Post on 09-Feb-2018
La gestion des processus de sortie de crise en Afrique
au travers des exemples de la Guine, de la Cte dIvoire, du
Mali et de la Centrafrique
Par le gnral Bruno Clment-Bolle
Tout stratge sait que ltude de lengagement de forces sur un thtre doprations
doit intgrer aussi le temps o il faudra procder leur dsengagement et la faon dont cela
devra tre ralis. Le moment venu, cette phase dlicate devra tre articule et coordonne
avec la gestion des grands piliers de la sortie de crise rconciliation, dmobilisation,
restructuration qui, dans le mme temps, doivent tre mis en place. Mais le mme
stratge sait aussi que le scnario idal imagin avant laction militaire est rarement celui
qui in fine se droule. de trs rares exceptions prs,1 les troupes peinent toujours sortir
du thtre des oprations. Les exemples foisonnent qui laissent lobservateur une
impression denlisement et, plus globalement, le sentiment dune gestion mal matrise de
la sortie de crise.
Faut-il en faire reproche au planificateur ? Les effets induits par le dclenchement
de lengagement sont par nature difficiles apprcier leur juste mesure avant laction,
rservant souvent des surprises qui contraignent modifier sensiblement les dcisions
initiales, dont notamment celles prvues pour dsengager les troupes. Mais chacun sait
aussi que des lignes de force se retrouvent invariablement lors de toute sortie de crise. Le
planificateur doit savoir les intgrer par anticipation pour mieux prparer et ajuster le
dsengagement de ses forces. Ce nest pas toujours le cas, souvent par mconnaissance de
ces invariables.
Aussi, comprendre la gestion des sorties de crises passes et les mcanismes
dclenchs pour leur mise en uvre est un exercice salutaire qui ne peut quaider mieux
orienter ceux qui ont la lourde charge de concevoir la stratgie des engagements futurs.
Cest une question importante en ces temps incertains, surprenants et dangereux. Les
experts dune France fidle sa vocation de rayonnement et dinterventions extrieures,
dj lourdement engage dans des crises particulirement complexes, y ont intrt plus
dun titre.
1 cet gard, parmi toutes les oprations franaises en Afrique de ces vingt dernires annes, une seule a t
excute en respectant strictement les critres imposs par la France au commanditaire de laction (lONU),
conditions non ngociables de son dclenchement, dont le moment et la faon de sextraire du thtre. En
effet, lors de lopration Artmis dans la partie orientale du Congo Dmocratique (Ituri) (intervention
habille en opration europenne au sein de laquelle la France fournissait 80% de leffectif total quand 17
autres nations se rpartissaient les 20% restant), les trois conditions de lengagement volume de force
dploye (2000), dure dengagement (quatre mois), espace de dploiement (la rgion de Bunia) ont t
intgralement respectes.
Published/ publi in Res Militaris, hors-srie : France : oprations rcentes, enjeux futurs, dcembre 2016
Res Militaris, hors-srie : France : oprations rcentes, enjeux futurs, dcembre 2016 2
Dans ce cadre, lanalyse fine de deux cas rcents de sortie de crise plutt russie, la
Guine et la Cte dIvoire, compare ltude attentive de lvolution de la situation en
cours au Mali et en Rpublique de Centrafrique peut nous clairer. Ces exemples sont
intressants pour le sujet qui nous occupe car ils permettent notamment de mettre en
perspective le moment opportun mais dlicat o, alors que toutes les parties dclarent
saccorder pour aller vers la paix, se pose la question trs attendue du dsengagement des
troupes quil faut grer en harmonie avec lvolution de la situation de sortie de crise. Il
sagit alors dviter toute prcipitation de nature favoriser une reprise de la crise, sans se
complaire dans une attente excessive qui pourrait inciter les autorits locales fuir leurs
responsabilits.
Gnralits sur les sorties de crise en Afrique
Lors des sorties de crise, les pays concerns se retrouvent invariablement
confronts aux mmes questions scuritaires rsoudre : rconciliation, dmobilisation,
reconstruction. En effet, le temps de la paix venu, il sagit toujours de rconcilier des
troupes, des populations, des partis, des individus qui se sont affronts, souvent de faon
trs violente durant la crise. Il faut aussi invitablement reclasser les effectifs multiplis de
combattants enrls par chaque camp, qui a obstinment cherch obtenir lavantage
numrique au moment de laffrontement. Et il faut videmment reconstruire, restructurer,
rebtir les outils scuritaires nationaux qui ont le plus souvent t lourdement affects
durant la trop longue priode o lanarchie seule tait la rgle.
Lobligation de devoir traiter immdiatement, simultanment et en coordination ces
trois questions interdpendantes surajoute encore de la difficult la complexit dune
situation initiale dj bien difficile rsoudre. Plus encore, la rconciliation autant que la
dmobilisation ou la reconstruction ncessitent de prendre le temps dune analyse profonde
et complte pour concevoir une stratgie la mesure de la question rsoudre, car il sagit
de tout rebtir. Mais ce dlai ncessaire et incompressible de plusieurs mois quexigent,
pour chaque pilier, ltablissement de la structure gestionnaire et llaboration de la
conception de la stratgie utilise se heurte limpatience de populations rudement
prouves qui se dsesprent chaque jour un peu plus de labsence du moindre signe
concret de changement. Des rsultats visibles sont attendus, des premires mesures sont
rclames, de nature rassurer et montrer que le mouvement vers une paix effective est
enclench. Quand rien ne bouge, le citoyen perd rapidement patience et demande des
comptes, ce qui ne facilite pas une gestion dj singulirement complexe assumer.
De mme, les acteurs internationaux, Nations Unies, PNUD, Banque Mondiale,
Banque Africaine de Dveloppement, Union Europenne, bilatraux, reprsentants de ce
qui est improprement appel la communaut internationale, trpignent, impatients de
pouvoir imposer leurs solutions, schmas et programmes gnriques, dogmatiques et
immuables, gnralement pr-penss loin du thtre grer et donc trop souvent inadapts
car dconnects de toute ralit locale. Remarque lors de toutes les sorties de crise, cette
pression pesante de la part de partenaires dont la prsence est pour autant indispensable et
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donc forcment aussi la bienvenue, constitue une contrainte supplmentaire quil convient
dapprcier sa juste mesure, et dintgrer.
Enfin, le moment lui-mme o il faut enclencher la sortie de crise est difficile
dterminer avec prcision. Cest bien sr la situation qui le conditionne et finit par
limposer. Mais chacun ressent le besoin de recouvrer la paix aussi tt que possible et
cherche provoquer le bon moment qui permettra de dclarer la sortie de crise enclenche
(arrt des combats, accord entre belligrants, paix effective retrouve). Au final, il y a
toujours un vnement fondateur qui donne le signal de la sortie de crise (une lection
prsidentielle, la signature dun accord de paix) et amne larrive dune personnalit
providentielle, symbole du nouveau dpart. La tentation est grande de calquer le dpart des
troupes extrieures dj voqu sur ce moment, mais il nest pas toujours le bon.
Limpatience partage par tous les acteurs, mle linexprience voire parfois
lincomptence mme de nouvelles quipes en charge, participent de la prcipitation
gnrale et du grand dsordre parfois observs, hlas souvent de nature faire replonger
dans la crise plutt quaider en sortir. Et certains acteurs de la communaut internationale
en profitent pour tenter dimposer lautorit nationale leurs solutions cl en main,
provoquant au mieux des grincements de dents, au pire une incomprhension, un blocage
des affaires traiter et pour finir limmobilisme en ce qui concerne la gestion des sorties de
crise.
La gestion des sorties de crise en Afrique
Dans le cadre ainsi dress, pour aider les pays partenaires concerns rsoudre ces
problmes complexes, la gestion de sorties de crise rcentes a permis de mettre au point
une mthode particulire dont une des caractristiques tient au fait quelle ncessite une
adaptation chaque cas, toujours particulier. Elle rclame aussi de la part du bnficiaire
den bien comprendre lesprit, mais surtout une volont politique inbranlable de ladopter
et de se lapproprier. Les rsultats obtenus dans les pays en sortie de crise o cette mthode
a t rcemment applique ou est en cours dapplication montrent la pertinence de
lapproche tout comme ils en soulignent aussi les limites. En effet, elle ncessite que
certaines conditions soient remplies avant que ne dmarre la gestion de sortie de crise au
risque de tout faire chouer, pire, de contribuer un retour de la confrontation.
En premier lieu, la sortie de crise doit tre considre comme une affaire nationale
dont les autorits doivent semparer. Bien sr, la participation de la communaut inter-
nationale en termes dappui technique et financier, indispensable, est ardemment souhaite,
mais pour accompagner une solution nationale et non imposer des schmas venus
dailleurs. Aussi, il convient de mettre en place ds que possible au plus haut niveau de
ltat (Prsidence de la Rpublique) la structure qui assure son chef de pouvoir conserver
la matrise pleine, entire et permanente de la gestion de la sortie de crise, tout en
permettant la mise en confiance des partenaires internationaux de tous ordres dont
lindispensable collaboration est attendue.
Pour cela, et compte tenu de la dimension interministrielle de la question
rsoudre, une Haute Autorit pour la Scurit (HAS) doit tre rapidement nomme au
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sein de la Prsidence, experte indiscutable du domaine. Elle aura la charge de veiller ce
que les directives et orientations donnes par lautorit de ltat en matire scuritaire
soient scrupuleusement respectes et devra sassurer que les trois piliers de la sortie de
crise dans son volet scuritaire rconciliation, dmobilisation (DDR), restructuration
(RSS) soient pris en compte au niveau adquat et coordonns de faon efficiente. De
mme, un haut responsable la comptence reconnue doit galement tre nomm la tte
de chacun des piliers. Ces trois personnalits doivent dpendre directement de la Prsidence
par le biais de la HAS, en charge de coordonner leur action respective. En adoptant cette
architecture, le chef de ltat se met en capacit de conserver la matrise du processus de
sortie de crise et dvaluer tout moment la situation pour prendre les dcisions de son
niveau qui simposent le cas chant.
Au-del de la structure en mesure dassumer lobligation du traitement immdiat,
simultan et coordonn des trois questions interdpendantes de rconciliation,
dmobilisation (DDR) et restructuration (RSS), il convient aussi et paralllement de porter
rponse linfernale et paradoxale quation dj dcrite des deux temps de laction. Dune
part, il faut btir le projet sur de solides fondations, et cela exige un dlai incompressible
de plusieurs mois pour mettre en place la structure de chaque pilier en mesure de concevoir
la stratgie, puis den assurer la mise en uvre et la conduite. Dautre part, il y a ncessit
de montrer des rsultats rapides, visibles et concrets pour rpondre limpatience de
populations prouves et inquites et rassurer les acteurs de la communaut internationale
quant la volont des autorits dagir concrtement pour retrouver la paix et la stabilit.
Il sagit donc de convaincre rapidement de la relle volont et de la sincrit des
autorits nationales de sortir de la crise, tout en prenant le temps de reconstruire solidement
pour viter de tomber dans le pige de la prcipitation. La mthode propose consiste alors
enclencher, ds que possible et simultanment, une double dynamique diffrencie dans
sa dualit par le rythme dapplication sur le terrain.
Enclencher une double dynamique
Aussi, il faut initier immdiatement une dynamique de long terme, correspondant
la profonde restructuration mener pour chacun des piliers de la sortie de crise. Agir ainsi,
cest se donner le temps ncessaire dune rflexion de fond pour mieux garantir que
ldifice reconstruire va reposer sur des bases solides.
Concrtement, il sagit pour la rconciliation du processus de Commission Vrit,
Justice et Rconciliation, pour la dmobilisation du processus de Dsarmement, Dmobili-
sation, Rintgration (DDR), et pour la restructuration des forces de scurit et de dfense
du processus de Rforme du Secteur de la Scurit (RSS). Ce dernier cas inclut notamment
la rflexion stratgique de type Livre Blanc concernant tous les acteurs du domaine trait
(forces armes, police, gendarmerie et protection civile), auxquels il faut associer les
secteurs de la Justice et des Finances.
Paralllement, il sagit dans le mme temps de calmer les impatients en donnant
tout de suite des signes visibles et concrets de dmarrage du chantier des grands enjeux
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scuritaires. Aussi, une politique dactions de court terme doit tre enclenche au mme
moment. Ces actions sont concrtes, de dimension modeste, et entreprises immdiatement
dautant quelles ncessitent peu de moyens. Elles doivent surtout tre visibles et leur
utilit nchappe personne. Elles aident la population mais aussi les acteurs extrieurs
comprendre trs vite que le pays est en marche, que la crise est derrire elle, contribuant
ainsi rpondre aux potentiels dtracteurs toujours prts dnoncer limmobilisme de
ltat et labsence de rsultat faire valoir.
Une politique dactions immdiates pour chaque pilier de la sortie de crise
En matire de rconciliation, il sagit de projets modestes de rhabilitation dinfra-
structures utilitaires (dispensaires, coles, maternits, puits), de courte dure (une
semaine) et idalement rpartis sur tout le pays. Ils sont raliss par des dtachements
lgers travaillant en partenariat avec les populations des villages bnficiaires et composs
de militaires des forces Armes, ex-miliciens... issus des diffrentes factions rconcilier.
Chaque action est fortement mdiatise pour assurer sa visibilit auprs de la population.
Adaptes au contexte de chaque pays, elles peuvent rapidement tre mises au point pour
excution immdiate, dautant que leur cot est insignifiant.
Pour le DDR, il sagit de reprer les ex-combattants volontaires pour un retour
immdiat la vie civile et de les rinsrer en les orientant sur une activit conomique
locale de type micro-projet (maquis, boulangerie de quartier, atelier de mcanique,
micro-projet dlevage ou agricole). Les projets souhaits demandent gnralement une
formation courte avec un accompagnement en financement et en quipement, et un suivi
dans le temps. Au-del du nombre de rintgrs, cest le symbole de la volont affiche de
ltat denclencher sans tarder le processus DDR qui est vis. Les ex-combattants
concerns dans ce cas sont tous ceux qui veulent rentrer au village le plus vite possible
mais ne dclarent leur volontariat quau moment o ltat est en mesure de leur faire une
proposition concrte et crdible en matire de rintgration. Dexprience, ils sont
beaucoup plus nombreux quil ny parat de prime abord, surtout si un travail de
sensibilisation et de mise en confiance a t ralis.
En revanche, il faut se garder des fausses bonnes solutions rapides qui consistent
par exemple rintgrer des ex-combattants au sein des forces nationales restructurer.
Invitablement cela plombe les solutions que recommanderont le temps venu les
conclusions de la RSS, provoquant des sureffectifs inutiles et onreux, potentiellement
dangereux et difficilement matrisables. De mme, la politique consistant occuper les ex-
combattants en les utilisant pour de grands travaux ponctuels dintrts collectifs
(campagne de nettoyage des villes, travaux dassainissements) est viter si elle nest
pas immdiatement suivie dune solution prenne et individuelle pour chacun des ex-
combattants concerns. Dans le cas contraire, les frustrations engendres et la dsesprance
ressentie peuvent se traduire par des ractions violentes, la mesure de la dception
provoque. La situation peut alors vite devenir ingrable.
Dans le domaine de la restructuration des forces armes, il sagit l encore de
montrer que le mouvement est lanc. Au plan individuel, rien nempche de commencer
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former les spcialistes dont tout outil de scurit et de dfense a besoin. Quelles que soient
les conclusions de la rflexion stratgique enclenche en parallle, il va de soi que les
forces armes ne pourront se passer de conducteurs, de mcaniciens, de logisticiens,
doprateurs radio, dinfirmiers La formation technique individuelle peut dmarrer ds
que possible dans ces spcialits. Au plan collectif, il peut tre propos dentamer la
formation dun bataillon type maintien de la paix, conforme aux standards ONU. Cela
nengage rien quant son ventuel engagement qui, le moment venu, reste de nature
politique et relve bien des seules autorits nationales. Mais en termes de formation, lide
doccuper leffectif dun bataillon avec un projet collectif lutilit universellement
reconnue mrite attention. Pour la police ou la gendarmerie, le mme schma peut tre
suivi avec la formation dune Unit de police de maintien de lordre, entit toujours
intressante quand il sagira dencadrer de faon convenable un vnement particulier,
national ou international.
Au total, cette dmarche de double dynamique prsente lavantage de pouvoir
afficher rapidement un bilan concret, tout en vitant la prcipitation, tant pour la
rconciliation, que la dmobilisation ou la restructuration. Au passage et au moins dans le
domaine des trois piliers de la sortie de crise, elle permet lautorit nationale de faire
valoir un rsultat rel et concret, mme sil reste modeste, pour le fameux bilan des cents
jours tant attendu des nombreux observateurs.
Structurer loutil de gestion de sortie de crise
Le schma ci-dessous prsente lorganisation architecturale mettre en place pour
assurer, au plus haut niveau de ltat, la matrise de la conception, de la mise en uvre, de
la coordination et de la conduite du processus de sortie de crise. Place au niveau de la
Prsidence de la Rpublique, la structure est compose de personnalits de confiance
matrisant bien les domaines lis aux trois piliers de la sortie de crise.
En premier lieu, il convient de trouver la personnalit nationale en mesure dassurer
la charge de Haute Autorit Scurit pour la coordination (HAS). Subordonne directement
au Prsident de la Rpublique, quelle conseille en matire scuritaire et qui elle rapporte,
la HAS garantit que les orientations et les dcisions prises par celui-ci pour ce qui concerne
la sortie de crise sont rigoureusement appliques. Elle est charge de son pilotage global et
sassure au plus haut niveau de la coordination inter-piliers des actions menes de rconci-
liation, de DDR et de RSS. Elle conduit le dialogue et la coordination avec tous les grands
partenaires du pays, nationaux et internationaux, agissant en vue de la sortie de crise.
Haute Autorit pour la
Scurit
Autorit pour la
rconciliation
Autorit pour le DDR
Autorit pour la RSS
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De mme pour chaque pilier du processus, une autorit doit tre dsigne, elle aussi
subordonne au Prsident de la Rpublique mais par le biais de la HAS. Ainsi, lAutorit
pour la rconciliation (AR) participe la conception de la stratgie nationale de
rconciliation dcide par le Prsident de la Rpublique, quelle est charge de mettre en
uvre et de conduire au niveau national. Elle coordonne lengagement de tous les
partenaires nationaux et internationaux du pays uvrant dans le domaine de la
rconciliation. Pour ce qui concerne la dynamique de long terme, elle sassure que le
mcanisme mis en place prenne bien en compte toutes les dimensions et tous les acteurs
concerns par la rconciliation quelle pilote. De mme, elle met en place les instruments
de mesure qui permette une valuation relle et permanente de la situation rconciliation
sur le terrain. Enfin, elle propose les orientations nouvelles et dcisions qui simposent au
fil du temps le cas chant. Pour ce qui concerne la dynamique de court terme, elle conoit
des outils spcifiques et met en uvre une politique dactions simples et modestes qui
permettent de rendre rapidement visibles et concrets des premiers rsultats en matire de
rconciliation. Elle en assure le rayonnement et la communication.
LAutorit pour le DDR (ADDR) et lAutorit pour la RSS (ARSS) assument dans leur
domaine respectif la mme charge que lAR, tant en dynamique de court que de long
terme. Toutefois, pour cette dernire, lADDR sassure que toutes les dimensions du DDR
soient effectivement prises en compte, notamment pour ce qui concerne la resocialisation
des ex-combattants, la rinsertion conomique, la rintgration communautaire et la
cohsion sociale. Elle labore les modes opratoires qui permettent de dcliner la stratgie
gnrale de DDR. Elle met en place avec les partenaires nationaux et internationaux le
cadre de coordination pour permettre la synergie des efforts et assurer lefficience de
lengagement de chacun. Elle tablit les partenariats et les conventions qui assurent la
mobilisation des ressources techniques et financires ncessaires sa mission, la mise en
uvre des activits de DDR, et au suivi et la prennisation des actions entreprises.
De mme, lARSS, pour ce qui concerne la dynamique de long terme, sassure que
toutes les dimensions de la RSS soient effectivement prises en compte, notamment pour ce
qui concerne la restructuration interne de chacun des grands acteurs de la dfense et de la
scurit (forces armes, police gendarmerie, protection civile), puis la coordination inter-
acteurs. De ce fait, elle sassure dune parfaite concertation avec le ministre de la
Dfense, tout comme avec le ministre de lIntrieur. De mme, elle tablit les liens
assurer avec les autres corps concerns par la RSS, notamment la Justice et les Finances,
pour sassurer que le caractre global du processus soit effectivement pris en compte. Elle
met en place le cadre de rflexion stratgique qui permet de garantir la restructuration dun
outil de scurit et de dfense cohrent, coordonn et correspondant au rel besoin du pays
en matire de protection de ses intrts face aux menaces auxquelles elle est confronte.
La spcificit du processus de DDR des ex-combattants
Au sein de la sortie de crise, le processus de DDR des ex-combattants impose une
attention particulire. Il participe de la rconciliation et conditionne directement la
rsolution de la RSS. Impossible de mener bien celle-ci sans avoir trouv rponse la
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question de la rintgration des ex-combattants en sureffectif qui ne pourront trouver place
dans loutil de scurit et de dfense futur. Dune redoutable complexit, le DDR seffectue
dans un contexte scuritaire dlicat et ncessite limplication dun nombre trs important
dacteurs, nationaux et internationaux, dont il faut coordonner lengagement de faon
efficace.
Le dfi, colossal, consiste assurer chaque ex-combattant une rintgration socio-
professionnelle durable. Le processus comprend des phases successives qui senchanent
lune aprs lautre, commenant par la sensibilisation et sachevant par la rintgration de
lex-combattant dans sa communaut daccueil. Entre ces deux phases, le dsarmement, la
dmobilisation, la resocialisation et la formation professionnelle doivent sintgrer, comme
le montre le schma ci-dessous.
SUIVI
SENSIBILISATION
DESARMEMENT
1 semaine
DEMOBILISATION
1 mois
RESOCIALISATION
FORMATION
APPRENTISSAGE
1 5 mois
INSTALLATION
Rintgration
Rinsertion
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En ce qui concerne la rintgration sociale, une phase de resocialisation doit tre
introduite, mene en systme dinternat, et place avant la phase de formation
professionnelle. Sa ncessit part du principe quau-del de la dimension conomique
prendre en considration et visant fournir lex-combattant une activit gnratrice de
revenus, il sagit aussi de tenir compte de la dimension psychologique et sociale, en
permettant lex-combattant de rflchir son comportement pendant la crise et en le
prparant son retour au sein de la socit civile.
Quand le processus DDR est bien men, il a un impact notablement positif sur la
cohsion sociale et la rconciliation. La phase de resocialisation, en particulier, produit un
effet spectaculaire sur le comportement de lex-combattant en provoquant chez lui une
prise de conscience. De ce fait, elle facilite aussi sensiblement sa rintgration sociale au
sein des communauts daccueil.
Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi prparer les futures communauts daccueil au
retour de cette population gare et encore fragile qui cherche se rinsrer. Dabord, un
travail de sensibilisation doit tre effectu avec de frquentes missions dpches sur le
terrain. Puis, des chantiers dintrt communautaire raliss au profit des communauts
daccueil, le plus souvent par lex-combattant lui-mme, doivent accompagner la phase
dinstallation. Au total, cest bien tout ce travail de rhabilitation communautaire et de
cohsion sociale qui contribuera de faon importante la durabilit de la rintgration de
lex-combattant au sein du tissu social du pays.
La formation professionnelle est le deuxime volet de la rintgration. Il sagit de
procurer chacun une activit gnratrice de revenus lui permettant la prise en charge de
sa famille. cet gard, une prise de conscience simpose propos de ce quil est convenu
dappeler le secteur de linformel. Il sagit en clair des petits mtiers dauto-emploi exercs
souvent sur le trottoir, procurant de quoi vivre au quotidien et qui confinent ceux qui les
pratiquent dans un tat quasi permanent de prcarit. Chacun sait que lessentiel de
lactivit conomique en Afrique relve de ces mtiers de linformel (taux moyen proche
de 90% sur le continent). Compte tenu du nombre gnralement important dex-
combattants rintgrer, il parat naturel de sappuyer sur cette ralit en termes dactivit
proposer, dautant que ce choix attire naturellement beaucoup dentre eux. Pour autant, il
convient aussi de scuriser cette piste de linformel tant on sait la prcarit des emplois
parfois proche de la dbrouille sur lesquels il dbouche, avec risque de basculement dans
la misre au moindre accroc. Comme cela est prcis plus loin, des solutions existent pour
scuriser ces activits dauto-emploi.
Pour ltat, le DDR peut aussi tre loccasion de crer de nouveaux outils utiles au
pays. Il en est ainsi de la rintgration dex-combattants dans le domaine de la protection
civile pour former un corps de pompiers civils. Dans le mme esprit, des brigades de
salubrit publique peuvent aussi tre mises sur pied. La protection de lenvironnement peut
galement inspirer avec la cration dUnits de Valorisation de Dchets, en charge de la
collecte et de la transformation des dchets plastiques, activit conomique viable si elle est
correctement gre.
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Au total, le processus DDR a pour but de neutraliser le potentiel de violence que
reprsentent des milliers dex-combattants arms et livrs eux-mmes sur lensemble du
pays. Il faut arriver ds que possible, sans prcipitation, rendre le traitement de cette
question irrversible pour que ltat puisse alors consacrer lessentiel de ses ressources au
dveloppement du pays.
La question du financement de la sortie de crise
Le financement de la sortie de crise est trouver auprs des bailleurs. Dans ce
cadre, la Banque Mondiale, lUnion Europenne, la mission locale des Nations Unies, la
Banque Africaine de Dveloppement, et les partenaires bilatraux seront sollicits. Cest le
rle de ltat de mobiliser les ressources financires, dont en partie les siennes, qui
permettront de couvrir les besoins de la sortie de crise. Outre le principe du financement
global acqurir, se pose aussi la question du financement effectif des actions de court
terme, visibles et concrtes, dclencher rapidement tant dans le domaine de la
rconciliation que du DDR et de la RSS. Elles sont importantes car, comme dj prcis,
destines convaincre la population mais aussi les partenaires financiers de la volont de
ltat dengager srieusement le processus de sortie de crise. Sans ces premiers
financements, dont la disponibilit doit tre immdiate, pas de dmarrage possible de la
moindre action.
Si ltat ne peut assurer ces financements initiaux sur ses propres ressources, seul
un plan solide et srieux, tant au niveau global de la gestion de sortie de crise que de
chacun des piliers qui la constitue, peut tre de nature mettre en confiance les bailleurs.
Cest ltat de le prsenter aux partenaires et de le dfendre pour convaincre de sa
pertinence. Mais le cas idal est celui qui voit ltat assurer lui-mme ces financements
initiaux, car outre la possibilit dun dmarrage immdiat des premires actions, cest un
signe concret et srieux donn tous de la volont nationale de sortir de la crise.
Au total, cette mthode de gestion de sortie de crise, qui se veut souple dans son
application pour tre adapte la situation particulire de chaque potentiel bnficiaire, a
pu tre labore au fil dexpriences concrtes intervenues ces dernires annes. Plusieurs
pays africains lont globalement appliqu, avec plus ou moins de russite. Lexamen de ces
cas permet de mettre en lumire les avantages comme les limites de cette approche.
Sorties de crise russies en Cte dIvoire et en Guine
Pour ces deux pays, la gestion de la sortie de crise, dans sa dimension scuritaire,
prsente des points de similitude quil est intressant de relever dans la mesure o ils
expliquent en partie les succs notables rencontrs.
Un rel consensus pour aller vers la paix
Le contexte gnral en Guine et en Cte dIvoire, tout dabord, est caractris par
une situation initiale de chaos et de fragilit lchelle du pays tout entier et non dune
seule partie de celui-ci. Linscurit et lanarchie rgnent partout et, dans les deux cas, le
sentiment dune profonde exaspration face une telle situation est partag par toutes les
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populations. Le pays veut sortir de la crise. De mme, llection prsidentielle, vnement
politique, est en Guine comme en Cte dIvoire llment dclencheur du dbut de sortie
de crise. La Guine rompt avec prs de cinquante-deux ans de dictature militaire, dont
deux dernires annes catastrophiques danarchie quasi-totale, o le pays est mis sous la
coupe daventuriers et autres militaires gars autant incomptents quirresponsables. Tout
est dtruit, les militaires sont partout, semant la peur au sein de la population, notamment
dans la capitale. En Cte dIvoire, aprs six mois de crise post-lectorale, la situation
scuritaire est aux mains des Comzones qui ont reproduit lchelle du pays tout entier le
systme de terreur et de pillage mis au point durant la crise dans leurs fiefs du nord. L
encore, lanarchie rgne en matre. Mais dans les deux cas, il est not le souhait partag par
tous les acteurs de vraiment vouloir la paix. Une situation de stabilit sest installe, certes
fragile mais propice laction.
Lappropriation de la gestion de sortie de crise
La deuxime caractristique commune aux deux cas est sans conteste la volont de
semparer de la gestion des affaires scuritaires pour sortir de la crise. Lappropriation
passe par une sorte de bras de fer non avou mais fortement ressenti entre lautorit du
pays et la communaut internationale symbolise notamment, mais pas seulement, par la
mission locale des Nations Unies. Cette dernire, exaspre par toutes les vaines tentatives
passes de rgler la crise, cherche imposer ses mthodes, son agenda, ses experts... Mais
lautorit politique du pays fait comprendre que la gestion de la sortie de crise est une
affaire nationale et quil ne peut tre question de la confier un tiers. Paralllement, ce
discours est accompagn aussi par le souhait de voir la communaut internationale prsente
dans un rle daccompagnement et non plus dimposition des modalits de la sortie de
crise. En Cte dIvoire notamment, le discours est entendu, mais pas sans mal. De fait, il
est constat une centralisation de la gestion de sortie de crise au niveau de la Prsidence,
avec des personnalits nationales en charge qui dpendent directement de celle-ci. La
mthodologie pour la gestion de sortie de crise est dcide au plan national et impose
avec pdagogie aux incontournables partenaires. Et au final lobjectif est atteint, la
communaut internationale accompagne plus quelle nimpose. En Guine, le consensus
est difficile tablir, et chacun sait les consquences du long bras de fer engag avec
certains partenaires, soumettant une aide et des moyens dterminants pour le pays des
dcisions prendre de niveau national et de nature politique.
Une forte volont politique de sortir de la crise
La trs forte volont prsidentielle de sortir de la crise est rvle dans un cas
comme dans lautre par la dcision dengager des financements nationaux pour dmarrer
les programmes, de DDR notamment. Constatant les hsitations et autres tergiversations de
la communaut internationale sengager financirement sur les grands programmes de
sortie de crise, le pays dcide de financer lui-mme les premires actions. Cest une
dcision essentielle, car sans ces premiers financements, pas de dmarrage possible du
processus. De plus, ce geste national participe de la ncessaire mise en confiance des
bailleurs internationaux qui peuvent constater par ce geste concret de la volont du pays de
Res Militaris, hors-srie : France : oprations rcentes, enjeux futurs, dcembre 2016 12
sortir de la crise. Ainsi en Guine, le projet des Units de protection civile de proximit,
permettant damorcer le reclassement de 4 000 militaires non-immatriculs, peut tre lanc
grce aux financements nationaux, avant que lUE ne sy intresse une fois le projet sur les
rails. Il en est de mme pour le DDR en Cte dIvoire qui ne dmarre que grce
lengagement national, effort soutenu dailleurs tout au long du programme, mme si ds la
deuxime anne du processus, les partenaires financiers du pays, mis en confiance par les
premiers rsultats engrangs, finissent par se joindre leffort ivoirien.
Le choix dune mthodologie prouve
Dans les deux cas, la rsolution de la sortie de crise est considre dans ses trois
dimensions, rconciliation, dmobilisation (DDR), restructuration (RSS). Des entits sont
cres pour la prise en charge de chaque pilier, armes par de solides quipes. La
coordination inter-piliers, essentielle, se fait au niveau de la Prsidence au sein dune
structure cre pour loccasion. La communaut internationale est troitement associe la
gestion des affaires, mais bien pour accompagner un processus national men par lautorit
locale et non pour imposer son unique point de vue.
La planification srieuse et complte du processus dans ses trois composantes est
une autre caractristique commune aux deux cas. En Cte dIvoire, notamment, elle fixe
une limite temporelle au DDR, ce qui aide la dcision des partenaires dy participer. La
perspective de pouvoir pour une fois borner leur engagement dans le temps contribue les
mettre en confiance, car cela rompt avec lhabitude de participer des processus inter-
minables et coteux. De mme, la coordination des piliers de la sortie de crise fait lobjet
dun consensus gnral grce aux mcanismes mis en place qui associent tous les
partenaires, nationaux et internationaux, techniques et financiers.
Dans les deux cas, une politique de double dynamique applique au niveau de la
gestion de chacun des piliers de la sortie de crise permet dafficher un dmarrage trs
rapide des actions concrtes de terrain. En Guine notamment, la dynamique de court
terme pour ce qui concerne la RSS permet la formation de nombreux techniciens
indispensables au fonctionnement du futur outil de scurit et de dfense, quelles que
soient les dcisions prises plus tard en la matire. De mme, il est dcid de former un
bataillon pour les oprations de maintien de la paix (OMP), projet collectif dambition qui
concentre les nergies. Dans le mme temps, les autorits comptentes, sans tre
perturbes, procdent aux longues rflexions de type Livre Blanc, pralable ncessaire la
prise des bonnes dcisions, ralistes et rflchies, pour laborer en cohrence le futur outil
de scurit et de dfense national. Ainsi, les ternels impatients et autres dtracteurs
toujours prompts dnoncer limmobilisme de ltat en matire dactions concrtes et
visibles en sont pour leur frais.
Une troite coordination entre partenaires
Si ltablissement des rgles du jeu na pas toujours t facile obtenir, en
revanche, une fois les modes daction compris et accepts par tous, une troite coordination,
confiante et sereine, a t un des facteurs dterminants du succs du processus. Cest
particulirement vrai dans le cas du DDR en Cte dIvoire, avec la mise en place dun cadre
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de coordination ambitieux que chacun sest attach suivre strictement aprs quun
consensus ait t trouv sur les modes daction utiliss pour grer les grands programmes
de sortie de crise. Dans une moindre mesure, cela a t aussi le cas en Guine pour la RSS.
Des initiatives audacieuses
Lappropriation dj cite permet aux gestionnaires du processus de se dpartir des
solutions pr-penses et dogmatiques habituellement imposes par les experts
internationaux et de proposer des modes daction nouveaux et adapts la situation locale.
Il en est ainsi de la phase de resocialisation introduite dans le processus DDR ivoirien
comme dj prcis. Il sagit dune ide reprise dun programme men Madagascar il y a
quelques annes par lauteur de ces lignes et adapte la situation de Cte dIvoire.
Considrant quune formation professionnelle, seule, serait insuffisante pour une rint-
gration durable des ex-combattants, il est dcid de faire effort aussi sur la rintgration
sociale. cette fin, une tape nouvelle est insre dans le parcours de rintgration de lex-
combattant, la resocialisation. Excute en coopration et coordination avec de nombreux
partenaires nationaux et internationaux, elle produit un effet spectaculaire sur lex-
combattant et participe notablement au succs du processus. Chacun sen est rjoui une
fois le programme excut, mais que de prudence observe pourtant chez certains
partenaires lors de la prsentation de linitiative ! LONU, convaincue aujourdhui de son
efficacit, rflchit lintroduire dans les futurs processus de DDR.
Des solutions originales et utiles
La Guine et la Cte dIvoire ont su profiter de la sortie de crise pour crer, partir
des sureffectifs dus aux nombreux combattants de tous bords recruts pendant la crise, des
outils nouveaux et utiles lchelle nationale. Ainsi, le projet de cration des Units de
protection civile (UPC) de proximit a pu dans les deux cas tre conu et mis en uvre
dans de bonnes conditions. Un corps de pompiers civils a pu tre form, quip et mis en
place. Lambition en matire de protection civile est modeste au dpart du projet, car
lobjectif recherch est dabord de nature scuritaire avec la rintgration durable des
sureffectifs dj cits. Il est donc ncessaire daller vite. Dans ces conditions, il sagit pour
ltat de se fixer comme premier objectif de pouvoir apporter un dbut de rponse au dfi
de la scurit publique en matire daccidents domestiques et autres soucis quotidiens de
cette nature rencontrs par la population. Par la suite, au fil du temps, du dploiement
ralis, des formations dispenses, des interventions effectues et des quipements
obtenus, ltat cherche confirmer et bonifier loutil dans ses comptences. Le rsultat
obtenu est excellent. En Cte dIvoire, 1 500 ex-combattants forms dans ce mme
domaine permettent la mise sur pied dun corps de pompiers civils, rpartis en 30 brigades
rgionales en cours de dploiement sur toute ltendue du territoire. En Guine, les UPC se
distinguent au cours de lpidmie Ebola contre laquelle elles sont efficacement engages.
Dans les deux cas, ltat amorce le financement du projet et les partenaires bailleurs
finissent par sy associer (UE, PNUD, Banque Mondiale).
En Guine, ltat dcide la ralisation dun projet au profit de la formation
professionnelle de la jeunesse qui contribue au reclassement dun large sureffectif de
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cadres militaires ncessaire lencadrement dudit projet. Repris partir dun projet
similaire cr Madagascar quelques annes auparavant, le Service civique daide au
dveloppement (SCAD) est lanc ds le dbut de sortie de crise. Il a pour objectif de
contribuer la formation professionnelle de la jeunesse et au dveloppement du pays, tout
en donnant aux forces armes lopportunit dy amener leur matrise organisationnelle et
de contribuer amliorer leur image au sein de la population. Concrtement, il sagit de
proposer de jeunes volontaires, filles et garons, deffectuer un service civique
comprenant dabord une phase de rapprentissage des fondamentaux du comportement
citoyen, puis une phase de formation professionnelle reconnue un mtier choisi (urbain
ou rural), suivie dune phase dapplication au cours de laquelle les intresss participent
concrtement au dveloppement du pays (participation aux grands chantiers nationaux,
exploitation des fermes dtat). Enfin, les jeunes volontaires nouvellement forms sont
accompagns pour leur insertion dans la vie conomique du pays lissue de leur service.
Il ne faut pas se mprendre sur laspect militaire dun tel projet qui pourrait bien sr tre
dvelopp au sein dune structure civile. Seuls lenvironnement du projet et son encadrement
sont fournis par loutil de dfense, pour des raisons essentiellement de facilits en termes
de fonctionnement et de coordination, mais aussi de soutien et de logistique. En effet,
loutil de dfense assure le cadre rigoureux dune bonne formation et possde demble des
moyens peu prs organiss (quipements, infrastructures, soutien logistique, encadrement
humain) quil serait difficile, long et coteux de crer de toute pice pour mettre en
uvre le projet. Pour autant, lquipe militaire de commandement doit tre associe une
quipe dirigeante civile (notamment pour tout ce qui relve des comptences formation
professionnelle), et cette quipe civilo-militaire ainsi forme doit elle-mme tre
supervise par un comit de pilotage stratgique, de format interministriel dfinir,
intgrant une participation de tous les ministres bnficiaires des formations prodigues.
Cette piste peut constituer une rponse la fois utile la formation professionnelle de la
jeunesse et au dveloppement du pays. Elle est galement bnfique pour limage darmes
nationales qui en ont parfois besoin. Soutenu en Guine par une farouche et indfectible
volont prsidentielle, le projet voit le jour en une anne.
En Cte dIvoire, les gestionnaires du DDR participent la protection de
lenvironnement en mettant au point le concept des Units de valorisation des dchets
(UVD). Il sagit concrtement de la cration dunits installes dans les centres urbains,
charges du ramassage des dchets plastiques et de leur transformation pour revente des
socits de recyclage. Ainsi, 19 units dune quarantaine dex-combattants reconvertis sont
cres, quipes et installes dans les centres urbains. Le modle conomique est viable et
permet de reconvertir prs de 800 ex-combattants.
Au total, toutes ces initiatives permettent de combler des manques dans des
domaines prioritaires, contribuant la stabilit et la paix sociale.
Ralisme et pragmatisme
Par ailleurs, les deux pays sattachent trouver des solutions ralistes et pragma-
tiques, notamment en termes de rintgration dans le processus DDR. La Cte dIvoire
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possde un certain nombre datouts au plan conomique (infrastructures, richesses minires,
secteur priv dynamique). Pour autant, comme partout ailleurs, la crise de lemploi svit
lourdement, compliquant singulirement le travail de rintgration des 74 000 ex-
combattants recenss, une fois leur formation acheve.
Mis part 6 500 postes relevant de la Fonction publique offerts aux ex-combattants
dans la Douane, lAdministration pnitentiaire, les Eaux-et-Forts et la Protection civile,
lautorit en charge sest appuye dabord sur les deux solides piliers pourvoyeurs
demploi en Cte dIvoire, lagro-pastoral et le gnie civil (BTP). De plus, un partenariat
institu avec le secteur priv, PME comme grands groupes internationaux, a permis de
fournir un complment plus qualitatif que quantitatif demplois solides et bien encadrs.
Enfin, il faut tre conscient de la part du secteur informel dans lconomie ivoirienne (prs
de 82% selon les chiffres des experts, comme dans la trs grande majorit des cas en
Afrique), se rpartissant essentiellement sur les petits mtiers, souvent excuts sur le
trottoir, parfois proche de la dbrouille. Tenant compte des ralits conomiques
ivoiriennes et du volontariat exprim par une grande majorit dex-combattants pour
pratiquer ce type de mtier, il tait difficile de ne pas exploiter cette piste. Mais chacun sait
la fragilit de cette activit conomique qui met son pratiquant en situation de prcarit,
avec un risque permanent de bascule dans la misre la moindre contrarit
professionnelle. Aussi, leffort a t fait dessayer de formaliser ces mtiers dits de
linformel et de scuriser ce type demploi ou tout au moins lactivit des ex-combattants
sy rapportant.
Ainsi, louverture systmatique dun compte en banque ds le premier pcule vers
en y associant une pdagogie sur la gestion du compte, la ralisation dune solide
formation assortie de la dlivrance dun diplme reconnu par un organisme dtat,
linscription de lactivit la Chambre des mtiers ainsi qu une couverture sociale
(Assurance maladie universelle, dispositif en cours de mise en place qui doit assurer en
change dune cotisation de 1 000 francs CFA par mois le remboursement de 80% des
dpenses de sant pour lassur et sa famille) ont particip au travail de normalisation
dactivits informelles dsormais scurises et reconnues. Ces dispositions ont aussi
dclench dans les ttes des interrogations nouvelles, poussant lex-combattant rflchir
pour sorganiser, planifier, prvoir face notamment une rentre financire mensuelle
donc rgulire. Cette dimension ne se rencontre gnralement pas dans linformel. De son
ct, ltat est lui aussi incit rflchir lorganisation de ces nouvelles corporations en
termes de regroupement, dinstallation et de gestion au sein de la vie publique.
Ainsi, quand certaines conditions sont runies paix retrouve, lgitimit politique
des dirigeants, volont prsidentielle affirme, appropriation de la gestion du processus de
sortie de crise, ralisme, souplesse et ralisme dans sa conduite, consensus tabli avec les
partenaires techniques et financiers sur les modalits de leur accompagnement, finan-
cements initiaux trouvs pour dmarrer rapidement les premires actions, la mthode
propose peut donner dexcellents rsultats. Dans le cas inverse, les exemples du Mali et
de la Centrafrique montrent aussi les limites de lapproche propose.
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Difficults au Mali et en Centrafrique
la diffrence des deux pays voqus ci-dessus, la gestion de la sortie de crise en
cours au Mali et en Rpublique Centrafricaine se heurte de nombreuses difficults qui,
additionnes, sont de nature compromettre la recherche de la paix et de la stabilit. Les
causes sont multiples.
Un consensus pour la paix difficile obtenir
Au plan du contexte gnral tout dabord, limpossibilit darriver un consensus
pour aller la paix du fait du comportement de certains acteurs nationaux est criante dans
les deux cas. Au Mali, la communaut touargue entretient une permanente ambigut vis-
-vis du pouvoir central quant aux conditions dacceptation de son retour au sein du giron
national. De plus, son fractionnement interne, notablement marqu, surajoute au sentiment
de dsordre gnral et danarchie politique. Les autres populations de la boucle du Niger
ragissent galement de faon identitaire, chacun a son propre agenda et se soucie peu de
ce que lautre recherche. De leur ct enfin, les autorits ne montrent pas les signes les plus
vidents daccueil de ces populations nordistes qui consacrerait la volont de recherche de
lunit nationale.
Laccord de paix sign depuis juin 2015 par tous les protagonistes peine trouver la
moindre application concrte dans sa dclinaison oprationnelle pourtant prvue en dtail
dans le document. LONU, par la voix de son reprsentant local, se dsespre dune
situation o tous les acteurs, signataires comme mdiation internationale, se dclarent
insatisfaits du rythme dexcution de la mise en uvre de laccord, avouant mme que
cette lenteur est en train de compromettre tout le processus. Enfin les comportements des
uns et des autres changent au fil du temps et des intrts, et il semble quen sous-main,
cest dabord la gestion des trafics, de drogue notamment, qui proccupent. Et au cur du
problme, la menace terroriste, particulirement pesante, simpose et complique de faon
proccupante la situation gnrale. Au total, une grave inscurit rgne dans tout le nord du
pays qui gagne progressivement le centre et mme le sud, et jamais lobjectif dunit
nationale na sembl aussi inaccessible.
En Centrafrique, globalement, une situation similaire prvaut. Derrire les beaux
discours et autres dclarations officielles, les acteurs nationaux de tous bords refusent de
saccorder. Linscurit est gographiquement quasi-totale, une bonne partie du pays
chappant mme au contrle de ltat. Chaque camp se retranche derrire la situation
gnrale danarchie pour garder son dispositif, prtextant du besoin de protger les siens.
De plus, des promesses inconsidres ont t faites par les autorits de la transition et par
certains acteurs de la communaut internationale qui ne pourront tre satisfaites,
notamment propos du reclassement des troupes de tous bords au sein de loutil de
dfense national. Nul doute quex-Slka et ex-Antibalaka sauront instrumentaliser cette
situation leur profit de faon pouvoir masquer et poursuivre leurs exactions. Au total, l
encore, lunit nationale, pralable pour aller la paix, apparat pour le court terme bien
difficilement atteignable.
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Un dficit de volont politique de sapproprier la gestion de sortie de crise
Pourtant, comme dans les deux autres cas tudis, il faut noter que le dmarrage de
la sortie de crise est officialis au Mali comme en Centrafrique par un mme vnement
de nature politique, les lections prsidentielles. Il convient aussi de souligner que le
processus lectoral sest peu prs bien droul, la surprise gnrale, rvlant surtout
clairement lexaspration des populations face la crise et une relle demande dun retour
de la paix. Mais apparemment, cela na pas suffi pour assurer la suite du processus. Car
dans un cas comme dans lautre, il a manqu une vraie volont politique de rgler la
situation. En Centrafrique, il ny a pas eu appropriation de la gestion de sortie de crise, en
partie par dficit de ressource gestionnaire locale comptente, mais pas seulement. Les
acteurs internationaux prsents ONU, UE, Banque Mondiale ont profit du vide de
gestion pour imposer des points de vue et des schmas dogmatiques labors depuis leurs
bureaux, fort loigns des ralits locales et inadapts une solution nationale viable. De
plus, la mainmise des acteurs cits de la communaut internationale sur la gestion du
processus de sortie de crise a provoqu une vive tension entre ces derniers et le pouvoir en
place. Pour autant, celui-ci sest retrouv sans autre alternative que celle de passer sous le
joug de ces partenaires internationaux. Clairement, limpossibilit de semparer de la
gestion de sortie de crise a t cruellement ressentie par lautorit nouvellement lue.
Au Mali, la mme absence de volont a pu aussi tre note, le pouvoir central
donnant mme parfois le sentiment dun certain dsintrt pour laction qui aurait permis
denclencher un dbut de dynamique positive. Lappropriation de la gestion de sortie de
crise a t quasi nulle dans ce pays. Et l encore, les acteurs de la communaut
internationale prsents ont profit du vide laiss et ont t terriblement pesants. Anims du
mme tat desprit quen Centrafrique, ils ont tent dimposer des schmas pr-penss, des
solutions dogmatiques la pertinence parfois peu avre et en tous cas dconnectes des
ralits locales. Les mmes maux provoquant les mmes effets, une vive tension sest
installe entre pouvoir en place et communaut internationale. Le dialogue a souvent t
difficile.
Il est donc intressant de noter que labsence dappropriation nationale de la gestion
de sortie de crise dans les deux cas voqus a pouss la communaut internationale
semparer de la conduite du processus, ce qui de fait a plomb dentre de jeu le ncessaire
dialogue tablir et les modes opratoires consensuels trouver entre acteurs nationaux et
inter-nationaux pour agir. Cest tout le contraire de ce qui sest pass en Cte dIvoire et en
Guine.
Le choix risqu de la recherche du consensus politique avant laction
Si le schma adopt au plan scuritaire pour sortir de la crise a t globalement le
mme partout, en sappuyant sur les trois piliers de rconciliation, de dmobilisation et de
restructuration, en revanche au Mali et en Centrafrique, il a t considr ncessaire de
rsoudre au pralable tous les diffrends de nature politique avant dentamer laction. Pas
daction tant que le consensus politique nest pas trouv. Grave erreur, car au rsultat, dans
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un cas comme dans lautre, la recherche dun consensus particulirement complexe
obtenir rapidement a conduit une sorte dimmobilisme, et ce vide daction a fig la
situation, la rendant potentiellement dangereuse. Lexaspration de tous les observateurs a
vite t son comble, commencer par celle des populations dautant plus impatientes
quelles avaient beaucoup souffert durant la crise.
Les partenaires de la sortie de crise, quant eux, en sont vite venus douter de la
relle volont des autorits de rgler la situation. Cest clairement ce qui les a pousss
semparer de la gestion des affaires scuritaires. Enfin, certains acteurs locaux, parties
prenantes de la sortie de crise, ont pu trouver dans linaction et labsence du moindre
rsultat visible prtexte pour radicaliser leurs positions. Au total, cette stratgie a divis
quand elle voulait rassembler. lvidence, le choix de la Guine et de la Cte dIvoire
dinstaurer pour laction une double dynamique aux tempos diffrencis, a t plus
pertinent. En dcidant dune politique dactions immdiates effet visuel pour les trois
piliers de la sortie de crise, couple une stratgie dactions de long terme, ncessaires
mais dont les effets ne se matrialisent que sur le temps long, les deux pays ont su calmer
les impatients tout en assurant de btir sur le long terme. Chacun y a trouv son compte.
La question financire au centre du jeu
Comme il a dj t soulign, la question des moyens financiers permettant laction
est toujours au centre de la rsolution des dfis scuritaires. Au Mali et en Centrafrique,
elle sest impose demble. Les deux pays ont t totalement dpendants de la
communaut internationale, incapables de dgager la moindre enveloppe sur des
ressources nationales quasi inexistantes. Cette dpendance, notamment observe en
Centrafrique, a mis le pays la merci et au rythme de ses bailleurs. Et chacun sait la
lourdeur des procdures et linertie lies ces affaires financires quand il sagit dobtenir
concrtement ce qui na t que promesse dfaut dtre dcid formellement. Par ailleurs,
dans ce mme pays, la mobilisation des ressources a t particulirement laborieuse
tablir avec une confrence des donateurs pniblement planifie en novembre 2016 quand
ltat cherche agir depuis mars sans disposer du moindre moyen. Alors que la Cte
dIvoire avait pu dmarrer sa sortie de crise son rythme en finanant elle-mme les
premires actions, la Centrafrique est pour linstant condamne limmobilisme, faute de
ressources disponibles.
Conclusion
Pour conclure, il ne sagit nullement ici de porter jugement sur les dcisions,
manques ou dficiences des uns ou des autres ou de donner des leons qui que ce soit. Il
nest question que de constater les faits au travers de lexemple de diffrents cas auxquels
lauteur de ces lignes a pu tre confront trs directement ces dernires annes. La
mthodologie prsente et dj utilise en Afrique avec succs a permis des sorties de crise
un rythme soutenu. Elle a donc pass lpreuve du terrain. Son intrt tient surtout au fait
quelle permet dapprhender demble la gestion de la situation scuritaire dans sa
globalit, facilitant la coordination des trois piliers qui la constituent rconciliation, DDR
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et RSS et qui sont comme chacun sait interdpendants. De mme, le caractre original de
son rythme est intressant, distinguant pour chaque pilier les actions de court terme, dont la
visibilit du rsultat est trs rapide, et les actions de long terme qui demande une longue
prparation pour adopter des rformes structurelles de fond ncessaires mais dont les effets
ne pourront tre concrtement apprcis que sur le temps long. Ainsi, limmobilisme, peste
de la gestion des sorties de crise, peut tre surmont. Mais il est bien entendu que des
facteurs contextuels incontournables conditionnent le rsultat, notamment pour esprer la
durabilit du processus engag. Il en est ainsi dune situation gnrale apaise avec la
volont de tous les acteurs de recouvrer la paix et la stabilit au moment o dmarre la
sortie de crise. De mme, lautorit politique doit tre anime dune farouche et
inbranlable volont de sortir de la crise et de rgler dfinitivement la situation scuritaire :
or, curieusement ce nest pas toujours le cas. De plus, cette volont doit se traduire par une
appropriation non ngociable de la gestion de la sortie de crise par lautorit nationale en
question, qui fait appel des partenaires bienvenus pour accompagner ltat et non lui
imposer des schmas imports. Par ailleurs, les solutions retenues ne peuvent tre que des
programmes adapts la donne locale, et paralllement, le consensus doit stablir entre
tous les acteurs, nationaux et internationaux, qui participeront la gestion de sortie de crise
sur les modes daction appliqus pour les excuter. Enfin, la question du financement
global de la sortie de crise est rgler aussi tt que possible, et la disponibilit de
financements immdiats permettant de dmarrer les premires actions doit tre acquise.
Affaire de volont, de bon sens et de cohrence, diront les experts, et cela est vrai.
Les bons chefs militaires en situation de responsabilit respectent tous un mme adage :
pour laction, cest le terrain qui a raison ! Curieusement (ou pas), les exemples
prsents de sortie de crise russie obissent cet adage, privilgiant laction, avec des
solutions locales, adaptes la situation du moment et pertinente dans leur contexte. cet
gard, les experts en gestion de sortie de crise pourront relire et mditer Pascal : vrit en-
de des Pyrnes, erreur au-del. Ils en tireront profit.