Post on 08-Jul-2015
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La mauvaise observance des traitements
médicamenteux coûterait annuellement 5
milliards d'euros (Cabinet Jalma)
Par Grégoire Faney
Selon un nouveau rapport de Jalma (1), présenté le 19 juin 2014, la mauvaise observance des
traitements médicamenteux générerait en France chaque année près de 475 000 hospitalisations
évitables et un coût supplémentaire de 5 milliards d’euros pour le système de santé (2). "C’est un
phénomène global", avance Daniel Szeftel, consultant associé du cabinet, estimant que de 30 % à
50 % des patients seraient concernés par cette pratique consistant à ne pas respecter la posologie
prescrite pour un traitement. Au total, 1 médicament sur 8 prescrits ne serait pas pris de manière
effective, ce qui représenterait un "gâchis" de 2,5 milliards d’euros. "Il faut changer les
comportements", conclut Daniel Szeftel. Le cabinet Jalma émet 5 propositions pour améliorer
cette situation, en suggérant par exemple que le prix des médicaments tienne compte du degré
d’observance par les patients.
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475 000 hospitalisations et 12 000 décès pourraient être évités en France chaque année, selon le
cabinet Jalma, s’il y avait une meilleure observance des prescriptions médicales. Se basant sur
une analyse d' études, pour la plupart internationales, transposées au cas français (lire encadré), le
cabinet Jalma fait ainsi de la non-observance un "phénomène global" qui engendrerait un surcoût
annuel de 5 milliards d’euros pour le système de santé français, à la fois du fait de non-
consommation des médicaments prescrits (un "gâchis" de 2,5 milliards d’euros) et du fait des
conséquences provoquées par un mauvais suivi du traitement. Le cabinet de conseils formule
cinq propositions pour contribuer à "changer les comportements" et réduire ainsi les effets de la
non-observance.
Jalma propose tout d’abord de créer un nouvel observatoire de l’observance pour mener des
études de suivi sur les prescriptions et pouvoir, en fonction des résultats obtenus, donner les
éléments nécessaires à la constitution de campagnes de communication en santé publique, afin de
mieux sensibiliser les patients. En second lieu, le cabinet propose de renforcer et d’étendre le rôle
de conseil du pharmacien, "second professionnel interagissant le plus avec les Français, derrière
le médecin", pour améliorer "l’observance médicamenteuse". Cette extension du rôle de conseil
nécessiterait toutefois un besoin de formation spécifique ainsi qu’éventuellement une
rémunération à la performance complémentaire, "opportune" d’après le cabinet pour "inciter le
pharmacien à la qualité de l’accompagnement". Ce rôle de conseil pourrait aussi être renforcé par
la mise en place de dispositifs d’e-prescriptions, qui permettrait d’avoir "une vision globale du
traitement, de la prescription à la délivrance" et de "renforcer la coordination entre praticiens".
Jalma souhaiterait également "assouplir" le cadre réglementaire permettant la mise en œuvre
d’actions de soutien à l’observance des traitements. Le cabinet suggère une simplification du
cadre légale des programmes d’accompagnement pour permettre des approches "plus légères,
favorisant une logique industrielle (visant plus d’une dizaine de milliers de patients),
l’accompagnement à distance par téléphone au lieu du face-à-face et l’utilisation des nouvelles
technologies (e-learning, télésurveillance)". Le cadre réglementaire devrait également être
assoupli pour permettre plus facilement une participation des industriels de santé "afin de
réellement les encourager à s’investir et financer de tels services". Jalma demande notamment
qu’un industriel de santé puisse lui-même définir le cahier des charges lors de la mise en place
d’un nouveau service.
INTÉGRER L’OBSERVANCE COMME CRITÈRE DU PRIX DES MÉDICAMENTS
L’intégration de l’observance comme critère pour la fixation du prix des médicaments constitue
la quatrième proposition du cabinet Jalma : "nous proposons de rétablir l’observance comme un
critère majeur d’amélioration du service médical rendu dans la doctrine de la HAS, lorsque le
niveau d’évidence est important dès la primo-évaluation ou sur la base d’études en vie réelle lors
de la réinscription." Le cabinet estime que cette mesure "permettrait de dépasser la prise en
compte de l’efficacité théorique du médicament pour mieux valoriser son bon usage […]". Dans
le même ordre d’idée, le cabinet recommande le développement de procédures de fixation
conditionnelle du prix des traitements" en fonction de critères objectifs, pertinents et mesurables
(comme l’observance)". Cette nouvelle politique de fixation des prix "responsabiliserait" d’autant
plus les industriels de santé, qui contribueraient de plus à une meilleure observance des
prescriptions par le biais de leur association plus étroite aux programmes d’accompagnement et
d’éducation thérapeutique des patients.
Encadré :
Limites méthodologiques
L’étude présentée le 19 juin 2014 par les consultants de Jalma repose, sur l’analyse d’une série
d’études internationales portant sur des données liées à la non-observance. Des données
épidémiologiques (prévalence et incidence, taux de décès et hospitalisations corrélés à un
mauvais suivi des traitements, durée moyenne des séjours en hospitalisation par pathologies) sur
un "nombre limité de pathologies" (3) et des donnés économiques (coûts moyens des
hospitalisations), ont ainsi pu être rassemblées. Ces données ont ensuite été transposées à la
situation française, en s’appuyant sur les comptes par pathologies publiés par l’assurance maladie
et en focalisant l’analyse sur l’impact de la non-observance des traitements sur le taux de décès,
les hospitalisations et les surcoûts engendrés.
Le chiffre de 475 000 hospitalisations évitables, engendrées par une mauvaise observance des
traitements, est lui-même extrapolé à l’ensemble du secteur de la santé, à partir de ces données
limitées à un certain nombre de pathologies. Jalma prend donc garde d’ajouter que "les résultats
de cette étude sont donc nécessairement modestes" au regard de ces limites méthodologiques.
(1) cabinet conseil spécialisé en santé
(2) Les estimations du cabinet Jalma reposent sur un certains nombre d'études portant sur un
nombre limité de pathologies. Le chiffre de 475 000 hospitalisations et de 5 Md€ est avancé en
extrapolant ces estimations à l'ensemble de la sphère des pathologies cardiovasculaires,
psychiatriques et cancers.
(3) Les pathologies retenues dans l'analyse de jalma sont le diabète, l'infarctus du myocarde,
l'insuffisance cardiaque, l'hypertension, le VIH, le cancer du sein, la bronchopneumothérapie
chronique obstructive, et les maladies psychiatriques.