Qu'est-ce que le web collaboratif ? Du participatif au collaboratif

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Introduction à la Journée d'étude sur le web collaboratif dans les services d'archives et dans les institutions culturelles, organisée par Anne-Marie Bruleaux, Cresat, Muhouse, 28 septembre 2012.

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Qu’est-ce que le web collaboratif ?

Du participatif au collaboratif

Evelyne Broudoux

Journée d’études CresatMulhouse, 28 septembre 2012

Introduction

• Le web collaboratif, une notion à facettes qui– prend sa source dans une évolution technico-

commerciale nommée web2.0 – confronte des idéologies

• Dernier avatar du capitalisme vs tournant décisif

– suscite des prises de position tranchées• US : anti-amateurs (A. Keen) vs Pro (J. Jarvis)

– permet au monde infocom français de se positionner• Approche critique (Bouquillion, Rebillard) vs Approche

nord-américaine évangéliste (Jenkins)

Introduction

• Web2.0, web participatif, web collaboratif sont les différentes appellations d’une même utopie pour les uns, d’un concept marketing pour les autres, mais dont les concepts d’ouverture, de production-évaluation par les pairs et de partage ont été intégrés par nombre d’acteurs industriels et culturels à différents degrés

L’appellation « web2.0 »

• Fin 2005, une conférence est organisée par l’éditeur de manuels informatiques O’Reilly

Le web comme plate-forme

• Tim O’Reilly invente ce terme avec John Battelle pour tenter de définir un nouveau paysage du web que l’on peut résumer à

L’usager crée la valeur

Qu’est-ce que le « web2.0 »

• Des plates-formes logicielles en ligne indépendantes des systèmes d’exploitation et des données qu’elles utilisent

• Le conseil d’un développeur à Microsoft lorsqu’il l’a quitté cette société a été : « Les logiciels utiles qui se libéreront d'une plate-forme spécifique seront des vecteurs de fortes marges pour un bon moment » Dave Stulz, 2003

• Une couche logicielle qui favorise les interactions entre internautes à partir des sites web

HousingMaps de Paul Rademacher était le premier site « mashup » mixant Craiglist (site d’annonces) à GoogleMaps (API)

Qu’est-ce que le « web2.0 »

• Modèle inspiré du p2p– Plus il y a d’utilisateurs, plus le système est

performant– Les services mettent en relation des personnes et

des données– Architecture de la participation : il faut donner

pour recevoir, le système s’améliore au fur et à mesure que les gens l’utilisent

Les usagers participent

• Le crowdsourcing : on externalise la création de la valeur

• La création de contenus (user generated content)– Création (reprise et modification : remix)– Publication (plates-formes de partage, réseaux sociaux)– Amateur (se déroule en dehors du temps de travail)

• En réalité, la règle des 1%, 9% et 90% s’applique

Le web2 et la participation

• L’architecture de la participation web2– Being open– Peering– Sharing

• Le web participatif n’est-il pas le web ?– Rappelons-nous la liste biblio.fr fondée en 1994

par Hervé Le Crosnier– Et avant le web, les newsgroups étaient-ils

participatifs ou collaboratifs ?

Dissocier participation et collaboration

• Pour en comprendre les différences et les complémentarités

Le web participatif ?

• Nous avions tenté en 2005-06 de mettre en perspective le tournant « participatif » initié par les commentaires des blogs et repris par la presse qui posait la « réponse du lecteur » comme nouvelle base de concept éditorial– Regret the error qui répertoriait et corrigeait les

erreurs de presse en 2004– Wikitorial du Los Angeles Times en 2005 – Wade Roush faisait fabriquer aux lecteurs un article

(Technology Review du MIT en 2005)

Aujourd’hui, le web est-il collaboratif ?

Web collaboratif sur Google Trends

Travail collaboratif

Les solutions logicielles collaboratives

Réseaux sociaux d’entreprises

Artesi - Télétravail

Collectivités locales et territoriales

PARTICIPER ET OU COLLABORER ?

Participer et Collaborer

• Participer consiste à prendre part à une initiative en acceptant les règles proposées et en se conformant à des attendus. – Ex : poser un commentaire critique sur un blog, éditer

les métadonnées d’une image, etc.• Collaborer suppose une responsabilité accrue

dans la gestion et l’accomplissement des tâches.– Ex : collaborer à un blog collectif suppose partager les

responsabilités éditoriales dudit blog (écriture et décision collective)

La culture participative

• Une offre d’outils opensource– Publication (CMS, RSE, Veille, etc.)– Conception (wikis, éditeurs en ligne)– Partage (réseaux sociaux, folksonomies)

• Des initiatives institutionnelles– Politiques culturelles – Des usages existants de communication avec le

public qui se transforment et se développent

Recueillir les avis des internautes

Exemples d’espaces participatifs

• Serveurs de signets (bookmarking social)– Où l’on collabore : Delicious, Diigo, Pearltrees– Ou pas : Pinboard

• Souvenez-vous de la « longue traîne » (2004) dont on a pensé qu’elle pouvait valoriser et promouvoir toute la diversité créative– En réalité, seuls ceux qui mettent en place les

dispositifs en tirent un profit (et encore… voir Jamendo)

L’économie du « participatif »

• Les entreprises créent de la valeur en misant sur des ressources externes– Elles utilisent des données « ouvertes » et ouvrent

leurs données– Elles s’inscrivent dans des réseaux sociaux et gèrent

leur réseau social d’entreprise• Elles créent des dispositifs où le client est au

centre (ex : gestion de projets agile)• Elles s’appuient sur une gestion décentralisée et

régulée par les « pairs »

La culture collaborative

• Exemple : le travail en ligne– L’écriture à plusieurs– La veille collaborative– La discussion autour des billets de blogs

• Les projets collaboratifs

PiratePad : un éditeur de texte

Relire les modifications réalisées

Paris-Normandie

• Projet collaboratif et participatif• Le projet Paris-Normandie de Patrick Peccatte

et Michel Le Querrec, consiste à améliorer la description documentaire d'un fonds photographique

• 3 044 photographies historiques sur la bataille de Normandie (du 6 juin à la fin août 1944)

[Peccatte, fulbi 2012]

Photos Paris-Normandie

[Peccatte, fulbi 2012]

Plate-forme Flickr

• Chargement des photos sur Flickr en 2007• Projet s'appuie sur une fonctionnalité de Flickr

qui est le renseignement automatique de champs IPTC au moment du téléchargement d'une photo

• 6 900 contributions corrigées, complétées, mises à jour. La galerie reçoit près de 3 000 visites par jour et les 3 044 photos ont été vues plus de 8,3 millions de fois depuis la fin janvier 2007.

Paris-Normandie : une communauté

• Communauté d’une quarantaine de contributeurs• qui possède des compétences complémentaires

(historiens, archivistes, documentalistes, enseignants, etc.)

• et qui connaît très bien l'histoire de la bataille de Normandie

• dont la plupart est originaire.

Paris-Normandie : une communauté

• Composition de la communauté– Environ vingt-cinq membres qui participent aux

descriptions– Participation de membres issus de forums

historiques spécialisés– Quinzaine membres « permanents » spécialisés– Une seule personne – le co-initiateur du projet –

se charge de la rédaction finale.

Paris-Normandie : une communauté hiérarchisée

• Un filtrage hiérarchisé des propositions de modifications

• Modèle de l’astronomie amateur (revendiqué par l’initiateur du projet)– Aide pour les tâches ingrates (surveillance d’étoiles)– Reconnaissance de l’astronomie amateur par

l’Union astronomique internationale• Conclusion : un modèle qui associe participatif

et collaboratif

Conclusion

• Participer et/ou Collaborer ?– Il me semble que la réussite des projets est

conditionnée par l’identification fine des modalités de participation et de collaboration

– Modèle éditorial de Wikipédia ?

Et Mendeley dans tout ça ?

• Un retour sur les usages du collaboratif dans les institutions culturelles par le truchement d’articles scientifiques publiés sur le sujet

• Matière insuffisante et uniquement anglosaxonne• Peu d’études d’usages et les rares révèlent

– Les erreurs commises dans les projets institutionnels de plates-formes participatives consistent souvent à faire l’économie d’animateurs

– Concevoir un outil de communication avec le public est insuffisant si aucun dispositif modulant participation et collaboration n’a été réellement pensé

BiblioWebographie• M. Amar, V. Mesguich (2012), Bibliothèques 2.0 à l’heure des médias sociaux. Editions du

Cercle de la Librairie.• P. Bouquillion, J. Matthews (2010), Introduction in Le Web collaboratif. Mutations des

industries de la culture et de la communication, Presses universitaires de Grenoble.• E. Broudoux (et all.) (2007) « Auctorialité : production, réception et publication de

documents numériques » (dir. Pédauque T. Roger) in La redocumentarisation du monde. pp.183-204, Cepadues.

• Jamendo• J. Jarvis (2010), Your advice : should i debate? In Buzzmachine.• H. Jenkins (2006) Convergence culture. Where old and new media collide. New York

University Press.• P. Peccatte (2012), Pourquoi et comment faire appel aux « amateurs » pour documenter

un fonds de photographies anciennes - le projet Photos-Normandie. Journée Fulbi.• F. Rebillard (2007), Le web 2.0 en perspective, L’Harmattan.• D. Tapscott, A. Williams. (2007) Wikinomics. How mass collaboration changes everything.

Penguin.