Post on 12-Mar-2016
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Mon propre nègreQu’on m’ait cataloguée « écrivain voyageur »me fait doucement rigoler, déjà écrivain toutcourt… Qui y croirait ? Pas même l’entou-rage, ceux auxquels on se frotte dans cesimulacre de vie qu’est la vie profession-nelle. Prof écrivain : suspicion illico chezles collègues. Surtout ne pas la ramener,faire oublier la tare. Écrivain, dernierbastion de la différence. À l’heure oùla cité s’ouvre aux handicapés, pour lebavasseur d’encre, pas de rampes d’accèsni de véhicules aménagés. Écrivain,propre à rien, avorton, inutile !
Et si je n’en étais pas un ? Je ne souffre pas desdémangeaisons au bout des doigts du forçatdes lettres. Celui qui se sent investi, né pour ça,pour qui l’écriture est intransitive. Il écrit. Pointà la ligne. Pour ma part, je n’écris que quandj’ai quelque chose à dire et il en faut pour metirer de mon « oblomovisme » congénital !C’est là où intervient mon nègre, ou plutôt monGhost Writer : car il s’agit bien de fantôme.Comme Bachelard, je crois « aux rêves qui pré-facent les œuvres ». Pas un de mes romans quine soit né de cette visitation nocturne. Le spectrede l’œuvre à venir se présente dans un étatd’avant-sommeil, me harcèle, m’aiguillonne, meforce à passer à l’acte. Au matin, c’est mon nègrequi s’installe à mon bureau. Mon nègre n’est pas pour autant écrivain voya-geur. Jamais tenu de carnets de route. Si monnègre a voyagé, c’est dans une autre existence,il y a bien longtemps, avant que d’être nègre.Il n’écrit pas pour témoigner, ne s’encombrepas de photos souvenirs. Mon nègre ne selaisse pas piéger par l’évidence du réel, lemirage des apparences. Seul lui importe cequi se cache derrière. Derrière les images,derrière les choses, derrière la peau, derrièreles mots. Il n’est pas doublure pour rien. Je laisse donc quartier libre à mon Ghost Writerpour échapper à la fatalité de l’existence, trans-gresser mes limites biographiques, me défairede mon enveloppe physique, être une autre.Pour le bonheur de m’étonner moi-même, sanssavoir à l’avance ce qui mordra à l’hameçon dela pêche nocturne – même de jour, monécriture est nocturne, noire, nègre. Truites oumurènes, je n’en sais rien. Il me faut aller jus-qu’au bout de ma connaissance des choses, maissurtout de mon ignorance. J’écris avec ma partd’ombre, qu’on l’appelle subconscient, inspira-tion, instinct. Enfoui au fond de moi, un autresait ce que je ne sais pas. Voilà pourquoi j’écris.Pour savoir. Carine Fernandez
n°260 - mars 2011le mensuel du livre en Rhône-Alpes
en + + + + + + + + +Dix mots qui relient ! Dans le cadre dela Semaine de la langue française, du13 au 20 mars, le vocabulaire du lien està l’honneur : « accueillant, agapes, avec,chœur, complice, cordée, fil, harmonieu-sement, main, réseauter ». Rendez-vousle 20 mars au Théâtre des Asphodèles(Lyon) pour le temps fort régional, « Lesdix mots font la fête ! ». Concerts, lectures,tournois de slam seront au programme. www.dismoidixmots.culture.frwww.semainelf.culture.fr
> www.arald.org
Extrait de Mon meilleur ami, de Gabriel Dumoulin, un premier livre auxfrontières de la bande dessinée et du roman graphique (lire p.7).
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les murs9e édition du « Polar derrière lesmurs », 3e en partenariat avec Quaisdu polar, du 25 au 27 mars (lire p.4).C’est une opération au long cours,co-organisée par l’ARALD, lesServices d’insertion et de probationpénitentiaires et les bibliothèquespartenaires des prisons, avec lesoutien de la DRAC Rhône-Alpeset de la DISP. Profitant de leurvenue à Lyon, cinq écrivains dunoir – Sébastien Gendron, MarinLedun, Marcus Malte, DominiqueManotti et Serge Quadruppani –se rendront dans les établissementspénitentiaires de la région, aunombre de dix cette année, dontpour la première fois l’établissementpour mineurs de Meyzieu (69). Autrenouveauté en 2011, des cercles delecteurs des centres pénitentiairesd’Aiton et de Bourg-en-Bresseparticipent au Prix des lecteursorganisé par Quais du polar. L. B.
premier plan/p.3Une histoire de marchés publicsRetour sur la journée de réflexion etd’information autour de l’accès deslibrairies aux marchés d’achats delivres des bibliothèques organisée parla DRAC Rhône-Alpes et l’ARALD.
de A à Z/p.6Prix des lycéens. Saison 2Suite du feuilleton Prix littérairedes lycéens et apprentisrhônalpins à la Cité scolaire Élie Vignal, à Caluire.
images/p.7Romans, tendance graphiqueGabriel Dumoulin ou le romangraphique à tendance auto-fictionnelle, Eric Drooker ou leroman graphique sans parole.
! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !Butor + Youl = livresUn dialogue entre le poèteet le peintre pour une expo-
sition de la médiathèque de Valence, quicontinue de mettre en avant le livre d’ar-tiste sous toutes ses formes. « La créationcomme un dialogue », une collaborationfructueuse entre un écrivain et un « met-teur en scène de mots », qui « explore lecorps des livres ». Du 12 mars au 9 avril
www.bm-valence.fr
Culture et numériqueLa Région Rhône-Alpes aengagé, avec le concours del’Observatoire des politiquesculturelles, une concertationrégionale à l’attention desacteurs artistiques et culturelsdu territoire concernés par la
question du numérique. Trois jour-nées de conférences et d’ateliers onteu lieu depuis octobre 2010 afin
d’établir un état des lieux, de valo-riser les démarches et expériences,et de susciter des propositions dela part des acteurs. Le 14 mars, ausiège du Conseil régional, Jean-JackQueyranne apportera une conclu-sion à cette concertation et présen-tera les orientations de la Régiondans ce domaine. En attendant,vous pouvez apporter vos contri-butions sur www.numra.fr. M.-H. B.
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C’est un homme magnifique, un grand seigneurdes lettres qui vient de s’éteindre ce 4 février2011. Un demi-siècle durant, après les annéesde Résistance à laquelle il participa, il a donnélumière et chaleur à la vie culturelle de Lyon etde sa région. Comme journaliste au Progrès ouau Monde, il a su saluer avec ferveur et constancece qui se jouait de novateur sur la scène lyon-naise (Planchon, Maréchal…) ou dans les renou-veaux de la peinture (Schoendorff, Truphemus,tant d’autres).C’était un admirable musicien du verbe, maniantune langue d’une simple et parfaite élégance,improvisant avec une exquise bonne grâce sespropos portés par la mélodie d’une voix auxinflexions si accueillantes. À l’égard des artistes,des comédiens et des écrivains, il était toujoursd’une générosité totale, sachant donner sa chance
René Gachet a rencontré Jean-JacquesLerrant en 1981, alors que tous deuxétaient nommés inspecteurs générauxdes spectacles. Une relation profes-sionnelle rapidement emportée par
la chaleur de l’amitié. Extraits d’un texteque l’ancien directeur régional des affairesculturelles consacre à son ami.
(…) C’est vrai que Jean-Jacques, depuis unetrentaine d’années, est pour moi un frère et nonun haut fonctionnaire pétrifié dans son rôleadministratif. Et, aujourd’hui, si je revois cettetrentaine d’années, j’ai du mal à percevoir cequi, malgré nos tempéraments différents, nousa liés aussi profondément. Mais revenons àJean-Jacques Lerrant. En 1994, il disait lui-mêmeses difficultés à mettre au clair, je veux dire austylo, ce qui le liait à la galerie le Lutrin : « Trenteans, que dire ? Ça fait du temps ! Je n’aime plusles anniversaires ; ils pèsent si lourd ! Fixer letemps, l’anniversaire, c’est soudain honorer depetites morts ! » Une fois de plus, Jean-Jacquesse sauve devant les définitions, parce que lesanniversaires, il les craint, il les aime. L’amour,avoue-t-il, c’est l’essentiel et il a passé une par-tie importante de sa vie à repérer des amours,des amours des choses, des paysages, des gens,des tableaux, des femmes. C’est dans cette
poursuite que j’ai souvent vu Jean-Jacquesaffirmer son amour, en faire le fond de sa vie.
(…) Et le théâtre ? Jean-Jacques en écrit unedéfinition courtoise qui lui permet de dissertersans jamais faire de faux-pas. « La vertumoyenne du théâtre, c’est qu’il est réel et oni-rique à la fois… substantiellement. C’est pourcela que le théâtre touche si profondément…C’est l’île enchantée, les gens qui en sortent unpeu égarés… Ils étaient sur un autre territoire.Ils ont de la peine à s’accommoder de la réa-lité. Il leur faut un moment pour se remettre ».La courtoisie de cette approche, la volonté dedistinguer entrer le réel et l’onirique « substan-tiellement », permet à Jean-Jacques de garderl’œil vif et alerte afin de ne pas oublier cedialogue qui, pour lui, est fondamental.
(…) Ce qu’il aime chez les artistes, ce n’est pasla perfection de l’œuvre qu’ils présentent, c’estla candeur de leur approche. Lorsque Jean-Jacques est convaincu qu’il a en face de lui unvrai artiste, c’est-à-dire un homme sincère dansson élan, dans sa conception de l’art, il devientun partenaire, et non plus un juge. Un parte-naire, c’est ce que l’on appelait autrefois unhonnête homme. Et c’est cette honnêteté quifait de lui un bon partenaire, un artiste essen-tiel à la bonne marche de la culture. René Gachet
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à chacun. Il aimait le théâtre, la peinture, la vie,les femmes, les êtres, la sensualité, l’esprit deliberté, avec passion mais sans aucun impéria-lisme de la passion. Critique, il se refusait à lamoindre malveillance, pratiquant l’admirationcomme une sorte d’art, art d’aimer comme de dire.Cette étoile de la galaxie Gutenberg laisse der-rière lui quelques livres sur ces peintres lyon-nais qu’il aimait tant. On aurait aimé qu’il prîtle temps d’écrire ses mémoires de chroniqueurengagé… Restera de lui cette image comblanted’une ardente alliance de l’intelligence et ducœur, sachant unir adoration de la beauté etexigence éthique. Claude Burgelin
hommage
Autoportrait en vieux singeIl a ses habitudes dans le quartier Saint-Jean.
Le Café de la Ficelle, où il fixe ses rendez-vous. Lemarché du quai Saint-Antoine, où on le croise réguliè-rement. La buraliste de la place de la Trinité, chez quiil se rend de son pas mesuré pour acheter son quoti-dien préféré. Dans ce coin de Lyon, qui ressemble àun village, (presque) tout le monde connaît Jean-JacquesLerrant. Cet esthète est également une figure emblé-matique de la scène culturelle lyonnaise. Tous leconnaissent et il les connaît tous. Sacré légende vivantede la critique théâtrale, son jugement n’a jamais vrai-ment failli et son regard est toujours aussi acéré, avecune lueur de candeur. Admiré des artistes autant quedes politiques (ce qui est assez rare pour être souli-gné), ce Monsieur à la plume alerte a vécu toutes lesrévolutions théâtrales depuis la Seconde Guerre mon-diale. Depuis plus de 50 ans, il hante les théâtres et useses semelles dans les salles de musées. Avec des yeuxgrands ouverts sur l’art contemporain et sur les met-teurs en scène d’aujourd’hui. Il n’est pas rare de sur-prendre sa silhouette familière lors d’une premièrede théâtre. Il faut dire qu’il est « tombé dans la mar-mite des arts quand [il] était petit ». Fils de l’architectedu vélodrome du parc de la Tête d’Or, égalementpeintre, dont il a d’ailleurs adopté le pseudonyme etqui signait ses toiles Max Lerrant, celui qui n’étaitencore qu’un enfant puisait à loisir dans la bibliothèquefamiliale et fut élevé « dans l’amour des arts ». Dès laLibération, il entame une carrière de critique d’art auProgrès, alors grand journal indépendant, après unjob de secrétaire de rédaction à la revue Confluences.Il ne viendra au théâtre qu’un peu plus tard « par la défec-tion de la dame qui exerçait cette fonction, Suzanne Michet,qui écrivait diablement bien. Elle a suggéré à Hélène etÉmile Brémond, les patrons du Progrès de me confier lachronique. Et je me suis formé en regardant le théâtrequi se faisait sous mes yeux. À l’époque, un théâtre plutôtacadémique qui pratiquait quelques audaces mesurées.C’est dans cette atmosphère qu’est apparu RogerPlanchon ». Les yeux bleus commencent à pétillerface aux souvenirs qui reviennent. Sans nostalgie. (…)Gallia Valette-Pilenko (LIvre&Lire, mai 2002)
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Jean-Jacques Lerrant (1922-2011)
Jean-Jacques Lerrant est mort à Lyon, à l’âge de 89 ans. Critique d’art et critique de théâtre,homme de livres et de culture, il incarnait à sa manière chaleureuse la figure de l’honnête homme.Intelligence, charme, courtoisie, humour, respect, ceux qui l’ont connu n’oublieront ni son sourireni sa gourmandise de la vie.
L’art d’aimer, l’art d’admirer
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e Jean-Jacques Lerrant : le grand frère
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En tout cas, sibeaucoup delibraires ont assi-milé ce nouveaucadre légal detravail, ils sontnombreux à sesentir désarméspour répondreaux appelsd’offres, maisaussi en amont,pour mettre enplace un servicede veille efficacesur la publica-tion des mar-chés. « Quantaux bibliothé-caires, ils ne sontguère plus à
l’aise dans l’exercice de la rédaction du cahierdes charges, notamment dans le choix des cri-tères de sélection des offres.» Pourtant, dans lecontexte économique singulier du prix uniquedu livre, on comprend toute l’importance stra-tégique de ces critères, qui vont déterminer lechoix du fournisseur, et on entrevoit aussi lesdérives possibles avec les demandes auxlibraires de services complémentaires à la four-nitures des ouvrages.Avec des marchés de fournitures aussi complexesque ceux du livre, il apparaît de plus en plusimportant que les libraires et les bibliothécairescontinuent à se rencontrer et à développer leurconnaissance les uns des autres, non seulementdes métiers mais des conditions dans lesquelsils l’exercent. Gilles Lacroix, conseiller pour lelivre et la lecture à la DRAC Rhône-Alpes, le disaitdès l’ouverture de cette journée, qui d’ailleursen appellera d’autres : « Il faut plus que jamaisrassembler les libraires et les bibliothécairessur des questions qui leur sont communes ».L’interprofession reste évidemment au cœur dela chaîne du livre. L. B.
Répondre ou ne pas répondre…
Côté Rhône-Alpes, l’enquête réalisée en 2008par Odile Cramard et Élisabeth Mandallaz, del’ARALD, auprès d’un échantillon représentatif(dix cas, dont des bibliothèques municipales,des bibliothèques départementales, une biblio-thèque universitaire ; douze libraires indépen-dants de plus ou moins grande taille), a mon-tré l’existence d’une « relation économique etculturelle initiée de longue date entre les libraireset les bibliothécaires, ainsi que la volonté depoursuivre cette relation, malgré l’impact desdifférentes législations. »Perte de marges suite à la loi sur le droit de prêtpour les libraires qui ne consentaient pas aupara-vant des remises de 15% ; perte de moyens pour lesbibliothécaires due au plafonnement des remises,puisque toutes les collectivités n’ont pas augmentéleurs budgets d’acquisition ; complexité et lourdeurde la mise en place de la relation avec la SOFIA(Société française des intérêts des auteurs)… « Pourcertains professionnels, le Code des marchés publicsest venu “plomber les relations” entre les partenaires ».
premier plan
DONNÉES EXTRAITES DE L’ÉTUDENATIONALE QUANTITATIVE
Achats de livres des bibliothèques• 13% du CA des librairies• 30% du CA des librairies spécialisées
Répartition du marché par typede bibliothèques• BM : 52% des achats • BU : 21% • BDP : 15% • CDI : 5% • autres bibliothèques : 7%
Répartition du marché par typede fournisseurs• librairies générales : 32% • très grandes librairies* : 15% *(CA annuel de + de 12 M€)
• librairies spécialisées : 13% • librairies de chaînes : 7% • librairies papeteries presse : 2%
Distance moyenne d’unebibliothèque à ses fournisseurs• 91 km en 2007
Concentration des fournisseurs• 14% pour le nombre de fournisseursentre 2005 et 2007• 3 premiers fournisseurs représentent27% du marché • 100 premiers fournisseurs : 7%
Proximité des fournisseurs• 59% du montant des achats desbibliothèques s’effectuent àl’intérieur du département • 76% dans la région
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ères « La loi du 18 juin 2003 relative à la rémunération du prêt en bibliothèque a modifié la loi de 1981 en plafonnant
à 9% du prix public le rabais sur les ventes de livres non scolaires aux collectivités. Par ailleurs, il a été décidéqu’un prélèvement de 6% du prix public des ouvrages vendus aux bibliothèques de prêt accueillant du public seraitaffecté à la rémunération des auteurs et des éditeurs pour le prêt de leurs ouvrages en bibliothèque. »
L’accès des librairies aux marchés d’achatsde livres des bibliothèques
État des lieuxUne grande enquête quantitative nationale,réalisée par le Service du livre et de la lec-ture du ministère de la Culture, une étudequalitative menée dans six régions, dontRhône-Alpes, deux manières d’approcherles relations complexes entre bibliothécaireset libraires dans le contexte des conditionsd’attribution des marchés publics de livres.Retour sur une journée d’information, à Lyon,le 24 janvier.
Plus d’une centaine de participants et une mixitélibraires / bibliothécaires bien tempérée. Tout cemonde rassemblé à la Villa Gillet, à l’invitationde la DRAC Rhône-Alpes et de l’ARALD, pourévoquer les résultats de l’étude sur « L’accès deslibrairies aux marchés d’achats de livres desbibliothèques », réalisée dans le cadre du Conseildu livre et rendue publique à la rentrée 2010.Impossible de résumer en quelques lignes cet« état des lieux après une décennie de modifica-tions du cadre législatif et réglementaire », commel’indique le sous-titre de l’étude, qui permet dedécrypter les modalités des achats de livres parles bibliothèques. Il convient cependant de diretout d’abord, comme l’a fait Éléonore Clavreul,du Service du livre et de la lecture, en commen-tant les résultats de l’étude quantitative, que « laposition de la librairie sur le marché d’achats delivres des bibliothèques est nettement plus favorableaprès la loi du 18 juin 2003 sur le plafonnement desremises aux collectivités et l’instauration du droitde prêt. Une évolution générale, mais pas systéma-tique », nuance-t-elle cependant. Cette tendance,en effet, ne s’est pas confirmée sur certains typesde marchés, notamment ceux qui ne faisaient pasl’objet de procédures formalisées jusqu’en 2004.Là, la formalisation accrue de la commandepublique entraînée par les réformes successivesdu Code des marchés publics a conduit, pour leslibrairies locales, à un durcissement de la concur-rence sur leur zone de chalandise. On observed’ailleurs, à partir de 2007, « une modificationdes équilibres entre les différents types de librai-ries : une poussée sensible et continue des trèsgrandes librairies, une croissance affirmée des librai-ries spécialisées, mais aussi un retrait des petiteslibrairies-presse et, en 2008, des librairies générales. »Cette véritable recomposition du paysage de l’accèsaux marchés d’achats de livres des bibliothèquess’est donc clairement faite au profit des grands opé-rateurs nationaux et au détriment des fournisseurslocaux. Une tendance confirmée par les proposdes libraires et des bibliothécaires rapportés dansles enquêtes qualitatives menées par six régionsen collaboration avec la FILL.
L’étude dans son ensemble ainsi qu’un document de synthèse sur le Code des marchéspublics mis au point par Nathalie Ange-Garnier sont disponibles sur www.arald.org
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ce moment qui leur est dédié, lesprofessionnels pourront profiter denombreuses tables rondes autour dequestions d’actualité, notammentcelle, centrale, du numérique. Malgré des tensions budgétaires, lestand de la Région Rhône-Alpes n’apas perdu un éditeur ni un mètrecarré. Les économies seront faitesau niveau de l’aménagement dustand. Toutefois, chaque éditeurcontinuera de bénéficier d’un espacedédié et un lieu central accueillerarencontres, débats professionnels etsignatures. Sur un stand en rouge et
Finalement, pas de déménagementpour le Salon du livre qui aura encorelieu cette année Porte de Versailles,à Paris, du 18 au 21 mars. Toutefois,pour sa 31e édition, le salon inaugureun nouveau format, plus concentrédans le temps avec un passage de 6à 4 jours et des horaires élargis pourle public. La littérature nordique y seraà l’honneur avec quarante auteursinvités originaires du Danemark, deSuède, de Norvège, d’Islande, illustranttoutes les sensibilités littéraires.L’objectif est aussi de faire revenirles visiteurs vers les stands en allé-geant le programme des anima-tions proposées par le salon pourfavoriser les propositions des édi-teurs.On se souvient que, l’annéedernière, la journée professionnelleavait été supprimée ; en 2011, leSalon du livre revient sur ce choixet réserve la matinée du lundi 21 auxacteurs de la chaîne du livre. Outre
gris, 24 maisons d’édition se partage-ront une surface collective de 255 m².Parmi eux, on compte des habitués,mais pas seulement : À plus d’un titre,Éditions À rebours, Éditions Alzieu,Éditions Stéphane Bachès, BalivernesÉditions, Éditions des Cahiers intem-pestifs, Cent Pages, Champ Vallon,Créaphis, Critères éditions, DelatourFrance, Ellug (Éditions littéraireset linguistiques de l’université deGrenoble), ENS Éditions, Fage Édi-tions, La Fosse aux ours, Lieux dits,Éditions Jérôme Millon, PUG, PUL,PUSE, Rouge Inside, La Rumeur libre,URDLA et Voix d’encre.Le Salon du livre 2011 sera égalementl’occasion pour la Région Rhône-Alpes de remettre à René Belletto letroisième prix Rhône-Alpes de l’adap-tation cinématographique pourLe Revenant, paru chez P.O.L. Un évé-nement qui se tiendra vendredi 18février à 20h. Créé avec l’appui deRhône-Alpes Cinéma, ce prix a pourobjectif de faciliter les échangesentre le monde de l’écrit et le 7e art.Marie-Hélène Boulanger
www.salondulivreparis.com
obtenu, en 1984, l’Alfred du meilleuralbum pour Marcel Labrume, dontune très belle intégrale a paru chezMosquito. Bien sûr…La revue Arbitraire, réalisée par lecollectif du même nom, reçoit quantà elle le prix de la bande dessinéealternative. Parmi les prestigieuxinvités de ce neuvième numéro :
Cette année, le Festival internationalde la bande dessinée d’Angoulême,qui s’est tenu du 27 au 31 janvier, arécompensé deux maisons d’éditionde Rhône-Alpes. Mosquito remporte un fauved’Angoulême, le prix du Patrimoinepour Bab El Mandeb d’AttilioMicheluzzi. Une récompense méri-tée pour ce maître italien au gra-phisme nerveux et élégant, d’unclassicisme impeccable servant unsens de la narration remarquable.La bande dessinée, datant de 1986,situe son action en 1935, en Égypteaux abords du canal de Suez, alorsque les Italiens sont sur le pointd’envahir l’Éthiopie. En marge dela grande Histoire, Micheluzziraconte l’improbable rencontreentre un sergent-major anglais, unedanseuse égyptienne, un révolution-naire italien et une Lady raffinée…Rappelons que ce n’est pas la pre-mière fois que l’auteur italien estprimé à Angoulême, puisqu’il a
Baladi, Jacques Velay,C’estpascool,FabioViscogliosi, JM Bertoyaset LL Cool Jo. La sortie dece numéro avait donnélieu à une expositionà la galerie All Over àLyon en janvier dernier.M.-H. B.
actualités /édition
Que du polar !Ce n’était peut-être pas l’annéepour nous faire le coup du som-brero, mais malgré les difficultésdiplomatiques entre les autoritésfrançaises et mexicaines, Quaisdu polar a maintenu la tendance
Mexique de sa nouvelle édition, qui setient à Lyon du 25 au 27 mars. Ainsi, parmila soixantaine d’auteurs invités – dontquelques pointures internationalescomme David Peace, John Harvey, R.J.Ellory –, plusieurs écrivains mexicainsdevraient séjourner entre Rhône etSaône : Guillermo Arriaga, Sergio GonzalezRodriguez, Francisco Haghenbeck, ElmerMendoza, Martin Solares. C’est l’une desforces de ce festival, qui s’est peu à peuimposé comme un rendez-vous majeurdu polar en France, que de faire venirdes hôtes étrangers de marque, au grandbonheur des quelque 30 000 visiteurs(en 2010).Pour sa septième édition, la manifesta-tion a également déployé son activité ducôté du jeune public, avec un espaceréservé à la littérature jeunesse organiséen collaboration avec la librairie spé-cialisée À titre d’aile ; sans oublier uneenquête grandeur urbaine réservée auxdétectives en herbe (de plus en plusnombreux) des collèges et des écolesprimaires. Les amateurs de cinéma,quant à eux, trouveront leur comptedans une sélection de films sur la cor-ruption présentée à l’Institut Lumièreet dans la 2e édition de « Courts dupolar », concours de courts-métrages noirs.Avec une association renouvelée et dyna-mique, une programmation ambitieuseet le souci constant de permettre aux écri-vains du noir, non seulement de rencon-trer leur public, mais aussi de s’exprimeret de débattre, Quais du polar a rapi-dement tracé sa voie dans le paysageplutôt chargé des manifestations quise sont multipliées au rythme dessuccès éditoriaux du genre. L. B.
Quais du polarDu 25 au 27 marsPalais du commerce, Lyon 2e arr.www.quaisdupolar.com
Budget : 300 000 €Ville de Lyon, CNL, Région Rhône-Alpes,Fiacre, DRAC Rhône-Alpes
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Paris 2011 : un salon quin’a pas froid aux yeux
Les ÉditionsSymétrie, distributeur
Symétrie, spécialiséedans l’édition d’ou-vrages sur la musique etde partitions musicales,continue à développer
son activité de distribution. Le cata-logue varié et savant de la Sociétéfrançaise de musicologie vient s’ajou-ter aux cinq catalogues des éditionsMysibie, Megep, Color & Talea,Artchipel et l’Île bleue déjà distribuéspar la maison d’édition lyonnaise.M.-H. B.
http://symetrie.com
Pluie de prixà Angoulême
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L’étourdi de Saint Paul (Lyon 5e arr.).Suite du voyage le 7 mars, lors de lasoirée d’ouverture « Dé-paysages ».Écrits, décrits, lus ou chantés, les motsexplorent disciplines et univers. Lescomédiens Yannick Laurent, ClaudioColangelo, Philippe Morier-Genoud,les poètes Salah Stétié, RaphaëlMonticelli et Joël Vernet et la chan-teuse Anna Kupfer inaugurent cePrintemps poétique à 20h authéâtre Les Ateliers (Lyon 2e arr.). Nombreux sont les invités de cePrintemps avec, entre autres,Fabienne Swiatly, qui réfléchira àla question du partage du mondeen compagnie de Hamid Skif,
Du 7 au 16 mars, le Printempsdes poètes se propose d’élargirles horizons avec « D’infinis pay-sages ». L’Espace Pandora orga-nise à Lyon toute une semainede rencontres poétiques dans leslibrairies ou les théâtres, maisaussi dans la rue, les hôpitaux…
Le thème, choisi pour toute laFrance, est parrainé à Lyon par SalahStétié. Pour ce poète d’origine liba-naise qui passe d’un continent àl’autre, les mots permettent évidem-ment de parcourir le monde. Il par-tagera ses paysages et ses cultures le7 mars de 17h30 à 19h à la librairie
ou encore Jean-YvesLoude, écrivain voya-geur aux périples tou-jours poétiques. Unesoirée est aussi consa-crée à AlexandreRomanès, homme decirque et de poésie.Enfin c’est un arpen-teur qui « croit enl’amour du lieu » quiremporte cette annéele Prix Kowalski de laVille de Lyon. Pierre-Alain Tâche, poètesuisse, est distinguépour son dernier recueil, La Voieverte (Éditions de la revueConférence). Ancien magistrat, il a
écrit une trentaine de livres depoésie et d’ouvrages critiques. Sespaysages poétiques sont eux aussiinfinis : « Je n’ai pas prétention desavoir ce qu’est la voie / et moinsencore où elle va : c’est elle quiconduit la quête, et qui la suit faitabandon de tout désir qui lui soitétranger ». Rendez-vous pour laremise du prix afin d’entendred’autres extraits de son dernierouvrage lus par Yannick Laurent,le 11 mars à la Bibliothèque de laPart-Dieu, à 18h30. Julie Banos
Printemps des poètesdu 7 au 16 marsEspace Pandora7, place de la Paix 69200 Vénissieux�Tél. 04 72 50 14 78www.espacepandora.orgwww.printempsdespoetes.com
5 000 enfants nés en Savoie en 2010,l’opération peut toucher un nombrenon négligeable de familles, dontbeaucoup fort éloignées du livre. Ellele peut à condition de croiser surle terrain une culture de la proxi-mité et du partenariat entre lesmondes du social et de la culture.C’est tout le bien qu’on souhaiteaux futurs heureux lecteurs quirecevront donc bientôt le bel albumMercredi, signé par Anne Bertier, etpublié par les éditions MeMo. Leurresponsable, Christine Morault,aux côtés d’une Marie Manuéliantoujours généreusement engagéedans la lecture des tout-petits,
DeuxièmesPremières pagesMenée conjointement par leministère de la Culture et la Caissenationale des allocations familiales,l’opération Premières pages vit sadeuxième édition. La Savoie fait par-tie des départements « pilotes » d’undispositif qui n’est d’ailleurs paspionnier en la matière*. Mais pour-quoi bouder son plaisir, et ne pasentonner en chœur l’éloge du bébé-lecteur ? C’est bien de cela qu’il futquestion, le 17 février dernier, lorsd’une journée de sensibilisationorganisée par Savoie Biblio**. Avec
a su rappeler avec force queles bébés ont eux aussibesoin de visions d’artisteset de textes sensibles. Queces premières pages soientdonc suivies de milliersd’autres. D. M.
* Des villes comme Grenoble et desdépartements comme le Val-de-Marne et le Puy-de-Dôme ont depuis des années choisid’offrir un livre de qualité aux nouveaux-nés.** Mené sur le plan opérationnel par la CAF de la Savoie, leConseil général de la Savoie et la Mutualité sociale agricoleAlpes du Nord, le dispositif étaitprésenté par Noëlle Drognat-Landré (DRAC), Pierre Vanstyvendael (CAF) et Philippe Veyrinas (CG 73).
actualités /manifestations
« (…) Je repose donc la question :pourquoi le paysage, pourquoi lapoésie, pourquoi ce binôme quiaujourd’hui va tellement de soi qu’ilne semble pas faire problème et
qu’effectivement il n’en fait pas ? C’est,me semble-t-il, qu’à mesure que l’hommea pris historiquement conscience qu’iln’était pas le centre et la raison d’être del’univers, ce qui fut longtemps sa posi-tion théologique, son environnement,cette puissante nature partout présenteet active autour de lui, l’a envahi, ainvesti sa conscience. Un jour viendraoù Rimbaud, dont toute l’œuvre et notamment Les Illuminations est tissée de paysages, d’ailleurs plusinfinis que finis, mélangeant imagination et réalité(et quelquefois c’est l’imaginaire qui fonde miracu-leusement le paysage réel comme déjà dans “Le Bateauivre”), un jour viendra, dis-je, où le très jeune poètedonnera en quelques mots l’équation de cet amalgameentre l’âme et le monde, entre la vie de la personne et
son dialogue avec la globalité cosmique,l’éventail déployé des éléments : « Enfin,ô bonheur, ô raison, dit-il dans Une Saisonen enfer, j’écartais du ciel l’azur qui estdu noir, et je vécus, étincelle d’or de lalumière nature ». Mais Rimbaud le voyant,qui sait voir aussi le monde autour delui et qui d’une manière ininterrompuel’interprète selon la fantaisie explosivede son imagination, a, derrière lui unelongue lignée de “voyants”. J’appellevoyant quiconque voit double : ce qu’ila sous les yeux et ce que son âme voit,cette âme qui est peut-être une efflores-
cence de l’inconscient, lui-même structuré selon lesrouages les plus secrets de la nature et ses lois, lois quisont en état de porosité avec les milliers de présencesdu monde et leurs jeux multipliés. (…) »
Salah Stétié, Pour l’œil qui devient visage ou paysage(Paul Éluard)Texte inédit écrit pour l’édition 2011 du Printemps des poètes.
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Lyon : un printemps pour les poètes
Invitations aux voyages
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de A à Z /prix des lycéensDeuxième épisode : un auteur de bande dessinéeà la Cité scolaire Élie Vignal
Pendant larencontreC’est le grand jour. Enfin, le premier. La classede seconde de la Cité scolaire Élie Vignal, àCaluire, qui accueille des élèves handicapéset en rupture scolaire, reçoit Maximilien LeRoy, auteur de Hosni, une bande dessinée surle parcours d’un SDF qui a secoué les élèves.Tout le monde espère beaucoup de cettepremière rencontre.
Manu, Ambre, Yannick,Nour, Maëlle, Jossua, Victor,Julien, Vincent, Benoît, Léa,Sylvain, Jean-Brice… AvecBlandine Ray, leur profes-seur de français, et Jean-Pierre Ducher, le documen-taliste, ils sont treize dansla classe pour accueillir lejeune Maximilen Le Roy. Laresponsable de la bandedessinée à la Bibliothèquemunicipale de Caluire a éga-lement fait le déplacement.On sent de l’attente, de la timi-dité. Des deux côtés. L’auteur-illustrateur n’est pas un vieuxroutier de la rencontre scolaire.Il n’aime pas les prix, le dit d’em-blée, refuse toute idée de com-pétition littéraire, a accepté departiciper à celle-ci uniquementpour le projet pédagogique qu’ilcontient. Assez vite, on est auclair. Les élèves savent à quois’en tenir avec ce jeune hommequi répond sans détours à leursquestions : de quoi est faite unejournée d’écrivain ? Hosni s’est-il bien vendu ? Votre prochainprojet ? Pourquoi l’image et passeulement le texte ? Qu’est-ceque ça signifie l’engagementdans votre vie d’auteur ? Letravail sur les couleurs ? Lesvoyages à venir ?… Dans cet éta-blissement plus qu’ailleurs, il fautdu courage et parfois du tempspour qu’un élève, à son tour, osese lancer. Ça tombe bien puisquedu temps, on en a. Les souriresarriveront peu à peu.
Sans en avoir l’air, on entre dans le vif du sujet,ou dans un sujet beaucoup plus vif. Du métierd’écrivain au travail d’illustrateur, on passe authème des Sans domicile fixe, un parcours balisépar la professeur de français. Les élèves se sontlonguement interrogés et interrogent mainte-nant l’auteur sur les circonstances de sa rencontreavec le véritable Hosni, ce SDF dont MaximilienLe Roy a relayé le témoignage. On échange desopinions, des anecdotes, chacun dit ce qu’ilconnaît. Le visiteur évoque son intérêt pour les
sujets politiques et sociaux, le sens de ses voyages(Joshua commente brillamment un planisphère« Le Roy », qui permet de visualiser les pérégri-nations de l’auteur…), la discussion s’imposesur la violence sociale de la rue et notre per-ception du phénomène. La moitié des élèvess’exprime, l’autre garde le silence, l’auteur estdétendu. Personne ne s’ennuie. C’est à peu prèsgagné. À chaque rencontre, lorsqu’elle se déroulebien, lorsque les élèves et les professeurs sontlà, préparés, vient cet instant de bascule où le
temps immense qui s’ouvraitdevant ce rendez-vous un peuparticulier devient beaucouptrop court.Lorsque Victor donne lecturedes commentaires qui accom-pagnent les vignettes sélection-nées par les élèves – un dessinpar élève, pourquoi celui-ci ? –,on perçoit combien les choixsont judicieux, fins, précis.Philosophe, Jean-Brice conclut :« Ça change les choses sur lesSDF, sur le regard ».Bon, tout ça est bel et bien,mais il finit tout de même parêtre l’heure du goûter… Trèsimportant, l’heure du goûter.Ou du café. Ou du croissant.D’abord, c’est un peu fête danscette classe où on ne fait pasque s’amuser, et puis c’est lemoment de ceux qui n’ont riendit et qui se mettent à parler.Tranquilles, en tête-à-tête.Enfin, cela permet au directeurde l’établissement de passerfaire un tour. À Elie Vignal, cejour-là, les échanges se prolon-gent. Maximilien Le Roy est untrès jeune auteur, et ça aidesans doute les très jeunes gens.Avant de partir, on aperçoit,à l’entrée de la classe, sur unetable où tous les livres sontprésentés, celui de MaximilienLe Roy qui porte un bandeau« coup de cœur ». Un élève ins-piré y a écrit : « Un livre pourne pas oublier la dignité ».Laurent Bonzon
http://maxleroy.blogspot.com
Suite au prochain épisode : Avec Jean-Pierre Spilmont, “Sébastien, quand tu noustiens…”
Le point de vue des élèves
Plongeon dans lemonde de la rueMaximilien Le Roy, auteur-illustrateur engagépolitiquement, parce qu’il aborde des sujetspolémiques comme la Palestine, la chute duMur de Berlin, l’engagement d’un soldat fran-çais aux côtés des Vietnamiens…, a rencontréla classe de seconde du Lycée Élie Vignal pourparler de ses œuvres littéraires, et plus parti-culièrement de la bande dessinée Hosni, untémoignage sur la vie d’un sans-abri. Cette aven-ture nous entraîne dans les péripéties d’unTunisien : Hosni, qui existe réellement, nousraconte la rue et comment on devient SDF. LeRoy a écrit cette BD en un an, une longueurgage de qualité. Pour écrire et dessiner dansun style singulier, entièrement réalisé demanière traditionnelle (story-board au crayonsur du papier à dessin puis scanné pour êtreretravaillé), il s’inspire de ses voyages, de sesrencontres, comme celle avec Hosni, un soir,place Bellecour à Lyon. Dans cette BD, ses
illustrations sont à dominante ocre, une cou-leur qu’il utilise pour mettre en évidence lesretours en arrière. Monsieur Le Roy a égale-ment écrit un ouvrage traitant du conflitisraélo-palestinien : Gaza. Ce sujet politique-ment osé lui a valu des critiques négativeset des menaces de mort à cause de son parti-pris plutôt pro-palestinien. Le réel tient unegrande part dans son travail, il travaille à partirde photos et d’interviews. Cette rencontre a été enrichissante pour lesélèves de la classe car ils ont appris en quoiconsiste le métier d’auteur-illustrateur. Ils ontréalisé que l’image combinée au texte permetau lecteur d’avoir une implication plus forte dansle récit. Maximilien le Roy ne se considère pascomme un historien, mais ses histoires ont quandmême un lien avec la réalité, au point qu’il nes’imagine pas écrire sur des sujets de fiction.Actuellement, Maximilien Le Roy travaillesur un projet sur le thème du Vietnam, àdécouvrir prochainement.
Jean-Brice D., Ambre O. et Benoit M.(Classe de seconde du Lycée Élie Vignal,Caluire, janvier 2011)
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choisit de composer sabande dessinée en noiret blanc, et d’enchaînerles planches de deuxcases avec une régula-rité de métronome.Une économie demoyens qui donne à sachronique une fortecharge émotionnelle, etqui laisse la place auxtrès nombreux dialoguespar lesquels le lecteurentre dans l’intimité despersonnages : l’amour,la famille, l’amitié, maisaussi (et surtout) lesexe sont au cœur des discussionsinterminables que Gabriel Dumoulinmet en scène avec un mélange déto-nant de réalisme et de distance.Réalisme, par le rendu impression-nant des lieux et des corps, maisaussi par l’ancrage très actuel
Avec Mon meilleur ami, GabrielDumoulin donne un premierlivre aux frontières de la bandedessinée et du roman graphiquesur les désordres amoureux dequelques trentenaires – dontlui-même – en plein chaos émo-tionnel. Décalé et attachant.
Depuis quelques années, le romangraphique s’impose comme ungenre particulièrement propice àl’écriture autobiographique et auxjeux de miroirs autofictionnels.C’est la voie qu’a choisie GabrielDumoulin pour son premier livre,dans lequel il met en scène la rela-tion amicale de deux personnagesdont l’un, nommé Gabriel, a toutd’un alter ego romanesque de l’au-teur. Découpé en séquences indé-pendantes, l’album se présentesous une forme particulièrementsimple puisque l’auteur dessinateur
dans notre réalité contemporaine(y compris Bénabar !). Distance,par l’étrange poésie qui nimbel’ensemble de ces scènes, et l’iro-nie désenchantée du regard portésur le monde par ces personnagesen quête de l’âme sœur – et
d’eux-mêmes. Du jogging sur lesquais de Saône aux balades domi-nicales à la campagne, en passantpar les apéros entre amis et la viede couple, Gabriel Dumoulin aus-culte le quotidien et les interro-gations d’une génération dont laprécarité est autant sociale et pro-fessionnelle que sentimentale.Très proche des techniques ciné-matographiques de la NouvelleVague – face caméra ou camérasur l’épaule –, ce récit dessinénous touche par sa sincérité etson acuité à disséquer les fêluresles plus intimes de son personnageprincipal, et de la nature humaineen général. Yann Nicol
GabrielDumoulinMonmeilleuramiEgo comme X 214 p., 22 €ISBN 978-2-910-946760
Illuminated Poems avec AllenGinsberg.« Cette volonté d’exprimer lemonde entier croît sans cessedans son œuvre avec son art lui-même », écrivait Stefan Zweig àpropos de Masereel. Eric Drookeremprunte cette même voie versl’universel comme le montreBlood Song, qui retrace à samanière et sans un mot unepossible odyssée du XXIe siècle.Vie, paix, jungle, guerre, exil, ville,jungle, violence, vie. Formuledémoniaque d’une humanitéqui survit en créant les condi-tions de son enfer. À travers cha-cune de ses images noires etbleutées, proposées la plupart dutemps en diptyques, Eric Dookerrend son histoire belle et profonde.La fuite éperdue d’une jeune fillequi abandonne l’île de ses originessaccagée par la guerre et l’exploita-tion économique, pour arriver dansune jungle urbaine où les musicienset les poètes sont muselés. Mêmesi la vie est la plus forte, sa voiedemeure faible dans ce monde
Blood Song : un récit en imagesd’Eric Drooker aux Éditions Tanibis
Romansans paroleDepuis Flood (Tanibis, 2009), onattendait avec impatience unnouveau roman graphique d’EricDrooker. Grâce à la petite maisond’édition lyonnaise spécialiséedans la bande dessinée alternative,on découvre aujourd’hui BloodSong – Une ballade silencieuse,publié aux États-Unis en 2002.
Il y a du Masereel là-dedans… Ceuxqui connaissent la gravure sur boisde Mon livre d’heures et de La Ville(republiés tous deux il y a quelquetemps par les éditions Cent Pages)retrouveront sans peine les liens quiexistent entre le graveur belge FransMasereel (1889-1972), précurseur duroman sans parole au graphisme toutà la fois expressionniste et réaliste,et l’illustrateur américain Eric Drookerné à New York en 1958, artisteengagé qui a notamment réalisé
(graphique) pré-apocalyptique.Une « chanson du sang » qui n’adécidément rien d’une balladesilencieuse. L. B.
Eric DrookerBlood Song Éditions TanibisNon paginé, 24 €ISBN 978-2-84841-015-9www.tanibis.netwww.drooker.com
imagesUn premier récit dessiné signé Gabriel Dumoulin
Ses amis, ses amours,ses emmerdes
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de voyage, Tariq, né dans une famillenombreuse où « il ne mangeait pasà sa faim », émigre pour des raisonséconomiques. Ils ont en com-mun de n’avoir pas eu dechance. Une vieille carte pos-tale de la tour de télévision deBerlin est le « fil invisible reliantle rêveur au rêve ». Ils aimeraientprendre un cargo pour Berlin,et tant pis si à Berlin il n’y a pasla mer, si leur rêve est marquédu sceau de l’impossible.
Un roman sur le rêve de l’ailleurssigné Fred Paronuzzi
De l’autrecôtéUn cargo pour Berlin, dernierroman de Fred Paronuzzi, raconteles peurs de l’émigration clandes-tine, les rêves des uns et la réa-lité des autres. Des deux côtésde la Méditerranée.
On les entrevoit aux infos. Anonymes.Ils risquent la mort pour traverserclandestinement la Méditerranée etrejoindre l’Europe, ce qu’ils appellent« brûler », un mot qui témoigne deleur détermination. Dans son dernierroman, Un cargo pour Berlin, FredParonuzzi raconte l’histoire de deuxAlgériens à peine adolescents, déjàprêts à affronter humiliations et crassedans l’espoir d’une vie décente.Nour a subi la condition féminine enpays musulman, où un strict etabsurde code de l’honneur a brisé sesambitions scolaires. Son compagnon
On s’y croirait, dans ce camion,où les passeurs prennent moinssoin des hommes que desbidons d’essence. Dans ce cam-pement de misère au port deTanger. Grâce à une architectureromanesque élaborée, l’auteursavoyard, qui a reçu pour ce livreune bourse d’écriture de laRégion et de la DRAC Rhône-Alpes, décrit avec réalisme unmelting-pot où la dureté etl’amour coexistent. L’humour etla poésie. Il y a ceux qui sontrevenus, expulsés. Ceux qui nesont pas revenus.
Et puis, en dévoilant le secret de Nour,le roman d’actualité se fait universel.Il nous parle, à nous, qui sommes du
bon côté. En creux, ilnous dit notre bonheur.Et il nous dit que noussommes concernés.Myriam Gallot
Fred ParonuzziUn cargo pour Berlin> à partir de 12 ansÉditions Thierry Magnier112 p., 8 €ISBN 978-2-84420-885-9
Je l’aime, tu l’aimes, il l’aimeValentine aime secrètement Théo. Elleremarque à l’école ce garçon aux« yeux verts avec du gris dedans et despaillettes dorées ». Léa, son amie, luiconfie qu’elle aime aussi, mais qui ?Avec des phrases courtes, CatherineSanejouand, qui enseigne dans l’Ain,sait rendre les obsessions et le charmedu premier amour. « Est-ce qu’ilm’aime ? », se demande Valentine quicroit repérer les mêmes symptômeschez Théo et ose espérer. Léa se ditaimée en retour, peut-être Valentinel’est-elle aussi ?Cela n’a l’air de rien, mais il en faut del’audace pour mettre en scène un trioamoureux pour enfants. On ne sait pasdans quelle classe sont les person-nages. Ce mini-roman est resserré surl’essentiel : l’amour. Comme dans unemini-tragédie, l’histoire respecte lesunités d’action et de lieu, et elle estcruelle comme les sentiments.Sous son apparente simplicité, ce petitlivre ne prend pas les enfants pourdes niais. L’amour emporte, l’amourinterroge, l’amour écorche. L’amourest sans âge. Les blessures aussi. M. G.
CatherineSanejouandUn peu,beaucoup,passionnément…> à partir de 6 ans
Éditions Thierry Magniercollection « petite poche » 48 p., 5 € - ISBN 978-2-84420-886-6�
cauchemars et detransformations.Élodie Ef parvientà créer un universfantastique et trèspersonnel en renou-velant un genre ancien. Collages,dessins et photographies parsèmentses illustrations poétiques. Les recueils courts de cette série« Loupiote » ont été imaginés pourla deuxième année d’existence desÉditions du Lampion. Spécialiséedans les contes, légendes et fablesillustrées, cette maison propose,dans cette même série, des titrespour adultes. Qui a dit que l’ima-ginaire, l’insolite et le merveilleuxétaient réservés aux enfants ? J. B.
www.editions-lampion.fr
Claire Chollet, Marylin Rich, Luce de Lune,80 p., 9,90 € ; Élodie Ef, Trois sorcières
et des poussières, 9,90€ ;
Dans les deux tomes des aventuresdu Prince Coqueluche, difficile des’ennuyer. Construite comme unconte oriental, l’histoire imaginéepar Édouard Ourdillac est pleine derebondissements, de jeux de motset de palais en pain d’épice. Les illus-trations de Flavia Sorrentino nousplongent joyeusement dans le« fortuné royaume de Frangipane ».Même bonheur pour Luce de Lunequi décrit les péripéties d’une mar-chande de souliers confrontée auxplus loufoques des clients. Va-t-elleréussir à fabriquer des chaussuresen peau de lune ? Que va devenirla femme géante transformée enlacet ? Les personnages des TroisSorcières et des poussières sont,quant à eux, plus inquiétants. Danscette fable sombre inspirée de lalittérature médiévale, un texte envers nous conte des histoires de
Édouard Ourliac, Flavia Sorrentino,
Le Prince Coqueluche, Tomes 1 et 2, 96 p., 9,90 €
livres & lectures / jeunesse
Lettres à Cécile (Oskar Éditions), c’estun roman épistolaire signé RoselineBertin, où il est question d’amour fra-ternel et de maladie, d’amour tout courtet de guérison. À douze ans, Paul aimeCécile, sa sœur, partie dans une grande
ville pour ses études, d’un amour débor-dant. Tout au long de ses missives, il luiconfie tout : les petits événements de la vie,les joies, ses sentiments, et surtout la peurde voir sa sœur rechuter, elle qui, atteintd’une grave maladie, a déjà connu l’hôpi-tal et la souffrance. La solidarité du frèreira loin. Dans Plus petit que soi (Rageot),petit roman illustré de Roseline Bertin, Tom
doit illustrer à travers un exemple person-nel la morale de la fable du lion et du ratde La Fontaine : « On a souvent besoin d’unplus petit que soi ». D’une petite histoireaussi… Nettement plus sombre, le romantémoignage de Catherine Leblanc, Ce crime(Balivernes Éditions), autour de la desti-née tragique d’un jeune garçon, Jonas, tuédans une altercation avec un garçon de saclasse. Des années plus tard, chaque élèvequi figure sur la photo de classe répond auxquestions d’une journaliste qui veut savoirce qu’il reste du drame. Chacun témoigne,contribuant ainsi à dresser le portrait dujeune disparu. L. B.
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Légendes de pocheDes petits recueils de contes qui se glissent au fond d’unsac pour raconter une histoire. Des illustrations originalespour chaque volume. Des personnages singuliers… La série« Loupiote » est une belle idée des Éditions du Lampion.
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TERRE VIVANTE
La Constructionécologiquede Jean-Claude MengoniFormateur dans le domainede la constructionécologique, l’auteur détailleles matériaux et lestechniques permettant, des fondations à la toiture,de bâtir une maison basseconsommation. Une mined’informations pour lesparticuliers qui voudraientmettre eux-mêmes enœuvre leur projet ou pour les aider à dialoguercorrectement avec lesarchitectes et les artisans.
256 p., 28 €ISBN 978-2-36098-013-0
livres & lectures /nouvelles
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Comme souvent, oncroise peu de femmesdans ces pages tenailléespar la guerre, l’exil, les portsoù l’on n’accoste pas. Dans« Pas d’homme pas d’ours »,le narrateur revient d’uneexcursion vers une cabane hantépar la vision d’une femme trèsbelle, se nouant les cheveux dansun geste indicible. Dans l’ultimenouvelle, une femme dépose unmouchoir blanc sur le visage decelui qui vient de mourir. Elle s’as-sied à côté du jeune garçon qui aassisté à la brève agonie, et ce récittragique se clôt sur leurs deux sil-houettes unies par un « sentimentmystérieux et illisible ». C’est doncen deçà d’un halo hors d’atteinte,au cœur des ellipses narratives etde l’universelle solitude que sedéploient ces histoires d’hommes.Des histoires ténues où l’humainne tient qu’à un souffle ou uneparole, à un geste qui tombe juste.Où l’écriture tient, elle, à une grâceinvisible et éblouissante. Danielle
Maurel
Dans ce recueil de neuf nouvelles,la même écriture au microscopeembarque les personnages dansces histoires simplement humainesque l’auteur revendique commeseul terrain d’aventure. Un hommemonte sur le toit de sa maison etaperçoit deux fugitifs marchant surla lande, en direction de la mer. Ungarçon et son frère aîné se lancentdans leur première excursion surla rivière. Dans le chaos et la souf-france de la retraite, un soldatépuisé s’approche d’un abri de tôleoù luit un feu de fortune. Un marinse retire dans la forêt plusieurssemaines durant, survivant à sessouvenirs et à sa peur des ours.Comme souvent, les identités, lescontextes, les pays, tout le circons-tanciel est plongé sous la ligne deflottaison du récit. C’est la surfacequi compte, les mouvements ducœur, les instants où la haineflambe ou bascule dans l’amour,où l’irruption d’un fermier tranchela nuit fraternelle, c’est le poidsmétallique du passé faisant tanguerla beauté des choses.
Hubert MingarelliLa Lettre de Buenos AiresBuchet-Chastel184 p., 15 €ISBN 978-2-283-02486-7
L’homme seraun loup pourl’hommeAvec Thierry Di Rollo et sa science-fiction plus noire que noire, les len-demains ne s’apprêtent pas à chan-ter. Et ce n’est pas son dernier recueilde nouvelles, titré Crépuscules, quirisque d’arranger les choses…Sur le fond, Di Rollo n’invente rien.Dans la forme, il ne recule devantaucune audace. Il brosse toute unegalaxie de personnages composée demineurs de la planète Loren III, deconvoyeurs de vase aux fins d’extrac-tion de poudre jaune, d’amoureuxcrucifiés, de prostituées en danger… Ce lumpenprolétariat de l’avenirn’a guère d’avenir, justement. Quid
des conditions de travail « dans unmonde excentré du secteur IV » ou surune planète Terre finissante, avec cesconsortiums qui, toujours, seront làpour brader les vies humaines ?Avec Di Rollo, la mort révèle/accouchede vérités bonnes à dire. Sur l’exploi-tation de l’homme par l’homme. Surles victimes qui se font bourreaux àleur heure, quand elles ne se trans-forment pas en loups-garous à la veillede se faire lyncher. Sur les cadavres« ressuscités » qui sont la proie dejeunes chasseurs avant de rejoindreleurs rangs au terme de cycles dignesdes meilleurs contes macabres.À signaler que le prochain romande Di Rollo sortira… à la Série Noire,
fort logiquement.Frédérick Houdaer
Thierry Di RolloCrépusculeActu SF, collection« Les trois souhaits »114 p., 8 €ISBN 978 2 917689 25 7
ÉDITIONS ALIDADES
Chants populairesgrecs, Chants de Morttraduits par MichelVolkovitchCe recueil rassemble trente-neuf chantspopulaires, de l’antiquité
au XIXe siècle, sur lesthèmes de la mort, dupassage, des enfers. Si leurorigine se perd souventdans la nuit des temps,ces airs, millénaires pourcertains, résonnent encorede nos jours.
44 p., 5,50 €ISBN : 978-2-906266-96-4
LES MOUTONSÉLECTRIQUES
Sherlock Holmes, une vied’André-François Ruaud et Xavier MauméjeanUne vie de légende, celledu célèbre détective privéSherlock Holmes, que nousproposent de redécouvrir
les auteurs dans cettebiographie complète, depuis sa naissance en 1854 jusqu’à sa disparition à l’orée des années 1930. Une magnifique bibleholmésienne augmentée decahiers d’illustrations N&B.
528 p., 28 €ISBN 978-2-36183-043-4
ÉLAH (ÉDITIONS LYONNAISES
D’ART ET D’HISTOIRE)
Lyon et les originesdu christianisme en Occidentde François Richard etAndré PelletierCette étude exhaustive portesur la première persécutioncontre les chrétiensd’Occident. Martyrs de 177,Blandine, Pothin, Pontique,Biblis, font partie de lamémoire collective lyonnaiseet de son patrimoine, commel’atteste l’impressionnanteiconographie qui accompagne l’ouvrage.
128 p., 22 €�ISBN 978-2-84147-227-7
ÉDITIONS STÉPHANEBACHÈS
Trucs & Astucesde Jacques BertinierL’auteur de Recettes etremèdes de grand-mèresnous livre cette fois sestrucs et astuces. Ce guidetrès complet réunit unemultitude de conseilspratiques pour la maison,la santé et la cuisine. Tous ces petits riens quifacilitent le quotidien.
120 p., 12,50 €ISBN 978-2-35752-106-3
La nuit fraternelleDe livre en livre, Hubert Mingarelli creuse un sillon entêté,un sillon d’eau et de terre, de nature et d’humanité. Etmême si le lecteur sait qu’il en reconnaîtra le tracé, il lesuit et se laisse prendre. La Lettre de Buenos Aires, unrecueil de nouvelles aux pays de l’universelle solitude.
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ÉDITIONS À LA CROISÉE
La Complexité culturellede Ulf HannerzÀ travers cet ouvrage, l’auteurpropose des outils conceptuelset méthodologiques pour une approche anthropologiquede la complexité culturellecontemporaine. Il éclaireégalement le rôle particulierdes villes comme véritableslaboratoires de productionculturelle.
360 p., 33 €ISBN 978-2-912934-21-5
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Lien corps-psychismede Christiane Guyon-Gellinet Annick LecaAprès leur rencontre avec le Docteur Vittoz, qui développe unepsychothérapie corporellepour apprendre à vivre etmieux gérer ses émotionsau quotidien, les auteurss’approprient sa méthode et l’enrichissent. Ellesdécrivent ici des exercicescréés pour leurs patientspendant les séances pour revitaliser le liencœur/corps/esprit.
160 p., 12 €ISBN 978-2-85008-855-1
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Indépendancesafricaines : chroniquesd’une relationcollectifAu-delà des désillusions, ce dossier analyse lesgrandes lignes historiquesdes relations entre laFrance et ses anciennescolonies, oscillant entrehégémonie et coopération.Il montre comment lesartistes ont détourné les pièges de l’identité pour se penser dans le devenir du monde.
248 p., 22 €ISBN 978-2-296-13663-2
VERSO
Corps, paysage,humanitécollectif�Construire indéfinimentl’humanité comme unpoème : belle ambition dela revue Verso et de ce
143e numéro auquel ontnotamment participé PhilippeGuillerme, Mathias Lair, ÉricSimon, Armelle Chitrit, PhilippeBlondeau, Geneviève Vidal,Patrice Maltaverne, BéatriceMachet et Gérard Lemaire.
5,50 €ISSN 0297-0406
REVUES
SCÈNES OBLIQUES
Arpentages Regards, littératures, poésie
Cette revue donne à lire lestraces laissées par les poètes,les auteurs, les artistestraversant les paysages en France et à l’étranger. Au sommaire de ce huitièmenuméro : des textes inéditsde France Mongeau et Jean-Pierre Girard, les troismonologues du spectacle« Voix de femmes/Voix du sang », un témoignage de Pascal Rueff.
120 p., 10 €ISSN 1638-8356
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sur place
Région. La Croisée des errances(à paraître à La Fosse aux ours, à l’au-tomne) méritera plus qu’attention.L’auteur est parti sur les traces deJean-Jacques, lui a emboîté le pas.Ce sera comme une relecture de l’unpar l’autre, une sorte d’(auto)portraitde Rousseau au présent.
Saisir Rousseau l’insaisissable…
Stop. On n’erre plus. Les presses uni-versitaires s’y collent aussi. On annoncela réédition du Journal du séjour àGrenoble de Rousseau par GaspardBovier (PUG). On nous allèche avec latraduction de Rousseau. A very shortintroduction de Robert Lucien Wokler,mais aussi la réédition du bel essai deGoldschmidt, Rousseau ou l’esprit desolitude (c’est dit : les PUL ne raterontpas le train Rousseau). Ou alors on erre plus. On peut
Un avant-goût de Rousseau 2012
Pêle-mêleRousseauOn se réunissait le 11 février àla Bibliothèque municipale deLyon pour évoquer les projetsautour de Rousseau dans lecadre de la commémoration dutricentenaire de sa naissance.Revue de détails, sans soucid’exhaustivité aucun.
Comme Jean-Jacques dans sa jeunesseavait un peu peur des femmes et, pourcette raison, dit-on, les préférait toutes,c’est-à-dire finissait par ne s’enremettre qu’au seul embarras duchoix, à notre tour ne boudons pasnos désirs. Pluralisons joyeusement.Par où commencer sinon par l’errance,cette forme d’être sans forme, quirend le sujet Rousseau aussi désirablequ’inattrapable. L’errance passera doncsi l’on peut dire par Annecy et sonÉcole d’Arts avec une exposition surle sentiment du paysage et les soli-tudes qui vont avec. Et repassera par-tout où ça lui plaira, puisqu’on pro-jette aussi un parcours Rousseauqui empruntera routes et sentiers enRhône-Alpes et au-delà, et se retrou-vera sur une carte dûment signalé.Errances au pluriel donc, comme lamoitié du titre du livre de LionelBourg, fruit d’une résidence itiné-rante réalisée avec le concours de la
compter sur l’Espace Pandora et LaPasse du vent. Le premier donneradans le « Rousseau en kit », petiteexposition pour petites structures.La seconde rééditera notammentune correspondance entre écrivainsautour de l’auteur duDiscours sur l’inégalité.Saisir Rousseau l’insai-sissable, voilà doncle projet de tous etpeut-être résumé leprogramme de l’am-bitieuse exposition«Jean-Jacques Rousseauentre Rhône et Alpes »(Bibliothèque muni-cipale de Lyon, avril-juillet 2012), coupléeavec une expositionvirtuelle sur le portailLectura.fr. Où l’onréfléchira aux années
passées par Rousseau dans la région.Reste le reste, tout le reste. Lamusique par exemple. L’Orchestredes pays de Savoie annonce une ver-sion concert de l’Orphée de Glucktandis que les Chœurs et Solistes deLyon-Bernard Tétu préparent unecréation avec une commande aucompositeur Philippe Hersant. Etencore d’autres expositions, et desconférences en veux-tu, en voilà, etdes livres comme s’il en pleuvait.Rousseau 2012 projets sinon plus.Même pas le temps de conter fleu-rette. Se perdre d’amour entredeux jeunes personnes sous unarbre à fruits un jour d’été à Thônes,ne sachant plus qui de l’une ou del’autre… Vous savez, l’embarras duchoix. Roger-Yves Roche
Manuscrit autographe du Devin du village de Jean-Jacques Rousseau.
Sur le blog Rousseau 2012…Retrouvez plus d’informations sur les projets encours dans le cadre du Tricentenaire, mais aussides contributions originales, une galerie d’images…L’exposition programmée à la Bibliothèque munici-pale de Lyon en avril-juillet 2012, « Jean-JacquesRousseau entre Rhône et Alpes », dont le commis-
sariat a été confié à Michaël O’Dea, professeur émériteà l’Université Lyon 2, se fixe le double objectif de pré-senter les années passées par Rousseau dans l’actuellerégion Rhône-Alpes et de proposer une réflexion sur lesens de ce parcours unique. Découvrez également l’his-toire d’une édition clandestine du Contrat socialpubliée à lyon en 1762 ; « Rousseau et la musique », àtravers un colloque de l’Œil (Observatoire de l’Écriture,de l’Interprétation littéraire et de la lecture, à Chambéry) ;ou encore « Jean-Jacques Rousseau par Michel Raskine »…
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Sélection des nouveautés deséditeurs de Rhône-Alpes réalisée par Marie-Hélène Boulanger
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École : les succès de la crise
L’école en Francede 1945 à nos joursVoici une étude précise, dense, fouillée, sur lespolitiques scolaires en France depuis la fin dela Seconde Guerre mondiale jusqu’à nos jours.L’auteur, professeur en Sciences de l’éducationà l’université Lyon 2, passe au crible soixanteannées de réformes en tenant compte aussi biendes acteurs du système éducatif (enseignants,monde politique et syndical) que des réactionsvenues du « dehors ». Tous les étages du sys-tème sont pris en compte, de l’école primaire àl’université en passant par l’enseignement pro-fessionnel, sans oublier le couple public/privé.
Loin d’être une histoire univoque, ce livre dresse untableau moins noir que nuancé de l’éducation à lafrançaise. L’école a su transformer ses crises succes-sives en autant de succès, quand bien même ceux-cidemanderaient à être relativisés. À la fin, l’auteur plaide
avec raison et passion pour une écoleenfin libre (mais pas pour l’écolelibre… !) et surtout désirable : oùl’« imagination quasi poétique doit secombiner à la rigueur logique » et oùle savoir aurait vocation à transformeret libérer l’individu. À bon entendeur…R.-Y. R.
André D. RobertL’École en France de 1945 à nos joursPresses Universitaires de Grenoble 312 p., 19 €ISBN 978-2-7061-1606-3
Michel Cornaton : Un livre-charge contre l’auteurdes Héritiers
Ni (Bour)dieuni maître ! C’est un petit livre polémique qui ne mâche pas sesmots. L’auteur y règle ses comptes avecPierre Bourdieu, le sociologue de l’habituset de La Distinction. Le ton est véhémentmais jamais acerbe. Que reproche Cornatonà Bourdieu ? En gros et pour simplifier àoutrance, d’avoir écrit le contraire de ce qu’ila fait – ou l’inverse. D’où le sous-titre enforme de schize : une vie dédoublée. Puisantprincipalement dans l’Esquisse pour uneauto-analyse qu’il appelle son « journalposthume », Cornaton démonte la « penséeen actes » du sociologue, depuis son séjour
en Algérie jusqu’à son accession au Collège de Franceet brosse un portrait pas très reluisant de celui qu’ilconsidère comme un « intellectuel investi d’unemission d’évangéliste républicain ».L’affrontement tourne parfois au meurtre symbolique,violemment symbolique : « Provincial monté à Paris,devenu sociologue dominant d’une société de cour, PierreBourdieu s’inscrit dans la suite française, dépassant rare-
ment les frontières hexagonales… » Maislà n’est peut-être pas l’intérêt de cettecharge. Car se dessine en contrepoint etpar contrecoup l’autoportrait de l’auteurCornaton, qui oppose à la « sociologie decombat » de Bourdieu l’idée d’une « socio-logie partagée ». Une autre idée, et morale,de l’intellectuel. R-Y. R.
Michel CornatonPierre Bourdieu, Une vie dédoubléeL’Harmattan154 p., 15 €ISBN 978-2-296-13234-4
LA FAUTE À ROUSSEAU
Les Objets d’une viecollectifLe numéro 56 de la revue de l’Association pourl’autobiographie et lepatrimoine autobiographiqueconsacre son dossier aux « Objets d’une vie ». Les auteurs nous parlent de leurs objets… objetssinguliers ou pluriels, objetsde mémoire, objets mis enscène qui peuplent nos vies.
9 €ISSN 1168-4704
livres & lectures /essais
Week-end poétiqueImaginée et éditée en Ardèche,la revue Faire Part offre, dansun numéro annuel, un bel écrinà la poésie contemporaine. Pour
fêter son dernier numéro consacré àJean-Marie Gleize, un week-end derencontres-lectures-colloque est orga-nisé à Privas.« La poésie n’est pas une solution ».Étrange programme ? C’est le titrede ce dernier numéro de Faire Partqui rend hommage à Jean-MarieGleize, écrivain, poète et essayiste.Ancien directeur du Centre d’étudespoétiques de l’École normale supé-rieure de Lyon, l’auteur, dans unelongue méditation en prose, s’intéresseà l’émergence d’une écriture « objec-tive ». L’ouvrage rassemble les textesde nombreux auteurs. Certains,Benoît Auclerc, Nathalie Barbeger,Alexandre Eyriès, Philippe Labaune,Alessandro de Francesco et NouraWedell, échangeront sur le poète etson œuvre lors des rencontres du 18et 19 mars, qui se déroulent à Privas.Interventions, lectures et débats sontau programme. Le théâtre est égale-ment à l’honneur avec la mise en scènede Philippe Labaune tirée de Tarnac,publié par Jean-Marie Gleize en 2009aux Éditions Contre-Pied. Enfin, uneexposition à la Galerie du Théâtre ras-semblera jusqu’au 9 avril les travauxdes artistes plasticiens qui ont illustréce numéro de la revue Faire Part. J. B.
Autour de Jean-Marie GleizeExposition du 16 mars au 9 avril 2011Galerie du Théâtre, PrivasRencontres - Lectures les 18 et 19 marsTél. 06 86 41 97 77
www.revue-faire-part.fr
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Pascale PichonVivre dans la rue.Sociologie des sansdomicile fixePublications de l’Université de Saint-Étienne 228 p., 16 €ISBN 978-2-86272-562-8
Vivre dans la rueJadis vagabonds, naguère mendiants, aujourd’hui sansdomicile fixe : ce ne sont pas les appellations qui man-quent pour qualifier ceux qui vivent dans la rue et quitentent tant bien que mal de survivre à la misère quoti-dienne, son lot d’épreuves et de souffrances.Pascale Pichon, sociologue et maître de conférences àl’université Jean Monnet de Saint-Étienne, a tenté decomprendre la vie des SDF, les a suivis depuis l’entrée dansla « carrière de survie » jusqu’auxpossibilités d’en sortir. Il s’agit làd’une véritable enquête de terrainqui nous donne accès aux codesde sociabilités des SDF à traversune galerie de portraits singuliers-humains. Une réflexion engagée. Cetouvrage a été publié une premièrefois en 2007, aux éditions Aux lieuxd’être (Paris). R.-Y. R.
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Le syndrome Stendhal
Le 16 février, Philippe Berthierétait de passage à la Bibliothèquemunicipale de Lyon, dans le cadredu cycle « Écrivains de toujours »,pour une conférence sur Stendhal.
Il arrive avec un petit papier groscomme un timbre poste qu’il sortnaturellement de sa poche, peut-être un des quinze testaments del’auteur de la Chartreuse, allezsavoir ! Il parle à voix intelligible,pose d’emblée son exposé, entre
vite dans le vif du sujet, ne s’em-brouille jamais. Il énumère juste cequ’il faut, des noms de femmes,quelques dates et lieux : Milan pourtoujours et Paris pour l’amour, cequi revient au même. Il se permetun retour en arrière et deux détourspar les à-côtés, mais jamais ne seperd. Il conte la vie d’un écrivaincomme on doit raconter l’œuvred’un homme. C’est la même veine,le même sang. Couleur merveille.Et c’est vraiment merveille que devoir un homme maître à ce pointde son sujet, son auteur, sa passion.
On sait qu’il a trouvé son Autre.On aurait pu dire les choses plusrapidement, au galop. Il vit avec. Ilécrit sur. Il aime. C’est PhilippeBerthier en subtil passeur deStendhal, un soir de février et debonheur partagé à la Bibliothèquemunicipale de Lyon. To the happyfew. Et plus, si affinités… R.-Y. R.
(Philippe Berthier vient de publier sonneuvième livre sur Stendhal : Stendhal, vivre,écrire, aimer, Éditions de Fallois)
rétr
o Livre & Lire : journal mensuel, supplément régional à LivresHebdo et Livres de France, publié par l'Agence Rhône-Alpespour le livre et la documentation.
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Vivre pour écrireSylvie Massicotte est à Lyon pour trois mois. Arrivéeà la mi-janvier dans le cadre de la résidence croi-sée Rhône-Alpes / Québec, organisée par l’ARALDet l’UNEQ avec le soutien de la Région Rhône-Alpeset du Conseil des arts et des lettres du Québec,cet auteur de nouvelles, de romans pour la jeunesseet de textes de chansons se ressource entre Rhôneet Saône. Rencontre.
Sylvie Massicotte est complètement écrivain. Pourtant,elle cultive une certaine idée du partage. SylvieMassicotte n’a pas peur du paradoxe. « Il y a une péda-gogue en moi », avoue-t-elle d’emblée. Mais sentantque l’empathie et la découverte de l’écriture à traversles autres risquaient d’encombrer une voie littérairechoisie très jeune, l’écrivain s’est tenue à distance del’enseignement, sans pour autant renoncer aux ate-liers d’écriture et à l’accompagnement de manuscrits,autant d’activités dont elle a fait son métier, à Montréal,où elle vit aujourd’hui. Enfin presque. Sa maison, aumilieu de la forêt, se situeà quarante-cinq minutesde la ville. Une région decalme et de pommes,toute proche de la fron-tière américaine. C’est làque Sylvie Massicotte s’estinstallée, à l’abri. C’est làqu’elle écrit. Des nou-velles surtout. Son champde bataille littéraire pré-féré : « Je suis une com-battante de la nouvelle »,explique l’auteur, vive,enjouée, enthousiaste.Cinq recueils sont sortisjusque-là. « C’est un genrequi se prête à ce que j’aienvie de raconter. Jeregarde les choses à laloupe, j’explore le détail. »C’est de là que doit surgir
femme n’est pas d’un naturel sou-mis mais lorsqu’un de ses professeurslui dit que « pour écrire, il faut avoirvécu », elle obéit, décide de « vivre ».Cela donne trois ans de voyage unpeu partout dans le monde entre1983 et 1986. À son retour, elle s’ins-talle à Montréal où elle fait unemaîtrise en « création littéraire ».Son premier recueil de nouvelles,L’Œil de verre, paraît au Québec en1993. Sylvie Massicotte a un peuplus de trente ans.Depuis lors, l’écriture continue à tra-cer en elle sa voie. « Lentement »,précise-t-elle. Pour vivre, elle enseignele français aux immigrants pendantplusieurs années, puis finit par conci-lier la création littéraire et son goûtdes autres. Quinze ans d’ateliersd’écriture : « Être en contact avec ladécouverte de l’écriture, retourner àla source avec des gens qui décou-vrent cette aventure, c’est énergisant.Les ateliers, pour moi, sont commeune seconde nature… ». La premièrereste les nouvelles, le roman qu’elleprépare, les textes de chansonsqu’elle aime capturer ici ou là surses chemins. Et si elle est à Lyonpour marquer une pause et senourrir, c’est aussi, plus tard, pournourrir les autres. Laurent Bonzon
Samedi 19 mars à 10h, Sylvie Massicotte est l’invitée du Cercle des lecteurs desbibliothèques municipales du 1er et du 4e arrondissements de Lyon (7, rue Saint-Polycarpe, Lyon 1er arr.).
Lundi 21 mars, dans le cadre des Journées de la francophonie, l’écrivain sera à Berlin, à l’invitation conjointe de l’Institut français et du Bureau du Québec, dans le cadre d’unévénement intitulé « Plumes nomades ».
Les livres de Sylvie Massicotte sont disponiblesà la librairie Passages (Lyon, 2e arr.).
la fulgurance propre à la nouvelle, à laquelle SylvieMassicotte est tant attachée. Il est vrai que, à quelquesmiles de chez elle, la tradition des short stories restedéterminante. Partir de là, On ne regarde pas les genscomme ça, Le Cri des coquillages…, ses recueils sonttous parus aux Éditions de L’instant même. On yretrouve la subtilité de l’écrivain, son amour de la len-teur, mais aussi sa passion pour l’écriture. Des poèmes ?« Je place la poésie trop haut pour en faire… », répondSylvie Massicotte. Un nouveau principe de précaution(littéraire) qui mériterait d’être institué.
L’atelier d’écriture, une seconde nature…
Sylvie Massicotte aime Hugo Claus, Flannery O’Connor,Louise Dupré, fait l’éloge de l’inconfort en littérature,et professe le refus de l’ennui dans la vie. « J’ai tou-jours eu peur de m’ennuyer, dit-elle, et c’est pour çaque j’ai une vie extrêmement variée. » Son envie de diver-sité et de chemins de traverse est née très tôt. Originairede Richmond, une petite ville d’Estrie, elle grandit encompagnie d’une amie imaginaire, raconte et écrit déjà
des histoires, se lance dans la corres-pondance avec une jeune Françaisede son âge qu’elle finira par rencon-trer des années plus tard, et par retrou-ver à Lyon, il n’y a pas si longtemps.Sylvie Massicotte aime ces signes dudestin, ces liens qui s’allongentcomme des phrases et qui résistentau temps. Un peu comme l’écriture.À seize ans, la jeune fille annonce àses parents qu’elle voudrait prendreune année sabbatique pour écrire. Çaleur fait drôle mais ça se fait. Elle estcaissière dans une station-service etécrit ses premiers textes de fiction.Jusqu’à ce que l’un de ses contes pourenfants soit monté dans un théâtrede Montréal, les parents sont tout àfait sceptiques. Un peu moins par lasuite. Cela s’arrange nettement lors-qu’elle reprend ses études de lettresà l’université de Sherbrooke. La jeune
Directeur de la publication : Geneviève Dalbin
Rédacteur en chef : Laurent Bonzon
Assistante de rédaction :Julie Banos
Ont participé à ce numéro : Marie-Hélène Boulanger, Claude Burgelin, CarineFernandez, René Gachet,Myriam Gallot, FrédérickHoudaer, Danielle Maurel, Yann Nicol, Roger-Yves Roche.
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ISSN 1626-1331
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Remerciement à Françoise Monnet(Le Progrès) pour la photographiede Jean-Jacques Lerrant.