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Le voyage dans la LuneLes séances de l'Académie des

Sciences sont solennelles. ToutefoisM. Eugène Fichot vient d'y donner undivertissement. Il a présenté à ces doc-tes savants le livre de M. Esnault Pel-trie : l'Astronautique. C'est un ex-posé scientifique du moyen d'envoyerun projectile dans la Lune. Voilà unetraversée qui pourrait tenter Costeset Bellonte et peut-être l'auteur quiest aussi grand sportif qu'homme desciences. Mais les astronomes préten-dent qu'une grande déception attendces intrépides voyageurs transplané-taires en supposant qu'ils arriventsains et saufs dans la Lune. Ce se-rait un désert glacé sans habitant,sans végétation, sans vie... Et les pau-vres rêveurs n'auraient plus la ressour-ce d'aller se réfugier dans la Lune,dernière illusion perdue d'un pays en-chanté. La Lune échapperait aux poè-tes mais le cinéma y gagnerait sûre-ment un film sensationnel.

La procession traditionnelle à tra-vers les principales artères de la Citéde Londres, à l'occasion de l'entrée enfonctions du nouveau lord-maire, a étél'occasion d'une singulière manifesta-tion.

Pour corser le défilé, on avait eul'ingénieuse idée d'intercaler quatreéléphants dans le cortège, pour repré-senter un tableau allégorique de l'In-de. Ces animaux peu habitués aux mu-siques militaires se montrèrent récalci-trants.

Passant sur le quai de la Tamise, lecortège croisa un groupe d'étudiantsbrandissant un magnifique lion rougeen carton et criant sur l'air des lam-pions : «Nous voulons des éléphants!»Il n'en fallut pas davantage pour queles pachydermes se précipitent sur lesmalheureux curieux dont beaucoup fu-rent piétines.

Pour cet hiverC'est un grand magasin qui expose

en ce moment ses articles d'hiver. Lesfourrures, on le pense bien, occupenttoute une vitrine. Opposums, petit-gris, astrakans et visons voisinentavec de plus modestes poils réservésà la doublure des vêtements chauds.Et l'écriteau qui se balance annonceainsi. cette vente de circonstance :

Fourrures et fourrages pour fem-mes et enfants. »

Un curieux procès

Un pâtissier du quartier de l'égliseSaint-Vincent-de-Paul engage enversson propriétaire un bien curieux pro-cès.

Ce propriétaire fait restaurer lafaçade de sa maison. Pour cela, deséchafaudages sont posés depuis plu-sieurs semaines. Jusque là, rien que denormal.

Mais, ces travaux exigent aussila présence d'une échelle. Cette échellen'obstrue pas l'entrée de la pâtisserie,mais... pour entrer chez le pâtissieril faut passer sous l'échelle.

Et vous devinez la suite. Les friandset friandes de gâteaux sont-ils parti-culièrement sujets à la superstition ?Je l'ignore. Le certain est que le pâ-tissier se plaint que le passage sousl'échelle a diminué le nombre de sesclientes et clients de désolante maniè-re...

Le propriétaire objecte que passersous une échelle n'a jamais fait demal à personne.

— Si ! à moi, à mon commerce ré-pond le pâtissier.

Il sera amusant de voir quels té-moins de « moralité » l'un et l'autrevont faire citer à l'appui de leur thè-se..,

Marseille et ses histoires à laChambre

M. Toussaint Ambrosini, le nouveaudéputé socialiste de Marseille,- faisaitcercle, hier après midi, dans le fu-moir de.la Chambre.

Petit, corpulent, jovial, un mou-choir de soie bleue à la pochette deson veston, il disait sa joie de siégerà la Chambre.

— Le jour de mon élection a été leplus beau jour de ma vie ! confessait-il à ses collègues.

Avec un accent inimitable, Toussaintracontait aussi sa campagne électora-le.

— Dans une réunion, disait-il, unperturbateur rne criait : « II faut nousparler de Paul-Boncour. » De Paul-Boncour, que je lui répondis, je peuxte parler, parce que je le connais. Maisje vais te parler de ta sœur ! Car tasœur, je la connais aussi ! Du coup,le perturbateur ne dit plus mot.

Et Toussaint ajouta modestement :— Le plus curieux, c'est que c'é-

tait exact. Sa sœur, je la connaissais!

Un jugement littéraire de Clemen-ceau :— Je n'ai pas une très grande ad-

miration pour Gérard de Nerval. C'estun homme qui a noirci beaucoup depapier pour ne pas dire grand'chose,au fond.

Et comme M. Martet ajoute :— Il s'est pendu.Clemenceau conclut, féroce :—• II a bien fait ça !

***Clemenceau aimait les artistes qui

se donnent tout entier à leur oeuvre.Il racontait cette histoire sur Pade-rewski :

« Un jour, j'étais à New-York ;il vient me voir. Je lui dis :

« — Ecoutez, je ne vous ai jamaisentendu jouer ; je voudrais bien vousentendre.

« — C'est facile.« Nous descendîmes au salon de

l'hôtel. 11 s'assied, se met à jouer, —tout ce qui lui passe par la tête. Aubout d'un moment, il s'arrête, se lève:

« — Sapristi ! J'ai oublié ma fem-me dans le fiacre ! »

Et Clemenceau de conclure :« Voilà comment il faut être. Il

faut de temps en temps oublier safemme dans le fiacre. » . •

Le tuyau .X... avait un voisin qu'il connaissait

depuis longtemps pour un original,bien qu'il n'eût jamais eu l'occasionde le tenir pour vraiment désiquilibré.Mais, dernièrement, il le vit repeindrela carrosserie de son automobile et nedouta plus, pour le coup, que le mal-heureux ne fût fou : il avait, en effetrepeint sa voiture en rouge d'un côté,et en vert de l'autre...

Avec toute la prudence imposée parla situation, X... s'approcha pour enavoir le cœur net :

- Ca, au moins, s'écria-t-il, c'est ori-ginal ! Peindre sa voiture en deux cou-leurs différentes, je trouve que c'estune idée épatante !

— Savez-vous au moins pourquoije le fais ? demanda le voisin d'un tonfroid.

— Ma foi non ! avoua X...Alors l'autre :— Je vais vous donner un bon tu-

yau, dit-il. Dans la vie, n'est-ce pas, onne sait jamais ce qui peut arriver :alors, en suivant mon exemple, on estsûr que les récits des témoins se con-trediront...

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