Post on 11-Apr-2017
Introduction
Partie 1 : Terminologie et analyse du terrorisme 5
Chapitre 1 : Terminologie du terrorisme 5
Chapitre 2 : Analyse du terrorisme 38
Partie 2 : Techniques et financement du terrorisme 75
Chapitre1 : Techniques du terrorisme 75
Chapitre 2 : Le financement du terrorisme 1 15
Bibliographie indicative 144
Introduction générale
Si la guerre est aussi ancienne que l’espèce humaine, le terrorisme est un
phénomène relativement récent. De tout temps, on a assassiné des dirigeants
et massacré des «civils innocents», mais il faut une conjonction historique
bien précise pour qu’il y ait besoin d’un mot, terrorisme, pour désigner la
chose. Le terrorisme est nommé quand il est théorisé. Ainsi, l'idée et la
stratégie terroriste apparaissent dans un contexte historico-militaire
européen et révolutionnaire précis, lorsqu’une volonté idéologique de
toucher les masses se précise et au moment où existent les moyens
techniques de le faire. Le terrorisme ne se résume donc ni à l’emploi de la
violence politique pour éliminer un adversaire, ni à la recherche d’un effet
psychologique (la terreur), ni à une méthode («lâche et aveugle», s’en
prendre à des civils, etc.). Il naît de la conjonction d’idées, de moyens de
destruction et de moyens de transmission.
S’il faut fixer une date de naissance à ce «vrai» terrorisme, ce sera à la fin
du XIXe siècle lors de l’apparition des mouvements anarchistes russes.
C’est alors que le «terrorisme» prend sa signification actuelle: la violence
d’organisations clandestines luttant contre l’État par la terreur. Le terrorisme
va désormais être caractérisé par la stratégie des 3 s: secret, surprise et
symbole. L’organisation terroriste cherche à la fois à se dissimuler avant
d’agir, à créer la confusion et l’affolement dans le camps ennemi (plutôt
qu’à lui infliger un réel dommage matériel) et à transmettre un message à
d’éventuels partisans.
La question du terrorisme est revenue, depuis quelques années, au premier
plan de l’actualité. Le problème du terrorisme se généralise de façon
inquiétante. Le terrorisme se manifeste aujourd’hui à peu près partout, et il
le fait fréquemment sous la forme d’un terrorisme international. Les progrès
techniques dans la communication de la pensée ou dans la fabrication
d’objets ou de produits dangereux, la diffusion des mass media, ont rendu
plus fréquentes les pressions psychologiques exercées par l’emploi ou la
menace de l’emploi de moyens violents.
Cet ouvrage est divisé en deux grandes parties ; la première partie traite de
la terminologie et l’analyse du terrorisme et la deuxième partie traite des
techniques et financement du terrorisme.
Partie 1 : Terminologie et analyse du terrorisme
Chapitre 1 : Terminologie du terrorisme
Il n’y a pas un mouvement ou une organisation terroriste qui n’ait utilisé
cette méthode.
Staline disait de l’assassinat « En frapper un pour en éduquer cent »
Jambisation
C’est un acte violent, pratiqué dans le cadre d’une punition ou d’un
avertissement avant une éventuelle exécution. Cela va de simples coups de
batte de base-ball dans les jambes aux coups de pistolet tirés à bout portant
dans les chevilles ou les jambes. La jambisation a surtout été utilisée en Italie
(Brigades rouges dans les années 1970) mais également au pays basque
français et en Irlande.
En Irlande du Nord, les milices paramilitaires, aussi bien catholiques que
protestantes, organisent ces attaques punitives à l’encontre des membres de
leur propre communauté, déviants politiques ou soupçonnés de délits de droit
commun.
Les gens de quartiers catholiques d’Irlande du Nord qui étaient
confrontés à une importante délinquance, demandaient à l’IRA de punir les
délinquants les plus durs et les récidivistes (le délinquant pouvait être un
gosse d’une dizaine d’années) Le plus sévère de ces châtiments consistait à
détruire par balle un ou les deux genoux.
L’IRA utilisa également ce procédé au cours des mans 70et 80 pour
tester la valeur d’un nouveau membre le futur combattant devait maintint le
délinquant pendant qu’un officier lui tirait dans le genou.
Exemples :
- En Italie, 3 jambisations ont été exécutées sur des journalistes en
1977 et le 4 mai 1978, plusieurs personnalités politiques et industrielles ont
été jambélisées :
En Inde, des hommes du groupe fondamentaliste panislamique Lahkar-i-
Taiba ont blessé à coups de pistolets dans les jambes deux femmes dans un
salon de beauté de Srinagar, capitale d’été de l’État du Jammu-et- Cachemire
dans le district de Guinchons.
Ils souhaitaient par ce geste sanctionner la tenue vestimentaire de s ces
femmes.
- Kidnapping
C’est l’enlèvement, le rapt d’un individu pour obtenir une rançon. De
nombreux mouvements ou organisations se servent du kidnapping pour
financer ler activités.
Si l’on devait coter en Bourse les techniques de guérilla moderne, nul
doute que le kidnapping ou la prise d’otages seait une valeur sûr en forte
hausse. 20 000 à 30 000 enlèvements assortis de demande de rançon se
produisent chaque année dans le monde.
- La plupart du temps, ces prises d’otages sont essentiellement
motivées par l’appât du gain plutôt que par une quelconque revendication
politique, surtout lorsque les kidnappés sont des touristes occidentaux.
- Le 23 avril 2000, des vacanciers étaient enebés en Malaysia orientale
et emmenés de force par des rebelles du groupe d’Abu Sayyaf sur l’île de
Jolo, au sud d’ l’archipel philippin.
- Cet enlèvement fut très médiatisé.
- Les amoureux des voyages sont de plus en plus nombreux et
deviennent de véritables cibles pour les rebelles, bandits, extrémistes et
ravisseurs professionnels avides d’argent et de moyens de pression.
- Au Yémen, en Casamance (Sénégal), au Cachemire (Inde), en Haiti
et dans bien d’autres pays, il ne fait réellement pas bon d’être touriste.
Il est vivement conseillé, avant de couler ses alises, de se renseigner
auprès du ministère des Affaires étrangères et des agences de voyages si le
pays de destination choisi est sûr.
Il en va de même pour les pongistes, (se prononce phonétiquement
O.N.G.ists venant du sigle ONG, organisation un gouvernementale). Ces
pongistes bénévoles travaillent dans des pays à risque au profit d’associations
internationales ou nationales comme le comité international de la croix rouge
(CICR), le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR),
Médecins sans frontières, Action contre la faim, etc.
Les pongistes restent des cibles de choix pour les groupes rebelles et les
terroristes Mais si leur enlèvement débouche souvent sur une libération avec
ou sans rançon, il peut également se conclure par un assassinat collectif.
Les exemples ne manquent pas : enlèvements de plusieurs employées du
CUCR en Géorgie, massacre de plusieurs bénévoles du HCR au Timor.
Un officier américain, le colonel William Higgins, fut kidnappé le 17
février 1988 et exécuté le 31 juillet 1989 à Beyrouth au Liban soit 528 jours
après son enlèvement.
Les différents aspects du terrorisme
Bioterrorisme
Nouvelle forme de terrorisme utilisant en guise d’armes des substances
biologiques, chimiques ou bactériologiques. En 1972, un extrémiste de droite
est arrêté à Chicago en possession d’environ 35 à40 kg de culture du virus de
la typhoïde.
Son but était de déverser ce virus dans le réservoir d’eau de la bille.
En 1983, la police américaine a arrêté deux frères possédant quelques
grammes d’agents biologiques mortels. En avril 1990, une équipe de la secte
AUM lança une attaque contre plusieurs bases américaines au Japon en
propageant des germes de botulisme. Heureusement, rien ne se produisit.
Ce produit, la toxine botulique, un des plus mortels, est en fait une toxine
biologique transmissible par voie digestive avec un délai d’incubation d’un
jour à une semaine provoquant fièvre, diarrhée, paralysie et enfin la mort.
En 1993, la secte recommença ses expériences d’attentats biologiques
avec cette fois-ci des bacilles d’anthrax, C’est cinq ans plus tard, en mai
1998, lors du procès d’un des dirigeants de la secte Arum, que ce dernier
avoua que l’attentat biologique de 1993 avait été perpétré. Pendant la guerre
du Golfe, on a découvert en Irak des usines et des dépôts contenant des
matières biologiques et chimiques.
En 1995, utilisation du gaz sarin par la secte Aum lors de deux attentats
dans le métro japonais : un le 5 mars à Yokohama, l’autre le 20 mars.
En 1995, la première personne à être condamnée dans l’histoire du
bioterrorisme est un américain, Douglas Baker, au titre de la loi américaine
antiterroriste de 1989 sur les armes biologiques. Les terroristes disposent ainsi
d’un moyen supplémentaire pour perpétrer de nouveaux attentats.
On parle de super terrorisme lorsque le but recherché est de faire un
grand nombre de victimes. Pour ce faire, on utilisera des armes dites de
destruction massive (ce terme vient, à l’origine, de la terminologie du traité
de Varsovie : l’utilisation du nucléaire, du biologique et du chimique : NBC).
On retrouve maintenant dans cette appellation l’usage en très grandes
quantités d’explosifs de forte puissance (exemple : l’attentat du World Trade
center à New York, utilisation d’explosifs et de bouteilles de gaz) ou d’armes
bactériologiques.
En décembre 1995, des indépendantistes tchétchènes menacèrent de faire
exploser une bombe nucléaire artisanale, correspondant en fait à une bombe
explosive classique contenant des résidus radiologiques qui, au moment de
l’explosion, aurait dispersé des particules radioactives, contaminant ainsi la
ville de Moscou une certaine quantité de césium 137 hautement radioactif.
Terrorisme à cause unique
Très proche du terrorisme religieux quant au fond mais différent quant
au ciblage des objectifs, le terrorisme à cause unique s’est développé dans les
pays anglo-saxons. Il est généralement le fait de groupes militants rassemblés
autour d’une idée particulière mais qui n’ont pas généralement de projet
politique global.
Ce terrorisme comprend les mouvements végétariens, écologistes (éco-
terrorisme), antisexistes (Front de libération des animaux) et anti-avortement.
Pour les groupes anti-avortement (anti-abrotonite), ils peuvent prôner
l’usage de la violence contre les avocats qui défendent la cause du libre choix
et/ou aussi le meurtre des médecins qui pratiquement l’avortement.
Terrorisme communautaire
Cette catégorie renvoie aux minorités indépendantistes en lutte contre un
État. Cela pourrait également s’appliquer aux mouvements nationalistes,
sécessionnistes ou même irrédentistes qui se développent lorsque des
frontières politiques ne correspondent pas aux frontières linguistiques et
culturelles (Exemple : les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul au Srl- Lanka
ou encoure le Mouvement de libération du sud Tyrol (Trentin-Haut-Adige).
Terrorisme de droit commun
C’est l’usage de la terreur pour satisfaire des objectifs exclusivement
criminels.
Dans cette catégorie, tombent le terrorisme de la mafia en Italie, UNA
Bomber aux États-Unis, le narco terrorisme en Amérique du sud ou le
terrorisme philippin,
Terrorisme d’État. Ce terrorisme est surtout l’utilisation illégale et
illégitime de la violence il est pratiqué par tous les États, à un moment ou un
autre, sous le fameux couvert du secret d’État ou de la raison d’État. Il peut
aussi s’agir de pays réglant leurs comptes par tueurs interposées avec des
opposants réfugiés dans des pays tiers ou faisant exécuter, à titre de
représailles, les représentants de pays hostiles ou supposés tels.
Ce terrorisme est perpétrés soit par attentats, soit par assassinats commis
contre des personnalités du monde politique (affaire Chapour Bakhtiar).
C’est aussi le recours systématique à des mesures d’exception, à des
actes violents par un gouvernement agissant contre ses propres administrés et
par extension contre les populations d’un État ennemi. Le 5 mai 1989, le
président du parlement iranien, Hachémite Rafsandjani lance à tous les
Palestiniens un appel au meurtre de tous les Français, Britanniques et
Américains en représailles à la brutalité sioniste en Palestine.
Terrorisme d’extrême-droite ou de gauche
Il occupe une place particulière car il n’ s’inscrit pas dans une logique de
désagrégation de l’État. Au contraire, sont objectif est de créer et de mettre
en évidence une situation de chaos qui doit pousser l’État à renforcer sa
présence, voire instaurer un régime de dictature.
C’était la stratégie du terrorisme noir pendant les années 1980 en Italie
(un peu plus de 240 morts entre 1974 et 1981).
Terrorisme de guérilla.
Il s’inscrit dans un processus révolutionnaire ou dans une guerre de
libération en cours et bénéficie d’un large soutien populaire. Il s’agit, par
exemple, de la résistance contre l’occupant nazi durant la Seconde Guerre
mondiale, l’Irgoun sioniste pour lutter contre les Arabes puis les Britanniques
en Palestine mais aussi les séparatistes tamouls (Inde) ou la résistance
afghane.
Terrorisme informatique.
Il est le fait de détruire ou de corrompre des systèmes informatiques,
dans le but de déstabiliser un pays ou de faire pression sur un gouvernement.
Il ne peut être vraiment efficace que si cet acte est établi sur une stratégie à
long terme et sur la maîtrise d’un très grand nombre de facteurs. On peut
considérer trois formes d’agression informatique :
- La première s’apparente à l’action psychologique traditionnelle : on
utilise le vecteur pour faire passer des messages en comptant sur la capacité
de communication du médium pour produire des effets d’influence qui
incluent la persuasion douce et l’intoxication pure et dure,
- La deuxième constitue un acte de violence simple puisqu’ il s’agit de
détruire extérieurement un terminal constituant un nœud stratégique dans un
réseau donné (financier, transport, communication) partout où il y a gestion
de flux denses ;
- La troisième forme est une agression interne ou piratage des
systèmes informatiques de manière parfaitement synchronisée et de très
longue haleine.
- Elle prend différentes formes comme par exemple l’infiltration
d’agents dans différentes compagnies qui pourront insérer dans les systèmes
informatiques des virus, chevaux de Troie, embouteillage, bombes logiques…
Un programme ou un morceau de programme est alors placé dans un
ordinateur avec pour but la destruction ou la modification de données ne se
déclenchant que lorsqu’ une certaine condition se réalisera, par exemple
lorsque le nom d’un employé est effacé de la liste des employés (technique
utilisée comme vengeance en cas de licenciement).
On retrouve également les vack doors (littéralement « porte de
derrière »), programmes créés par un informaticien qui lui permettront de
pénétrer dans un système informatique, lorsque celui-ci aura été installé chez
le client et ce, à l’insu de ce dernier.
Il est possible d mener trois types d’actions contre un système
d’informations :
- L’attaque physique qui consiste à endommager les équipements de
manière classique par des actes terroristes tels que bombe, incendie, etc.;
L’attaque syntaxique qui consiste à modifier la logique du système, afin d’y
introduire des délais ou d’en rendre le comportement imprévisible au moyen
de virus ou de chevaux de Troie ; L’attaque sémantique plus perfide. Elle
exploite la confiance qu’ont les utilisateurs dans leurs systèmes. En fait, il
s’agit de modifier les informations en entrant ou en sortant de ces systèmes, à
l’insu des utilisateurs afin de les induire en erreur.
- Terrorisme intellectuel
C’est un mécanisme totalitaire pratiquent le mensonge, l’anathème, le
procès d’intention et ou la chasse aux sorciers il fait obstacle à tout vrai débat
sur les questions essentielles qui engagent l’avenir d’une région, d’un pays,
d’une nation ou encore d’un mouvement ou d’une organisation. Ce genre de
terrorisme peut aussi consister à assimiler injustement un adversaire, une
personne à un groupe ou un mouvement pour le déconsidérer des autres
personnes. Cela peut être aussi des paroles offensantes ou des expressions
outrageantes allant jusqu’ à des termes de mépris qui ne renferment
l’imputation d’aucun fait.
Terrorisme de marginal
C’est le fruit d’une poignée d’illuminés qui tentent d’entamer un
processus révolutionnaire mais sans aucun support populaire. Ces
mouvements revendiquent généralement la théorie de Foco de che Guevara
qui prône l’action terroriste pour mobiliser les masses.
Dans cette catégorie figure la Bande-à Baader ou la Fraction armée rouge
(RAF) en Allemagne, les Brigades rouges (BR) en Italie ou Action directe
(AD) en France.
Terrorisme politique
Bien que situé en dehors d’un processus révohtionnaire, il constitue le
mode d’action de partis politiques officiels dont il exploite le soutien
populaire.
C’est le cas de l’Irisât Republican Army (IRA) en Irlande, de l’Euskadi
Ta askatsuna (ETA) en Espagne. Sa distinction avec le terrorisme de guérilla
est souvent délicate.
Un des objectifs du terrorisme politique est de faire connaît le
mouvement et ses intentions. Il s’inscrit à la fois dans les concepts du
marxisme de corrosion d’ordre social et de propagande armée.
Terrorisme religieux
Il est plus récent au moins sous sa forme moderne et s’inscrit dans une
croisade contre l’infidèle. Il se veut porteur d’un message religieux. Il se
rapproche du terrorisme politique mais s’en distingue par une violence plus
intense. Il a fait son apparition en 1980, un an après la révolution iranienne et
se voudra et sera un modèle pour presque toutes les organisations islamiques
en appelant à la guerre sainte. Le plus ancien et le plus important terrorisme
religieux qui se pratique au nom e l’islam est celui des Chiites avec entre
autres 247 attentats pour 1 057 victimes entre 1982 et 1989. Dans cette
catégorie, on retrouve aussi le terrorisme islamique (Hezbollah, GLA, AIS
etc.) hindou et la secte japonaise d’AUM Shinri Kyo.
Entre 1982 et 1989, 8% des actes terroristes furent des attentats religieux
faisant à eux seuls plus de 30% de victimes. En 1992, e terrorisme religieux
représentait le quart du terrorisme actif soit onze mouvements sur quarante-
huit.
En 1995, ce terrorisme représentait le tiers du terrorisme actif soit vingt-
cinq mouvements sur cinquante-huit. Le fondamentalisme religieux passe au-
delà des frontières et transcende tous les ennemis du grand Satan (pour
désigner les États-Unis) et du petit Satan (pour Israël).
Terrorisme révolutionnaire.
Ce type de terrorisme d’inspiration révolutionnaire a été circonscrit en
Europe dans les années 1970.
Il s’inspire en général des idées marxistes dans leur variante léniniste.
L’idée en a été que : « la violence est l’accoucheuse de l’histoire » ce qui
amena certains mouvements à chercher à forcer le cours de l’histpropagan de
armée .L’Italie avec les Brigades rouges et l’ex République fédérale
allemande avec le Rote Armée Fraction (Fraction armée rouge) ont été les
plus marqués des pays européens.
Les mouvements terroristes peuvent faire partie aussi bien de la tendance
extrême-droite (néonazisme, antisémitisme, racisme ou néo-fasciste)
qu’extrême – gauche (marxisme, léninisme ou myalisme).
Terrorisme social ou social-terrorisme.
C’est le plus récent mais aussi le moins violent. Il peut être initié par
Monsieur tout le monde suite à un conflit social, par exemple, au cours
duquel des ouvriers et des employés prennent en otage leur entreprise ou leur
usine afin d’infléchir le patronat et certaines instant ces gouvernementales
dans le but de défendre leurs droits et faire valoir leurs revendications.
Les protagonistes menacent alors d’avoir recours à des produits
dangereux ( acides, gaz, solvants, produits pétroliers, etc.) qui, répandus dans
la nature, peuvent provoquer une pollution importante ou bien encore de
détruire partiellement ou totalement les installations générant un risque
majeur de pollution ou d’accident très grave pour l’environnement et pour les
populations environnantes . Ils utilisent également une autre tactique ( très
prisée par certains mouvements ou organisations terroristes) avec la
médiatisation de leur conflit : la présence de journalistes, de photographes, de
chaînes de télévision et de radios nationales voire internationales leur permet
de faire connaître leurs revendications sociales .
Le terrorisme social violent est apparu en France début 2000 : dans les
Ardennes prise en otage d’une usine contenant des produits toxiques.
En alsace, c’est une brasserie détenant des cuves de gaz qui sera prise en
otage.
Les différentes catégories de terrorisme
Catégorie autonomiste
Sympathie d’une partie, même limitée de la population, dans laquelle elle
évolue .
C’est le cas pour les mouvements corses ou bretons.
Catégorie déstabilisatrice
Art de susciter des attentats spectaculaires
Catégorie ethnique
Se rapporte aux causes religieuses, régionales ou linguistiques
Catégorie idéologique
Cohésion que confère une doctrine élaborée et appliquée avec fanatisme
elle concerne les anarchistes, les gauchistes, les communistes, les écologistes
et l’extrême-droite ( Exemples : action directe, groupes antisémites,
antinucléaires…)
Catégorie nationaliste
Capacité à s’organiser et à trouver les moyens nécessaires à l’action
(armes, explosifs, moyens de transmission…) Elle concerne les
anticolonialistes ou les irrédentistes (IRA,ETA,OLP…)
Catégorie pathologique
Il se caractérise par son aspect imprévisible et la capacité des personnes
concernées à dissimuler leurs intentions et leurs activités.
Catégorie politique (terrorisme d’État)
C’est l’usage de moyens importants et le recours au professionnalisme
des acteurs (Exemple : les groupes antiterroristes de libération (GAL) utilisés
par le gouvernement espagnol sur le sol d’Espagne ou de France ou encore
l’utilisation de services spéciaux par le gouvernement israélien).
Catégorie subversive
Qui visa à déstabiliser un type de société. La Fraction armée rouge, la
Bande à Baader ou les Brigades rouges sont les meilleurs exemples.
LES DIFERENTES FORMES D’ATTENTATS
Attentat par procuration
L’engin explosif est posé par un individu contraint ou dissimulé dans un
véhicule à l’insu du propriétaire. Cette pratique a été développée par l’IRA en
Irlande du Nord.
Attentat à la voiture piégée.
L’objectif est de blesser ou tuer l’occupant d’un véhicule. On utilise une
faible quantité d’explosif (de 1 à 5 kg) qui sera placée dans un endroit
stratégique du véhicule tel que le siège du conducteur, le réservoir, etc.
Les villes les plus touchées en Europe sont :
- Belfast en Irlande du Nord avec l’IRA ;
- Madrid en Espagne avec l’ETA basque ;
- Beyrouth au Liban avec le Hezbollah ;
- Le corse en France à partir de 1999.
Attentat au véhicule-bombe
Il a pour objectif de détruire une cible mobile ou fixe il se présente sous
la forme d’un véhicule en stationnement (voiture, camion, vélo, moto, etc.).
Qui sera positionné sur le passage de la cible mobile ou à proximité de la
cible fixe (véhicule stationné dans une rue ou dans un parking souterrain). On
utilise une forte quantité d’explosif (de 10 à 500 kg).
Exemple : attentat à Oklahoma City contre un immeuble administratif
avec 5000 kg d’explosifs faisant 168 morts et 674 blessés.
Attentant embuscade.
Appelé aussi Road Side Bomb (RSB) Engin explosive d’une grande
capacité de destruction Il peut être télécommandé ou radiocommandé. La
Road Side Bomb est destinée à détruire ou neutraliser les véhicules et/ ou les
personnels se trouvant sur un itinéraire. Le but de la RSB est de créer un
climat d’insécurité permanent et une psychose du danger durant les
déplacements. Elle peut viser des forces militaires structurées d’occupation
comme au Sud-Liban contre les Israéliens de Tsahal (forces de défense
d’Israël) ou d’interposition comme les forces internationales du mandat de
l’ONU au Liban. Elle peut être aussi employée contre des autorités
particulièrement protégées. Pour exemple, l’attentat en Espagne contre
l’amiral Luis Carrero Blanco avec 100 kg d’explosifs dissimulés dans un
tunnel sous la route, tunnel creusé clandestinement pendant des semaines par
les terroristes. Ce genre d’attentat occasionne des pertes et des dégâts pouvant
être très importants sur le plan matériel mais également sur le plan
psychologique. La bombe est déclenchée soit sous l’actions involontaire de la
cible (fils pièges), soit à distance par le terroriste avec un moyen électrique,
mécanique ou radiocommandé (bippeur, téléphone portable, etc.)
La charge explosive peut faire plusieurs centaines de kilogrammes,
complétée parfois par des munitions tels que mines, grenades, obus de
mortiers ou d’artillerie. D’éléments divers peuvent être rajoutés pour
augmenter la fragmentation et les éclats tels des cailloux, de la ferraille, des
boulons et des clous. Ces engins sont généralement bien camouflés, se
confondant avec la nature et le terrain environnant ils peuvent être posées
sous un tas de gravats ou de cailloux, sous une plaque d’égout, une
canalisation de bord de route ou un petit pont… Les RSB ont été utilisées au
Liban, ex-Yougoslavie (appelé fougasse), en Allemagne, en Espagne et en
Italie.
Attentat-suicide.
C’est un acte suicidaire volontaire dont la cause peut être politique,
religieuse ou éventuellement sociale (et non psychologique ou morale).
L’apparition des attentats-suicides s’est produite dans les années 1980 au
Liban, au Koweït et au Sri Lanka. Ils s’étendirent une dizaine d’années plus
tard dans de nombreux pays comme Israël, l’Inde, l’Algérie, le Pakistan, le
Kenya mais aussi en Turquie, au Panama, en Croatie, en Chine et en
Argentine.
Ce type d’attentat est exécuté par une ou plusieurs personnes et par
nature devient imprévisible et imparable le suicidaire appelé couramment
bombe humaine, porte l’explosif sur lui (vêtement bourré d’explosifs) ou
avec lui (dans un sac, une valise), ou se jette au volant d’un véhicule rempli
d’explosifs (moto, voiture, camion et même vélo) contre l’objectif,
provoquant ainsi l’explosion et son propre suicide.
Les cibles visées sont multiples : infrastructures ou bâtiments civils,
militaires, politiques, économiques ou culturales mais aussi groupes de civils
et personnalités politiques ou militaires. Une dizaine de groupes terroristes
sont capables de pratiquer ce type d’attentant. Les plus connussent le Djihad
islamique et le Groupe islamique égyptien, le mouvement Sikh BKI en Inde,
le PKK en Turquie, les membres du réseau d’Oussama Ben Laden et
dernièrement le Mouvement tchétchène ainsi que les Tigres tamils du LTTE
qui sont les plus actifs dans ce domaine, suivi du Hezbollah et du Hamas au
Liban.
Certains de ces mouvements ont conduit des opérations à l’extérieur de
leur pays d’origine, comme le Hezbollah en Israël et en Argentine et les Tiges
tamouls du LTE en Inde le LTTE est d’ailleurs le seul à pouvoir revendiquer
l’assassinat par attentat-suicide de deux chefs d’État : le Premier ministre
indien Rajiv Gandhi et le président du Sri Lanka, ranasinghe Premadasa.
La Croatie et le Pakistan ont également été touchés par des attentats
suicides commis par des mouvements extérieurs au pays (organisations
égyptiennes). L’organisation Oussama Ben Laden utilisa un Égyptien contre
les ambassades américaines en Afrique en 1998 ; LE PKK turc a déjà menacé
l’Allemagne d’opérations-suicides (il y réside une très forte population kurde)
mais n’est pas encore passé à l’acte. L’avantage des attentats-suicides, par
rapport aux attentats classiques, est double. D’une part, ils génèrent des
martyrs, d’autres parts ils protègent les autres membres du réseau. La
martyrologie est un élément très important dans l’Islam et pour certains autres
mouvements.
Plus il y a de volontaires prêts à mourir pour la cause, plus celle-ci
apparaît juste.
Par ailleurs, la mort assurée du terroriste garantit la sécurité du reste du
groupe : un terroriste blessé peut être arrêté, torturé, emprisonné et jugé plus
besoin de la cueillir, d’organiser sa fuite, de lui trouver une couverture, etc.
Dans de nombreux pays musulmans, la participation des femmes à des
attaques terroristes est plutôt limitée en raison des valeurs islamiques mais
certains mouvements libanais ont déjà eu recours à leurs services dans des
attentats-suicides le Mouvement tchétchène se sert également des femmes et
au Sri Lanka plus de 30% des attentats-suicides ont été conduits par des
femmes. Elles sont moins suspectes au premier abord et, dans les pays
musulmans du Moyen-Orient ou d’Asie, elles sont moins concernées par les
fouilles corporelles. De plus, une femme peut cacher une importante charge
d’explosifs sous ses vêtements (robe, djellaba, etc.) ou encore prétendre être
enceinte.
Quelques exemples :
- Le 3 mars 1996, un attentat-suicide fait 26 morts à Jérusalem
(Israël). Un terroriste, membre du Hamas, est monté dans un autobus avant de
déclencher la bombe qu’il avait sur hui.
- Le 14 juin 2000, à wattala, à une dizaine de kilomètres de Colombo
au Sri Lanka, un commando suicide tamoul des LTTE s’est donné la mort en
faisant exploser sa bicyclette bourrée d’explosifs contre un bus transportant
des militaires Bilan : plusieurs morts.
- Attentat à la lettre ou colis piège.
Deux cas de figure :
- Les envois sont adressés par voie postale à des destinataires pièces
dans le but de les blesser ou les éliminer ;
- L’expédition de lettres ou colis piégés tous azimuts sans destinataire
précis afin de créer un climat de terreur et de psychose (ces envois sont le
plus souvent ouverts par un ou une secrétaire ou du personnel subalterne).
- Ce procédé est très utilisé par l’IRA, le Mossad israélien et quelques
mouvements palestiniens. Le premier envoi d’un colis piégé eut leu en juin
1895 où un petit colis de quelques kilos fut ouvert dans une poste de Berlin.
Il était destiné à un officier de police. Le dispositif était constitué d’un
petit revolver relié à un réveil et chargé de poudre noire.
Exemples :
- Campagne de lettres piégées adressées aux bureaux américains et
londoniens du journal saoudien Al-Hayat entre décembre 1996 et janvier
1997. En moins de deux mois, seize lettres ont été expédiées à divers
destinataires :
- -UNA Bomber (États-Unis) a commis au moins seize attentats en
1978 et 1996.
- Septembre noir en 1970 a envoya é des lettres piégées aux
organismes officiels israéliens.
- Attentat aux transports aériens
- Il se présente sous différentes formes :
- Destruction d’avion par explosif
- Une charge explosive est déposée à bord d’un avion dans le but de le
détruire en plein vol. Suivant le type d’explosif (TNT, Semtex ou différents
plastiques) une charge de 3000 à 5000 g suffit à endommager l’avion.
C’est la dépressurisation qui s’en suit qui provoquera la destruction de
l’appareil.
Exemple : l’explosion en plein vol du DC 10 de la compagnie française
UTA.
Au –dessus du désert du Ténéré (région du Sahara) le 19 septembre 1989
faisant 170 morts parmi les passagers et les membres de l’équipage ;
Destruction d’avion avec une arme
Cette forme d’attentat est rarement utilisée mais peut se faire au moyen
de deux types d’armes :
- Le missile (comporte un système de propulsion – moteur/fusée, un
système de guidage et une charge explosive de grande puissance possédant
son propre dispositif de guidage) ;
- La roquette (projectile autopropulsé, utilisé notamment comme arme
antichar).
On ne relève pas d’usage terroriste de missiles antiaériens contre des
avions civils, hormis une tentative à l’aéroport de Fiumicino à Rome à la fin
des années 1970 contre des avions de ligne rhodésienne.
Toutefois, des attaques avec des missiles sol-air de type SA 7 Strela (ex-
Union soviétique) ou FIM 92 A Stigler (États-Unis) ont été observées contre
des appareils de l’ONU en Angola en 1994, et 1997. Les Forces armées
révolutionnaires colombiennes (FARC, mouvement marxiste de Colombie)
auraient des missiles sol-air de type SA7 ; Sa 14 ; SA16.
Le 13 janvier 1975 à l’aéroport d’Orly sud à Paris, deux hommes du
commando Mohammed boudai tirent à la roquette soviétiques de type PG 7
sur un Béring 707 de la compagnie aérienne israélienne d’EL Al La cible est
ratée par deux fois et la roquette explose contre le fuselage d’un DC 9 de la
compagnie yougoslave JAT faisant 3 blessés. Le commando a réussi à
prendre la fuite.
Détournement d’avion
Le détournement d’un avion peut être l’acte d’un déséquilibre, d’un
criminel de droit commun ( acte souvent improvisé) ou de personnes
cherchant à fuir vers un autre pays ( candidats à l’exil) mais rarement le fait
d’une organisation terroriste Dans ce cas, le détournement devient plus
spectaculaire et problématique car les pirates de l’air né attendent que très
rarement de l’aide de l’extérieur et souhaitent plutôt attirer l’attention sur leur
cause en prenant pour otages les passagers et membres de l’équipage, les
terroristes souhaitent faire aboutir leur revendications ( demande de rançon,
d’asile politique, libération de terroriste (s) emprisonné(s) ou pression
politique sur un État)
Lorsque le détournement d’un avion est l’acte d’un déséquilibre, d’un
criminel ou d’un candidat à l’exil, la situation est généralement récupérables
et négociable Par contre, dans les autres cas, les négociations sont plus
délicates à mener et peuvent aboutir sur l’intervention d’unités spéciales
Après le détournement, en juin 1985, d’un avion de la compagnie
aérienne américaine TWA, détournement qui dura dix-sept jours, 1,8 millions
d’Américains annulèrent leur voyage à l’étranger par cet oyen de transport.
Pourtant, la probabilité d’avoir un attentat est d’une chance sur 380 000.
Les premiers détournements d’avons ayant pour but d’obtenir un asile
politique apparurent en 1948, Il s’agissait alors de passer le rideau de fer de
l’est vers ouest. De nombreuses compagnies aériennes des pays de l’Est
furent touchées comme les compagnies bulgare BVS, hongroise MSLT,
yougoslave JAT, roumaine TARS et polonaise LOT mais aussi
tchécoslovaque CSA ( CeskoslovnskoAeroline),
A partir de 1949, les compagnies chinoises comme la China Aviation
corporation furent l’objet de nombreux détournements, les pirates de l’air
désirant gagner l’ils de Taiwan.
Quelques années plus ARD, en 1958 mais surtout dans les années 60 et
70, les prétendants au voyage pour Cuba, firent de l’aéroport de la Havane un
aéroport spécialisé dans la récupération et l’atterrissage des appareils
demandant l’asile politique la Ca cubaine fut utilisée le plus souvent mais
aussi la chata haïtienne, la BSACS brésilienne, l’Aérolites Argentins, la
lanice nicaraguayenne, la TAME ou SAETA équatorienne, l’Aerocondor ou
SAM colombiennes, l’Avenza ou Lina Aéropostal Venezola, mais aussi les
Delta, National, Northwest, Eastern, United, continental, ou American
Airlines, Air Florida ou Pan Am américaines, Alaska Airlines et Air Canada.
Fait unique et technique surprenante, le 17 septembre 1980, un Boeing
727 de Delta Airlines avec 111 personnes à bord est détourné sur Cuba par
des pirates munis d’un bidon d’essence et d’un briquet mais les autorités
cubaines renvoyèrent l’avion aux États-Unis.
Le 24 mars 1950, toirs avions de type DC 3 de la compagnie
tchécoslovaque CSA en provenance de Brno, Ostrava et Bratislava sont
détournés en même temps par leurs 83 passagers et membres d’équipage. Ces
trois avions se rendaient sur Prague Ils se posèrent en Allemagne, en zone
américaine. Ce scénario se répétera le 22 septembre 1968 : deux appareils de
la compagnie colombienne Avança sont détournés sur la Havane et Santiago
de cuba par les passagers et les membres de l’équipage.
Les moyens utilisés pour commettre un dénouement à des fans d’asile
politique furent de toutes sortes : des passagers ou adolescents avec ou sans
consentement des équipages, déserteurs de l’armée américaine, détenus ou
braqueurs de banque évadés, personnes isolées, en couple avec ou sans leurs
enfants, armées d’armes blanches, couteau, rasoir, pic à glace, fusil de
plongée, grandes, pistolets, fusilles, répliques d’armes à feu, de fausses
bombes portées par le pirate ou seulement une télécommande déclenchant
une bombe cachée ( ou soi- disant cachée) en soute dans les bagages, bombes
aérosol, bidon d’essence et briquet, menace d’incendie en déversant de tesson
de bouteille . En fait tous les moyens sont bons pour arriver à quitter son pays
et obtenir un asile politique.
Des révolutionnaires brésiliens et cubains pirateront aussi des avions
dans les années 50 et 60 pour faire valoir leurs droits et parvenir à la
reconnaissance de leur lutte.
Le 7 décembre 1981, toirs avions sont détournés par 15 révolutionnaires
vénézuéliens les trois appareils, deux Dc 9 de la compagnie LAV et un
Boeing 727 d’Avéra, feront un petit tour en Amérique latine, Après les
négociations et la libération des otages, les Dc 9 se poseront au Honduras et le
Boeing au Guatemala. Les pirates seront ensuite condits à Cuba.
A partir des années 1980 et jusqu’ à la fin des années 1990, la compagnie
Éthiopien Airlines est prise à son tour dans la tourmente des détournements
d’avions par des personnels civils ou militaires au veulent fuir leur pays. La
destination finale de ces pirates sera surtout l’aéroport de Djibouti mais aussi
celui de Nairobi au Kenya.
Presque toutes les milices religieuses comme les Fedayin, Pasdarans,
Moudjahidin, Hezbollah, chiites, Tamouls, Sikhs participeront à des
sabotages, tirs destructions ou détournements d’avions
Quelques exemples :
( GIGN) sur l’aéroport de Marseille lors du détournement d’un avion
d’Air France en provenance d’Alger le 24 décembre 1994 avec 236 passagers
à bord A l’issue de l’assaut , 3 passagers et tous les membres du commando
(4 terroristes du GIA) sont tués :
Le 23 janvier 2000, un Boeing 747 de la compagnie Éthiopien Airlines
est détourné par Getachew Mulat, un ancien officier éthiopien armé d’un
couteau En échange de l’asile politique, il libérera les 43 occupants de
l’appareil
Attaque des installations aéroportuaires ou d’avions
Cette technique est différente des autres car les terroristes ne s’attaquent
pas directement aux avions. Ils s’en prennent plutôt aux infrastructures,
moyens de transport (bus), bâtiments ou comptoirs d’une compagnie
aérienne. Mais ils peuvent aussi s’en prendre aux aviens en stationnement ou
en mouvement.
Une des compagnies les plus touchées dans le monde fut sans doute la
compagnie aérienne israélienne El Al qui a dû renforcer sa sécurité en mettant
dans chan que vol un agent des sécurités armées se faisant passer pour un
simple passager. Des mesures particulières ont dû être prises sur certains
aéroports internationaux pour assurer la sécurité des comptoirs d’El Al :
accompagnement de l’avion jusqu’ à son décollage par un véhicule de la
police ou de la gendarmerie mais aussi surveillance permanente des
installations, des aviens au sol, dégoutteles opérations d’embarquement ou de
débarquement des passagers et surveillance du fret prévu dans l’avion (
plateaux repas, bagages, etc.)Taque d’un bus transportant des passagers de
l’aérogare à l’avion.
Le 18 février 1969 sur l’aéroport de Munich (Allemagne), un commando
du FDLP (front démocratique de libération de la Palestine) , composé de trois
terroristes ( un Égyptien et deux Jordaniens) attaque un bus de l’aéroport
transférant vingt passagers et les membres d’équipage vers l’avion de la
compagnie israélienne el al . Pendant plusieurs minutes, le commando ouvrira
le feu et lancera des grandes blessant plusieurs personnes ainsi que le
commandant de bord Après un déluge de feu entre les forces de l’ordre et les
terroristes, le commando se rendra aux policiers allemands. Attaque au fusil
mitrailleur et grenades contre un avion roulant sur taxiway.
Le 18 février 1969 sur l’aéroport de Zurich (Suisse), une coccinelle
Volkswagen conduite par un commando du FPLP roule sur la piste 28.
Arrivé à la hauteur du Boeing 707 d’EL Al (vol 432), le commando,
composé de trois hommes et d’une femme, ouvre le feu sur la cabine de
pilotage et blesse grièvement le copilote. L’avion est immobilisé mais le
commando continue à tirer et à lancer des grenades sur l’appareil. Un pseudo-
passager, déclaré comme étudiant à l’enregistrement des bagages et qui est en
fait un personnel de sécurité de El Al arrive à ouvrir une des portes d’accès de
l’avion et riposte tuant un des terroristes, En sautant du Boeing, il en blesse
un autre Quelques minutes plus tard, la police et les pommiers de l’aéroport
de Zurich arrivent sur place et neutralisent les terroriste.
Détournement d’avion avec saut en parachute
Le 25 novembre 1971, après le décollage du Boeing 727, vol 305, de
Northwest Airlines de l’aéroport de Portland dans l’Oregon (États-Unis),
Michael Cooper appelle une hôtesse de l’air il ui demande d’être discret et
calme en lui montrant une mallette qu’il a sur ses genoux, contenant un
dispositif explosif qui pourrait pulvériser l’avion en plein vol.
Le pirate réclame 200 000 dollars ainsi que quatre parachutes à
l’atterrissage de l’avion à Seattle. En cours de vol, le FBI confirme au
terroriste que la rançon et deux parachutes militaires l’attendent Non satisfait,
le pirate exige deux parachutes supplémentaires de type sportif.
Michael Cooper savait qu’en demandant plusieurs parachutes, le FBI
penserait que le terroriste quitterait l’avion avec au moins un membre de
l’équipage et les forces de police ne pourraient rien entreprendre contre lui A
Seattle, le pirate libère deux hôtesses en échange de la rançon et de ses
parachutes puis l’avion redécolle, Cooper exige alors que le commandant de
bord prenne la direction de Mexico. En cours de vol, le pirate demande à ce
que l’avion vole à 190 nœuds et seulement 10 000 pieds avec les volets pleins
sortis..
Pendant ce temps, les autorités font décoller un avion de transport de type
C 130 Hercule et deux chasseurs de l’US Air Force pour suivre le vol 305
Northwest. Lorsque le Boeing 727 arrive au-dessus de la région de Southen
Washington, l’alarme d’une issue de secours s’allume, mais l’équipage ne
peut rien faire car tous les membres sont enfermés dans la cabine de pilotage.
A l’atterrissage à Reno dans le Nevada, pour faire le dernier plein avant de
refondre Mexico, l’équipage constate au bout d’une vingtaine de minutes que
le pirate de l’air a quitté l’avion en plein vol aux yeux et à la barbe des
avions de l’US Air force qui ne se sont rendus compte de rien A ce jour,
Michael Cooper court toujours .
De 1963, seulement quatre détournements d’avions ont été comptabilisés
alors que de 1968 à 1970, soixante-et-onze tentatives ont été faites pour un
total de vingt-six détournements réussis pour la seule année 1971.
En 1970, une piste d’aviation désaffectée de l’aéroport militaire de harka
en Jordanie fut baptisée l’aéroport de la révolution car elle a servi à plusieurs
détournements d’avions. Des conférences de presse et vistes guidées pour les
journalistes internationaux étaient même organisées pendant les périodes de
piratage de ces avions.
ORGANISATIONS, STRUCTURE ET EVOLUTION
Sous oust le label terrorisme, on retrouve un grand nombre de formations
portant les appellations de bande, colonne, commando, groupe ou
groupuscule informel de combattants, front de libération nationale,
mouvement révolutionnaire, radicalisme religieux, organisation structurée,
hiérarchisée, compartimentée ou sériée, armée irrégulière, etc.
Le dénominateur commun de toutes ses formations est le recours à la
violence à des fins politiques ou religieuses.
A la base :
Membres actifs
Ils forment le noyau central et recherchent, décident et agissent
(assassinats, attentats à la bombe, etc).
Militants
Ils sont aussi appelés membres clandestins Ils s’occupent de la recherche
de fonds, de l’échange de devises étrangères volées, des vêtements, des faux
papiers, du transport du courrier, des messages, des armes, des munitions et
des explosifs, des caches et de leur sécurité ponctuelle .
Sympathisants
Ou membres non clandestins, ils proviennent de la population (étudiants,
militants politiques ou religieux, etc). Ils aident les militants ou membres
actifs via le prêt de logement lu de voiture, l’accuelil au domicile, le soutien
financier ou l’alimentation, etc. Les sympathisants représentent aussi un
énorme potentiel pour les organisations car elles peuvent recruter de
nouveaux militants ou membres actifs.
Commando
Groupe armé constitué de membres combattants changer d’exécuter une
opération rapidement et par surprise.
Exemple : Commando Madrid de l’ETA.
Groupuscule
Groupement politique qui ne compte qu’un très petit nombre d’adhérents.
Exemple : les GLA (Groupes islamiques armés) sont des groupuscules
fondamentalistes islamiques radicaux très autonomes dirigés chacun par un
émir.
Groupe
Ensemble d’individus ayant un certain nombre de caractères communs et
dont les rapports (sociaux, politiques, etc). Obéissent à une dynamique
spécifique
Exemple : groupe Charles Martel.
Bande
Groupe de personnes de l’ordre d’une dizaine d’hommes combattant sous
les ordres d’un chef
Exemple : Bande à Bader ou d’Action directe.
Mouvement
Action collective qui tend à produire un changement dans l’ordre social
Groupe humain qui s’est forme pour accomplir une action déterminée.
Mouvement anarchiste ou terroriste.
Exemple : Mouvement national de libération Tupamaras.
Organisation
Réunion de personnes ayant un but, un intérêt commun. Personne morale
permettant à plusieurs sociétés de développer en commun leurs activités
Exemple : organisationd’Oussama Ben Laden ou encoure ANO de abou
Nidal Organisation.
Armée
Ensemble de forces militaires d’un mouvement ou organisation terroriste
ou de guérilla avec des troupes en armes et structurées comme une armée
d’État. Exemple : armée de l’IRA (Irlande) avec environ 15 000 hommes
dans les années 1970 mais aussi le Sentier lumineux avec environ 25 000
hommes dont 3 à 5 000 de vrais professionnels.
Ramifications :
Aile
Le terne d’aile est surtout utilisé pour désigner l’aspect politique d’un
mouvement Une aile fait ou peut faire partie intégrante de ce mouvement
Exemple : le parti basque Herri Batasuna est l’aile ophitique de l’ETA.
Branche
Le terme branche est généralement utilisé pour désigner l’aspect armé
d’un mouvement (ou d’une organisation terroriste) lorsque ce dernier décide
de passer aux actions violente (attentats, assassinats) Mais on parle aussi de
branche politique.
Exemple : l’Irish Republican Army est la brancher armée du Sinn Fein.
Bras
On parle de bras armé pour désigner l’extension armée d’un mouvement
ou d’une branche Ce terme est souvent utilisé dans le cadre d’un commando
ou d’un groupuscule de combattants.
Exemple : l’AIS (Armée islamique du salut) est le bras armée du FIS
(Front islamique du salut).
Noyau
Groupe de personnes qui mènent au sein d’un mouvement une action
particulière, généralement de nature politique, militaire.
Exemple : les Noyaux communistes combattants (NCC: Nuclei
Communiste combattent) sont issus des Brigades rouges
Vitrine
C’est le mouvement médiatique issu d’une organisation terroriste et qui à
pour vaut de donner au public une image favorable de cette organisation.
On parle de vitrine légale ou de vitrine politique les membres de ces
vitrines occupent souvent des postes clés dans la vie politique d’un pays.
Exemple : A Cuncolta Naziuanalista est la vitrine légale du FLNC-canal
historique.
En réel générale, on retrouve les mêmes mots ou adjectifs pour exprimer
une même tendance lorsqu’ on parle de «routg», (révolutionnaire »,
«révolution », « armée », « libération », « prolétarienne », on se réfère la
plupart du temps à des mouvements de gauche ( communistes, marxistes,
léninistes) De la même façon, les termes de «milice », « aryen » , ordre » ,
SOS » se rapportent à des mouvements de droite Enfin, lorsqu’ on parlera de
« djihad », « martyr », « islamique » on fera allusion à des mouvements
islamiques .
En ce qui concerne la hiérarchie :
Les termes de « exécutif national » (groupe Prima Línea), « conseil de
l’armée » (IRA), commandement subjectif (organisations communistes) ou
encore direction stratégique » ou « direction de l’organisation » (ETA)
représentent toujours le Gault commandement et le noyau central ;
Avec les «noyaux opérationnels » (communistes), «commit » exécutif »
(Brigades rouges), direction politique, financière ou logistique », etc. (IRA)
ou «communément national», on aura à faire à des dirigeants qui pourront
être un organe intermédiaire ou complémentaire à l’exécutif, au
commandement ou à la direction :
Les «colonnes» divisées en «brigades» (Brigades rouges), les «équipes
armées prolétariennes » avec leurs secteurs d’intervention, les « patrouilles »
ou les «groupes de feu » ou encore les « unités de service actif » (IRA), «
commandos »(ETA,AD) forment les cellules de base d’un groupe ou
mouvement Généralement, ces formation sont ce petite taille composées
d’environ trois à six personnes .
Quand on y regarde de plus prés, on constate que le schéma est toujours
plus ou moins identique Dans un premier temps, pour une raison politique,
religieuse ou ethnique, un groupuscule se crée, il prend de l’importance et
devient alors un groupe terroriste Puis il augmente ses effectifs et passe à la
vitesse supérieure en devenant un mouvement ou même une réelle
organisation Entre- temps, la lutte armée continue et s’amplifie Certains de
ses membres meurent en héros pour la cause, d’autres sont arrêtés, torturés et
emprisonnés.
Ils constitueront la vitrine politique, la branche légale du mouvement le
mouvement peut alors se battre sur deux fronts, celui de la violence, c’est le
côté guerre’ mouvement terroriste) et celui de la discussion, c’est le côté paix
(aile politique) Au fur et à mesure de son évolution, la vitrine politique pourra
devenir un parti politique et le service actif pourra se transformer en branche
armée.
Lorsqu’ un terroriste est arrêté, il n’est plus employé dans le service actif.
Le service actif, c’est la partie souterraine, secrète de l’organisation.
On ne sait pas qui commande, qui est le chef ou le leader, ce que font ses
membres et bien sûr qui ils sont Lorsque le terroriste a purgé sa peine de
prisions et s’il a conservé ses convictions vis-à-vis de mouvement, il peut
continuer à servir la cause mais plus dans le derviche actif ; il est en effet
connu des forces de police et pourrait, par conséquent, mettre en danger le
mouvement il sera alors utilisé comme militant politique dans ce que l’on
nomme la branque, la vitrine ou l’aidle politiqué de l’organisation On
s’occupera de sa réinsertion, on lui trouvera un logis et un travail .
De nombreux terroristes, après avoir connu le militantisme, deviennent
ainsi des hommes politiques respectables, accédant au pouvoir et pour
certains à la plus haute marche du pouvoir c’est le cas par exemple de
l’Israélien Menahem Begin Ancien commandant de l’Irgoun (dans les années
1945), organisation considérée à l’époque par les Britanniques comme une
organisation terroriste et responsable d’actions sanglantes (comme le
massacre du billage de Deir Yassine), il a été nommé Premier ministre
d’Israël en 1977 et est devenu, à ce titre, l’interlocuteur politique légitime de
ces mêmes Britanniques , On lui décimera le prix Noble de la Paix avec
Anouar el Sadate à la suite des accords de Camp David en 1978.
Autre exemple : Yasser Arafat Fondateur du Fatah en 1959, président de
l’OLP en 1969 et considéré comme le terroriste n 1 à l’époque par le monde
entier, Il devint lui aussi prix Noble de la Paix en 1994 et il est aujourd’hui
responsable de l’autorité palestinienne.
C’est également le casde De Valera (1932) et Gerry Adams (président
actuel du Sinn Fein) pour l’Irlande du Nord. Mais on trouve à l’inverse des
combattants pour la liberté qui deviennent rapidement ennemis publics n 1 :
c’est le cas de Taliban, qui après avoir lutté avec succès contre l’armée
soviétique en terre afghane ont instauré un régime de terreur et contribuent
ouvertement au développement du terrorisme international. Cette
reconversion a plusieurs avantages pour le mouvement. Le premier c’est que
l’ancien combattant, devenu militant politique, a sa propre expérience du
service actif et de ce fait, il peut donner des conseils aux jeunes racontés il
sera écouté de tous avec respect car il apparaît comme un héros il aura
combattu pour la cause et payé son engagement d’une partie de sa vie en
prison.
Le second avantage, c’est qu’il a connu les rouages de la justice et du
système policier.
Il peut donc faire bénéfice le mouvement de son expérience. Il peut
également soutenir les autres membres incarcérés, organiser la visite des
membres de la famille ou amis, apporter aux prisonniers un soutien moral et
maintenir allumée la flamme de la cause pour laquelle ils se sont battus.
Le troisième avantage, c’est dépourvoir créer cette fameuse branche, aile
politique ou vitrine légale. Le mouvement montre ainsi qu’il est prêt au
cessez-le-feu voire même à ranger les armes pour instaurer le dialogue avec
les médias et les autorités politiques en place. Encréant une branche politique,
il fonde aussi un parti politique au sein même de l’État qu’il combat. C’est le
temps de la réconciliation et de la coexistence.
En mettant fin aux violences et aux attentats à l’explosif et en utilisant le
dialogue pour faire valoir ses revendications, il assure la mort lente de son
côté combattant.
Parmi les mouvements qui suivent ou ont suivi ce processus, on retrouve
l’OLP et la Palestine face aux Israéliens, l’IRA et les catholiques pour une
réunification des deux Irlande, mais aussi l’ETA et le problème basque contre
les gouvernements espagnol et français
Les mouvements qui ne passent pas ces différentes étapes ont peu de
chance de survivre. Pour ceux qui choisissent le combat, c’est la clandestinité
assurée, la guerre totale et sans merci avec l’État et sa population avec, au
bout du compte, la disparition du mouvement le groupe peut être dissous suite
à l’arrestation de tous ses membres (Bande à Baader, RAF), ou disparaître
tout seul en raison de la répression d’État dont il fait l’objet (action directe)ou
encoure par le manque de combattants ou les divergences qui pourraient les
opposer et provoquer l’éclatement du mouvement en petits groupes .
Il y a toujours dans ce processus de paix, an sein d’un même mouvement,
des membres partisanes d’une lutte plus dure et sans concession comme
l’IRA-véritable en Irlande ou encoure le Tanzim en Palestine. On assiste alors
à une scission du mouvement et à la création d’une branche plus radicale
voire extrémiste. Ceste le cas, par exemple, de Georges Babache qui a créé le
FPLP en faisant scission de l’OLP.
La hutte armée prônée par le groupe qui refuse le processus de paix peut
nuire à l’image du mouvement qui lui, a décidé de cesser toute activité
terroriste. Mais, plus grave, c’est le non-respect du cessez-le-feu qi peut avoir
de graves conséquences sur le processus de paix enclenché et provoquer
l’arrêt total des accords.
Peut-on à l’heure actuelle parler de terrorisme international ?
Quand on voit la complexité du terrorisme mondial due à la diversité des
mouvements, organisations, groupes ou sectes et leur revendications, qu’ elles
soient d’ordre religieux, politique, géographique ou idéologique, on pourrait
en douter .
Mais comment expliquer par exemple, que lors des obsèques des
combattants de la FAR,Gurun Ensslin, Andreas Baader, et In carl Raspe, des
drapeaux vietnamiens flottaient au milieu des drapeaux noirs de l’anarchie et
rouges du marxisme-léninisme .
Un télégramme de soutien de l’Armée républicaine d’Irlande (IRA) a
d’ailleurs été lu au cours de ces obsèques. La fréquentation des camps
d’entraînement situés un peu partout dans le monde comme en Libye, Syrie,
Sud-Yémen, Liban, Nicaragua, Jordanie permet le rapprochement des
militants, combattants et terroristes en tous genres, l’échange d’idées, de
techniques de combat et crée des liens solides pouvant déboucher sur des
aides mutuelles.
A titre d’exemples, on pourrait citer la coopération entre les Basques
français et espagnols, et les séparatistes bretons pour voler des explosifs, la
protection ou la mise en quarantaine de certains militants après un attentat ou
parce qu’ ils sont recherchés par les polices de différents pays ( militant
breton exilé en Irlande, militant de l’ETA en Bretagne, etc). Les
actions(assassinats, attentats, etc.) peuvent être menées conjointement par
plusieurs mouvements ou groupes : coopération entre la RAF et AD, ou
encore l’ASALA, mouvement arménien demandant au mouvement djihad
islamique d’exécuter un des journalistes français détenu au Liban, ou encore
entre les membres du JRA ( Japonaise red Army, Armée rouge japonaise) et
des Palestiniens de L’OLP pour l’attentat du 31 mai 1972 à l’aéroport de Lod
de Tel-Aviv en Israël faisant 28 morts et 78 blessés dont deux des auteurs de
l’attentat.
On assiste également au prêt ou à l’échange d’armement (assassinat de
personnalités avec la même arme), de munitions ( roquettes ou grenades
comme ces 75 grandes américaines de type M 26 volées sur la base
américaine de Nisau en République fédérale allemande par des combattants
de la Bande à Baader trois de ces grandes seront lancées par des terroristes
japonais près de l’ambassade de France à la Haye au Pays-Bas le 13
septembre 1974 et une autre grande servira au terroriste Carlos los de
l’attentant au Drugstore de saint-germain des-Prés Paris le 15 septembre
1974, Le reste de grenades sera retrouvé dans l'appartement de Carions à
Londres) On retrouve également le vol de bâtons de dynamité) Plein en
Bretagne utilisés par les basques de l’ETA ou dans une mallette piégée,
découverte en 1982 dans la voiture d’une militante allemande des cellules
révolutionnaires appartenant en fait à une membre de Font de libération
national de la Corse .
Si l’on en croit les experts en sécurité, en terrorisme, en droit
international ou les spécialistes des civilisations, l’Islam apparaît comme une
menace grandissante pour notre monde. Sur vingt-et-un confits armés
actuellement en cours, dix-sept sont liés à l’islam. Parmi les plus importants,
on trouve :
- Les affrontements sanglants entre chrétiens et musulmans en côte
d’Ivoire ;
- Les affrontements réguliers entre chrétiens et musulmans au
Nigeria ;
- La guerre entre Juifs et Arabes en Palestine ;
- La guerre en Tchétchénie opposant les tchétchènes (musulmans) aux
Russes (orthodoxes) ;
- La contagion régionale de l’islamisme radical des Taliban ;
- La ruerre en Afghanistan contre l’islamisme des Taliban,
- La guérilla des Ouighours contre les chinois ;
- Le conflit du cachemire entre l’Inde (hindouistes) et le Pakistan
(islamistes) ;
- La guérilla des musulmans sur l’île de Mindanao ;
- La guerre entre chrétiens et musulmans aux Moluques ;
- La guerre récente au Timor-Oriental opposant les Est-Timorais
(majoritairement chrétiens) à l’Indonésie (musulmans) ;
- La guérilla des intégristes islamistes contre les Algériens
(musulmans) et les étrangers (toutes religions)
On enregistre également des tensions entre :
- Le sud chrétien et le pouvoir islamique au Soudan ;
- Les Chypriotes grecs du sud et les Chypriotes tures du nord ;
- Les Croates (chrétiens), les Serbes (orthodoxes) et les Bosniaques
(musulmans) en Bosnie –Herzégovine ;
- Les Kosovars (musulmans) et l’Azerbaïdjan (islamistes) au Haut-
Karabagh ;
- Les Papous (animistes) et les Indonésiens (musulmans) en Indonésie.
Tous ces événements sont largement repris par les médias. Pour obtenir
le scoop de l’année ; faire monter l’audimat, rien de tel que des faits divers
spectaculaire et sanglants. Les terroristes l’ont bien compris puisqu’ ils
n’hésitent pas à recourir aux médias pour se faire connaître et reconnaître
dans le monde (l’enlèvement de touristes étrangers par le groupe de rebelles
islamiques d’Abou Sayyaf aux Philippines en est l’exemple).
Les premiers terroristes à avoir compris ce phénomène furent les
Palestiniens du commando Septembre noir, auteur de la prise d’otages des
athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972
Malheureusement, cette affaire n’eut pas l’effet escompté puisqu’ elle se
solda par un massacre et la seule image qui restera gravée dans les mémoires
sera celle des tueurs cagoulés. Dans les dérapages médiatiques, on peut aussi
se référer au détournement d’un Boeing de la compagnie américaine TWA
sur Beyrouth le 14 juin 1985
Certaines chaînes de télévision américaines se livrèrent une guerre sans
merci pour obtenir l’exclusivité de la prise d’otages Une aubaine pour les
terroristes qui purent ainsi monnayer les images de leur propre prise d’otages.
Où s’arrête la déontologie journalistique dans ce rapport de force
médiatique avec le terrorisme…. ?
Euroterrorisme
Il n’aura vécu que pendant les années 1984-1985 sous le nom de Font
uni, regroupant les mouvements ou groupes terroristes de France,
d’Allemagne fédérales, de Belgique, d’Espagne et du Portugal. Les
mouvements appartenant à ce Front uni s’attaquèrent aux installations de
l’OTAN (organisation du traité de l’Atlantique nord) et aux industriels
d’armement.
Le 15 janvier 1985, la Fraction armée rouge (Allemagne) et le groupe
Action directe ( Francd) annoncèrent leur fusion, créant ainsi une
coordination européenne du terrorisme Ils seront rejoints plus tard par les
Brigades rouges (Italie) et les Cellulites combattantes communistes (
Belgique).Le 25 janvier 1985, le général français René Audran, ingénieur
général de l’armement et directeur des affaires internationales au ministère
des Armées, est assassiné par un groupe franco-allemand devant son domicile
de la celle-Saint- Cloud. Le meurtre sera revendiqué par Action directe.
Le 8 août 1985, la RAF et Action directe revendiquent un attentat à la
voiture piégée contre une base militaire américaine en Allemagne faisant 2
morts et 20 blessés.
A titre d’exemple, pour le seul 1 er trimestre de 1986, on dénombre plus
de 488 actes de terrorisme causant 422 morts et 481 blésés le Luxembourg et
le Danemark ne semblent pas, à ce jour, faire l’objet de menaces terroristes
mais d’autres pays comme l’Irlande, la Belgique, le Portugal, sont touchés par
un terroriste national alors que des pays comme la France, l’Italie,
l’Allemagne doivent faire face à tous le typés de terrorisme y compris celui
du terrorisme international .
Conséquences des attentats terroristes
Morts Blessés
Allemagne De 1967 à 1981 71 1 389
Chypre De 1955 à 1959 652 1611
Espagne De 1975 à 1987 814 3 136
France De 1985 à 1991 221 506
Irlande du nord De 1969 à 1998 3 270 29 198
Italie De 1969 à 1981 386 5 084
Chapitre 2 : Analyse du terrorisme
Terrorisme: la démocratie en danger ?
Correspondant à un but « terroriste» qui comprend les notions
d’intimidation de la population ; de contrainte ; voire de destructions des
structures fondamentales.
Sur cette base instrumentale; il importe de fonder ; dans un premier
temps ; la classification des différentes formes de terrorisme à partir de leur
mode d’action. L’exercice est dangereux car cette première approche; qui
ignore l’animus des acteurs ; ne permet pas de faire à elle seule la différence
entre des phénomènes pourtant distincts dans l’approche subjective qui prévaut
dans le sens commun. Aucune appréciation n’est portée à ce stade sur la
légitimité éventuelle de l’action : le fait de tuer un militaire américain en Iraq ;
un garde civil au pays basque ou un soldat allemand dans la France occupée
relève de la même démarche. Pour brutale qu’elle soit ; cette approche paraît
indispensable si l’on veut porter un regard réellement objectif sur les
phénomènes. Par la charge émotionnelle qu’il cherche à créer ; l’acte terroriste
tend à engendrer la confusion ; à susciter des oppositions tranchées. Le postulat
selon lequel aucun terrorisme n’est légitime est une constante de la politique
américaine.
Pourtant ; l’administration Clinton a pris une part prépondérante dans la
négociation de L’Accord du vendredi saint qui a mis fin à un cycle de violence
dramatique en Irlande du nord et a placé les « terroristes » du Sinn Féin e,
position de partenaires politiques. En l’occurrence ; le principe du rejet de tout
forme de négociation avec les « terroristes » n’a pas fait obstacle aux
négociations une étude objective des violences est donc le préalable
indispensable à la seconde étape qui concerne l’étude du contexte politique dans
lequel ces violences sont commises. Cette approche instrumentale est d’autant
plus importante à conduire que les stratégies et les tactiques employées dans le
cadre des violences terroristes sont de nature à éclairer l’observateur sur les
options prises par leurs auteurs dans la gestion politique du terrorisme .En
d’autres termes ;l’analyse froide de l’’instrument terroriste ;même si elle ne peut
être suffisante pour rendre compte d’une situation; peut éviter bien des erreurs
d’appréciation en exploitant les données objectives trop souvent négligées par
les observateurs.
Il convient en premier lieu de s’interroger sur les rapports que les auteurs
d’attentats entretiennent avec d’autres formes de violence. L’attentat est-il
commis en substitution de la guérilla; comme dans le cas palestinien; ou en
complément comme dans le cas des FARC et de L’EELAM ? le passage à la
violence intervient-il comme le prolongement d’une action politique non la
violence jugée stérile comme dans la cas d’ETA ou constitue-t-il l’acte
fondateur d’une mouvance? Si le terrorisme est un outil; la façon dont l’outil est
utilisé est révélatrice des intentions de son utilisateur et de la nature du combat
qu’il mère.IL est par exemple essentiel de déterminer si le groupe qui se trouve
à l’original des actions se situe dans une perspective de négociation à terme ; ce
qui est un facteur limitatif de la violence ; ou s’il conduit une stratégie de
rupture de type révolutionnaire. En complément des classifications
traditionnelles; qui n’ont pas perdu toute leur pertinence ; une nomenclature
instrumentale des terrorismes permet de dégager quelques tendances lourdes.
Deux critères d’analyse des attentats
Deux critères croisés permettent de déterminer les quatre grandes
postures opérationnelles terroristes. La première distinction est à opérer entre
les attentats ciblés et les attentats indiscriminés. Par attentats ciblés ; on entend
tout ce qui relève du symbole : le milicien abattu au coin du bois par les FFI ou
le juge antiterroriste italien victime d’un attentat à l’explosif ; l’ingénieur
général Audran; symbolisant à la fois l’armée; le commerce des armes et le
capitalisme ; assassiné par Action directe ou bien l’élu bas que affichant son
opposition à ETA. L’objet de l’attentat ciblé peut dépasser le simple message
symbolique : faire disparaître le juge Falcone ; ce n’est pas seulement imposer
la terreur au système judiciaire dans son ensemble ; c’est aussi éliminer un
ennemi particulièrement résolu et efficace. C’est donc se préserver d’une
menace directe et perturber l’antiterrorisme.la démarche n’est pas seulement
expressive ; elle est opérationnelle. Toutes proportions gardées ; dans une
logique combattante ; cela revient à frapper un poste de commandement vital de
l’ennemi.
L’attentat indiscriminé ; pour sa part ; est destiné à faire régner une
terreur générale. Les bombes placées dans les trains ; les métros ou les avions
de ligne ; les colis piégés dans des poubelles ou des voitures stationnées dans
des rues passantes ; des frappes de mortiers visant des marchés ; etc. ; la
violence doit être imprévisible et la peur omniprésente. Chacun doit se sentir en
danger. La victime ne présente pas d’intérêt par elle- même ; elle est frappée au
hasard pour que chacun comprenne qu’il est une victime potentielle.
La seconde distinction à opérer porte sur l’ampleur que l’auteur de lattent
souhaitera donner à son acte. S’agit-il d’une violence de masse ou d’une
violence limitée ? Dans le cas de la violence de masse ; l’effet recherché est de
causer un maximum de victimes.
Le choix des sites ; des horaires et des procédés utilisés est révélateur des
intentions. Dans ce domaine ; les effets réels de l’attentat ne doivent pas être
considérés comme déterminants. Certains attentats de masse ont fait peu de
victimes ; voire pas du tout ; soit qu’ils ont techniquement échoué ; soit que
leurs auteurs ont été interpellés à temps. Les conséquences de l’attaque du mètre
de TOKYO ou du World Trade Center en1993 sont sans commune mesure avec
le risque potentiel. Les « attentats du millénaire » aux États-Unis n’ont pas eu
lieu car leur auteur a été interpellé avant de mettre son projet à exécution. Pour
cette raison ; théoriser « L’hyper terrorisme » à partir des attentats du 11
septembre serait une erreur. A L’inverse ; d’autres attentats ; qui n’étaient pas
destinés à tuer ; ont fait de nombreuses victimes. Un rapport parlementaire
britannique a confirmé les accusations portées par L’IRA à l’encontre des farces
de police d’Irlande du nord. des attentats revendiqués et annoncés suffisamment
à l’avance pour permettre d’éviter tout conséquence corporelle se sont soldés
par la mort de nombreux innocents car l’alerte n’avait pas été répercutée. IL
S’agissait d’une manœuvre destinée à rendre les Républicains impopulaires au
sein de la population irlandaise. La simple étude des bilans d’attentats est donc
insuffisante ; même s’il faut reconnaître qu’en temps réel ; sans le recul de
l’histoire ; il est parfois difficile de cerner la nature exacte d’un attentat à cet
égard.
Quatre catégories d’attentats.
A partir de ces deux distinctions initiales, quatre catégories d’attentats
peuvent être distinguées.
La première catégorie concerne les actions ciblées et limitées dont le
modèle historique est l’assassinat politique. Un simple homicide, dans un
contexte particulier, peut avoir pour conséquence un véritable embrasement : ce
fut le cas de l’assassinat de l’archiduc Ferdinand à Sarajevo ou, plus prés de
nous, de celui d’Itzhak Rabin qui marque le commencement de la fin pour le
processus d’Oslo et le règlement négocié du conflit israélo-palestinien.
L’objectif peut être un chef d’État ou de gouvernement, une autorité judicaire (
le juge Falcone), Elles peuvent également constituer un symbole en raison de
leur nationalité ( les ressortissants français en Algérie en 1994-1995), de leur
activité ( étrangers participant à la reconstruction de l’Iraq) . Il peut s’agir
simplement de policiers ou de militaires anonymes, considérés comme des
troupes d’occupation (Irlande du Nord, Eus kadi) ou comme des (
collaborateurs » au sens de l’occupation allemande (miliciens français, policeras
iraquiens). Ce type d’action ne se limite pas à l’assassinat. Il peut en rester au
stade de la simple menace non suivie d’effet, se traduire par des atteintes aux
biens ou des enlèvements.
Cette méthode a généralement pour caractéristique d’obtenir le maximum
d’avantages avec un minimum de violence : les effets collatéraux sont en effet
limités, la victime n’étant généralement pas considérée comme « innocente »,
son engagement personnel ou professionnel suffisant à en faire un ennemi au
sens militaire du terme.
Elle canine parfois à la guerre de guérilla, dans la mesure où tuer un
militaire ou un policier isolé peut être considéré comme la forme ultime de la
concentration des forces sur un objectif limité. Elle vise à faire peser une
pression précise sur un acteur politique ou une population bien déterminée.
C’est la plus rationnelle des méthodes car elle est généralement
parfaitement lisible. L’auteur, la victime, la cible politique visée à travers la
victime, l’attentat et son contexte forment un ensemble généralement
intelligible.
Il existe des exceptions à ce principe, comme dans le cas du terrorisme
corse : les attentats concernent dans leur très grande majorité des objectifs
symboliques mais matériels, les homicides volontaires demeurant exceptionnels
en dehors du milieu indépendantiste lui –même. La lisibilité du phénomène
pâtit sans doute également de l’interférence de la violence politiques avec les
pratiques proto-mafieuses ou purement criminelles qui caractérisent l’activisme
sur l’ils.
La deuxième forme d’attentat est limitée mais aveugle.
Elle a pour particularité de ne faire que quelques victimes, voire de
simple dégâts matérielles sur des objectais dont on peut penser qu’ils ne sont
pas ciblés. Le caractère aveugle démontre une volonté d’agir sur les opinions et
à travers elles sur les autorités de l’État visé.
Son caractère limité atteste de la volonté d’anticiper la phase de
négociation qui pourrait succéder à l’action terroriste proprement dite. L’auteur
de l’attentat « limité » est animé par la volonté de demeurer fréquentable et de
se muer, un jour, en acteur politique fréquentable.
Ce choix politique et stratégique est essentiel dans la mesure où il exclut
à priori le passage au «terrorisme de masse » qui risque de discréditer pour
longtemps son commanditaire, Cette forme d’activisme est souvent employée
par des groupuscules sans grande assise sociale ni moyens, qui cherchent avant
tout à se faire connaître. Sauf accident ou hasard malheureux, comme dans le
cas de l’ARB en avril 2000, ces attentats ne causent que des dégâts matériels.
Parfois, l’attentat est conçu pour faire de nombreuses victimes, mais
l’information des autorités a pour objectif d’éviter le pire : il s’agit dans ce cas
de faire une démonstration de force (si je le veux, je suis en mesure de vous
faire très mal…) tout en conservant une certaine humanité (… mais je ne le
veux pas … ou du moins pas encore).
L’exercice est toutefois risqué car l’exécutant n’est pas à l’abri d’une
erreur matérielle, voire d’une manipulation des autorités qui feront porter la
responsabilité des victimes, comme dans le cas de l’IRA déjà mentionné. Dans
une forme plus grave, les attentats aveugles mais limités peuvent faire des
victimes, tués et blessés, en nombre limité. Il convient à ce niveau d’analyser
les conditions précises de l’action entreprise et de déterminer si son caractère
limité est voulu ou non. Certains attentats aux conséquences relativement
limitées étaient conçus pour causer de nombreuses victimes, mais ils n’ont pas
eu l’efficacité recherchée.
Des attentats de masse partiellement manqués, ou n’ayant pu avoir lieu,
se sont multipliés au cours des dernières années. Les frappes contre New York
et Washington ne sont finalement que la réplique d’un projet beaucoup plus
ambitieux que Khalid Cheikh Mohammed n’a pu que partiellement » vendre’ à
Oussama Ben Laden : la première version d’attentats simultanés, l’opération
Bojinka, concernant dix avions de ligne transitant dans le Pacifique Elle avait
faire long feu à la fin des années 1990 en raisin de l’arrestation de plusieurs
membres du groupe constitué pour la perpétrer.
Le Troisième type d’attentant est destiné à provoquer un traumatisme et à
faire un maximum de victimes de façon aveugle.
Les destructions d’avions de ligne en vol ont constitué les premières
manifestations de ce procédé qui exprime une absence totale de retenue et
exclut généralement une revendication explicite, Causer la mort de centaines de
passagers d’avions de ligne, dont on ne connaît ni la nationalité ni les activités,
se limite à manifester sa haine sans l’assumer. On se souvient que dans les
explosions en vol au-dessus de Lockerbie et du Ténéré, on a vu successivement
la responsabilité de la Syrie et de l’Iran avant de mettre en évidence la signature
de la Libye de Kadhafi. Les attentats de 1993 et de 2001 sur le Ward Trade
Centre sont une autre illustration de ce phénomène, encore que les frappes du
11 septembre aient porté une charge symbolique importante. L’utilisation du
sarin dans le métro de Tokyo, même s’il n’a causé au final » que « di morts, est
également à classer dans cette catégorie qui, pour l’essentiel, fournit encore peu
d’exemples mais nourrit toutes les angoisses : quand « les terroristes »
disposeront d’armes de destructions massives, de gaz de combar, de souches
bactériologiques, d’armes nucléaires voire de simples « bombes sales », jusqu’
où pourront-ils aller ? La question se pose effectivement, mais il faut bien
comprendre que peu de groupes ont intérêt à passer à ce stade. A ce jour, la
seule organisation à avoir fomenté un attentat de masse à l’aide des moyens
NRBC est la secte Aum Shinrikyo. Certes, des actions ont également été
conduites avec des moyens biologiques, la fameuse « poudre blanche », un
virus de l’anthrax qui a circulé par voie postale après les attentats du 11
septembre, et a causé plusieurs décès.
Il s’agissait en l’occurrence d’une action limitée et partiellement ciblée
destinée à créer une psychose, en aucun cas d’une action de masse destinée à
tuer un maximum de personnes innocentes.
Il n’est pas inutile de constater que l’initiateur de l’utilisation des gaz à
Tokyo est un illuminé, gourou d’une secte millénariste dont l’action avait pour
objet (encore que, même après le procès de Shoko Asahara, les choses ont gardé
leur mystère) de préparer la fin du monde.
L’intérêt politique de passer à ce type d’action semble exceptionnel et s’il
est avéré que la plus puissante entité terroriste jamais constituée, Al-Qaïda, a
tenté de se doter d’une capacité NRBC, ce fait amène plusieurs commentaires :
d’abord, en dépit des conditions très favorables qu’elle a connues jusqu’ à la fin
de 2001, Al Qasida ne s’est pas procuré cette capacité. Ensuite, n’y étant pas
parvenue, faute de volonté ou de moyens, peut-être même des deux, Al-Qaïda
n’en a pas eu besoin pour causer l’attentat le plus meurtrier de l’histoire et
provoquer l’ouragan géopolitique souhaité.
Quelques cutters, des faux passeports, de l’ingéniosité et des volontaires
de la mort : c’est avec ces moyens on ne peut plus traditionnels et moins de
500 000 dollars que les frappes du 11 septembre ont pu être commises. L’intérêt
du terrorisme NRBC reste donc à démontrer. Pour être improbable, il n’en reste
pas moins possible, d’autant que les sectes millénaristes sont nombreuses et
souvent prospères.
La quatrième forme de terrorisme concerne les actions de masse et
ciblées Elles sont rares et se rapprochent de la guerre par leur puissance et le
choix des cibles, parfois militaires .Quand le Hezbollah fait exploser les
casernes de contingents étrangers dans un pays en situation de conflit armé,
comme ce fut le cas à Beyrouth en 1983, seule l’arme utilisée distingue
l’opération d’un fait de guerre : le camion remplace en l’occurrence les missiles
de croisière ou les bombes guidées laser dont le Hezbollah ne dispose pas. Les
troupes visées se trouvent sur un théâtre d’opération extérieure,
L’attentat n’a pas lieu dans un zone de combats à proprement parler, ni
dans une situation de belligérance déclarée, mais il n’en présente pas moins une
forte connotation guerrière et se situe dans l’une des rares situations de réelle
fongibilité entre les poneys terroristes et militaires. Certains attentats de grande
envergure contre des casernes de la Garde cible (l’attentat de Saragosse qui fit
douze tués en décembre 1987), contre les emprises tenues par les troupes
américaines en Arabie Saoudite (Dharan en 1996) illustrent cette volonté de
conduire, par le moyen de l’attentat à l’explosif, des opérations se situant dans
une perspective de guérilla.
A partir de ces quatre modèles bruts, une grille peut être établie pour
caractériser les phénomènes terroristes que l’on souhaite analyser.
Comme toute entreprise de catégorisation, celle-ci permet de faciliter la
compréhension du choix des leviers d’action utilisé par les groupes commettant
des attentats. Fonctionnent-ils sur un ou plusieurs modes ? Dans des situations
particulièrement confuses comme celle que connaît l’Iraq les méthodes utilisées
permettent-elles de déterminer combien d’entités distinctes participent à
l’entreprise de déstabilisation par la violence ? Cette étude porte sur deux
éléments distincts : le premier est celui de l’effet recherché qui peut être de
causer un maximum de morts au hasard ou de produite, à l’inverse des dégâts
parfaitement ciblés. Le second concerne le mode opératoire au sens où l’entend
un enquêteur : la dimension plus ou moins sacrificielle de l’attenter donne en
effet des indications précieuses quant aux caractéristiques du groupe considéré.
Si l’on prend l’exemple de l’assassinat, plusieurs méthodes sont en effet
utilisées : l’auteur peut organiser son immunité (tir au fusil à lunette de type J.F.
Kennedy), accepter par avance d’être arrêté ou tué (attentats perpétrés contre
robert Kennedy ou le pape Jean Paul II) ou encore se donner la mort dans
l’opération (volontaire de la mort de type Indira ou Rajiv Gandhi ou, plus
récemment, Benazir Bhutto).
Le terrorisme, à quelles fins ?
L’approche objective et instrumentale, si elle est nécessaire, ne peut être
suffisante et l’étude du contexte, comme celle de buts explicites ou implicites
des organisations recourant au terrorisme, prend une part importante dans la
compréhension d’une situation.
Cette étude politique, comme l’étude purement instrumentale, doit être
conduite en évitant les a priori conduisant à des erreurs d’interprétation.
On a pu lire par exemple, à propos des frappes du 11 septembre, que leurs
auteurs étaient sans objectifs politiques, que le caractère apocalyptique des
attentats et l’absence de revendication et de tentative de négociation devaient
faire classer cet événement dans la catégorie du terrorisme millénariste.
Il est clair que de telles interprétations, fondées pour l’essentiel sur des
approches ressenties, voire viscérales, des situations contribuent grandement à
fausser le choix des options majeurs dans la lutte contre Al-Qaïda.
La première chose dont il convient de se persuader à ce stade est la
pluralité et l’hétérogénéité des objectifs politiques et des stratégies
correspondantes.
Un confusion majeure consiste à considérer que seules les idéologies
profanâtes peuvent être nature politique. Cette approche méconnaît les formes
de pensée et les cultures dans lesquelles le partage entre le temporel et le
spirituel n’est pas aussi clairement défini que dans les Évangiles. L’idéologie
marxiste et ses divers dérivés (léniniste, trotskyste, maoïste, guévariste, etc.).
Inspirent et ont inspiré de nombreux groupes recourant au terrorisme.
Elle constitue souvent une référence secondaire accompagnant une lutte
nationaliste : ETA, L’IRA, le FLNKS, le PKK ( qui a opportunément, dans les
années 1990, abandonné les références marxistes au profit de celles de l’islam)
affichent ou ont affiché leurs convictions marxistes. La référence religieuse
n’est pas totalement absente du terrorisme occidental : certains groupuscules
d’extrême droite font explicitement référence à l’Occident chrétien. Cet appel à
la religiosité demeure toutefois extrêmement marginal dans la mesure où aucun
groupe politique occidental ne recourt au terrorisme dans le but d’instaurer une
théocratie. On l’a vu, les « catholiques » irlandais représentent surtout une
communauté sociale et ne délivrent pas de message théologique particulier. Ils
sont plus républicains que catholiques et les groupes qui leur font face sont plus
unionistes que protestants. Notre système de pensée et les évolutions culturelles
et politiques suivies depuis la fin du XVIIIe siècle nous poussent naturellement
vers une conception laïque de la politique.
Le fait que la reine d’Angleterre soit formellement à la tête de l’Église
anglicane n’en fait pas une référence spirituelle. Croyants ou non, les
Occidentaux rendront toujours à césar ce qui est à César et à Dieu ce qui est à
Dieu.
Pour les saadistes ou certains chiites duodécimains inspirés par Ruhollah
Khomeini, la situation est totalement différente. Leur unique référence est la
situation qui prévalait au cours de l’âge d’or qu’ils se sont choisi : les compteurs
sont bloqués dans les premières années de l’islam le Prophète était à la fois le
guide spirituel, le chef de l’Oumma, la communauté des croyants, et le
commandant en chef. Le seront aussi les premiers califes, référence
exclusivement sunnite, dont la puissance et la volonté ont permis d’investir
l’Asie, l4Afrique du Nord et le sud de l’Europe. Le califat auquel aspirent les
décadistes n’est pas la fantomatique façade affichée par les derniers Orromans
avant l’ére d’Atatürk : c’est le calcifiait originel, celui qui voyait les Omeyyades
incarner la légitimité de successeur du Profère dans toutes ses dimensions :
temporelle et spirituelle, sociale et guerrière.
Le propos d’Oussama Ben Laden était clair quand il affirmait que son but
ultime était de recréer le Califat.
L’objectif était clairement affiché redonner à l’Oumma sa globalité et
son universalité originelles ; transcender les frontières qui morcellent indûment
la communauté des Croyants et, pour cela faire chuter les régimes impies qui
règnent sur des États artificiels qui ne survivent que grâce au soutien des
Impies ; appliquer la seule loi qui soit, la charia interprétée de la façon la plus
restrictive possible.
LE projet est fondamentalement politique, Dans cette conception partagée
par une minorité répandue sur l’ensemble de l’Oumma, l’islam est ici considéré
comme un universalisme.
Le terrorisme d’Al-Qaïda n’est donc pas d’inspiration religieuse au sens
où nous pourrions l’entendre. Il n’a pas pour objet de convertir les infidèles
mais de prendre le pouvoir dans les pays musulmans actuellement dirigés par
des laïcs ou des faux musulmans, en d’autres termes des apostats qui sont pis
que les infidèles eux-mêmes.
Ce terrorisme n’a rien de millénariste non plus, quels que soient la
dimension eschatologique et le culte sacrificiel qui le caractérisant.
Le projet d’Al-Qaïda est bien politique, inséré par des auteurs qui sont
autant des référence politique , inspiré par des auteurs qui sont autant des
références politiques que religieuses : Sayed Qutb, l’Égyptien, mais aussi
l’Indo-pakistanais Abu Ala Mawdudi, contemporain de Qutb et Al-Banna et
promoteur d’un islamisme politique incarné par le Jama » at-e-islami : Quant au
« modèle » de la Révolution islamique en Iran, bien qu’ entaché du péché
originel du chiisme, il prélaic, soutenu par les États-Unis, et de lui substituer
une théocratie durable en dépit des réactions hostiles de la plus grande partie de
la communauté internationale . Le projet saadiste est donc par nature
révolutionnaire et vise à mettre en place un système totalitaire absolu puisqu’ il
tend à contrôler tous les aspects de la vie sociale mais aussi les consciences.
Terrorisme « raisonné » ou terrorisme de rupture ?
L’idéologie affichée par les groupes recourant au terrorisme nous apporte
des indications sur la nature de leur objectif, Celui-ci peut être atteint par le
biais de deux démarches qu’il s’agit de distinguer car le cheminement politique
choisi conditionnera le type de violence utilisé. La première démarche est celle
d’un terrorisme que l’on peut qualifier de « raisonné » alors que la seconde
révèle une stratégie de rupture. L’analyse du type de violence utilisé fournit
donc à l’observateur un éclairage appréciable sur la nature de la démarche
entreprise et sur les actions prévisibles.
Terrorisme « raisonné »
Le terrorisme « raisonné » est celui qui peut être considéré comme un
préalable à la recherche d’une issue politique, par la voie de la négociation ou
de la participation à un processus démocratique.
Beaucoup d’organisations passent par plusieurs étapes dans leur
utilisation du terrorisme : une phase existentielle au cours de laquelle elles
s’affirment, Une phase publicitaire ou expressive au cours de laquelle elles
s’affirment, Une phase publicitaire ou expressive au cours de laquelle elles
tentent de recueillir l’adhésion d’une base sociale, et/ ou d’acteurs
internationaux susceptibles de leur apporter leur solution. Enfin, certains
groupes parviennent à un stade de maturité politique qui leur permet de ne plus
recourir à la violence pour jouer un rôle. Dane cette optique, la durée dans
laquelle s’inscrit l’action entreprise est plus importante que l’intensité de la
violence utilisée : la lutte s’inscrit dans la durée. Les excès de violence se
révèlent d’ailleurs contre-productifs car ils risquent de diaboliser l’organisation,
y compris auprès de sa base sociale potentielle, ce qui ne facilite pas le passage
à une phase politique au cours de laquelle la composante non combattante
prendra la main.
Cette phase peut être illustrée par un rapide survol de l’histoire de l’IRA.
L’Armée républicaine irlandaise, mise en sommeil à la fin de la guerre civile,
est totalement impuissante au début des années 1970. Elle est totalement
inefficace quand les violences des milices protestantes se multiplient à
l’encontre de la population catholique.
On peut alors lire sur les murs de Belfast : « IRA= » I ran away », ( je
me suis enfui). C’est l’armée britannique qui vient alors assurer la protection de
la minorité catholique. La réactivation de ce qui n’était plus qu’une
organisation virtuelle depuis cinquante ans se traduira par une montée en
puissance de la dimension terroriste qui, en fin de compte, sera à l’origine de
plus de 3000 morts en vingt-cinq ans.
La violence sera pratiquée avec une intensité variable qui verra l’aura de
l’IRA évoluer au gré des violences : les tueries aveugles la découplent de la
majorité catholique alors que les excès de la répression britannique lui valent
des regains de sympathie et de soutien.
Cet effet de la violence sur l’évolution des conflits est capital. Il existe un
point d’équilibre dans l’exercice de la violence en deçà duquel l’organisation
n’est pas crédible et au-delà duquel elle se coupe de sa base.
A l’inverse, le contre-terrorisme sert la cause des terroristes dès lors qu’il
paraît excessif ou injuste. A l’issue d’un processus, qui prend des années, le
Sinn Féin dirigé par un ancien pilier de l’IRA militaire, Gerry Adams, entre
dans un cycle de négociations dont le préalable aboutit à l’Accord du vendredi
saint.
Ce parcours est comparable à celui de l’autre grand mouvement
nationaliste et socialiste européen. ETA, créé à la fin des années 1950, qui se
radicalise à la fin des années 1960 et connaît des poussées de violence
accompagnées de désaffection tandis que les dérives de l’antiterrorisme lui
apportent un surcroît de popularité.
Dans cette évolution, toute erreur dans le dosage de la violence se traduit
par une perte de légitimité : c’est au plus fort du scandale des GAL, quand
plusieurs hautes autorités dont un ancien ministre de l’Intérieur sont condamnés
à la prisions ferme pour avoir commandité l’enlèvement d’un supposé Éjarra,
que les vitrines électorales obtiendront leurs meilleurs résultats ; près de 18%
pour les candidats regroupés sous la bannière d’Euskal Herritarok. A l’inverse,
l’échec du projet de règlement politique engagé lors du pacte de Lizarra et la
reprise des attentats après une trêve qui n’a débouché sur aucune négociation
sérieurse marquent la chute des nationalistes qui ne recueillent plus que 10%
des suffrages.
Les groupes qui s’inscrivent dans cette démarche de terrorisme
« raisonné » anticipent toujours avec plus ou moins de clairvoyance le passage
à la phase politique et aux négociations, Le processus est conduit dans la durée ;
il aura fallu vingt-cinq ans à l’IRA pour que sa voix politique, le Sinn Féin, se
voie reconnaître le statut d’interlocuteur politique. ETA n’est pas encore
parvenu à ce stade, sans doute faute de la vouloir vrainement, sans doute
également pour n’avoir pas pu maîtriser les démons de ses dissensions internes .
En tout état de cause, toute erreur dans l’utilisation de l’arme terroriste
peut être fatale politiquement. Les erreurs de jugement se payent sur plusieurs
années, le temps que les images s’évaporent dans la mémoire collective et que
l’émotion s’estompe.
En dépit des erreurs commises par défaut d’analyse ou par perte pure et
simple de contrôle, les groupes engagés sur une voie susceptible de se conclure
par une phase politique parviennent à se contrôler.
La violence est alors utilisée comme un argument fondamental de la
négociation : l’arrêt des attentats est échangé contre la reconnaissance d’une
légitimité politique.
C’est le processus employé par les guérillas et des groupes terroristes du
monde entier, voir par les États convaincus d’avoir subventionné ou
commandité des attentats Mais pour que la démarche aboutisse, tout passage au
terrorisme de masse doit être évité.
Terrorisme de rupture
Il n’en est pas de même quand le terrorisme est utilisé dans le cadre d’une
stratégie de rupture, Dans cette optique, la négociation n’est pas considérée
comme un objectif car aucun interlocuteur n’est supposé disposer de la
légitimité nécessaire pour négocier.
Le Republication irlandais ou l’Etarra ne remettent pas en cause la
légitimité des autorités britanniques ou espagnoles, ils réfutent simplement
l’exercice de leur souveraineté en Irlande du Nord ou en Euskadi. Tout ce qui,
de près ou de loin, s’inscrit dans la logique de l’exercice du droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes se situe dans cette perspective, A l’inverse, quand l’objet
de la lutte est d’assène révolutionnaire, il n’y a rien à négocier. Les
Bolcheviques n’avaient rien à négocier avec le tsar de Russie et Mao Ze Dong
n’avait rien à négocier avec le Kuomintang.
Qu’elle s’appuie sur le développement d’une guerre civile, d’une guérilla
ou d’une simple série d’attentats, la démarche révolutionnaire n’a pas vocation
à marchander quoi que ce soit et surtout pas l’arrêt de la violence. Le rapport à
la violence est donc différent et le contrôle de celle-ci est beaucoup plus
aléatoire. Aux yeux du groupe qui s’engage sur cette voie, l’affrontement est
total. Le risque de passage à une violence radicale et au terrorisme de masse est
alors crédible.
Aucun de ces deux modes d’action terroriste n’est totalement pur. Au
sein d’une mouvance, quelle qu’elle soit, il existera toujours une faction plus
dure que l’autre, des partisans de la méthode raisonnée et des révolutionnaires
purs et durs.
Ces clivages se révèlent ou se radicalisent quasiment chaque fois qu’une
organisation entre dans une phase de négociation : l’apparition de l’IRA
véritable après le Hamas après le lancement du processus d’Oslo viennent
brouiller les cartes ou, plus exactement, en rajouter. La nouvelle donne doit
alors être étudiée de façon à évaluer quelle ligne est en mesure de s’imposer.
Terrorisme et antiterrorisme, quels messages ?
Quelle que soit la démarche entreprise, rupture ou recherche de
négociation, le groupe recourant au terrorisme verra sa nature conditionnée par
le crédit dont il dispose auprès de la base communautaire qu’il revendique. Les
attentats sont en effet, commis au nom d’une cause et au profit d’une
communauté généralement bien définie. Il peut s’agir du peuple basque ou du
peuple corse, du prolétariat ou des musulmans.
Le recours au terrorisme marque généralement le fait que le groupe
considéré se trouve dans l’impossibilité de conduire son combat politique par
d’autres moyens et notamment par la voie démocratique.
Il peut y avoir plusieurs raisons à cela : les institutions peuvent ne pas
permettre que le groupe se fasse entendre autrement que par la violence. Si les
partis politiques sont interdits, que le processus électoral est inexistant ou vicié,
la seule voie ouverte devient celle de la violence.
Dans les démocraties, l’option du terrorisme correspond généralement au
fait que le groupe est trop minoritaire pour exister politiquement. Il légitime
alors son action par le fait que la démocratie n’est qu’ apparente, le jeu électoral
étant présenté comme un simulacre destiné à assurer le maintien au pouvoir de
la classe dominance ou de la puissance occupante, la notion « d’avant-garde »
théorisée par Lénine justifie alors l’utilisation de la violence pour permettre à la
véritable majorité de se révéler à elle-même. La question est alors de savoir, au
–delà du caractère toujours un peu artificiel de l’exercice consistant à anticiper
sa propre légitimité, ce qui tient de l’illusion et ce qui est réellement fondé.
En d’autres termes, de quel soutien bénéficie réellement le groupe dans la
communauté dont il se réclame ? Les réponses sont infiniment variées et le plus
souvent complexes.
Quelles racines ?
Tout en bas de l’échelle se situent des groupes ne bénéficiant d’aucune
représentativité. Les «Euroterrorismes » de la Fraction armée rouge allemande,
des Brigades rouges italiennes, d’Action directe en France ou du groupe du 17
novembre en Grèce n’ont jamais suscité de mobilisation au sein du prolétariat.
L’Armée révolutionnaire bretonne est totalement marginalisée en Bretagne.
Pour tous les groupuscules déconnectés de la base qu’ils revendiquent, la
réponse est relativement simple car elle se limite à la dimension policière et
judiciaire. Olive de soutien et, surtout, d’une capacité de régénération, le groupe
disparaît avec ses membres. Il est comparable à la bande organisé qui commet
une succession d’infractions, prend le contrôle d’établissements divers (jeux,
restaurants, discothèques, etc.) mais disparaît ou se dissout quand ses dirigeants
sont interpellés ou tués. Dans les milieux de la grande criminalité, la bande
organisée par nature éphémère est à distinguer de l’organisation criminelle
proprement dite. Cette dernière constitue pour sa part un tout distinct de la
personnalité de ses membres, Plusieurs chefs historiques du Cosa Nostra ont été
arrêtés, mais cela n’empêche pas cette organisation de survivre. Au hasard des
coups qu’on lui a portés, cosa Nostra a pu modifier ses modes de
fonctionnement et ses activités, elle est passé par des périodes de rétractation et
de discrétion, mais son existence n’a jamais été menacée.
C’est le propre de toutes les grandes organisations criminelles fortement
ancrées dans leur environnement sur une base géographique, communautaire ou
familiale élargie : les Boryokudan japonais, les Triades chinoises, les groupes
ethniques de l’ancienne URSS s’assurent une pérennité ga^ce à leur capacité à
puiser leurs ressources humaines sans cesse dans un groupe social bien
identifié.
Certaines organisations terroristes fonctionnent de la même façon et
constituent un second niveau dont le traitement est autrement plus délicat que
celui des groupes déconnectés de toute base sociale.
Dès qu’un mouvement dispose d’un capital de sympathie et de solution
suffisant au sein de la population qu’il prétend représenter, il acquiert une
capacité de régénération, il acquiert une capacité de régénération qui le fait
changer de dimension : le traitement policier et judiciaire demeure
indispensable mais n’est plus suffisant. ETA constitue un modèle intéressant à
cet égard : les attestations de « chefs historiques », de « chefs militaires » de
« responsables de la logistique » de l’organisation indépendantiste basque se
succèdent depuis des années, en France comme en Espagne.
Indubitablement, l’efficacité des magistrats instructeurs et des enquêteurs
affaiblit ETA sans jamais donner l’impression d’en venait à bout.
L’organisation est souvent ébranlée, doit revoir ses stratégies à la baisse,
se place en situation de défensive, mais elle n’en continue pas moins à exister,
avec une base électorale oscillant, comme nous l’avons vu, entre 10 et 18% des
électeurs du Pays basque, les thèses et les objectifs affichés par le mouvement
indépendantiste rassemblent une minorité dont on ne peut pas ne pas tenir
compte.
Le problème posé ne peut pas être simplement réglé par l’arrestation des
membres actifs de l’organisation terroriste. Dans la communauté
indépendantiste s’est constituée, autour d’ETA proprement dit, une kyrielle de
groupes culturels, artistiques et militants qui attire de nombreux jeunes
sympathisants. Parallèlement, le développement de la «Kalé borroka », cette
guérilla urbaine de basse intensité conduite pour marquer le territoire des
principales agglomérations basques, périmer d’assurer une transition entre le
simple sympathisant et l’activiste. Les actions violentes permettent de détecter
les individus particulièrement motivés et présentant les qualités requises pour
intégrer les commandos illégaux d’ETA. Il existe donc un circuit naturelle
renouvellement des membres de l’organisation. L’intensification de la traque et
l’arrestation de nombreux dirigeants aguerris posent un sérieux problème
d’encadrement à l’organisation qui ne dispose plus, à l’heure actuelle, d’un
nombre suffisant de responsables expérimentas pour poursuivre ses activités
dans de bonnes conditions. Les arrestations perturbent donc gravement son
fonctionnement, mais ne suffisent pas pour supprimer le problème comme on a
pu mettre un terme aux activités de la Fraction armée rouge par exemple.
Cette aptitude à s’inscrire dans la durée a plusieurs conséquences dont la
première est politique : même dans l’hypothèse où la branche armée est
exsangue, la branche politique existe toujours et s’appuie sur une minorité
généralement active. Au plan opérationnel, la conséquence tient à
l’impossibilité à s’assurer de la fin des violences.
Une action efficace des services répressifs peut permettre de mettre un
terme à un cycle d’argentas, mais il est impossible d’anticiper la véritable fin
des violences qui n’intervenir qui’ avec le règlement politique du problème
Celui-ci ne permet d’ailleurs pas de mettre un point final au terrorisme car il se
trouve toujours une fraction « dure » qui refuse la solution négociée et
continue la «lutte armée ».
L’Accord du vendredi saint n’a pas soldé le terrorisme en Irlande du
Nord car plusieurs groupuscules issus de l’IRA et des milices protestantes
opposées au processus de règlement politique continuent leurs exactions. Il
apparaît donc que la notion «d’éradication du terrorisme » est une vue de
l’esprit à partir du moment où le groupe recourant à la violence armée dispose
d’une base populaire.
Le troisième niveau se situe à la frange entre le terrorisme et d’autres
formes de violence. C’est celui qui voit une forte minorité, voir une majorité, se
rallier aux groupes pratiquent le terrorisme.
C’est le cas en zone occupée ou dans des situations pré-
insurrectionnelles. Le terrorisme n’est alors généralement qu’un moyen,
employé par défaut ou en complément de la guérilla, voire d’affrontements
armés classiques. Ce stade peut apparaître comme l’emballement du processus
décrit plus Garut et c’est le plus difficile à gérer sur les plnspolitique et
opérationnel. Les volontaires affluent pour se livrer à la violence qui dépasse les
seuils d’intensité connus jusqu’ alors.
Les haines sont exacerbées, les voix plaidant pour un recours aux
solutions négociées se marginalisent jusqu’ à être totalement étouffées. Le cycle
violences/ représailles s’enchaîne à un tel rythme qu’il devient impossible de
savoir q qui répond à q qui, chacun s’estimant fondé à répliquer aux
provocations et aux violences de l’autre. Le cas d’école de cette situation
concerne les territoires occupés. fées, Le cycle violences représailles s’enchaîne
à un tel rythme qu’il devient impossible de savoir qui répond à qui, chacun
s’estimant fondé à répliquer aux provocations et aux violences de l’autre. Le cas
d’école de cette situation concerne les territoires occupés en Palestine où, en
quelques années, l’espoir d’une solution négociée entrevu avec les accords
d’Oslo a laissé la place à une radicalisation de la violence Non seulement les
factions extrémiser et violentes se sont renforcés chez les Palestiniens, mais les
rangs des partisans de la paix ont fondu chez les Israéliens. Il suffit de revoir les
images du grand rassemblement pour la paix au cours duquel Itzhak Rabin a été
assassiné et de voir aujourd’hui les poignées de militants soutenant le retour au
processus d’Oslo pour prendre la mesure de cette évolution.
La conclusion à tirer de l’observation de ce changement de nature des
phénomènes terroristes en fonction du soutien qu’ils suscitent est simple :
combattre le terrorisme, ce n’est pas seulement mettre les terroristes hors d’état
de nuire, c’est également prendre soin de ne pas renforcer leur légitimité auprès
de la base sociale sur laquelle ils s’appuient ou tentent de s’appuyer. Les
groupes recourant au terrorisme recherchent une reconnaissance et un soutien.
La répression doit s’effectuer de façon à ce qui ‘ils n’obtiennent pas ce
qu’ils recherchent Ernesto Guevara était fort de ses convictions, mais il est
apparu comme un piètre stratège et un tacticien calamiteux.
Il n’a pas su créer le mouvement de résistance qu’il cherchait à susciter et
sa dernière campagne a pris fin de façon misérable. Son courage devant la mort
et les conditions inexcusables de son exécution auront fait mille fois plus pour
sa cause que toute son activité opérationnelle. Le mythe a fait oublier les limites
évidences du théoricien et de la stratégie. La photo mythique du chai fleurit
encore sur les T- shift, les affiches et les drapeaux plus de 40 ans après sa mort.
Que’ en sera-t-il des portraits d’Oussama Ben Laden ? Certes la représentation
symbolique attachée à l’image de Guevara relève plus d’une forme de
protestation tiers-mondo-philanthrope que de la lutte armée. Mais la révolution
qu’il incarnait dans les années 1960 s’inscrivait dans une fenêtre historique
étroite, celle des dernières utopies marxistes. Le message guerrier d’Oussama
s’aptien sur une histoire séculaire, il s’adresse à une Oumma de millions
d’individus dont la situation politique économique et sociale génère une
frustration partagée. Toute action lancée dans le domaine de l’antiterrorisme
doit intégrer cette réflexion sur les effets prévisibles au sein de la « clientèle »
du groupe visé. Il ne faut pas perdre de vue le fait que les dérives de
l’antiterrorisme ne peuvent que renforcer la position des terroristes qui peuvent,
à bon droit, se poser en victimes et mettre le doigt sur les dérives des régimes
qu’ ils combattent. En Espagne, l’arrestation de M. Barionuevo, ancien ministre
de l’Intérieur compromis dans les exactions des GAL a plus fait pour la cause
basque que tous les attentats d’ETA. Il ne suffit pas de combattre les terroristes,
il faut apporter la preuve que leurs accusations sont sans fondement.
Chaque action, chaque déclaration dans l’opposition
terrorisme/antiterrorisme doit être à cette fin étudiée en utilisant le modèle de la
relation terroriste.
La relation terroriste.
Le modèle de la relation terroriste à été proposé par Michel Wieviorka et
Dominique Walton. Le schéma très simple utilisé présente l’intérêt de faire
apparaître les différents messages que s’adressent et reçoivent les protagonistes.
Il se présente comme un triangle dont les côtés représentent les groupes
terroristes, les autorités et les tiers, c'est-à-dire les opinions publiques, les
médias figurent au centre car ils participent, d’une façon plus ou moins neutre, à
la transmission des messages .
Quand un attentat est commis par une organisation, celle-ci ne se
contente pas d’adresser un message aux pouvoirs publics, elle en appelle
également à l’opinion publique dont elle attend en retour une réaction. De la
même fanion, la réponse des pouvoirs publics à l’agression terroriste ne
s’adresse pas seulement à l’organisation, elle vise également les tiers : l’attentat
constitue un défi vis-à-vis des pouvoirs publics et appelle les tiers à remettre en
cause la légitimité des autorités.
La réaction des pouvoirs publics ne se limitera pas à la volonté de mettre
un terme aux activités de l’organisation terroriste.
Il s’agit également de montrer à l’opinion qu’il n’est pas question de
céder à la menace afin de susciter un élan fédérateur et de cohésion.
Cette représentation peut être complétée en distinguant les différentes
catégories de pouvoirs publics et les différentes opinions auxquelles on
s’adresse. Dans le cas d’un terrorisme transnational, il y a pluralité d’activeurs :
l’attentat pourra concerner à la fois les autorités du pays sur le territoire duquel
est organisé l’attentat et les autorités de l’État dans lequel se situe le problème
politique que l’on entend régler. Les attentats perpétrés en France en 1995-1996
à l’instigation des GIA avaient pour but d’infléchir la politique du
gouvernement français dans sa politique algérienne, de paresser sur les
autorités algériennes en cherchant à perturber leurs relations avec la France
mais aussi d’imposer l’idée, au sein de la communauté musulmane, que le
combat des GIA prenait une dimension internationale. Le message aux opinions
publiques peut être démultiplié de la même façon et l’on s’adresse à la Foix à la
population visée par les attentats et à la population au nom de laquelle le
combat est mené.
Les attentats de 1995-1996 avaient notamment pour objet de faire
pression sur l’opinion publique française afin qu’elle pèse sur les décisions
gouvernementales.
La violence et la dimension médiatique des attentats amènent souvent
l’observateur occidental à occulter une partie importante de la relation terroriste.
Si le défi lancé aux États-Unis et plus généralement à l’Occident n’ a échappé à
personne, une fréquente analyse a consisté à limiter les événements du 11
septembre à cette seule dimension de défi et de haine. Le schéma de la relation
terroriste permet de compléter cette approche qui est à la fois fondée et
insuffisante.
Combien coûte le terrorisme ?
Même si certes question n’a guère fait l’objet d’études exhaustives, un
certain nombre d’éléments provenant de différents pays peuvent donner une
idée du coût social du terrorisme.
Une étude citée par Akram Ellyas portant sur la lutte contre le terrorisme
en Algérie avançait la somme de huit milliards de dollars dépensés entre janvier
1992 et janvier 1997, soit approximativement les revenus annuels de l’État.
Cette évaluation tient compte des infrastructures détruites ou dégradées, de
l’arrêt de grands chantiers.
De l’économie, de l’abandon par les opérateurs internationaux
d’importants programmes d’investissements et de la fuite des capitaux évaluée,
à elle seule, à deux milliards de dollars .
Cette étude est contestée en Algérie car elle serait sous-estimée en raison
de l’absence de prise en compte des victimes du terrorisme. En fait, si ce
chiffre doit être effectivement interprété avec prudence, c’est aussi parce que la
violence en Algérie ne s’est pas limitée durant cette période à l’exécution de
simples actions terroristes.
Jusqu’ à la fin des comas contre l’AIS et la désorganisation des GIA, il
s’est agi d’une guerre de guérilla complétée par des actions spécifiquement
terroristes.
Quelques évaluations ponctuelles de source judiciaire donnent des
indications utiles sur le coût social du terrorisme. L’auteur de l’attentat d’
Oklahoma City de 1995, Terry Nicholas, a été condamné pour « crime contre la
Constitution des États-Unis » et le juge fédéral de Denver a estimé à quatorze
millions et demi de dollars l’indemnité correspondant aux cent soixante-huit
morts et six cents blessés qui ont résulté de son acte. En Italie, les attentas
mafieux qui avaient fait dix morts et une centaine de blessés à Rome, Florence
et Milan en 1993 ont été évalués par la justice à deux cent trente millions de
lires.
Cette indemnité concerne les dommages moraux résultant de la
destruction de la galerie des Offices, de Saint-Jean de-Latran et de Saint-
Georges-de-Velabre ainsi que les dommages matériels. En Espagne, la « dette
de sang » d’ETA correspondant au préjudice subi par les huit cents victimes
recensées de l’organisation a été estimée par le gouvernement à soixante
milliards de pesetas, soit deux milliards quatre cent mille francs , Le Premier
ministre de l’époque, José Maria Aznar, a déclaré que l’État prendrait cette
somme à se charge, lors de l’engagement des négociations de paix inabouties de
l’automne 1998.
Selon que l’on prend en compte les indemnités à verser aux victimes, le
préjudice matériel, l’effet dissuasif que peuvent avoir des actions terrorismes ou
considérées comme telles sur les investisseurs étrangers ou locaux, il est évident
que les évaluations varient de façon conséquente En France, l’indemnisation des
victimes du terrorisme fait l’objet d’une loi qui prévoit notamment la mise en
place d’un fonds de concours, abondé par les compagnies d’assurances.
Les activités criminelles portant sur des sommes importantes ne sont pas
les seules à présenter des dangers sur le plan économique.
A quelques exceptions près, le coût du terrorisme pur est limité comme le
sont ses effets sur les activés économiques, Pourtant, la violence politique d’une
façon générale a des incidences négatives sur la croissance économique car
moins les droits de propriété sont sûrs, plus le rendement attendu de
l’investissement est faible et moins les investisseurs sont enclins à s’engager.
En dehors des situations insurrectionnelles ou de guerre cibile, il semble
que le marché du tourisme soit le premier touché par les activités terrestres. Le
terrorisme pur étant d’essence publicitaire, les actions seront régulièrement
orientées sur des populations étrangères afin d’attierr l’attention de l’opinion
publique internationale sur un conflit oublié. Les enlèvements de touristes au
Yémen, en Tchétchénie ou au Daghestan ont permis d’attirer l’attention des
médias, pas toujours de façon très positive, sur des conflits en cours, En juin
1997, le PKK a déclaré la Turquie « zone de guerre » et demandé aux touristes
de l’éviter. Les attentats de l’été 1995 ont fiat notablement baissé la
fréquentation des touristes étrangers, notamment américaines, à Paris.
L’exemple le plus abouti de dépression économique provoquée par des actions
terroristes est bien entendu l’Égypte, désertée par les touristes après l’attentat de
Louqsor le 17 novembre 1997. Le but aboulé de la Jamaa Islamiya était de
priber le gouvernement égyptien de l’une de ses principales sources de devises,
ce qui a été effectivement le cas dans les moins qui ont suivi cette action
spectaculaire et meurtrière.
Ces effets se sont toutefois dissipés et la fréquentation des touristes a
retrouvé rapidement son niveau d’avant 1997, Le procédé a été plus récemment
utilisé par un commandement territorial du groupe saadiste pour la prédication
et le combat (GSPC, devenu depuis Al-Qaïda au Maghreb islamique) confuses
par le médiatique « Abdelaziz le Para ».
Les attentats du 11 septembre 2001 se sont révélés, de loin, les plus
coûteux jamais déplorés. Le choix de la cible principale, le World Trade Center,
dont le nom pourrait être traduit par « centre mondial du commerce », n’actait
pas seulement symbolique. Même si l’on a souvent surestimé la compétence
d’Oussama Ben Laden dans le domaine du commerce international (il ne s’est
vraisemblablement jamais déplacé hors du monde musulman et n’ a pas connu
que des succès dans la gestion de ses affaires personnelles), le chef
charismatique d’Al-Qaïda en savait toutefois suffisamment pour avoir une idée
assez précise de conséquences économiques de la destruction des Twain
Tawers.
Dans une interview accordée à Tayseel Allouai, correspondant d’Al-
Jazzera à Kaboul le 21 octobre 2001, soit 40 jours après les attentats, Ben Laden
évaluait d’ailleurs les conséquences de cette action à 1000 milliards de dollars,
Une étude postérieure a minoré ces estimations en situant le coût des frappes à
105 milliards de dollars, montant à rapprocher de 500 000 dollars nécessaires à
l’organisation de l’opération.
Le coût d’un phénomène aussi varié et disparate que le terrorisme ne peut
faire l’objet d’un chiffrage simple et universel. Quelques approximations
peuvent toutefois être proposées ici avec une approche à trois niveaux. Si l’on
s’en tiennent à la simple indemnisation des victimes pour les dommages
matériels et corporels qu’elles ont subis, le terrorisme présente un coût
important mais en partie assumé par des organismes privés et, quoi qu’il en soit
car les législations sont très différentes d’un pays à l’autre, ne pesant pas sur les
équilibres budgétaires des États concernés.
Un deuxième niveau est celui des effets macro-économiques induits par
une série d’attentats. Dans certains cas, ils peuvent être considérables, comme
on l’ a vu pour l’Égypte sevrée de touristes durant plusieurs mois alors qu’ il
s’agit d’une activité économique majeure, En l’occurrence, le coût n’ a pas été
suffisant pour déstabiliser le régime du président Moubarak mais il a eu,
néanmoins, des conséquences importantes, sinon durables, sur des pans entiers
de l’économie égyptienne .
Un troisième et dernier niveau intègre les coûts induits par
l’antiterrorisme ; ils peuvent varier à l’infini selon que la stratégie de lutte
contre le terrorisme met l’accent sural dimension criminelle des organisations
ou sur leur capacité militaire réelle
L’action terroriste
Dans les années 70 et 80, lorsque le terrorisme constituait dans le monde
occidental une préoccupation majeure des citoyens, attestée par les sondages
d’opinion, en même temps qu’ un défi lancinant pour les pouvoirs publics, un
stéréotype servait couramment d’introduction aux ouvrages et aux colloques
consacrés au sujet ; le terrorisme, disait cette idée reçue, ne peut être défini, puisque
selon le point de vue que l’on adopte, le camp où l’on se situe, le terroriste des uns
est le combattant de la liberté des autres.
Certes, il n’est pas facile de donner une définition satisfaisante du phénomène,
et d’abord parce qu’il ne se réduit pas à l’objectivité de la violence mise en œuvre,
avec des effets disproportionnés par rapport aux moyens mobilisés. Le terrorisme, en
effet, relève également de la subjectivité de ceux qu’il vise ou qu’ il atteint, des
affects qu’ il met en branle au sein de la société visée, du sentiment qu’ il dépasse la
raison, qu’ il est illégitime, qu’ il soir des limites à l’intérieur desquelles la violence
serait sinon éventuellement acceptable, tout au moins compréhensible .
Une définition technique du phénomène, insistant par exemple sur ses
objectifs
- Créer la peur et la panique – ou sur ses procédés
- L’enlèvement, l’attentat, le meure, etc. .
- Ne peut que laisser l’analyste sur sa faim.
Quant aux critères qui pourraient permettre d’en apprécier le caractère
illégitime, ils sont vite inopérants, sauf lorsque le terrorisme revêt une forme
extrême, et que l’acteur n’a strictement aucune autre légitimité que celle qu’il s’auto-
attribue, aucune population, aucune communauté, aucune force sociale ou politique
dont il puisse se prévaloir.
Si définir le terrorisme est un exercice vain, traiter de l’action de ceux que le
sens commun qualifie de terroristes est possible, et utile, surtout si l’on fait l’effort
de chercher à les connaître et à appréhender leurs orientations de façon informée, et
non idéologique.
La personnalité terroriste n’existe pas.
Comment devient-on terroriste ? Il faut d’abord écarter une approche
psychologisante ou culturaliste, qui explique le passage à la violence collective
extrême par l’éducation, le type de milieu familial, la culture dans laquelle a baigné,
enfant celui que plus tard entend recourir aux armes à des fins politique ou
idéologiques, Les quelques recherches disponibles montrent en effet qu’ il n’ y a pas
un seul type de personnalité chez les terroristes, mais une grande pluralité.
Et si certains traits de caractère semblent parfois se dessiner dans la
psychologie des terroristes.
- La vanité, le narcissisme, le goût de l’absolu, le fana.
- Trisme, le sentiment de toute-puissance.
- Celle–ci procède plus de leur trajectoire, et des points communs
qu’éventuellement elle implique.
Une longue pratique de la clandestinité, la vie en petits groupes l’enfermement
idéologique, la subordination prolongée à des forces politiques ou à un État, la
médiatisation qui magnifie l’acteur aussi longtemps qu’il échappe à la répression,
par exemple façonnent la personnalité, bien plus qu’ils n’en procèdent.
Dans ses versions extrêmes, le discours psychologisant faisant du terrorisme
une pathologie de la personnalité est une construction qui, malgré son apparence
scientifique, témoigne d’une incapacité à comprendre les logiques sociales,
politiques et culturelles au fil desquelles un acteur s’engage dans la violence. Ce
qu’avait bien établi Frantz Fanon : Là où les psychiatres liés au pouvoir colonial
parlent de perturbation narcissique de la personnalité, explique-t-il, il convient de
voir en réalité la marque chez le colonisé de l’oppression et de l’injustice.
Il est vrai que certaines personnalités sont plus prédisposées que d’autres au
radicalisme dans l’action ou à la transgression qu’implique le recours aux armes.
Une enfance au sein d’une culture autoritaire, comme le pensait Theodore
Adorno cherchant à appréhender les sources psycho-sociales de l’antisé mimisme
ou, différemment, une enfance qui s’est passée dans un contexte de grande
décomposition de l’État et de la famille, peuvent constituer une condition favorable
au passage à la lutte armée. Il peut en aller de même lorsque les premières années
d’une existence, ou encore celles de l’adolescence, sont dominées par une culture de
la violence, encore que cette hypothèse ne mène pas loin et n’ait pu guider que de
rares études, par exemple consacrées aux jeunes élevés dans des camps palestiniens
au Liban.
Mais pour passer du thème de la personnalité et de la culture autoritaire à une
explication plus ou moins déterministe, il y a une distance immense, qu’il serait
dangereux de franchir : le terrorisme mobilise des personnalités diversifiées .S’il est
éventuellement conditionné par la culture et par la prime enfance de ses
protagonistes, en dernier ressort ce sont des rapports sociaux et politique qui le
produisent.
Le terrorisme par le haut
Une expérience terroriste peut se construire soit par le haut, à partir d’un État,
d’une organisation politique ou d’une idéologie plus ou moins structurées, soit par le
bas, et elle est alors issue de demandes sociales, elles – mêmes plus ou moins
transformées en colère, en rage, en délinquance et criminalité, ou en exemplarité, par
exemple religieuse .
Elle peut aussi, ce qui est le cas le plus fréquent, procéder de la rencontre des
deux logiques, celle du Bad et celle du haut.
Par le haut, le terrorisme peut être plus ou moins directement organisé par un
pouvoir d’État, qui y trouve un moyen peu coûteux et, pour lui, peu risqué, de gérer
ses relations avec l’étranger, de se débarrasser d’opposants, d’assurer une répression
sans être soumis aux exigences de l’état de droit ou des règles internationales .C’est
ainsi que jusqu’ à la fin de la guerre froide, la thèse du « fil rouge » défendait l’idée
selon laquelle la plupart des épisodes terroristes affectant le monde occidental
procédaient en droite ligne ,ou à travers diverses médiations, de Moscou ou de
centres placés dans son orbite.
- thèse généralement confortée ces dernières années par les renseignements
qu’apporte l’ouverture des archives dans les pays de l’ancien bloc soviétique.
Dans les années 80, un raisonnement analogue a fait de quelques capitales du
monde arabe ou musulman, Bagdad, Tripoli Damas, Téhéran notamment, les centres
d’une violence « sponsorisée », rayonnant bien au – delà du Moyen – Orient. Dans
cette perspective, dont la part de vérité ne doit pas être exagérée, les terroristes sont
les agents d’une violence manipulée par un état ou une organisation « sponsor ».
Ce sont à la limite des quasi-mercenaires, acteurs hétéronomes que leur
trajectoire place en fin de compte dans la dépendance de ceux qui leur procurent des
ressources logistiques, de l’argent, des possibilités de circuler à l’étranger, etc.
Le terrorisme peut également s’analyser, dans bien des cas, comme la dérive
d’un projet idéologique et politique, ou d’organisations qui s’en réclament, qui au
départ n’entendaient entretenir avec la violence aucun rapport, ou alors un rapport
très limité les variantes d’extrême gauche de ces organisations, par exemple, dans les
années 70 et 80 .
- En Italie les Brigades rouges, Prima Línea ; en Allemagne la fraction
armée rouge, les cellules révolutionnaires ; en France, apparue tardivement, Action
directe, etc. .
-ont beaucoup à voir avec la décomposition du communisme puis du
gauchisme .De même, le terrorisme palestinien, des années 60 au début des années
90, est le fait de secteurs périphériques du mouvement palestinien, cherchant
notamment à faire échouer toute négociation avec l’État d’Israël, quand il n’est pas
la marque d’une très grande faiblesse de ses éléments les plus centraux, comme en
1972 avec le massacre d’athlètes israéliens perpétré par le Fath dans le village
olympique de Munich.
Il existe de nombreux cas de figure de cette formation du terrorisme par le
haut, à partir d’un ensemble déjà plus ou moins organisé idéologiquement et
politiquement, et l’essentiel est de discerner ce qui fait leur unité : la violence qui
leur correspond est froide, calculée, stratégique .Elle est instrumentale, et s’efforce
de le rester.
Le terrorisme par le bas
Le terrorisme peut aussi jaillir d’en bas, expression d’une rage sociale qui
confine le cas échéant à la criminalité, action qui peut être individuelle, ou bien, ce
qui est un tout autre cas de figure , transformation de demandes sociales en conduites
exemplaires . L’acteur se prend alors en charge sur un mode culturel, communautaire
ou religieux à partir duquel éventuellement, il dérape vers le sectarisme, l’intégrisme
et une violence défensive ou contre – offensive.
La France, avec la flambée terroriste des années 1892-1894, a connu un
phénomène qui correspond au premier type.
L’ » ère des attentats », selon la formule de Jean Mitron, est une succession
d’actes éclatés, explosions, assassinats, dont les auteurs, Ravachol, Vaillant, Caserio
et Émile Henry, sont rapidement arrêtés, jugés et exécutés .Tous se réclament peu ou
prou de l’anarchisme, mais chaque cas est singulier .Ravachol, par exemple, oscille
longtemps entre le travail et la criminalité, alors qu’ Émile Henry est un idéaliste, en
rupture avec son milieu familial petit-bourgeois .Ce qui unit ces acteurs
dissemblables est en fait une conjoncture sociopolitique, dominée avant tout par la
grande faiblesse de mouvement ouvrier, par le manque d’assurance de l’état
républicain, et par les carences de la gauche, alors inorganisée et souvent sectaire,
incapable d’apporter les médiations institutionnelles nécessaires au traitement des
revendications sociales de l’époque. Ce terrorisme anarchiste surgi d’en bas disparaît
aussi soudainement qu’il apparaît, d’une part parce qu’il est éclaté, qu’aucun groupe
ne peut en assurer la continuité et exercer une pression sur ses membres, d’autres
part, et surtout, parce que le mouvement ouvrier commence à se structurer, avec les
Bourses du travail et la CGT, réduisant l’espace de la violence terroriste au profit
d’une action syndicale qui n’exclut pas pour autant une certaine silence de base,
mais à condition qu’ elle soit enracinée dans les rapports de production .
Le Hezbollah, dans sa phase de formation au Liban, à la fin des années 70 et
au début des années 80, correspond au moins partiellement à un deuxième cas de
figure, et peut servir à illustrer l’idée d’une violence associée au départ à des
conduites exemplaires. Il se développe en effet, en bonne part, chez des chiites
libanais parmi les plus démunis, il est alors le fait de déshérités, un moment
mobilisés sous la direction de l’imam Moussa Sadr dans un mouvement social dont
les transformations donnent naissance à des conduites exemplaires où les militants se
réclament de plus en plus activement de la religion musulmane. Ils organisent eux-
mêmes ce qui jusque-là était plus ou moins attendu des pouvoirs publiques,
éducation des enfants, adduction d’eau dans les villages par exemple.
Et c’est sur cette base exemplaire, communautaire et religieuse, que le
Hezbollah se constitue avant de devenir un des protagonistes les plus actifs de la
violence collective et du terrorisme au Liban tout au long des années 80.
Dans ses premières manifestations, le terrorisme par le bas est spontanée,
inorganisé, expressif bien plus qu’instrumental. Plutôt que de mettre en avant des
revendications, ou de se libérer à des calculs, il dénonce, il témoigne d’une révolte,
d’un besoin de justice ou d’un sentiment de menace pesant sur une communauté,
sans chercher à obtenir des concessions, politiques ou autres.
Et s’il donne dans certaines expérience l’impression de jaillir soudainement,
dans d’autres, et en réalité souvent dans les mêmes, pour peu qu’on procède à une
étude approfondie, il survient à l’issue d’une période plus ou moins longue
d’effervescence, de bouillonnement social, de débats passionnés, de violence diffuse.
Ainsi, le terrorisme que découvre aujourd’hui la France est associé à juste titre
à la crise urbaine, à la Fracture sociale et au racisme. Faut-il rappeler que la première
a été perçue et étudiée par des sociologues comme François Dubert, Didier
Lapeyronnie.et Adil Jazouli, depuis le début des années 80 et les premiers « étés
chauds » depuis, aussi la marche des Beurs pour l’égalité et contre le racisme de
1983 ; que la deuxième est au cœur de réflexions socio-économiques et politiques
depuis la fin des années 70, quand par exemple André Gorze annonçait ses Adieux
au prolétariat et parlait déjà, avec d’autres, tels Christian Staffas, Lionel Stoker ou
René Lenoir, de la dualisation de la société français, de son fonctionnement à deux
vitesses ou de ses exclus ; et que le troisième est au cœur de nos débats politiques et
intellectuels depuis le milieu des années 80 ?
Rencontres, fusions et scissions.
Dans la pratique, terrorismes d’en haut et d’en bas sont couramment amenés à
se rencontre et à fusionner, ce qui peut induire des effets fulgurants.
Parfois, ce sont diverses forces du terrorisme d’en haut qui opèrent une
jonction, comme ce fut le cas autour du terrorisme palestinien, accueillant sous sa
bannière des acteurs venus d’autres horizonne pour trouver un sens perdu, en
Allemagne ou au Japon par exemple .
Ainsi, lorsque trois Japonais ouvrent le feu en Israël, à l’aéroport de Lod, le 30
mai 1972, tuant une vingtaine de personnes, c’est au nom de la cause palestinienne,
et non d’une expérience enracinée dans leur propre société . De même , lorsque
Joachim Klein, des Cellules révolutionnaires allemandes, rejoint le déjà célèbre
Carlos et participe avec lui, pour le compte du FPLP (Front populaire pour la
libération de la Palestine), à l’enlèvement de onze ministres représentant leur pays à
la conférence de l’OPEP ( qui regroupe des pays exportateurs de pétrole), le 20
décembre 1975 à Bienne, on a affaire à la jonction de terrorismes déjà structurés
idéologiquement et politiquement.
Lorsqu’ une violence diffuse, d’en bas rencontre un terrorisme froid,
instrumental, le mélange peut être explosif. L’Italie, de ce point de vue, constitue, à
la fin des années 70 et au début des années 80, un véritable laboratoire de la
violence.
D’un côté, en effet, les Brigades rouges, qui se sont constituées en
organisation dés le début des années 70, dans la retombée des luttes étudiantes et le
bouillonnement des luttes ouvrières, sur fond de gauchisme et de critique du
communisme, proposent leur analyse de l’État et de la société italienne, un projet
politique, une stratégie ; d’un autre côté, la jeunesse populaire et étudiante, déjà
éloignée du communisme et même du gauchisme, rêve de prendre les armes et de
jouer du « camarade P 38 » .
Au départ, les organisations de lutte armée résistent à cette pression de la
jeunesse, elle-même relativement diversifiée. Dans certains cas, en effet, les jeunes
plus ou moins en colère se réclament plutôt d’une nouvelle culture politique, de
nouvelles sensibilités littéraires ou artistiques.
Dans d’autres, ils se présentent sous le drapeau de l’Autonomie prolétarienne.
Parfois encore, ils oscillent entre la délinquance la plus banale et l’aspiration à la
violence politique.
- Ce qui donne éventuellement lieu à des facilités rhétoriques ou
sémantiques où il est question, par exemple de « récupération prolétarienne » pour
désigner des pratiques de vol dans les magasins et présenter celles-ci comme
hautement politique , voire morales .
Puis les digues cèdent, les Brigades rouges et d’autres organisations plus
récemment forgées, et de moindre importance, telle Prima Línea, sont pénétrées par
cette jeunesse, plus ou moins enragée et avide d’action armée. Et, contrairement à ce
qu’on pourrait croire, cette pénétration signe non pas le renforcement du phénomène
terroriste, mais son déclin historique. La rage et le caractère « chaud » des nouveaux
venus déstabilisent les pratique froides, organisées, contrôlées des anciens, créant
une spirale où la violence, de plus en plus aveugle, devient métapolitique, emportée
dans une perte totale de sens, dans la déconnexion absolue de la population ouvrière
qu’elle prétend représenter. Et cela jusqu’ au moment où la répression, organisée par
un homme intelligent, le général des carabiniers Dalla Chessa, peut jouer de sa
décomposition, de son absence de perspective idéologique, de son isolement
politique, de la lassitude aussi des terroristes, dont les plus cyniques, ou les plus
démobilisés, commencent à se « repentir », à déserter la lutte armée et à se
transformer en informateurs.
Enfin, le terrorisme définit un espace qui peut lui- même se fragmenter, par
scissions ou par émergence de nouveaux groupes sur une scène déjà violente ; il ne
constitue jamais très longtemps un phénomène stable et unifié. Les scissions peuvent
provenir, par exemple, de tensions idéologiques internes à une organisation, de
dépars sur la stratégie, de l’opposition entre une logique plutôt politique et une
logique plutôt militaire, comme ce fut le cas tout au long de l’histoire d’ETA
(Euzkadi TaAzkatasuna .
- Pays basque et liberté) au Pays basque espagnol, ou de l’IRA (Irish
Republican Amy) en Irlande du Nord. Ce qui n’est pas nécessairement très bien
connu et compris de l’extérieur, et peut susciter des interprétations divergentes.
Jusqu’ où par exemple, aujourd’hui, le FIS l’Armée islamique du salut, sa
branche armée, et les GIA forment-ils en Algérie un mouvement unique, ou au
contraire fractionné, voire divisé ; la logique plutôt politique du FIS et celle,
militaire, des GIA sont-elles dans le prolongement l’une de l’autre, en tension, ou en
profonde opposition ? Cette question qui est au cœur de la recherche de Séverine
Laba, est d’autant plus difficile à trancher que, dans ce type de mouvement , la
sensibilité est grande aux changements de conjoncture politique, sociale ou
économique, et que les processus de déstructuration et de recomposition sont
toujours susceptibles de s’y enchaîner rapidement .
Sens et perte de sens.
Qu’il soit plutôt d’en haut, plutôt d’en bas, ou dans la combinaison des deux
logiques, le terrorisme entretient un rapport au sens qui ne peut que dérouter
l’observateur en quête d’une explication unifiée.
Deux propositions opposées, en effet, balisent les efforts pour élaborer une
théorie et semblent si contradictoires qu’elles interdisent un point de vue intégré. La
première veut du terrorisme qu’il soit un phénomène nécessairement rationnel et
instrumental, un moyen au service d’une fin. La seconde, au contraire, insiste sur son
irrationalité, son« décrochage » par rapport au sens qu’il pourrait chercher à mettre
en forme, sur son caractère absolu, délirant, disjoint de l’expérience concrète dont il
se réclame.
Dans certaines expériences, le terrorisme se rapproche plutôt du premier type
de proposition. Il en est ainsi lorsqu’ il est utilisé par un acteur en correspondance
étroite avec une population de référence, une nation, une communauté religieuse par
exemple, lorsque son protagoniste y est entendu, accueilli, reconnu, et que ses actes
sont bien perçus.
Dans d’autres cas, ceux où il va le plus loin dans la violence aveugle et sans
limites, en dehors de celles que la répression peut lui opposer, il n’entretient
manifestement qu’ un rapport distendu voire onirique, avec les significations dont il
se réclame .
Il évoque par exemple un mouvement ouvrier qui n’existe plus, ou dont les
membres ne comprennent en aucune façon la violence exercée en leur nom ; il utilise
un corpus idéologique ou religieux qui distord considérablement la pensée ou les
textes de référence, un marxisme-léninisme qui ferait se retourner Marx et Lénine
dans leurs tombes, un islam fortement modifié par rapport aux textes classiques.
Lorsqu’ il semble ainsi s’écarter de sa population ou de son idéologie de référence, il
appelle une réflexion sur la nature et la portée de cet écart, que dans un libre
précédent nous avons appelé une « inversion ».
L’inversion peut en particulier exprimer les derniers feux d’un mouvement
social, le refus de le voir décliner, qui fait que des acteurs idéologico politiques s’y
substituent de façon mythique, artificielle, se réclamant de fanion de plus en plus
violente de ce mouvement, lui- même décomposé.
Symétriquement, elle peut aussi venir provisoirement remplir un vide, par
exemple celui d’un mouvement, social encore absent, tardant à se former, ou ne
trouvant pas les conditions politiques de son émergence, comme ce fut le cas, nous
l’avons vu, avec le terrorisme anarchiste en France à la fin du siècle dernier.
Ajoutons enfin que, quelquefois, l’accueil réservé à la violence terroriste
oscille entre la légitimité que lui confère une plus ou moins grande approbation de
certains actes au sein de la population qu’elle prétend représenter, et la répulsion
qu’en suscitent d’autres au sein de cette même population. Ainsi, le terrorisme de
l’ASALA (Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie), dans les
années 70, séduit d’abord une partie de la diaspora arménienne, du moins aussi
longtemps qu’il est « ciblé » et atteint directement des représentants de l’État turc ;
et lorsqu’ il devient aveugle, comme lors de l’attentat de l’aéroport d’Orly (juillet
1983), l’adhésion décroît, la légitimité des acteurs s’en trouve considérablement
réduite.
De même, on peut décrire l’itinéraire d’ETA au Pays basque espagnol comme
l’histoire d’un mouvement de libération à la fois nationale, sociale et politique dont
la violence se démultiplie au fil de sa trajectoire. Elle est limitée, contrôlée et
légitime aussi longtemps qu’ETA s’en prend à la dictature de Franco, qui incarne
une triple domination, elle aussi nationale, sociale et politique.
Elle vire au terrorisme de plus en plus aveugle et meurtrier en même temps
que de moins en moins compris et accepté par la population basque, qui dispose,
depuis la mort de Franco (1975) et la transition démocratique, d’une grande
autonomie culturelle et politique.
Les expériences terroristes constituent des processus au fil desquels leurs
protagonistes se transforment et se renouvellent, tandis que l’intensité et la
signification de la violence elles-mêmes évoluent.
Ces changements n’obéissent à aucun déterminisme, ils peuvent suivre des
pentes diversifiées. L’inversion est une des plus spectaculaires, mais n’est pas pour
autant une fatalité.
La vague d’attentats – réussis ou manqués – inaugurée en France lors de l’été
1995, semble, on l’a dit, au carrefour d’une logique d’en haut et d’une logique d’en
bas.
Au-delà du terrorisme.
Ce qui nous ramène à la principale question posée par le terrorisme
contemporain. Est-il possible que se constitue, à long terme, avec une capacité
d’action importante, une violence à la fois instrumentale et expressive, associant la
révolte des banlieues et un projet islamiste dont les références ne se limiteraient pas
à l’autre rive de la Méditerranée ?
De nombreuses variables pèsent ici, et les remarques qui précédent indiquent
qu’il serait hasardeux se libérer à un quelconque pronostic.
Totale ou partielle, entre les deux logiques dont l’éventuelle fusion est si
inquiétante ? L’islamisme, surtout s’il se réfère à l’Algérie, ne réglera en aucune
façon les problèmes d’emploi, de logement, d’éducation, de ségrégation des jeunes
des banlieues françaises, qui sont loin d’être tous islamistes ou même musulmans ;
et ; symétriquement, le sort de ces jeunes n’intéresse que bien peu les islamistes
algériens, qui sont au mieux disposés à les manipuler. Le fossé est déjà relativement
grand, en France même entre les jeunes en question, portés par la haine et la rage, et
ceux qui, la plupart du temps provenant des couches moyennes, ont accès au savoir
technologique et la capacité pratique d’organiser une violence calculée et froide ; il
est immense entre ceux dont l’avenir se fera en Algérie, et ceux la grande majorité –
que ne connaissent pratiquement pas ce pays ( ou d’autres pays arabo-musulmans
d’où sont originaires leurs familles) et qui n’ont aucun désir d’allery vivre.
C’est pourquoi il faut redire que l’éventuelle rencontre de la rage des
banlieues et d’un projet pour l’Algérie, même si elle est favorisée par l’horizon
commun que procure la globalisation islamiste, n’ à d’espace que limité ; elle est de
surcroît susceptible de générer des tensions entre ses protagonistes, et pas
uniquement de contribuer à la montée en puissance de leur action conjointe .
Lorsque le cadre politique, l’espace territorial, l’appart menace à une même
État et une même nation sont les mêmes pour une violence d’en bas et une violence
d’en Gault, lorsque des acteurs politiques sont capables d’organiser la rencontre de
leur projet et de la rage de jeunes exclus, lorsque les dirigeants du mouvement sont
eux-mêmes l’expérience vécue de la frustration et de la rancœur, par exemple perce
que leurs diplômes ne leur apportent pas la reconnaissance qu’ ils pouvaient
escompter, alors bien des ingrédients sont réunis pour l’escalade du terrorisme et sa
montée en puissance. Tel fut notamment le cas, au Pérou, avec le Sentier lumineux,
tout au long des années 80 . Pour l’instant, ce qui se jour avec l’islamisme de part et
d’autre de la Méditerranée procède de deux espaces politiques trop disjoints pour
que l’on puisse concevoir en France un scénario de type péruvien.
Ce qui ne devrait pas pour autant porter à l’optimisme. Ce n’est pas parce que
l’espace d’un terrorisme stable, puissant, combinant sous couvert d’islamisme
demandes sociales chenues d’en bas et projet politique mis en forme au sommer,
nous semble aujourd’hui très limité, que la violence, et même la violence terroriste,
est condamnée à disparaître. Et ce n’est pas parce qu’ elle disparaîtra que les
significations qu’ elle exprime auront été évacuées et que les problèmes qu’ elle
révèle ou qu’ elle souligne auront été réglés .
L’hypothèse d’une démultiplication à venter d’actes terroristes expressifs,
confinant à une logique du désespoir, n’est donc pas à exclure.
Pourquoi les laissés- pour-compte fabriqués par la société française à grands
coups d’exclusion sociale, de discrimination raciste et de répression resteraient-ils
passifs, muselés par la présence des forces de police ? Les croit –on vraiment
incapables de trouver les ressources techniques nécessaires à l’expression violente
doleur révolte ; de leur sentiment, légitime, d’être méprisés, rejetés, niés dans leur
humanité, dans leurs potentialités, et poussés vers des conduites de destruction et
d’autodestruction ?
Si ce n’est pas ce scénario qui se développe, doit on exclure une évolution à
l’italienne, dans laquelle la dégradation sociale et urbaine conduit, dans les quartiers
de relégation, au dépassement delà violence, elle-même interdire ou minimisée par la
criminalité organisée et l’économie souterraine ? Ignorait-on qu’ il existe dans bien
d’autres pays, notamment en Amérique latine, de nombreux espaces de non droit, où
la violence privatisée, au plus loin du terrorisme expressif des exclus et sans projet
idéologique ou religieux, éventuellement gérée par une guérilla plus ou moins
ancienne, permet à ses protagonistes de faire régner l’ordre nécessaire à leurs trafics,
à commencer par ceux de la drogue – ce qui définit une formule dont pourrait se
rapprocher l’Algérie, où la violence politique est déjà associée à la désorganisation
économique et aux trafics en tous genres du « trabendo » ? Nous examinerons plus
loin les conditions d’une sortie de la situation actuelle permettant d’écarter pour la
France ces scénarios pessimistes.
Pour l’instant, nous devons savoir que les hypothèses les plus sombres, tout en
incluant l’idée d’un terrorisme en expansion, ne doivent pas être limitées à cette
dernière.
L’État face au terrorisme.
Pour le pouvoir politique qu’ il affecte, le terrorisme est toujours une
invitation à prendre des mesures qui renforcent son autorité en restreignant l’État de
droit Remarque élargie et théorisée par le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua en
1994, à qui l’on reprochait la brutalité des pratiques répressives contre des militants
islamistes : l’État de droit, selon lui, s’arrête là où commence la raison d’État.
Face au terrorisme, les contraintes qui pèsent sur le pouvoir sont souvent
multiples et contradictoires il lui faut tout à la fois obtenir des résultats policiers et
éviter qu’ ils ne se soldent en surenchères meurtrières de la part des terroristes ;
calmer l’opinion publique et, le cas échéant, Faire preuve de sollicitude à l’égard des
victimes ou des familles d’otages, dont le drame individuel suscite l’émotion, et ce
tout en refusant de céder au chantage et aux revendications, rassurer, sans pour
autant donner l’impression de minimiser la menace ; donnait l’ers information
attendues par la population, mais cependant éviter une transparence totale
susceptibles de profiter aux terroristes .
Le terrorisme exerce des effets ravageurs en déstabilisant le pouvoir.
Constamment lorsqu’ il est international, et parfois même lorsqu’il est interne, il
entraîne celui-ci dans la pratique du double discours, qui consiste à proclamer haut et
fort qu’il n’est pas question de négocier, pour en réalité le faire en coulisse, jusqu’ au
jour où une fuite dans la presse transforme cette pratique en scandale. Il exacerbe les
tensions entre services de police, ce qu’on appelle la « guerre des polices », chacune
ayant sa logique propre, ses intérêts, son rythme, ses contraintes et ses exigences : les
uns sont en principe au service de la justice (police judiciaire), les autres relèvent du
secret et du renseignement, de l’espionnage, du contre-espionnage et n’ont pas de
comportes à rendre à la justice.
Le terrorisme place couramment cette dernière dans une relation de
subordination au pouvoir politique, qui confine à l’intolérable lorsque celui-ci lui
demande, par exemple, de ne pas poursuivre des terroristes venus de l’étranger, de
trouver une astuce de procédure, de les relâcher en vertu d’accords secrets qui
assurent la « sanctuarisation » du pays, mais en bafouent la justice.
Il encourage des collaborations troubles, par exemple entre services de police
nationaux et étrangers, des arrangements douteux échappant à tout contrôle
politique.
La démocratie est perdante lorsque par exemple les tueurs des CAL (Groupes
antiterroristes de libération venue en France exécuter des membres d’État ou supés
tels, pour le compte du pouvoir espagnol bénédiction. Bénéficient du côté français de
facilités policières ; ou lorsqu’ un petit truand recruté par la sécurité militaire
algérienne, assassin à Paris de l’opposant algérien Ali Meili, peur repartir de France
vers l’Algérie sans être inquiété par les autorités française alors qu’ il a pourtant été
appréhendé.
Par ailleurs, le terrorisme déséquilibre l’action des ministères, au profit abusif
de l’un ou de l’autre C’est ainsi que, lors des deux cohabitations, le ministre de
l’Intérieur Charles Pasqua 2largit de jacot ses attributions, au détriment notamment
de son collègue des Affaires étrangères, assurant à bien des égards la diplomatie de
la France, notamment avec l’Algérie : l’ambassadeur « AR large » des États- Unis,
chargé du terrorisme, nous confiera, en 1987, que lorsqu’ il venait à Pars il rendait
une visite de courtoisie au ministre des Affaires étranges français, avent de passer au
vrai traitement des dossiers avec le ministre de l’Intérieur.
Déstabilisant le fonctionnement de l’État de droit, le terrorisme pousse à une
réorganisation où se concentrent les pouvoirs.
La centralisation de la police avec l’UCLAT (Unité de coordination de la lutte
antiterroriste), et de la justice avec des magistrats spécialisées, un parquet unique et
une instruction centralisée sont en France le fruit du terrorisme des années 80, ce qui
apporte une efficacité accrue et aussi une subordination au pouvoir politique
théoriquement plus directe pour la policée, ce qui est plus fâcheux, pour la justice.
Le droit est aussi susceptible d’être affecté, de manière inquiétante, par
l’existence d’une menace terroriste importance. On le voit de façon spectaculaire en
Italie dans les années 70 et 80, lorsque sont promues de mesures telles que
l’extension de la détention préventive, la création du délite « concours moral » ou la
loi sur les « repentis », qui assure l’impunité ou de fortes réductions de peine à ceux
qui dénoncent leurs anciens camardes, ce qui ouvre la voie à de nombreux abus et
injustices de fait.
L’action antiterroriste passe ainsi par des change maints institutionnels qu’, à
eux seuls, sont toujours susceptibles de restreindre les libertés attachées à l’État de
droit, et d’assurer une concentration du pouvoir qui n’est jamais une bonne chose
pour la démocratie.
Partie 2 : Techniques et financement du terrorisme
Chapitre1 : Techniques du terrorisme
C’est une idée répandue que le terrorisme ne peut être défini Substitut de la
guérilla, moyen d’expression des faibles, usage alternatif de la diplomatie d’un État,
il désigne encore ceux qui sont vus par d’autres comme des résistants. «Terroriste »,
comme «fasciste», peut désigner n’importe qui.
Il y a différents moyens d’échapper à ce dilemme : considérer l’action
terroriste du point de vue des motivations des hommes qui en font l’usage ou voir au
contraire le terrorisme selon ses effets des trusteurs. Il y a encore une voie
médisance : l’analyser comme une pratique, voire un métier. Cette voie est
inhabituelle, mais elle a des attraits. Les techniques terroristes évoluent en effet au
gré de la diffusion du savoir, des progrès des moyens de sûreté et de l’érosion des
effets médiatiques des attentats Ici comme ailleurs, l’habitude tue l’effet. Si l’on ne
saurait parler de mode en cette matière, il y a assurément des tendances. La rareté
actuelle des attentats à la bombe contre des avions en est une. La multiplication de ce
type d’action dans les années 80 a entraîné une réponse efficace des États et des
compagnies aériennes. Du moins jusqu’ à présent.
Faire du neuf avec du vieux
Il y a ainsi des permanences et des changements. Dire que la fin de la guerre
froide a remis en cause l’équilibre du monde et notamment l’ « ordre terroriste » a la
force de l’évidence. Aussi bizarre que cela puisse paraître, le terrorisme des années
60 ou 70 était assez
Les organisations terroristes ont souvent été jugées comme de simples
groupes d’idéologues, de psychopathes ou d’ennemis de la société et parfois comme
tout cela en même temps. Or, les membres de ces groupes obéissent à des
motivations assez semblables à celles qu’on trouve dans d’autres organisations
comme les partis politiques.
C’est plutôt le moyen de la violence terroriste qui les distingue, non pas les
raisons de leur adhésion.
Le paradoxe des groupes terroristes provient de la ressemblance en certains de
leurs aspects avec les partis politiques tels qu’ils sont observés en général, tandis que
leurs modes d’action, fondés principalement sur la scandalisassions et la violence
comme moyens de pression, les rapprochent plutôt des groupes d’intérêt. Objets
hybrides, les groupes terroristes- comme les partis politiques- sont formés de
militants, de sympathisants ou de dirigeants. Comme les partis, ils impliquent en leur
sein une lutte pour les postes de décision et de direction. Ils impliquent encore une
division du travail ; de la même façon qu’un militant de parti est préposé au collage
des affiches, tel membre d’un groupe terroriste sera chargé de cacher des armes, un
autre d’assurer la logistique, un autre enfin de préparer des itinéraires de fuite.
Comme les partis, les groupes terroristes peuvent encore lutter entre eux – à leur
manière ultra-violente.
Ils ont également des points communs avec les groupes d’intérêt.
La raison en est simple : avec des méthodes théâtralisées, spectaculaires, les
groupes terroristes exercent bien une pression sur le pouvoir politique tout intérêt
peut être représenté, mis en forme et à l’origine d’une mobilisation- de la pêche à la
crevette à la libération de la Palestine. La défense ou la promotion de ces intérêts
peut prendre des formes infinies (manifestation, site in, tracts, grève de la faim, etc.)
les techniques terroristes étant une forme très protestataire, une violence
instrumentale qui est calculée, préméditée et planifiée.
Voyons donc les organisations terroristes comme nous verrions un parti ou un
lobby : aussi bien leurs dirigeants que leurs simples membres ont des motivations
personnelles, matérielles, politiques ou spirituelles. Est-ce le patriotisme, est-ce
l’argent ? Ou bien est-ce une frustration ? Elles sont des acteurs politiques violents,
mais des acteurs politiques tout de même : elles peuvent se développer, recruter,
former des militants, avoir une cohésion interne, agir, former une coalition avec
d’autres terroristes, être en concurrence, avoir le besoin d’un chef ou décliner, voire
disparaître à l’image de n’importe quel autre groupe politique. La
professionnalisation du terrorisme comme de la politique entraîne une sélection, une
lurette pour les postes qui donne la possibilité de mettre en œuvre des objectifs et de
décider. Cette professionnalisation croissante au fur et à mesure des changements de
responsabilités et de fonctions des membres crée, à l’image d’organisations
politiques, différents degrés de participation et de mobilisation, un rôle social
différent au sein des organisations terroristes. Dans cette logique, les groupes
terroristes sont ainsi composés :
1-De membres actifs qui forment le noyau central et qui décident, agissent et
recherchent l’action destructrice.
2- De militants qui soutiennent logistiquement le premier cercle, en
fournissant activement une sécurité ponctuelle, des caches, de la nourriture, etc.
3- De sympathisants, population au degré de participation variable, inconstant
ou partiel, et qui agissent comme un vivier potentiel de recrutement et de soutien
logistique.
L’instrument de pression
Les groupes terroristes sont toujours structurés et défendent bien des intérêts,
qu’ils soient financiers, ethniques, criminels ou religieux comme souvent depuis la
fin de la guerre froide ou politiques.
Les « entreprises politiques» terroristes.
Comme dans les années 70, Ils peuvent indifféremment agir au plan local
strict ou au contraire à un niveau transnational, selon les nécessités de leur cause et
les possibilités qui leur sont offertes, en se déplaçant de par le monde en une sorte de
scène terroriste itinérante. Cette mobilité est assez récente. La fin de la guerre froide
l’a favorisée encore. Il était en effet d’usage, dans les années 70, de classer les
organisations selon leurs fondements culturels, ethniques, politiques ou religieux –
de nombreux groupes d’extrême gauche étaient alors en activité, de même que des
groupes arabes, anti-sionistes et/ou pro-palestiniens, à base islamique ou marxiste .
Aujourd’hui la réalité est autre. Un classement des groupes agit-il localement,
par exemple au Sri Lanka ? Est-il implanté dans plusieurs pays, profitant des
diasporas disséminées ? Bref, agit-il transnationale ment ? La problématique a
changé comme ont évolué les groupes terroristes. Il a fallu pour cela que la fin de la
guerre froide bouleverse la réalité du monde et supprime le soutien d’États.
I a fallu encore que s’accélère cette mondialisation qui accroît les flux de
voyageurs, de biens et d’informations. Il est par conséquent difficile de comparer des
organisations terroristes d’époques différentes. L’exercice n’est possible qu’en se
tenant au cœur de la vie terroriste : le fonctionnement du groupe, son organisation. Il
y a là, aujourd’hui comme hier, des constantes.
Considérons par exemple l’ » approche indirecte » Elle fut une stratégie
développer pour influencer l’État. Dans le cas des groupes terroristes communistes –
combattants européens des années 70 et 80 (Action directe, Fraction Armée rouge,
Brigades rouges. Etc), elle consistait à frapper des symboles du régime, à la fois pour
le toucher au cœur, pour susciter un plus fort impact médiatique et pour que l’État
prennent des mesures de maintien de l’ordre et de sécurité de plus en plus pesantes
sur la population. En recourant aux pratiques terroristes, ces groupes imaginaient qu’
ils montreraient la nature réelle et oppressive, « fasciste et impérialiste », de l’État
démocratique occidental – selon la vision particulière du monde qu’ ils avaient .
Cette préoccupation n’existe plus aujourd’hui. Des réalités subsistent cependant. En
terrorisant une cible d’audience beaucoup plus large que les victimes directes, les
groupes terroristes tentent d’obtenir une satisfaction de leur objectif « Libérez nos
camardes !) «Convertissez vouez !», « Partez !» etc) Le terrorisme entre ainsi
brutalement – aujourd’hui comme hier – dans la compétition démocratique au les
partis politiques et des groupes d’intérêt pacifiques luttent par le moyen des élections
ou de l’action collective non violente.
Le groupe terroriste peut d’ailleurs actualiser ses objectifs, changé d’intérêts à
représenter. Profitant d’une amnistie du gouvernement socialiste dès son arrivée au
pouvoir en 1981 et du relâchement ordonné de la pression policière, Action directe
se dota ainsi de nouvelles bases en 1982, Elle agit pour le recrutement en direction
des immigrés tures et maghrébins, puis créa un squat dans un quartier populaire de
Paris. Cette modification de son recrutement fit évoluer sa tactique et l’orienta vers
des cibles plus internationales : anti-impérialisme, antisionisme, etc. La logique
même de la lutte ou de la compétition politique conduit à des stratégies de
différenciation. Il faut se distinguer pour être reconnu, représenter des intérêts
distincts, employer des méthodes caractéristiques (l’attentat à la bombe avec tel
explosif, pratiquer l’assassinat avec telle arme plutôt qu’une autre, tenir tel ou tel
discours, etc).
La capacité des groupes terroristes à représenter des intérêts, par exemple ceux
des musulmans ou de la « classe des travailleurs », est parfois niée par ceux-là
mêmes que les terroristes prétendent incarner. Le groupe Baader-Meinhof eut ainsi
conscience qu’il avait échoué à représenter « la cause du peuple » allemand et s’en
chercha une autre : « Nous avons pensé que le peuple n’avait pas la force de se
révolter tout seul ; et c’est donc pour cela que nous ne pouvions pas nous identifier à
lui Nous avons alors choisi une autre identification et l’avons trouvée dans le «Tiers
Monde » A partir de ce moment, nous ne nous somme plus considérés comme des
Allemands, mais plutôt comme la cinquième colonne du Tiers Monde dans les
métropoles ».
Le métier terroriste
Comme la politique, le terrorisme est un métier, le courus terroriste s’organise
autour de formations diverses : un « apprenti », soucieux de lutter contre ce qu’il
perçoit être une injustice, apprend la confection des bombes et explosifs dans des
libres de chimie et s’entraîne dans des endroits déserts. Pour les mêmes raisons, un
autre fera son service militaire dans des unités parachutistes ou du génie. Ce genre de
formations autodidactes concerne plutôt les terroristes individuels et isolés ou les
petits groupes.
Dans la pratique, la professionnalisation des terroristes est plutôt la règle. Pour
mener à bien leur opération, et éventuellement pour rester en vie, les terroristes
doivent en effet utiliser des connaissances sûres et régir d’une façon ordonnée au
danger et à l’imprévu, toutes choses qui excluent l’amateurisme. Les organisations
les plus développées, les plus « sérieuses » et donc les plus dangereuses mettent en
place de véritables écoles pour l’entrée dans le terrorisme de leurs sympathisants les
plus motivés et dispensent leurs formations dans leurs camps militaires ou dans ceux
de l’éventuel État-sponsor.
Youssef…nous l’a ainsi expliqué : «A 18 ans, plus ou moins enrôlé de force,
j’ai quitté le Kurdistan irakien pour rejoindre mes frères à l’UPK » qui avait des
camps d’entraînement dans l’ouest de l’Iran. Les services de sécurité irakiens
surveillaient de toute façon ma famille, Nous avons eu une formation militaire et
doctrinale de base- tir à la Kalachnikov, initiation au programme politique de l’UPK
et à ses relations avec les États vains» Quatre l’Iran, il y a ou il y eut ainsi de tels
camps en Libye, Soudan, Yémen, Syrie, Irak, plus récemment au nord du Pakistan.
Oussama Ben Laden, ce financier ex saoudien des causes islamistes, se cache dans
des camps qui sont autant de lieux d’entraînement et d’apprentissage pour des causes
diverses : certains seraient situés en Afghanistan, au nord de la ville pakistanaise de
Miram Shah, d’autres autour de Peshawar (Pambi, warsak et Saada). Deux grands
camps seraient situés près de la ville pakistanaise de Quetta, près de l’Afghanistan.
En Afghanistan, la ville de Khost posséderait deux camps, Badr 1 et 2, qui
regrouperaient des Arabes et de nombreux combattants cachemiris opposés à l’Inde,
des Tadjiks opposés au régime de Douchanbé, camps semble souvent situé dans
d’anciens bâtiments de l’Armée soviétique.
Il faut cependant remarquer que la formation de terroristes est à la portée de
tous les États- La nouveauté du terrorisme actuel est qu’il s’apprend parfois dans des
centre qui ne doivent rien aux États et qui se trouvent dans des zones où aucune
autorité étatique ne s’exerce avec force, où les États se sont effondrés.
Il y a parfois un basculement immédiat dans la clandestinité, la formation
exigeant de passer de la « vitrine légale » de l’organisation à sa branche armée par
des contacts ciblés dans des catégories de population que le groupe terroriste
considère à priori comme intéressantes, des militants recruteurs, rarement clandestins
ou terroristes opérationnels eux-mêmes, mobilisent quelques individus qui doivent
preuves de leur fiabilité et de leur motivation. Ce fut là le moyen Typique des
terroristes d’extrême gauche européens dans les années 70. Les apprentis terroristes
commençaient par la distribution de tracts, puis ciblaient eux-mêmes d’autres
candidats, ils poursuivaient leur intégration dans le groupe en cachant des armes, en
hébergeant des clandestines. Ils finissaient un jour par franchir la frontière de la
légalité et tombaient alors dans le terrorisme, l’action armée, les hold-up pour
financer la «cause révolutionnaire », les attentats à la bombe ou les détournements
d’avions.
En Algérie, à l’heure actuelle, il semble que le basculement soit beaucoup plus
rapide, quasi soudain, en raison de la tendance à la guérilla périurbaine du Groupe
islamique armé (GLA). La guerre civile algérienne réclame plus de « main-
d’œuvre » qui n’en exigea le terrorisme européen des années 70 et 80. Après 1992, le
GLA a recruté pour l’essentiel dans le centre de l’Algérie – notamment dans
l’Algérois- et d’abord dans les quartiers surpeuplés de Baraki, Bach-djarah, El
Harrache, ainsi que dans les petites agglomérations de la Mitidja (Sidi Moussa,
Boufarik, Meftah, Larbaa, etc). Désormais, le recrutement semble beaucoup plus
diversifié.
Hier comme aujourd’hui, le recrutement est un mélange constant de preuves
de confiance et de formation technique (Apprentissage de la fiabilité), qui sont autant
de « rites initiatiques ». Ainsi, globalement plus un terrestre monte dans la
hiérarchie de son organisation et plus il donne des preuves de ses compétences
professionnelles.
N’en va-t-il pas de même dans un parti politique ?
LA formation des terroristes a de nombreux points communs avec celle des
militaires de forces péciales. Mais à cette formation militaire ou de renseignement
s’ajoute presque toujours une formation idéologique ou religieuse le camp de
formation de cadres du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) près
d’Amman,
En 1970, organisait des stages de cinq mois pour former militairement et
politiquement des cadres capables de diriger et d’animer des cellules clandestines. A
raison de 45 heures par semaine, le programme s’étendait sur 18 semaines.
Les premiers hommes du Fatah-conseil révolutionnaire d’Abou Nidal ont été
formés en Irak et par la suite en Syrie. Ils apprirent à se servir d’armes diverses,
provenant en général des pays de l’Est, puisque la Syrie comme l’Irak étaient
largement équipés par le Pacte de Varsovie. Un des hommes d’Abou Nidal précisa à
un journaliste que l’entraînement avait lieu dans un camp en plein désert, dans le
sud-ouest de l’Irak (six mois de formation, course de 10 km tous les matins, puis
quatre heures d’entraînement physique et de maniement des armes, cours de doctrine
politique).
La division du travail
Les groupes terroristes sont des organisations humaines, par conséquent avec
une part variable d’irrationalité. Malgré la tentation en particulier médiatique, il ne
faut pas les voir comme des acteurs politiques totalement rationnels, mais comme
des ensembles où cohésion et compétitions internes coexistent.
Organisations politiques, ils n’existent pas sans une direction fonctionnelle les
directions d’une organisation terroriste exige à l’évidence une adhésion. Cette
adhésions peut avoir une motivation idéologique, religieuse, ethnique, financière ou
familiale Elle exige encore le développement de stimulants et de gratifications
suffisants et efficaces pour attirer des membres chez qui le don ou l’autosacrifice ne
sont pas les motivations principales. Ces stimulants peuvent être réels (argent,
voitures, planques luxueuses, etc) ou symboliques (décorations données par le
groupe, fonctions, grades, etc.). Ils doivent être estimés supérieurs aux coûts de
l’adhésion et au danger de l’action terroriste par les terroristes égoïstes ou n’agissant
pas d’abord pour autre chose ou quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes la pression de
l’organisation sur ses militants, la violence symbolique qu’elle exerce à leur égard
peuvent être incommensurables. Le LTTE, l’organisation des Tigres tamoules,
exerce un contrôle terroriste de sa communauté d’origine.
Le suicide au nom de la cause est une pratique courante. C’est même dans la
production doctrinale de ce groupe une référence constante.
Les militants portent ainsi sur eux une capsule de cyanure pour ne pas avoir à
parler en cas de capture. De nombreux attentats suicides à l’explosif ont été
organisés contre des personnalités anti-LTTE. Une unité spéciale souvent composée
de jeunes filles, les Black Tigres, a en charge cette forme d’action.
Il ne faudrait pourtant pas réduire le fonctionnement des groupes terroristes
aux motivations ou fonctions de chacun des membres, à la division du travail (
surveillance, logistiques, commandement, etc) Il peut être judicieux de savoir
comment les membres du groupe se sont réunis pour former ce que les spécialistes
du comportement appellent un » moi collectif » ou les divers processus grâce
auxquels les membres de l’organisation vérifient en permanence leur respect de
l’idéologie et de l’existence du groupe Ainsi, dans l’Armée rouge japonaise, a-t-on
assisté à des meurtres épurations, voire à des suicidés rituels, En février 1972, après
un siège de plusieurs jours, les forces de l’ordre japonaises investirent une cache de
l’ARJ dans un massif montagneux de l’archipel . Un examen des lieux permit de
découvrir les corps de 14 jeunes gens, garçons et filles, que les terroristes arrêtés
reconnurent avoir tués, les accusant d’être des « déviationnistes » ou de manifester
des « tendances bourgeoises » Parmi les « charges » retenues contre eux figuraient
par exemple le port de bouches d’oreilles ou des relations sexuelles . Quelques
victimes avaient été abandonnées à moitié nues dans la montagne et étaient mortes
de froid L’une d’elles était enceinte au moment de son assassinat.
Comme les militaires, certains terroristes peuvent glorifier leurs exploits et
croire en une supériorité sociale fondée sur l’ancienneté et le courage au feu Chez les
terroristes arabes en particulier, un commando terroriste ne conserve son honneur de
combattant que s’il lutte jusqu’ à la mort Hans-Joachim Klein, le terroriste allemand
blessé lors de l’opération montée par « Carlos » contre la conférence de l’OPEP à
Vienne en décembre 1975, fut fêté en héros par ses pairs arabes. Les deux
Palestiniens de Septembre noir qui furent légèrement blessés à Munich en septembre
1972, lors de la prise d’otages des athlètes israéliens à l’occasion des Jeux
olympiques, furent ensuite libérés, mais pour être chassés peu après par leur
organisation avec « honte et opprobre ». Le troisième qui ne renonça qu’à la limite
de ses possibilités physiques – fut fêté comme un héros. Des photos des hommes du
Hamas furent ainsi longtemps affichées dans de nombreux magasins jordaniens ou
palestiniens.
«Un groupe rock local, les Martyrs, est connu pour chanter leur gloire ».
Phénomène classique dans tout groupe social, certaines oppositions, tensions
ou dissidences sont parfois apparues au sein des groupes terroristes. Une coopération
interne apparaît, une lutte pour les postes ou pour le contrôle du pouvoir dans le
groupe peut surgir.
Les postes de direction, y compris dans les groupes terroristes, donnent « la
possibilité, au moins formelle, de mettre en œuvre un programme et des
convictions » Ce genre de conflit touche principalement les organisations à fort
effectif. Un groupe de quatre ou cinq membres connaît par définition moins de
conflits génères par une répartition systématique des tâches. L’efficacité supérieure
des groupes relativement petits paraît d’ailleurs confirmée aussi bien par
l’observation et l’expérience que par la théorie.
De même, a-t–on parfois considéré que les petits groupes agissaient
potentiellement avec plus de décision et d’efficacité que les grandes organisations
plus inertes : «Les petits groupes à organisation centripète rassemblent et utilisent
toutes leurs énergies alors que, dans les grands groupes, les forces restent très
souvent virtuelles » La taille est ainsi un facteur fondamental dans la vie d’un groupe
terroriste. Plus un groupe est petit, plus il est grand, plus il est grand, plus il est
hétérogène et morcelé en courants. La trêve annoncée en juillet 1997, par des
fondateurs de la Jamaa Islamiya emprisonnés, a ainsi provoqué de nombreuses
divisions dans l’islamisme égyptien, certains considérants que les prisonniers
n’avaient aucune marge de manœuvre. Les dirigeants extérieurs de la Jamaa à
Khartoum, à Ankara et à Peshawar ont exigé leur démission, En Égypte, les groupes
clandestins ont décidé de poursuivre leurs actions violentes, actions qui se sont
concrétisées dans l’attentat du temple de Louxor, contre des touristes (novembre
1997, 67 morts et 25 blessés).
Les concurrences internes
Comme dans toute organisation, la montée en puissance accroît les luttes
internes Le danger de certaines fonctions peut procure au terroriste de base un
sentiment de rancœur d’autant plus fort que le risque personnel immense qu’il court
(Sa vie est en jeu !) n’est pas toujours récompensé par des gratifications . La base
dénoncera parfois la centralisation ou l’autoritarisme du sommet. Ainsi, dans les
Brigades rouges, certains terroristes critiquèrent-ils le népotisme d’un dirigeant qui
avait promu sa compagne à un poste important.
Diverses organisation terroristes se sont d’ailleurs scindées ou ont disparu en
raison de mésententes internes graves, d’autres ont parfois été dépassées par des
éléments incontrôlés. L’ETA, organisation née en 1959, se scinda en deux en 1974-
d’un côté, l’ETA militaire, de l’autre, l’ETA politico-militaire.
En Algérie, le GIA est un autre exemple d’organisation singulièrement
touchée par des luttes internes et, à dire vrai, dès sa création.
Cette entité islamo-criminelle fut influencée par une secte fondamentaliste
extrémiste que la presse égyptienne désigna sous le sobriquet d’ » Anathème et
hégire » (Takfir wa’ l Hijra).
Cette secte s’implanta en Algérie en 1974. En juin 1990, le « Takfir » algérien
créa le premier groupe armé, le « Youm el Hissab » (Jour de la rédemption), avec à
sa tête Allem Abdenour, l’ » émir Nour « (arrêté et condamné à mort), puis
Noureddine Seddiki (abattu par les forces de police).
Une première scission eut lieu lorsqu’ un membre influent, Baâ Seddiki, en
opposition incessante, se rallia au Mouvement islamique armé (MIA) d’Abdelkader
Chebouti. Une deuxième crise eut lieu quand, en février 1993, Sid-Ahmed Mourad,
dit Djaâfar El-Afghani, le nouvel « émir » du GIA, fut éliminé avec toute la
direction du groupe par les forces de sécurité à Bouzaréah. En mai 1996, l’émir de
L’araba, Mustafa Kertali, fit une nouvelle sécession, quitta le GIA et fonda le
Mouvement islamique pour la Prédication et le Jihad. En juin 1996, le
nouvel « émir », Djamel Zitouni, fut victime d’un guet-apens monté – croit-on – par
des dissidents du GIA.
Les dissensions internes d’un groupe peuvent créer des difficultés d’approche
pour les puissances publiques. Après le double attentat de juillet 1997 à Jérusalem,
les principaux responsables de la sécurité et du renseignement palestiniens
demeurèrent divisés sur le degré de coopération qu’ils devaient entretenir avec leurs
homologues israéliens. Un des principaux responsables de la sécurité intérieure, le
général Amin al-Hindi, était connu pour ses positions anti-intégristes et voulait
éliminer totalement les infrastructures clandestines du Hamas et du Jihad islamique
en revanche, le chef de la police, le général Ghazi al-Jibril Rajoub, considéraient que
la branche armée du Hamas était déterminante pour contraindre le gouvernement
israélien à faire des concessions Palestiniens et Israéliens étaient en l’espèce
confrontés à un problème identique : « Les attentats de Jérusalem étaient organisés
par une structure nouvelle du Hamas, basée à l’extérieur des territoires palestiniens.
Le Hamas et son organisation militaire semblaient dépassés par cette opération, mais
seuls les responsables de cette organisation pouvaient apparemment donner des
informations sur la préparation de nouveaux attentats » Cette situation contribuait à
associer ces dirigeants à un accord politique : Arafat rencontra donc les dirigeants du
Hamas et du Jihad islamique en août 1997.
Les luttes d’influence qui existent au sein d’un État peuvent aussi se perpétuer
dans une organisation terroriste qu’ il soutient la « révolté des affamés » lancée au
printemps de 1997, à Baalbek, fut organisée par le cheikh Sobhi Tufayli, un chef
dissident du Hezbollah et un personnage qui serait lié à l’aile dure du pouvoir
iranien..
Cette action fut menée pendant la campagne électorale iranienne.
Tufayli soutint son ami Ali Akbar Nateq-Nouri contre Mohammed Khatami. Il
semble que, par son action, Tufayli ait surtout réagi à la décision du chef du
Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, de ne plus faire payer par cette organisation les
salaires de ses gardes du corps et d’avoir écarté des postes de responsabilité les
chiites de la plaine de la Bekaa au profit d’hommes originaires du sud-Liban. Tufayli
reroche encore à Nasrallah d’avoir fait du Hezbollah une affaire familiale le père de
Nasrallah est le principal responsable des associations caritatives du Hezbollah, son
beau-frère est désormais l’imam des prières du vendredi dans la Bekaa; son cousin
est périssable du département culturel.
Nasrallah lui-même a évincé le responsable de la Fondation pour les martyrs
qui reçoit un million de dollars par mois de l’Iran, il a encore pris le pouvoir aux
fondations Imdad (ravitaillement) et pour les écoles ( Al Imam) financées par le
ministère iranien de la culture. A l’été 1997, Tufayli cherchait à renforcer son
mouvement dissident en créant un service de sécurité en son sein la compétition
entre Tufayli et Nasrallah, si elle est une affaire de courants politiques en Iran, est
aussi une affaire de réseaux : courants politiques en Iran, est aussi une affaire de
réseaux : comme Nasrallah, Tufayli sait s’entourer de ses proches.
Son gendre et des personnalités religieuses de Baalbek Figurent parmi les
responsables de ce service de sécurité. Cheikh Tufayli a en outre ouvert des compas
d’entraînement de ses partisans prés de son bourg natal de Brital, avant d’affronter
les forces libanaises au début de 1998.
Les liens entre le Hezbollah et l’Iran sont d’ailleurs connus : le secrétaire
général de cette organisation, cheikh Hassan Nasrallah, effectua en octobre 1997 sa
plus longue visite en Iran afin d’obtenir une prolongation de son mandat. Il rencontra
pour l’occasion les principaux responsables iraniens : le président Khatami, le
ministre des Affaires étrangères, le guide suprême, Ali Khamenei, et le commandant
en chef des Gardiens de la révolution.
En considérant les courants intérieurs ou externes qui modèlent les groupes
terroristes, nous touchons à une des modalités de leur fin une compétition entre
groupes terroristes ou à l’intérieur de l’un d’entre eux survient parfois pour faire
prévaloir certaines vues, pour emporter les places de direction ou pour devenir le
plus influent.
Une observation des groupes terroristes européens ou arabes montre que le
plus souvent, hier comme aujourd’hui, une scission s’opère dès qu’un débat se pose
sur la poursuite, l’intensification ou l’abandon de la lutte violente. Débattre de la
tactique et de l’intensité de la violence terroriste peut ainsi être un signe
d’affaiblissement de l’organisation terroriste.
La diversité des cibles choisies peut encoure indiquer quelques nuances
idéologiques entre les composantes d’un groupe ou entre groupes.
Dans le cas de la Fraction Armée rouge par exemple, il n’était pas indifférent
qu’une de ses cellules clandestines attaqué l’immeuble Springer, un groupe de presse
allemand, à Augsbourg et Munich ou qu’une autre s’en soit prise à un juge à
Karlsruhe. Le choix de cette même organisation d’attaquer les locaux de la police, en
représailles de la mort d’un de ses membres, ressemblait aux actions anarchistes
berlinoises et munichoises en 1970 et 1971 Or un des membres actifs de ce groupe
venait du milieu anarchiste. D’autres attentats du groupe allemand furent en
revanche plutôt le prolongement d’une ligne anti-impérialiste et anti-américaine, les
communiqués de ces dernières actions faisant explicitement référence à la guerre du
Vietnam,
Les scissions et compétitions intergroupes.
Hors des luttes et compétitions internes propres à chaque groupe, la
concurrence entre les groupes peut se révéler parfois très âpre.
Le mouvement nationaliste corse a ainsi été divisé, sous-divisé même, en
groupes adverses, s’opposant sur les idées, les moyens et les cibles, bref sur la
stratégie et sur les tactiques.
Quand, en 1966, une seule organisation représentait le nationalisme corse (le
Front régionaliste corse dirigé par Charles Santoni), il y avait de nombreux
concurrents dans les années 90, organisés en «vitrine légale » et branche militaire :
l’Accolta naziunale corsa/ Resistenza, la Cuncolta naziunalista/ FLNC-Canal
historique, le MPA (Mouvement pà l’autodétermination) / le FLNC-Canal habituel,
etc. Cet écheveau d’organisations fratricides révèle d’ailleurs l’échec des tactiques
nationalistes corses. La prise de pouvoir et la légitimation internationale de l’OLP
après la guerre du Golfe, la reconnaissance de l’IRA comme un partenaire officiel
pour des négociations montrent a contrario qu’ il vaut mieux qu’ une cause soit
identifiée en une seule organisation dominatrice agrégeant toutes les demandes
politiques, avec des discussions et des courants internes, plutôt qu’ en une multitude
de petites groupes, sans grande influence ni moyens importants et qui pour exister
doivent donner chaque jour la preuve de leur existence : un grand nombre de petits
attentats anodins.
C’est que les coalitions sont très rares dans le monde du terrorisme – à la
différence des coalitions de partis politiques classiques – essentiellement pour des
raisons de sécurité une coalition implique qu’un plus grand nombre de personnes
connaissent les plans et les mesures de décuité d’un groupe terroriste, sans forcément
accroître les bénéfices possibles. A effectifs accrus, sécurité et efficacité amoindries.
Les « marques » terroristes.
De la même façon que les organisations politiques les plus classiques, les
groupes terroristes se dotent d’un nom qui est leur marque, leur appellation sociale.
L’étude des noms des groupes terroristes révèlent ainsi beaucoup sur les fondements
doctrinaires du terrorisme : à l’extrême gauche, certains mots reviennent
évidemment plus souvent « Rouge» bien sûr, mais aussi « Prolétarien », « Armée »,
« Libération », « Révolution » et ses dérivés, etc ; à l’extrême droite, dans les milices
américaines, « milice», «national », « Aryen», « Ordre», etc A l’heure actuelle, il
est évident que l’Islam activiste est une source d’inspiration essentielle
(« Islamique », « Jihad »- la guerre sainte, « Hezbollah » le parti de Dieu, etc.)
Les groupes terroristes se donnent des appellations ad hoc et mettent au point
des célébrations alternatives et concurrents des célébrations officielles, dont on sait
qu’elles fondent et légitimassent un régime (ex. le bicentenaire de la Révolution
française, l’utilité politique des personnages historiques, de Jeanne d’Arc et de
Clovis) L’ASALA a ainsi utilisé des appellations de circonstance, comme certains
groupes palestiniens (« Organisation du 28 mai » en l’honneur de la proclamation, le
28 mai 1918, de la république d’Arménie) ou une sorte de culte des martyres («
Groupe Orly » à cause de l’arrestation d’un terroriste à Orly, le 11 novembre 1981)
Le Fatah- conseil révolutionnaire choisit différents noms : Mouvement de libération
nationale palestinien, Juin Nour pour ses attaques contre la Jordanie ( à l’initiative de
la Syrie entre 1983 et 1985), Brigades révolutionnaires arabes pour ses opérations
contre le Koweït et les Émirats arabes unis; Organisation révolutionnaire des
musulmans socialistes quand il attaquait des objectifs britanniques; Révolution
égyptienne pour des actions contre des diplomates israéliens au Caire ou pour le
détournement d’un avion égyptien à la fin de 1985 ; Al Asifa ( La tempête), ancien
nom de la branche militaire du Fatah qu’ Abou Nidal s’est approprié, car il
prétendait être l’héritier du Fatah Al-Ikab ( l le châtiment) pour le premier attentat
attribué à Abou Nidal, Organisation de la Jeunesse nationaliste arabe, créée par la
Libye au début des années 70. Le détournement d’un avion civil de la compagnie
KIM, auquel participa Abou Nidal, en 1973, fut revendiqué au nom de cette
organisation le 25 janvier 1985, l’assassinat de l’ingénieur général de l’armement
René Audran, un haut fonctionnaire du ministère de la Défense français, fut
revendiqué par le commando « Elizabeth Van Dyck » d’Action directe, du nom
d’une militante de la fraction Armée rouge abattue par la police allemande en 1978,
Autre exemple, l’attentat à la bombe du 13 avril 1985 devant une banque israélienne
à Paris, fut revendiqué par Action directe .
- Unité combattante Sana Mheidli, « du nom d’une jeune Libanaise qui, le 9 avril
1985, commit une action de sacrifice (Chah âdat en qui, le 9 avril 1985, commit
une action de sacrifice (Chah âdat en arabe) en lançant sa voiture contre un convoi
militaire israélien ».
- La glose des groupes terroristes est aussi un des signes distinctifs de ces
organisations Leurs revendications révèlent par exemple toute une culture
particulière, une vision du monde : celles d’un groupe comme le FPLP se
remarquaient par des références maoïstes répétées. De même, dans celles du GIA
en Algérie, apparaît souvent «une connaissance de l’Islam et du Coran qu’il
considère littéralement pour retourner à la plus stricte orthodoxie (Salafiya, au sens
strict fondamentalisme)» Exister en tant qu’organisation politique, c’est en effet
exprimer, représenter, traduire, défendre, illustrer et argumenter, bref, produire des
références diverses culturelles, politiques et religieuses. Le nouveau FLNC bras
armé de l’organisation nationaliste corse vivra, n’a-t-il pas été créé en respectant
divers symboles ? Elle effectua son premier attentat le 12 janvier 1997, un an
exactement après la conférence de presse» clandestine » du FLNC-Canal historique
annonçant un « processus de paix ».
Nous savons encore la prédilection du GIA à intervenir au cours du mois du
Ramadan. Il existe en outre des « produits dérivés»: un groupe de musique corse
nationaliste, les Canta U Populo corsu, a une chanson à la gloire des nationalistes ;
des tee-shirts sont disponibles balistes : le militant encagoulé, agenouillé et avec un
fusil d’assaut à l’épaule.
Comment les terroristes finissent
Tout groupe terroriste a vocation à disparaître à un moment ou un autre, soit
qu’il ait réussi à concrétiser ses objectifs, soit qu’ il ait été annihilé par les forces de
l’ordre. Différentes fins peuvent ainsi être distinguées :
1/ La puissance publique fait en sorte qu’il soit impossible au groupe terroriste
d’agir. Il peut être physiquement détruit ou arrêté ( ex.les terroristes islamistes de
l’été et de l’automne 1995, en France ou Abdullah Ocalan à la fin de 1998) Le
gouvernement ture a ainsi tenté d’abattre Abdullah Ocalan Tans Ciller, le premier
ministre turc de l’époque, a reconnu l’utilisation de fonds secrets des services secrets
de son pays pour l’organisation d’attentats en Syrie « Le 2 mai 1996, après une
préparation de plusieurs mois, un attentat à la bombe, détruisit totalement l’une des
résidences d’Ocalan à Damans dans le quartier d’Abou Remaneh » Ocalan était ce
jour-là dans un des compas d’entraînement du PKK dans la Bekaa libanaise, Son
arrestation-enlèvement au début de 1999 ne fut jamais que l’ultime épisode d’une
longue traque la dissuasion peut aussi fonctionner, l’autorité élevant les coûts et les
risques pour les groupes terroristes .
2/ L’intégration politique ou l’acceptation des règles de la démocratie
représentative, le groupe prend la décision d’abandonner le recours temporaire ou
permanent au terrorisme au profit d’autres modes de comportement politique, à
l’occasion d’un processus de paix et/ou de la reconnaissance politique par
l’adversaire (l’OLP, L’IRA, peut-être demain le PKK, etc). La pression se
transforme en stratégie de conquête du pouvoir, de stricte machine à terreur, le
groupe devient machine politico-électorale.
3/ La désintégration et j’hésitation des membres à aller jusqu’ à la mort
entraînent parfois la fin des groupes terroristes. C’est là, en quelque sorte, un
phénomène d’usure. L’adhésion des membres au groupe et à ses buts diminue.
4/ Un groupe peut aussi disparaître si ses soutiens polisques, logistiques et
financiers s’éteignent. «Carlos », abandonné par ses commanditaires, ses propres
hommes dispersés de par le monde, devint si vulnérable qu’il fut possible de
l’arrêter.
5/ L’évolution profonde d’une société peut encore rendre caduc un groupe du
même faon qu’elle peut entraîner le déclin de partis politiques ou des groupes
d’intérêt. Un groupe terrestre, comme un parti politique ou un groupe d’intérêt
classique, peut cesser de vouloir ou de représenter diverses demandes politiques, la
fraction Armée rouge en Allemagne s’est ainsi auto dissoute après la réunification
allemande et la fin de l’URSS. En avril 1998, la RAF a annoncé sa dissolution : « La
guérilla urbaine menée par la RAF appartient désormais à l’Histoire ».
6/ Dernier mode, la réussite du groupe. La menée à bien de ses objectifs, la
réussite de ses attentats peuvent entraîner la fin de son existence par autodissolution
(ex. les groupes terroristes créés spécialement pour obtenir la libération de
compagnons emprisonnés et qui disparaissent mission accomplie).
Sortir du terrorisme
Est-il possible de sortir d’un groupe terroriste ? Ce n’est jamais facile, Le
départ d’un militant est le plus souvent perçu comme un signe de lâcheté et comme
une trahison. Surtout, la sécurité du groupe tout entier peut être remise en cause par
ce départ. En n’étant plus dans le groupe, le membre partant ne lui donne plus
constamment – comme il le faisait auparavant des signes d’allégeance et de fidélisé.
Le militant quittant une organisation peut d’ailleurs devoir affronter seul la vie
clandestine et ses impérieuses exigences. Hans-Joachim Klein, terroriste ouest-
allemand désormais repenti a ainsi bien montré toutes les difficultés qui l’attendent,
surtout s’il a auparavant, comme lui, participé à des actions terroristes de grande
envergure (clandestin depuis plus de vingt ans, il fut arrêté en France en septembre
1998) D’un autre côté, il va de soi que le groupe terroriste n’a pas non plus intérêt à
contraindre qui que ce soit à rester. L’efficacité demandée pour toute action exige
une motivation volontaire, des preuves de solidarité et de détermination. Les aveux
de différents terroristes ayant abandonné la clandestinité et l’action politique violente
permettent de conclure que le groupe fait pression sur ses membres pour les unir et
leur faire saisir le manque de perspectives en cas de rupture. La vie clandestine et ses
dangers, la difficulté matérielle de l’envisager seul renforcent la solidité de
l’engagement envers le groupe terroriste. Ici, la taille du groupe terroriste est
primordiale. Dans un groupe de vingt personnes, la cohésion est théoriquement très
forte – beaucoup plus forte, on le saisit aussitôt, que dans un groupe de plusieurs
centaines de membres. Le départ d’un membre peut pourtant être décidé par
l’organisation elle-même à la suite d’un désaccord sur la ligne politique ou pour des
raisons personnelles- Le membre voulant quitter le groupe s’apercevant par exemple
que la vie clandestine lui est plus dure que ce qu’il pensait. Il est clair pourtant qu’
un départ n’est que rarement favorisé. Selon des sources du camp républicain, l’IRA
était ainsi, fin 1997, à la recherche d’un de ses activistes, suspecté d’avoir fait
défection au profit de la « Continuity IRA ».
Le départ d’un membre ne se pose pas seulement dans la clandestinité
Certains terroristes ont quitté leur groupe après leur arrestation ou ont déclaré cesser
la lutte politique violente après une durée plus ou moins longue de détention, voir
même à leur sortie de prison, Des terroristes repentis acceptent même de collaborer
avec les forces de l’ordre le comportement de l’autorité judicaire peut ici avoir un
rôle non négligeable Des lois, types « lois sur les repentis », en abaissant le coût que
payera un terroriste s’il donne des informations substantielles, ont à la fois le mérite
d’être pragmatiques, de faciliter la lutte anti-terroriste et souvent de miner les
groupes terroristes par des départs inopinés et des informations sensibles.
S’opposer en fin de compte à une décision collective du groupe, le quitter ou
le trahir exigent certainement d’avoir une forte personnalité et de pouvoir « se référer
à un système de valeurs politiques, morales et culturelles autre que celui du groupe »
Perdre ses camarades, c’est bien souvent pour un terroriste perdre ses valeurs, donc
ses repères.
Chapitre La logistique du Terrorisme
Le terrorisme est surtout visible en ses conséquences les plus spectaculaires et
les plus médiatiques, dans ses résultats manifestes.
Il est toutefois autant un processus long et minutieux qu’un acte soudain,
brutal et spectaculaire. Il est une machinerie compliquée, un processus latent. Nous
venons de voir que la structure des groupes terroristes est à la fois l’indice des
relations sociales que veulent privilégier ses dirigeants (un groupe terroriste se veut-
il « démocratique » ? Sa direction pourra être collégiale et à l’écoute de la base) et
influencée par les contraintes de sécurité. comme pour toute organisation politique
non terroriste, les groupes terroristes voient leurs structures orientées pour satisfaire
aux objectais communs.
L’organisation, le nom même des fonctions en vigueur dans ces groupes,
montre une culture d’organisation particulière en leur temps, les groupes d’extrême
gauche européens récupérèrent ainsi.
- Pour dénommer leurs différentes structures – la vulgate marxiste-léniniste ou le
vocabulaire de la résistance de la deuxième guerre mondiale. De plus, dans un
groupe terroriste comme dans tout autre, le mode d’organisation dépend de ce que
chacun est prêt à y mettre A l’évidence le coût individuel de l’engagement dans le
terrorisme et par conséquent les motivations sont multipliées par l’immense danger
que représente ce basculement dans la violence.
Tous ces raisons font que les formes des groupes terroristes sont variables,
tout comme les sources de leur financement.
Aujourd’hui comme hier, l’instinct de survie nécessaire aux terroristes
détermine des formes d’organisation et de soutien spécifiques et quasi obligatoires.
Les réseaux
Les réseaux terroristes dépendent pour l’essentiel du nombre de membres du
groupe terroriste, de leur théâtre d’opération et de leur lieu d’origine, de leur soutien
logistique enfin.
La structure des groupes terroristes est cependant le plus souvent organisée en
pyramide, du type de la hiérarchie militaire ou en cellules à effectif restreint, ou les
deux à la fois Seuls les groupes islamistes sont différemment structurés, en une
coalition de groupes divers, changeante au Iran «Ce groupe se compose d’un maktab
( bureau) central ( le soleil) et de maktab satellites ( les planètes), lesquels possèdent
aussi leurs satellites des groupes locaux » Mais que quelques-uns de ses membres
deviennent opérationnels et ils s’organisent en cellule, le commandement s’adresse
directement aux exécutants sans intermédiaires bureaucratiques, Pour leur action, les
cellules combattantes prennent des noms variés (Jihad islamique », «Jihad islamique
pour la libération de la Palestine », « Organisation de la justice révolutionnaire »,
« Organisation des opprimés sur terre »,etc). Et se désintégrèrent ou débaptisèrent
aussitôt après l’attentat.
La structure pyramidale permet en théorie une rapide transmission de la
décision. L’expérience montre qu’elle est fragile et qu’elle résiste difficilement aux
investigations policières, Autre limite, comme toute organisation politique, une
direction forte et matérialisée, avec des pratiques visibles et des privilèges, entraîne
souvent des conflits, des rivalités ou des oppositions Comme dans les organisations
politiques classiques, les membres directeurs d’un groupe terroriste peuvent en effet
entrer en compétition pour imposer leur vue et faire prévaloir leur intérêt. Mao Ze-
dong a théorisé dans ses écrits sur la guerre des partisans ce type de direction
centralisée.
La structure cellulaire est plus souple d’utilisation, surtout si les cellules sont
autonomes fonctionnellement et si- agissant vers un but commun – elles sont
indépendantes. Que l’une soit découverte.
Et l’autre continuera pourtant à agir. Au XIX siècle, les grands groupes
terroristes utilisèrent cette structure Ils eurent parfois des directions collégiales,
notamment les groupes «populistes» russes (ex.Narodnaya Volya), mais leur
inclination alla toujours vers une direction unique, permettant rapidité, efficacité et
réaction dans l’urgence,
Une organisation mixte peut arriver à concilier les avantages des deux
systèmes organisationnels pour peu que les niveaux hiérarchiques soient
suffisamment cloisonnés.
Exemples de structures terroristes.
L’Organisation Fatah-C,R, d’Abou Nidal était divisée en deux directions au
milieu des années 80 ;
- Une direction politique ayant en charge la propagande, le soutien financier des
membres et la collecte des fonds. Son siège était à Damas jusqu’ au milieu de 1985
puis à Tripoli, au gré des soutiens étatiques typiques de cette époque, Certains de
ses membres, arrêtés, ont prétendu que la direction était collective, dans le respect
d’ailleurs de l’influence idéologique « socialiste arabe » qui caractérisait ce
groupe.
- Une direction militaire ayant en charge le recrutement et l’entraînement des
membres actifs, implantée à la fin de 1986 dans la plaine de la Bekaa au Kiban et
sur la côte libanaise (prés de Sidon, notamment à Beddaoui ( le plus grand camp
palestinien du Liban) et à Mar Elias dans la banlieue de Beyrouth).
Cette direction s’occupait des actions au Sud-Liban, ainsi que les opérations
spéciales en Europe ou au Moyen-Orient Elle organisait des actions contre les
dirigeants de l’OLP, ce qui était la conséquence de la compétition politique entre
Arafat et Abou Nidal
Seules les actions contre des cibles juives ou israéliennes étaient revendiquées
par le groupe sous son vrai nom. Sa revendication se faisait généralement par
téléphone ou par lettre à une agence de presse ou à un journal.
Les cellules clandestines de cette organisation comprenaient de 3 à 7
membres, Elles étaient compartimentées afin que seuls quelques membres actifs
connaissent des membres d’autres cellules, Toute cellule cherchait en recevait des
instructions et des informations sur sa cible pendant plusieurs semaines, notamment
concernant la méthode à utiliser et la façon de protéger sa fuite une fois l’opération
effectuée. Chaque membre était désigné par un pseudonyme et ne connaissait ses
compagnons que par leur pseudonyme Ils réduisaient au minimum le nombre de
leurs rencontres et de leurs appels téléphoniques et, si la cellule devait se réunir, elle
le faisait dans un lieu public. Les messages étaient transmis par des courtiers connus
et étaient codés. Les messages étaient transmis par des courtiers connus et étaient
codés. Le chef de la cellule avait plusieurs fonctions : officier de renseignements,
intendant et logisticien (organiser le transport, entreposer des armes, envoyer et
recevoir des messages, s’occuper des finances de la cellule, etc.)
De son côté, le groupe Al Jihad d’Égypte- un groupe islamiste était ainsi
organisé en 1982 : une direction stratégique liée à l’équivalent fonctionnel d’un
pouvoir législatif, une s’assemblée consultative sur les questions religieuses
commandaient un état-major chargé de concrétiser les actions terroristes décidées A
son service, cet état-major avait trois branches satellites :
- Une branche logistique (renseignement, armement, propagande, section
technique) ;
- Une branque actions (entraînement militaire, soutien médical, une section de
tireurs d’élite et commandement opérationnel) ;
- Une branche chargée du prosélytisme (enseignants, missionnaires, prêcheurs dans
les mosquées).
On observe parfois que n aux différents cercles de leur organisation, les
terroristes ont donné des fonctions différentes par exemple au premier cercle,
l’action Au deuxième cercle, le soutien actif (recherche de fonds, échanges de
devises étrangères volées, vête maints, papiers, transport de courriers ou d’armes, de
munitions, etc) Au troisième cercle, le soutien passif des « irréguliers », selon le
terme employé par les Brigades rouges, c’est-à-dire les non clandestins ( accueil au
domicile, prêt de logement, de voiture, soutien financier, etc). Les groupes terroristes
à faible effectif s’organisèrent ainsi en différents cercles – notamment les groupes
terroristes européens d’extrême gauche dans les années 70.
Cela recoupe assez exactement, notons-le, mais sous une forme servant la
violence, la structure classique des partis politiques ou des groupes d’intérêt
distinguant le degré d’adhésion et de participation :
Il y a là dans le terrorisme, comme dans des domaines plus classiques, une
véritable culture de l’organisation diversement structurée : dirigeants, militants,
responsables, militants de base, sympathisants, donateurs, cotisants captifs, etc
Dans les années 70, «Carlos» utilisa régulièrement des femmes pour les
fonctions de soutien il est vrai que les femmes se révèlent très efficaces pour faire
parvenir des messages et des objets.
Elles peuvent modifier leur apparence par des vêtements, par un maquillage,
etc, qui seront fonction de l’apparence physique ou du niveau social des gens
qu’elles doivent côtoyer et faciliteront leur mimétisme. Une apparence inoffensive a
bien souvent apporté des solutions aux problèmes soulevés par la clandestinité.
Comme dans les partis politiques ou les groupes d’intérêt, les militants
permanents sont la plupart du temps rérémunérés. Ceux des Brigades rouges, dans la
clandestinité absolue et recherchés par la police, recevaient par exemple un faible
salaire de leur groupe ( environ 1 250 FF par mois en 1980 ( 412 euros environ), soit
beaucoup moins qu’ un ouvrier italien non spécialisé au même moment) Le
terrorisme qui frappa la France en 1995, et particulièrement lui aussi les transports
en commun, fut un « terrorisme par le bas », un terrorisme provenant plutôt des
quartiers en difficulté : étudiants n’ ayant jamais pu trouver un emploi à leur niveau,
petits commerçants, RMIstes, etc. Tous les terroristes du «Groupe Kelkal»
bénéficiaient ainsi d’aides sociales Utilisant des téléphones portables pour
communiquer- et par conséquent difficiles à écouter, à l’époque en tout cas, souvent
formés sous le couvert d’associations culturelles ou sportives islamistes, pris en
main à l’origine par d’anciens responsables du mouvement de la jeunesse islamique
marocaine, il bat, survie) au mont Ventoux et au mont Gerbier-de- Joncs. La fuite de
K. Kelkal et de ses compagnons dans les monts lyonnais ne fut ainsi qu’une
application de cette formation.
Mais à cette division empruntée aux organisations politiques classiques s’en
ajoute une autre concernant les groupes terroristes ; les militants peuvent être
clandestins ou non, réguliers (à plein temps) ou irréguliers (des mercenaires de
l’engagement politique terroriste), temporaires, légaux (s’ils ont grande leurs papiers
d’identité authentiques), des responsabilités terroristes pose aussitôt le problème de
la hiérarchie et du commandement.
L’inévitable hiérarchisation
Prenons un exemple dans le passé : les passé : les Brigades rouges italiennes
étaient organisées en une structure à la fois hiérarchique et cellulaire. Alors qu’à
l’origine le mouvement était plus ou moins légal, avec une « vitrine officielle », il
alla bientôt vers la clandestinité et se dota comme dans une organisation politique
classique d’organes de décision.
- La direction stratégique jouant à la fois un rôle idéologique et d’encadrement,
l(organe de cohérence dont l’existence prouvait la vie du groupe Elle se réunissait
en temps normal tous les six mois et avait un pouvoir financier et disciplinaire;
- Le comité exécutif, organe intermédiaire, approuvait les propositions venant de la
base des « fronts » Il était l’organier de crise qui se réunissait en cas de danger
occasionné par les forces de l’ordre ou en cas d’opération terroriste importante (ex.
enlèvement d’Aldo Moro), Il était encore l’organe de liaison avec les groupes
terroristes étrangers (ETA, RAF, les Palestiniens) ;
- Les « colonnes », divisées en « brigades » et en « fronts », Ce concept de colonne
était hérité des partisans italiens antifascistes pendant la deuxième guerre
mondiale, De telles colonnes excitaient à Milan, Gênes, Turin, Rome, Naptes et en
Vénétie, Chacune était censée être autosuffisante et compartimentée leur activité,
comme d’ailleurs leur création, révélait les buts de Brigades rouges : les «
colonnes » du Nord étaient actives dans les zones industrielles, en particulier dans
les grandes entreprises ( Fait, Alfa Romeo), etc La colonne de Rome avait pour
Fonction de s’en prendre aux dirigeants politiques romains, en particulier de la
Démocratie chrétienne les règles de sécurité, semblables à celles en vigueur dans la
plupart des groupes terroristes, exigeaient que chaque chef de colonne ne connaisse
que deux bases : celle ou il habitait et celle d’un autre membre de la coconne .
- Chaque colonne était commandée par une direction de six membres au plus Au
niveau hiérarchique inférieur, les militants se répartissaient en brigades de quatre
membres- les cellules dont nous parlions- qui agissaient dans les « classes
laborieuse », parmi les étudiants, les chômeurs, les marginaux, etc Des brigades
déployaient encore une activité politique dans les usines, les hôpitaux, les
universités, les ports, etc.
Des raisons idéologiques firent que théoriquement les Brigades rouges étaient
opposées à la spécialisation fonctionnelle, à une répartition rigide des rôles. La
direction, selon un « brigadiste », considérait qu’une telle spécialisation ou création
de corps distincts était source de fragmentation du groupe. Les dirigeants – toujours
pour des raisons de doctrine égalitariste – N’avaient pas de prérogatives
particulières. Le militant interrogé rappelle par exemple que le fondateur des
Brigades rouges- Mario Moretti, clandestin depuis dix ans- fut arrêté alors qu’il
contactait un sympathisant en phase de recrutement.
La réalité nécessita cependant de morceler les compétences à l’intérieur de
structures spécifiques, les « fronts » le «front logistique» avait en charge la
fabrication de fausses identités, le maquillage des voitures colées, la recherche
d’adresses sûres et les hold-up pour le financement Le « Front de la contre-
révolution» était censé pénétrer et noyauter les « instruments de la répression »
(police carabiniers, etc) , afin de les attaquer le ‘ Front des prisons », créé en 1980,
avait en charge le contact entre les militants libres et les militants emprisonnés, ainsi
que les plans d’évasion.
Proches idéologiquement et opérationnellement des Brigades rouges dans les
années 70, les Formation communistes combattantes étaient structurées un peu
différemment :
- Le « commandement subjectif » était formé par les membres fondateurs et les
membres cooptés. Il avait pour fonction d’unifier l’action et les propositions
politiques des différents noyaux, d’inspire ou de susciter la ligne politique générale
du groupe ;
- Les noyaux opérationnels en charge des actions, mais non organisés en
autosuffisance ou géographiquement, à la différence des Brigades rouges ;
- Les équipes armées prolétariennes, formations de base du groupe, à large
recrutement, y compris de personnes ignorant qu’elles appartenaient au groupe;
- Les secteurs d’intervention, proposant des objectifs, en fonction de la ligne mise
au point par le commandement subjectif Ces secteurs étaient organisés
fonctionnellement avec un secteur en charge des «équipes armées prolétariennes»,
un secteur logistique, un secteur » prisons », un secteur information.
Le groupe italien Prima Línea eut des structures directement inspirées de
l’armée :
- L’exécutif national, composé de 7 membres en 1979, décidait de la ligne politique,
des questions militaires et logistiques du groupe Il entretenait les relations avec les
autres groupes terroristes ;
- Le commandement national était formé des dirigeants des « groupes de feu » et
des « patrouilles » et était un complément de l’exécutif national ;
- Les » patrouilles » et les « groupes de feu » formaient les cellules de base du
groupe (groupe de lycée, d’université, de quartier, de ville, etc).
- Partagés entre une idéologie égalitariste et les nécessités de l’efficacité dans le
danger, les terroristes allemands- comme beaucoup de leurs semblables européens
au même moment – curent toujours le plus grand mal à définir de façon explicite le
statut et les prérogatives de dirigeants qui existaient pourtant bel et bien .
- Andreas Baader par exemple.. Seule une intense concertation permettait à la
Fraction Armée rouge allemande de surmonter tant bien que mal son absence
apparente de hiérarchie et d’orchestrer une vague d’attentats Diverses arrestations
fragilisèrent et désorganisèrent d’ailleurs profondément cette organisation.
- A l’inverse, l’ETA et L’IRA ont des principes d’organisation très précis et une
structure très hiérarchisée. Les commandos de l’ETA dépendent ainsi de la
direction de l’organisation pour la décision, la planification et la réalisation des
actions. L’IRA a une structure quasi militaire avec à son sommet un Conseil de
l’armée, instance suprême qui décide des campagnes militaires Au niveau
immédiatement inférieur, un état-major coordonne une direction financière, une
direction logistique et une direction des opérations militaires, Cette dernière
direction comprend trois subdivisions opérationnelles sur une base géographique le
Front Sud (la République d’Irlande qui sert en base géographique : le Front Sud (la
République d’Irlande qui sert en outre de soutien logistique et de base arrière), le
Commandement du Nord ( l’Ulster) et le Front britannique En Ulster et en Grande
Bretagne les opérations militaires sont menées par des noyaux clandestins de 4 ou
5 volontaires ( les Unités de services actifs).
- L’organisation des nationalistes algériens pendant la guerre de décolonisation –
notamment à Alger – était une structure mixte, cellulo-pyramidale. Mélange
d’inspiration maoïste, des théories de la guérilla marxiste, de la guerre
révolutionnaire et… de l’organisation de l’armée française, elle était ainsi conçue :
une structure cellulaire de base était formée d’une section avec un chef et 30
militants, en pyramide
Section
1 Groupe
2 3
Cellule
4 5 6 7
1/2 cellule
* * * * * * * *
Une nouvelle structure militaire apparut en juillet 1957 ainsi formée :
Chef de Région (1) >Sous-adjoint (2) >Chef de groupe (3) > Chef de cellule
(9).
Soit 5 membres de commandement et de liaison, 30 membres actifs, et un total
région de 35 hommes.
Parallèlement, et hors hiérarchie, certains effectifs étaient spécialisés dans la
pose des bombes, l’exfiltration de militants activistes en associations, presses,
universités, etc.).
- L’organisation politique théorique du FLN fin mai 1957 était ainsi conçue :
- Zone, Région, Secteur, District (127 hommes), S/district (63 hommes), Groupe
(31),182 Groupe (15), Cellule (7),
- Ce modèle eut des imitateurs : en Ulster, l’IRA atomisa à la fin FLN algérien en
zones urbaines, pour prévenir les infiltrations.
Implantation et exfiltrations à l’étranger
La direction de l’organisation terroriste est parfois implantée à l’étranger, ce
qui permet de soustraire à une éventuelle surveillance de la police de l’État cible une
partie primordiale du groupe terroriste. Ce choix nécessite toutefois pour les
terroristes d’avoir des circuits transnationaux de communication et des voies
d’infiltration et d’exfiltration assurées.
L’ASALA fut ainsi une organisation largement transnationale, La direction
politico-logistique était à Athènes, la direction militaire à Beyrouth avec des sites
d’entraînement dans la vallée de la Bekaa et dans le secteur grâce de Chypre ; vers
1986 , un bureau de liaison se trouvait à Damas, assurant une liaison avec les
services spéciaux syriens, une base se trouvait encore en Libye Une implantation
iranienne fut démantelée en 1986 le groupe ASLA installé en France ( comme ses
équivalents de Los Angeles et de Toronto) fonctionnait sur un modèle binaire
politico-militaire classique les instructions venaient d’Athènes, la branche politique
du groupe France n’avait de contact avec la branche militaire que par son dirigeant
Son rôle était de rechuter des militants parmi les Arméniens les plus déterminés de la
diaspora ( par l’observation de leur comportement dans les manifestations). La
cellule militaire ou action, formée d’une poignée d’hommes, reposait sur un soutien
logistique d’une vingtaine de personnes et avait vocation à agir dans toute l’Europe
le dirigeant du groupe seul était en liaison avec le digérant de la branche politique-
France et avec la direction politique de l’ASALA à Athènes. Son second était
l’artificier et le recruteur, les autres membres avaient des fonctions particulières
d’informations (repérages de cibles, constitution des stocks d’armes,
documentations, etc),
Les estimations des effectifs de l’ASALA varièrent beaucoup : entre près de
1 000 et quelques douzaines.
La résistance fournit aujourd’hui un modèle intéressant pour les réseaux du
CIA en France. Les groupes responsables des attentats commis en France de juillet et
octobre 1995 avaient leurs dirigeants et leur financier à l’étranger comme jadis la
résistance française.
Un envoyé spécial faisant la liaison entre la France et Londres ; il s’était
infiltré en France par un trajet indirect, via la Turquie et les Pays-Bas. Avec Ali
Touchent, alias » Tarek », il cordonnait les attentats.
Trois cellules d’exécutants étaient organisées :
- À Vaulx-en-Velin, la première «équipe action» (Khaled Kelkal, Karim Moussa,
Nasserdine Slimani, Abdelkader Maameri, Abdelkader Bouhadjar) ;
- À Lille, l’équipe «action n° 2 relais » (Mohamed Drici, Ali Ben Factotum, Neji
Nasri et Samin Ait Ali Belkacem) ;
- À Chasse-sur-Rhône, une « équipe logistique et soutien » (David Vallat, Joseph
Raime, Zeber Saibi, Bilel Belaferir, Azzedine Merabti).
Cette organisation permettait de respecter une règle de base de la clandestinité
terroriste : chaque fonction dans le groupe pouvait être prise en charge par quelqu’un
d’autre.
Un document non daté trouvé par Scotland Yard dans l’un des domiciles
utilisés par le GIA à Londres donne quelques indications sur les principes de sûreté
et d’organisation de la vie clandestine des membres du GIA hors de leurs maquis
algériens, ce texte recommande, hors maquis- par exemple en France- de «changer
de région et de zones sans rompre le contact » La base de la clandestin ère extrémité,
ce document préconise de se réfugier» dans les montagnes si rester dans les villes
s’avère trop difficile» C’est ce que tenta Khaled Kelkal .
L’obsession de la sûreté
Le terroriste en action vit dans la peur à cause des forces de l’ordre qui le
cherchent ou le chercheront quand son action sera accomplie. Que le lecteur imagine
en effet ce qu’il lui est interdit ou difficile de faire: se déplacer, téléphoner, faire des
courses, dormir, etc. Le moindre geste exige des mesures de sécurité.
L’étude des milieux de la résistance pendant la seconde guerre mondiale
donne là aussi aux simples citoyens une idée assez précise de ce qu’exige la vie
clandestine.
La clandestinité exige d’abord, hier comme aujourd’hui, des faux papiers pour
pouvoir circuler avec un minimum de sécurité et justifier une fausse identité.
En mai 1996, un autre réseau islamiste fut démantelé par la police en France.
Dans le foyer Sonacotra de Nanterre, une des chambres occupée par Salem
Nassah était le siège d’un trafic de faux papiers.
Des milliers de faux documents souvent volés en France puis maquillés (cartes
d’identité, permis de conduire, etc) paraissent avoir été vendus par cette filière à des
candidats à l’immigration venant d’Algérie ou d’Allemagne, Une société
d’exportation de voitures.
-Clichy export-favorisait le transport de ces faux papiers Ce réseau avait des
liens avec d’autres réseaux jusqu’ en Italie.
Dans le cas de terrorisme d’avant la fin de la guerre froide, ayant le soutien
d’un État, la question des faux papiers ne se posait pas.
L’État fournissait des passeports diplomatiques ou tous les faux papiers que
ses services spéciaux pouvaient fabriquer ou dont ils disposaient. L’arrestation de
deux terroristes de l’organisation d’Abou Nidal responsables de l’attaque des
bureaux d’El Al à Vienne et à Rome en décembre 1985 révéla que leurs passeports
étaient les mêmes que ceux confisqués par la Libye à des travailleurs tunisiens
expulsés vers leur pays, Ces Tunisiens avaient déclaré cette perte à leurs autorités
qui avaient fait remonter l’information jusqu’ à Interpol.
Un manuel à usage interne aux Brigades rouges – trouvé dans une cache en
1975 par la police- recommande aux terroristes de ne pas se servir du téléphone ou
de le faire, en cas de nécessité, en ne citant jamais aucun nom ni aucun lieu, en
choisissant des phrases conventionnelles, en ayant un code qui permette de fixer des
rendez-vous avec deux ou trois jours et/ ou diverses heures de décalage
systématique.
Un manuel à l’usage des membres de l’Armée de libération symbioses – un
groupe américain des années 70- donne d’autres indications qui sont autant d’indices
du monde assez inquiétant dans lequel vivent les terroristes :
1/ Agissez sur la base de ce que vous devez savoir Évitez de connaître les
informations que vous n’avez pas à connaître, ne diffusez aucune information.
2/ Ne répondez pas aux questions du FBI, ne confirmez aucune information,
prévenez os parents, vos amis si vous avez l’impression d’Être l’objet d’une enquête.
3/ Méfiez-vous des conversations téléphoniques […] ne parlez ni de drogue ni
d’armes […]. Branchez une radio FM en même temps et parlez moins fort qu’elle
[…].
4/ Méfiez-vous de ce que vous écrivez, utilisez une machine à écrire, été.
Conclusion : « Il n’y a rien de tel qu’une sécurité paranoïaque.
Les choses deviennent plus dures Les flics en civil infiltrés dans nos milieux
sont toujours plus nombreux. Toujours être attentif. La vie de os frères et sœurs en
dépend ».
Le document des Brigades rouges préconise encore d’éviter d’habiter près
d’un commissariat ou d’endroits tels que banques, quartiers peu sûrs avec une forte
présence policière. L’appartement où réside le terroriste doit être modeste, rangé,
discret, normal, à l’image même du terroriste qui doit se construire une existence
sociale modèle et une apparence passe-partout : des rideaux aux fenêtres, une
sonnette, un nom sur la porte d’entrée. Le terroriste doit respecter les horaires de
travail de la personne qu’il est censé doit respecter les horaires de travail de la
personne qu’il est censé être, faire ses achats dans des magasins différents pour ne
pas se faire reconnaître par des visites fréquents chez un même commerçant ; il
organise enfin des réunions discrètes, silencieuses.
Organisations cloisonnées, coupées du monde, presque paranoïaques tant leur
sécurité prédomine, les groupes terroristes ont aussi besoin d’argent pour financer
leur action, l’achat d’armes ou la clandestinité Leurs ressources sont aussi variées
que leurs pratiques, leur doctrines et les profils de leurs membres.
Les ressources du terrorisme
Au XIX siècle, les groupes terroristes avaient peu besoin d’argent pour
fonctionner, Narodnays Volya se contentait largement des aides financières de ses
membres ou de ses soutiens les plus aisés. Les groupes anarchistes étaient quasi
privés de moyens !
Puis, progressivement, la recherche de fonds devint un besoin vital et les
moyens de financement dévirèrent hétéroclites.
Le terrorisme contemporain a été à la fois plus organisé et plus rationnel pour
trouver des fonds Ses moyens furent et sont les suivants : à / L’aide des États. Cette
aide, forte dans les années 70 et 80, est faible désormais en raison de la fin de la
guerre froide et du surgissement de groupes terroristes ethnico-religieux qui
dépassent les frontières de États b/ L’aide directe des militants ou des
1. W. Laqueur (op.cit., p. 100) donne des évaluations de budgets terroristes :
Diasporas / L’impôt révolutionnaire, c’est-à-dire le racket. d/ La création
d’entreprises paravents. e/ Le banditisme (hold–up, enlèvements trafic de drogue ou
de matières précieuses, etc).
a/ L’aide des États est évidemment la voie royale de financement pour tout
groupe terroriste Elle se fait rare désormais, tandis que le terrorisme n’est plus
sponsorisé. Le Hezbollah est ainsi soutenu par l’Iran dont il reçut approximativement
100 millions de dollars par an dans le années 80, par l’intermédiaire de banques
suisses ou autrichiennes.
b/ L’aide directe des militants et sympathisants, le recours aux diasporas sont
très variables Beaucoup de groupes terroristes, comme l’Armée rouge japonaise ou
Action directe, n’ont jamais eu assez de militants pour leur permettre de subsister
matériellement.
Une telle aide est possible pour les mouvements à assise locale, fortement
implantés dans le tissu social et acceptés comme représentants de leurs intérêts ou
demandes politico-sociales par un nombre suffisant de personnes. Des mouvements
comme L’ETA basque ou l’IRA irlandaise bénéficient de tels soutiens financiers
des sympathisants.
L’IRA en particulier reçoit une aide financière substantielle des Irlandais des
États-Unis. Pour ce genre de groupe, les diasporas sont primordiales et jouent
souvent un rôle de soutien logistique, d’accueil et d’aides en tout genre. A partir de
1971, les Irlandais des États-Unis versèrent de l’argent à une « Société d’aide à
l’Irlandais du Nord » en principe chargée d’ s’occuper des victimes du conflit de
l’Ulster. Le trésorier de l’IRA. Joe Cahill, se cachait derrière cette œuvre de charité
les groupes sionistes – ainsi l’Irgoun obtinrent quant à eux des aides de la diaspora
juive Au début des années 70 toujours, le Front populaire de libération de la
Palestine voyait le gros de ses subsides provenir de Palestiniens chrétiens vivant en
dehors de la zone du conflit ; 5% étaient déduits autoritairement par l’OLP du salaire
de Palestiniens travaillant pour les gouvernement areas Cette pratique était au
demeurant identique à la retenue sur salaires effectuée par de nombreux
gouvernements arabes sur les Palestiniens vivant sur leur sol . Aujourd’hui, un
homme d’affaires comme Oussama Ben Laden est le principal financier des activités
terroristes fondamentalistes.
c/Les communautés d’implantation des groupes terroristes, lorsqu’ ils en ont,
peuvent souvent être soumises à un impôt révolutionnaire, c’est-à-dire au racket ou à
l’extorsion de fonds.
Le FLM algérien avait ainsi une organisation parallèle destinée à la collecte
auprès des commerçants, formée de quatre équipes spécialisées en collecte de fonds
et intimidations.
Le nationalisme tamoul a des bases solides en Asie du Sud-est (Malaisien et
Singapour), dans l’océan Indien (île Maurice), sur la côte orientale de l’Afrique et
dans le Pacifique (Fidji). Hors d’Asie, la diaspora tamoule est estimée à plus de
500 000 personnes, dont 3000 000 en Europe. Le LTTE (Libération Tigrés of Tamil
Eelam), organisation créée en 1972 pour instaurer par la lutte armée un État tamoul
indépendant au Sri Lanka, quadrille ses populations qui contribuent au financement
de la cause, volontairement ou non.
Dans les années 90, selon des sources turques, le PKK – le Parti des
travailleurs du Kurdistan- aurait demandé dans le Sud-est ture à des travailleurs
touchant 1 000 $ net par mois de lui en reverser jusqu’ à 700, Diverses organisations
kurdes du nord de l’Irak bénéficiaient encore, après la guerre du golfe et profitant de
l’embargo contre l’Irak, d’un trafic clandestin de pétroles dans la région frontalière
avec la Turquie (5 à 10% de revenu sur la cargaison de chaque camion de passage).
Cette pratique a été confirmée par Youssif…, ancien militant kurde.
Les nationalistes corses pratiquent aussi ce genre d’action à grande échelle,
comme d’une façon générale tous les « mouvements de libération ». Des entreprises
amies peuvent contribuer à un soutien financier, par des emplois fictifs ou des
soutiens discrets, volontaires ou non. Une entreprise de transport de fonds corse,
largement noyautée par des nationalistes, fut ainsi l’objet d’attaques à main armée
très nombreuses… Les entreprises d’import-exportation, la vente en gros, demi-gros
et détail de tous produits non réglementés « servaient de la sorte à expédier du
matériel vers les maquis islamistes algériens. Elles furent démasquées en novembre
1994 ( la société Impexor d’Omrane Tekouk, Paris 5, etc.).
d/ Il peut y avoir un noyautage d’entreprises ou création d’affaires par les
groupes terroristes. Le PKK a des intérêts à la fois dans des entreprises privées. Pour
financer l’achat d’armes de plus en plus sophistiquées, il a entrepris de taxer de
riches hommes d’affaire et des entrepreneurs kurdes, le PKK approuve certains
contrats conclus par les entrepreneurs kurdes avec le gouvernement ture en échange
d’un pourcentage sur les bénéfices ou sur l’aide gouvernementale turque.
Pour faire face à des entraves croissantes de la part de la Syrie, sous la
pression des États-Unis, le Hezbollah libanais développerait aussi un réseau
d’entreprises écrans en Grèce, Turquie et Chypre, afin de servir de bases logistiques
aux activités de l’organisation.
e/ Les activités terroristes et/ ou de grand banditisme comme les enlèvements,
les détournements aériens contre rançon, la vente de drogue, la fabrication de fausse
monnaie ou l’organisation de la prostitution sont un autre mode de financement.
C’est là une caractéristique forte du terrorisme depuis les années 80 Dans les années
60 ou 70, les terroristes n’utilisaient pas des moyens de financement aussi
caractéristiquement criminels, ou même maffieux En France en particulier et selon J-
L Debré, ministre de l’Intérieur, «depuis 1994, la frontière entre militants islamistes
et délinquants est devenue incertaine et perméable» Mais dés les années 80, les
groupes terroristes précurseurs implantés dans la plaine de la Bekaa au Liban, plaine
productrice de cannabis et d’un peu de pavot, ont ou eurent facilement recours à
cette manne – ainsi l’ASALA ou le PKK, Certaines organisations actuelles sont
même aussi terroristes que criminelles . Le LTTE possède de nombreuses société
écrans (compagnies de transport, entreprises de texile, agences de voyages) installées
au Sri Lanka et en Asie du Sud-est pour le développement de sec activités politico-
maffieuses (blanchiment d’argent, trafic de National Socialiste Council of Nagaland,
du nom de l’ethnie Nagas à pris la drogue entre la Birmanie et l’Inde la contrebande
de bois rares, de pierres précieuses, d’armes et de l’héroïne produite dans le fameux
Triangle d’or et destinée à ravitailler le marché indien est «taxée». De la même
façon, les trafics de l’Inde vers la Birmanie (hydrocarbures, produits métallurgiques,
biens de consommations) le sont à leur tour. Au Pérou, le Sentier lumineux utilise
depuis le milieu des années 80 la manne du trafic de drogue comme l’ELN en
Colombie, le Sentier lumineux a profité de ses liens avec les narcotrafiquants et
leurs fonds pour améliorer son armement. Le Hezb-i- Islami du chef Gulbuddin
Hekmatyar contrôle pour sa part les flux routiers entre Kaboul et le Pakistan. Il
dispose en nom propre de 200 camions assurant le trafic de marchandises avec
Peshawar. Certains de ses commandants seraient impliqués dans le commerce de la
drogue- la culture du pavot autour de Jalalabad ayant connu une forte croissance
dans les années 90.
Bien que rare, la fabrication de fausse monnaie fut et est aussi un moyen de
financement Action directe, par exemple, tenta d’écouler à travers l’Europe de faux
chèques de voyage.
L’enlèvement fut et est périodiquement utilisé par les groupes terroristes à la
fois comme acte terroriste à des fins idéologiques et comme moyen de financement.
Le hold-up est encore une autre possibilité de financement déjà utilisée par les
terroristes. En Égypte, des groupes comme la Jamaa islamiya ou le Jihad, après la
guerre du Golfe, virent leurs subsides émanant des puissances pétrolières de la
péninsule arabique fortement diminuer. La levée du secret en Égypte sur toutes les
opérations bancaires internes a d’autre part réduit à rien le financement de ces
groupes islamistes égyptiens le chef de la banche militaire de la Jamaa en haute
Égypte, Refaat Zaydan, décida de recourir à des hold-ups, souvent violents, contre
les bijouteries des chrétiens coptes « La fatwa promulguée dans les années 70 par le
cheikh Rahman, emprisonné à l’heure actuelle aux États-Unis, a favorisé ce genre
d’action anti-chériens, y compris le meurtre.» Ainsi, en août 1996, six islamistes
attaquèrent trois bijouteries coptes, tuant deux personnes et en blessant quatre autres.
En juin et juillet 1996, d’autres attaques similaires ont eu lieu.
La Fraction Armée rouge, tout comme ses équivalents ouest européens,
intensifia cette pratique du « hold-up politique » ou de l’ «expropriation
prolétarienne» au début des années 70 : en septembre 1970, en dix minutes, trois
commandos masqués et armés dévalisèrent une banque et laissèrent derrière eu un
message significatif : » Confisqué aux ennemis du peuple » En janvier 1971, deux
caisses d’épargne de Kassel furent attaquées selon les mêmes méthodes et par les
mêmes personnes.
Les groupes terroristes américains d’extrême gauche ou d’extrême droite ont
visé dans les années 80 les mêmes cibles financières pour assurer leur ressource. Il
n’en est que peu en effet qui aient cherché ou obtenu une aide étrangère. A peine
pouvons-nous citer le gang El Rukn qui sollicita une aide financière auprès de la
Libye en échange de la promesse de destruction d’avions ou d’édifices publies a
Chicago.
Les groupes terroristes américains les plus actifs eurent recours au vol (voir
tableau ci- contre)
Les liens entre terrorisme et banditisme sont désormais parfois si étroits
concernant le problème du financement qu’il devient difficile de distinguer entre les
deux mondes.
Nous l’avons vu avec le PKK, le GIA et le LTTE. En France, en novembre
1994, 77 Islamistes furent arrêtés pour avoir constitué un réseau de soutien logistique
au GIA Ce réseau était constitué en trois branches la première était organisée par les
frères Chablai, connus à Orly pour diverses actions de banditisme, avec un casier
judiciaire chargé, retournées récemment à l’islam et animateurs de l’Association
éducative des musulmans de France, Ils étaient en liaison avec le maquis islamité de
Béni-Merrd, près d’Alger les forces de l’ordre retrouvèrent chez eux des armes.
Nom
du groupe
terroriste
Description du vol
Extrê
me gauche
May
19
Communiste
20 octobre 1981, Nyack, New
York, attaque d’un fourgon blindé de la
Brinks, 1,6 million de dollairs
Organ
isation
Mach
eteros
12 septembre 1983, West
Hartford, Connecticut, Attaque du dépôt
de la Wells Fargo, 7,1 millons de dollars
Unite
d Freedom
1974-1984,Attaques de banques,
900 000$
Front
Now
Africn
Feedon
Front
Janvier 1984/ octobre 1984, Projet
d’attaque d’un fourgon blinde selon les
mêmes modalités qu’à Nyack
Extrê
me droite
The
Ordre
23 avril 1984, Seattle,
Washington, attaque d’un fourgon
blinde, 535 000$
Arizo
na Patriots
Janvier-décembre 1986 projet
d’attaque d’un fourgon blindé de la
Wells Fargo pour le financement d’un
camp de survie
Des cassettes vidéo de propagande islamiste et une liste de machines à sous
dont ils tiraient apparemment des bénéfices important, bien que l’Islam interdise les
jeux de hasard.
Mourad Adou Acine commandait le deuxième réseau de soutien logistique. La
police trouva à son domicile les moyens de fabrication de faux papiers français et
algériens. Il hébergeait en outre des maquisards venait d’Algérie ou y partant.
Le troisième réseau se trouvait à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-
Marne. La police y découvrit une cache d’armes contenant des explosifs, des fusils
d’assaut, dont une douzaine de Kalachnikov en partance pour l’Algérie, car la lutte
armée et le terrorisme exigent des armes.
Les outils du terrorisme
Les couteaux et les armes à feu furent d’abord les principales armes utilisées
par les terroristes avant l’invention de la dynamite.
Mais les terroristes se sont servis indistinctement d’un grand nombre d’armes
L’Armée rouge japonaise détourna ainsi un avion en menaçant les passagers avec
des sabres de samouraï- respect des traditions culturelles … L’IRA attaqua au
mortier la résidence du premier ministre anglais, le 10 Downing Street. En août
1986, le groupe d’Abou Nidal attaqua au lance-roquettes et au mortier une base
aérienne britannique à Chypre ( mortier de 80 mm et roquettes de fabrication
soviétique) Durant l’été de 1996, la police allemande saisit un mortier fabrique en
Iran de très gros calibre mais assez réussit un mortier fabriqué en Iran de très gros
calibre mais assez rustique quant à la précision, caché dans une caisse de fruits
D’autres mortiers identiques semblent avoir été mis en circulation par l’Iran, y
compris en Arabie Saoudite.
Le lecteur ne doit pas imaginer pourtant que les terroristes actuels soient plus
scientifiques, rigoureux ou imaginatifs que ceux du XIX siècle En réalité, ces
derniers créèrent quasiment tout : selon W. Laqueur, qui ne donne pas plus de
détails, un sous-marin torpilleur fut même construit par la diaspora irlandaise à New
York pour des actes terroristes anti-anglais, mais ne fut jamais utilisé! Certains
terroristes irlandais envisagèrent encore l’emploi d’un train et d’un bateau à vapeur
pour un acte terroriste dans les années 1960 Azev, le dirigeant de l’ «organisation de
combat » du Parti socialiste révolutionnaire, voulait acheter une automobile pour
innover dans ses méthodes, lorsqu’ il apprit en 1906 qu’ un ingénieur anarchiste
avait mis au point un nouveau modèle d’aéroplane ; 20 000 roubles furent donnés
avec l’espoir de pouvoir utiliser cet engin . L’aéroplane ne fut jamais terminé et ce
n’est qui en 1974 que l’IRA utilisa un hélicoptère volé pour larguer deux bombes.
L’utilisation de l’automobile à des fins » terroristes » ou assimilées remonte quant à
elle à la bande à Bonnot, à Paris en 1911, pour le repli rapide après l’attaque d’une
banque.
Les attentats, en particulier les assassinats contre des personnalités ou les
mitraillages de bâtiments symboliques sont nombreux, mais ils ne se ressemblent
pourtant pas entièrement les terroristes ont en effet leur préférence en matière
d’armement et cette préférence suffit parfois à les identifier.
D’où viennent les armes des terroristes ?
Les terroristes n’eurent jamais de mal à trouver armes et explosifs, tant les
occasions pour les acheter ou les voler étaient et sont nombreuses.
Les armes peuvent provenir d’arsenaux militaires, soit que les terroriste aient
des complicités, soit qu’ils payent quelqu’un. Elles peuvent être volées, en
particulier dans les armureries.
Elles peuvent aussi avoir pour origine les usines de fabrication de pays amis
.Dans les années 70 et 80, les pays de l’Est apportèrent bien leur soutien à de
nombreux groupes terroristes agissant contre l’Europe occidentale : n octobre 1971
par exemple, quatre tonnes d’armes légères en transit pour l’Irlande, venant juste
d’être fabriquées par la firme tchécoslovaque Omnipol, furent saisies par la police
néerlandaise à l’aéroport de Schiphol A la fin de 1972 , l’IRA reçut de Libye et des
pays de l’Est du matériel militaire ( mortiers, fusils de gâte précision, lance-roquettes
RPC,7) En mars 1973, le navire Claudia fut arraisonné par les autorités irlandaises
avec 5 t de matériel soviétique que ramenait le dirigeant de l’IRA provisoire Joe
Cahill de Libye.
En décembre 1973, un des responsables de l’IRA annonça que son
organisation possédait des missiles sol-air SAM-7.
Peu de temps après, un hélicoptère anglais fut abattu à Kendy, près de la
frontière irlandaise, les membres de l’IRA introduisirent clandestinement des armes
en Éire ou en Irlande par la mer.
Un de leurs dirigeants transporta ainsi par voilier toute une cargaison. Les
trois ports de prédilection des trafiquants d’armes irlandais sont d’ailleurs tous situés
en Éire : Killbegs, Burton port et principalement Greencastle, près de l’Ulster. Un
des rôles du commandement sud de l’IRA est d’entreposer les armes. De petits
stocks d’armes légers sont installés en Irlande du Nord pour les effectifs actifs de
cette organisation, mais l’essentiel Compte tenu de la superficie de la République
d’Irlande et de ses faibles forces de sécurité – se trouve sur le sol de ce dernier pays.
Depuis la fin des années 70, l’IRA a tenté d’acquérir des missiles sol-air pour abattre
les hélicoptères britanniques le moyen fondamental d’approvisionnement et de
communication des bases anglaises en Irlande du Nord Il est possible que la Libye
ait procuré un missile SAM-7 à l’IRA au milieu des années 80.
L’OLP reçut au début des années 70 d’énormes quantités d’armement de la
Chine populaire au port de Bassorah, en Irak, Un mémorandum officiel du Comité
exécutif de l’OLP précisa ce que l’Irak, désormais opposé à l’OLP avait saisi :
« Des armes et des munitions envoyées par la Chine suffisantes pour 15 000
combattants (mitrailleuses AK 74, mortiers, grenades, etc.) ; des milliers de tonnes
d’équipement pour 30 000 combattants ( surtout des uniformes) ; des usines
d’armement essentiellement chinois, une mines, etc. » armes données à Abou Nidal
qui constituait alors son Fatah-CR.
Des armes sont encore introduites – dans les pays où le terrorisme veut frapper
grâce aux valises diplomatiques. Un chef de la brigade antiterroriste britannique
déclara ainsi : « Nous savons, et ce n’est un secret pour personne, que la valise
diplomatique d’un certain nombre d’ambassades sert, entre autres, à introduire des
armes et des explosifs dans le pays Mais, en tant que signataires des traités
internationaux concernant l’immunité des diplomates et de leur
La logistique du terrorisme.
Courrier, nous ne pouvons agir comme nous le souhaiterions » L’ambassade
d’Irak à Londres semble ainsi avoir fourni parfois, au début des années 80, des armes
pour des actions terroristes perpétrées par le groupe d’Abou Nidal C’est encore dans
cette ambassade, au début de 1981, qu’une très forte explosion retentit, soiffant les
fenêtres du quartier les services diplomatiques irakiens refusèrent l’aide de la police
britannique.
Il arriva cependant que cette assistance d’États à des groupes terroristes soit
découverte et contrée … En août 1985, à l’arrivée à Londres d’un vol régulier de la
compagnie libyenne Arab Airlines, un membre de l’équipage remit une boîte de
chocolats à un ressortissant libyen qui la mit dans une mallette et quitta les lieux
rapidement. Sous les chocolats se trouvaient quatre grenades à main de fabrication
soviétique. Cet individu devait théoriquement se rendre dans une station de métro
londonienne deux jours plus tard pour remettre ces grandes à deux individus Ul était
en réalité un opposant au régime libyen et travaillait pour la police britannique les
vrais grenades furent remplacées par des fausses et sur le lieu du rendez-vous , la
police arrêta les deux terroristes . C’est en particulier à la suite de cette affaire que le
gouvernement britannique prit au début du mois d’octobre 1986 la décision
d’interdire l’accès de ses aéroports à la compagnie aérienne libyenne.
Au début des années 90, se procurer des armes en Pologne ou en République
tchèque était encore plus facile la démilitarisation de ces pays, leur réorganisation en
cours avaient créé momentanément des désordres et des relâchements de l’autorité
hiérarchique qui ont entraîne des petits trafics, y compris parmi les militaires le
pillage des casernes albanaises à la suite de l’insurrection de 1997 a dispersé 2
millions d’armes légères, 3,5 millions de grenades à main, plus de l’million de
mines, 840 000 obus de mortier, 1,5 milliard de balles de divers calibres et 3 600 t de
TNT . La « quasi-totalité de l’armement dont disposaient l’armée et la police
albanaise a été pillée au cours de la révolte » D’une façon générale,
l’approvisionnement en armes semblait encore aisé en Europe orientale à la fin des
années 90. Ainsi, à l’heure actuelle, les circuits d’approvisionnement en armes de
certains maquis algériens utilisent L’Europe orientale comme lieu d’achat et
l’Europe occidentale (la France, l’Allemagne, la Belgique, etc) comme lieu de transit
et d’expédition les services de sécurité belges découvrirent en avril 1996 un
important circuit d’approvisionnement en armes du GIA. Plusieurs ressortissants
bosniaques furent arrêtés pour l’occasion en Belgique ou aux Pays-Bas. L’un d’eux
se cachait dans un faux plafond avec 24 000 cartouches de guerre et des
Kalachnikovs.
Les armes peuvent être volées ou obtenues dans les milieux où circulent des
armes : milieu du banditisme, milieu des collectionneurs. DE nombreuses armes
légères ou de poing circulent, par exemple, dans les brocantes des banlieues
parisiennes, créant un marché clandestin. Il arriva aussi que certains appelés du
contingent se fassent voler leur arme militaire ( en Corse en particulier). Les groupes
terroristes font encore circuler des armes entre eux, en une sorte de logistique de
solidarité En 1971 , un commando de la Fraction Armée rouge s’empara d’une caisse
de grenades dans une base militaire américaine d’Allemagne, près de Kaiserslautern
Une grande partie de ces grenades fut remise à « Carlos » ( il s’en servit pour
l’attentat à Paris en septembre 1974 contre le drugstore situé boulevard Saint-
Germain) qui était alors en charge des opérations du COSE/FPLP en Europe Carlos
fournit à son tour quelques-unes de ces grenades à l’Armée de libération du peuple
ture et à l’Armée rouge japonaise .
Dans les pays comme la France où pendant la seconde guerre mondiale ont agi
de nombreux groupes de résistance, les armes, anciennes certes, circulent toujours .
Des armes de la Résistance, non confisquées à la Libération par les forces de l’ordre,
sont en effet parfois utilisées par les terroristes le pistolet mitrailleur britannique
Sten, comme le Colt 45 ou des milliers d’armes de toutes origines, en particulier
allemandes, sont utilisées à la fois par les truands et les groupes terroristes En 1979-
1980, Action directe mitrailla des édifices publics avec un Sten . On peut voir des
armes de ce type réapparaître périodiquement à l’occasion des conférences de
presses clandestines des nationalistes corses.
Chapitre 2 : Le financement du terrorisme
Les organisations terroristes varient considérablement, allant des organisations
de grandes taille, aux petits réseaux décentralisées et autonomes. Les besoins de
financement de terroristes reflètent cette diversité, variant considérablement entre les
organisations. Il est nécessaire non seulement pour financer des opérations terroristes
spécifiques, mais pour couvrir les dépenses organisationnelles plus larges de
développement et au maintien d'une organisation terroriste et de créer un
environnement habilitant nécessaire pour soutenir leurs activités de financement.
Les coûts directs de monter des attaques individuelles ont été faibles par
rapport aux dégâts qu'ils peuvent produire. Cependant, maintenir un réseau terroriste
ou une cellule spécifique, pour le recrutement, la planification et les achats entre les
attaques représente une ponction importante sur les ressources.
Il faut une infrastructure importante pour soutenir les réseaux terroristes
internationaux et de promouvoir leurs objectifs au fil du temps. Les organisations
nécessitent des fonds importants pour créer et maintenir une infrastructure de soutien
organisationnel, pour soutenir une idéologie du terrorisme par le biais de la
propagande et pour financer les activités apparemment légitimes, nécessaires de
prévoir un voile de la légitimité des organisations terroristes.
Les terroristes ont montré l'adaptabilité et l'opportunisme en répondant à leurs
besoins de financement. Les organisations terroristes ont augmenté leur financement
de sources légitimes, y compris l'utilisation abusive des organismes de bienfaisance
ou des entreprises légitimes ou l’autofinancement par les terroristes eux-mêmes. Les
terroristes tirent également auprès de diverses activités criminelles allant à des petits
crimes aux fraudes organisées et du trafic de stupéfiants ou et les activités dans
paradis fiscaux.
Les terroristes utilisent une grande variété de méthodes pour transférer de
l'argent au sein et entre les organisations, y compris le secteur financier, les
mouvements physiques d'argent comptant par les courriers et la circulation des
marchandises à travers le système de commerce. Les organismes de bienfaisance et
de systèmes parallèles ont également servis à dissimuler le mouvement terroriste des
fonds. L'adaptabilité et l'opportunisme, illustré par des organisations terroristes
suggère que toutes les méthodes qui existent pour transférer de l'argent partout dans
le monde sont dans une certaine mesure en péril.
Perturber le flux de financement crée un environnement hostile au terrorisme,
limitant les capacités globales des terroristes et en aidant à contrecarrer leur capacité
à exécuter des attaques. Perturber le financement du terrorisme implique les deux
garanties systémiques, telles que le système financier soient à l'abri des abus
criminels et des sanctions économiques ciblées, informées par les services secrets de
la lutte antiterroriste. Cette section met en évidence les liens entre les outils
financiers et d'activité plus large de lutte contre le terrorisme : l'efficacité des
autorités à détecter et enquêter sur des activités terroristes est significativement
améliorée lorsque les renseignements antiterroristes et les informations financières
sont utilisés conjointement.
À l'avenir l'étude identifie quatre domaines qui pourraient faire l'objet d'efforts
visant à renforcer encore les efforts antiterroristes de financement: (1) des mesures
pour régler les questions de compétence , y compris des paradis fiscaux, (2) de
sensibilisation au secteur privé pour assurer la disponibilité des informations pour
trouver le financement du terrorisme, (3) une meilleure compréhension de la
construction dans les secteurs public et privé et (4) des renseignements financiers
améliorés d'exploiter la valeur de l'enquête financière comme un outil dans la lutte
contre le terrorisme.
INTRODUCTION
Avec la conclusion des Nations Unies Conseil de sécurité la résolution 1373
en 2001, la communauté internationale a mis des mesures financières au centre de
ses efforts pour combattre le terrorisme.
En octobre de la même année, le groupe d'Action financière (GAFI) a élargi
son mandat au-delà de lutte contre le blanchiment d'argent afin d'inclure la lutte
contre le financement du terrorisme et a publié un ensemble de recommandations
spéciales sur le financement pour compléter les normes existantes visant à lutter
contre le blanchiment des produits du crime du terrorisme.
Les conclusions dans les premiers travaux du GAFI a porté sur les similitudes
entre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. En particulier, les
objectifs similaires dans le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme de
masquage des ressources financières des activités de surveillance des autorités.
Depuis 2001, des travaux importants ont été entrepris pour examiner comment
les mesures financières appliquées par les États, le secteur privé et le secteur sans but
lucratif/caritatives, jouent un rôle dans :
La dissuasion du terrorisme.
La détection du terrorisme.
La Perturbation du terrorisme.
Bien qu'il a beaucoup appris sur les activités de financement utilisées par les
terroristes à l'appui de leurs activités, il a été un succès limité en développant des
indicateurs spécifiques pour aider les institutions financières pour la détection de ces
activités. Il convient de réexaminer notre compréhension du financement du
terrorisme et comment l’information peut mieux servir à lutter contre le terrorisme.
Pour informer ces efforts, ce projet de recherche de typologies a été lancé afin
de fournir un aperçu contemporain de la façon dont les fonds terroristes soulever,
déplacer et utiliser et la manière dans laquelle les informations financières et la mise
en œuvre par le GAFI des normes internationales contre le blanchiment de capitaux
et le financement du terrorisme (LBC/FT) impliquent les responsables à rendre des
comptes. Cet article est organisé en quatre sections distinctes, couvrant à son tour:
(1) les fonds utiliser de moyens des organisations terroristes, (2) les fonds de
soulever des moyens terroristes, (3) les outils utilisés par des terroristes pour
déplacer des fonds et iv) l'action mondiale contre le financement du terrorisme.
Le rapport commence en examinant les besoins de financement diversifiés que
les organisations terroristes ont en premier lieu. Autrement dit, ce chapitre examine
ce que les terroristes ont besoin de fonds pour et sont de ce que les conséquences
pratiques qui découlent de ce besoin de fonds. Cette première section examine
généralement l'exigence d'organisations terroristes pour les fonds en distinguant les
exigences financières de soutien opérationnel direct et les besoins financiers pour
satisfaire des exigences organisationnelles plus larges.
La deuxième section de cet article porte sur les moyens utilisés par les
organisations terroristes pour lever des fonds et obtenir un appui – de sources
légitimes (argent propre) et d'activités criminelles. Cette section décrit également les
problèmes posés par les Etats en déliquescence, les paradis fiscaux qui créent un
environnement favorable pour les organisations terroristes d'utiliser les fonds à
renforcer leurs infrastructures de soutien et de préparer des attaques.
La troisième section explore les manières de ce fonds de déplacer des
organisations terroristes ou de soutien – en utilisant le système financier formel, les
services parallèles (ARS), passeurs de fonds, le commerce et la charité des
organismes de bienfaisance ou des organismes à but non lucratif (OBNL).
La quatrième section décrit l'action mondiale contre le financement du
terrorisme. Cette section explique pourquoi les informations financières fournies par
les institutions financières et des renseignements fournis aux institutions financières
sont essentiels à la réussite des efforts mondiaux contre le terrorisme. Cette section
identifie ensuite largement et décrit brièvement les normes internationales visant à
lutter contre les différentes manœuvres que utilisent les organisations terroristes
pour déplacer et utiliser les fonds. Cette section souligne le partenariat essentiel que
les gouvernements et les institutions financières doivent développer dans le cadre
d'un défi intégré pour combattre le terrorisme international.
Enfin, le présent document décrit les implications politiques que l'on pourrait
considérer davantage par le GAFI.
L'EXIGENCE DES FONDS PAR LES TERRORISTES
La première étape pour identifier et prévenir les mouvements de fonds à des
terroristes est de comprendre les besoins de financement des groupes terroristes
modernes. Les coûts associés non seulement aux attaques terroristes, mais aussi de
développer et de maintenir une organisation terroriste et son idéologie sont
importantes. Des fonds sont nécessaires pour promouvoir une idéologie militante,
payer les ouvriers et leurs familles, organiser des voyages, former les nouveaux
membres, forger des documents, verser des pots-de-vin, acquérir des armes et les
attaques de la scène. Souvent, une variété de services de coût élevé, y compris la
propagande et les activités sociales ou caritatives apparemment légitimes sont
nécessaires pour fournir un voile de la légitimité des organisations qui favorisent
leurs objectifs par le terrorisme.
La nature du financement des deux activités de soutien opérationnel et plus
large variera selon le type d'organisation terroriste, traditionnelles, hiérarchiques etc..
Les besoins de financement terroristes tombent dans deux grands domaines:
(1) financement des opérations terroristes spécifiques, tels que les coûts directs liés à
des opérations particulières (2) et des frais d'organisation plus larges pour
développer et maintenir une infrastructure de soutien organisationnel et promouvoir
l'idéologie d'une organisation terroriste.
SOUTIEN OPÉRATIONNEL DIRECT
Alors que les besoins de financement des organisations terroristes varient trop
pour être décrite par une typologie unique, la littérature récente laisse entendre
certains thèmes communs quant à comment les terroristes utilisent des fonds. Le côté
de la demande de financement du terrorisme comprend :
Les coûts directs des attentats et conflit
Les matériaux précurseurs nécessaires au stade de certaines attaques sont très
diverses et comprennent, par exemple, les véhicules, des composants de fabrication
de bombes, des cartes, le matériel de surveillance etc. Ces coûts directs des attentats
terroristes sont souvent très faibles par rapport aux dégâts qu'ils peuvent produire,
comme en témoigne les estimations suivantes :
Salaires / subsistance et la communication
Des agents individuels ont besoin pour couvrir leurs dépenses quotidiennes et
peut-être aussi ceux de leurs personnes à charge. Une cellule devra également
communiquer avec ses membres et peut-être le réseau parent. Ce sera un engagement
plus important s'il n'y a aucune autre source de revenus pour les opérateurs (tels que
l'emploi ou de prestations d'aide sociale).
Formation, voyages et la logistique
Formation des opérateurs continue d'être un investissement important pour les
terroristes, tant au niveau de l'endoctrinement idéologique et compétences pratiques.
L'aide financière formation et voyages, qui peut inclure l'achat de faux papiers,
représente un coût important pour bon nombre de réseaux terroristes. Même au cours
des dernières attaques où les agents terroristes étaient en grande partie
fonctionnellement indépendants de toute structure globale de la direction.
Partage de financement
Lorsque une cellule fait partie d'un réseau ou partage un objectif commun ou
un arrière-plan idéologique ou religieux avec une autre cellule ou réseau, il peut être
appelé ou se sentent obligés de fournir un soutien financier. Une étude de cas
illustratif, où les fonds ont été amassés pour accommoder les sites internet des
extrémistes utilisés par plusieurs réseaux terroristes, est abordée ci-dessous.
GRANDES EXIGENCES ORGANISATIONNELLES
Maintenir financièrement un réseau terroriste – ou une cellule spécifique –
fournir pour le recrutement, la planification et l'approvisionnement entre les attaques
représente le drain le plus important sur les ressources. Au-delà des fonds
nécessaires pour financer des attaques terroristes et de fournir un soutien
opérationnel direct, les organisations terroristes nécessitent un financement pour
développer une infrastructure de soutien, de recruter des membres et de promouvoir
leur idéologie. En outre, ces dépenses d'infrastructure peuvent aller pour soutenir les
organisations charitables et médias possédés ou contrôlés par l'organisation
terroriste.
Organismes de bienfaisance (de charité)
Les réseaux de terreur utilisent souvent des organismes de bienfaisance
complices et des entreprises à l'appui de leurs objectifs. Par exemple, certains
groupes ont des liens aux branches de la charité dans les zones à haut risque ou les
régions sous-développées du monde où la fourniture de bien-être disponible de l'État
est limité ou inexistant. Dans ce contexte, les groupes qui utilisent le terrorisme
comme le des principaux moyens d'atteindre leurs objectifs peuvent également
utiliser des organismes de bienfaisance affiliés comme une source de financement
qui peut-être être détournée pour financer des attentats terroristes et le recrutement
de terroristes en fournissant un voile de la légitimité sur une organisation basée sur le
terrorisme.
Médias de masse
Les organisations terroristes disposent d’opérations médiatiques qui
nourrissent l'idéologie du terrorisme.
Des groupes terroristes comme al-Qaïda ont été particulièrement habiles à
manipuler la télévision grâce à la publication de vidéos. En outre, pratiquement
toutes les organisations terroristes a un site Internet dédié au recrutement et à
diffuser le message de l'effusion de sang. Ces outils de grands médias de masse
émettent des puissantes propagandes de violence, des attentats suicides à la bombe,
et le meurtre des civils innocents, posant un danger majeur à l’instabilité
internationale.
Étude de cas : incitation à la violence terroriste via Internet
Trois résidents britanniques ont utilisé des fonds illicites pour payer des sites
web pour la promotion des martyres pour la violence terroriste. Les trois hommes
ont été condamnés en 2007 en Grande-Bretagne à des peines de prison allant de six-
et-demi à dix ans. Tous trois ont plaidé coupables pour "incitation à une autre
personne à commettre un acte de terrorisme en tout ou en partie en dehors du
Royaume-Uni qui, lorsqu'elle est commise en Angleterre et au pays de Galles,
constituer un meurtre ''. Ce sont les premières personnes à être condamné au
Royaume-Uni d'incitation au terrorisme via Internet. Deux des hommes a enregistré
des dizaines de domaines d'Internet par le biais de sociétés en Europe et aux Etats-
Unis d'hébergement Web. Les sites ont facilité la communication entre terroristes par
le biais de forums en ligne, tutoriels hébergés sur le piratage informatique et la
fabrication de bombes et hébergés des vidéos de décapitations et suicide des attentats
en Irak. Les sites ont été payés avec les fonds volés de comptes de carte de crédit «
hacké », avec l'argent blanchi à travers les sites de jeu en ligne.
Commentaire : Ce cas démontre toute l'étendue de l'exploitation terroriste
d'Internet. Les trois hommes impliqués ont profité de la portée mondiale et les
capacités multimédia pour le recrutement de terroristes et leur formation, la
coordination tactique du web. Ils ont également utilisé le web pour le financement du
terrorisme par le biais de la fraude financière en ligne et le blanchiment d'argent.
Source : Royaume-Uni.
Étude de cas : chaîne de télévision financée par les terroristes
Une station de télévision par satellite, basée dans le pays A diffusait des
programmes dans le pays B. Le contenu des émissions ont été pro terroriste et
encouragé les actes terroristes dans le pays B.
La station de télévision requis un financement substantiel pour rester
opérationnel (environ 1 million de GBP par an pour la liaison montante du satellite).
Le financement pour cela provenait de fonds de groupe terroriste. L’argent a été
donné à un certain nombre d'individus qui ont ensuite fait des « dons » à la chaîne de
télévision. La société de télévision avait sa licence de diffusion dans le pays A a été
révoqué et était fermée mais a ensuite ouvert sous un autre nom dans un pays tiers.
Source : Royaume-Uni.
Étude de cas : station de télévision appartenant et exploités par des
terroristes
La Station de TV M est la chaîne de télévision officielle du groupe A. Avec un
objectif déclaré de faire la « guerre psychologique », M est un instrument puissant
qui incite à la violence pour les téléspectateurs au Moyen-Orient, en Europe et
ailleurs. Le Trésor américain a désigné M comme une station qui a pour but de
faciliter des activités terroristes. L'UE a déclaré que la Station M est en violation de
l'Article 22 de la Directive Télévision sans frontières – la directive qui régit tout le
droit audiovisuel – qui stipule que "les États membres veillent à ce que les émissions
ne contiennent pas toute incitation à la haine pour des raisons de race, de sexe, de
religion ou de nationalité."
La station soutient également les efforts de collecte de fonds et de
recrutement. La station a diffusé des numéros de compte bancaire demandant des
dons spécifiquement pour l'organisation terroriste et incite les spectateurs à
commettre des actes de violence. La station a à plusieurs reprises appelé à perturber
l'ordre public et la paix en promouvant les suicides et la terreur. Elle diffuse
également des vidéos pour encourager les enfants à devenir des kamikazes.
La station M a été retirée de dix fournisseurs de satellite en France, Pays-Bas,
Espagne, Australie, Chine, Brésil et aux États-Unis. La station est toujours émise en
Europe et au Moyen-Orient par deux fournisseurs de satellite.
Source : États-Unis.
Ces diverses exigences de financement indiquent que, bien que les attentats
individuels peuvent produire beaucoup de dégâts à peu de frais financier, une
importante infrastructure (même si relativement faiblement organisé) est requis pour
soutenir les réseaux terroristes internationaux et promouvoir leurs objectifs au fil du
temps.
Ce large spectre d'activité se reflète dans le financement des activités des
réseaux terroristes eux-mêmes. Par exemple, selon la Commission nationale sur les
attaques terroristes contre les États-Unis, al-Qaïda est censé avoir dépensé quelque
30 millions de dollars par an avant les attentats du 11 septembre sur le financement
des opérations, pour maintenir son appareil militaire et de formation, qui contribuent
ou soutien des talibans et de leurs hauts responsables, et sporadiquement contribuant
à liées à des organisations terroristes.
Bien que les structures de commandement et de contrôle hiérarchiques, quasi
bureaucratiques pour le financement du terrorisme comme avant les attentats du 11
septembre, al-Qaïda peut-être avoir métamorphosé en modèles plus fragmentées et
plus décentralisées, les exigences elles-mêmes n'ont pas nécessairement changé au fil
du temps.
LEVÉE DE FONDS TERRORISTES
En général, les organisations terroristes peuvent lever des fonds par : des
sources légitimes, notamment par le biais de l'abus des organismes de bienfaisance
ou de charité et l’autofinancement, les activités criminelles, les États qui les
parrainent et les activités dans les Etats en déliquescence et d'autres zones de
sécurité. Les exemples ci-dessous principalement se concentrer sur comment
terroristes lève des fonds et déplacent des fonds.
Ces sources de financement du terrorisme se divisent en deux catégories
générales : financement par le haut, dans lequel une aide financière à grande échelle
est agrégée centralement par les États, les entreprises, les organismes de bienfaisance
ou institutions financières permissives ; et le financement par le bas, dans laquelle
les terroristes, collectent des fonds à petite échelle et dispersées, par exemple basée
sur l'autofinancement par les terroristes eux-mêmes. Une seule organisation terroriste
peut utiliser un certain nombre de différentes méthodes de financement.
Collecte de fonds provenant de sources légitimes
Organisations terroristes reçoivent un soutien considérable et financement par
le biais de sources légitimes, y compris les organismes de bienfaisance, les
entreprises et par l'autofinancement par les terroristes et leurs complices de l'emploi,
l'épargne et les allocations sociales. Cela inclut le phénomène connu comme «lavage
noire » où fonds juridiques, par exemple les fonds issus de la collection par les
organismes de bienfaisance ou des subventions gouvernementales et des prestations
sociales, sont détournés à des fins de radicalisation, de recrutement ou de terrorisme.
Organismes de bienfaisance
Les organismes de bienfaisance ou d'organisations à but non lucratif
présentent des caractéristiques qui les rendent particulièrement attrayants pour les
terroristes ou vulnérables aux abus pour le financement du terrorisme. Ils aiment le
public trust, ont accès à des sources de financement considérables, et leurs activités
sont souvent axées sur la trésorerie. En outre, certains organismes de bienfaisance
ont une présence globale qui fournit un cadre pour les opérations nationales et
internationales et de transactions financières, souvent à proximité des zones plus
exposées aux activités terroristes. Enfin, des organismes de bienfaisance sont
soumises à des exigences réglementaires plus légères que les institutions financières
ou des personnes morales détenues, (par exemple, pour le capital de départ,
certification professionnelle ou vérifications des antécédents pour le personnel et les
administrateurs lors de l'inscription), de reporting et de surveillance, selon sur le
pays et la forme juridique de l'organisme de bienfaisance et qui reflète leur rôle
principalement non financiers.
En élaborant les normes financières clés pour lutter contre le terrorisme, le
GAFI (groupe d’action financière) a constaté que « l'utilisation abusive des
organismes à but non lucratif pour le financement du terrorisme vient d'être reconnu
comme un point faible essentiel dans la lutte mondiale pour arrêter ce financement à
sa source ».
Les organismes de bienfaisance ont différents ensembles de profils de risque
et donc varient dans les types de caractéristiques inhabituelles qui peuvent être
détectés et aideront à déterminer le financement du terrorisme. Grosso modo, il
existe trois formes d'abus :
(1) le détournement des fonds par le biais de la fraude – par exemple, les
donateurs sont dit qu'ils font don de l'argent pour les orphelins, et l'organisme de
bienfaisance, puis utilise les fonds pour financer des terroristes. Cela peut se
produire aux côtés d’œuvres de charité et au sein d'un organisme de bienfaisance par
ailleurs légitime.
(2) l'utilisation d'une organisation entièrement fausse qui pose comme un
organisme de bienfaisance légitime comme une organisation soutenant des groupes
terroristes.
(3) l'exploitation large – par exemple, l'organisme de bienfaisance amasse des
fonds pour nourrir les orphelins et effectivement le fait mais à travers une
organisation terroriste désignée.
Diversion/fraude au sein des organismes de bienfaisance légitimes
Dans un cas, pris en considération pour cette recherche, un organisme de
bienfaisance légitime a été établi et il a rapidement soulevé de grandes quantités de
fonds de la communauté locale. Un contrôleur de la charité a détourné une partie de
ces dons aux camps d'entraînement terroriste au Pakistan à l'aide d'un transfert
d’argent par mandat cash.
Étude de cas : Exploitation d'un organisme de bienfaisance légitime
Une déclaration d'opération suspecte (STR) a fait suite à une tentative par un
individus A, à déposer des quantités substantielles d'argent sur le compte d'un
organisme de bienfaisance – au cours de laquelle il avait procuration avec
l'instruction qu’il doit transférer à travers un notaire comme une avance pour l'achat
de biens immobiliers.
L'enquête a révélé que :
Les paiements sur le compte se composait de plusieurs dépôts en
espèces (probablement les dons) mais aussi des paiements directement sur le compte
de l’individu A. À son tour, le compte personnel de A a révélé plusieurs dépôts en
espèces correspondant à des dons de particuliers.
Les transactions de débit se composait de transferts à l'organisation à
but non lucratif (OBNL) et les transferts internationaux de sources individuelles de
B. La Police a révélé que A a des liens avec les individus qui étaient connus pour des
activités terroristes, y compris B.
L’application de la loi a évalué que l'organisme de bienfaisance, qui
a continué à remplir une fonction sociale importante, a été exploité comme un "avant
' pour amasser des fonds et comme un « moyen de transmission » de détourner une
partie d'entre eux à des terroristes associés connus de A.
Commentaire : Cette affaire est révélatrice de la vulnérabilité à l'exploitation
qui se pose à la faible gouvernance, combiné avec des niveaux élevés de dépôt en
espèces.
Source : Belgique.
Organismes de bienfaisance d’imposture
Tandis que les fonds des organismes de bienfaisance ne peuvent, par
occasions, être détournés que par des personnes ayant un accès privilégié à eux, des
cas sont apparus dans lequel la charité entière est utilisé comme véhicule pour
commettre la fraude au détriment des donateurs afin d'amasser des fonds pour le
terrorisme. Les organisations terroristes utilisent organisations d’impostures
« sham » utilisées comme des organismes de bienfaisance légitimes pour déguiser le
financement d'activités terroristes et fournir apparemment des explications légitimes
pour des liens avec des groupes terroristes.
Étude de cas : charité lié à des extrémistes utilisée comme véhicule de la
fraude
La charité X a levé des sommes importantes pendant 2 ans par obtenir
frauduleusement des subventions d'une agence gouvernementale.
Les services secrets ont associé les contrôleurs de la charité à des groupes
extrémistes violents dans un autre pays. Séparément, il y avait des indications -
comme une croissance irréaliste en nombre d'étudiants de l'organisation (et donc ses
demandes de fonds) d'éventuelles fraudes.
Source : United Kingdom.
Étude de cas : charité incorporé dans le réseau de blanchiment et de
financement du terrorisme
Une organisation à but non lucrative ayant un bureau en Russie a attiré
l'attention des autorités par le biais de la présentation des opérations suspectes par les
établissements de crédit sur une apparente contradiction entre les objectifs déclarés
de cette organisation et ses dépenses effectives. L'organisation était également
connue pour avoir une mauvaise histoire avec les autorités sur des questions fiscales.
Une enquête a révélé que les fonds ont été transférés de cette organisation à
des entités apparemment fictives ou coquillages et ensuite retirés en espèces pour les
transmettre aux militants armés illégaux.
Source : Russie.
Large Exploitation
Un autre sujet de préoccupation est l'utilisation d'organisations caritatives pour
lever des fonds pour les destinataires dans un pays tiers qui font partie d'une
structure organisationnelle qui comprend la violence paramilitaire – un cas illustré
par la poursuite en 2000 d'un organisme à but non lucratif majeur aux États-Unis.
Peut être difficile d'établir s'il existe des liens entre les objectifs militaires et de
bienfaisance d'un organisme de bienfaisance.
Les fonds destinés à financer la participation des terroristes et des groupes
paramilitaires dans les conflits diffèrent des autres formes d'exploitation terroriste
des organismes de bienfaisance, donnant droit aux agences davantage d'occasions de
les détecter. L'ampleur du financement requis est plus grande, et les transferts sont
concentrés sur des endroits précis avec les fonds recueillis où la diaspora de la même
ethnie est vivante et transférés aux territoires que les organisations terroristes
contrôlent.
Étude de cas : les œuvres charitables passent des fonds à des
organisations liées aux actes terroristes
La fondation A agi comme un organisme de bienfaisance, tandis que son
principal objectif était de soutenir les groupes terroristes H. En 2000, la Fondation A
a amassé USD 13 millions. Le gouvernement américain a fermé quatre de ses
bureaux aux Etats-Unis en 2001.
La fondation A appuyé les activités du groupe terroriste H par le biais de
transferts de fonds directement à ses bureaux en Cisjordanie et à Gaza qui étaient
affiliés avec le groupe et les transferts de fonds aux comités de charité islamique
("comités de zakat") et autres organisations caritatives qui faisaient partie du groupe
ou contrôlés par des membres du groupe.
La fondation A a été créée en Californie en 1989 comme un organisme de
bienfaisance exonéré d'impôt, pas une organisation religieuse. Il est déménagé à
Richardson, au Texas. Il avait des bureaux en Californie, New Jersey et l'Illinois et
des représentants individuels dispersés à travers les États-Unis, la Cisjordanie et
Gaza.
La personne A, un dirigeant politique du groupe terroriste H, a fourni des
fonds substantiels pour la Fondation A. En 1994, la personne A (qui a reçu un
terroriste spécialement désigné par le département américain du Trésor en 1995) a
dénommé la fondation A l'entité principale de collecte de fonds pour le groupe
terroriste H aux Etats-Unis. En juillet 2004, les États-Unis a inculpé la fondation A
et sept de ses dirigeants pénalement pour un complot en vue de fournir des millions
de dollars au groupe terroriste H et aux familles des kamikazes. Les accusations
criminelles incluses de conspiration en vue de fournir le matériel de soutien à une
organisation terroriste étrangère, l'évasion fiscale et le blanchiment d'argent.
Source : États-Unis.
Entreprises légitimes
Les produits des entreprises légitimes peuvent servir comme une source de
fonds pour soutenir les activités terroristes. Il s'agit d'un risque particulier dans des
secteurs qui ne nécessitent pas de qualifications formelles (par exemple un certificat
de maître artisan) et où lancer une entreprise ne nécessitant pas des investissements
substantiels. Le risque qu'une entreprise détourne des fonds pour financer des
activités terroristes est supérieur, où la relation entre les ventes déclarées et les
ventes réelles est difficile à vérifier, comme c'est le cas avec les entreprises axées sur
la trésorerie.
Étude de cas : détournement de fonds provenant d'une entreprise légitime
Le compte personnel de la personne A (un gérant de restaurant) recevait
régulièrement des chèques de la société de bois, ainsi que les dépôts en espèces
importants. Le compte n'a pas montré toute activité financière « normale » comme le
paiement pour la nourriture, les déplacements, etc.. Le compte bancaire de la société
B a également montré des retraits importants entre 500000 euros et 1 million d'euros.
La banque où A détient son compte est devenu suspicieuse en raison de
l'incompatibilité entre la profession de A et la nature des activités de l'entreprise B et
ça a présenté un rapport de transaction suspecte à la cellule de renseignement
financier. L’analyse de FIU a révélé que les personnes concernées étaient liés à des
mouvements salafistes, et l'affaire a été renvoyée au parquet pour une enquête plus
large.
Source : France.
Étude de cas : La surveillance de Compte révèle le financement d'activités
terroristes
La surveillance systématique du compte bancaire d'une société de serrurier a
révélé des flux à grande échelle des fonds qui était disproportionnée par rapport à
l'activité commerciale normale de ce type de société. La compagnie avait également
émis des chèques aux individus impliqués dans des organisations de défense des
prisonniers détenus pour des infractions terroristes.
L’analyse de la cellule de renseignement financier a révélé des liens entre
l'entreprise de serrurier et les mouvements radicaux ; avec des individus envoyant
des mandats par poste entre eux et aussi a de prisonniers et d'autres personnes
enregistrées dans les bases de données de police. Cela a incité la plus vaste enquête
par les autorités judiciaires.
Source : France.
L’autofinancement
Dans certains cas, les groupes terroristes ont été financés par des sources
internes, y compris la famille et autres sources non pénales. Les sommes d'argent
nécessaires pour organiser des petites attaques peuvent être déclenchées par des
terroristes et leurs réseaux de soutien à l'aide de leurs propres économies, un accès au
crédit ou du produit d'entreprises placées sous leur contrôle.
Étude de cas : un petit réseau autofinancé lance une attaque majeure
Le rapport officiel sur les attentats du 7 juillet 2005 sur le système de transport
de Londres a déclaré que :
"Les indications actuelles sont que le groupe s'autofinançait. Il n'y a aucune
preuve des sources extérieures de revenus. Notre meilleure estimation est que le coût
global est inférieur à GBP 8 000. »
« Les bombes étaient faites à la maison, et que les ingrédients utilisés sont
tous facilement commercialement disponibles et pas particulièrement onéreuse ».
« Le groupe semble soulever l'argent nécessaire [pour les voyages à
l'étranger, équipement de fabrication de bombe, louer, location de voitures] par les
méthodes qui seraient extrêmement difficiles à identifier en relation avec le
terrorisme ou d'autres formes graves de criminalité ».
Un terroriste A "semble avoir fourni la plupart du financement. Il avait une
cote de crédit raisonnable, plusieurs comptes bancaires (chacun avec juste une
petite somme déposée pendant une période prolongée), des cartes de crédit et un
prêt personnel de GBP 10 000. Il avait 2 périodes d'activité intense – d'abord en
octobre 2004, puis à partir de mars 2005 partir. Il a manqué à ses remboursements
de prêt personnel et était en découvert sur ses comptes. »
Le terroriste B "a fait quelques achats avec des chèques (qui a par la suite
rebondi) dans les semaines précédant le 7 juillet. Les enquêteur bancaires ont visité
sa maison le jour après les attentats à la bombe."
Source : Royaume-Uni.
Collecte de fonds, de produits du crime
Dans le passé, certains groupes terroristes tirant une grande partie de leur
financement et le soutien d'un Etat de commanditaire du terrorisme. Avec
l'augmentation de la pression internationale, beaucoup de ces sources de financement
sont devenus moins fiables et, dans certains cas, ont totalement disparu. En outre de
nouvelles cellules indépendantes et décentralisées n'ont souvent pas le même niveau
d'accès aux financements étrangers comme des groupes terroristes traditionnels.
Ainsi, les groupes terroristes ont tourné avec les autres sources de financement, y
compris les activités criminelles comme le trafic d'armes, l’enlèvement-pour-rançon,
les extorsions, le racket et trafic de drogue.
L’utilisation terroriste d'activités criminelles pour amasser des fonds varie
entre la fraude à basse altitude et l’implication dans la criminalité grave et organisée.
Il est souvent difficile de déterminer si les fonds recueillis auprès de ces activités
sont destinées à des activités terroristes ou sont simplement le produit de l'activité
criminelle générale. Les activités décrites ci-dessous sont des activités criminelles
des terroristes qui sont connus pour avoir participé dans la vente de stupéfiants, la
fraude par carte de crédit, la fraude par chèque et l'extorsion.
Le trafic de drogue
Le trafic de drogues est une source attrayante des fonds pour des groupes
terroristes, leur permettant de soulever d'importantes sommes d'argent. Le degré de
dépendance sur le narcotrafic comme source de financement du terrorisme s'est
développé avec le déclin dans le patronage de l'état des groupes terroristes. Cette
tendance a plus en plus rendue floue la distinction entre les terroristes et les
organisations de trafiquants de drogue.
Les organisations criminelles et les groupes terroristes continuent à
développer des réseaux internationaux et d'établir des alliances de complaisance. La
mondialisation a permis à des organisations de la terreur et du crime d'élargir et de
diversifier leurs activités, en profitant de l'internationalisation des communications et
des systèmes bancaires, ainsi que l'ouverture des frontières pour faciliter leurs
activités.
Les enquêtes ont révélé des liens directs entre les diverses activités terroristes
et des organisations de trafiquants de drogue qui collaborent fréquemment hors de
nécessité ou de commodité et de bénéfice mutuel.
Étude de cas : organisation terroriste financée en utilisant le produit du
trafic de drogue
Pendant une enquête sur le trafic des drogues en ce qui concerne l'importation
de cocaïne d'Amérique du Sud vers l'Europe, la CRF a découvert que l'argent de
l'organisation impliquée dans la trafic de drogue a utilisé un transfert pour envoyer
des fonds des pays-bas au Paraguay et au Brésil pour investir dans la drogue et au
profits au Liban. Les enquêtes de la police a indiqué que les bénéfices ont servi à
financer une organisation terroriste.
Fraude par carte de crédit
Les méthodes d’approvisionnements malhonnête par le biais de carte de crédit
d’autrui sont nombreux – mais une des façons les plus faciles de le faire est d'acheter
des marchandises à l'aide de l'internet ou par téléphone (cardage). L’étude de deux
cas dans le présent rapport liés à la fraude par carte de crédit montre la vulnérabilité
des cartes de crédit à une utilisation abusive à des fins de financement terroristes et
autres activités illégales.
Il y a un marché pour les données personnelles obtenues illégalement, y
compris les numéros de compte de carte de crédit, ainsi que des renseignements
personnels comme le nom complet du titulaire de la carte, la facturation, l’adresse, le
numéro de téléphone, les dates de début et d'expiration, le numéro de sécurité sur
l'arrière de la carte, etc..
Étude de cas : la fraude par carte de crédit
Un groupe de financement terroriste nord-africain accumulé près de 200 cartes
volées et recueilli plus de GBP 200 000 pour financer le réseau terroriste al-Qaïda
par la fraude de carte de crédit internationale. Vingt à trente « coureurs » prélevé les
noms et les détails de carte de crédit de près de 200 comptes bancaires différents
contacts travaillant dans les industries de services tels que restaurants. Ces détails
n'étaient pas employés dans leur pays d'origine (le Royaume-Uni) mais envoyés à
des associés en Espagne et aux Pays-Bas. Ces associés ont utilisé les cartes de
percevoir frauduleusement plus de GBP 200 000 pour les cellules d'al-Qaïda dans
toute l'Europe.
Fraude par chèque
Plusieurs cas ont été identifiés, dont un modèle de base de fraude bancaire a
été appliqué pour générer des fonds pour le terrorisme. Ces cas ont impliquée des
comptes étant ouvert à l'aide de documents d'identité fausse et dépôts frauduleux.
Les chéquiers sont ensuite stockées ; et quand un grand nombre ont été recueillis, ils
sont utilisés pour acheter des biens des grands magasins, des coûts en vertu de la
somme qui mènent à une vérification pour s'assurer que des fonds suffisants sont
disponibles dans le compte. Les marchandises sont retournées pour une restitution en
espèces. Cette activité peut être exercée par des personnes organisées, qui tirent sur
les chèques provenant du même compte simultanément à plusieurs endroits.
La fraude de chéquier, qui a figuré dans de nombreux cas de financement du
terrorisme, permet aux terroristes soulever et déplacer des quantités importantes
d'argent rapidement. Il y a souvent des mesures préventives limitées en place pour
parer à ce qui semble être un crime « ordinaire », plutôt que de le financement du
terrorisme. Il peut être perpétré seul ou de concert avec d'autres pour maximiser la
quantité prise.
L’extorsion
Les sympathisants des terroristes et des groupes paramilitaires exploitent leur
présence au sein des communautés expatrié ou de la diaspora pour lever des fonds
grâce à l'extorsion de fonds. Une organisation terroriste ferait usage de ses contacts
de la diaspora sur leurs gains et économies d'impôt. L'extorsion est généralement
dirigée contre leur propre communauté où il y a un niveau élevé de crainte de
représailles si quiconque signaler quoi que ce soit aux autorités. Ils peuvent
également menacer un parent – situé dans le pays d'origine – de la victime, frustrant
encore toute répression.
L’extorsion de communautés de la diaspora peut être une source significative
et cohérente des fonds. Les estimations de l’État signalent qu'avant 2001, un groupe
terroriste recueillies jusqu'à USD 1 million par mois d'expatriés au Canada, en
Grande-Bretagne, en Suisse et en Australie, ce qui en fait parmi les groupes
terroristes les plus bien financés dans le monde. Un rapport décrit comment les
extorsions ont été faites sur les entreprises expatriés de jusqu'à CAD 100 000 et GBP
100 000 au Canada et au Royaume-Uni respectivement, avec des exigences aussi
élevées faites en France et en Norvège.
Plusieurs types d'activités criminelles
L'opportunisme de terroristes financiers est particulièrement illustrée par les
cas où les suspects passer avec la fluidité d'un type de crime à un autre. Un groupe
pris en compte dans cette recherche s'est avéré pour être responsable du cambriolage.
Le rôle des paradis fiscaux, les Etats défaillants
Que ce soit par l'absence d'un contrôle juridictionnel effectif, la tolérance des
organisations terroristes et leurs activités ou un soutien actif aux organisations
terroristes, , les Etats en déliquescence créent des environnements propices ou
autrement fournissent un appui aux organisations terroristes.
Les paradis fiscaux, les Etats en déliquescence continuent de représenter des
sources cruciales de soutien aux organisations y compris des territoires en Somalie,
en Irak et la frontière pakistano-afghane.
Les paradis fiscaux et des cas plus larges de faible contrôle juridictionnel, de
tolérance de l'Etat ou de soutien d'organisations terroristes sont également importants
pour monter comment les terroristes se déplacent et utilisent des fonds, en plus de
leur rôle dans la collecte de fonds terroristes.
LE TRANSFERT DE FONDS TERRORISTES
Il y a trois principales méthodes par lesquelles les terroristes transferts des
fonds. La première consiste à utiliser le système financier, le deuxième concerne les
mouvements physiques d'argent (par exemple, par le biais de passeurs de fonds) et le
troisième étant le système commercial international. Souvent, les organisations
terroristes utilisent les systèmes parallèles, les organismes de bienfaisance ou
d'autres entités en captivité pour déguiser leur utilisation. Les organisations
terroristes utilisent les trois méthodes pour maintenir l'exploitation continue de
l'organisation terroriste et mener des activités terroristes spécifiques. Toutes ces
méthodes sont évoquées tour à tour.
La multiplicité des structures organisationnelles utilisées par les réseaux
terroristes, l'évolution des techniques en réponse aux mesures internationales et le
caractère opportuniste de tout financement du terrorisme rendent difficile
l’identification d’une méthode favorisée. Le financement régulier pour maintenir la
capacité d'un groupe est mieux facilitée via le système bancaire traditionnel –
comme l’argent envoyé d'un pays à l'autre peut être dissimulé derrière des comptes a
faux nom, des organismes de bienfaisance ou des entreprises pour déguiser le
destinataire final ; mais d'autres façons de transférer de l'argent sont utilisés à des
fins particulières, ou pour dissimuler des sentiers financiers terroristes.
La littérature sur le financement du terrorisme depuis 2001 a souligné la
grande faculté d'adaptation et d'opportunisme que les terroristes déploient en
répondant à leurs besoins de financement. En effet, l'ampleur des cas décrits ci-
dessous suggère que la réponse à la question: « Comment les terroristes peuvent
soulever et déplacer des fonds? » est: "quelque sorte qu'ils peuvent. ”
Beaucoup de cas mettent en évidence comment dans beaucoup de situations le
le financement du terrorisme peut être particulièrement difficile et presque
impossible à distinguer de l'activité financière liée à la vie quotidienne.
L'identification et l'interruption du financement du terrorisme sont naturellement
plus difficiles quand les autorités sont confrontées par les réseaux de soutien «
officieuses » qui ne fonctionnent pas dans le cadre d'organisations bien structurées
avec clairement les rôles et les rapports hiérarchiques. Dans de telles circonstances,
les liens entre l'activité financière et l'activité terroriste devient plus opaque et les
cibles de perturbations plus difficile à identifier.
En effet, l'expérience montre que tous les mécanismes qui existent pour
transférer de l'argent partout dans le monde sont dans une certaine mesure en péril.
Un défi commun à tous est que les connexions entre les fonds et le terrorisme
peuvent être extrêmement difficiles à déterminer dans le pays d'origine, lorsque
l'activité liée au terrorisme proprement dite se déroule ailleurs.
Le secteur financier formel
Les institutions financières et autres fournisseurs de services financiers
réglementés représentent le secteur financier formel et servent comme une porte
d'entrée principale par lequel au détail et le flux de transactions commerciales. En
outre, les services et produits offerts par le secteur financier formel servent comme
vecteurs de transfert de fonds qui soutiennent des organisations terroristes et
financent des actes de terrorisme. La rapidité et la facilité avec laquelle les fonds
peuvent être déplacés au sein du système financier international permettent aux
terroristes de transférer des fonds avec efficacité et efficience souvent sans détection
des services spécialisés.
Combiné avec d'autres mécanismes tels que les sociétés offshores, les
institutions financières formelles peuvent fournir aux terroristes la couverture dont
ils ont besoin pour effectuer des transactions et blanchir les produits de la
criminalité.
L’argent et les mécanismes de transfert sont avérées particulièrement
attrayants pour les terroristes pour financer leurs activités. Le transfert des fonds à
grande échelle et réglementés à travers des mécanismes disponibles dans le secteur
financier formel et les systèmes parallèles à petite échelle. Les Transferts de fonds se
référant à toute transaction financière effectuée par voie électronique en vue de la
mise à disposition une somme d'argent à une personne ou à une autre institution
financière pour une personne par une institution financière. C'est cette utilisation de
virements que le GAFI adressait lorsqu'elle a publié la recommandation spéciale VII
en octobre 2001 qui exige que l'information complète doit accompagner un tel
transfert.
Le secteur du commerce
Le système commercial international est soumis à un large éventail de risques.
Ces dernières décennies, le commerce international s'est considérablement développé
: le commerce mondial de marchandises dépasse maintenant USD 9 billions par an et
le commerce mondial dans les comptes de services dépasse 2 billions de dollars. Les
méthodes spécifiques et les techniques utilisées pour blanchir de l'argent grâce au
système de commerce ont été décrites dans le rapport 2006 de typologie du GAFI sur
le blanchiment, axée sur le commerce d'argent bien que le financement du
terrorisme n'était pas un objectif de ce travail. Un examen plus approfondi des
méthodes spécifiques et des techniques utilisées pour exploiter le système de
commerce à des fins de financement terroristes pourrait aider à l'élaboration de
mesures visant à identifier et à lutter contre cette activité.
Les Passeurs de fonds
Le mouvement physique de trésorerie est les terroristes d'une façon peuvent
transférer des fonds sans rencontrer les garanties de LCB/FT mis en place dans les
institutions financières. Il a été suggéré que certains groupes ont convertis en espèces
des marchandises de grande valeur comme l'or ou de pierres précieuses afin de
déplacer des biens en dehors du système financier.
Les opérations de lutte contre le terrorisme ont montré que les passeurs ont
transféré des fonds à un certain nombre de pays dans le Moyen-Orient et l'Asie du
Sud. Les itinéraires des vols directs sont utilisés pour les transferts simples ;
Cependant, les itinéraires de vol indirect à l'aide de passeurs de fonds multiples et
des changements dans des monnaies ont lieu dans des systèmes plus sophistiqués.
Le mouvement de trésorerie au-delà des frontières est répandu dans les pays
où le système monétique reste embryonnaire ou est peu utilisé par la population. Les
grandes parties de l'Afrique et le Moyen-Orient ont principalement axée sur la
trésorerie des sociétés, et cela se prête naturellement à des flux de trésorerie à l'aide
de systèmes parallèles ou par messager. L’analyse d'un certain nombre de cas de
terrorisme a montré que les passeurs d'argent sont actifs même au sein de l'Europe et
entre pays dans un système financier qui fonctionne bien. Dans la plupart des cas, les
courriers sont impliqués dans le transfert de fonds générés en dehors du système
financier et tenus à l'écart du système financier pour éviter la détection.
Utilisation des systèmes parallèles
Les Systèmes parallèles sont utilisés par des organisations terroristes pour plus
de commodité d'accès. Les Systèmes parallèles peuvent être soumis à une
surveillance réglementaire généralement moins rigoureuse. Bien que les normes du
GAFI prévoient des contrôles considérablement renforcées au cours de ces
prestataires de services, le niveau d'anonymat et de la rapidité qui offrent de tels
systèmes ont permis de le rendre un mécanisme privilégié pour les terroristes. Pour
certains réseaux, il y a aussi des raisons culturelles et pragmatiques pour l'utilisation
de ces services : beaucoup ont leurs origines ou structures de contrôle dans les
régions où l'infrastructure bancaire est faible ou inexistante. Le rôle des Systèmes
parallèles dans le financement du terrorisme peut être avant tout une passerelle «
utilisateur final » ; c'est-à-dire les moyens de quels fonds neufs ou stockées sont
transmis aux cellules opérationnelles.
Utilisation des Organisations caritatives et à but non lucratif
Les organismes de bienfaisance sont attrayants pour les réseaux terroristes
comme un moyen de transférer des fonds. Des milliers d'organisations caritatives
légitimes existent partout dans le monde qui servent les intérêts de toutes les sociétés
et souvent transmettent des fonds vers et à partir des pièces de grande détresse du
globe. Les exactions terroristes du secteur caritatif ont inclus l'utilisation des
transactions légitimes pour déguiser les terroristes en espèces qui voyagent vers la
même destination ; à une vaste exploitation du secteur caritatif de bienfaisance affilié
à des organisations terroristes. Le volume des fonds et autres actifs détenus par le
secteur de la bienfaisance signifie que le détournement de même un très faible
pourcentage de ces fonds pour soutenir le terrorisme constitue un problème grave.
RÉPONSE INTERNATIONALE AU FINANCEMENT DU
TERRORISME
Cette section décrit brièvement comment la riposte mondiale aborde
précisément les caractéristiques du financement du terrorisme tel que décrit dans.
Cette section commence par expliquer la logique de perturber le financement du
terrorisme et décrit ensuite comment la communauté internationale a élaboré et
appliqué des normes internationales pour lutter contre les sources, les conduites et
les utilisations du financement du terrorisme. Enfin, cette section se termine par une
discussion sur l'utilisation de renseignements financiers pour identifier et combattre
les terroristes de financement et de terrorisme plus largement. En général, cette
section met en évidence l'importance et la pertinence de certaines normes
internationales dans la lutte contre le financement du terrorisme et identifie les
vulnérabilités où la réponse globale à des aspects particuliers du financement du
terrorisme qui doivent être renforcées.
La logique de perturber le financement du terrorisme
Perturber et démanteler les réseaux terroristes de financement sont essentiel
pour combattre le terrorisme. L’exigence de diverses organisations terroristes pour
financement crée une logique forte pour avoir cherché à perturber le terrorisme par
étouffement de toutes les activités liées à des activités terroristes, les flux de
financement. Interdire ces flux peut dégrader la capacité des groupes terroristes au fil
du temps, limitant leur capacité à lancer des attaques, augmente leurs coûts
opérationnels et l’injection de risque et l’incertitude dans leurs opérations, ce qui
peuvent avoir des avantages tactiques, telles que :
Préjudice moral, de leadership et de légitimité au sein d'un
réseau.
Forcer des groupes terroristes essaie d'enclencher l'activité de
zones où ils sont plus vulnérables, y compris les superficies qu'ils éviteraient
autrement.
La perturbation de certaines attaques par le biais de l'interdiction des
transactions spécifiques apparaît extrêmement difficile. Des attaques récentes
démontrent qu'ils peuvent être orchestrés à faible coût en utilisant les fonds légitimes
et souvent sans les comportements financiers suspects.
Néanmoins, une attaque directe ne coûte qu'une fraction de la demande pour
les fonds des organisations terroristes. Perturber les flux financiers à des
organisations terroristes limite des ressources disponibles pour la propagande, le
recrutement, la facilitation, et ainsi de suite, de façon à contrecarrer la capacité des
terroristes à promouvoir et à exécuter des attaques au fil du temps.
Dans une large mesure, les terroristes nécessitent des fonds pour créer un
environnement favorable nécessaires au maintien de leurs activités – pas simplement
à des attaques spécifiques de scène. La Perturbation des fonds liés à des activités
terroristes crée un environnement hostile au terrorisme. Même les meilleurs efforts
des autorités peuvent échouer pour prévenir les attaques spécifiques. Néanmoins,
lorsque les fonds disponibles à des terroristes sont limités, leurs capacités globales
diminuent, limitant leur portée et leur effet.
Empêcher les terroristes de soulever, déplacer et l'utilisation des fonds
Les sections précédentes explorent la diversité des moyens par lesquels les
fonds terroristes sont soulevés, déplacés et utilisés. Les terroristes utilisent des
méthodes légitimes et criminelles pour financer leurs activités organisationnelles et
opérationnelles. La réponse internationale aborde chacune de ces méthodes de
manière ciblée.
La détection d'implication dans le terrorisme autrement légitime exige des
institutions financières à mettre en œuvre les normes du GAFI par forte application
du principe « know your customer » et de la clientèle due diligence (CDD) politiques
et des procédures. Ce sont aussi fondamentales pour la déclaration des transactions
suspectes qui peuvent indiquer une activité criminelle qui soutiennele terrorisme.
Afin d'aider les institutions financières dans la lutte contre le financement du
terrorisme, les juridictions doivent adopter certaines mesures. Ceux-ci incluent la
mise en œuvre de programmes de sanctions financières ciblées, protéger les groupes
vulnérables, y compris le secteur de la bienfaisance et l'argent-service entreprises et
encourager les rapports efficaces des activités suspectes.
Les sanctions financières ciblées
La recommandation spéciale III du GAFI (SRIII) appelle les pays à élaborer et
mettre en œuvre des régimes de sanctions financières ciblées qui identifient, geler les
avoirs des et interdisant la mise à disposition des fonds aux terroristes désignés et de
leurs réseaux de soutien sans délai. Ces exigences sont nécessaires pour priver les
terroristes et les réseaux terroristes des moyens de mener des activités terroristes à
venir et de maintenir leur infrastructure et opérations. Le but préventif de la SRIII
exige des pays de désigner les éléments des réseaux de soutien terroriste
conformément à une norme de preuve du caractère raisonnable.
Protéger les secteurs vulnérables
Le Secteur financier formel
Les administrations ont l'obligation de protéger leurs secteurs financiers des
finances de terrorisme et de blanchiment d'argent. En particulier, la recommandation
spéciale VII du GAFI a été développé avec l'objectif d'empêcher les terroristes et
autres criminels d'avoir incontesté des accès aux virements télégraphiques pour le
déplacement de leurs fonds et de détecter ces abus lorsqu'elle survient. Plus
précisément, elle vise à assurer que les informations de base sur le donneur d'ordre
de virement sont immédiatement disponibles pour: (1) l’application de la loi
appropriée et/ou parquets pour les aider à détecter, de rechercher, de poursuivre les
terroristes ou autres criminels et de retracer les avoirs des terroristes ou autres
criminels ; (2) les services de renseignement financier pour l'analyse des activités
suspectes ou inhabituelles et diffusant au besoin ; et (3) aux institutions financières
bénéficiaires afin de faciliter l'identification et la déclaration des transactions
suspectes.
Le secteur de la bienfaisance
La recommandation spéciale VIII du GAFI définit un cadre qui vise à protéger
l'organisation à but non lucratif / secteur de la bienfaisance en vous assurant qu'il
n'est pas mal utilisé par des organisations terroristes qui: (1) pose comme des entités
légitimes ; (2) exploiter des entités légitimes comme conduits pour le financement du
terrorisme, y compris dans le but de s'échapper ; des mesures de gel des avoirs ou (3)
cacher ou dissimuler le détournement clandestin des fonds destinés à des fins
légitimes, mais sont détournés à des fins terroristes.
Vers cet objectif, le GAFI a développé une approche efficace de quatre volets
d'identifier, de prévenir et de combattre l’utilisation des terroristes abusive des
organismes de bienfaisance qui met l'accent sur: (1) la sensibilisation le secteur de la
bienfaisance ; (2) la surveillance ou le contrôle du secteur ; (3) la collecte de
renseignements et d'investigation des terroristes et leurs réseaux qui abusent le
secteur de la bienfaisance ; et (4) l'engagement international pour protéger le secteur
au niveau mondial.
Passeurs de fonds
La recommandation spéciale du GAFI IX a été développé dans le but de
veiller à ce que les terroristes et les autres criminels ne peuvent échapper aux
contrôles des marchés financiers par le biais du transport physique transfrontalier de
devises et porteur d'instruments négociables. Plus précisément, elle vise à assurer
que les pays ont des mesures visant à: (1) détecter le transport physique
transfrontalier de devises et porteur d'instruments négociables, (2) cesser ou
restreindre la monnaie et les porteurs des instruments négociables qui sont
soupçonnés d'être liés au financement du terrorisme ou de blanchiment d'argent (3)
ou de restreindre la devise ou le porteur de titres négociables qui sont faussement
déclarés ou divulgués, (4) appliquer des sanctions appropriées pour faire une fausse
déclaration ou la divulgation (5) permettre la confiscation de la monnaie ou le
porteur de titres négociables qui sont liés au financement du terrorisme ou de
blanchiment de capitaux sont conforme à la recommandation du GAFI et de la
recommandation spéciale III.
Déclaration des opérations suspectes
L’information financière – y compris celle provenant d'opérations douteuses
reporting (STR) a un rôle central dans l'identification de financement du terrorisme
et les mouvements de fonds terroristes à travers le système financier.
Des efforts sont en cours pour examiner l'expérience opérationnelle des
agences de lutte contre le terrorisme et établir des « alertes » générales ou des «
indicateurs » qui suggère qu'une transaction particulière présente un risque de
financement du terrorisme. La diversité et les multiples facettes de l'activité
financière des terroristes rendent cela difficile.
Malgré le défi dans l'élaboration d'indicateurs génériques de financement
d'activités terroristes, les institutions financières peuvent néanmoins identifier
présentant des caractéristiques inhabituelles sur une transaction qui devrait inciter le
dépôt d'une déclaration d'opération suspecte. Bien qu'il ne soit pas immédiatement
apparent aux institutions financières, la déclaration des espèces importantes, des
virements électroniques et les transactions transfrontaliers pourrait fournir
l’application de la loi des renseignements sur des activités terroristes.
Les autorités nationales peuvent aider le secteur financier dans ses efforts pour
identifier et prévenir le financement du terrorisme par l'échange des renseignements.
Seule l'information financière n'est peut-être pas suffisante pour identifier le
financement d'activités terroristes. Toutefois, lorsqu'il est combiné avec les
renseignements antiterroriste tirées de surveillance de la gamme des activités
terroristes et des réseaux, l’information financière peut être exploitée afin de fournir
aux institutions financières une indication concrète d'éventuelles activités terroristes,
qu'ils utilisent des sources légitimes ou criminelles des fonds. Plus largement,
l’échange d'informations efficace entre le public et le secteur privé a été identifié par
le GAFI comme l'un des cinq principes de haut niveau pour la création d'une
approche axée sur le risque de blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
Bibliographie indicative
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Chaliand G. et Blin A. (sous la direction de), 2004, L’Histoire du terrorisme
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