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TE 1-2-8/Chapitre 6 : Mondialisation, Finance internationale et Intégration européenne Année scolaire 2012-2013
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CHAPITRE 6 : MONDIALISATION, FINANCE INTERNATIONALE ET INTEGRATION
EUROPEENNE (SCIENCE ECONOMIQUE)
PLAN DU CHAPITRE DOCUMENTS OBJECTIFS DE SAVOIRS ET
SAVOIR-FAIRE
INTRODUCTION
I. QUELS SONT LES FONDEMENTS DU COMMERCE INTERNATIONAL ET DE
L’INTERNATIONALISATION DE LA PRODUCTION ?
A. La croissance du commerce mondial est liée à la libéralisation et à la spécialisation des échanges marchands à l’échelle internationale 1. Les échanges internationaux se sont intensifiés et transformés
2. Les principaux déterminants des échanges internationaux et de la
spécialisation
B. Le commerce international : avantages et inconvénients 1. Les avantages et inconvénients pour le consommateur et le producteur
2. Les fondements et les risques du protectionnisme
C. La mondialisation se traduit par une internationalisation du processus de production
1. Un acteur majeur : les FMN
2. Les choix de localisation répondent à des stratégies d’internationalisation
fondées sur la recherche de compétitivité
3. Ces stratégies ont des conséquences complexes sur les pays d’accueil
II. COMMENT S’OPERE LE FINANCEMENT DE L’ECONOMIE MONDIALE ?
A. La balance des paiements permet de mesurer les échanges internationaux 1. Principes de construction et composantes
2. Interprétation des soldes significatifs
B. Les échanges internationaux justifient l’existence d’un marché des changes
1. Fonctionnement du marché des changes et déterminants du taux de
change
2. La variation des cours de change a des effets économiques contrastés
C. Différents déterminants sont à l’origine de l’ampleur des flux de capitaux, ce qui n’est pas sans risques
1. L’ampleur : des flux de capitaux plus nombreux et plus volatiles
2. Le développement des flux de capitaux a amplifié la spéculation
financière, ce qui comporte des risques
III. QUELLE EST LA PLACE DE L’UNION EUROPEENNE DANS L’ECONOMIE
GLOBALE ?
A. Une expérience originale d’intégration économique
1. Une intégration par le commerce et la production
2. Une intégration monétaire
B. L’UEM revêt une importance particulière et renforce les interdépendances entre les politiques macroéconomiques des Etats membres 1. Une importance particulière dans le contexte monétaire et financier
2. Elle renforce les interdépendances entre les politiques macroéconomiques
des Etats membres
C. Mais l’UEM est confrontée au défi de la coordination des politiques économiques 1. La difficile coordination des politiques économiques
2. Une insuffisante intégration politique et sociale
Docs 1 à 5
Docs 6 à 8
Docs 9-10
Docs 11-12
Activités 1 et 2
Doc 13-14
Docs 15 à 18
Activité 3
Doc 19
Doc 20
Activité 4
Docs 21 à 24
Docs 25-27
Docs 28-29
Doc 30
Docs 31-32
Echange marchand
Avantage comparatif
Dotation factorielle
Gains à l’échange Spécialisation Libre-échange et
protectionnisme
Firmes multinationales (FMN)
Commerce intra-firme
Compétitivité prix et hors
prix
Délocalisation
Externalisation
Fonctions de la monnaie Flux internationaux de
capitaux
Balance des paiements
Devises
Marché des changes
Offre, demande Banque centrale Taux d’intérêt
Spéculation
Euro
Union économique et
monétaire
Politique budgétaire Politique monétaire
En italique : acquis de première
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Ce que dit le programme :
INTRODUCTION
ACCROCHE : LETTRE DU PDG DE TITAN A ARNAUD MONTEBOURG
Cette lettre recouvre certains aspects de la mondialisation :
- Commerce international
- FMN
- Mise en compétition des Etats
- Effets de l’internationalisation de la production sur l’emploi
La mondialisation n'est pas un phénomène nouveau.
Dès l'Empire romain une première mondialisation s'est organisée autour de la Méditerranée mais il faudra attendre les
grandes découvertes du XVème siècle pour assurer la connexion entre les différentes sociétés de la Terre.
Le monde du XVème au XVIIIème siècle était, selon F. BRAUDEL, constitué « d'économies-mondes » (Europe, Russie,
Inde, Chine, monde islamique) qui n'avaient encore entre elles que très peu d'échanges économiques et connaissaient un niveau
de richesse moyenne par habitant très comparable. L'économie monde européenne était dominée par un réseau de villes et de
puissants entrepreneurs.
Mais c’est à partir de 1830 environ que le processus s’accélère et que les échanges de B/ commencent à augmenter
fortement.
Le processus n'est d'ailleurs pas linéaire : la Première guerre mondiale puis la grande dépression des années 30 suscitent la
montée des nationalismes étatiques et le grand retour du protectionnisme.
Les Trente Glorieuses marquent une renaissance progressive de la mondialisation.
Depuis les années 1980, la mondialisation s'est accélérée, notamment en raison de la libéralisation des capitaux dans le
cadre de la globalisation financière (marché financier mondial intégré).
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La mondialisation désigne d’abord un processus multidimensionnel et complexe de développement des flux de toutes
natures (flux B/S, de capitaux, d'informations, migratoires, technologiques) et de montée des interdépendances dans un
contexte de libéralisation des échanges encouragée par les organisations internationales (OMC). Elle participe à la création
progressive d'un espace mondial intégré.
La mondialisation des échanges marchands recouvre les échanges de B/S (commerce international) ; elle se double
d’une part d’une mondialisation de la production et d’autre part, d’une mondialisation des flux de capitaux dans le cadre de la
finance internationale (marchés monétaires + marchés financiers + marchés dérivés).
Mais en contrepoint de la mondialisation s’opère une régionalisation des échanges à l’instar de l’UE.
PROBLEMATIQUES :
La libéralisation des échanges apparaît comme un moteur de la croissance mais les économies doivent-elles accepter
cette évolution ou y résister ? Que recherchent les FMN dans leurs stratégies d’internationalisation de la production ? (I)
Pour financer le commerce international, les économies ont recours à des échanges de capitaux. Néanmoins, la finance
parasite-t-elle aujourd’hui l’économie mondiale ? (II)
Dans ce contexte de mondialisation, quelle place accorder à’ l’UE ? L’intégration économique et monétaire européenne
permet-elle de favoriser la croissance et de limiter les fluctuations ? (III)
I. QUELS SONT LES FONDEMENTS DU COMMERCE INTERNATIONAL ET DE
L’INTERNATIONALISATION DE LA PRODUCTION ?
Commerce international = ensemble de flux de marchandises (B/S) faisant l'objet d'un échange entre des espaces
économiques nationaux (mesuré par X/M mondiales)
Au cours de ces dernières décennies, le commerce international a connu une expansion spectaculaire. Cet essor a été
favorisé par la libéralisation des échanges dans le cadre des négociations multilatérales commerciales menées par les
accords du GATT en 1947 jusqu'à la création, en 1995, de l'OMC. (A)
Mais si le libre-échange est privilégié, il est régulièrement critiqué et malgré la baisse des tarifs douaniers, les
barrières protectionnistes subsistent sous d'autres formes. (B)
Mais l’internationalisation ne concerne pas que les échanges, la production est également de plus en plus mondialisée,
processus impulsé par un acteur majeur que sont les FMN, mais qui génère des effets complexes sur les pays d’accueil (C).
A/ La croissance du commerce mondial est liée à la libéralisation et à la spécialisation des échanges marchands à l’échelle internationale
Objectifs :
- Décrire les principales caractéristiques du commerce international actuel
- S’interroger sur les déterminants des échanges internationaux de B/S et de la spécialisation
1/ Les échanges internationaux se sont intensifiés
a) Une forte progression du volume des échanges et des transformations dans la structure des
produits échangés
Une forte progression du volume des échanges
Depuis la Révolution industrielle et surtout depuis la fin de la 2GM, le commerce international a augmenté à un
rythme beaucoup plus soutenu que la production mondiale : une part de plus en plus importante de la production mondiale est
exportée, donc la croissance des échanges internationaux est plus rapide que la croissance économique.
=> Corrélation positive entre la croissance économique et la croissance des échanges mondiaux.
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Selon l'OMC, entre 1998 et 2008, les exportations mondiales ont augmenté en moyenne chaque année de 5,8% et le PIB mondial
de 3%.
La progression des exportations n'est cependant pas régulière : leur croissance était de plus de 10% en 2000 et de 2% en 2008.
Des transformations dans la structure par produits : l’essor des services et du commerce intra-branche
Essor des produits manufacturés dans les produits échangés au détriment des produits primaires
Avant 1945, les produits primaires représentaient presque les deux tiers du commerce mondial ; les produits
manufacturés, un peu plus d’un tiers.
En 1963, les produits primaires représentent moins de la moitié des exportations mondiales ; les produits
manufacturés plus de la moitié.
Aujourd’hui, les produits manufacturés représentent les deux tiers des exportations mondiales.
Les échanges de services se sont développés plus tardivement et connaissent un essor considérable (raison :
progrès des TIC, fort développement des échanges de services financiers, de l’assurance et des services informatiques)
Preuve : les services commerciaux représentaient environ 15% des exportations mondiales en 1980 contre 22% en 2009.
Le commerce intrabranche (échanges croisés de produits similaires) se développe surtout entre pays du Nord.
Ex : l'Allemagne exporte et importe des automobiles avec la France qui fait de même.
b) Des évolutions dans le poids et la nature des échanges entre zones géographiques
Dans le poids des échanges : des économies de plus en plus ouvertes
Le degré d'ouverture des économies a augmenté => ouverture croissante des économies sur les marchés extérieurs
mesurée par le taux d'ouverture (ou degré d'internationalisation) = (X+M)/2/PIB x 100
Les économies sont de plus en plus extraverties : la part des X dans le PIB (taux d'exportation) et le taux d'ouverture
augmentent dans tous les pays depuis 1950.
Preuve : Depuis 1960, les taux d’exportation des principaux pays industrialisés ont doublé (ou presque doublé au Royaume-Uni et
au Japon). Toutefois, le degré d’ouverture des pays européens est plus élevé que celui des États-Unis et du Japon. Cette plus
grande ouverture des nations européennes repose principalement sur le commerce intra-européen [doc. 3].
Cependant, cette ouverture dépend de la taille et de la politique commerciale de chaque pays : en effet, un grand pays a
moins besoin de se spécialiser et de trouver des débouchés à l'extérieur qu'un petit pays.
Ex : les échanges internationaux de marchandises ne représentent que 10% du PIB américain alors qu'ils représentent plus de la
moitié du PIB des Pays-Bas.
Une interdépendance accrue des économies : elles sont contraintes d'importer une part croissante de B/S étrangers
afin de satisfaire la demande intérieure. Cela est mesuré par le taux de pénétration des importations.
Exemple : si le taux de pénétration du marché automobile dans un pays est de 45%, on saura que sur 100 voitures neuves
achetées une année donnée, 45 étaient importées de l’étranger
Une tripolarisation des échanges marchands autour de trois pôles : Amérique du nord, Europe, Asie (triade)
Evolution depuis 1953 :
L’Europe, bien qu’elle soit encore la première région exportatrice mondiale aujourd’hui, a vu sa part d’exportations de
marchandises sensiblement baisser depuis la crise de 1973 ;
L’Amérique du Nord (comme du Sud), connaît une baisse depuis plus d’un demi-siècle ;
La part de l’Asie a connu une croissance spectaculaire : elle a plus que doublé depuis 1973 et représente la deuxième
région exportatrice mondiale aujourd’hui. La Chine est d'ailleurs devenue le premier exportateur mondial devant l'Allemagne et
les Etats-Unis.
Les pays pétroliers du Moyen-Orient ont également vu leur part dans le CI augmenter, notamment après le choc
pétrolier de 1973.
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Donc, depuis 1973, les pays du Nord représentent une part toujours plus faible du CI, au profit des pays dits émergents (Asie
du Sud, Chine, Inde, Brésil...).
La croissance très rapide des échanges traduit entre autres :
- l'insertion d'un plus grand nombre de pays dans la DIT
- mais également des disparités de plus en plus marquées entre d'une part, un petit groupe de pays à l'origine de la
majorité des flux commerciaux et, d'autre part, un grand nombre de pays marginalisés dans le commerce mondial.
Les accords régionaux structurent les échanges : régionalisation de l’économie mondiale (= polarisation forte et
croissante des échanges au sein de grandes régions) entre trois zones qui se partagent 71% du commerce mondial.
Régionalisation => formation de blocs commerciaux régionaux (UE, ASEAN, ALENA).
Dans la nature des échanges entre zones géographiques
La part des produits manufacturés dans les exportations des PED commence à augmenter dans les années 1960 et les produits
primaires en représentent moins d’1/3.
Les spécialisations peuvent s’expliquer par des avantages comparatifs construits et évolutifs (Taïwan, Singapour, Corée du
Sud, Hong-Kong à partir des années 1960 ; Malaisie, Thaïlande, Indonésie, Chine à partir des années 1980).
Cela traduit le développement d’une nouvelle DIT dans laquelle les pays émergents exportent des produits manufacturés, bien
que l’ancienne DIT perdure (le SUD exportent des produits agricoles alors que le Nord exporte des produits manufacturés).
2/ Les principaux déterminants des échanges internationaux de B/S et de la spécialisation
Rappel de 1ère : la spécialisation désigne le fait de se concentrer dans une ou quelques productions.
Accélération des flux commerciaux au milieu du XIXème notamment en raison de la baisse des coûts de transport
mais quelles sont les autres explications au développement des échanges internationaux de B/S ?
a) Une libéralisation encouragée par les organisations internationales
L’OMC est l’organisation internationale chargée de promouvoir le libre-échange.
La fin de la 2nde guerre mondiale a été l'occasion d'édifier, à l'initiative des Etats-Unis, les institutions d'un nouvel ordre
économique mondial.
Trois institutions de coopération économique devaient être créées :
le Fonds monétaire international (FMI) chargé de la stabilité financière et de la coopération monétaire internationale
la Banque internationale de reconstruction et de développement (BIRD) chargée de la reconstruction de l'Europe et
ultérieurement du financement du développement
l'organisation internationale du commerce (OIC) aux compétences étendues en matière de promotion du commerce, du
plein-emploi, de la concurrence et de la stabilisation des cours des matières premières.
La charte de La Havane qui devait instaurer l'OIC ne fut jamais ratifiée ; son volet commercial, négocié et élaboré par 23 pays
est entré en vigueur en 1947 sous la forme d'un accord douanier qui prit le nom du GATT et à l'origine du système commercial
multilatéral.
Le 1er janvier 1995, l'OMC est entrée en fonction, succédant au GATT mais contrairement à ce dernier, l'OMC est une
« vraie » organisation internationale et sa fonction principale reste de gérer le système commercial multilatéral et de
poursuivre la libéralisation du commerce.
L'OMC encourage le multilatéralisme commercial.
Multilatéralisme = conception du commerce international selon laquelle les règles s’appliquent à tous les signataires et ne
peuvent pas être négociées de pays à pays (refus du bilatéralisme) (Cycles de négociations de l'OMC = rounds)
3 principes :
1/ la non-discrimination qui repose sur 2 clauses :
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- tout ce qui est accordé à un pays doit l’être aux autres. Il s’agit de la « clause de la nation la plus favorisée
». Si la France baisse ses droits de douane sur les produits agricoles provenant du Niger pour n’importe quelles raisons
(commerciale, géopolitique, sociale…), il doit automatiquement répercuter cette baisse sur les produits agricoles provenant des
autres pays signataires du GATT.
- le traitement national : les produits importés et les produits nationaux doivent être traités de la même
façon.
2/ la réciprocité des tarifs douaniers (donnant-donnant) : un pays qui reçoit des avantages commerciaux est tenu
d'accorder en retour des concessions équivalentes.
3/ la transparence : les droits de douane sont l'instrument de protection le plus visible => les restrictions quantitatives
sont interdites.
Les pratiques de dumping (c’est à dire de la vente à un prix inférieur au coût de production) et de subvention à l'exportation
sont elles aussi interdites car elles faussent la concurrence.
L'Organe de règlements des différends (ORD) a pour fonction de réguler les conflits commerciaux entre les pays, soit par la
négociation, soit par des mesures de rétorsion approuvées par l'ORD => pouvoir de coercition (c'est-à -dire de contrainte).
b) La spécialisation trouve son origine dans l’avantage comparatif qui détermine la DIT
L’échange international repose sur la spécialisation des pays qui peuvent se spécialiser en fonction de :
Leurs avantages comparatifs (D. Ricardo)
C’est David RICARDO, économiste anglais de la fin du XVIIIeme siècle et du début du XIXeme siècle, qui montre que même si le
Portugal est plus efficace que l’Angleterre, et cela dans toutes les productions (elle aurait tous les avantages absolus selon A.
SMITH), c’est l’intérêt des deux pays que de se spécialiser dans une seule production, selon leur avantage relatif ou
comparatif.
Chaque pays se spécialise dans la production où il est relativement le plus efficace, là où il a le plus grand avantage comparatif,
pour ensuite échanger le surplus. La richesse produite globale est donc plus importante et le bien être collectif est supérieur =
gain à l’échange.
Un pays gagne à se spécialiser dans la production du bien dont le prix relatif est le plus faible.
Conclusion : le libre échange est source de croissance économique et tous les pays gagnent à participer au commerce mondial
(jeu à somme positive). Le protectionnisme doit être banni.
Leurs dotations factorielles
Au début du XXème siècle, reformulation néoclassique de la théorie des avantages comparatifs introduite par Ricardo.
Dorénavant, on explique l'échange international par la dotation factorielle : elle représente la quantité des facteurs de
production dont dispose le pays sur son territoire pour produire.
En fonction des caractéristiques climatiques, géographiques, socioculturelles, économiques… un pays pourra disposer de plus ou
moins de capital ou de terre. Il disposera d’une main d’œuvre plus ou moins nombreuse (démographie), qualifiée (dépend de
système éducatif) ou productive.
E. Heckscher, B. Ohlin et P. Samuelson sont trois économistes qui ont analysé la question des dotations factorielles. Leurs
travaux sont synthétisés dans le modèle HOS : selon eux, les pays ont intérêt à se spécialiser dans les productions
mobilisant les facteurs de production qu'ils possèdent en abondance (productions peu chères) et à importer les produits
incorporant les facteurs de production qui leur manquent (plus rares donc plus chers).
Par exemple, le Brésil disposant de vastes étendues de terres devrait exporter des produits agricoles et importer des
biens d'équipement. En revanche, la Grande-Bretagne disposant de peu de terres mais de beaucoup de capital exporterait des
produits industriels en échange de produits agricoles. »
Source: À Serge d'Agostino, Libre-échange et protectionnisme, Bréal, 2003.
Conséquence : Egalisation de la rémunération des facteurs de production
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L'utilisation croissante du facteur détenu en grande quantité se traduit par sa raréfaction et donc par la hausse de son prix ;
c'est l'inverse pour la facteur rare (ex : dans un pays fortement doté en travail : la demande de travail augmente => son prix
augmente (c'est l'inverse pour l'autre facteur)
Remarque pour moi : La situation française (d’après T. Madiès, « La France dans l’économie mondiale », La France mondialisée,
Cahiers français n°367, mars-avril 2012) :
La France est avantagée dans les services (tourisme)
Le Royaume-Uni a un avantage comparatif dans les services financiers, l’assurance et les services aux entreprises).
En ce qui concerne les échanges de biens, les avantages structurels de la France se situent dans l’agroalimentaire,
l’automobile, matériel de transport (aéronautique etc.) et dans la chimie.
Les avantages comparatifs peuvent évoluer (conception dynamique)
La remontée de filière est une stratégie d’industrialisation qui consiste, à faire évoluer progressivement la spécialisation,
d’une production à faible contenu technologique (nécessitant une main d’œuvre peu qualifiée), vers une production à haute valeur
ajoutée, qui demande une main d’œuvre de plus en plus qualifiée pour produire des biens de plus en plus complexes utilisant une
de nouvelles technologies.
Condition : politique volontariste de l’Etat (ex : Corée du Sud)
Exemple : évolution de la spécialisation des 4 dragons asiatiques
Caractéristiques de la main d’œuvre
Première spécialisation :
Chaussette, T-shirt
Abondante, peu qualifiée, peu chère
Deuxième spécialisation :
Textile synthétique réinvestis (politique publique autoritaire…)
Troisième spécialisation :
« Vêtements technologiques »
Très qualifiée, innovation et technologie de pointe (nanotechnologie).
Remédiation : La dynamique de la remontée de filière peut s’expliquer par la théorie des dotations factorielles puisque la
spécialisation évolue avec les caractéristiques socioculturelles du pays et avec l’évolution de la main d’œuvre qui devient de plus
en plus qualifiée.
Conclusion : C’est ce phénomène de spécialisation qui accompagne l’ouverture qu’on appelle la division internationale du
travail
c) La différenciation des produits explique le commerce intrabranche
Les nouvelles théories du CI expliquent l'échange intra-branche par l'existence d'une différenciation des produits (non respect
de l'hypothèse d'homogénéité des produits) : les produits échangés peuvent être de qualité différente (ex voitures haut de
gamme / bas de gamme) ou de qualité identique, mais dans tous les cas les produits seront différentiables par leurs
caractéristiques, leurs marques.
La théorie des avantages comparatifs raisonnait sur des produits différents, mais reste néanmoins utile pour comprendre le
développement des échanges intra-branches, car ce ne sont jamais de produits totalement identiques qui sont échangés : un pays
aura intérêt à se spécialiser dans des produits de plus ou moins bonne qualité selon la qualité de formation de sa main d’œuvre.
Par exemple, échanges d'électronique bas de gamme (Chine) contre électronique haut de gamme (Allemagne).
Le CI permet donc de diversifier la production ; les entreprises disposent alors d’une compétitivité hors prix.
Retenons :
1/ La libéralisation des échanges est un phénomène ancien mais qui s'est accéléré depuis le XX siècle.
Quatre points à retenir pour caractériser l'évolution du commerce mondial :
- les économies sont plus ouvertes
- le commerce des services augmente alors que celui des produits primaires recule
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- le commerce mondial se polarise autour de trois zones principales; tripolarisation
- le commerce intra-branche se développe
2/ Trois principaux facteurs de mondialisation commerciale :
- Le travail conjugué des institutions internationales (OMC) et des Accords Commerciaux Régionaux (ACR),
qui conduit à l'abaissement des tarifs douaniers: de 40 % en 1940 à moins de 5 % en moyenne dans les années 2000.
- La réduction des coûts de transport et de communication facilite les échanges internationaux.
- La structure des échanges et la spécialisation trouve son origine dans l’avantage comparatif qui peut
s’expliquer par les dotations factorielles, l’accumulation de savoir-faire et de connaissances permettant d’acquérir des
avantages technologiques. Il peut être donné ou construit.
La spécialisation elle-même crée ou renforce les avantages dont dispose un pays et peut être à l’origine d’une transformation des
avantages comparatifs au cours du temps, notamment lorsqu’un pays innove.
Enfin, il est également possible d’expliquer les spécialisations par des stratégies de recherche de débouchés des entreprises et
l’existence d’économies d’échelle.
B/ Le commerce international : avantages et inconvénients
Le contexte : une progression du libre-échange (une libéralisation des échanges)
Libre-échange = théorie et doctrine qui, appliquant les thèses de l'économie politique classique aux échanges internationaux,
préconise la spécialisation internationale et la suppression de toute entrave aux échanges => source d'efficacité, de croissance
et de développement
« Laisser faire les hommes, laisser passer les marchandises » (Vincent de Gournay).
C'est aussi une politique commerciale prônée par l'OMC.
Politique commerciale : action des pouvoirs publics sur les échanges extérieurs du pays. La politique commerciale peut
mettre en place des dispositifs visant à protéger le marché intérieur de la concurrence extérieure (protectionnisme) ou visant
au contraire à réduire la protection du marché intérieur, et donc à faciliter le CI afin de se rapprocher du libre-échange.
1/ Les avantages et inconvénients des échanges internationaux
a) Les avantages de l’ouverture
Pour les consommateurs
Baisse du prix des biens => hausse pouvoir d’achat
Effet de la concurrence :
des économies d’échelle (marché)
des transferts technologiques.
Rappel : Une économie d'échelle correspond à la baisse du coût unitaire d'un produit lorsque la quantité produite augmente. Elle
s'explique par le fait que les coûts fixes de départ sont progressivement amortis à mesure que la production augmente.
Hausse de la qualité
Effet de la concurrence et de l’incitation aux innovations.
Hausse du choix, diversification des produits :
Effet de la concurrence : commence intra-branche.
- diversification verticale (développement des gammes de qualité => Ex : Peugeot 107 à 9 700 euros / Peugeot 508 RXH
à 45 800 euros)
- diversification horizontale (produits différenciés par des petites différences => Ex : TOYOTA AYGO à 9 400 euros /
Peugeot 107 à 9 700 euros)
Pour les producteurs
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Spécialisation = efficacité dans l’utilisation des ressources => gains de productivité => hausse de la production =>
croissance
Elargissement du marché :
- économie d’échelle => baisse du coût unitaire et peut être (!) du prix.
- transferts technologiques : accès à des technologies étrangères permet un développement plus rapide.
Pression de la concurrence qui oblige les entreprises à innover (produits et procédés)
b) Les inconvénients
Des limites théoriques aux analyses traditionnelles
* Remise en question de l'hypothèse de l'immobilité internationale des facteurs de production mais hypothèse justifiée par
l'incertitude et les habitudes culturelles et sociales
* Théorie des avantages comparatifs explique un commerce inter-branche. Or, une grande part du commerce intrarégional est
un commerce "intra-branche" (échanges croisés de produits de la même branche entre pays relativement similaires) => Remise
en cause CPP
Explication : volonté des consommateurs de bénéficier de produits plus différenciés que les seules productions nationales.
Ricardo = analyse de l'offre or les analyses contemporaines mettent l'accent sur le rôle de la demande
* Une conception statique de l'avantage comparatif : en faisant l'hypothèse des rendements constants, il interdit toute
perspective dynamique et évolutive des avantages comparatifs et donc de la DIT
Or, les avantages comparatifs peuvent être construits => nouvelles théories du commerce international => politiques
commerciales stratégiques
2 hypothèses : concurrence imparfaite + économies d'échelle
Idée : Les Etats ont intérêt à protéger certaines de leurs activités notamment dans les marchés à forte innovation
technologique
Cette approche a été popularisée et critiquée au cours des années 1980 par l'Américain Paul KRUGMAN :
Ex : Sur le marché des avions gros porteurs (Airbus/Boeing), les coûts fixes sont élevés et le marché quantitativement
limité.
Une subvention accordée à Airbus peut lui permettre de réaliser des bénéfices importants et de concurrencer Boeing.
- les avantages comparatifs sont ici construits par les Etats qui cherchent à s'implanter sur les marchés les plus
porteurs
- un pays qui dispose d'une avance technologique va essayer de dissuader ses concurrents de se lancer dans l'innovation
en mettant en place des barrières à l'entrée = coûts de recherche :
ceux-ci sont très élevés et ne seront rentables que si économies d'échelle
l'innovation sera d'autant plus aisée que l'expérience et le capital de connaissances accumulés seront forts
(théorie de la croissance endogène)
Cependant, ces politiques engendrent un risque de représailles mais en même temps, il reconnaît que le LE n'offre pas tous les
avantages décrits par les théories traditionnelles
=> Le LE est la moins mauvaise des politiques commerciales.
Retenons : Ainsi, ce qui justifie le commerce intrarégional intrabranche, c’est la volonté des consommateurs de bénéficier d’une
plus grande variété de produits et des économies d’échelles permises par l’extension des marchés. Ces deux éléments
d’explication ont été développés par les "Nouvelles Théories du Commerce international", dont le plus célèbre représentant est
l’économiste contemporain Paul Krugman.
* Les analyses traditionnelles n'expliquent pas l'émergence d'une nouvelle DIT dans laquelle les pays émergents produisent des
biens manufacturés, à l’image "maquiladoras" d’Amérique du Sud (Mexique) ou des ateliers industriels asiatiques.
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Toutes les spécialisations ne se valent pas en termes de gains de productivité ou d’innovation. La théorie
classique passe donc sous silence le fait qu’il vaut sans doute mieux se spécialiser dans l’électronique que dans l’huile de palme...
* Les termes de l'échange (indice des prix des produits exportés / indice des prix des produits importés x 100) se sont
détériorés pour bon nombre de PED
Explication : spécialisation sur les produits primaires qui ont vu leur prix baisser => PED doivent exporter davantage pour
obtenir le même volume d'importations => croissance appauvrissante (J. BHAGWATI).
Remarque : Une amélioration des termes de l'échange de 1 % signifie que la croissance du prix des exportations est 1 % plus
forte que celle du prix des importations. Elle signifie aussi une détérioration de la compétitivité-prix française.
Inversement une baisse des termes de l'échange signifie une amélioration de la compétitivité-prix.
* R. Prebisch (économiste argentin) a mis en avant cette dégradation des termes de l'échange en montrant également que les
PED seraient dépendants du centre (PDEM) qui orienterait le production de la périphérie pour la satisfaction des besoins des
pays développés => théorie de la dépendance.
Prebisch a notamment argumenté que pour cette raison, les pays moins avancés devraient diversifier leur économie et diminuer
leur dépendance aux exportations en développant leur propre industrie manufacturière.
Le libre-échange génère des inégalités (thèses marxistes) :
- K. MARX voit dans le commerce international un facteur d'inégalité entre nations : LE => exploitation des pays dominés par
les pays capitalistes
- selon A. EMMANUEL (1969), les pays capitalistes exploitent les PED => « échange inégal » = la quantité de travail que
renferment les exportations des pays dominés est supérieure à celle que renferment les exportations des pays capitalistes =>
transfert de richesses vers les PDEM
3/ Les fondements et les risques des politiques protectionnistes
D’après Ecoflash n°275 « L’alerte protectionniste », février 2013
Protectionnisme = politique commerciale regroupant l’ensemble des mesures tarifaires et non tarifaires qui visent à protéger
la production nationale de la concurrence étrangère en limitant les importations de B/S afin d’améliorer ou conserver les parts
de marché des firmes nationales à l’intérieur du pays ou à l’étranger.
La montée des tensions protectionnistes depuis le déclenchement de la crise de 2008 a créé une inquiétude et renforcé la
vigilance des institutions internationales. Même si le regain de protectionnisme est réel, il ne remet pas en cause l’orientation
libérale des relations commerciales internationales. Il a pris des formes moins détectables et plus insidieuses.
a) Les formes et ses fondements
Ses formes
Moyens : établir des barrières tarifaires ou non tarifaires à l'entrée des produites étrangers sur le territoire national
On distingue 3 types de protection :
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Le protectionnisme tarifaire : droits de douane = taxe à l’importation
Ex : si un produit étranger coûte 80€ alors que le produit équivalent national coûte 100€, des droits douane de 25% sur le
produit importés vont rétablir l’équilibre entre les deux produits (80 x 1,25 = 100).
Effet : Augmente le prix des importations pour les consommateurs qui sont alors tenté de se reporter sur les biens nationaux
moins chers, ce qui devrait favoriser la production nationale.
Le protectionnisme non tarifaire vise à limiter la quantité de produits importés => quota ou obtenir du pays
exportateur qu’il s’autolimite (contingents), rendre les procédures d’importation très longues.
Ex : les accords multifibres (1965-2005) ont limité les quantités de textiles exportés par les PED
Le protectionnisme gris ou administratif fausse la libre concurrence : recours à la législation sur les normes de
consommation, sanitaires etc. dans le but d'écarter les producteurs étrangers,
Ex : en imposant des normes techniques et sanitaires américains parce qu’ils sont nettoyés au chlore….
=> Défense contre la concurrence déloyale que l'OMC n'arrive pas à enrayer.
Le protectionnisme tarifaire diminue mais les autres formes perdurent voire augmentent.
Ses justifications
Le protectionnisme défensif => l’argument de la concurrence déloyale: un pays peut estimer subir une concurrence
déloyale, du fait par exemple de pays autorisant le travail des enfants ou ne respectant pas certaines normes => imposition de
normes sociales et environnementales.
Les PDEM accusent les pays émergents de pratiquer un dumping social et environnemental :
dumping : amélioration artificielle de la compétitivité commerciale à l'exportation
social/environnemental : grâce à la faiblesse ou à l'absence de protection sociale et de règlementation du travail ou de
l'environnement
Il s'agit donc pour les PDEM de protéger l'emploi domestique de la concurrence déloyale des pays à main d’œuvre abondante et
bon marché.
Les propositions des PDEM =imposer des normes (ou clauses) sociales et environnementales aux pays émergents
- objectif explicite : améliorer le sort des populations
- objectif implicite : limiter la concurrence déloyale
...Sont refusées par les pays émergents :
- ils accusent les PDEM d'hypocrisie car au même stade de leur développement ceux-ci n'étaient pas contraints par ces
normes
- ils considèrent qu'ils ne peuvent les appliquer car ils ne peuvent les financer
Le protectionnisme constructif
* Le protectionnisme éducateur de F. List (1789-1846) (protectionnisme offensif) : List observe que tous les
pays ne partent pas égaux dans la course au développement => protection des « industries dans l’enfance » le temps qu’elles
soient suffisamment fortes pour affronter la concurrence internationale.
=> List n’est donc pas contre le libre-échange mais il doit se faire « à armes égales ».
* Protéger les industries vieillissantes, menacées par des industries plus compétitives et plus modernes.
Protection le temps de la reconversion et du reclassement des employés. Objectif industriel et social pour amortir le choc.
Caractéristiques :
- mesures provisoires (ne dure pas dans le temps car il faudra par la suite être intégré au marché mondial au même titre
que les autres industries).
- mesure sélectives : ne concerne qu’une industrie particulière, ou qu’une branche.
- mesure limitées : la concurrence reste un aiguillon et il faut y confronter la jeune industrie.
Une bonne concurrence peut être stimulante ; trop de concurrence peut être destructrice.
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* La souveraineté nationale : protection de certains secteurs d’activité indispensables à l’indépendance
nationale (l’agriculture pour nourrir la population, l’armement pour la défendre, la production culturelle…).
Ex: l’UE, à l’instigation de la France, impose des quotas de films et de musiques européennes à la télévision et sur les ondes pour
préserver la culture des pays européens face à l’invasion des produits culturels américains.
Cela renvoie aux politiques commerciales stratégiques = ensemble de mesures prises par un Etat afin de développer certaines
activités jugées stratégiques cad dans des branches où les économies d’échelle sont importantes du fait de l’importance des
coûts fixes et des effets d’apprentissage.
Exemple : l’aéronautique
b) Les risques
Mesures de représailles commerciales/rétorsion
Le protectionnisme freine la croissance
* des effets négatifs sur la demande : atteinte à la compétitivité prix (car hausse des coûts de production) + diminution
de la variété offerte, au détriment du consommateur
* des effets négatifs sur l'offre :
- des PDEM : maintien artificiel d'emplois dans des secteurs obsolètes => risque pour la compétitivité structurelle à long terme
=> atteinte à la compétitivité hors prix (diminution de l'effort d'innovation)
- frein au décollage des pays émergents
Frein au développement => ex : échec des stratégies de développement autocentré (industrialisation par substitution
d'importations)
C/ La mondialisation se traduit par une internationalisation du processus de production
1/ Un acteur majeur : les FMN
Une firme multinationale ou transnationale est une firme qui possède au moins une unité de production à l’étranger et
produit grâce à elle hors de son territoire d’origine.
Dès lors qu’une société résidente dans un pays détient plus de 10% du capital dans une autre société résidente dans un autre
pays. La première est appelée société-mère, la seconde est considérée comme une filiale (dont le capital social est contrôlé par
une autre entité) ou société affiliée (entre 10 et 50% du capital social).
Une firme devient une FMN grâce aux IDE.
Les FMN ont un poids croissant dans l’économie mondiale.
Leur nombre a fortement augmenté, passant de 7 000 dans les années 1960 à 82 000 en 2008 et contrôlant 810 000
filiales à l’étranger (d'après la CNUCED).
La croissance du commerce mondial est portée par le commerce des filiales (commerce intra-firme).
Poids important : elles réalisent 33% du PIB mondial contre 17% dans les années 1960. Elles sont à l’origine des 2/3 du
commerce international dont 1/3 est un commerce entre les filiales des groupes.
Forte accélération des IDE depuis les années 1980
Jusque dans les années 60, dans la plupart des pays, l’entrée et la sortie de capitaux est fortement règlementée.
Dans les années 1970, puis dans les années 1980, on assiste à une déréglementation, une libéralisation des marchés financiers =>
règle des 3D d'H. BOURGUINAT => globalisation financière qui vise à la constitution d'un marché global des capitaux.
Conséquences :
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* forte croissance des IDE = « engagements de capitaux effectués en vue d'acquérir un intérêt durable, voire une prise
de contrôle, dans une entreprise exerçant ses activités à l'étranger » selon le FMI.
Il met en relation une maison mère et une entreprise investie.
* forte croissance des investissements de portefeuille : Si l'entreprise détient moins de 10 % du capital social d'une
autre entreprise, il s'agit d'un investissement de portefeuille ; sinon, c'est un IDE.
Remarque importante : IDE => logique industrielle de prise de production (intérêt durable dans une entreprise, long
terme) alors que investissements de portefeuille => logique de placement et de rentabilité (court terme, investissements
spéculatifs) => globalisation financière
3 formes s’offrent à une entreprise :
- elle peut créer une nouvelle unité de production (filiale) dans un autre pays (ex : Renault au Brésil ou à Tanger au
Maroc) => Investissement greenfied
- elle peut racheter au moins d'10% du capital social d'une unité de production déjà présente dans un autre pays
(ex : Renault a ainsi racheté le constructeur roumain Dacia pour produire la Logan)
- elle peut créer une filiale commune (joint venture) ce qui permet de profiter des ressources du partenaire (capitaux,
connaissance du marché etc.) et de limiter les risques (ex : Peugeot et Toyota en République tchèque, Peugeot et Mitsubishi en
Russie)
Intérêt d’une fusion acquisition par rapport à un IDE: permet de bénéficier des connaissances, de l’expérience, des relations
commerciales, des structures du partenaire avec lequel on s’associe.
2/ Les choix de localisation des entreprises répondent à différentes stratégies
d’internationalisation
Géographie des IDE :
- jusque dans les années 1990, majorité des IDE provenait des PDEM vers les PDEM
- à partir des années 1990, de plus en plus de FMN ont été implantées ddans les pays du sud-est asiatique et en Chine
- depuis les années 2000 et notamment depuis 2008, la domination des firmes originaires de pays développés est moins
exclusive.
Objectif majeur = recherche de compétitivité = capacité pour une entreprise à maintenir ou accroître ses parts de marché
aussi bien sur le marché intérieur qu'extérieur.
2 types de compétitivité :
a) Des stratégies reposant sur la compétitivité-prix
La COMPETITIVITE PRIX consiste à réduire le coût de production pour réduire le prix de vente et accroître les parts de
marché.
C’est donc la capacité à proposer des produits à des prix inférieurs à ceux de ses concurrents pour une qualité donnée sur les
marchés domestiques et étrangers.
Profiter des différents avantages comparatifs des pays : la division internationale du processus de production.
Les FTN jouent donc un rôle décisif dans la DIT : par leurs choix de localisation, elles modèlent la spécialisation dans
différentes zones en fonction des avantages comparatifs de chacune => source de compétitivité.
Les FTN cherchent dont à profiter de ces avantages et plutôt que de réaliser elles-mêmes toutes les étapes de la production
dans un même pays, les entreprises préfèrent les localiser sur des territoires différents : cela correspond à la DIPP (division
internationale des processus productifs) (D. Cohen emploie même l’expression de "désintégration verticale" dans Trois leçons
sur la société post-industrielle, 2007) = éclatement géographique de la production entre différents territoires en fonction des
avantages comparatifs de chacun.
L’exemple le plus connu de ce phénomène est la poupée Barbie, dont la conception et les moules sont effectués aux
Etats-Unis, dont les cheveux et le plastique sont produits à Taiwan et au Japon (et maintenant en Indonésie et en Chine), et
dont la peinture finale est réalisée aux USA.
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Conséquence : Se développe un commerce intra-firme (commerce captif) fondé sur les prix de cession du commerce intra-
firme et l’optimisation fiscale.
Les prix de cession sont des prix « hors marché ».
Ils sont fixés par la direction de la FMN qui coordonne les activités. Il ne reflète pas le rapport entre l’offre et la demande, la
rareté du bien ou sa valeur… Il n’y a pas de concurrence…Le commerce intra-firme est organisé par ces prix de cession.
Les FMN ont des stratégies d’optimisation fiscale : les filiales implantées dans les zones à faible pression fiscale font
les bénéfices élevés alors que les FMN dans les zones où l’impôt est élevé ne font pas de bénéfices. Les prix de cession interne à
la FMN permettent de déplacer les bénéfices d’une filiale à l’autre.
Externaliser ou délocaliser pour baisser son coût de production
L’externalisation
Externaliser : faire faire une partie de sa production qui était réalisée par ses propres salariés, par une autre entreprise,
appelée sous-traitant. Les sous-traitants peuvent être nationaux ou étrangers.
Exemple :
La délocalisation :
Les firmes peuvent réaliser des IDE verticaux, dits de délocalisation, lorsqu’elles s’efforcent d’alléger leurs coûts grâce à
une DIPP.
=> Sens strict : une délocalisation est réalisée lorsqu’une firme ferme l’une de ses unités de production sur le sol
national pour en ouvrir une équivalente à l’étranger et importer ensuite cette production (ex : Renault : fermeture de V ilvorde et
ouverture au Brésil).
=> Sens large :
- concerne l’ouverture d’unités de production nouvelles à l’étranger
- de même, on emploie aussi parfois le terme de délocalisation au sens large lorsqu’une firme décide de stopper
son activité sur le sol national pour sous-traiter à une entreprise étrangère ne lui appartenant pas la production en question.
Avantage de la délocalisation Limites de la délocalisation
- Le sous-traitant est un spécialiste. Il produit pour plusieurs
autres entreprises
A ce titre il a une échelle de production plus
importante pour la production considérée. Il bénéficie
d’économies d’échelle.
Il maîtrise également mieux la technologie
nécessaire et investit pus dans l’innovation.
- La main d’œuvre peut être moins chère, ou plus compétente…
- Organisation plus flexible qui fait supporter le risque de
ralentissement de l’activité aux sous-traitants.
- L’entreprise donneuse d’ordre ne maîtrise pas
parfaitement la qualité de la production, ni les délais.
Remarque : les délocalisations ne sont pas que destructrices d’emplois, elles en créent aussi (effets directs et indirects)
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Donc, la délocalisation est décidée en général pour profiter de coûts de production plus faibles et ainsi améliorer la
compétitivité prix. C’est le cas des délocalisations vers les PED.
Mais il ne faut pas limiter l’analyse au simple coût de la main d’œuvre ; la productivité est également un élément
important du calcul. Si la main d’œuvre est plus chère, mais aussi plus productive, il n’est pas certain que l’entreprise ait intérêt
à délocaliser. C’est en fait la main d’œuvre peu qualifiée des pays riches qui est en concurrence avec la main d’œuvre des PED. On
doit garder à l’esprit que les pays développés attirent une grande partie des IDE de part leurs avantages : main d’œuvre
qualifiée et productive, consommation et niveau de vie élevé qui offrent des débouchés aux entreprises…
Retenons : La recherche de compétitivité prix dépend de 3 facteurs :
* des coûts de production : coûts salariaux, prix des consommations intermédiaires, de la productivité, des économies
d'échelle, facteurs liés au contexte économique et social (pression fiscale etc.)
* du comportement de marge des entreprises
* du taux de change de la monnaie nationale cf II.
Taux de change = prix auquel s'échangent les monnaies nationales sur le marché des changes ( ex : au 14/04/11, 1 € = 1,49$)
b) Des stratégies reposant sur la compétitivité hors prix
Compétitivité hors-prix (ou structurelle) = capacité à imposer ses produits indépendamment de leur prix : qualité, services
accompagnant le produit, capacité de s'adapter à la demande diversifiée par rapport aux goûts ou aux revenus.
Elle dépend notamment de :
* l'organisation du travail et de la production
* l'innovation et investissement matériel
* l'investissement immatériel (conception des produits, formation, commercialisation etc.)
S’implanter sur un marché pour mieux suivre l’évolution des goûts des consommateurs et de conquérir des marchés
locaux (il n’y a pas délocalisation ici)
Exemple : Carrefour en Chine, Zara Doc
Chercher à se différencier de la concurrence
Mécanisme : L’entreprise produit le même type de produit que ces concurrents mais cherche à se distinguer par des petites
différences : qualité, innovation, marketing, publicité et image de marque, SAV.
Conséquence : le choix des consommateurs est considérablement accru
On parle de concurrence monopolistique : en se distinguant des autres entreprises, on peut considérer que chacune d’elles est
seule à produire ce bien qui a ses caractéristiques propres. L’entreprise est donc en situation de monopole ; mais la concurrence
s’exerce néanmoins avec les autres entreprises…
Cela remet en cause l’hypothèse d’homogénéité des produits.
Cela renforce le commerce intrabranche.
La différenciation des produits permet à l'entreprise d'apparaître comme la seule fabriquant ce produit => monopole
temporaire, (limité à un produit très précis et sur une période probablement courte) => profits substantiels.
Donc, les FMN s’implantent aussi là où elles obtiennent des débouchés, une main d’œuvre aux compétences diversifiées, des
infrastructures de transport et de communication efficaces.
Schéma de synthèse :
3/ Cette internationalisation a des conséquences complexes sur les pays d’accueil
Compétitivité
Prix Baisse du coût de
production
Adaptation à la demande
Différenciation de la production :
innovation, qualité
Délocalisation ou externalisation
DIPP
Satisfaire la demande Hors prix
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a) Elle suscite des rivalités entre acteurs
Le libre-échange est source de concurrence au niveau international, qui implique des rivalités entre firmes pour capter des
parts de marché.
Mais la multinationalisation implique aussi des rivalités Etats / firmes, car leurs intérêts ne sont pas les mêmes : les Etats
doivent répondre aux besoins de leur population, alors que les firmes cherchent à maximiser leur profit. Ces intérêts peuvent
être contradictoires (cf licenciements boursiers).
La multinationalisation des firmes => mise en concurrence des Etats pour attirer des capitaux étrangers et renforcer la
compétitivité des pays.
La sélectivité des FTN dans leur choix de localisation comporte donc le risque d’un moins-disant socio-fiscal : chaque pays
pour attirer les FTN abaisse ses prélèvements fiscaux et sociaux au détriment des recettes pour le budget de l’Etat.
Différentes stratégies sont alors possibles :
Réduire le coût salarial
Conséquence : «dumping social » = action d’une entreprise visant par la localisation sur le territoire étranger, à tirer avantage
de différences de réglementations sociales et de coût du travail pour réduire les coûts de production.
Pour moi : Seul l’établissement de normes sociales à l'échelle mondiale pourrait endiguer ce phénomène, même si une telle
approche peut être critiquée :
- imposer de telles normes aux pays les moins développés risquerait de réduire leur compétitivité, et donc de les
empêcher de se développer ; rendre les salariés plus productifs.
- la protection sociale serait une conséquence de l’enrichissement et du développement de non leur origine.
Réduire la fiscalité => dumping fiscal
Augmenter la qualification de la main d’œuvre => investir dans le capital humain
Améliorer la qualité des infrastructures (réseaux de transports, réseau de télécommunications, dépenses en R et D
pour avoir des technologies innovantes par des investissements publics).
Remarque pour moi : problème du « dumping environnemental » => pollution à l'échelle de la planète sans normes
environnementales.
Explication : pour réduire leurs coûts de production, les firmes pourraient choisir de localiser leur production dans les pays
ayant les normes environnementales les moins contraignantes => tous les pays seraient tentés d'abaisser leurs normes pour
rester attractifs.
=> Un tel dumping peut être évité en imposant des normes environnementales à l'échelle mondiale ou par l'action des ONG (rôle
d'information).
Les changements de pratiques des FTN peuvent ainsi avoir un impact positif sur les autres entreprises des pays en
développement dans lesquelles elles sont implantées.
b) Des effets sur la croissance et le développement
Les effets positifs sur la croissance et le développement Les effets négatifs sur la croissance et le
développement
- IDE = apport de capital qui peut pallier l’insuffisance de
l’épargne nationale
- Transferts technologiques grâce aux IDE et formation de
la main d’œuvre.
- Création d’emplois par le développement d’entreprises.
CSQ : Hausse de revenus et de la consommation =>
croissance
- Effet d’encouragement : concurrence stimulée.
- Effet d’agglomération : externalité positive.
- Recettes fiscales supplémentaires favorisant le
financement d’infrastructures…
- Incertitudes sur les effets à long terme
- Emplois créés sont souvent peu qualifiés, flexibles, mal
payés
- Effet de concurrence : Les FMN concurrencent les
entreprises locales et risque de faillite et de pertes
d’emplois.
- Hausse des inégalités et moins de cohésion sociale
(tensions sociales et insécurité).
- Mise en concurrence des PED pour attirer les FMN ;
concurrence fiscale ou environnementale (prime au moins
disant).
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