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Anne
Infirmière
Yaoundé - Cameroun
Date : Novembre 2014
RAPPORT DE MISSION N°1 :
- DECOUVERTE -
Chère famille, parrains/marraines et chers amis,
Voilà déjà un mois et demi que je découvre ma
nouvelle vie au Cameroun et il est temps pour moi de
vous la faire partager.
Dans un premier temps, il me tient à cœur de vous
remercier. Votre soutien spirituel et/ou financier me
touche énormément et me permet de vivre ce temps
de mission. A travers ce rapport de mission, j’espère
vous transmettre autant de joie et de bonheur que le
Cameroun m’apporte.
L’arrivée
Avec un peu d’appréhension mais surtout beaucoup d’excitation, je savais que ce
fameux samedi 4 octobre ne serait pas une journée comme les autres.
Effectivement, une grande
journée m’attendait. Une fois
arrivée à l’aéroport de Paris, j’ai
retrouvé Annette et Claire. Ce
trinôme constitue ma nouvelle
famille pendant ces deux années
à venir. Claire et Annette sont
sages-femmes. Juste le temps de
faire les derniers aux revoir à nos
familles respectives et nous voilà
en route pour le Cameroun.
A notre arrivée à l’aéroport de Yaoundé, nous avons retrouvé, avec un peu de
difficultés, Ferdinand, responsable du département d’administration et des finances
des centres de santé catholique du diocèse de Yaoundé. Il était accompagné de
sœur Philomène, de la congrégation de Saint Joseph de Gerona et de sœur Marie
Solange, de la congrégation de Sœur du Sacré-Cœur.
Aéroport - Claire, Annette et moi -
L’aéroport de Yaoundé se trouve au sud de la capitale et nous logeons à
Nkolondom, un quartier un peu excentré qui se situe dans le nord de Yaoundé. La
nuit était déjà tombée lorsque nous avons traversé la capitale. Pour la première
fois, je découvrais le sol camerounais. J’étais éblouie par tout ce qui m’entourais :
la circulation camerounaise avec ses nombreux taxis jaunes ; les commerçants
longeant le bord de route avec de multiples oreillers, chaussures et autres objets
sur la tête ; toutes ces femmes qui vendent des fruits et légumes sur le trottoir ;
les bars animés par la lumière et la musique africaine. Un vrai dépaysement. Après
une bonne demi-heure de route, nous sommes arrivées dans notre nouveau
village : Nkolondom.
Quel accueil ! A peine arrivées et nous voilà plongées dans la culture camerounaise.
Nous avons été accueillies par les sœurs de la communauté de Saint Joseph de
Gerona. Elles sont neuf à vivre dans la communauté.
La communauté de Saint
Joseph de Gérona est d’origine
espagnole. Elle s’est développée
dans un premier temps au
Rwanda, en République du
Congo et en Guinée Equatoriale.
La communauté s’est installée
au Cameroun en 1995.
Leur vocation est de soigner les
malades et de répondre aux
besoins de santé des plus
pauvres.
Nous retrouvons ce mélange de culture. La sœur Basilia est espagnole. Elle est la
mère supérieure de la communauté. Elle vit depuis quinze ans au Cameroun.
Certaines sœurs sont rwandaises comme la sœur Marie Madeleine et la sœur Prisca,
et d’autres viennent de la République du Congo comme sœur Françoise.
Route de Nkolondom à Messassi
Zoom sur le Cameroun :
Le Cameroun a été colonisé dans un premier temps par les allemands. Après la
Première Guerre mondiale, le pays est divisé en deux parties, une partie colonisée
par l’Angleterre et la deuxième partie par la France. Le 1er Janvier 1960, le
Cameroun proclame son indépendance.
L’anglais et le français sont les deux langues les plus couramment parlées. Il
m’arrive régulièrement de faire des consultations en anglais.
Au fur et à mesure, je tisse des liens avec les camerounais et je me suis rendu
compte qu’il était très important pour eux de parler de leur ethnie. Ils sont très
fiers de parler leur dialecte. Yaoundé est une ville en pleine expansion. La
population migre et cela entraine un mélange d’ethnies et de dialecte. J’entends
régulièrement mes collègues s’exprimer avec le « langage de leur village ». Même
s’ils ne parlent pas le même dialecte, ils se comprennent. Parfois, Madame Florence
parle en Ewondo et Madame
Alice répond en français. Cela
n’est pas toujours évident de
comprendre les conversations
mais petit à petit je commence
à réunir quelques mots de
vocabulaire en Ewondo qui est
le dialecte principal de Yaoundé.
Cela me permet de m’intégrer
au sein de l’équipe et cela
amuse beaucoup mes collègues
(Ex : O kiri = Bonjour)
Yaoundé se déploie entre 600 et 1000 mètres d’altitude sur un site de collines et de
vallées marécageuses. Yaoundé est surnommée la ville aux sept collines. Nous
logeons à Nkolondom, un quartier excentré de Yaoundé qui se situe au Nord de la
capitale. Ce village est l’une des sept collines. Nous sommes éloignées du centre
ville ce qui nous permet d’être au calme et surtout d’être entourées d’une
magnifique végétation.
Pour se déplacer, nous utilisons le taxi. La circulation est très dense et il n’est pas
rare que l’on attende plusieurs minutes dans les embouteillages.
Je prends le taxi avec Claire tous les matins pour aller au travail. Claire travaille en
tant que sage-femme dans le quartier de la Briqueterie dans la maternité de Notre
Dame de la Merci. La Briqueterie est un quartier principalement musulman qui se
situe à quelques minutes en voiture de Nlong-Kak.
Annette est également sage-femme. Elle travaille dans le dispensaire qui appartient
à la congrégation des sœurs de Saint Joseph de Gerona à Nkolondom.
Dispensaire du sacré cœur de Nkol-Elton
Le dispensaire de Nkol-Elton se situe dans le quartier de Nlong-Kak au nord du
centre de Yaoundé. Il dépend de la congrégation de notre Dame du Sacré-Cœur
dirigé par la Sœur Marie-Solange.
L’organisation du dispensaire
Le dispensaire est composé de :
- 2 aides-soignantes en pharmacie : Madame Agnes et Madame Alice.
- 3 infirmières en salle de soins : Madame Florence, Madame Françoise et
Christelle.
- 1 aide soignante en salle de paramètre : Madame Marie-Louise
- 1 aide-soignante et 2 laborantins au laboratoire : Evelyne, Antoine et Henri.
- 4 infirmiers consultants : sœur Pauline, Jean-Paul, Monsieur Stanislas et
Madame Crescence.
- 1 médecin généraliste
Le mardi et le vendredi, le dispensaire propose des consultations prénatales pour
les femmes enceintes. La sœur Pauline et Madame Crescence s’occupent du suivi de
grossesse et des « causeries » c'est-à-dire de l’éducation et de la prévention.
Un gynécologue est présent le mercredi et le samedi midi soit à la demande de la
patiente soit pour les consultations plus complexes déléguées par les infirmiers. Le
gynécologue a également à disposition un système d’échographie pour les femmes
enceintes.
Le jeudi est la journée des vaccinations pour les enfants et les femmes enceintes
encadrées par le programme élargie de vaccination du Cameroun.
Un ophtalmologue est présent le samedi.
Le dispensaire de Nkol-Elton s’adresse à une population pauvre. L’argent est le
souci majeur des patients. C’est pourquoi le dispensaire s’engage à proposer des
soins et des médicaments accessibles à tous.
Mes débuts dans le dispensaire
Cela fait maintenant depuis le 6 octobre que je travaille dans le dispensaire. Le
travail de l’infirmière au Cameroun est très différent du travail en France. L’infirmier
est amené à faire des consultations générales. Il y a un manque évident de
médecins au Cameroun. Ce qui implique qu’il y a très peu de médecins dans chaque
dispensaire et que la consultation est trois fois plus chère qu’une consultation
réalisée par un infirmer.
Lors du premier mois de ma mission, j’ai pris
une place d’observation afin de comprendre et
d’apprendre. Il m’a paru primordial de
comprendre le parcours du patient avant de
prendre place dans ma mission. L’organisation
du dispensaire est très différente d’une clinique
ou de l’hôpital en France. La sécurité sociale
n’existe pas au Cameroun, c’est pourquoi le
patient paye les soins avant de les recevoir.
Lorsque le patient arrive au dispensaire, il
achète un carnet de consultation (300 FCFA). Il
va ensuite en caisse pour régler la consultation.
Il part prendre les paramètres
en salle avec Madame Marie-
Louise. Il prend sa
température et se pèse. Il
patiente dans la salle
commune. Une « causerie »
est proposée en début de
mâtinée par l’un des soignants
du dispensaire. Ensuite, il est
dirigé vers un des quatre
Pharmacie - Madame Agnes -
Salle de soins - Madame Florence -
consultants. En consultation, l’infirmier prescrit, en fonction des signes et des
symptômes, les différents examens paracliniques à réaliser au laboratoire. Le
patient retourne en caisse pour payer les examens. Il est ensuite appelé au
laboratoire où il réalise ses examens (prise de sang, goutte épaisse, examens
d’urine/selles…). Il retourne une seconde fois chez le même consultant qui lui
prescrit les « remèdes » nécessaires pour la pathologie diagnostiquée. Le patient se
dirige une troisième fois à la caisse pour payer les médicaments puis il va les
chercher en pharmacie. La salle de soin est la dernière étape. L’infirmière injecte
les médicaments et/ou explique comment prendre les « remèdes ». Régulièrement,
le patient attend du début jusqu’à la fermeture du dispensaire. Il doit donc prévoir
toute sa journée.
J’ai pris le temps de passer une semaine dans tous les services. Dans un premier
temps, je suis allée voir les différents consultants pour comprendre leur méthode
de travail. J’ai ensuite réalisé une semaine en salle de soins avec Madame Florence.
J’ai retrouvé le métier que je faisais en France c'est-à-dire les injections en
intramusculaire, intraveineuses et explications des médicaments. J’ai passé
quelques jours en pharmacie. Cela m’a vraiment permis d’avoir un aperçu global
des différents médicaments disponibles dans le
dispensaire. Cela m’aide pour les prescriptions
médicales. Je suis aussi allée au laboratoire. J’ai
réalisé les prises de sang sur les adultes mais je
suis encore trop sensible à l’idée de piquer les
enfants donc pour le moment je laisse ce travail
à Antoine et Evelyne. J’ai appris à préparer
l’analyse des selles et des urines. Cela me
permet d’avoir une vision très large de la prise en
charge du patient. J’ai même appris à
diagnostiquer un paludisme grâce à l’analyse au
microscope.
Aujourd’hui, je prends le temps d’approfondir les consultations avec Monsieur
Stanislas. Par la suite, la sœur Marie-Solange souhaite que je devienne autonome
dans les consultations afin de pouvoir soulager le personnel et de pouvoir remplacer
Laboratoire - Henri -
lors des congés annuels des consultants. Je vois des pathologies que nous ne
connaissons pas en France tel que le paludisme ou encore la fièvre typhoïde mais je
vois également des
pathologies comme la
gastro-entérite, les MST, les
hépatites… Le travail du
consultant ne consiste pas
uniquement à prescrire les
« remèdes » et les examens
mais il a un véritable impact
au niveau de la prévention et
de l’éducation.
Le matin, je travaille avec Monsieur Stanislas en salle de pansement. Au début,
j’observais beaucoup. Aujourd’hui, Monsieur Stanislas me fait de plus en plus
confiance et je commence à prendre en charge seule les pansements. Il y a tout
type de plaies. Celles dont j’ai déjà eu l’occasion de soigner en France comme les
brûlures, ulcères veineux, plaies superficielles suite à un traumatisme (accident de
la voie publique ou de la vie quotidienne…) mais il y a également celles que l’on
appelle « petites chirurgie » tel que les panaris, les freins de langue chez les
nourrissons, les plaies plus profondes qui demandent une suture.
Le dispensaire connaît depuis plusieurs mois des
problèmes de ruptures de stock liés aux
commandes de la pharmacie. La sœur Marie-
Solange souhaite que j’aide la sœur Marie-
Gabrielle qui gère seule le stock de la pharmacie.
Je consacre le vendredi pour m’occuper de la
pharmacie et j’aide la sœur pour l’inventaire et
les statistiques. Il me faut beaucoup de patience
car la sœur a ses habitudes et sa manière de
faire. Comme le disent les camerounais :
« Assia » c'est-à-dire patience.
Salle de consultation - Monsieur Stan -
Pharmacie - Soeur Marie Gabrielle -
« On dit que partir c’est mourir un peu mais s’en aller pour chercher Dieu
c’est trouver la vie »
Le prêtre de la paroisse de Nkolondom est parti quelques semaines après notre
arrivée. Il a été invité par les sœurs de Saint Joseph de Gerona pour fêter son
départ. Les sœurs ont chanté ce chant accompagné du djambé, des marracasses et
surtout de beaucoup de joie. Après plusieurs années de service au Cameroun, le
père ne savait pas où il était affecté et pour combien de temps. Cela m’a rappelé
les conditions dans lesquelles l’ensemble des volontaires Fidesco avaient décidé de
partir.
Nous avons tous la possibilité de s’abandonner à Dieu. Pour ma part, le tremplin est
Fidesco. En partant, j’avais peur que ma foi ne soit pas assez solide pour dépasser
les obstacles du quotidien, d’apprécier les joies, d’aimer l’autre... Aujourd’hui, je
me rends compte que l’ensemble de ce parcours découle comme une évidence.
Ma foi grandit de jour en jour.
Aujourd’hui, je continue à écrire la suite de mes aventures au Cameroun.
J’ai vraiment hâte de vous faire partager la suite,
« Le coup de pouce » : En ce moment, à travers le monde, 150 volontaires FIDESCO travaillent au développement des populations défavorisées : accueil de personnes handicapées, gestion d’entreprise et d’œuvres sociales, orthophonie, médecine, construction... Pour mener tous ces projets, former les volontaires avant leur départ, assurer le coût de leur mission (vol, assurances, sécurité sur place, …) Fidesco s’appuie à 80% sur la générosité de donateurs. Je vous propose donc de partager ma mission en me parrainant ! Ce peut être soit par un don ponctuel, soit par un parrainage, c’est-à-dire un don de 15 euros (ou plus) par mois le temps de notre mission (ou l’équivalent de manière ponctuelle) ; et tout est déductible des impôts ! Je m’engage à envoyer à mes parrains mon rapport de mission tous les trois mois pour partager avec vous mon quotidien et l’avancée de mes projets. De nouveau, un grand MERCI pour votre soutien, et pour mes parrains : Rendez-vous dans 3 mois pour notre prochain rapport !
Fidesco a besoin de votre aide pour que toutes ces missions perdurent