cavalier à pied se place à sa

gauche, le tient par le montant du bridon et le conduit sul­

la piste à main gauche ; si cheval est tranquille, i l le lâche

mais march e à côté de lui et le reprend s'il cher che à

bondir. Il ne s 'en éloigne définitivement q ue sur l 'ordre

de l ' instructeur.

L'instructeur pe ut, suivant qu 'il le juge à propos, soit

faire placer les chevaux en reprise derrière le maître

d'école, soit les laisser à distance indéterminée. Lors­

qu'il voit tous les chevaux absolument tranquilles, il

commande aux hommes à pied de jes tenir par le mon.

Page 164: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

tant du bridon et de les déterminer au trot; chaque

homme monté s'y emploie, si c 'est utile, par des appels

de langue et des actions calmes des jambes.

Dès que les chevaux sont au trot, l 'Instructeur com­

mande aux aides de les lâcher et de s'en éloigner t ran­

quillement. Il laisse trotter pendant une dizaine de mi­

nutes. Si un cheval s 'échappe et bondit hors de la piste,

un homm e à pied doit chercher à le reprendre et le re­

conduit su r la piste.

Lorsque le temps de trot a bien calmé les chevaux,

l ' instructeur commande aux cavaliers de passer au pas

en résistant su r leurs rênes, puis d e s'en servir, com me

il a été dit plus haut, pour amener leurs chevaux à l ' in­

térieur du manège et les arrêter.

S'il se trouve des chevaux qui ne veulent pas quitter

la piste, on les fait pren dre par des hommes à pied.

Tous les chevaux étant à l ' intérieur du manège et

arrêtés, les hommes à pied s'en approchent et on donne

de nouveau la leçon du montoir.

L'instructeur conti nue d e la sorte sa reprise et règle

le nombre et la longueur des temps de trot, sur le degré

de calme et sur la condition des chevaux. Le dernier

temps de trot doit, en tous cas, se terminer de manière

à ce que les chevaux soient renvoyés secs. La reprise

se finit sur une leçon du montoir, et les chevaux sont

emmenés en main.

Les trois ou quatre reprises suivantes se font de la

même manière en réduisant autant que possible l ' inter­

vention des hommes à pied.

Page 165: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 5 4 —

A ce moment, les doublers faits pour amener les che­

vaux à l ' intérieur du manège et les arrêts qui ont été

exécutés ont amené l 'ensemble des chevaux à tourner et à

arrêter au moins après quelques sollicitations ; cela suffit

pour que l ' instructeur puisse les mener dehors, faire

quelques longues promenades au pas coupées d'un ou

deux temps de trot, si la température et le tableau de

travail le permetten t.

Dans les reprises suivantes, l ' instructeur continue les

leçons du montoir et, tout en réglant se s allures de ma­

nière à rechercher la mise en condition, il s 'attach e à

obtenir le calme et l ' impulsion.

Lorsque ces résultats sont obtenus d'une manière

satisfaisante, le moment est venu de passerà la deuxième

période ou période de dressage proprement dit.

2e PÉRIODE

DRESSAGE PROPREMENT DÎT

5 résultats à rechercher :

i0 Rendre les chevaux obéissants à l 'action latérale

des jambes, ce qui est surtout nécessaire pour permettre

de les assouplir.

2° Rend re les chevaux obéissants aux rênes.

30 Utiliser l 'obéissance acquise pour obtenir les départs

au galop.

4° Augme nter l 'obéissance aux aides et assouplir par

les demi-tours sur les hanches et l 'appuyer.

Page 166: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 13 5 —

5» Soumettre les chevaux aux nécessités du travail

d'armes et d'extérieur.

1" Rendre les chevaux obéissants à l'action latérale

des jambes.

Travail au pas ralenti sur un très petit cer cle ; faire

sentir la jambe int érieure; assiette à l 'extérieur. Récom­

penser dès que les hanches sont venues à l 'extérieur.

Lorsqu'elles y viennent sans peine, ne plus s 'aider de

l 'assiette; au fur et à mesure des progrès, augmenter le

cercle pour laisser plus à faire à la jambe. Enfin lorsque

celle-ci suffit à déplacer les hanches vers l 'extérieur,

profiter d'un moment d'obéissance pour passer direc­

tement du cercle sur la ligne droite en conservant pendant

quelques pas le déplacement des hanches.

En venir à obtenir ce déplacement sur la ligne droite

sans partir du ce rcle. Lorsqu'on y est arrivé, le cheval

sait que l 'action d'une jambe doit amener les hanches du

côté opposé.

Recommencer cet exercice pendant quelque temps

pour le rendre bien familier; ne pas redresser mais porter

le cheval droit dans la direction de son axe pour l 'habituer

à toujours tendre à se porter en avant.

Demi-iour sur les épaules.

On augmente ensuite la mobilité des hanches en ensei­

gnant le demi-tour sur les épaules. Pour cela, déplacer

Page 167: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 ;ó —

les hanches pendant la marche en ligne droite, profiter

d'un moment de bonne obéissance pour ralentir beaucoup

les épaules en entretenant le mouvement des hanches.

Lorsque celles-ci ont gagné un ou deux pas su ries épaules,

porter le cheval droit devant lui en le récompensant.

Quand cet exercice se fait couramment bien, deman­

der le demi-tour sur les épaules de pied ferme.

Se contenter d'abord d'un petit déplacement de hanches.

Ne pas se préoccuper, surtout au début, d'empêcher

les membres antérieurs d'avancer un peu. Terminer

toujours le mouvement en portant le cheval droit devant

lui.

2° Rendre les chevaux obéissants aux rênes.

A. Dans le mouvement en avant, tarrêt et le recaler.

Cela revient à empêcher les chevaux de tirer, car il ne

saurait être question, avec les chevaux de troupe, de

rechercher la légèreté.

On ne cherche à leur faire faire de sérieux progrès

sous ce rapport que lorsque leur mise en condition per­

met de leur do nner de longs temps de trot et de galop.

Pendant ces temps de trot et de galop, on recommande

aux hom mes de compter beaucoup moins, pour arriver

à empêcher les chevaux de tirer, sur des effets de rênes

que sur la continuité de l 'allure et de se contenter de

résister aussi mo ëlleusement et tranquillement q ue pos­

sible et sans tirer.

Néanmoins, si quelques chevaux cherchent à gagner

fortement à la main, il s doivent être arrêtés sans à coups

Page 168: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

- 1 3 7 —

au moment où leur allure menace de devenirdesordonnee,

puis calmés complètement soit à l 'arrêt, soit au p as.

Les remettre tranquillement au galop .

Recommencer autant de fois que cela est nécessaire.

Au besoin les faire galoper à main inverse.

Afin d'é viter des résistances que les hommes de troupe

ne sauraient vaincre, il faut qu 'ils tende nt à laisser, dans

les limites du possible, leurs chevaux s'équilibrer seuls.

Ils doivent par suite laisser galoper avec des rênes lon­

gues, quoique ajustées, et par conséquent, d'abord, ne

pas tir er, mais seulement résister quand cela est néces­

saire ; ensuite, rendre progressivement dès que l 'allure

s 'est suffisamment ralentie ; enfin, résister de nouveau,

sur des rênes aussi longues que le permet le résultat à

obtenir, si elle tend à s'accélérer encore.

Recaler

En même temps que ce travail, on peut enseigner le

reculer que les chevaux de troupe doivent pouvoir exé­

cuter. Polircela, les chevaux étant arrêtés, l ' instructeur

recommande aux cavaliers de les mobiliser légèrement

avec les jambes d'abord et ensuite, au moment où le

mouvement en avant se produirait, de les solliciter à

reculer avec des rênes longues en évitant toute contrainte,

par résistances intermittentes des doigts.

Arrêter dès le premier pas, récompenser, porter en

avant, recommencer.

Page 169: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

- ' 3 0 -

Apporter toute la patience et le temps voulus : le

résultat est certain. Si cependant quelques chevaux pré­

sentaient des difficultés particulières, o n pourrait, avant

de demander le reculer, mobiliser les ép aules latérale­

ment par les rênes ; profiter du mouvement obtenu pour

reculer. On peut encore faire mettre pied à terre et

demander le reculer au cheval non monté.

Choisir, pour l 'exécution de ce travail, le mom ent où

les chevaux paraissent tirer, pendant un temps de galop

par exemple.

.Ralentissement et arrêt.

il est nécessaire que les chevaux au trot ou au galop

puissent s 'arr êter rapidement. On ne cherche à les y

amener que lorsqu'ils restent à ces allures sans tirer.

Pour y arriver, l ' instructeur comm ande souvent plusieurs

arrêts consécutifs. Ceux-ci doivent être exécutés par

résistances sur les rênes, résistances intermittentes,

d'abord pour obtenir des ralentissements successifs. Au

fur et à mesure des progrès que l ' instructeur constate, il

recommande de résister plus fermement et d'une manière

de plus en plus con tinue. Il doit interdire formellement

les effets de force d'avant en arrière.

B. Dans le mouvement circulaire. — Il n'y a pas de

moment précis pour faire ce dressage qui a été com­

mencé dès les premières leçons par rênes d'ouverture.

Il continue chaque jour, particulièrement pendant la

deuxième période, l ' instructeur recommandant, dès qu'il

Page 170: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— ' 3 9 —

en reconnaît la possibilité, d e diminuer l 'ouverture de la

rêne, puis faisant exécuter des voltes (par quelques cava­

liers seulement à la fois) de plus en plus serrées.

Les aides à employer pour l 'exécution des voltes et

tourners sont les suivantes :

Jambes agissant également pour empêcher un ra len­

tissement accentué. Si les hanches s'échappent d'un côté,

soutenir plus fermement la jambe de ce côté.

Rêne directe du côté vers lequel on veut tourner, ame­

nant légèrement la tête de ce côté (bien se garder d'exa­

gérer). Lorsque cette position de tête est obtenue, faire

agir l 'autre rêne en portant légèrement la main qui la

tient du côté du tourner. Cette rêne agit ainsi par appui

ou o pposition ; elle rend les épaules et par suite tout le

corps solidaires de la direction prise par la tête et l 'enco­

lure.

Peu à peu les chevaux devront être habitués à ne tour­

ner que par la rêne d'appui, commòie cela est nécessaire

pour la conduite à une main. On y arrive en se servant

de moins en moins de la rêne directe sur les tourners et

particulièrement les voltes, de manière à en venir à ne

plus se servir pendant la dernière partie du mouvement,

puis pendant le mouvement to ut entier, que de la seu le

rêne d'appui.

3° Utiliser l'obéissance acquise

pour obtenir les départs au galop.

Les tourners au galop ne se demandent que sur le

bon pied.

Page 171: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— iifò —

Cela nécessite qu'on puisse obtenir des départs justes.

On enseigne aux chevaux à partir sur le pied voulu par

le cavalier, lorsque les demi-tours sur les épaules ont

rendu les hanches tout à fait obéissantes.

Pour amener le s cavaliers à obtenir le départ sur le

pied qu'ils veulent, on le leur fait toujours demander su r

le pied de l ' intérieur du manège.

L'instructeur, le s ayant mis au trot, leur reco mmande

de porter les mains légèrement du côté du mur, d'amener

un peu le s hanches à l ' intérieur et, lorsqu'elles y s ont,

d'agir également des deux jambes. Si un cheval part

faux, reprend re tranquillement le t rot ou le pas, rede­

mander le départ ; ne jamais manquer de caresser lors­

qu'il est obtenu juste.

Peu à peu, quand il en voit la possibilité, l ' instructeur

recommande aux hommes de restreindre le déplacement

des hanches, mais ne doit pas leur faire rechercher cette

rectitude absolue qu'il doit obtenir de ses propres che­

vaux et qui est du domaine d'une equitation plus déli­

cate.

Si un cheval se montre particulièrement difficile au

départ su r un pied , l ' instructeur doit le travailler lui-

même.

4° Augmenter l'obéissance aux aides

et assouplir par les demi-tours sur les hanches

et l'appuyer.

A. Demi-tour sur les hanches. — La mobilité des

épaules et par conséquent l 'obéissance aux sollicitations

Page 172: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 4 1 —

latérales des rênes, est aidée et confirmée par l 'étude

du demi-tour sur les hanches.

On l 'enseigne lorsque les chevaux donnent quelque

peu leurs hanches sur la ligne droite. Pour arriver par

cet intermédiaire au demi-to ur sur les hanches, on de­

mandera à celles-ci de se déplacer sur la ligne droite

puis, à un moment donné, la jambe qui les déplace cesse

d'être aussi active et les rênes agissent comme pour

faire tourner le cheval du côté où il dé place ses han­

ches.

Le déplacement préliminaire de l 'arrière-main l 'amène

à se fixer, tandis que l 'avant-main fai t un ou deux pas

autour de lui. Por ter en avant sans retard, récompenser.

Recommencer en augmentant le nombre de pas de

l 'avant-main.

Porter en avant après chaque essai.

B. L'appuyer. — Tout le travail qui vient d'ê tre ex­

pliqué, consistant en mouvements circulaires de difficul­

tés graduées, en demi-tours sur l es épaules et sur les

hanches, en accélérations et ralentissements d'allure,

arrêts, reculers, assouplit les chevaux.

Le dernier et le meilleur assouplissement est l 'ap­

puyer ; il doit s 'enseigner lorsque les mouvements précé­

dents sont exécutés facilement.

De plus, les premières leçons doivent être données à

deux ou trois chevaux au plus à la fois sous la surveil­

lance immédiate de l ' instructeur.

Les chevaux marchant sur le droit, l ' instructeur fait

déplacer un peu les hanches d'un côté, par exemple à

Page 173: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 4 2 —

droite. Puis-, pro fitant de ce que l 'obéissance et le calme

sont complets, il d it aux cavaliers de continuer les effets

de jambes, mais d'amen er par la rêne droite directe et la

rêne gauche d'appui les épaules du même côté que

les hanches et de tâcher de faire marcher leur cheval

pendant deux ou trois pas en maintenant c et effet. Au

bout de quelques tentatives, si ce n'est à la première,

les épaules e t les hanches se déplacent simultanément

vers la droite pendant un court instant.

Veiller de près à ce que ce déplacement se fasse en

même temps d'arrière en avant puis porter les chevaux

droit devant eux dans la direction de leur axe. Récom­

penser ; au fur et à mesure des progrès, demander un

plus grand nombre de pas.

Rendre cet exercice familier aux hommes et aux che­

vaux et en user souvent sur la piste ou en dehors d'elle

et sur le s lignes circulaires. Exiger que les hommes por­

tent souvent leurs chevaux droit devant eux, ne fût-ce

que pendant un ou deux pas. N'appuyer que très tard

(ou même jamais) le tête au mur.

5" Soumettre les chevaux aux nécessités

du travail d'armes et d'extérieur.

A. Sortir du rang. — Commencer cet exercice dès

que les aides ont sur le cheval une action réelle, un

mois ou un mois et demi après le début du dressage.

Plus on le commence tôt, moins il présente de difficulté.

Si on en rencontre, mettre le cheval diff icile entr e deux

Page 174: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 4 3 —

autres chevaux seulement : le porter en avant. En ca s de

refus les voisins s 'en écartent. Recommencer jusqu'à ce

que ceci n e soit plus nécessaire. Encadrer alors le che­

val entre quatre chevaux, puis entre un plus grand

nombre. Si de nouvelles difficultés se produisent,

recommencer en ne mettant qu'un cheval de chaque

côté.

Si ce procédé reste inefficace, faire écarter les voisins

et rec ourir à un aide maniant une chambrière et placé

derrière le cheval ; récompenser toutes les fois que la

difficulté est résolue.

Revenir fréquemment à cet exercice pour tous les

chevaux.

L'indépendance des chevaux les uns vis-à-vis des

autres est utilemement confirmée et accrue si on les fait

travailler isolé ment, ainsi qu'il a déjà été dit, dès que les

circonstances le permettent.

B. Coniaci et bruit du sabre. — On peut poser en

principe q ue les chevaux difficiles au s abre le sont de­

venus par suite d'un manque de précautions.

Commencer ce dressage dès que les ch evaux savent

suffisamment aller à la longe, c'est-à-dire au bout d'un

mois environ.

Le cheval portant un caveçon, on approche de lui un

des sabres de bois dont les escadrons sont déten­

teurs, on le lui montre, on le lui passe doucement sur

l 'encolure, les flancs, la croupe, les cuisses et les canons

postérieurs e t cela jusqu'à ce que l 'animal reste abso­

lument immobile et sans crainte ; y consacrer le temps

Page 175: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 4 4 —

nécessaire. Lorsque ce résultat est acquis, mettre le

sabre de bois dans le porte-sabre, l 'agiter en le laissant

retomber sur le flanc et la cu isse.

Agir progressivement, de manière à obtenir l ' indiffé­

rence absolue. Faire ensuite tourner à la longe aux trois

allures, d'abor d à main droite, main à laquelle le sabre

ne risque pas d'atteindre les canons postérieurs.

Aux premiers signes de crainte ou d'énervement, re­

venir au point où le cheval reste ca lme. User de récom­

penses avec d'autant plus de générosité que le cheval se

montre plus impressionnable.

Quand l e calme est complet à la longe, on met le

sabre en bois aux chevaux montés pendant plusieurs

promenades un peu longues.

On recommence ensuite les mêmes exercices de la

même manière en remplaçant le sabre en bois par le four­

reau du sabre ordinaire, puis par ce dernier complet. On

a soin d'hab ituer le cheval au bruit de Tarme avec autant

de progression que pour l 'habituer à son contact.

Si un cheval se montre particulièrement impressionné

par le choc du fourreau sur le canon postérieur gauche,

on peut, pendant quelque temps, mettre une guêtre à

cette jambe ; mais c'est presque toujours inutile si l 'on a

agi avec la progression voulue.

C. Bruit des détonations des armes, des musiques. Vue

des fanions, étendards, etc. — Comme complément de

dressage, il est nécessaire de préparer les chevaux de

troupe à ne pas s'effrayer de ces divers objet s. Pour y

arriver, on leur fait entendre d'abord de faibles détona-

Page 176: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 145 —

lions à quelque distance, puis on leur donne un peu

d'avoine qu'on leur laisse manger pendant que les déto­

nations se font entendre plus près et plus fortes.

Chaque détonation ne doit se produire que lorsque le

calme est complet.

On agit de même pour le bruit des instruments de

musique, la vue des fanions, des mannequins, etc.

D. Le sani. — Partie capitale du dressage qu'il est

indispensable de mener avec une sage progression si

l 'on veut éviter les défenses et acquérir une franchise

absolue.

Lorsque l e dressage est commencé depuis deux mois

ou dix semaines, mettre en travers de la piste une ou

deux barres. Les cavaliers tenant leurs chevaux en main

leur font passer ces barres en se suivant à une distance

de deux ou trois mètres. Si un cheval refuse, le mettre

derrière un vieux cheval. Faire passer ainsi la barre à

tous les chevaux tenus en main, jusqu'à ce que tous la

passent sans y faire attention. On ne fait passer les

barres par les chevaux montés que lorsque cette indiffé­

rence e st obtenue.

Si un cheval monté fait quelque difficulté, le faire tenir

par un ai de ou faire mettre pied à terre à son cavalier

pour recommencer le travail précédent.

Après obéissance, remonter le cheval.

Lorsque tous les chevaux montés passent la barre sans

changer d'allure et avec la même indifférence q ue non

montés, on la laisse en permanence sur la piste, pendant

tout le cours des reprises qui se font au manège.

Page 177: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— I z|.Ó

A partir de ce moment mettre la barre à terre sur la

ligne du milieu et la faire passer fréquemment aux trois

allures en faisant doubler successivement dans la lon ­

gueur.

Après résultat satisfai sant, re mettre les barres sur la

piste à io ou I ) centimètres du sol. Les faire passer

un certain no mbre de fois, comme lorsqu'elles étaient à

terre. En cas de résistance, faire de nouveau pren dre le

cheval en main ou, pour passer au trot ou au galop, le

mettre derrière un maître d'école ou enfin l ' instructeur

le monte lui-même. En aucun ca s, pendant le dressage,

ne laisser un cavalier user de sévérité devant un obstacle.

Continuer ainsi le dr essage pendant une petite partie

des reprises qui se font au manège, en élevant tr ès pro­

gressivement la barre au fur et à mesure des progrès ;

puis, lorsque la franchise est complète sur la piste,

mettre les barres sur la ligne du milieu.

Nota.— i0 Recommander aux hommes de prendre le

pommeau d 'une main les premières fois que les chevaux

sautent.

2° Ne pas empêcher les chevaux de galoper en allant

vers l 'o bstacle quand il atteint 50 ou óo centimètres de

hauteur. Tout au plus recommander aux cavaliers de

résister mo êlleusement aux chevaux qui veulent aller par

trop vite, mais sans chercher à obtenir dès les premières

fois un ralentissement complet. La meilleure manière

d'obtenir le ca lme sur l 'obstacle et la franchise est d'en­

nuyer le moins possible le cheval avant et après.

Page 178: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 4 7 —

y Après l 'obstacle, exiger absolument que les che­

vaux ne soient repris que très lentement.

4° O n a avantage, particulièrement avec les chevaux

très chauds, à substituer fréquemment le travail à la longe

au travail exécuté suivant les explications précédentes.

A la long e, le cheval pe ut être nu ou monté. Dans ce

dernier cas, le nombre de sauts doit être beaucoup

moins grand.

50 Éviter d'une manière à peu près absolue les luttes,

profiter de toutes l es occasions de récompenser.

Le dressage à la barre étant parachevé avec l 'aide du

temps et de la patience nécessaires, faire sauter des

haies, puis a border de tous petits obstacles naturels en

les faisant passer en main d'abord, puis avec un maître

d'école et enfin les chevaux étant montés et seuls.

Ne passer d'une difficulté à une plus grande que quand

la première est absolument résolue.

51 l 'on dispose d'un couloir, le faire pa sser une ou

deux fois par semaine par les chevaux nus. Dans cet

exercice, éviter de les exciter.

o r d r e d a n s l e q u e l i l y a l i e u d e c o m m e n c e r

c h a c u n d e s e x e r c i c e s q u e c o m p r e n d l e d r e s s a g e

i0 Mise en condition (commence dès les premiers

jours et dure tout le temps du dressage.)

2° Mise en confiance, obtention du calme (même

remarque).

Page 179: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 Zj.ìj —

3" Leçon du montoir \

4° Eléments de conduite / Dans cet ordre, mais

5° Dressage à la longe i presque simultanément.

6° Mise en impulsion /

7° Début du dressage au sabre.

8° Dressage à l 'action latérale des jambes.

9° Dressage à l 'obstacle (barre à terre).

!0° Demi-tour sur les épaules.

iT Dressage aux rênes (ralentir, arrêter, reculer,

tourner).

I 2° D éparts au galop.

I y Demi-tour s ur les hanches,

14» S ortir du rang.

150 Appuyer.

ióo Bruit des armes et vue des objets que les chevaux

ne rencontrent que dans le travai l militaire.

Pour terminer, je rappelle q ue l ' instructeur do it tou­

jours se souvenir que la chose la plus importante, on

pourrait presq ue dire la seule nécessaire à enseigner au

cheval de troupe pour qu'il puisse rendre les services

que nous en devons a t tendre , c ' e s t l e c a l m e d a n s

l ' i m p u l s i o n .

n o t a

Lorsque le dressage se fait en deux ans, la progres­

sion à suivre reste la môme, chaque période correspon­

dant sensiblement à chaque année de dressage et les

quelques indications données relativement à l 'époque où

Page 180: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

- 149 —

l 'on peut commencer les différents ex ercices devenant

plus larges. Toutefois, les résultats obt enus pendant la

première période doivent être scrupuleusement entrete­

nus et développés pendant la deuxième année. D'autre

part, quelques-uns des exercices constituant le travail de

la deuxième année peuvent être utilement ébauchés pen­

dant la première ; notamment le dressage aux rênes, au

sabre et à l 'obstacle, l 'accoutumance aux bruits d e la

guerre, etc.

Page 181: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907
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TITRE IV

QUALITÉS A RECHERCHER POUR LE CHEVAL

DE SELLE

Les qualités à rechercher lorsqu'on choisit un cheval

de selle sont de deux sortes, morales ou physiques. Elles

ont une grande importance au point de vue de la du rée

et de l 'agrément du service que le cheval peut fournir.

C'est le degré auquel elles sont portées qui fait qu'un

cheval est excellent, bon, médiocre ou n'est qu'une rosse.

Aussi est-il utile d e les connaître lorsqu'on doit, sans

beaucoup d'expérience et sans conseils, acheter un

cheval.

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Page 184: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

CHAPITRE I

q u a l i t é s m o r a l e s

A mon avis, la première des qualités morales à recher­

cher chez un cheval, c 'est la générosité. Grâce à elle,

il est toujours prêt à marcher, il a ccélère ses allures

sans qu'on ait besoin de le lui d emander et simplement

parce qu'on le lui permet ; lorsque la fatigue vient, il

semble ne pas la sentir ; il se dépense sans compter et

meurt si son cavalier est assez ignorant, assez barbare ou

assez contraint par la nécessité pour en abuser à ce

point.

La générosité d'un cheval s e reconnaît dès la pre­

mière minute. On le sent vibrant ; un rien suffit p our

qu'il se porte délibérément en avant, sans hésiter et sans

marchander Son allure est franche et tride ; pour qu'elle

s 'accélère, il n'y a qu'à laisser faire. Cette qualité est

d'une importance telle quelle ne saurait être excessive. Je

sais bien que son exagération a quelquefois des inconvé­

nients : il arrive que le cheval t rop ardent s 'agite avec

désordre, demande à marcher vite quand on voudrait

qu'il allât lenteme nt ; la proximité des autres chevaux

Page 185: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 5 4 —

l 'énerve, sa bravoure semble ne pas vouloir admettre de

concurrence et le cavalier qui voudrait s e faire porter

tranquillement et avoir la paix est obligé de s'y employer.

Evidemment c e n'est pas toujours amusant ; cepen­

dant on ne doit pas se plaindre de cet excès de géné­

rosité, parce qu'avec un pe u d'adresse, avec des aides

calmés et justes, on peut amener le cheval à contenir sa

fougue, à la concentrer, en quelque sorte, pour ne

la laisser éclater que par sa bonne volonté et son instan­

tanéité dans l 'accomplissement des ordres de son maître:

ce n'est rien pour un cavalier suf fisant que d'amener un

cheval chaud à devenir calme, tandis qu'il est infiniment

difficile, quelquefois impossible, même au plus habile

écuyer, de rendre généreux l 'animal qui ne l 'est pas.

Par suite des circonstances dans lesquelles il s 'est

trouvé ou de la manière dont il a été monté, le cheval

peut quelquefois ne pas montrer de lui-même ses quali­

tés d'allant et ne les avoir, si je puis ainsi parler, qu'à

l 'état latent. Cela arrive en particulier assez souvent avec

les chevaux de pur sang qui sont à l 'entraînement et qui

n'ont jamais travaillé q u'en vue d es courses. A l 'exer­

cice, ils sont systématiquement habitués à presque s'en­

dormir au pas et au trot, en sorte qu'ils restent quelque­

fois d'eux-mêmes aux allures plus ou moins traînantes

qu'on leur a toujours imposées. Ils peuvent ê tre cepen­

dant et sont la plupart du temps parfaitement braves.

Le cavalier qui les essaie s'en aperçoit dés qu'il en vient

à des actions quelque peu énergiques des jambes ou des

éperons. Ces demandes sévères font sortir en peu de

temps le cheval d e sa froideur si, sous son apparence

Page 186: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

plus ou moins v eule. il ca che une réelle gén érosité. Je

cite c omme se trouvant souvent dans ce cas les chevaux

de pur sang qui sont à l 'entraînement ; mais d'autres

peuvent se comporter de même et il importe au cavalier

qui choisit un cheval de ne pas se laisser tromper par

les apparences et de reconnaître l 'existence d'un allant

qui n'est qu'à l 'état potentiel et qu'il suffit de solliciter

pendant quelque temps dans les proportions voulues

pour qu'il s 'éveille et demeure.

Dans un de ses ouvrages, toujours si pleins d'humour,

M. le marquis de Poudras raconte une anecdote dont

je vais citer les passages principaux p our montrer un

exemple de cette double façon dont les chevaux g éné­

reux peuvent montrer qu'ils le sont.

A l a suite de circonstances qu'il serait trop long de

retracer, M. de Poudras fut amené, un jour, à faire lutter

d'endurance, pendant une chasse très sévère, la jument de

son piqueur nommée La Légère qu'il fit monter par Mme

la co mtesse de Sénozan, contre un cheval app elé Cœur

de Lion spécialement amené d'Angleterre pour cette

chasse par un per sonnage que M. de Poudras désigne

sous le nom de lord Henry.

Voici la description que M. de Poudras fait lui-même de

la Légère: « C'était une petite limousine, hors d'âge et dé-

« jà fatiguée qui cachait ses mérites extraordinaires même

(( aux yeux des plus fins connaisseurs. Elle était fleur de

« pêcher comme un cheval de meunier et elle avait les

(( yeu x vairons, ce qui défigure même un bel animal.

« Proide des épaules au départ, on eût dit qu'elle était

« tout au plus bonne pour gagner le rendez-vous... »

Page 187: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— I 5 6 —

Quant à Cœur de Lion, c'était « un cheval vraiment

« admirable par la beauté de ses formes et la vigoureuse

« élégance de ses mouvements. »

En allant au rendez-vous, le contraste s 'accentue :

« Cela fait, on alla frapper aux brisées. La Légère trot­

te t ina it toujours la tête basse et le cheval de my lord ron-

« geait son frein et faisait claquer ses dents. »

Puis le cerf est lancé : « Aux premiers cris des chiens,

il se fit une métamorphose complète dans la p iteuse

limousine. Elle releva la tête, dressa les oreilles,

retourna en panache s a queue qui tombait comme un

émouchoir ; son œil blafard lança d es éclairs et quand

les t rompes sonnèrent le lancer, elle bondit comme un

chevreuil et avec la rapidité de la pensée, elle prit la

tète des quarante ou cinquante chevaux qui s 'étaient

comme elle précipités en avant.. . Le cheval de mylord,

l 'œil en feu, les naseaux ouverts, dévorait l 'es­

pace... »

Puis pendant un défaut : « Le cheval de mylor n'avait

rien perdu de sa vigueur et sa beauté semblait avoir

gagné. Fièrement planté sur ses quatre jambes fines

et nerveuses, il écoutait le son de la trom pe et son

agitation annonçait qu'il souffrait d'être au repos. Sa

peau fine comm e un velours et son poil lissé par une

imperceptible transpiration laissaient apercevoir un

réseau de veines dans lesquelles circulait un s ang plus

brûlant qu e la lave, plus actif que le vif-argent. Jamais

plus belle bête n'avait attiré me s regards ; je l 'aurais

volontiers achetée au prix d'une de mes terres, mais

je ne l 'aurais point échangé contre La Légère.

Page 188: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

a Celle-ci, depuis que la chasse était interrompue,

« avait repris son attitude plus que modeste, une jambe

(( de devant étendue, une de derrière douloureusement

« appuyée sur le bout du sabot, le flanc haletant, le poil

« hérissé et gluant, les oreilles flasques, elle me repré-

« sentait au naturel un pauvre bidet d e poste exténué

« par une course hors de proportion avec ses mo-

<< yens... »

La chasse ayant repris : « La Légère s'était mainte-

« nue à sa brillante allure et même depuis quelques ins-

«. tants, elle mêlait à son galop des bonds de gaîté qui

« témoignaient e ncore plus de sa vigueur que la rapi-

« dité de sa course. Cœur de Lion était toujours superbe

« et rien n'annon çait qu'il commençât à être fatigué, si

« ce n'est sa respiration qui sortait plus bruyante et plus

« pénible d e ses naseaux tendus... Vingt fois, trente

« fois peut-être le cerf avait couru devant nous et à plu-

« sieurs reprises nous l 'avions suivi dans le fourré ; dans

« ces moments-là, la situation de mylord était vraiment

« pénible, car, tandis que la Légère se glissait com me

« une biche sous les gaulis sans s'inquiéter de ceux qui

« la frappaient en se relevant. Coe ur de Lion se jetait

(( avec rage au milieu des cépées ou franchissait les

« buissons qui résistaient à une première tentative ; la

« finesse de sa peau, l 'ardeur de son sang oriental lui

« faisaient supporter impatiemment les obstacles qui

« s 'opposaient à ses efforts, et les coups qu'il recevait

« du hasard et que, dans son inexpérience, il attri buait

« à la brutalité inaccoutumée de son maître, le rendaient

n furiçux : cependant il soutenait la lutte sans désavan-

Page 189: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

i 5 8 —

« tage et je ne fis nulle di fficulté de le proclamer plu-

« s ieurs fois le premier cheval du monde. . . après la

« Légère. »

Enfin l 'anim al de chasse débuche : M. de Poudras a

profité d'un arrêt pour relayer ; il continue ainsi son

récit ; « N ous étions toujours en tête et nous avions

« franchi je ne sais combien de haies, de fossés et de

« ravins, quand je crus remarquer que lord Henry, qui

« n'avait voulu prendre ni fo uet, ni é perons, frappait à

« coups redoublés sur le flanc de son cheval qui, tout

« en courant, se tordait quelquefois sous la pression du

« poing de son maître. Je regardai avec plus d'attention

« et je ne tardai pas à découvrir dans la main de mylord

« un objet brillant et aigu et à reconnaître dans cet objet

« un de ces élégants cure-dents d'or guilloché que les

« hommes portaient dans ce temps-là. »

Les chasseurs rencontrent un gros obstacle b ordant

un champ où le cerf fait tête aux chiens. La Légère le

franchit en se jouant ; M. de Poudras le traverse et ra­

conte ainsi ce que devint lord Henry : « Je l 'aperçus

<i dans la plus déplorable position que le ciel puisse

« imposer à un orgueilleux : Cœur de Lion refu sait de

« sauter. Il avait planté ses quatre pieds en terre et il

« renaclait devant l 'o bstacle qu'il contemplait d'un oeil

<( déso lé et cependant fier encore, car ce n'était pas le

« courage, mais la force qui lui manquait.

« Lord Henry leva son bras avec fureur ; le cure-

« dents étincela en descendant rapidement... L'illustre

». f ils d 'Arabian-Godolphin fit un effor t désespéré et il

« se trouva à côté de moi dans la prairie ; mais malheu-

Page 190: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 5 9 —

« reusement p our lui dans un endroit marécageux où il

« enfonça jusqu'aux jarrets.

a Son maître le frappa de nouveau ; le noble animal

« pou ssa un gémissement plaintif e t il resta immobile.

« Ses membres tremblaient, ses reins fléchissaien t, sa

<( belle et intelligente tête s'inclinait vers le sol. Alors

« l 'orgueilleux insula ire, convaincu q ue Coeur de Lion

« n'arriverait pas au cha mp de l 'honneur, jeta loin de

« lui le misérable aiguillon don t il s 'était servi et, s 'étant

« précipité à terre, il dégaina son couteau de chasse et

« le plongea jusqu'à la gar de dans le poitrail du pauvre

« vaincu. Cœur de Lion bondit co mme s'il allait s 'élan-

« cer en avant, puis il retomba aussitôt immobile comme

« si la foudre l 'eût frappé. »

Le lecteur ne m'en voudra pas d'avoir quelque peu

longuement mis ou remis sous ses yeux ces lignes tour à

tour exquises et poignantes et, dans sa tombe, M. de

Poudras pardonnera à mon admiration de lui avoir fait

un aussi large emprunt pour montrer mieux que je ne

l 'aurais pu faire, et avec tous leurs contrastes, les caractè­

res si différents du cheval généreux. La Légère, mo­

deste et ne payant pas de mine, ne montre ses qualités

qu'à l 'épreuve. Cœur de Lion, magnifique d'ardeur et de

bravoure, va jusqu'à ce qu'il tombe, montrant une géné­

rosité d'autant plus admirable qu'elle est dépensée

au service d'un maître assez ingrat pour le mal­

traiter quand il est à bout de forces, assez sotte­

ment et lâchement vaniteux pour le tuer quand il est

vaincu.

Page 191: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— I Ó O —

Il ne faut donc pas, comme je le disais tout à l 'heure,

juger un cheval d'après un premier examen ; c'est quel­

quefois seulement après lui avoir demandé des preuves

de qualité, qu'on voit s 'il est capable d'en donner. Il y a

plus, non seulement il peut se faire que des chevaux

ayant l 'air apathique soient susceptibles d'acquérir beau­

coup de perçant, mais cela se voit aussi pour des che­

vaux parfaiteme nt rétifs qui, lorsqu'ils sont bien entrepris

et montés par des cavaliers énergiques et adroits, se

corrigent et emploient pour le service de leur maître

toute l 'énergie qu'il mettaient auparavant à lui désobéir.

Ils se révoltent parce qu'ils ont le sentiment de leur

force ; quand ils se soumettent, on peut souvent en tirer

ce que des chevaux plus débonnaires seraient incapa­

bles de donner.

Page 192: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

CHAPITRE II

q u a l i t é s p h y s i q u e s

Je ne parlerai pas de l 'esthétique des lignes. Le beau

cheval est diffi cile à définir parce que les beautés ne sont

pas également estimées par chacun. Tel préfère la ma­

nière forte, osseuse et carrée de l 'irlandais ; tel autre

aime mieux les longues et élégantes lignes du cheval de

pur sang anglais ou la gracieuse silhouette de l 'arabe et

de ses dérivés. A part l 'élégance qui é chappe à la dis­

cussion, les autres beautés du modèle peuvent être dif­

féremment appréciées par chacun.

Mais il en est autrem ent des qualités qui concourent

à assurer un bon service : le cheval doit, au point de

vue dynamique, satisfaire à certains desidérata qui r es­

tent étrangers aux caprices du goût ou de la mode. Ce

sujet es t trop vaste pour que je le traite dans ses détails :

je n'en exposerai que les grandes lignes et dans la pro­

portion où cela peut être utile pour gu ider le choix du

cavalier qui n 'a pas encore acheté beaucoup de chevaux

et qui veut s 'en procurer un.

Quelqu'utile que soit l 'étude de F extérieur, il ne faut

Page 193: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

1 6 2

pas lui donner une importance exclusive. Elle donne de

précieuses indications, mais elle ne les donne pas toutes ;

il f aut les comparer avec celles qu'on n'obtient qu'en

essayant le cheval, parce que les défauts visibles peu­

vent être compensés par des qualités cachées et parce

qu'un cheval mal fait peut quelquefois se comporter

mieux que celui qui paraît plus correct, si le premier

marche avec son cœur et si le second n'en a pas.

L'attention de l 'acheteur doit se porter successivement

sur la ligne de dessus, puis sur le corps y compris l 'épaule

et la croupe, et enfin sur les membres dans leurs parties

détachées du corps. J 'adopte cette division bien qu'elle

ne soit pas la plus habituelle, parce q u'elle facilite l 'exa­

men en étudiant les régions dans l 'ordre et la position où

l 'œil les embrasse le plus facilement.

§ I". — L A LIGNE DE DESSUS

i» La tête et l'encolure. — La conformation d e la tète

n'a guère d'importance qu'au point de vue de la beauté

plastique. Il importe que son attache soit légère et maigre

et que l 'auge soit ouverte : ces qualités facilitent la posi­

tion de la tète utile à la conduite en lui permettant de se

plier aisément sur l 'encolure, tandis qu'une attache

grasse, une auge étroite ou pleine forcent la tête à se

rapprocher de l 'horizontale.

On recherchera une encolure longue et, sinon droite,

du moins plutôt convexe à sa partie supérieure que

concave : dans ces conditions elle se prête au ramener;

Page 194: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— l ôj

sa longueur lui assure un rôle efficace comme balancier;

les muscles auxquels elle sert de base et qui agissent sur

l 'épaule sont eux-mêmes étendus et donnent de l 'ampli­

tude aux mouvements. La convexité d e l 'encolure lui

permet de se ployer et de s'étendre. Cependant, il ne

faut pas d'excès dans ce sens, sans quoi l 'encolure,

qui est alors dite cou de cygne , manque de cohésion et

transmet mal à la masse les actions de la main. L'excès

contraire, qui fait d ire que l'encolure est fausse, ou ren­

versée, ou en cou de cerf, est encore plus mauvaise : ce

défaut amène le dos et le rein à se creuser; ces contrac­

tions sont des plus diff iciles à vaincre e t le cheval est

sujet à porter au vent.

La sortie d'encolure, c'est-à-dire sa direction en sortant

des épaules, doit être dirigée carrément de bas en haut.

L'encolure qui sort horizontalement se relève difficile­

ment, son rôle de balancier est amoindri, elle maintient

le p oids sur les épaules ce qui est la condition la plus

défavorable à la maniabilité. L'enco lure à rechercher est

donc longue, droite et se pliant aisément de manière à

ce que son bord supérieur devienne convexe : enfin elle

est bien greffée, faisant dire du cheval qu'il a du chef.

2° Le ga rrot. — Le garrot sert de base aux muscles

élévateurs et fixateurs de l 'épaule ; il doit donc présenter

un b on développement, c'est-à-dire qu'il doi t êt re haut

et se prolonger en arrière; il faut tenir compte qu'il est

ordinairement plus bas chez les juments que chez les

chevaux. Enfin i l doit ê tre bien musclé à sa partie infé­

rieure pour assurer un bon maintien à la selle.

Page 195: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

/

— i Ó 4 —

3° Le dos et le rein. — Cette région, qui s 'ét end du

garrot à la pointe de la croupe, supporte le poid s du

cavalier : c'est donc à sa puissance que le cheval de selle

doit d'être bon porteur. C'est là une de ses principales

qualités, car s'il supporte mal le poids, il se fatigue, se

contracte, s 'use, est désagréable à monter et inapte à un

service dur. De plus la g êne où le met la charge qui lui

est imposée peut l 'amener à des défenses et à une

mauvaise volonté dont le cavalier devient difficilement

maître puisqu'il n'en peut pas supprimer la cause.

Enfin, le d os et le rein servent de trait d'union entre

F avant-main et l 'arrière-main ; ils ne peuvent remplir

utilement ce rôle s'ils ne sont pas assez robu stes pour

transmettre, malgré le poids, dans de bonnes conditions,

l 'effort des propulseurs et servir de base solide aux

muscles qui co ordonnent les mouvements de l 'arrière-

; main et de F avant-main. De sorte qu'on peut dire q u'un

cheval, fût-il admirablement f ait par ailleurs est, en prin­

cipe, mal constitué pour le service de la selle si son

dessus est mauvais.

Les qualités que doit présenter cette région sont ;

a) La rectitude. — Cela va de soi : une tige qui doit

transmettre des efforts longitudinaux, le fait d'autant plus

sûrement qu'elle est plus rigide et plus droite.

La conc avité du dos est surtout néfaste, car elle ne

peut que s'accuser sous le poids : le cheval s 'écrase, la

tige manque de résistance pour transmettre à l 'avant-main

les efforts de l 'arrière-main. La convexité de cette ligne

qui fait dire que le cheval a le dos de mulet, est moins

mauvaise en soi ; ses inçoiwéniçnts résident surtout dans

Page 196: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

ses conséquences qui sont l 'épaule droite et la croupe

courte et avalée : de plus, le dos de mulet est suje t aux

blessures occasionnées par le harnachement.

b) La brièveté.— La brièveté apparente de la ligne de

dessus est due à l ' inclinaison et à la longueur de l 'épaule,

à la longueur de la c roupe et au développement muscu­

laire, toutes choses qui sont des beautés absolues. Aussi,

la brièveté est-elle une beauté de premier ordre. En

elle-même, elle est aussi nécessaire que la rectitude et

pour les mêmes raisons dynamiques.

c) La direction. — La direction la plus avantageuse pour

le dos et le rein est l 'horizontalité ou une disposition in­

sensiblement descendante d'arrière en avant. Si cette

ligne s'incline trop vers l 'avant, le cheval est sur les

épaules : son dos se creuse facilement, et les jarrets

s 'éloignent. Par suite, l 'engagement d es postérieurs et

l 'abaissement des hanches sont difficiles à obtenir dans

de bonnes conditions, ce qui occasionne des difficultés

dans le dressage et la con duite. Enfin, les jarrets s 'éloi-

gnant et ne pouvant pas facilement secourir l 'avant-main,

le cheval est souvent maladroit dans les terrains diff i-

cultueux. Mais il est disp osé aux allures rapides et cette

conformation s'affirme de plus en plus chez les chevaux

de course. Si, au contraire, le dos et le rein sont hori­

zontaux ou si F arrière-main est naturellement bas , mais

sans exagération, le ramener provoque sans peine l 'en­

gagement des jarrets, les pro pulseurs supportent facile­

ment la masse et la manient avec aisance. Cette dispo­

sition qui favorise moins que la précédente la vitesse

propre aux allures de course, rend pa r contre la conduite

Page 197: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

'— 166 —

facile : le ch eval p rend e t conserve a isément l'équilibre utile au se rvice de hack ses al lures sont en général brillantes et Aères, parc e qu'il e st à son aise pou r se déplacer et mouvoir en to us sen s son poids augmenté de celui du ca valier.

Mais l 'exagération de cette conformation e st nuisible

à la conservation de l 'arrière-main en l 'écrasant sous

l 'afflux continuel du poids. Le travail de s propulseurs se

transmet trop de bas en haut, en sorte que les allures ne

sont pas douées de l 'étendue nécessaire au service de la

selle. Mieux vaut l 'excès contraire du cheval sur les

épaules qui se porte difficilement, mais qui, au moins,

est capable d'avancer.

En résumé, la direction à rechercher pour le dos et le

rein d'un hack est cel le qui permet de dire que le cheval

est fait en montant. Toute fois, à l 'exagération de cette

disposition, il faut préférer la direction descendante vers

F avant-main dont le principal inconvénient est de rendre

le cheval peu maniable sans contrevenir aux autres qua­

lités qui lui sont nécessaires.

d) La largeur. — Elle doit être aussi grande que pos­

sible dans la région du rein, parce qu'elle lui suppose un

fort dévelop pement squelettique et musculaire. L e dos

aussi doit être large ; cela va av ec une bonne muscula­

ture de cette région et une ouverture utile de s rayons

costaux. Cependant l 'excès comporterait la rondeur des

côtes et serait par conséquent mauvais.

, e) Attache du rein. — La manière dont le rein est at­

taché d'une part au d os, d'autre part à la croupe, est

d'une importance capitale. Elle est bonne lorsqu'aux

1

Page 198: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

-— 16^7 —*

points d'attache la ligne de dessus ne montre aucune dé­

pression. Elle est mauvaise dans le cas contraire et alors

le trait d'union entre l 'arrière-main et l 'avant-main man­

que de force, les soudures en sont irrégulières, par suite

les forces propulsives de l 'arrière-main sont en partie

perdues et l 'aptitude à supporter le poids est diminuée.

L'attache du dos au rein est rarement défectueuse :

celle du rein à la cr oupe l 'est plus souvent. Cela se ma­

nifeste par une dépression dans cette région. Cepen­

dant cet indice n'est pas toujours exact : il peut ê tre dû à

une disposition des masses musculaires ou à un grand

développement des pointes supérieures des coxaux dont

la saillie porte alors le nom de bosse du saut. Aussi, lors­

qu'on voit une dépression à l 'attache du rein et de la

croupe, il faut vérifier si elle n'est pas due à la bosse du

saut et alors elle se répète généralement, quoique dans

de moindres p roportions, en arrière de cette saillie. On

s'en assure en suivant la ligne lombaire par une pression

modérée des doigts p ermettant d'en explorer la dispo­

sition.

4° Ligne de faîte de la croupe. — La longueur de cette

ligne est solidaire d e celle de la cr oupe dont nous nous

occuperons tout à l 'heure ; sa direction doit être telle

qu'elle se détache bien de la ligne allant d e la pointe de

la hanche à celle de la fesse : elle assure ainsi une bonne

épaisseur à l a croupe.

Page 199: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

S II. — LE CORPS

i0 Vépaule elle bras. — L'épaule va du garrot à la

pointe de l 'épaule ; elle doit être chez les hacks aussi

oblique que possible. Grâce à cette qualité, en effet, elle

assure une bonne direction de contraction aux muscles

qui meuvent le bras; elle fait avec ce rayon un angle

assez fermé pour être susceptible de s'ouvrir dans de

grandes proportions ce qui donne l 'étendue aux gestes

des antérieurs ; elle va avec une bonne sortie de l'enco­

lure ; enfin son obliquité entraîne sa longueur.

L'épaule doit être longue, d'abord pour donner une

bonne base aux muscles, ensuite parce que pour une

même étendue de contraction des muscles qui la meu­

vent et par conséquent pour un même eflort, sa pointe

se porte d'autant plus en avant que sa longueur est plus

grande, ce qui permet à l 'antérieur d'embrasser plus de

terrain.

Le bras s'étend de la pointe de l 'épaule au coude. Son

obliquité doit être modérée ; trop incliné, il met l e che­

val so us lui ; trop droit, il fait un trop grand angle avec

l 'épaule dont l 'heureuse obliquité perd ainsi un d e ses

avantages.

2° L a poitrine. — Entre autres organes, elle renferme

les poumons dont l 'ampleur est indispensable à une

bonne respiration. Celle-ci est nécessaire à l 'entretien

des vitesses demandées aux hacks qui, par suite, doi­

vent avoir des poumons volumineux, ce qui suppose une

Page 200: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

poitrine vaste dans toutes ses dimensions considérées de

haut en bas, d'avant en arrière et d'un côté à l 'autre. De

plus les côtes doivent être inclinées en arrière pour que

leur jeu soit étendu et permette l 'amplitude des inspi­

rations.

La largeur de la poitrine comporte, dans une certaine

mesure, celle du poitrail. S'il est étroit, la poitrine est

étriquée ; mais sa largeur ne doit cependant pas être

excessive, car elle entraînerait trop d'écartement entre

les antérieurs, ce qui causerait des décompositions de

mouvements défavorables à la progression.

3° Le ventre et le flanc.— Leur examen peut donner

quelques indications sur le tempérament et la manière

dont le cheval se nourrit. Le ventre levreté, le flanc

troussé indiquent en général que les fonctions intesti­

nales et digestives se font mal. Toutefois, on ne peut

tenir ces indications pour certaines, car cet état peut

être dû aussi à la fatigue, au manque de soins ou aussi à

un entraînement intensif.

4° La croupe, la cuisse et la fesse. — La croupe est

comprise entre la pointe de la cr oupe, la naissance de

la queue, les pointes des hanches et les pointes des

fesses. Sa direction e t sa largeur se jugent de profil et

d'après les dimensions de la ligne fictive allant

de la pointe de la hanche à la pointe de la fesse. L'obli­

quité d e[cette ligne doit être moyenne (environ 30°)

Plus d'horizontalité donne de la vitesse aux allures, mais

I. JACOULEI e t CUOMEL, Trulli! d'hippologie.

Page 201: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

diminue l 'aptitude à porter et à manier le poids et éloigne

les jarrets. Plus de verticalité fait travailler le cheval sous

lui et lui enlève de la chasse. La longueur de la cr oupe

ne saurait être trop grande, car elle va avec un dévelop­

pement correspondant des muscles qui la me ublent.

Si l 'on rapproche ce que j 'ai dit, d 'une part, de la

longueur du dos et du rein et , d'autre part, de la lon­

gueur et de l 'obliquité de l 'épaule et de la croupe, on en

concluera que, relativement à ces dimensions, le cheval

est d'autant mieux établi que la ligne qui joint la hanche

au garrot est plus courte, et que celle qui joint la pointe

de l 'épaule à celle de la fesse est plus longue.

La largeur de la croupe s'examine en se plaçant der­

rière le cheval. « Lorsq ue les hanches et les pointes des

fesses sont sur deux lignes tendant au parallélisme et

qu'en même temps la région est large et longue, on dit

que le cheval a un beau carré de derrière, qualité à re­

chercher parce qu'elle donne force et vitesse ' . »

L'épaisseur de la croupe se reconnaît de profil ; elle

se compte entre la ligne de faîte et la ligne déjà consi­

dérée allant de la pointe de la hanche à la pointe de la

fesse. L'étendue de cette région permet une bonne mus­

culature et doit être recherchée.

La cuisse s'étend de la pointe de la f esse au grasset.

Sa longueur est une beauté absolue comme celle de

l 'épaule et pour les mêmes raisons. Elle doit être moyen­

nement inclinée ; si elle l 'est fortement, le cheval est sous

lui de derrière ; si elle est trop droite, elle élo igne les

I, GOUBAUX et BARRIER,

Page 202: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

jarrets,, favorise les grandes vitesses utiles aux chevaux

de courses, mais nuit à la maniabilité nécessaire aux

hacks.

La fesse, comme, du reste, la croupe et la cuisse,

gagne à être fortement musclée, ce qui se manifeste par

sa longueur et son épaisseur.

§ III. — LES MEMBRES

i0 Membres antérieurs. — Après le corps, l 'examen

se porte tout naturellement sur la partie des membres

qui en est détachée. On les examine successivement d e

profil et de face, à l 'arrêt et en marche.

A l 'arrêt et vus de profil, les membres antérieurs

doivent p résenter les qualités suivantes : longueur de

F avant-bras donna nt de l 'étendue aux mouvements ; lar­

geur de cette région attestant sa bonne musculature ;

brièveté du canon, permettant pour une même dimen­

sion du membre une plus grande longueur de l 'avant-

bras ; verticalité, grosseur et sécheresse des tendons e t

leur parallélisme avec le canon dont ils doivent être bien

détachés. L'avant-bras et la partie du membre située

au-dessous du genou doivent être dans la même direc­

tion, sans qu'au repos leur axe fasse au genou un angle

rentrant o u sortant.

Les boulets doivent ê tre gros et secs. Les paturons

sont à rechercher forts et plutôt co urts que longs : leur

direction doit être sensiblement parallèle à celle de

l 'épaule.

Page 203: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 172 —

Le bon pied est d'une grosseur proportionnée au

volume de l 'animal. Les talons en sont sensiblement

parallèles à la ligne de pince, leur hauteur varie entre

le tiers et la moitié de la longueur de cette ligne et ils

sont écartés. La fourchette est descendue de ma­

nière à s'appuyer sur le sol, saine et volumineuse. Les

deux pieds sont égaux de forme et de volume.

Un pied peut être mal paré et, quoique bien fait, ne

pas présenter les qualités que je viens d'énumérer : il

faut donc vérifier si ses défauts sont réels ou dus à un e

mauvaise ferrure.

Enfin, comme direction d'ensemble, le membre vu de

profil doit être sensiblement vertical lorsque le cheval est

dans son aplomb naturel. Pour l 'y mett re, on le fait

changer de place et on l 'arrête plusieurs fois : son aplomb

normal est celui qu'il prend le plus souvent en s'arrêtant.

Vus de face et toujours à l 'arrêt, les antérieurs doi­

vent se montrer épais, ce qui est l ' indice d'un bon déve­

loppement musculaire et osseux. Le genou sera recher­

ché large et exempt de cicatrices, le boulet et le paturon

forts. Les différentes phalanges, canon, paturon et pied,

seront exactement dans le prolongement les unes des

autres et, ensemble, dans le prolongement de l 'avant-

bras. Dans l eur aplomb naturel, les membres doivent

être verticaux, avoir un écartement tel que les pieds

soient séparés par un intervalle égal à la largeur du sabot.

Toutes les dispositions contraires ont d es inconvénients

au point de vue de la locomotion, si elle s sont accen­

tuées ; si les défectuosités sont minimes, i l n 'y a pa s lieu

d'en tenir grand compte.

Page 204: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— i 7 3 —

En marche, les antérieurs doivent se mouvoir dans un

plan parallèle au plan vertical passant par l 'axe du cheval,

sinon celui-ci fauche, billarde, se coupe et tout au moins

perd du temps et de l 'aisance.

2° Membres postérieurs. — Vus de profil, à l 'arrêt, les

membres postérieurs doivent présenter une bonne lon­

gueur de la jambe, c'est-à-dire du grasset au jarret, rela­

tivement à celle du canon. Elle doi t êt re légèrement in­

clinée : trop droite, elle élève les hanches et chasse le

poids vers les épaules ; trop inclinée, elle éloigne les

jarrets du centre, le cheval se porte mal et l 'effet utile d e

ses forces est diminué. Enfin, la jambe d oit être forte­

ment musclée.

Il faut rechercher pour le jarret de l 'étendue dans

toutes les dimensions et une ouverture correcte : très

ouvert, il porte le nom de jarret droit, i l per met difficile­

ment la venue des appuis sous le centre et, par consé­

quent, la maniabilité. D'autre part , il est mauvais que

l 'angle du jarret soit trop fermé, parce qu'alors cette arti­

culation trav aille en porte-à-faux et remplit péniblemen t

son rôle d'intermédiaire entre les appuis et les angles

moteurs supérieurs : le cheval s e tire difficilement des

terrains lourds. Cependant, tant que la fermeture du

jarret n'est pas exagérée, et si elle est due à l ' inclinaison

du canon, jointe à une bonne direction de la jambe, elle

favorise la maniabilité en rapprochant les appuis du centre

et les inconvénients précités sont minimes.

Ce qui a été dit de la conformation de s canons, ten-

Page 205: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 7 4 —

dons, boulets, paturons et pieds antérieurs, s 'applique

aux postérieurs.

Quant aux aplombs, on peut dire que, « vu de profil,

le membre postérieur est bien d'aplomb l orsque la ver­

ticale abaissée de la pointe de la fesse au sol suit, à

partir du jarret, le profil des tendons et tombe à une

petite distance en arrière d es talons du sabot'. »

Vus de derrière, les postérieurs doivent présenter une

forte épaisseur dans toutes leurs parties. Cette épaisseur

comporte de puissantes masses musculaires pour la

jambe, de larges assises pour les articulations et une

bonne r ésistance pour les rayons. De plus, le plan du

jarret doit être sensiblement parallèle au plan vertical

passant par l 'axe du cheval.

Examinés de derrière, les aplombs sont bons « lorsque

l 'axe longitudinal d e chacun est vertical et qu'il existe

entre les deux pieds à l 'appui un intervalle égal à la lar­

geur du boulet2 . »

En marche, les postérieurs doivent se mouvoir sans

trousser, mais d'un mouvement délibéré. Les jarrets,

en particulier, ne doivent pas avoir ce mouvement de

rotation qui les fait dire « vac illants », et qui détruit une

partie de la déte nte des postérieurs.

§ IV. — TARES LES PLUS FRÉQUENTES

L'examen des membres comporte aussi celui de leurs

tares. Les unes peuvent être développées sans gêner en

I. JACOULET et CHO MEL, loc. cit. 3. GOUBAUX et BARRIER.

Page 206: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— ï y ? —

rien le service ; d'autres, quoique peu apparentes, sont

quelquefois très nuisibles; toutes permettent des pronos­

tics utiles sur l 'état pathologique de l 'animal.

Aux boulets, il y a lieu d'examiner s'il y a des moieties:

s'il s 'en trouve qui ne soient ni grosses, ni indurées, ni

chaudes, il n'y a pa s à s'en préoccuper beaucoup. S ans

avoir de molettes, les boulets peuvent être empâtés,

gras; c 'est toujours un signe de fatigue et l ' indice d'une

médiocre résistance des tissus de ces régions.

Aux jarrets, les tares les plus importantes et les plus

habituelles sont les vessigons et les éparvins.

Les vessigons sont des tares molles ; ils peuvent êt re

tendineux : ils sont alors oblongs et peu dangereux; ils

peuvent être aussi articulaires : leur forme est plus sphé-

roïdale et ils sont susceptibles d'être très graves, surtout

en raison des lésions qu'ils accompagnent. Si le bon

fonctionnement du jarret et la régularité des allures

donnent à penser que le cheval qui a des vessigons arti­

culaires n'en souffre pas, on ne saurait cepen dant rien

en préjuger pour l 'avenir.

Les éparvins sont des protubérances osseuses qui se

trouvent à la partie inférieure et intérieure du jarret.

Cette tare peut rendre un cheval à tout jamais inu tili­

sable, comme aussi n e jamais le faire souff rir. Si donc

on reconnaît la présence d'un éparvin, on examinera s'il

ne provoque pas de chaleur, s 'il n'est pas douloureux à

la 'pression du doigt, si en marche, le mouvement du

jarret est régulier. On fait aussi t rotter, arrêter net et

reculer immédiatement ou tourner court sur le jarret ma­

lade. Si dans ces différentes expériences, le mouvement

L

Page 207: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

de cette articulation est normal et si l 'examen à l 'arrêt

n'est pas défavorable, il y a bien des chances pour que

i 'éparvin n'entrave pa s avant longtemps un se rvice utile

sans être excessif.

Les capelels, grosseurs situées à la pointe des jarrets,

déparent le cheval, mais ne le font presque jamais boîter.

La jarde et le jardon ne sont, eux aussi, que rarement

nuisibles au service immédiat ; ils indiquent plutôt une

fâcheuse prédisposition aux p oussées osseuses, pouvant

affecter le reste du jarret, sinon dès maintenant, du

moins dans l 'avenir.

Les suros se rencontrent fréquemment sur les rayons

osseux. Ils peuvent n'avoir aucune gravité s'ils ne sont

près ni d'une articulation ni d'un tendon ; là, au contraire,

ils sont fort graves et peuvent occasionner des boîteries

inguérissables. Il n'y a donc pas grand compte à tenir

d'un suros bien placé, tandis qu'il faut s 'attendre aux

pires inconvénients s'il l 'est mal.

La névrotomie est une opération chirurgicale qui peut

remettre complètement droit un cheval qui a les pieds

douloureux ; mais elle n'a que rarement un effet du rable

et tel cheval marchant beau lorsqu'on vient de l 'acheter,

peut boiter bas six mois après sans qu'aucune lésion nou­

velle se soit déclarée. Lorsque donc on achète un cheval,

il faut toujours s 'assurer qu'il n'est pas névrotomisé, sur­

tout si quelque hésitation dans les appuis antérieurs

donne à penser qu'il l 'a ét é. On s'en rend compte en

recherchant s'il n'existe pas de cicatrices longitudinales,

d'ailleurs souvent recouvertes par les poils, et situées

soit à la partie supérieure et intérieure de l 'avant-bras,

Page 208: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

- 177 —

soit d'un ou des côtés du haut du boulet à la partie anté­

rieure d u tendon, soit enfin da ns le pli du paturon. La

présence d'une cicatrice linéaire et verticale dans une

de ces régions montre que le cheval a été névrotomisé

et qu'on ne peut escompter un long service. La névro-

tomie es t rar ement pratiquée aux membres p ostérieurs.

Les traces de feu, en pointe ou en raies, indiquent

qu'une lésion a été traitée, mais ne permettent en aucune

façon de conclure que cette lésion comporte de fâcheuses

conséquences. L'application du feu est un traitement si

énergique qu'elle obtient très souvent la guérison com­

plète. Evidemment, ces traces n'embellissent pas, mais

elles ne peuvent entraîner une certitude de moindre ré­

sistance pour la région qu'elles intéressent. On se rend

compte que l 'eflét produit par le feu est satisfaisant s'il

ne reste ni chaleur, ni engorgement, ni sensibilité, et si

le cheval en marche ne montre pas qu'il est gêné dans

la partie traitée. Nombre de chevaux de selle et en par­

ticulier de chevaux de pur sang, ont d es traces de feu

aux tendons, aux boulets et même aux paturons des

membres antérieurs, sans que leur qualité com me hacks

en soit le moins du monde diminuée. Si le feu a produit

son effet et si l 'exploration e t l 'essai donnent des indica­

tions satisfaisantes, il y a toutes chances pour que le

cheval soit pa rfaitement utilis able com me hack et sou­

vent même comme steeple-chaser : un simple tour dans

les paddocks des champs de course d'obstacles suffit à

en donner la preuve.

Le claquage des tendons antérieurs, ou des ligaments

ou cordes qui leur sont annexés, p orte différents noms

Page 209: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— l y S —

suivant sa gravite. Quoi qu'il en soit, cette lésion à l 'état

aigu rend le cheval inutilisable pour tout service immé­

diat.

Le claquage se reconnaît à la température élevée, à la

sensibilité ou à la déformation d'une quelconque des

parties postérieures et latérales du membre, entre le

genou et la couronne, symptômes qui sont d'ailleurs

accompagnés ou non de boiterie. Si l 'on n'a pas un be­

soin immédiat des services du cheval et si ces lésions ne

sont pas par trop accentuées, on peut compter pouvoir

le remettre sûrement à un service de hack, mais au bout

d'un tem ps variable dans la proportion de quinze jours à

six mois.

Les manifestations extéri eures du claquage, s'il n'est

pas très grave, peuvent être masquées par un repos de

quelques jours e n même temps que par une médication

spéciale : on dit alors que le tendon est blanchi ; i l n'en

est pas moins malade pour cela et pour ne pas s'y lais­

ser tromper, l 'acheteur doit toujours explorer les ten­

dons avec soin, même lorsqu'ils paraissent sai ns.

La connaissance des tares que nous venons d'exami­

ner est à peu près suffisante pour permettre de juger

l 'état de netteté de la plupart des chevaux qu'on a à exa­

miner ; mais il en est de plus difficiles à apprécier, sur la

gravité desquelle s on ne peut être renseigné que lors­

qu'on a acquis de l 'expérience ou que par l 'avis d'un

spécialiste.

Page 210: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 179 —

§ V. — CO NCLUSION.

Comme résumé de cette rapide étude de la conforma­

tion du cheval, on peut d ire qu'il y a lieu d e rechercher

dans celui qu'on veut acheter :

Une tête d'attache légère.

Une encolure longue, dont le bord supérieur devient

facilement convexe et qui sort crânement des épau­

les,

Un garrot élevé, mais surtout porté et prolongé en

arriére.

Un dos et un rein larges, courts, bien attachés et sen­

siblement horizontaux.

Une épaule longue et oblique.

Une poitrine haute, large et profonde.

Une croupe longue, médiocrement inclinée, large et

épaisse.

Une cuisse longue et presque verticale.

Des antérieurs verticaux, rectilignes vus deface et de

profil, d'avant-bras longs, forts de charpente, gros dans

leurs rayons oss eux, de tendons gros, bien déta chés et

parallèles aux canons.

Des postérieurs longs dans la jambe ; de jarrets assez

ouverts, étendus dans toutes leurs dimensions et se

pliant sans tourner ; des canons courts. Vus de derrière,

les postérieurs doivent être verticaux dans tous leurs

rayons et peu écartés ;

Une musculature générale puissante et étendue.

Page 211: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— l u O —

Enfin les tares doivent être absentes ou, du moins,

rares et sans gravité, car, outre la diminution qu'elles

apportent aux facultés physiques, elles présagent pour

Tavenir une usure anormale.

Mais si important que soit cet examen, il ne faut pas

perdre de vue que les conséquences qu'on en peut tirer

ne doivent pas être absolues. Un cheval médiocrement

fait dans certaines de ses parties peut en racheter les

inconvénients par les beautés ou les dispositions d'une

autre région. De plus, la générosité du caractère, le

sang, la bonne trempe des tissus sont des qualités qui

peuvent remplacer beaucoup de celles qui manquent par

ailleurs et contrebalancer bien des défauts, au point de

rendre bon un cheval que ses défectuosités de confor­

mation pourraient faire prévoir mauvais. C'est à l 'essai

qu'on en juge.

Page 212: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

TITRE V

HYGIÈNE ET CONDITION

La bonne hygiène du cheval de selle est assurée par

l 'ensemble des soins dont on Tentoure pour conserver

sa santé et lui faire prendre une nourriture utile comme

quantité et comme qualité.

La condition est l 'aptitude physiologique au tra­

vail.

Page 213: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907
Page 214: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

CHAPITRE I

HYGIENE

§ I . — H Y G I È N E A L ' É C U R I E

i0 Installation dune écurie

Ce sujet comporte de nombreux développements utiles

pour qui veut construire des écuries ; je ne le considé­

rerai qu'au point de vue plus modeste du propriétaire de

chevaux qui cherche une écurie pour les loger ou qui

désire aménager à cet effet un bâtiment déjà existant.

On doit choisir comme écurie un local pouvant s 'aérer

et s 'éclairer facilement, et élevé. C'est à tort qu'on pense

augmenter le confortable en recherchant des écuries

cubant p eu, sous prétexte qu'elles sont plus chaudes :

l'air s 'y vicie rapidement et la moindre ouverture desti­

née à le renouveler y établit sans amendement la tempé­

rature extérieure froide ou chaude. Il en est différemment

si l 'écurie est vaste, sans excès. La température dégagée

par les chevaux y entretient en hiver une température suffi­

sante, d'äutant moins influencée par la température exté=-

Page 215: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

184

Heure qu'il n'est pas nécessaire d'avoir de grandes pri­

ses d'air ; celui qui se trouve dans l 'écurie est en quan­

tité suffisante pour que l 'ouverture des fenêtres et des

portes pendant le travail suffise pr esque à le renouveler.

En été , il est évident que l 'élévation de la température

intérieure d'une écurie est en raison inverse de ses di­

mensions.

11 est indispensable que le sol soit imperméable sans

être glissant et légèrement incliné, de manière à assurer

l 'évacuation immédiate d es urines. Le pavage cimenté

est ce qu'il y a de meilleur à condition d'être repiqué

quand il devient glissant. La terre naturelle ou battue est

ce qui est le plus mauvais.

Comme couverture, les plafonds sont préférables à

toute a utre comme donnant le moins de poussière et se

nettoyant le mieux.

Les fenêtres et portes doivent pouvoir s 'ouvrir large­

ment sans risquer, dans cette position, d'atteindre les

chevaux.

L'espace réservé à chaque cheval est limité soit par

des boxes, soit par des stalles, des bas-flancs ou de sim­

ples barres. Le premier mode, qui a l ' inconvénient de

demander plus de place, est de beaucoup le meilleur ; il

permet de laisser le cheval en liberté, ce qui est infini­

ment plus confortable pour lui que d'être attaché, et lui

donne la faculté de prendre un exercice modéré pendant

le temps qu'il passe à l 'écurie. Toutefois cet exercice ne

doit pas être excessif comme cela arrive avec les che­

vaux qui ont l 'habitude d e tourner sans cesse autour de

leur boxe, ne prenant souvent pas le temps de manger.

Page 216: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 8 ^ —

Pour ces chevaux le boxe, ou du moins la liberté conti­

nuelle en boxe, est contre-indiqué.

Pour qu'un boxe soit confortable, il fa ut qu'il ait au

minimum 3 mètres dans sa plus petite dimension, l 'autre

étant sensiblement plus grande ; un boxe est bien s'il a

de .3 m. 50 à 4 mètres de côtés, il est très bien s'il a 4

mètres et plus.

Si la place manque pour établir des boxes, on est

obligé d'attacher les chevaux. La meilleure manière d e

les séparer est de limiter leurs intervalles par des stalles

pleines, fixes, hautes d'environ 1 m. 50, longues de

3 m. 50 à 3 m. Bo et éloignées de i m. 70 à 1 m. 80.

Les bas-flancs, par leur mobilité et leur résonnance,

encouragent les chevaux à frapper et à "s'embarrer ; ils

constituent le plus mauvais mode de séparation. Les

simples barres sont préférables su rtout si elles sont pla­

cées à I m. 30 ou I m. 4 0 au-dessus du sol et s uppor­

tent une pièce de tissus plus ou moins épais retombant

jusqu'à la litière. La matité et la résistance flasque ren ­

contrées par le pied du cheval qui veut frapper l 'en dé­

goûtent rapidement. Certains tissus très résistants, de

couleur crottin et d'un prix peu élevé sont particulière­

ment commodes pour cet usage, si l 'on ne veut pas faire

les frais nécessités par l ' installation des stalles.

Les intervalles doivent avoir d es séparations de tête ;

elles sont faciles et peu coûteuses à installer et empê­

chent les batailles entre chevaux voisins.

Tous les moyens d'attache sont bons pourvu qu'ils

permettent aux chevaux d'atteindre facilement le râtelier

pour manger, de descendre la tête à terre pour s e cou­

13-

Page 217: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 18 6 —

cher et enfin de ne pas s'y prendre les pieds. Le

vieux mode d'attache constitué par une longe de o m. 80

à I m. glissant dans l 'anneau de mangeoire après avoir

été fixée par une extrémité au licol et par l 'autre à un

billot de bois est, sinon le plus élégant, du moins un

des plus pratiques.

Les mangeoires doivent être de dimensions suffisantes

pour que la ration soit loin de l es remplir ; elles doivent

aussi ne présenter aucun angle aigu pouvant blesser le

cheval et être faciles à nettoyer. Si elles sont en bois, il

est bon de les border de zinc pour que le cheval ne

puisse pas les ronger. Il est utile qu'une mangeoire

puisse contenir les aliments plus ou moins liquides. Les

meilleures sont en fonte émaillée.

Lorsqu'un cheval a la mauvaise habitude de jeter son

avoine à terre, il suffit, pour l 'en e mpêcher, de fixer sur

la mangeoire une tringle métallique la sépa rant dans son

milieu et dirigée perpendiculairement au mur.

Des râteliers rien à dire, si ce n'est qu'ils sont loin

d'être toujours utiles : les chevaux peuvent en général

manger sans inconvénient leur paille et leur foin par

terre.

Il est bon, en été, de munir de rideaux les fenêtres

longtemps exposées au soleil et d'arroser fréquemment

les parties libres du sol avec de l 'eau légèrement cré-

sylée.

Page 218: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

2° L a litière.

La litière est nécessaire pour que le cheval se couche

et se repose bien ; de plus, elle retient les vapeurs déga­

gées par les urines. Elle doit être assez épaisse pour iso­

ler complètement le cheval du sol.

Les parties souillées seront enlevées dans des pro­

portions telles que la litière soit renouvelée tous les deux

jours da ns les écuries particulières. Dans les écuries

militaires, les allocations sont trop faibles pour qu'on

puisse la changer aussi souvent. Il y a plusieurs procé­

dés qui permettent d'y conserver cependant une litière

suffisamment épaisse et à peu près propre. En voici un :

on la chan ge complètement pour d eux chevaux p ar jour

et par peloton, en conservant, bien entendu, ce qui reste

de bon dans l 'ancienne. Pour les autres chevaux, on se

contente de relever la paille de dessus, d'égaliser la

couche de fumier qui se trouve dessous, en enlevant la

partie la plus souillée et de la recouvrir à nouveau avec

la paille restée propre mélangée à celle qui est tombée

du râtelier. Dans ces conditions, la litière est renouve­

lée pour chaque cheval environ tous les quinz e jours et,

grâce à ce qui tombe du râtelier, s 'entretient pendant ce

laps de temps aussi bien que les maigres ressources dont

on dispose le permettent. Il va sans dire qu'une des pre­

mières conditions pour cela est que les gardes-écurie

enlèvent le crottin dès qu'il tombe, en ayant soin de ne

pas enlever la bonne paille en même temps.

Page 219: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 8 8 —

On a préconisé comme litière la tourbe, la sciure de

bois, etc. Mais l 'emploi de ces matières comporte des

inconvénients tels qu'il ne faut y recourir que lorsqu'il

est impossible d'employer la paille.

3° Aération et température

Les écuries ne peuvent être trop aérées lorsque la

température le permet. En hiver, il es t bon que celle-ci

ne descende pas au-dessous de o0 et qu'elle ne monte pas

au-dessus de i80 à 190 en été. Dans ces limites, on peut

laisser les portes et fenêtres ouvertes autant qu'on le

voudra en évitant que les chevaux soient dans un c ou­

rant d'air, su rtout lorsqu'ils rentrent du travail. Si, par

suite de grands froids, il fallait ne pas ouvrir les écuries

pour que la température n'y descende pas au-dessous de

00 , il vaudrait mieux aérer quand même, quitte à couvrir

plus chaudement avec couvertures et camails.

Il ne faut d'a illeurs pas exagérer la couverture à l 'écu­

rie ; le cheval qui y e st très couvert souffre plus de la

transition dès qu'il est découvert et sorti pour son tra­

vail qui n'est gén éralement pas rapide et réchauffant en

commençant. Il n'y a que lorsque l 'animal est tondu qu'on

peut le couvrir plus chaudement surtout si l 'écurie est

froide, sans quoi il souffre réellement du froid et son état

général en pâtit. Il est vrai q ue lorsqu'on le découvre

pour le sortir, il est encore plus sensible à la tempéra­

ture du dehors que s'il n'est pas tondu ; mais cela vaut

cependant mieux que la souffrance continuelle qu'il

Page 220: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 189 —

éprouverait à l 'écurie du fait d e manque de couverture

suffisante.

La tonte est nécesssaire avec les chevaux qui ont le

poil très fourni et qui, pou r cette raison, suent beaucoup

pendant le travail et sèchent difficilement en rentrant.

Mais, sauf le cas de nécessité, je ne la crois pas recom-

mandable. Un pansage bien fait, une couverture modé­

rée, mais com mencée dès que les nuits et les matinées

deviennent fraîches, empêchent généralement le poil d e

devenir assez gros pour nécessiter la tonte.

Si l 'on prévoit qu'on sera obligé de tondre, il faut s 'y

décider de bonne heure pour ne pas laisser le cheval

s 'habituer à la chaleur que lui donne son poil d'hiver et

l 'en priver précisément au moment où la saison est

plus rigoureuse.

En été, même quand il fait très chaud, il est bon de

laisser une chemise de toile sur le cheval pour le préser­

ver des mouches.

§ I I . — H Y G I È N E D E S M E M B R E S

Je ne parle pas des soins qui co nstituent le pansage

et qui ont pour but la propreté absolue de tout l 'animal,

ni des soins de corps à donner à la rentrée du travail. J e

laisse aussi de côté ce qui a trait à la toilette proprement

dite, résidant dans l 'entretien e t la co upe des poils ou

des crins des extrémités, et que le cavalier doit avoir la

coquetterie d'exiger soignée, élégante et appropriée au

modèle : ce sont là des sujets qu'on connaît sans qu'il

A

Page 221: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

• — I g o —

soit utile d'y revenir ici. Je n'envisagerai que la question

des soins à donner aux membres, abstraction faite d es

traitements à faire suivre pour les tares sérieuses, b oite-

ries, accidents, etc., qui nécessitent l ' intervention du

vétérinaire. L es soins à donner d'une manière couran te

peuvent être entendus de façons très différentes qui ne

sont pas toutes également bonnes.

Après le travail, il faut que les membres soient soi­

gnés immédiatement si la tem pérature et l 'état du cheval

le permettent, ou après qu'il a été séché et couvert s 'il y

a lieu. Ces soins sont indispensables avec la majorité

des chevaux pour que les membres se conservent sains

ou pour qu'ils ne se tarent pas davan tage s'ils son t déjà

fatigués.

Le moins qu'on puisse faire est de doucher depuis les

genoux et depuis et y compris les jarrets jusqu'aux pieds.

La douche doit durer au moins 5 minutes par membre

pour avoir un effet utile. Elle acti ve alors la circulation,

lui permet d'entraîner les produits d'usure dont le dépôt

est la cause la plus fréquente d es tares et lui fait viv ifier

et resserrer les tissus. Le jet doi t être plutôt fort que

gros et dirigé sur les tares existant déjà. Dans le cas où

celles-ci entraînent de la chaleur et, en particulier, lors­

que les tendons montrent d e la fatigue, la douche doit se

prolonger sur le point malade pendant au moins

I5 minutes.

De préférence aux douches et lorsque la température

s'y prête, on peut avoir re cours aux bains d'eau cou­

rante recouvrant les membres jusqu'au-dessus des ge­

noux et des jarrets. Lorsqu'on dispose d'un cours d'eau

Page 222: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

I G) I 1—-

d'accès facile et de bonne profondeur, rien n'est meil­

leur aussi bien pour reposer le cheval qu e pour soigner

les membres chauds ou sensibles. L'inconvénient de ce

procédé est d'exiger du temps, 2 heures à 2 heures 1 /2,

et presque toujours pendant ce temps la présence d'un

homme.

Si les tendons ou une tare molle donnent des inquié­

tudes, on se trouve bien d es massages à l 'eau blanche

légère et très chaude. Ce traitement n'est ni long ni coû­

teux, il ne demande que du s oin. Dans un seau d e bois

dont le bas des parois ne dépasse pas le fond, de ma­

nière à ce que celui-ci repose sur le sol, on verse jus­

qu'à une hauteur d'environ 5 centimètres de Veau tiède

qu'on additionne d'une demi-cuillerée à bouche d'extrait

de saturne. On met ensuite le pied du cheval dans le

seau et on lotionne toute la partie du membre qu'on se

propose de masser. Puis, toujours en continuant, les

lotions, on ajoute très progressivement de l 'eau bouil­

lante jusqu'à ce que la température ait atteint le degré

le plus élevé que l 'opérateur peut supporter. Alors com­

mence le massage qui se fait, suivant le ca s, soit avec la

paume ou l ' intérieur de la main, soit entre le pouce et

les quatre doigts réunis. Il consiste en un glissement

d'abord lent et sans pression, puis un peu plus rapide et

plus appuyé, en tenant constamment sous l 'eau ou mouil­

lée la région qu'o n masse. L'opération doit durer au

moins 5 minutes.

Quels que soient les soins donnés, il faut le plus sou­

vent les faire suivre d'un séchage complet. Au besoin,

avec les chevaux sujets aux crevasses, on peut friction-

Page 223: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 192 —

nei-le pli du paturon avec du son sec. Enfin on applique

des bandes de repos qu'on enlève au bout de 3 heures

environ.

Après le massage et si on veut en activer l 'effet, on

peut, au lieu de flanelles sèches, appliquer des bandes

imbibées d'eau bl anche ou de toute autre solution astrin­

gente dont on a soin d'exprimer l'excès; on les entre­

tient humides pendant deux ou trois heures ; au bout de

ce temps, on les enlève et on sèche. Au lieu d e bandes,

on peut enduire la région malade d'une couche de

terre glaise mélangée à une solution astringente.

Il faut se rappeler que, quelles que soient ces solu­

tions, elles doivent être employées très légères si

leur usage est prolongé ou fréquent, sous peine de faire

venir de s croûtes ou tomber le poil.

Les pieds réclament des soins assidus, tant à récurie

que dehors ; il faut les maintenir toujours en état de pro­

preté complète et enduits d'un corps gras. Un des meil­

leurs onguents de pied n'est autre que l 'huile de foie de

morue brune. Elle a des effets excellents sur la pousse

et l 'élasticité de la corne à laquelle elle donne l 'aspect

luisant recherché au sortir de l 'écurie, et elle revient

très bon marché. Il est bon d'enduire les pieds, y com­

pris la sole et la fourchette, môme à l 'écurie .

Pendant le travail, il peut être utile de protéger les

membres contre les chocs ou de les consolider s'ils ont

quelque point faible. A cet effe t, on emploie les guêtres,

les flanelles et les protecteurs divers.

Les guêtres sont de différentes sortes. Celles qui ne

sont pas extensibles sont d'un emploi difficile : trop ser­

Page 224: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 9 3 —

rées, elles s ont nuisibles ; trop lâches, elles tournent et

glissent, en sorte qu'il est délicat de trouver le degré de

serrage utile. L es guêtres qui donnent le meilleur résul­

tat sont extensibles ; elles se composent d'une plaque

rectangulaire de feutre épais dont la hauteur est à peu

prés égale à la longueur du canon et dont la largeur est

un peu plus grande que le tour du membre, de maniéreà

ce que les bords, préalablement coupés en biseau, se

recouvrent légèrement. Au milieu de cette plaque e t sui­

vant sa hauteur, est cousue une pièce de tissus élastique

portant sur un de ses bords des sanglons et sur l 'autre, des

boucles. Bouches et sanglons servent à maintenir les

guêtres en place et, en raison d e l 'élasticité de leur sup­

port, peuvent sans inconvénient être un peu serrés.

Dans ces conditions, la guêtre maintient le tendon tout

en se prêtant à sa demande. Une coquille en cuir fort

peut être fixée à la partie inférieure pour recouvrir et pro­

téger le boulet des chevaux qui se coupent. Pour les

galops d'entraînement, on peut mettre sous la guêtre une

plaque d'ouate qui permet au serrage d'être plus fort sans

être nuisible.

Les flanelles sont des bandes de tissus inextensible ou

de jersey. Elles s 'enroulent autour des membres en com­

mençant au pli du genou ou du jarret e t en descendant

en s pires égales et sans plis jusqu'au boulet ; là on leur

fait faire un tour horizontal et o n les remonte encore par

spires égales jusqu'à leur point de départ. Un cordon

fixé à l 'extrémité est enroulé bien à plat par-dessus le

dernier tour pour maintenir la bande. Les flanelles sont

des protecteurs et des soutiens excellents, mais elles

Page 225: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 9 4 —

sont difficiles à bien mettre soit que, trop serrées, elles

amènent des désordres, soit que, insuffisamment serrées,

elles se déroulent. Elles peuvent alors occasionner une

chute ; elles nécessitent tout au moins qu'on mette pied

à terre et qu'on les re place, ce qui n'est pas toujours

facile dehors avec un cheval impatient.

Les protecteurs sont nombreux. Leur rôle est d'éviter

que les chevaux se frappent douloureusement ou se

coupent. Ils sont de différentes sortes e t doivent êt re

choisis d'après l 'endroit où le cheval s 'atteint. Ce sont

les bracelets pleins ou à billes reposant su r le boulet,

les demi-guêtres ou les guêtres à coquilles, les guêtres

à la marchande et enfin les protecteurs de caoutchouc

fixés entre le fer et le pied. Mais le meilleur protecteur

est l 'habileté du maréchal, car on peut dire que sur dix

chevaux qui se coupent neuf le font par ce qu'ils n'ont

pas les pieds convenablement parés.

§ I I I . — L A N O U R R I T U R E

1°. — Les Aliments

C'est la nourriture qui fait le jeune cheval, et entre­

tient l 'adulte, aussi la qualité et la quantité des aliments

doivent-elles être judicieusement choisies.

La quantité de nourriture se règle d'après l 'âge, le

volume et le travail du cheval. Toutes choses étant

moyennes, c 'est-à-dire, le cheval ayant environ 6 ou

7 ans, i m. 6o et un bon travail d'entretien, il suf fit de

Page 226: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

: - > 9 5 -

donner io litres d'avoine et 4 kilogr. de foin ou l 'équiva­

lent. Ces quantités doivent augmenter assez se nsible­

ment suivant la taille et le travail ; il en est de même si

l 'animal est tr ès bas d'état. Toutefois, dans ce dernier

cas, un bon résultat est obte nu plutôt par le choix des

aliments que par leur quantité.

On diminue la ration si le travail es t interrompu en

totalité ou en partie ou si le cheval est trop haut d'état.

Mais dans ce dernier cas, c'est surtout par un plus fort

travail, s ' il est possible de le d onner et, au besoin, par

des suées, qu'on obtient les meilleurs résultats.

La connaissance du cheval, la manière dont son état

s 'améliore, se maintient ou s'abaisse, permettent de

doser la quantité de nourriture exigée par un sujet.

Quant aux aliments, ils so nt multiples. Les meilleurs,

pour faire le fond de la nourriture, sont l 'avoine et le foin.

Ils apportent à l 'organisme ce qui lui est nécessaire

pour ses combustions et ses réparations ; ils sont d'une

digestibilité facile ; ils se prêtent bien à l 'absorption et à

la nutrition ; en un mot, ils possèdent toutes les qualités

voulues pour faire la base de l'alimentation et même y

suffire dans la plupart des cas. Mais lorsque le travail est

augmenté ou diminué, lorsque le cheval a besoin d' être

relevé d'état, lorsque son appétit devient capricieux et

demande de la variété dans la nourriture, etc., il est utile

d'ajouter à l 'avoine et au foin de s aliments appropriés.

Nous allons examiner les substitutions les plus indiquées

et leurs effets.

Le son gros, ayant d e la fleur, blanchissant la main,

est bon pour donner du gros ou pour éviter l 'échauffé-

Page 227: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— I 96 ——

ment chez les chevaux soumis à une nourriture intensive.

S'il est donné mouillé ou mélangé à l 'eau de boisson, il

est rafraîchissant. 11 n'en faut pas donner plus de quatre

à cinq litres par jour ; l 'excédent s'assimile mal e t s 'éli­

mine diffic ilement.

La farine d'orge a des propriétés analogues à celles

du son, mais elle est plus rafraîchissante ; en grande

quantité ou donnée à suivre, elle devient m ême laxative.

Elle se prend en barbottage ou à sec mélangée en petite

quantité à l 'avoine. Elle entre utilement dans la compo­

sition des maschs.

Le bouilli, donné conjointement à un travail modéré,

est bon pour les chevaux maigres ; mais il est échauffant

s'il est donné en grande quantité ou p endant longtemps.

Un litre de riz sec prend, bouilli, un volume variant de

2 1. I /2 à 3 litres et représente à peu prés le maximum de

ce qu'on peut donner sans inconvénient. Dans ces condi­

tions, il est un engraissant excellent, à condition cepen­

dant qu'on surveille l 'état des crottins pour arrêter son

usage s'il amenait de réchauffement.

L'avoine bouillie possède des propriétés analogues à

celles du riz, mais moins caractéris ées.

L'avoine concassée est bonne pour les chevaux qui

mâchent mal et s 'assimilent mal l 'avoine intacte ; cepen­

dant, l 'usage exclusif en serait mauvais parce qu'il donne

au cheval l 'habitude de boire son avoine et de ne plus la

mâcher du tout lorsqu'on est empêché de la concasser.

Les car ailes sont un rafraîc hissant de premier ordre.

Elles peuvent être données quotidiennement à la dose

de 2 kilogr. à 3 kilogr. aux chevaux fortement p oussés

Page 228: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 1 9 7 —

en avoine ; elles stimulent Tappétit et facilitent les assi­

milations.

La graine de lin « poss ède des propriétés laxatives et

«diurétiques... Elle convient aux chevaux fatigués, échauf-

« fé s, urinant mal ». (Jacoulet et Chomel). Elle se donne

à suivre à raison de un quart de litre par jour pendant

une huitaine ou en ma sch.

Le vert donné pendant trois semaines ou un mois, à

raison de 6 kilogr. à 8 kilogr. par jour, exige une grande

modération dans le travail à cause de la mollesse qu'il

provoque. Il est excellent pour les fonctions intestinales

et stomacales : il rafraîchit les tempéraments échauffés

et repose les organes digestifs fatigués, les rénove et

leur permet de supporter plus facilement dans la suite la

nourriture nécessitée par un service s évère.

Le vert peut se donner à l 'écurie mélangé au fourrage

ou mieux, lorsque cela est possible, en mettant le cheval

au pré pendant une demi-heure ou une heure par jour,

suivant le temps qu'il y emploie à manger. Sauf pour des

raisons d'économie qui ne doivent guère intervenir dans

une écurie particulière en raison du nom bre restreint des

chevaux, il n'y a pas lieu de diminuer pen dant le régime

du vert la ration d'avoine et de foin qui serait donnée en

temps ordinaire d'après le travail imposé à ce moment.

Cela souffre cependant une exception lorsque ce régime

n'est pas seulement préventif mais curatif.

Le sucre est excellent comme stimulant et comme

appoint destiné à pourvoir aux combustions organiques.

11 peut se donner de différentes manières : soit sec, gra­

nulé ouencassonnade, mélangé à l 'avoine, soit en mélasse

Page 229: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— t ç8 —

pure ou absorbée par des tourteaux, du son, du fourrage

haché, des raisins séchés, etc. Il peut être donné à suivre

à raison de 500 gram mes à 1 kiiogr. par jour pendant

plusieurs mois de travail : il n'est indiqué de le donner

en plus grande quantité qu'au moment où un effort consi­

dérable est demandé. Les mélanges à base de mélasse

ont à peu près tous la même teneur en sucre et peuvent

être absorbés à raison de 3 à 6 litres par jour, surtout s 'ils

sont donnés en substitution d'une quantité d'avoine.

Lorsqu'on fait un usage continu du sucre, il y a lieu

de surveiller de près les excrétions pour parer en temps

utile à réchauffement qui peut se produire, surtout si l 'on

donne des produits mélassés.

Les maschs sont des mélanges dont l 'usage doit être

au moins hebdomadaire avec les chevaux en plein travail

et bien po rtants, et bihebdomadaire pour ceux qui sont

échauffés, qui- ont des fonctions digestives difficiles ou

qui ont besoin d'être remontés d'état. Une des meilleures

manières de composer un masch consis te à mettre dans

le fond d'un seau de bois en couches successives et dans

l 'ordre suivant ; 2 litres d'avoin e, une jointée de graine

de lin, une jointée de farine d'orge, une po ignée de sel,

une bonne poignée de foin. S'il y a lieu de rendre le

masch un pe u laxatif, on ajoute 250 grammes de sulfate

de soude. Puis on verse de l 'eau bouillante en quantité

suffisante pour immerger le tout. On recouvre et on entoure

le seau dans des sacs ou des couvertures, de manière à

le tenir chaud le plus longtemps possible. Le masch doit

être préparé au moins quatre heures avant d'être donné.

A ce moment on verse à peu près toute l 'eau qui n'a

Page 230: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

î ÇC) —-

pas été absorbée, on ajoute deux litres de son et on brasse

le tout de manière à en mélanger intimement les éléments.

Ainsi composé, le masch peut être donné en augmenta­

tion de la ration si le cheval a bon appétit ou être donné

en substitution de deux litres d'avoine.

2.° Choix des aliments d!après l'état

et le travail des chevaux.

En résumé, suivant l 'état, la santé et le travail, la

ration normale d'avoine et de foin comporte, ainsi qu'on

l 'a vu, des suppléments, diminutions, substitutions qui

peuvent être donnés soit simultanément, soit séparément ;

leur quantité et leur qualité se règlent d'après le but

qu'on se propose, l 'âge et le volume du cheval, etc., de

la manière suivante :

Chevaux bien portants et en plein travail. — En sup­

plément ; carrottes, son sec, maschs sans sulfate de

soude la veille des jours de repos ou de moindre

travail, suc re.

Chevaux maigres. — En supplément : son sec ou frisé,

avoine bouillie, r iz bou illi, maschs (deux par semaine).

Chevaux échauffés, — En substitution d'un tiers de la

ration d'avoine : 8 à 10 kilogr. de vert ou 3 kilogr. de

carottes. En supplément : deux maschs par semaine dont

un avec 250 grammes de sulfate de soude, farine d'orge

dans l 'eau.

e / v .

u E.N.E r o •

Page 231: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

2 0 0

3° Boisson.

Un cheval bien portant e t n'ayant pas chaud ne boit

jamais trop. En été particulièrement, il est nécessaire que

le cheval ré pare les pertes dues à l 'abondance de la

sueur en buvant autant qu'il le désire : c'est une des

meilleures manières de l'empêcher de baisser d'éta t. En

toute saison, le cheval qui ne boit pas assez souffre et

maigrit. Il est bon aussi qu'il puisse boire en mangeant :

la mastication, la digestion et l 'absorption sont facilitées.

Pour ces raisons, le cheval doit avoir de l 'eau à volonté

dans son boxe ou sa stalle. Dans les corps de troupes à

cheval, les chevaux ne sont ordinairement abreuvés que

deux fois par jour : c'est a peine suffisant en hiver, cela,

ne L'est plus en été. Pendant les courses de longue

haleine, il est indiqué de laisser les chevaux boire quelques

gorgées toutes les fois que l 'occasion s'en présente.

On ne doit empêcher les chevaux de boire à leur soif

que quand ils ont chaud ou avant de prendre un exercice

violent ou de suite après avoir mangé l 'avoine.

On ne doit jamais laisser le cheval boire beaucoup d'un

seul trait ; à cet effet, on lui coupe l 'eau, c'est-à-dire qu'on

le f orce à s'arrêter de temps en temps.

4° R épartilion des repas.

Le cheval digère d'autant mieux et sä nourriture lui

profite d'autant plus qu'elle est plus fractionnée. On

Page 232: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

concilie c e fractionnement avec la nécessité de ne pas

faire travailler complètement à jeun ni moins de deux

heures après un repas important. On peut généralement

faire face assez facilement à ces exigences en donnant

trois repas égaux ou un plus faible le matin et les deux

autres vers onze heures ou midi et vers cinq ou six heures

du soi r.

Lorsqu'une route doit être longue, il n 'est pas mauvais

de faire manger un peu pendant un repo s, si c 'est pos­

sible : on le peut presque to ujours dans les exercices

militaires prolongés où les chevaux emportent leur avoine

avec eux : elle leur profite plus dans l 'estomac que dans

les sacoches.

Si les chevaux ne boivent qu'à des heures détermi­

nées, celles-ci doivent con corder avec les heures des

repas. Il est toujours bon de faire manger le foin

et toujours mauvais de donner l 'avoine avant l 'abreu­

voir.

Page 233: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907
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CHAP [TRE II

LA CONDITION

La condition peut se définir : « l 'aptitude physiolo­

gique au travai l ». Elle comporte des degrés qui vont

depuis la mauvaise condition, laissant le cheval inapte à

tout effort, jusqu'à la meilleure qui lui permet de

donner le rendement maximum. Ce la est vrai, quel que

soit d'ailleurs le travail demande : chasse, manœuvres,

courses, service d'attelage, etc.

Voici, admirablement décrits par MM. Jacoulet et

Chomel, les symptômes extérieurs d'une bonne condi­

tion : le cheval « a le poil bril lant, la peau souple, le

<( regard vi f, les oreilles mobiles, une grande excitabilité

« sans nervosisme. Ses masses musculaires sont fermes,

« denses, en relief et bien dessinées sous la peau ; ses

« tendons secs et nets. 11 a le ventre bien arrondi sans

« exagération. Son réseau veineux superficiel est d'autant

« plus apparent que la peau est plus fine. Tout l 'organisme

« reflète extérieurement une apparence sèche et ner-

<( veuse.

Page 235: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

« En mouvement, l 'animal a du calme, de l 'adresse,

'1 de la légèreté, de la spontanéité, de la régularité, de

« l 'aisance. Sa respiration est ample et facile ; il t ient en

« réserve une surabondance de forces. Si l 'exercice est

« poussé jusqu'à provoquer la sueur, celle-ci est peu

>< abondante, incolore et s'évapore au fur et à mesure de

« sa production tandis que lorsque le cheval manque de

« condition, elle survient rapidement, avec un aspect

« mousseux. »

Telles sont les manifestations extérieures de la condi­

tion ; o n peut dire qu'elles se retrouvent sensiblement

chez tous les chevaux ayant atteint leur plus grande ap­

titude au travail. Mais parce que ce travail est variable,

il comporte des exigences variables aussi : suivant que

la bonne condition doit permettre de faire (ace aux unes

ou aux autres, elle s 'obtient par un travail différent

préparant spécialement le cheval au service auquel

on le destine. C'est ainsi qu'i l serait téméraire

d'avancer qu'un cheval en excellente condition pour la

chasse, par exemple, pourrait lutter avec chance de suc­

cès sur un hippodrom e contre des chevaux préparés en

vue de s courses. De même, le seul travail du cheval de

course ou d^attelage ne lui donne pas l 'adaptation né­

cessaire pour se comporter à la chasse sans plus de

fatigue que s' i l avait été mis en condition en vue des

terrains et des obstacles qu'il rencontrera derrière les

chiens. Il en est de même des autres services que le

cheval peut être appelé à r endre. Chacun demande une

préparation particuliè re sans laquelle les aptitudes qu'il

réclame n'atteignent pas leur dé veloppement maximum.

Page 236: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

Je ne parlerai pas de la mise en condition ou entraî­

nement en vue des luttes d'hippodrome. Quels que soient

les détails dans lesquels on entre en traitant cette ques­

tion, tout ce qu'on en peut dire est peu de chose à côté

de ce qu'ont à faire l 'expérience et l 'habileté ; du reste,

pareille étude sortirait du cadre de ce petit exposé. Je

ne traiterai que de la préparation du hack à son service

de promenade, de chasse ou d'armes.

En principe, ,11 est toujours préférable de travailler la

mise en condition sur un cheval gros q ue sur un animal

bas d'état ; par conséquent on a avantage à l 'avoir un peu

haut au moment où on doit commencer sa préparation

et à le conserver pendant tout le temps qu'elle dure au-

dessus du point où il lui faut être au moment d'aborder

les fatigues en vue desquelles on l 'entraîne. Si Ton cons­

tate un abaissement rapide ou trop accentué de l 'état

général, c 'est qu'on procède trop vite et que la dose de

travail augmente plus rapidement q ue l 'aptitude à le sup­

porter. 11 faut alors diminuer les exigences.

Au moment où l 'on commence l 'entraînement d'un

sujet, celui-ci peut cependa nt être plus gros qu'il n 'est

utile. Po ur l 'amener rapidement à l 'état haut sans exagé­

ration dans lequel i l est bon de l 'avoir, on lui donne, sui­

vant le temps dont on dispose et l 'étendue du résultat

recherché, une suée par semaine ou trois en quinze jours

et même une purgation si les suées ne produisent pas un

effet suffisant. La suée se donne au galop, à la longe, sur

un grand cercle ou en liberté dans le manège, le cheval

portant plusieurs couvertures et non monté . On change

souvent d e main ; l 'arrêt ou le ralentissement nécessai-

1 4 *

Page 237: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

— 2 0 Ó

res pour cela sont un repos suffisant jusqu'à ce que la

suée soit abondante. Le cheval doit alors êtr e passé au

couteau de chaleur, séché et travaillé à un trot très lent,

jusqu'à ce qu'il n 'y ait plus à craindre de resuée, puis au

pas.

Supposons le cheval prêt comme état à subir l 'entraî­

nement : celui-ci doit obtenir deux résultats dont l 'en­

semble constitue la bonne condition : premièrement le

développement du souffle qui permet de parcourir sui­

vant le degré auquel on veut atteindre de quatre à six

kilomètres au galo p, dans des conditions normales de

terrain et de température, sans que le cheval en soit au­

cunement fatigué. Deuxièmement, le développement

musculaire, gr âce auquel des efforts longs et répétés

peuvent être fournis dan s une journée et recommencés

plusieurs jours de suite. 11 va de soi que si bonne que

soit la condition de l 'animal, la longueur et l ' intensité

des efforts qu'on peut demander sont en raison inverse

de leur fréquence ; il n 'y a pas de préparation qui exclue

l 'abus ni de si bon cheval, si prêt qu'il soit , dont un ma ­

ladroit ne puisse voir la fin. D'ailleu rs, o n fait une fau te

plus grande en ne sentant pas ce qu'un cheval peut en­

core faire, qu'on ne montre de talent en le préparant

bien ; et la science de l 'homme de cheval se montre

encore plus dans l 'appréciation e xacte de ce qu'il peut

obtenir à un moment donné que dans l 'habileté à donner

la prép aration.

Les exercices destinés à donner le souffle et ceux qui

fortifient les muscles ne sont pas a bsoluments distincts

car tout travail développe l 'organisme entier ; mais, parmi

Page 238: Saint phalle equitation_tome_1_er_1907

ces exercices, les uns agissent plus spécialement sur les

facultés respiratoires que sur le système musculaire, tan ­

dis que les autres développent plus la musculature que

les poumons. 11 est bien entendu que dans l 'exposé qui

va suivre, je ne parle que du cheval de service et non du

cheval de course.

La progressi on que je vais indiquer est presque tou­

jours applicable avec la majorité des chevaux ; toutefois,

elle doit rester subordonnée aux indications fournies par

la manière dont elle est supportée et à l 'état des mem­

bres. Avec les meilleurs chevaux, elle peut être re ndue

plus sévère et plus rapide ; avec d'autres, au contraire,

on devra la tempérer.

Il est bon de laisser un jour de repos complet par

semaine : c'est la veille de ce jour qu'on donnera le tra­

vail le plus dur et le masch. On ne saurait être trop per­

suadé que la minutie dans le travail et les soins comptent

parmi les plus sûrs garants du su ccès.

S O U F F L E

Le galop est le meilleur agent de développement des

facultés respiratoires. Dans le but d'augmenter le souffle,

on peut, au commencement de la mise en condition, ga­

loper tranquillement sur 1 200 à 1500 mètres deux fois

dans chaque travail quotidien qui dure environ deux

heures.

A partir d e quelques jours, on portera un de ces

galops à 2000 mètres, e t quatre ou cinq jours plus tard,

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on prendra les deux temps de galop sur cette distance.

Après la deuxième semaine, le travail peut avantage use­

ment être porté à 2 h. 1/2, puis à 5 heures dès le com­

mencement de la troisième semaine. Cette durée est

suffisante dans la plupart des cas, ce n'est qu'exception­

nellement qu'il y a lieu de l 'augmenter. Pendant la troi­

sième semaine, un jour sur deux, un des galops sera de

3000 mètres. Le travail au galop de la quatrième semaine

sera léger un jour sur deux ; les trois autres jours qui

seront, je suppose, les mardi, jeud i et samedi, on don­

nera le mardi un temps de galop de 4000 mètres, le

jeudi on ne galope ra pas et le samedi, on galopera de

nouveau sur 4000 mètres.

A partir de la cinquième semaine, on augmentera

l 'efficacité des galops en même temps qu'on préparera

le cheval aux éventualités qui peuvent se présenter, en

ne galopant que trois fois par semaine, mais d'une ma­

nière bien dét endue et assez vive une fois sur 1000 mè ­

tres, une fois sur 1500 mètres, et enfin le troisième galop

sera pris tranquillement sur 4500 mètres ou 5000 mètres.

La sixième semaine, il n 'y aura encore que trois fois tra­

vail au galop, dont une fois à une allure gaillarde sur

3 500 mètres, et une fois tranquillement sur 6000 mètres.

A partir de ce moment, le cheval est prêt comme

souffle à faire face à toutes les n écessités du service de

hack.

On profite d es jours où les temps de galop doivent

être moins longs et moins vites pour les prendre e n ter­

rain varié avec quelques obstacles.

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M U S C U L A T U R E

Le travail au ga lop, si bon pour donner du souffle,

agit aussi d' une manière excellente sur le système mus­

culaire ; mais il n 'est réellement efficace dans ce sens

que lorsqu'il est donné à peu prè s dans les proportions

indiquées pour la troisième s emaine et suivantes. Or,

comme on ne pourrait , sans crainte de fatigue générale

et d es membres, commencer par le donner à cette dose,

on a recours au pas et au trot pour préparer l 'organisme

à pouvoir le supporter.

Pendant la première semaine, outre les galops, on

donne tous les jours de longs temps de pas, un trotting

de 1500 mètres et un de 2000 mètres. La deuxième se­

maine, on donnera trois fois le même travail et les trois

autres jours qui seront ceux où le travai l au galop se ra

le moins fort, un d es trottings ser a de 2000 mètres et

l 'autre de 3000 mètres. La troisième semaine, le travail

au trot sera donné dans les mêmes conditions, mais deux

fois on donnera un des trottings sur 4000 mètres. A partir

de ce moment, le trot peut céder utilement s on rôle au

galop : on profitera seulement des jours où on ne galo­

pera pas, pour faire un trotting sur 3500 mètres. Les

jours de galop léger, deux trottings de 1500 mètres et

les jours de galop vite et court, un temps de trot sur la

même distance seront suffisants.

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N O U R R I T U R E

Ce travail ne peut être utilement donné que si l 'orga ­

nisme est incessamment vivifié et refa it de ses pertes par

une nourriture bien comprise. La ration normale d'avoine,

qui est continuée pendant la première et la deuxième

semaine, peut être augmentée de deux litres pendant la

troisième semaine et recevoir encore la même augmen­

tation et même une plus forte suivant la manière dont s e

font les fonctions digestives, pendant la quatrième se­

maine et les suivantes.

Le foin, donn é à raison de 4 kilos à peu près jusqu'à

la troisième semaine, peut être fourni à volonté à partir

de ce moment, à moins que le cheval n'en fasse abus.

Pourentretenir les fonctions digestives, on peut donner

un masch par semaine la veille d'un jour de repos ou de

petit travail et quatre ou cinq fois, à un des repas, une

poignée de graine de lin sèche mélangée à l 'avoine.

L E S M E M B R E S

Pendant un trav ail sérieux, les membres ont plus be­

soin q ue jamais de soins et de l 'examen quotidien, grâce

auquel on peut reconnaître, dès qu'elles apparaissent,

les manifestations de fatigue des articulations, des ten­

dons et des pieds. Prises à temps et bien soigné es dès

le début, c es manifestations peuvent être enrayées sans

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arrêter le travail d 'une manière très préjudiciable, tandis

qu'au contraire, si elles ne sont soignées que lorsqu'elles

se sont aggravées, elles peuvent nécessiter un long arrêt,

si même elles ne forcent pas à remettre à une époque

éloignée la préparation projetée. Et il n 'y a pas à passer

outre aux tares qui deviennent sérieuses : tant qu'elles ne

sont pas guéries ou n'ont pas terminé leur évolution,

elles rendent impossible un travail qu elque peu sévère ;

en insist ant, on peut ruiner irrémédiable ment le cheval

et, même en faisant abstraction de cette éventualité,

l 'évolution plus ou moins douloureuse des tares fatigue

en dehors de tout travail et au détriment de celui qui est

nécessaire au dé veloppement de l 'organisme.

F I N D U T O M E l "

BOURGES. — TYP. TARDY-PIGKLET.

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