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« FAIRE DE L’EXPERIENCE UN SAVOIR DE REFERENCE,
TRANSMISSIBLE »
RAPPORT DE CAPITALISATION CPA
Octobre 2012 – décembre 2014 (version janvier 15, non achevée)
Ce rapport est dédié à Marie-‐Claire Tabin. Elle en a été l’inspiratrice, l’accompagnatrice, la relectrice,
mais elle ne verra pas la version finale. Que ses intuitions et vœux soient respectés dans ce document. MTS
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TABLE DES MATIERES
Chapitre 1 . Introduction au rapport de capitalisation ............................ 4 1.1. Une démarche de travail sur deux années .............................. 4 1.2. Structure du rapport de capitalisation ........................................ 5 1.3. Des bases de données à intégrer ................................................ 5 1.4. Lexique -‐ Liste des initiales, abréviations et vocabulaire spécifique CPA ................................................................................... 7
Chapitre 2 -‐ Présentation globale de la capitalisation ........................... 11 2.1. Au départ, les réflexions du Conseil de Fondation CPA ............ 11 2.2. Chronogramme de la capitalisation (par étapes et par périodes) ......................................................................................................... 12 2.3. Les travaux réalisés et les résultats obtenus ............................. 13
Chapitre 3 -‐ Analyse du processus de capitalisation par étape .............. 17 3.1. Réalisations en Suisse et/ou par les Suisses .............................. 17
3.1.1. Les prémices de la capitalisation (2012 T2, T3 et T4) ................. 17 3.1.2. Ressources internes CPA en lien avec le processus de capitalisation ........................................................................................ 20 3.1.3. De la conception à la mise en place de la capitalisation ............ 24 Commentaire – De la conception à la mise en place ............................ 27
3.2. Réalisations avec les Africains et/ou en Afrique ....................... 29 3.2.1. Recueil des pratiques .................................................................. 29 3.2.2. SEM13 – Séminaire des formateurs au Togo .............................. 30 3.2.3. Commentaires – Recueil des pratiques et SEM13 ....................... 31
3.3. Evaluation intermédiaire année 2013 ....................................... 32 3.3.1. Engagement et évolution des volontaires .................................. 32 3.3.2. Atouts et questionnements relatifs à la coopération Afrique-‐Suisse .................................................................................................... 33 A. Collaboration – coopération bilatérale entre Suisse et Afrique ........ 34 B. Appartenance à CPA – une culture commune .................................. 35 C. Relève des cadres – passage de témoin et partage du pouvoir ........ 37
Chapitre 4 – Systématisation des acquis de SEM13 : pistes d’actions et stages 2014 .......................................................................................... 39
4.1. Suivi SEM13 : 14 pistes d’action ................................................ 39 Commentaires – Vers l’harmonisation des activités CPA .................... 40
4.2. Mallette pédagogique : conception de 7 cahiers ...................... 41 4.3. Stages d’été 2014 ...................................................................... 43
4.3.1. Mise en place des stages ............................................................ 43 4.3.2. Evaluation des stages 2014 ........................................................ 44
4.4. Estimation du temps de travail CPA en 2014 ............................ 48
Chapitre 5 – Productions issues de la capitalisation .............................. 50 5.1. Documents internes de travail et de formation ........................ 50 5.2. Documents diffusés / publics ................................................... 53
Chapitre 6. Systématisation des acquis et projections d’avenir au niveau institutionnel ....................................................................................... 55
6.1. Une « organisation apprenante »: combiner le processus formatif et le processus de capitalisation ........................................ 55 6.2. Une vision commune : homogénéiser les objectifs et les structures de travail ......................................................................... 57
6.2.1. La chaîne éducative .................................................................... 57 De la base au sommet, une représentation de la chaîne éducative intégrale nous amène à réfléchir aux tâches et spécificités de chacun des maillons de la chaîne. ..................................................................... 57 6.2.2. Les constantes de CPA ................................................................ 58 6.2.3. Les nouveautés CPA dès 2014 .................................................... 58 6.2.4. Les aménagements à prévoir à court terme ............................... 59
6.3. S’enrichir des échanges interculturels et améliorer la communication bi-‐ et multilatérale ................................................. 61 6.4. Favoriser la relève et développer l’autonomie des cadres ....... 63
6.4.1. En Afrique ................................................................................... 63 6.5. Bousculer les relations de genre traditionnelles et favoriser l’émergence de cadres femmes ....................................................... 64 6.6. Consolider et diversifier le statut des volontaires .................... 65
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7. Questionnements et perspectives sur les stratégies pédagogiques de CPA ...................................................................................................... 67
7.1. L’apprenant au centre de son apprentissage ............................ 67 7.2. La différenciation des cadres pédagogiques ............................. 68
7.2.1. Trois niveaux ............................................................................... 68 7.2.2. Tableau comparatif .................................................................... 69 7.2.3. Faut-‐il différencier formation des formateurs d’enseignants et formation d’adultes (FFE et FFA) ? ....................................................... 72
7.3. La participation active comme modalité pédagogique ............. 72 7.4. Priorité à la formation des formateurs : garantir une stratégie multiplicatrice .................................................................................. 74 7.5. Concevoir et animer une formation d’adultes participative ..... 75
7.5.1. Une formation d’adultes participative et impliquante : l’exemple de SEM13 .............................................................................................. 75
7.6. Développer une formation réflexive à tous les niveaux ........... 77 7.6.1. Une relation dialectique entre pratique et théorie : apprendre de l’expérience .......................................................................................... 77 7.6.2. La boucle de l’apprentissage réflexif .......................................... 78 7.6.3. Apprivoiser une pratique réflexive : concentration, un travail exigeant, du temps ............................................................................... 79
7.7. Développer la P.A.P. en pratique .............................................. 79 7.8. Se positionner à l’égard de diverses approches pédagogiques 82
8. CONCLUSIONS – Bouclons la boucle de la capitalisation 82
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Chapitre 1. Introduction au rapport de capitalisation
1.1. Une démarche de travail sur deux années Le bateau de la capitalisation a navigué à fière allure au cours de 2 années (2013-‐2014). Pour la Fondation CPA, c’est une étape de vie entre passé et avenir. La pratique dans les stages CPA des dernières années est le matériau de travail, la pratique à venir est l’objectif visé. En bref, le concept a mis le cap fin 2012 puis a progressé avec satisfaction : à la fois objectifs atteints, délais respectés, collaboration avec divers acteurs acquise. La dynamique coopérative et constructive a conduit à augmenter les ambitions des partenaires CPA, à qualifier les acteurs de terrain, à produire des documents de référence et de réflexion, à publier des supports pédagogiques. Elle a exigé beaucoup de tous les acteurs : les instances de CPA, les formateurs africains et les volontaires suisses. Elle ouvre sur une double perspective : d’une part, l’harmonisation des pratiques de formation CPA depuis les enseignants stagiaires jusqu’aux formateurs certifiés, et de l’autre, l’encouragement des partenaires africains à développer des initiatives autonomes et novatrices. Le mandat de capitalisation a lui-‐même gonflé ses voiles, intégrant au passage de nouvelles tâches. Le délai de clôture a été déplacé de juin à fin 2014, les conclusions du présent rapport tiennent donc
compte des résultats atteints dans les stages 2014 (1er stage du cycle triennal 2014-‐16). Arrivé à son terme, le processus de capitalisation suppose un rapport détaillé afin de passer à la phase suivante : maîtriser la voilure de CPA, ancrer sur le terrain africain les résultats atteints et initier de nouvelles perspectives de coopération pédagogique en Afrique. Lors de la décision du Conseil de Fondation d’entamer le processus de capitalisation fin 2012, l’objet a été formulé ainsi : La capitalisation CPA concerne les activités de formation conduites par CPA en Afrique dans le cadre de la coopération pédagogique : -‐ analyse des pratiques -‐ nouveaux acquis et apprentissages pour les diverses parties -‐ projections d’avenir Son but est de « Faire de l’expérience un savoir de référence », c’est-‐à-‐dire constituer une mémoire commune des pratiques passées et présentes pour alimenter les futures activités de coopération entre les acteurs africains et suisses. La période concernée par la capitalisation couvre 2013 et s’étend jusqu’aux préparatifs des stages d’été 2014.
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1.2. Structure du rapport de capitalisation
1. Le présent texte couvre l’ensemble du processus de capitalisation. Il se découpe en 7 chapitres et se réfère à divers autres documents (chap 1).
2. Il présente la situation de départ, la structure et le déroulement global sur 2 années (chap.2) 3. Il pose au fil des étapes de travail les atouts observés dans les relations CPA Afrique-‐Suisse et les réflexions générées (chap. 3) 4. Il analyse les pratiques (séminaire SEM13) et relève des questionnements (chapitre 4). L’analyse est construite sous forme de tableaux
avec les réflexions formulées à chaque étape. 5. Il intègre les réalisations issues de SEM13 et les stages 2014, à savoir les supports pédagogiques (chap 4) 6. Il répertorie les documents écrits et photos produits au cours de cette période, à usage interne ou public (chapitre 5) 7. Il questionne l’ensemble du processus et relève les perspectives pour la poursuite des activités CPA (aux niveaux institutionnel chap. 6 et
pédagogique chap.7) 8. Il évalue les modalités de conduite d’une capitalisation participative et son impact sur la conduite des travaux CPA (chap. 8)
Il est rédigé par la coordinatrice de la capitalisation Marie-‐Thé Sautebin (MTS), un point de vue interne au processus et à CPA, sous un angle plutôt pédagogique qu’organisationnel, en collaboration avec la Présidente de CPA, Marie-‐Claire Tabin (MCT). Il s’adresse aux acteurs de CPA (Conseil de Fondation, formateurs africains et volontaires suisses), aux partenaires institutionnels, aux bailleurs de fonds. Une version résumée (PPT) a été présentée au Conseil de fondation (13.12.14) et aux volontaires (24.1.15). Elle est à disposition.
1.3. Des bases de données à intégrer Le processus de capitalisation s’étend de la conception (automne 2012) à la rédaction de ce rapport final (fin 2014), incluant à la fois le travail spécifique de capitalisation et les activités courantes de CPA pendant toute cette période. Divers documents constituent une base d’information, leurs contenus sont considérés inclus, sans être intégrés directement à ce rapport final pour éviter la surcharge.
• Plaquette présentation CPA (version 2014) + site www.fondationcpa.ch
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o Pour la connaissance générale de la Fondation, ses instances, ses activités en Afrique, ainsi que l’état de la situation scolaire dans les pays d’intervention.
o Documents à usage public large. à Annexe xx
• Rapports d’activités (Année 2013 et Année 2014) o Ces rapports d’activités développent toutes les étapes de la capitalisation, les objectifs visés et les résultats atteints à
chaque étape. Ils introduisent une ébauche d’analyse. o Documents diffusés auprès des partenaires, des formateurs africains et suisses, des bailleurs de fonds et de totue personne
intéressées aux activités CPA. à Annexe xx et yy
• Synthèse des recueils de pratiques CPA en Afrique o Documents internes conçus pour appréhender les réalités locales à travers une lecture croisée et résumée des stages sur
les 4 sites au cours des années 2008-‐2012 o Base de travail du séminaire SEM13
à Annexes xx zz • Mallette pédagogique
o Sept cahiers thématiques rédigés à l’attention des formateurs africains et suisses ainsi que des partenaires, avec objectifs à la fois organisationnels et pédagogiques
à Annexes xxxx S’y référer permet la compréhension des éléments d’analyse qui suivent. Les documents CPA cités tout au long du rapport sont repris au chapitre 5 – Productions – et la numérotation des annexes y figure, donc se référer à ce chapitre pour tout document interne ou public CPA. Notes de rédaction : -‐ les personnes, femmes et hommes, sont inclus dans le masculin pluriel, malgré une majorité de femmes dans de nombreuses situations ; -‐ les personnes citées dans leurs fonctions ou rôle le sont la première fois avec leurs prénom et nom entiers, puis par les initiales (en rouge) ; -‐ une liste des initiales, abréviations et vocabulaire spécifique figure ci-‐après.
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1.4. Lexique -‐ Liste des initiales, abréviations et vocabulaire spécifique CPA
ABo
DR
FF
JC
JCo
JS
KB
KV
MCT
MTS
NP
PERSONNES CITEES et fonctions
ABo -‐ Alain Bonvin, membre du Conseil de Fondation, volontaire depuis
DR -‐ Damaris Rentmeister, volontaire depuis 2013, responsable de la maquette des cahiers pédagogiques
FF -‐ Fredy Franzoni, volontaire depuis 2013, membre du Conseil exécutif
JC -‐ John Christin, Trésorier de CPA, membre du Conseil exécutif et volontaire depuis 2011
JCo – Juliane Corboz, volontaire sur 3 décennies jusqu’en 2013, Présidente de 19.. à 20..
JS -‐ Josy Stolz, membre du Conseil de Fondation et Conseil exécutif, Vice-‐Présidente, anciennement volontaire
KB -‐ Kathy Balet – volontaire depuis 2012, relectrice des cahiers
KV -‐ Katia Vanderlinden, volontaire depuis 2013, relectrice des cahiers
MCT -‐ Marie-‐Claire Tabin, membre du Conseil de Fondation et du Conseil exécutif, Présidente depuis 20..
MTS – Marie-‐Thérèse Sautebin, volontaire depuis 2012, membre du Conseil exécutif, coordinatrice de la capitalisation
NP -‐ Nicole Pattaroni, volontaire de 2010 à 2014, relectrice des cahiers
A Accompagnement Activité d’un formateur comme référent de formation d’un stagiaire ou d’un futur formateur
Andragogie Pédagogie en formation entre adultes
Apprendre tout au long de la vie
Concept de formation permanente à tous les âges de la vie, dans tous les domaines (Long Life Learning)
B Bilan de compétences Méthodologie spécifique permettant d’identifier les ressources et compétences à partir de l’analyse de pratique
C Carnet de bord Document où recueillir des notes personnelles concernant la formation en cours, les questions et découvertes, les idées
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d’application
CE Comité Exécutif CPA
Certification Procédure officielle de clôture d’une formation conduisant à un certificat au terme de laquelle le formateur est certifié CPA (Fo)
CF Conseil de Fondation CPA
Compeda Commission Pédagogique, en Afrique, responsable de l’organisation générale des stages CPA et de leur suivi
Coordinateur Personne responsable de la coordination des stages en Afrique, engagée à l’année par CPA
CPA Coopération Pédagogique en Afrique
CPAE Concevoir, Préparer, Animer, Evaluer : concept de planification d’un cours, d’une animation
D Directeur de stage Personne responsable de l’organisation d’un stage CPA en Afrique
E Enseignant-‐formateur Enseignant suisse qui co-‐anime un stage de formation en été, en Afrique, en tant que volontaire bénévole
Enseignant-‐stagiaire Enseignant africain inscrit à la formation continue CPA pour 3 ans en tant que stagiaire
Entretien formatif Echange structuré entre un formateur référent et un futur formateur en vue d’accompagner le processus de formation de ce dernier
F Fo -‐ FoA Enseignant Formateur africain certifié CPA
FoS Enseignant-‐formateur suisse
FuFo Futur formateur africain
H Histoire de vie Méthodologie spécifique permettant de reconstruire les jalons de l’histoire personnelle dans tous les domaines de la vie
M Mallette Pédagogique CPA
Ensemble de documents pédagogiques réunis à l’intention des formateurs sous forme de cahiers indépendants – Document de travail commun aux divers sites, aux Africains et Suisses
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Matériel didactique Outils et matériel de travail utiles pour l’animation d’une leçon, d’une session de formation
Méthodologie Manière de faire, ensemble de procédés et techniques propres à un domaine
P PAP Pédagogie Active et Participative – Voir Manuel PAP (2013, Congo RDC)
Partenaire Organisation, institution requérant ou offrant une formation selon contrat de partenariat avec CPA
Perdiem Dédommagement accordé aux personnes en formation ou aux formateurs pendant la durée du stage
R Référent Personne ayant la charge d’accompagner, superviser, conseiller un enseignant stagiaire ou un futur formateur
Référentiel de compétences
Document rassemblant la palette des compétences visées par la formation CPA, d’une part pour les enseignants et l’autre pour les formateurs
Réflexivité Capacité d’analyser sa pratique et de la soumettre à un questionnement (pratiques réflexives)
S SELT Syndicat des Enseignants Laïcs du Togo
SEM13 Séminaire 2013 CPA. Forme d’organisation exceptionnelle pour une rencontre de formateurs en Afrique (délégations Mali, Togo, Congo RDC et Suisse)
Site de formation Unité géographique où se déroule un stage CPA
SNEC Syndicat National de l’Enseignement et de la Culture au Mali
Stage
Volontaire
Période de formation continue pour les stagiaires en été
Enseignant suisse qui part en Afrique volontairement et bénévolement
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Chapitre 2 -‐ Présentation globale de la capitalisation CPA vise la formation continue des enseignants, par la pratique et l’échange de pratique entre les enseignants africains et les enseignants volontaires suisses. De la conception à l’évaluation, le processus de capitalisation avait été programmé de l’automne 2012 à l’été 2014, soit au total 7 trimestres. Il a traversé diverses étapes, en Suisse et en Afrique, constituant une période exceptionnelle dans la vie de CPA, dans la mesure où il n’y a pas eu de stages locaux en été 2013, mais un séminaire réunissant les formateurs des divers sites CPA. Remarque : Les stages 2014 et leurs suites (T3 et T4) n’étaient pas inclus dans le mandat de capitalisation, bien qu’ils en constituaient l’aboutissement. La rédaction d’une mallette pédagogique (printemps 2014) s’est intercalée, sans faire partie non plus du mandat officiel. Ce travail supplémentaire explique le report de la rédaction de ce rapport final de mai-‐juin à début 2015. Il en résulte que les stages 2014 et les premières leçons tirées sont désormais inclus dans le rapport car une rédaction fin 2014 ne peut artificiellement taire la réalité vécue autour des stages. Le rapport de capitalisation et donc les chapitres qui suivent intègrent toutes les activités conduites au cours des deux années 2013 et 2014, vu l’interdépendance entre le processus de capitalisation, la conduite des stages 2014 et les perspectives déduites de ces deux années d’intense travail.
2.1. Au départ, les réflexions du Conseil de Fondation CPA En Afrique, CPA bénéficie d’une solide expérience et d’une collaboration « historique » en matière de conduite des stages depuis 1965 avec divers partenaires dans plusieurs pays francophones, actuellement Mali, Togo et Congo RDC. Chaque été, des délégations de volontaires suisses se succèdent avec enthousiasme, développent des activités novatrices, établissent des rapports de stages où les stagiaires et les formateurs locaux font état de leur reconnaissance et de leur satisfactions. En bref, le travail roule, les expériences du passé servent de socle tant pour le travail des partenaires locaux que pour les volontaires. De part et d’autre, les parties poursuivent leur coopération en centrant les activités sur la formation des stagiaires enseignants en vue d’améliorer la qualité de l’enseignement dans les zones d’intervention. Dès 2010, le Conseil de fondation (CF) a entrepris diverses démarches1 en vue d’améliorer la collaboration entre la Suisse et les partenaires africains, en particulier il a adressé divers appels en faveur d’un renouvellement des cadres africains. Ces interventions n’ont suscité que peu de réactions. En outre, lors des évaluations, la DDC est intervenue auprès de CPA (comme de ses autres partenaires subventionnés) en demandant qu’une étude approfondie soit conduite pour mieux documenter et étayer les demandes de fonds. Auparavant, dans un rapport d’évaluation datant de 2001 Rosemarie 1 Message du Conseil de fondation à ses partenaires responsables des stages de formation au Mali, en RDC, au Togo (29.2.2012)
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Lausselet 2 recommandait déjà de procéder à une « capitalisation des activités ». De son côté, Daniel Moser, l’un des volontaires au Mali, établissait un rapport d’enquête3 sur les effets des stages et concluait avec la recommandation de mieux assurer le suivi des stages de formation et de mieux évaluer leur impact. Au terme de 40 années d’activités, entrecoupées d’étapes de réflexion, le Conseil de fondation adopte de nouveaux objectifs stratégiques pour 2011-‐2014. Le CF s’oriente vers une étape de réflexion dans ses activités et décide en 2012 d’entamer un processus de capitalisation. Pour ce faire, il choisit de confier un mandat de réflexion à une personne externe à CPA 5 afin de réaliser une « capitalisation des pratiques CPA ». Les buts visés :
• mieux étayer la pédagogie CPA • répondre aux injonctions de la DDC pour démontrer la plus-‐value des stages CPA • documenter les impacts de ses interventions • récolter les fruits d’années d’engagement CPA en Afrique • développer une culture commune entre les divers acteurs • construire une mémoire collective • faciliter le passage de témoin (renouvellement de l’encadrement en Afrique et en Suisse)
Une Fondation comme CPA, vivant exclusivement du travail et de l’engagement bénévoles de ses membres et de ses instances, sans aucun poste professionnel, est soumis à rude épreuve pour prendre une telle décision. C’est donc une étape qualitative importante que franchit CPA en entamant ce processus.
2.2. Chronogramme de la capitalisation (par étapes et par périodes) Le chronogramme ci-‐dessous présente les cinq étapes de travail et leur planification dans le temps, par année et par trimestre (T), tel que planifié fin 2012. Les acteurs principaux sont le Conseil de Fondation (CF), le Comité Exécutif (CE) et la coordinatrice (MTS).
Chronogramme de la capitalisation 2012 2013 2014 2 Rapport d’évaluation externe du programme CPA, Rosemarie Lausselet, 2001, sur mandat de la DDC 3 Rapport Moser Daniel& Moser Anne-‐Séline , 2010 4 Evaluation interne – Pistes d’action – Objectifs stratégiques 2011-‐2012 (adopté par le CF 21.5.2011) et Principes financiers pour partenaires 5 Procès-‐verbal du Comité de Fondation du ….2012
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par étape T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4
1. CONCEPTION • De l’idée à la mise en place
CE -‐ CF MTS
2. RECUEIL DES PRATIQUES • Recueillir les données • Analyser les données
CE CE + MTS Autres acteurs sollicités
3. SEMINAIRE DES FORMATEURS – SEM 13 • Organiser le séminaire (invitations, objectifs,
programme) • Impliquer les volontaires • Conduire le séminaire
CF CE MTS
+ CE + MTS + Vol
Togo Forma-‐teurs A + S
4. PISTES D’AVENIR • Evaluer SEM13 • Elaborer les pistes d’action • Organiser les stages 14
Pistes Préparation stages x 4 sites/4 équipes locales
Stages été 2014
Evaluation effets
5. PRODUCTIONS • Suivi SEM13 -‐ Pistes d’action • Mallette pédagogique (7 cahiers) • Rapports d’activités CPA 2013 et 2014 (RA) • Rapport final de capitalisation
Rapport final (prévu) Mallette pédagogique RA 2013
RA 2014 Rapport final
2.3. Les travaux réalisés et les résultats obtenus Dans ce tableau, les 5 étapes sont résumées en termes de ressources mobilisées au niveau humain et matériel au cours des deux années (colonne centrale). Puis dans la colonne de droite, la situation atteinte fin 2014 est brièvement résumée.
Réalisations de la capitalisation par étape
Les travaux de capitalisation résumés en ressources humaines et matérielles
mobilisées
(Période octobre 2012-‐ fin 2014)
La Fondation CPA globalement
(Situation atteinte fin 2014 ou ressources à disposition)
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1. CONCEPTION
• Situation de départ • Mandat • De l’idée à la mise
en place Fin 2012
• 1 Comité stratégique CS (devenu Comité exécutif CE) o Séances régulières avec 5 membres
(présidente + membre CF + trésorier + volontaire formateur d’adulte + coordinatrice)
o documentation de travail : OJ, PV, documents de réflexion
• 1 coordinatrice engagée pour une période de 6
trimestres (prolongation 8 trimestres)
• Toute la documentation de capitalisation pour chaque étape à partir de la conception
Un passé riche à constitution d’une mémoire commune • sur une expérience accumulée sur bientôt 50
années (depuis 1965) – période d’analyse 2008-‐2012
• par des dizaines de volontaires mobilisés chaque années, soit un total de plusieurs centaines
• en Afrique francophone : Congo RDC, Togo, Mali, Bénin
Actuellement, CPA dispose des ressources suivantes :
• Le Conseil de Fondation CF • Le Comité exécutif CE • Une quinzaine de volontaires • Un trésorier • Des contrats ponctuels de service civil
2. RECUEIL DES PRATIQUES
• Recueillir les
données • Analyser les
données 2013 Trimestre 1
• Conception du recueil des données et des outils d’analyse
• Constitution de 4 recueils de données sur les pratiques des 4 sites (en moyenne 4 x 15-‐20 pages) en lien avec les 4 partenaires respectifs :
o Mali : syndicat SNEC o Togo : Syndicat SELT o Congo RDC – Kinshasa : CREP-‐Emergence o Congo RDC – Kikwit : Ecole NSEMO
• Nombreux échanges en Suisse et à distance (consultation de documents, entretiens, questionnaire/réponses) entre Suisse et les 4 sites africains
• Rédaction d’une synthèse des pratiques • Diverses fiches-‐synthèses sur des pratiques de terrain
Pratiques et activités CPA en Afrique dès 2014 • Réparties sur 3 pays : Togo, Mali, Congo RDC
Kinshasa et Kikwit (stages dédoublés donc 7 sites en été 2014)
• Centrées sur des stages annuels de 3-‐4 semaines en juillet de formation continue pour enseignants (stagiaires CPA)
• Conduits en lien avec les instances du lieu (écoles, syndicats, ministères)
• Disposant d’un potentiel d’environ 110-‐120 formateurs FoA : 30 au Mali, au Togo et au Congo Kinshasa, et 15 à Kikwit – Congo RDC
• Une trentaine de nouveaux futurs formateurs FuFo en cours de formation au Mali
• Mobilisant un total de 600-‐800 stagiaires par année sur les 4 sites :
o enseignants de la maternelle et du primaire (Degrés Elémentaire, Moyen, Supérieur)
o directeurs d’écoles o inspecteurs
• Avec engagement à parité femmes-‐hommes
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parmi les formateurs : atteinte au Congo, Togo ?
3. SEMINAIRE DES FORMATEURS – SEM 13
• Organiser le
séminaire • Impliquer les
volontaires • Conduire le
séminaire 2013 Préparation Trimestre 1 Réalisation juillet
• 3 journées de formation des volontaires (2 avant et 1 après SEM13), intégrant aussi les membres du CF (soit environ 20 personnes)
• Documentation de formation + procès-‐verbaux détaillés
• 1 séminaire tenu à Kpalimé, Togo o 14 jours de séminaire sur 2 semaines et
demie avec 53 participants o 4 jours de travail avec l’équipe d’animation
(3 de préparation + 1 d’évaluation) o 39 participants africains venant de 4
délégations (Mali, Togo et Congo RDC Kinshasa et Kikwit)
o 13 volontaires suisses engagés pour 2 années consécutives (2013 + 14)
o 1 équipe de co-‐animation (4 Africains + 4 Suisses)
o 1 équipe locale d’intendance au Togo o 1 budget et une comptabilité gérée par le
trésorier CPA • Tous les supports de cours réunis en fin de séminaire
sur un fichier informatique à disposition de tous les participants et du CF
• 1 fichier photos + 1 bande son + prises d’images vidéo
Moyens à disposition pour SEM13 • Organisation et préparation (avant) • Logistique (Kpalimé, TOGO) : accueil, hébergement,
restauration, salles de travail, déplacement • Documentation préparatoire • Documentation résultats • Conception et utilisation de la fiche CPAE (travail
produit en parallèle par MCT-‐PC) Ressources humaines mobilisées et développées par SEM13
• Engagement des instances CPA • Collaboration au sein d’une équipe d’animation
FoA + FoS • Renforcement des équipes locales des 4 sites
africains (coordinateur, trésorier, formateurs) o Des formateurs africains (FoA)
d’enseignants certifiés CPA (39 ont participé à SEM13 sur environ 120 formateurs)
o Des futurs formateurs FuFo (pas intégrés dans SEM13), processus de formation en cours
• Des enseignants suisses volontaires accompagnateurs des formateurs africains pendant les stages (fin 2014, un potentiel de 13 personnes, en majorité femmes enseignantes primaires)
• Quelques formateurs d’adultes et formateur de formateurs (BFFA)
4. PISTES D’AVENIR et
5. PRODUCTIONS
• Evaluer SEM13
Evaluation et synthèse des travaux de SEM13 • 1 document résumant les 14 pistes d’action définies
à SEM13 avec mise à jour progressive des réalisations concrètes à concrétisation à travers
o les cahiers pédagogiques o documents officiels harmonisés
Ressources humaines (idem ci-‐dessus) Moyens et produits à disposition
• Documentation issue de SEM13 (organisation, comptabilité, pédagogie)
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• Elaborer les pistes d’action
• Organiser les stages 14
2013 – Trimestres 3-‐4 2014 – Trimestres 1-‐2-‐3-‐4
Organisation des stages 2014
• 2 journées de formation des volontaires et de préparation des stages 2014 (avril, mai) sous la responsabilité du CE
• conception de documents préparatoires des stages pour toutes les équipes de formateurs (FoA et FoS) des 4 sites
• préparatifs du stage 2014 avec nouvelles formules administratives pour tous les sites
Evaluation et leçons des stages 2014
• 2 journées de bilan après les stages (sept et nov 2014)
• 1 journée perspectives 2015-‐16 (janvier 2015)
• Journées de formation et préparation des stages 14 avec introduction et formation à l’emploi de : • Mallette pédagogique (7 cahiers) • Documents administratifs harmonisés
o grille projet + grille rapport de stage o grille budget + grille bilan de stage o barèmes o organigramme /rôles et tâches redéfinis
• Documentation pédagogique pour 3 modules préparatoires avec les formateurs africains (été 2014)
• Adaptation aux exigences de Valais Solidaire
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Chapitre 3 -‐ Analyse du processus de capitalisation par étape Le processus de capitalisation a été documenté dans les deux rapports annuels d’activité de CPA. Dans le présent chapitre, la démarche de capitalisation est analysée sous forme de tableaux au fil des étapes, d’abord à travers les réalisations de CPA en Suisse et/ou par des Suisses (3.1), puis les réalisations partagées avec les Africains et/ou réalisées en Afrique (3.2), enfin complétée par une évaluation intermédiaire du processus vécu (3.3.). Les deux premiers chapitres sont déclinés grosso modo de manière chronologique. La distinction Afrique-‐Suisse tient à la nature spécifique de CPA qui n’a pas de présence organisationnelle en Afrique ni d’activités suivies tout au long de l’année. Elle ne relève pas d’une vision prioritaire de l’un ou l’autre. Pour chaque partie, face aux activités concrètes réalisées, les résultats atteints observables sont répertoriés dans la colonne de droite. Puis les réflexions et les limites sont posées après chaque thème.
3.1. Réalisations en Suisse et/ou par les Suisses 3.1.1. Les prémices de la capitalisation (2012 T2, T3 et T4) Quelques événements clés ont précédé la décision de lancer la capitalisation. Tout d’abord les réflexions internes du Conseil de Fondation présentées ci-‐dessus (chap. 2.1), puis concrètement les amorces de changement opérées dans les stages 2011 et 2012, et enfin la mise en place de la procédure de certification des futurs formateurs.
Etapes Activités réalisées Résultats observables et mesurables
Prép
aration de
s stages
été 2012
Formation des volontaires avant le départ des stages 2012 : -‐ Animation des journées de préparation de stage (mai 2012 – mandat spécial à Marie-‐Thérèse Sautebin MTS, nouvelle volontaire formatrice d’adultes)6. -‐ Choix de former les volontaires à « réfléchir sur leur propre pratique » selon une approche dite « analyse valorisante de pratique ». Cette méthodologie d’auto-‐évaluation est choisie dans le double but de valoriser les compétences mobilisées dans le volontariat et de viser un transfert en Afrique auprès des formateurs et stagiaires africains, donc « valoriser les compétences des acteurs du terrain ». Cet outillage méthodologique renforce les pratiques initiées dans certains stages et vise un but multiplicateur.
Choix méthodologique pertinent qui se diffuse auprès des formateurs africains
• application au Togo et à Kinshasa lors des stages 2012 • pratique d’excellence présentée à SEM13 par la
délégation Togo à diffusion • changement de regard perceptible chez les formateurs et
enseignants stagiaires sur les pratiques d’évaluation et d’auto-‐évaluation, désormais centrée sur la valorisation des compétences et des personnes et non plus sur les lacunes.
6 Message de MCT confirmant la demande de CPA à MTS : « prendre la responsabilité de la formation d’adultes pour le CF et les coopérant-‐es suisses » (19.1.2012)
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Stages à Kinshasa et au Mali
Juillet 2011 et 2012
Des difficultés diverses apparaissent dans les pratiques de stages. La plus cruciale est la situation spécifique du Mali où pour causes politiques les volontaires suisses ne s’y rendent plus. Les formateurs locaux expérimentés conduisent seuls les stages tout en bénéficiant du budget CPA. Cette situation nouvelle questionne les formes de coopération. Au Congo RDC, CPA établit un « projet triennal de formation pédagogique » en collaboration avec l’Ecole Emergence. La formation des formateurs y prend une place majeure7. En 2011, dans le cadre du soutien financier par Albihar, le site Emergence a introduit la formation de formateurs à Kinshasa (Pierre Petignat PP) et initié la rédaction d’un manuel de pédagogie active et participative (PAP)8 avec des pédagogues congolais. MTS prend le relais de PP comme formatrice de formateurs et co-‐animatrice du stage 2012 à Kinshasa. Elle prend alors connaissance de la réalité du terrain et des pratiques CPA, en tant que volontaire:
• Animation et formation des futurs formateurs et formateurs • Co-‐animation du stage avec l’équipe kinoise et avec les 5 volontaires
suissesses A l’issue de ce stage, MTS rédige un rapport critique soulignant :
• le potentiel important accumulé par les formateurs africains et par les volontaires suisses
• le manque d’exploitation de leurs acquis faute de traces écrites et de temps accordé à la réflexion
• le rôle prédominant des anciens chefs et responsables locaux (richesse et frein à la fois)
• la confusion des niveaux (pédagogie scolaire, formation des formateurs et futurs formateurs)
• le besoin de poser par écrit les bases du travail afin de faciliter la transmission d’année en année
Observation globale : écart important entre un fort potentiel de compétences et d’expériences en Afrique et en Suisse d’une part, mais de l’autre un gros gaspillage d’énergie faute de mémoire coordonnée (entre les acteurs, entre les sites et au fil des années). En outre, l’intervention nouvelle de formateurs de formateurs (PP et MTS) met en évidence les difficultés locales :
-‐ Cadre de travail avec Albihar rendant difficile la collaboration CPA au Congo -‐ Situation spécifique Kin 2012 : difficultés de collaboration de l’équipe de volontaires avec les responsables locaux pendant le stage Kin 2012 (motifs internes liés à la situation de l’Ecole Emergence).
Ces réflexions entrent en écho avec les besoins formulés par le CF : à confirme la décision du CF d’engager un processus de capitalisation à proposition du CF d’engager MTS, comme experte, intervenante interne désormais.
7 Projet triennal de formation pédagogique, Kinshasa 2010-‐2011-‐2012 – Formation de formateurs dans le cadre de stages destinés aux enseignants et aux inspecteurs – Ecole Emergence Yolo Nord (27.1.2010) 8 Manuel de pédagogie active et participative PAP pour l’innovation de la pratique pédagogique, 2013, CPA/CREP Emergence/Albihar. Auteurs : R. Kabedi, A. Mania, A. Ntil, J. Tshiani, A. Ilunga, P. Pétignat (coordinateur)
19
Procéd
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ateu
rs – FuFo – Co
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C
En clôture du programme avec Albihar, fin 2012, CPA confie à deux anciennes volontaires -‐ Juliane Corboz JCo et Suzanne Pettinato SP -‐ la tâche de procéder à une évaluation des futurs formateurs. Elles s’engagent dans la mise en place d’une procédure de certification basée sur le référentiel de compétences CPA 9 à Kinshasa. Puis elles accompagnent sur le terrain la certification qui se déroule en mars 2013 avec les formateurs cadres de Kinshasa (dont les responsables de l’Ecole Emergence). Pour cette étape cruciale dans le processus de formation CPA, elles s’appuient sur un cumul d’expériences et de compétences et font preuve d’un engagement fort. Elles font appel à MTS pour les accompagner dans la conception et rédaction du dispositif. Une jonction efficace s’établit.
-‐ Création de documents de procédure de certification transférables -‐ Fierté des Fo et Fufo kinois (14 nouveaux certifiés en 2013) -‐ Reconnaissance par le Ministère Education Congo RDC de la valeur de la formation continue des formateurs congolais prodiguée par CPA Présence lors de la cérémonie 10 – vidéo à disposition -‐ Témoignage de cette pratique d’excellence par la délégation Kin à SEM13 à qualité reconnue des Formateurs CPA nouvellement certifiés à procédure d’évaluation certificative construite en lien avec le Référentiel CPA à dispositif de certification disponible et adaptable à d’autres contextes Voir documentation (chap 5) 11
Commentaires – prémices de la capitalisation Deux phénomènes concomitants se produisent. D’une part les difficultés rencontrées dans la poursuite des stages motivent le CF à prendre le temps d’analyser les collaborations avec les partenaires et à en tirer des leçons pour l’avenir de la coopération CPA. De l’autre, un changement de priorité s’ébauche avec l’introduction de pratiques réflexives au niveau des formateurs suisses et africains. « Analyser sa pratique » pour extraire consciemment les compétences mobilisées ou nouvellement acquises, prend place comme méthodologie de travail à divers niveaux : les volontaires décryptent leurs stratégies pédagogiques, les formateurs africains identifient leurs compétences et les mettent en regard du référentiel CPA, ces derniers forment les stagiaires à évaluer leurs propres prestations dans les leçons. La bonne réception à la fois par les volontaires et les formateurs africains de cette approche centrée sur les compétences en action (et non compétences déclarées) confirme la pertinence de l’option méthodologique « analyse de pratique » et de la décision du CF de mettre la priorité sur la formation des formateurs africains et des volontaires suisses. C’est donc une formation d’adultes, déjà présente certes, qui se confirme et se construit avec les outils adéquats de l’andragogie. La phase de capitalisation 2013-‐2014 devient alors un temps privilégié pour mesurer cette orientation, voire réorientation des pratiques, et pour comprendre les effets à tous les niveaux de la coopération. 9 Référentiel de compétences CPA (version 2010) 10 Video Cérémonie de remise des certificats CPA, Kinshasa, avril 2013 11 Document CPA : procédure de certification tirée de l’expérience congolaise, 2013 – repris dans le cahier H « harmonisation des formations », chapitre certification
20
3.1.2. Ressources internes CPA en lien avec le processus de capitalisation Le tableau ci-‐dessous nomme principalement les forces mobilisées en Suisse où les travaux se sont effectués. Les partenaires africains ont été sollicités à de nombreuses reprises, sans pour autant jouer un rôle moteur. Ressources Acteurs et
activités réalisées Résultats observables et
mesurables
Co
nseil de Fond
ation CF
et Com
ité exécutif CE
Dès la conception du processus de capitalisation, un organigramme des rôles et tâches des divers acteurs a été défini (CE + CF). Le Conseil de Fondation CF a joué un rôle fondamental dans la décision, la mise en place et le suivi de la capitalisation. Il a créé un Comité exécutif CE (d’abord nommé comité stratégique) qui réunit une équipe solide avec des rôles et des compétences diverses et complémentaires.
• MCT : Présidente CPA • JC : John Christin (trésorier et volontaire Togo et Kinshasa) • JS : Josy Stolz Marti (vice-‐présidente CPA, ex volontaire Mali) • FF : Fredy Franzoni (nouveau volontaire) • MTS : nouvelle volontaire et désormais coordinatrice de la capitalisation
Cette nouvelle instance a pris toujours plus d’autonomie, risquant ainsi de déposséder le CF de son rôle (débat de contenus), ou de le recentrer (CF conservant les niveaux choix d’orientation et décision). Puis, en cours de travaux, deux phénomènes se produisent : -‐ invitation de nouveaux volontaires lors des séances du CF après SEM13 pour enrichir les réflexions -‐ décision du CF de réduire le nombre de ses séances (en réponse à la surcharge de ses membres dans leurs autres engagements). En outre, MTS remplace Daniel Moser DM au Comité du RECI (Réseau Suisse Education Coopération Internationale). Voir schéma Rôles et tâches dans la capitalisation
Les membres du CF : -‐ se réunissent de manière autonome -‐ participent aux journées de formation des volontaires -‐ suivent les propositions du CE, établissent les bilans des travaux -‐ prennent position et formulent des avis en tant qu’instance dirigeante à attitude participative et engagée très appréciée par le CE à encouragement des volontaires Les membres du CE : -‐ accompagnent la coordinatrice dans la conduite de la capitalisation -‐ discutent et définissent les orientations de la capitalisation : SEM13, Pistes d’action, Mallette -‐ préparent les journées de formation des volontaires -‐ se rencontrent pour 6-‐10 journées de séances par an (outre les séances du CF et journées de formation) : c’est un engagement très conséquent pour chacun des membres -‐ réalisent des activités spécifiques selon leurs compétences
21
Rôle de la Préside
nte
MCT
Au cœur du CE, des collaborations multiples s’établissent autour de la présidente MCT qui joue un rôle central et fédérateur :
• Grâce à son ancienneté dans le CF de CPA • En lien avec ses compétences professionnelles en pédagogie et andragogie • Prioritairement avec MTS, par un travail continu (mail, téléphones, rencontres,
rédaction ou modification de documents) et avec JC (budgets, comptabilité) • Avec Pascal Chauvie PC, accompagnement du mandat Service civil sur la création
d’une méthodologie CPAE • Avec divers partenaires, négociations spécifiques : HPP / HEP VD / Helvetas • Avec les bailleurs : DDC / Valais Solidaire • Avec le Syndicat des Enseignants Romands SER à travers JS
Les propositions convergent vers MCT qui joue le rôle pivot pour :
-‐ accueillir de nouvelles idées -‐ ébaucher des projets -‐ confirmer des intuitions / ou les valider -‐ coordonner toutes les initiatives -‐ garantir les réorientations et leur cohérence
Son rôle parfois ingrat est fort apprécié : à garantir les liens entre CE et CF à assumer des décisions, même impopulaires à afficher explicitement les orientations et décisions de CPA Le travail de la Présidente exige au minimum une disponibilité moyenne sur l’année de 20% (une journée par semaine), avec parfois des périodes creuses et d’autres plus chargées.
Trésorier
JC
Le travail de JC s’effectue dans l’ombre : • tenue globale des finances de CPA, • en particulier établissement du budget et et du bilan financier de chaque stage, du
séminaire SEM13, du mandat de capitalisation • clôture des bilans annuels de CPA • défense des comptes avec la Présidente auprès des bailleurs (DDC/Valais Solidaire, SER) • conception des nouveaux barèmes harmonisés dès 2014 harmonisée entre les divers sites • accompagnement, conseil, formation auprès des personnes tenant les comptes des stages
Avec en corollaire, la participation régulière aux séances du CE et du CF.
Il a contribué en particulier à : -‐ redéfinir les barèmes des perdiem des formateurs et des stagiaires, des défraiements, -‐ créer de nouvelles grilles de budget et de tenue de la comptabilité pour les stages -‐ introduire les volontaires à la tenue de la comptabilité -‐ garantir les liens avec les caissiers des divers sites
22
Co
llabo
ratio
n FF
(ressource externe
)
Fin 2012, un nouveau volontaire s’est présenté auprès de CPA : Fredy Franzoni FF bénéficie d’une grande expérience. CPA l’engage pour conduire SEM13 et accompagner MTS dans le processus de capitalisation. Atouts de FF :
• ses expériences dans la coopération au développement (diverses ONG actives en Afrique) • ses compétences de formateur d’adultes (brevet fédéral formateurs d’adultes) • son intérêt pour l’ingéniérie de formation (lien avec son travail de mémoire : SEM13
comme terrain d’expérimentation et de recherche en vue du Brevet fédéral de formateurs BFFA)
• souplesse, disponibilité, générosité • son choix d’offrir ce temps comme volontaire donc bénévole (aucun mandat ni
rémunération)
Dès début 2013 une collaboration FF+MTS se développe de manière continue, compétente, rassurante :
• complémentarité de regards, de dynamiques, de rôles
• va et vient très constructif de textes au cours de tout le processus de capitalisation
• et surtout conduite et co-‐animation de SEM 13, incluant les journées préparatoires et l’évaluation
Cette collaboration se poursuit au-‐delà du processus de capitalisation (co-‐animation d’une semaine valorisation des compétences VAC Congo 2014 + reprise Mali et Togo VAC 2015, ainsi que poursuite de l’engagement au sein du CE 2015). Pour MTS, au cours des deux années 2013 et 2014, le mandat forfaitaire a constitué une activité professionnelle correspondant à un mi-‐temps annuel, réparti inégalement au cours de l’année, dont plusieurs mois équivalents plein temps.
Man
dat M
TS
(ressource interne)
Atouts de MTS pour concevoir et conduire la capitalisation. • ses expériences en formation d’adultes avec divers publics et en formation de formateurs
d’adultes • sa participation à la construction de dispositifs de formation dans divers milieux (Institut
de formation effe, Bienne, formation syndicale Movendo, IFFP Lausanne) • son expérience précédente dans un autre processus de capitalisation en Afrique (Tylay,
Valorisation des compétences et projets en milieu rural, Burkina Faso – DDC-‐CORADE – 2007-‐2011)
MTS joue un rôle multiple :
• volontaire co-‐animant les stages 2012 à Kinshasa et 2014 à Kikwit • formatrice des volontaires (journées de formation et préparation des stages 2012, 2013 et
2014) • responsable mandatée pour la conduite de la capitalisation dans son ensemble • responsable du séminaire SEM13
Les v
olon
taire
s suisses
Les volontaires ont été sollicités dans le processus de capitalisation pour : -‐ la récolte des données des stages 2008-‐2012 (documentation, entretien) -‐ la lecture et amendements des recueils de pratiques -‐ la construction de la synthèse -‐ l’intégration des leçons tirées de SEM 13 et leur mise en forme dans les stages dès 2014 -‐ la confection des cahiers pédagogiques
Leurs contributions à titre individuel et de manière collective :
• Participation active et réflexions partagées lors des journées de formation et de préparation des stages et de SEM13
• Participation à SEM13 en tant qu’enseignant formateur volontaire
• Mise en pratique des décisions issues de SEM13 dans les stages 2014
23
Les p
artena
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ateu
rs africains
Les collègues africains, partenaires ou formateurs, aux niveaux institutionnel, organisationnel ou pédagogique ont été sollicités au cours du processus de travail. Ils ont en particulier été réunis lors de SEM13 et consultés dans le recueil des données et résumé des travaux. Au Congo RDC : Kinshasa, les responsables de l’Ecole Emergence ; à Kikwit les responsables de l’Ecole NSEMO Au Mali : les responsables du syndicat SNEC Au Togo : les responsables du syndicat SELT
Ils ont été associés mais n’ont pas été moteurs dans la démarche de capitalisation. Ils ont répondu aux appels et consultations. Leur implication au cours de SEM13 et de la mise en place des pistes d’action a été fortement sollicitée. Ils se sont sentis en général concernés, investis, interpelés. Leurs contributions sont vitales, porteuses de la vie même de CPA.
Commentaires – ressources internes CPA Les rôles respectifs CF-‐CE se sont ajustés en cours de route. Le CF a été bousculé par la multiplication des tâches et des initiatives liées à la capitalisation. Au fil du travail, le CE tend à supplanter le CF vu sa plus grande souplesse (nombre plus petit de membres, rencontres régulières, confiance réciproque, proximité pédagogique). CPA mesure que le renouvellement du CF devient nécessaire mais s’avère difficile. Une réflexion est entamée sur l’organisation future du travail du CF et de CPA dans son ensemble. La vision du travail de capitalisation se discute lors des journées des volontaires où le CF est en contact avec ces derniers. Peu à peu diverses alternatives apparaissent et suscitent la discussion : poursuivre sur la lancée (on a toujours fait ainsi, ça marche, on continue) / renouveler la dynamique (renforcement et avec de nouveaux outils) / bouleverser (mais quoi ? jusqu’où ?). Cette discussion de fond se construit tout au long du processus de capitalisation, grâce à l’implication et participation des divers acteurs. Le duo FF-‐MTS fait preuve d’une collaboration fructueuse tout au long du processus de capitalisation (malgré les distances qui séparent Bellinzona, Bienne et Sierre où se tiennent les CE). Jouissant du fait d’être des personnes nouvelles dans CPA, ce duo devient une référence pour la Présidente, pour le CE, le CF et les volontaires. Pour les volontaires, cette période crée une forte synergie entre les anciens et les nouveaux, entre les habitués de tel ou tel pays, entre les générations et entre des cultures scolaires différentes. Les diverses rencontres (formation collective, SEM13, préparation et évaluation des stages) permettent de valoriser leurs réflexions personnelles et d’échanger des points de vue. Les habitudes du passé centrées sur les stages annuels, leur préparation et une restitution descriptive, sont largement dépassées. Désormais, ils sont amenés à poser un regard critique sur les pratiques, à produire de nouvelles idées et à aider à une mise en mémoire écrite de leurs expériences.
24
Pour les partenaires, les sollicitations multiples constituent aussi une période très dynamique modifiant les habitudes de relations entre Suisse et Afrique auparavant centrées sur les stages et leurs budgets. Les choix stratégiques au niveau de l’Les distances et difficultés techniques ont certes ralenti la communication, mais les échanges se sont améliorés. A noter toutefois que les freins internes liés aux statuts hiérarchiques ont affaibli les objectifs escomptés, les informations n’ont pas circulé suffisamment, des données sont restées dans les mains des « chefs » sans atteindre largement les formateurs. Des perspectives d’avenir émergent des travaux, présentées en conclusion de ce rapport. Elles feront l’objet de débats stratégiques sur l’avenir des pratiques de CPA en Afrique.
3.1.3. De la conception à la mise en place de la capitalisation Etapes Activités réalisées
(2013 T1 et T2) Résultats observables et mesurables
Man
dat
« officiel »
(Fin 201
2)
Le Conseil de Fondation donne mandat à MTS de conduire la capitalisation12, elle peut ainsi agir comme experte interne, en parallèle de ses activités de volontaire. Un budget spécial est décidé. De nombreux échanges avec MCT dans son rôle de Présidente permettent d’ajuster la vision de la capitalisation.
MTS assure le travail de manière autonome, à domicile, en étroite collaboration avec le Comité exécutif CE et la Présidente MCT. Tous les acteurs se retrouvent vite en phase quant aux intentions de CPA et à l’esprit d’une capitalisation « participative », impliquant les acteurs multiples et orientée vers la production d’une documentation transmissible : « Faire de l’expérience un savoir de référence »
12 Procès-‐verbal du Conseil de fondation du ….fin 2012
25
Co
ncep
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la
démarche (E
tape
1)
Objectif général
• Identifier la plus-‐value des stages de formation CPA sur le terrain en Afrique • Valoriser les compétences des acteurs de la coopération pédagogique en Afrique et en Suisse • Favoriser l’autonomie des acteurs africains, en particulier dans leur rôle d’encadrement aux niveaux
pédagogiques et organisationnels • Explorer et exploiter les activités CPA pour en faire un savoir partagé transmissible et transposable en
Afrique et en Suisse, c’est-‐à-‐dire créer une mémoire collective • Initier des projets novateurs de formation dans une dynamique pérenne (autonomie, adaptabilité,
qualité) et avec une vision commune Objectifs spécifiques
1. Resituer les besoins (attentes) des formateurs et enseignants-‐stagiaires africains en termes de contenu et de méthodologie
2. Evaluer la cohérence, pertinence des réponses construites dans le partenariat CPA Afrique-‐Suisse 3. Identifier les changements générés par les stages de formation CPA / mesurer l’écart sur la durée 4. Analyser et évaluer quels types d’apprentissages sont mis en œuvre (savoirs, savoir-‐faire, attitudes) – en
lien avec le référentiel de compétences 5. Valoriser les compétences et les responsabilités des acteurs et développer une culture et une vision
d’avenir communes 6. Eventuellement : Identifier des points de réflexion spécifiques et définir les moyens de les approfondir : par
exemple - les différences culturelles / les relations N-‐S, S-‐N et S-‐S / la gestion des tensions-‐conflits / la (les)
conception(s) de l'éducation (héritage colonial/indépendance/ influences?) -‐ la durabilité, viabilité des acquis (contribution de CPA à un développement durable, pérennité des
apports) 7. Identifier les points d'amélioration souhaités et les moyens pour y parvenir dès les stages 2014: (décisions
communes séminaire 2013 et 1ère mise en œuvre durant les stages 2014) -‐ dans les choix et les programmes des stages à venir (co-‐production en vue de l’autonomie) -‐ dans la préparation des volontaires suisses -‐ dans les outils d'analyse des pratiques, les évaluations, la certification -‐ dans l’outillage des collègues locaux pour le suivi de la formation et la pérennisation des équipes de
formateurs -‐ dans les budgets
8. Créer une documentation-‐ mémoire collective utilisable par les partenaires de CPA + Liens avec le manuel rédigé par équipe pédagogique Kinshasa et la documentation didactique (appui
service civil-‐2013) + Dossier projet (Fredy)
Concept de travail La capitalisation est participative. Elle inclut les divers acteurs de la coopération, elle est réalisée par une ressource interne. àExtraits du concept-‐cadre (MTS, déc 2012)
Documents-‐cadres pour tout le processus de capitalisation. Voir doc « Concept » Leur pertinence a été confirmée dans la pratique : -‐ concept participatif : nombreux commentaires dans ce rapport -‐ planification : toutes les étapes ont été respectées, la période impartie juste, -‐ les tâches et rôles ont été remplis par les personnes concernées, de manière régulière, sans changement ni abandon -‐ le volume de travail a été sous-‐évalué
-‐ pour les membres bénévoles du CE et pour la Présidente -‐ pour la coordinatrice MTS vu qu’il s’agissait d’un mandat forfaitaire à lourdes charges en temps de travail individuel, en rencontres et en déplacements.
-‐ la prolongation de la durée (8-‐9 trimestres au lieu de 6-‐7) s’est imposée de fait, en cours de processus, vu l’ajout de tâches non inclues dans le mandat au départ.
26
Ac
compa
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e capitalisation
Le Com
ité exécutif
Les activités menées par le CE :
• Réunions régulières : MTS se charge de proposer les ordres du jour/ animer/ documenter / rédiger le PV / assurer le suivi des décisions :
o Fin 2012 : 2 journées de travail en comité o En 2013 : 7 journées o En 2014 : 8 journées
• Le suivi administratif et personnel des délégations suisse et
africaines est conduit par JC (organisation, finances, voyages, matériel) et MCT (contacts personnels et engagement, cadrage, nouvelles initiatives).
• MCT et JC collaborent pour toutes ces tâches essentielles aux
relations entre CPA Suisse et les responsables locaux africains. Ils assument les liens avec Valais Solidaire et les autres bailleurs de fonds.
• Les journées de formation des volontaires et restitution des
stages (3 journées en 2013, 4 en 2014). En lien avec la capitalisation, MTS en assure les tâches pratiques aux diverses étapes de ces journées :
o Choix des priorités de formation o Préparation des contenus o Animation (MCT-‐MTS-‐FF) o Documentation et PV
à Voir doc « Rôles et tâches » Le CE a le rôle d’accompagner toutes les phases du processus de capitalisation:
• Force de travail et relais en lien avec le CF et avec les collègues africains • Appui au travail régulier de MTS (conception, recueil, séminaire,
documentation, journées de formation) • Appui à la préparation de SEM13 (contenu/programme/ ID Balises /
équipe d’animation) • Décisions et coordination des délégations pour SEM13 • Engagement des volontaires
A l’issue de SEM13, la clarification des tâches dans le cadre de la coopération entre Afrique et Suisse, la formulation des exigences à l’égard des responsables africains sont assumées par la Présidente MCT. Elle s’engage fortement comme relais auprès des responsables locaux. En fin de processus, le trésorier JC et la Présidente MCT créent de nouveaux documents administratifs de référence
• barèmes homogénéisés • tableaux avec budget des stages • organigramme -‐ rôles des diverses instances • recueil des formulaires officiels pour les projets et bilans des stages
(coordination avec Valais Solidaire)
27
Prép
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Le processus de capitalisation a directement modifié les modes de préparation des volontaires suisses avant leur départ pour les stages. Outre la préparation habituelle des activités à conduire avec les Africains, CPA a introduit une formation des enseignants volontaires avant leur départ dès les stages 2012, puis spécifiquement avant le séminaire d’été 2013. Puis CPA a poursuivi cette pratique avant les stages 2014. Thèmes abordés et résultats écrits (systématisés dans des cahiers pédagogiques en 2014):
• 2012 : analyse de pratique/explicitation de l’activité/triade de questionnement / carnet de bord
• 2013 : recueil et analyse des pratiques de stages passés / programme du séminaire / méthodologie CPAE (Cahier CPAE) / analyse-‐synthèse de SEM13 et relevé des pistes d’action (14 pistes d’action)
• 2014 : harmonisation des pratiques (Cahier H), référentiel (Cahier R), analyse de pratique (Cahier A), création d’un dispositif de stage (Cahier C), relations interculturelles Afrique-‐Suisse dans CPA (journée thématique)
La formation des volontaires a permis une homogénéisation des références (pratiques pédagogiques, stratégies de formation, outillage méthodologique). La participation des enseignants volontaires suisses aux côtés des formateurs d’enseignants africains pendant les 3 semaines de séminaire SEM 13 constitue une première dans la vie des uns et des autres. Les effets observés : -‐ liens renforcés entre anciens et nouveaux volontaires -‐ fort engagement pendant SEM13 -‐ engagement actif dans le processus de capitalisation et contribution à divers travaux Des évolutions personnelles pour la plupart des volontaires
-‐ comme enseignants volontaires -‐ comme nouveaux membres du Conseil de Fondation -‐ comme formateurs d’adultes FA reconnus dans CPA (FF, Nicole Pattaroni NP et Alain Bonvin ABo)
Commentaire – De la conception à la mise en place La conception du processus de travail s’est révélée adéquate, le travail prévu s’est rapidement mis en place courant 2013. La phase initiale de la capitalisation a permis à CPA de revoir son fonctionnement. Cette situation exceptionnelle a modifié le rythme et les habitudes de travail de CPA. La coordinatrice MTS, ainsi que FF, en tant que personnes nouvelles dans le sérail CPA ont offert l’avantage d’esprits novateurs et regards extérieurs, et ce à la fois grâce et malgré leurs limites, connaissant encore mal l’institution et ses activités sur le terrain. Au niveau du partage des responsabilités : une séparation des tâches claire et efficace -‐ Le CF garde le rôle décisionnel fondamental pour toutes les activités CPA, en particulier dans le cadre de la capitalisation au niveau des orientations et des budgets (négociation du programme biennal 2013-‐2014 avec Valais Solidaire). -‐ Le CE devient le noyau de réflexion : équipe de travail coopérative, relais entre le CF et les volontaires. -‐ La présidence est forte et fédératrice. -‐ La coordinatrice MTS privilégie le travail de conduite de la capitalisation, dont la préparation de SEM13 comme activité centrale. Elle ne s’investit pas dans l’organisation des délégations ni les questions logistiques et budgétaires, ni dans les contacts officiels avec les responsables africains ou bailleurs suisses. Elle
28
n’assume pas d’accompagnement ni de suivi individuel des volontaires dans leur rôle spécifique sur le terrain, par contre elle les sollicite dans leurs compétences propres (p.ex. réflexions thématiques, co-‐rédaction partielle des cahiers, relecture critique). La prise en compte des anciens volontaires qui ne partent plus en Afrique suppose des ajustements relationnels. Les impliquer concrètement dans la nouvelle dynamique s’avère délicat, comme en attestent des effets complexes au cours des journées de formation et séances du CF : à la fois crispations face aux innovations jugées « ambitieuses » mais aussi reconnaissance des changements bénéfiques. Le chemin se trace en avançant sans renier le passé, mais en valorisant les bases solides acquises sur lesquelles s’ébauchent les changements. La distinction claire entre la formation des volontaires (approches pédagogiques, vision commune, harmonisation, formation d’adultes) et la préparation concrète des stages (par délégation en lien avec les FoA respectifs) s’est avérée très efficace. En effet partir sur le terrain avec en mains un plan de travail sans intégration à une stratégie globale de coopération ne suffisait plus. Les volontaires partent désormais avec une compréhension commune de la vision de CPA, de l’approche pédagogique et disposent de références communes.
29
3.2. Réalisations avec les Africains et/ou en Afrique 3.2.1. Recueil des pratiques
Activités réalisées (2013 T1 T2)
Résultats observables et mesurables
à Voir détails dans RA 2013 -‐ Conception de la procédure de récolte des données en cascade
-‐ par site / par année -‐ sélection des thèmes et critères : contexte / organisation /structure globale des stages /contenus / formation des stagiaires / formation des formateurs / effets /leçons -‐ création d’un tableau-‐synthèse par site -‐ confrontation des informations recueillies en Suisse avec les formateurs africains de chaque site -‐ commentaires et leçons par thème -‐ document final approuvé par les parties concernées par site
-‐ Construction progressive d’une synthèse CPA • Croisement des données des 4 sites et élaboration d’une synthèse écrite • Diffusion de la synthèse globale auprès des formateurs (SEM13) • Rencontre physique et présentation des pratiques de stages et de
formation des formateurs par les délégations lors de SEM13 (regards croisés)
-‐ Echanges inter-‐délégations sur les 4 pratiques d’excellence (une par site)
. la création d’un jeu pédagogique sur la santé (Kikwit) . la conduite de stages CPA en autonomie (Mali) . l’analyse valorisante des enseignants et formateurs (Togo) . du référentiel à la certification CPA (Kinshasa)
-‐ Construction progressive et interactive d’une vision commune des pratiques
à Voir Recueils des pratiques x 4 : Mali/ Togo / Congo Kinshasa et Congo Kikwit à Voir Tableau synthèse des pratiques à Voir Fiches résumées CPAE de 4 pratiques d’excellence L’atout de cette étape a été de passer d’une mémoire éparpillée (documents épars et de natures diverses) et d’une mémoire vivante (les formateurs et les volontaires), à une mémoire documentée et synthétisée. Une situation nouvelle se crée : CPA dispose désormais d’une documentation commune entre les acteurs de Suisse et d’Afrique, et surtout entre les sites. Cette banque de données factuelles sert de base pour construire, à la demande des délégations africaines, une documentation de référence pour tous. Elle constitue la base d’une homogénéisation des pratiques : -‐ mêmes informations partagées -‐ même langage, mêmes notions clés -‐ connaissance des références pédagogiques à vers des procédures homogénéisées Il ne s’agit pas d’uniformiser les pratiques, mais de les enrichir mutuellement et de susciter des synergies entre les sites, entre les formateurs, entre acteurs en Suisse et en Afrique.
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3.2.2. SEM13 – Séminaire des formateurs au Togo Activités réalisées (2013 T1, T2, T3) Résultats observables et mesurables
La mise en place de SEM13 a requis : -‐ la délimitation des objectifs du séminaire : option prise de systématiser les acquis essentiels des pratiques et de construire une mémoire de référence pour l’avenir -‐ le choix des destinataires et la formulation des critères:
. les formateurs africains, avec sélection mettant la priorité sur le potentiel de renouvellement, sans distinction hiérarchique et selon parité H/F (total 10 par site, résultat : 39 personnes) . les volontaires suisses (5 nouveaux et 9 anciens)
-‐ la conception du programme en 4 étapes: compétences des formateurs / échanges de pratiques / positionnement pédagogique / innovation pour les stages futurs -‐ la création du support de travail « Idées Balises » et enrichissement continu du projet -‐ la clarification des modalités pédagogiques de travail : implication personnelle à partir de ses expériences, participation, analyse de pratique, construction collective des priorités d’avenir. -‐ la création d’un logo SEM 13 par une ex-‐volontaire (ci-‐dessus) Le choix d’appliquer une pédagogie participative et coopérative, avec complémentarité d’expériences entre formateurs suisses et africains, a conduit à création de l’Equipe d’animation SEM13 (EA) mixte avec un Africain et un Suisse de chaque site :
• en Suisse, séances de prépa avec FF, MTS, ABo et NP (4 demi-‐journées) • puis avec les Africains Rigobert/Kin, Damase/Kik, Famoro/Mali et Ablanvi/
Togo (8 personnes pendant 3 journées préparatoires + 1 journée d’évaluation, à Kpalimé)
L’organisation (logistique d’ensemble) s’est faite selon présentation au chapitre précédent, rôles complémentaires du Comité stratégique. JC en a été l’artisan central, en collaboration avec les collègues togolais.
à Voir Programme SEM13 en 4 parties à Voir Idées balises – Equipe d’animation EA à Voir Rapport d’activités 2013 En Suisse : Une délégation de 13 personnes, dont un tiers de nouveaux volontaires). CPA permet l’intégration pédagogique d’anciens volontaires et de nouveaux regards
• renforcement des capacités des anciens • meilleure proximité du terrain global africain • accueil des nouveaux par la formation entre formateurs
Avec l’Afrique : Constitution des délégations des 4 sites : choix de 10 formateurs chacun, selon des critères posés par CPA. 39 formateurs et formatrices africains sont réunis à Kpalimé. Pour beaucoup, c’est la première sortie de leur pays, de leur environnement quotidien. L’événement est majeur dans la vie personnelle et collective. Préparation d’une équipe d’animation mixte pour Kpalimé, afin d’y intégrer les Africains. Cette stratégie permet : -‐ le partage du « pouvoir », tant au niveau des choix pédagogiques que de l’animation, -‐ une expérience de Co-‐opération en direct, véritable dynamique d’échange -‐ une première entre les délégations – nouvelle dynamique très appréciée qui permet de créer un sentiment d’appartenance à CPA et une connaissance mutuelle entre pays. Il en ressort des relations inter-‐personnelles établies pendant SEM13 entre tous les formateurs africains et les volontaires suisses : -‐ connaissance mutuelle au niveau des personnes et des pratiques -‐ connaissance entre « chefs africains », et avec les responsables suisses -‐ capital de confiance réciproque -‐ décentration de chaque délégation, solidarité renforcée -‐ potentiel d’échanges réciproques pour l’avenir.
C. Conception, P. Préparation, A. Animation et E. Evaluation
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3.2.3. Commentaires – Recueil des pratiques et SEM13 a. La documentation accumulée par CPA, est abondante, mais éparpillée et de nature très différente. MTS se trouve au départ devant une masse de données éparses et beaucoup de mémoire vive informelle (les expériences vécues par les volontaires de diverses générations). Le processus de récolte « en cascade », puis l’analyse selon des thématiques et le croisement des données entre les sites a permis d’identifier à la fois les grandes lignes fondamentales à poursuivre, les points insatisfaisants et les propositions d’amélioration. Toutes les données sont résumées dans le document synthèse (disponible sur dmeande). b. Les réflexions ébauchées sur la place de la formation d’adultes dans les stages CPA ont alimenté les préparatifs de SEM13. Ils ont en particulier débouché sur la rédaction de documents de travail, diffusés auprès de l’équipe d’animation de SEM13. Ces documents ont constitué la base de réflexions écrites communes à tous les sites CPA pendant SEM13 (repris et commentés au chapitre 7) :
• Approfondissement du triangle pédagogique en lien avec la pratique CPA • Identification des trois triangles pédagogiques et réflexion sur les relations pédagogiques spécifiques aux stages CPA
o En situation de classe o En situation de formation pédagogique (formation d’enseignants) o En situation de formation de formateurs
• Tableau comparatif de quatre positions pédagogiques (en classe, en formation pédagogique, en formation de formateurs, en situation académique) • Pédagogie réflexive (boucle de l’apprentissage).
Ces divers documents pourront être l’objet d’un prochain cahier pédagogique sur la stratégie de formation CPA (à définir dans les objectifs 2015-‐16). c. La construction participative exige un processus lent et coûteux : beaucoup de temps, beaucoup de versions successives des documents (février-‐juillet 2013), beaucoup de rencontres. Mais cette pédagogie participative offre divers atouts :
• constructive, elle a permis de poser des bases communes et d’adhérer à une vision commune • intégrative, elle a été appréciée par les formateurs impliqués, suisses et africains • formative, elle a fait évoluer tous les acteurs • reproductible, elle a été reprise dans la stratégie de préparation des stages 2014 (journées préparatoires avec documentation préalable commune).
d. Cependant, il subsiste beaucoup de freins face aux changements, aux niveaux
• pédagogique : manque de moyens et surtout poids des routines dans les classes et dans les stages CPA, • organisationnel : difficultés logistiques, contacts à distance lents et sources d’incompréhensions, • institutionnel : le renouvellement de l’encadrement se heurte à de nombreuses résistances.
e. Les recueils ont ouvert un nouvel espace d’échange et d’informations réciproques. Mais ces échanges vont-‐ils se mettre en place concrètement ? Les Suisses peuvent-‐ils les inciter en posant des exigences ? Une première réponse positive a été donnée au stage 2014 au Congo RDC : échange très fructueux de formateurs entre Kinshasa et Kikwit (4 Kinois à Kikwit et autant à Kinshasa). Ces échanges sont à développer dans un objectif de responsabilité collective des formateurs CPA d’essaimer et de jouer un effet multiplicateur de la pédagogie CPA vers de nouveaux sites.
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3.3. Evaluation intermédiaire année 2013 Au terme des deux premières phases (Recueils des pratiques et SEM13) réalisées la première année de capitalisation, un bilan intermédiaire s’impose pour vérifier la pertinence des objectifs visés et orienter la poursuite des travaux. Un premier niveau concerne les volontaires, un second la collaboration Suisse-‐Afrique.
3.3.1. Engagement et évolution des volontaires Les volontaires CPA jouissent dès leur engagement pour CPA de compétences professionnelles avérées dans le domaine de l’enseignement primaire. Au cours des activités conduites pendant les stages, ces compétences se développent vu la confrontation avec un nouveau milieu. En 2013, la rencontre internationale a favorisé le développement des compétences interculturelles, fondamentales pour les échanges pédagogiques : capacité de décentration, d’écoute et de décodage culturel, d’adaptations à tous les niveaux (climat, langues, vie quotidienne, références de la vie affective, spirituelle, philosophique). Le choc a été particulièrement fort pour des volontaires vivant un premier contact avec l’Afrique. En outre, SEM13 a confronté ces enseignants volontaires dans une relation de pédagogie d’adultes, vu le contexte de formation de formateurs et entre formateurs. La formation offerte par CPA aux volontaires au cours de l’année 2013, en lien avec la capitalisation, permet de relever d’importants effets en terme de compétences, d’engagement, d’initiatives.
Effets de la formation
Résultats observables et mesurables chez les volontaires
Réflexions, limites et perspectives
a. L’engagement, le développement de compétences et l’évolution personnelle des volontaires
Suite à SEM13, tous les volontaires (sauf 1) poursuivent leur engagement en 2014 – et entraînent d’autres à venir (pour 2015) Outre la participation bénévole aux stages, à noter de nouveaux engagements, en particulier de la part des nouveaux volontaires : -‐ appui à la réflexion du CF : Damaris DR + NP -‐ mise en page des cahiers : DR -‐ relecture des maquettes : NP, Kathy Balet KB -‐ illustration : Suzanne Vanderlinden -‐ animation de modules auprès des formateurs africains (journées préparatoires des stages 2014).
Réfléchir aux moyens à mettre en place pour l’accueil de nouveaux volontaires en 2015 et leur intégration à la nouvelle culture de CPA. Voir comment pérenniser l’engagement des actuels volontaires vu les exigences fortes en cours d’année scolaire et pendant les vacances. Envisager comment valoriser les compétences mobilisées et développées par les volontaires dans leurs activités en Afrique : compétences interculturelles, pédagogiques, organisationnelles, d’animation, de collaboration. Se référer au certificat de bénévolat ? Rédiger des certificats de travail ?
b. Des initiatives spécifiques
CPA valorise des initiatives constructives des volontaires (MTS les encourage à travers des relations privilégiées). -‐ rencontres spécifiques : PC , KV
Définir ensemble des priorités pour poursuivre les cahiers : quels thèmes ?
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-‐ initiatives novatrices : PC Cahier C Semer -‐ projet KV pour un cahier Matériel didactique (à reprendre pour 2015) -‐ contribution SP sur la didactique dessin (cahier CPAE)
Intégrer les volontaires à la rédaction de cahiers ou autre matériel pédagogique et7ou didactique. Améliorer la collaboration Suisse-‐Afrique pour la rédaction.
c. L’utilisation et la valorisation des compétences internes des volontaires
Le CE réalise une enquête afin de mieux connaître les volontaires (leurs compétences spécifiques) et leurs souhaits (destination, composition de l’équipe), afin de créer des équipes cohérentes. Vu le petit nombre (13 personnes), et la décision de créer 4 délégations et de les dédoubler sur les sites Kinshasa, Kikwit et Togo (au total 8 sites en 2014), il est difficile de respecter tous les souhaits.
CPA dispose d’un répertoire des compétences spécifiques. Mais respecter l’ensemble des envies devient mission impossible. Le CF assume le rôle décisionnel. Mieux exploiter les compétences spécifiques des volontaires dans la conduite des stages locaux. Différencier
• les appuis pédagogiques auprès des FoA et surtout des stagiaires (perfectionnement français, matières xyz…) par des volontaires, et éventuellement inviter des intervenants externes et/ou ponctuels
• la co-‐conduite des stages (accompagnement de l’équipe de formateurs locaux) donc davantage dans une logique formation d’adultes/ingéniérie des stages/conduite de projets de formation.
d. La formation d’adultes FA : valoriser et valider de nouvelles compétences
Des initiatives sont prises en direction de la formation d’adultes FA, à la fois dans la dynamique de formation des volontaires, et dans leur implication au cours de SEM13 aux côtés des formateurs africains. MTS part de ses pratiques de FFA, et extrapole trop loin les volontés du CF. Elle s’intègre dans une dynamique insufflée par MCT. MTS pose diverses réflexions par écrit sur la double approche FFA-‐FFE (formation de formateurs d’adultes FFA et formation de formateurs d’enseignants FFE) sans les diffuser. Est-‐ce similaire ? différent ? Quelles leçons pour nos actions en Afrique et pour le recrutement de volontaires adéquats à ces nouvelles tâches ? Un projet de groupe de travail pour approfondir ce sujet n’a pas abouti en 2013 (rôle des volontaires, entre enseignants et formateurs d’adultes), mais il est repris fin 2014 et aboutira en janvier 2015.
CPA (et MTS en particulier dans son rôle de formatrice des volontaires) privilégie la dynamique FA à Pression ressentie par les volontaires à devenir de vrais FA, ce qui génère des inquiétudes. Puis elle réduit les ambitions et redimensionne les objectifs et modes de formation des volontaires. Il s’agit en effet d’outiller les volontaires comme co-‐animateurs des formations d’enseignants stagiaires (donc les outiller en andragogie/formation d’adultes), mais pas de les propulser comme formateurs d’adultes (tâche assumée par les formateurs locaux). Questions à reprendre. CPA peut aussi envisager soutenir les choix individuels de volontaires en direction de la formation d’adultes : soutenir leurs démarches de validation des acquis de l’expérience (VAE) pour l’obtention de modules du brevet fédéral de formateurs d’adultes (BFFA)
3.3.2. Atouts et questionnements relatifs à la coopération Afrique-Suisse
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Dès la fin de la première année, de nouvelles attitudes se développent dans la collaboration entre les divers acteurs, surtout au niveau des formateurs. Par contre, les résistances s’avèrent plus tenaces au niveau organisationnel (logistique et structure des stages) et surtout institutionnel (relations de partenariat). Les enjeux financiers touchent en effet plus directement les responsables que les formateurs.
A. Collaboration – coopération bilatérale entre Suisse et Afrique -‐ La stratégie participative de la capitalisation a développé la conscience parmi les formateurs africains et les volontaires de collaborer à un projet commun :
-‐ la décentration des pratiques et des préoccupations locales (participer à un objectif commun à travers les recueils et le séminaire) -‐ l’écoute et l’ouverture aux expériences des autres sites (lecture des recueils, écoute des témoignages lors de SEM13, accueil de nouvelles idées) -‐ la co-‐animation de SEM13 au sein d’une équipe mixte A + S pendant tout le séminaire (préparation, conduite, évaluation) -‐ le dépassement de leur statut d’enseignants primaires de la part des volontaires
-‐ Les consultations diverses des volontaires et des formateurs africains ont abouti à concevoir des documents communs (mémoire CPA) :
-‐ Recueil des pratiques : travail en cascade, avec sollicitations répétées et intégration des apports successifs -‐ Suivi SEM13 en 14 pistes : vérification de la compréhension de chaque partie, amendement des textes, mise à disposition de tous -‐ Référentiel de compétences : pendant SEM 13 + groupe de travail inter-‐délégations à aboutit à l’actualisation du référentiel et la conception d’un cahier fondamental, Cahier R -‐ Harmonisation des stages, Cahier H : consultation des partenaires, accord Afrique-‐Suisse puis mise en pratique dès 2014 (enjeu du cycle de stages 2014-‐16)
-‐ Les collègues Africains ont exprimé leur satisfaction de vivre une expérience de co-‐construction riche:
-‐ la consultation de leurs avis pour les recueils, pour le programme de SEM13, et la prise en compte de leurs remarques dans les documents rédigés -‐ la participation à l’équipe d’animation du séminaire SEM13 -‐ l’identification des besoins communs d’aménagement des stages et d’harmonisation des procédures -‐ la décision de créer des supports pédagogiques adaptés aux réalités locales. Les réticences voire doutes de certains anciens volontaires en Suisse se sont avéré injustifiées. La participation des collègues africains a été possible malgré les difficultés technologiques, de communication, de lecture de tableaux complexes.
-‐ Le renforcement et/ou nouvel apprentissage à collaborer à distance : -‐ les partenaires africains se sentent concernés par les consultations, même s’ils répondent brièvement, voire s’alignent sans réagir -‐ ils disposent désormais tous des mêmes conditions de mise en place des stages (objectifs, pédagogie, budget, barèmes)
-‐ Toutefois, beaucoup de freins objectifs et subjectifs limitent une collaboration égalitaire :
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-‐ lenteurs dues aux carences technologiques – ex. lenteur et déficience des transports, coupures d’électricité, peu de personnes connectées, méconnaissance de l’informatique -‐ incompréhensions du vocabulaire utilisé et des attentes formulées par les Suisses -‐ habitudes de recevoir des dons et subventions de la part des partenaires officiels, manque d’information auprès des formateurs, source de malaises -‐ rôle prédominant des négociateurs (réception de financements) sur les pédagogues (dépendant de leurs représentants officiels) -‐ et de manière générale, des différences multiples de perception de la coopération de part et d’autre N/S et S/N
Un risque important subsiste : CPA reste « maître » des échanges et des initiatives centrales. Il importe donc de poursuivre et d’accentuer ces échanges en visant la prise d’initiatives par les Africains eux-‐mêmes, leur responsabilisation face à leur propre avenir et celui de leurs écoles. Se questionner sur les motivations des partenaires à concevoir, à produire leurs propres stages, avec et/ou sans financement CPA. Les accompagner vers la responsabilité de conduire leurs propres projets de formation (émergence du projet d’autonomisation).
B. Appartenance à CPA – une culture commune -‐ La dynamique participative de la capitalisation a permis de valoriser les atouts du passé et de confirmer les « fondamentaux de CPA » :
-‐ Valorisation des meilleurs acquis du passé CPA en Afrique : concept de stage avec des leçons à des élèves par des stagiaires -‐ Priorité pour CPA à la formation continue des enseignants africains (et non formation initiale, même si le niveau de base est très faible), laissant la responsabilité de la formation des maîtres aux ministères et autres instances officielles -‐ Confirmation de la valeur des stages CPA : la personne au centre de ses apprentissages
-‐ l’élève et non le seul savoir comme intérêt central des enseignants dans leurs classes -‐ l’enseignant stagiaire au centre du stage, en particulier la leçon au centre de sa formation continue -‐ le formateur dans son rôle d’apprenant en formation continue et donc sa capacité de multiplier ses propres apprentissages dans l’action
-‐ Encadrement des stagiaires enseignants par des formateurs africains certifiés CPA, avec l’appui des volontaires suisses -‐ Travail continu depuis 2008 sur le référentiel de compétences CPA entre les 4 sites, aboutissant à une reformulation progressive des compétences d’enseignant puis de formateur (référentiel CPA) -‐ Reconnaissance de la qualité de la formation continue animée par CPA :
-‐ compétences acquises par les stagiaires et transfert dans leurs classes -‐ promotion et responsabilités pour les formateurs africains -‐ appui de la part de certaines instances et ministères
-‐ Le processus de capitalisation a conduit à la création de références communes inscrites dans de nouveaux documents de travail, concrètement :
-‐ Développement de la référence aux mêmes concepts, mêmes grilles de travail, mêmes barèmes, même référentiel de compétences -‐ Harmonisation des dispositifs de formation, depuis le stagiaire enseignant jusqu’au formateur certifié CPA (durée, structure, contenu, évaluation) -‐ Rédaction de divers documents relatifs à l’ingéniérie de formation (détails au chap 6)
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-‐ Création de documents pédagogiques avec intégration des traces du passé (mallette pédagogique) -‐ Promotion du Manuel de pédagogie active et participative PAP (Kinshasa)
-‐ Le processus de capitalisation, en particulier SEM13, conduit à une appartenance renforcée à la culture CPA :
-‐ répond à un besoin réciproque d’écoute et d’échange pour une véritable « co-‐opération » Afrique-‐Suisse -‐ renforce le sentiment d’appartenance à CPA des divers acteurs malgré et avec leurs rôles et positions hiérarchiques différents -‐ débouche sur l’harmonisation des pratiques
à renforce une culture commune CPA explicite, documentée, dialoguée à permet l’équité dans le traitement entre les divers sites à respecte les spécificités locales à ouvre sur le transfert d’expériences (ex. autonomie de pratique comme au Mali, ou utilisation du matériel développé à Kinshasa pour l’évaluation et les examens de certification)
-‐ Un changement de perception réciproque est amorcé :
-‐ Le processus participatif exige de gros efforts de la part de CPA-‐Suisse (ouverture, accueil, décentration, décodage des propos). -‐ Il requiert beaucoup de temps de négociation à distance, et le dépassement des incompréhensions réciproques dues aux représentations culturelles différentes (langage, références, finances). -‐ Il exige des Africains et des Suisses une décentration des habitudes de travail, des routines installées dans la collaboration avec CPA depuis des années, et une prise en compte consciente de la part importante des affects et des dépendances dans les relations interpersonnelles.
-‐ Les limites du travail collaboratif
-‐ L’écrit, forme habituelle en pédagogie occidentale. D’où les questionnements sur le « trop de papier » ? Trop de documents écrits ? Trop de rédaction depuis la Suisse -‐ Le manque de connaissance du terrain de la part des volontaires : outre les stages, les volontaires n’ont que rarement vu fonctionner une vraie classe en cours d’année, et surtout les classes pléthoriques à besoin de s’immerger dans l’école réelle?
A l’avenir, à Poursuivre et améliorer la collaboration avec les Africains dans les choix stratégiques, la rédaction des documents, celle des cahiers, en partant de leur pratique (et non seulement de notre regard sur les pratiques locales). à Chercher à les impliquer, voire à prendre des initiatives propres. Les amener à une responsabilisation progressive de leurs propres stages (trouver leurs réponses à leurs propres besoins).
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C. Relève des cadres – passage de témoin et partage du pouvoir Le Conseil de Fondation CPA a adressé des invitations à penser la relève depuis 2011 – un « tuilage » est souhaité pour que les responsabilités diverses soient assumées par de plus jeunes cadres : divers messages du CF à l’attention des responsables et « chefs historiques » des 4 sites. SEM 13 a renforcé cet appel et visé une dynamique de questionnement tant des chefs que des subalternes par des expériences horizontales vécues pendant les sessions de travail. La pratique de co-‐animation, de traitement égalitaire de tous les participants, de valorisation des jeunes formateurs a pu émousser les habitudes, mais les changements se produiront avec du temps et de la patience. Dans les faits, après SEM13, on observe les situations suivantes : -‐ Mali : Famoro Keita est écarté par le syndicat SNEC pour cause d’âge et de retraite mais remplacé par un autre formateur âgé – Il sera de fait rétabli par CPA dans son rôle au vu des incompétences de ses successeurs (2014 et 2015). -‐ Kinshasa : Adrien Mania maintient les rênes mais crée un trio de direction avec Rigobert Matondo et Bertille Dunda. Son rôle pilier n’est pas effrité. -‐ Kikwit : A-‐Marie K. remet progressivement les responsabilités à Bonaventure Mulemba/ Une situation conflictuelle avec Horizons Nouveaux (Ecole Rosanna) perdure /Damase est décédé. Un changement à la tête des stages de Kik s’avère difficile, même au niveau d’un stage (rapport de Dapaong 2014). La fin de son mandat et sa retraite ouvrira une brèche. à En résumé, l’année 2013 se termine avec un échec du tuilage : -‐ maintien ou éjection des chefs -‐ pas de relève préparée vu l’omnipotence des anciens : les jeunes n’ont pas accès aux informations, aux décisions, encore moins aux postes clés -‐ pas de processus maîtrisé explicitement vu l’emprise des tabous dans les relations de hiérarchie -‐ les jeunes n’expérimentent les rôles cadres, ne peuvent pas les prendre, et donc ne trouvent pas leur place. Le découragement s’exprime mais en coulisses -‐ les contacts à distance pour les stages 2014 ne peuvent pas faire surgir de nouveaux leaders. Comment poursuivre ? Il est difficile d’interférer vu le tabou des habitudes hiérarchiques locales et notre attitude paradoxale de respect de leurs décisions et d’injonction au changement à la fois. Conclusion année 2013 : le projet de mallette accompagne la transition 2013-‐2014
A l’issue de SEM13, CPA décide de rassembler les réflexions principales et les expériences marquantes dans des documents transmissibles, une mémoire collective utilisable, adaptable. Le 1er projet était un recueil des travaux de SEM13, mêlant le point de vue des animateurs et celui des participants. Ce projet a été abandonné au profit d’un 2ème projet : une série de cahiers thématiques tenant compte des échanges de pratiques de SEM13 – la Mallette pédagogique CPA – conçue à l’attention de tous les formateurs CPA, et en particulier de ceux qui n’ont pas participé au séminaire.
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Dans l’optique de « Faire de l’expérience un savoir transmissible/un savoir de référence », le CE a motivé auprès du CF son choix fin 2013 en faveur d’une mallette pédagogique CPA :
-‐ valoriser les pratiques existantes -‐ homogénéiser les pratiques à travers des documents de référence -‐ favoriser une culture commune entre les sites africains et entre Afrique-‐Suisse -‐ faciliter l’intégration des formateurs qui n’ont pas participé à SEM13 à voir motivations détaillées dans l’introduction de la mallette (Cahier M) à et motivations spécifiques dans l’introduction de chaque cahier thématique.
Il apparaît de plus en plus clairement que le choix de CPA d’engager un processus participatif de capitalisation porte ses fruits.
Fin 2013, les pistes d’une harmonisation des modalités de coopération sont définies. Début 2014, elles se concrétisent à travers des documents harmonisant les pratiques
tant aux niveaux organisationnel, financier que pédagogique. En été 2014, les stages mettent en pratique simultanément dans 8 sites les nouvelles impulsions.
Comment répondent-‐elles aux besoins locaux ? Comment font-‐elles évoluer la coopération en Afrique ?
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Chapitre 4 – Systématisation des acquis de SEM13 : pistes d’actions et stages 2014 Les atouts des pratiques de CPA ont été relevés au cours de SEM13. Ils constituaient la richesse commune de tous les acteurs de CPA. La seconde année de capitalisation (2014) a surtout consisté en une systématisation de ces acquis en vue de les rediffuser de manière cohérente. Dans une première étape, le CE a recueilli les pistes d’action ébauchées à SEM13 et en a fait un document de référence pour tous, abordant principalement le niveau organisationnel et concernant davantage les partenaires et leurs responsables locaux. L’objectif d’harmonisation des procédures était central. Puis il s’agissait d’outiller concrètement les acteurs de terrain, d’où le choix de rassembler par thème, dans des cahiers pédagogiques, des réflexions et des guides de travail : 2014 a fait naître la « Mallette pédagogique ». Les stages d’été 2014 ont constitué le premier test de praticabilité de ces outils.
4.1. Suivi SEM13 : 14 pistes d’action
Activités réalisées (2013 T3 et T4)
Résultats observables et mesurables
Au cours du séminaire SEM13, les chefs de délégation et les formateurs ont émis divers souhaits. Lors de l’évaluation, l’équipe d’animation a réuni les propositions principales et les recommandations pour l’avenir. A l’issue de SEM13, le CE a établi une synthèse et structuré les diverses pistes d’action émanant des travaux communs entre Africains et Suisses (journée de synthèse nov 2013).
Un document -‐ « 14 pistes d’action » -‐ a été rédigé et soumis aux partenaires pour amendements, dans le but de : -‐ fournir un cadre de travail commun à tous les formateurs africains et suisses ainsi qu’aux responsables des stages
-‐ indiquer des modalités de mise en œuvre proposées aux divers acteurs du terrain
-‐ stimuler la créativité et l’adaptation aux réalités locales Voir Suivi SEM13, 14 pistes d’action (déc. 2013)
CONTENU : 14 pistes d’action, en 3 chapitres, qui ont abouti à des réalisations concrètes sous la forme de cahiers (à état fin 2014) A. Structuration de la coopération A-‐S
1,2. Projet et harmonisation des stages -‐ cadre de travail pour des stages novateurs redéfini à cahier C -‐ harmonisation des objectifs de CPA, de la structure des stages, de la formation des stagiaires et celle des futurs formateurs, des modalités et critères de certification à cahier H 3. Rapport de stage -‐ création d’une nouvelle grille de rapport ajustée aux exigences de Valais Solidaire à fiches officielles 4. Création de conseils de formateurs africains -‐ à mettre en place avec les collègues africains (moyen terme) 5. Statut des formateurs CPA -‐ clarifié dans le cahier H 6. Restructuration des relations CPA Afrique-‐CH
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-‐ dépend des responsables en place – (moyen-‐long terme) 7. Favoriser la relève -‐ seulement de petits pas réalisés, voir ci-‐dessus les difficultés rencontrées – reste un objectif à moyen terme 8 Echanges et collaborations diverses -‐ souhait de développer les échanges N-‐S mais aussi S-‐S (ex. échange de 4 formateurs Kin/4 formateurs Kik été 2014)
B. Références pour les activités en Afrique
9. Référentiel de compétences CPAà cahier R 10. Bilan de compétences et histoire de vie à cahier A Analyse de pratique – limites et atouts des pratiques 11. Méthodologie de travail : CPAE (conception, préparation, Action/animation, évaluation) à cahier CPAE 12. PAP (Pédagogie active et participative)à manuel Kinshasa, ajustement à la formation des formateurs à cahier projeté
C. Activités en Suisse 13. Formation des volontaires : mise en place depuis 2012, se poursuit activement avant et après les stages, en lien avec leur rôle d’accompagnement des formateurs africains 14. Visibilité CPA : un premier pas a été réalisé en 2014 (plaquette, amélioration du site), mais l’effort à poursuivre à l’issue de la capitalisation (articles dans les journaux, recrutement de volontaires).
Les pistes 4, 7, 14 n’ont pas été suivies de décisions concrètes et restent à mettre en place.
Commentaires – Vers l’harmonisation des activités CPA Les chefs de délégation se sont sentis concernés par la consultation (par mail) sur les pistes d’action et ont apporté des remarques et amendements au projet de synthèse des pistes. Le fait de s’être rencontrés en été 2013 rendait d’autant plus concrète la consultation et favorisait les engagements. Depuis 2014, les partenaires de tous les sites de stages et tous les acteurs CPA disposent des mêmes informations à travers des documents communs. Cette nouvelle réalité a exigé un important travail de coordination, de synthèse, de négociation et donc d’ajustements réciproques. Globalement, CPA peut déjà remarquer une meilleure responsabilisation des formateurs locaux – et une fidélisation des formateurs grâce à une reconnaissance de leurs contributions. Désormais, les activités de terrain peuvent mieux être menées et évaluées avec des critères communs et connus de tous. Un traitement plus équitable est facilité. Toutes les pistes supposent un suivi dans leur application à court et moyen terme. L’existence de la trace « papier » ne garantit pas la pratique. Mais entretemps, CPA a décidé d’investir du temps et un budget pour systématiser tous ces acquis. L’idée de la mallette pédagogique en est la matérialisation.
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4.2. Mallette pédagogique : conception de 7 cahiers
Activités réalisées (2014 T1 et T3)
Résultats observables et mesurables
Concept La mallette pédagogique répond à l’objectif central de la capitalisation : faire de l’expérience un savoir transmissible, un savoir de référence commun aux divers acteurs de la coopération CPA. Elle rassemble les fondamentaux de la coopération CPA, au-‐delà des lieux et des personnes en place. Elle constitue un trait d’union solide entre tous les acteurs. Imprimée et mise à disposition des partenaires, et en priorité des formateurs, la mallette est un outil à la fois à visée organisationnelle et pédagogique, à l’attention des Africains et des Suisses. Rédaction L’initiative de rédiger la mallette a été prise par le CE et approuvée par le CF. La réalisation a été assurée par la coordinatrice MTS avec l’appui des membres du CE, et selon les thèmes par des volontaires. Les textes ont été soumis à diverses lectures avant impression, en particulier le cahier H (Harmonisation des formations CPA) soumis aux partenaires africains et à tous les volontaires, dans la mesure où il constitue la charpente de la mallette. La Présidente a fourni un appui substantiel pour la relecture, la décision finale des textes et leur mise en forme. Mise en forme La décision de constituer des cahiers thématiques autonomes, réunis dans une même mallette s’est imposée progressivement afin de faciliter l’utilisation séparée des cahiers et la diffusion sélective selon les besoins. Maquette : Damaris Rentmeister DR Relecture : Nicole Pattaroni NP et Kathy Balet KB Illustration : Suzanne Vanderlinden SV Impression L’impression de 150 exemplaires de chaque cahier a bénéficié d’un « prix d’ami » par l’imprimerie …. De Ollon, grâce ….
Contenu de la mallette : 7 cahiers thématiques, identifiés par une lettre (et non un chiffre, vu leur utilité à des fins différentes et sans ordre de priorité) • M -‐ Introduction de la mallette pédagogique : présente les objectifs et les liens
avec les buts fondamentaux de CPA.
• H -‐ Cahier Harmonisation des formations CPA : présente la structure organisationnelle des formations de CPA (formation des stagiaires et celle des formateurs ; les contenus et durées), les conditions de recrutement et de certification, le statut des formateurs et des volontaires. Ce cahier est destiné essentiellement aux partenaires responsables organisationnels et pédagogiques.
• R -‐ Cahier Référentiel de compétences CPA : document fondamental, construit au
fil des années, le référentiel détaille les 7 compétences de l’enseignant et les 4 compétences complémentaires des formateurs CPA.
• CPAE – Cahier Méthodologie CPA : présente une démarche de travail applicable
pour un stage, une session de formation, la rédaction d’un document en 4 temps : conception, préparation, animation/action, évaluation, donc C.P.A.E.
• C -‐ Cahier Créer un stage -‐ Semer et faire fructifier : détaille les phases
pédagogiques d’un stage (la leçon, l’observation, les outils et la récolte)
• A -‐ Cahier Analyse de pratique : offre des outils pédagogiques pour conduire une analyse valorisante de toute pratique, en particulier l’explicitation, la triade et le carnet de bord ou carnet d’apprentissage).
• T – Cahier Techniques de travail et d’animation : rassemble une trentaine de fiches
issues des pratiques de CPA et de SEM13 et les met à disposition de tout animateur ou formateur.
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Commentaires La rédaction des cahiers a constitué une phase très intense de la capitalisation. A la fois récolter les fruits de SEM13, les structurer de manière utile, les rendre accessibles et provoquer un pas supplémentaire vers l’homogénéisation des pratiques CPA – sans risquer l’uniformisation. La créativité propre des acteurs de terrain est sans cesse sollicitée pour les adapter aux besoins. Toutefois une limite importante : le manque d’habitude à co-‐élaborer à distance n’a pas permis de partager tous les contenus des cahiers. La mallette a été perçue de manières très diverses, voire contradictoires. Les critiques (en Suisse, avant le stage), la mallette :
-‐ est estimée « ambitieuse » vu le volume global (150 pages), -‐ semble écrite pour des professionnels de la formation d’adultes/de l’andragogie avec le langage HEP-‐CH, donc jugée d’un accès difficile pour les collègues africains et même pour les volontaires, -‐ d’où la peur de la réception en Afrique.
Les échos des formateurs africains et suisses après le stage 2014, la mallette :
-‐ est difficile d’accès dans un premier temps certes, -‐ nécessite une introduction : d’où les journées de préparation des formateurs africains (stages été 2014) où les volontaires suisses introduisent les cahiers et animent des exercices concrets d’appropriation, -‐ reprend des moments forts de SEM13 et joue donc un rôle de rappel-‐mémoire pour les participants de Kpalimé (« on s’y retrouve »), -‐ a l’avantage de cibler un thème par cahier, donc peut être utilisée selon les besoins, en particulier pour les collègues africains n’ayant pas vécu SEM13 : utilisation par ex. pendant la semaine Valorisation des compétences (Cahiers A, R, T), ou dans la formation des FuFo au Mali (Cahiers CPAE, A, R, T).
Evaluation des volontaires (novembre 14), la mallette :
-‐ est utile et utilisée comme source d’information en cours d’animation, de séance ; -‐ légitime les volontaires dans leurs apports ou exigences auprès des formateurs ou gestionnaires.
Les intentions du CE sont donc largement atteintes, l’utilité des cahiers est démontrée, la vision commune et le guidage souple des activités CPA constituent les atouts essentiels. L’investissement en temps et financier est salué par toutes les parties.
43
4.3. Stages d’été 2014 SEM13 se terminait par les travaux par délégations « Créer des stages novateurs ». Alors que tout au long de SEM13, les objectifs visés ont été largement atteints grâce à des réflexions ouvertes et sortant des cadres habituels, lors de cette dernière phase, très peu d’innovations émergeaient des échanges. La « reprise en mains » déjà évoquée dans le chapitre précédent semblait refermer les espoirs. D’intenses réflexions ont animé les rencontres des volontaires, du CE et du CF. Les travaux d’harmonisation ont conduit à repenser en partie les stages pour 2014. Au vu des résultats mitigés, de nouveaux et importants changements vont êtres amorcés.
4.3.1. Mise en place des stages
Activités réalisées
Résultats observables et mesurables Réflexions et limites
Conception (2014 T1 et T2) CPA a systématisé les atouts essentiels des stages précédents et surtout de SEM13. CPA a saisi l’occasion et décidé de relever le défi en formulant des propositions contenues dans les cahiers, en particulier le cahier C – par la formalisation de quatre phases pédagogiques au cours du stage :
1-‐ la leçon 2-‐ l’observation et l’évaluation 3-‐ les outils (ateliers de perfectionnement, apports méthodologiques) 4-‐ la récolte des apprentissages par les stagiaires et par les formateurs et surtout leur transfert dans la pratique (Ce j’ai appris. Ce que je vais en faire)
Les partenaires africains ont été invités à présenter leurs projets de stages et les budgets par écrit, avant l’été (diverses lettres du CF). Vu les faibles résultats, déception de CPA, ses instances et les volontaires.
CPA annonce la publication des cahiers et la nécessité de les introduire auprès des formateurs en début de stage. Chaque formateur, volontaire d’abord puis africain, reçoit la « mallette pédagogique » avec les 7 cahiers. Les volontaires se sont préparés au cours des journées de formation, ont construit les supports de formation, puis ont animé les 3 journées préparatoires auprès des formateurs de chaque site en vue d’introduire :
-‐ la mallette pédagogique et ses intentions, en particulier l’objectif d’harmonisation – Cahier H -‐ le cahier A – Analyse de pratique (renforcement des acquis du stage 2012 et de SEM13) -‐ le cahier R – Référentiel de compétences -‐ le cahier C – Créer un stage, en particulier l’introduction de la phase de récolte des apprentissages
à Fiches d’animation pour les modules préparatoires aux stages 2014 à l’attention des formateurs africains de tous les stages (construction collective par les volontaires suisses)
Les stages 2014 sont-‐ils novateurs ?
Les 3 premiers temps pédagogiques faisant déjà partie de la culture commune CPA sont valorisés et désormais documentés.
La nouveauté réside dans : -‐ la planification harmonisée des stages (préparation
et formation des formateurs, stage avec les stagiaires et évaluations du stage)
-‐ la durée : limitée à 3 semaines vu les exigences des volontaires de réduire leur séjour
-‐ la documentation méthodologique contenue dans les cahiers et les modules de formation (contenu homogénéisé)
-‐ la mise en place d’une phase de récolte des acquis et de réflexion sur le transfert (application de l’analyse de pratique et développement des capacités réflexives)
-‐ l’incitation à innover localement en adaptant ce cadre.
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En été 2014, les stages d’été se sont multipliés grâce à l’engagement de 13 volontaires et au choix de CPA de responsabiliser davantage les partenaires locaux. Au Mali, la situation politique pacifiée a permis à deux volontaires suisses d’accompagner les collègues maliens dans deux stages distincts : l’un « traditionnel » adressé à des stagiaires enseignants et l’autre spécifiquement centré sur la formation de futurs formateurs. Ce dernier étant une nouvelle expérience pour CPA et une première application concrète des nouvelles structures de la formation des formateurs. Au Togo, deux stages comme à l’habitude pour les stagiaires. Au Congo RDC, chacun des sites habituels, Kinshasa et Kikwit, a pu dédoubler les stages. Donc au total 7 stages de formation regroupant des stagiaires enseignants, un stage de formation de futurs formateurs. Et enfin un stage d’une semaine visant la valorisation des compétences (VAC Congo 2014) pour les formateurs congolais n’ayant pas participé à SEM13.
4.3.2. Evaluation des stages 2014 Ces stages 2014 constituent la première occasion de mettre en pratique les leçons tirées de SEM13, de mesurer leur appropriation par les partenaires et la capacité des formateurs d’agir en conséquence. L’analyse des neuf stages s’est appuyée sur les rapports, lesquels répondaient déjà à une nouvelle grille d’analyse précise (selon les exigences de Valais Solidaire). Ainsi la journée de restitution (15.11.14) dépassait les habituelles narrations factuelles, donnant la priorité à des évaluations critiques, relevant les forces et faiblesses sur 5 points : finances, logistique, structure et conduite des stages, contenu de la formation et enfin statut et rôles des volontaires. L’analyse a été réalisée collectivement et de manière croisée par tous les volontaires, sur la base des rapports écrits de chacun des stages. Pour la première fois une journée de restitution n’est plus une addition de rapports autonomes, mais une lecture transversale par thème. à voir doc Synthèse et perspectives 2015.1 (le tableau ci-‐dessous en est le résumé)
Thèm
e Objectifs visés par CPA pour le nouveau cycle de stages 2014-‐15-‐16
Evaluation des stages 2014 par les volontaires (Rapports + journée du 15 novembre 2014)
Modifications envisagées pour 2015-‐16 (CF 14 décembre 2014)
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1. Fina
nces
(bud
gets, barèm
es, com
ptabilité)
• Viser l’autonomisation à moyen terme des partenaires : gestion des budgets, recherches de fonds et sources propres
• Création d'un barème commun, de nouveaux tarifs, dans le but d'unifier le financement des stages,
• Volonté d'harmonisation financière (Cahier H + barèmes + logiciel ) à Tendre vers la prise de conscience de la part des partenaires et responsables financiers de leur responsabilité au niveau financier
A terme • Formation, information en vue de monter un
projet ensemble, apprendre à établir des budgets pour des objets bien précis à en vue de l’autonomie des projets de stage
Forces • Introduction simultanée des mêmes règles au
niveau financier Faiblesses • Bien que les partenaires aient généré
l’harmonisation à SEM13, des perceptions différentes de l’argent, des budgets, des barèmes freinent les travaux
• Les chefs gardent le contrôle des finances et les volontaires sont mal informés de leurs droits et perdiem
• Surcharge des volontaires pour faire comprendre et appliquer les nouveaux budgets
• Poursuivre l’harmonisation des budgets et des barèmes
• Veiller au respect des engagements Nouveau
• Préparer à l’autonomie financière • Planifier le désengagement progressif • S’appuyer sur de nouveaux responsables à un correspondant local choisi par CPA dès 2015
• Définir les critères de choix et son cahier des charges
à A terme, après cycle 14-‐16, CPA quitte pour
d’autres sites
2. Logistiq
ue
(Organisa
tion, durée, réservatio
n)
• Harmoniser les durées des stages (selon cahier H)
• Dépasser les incompréhensions (culturelles ?) récurrentes -‐ soit non respect, soit attitudes divergentes sur la relation à l’argent, à l’anticipation, au respect des engagements.
• Cadrer avant les stages afin d’éviter les pièges sur le prix, le choix des locaux de formation, de l'hébergement, de la nourriture, des fournitures, du matériel
à Responsabiliser / renforcer la responsabilité des partenaires dans la préparation et la gestion de toute la logistique d’un stage
Forces • Dédoublement des sites de stages (9 stages au
total avec 13 volontaires) • D’où recrutement de davantage de stagiaires, • Opportunité multipliée pour les formateurs de
conduire un stage Faiblesses • Difficulté d’anticiper l’organisation de la part des
Africains – besoin des Suisses d’être informés • Nombreux changements : d’interlocuteurs, de
lieux, de tarifs • Vu le stage de 3 semaines, pas de temps pour
établir l’évaluation en commun avant le départ • Pas de rapport de stage rédigé en commun • Rapports établis en Suisse par les volontaires
selon la nouvelle grille
Nouveau – ou renforcement des choix
• Cadrer avant les stages afin d’éviter les pièges sur le prix et exiger des contrats écrits
• Revenir aux stages de 4 semaines en Afrique et gérer la présence des Suisses sur 3 ou 4 semaines
• Envisager la formation des responsables locaux à la conduite de projet de A à Z en vue de la conduite autonome de projets de stages (processus d’autonomisation
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3. Structure et con
duite
du stage
(CPA
E – concep
tion, préparatio
n, animation,
évaluatio
n)
Partenaires • Viser prioritairement la formation continue
des enseignants du public (non formation initiale) : objectif majeur à maintenir
• Questionnement : Les partenaires A actuels sont-‐ils adéquats ? fiables ?
• Idéalement, le stage doit se préparer ensemble. Comment impliquer davantage nos partenaires?
Harmonisation organisationnelle • Atout du cadre commun pour la construction
et conduite d’un stage (cahier H) o Structure du stage o Contenu de formation o Modalités de certification de FoA o Statut
• Atout du dispositif-‐cadre pour la conduite d’un stage (4 temps pédagogiques selon le cahier C)
• Exigence de se référer aux fiches de projet et de rapport de stage de Vs Solidaire
Forces • Stages conduits par les formateurs avec tous les
atouts du passé et les acquis de SEM13 • Souhaits des partenaires et formateurs de
poursuivre dans la continuité (mêmes délégations de volontaires)
Faiblesses • Maintien des « comme d’habitude » au niveau
des cadres • Les stages se déroulent dans la continuité de
2012, avec de faibles emprunts à SEM13 • Résistances à l’innovation à la fois des chefs et
de la « vieille garde » des formateurs (priorité à recevoir leurs perdiem)
• Les directions de stages freinent la volonté de certains formateurs de prendre leur place, voire les écartent
• D’où difficultés de collaboration pour les instances CPA (phase de préparation) et pour les volontaires sur place
• Difficulté pour les femmes A et S de faire respecter leurs rôles et leurs apports
• Garder la priorité à la formation continue des enseignants stagiaires ;
• Renforcer la partie préparatoire du stage : une semaine sans élèves
• 3 jours pour les formateurs • 3 jours pour les stagiaires sous
conduite des formateurs Nouveau
• Revoir les critères de choix des partenaires
• Définir des partenaires institutionnels (syndicats, autres ? ) et non privés (écoles privées, héritage des relations personnelles)
• Définir jusqu’à quand poursuivre avec les mêmes ; que laisser en partant ? vers où se déplacer ?
• Améliorer les modalités de coopération : genre, relève
• Conseil/réseau des formateurs • Initier des projets novateurs, même de
petits projets
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4. Con
tenu
de la fo
rmation
(com
pétences visé
es, péd
agogie et d
idactiq
ue)
• Référentiel harmonisé et découpage du
référentiel de compétences sur 3 ans (Cahier Référentiel)
o Priorités 2014 : conduite de la leçon, évaluation valorisante, psychologie de l’enfant
• Pédagogie / Didactique : priorités
o L’enfant / le stagiaire au centre de la formation (cahier C)
o Evaluation valorisante (cahier A)
o viser des pratiques et techniques actives (avec la PAP + Cahier T)
• Utilisation des cahiers comme appui pour
les FoA et FoS
Forces • Rôle cadrant et dynamique des cahiers
pédagogiques – bonne réception après présentation – ligne commune pour A et S -‐ supports concrets
• Préparation des modules d’introduction des cahiers par les volontaires – bon accueil
o des journées spécifiques pour les formateurs (3 jours préparatoires)
o des journées rassemblant tous les stagiaires (sans élèves) à Kikwit
• Appropriation progressive de la pédagogie réflexive (analyse de pratique, récolte des apprentissages, valorisation des compétences)
Faiblesses • Surcharge d’objectifs de compétences liées au
référentiel – d’où survol et manque d’approfondissement
• Faible intégration de la PAP en pratique (reste un discours sans prise avec la réalité)
• Pédagogie souvent « traditionnelle » agrémentée de groupes de travail mais sans logique découverte ni participation active
• Poids de la répétition en boucle, manque de stimulation intellectuelle
• Demande relative au matériel didactique • Lacunes des formateurs (A et S) sur la
psychologie de l’enfant, adaptation africaine • Mieux tenir compte des besoins spécifiques des
inspecteurs et directeurs parmi les stagiaires – leur offrir une animation et des contenus adéquats, sans les mélanger aux enseignants stagiaires
• Maintenir la formation concrète centrée sur les leçons des stagiaires aux élèves
• Répartir judicieusement les objectifs de compétences sur 3 années
• Revoir la grille d’évaluation des stagiaires et les modalités d’évaluation
• Tirer les leçons de la formation spécifique FuFo au Mali à outils à répercuter et à capitaliser pour l’avenir CPA
Nouveau
• Créer les bases de formation spécifique des stagiaires inspecteurs et directeurs à Objectif important pour garantir la cohérence de toute la chaîne éducative
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5. Statut e
t rôles des volon
taire
s • Changement de rôle en cours de réflexion
depuis SEM13 • Les divers rôles du volontaire évoluent à à
clarifier : o entre partager ses expériences
d’enseignant et encadrer l’équipe locale, voire le stage ?
o faire respecter le budget, voire tenir le budget ?
o participer dans le cadre posé par les A ou co-‐construire ?
• CPA vise la complémentarité des
qualifications entre l'équipe locale FoA et FoS
Les volontaires suisses estiment-‐ils être suffisamment formés pour partir en Afrique ?
Forces • Collaboration active avec les partenaires et les
formateurs locaux • Grand investissement des volontaires : journées
de formation, animation des journées préparatoires avec les formateurs africains, conduite des stages et gestion financière
• Respect de la durée de 3 semaines mais insatisfaction
Faiblesses • Besoin de temps pour intégrer les cahiers et les
aborder à fond avec les collègues africains • Difficultés de clarifier les rôles respectifs • Confrontation sur les représentations culturelles
différentes des rôles et fonctions hiérarchiques, du genre et de l’ancienneté, des finances
• Difficultés de communication approfondie • Sentiment de partir sans avoir terminé le stage
(départ précipité)
Nouveau • Diversifier les rôles des volontaires
o intervenant spécialiste sujet, voire spécialiste ponctuel
o enseignant-‐accompagnateur pédagogique,
o accompagnateur-‐formateur de l’équipe
• Préciser le cahier des charges selon les rôles des volontaires
• Reconnaître officiellement les compétences des volontaires
• Accroître la légitimité des volontaires • Clarifier les critères et conditions
d’engagement des volontaires ; • Chercher de nouveaux volontaires
dont des FFA (HEP)
4.4. Estimation du temps de travail CPA en 2014 Des évaluations approximatives ont été réalisées à partir d’une enquête auprès des membres de CPA pour l’année 2014. Volontaires (13 personnes) – Stages 2014
-‐ Stages en Afrique : 21 jours (pour 11 volontaires) – 28-‐30 jours (pour 2 volontaires) -‐ Journées de formation communes + restitution : 4 jours -‐ Journées de préparation par délégation : 3-‐5 jours -‐ Travail personnel de préparation : 3-‐8 jours selon les responsabilités
Total par personne: minimum 31 journées – maximum 45 journées (donc entre un mois et demi et deux mois de travail professionnel) pour chacun-‐e des volontaires Total annuel : 400 journées
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Volontaires -‐ Autres activités personnelles CPA
-‐ Rédaction incluse dans le temps global capitalisation de MTS -‐ Rédaction, contributions individuelles diverses : 10 jours -‐ Maquette mallette : 20 jours (DR) -‐ Relecture mallette : 1-‐3 journées (KB, NP, KV) -‐ Accompagnement global : temps inclus dans l’estimation de MCT
Total annuel : 35 journées
Membres du Comité exécutif Activités : préparation des journées de formation des volontaires, décisions relatives aux délégations et stages, contacts avec les partenaires, séances avec DDC, Valais Solidaire
-‐ séances CE 2014 : 5-‐7 journées x 4-‐5 membres présents = total 30 journées -‐ représentation aux conférences RECI, DDC, … : 2-‐4 journées x 1-‐3 personnes = total 6 journées -‐ préparation détaillée des journées de formation, des CE et CF
-‐ Présidente MCT : estimation globale 20% annuel – minimum 50 jours -‐ Coordinatrice capitalisation MTS : estimation globale 40% annuel -‐ dont rédaction des cahiers pédagogiques – minimum 80 jours -‐ FF : total env 10-‐12 journées
Plus les déplacements vers Sierre, Berne, Lucerne (non compris dans l’évaluation) Total annuel : 170 à 200 journées Pour FF et MTS, le temps de travail lié au stage 2014 de 3 semaines et à la formation VAC d’une semaine avec statut de volontaire, est déjà calculé sous stages. Donc un total supplémentaire d’environ 35-‐40 journées chacun, ou équivalent 2 mois de travail professionnel. – Total estimé FF d’environ 50 journées + total estimé MTS d’environ 120 jours, soit un mi-‐temps sur 12 mois pour 2014 (idem 2013 incluant SEM13) Comptabilité (JC) (à compléter) -‐ tenue de la comptabilité de CPA + budgets et bilans financiers des stages + coordination MCT+ JC -‐ gestion avec Valais Solidaire, avec SER : … Membres du Conseil de Fondation (4-‐7 membres selon les séances) -‐ Séances du CF : 5 journées + Travail individuel (préparation, contacts, PV) : 2-‐4 journées -‐ Participation aux journées des volontaires : 4 journées Total annuel pour la présidence, le CF et le trésorier pendant la période de capitalisation : l’estimation est grossière mais non exagérée. Elle aboutit à l’équivalent minimale d’un plein temps professionnel (sur la base de 20 jours ouvrables/mois et 5 semaines de vacances soit 20 jours/année).
50
Chapitre 5 – Productions issues de la capitalisation
5.1. Documents internes de travail et de formation Etapes Documents écrits
(par MTS et autres personnes en rouge) Réflexions et commentaires
Etape 1. 2012 Mise en place de la capitalisation
• Doc – Concept – Annexe N° • Doc – Planification – Annexe N° • Doc -‐ Tâches et rôles -‐ Annexe N°
Ces documents restés au niveau du CE et CF ont servi de cadrage et de balises pour le travail de la coordinatrice. Ils n’ont été modifiés à aucun moment et restent pertinents au vu du déroulement réel.
Etape 2. 2013 Recueil des pratiques
• Doc – 4 recueils de pratiques -‐ Mali -‐ Annexe N° -‐ Togo -‐ Annexe N° -‐ Congo RDC Kinshasa -‐ Annexe N° -‐ Congo RDC Kikwit -‐ Annexe N° -‐
• Doc – synthèse des pratiques -‐ Annexe N°
Documents riches en information. De lecture difficile car style rapide et synthétisé. Utiles spécifiquement pour les acteurs concernés pour y retrouver leurs propres activités concentrées sur une dizaine de pages. Construits selon une technique « en cascade » incluant au fil du travail les acteurs concernés, les documents reflètent à la fois la réalité objective et les interprétations posées sur les données. La synthèse centrée sur les points à garder et ceux à modifier, a conduit à l’élaboration des « pistes d’action ».
Réflexions écrites • Doc – Méthodologie CPAE (PC et MCT, mandat service civil) -‐ Annexe N°
• Doc – Triangle pédagogique – les 3 niveaux -‐ Annexe N° • Doc – Tableau comparatif enseignement/formation
pédagogique et Formation d’adultes FA -‐ Annexe N° • Doc – FFA – FFE (réflexions internes MTS + KV)
• Doc – Procédure de certification « Du référentiel à la
certification » (Kinshasa, collaboration JCo et SP) -‐ Annexe N°
•
Le travail conduisant à la méthodologie CPAE a été repris directement dans la formation des volontaires et celle des participants au séminaire SEM13. Il a été vulgarisé sous forme de cahier. Très apprécié, il a servi directement à structurer les divers aspects de la formation et de SEM13 : dispositif de stage, cours, séquence, synthèse de pratiques, dispositif de certification, rédaction. Il constitue désormais une méthodologique CPA. La plupart des autres documents de réflexion ont été utiles à MTS pour sa propre sécurité (intellectuelle et relationnelle), dans son rôle de coordinatrice de la formation des volontaires et de SEM13. Ils ont rencontré peu voire aucun écho parmi les volontaires (réflexions trop spécialisées FFA). Mais ils existent. Ils ont indirectement servi de base à la conception et à l’animation de SEM13, et nourri la conception des cahiers. Ils ont été partiellement intégrés dans les cahiers pédagogiques de manière vulgarisée.
Etape 3. 2013 • Doc – Programme de SEM13 -‐ Annexe N°
La documentation de SEM 13 a été créée en cours de séminaire et non prédéfinie (pas de contenus visés). Elle se retrouve :
51
SEM 13
• Docs divers rassemblés sur une clé (tous les travaux+ photos et panneaux de SEM13) – ex. les techniques d’animation utilisées tout au long du séminaire ont été rédigées sous forme de fiches de référence, puis rassemblées dans le cahier T « Techniques de travail et d’animation » (32 pages)
• Rapport d’activités 2013 (document public) -‐ Annexe
N°
• Photos et bande sons de FF
• Mémoire BFFA de FF sur SEM13 (sur demande)
à résumée et illustrée dans le Rapport d’activité 2013 à présentée et illustrée dans le mémoire de brevet BFFA (Fredy Franzoni) à consignée dans les dossiers photos et sons Toute cette documentation se retrouve intégrée dans les cahiers pédagogiques de manière utile : les formateurs présents à SEM13 disent s’y retrouver, se remémorer les moments évoqués, se relier aux exercices et forums vécus à Kpalimé. Le phénomène de « rappel-‐mémoire » fonctionne avec efficacité. Il reste aux formateurs africains et aux volontaires suisses à poursuivre l’intégration des contenus et la mise en pratique à moyen et long terme, et surtout à oser l’adaptation et l’innovation.
Formation des volontaires suisses 2013
• Journées de préparation et formation des volontaires : Invitation + documents préparatoires + PV
-‐ 2 x journées préparatoires en avril et mai 2013 :
§ Programme SEM13 § Regards croisés sur les recueils de
pratiques § Construction de la synthèse des
recueils -‐ 1 x journée bilan 16.11.13
• Documentation
-‐ Méthodologie de travail CPAE (PC + MCT)
Ces journées ont parfois été estimées « théoriques » par les volontaires, dans la mesure où elles abordaient la stratégie de mise en place des stages (par ex. analyse et comparaison des pratiques passées entre les divers sites). En effet elles n’apportaient pas d’outils concrets aux volontaires pour animer des stages, mais des outils de réflexion sur la conduite des stages (apprendre par l’analyse de pratique et déduire des apprentissages – et non apprendre en amont pour pratiquer ensuite). La méthodologie CPAE, d’abord perçue comme évidence (on fait déjà ainsi) ou formalisation « suisse », a par la suite démontré toute sa pertinence dans de nombreux contextes (repris et valorisé dans le cahier CPAE)
Contacts avec Africains en 2013
• Lettres d’info avant SEM13 x 3 lettres • Consultation sur les 4 recueils de pratiques (avril 13) • Suivi SEM13 en 14 pistes : consultation (sept. 13) • Consultation Cahier Harmonisation des stages (oct. 13)
et Référentiel • Nombreux courriers de MCT + JC
Les préparatifs de SEM13 constituaient une pratique totalement inconnue dans les relations CPA. Les partenaires sont restés ouverts aux informations, ont répondu à diverses consultations sur le contenu (recueil des pratiques). Ils ont répondu aux exigences formelles (listes des participants, visas, voyages).
Etape 4 -‐ Stages 2014 Formation et réflexions des
• Journées de préparation et formation des stages 2014 -‐ 29 mars : construire un stage en 4 temps
pédagogiques (Cahier C) -‐ 10 mai : concevoir les modules préparatoires
des stages 2014 (cahiers M, H, R, C, A)
A l’issue des journées de formation, le matériel produit collectivement par les volontaires pour animer les journées préparatoires des stages constitue un saut qualitatif notoire (modules d’introduction des cahieers). L’appropriation des cahiers pédagogiques s’est réalisée en 2 temps : d’abord prendre connaissance des contenus des cahiers, puis
52
volontaires suisses 2014
• Doc. Modules d’introduction des cahiers auprès des formateurs africains – annexe …
• Retour et restitution des stages -‐ 13 septembre (le 1er stage après SEM13 : quels
effets ? La rencontre interculturelle) -‐ 15 novembre (restitution et leçons des stages
2014)
construire des animations adéquates pour les formateurs africains, en les vivant soi-‐même avant. D’où une responsabilisation efficace de chaque volontaire dans son stage.
Contacts avec les Africains en 2014
• Lettres pour l’organisation des stages 2014 MCT + JC • Projets de stage et budgets – selon les nouveaux
formulaires officiels • Envoi des ébauches des cahiers (R et A) pour
consultation • Envoi des cahiers (M, H, R, C, A) pour lecture
préparatoire • Echanges pour les stages 2014 (divers courriels,
programmes et projets)
Les courriels partant de Suisse sont nombreux et souvent exigent des réponses ou prises de position. Or, les réponses restent rares, peu claires, peu imaginatives, donc très peu satisfaisantes. Les instances CPA et les volontaires s’en trouvent souvent découragés. Les volontaires doivent se contenter de rares réactions et attendre d’être sur place pour vérifier comment les messages, projets, demandes ont été compris. Seules les demandes formelles -‐ liste de participants, dates et lieux de réservation -‐ obtiennent des réponses. Et même lorsque des plans de travail sont effectivement préparés à l’avance, ils ne nous sont pas transmis (motif technique ? estimation de l’importance ?).
Les stages 14 • Synthèse des réflexions sur l’interculturalité (journée 13.9.14)
• Rapports de stages 2014 (un par site donc 7 rapports + rapport semaine VAC Congo)
• Synthèse des travaux de la journée de restitution (15.11.14)
• Synthèse et perspectives (pour journée 24.1.15) • Photos des divers stages • Photos de la journée restitution (PPT 15.11.14)
Documentation (Véronique Schoeffel) de la journée interculturalité, mérite la poursuite des réflexions, voire une adaptation pour une formation réflexive en Afrique (en situation interculturelle) Pour la première fois, la rédaction des rapports est facilitée par la grille de questions, la lecture croisée devient possible, et la synthèse des tendances de l’année apparaît. Ces rapports ont servi de base de travail pour la journée de restitution, selon une modalité constructive et non plus d’addition de données locales. Saut qualitatif reconnu par tous. Documents à transmettre aux collègues africains.
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5.2. Documents diffusés Etapes Documents écrits Réflexions et commentaires Mallette : 7 cahiers pédagogiques
• M – Introduction de la mallette pédagogique • H -‐ Cahier Harmonisation des pratiques • C -‐ Cahier Créer un stage -‐ Semer et faire fructifier • A -‐ Cahier Analyse de pratique • R -‐ Cahier Référentiel de compétences CPA • CPAE – Cahier Méthodologie CPA • T – Cahier Techniques de travail et d’animation
Le concept des cahiers offre le mérite de : -‐ partir des besoins repérés à SEM 13 et dans les stages à homogénéiser les pratiques entre les dives sites -‐ illustrer avec des références aux pratiques passées -‐ initier des modifications, de nouvelles idées -‐ étayer au niveau méthodologique -‐ outiller : fiches de travail, procédure, exemples Rédaction d’autres cahiers (objectifs 2015-‐18 à préciser) F – Cahier formulaires officiels (les réunir sur un fichier informatique à disposition) D -‐ Cahier matériel didactique -‐ exemples pratiques (langues, math, sciences … éducation physique, dessin …) Δ -‐ Cahier triangles pédagogiques • Cahier Apprendre, c’est quoi ? – Comment apprendre à
apprendre ? Apprendre tout au long de la vie (élèves/enseignants/formateurs) – Au lieu des réflexes, développer la réflexivité.
Visibilité de la Fondation CPA
• Rédaction d’une plaquette (à faire)
• Rapport d’activité 2013 et 2014 en relation avec la capitalisation
• Rapport de capitalisation global + résumé +
présentation PPT
Diffusion des cahiers réservée aux partenaires CPA en Afrique et aux volontaires
A faire
Commentaires -‐ préciser la diffusion extérieure -‐-‐-‐ la mise à disposition sur le site
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La documentation produite au cours des deux années de capitalisation est volumineuse. Le degré d’utilité est divers : certains documents restent internes comme banque de données, d’autres comme étapes de structuration et de méthodologie des travaux de capitalisation, enfin une partie a servi directement à la formation des volontaires et leur implication dans les changements générés au cours des deux ans. Ils n’ont que très partiellement été consultés et utilisés par les volontaires, et encore moins par les formateurs africains, par manque de manque de temps, par les engagements multiples hors CPA et surtout par le besoin d’agir sur le terrain. Consigner les apprentissages, les réflexions communes puis s’y référer explicitement au moment des bilans restent une pratique de quelques membres du Conseil de Fondation, du Comité exécutif et de quelques volontaires. Toutefois, toutes ces réflexions posées par écrit, d’abord en réponse aux besoins personnels de la coordinatrice, ont progressivement décanté et laissé émerger une ligne de travail de plus en plus claire. Des documents de vulgarisation de la vision commune de CPA, des outils méthodologiques, en sont issus, sous la forme en particulier des cahiers pédagogiques.
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Chapitre 6. Systématisation des acquis et projections d’avenir au niveau institutionnel Les travaux réalisés au cours des deux années de capitalisation ont conduit CPA à construire une culture commune entre les acteurs de la coopération. Les acquis du passé servent de base au développement des pratiques à venir. Ils ont été
-‐ répertoriés et systématisés : confrontation des lieux/sites, croisement des points de vue des acteurs divers, définition des atouts et différences, -‐ documentés : recueils des pratiques, synthèse des acquis, rédaction de pistes d’action, publication de cahiers pédagogiques, -‐ consolidés : rencontre et débat à SEM13, analyse et questionnements réciproques, changements initiés ou projetés -‐ valorisés : reconnaissance des compétences développées dans les activités CPA, vision commune, homogénéisation des pratiques organisationnelles et pédagogiques.
Les projections d’avenir concernent le niveau institutionnel et donc financier (chap. 6), ainsi que le niveau pédagogique (chap. 7).
6.1. Une « organisation apprenante »: combiner le processus formatif et le processus de capitalisation CPA a défini la capitalisation comme un temps de réflexion sur son propre parcours institutionnel et un tremplin vers l’avenir. Dans ce processus, le séminaire SEM13 jouait un rôle pivot, à la fois rencontre des acteurs principaux, formation pour les formateurs et documentation de la capitalisation. Ainsi, logiquement, la capitalisation a été conçue pour répondre à ces trois buts en même temps selon le principe de l’apprentissage expérientiel (ou knowledge management ou encore organisation apprenante).
« L’organisation apprenante se caractérise par sa capacité à intervenir sur elle-‐même, à modifier ses logiques d’organisation et d’action. L’apprentissage organisationnel se caractérise par une organisation qui capitalise, stocke, mémorise, diffuse les savoirs produits ou détenus par les individus au niveau de l’organisation. »13
Au fil de la 1ere année de capitalisation, des innovations ont été initiées à plusieurs niveaux, visant à terme une harmonisation des pratiques. Un processus conscient de travail s’est mis en place à travers la confluence de diverses approches :
-‐ d’abord l’entraînement à « l’analyse de l’expérience » avec divers outils -‐ l’explicitation ou le questionnement explicatif -‐ visant la valorisation des acteurs. Introduite d’abord auprès des volontaires (formation printemps 2012), puis dans les stages 2012, puis systématisée au cours de SEM13 cette approche impliquante et réflexive amenait chaque acteur à son niveau à repérer l’essence de ses actions (Méthodologie dans le cahier A). -‐ en parallèle et en cohérence, la création de la méthodologie de travail CPAE a pu s’appliquer à toute activité de formation, de rédaction, de logistique : Concevoir à Préparerà Agir/Animer àEvaluer (Cahier CPAE).
13 Fernagu-‐Oudet, S., Organisation du travail et développement des compétences. Construire la professionnalisation, Paris, L’Harmattan, 200
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-‐ la refonte du Référentiel de compétences en y incluant des points plus pertinents tirés du référentiel kinois (selon Manuel PAP) par un groupe inter-‐délégations en lien avec le CF CPA à décision CF à travail à distance à décision d’une référence commune CPA dès 2014 (Cahier R). -‐ la demande des chefs (historiques) des délégations africaines de réorganiser la collaboration entre CPA et les responsables africains à demande de créer un organe commun à réponse de CPA : divers aspects ont été réorganisés par le CF, d’autres doivent rester de la compétences du CF, et enfin d’autres être de la responsabilité de répondants locaux, garants aux yeux des bailleurs de fonds. La réflexion sur le partage des responsabilités s’est poursuivie après les premières tentatives introduites lors des stages 2014. -‐ l’harmonisation des formations des stagiaires et celles des futurs formateurs entre les divers sites et divers pays (critères de recrutement et conditions, contenus, durée et dispositifs de formation, modalités pédagogiques et certification) a été initiée par un groupe de travail à le CF a mandaté MTS pour poser une ébauche à information transmise aux diverses délégations à accord sur le texte Harmoniser les formations à mise en forme à travers le cahier H, et application dès le cycle triennal en cours 2014-‐2016. -‐ l’implication des collègues africains dans la décision des textes des cahiers R et H.
Tous les cahiers, et en particulier A, CPAE, R et H, émanent directement de cette « dynamique apprenante » de CPA. En tant que stockage et mémoire des savoirs produits dans la pratique, ils constituent les piliers des futures activités formatrices de CPA. Comment garder au-‐delà de la période privilégiée de capitalisation une compétence réflexive collective afin d’innover et de modifier consciemment le parcours de CPA ? Quelques pistes : -‐ Le Conseil de Fondation renouvelle sa composition et intègre les personnes actives dans ce processus, en particulier les volontaires ; -‐ Le comité exécutif compétent reste à la fois lié au terrain africain (FF-‐MTS) et passerelle auprès du Conseil de Fondation ; -‐ Le rôle fédérateur de la présidence grâce à la connaissance du passé de CPA, aux liens privilégiés avec les partenaires et les bailleurs au niveau institutionnel ; -‐ Des séances annuelles de réflexion pour analyser le passé et se projeter en toute conscience.
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6.2. Une vision commune : homogénéiser les objectifs et les structures de travail 6.2.1. La chaîne éducative
De la base au sommet, une représentation de la chaîne éducative intégrale nous amène à réfléchir aux tâches et spécificités de chacun des maillons de la chaîne. Depuis à l’origine, les MEN – Ministères de l’Education nationale – jusqu’aux enfants.
Partenaires avec un correspondant local
CPA Les instances Les volontaires
Formateurs Une équipe de formateurs Un conseil des FoA ?
Stagiaires Enseignants des écoles publiques
Elèves Des enfants et leurs familles
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6.2.2. Les constantes de CPA L’analyse des années de pratiques a permis de résumer les constantes repérées à travers les divers sites. En outre, tout le processus de capitalisation conduit CPA à construire l’avenir sur des bases sûres en y apportant des nouveautés multiples.
-‐ Les objectifs fondamentaux de CPA restent la formation continue des enseignants africains (et non leur formation initiale qui est de la responsabilité des instances ministérielle des états). Cette formation n’est pas certifiante (pas de diplôme ni de certificat officiels reconnus par les instances étatiques) même si elle est largement qualifiante et valorisante (nouveaux acquis et apprentissages multiples sources de promotion).
-‐ Les stages restent le moment et le lieu au centre des activités CPA. Ils répondent à la fois aux objectifs de formation des stagiaires enseignants et de celle des futurs formateurs et formateurs africains :
- Les stagiaires constituent le coeur du dispositif : CPA garantit la qualité de la formation du recrutement à l’attestation. - Les formateurs africains représentent les agents majeurs de la conduite des stages et donc de la formation des stagiaires : CPA les
accompagne dans toutes leurs tâches, et pour ce faire garantit leur formation de la sélection à la certification. - Les volontaires enseignants-‐formateurs appuient l’ensemble du dispositif de stage: CPA les outille pour accompagner un stage de la
conception à l’évaluation. - Une pédagogie participative et active est visée à tous les niveaux. - Les tâches de formation des stagiaires et celle des futurs formateurs peuvent être combinées dans un même lieu et même temps, ou
dissociées (comme au Mali, avec stage de formation spécifique pour les futurs formateurs). -‐ La formation des stagiaires et celle des futurs formateurs sont conduites selon une pédagogie adaptée aux adultes (andragogie), dans une stratégie « apprenante », d’analyse des expériences, combinant les apports réciproques entre théorie et pratique.
6.2.3. Les nouveautés CPA dès 2014 Les acquis des pratiques sus-‐mentionnés constituent les fondements des activités CPA. Divers changements émanent des réflexions : parfois renforcement des pratiques déjà initiées, mais aussi changements de nature et d’envergure diverses: -‐ les pratiques sont désormais harmonisées autour d’une vision commune aux niveaux organisationnels, financiers et pédagogiques (voir chapitre 7)
-‐ structure des formations (Cahier H) : concepts, planification-‐durée, barèmes, stratégies, grilles de projet et de rapports -‐ référentiel de compétences des enseignants stagiaires et des formateurs CPA (Cahier R)
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-‐ dispositif et temps pédagogiques d’un stage, d’une journée de stage (Cahier C) -‐ méthodologie globale de CPA : Conception/Préparation/Action/Evaluation (Cahier CPAE) -‐ fiches de travail (projet, barèmes, budget, rapports de bilan)
-‐ les sept cahiers de la mallette pédagogique constituent la base de référence, pour tous les sites de stages et pour tous les acteurs : les partenaires, les formateurs africains et les volontaires suisses.
-‐ La priorité des actions CPA à la formation des formateurs, africains et des volontaires :
-‐ en tant que personnes de terrain responsables de la pérennisation des stages, de l’essaimage de la ligne pédagogique CPA, -‐ et personnes compétentes par leur formation empirique et formelle de formateurs, -‐ avec l’introduction de la « Valorisation des compétences-‐histoire de vie », grâce à la semaine spécifique VAC (SEM13, puis VAC Congo 2014, VAC Togo et Mali 2015), afin de permettre à tous les formateurs et futurs formateurs d’identifier leurs compétences dans l’action et de les mettre en relation avec le référentiel CPA.
-‐ l’aménagement de la coopération institutionnelle avec ses trois piliers : CPA – les bailleurs – les partenaires locaux : - CPA offre le cadre budgétaire et le concept de formation. - CPA vise à moyen terme l’autonomisation des partenaires dans leurs actions locales. - Les partenaires locaux assument la responsabilité de la direction, du financement global et de la gestion des stages locaux. - CPA garantit aux partenaires les conditions de conduite des stages et assume les décisions y relatives (CPA ne crée pas d’instance commune
de décision entre les partenaires africains et CPA-‐Suisse). - CPA recueille et répartit les fonds des bailleurs selon un même barème entre les sites et gère selon les exigences de Valais Solidaire. - un correspondant local ayant acquis la confiance de CPA assure le rôle-‐clé d’intermédiaire entre le partenaire local et CPA Suisse :
o organisation et logistique du stage o garantie du budget et du bilan financier o conception du programme et des contenus avec le Conseil des Formateurs o liens institutionnels avec MEN, instituts de formation, instances locales (ex. EPSP, IPP, syndicats…) o évaluation du stage avec les FoA et FoS o réfléchir sil remplace la COMPEDA ( ?)
6.2.4. Les aménagements à prévoir à court terme
-‐ revenir aux stages de 4 semaines pour les Africains mais avec liberté 3 ou 4 semaines pour les volontaires
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-‐ redéfinir les rôles de chaque acteur, en particulier instaurer le rôle catalyseur du correspondant local -‐ définir comment combiner la formation des futurs formateurs avant/pendant/en parallèle d’un stage -‐ favoriser la création de conseils des formateurs dans chaque site (faciliter la relève et l’autonomie des équipes pédagogiques locales) -‐ documenter les structures et outils de formation à l’attention des futurs formateurs (modèles à tirer du stage Mali -‐ FF) -‐ concevoir la formation spécifique des inspecteurs et directeurs (proposition 2015 à Kikwit) -‐ poursuivre l’ancrage du processus VAC pour les formateurs africains, les futurs formateurs (en tirer des pratiques endogènes ? avec quels spécialistes ?) et pour les futurs volontaires
6.2.5. Les changements à moyen et long terme : changer le paradigme de la coopération pédagogique A l’issue du processus de capitalisation, CPA clarifie sa ligne générale : sortir de la dépendance et viser l’autonomie des partenaires africains, tant au niveau pédagogique que financier. CPA valorise les compétences acquises par les équipes de formateurs afin de consolider leur pérennité et leur autonomie pédagogique. CPA vise l’indépendance à moyen terme des stages pédagogiques auprès des enseignants. Le dilemme de CPA pour clore le cycle 2014-‐16 : Comment à la fois, rester exigeant et faire confiance ? Comment garantir la continuité des stages actuels et répondre à de nouvelles demandes ? Comment bousculer les habitudes et accompagner le changement sans créer de vide à la base pour les stagiaires et les formateurs ? CPA décide de préparer ses partenaires à l’autonomie financière et pédagogique. Il s’agit d’enclencher un processus d'autonomisation et donc d’accompagner le changement. En bref :
o S’appuyer sur les acquis des stages passés et sur leur systématisation issue du processus de capitalisation (Cahiers CPA) o Poursuivre l'harmonisation des stages 2015-‐16 pour terminer la formation engagée
§ Option courte : cycle de stage de 3 ans 2014-‐16 § Option longue : démarrer une formation de FuFo 2017-‐18 si besoins locaux avérés
o Informer les partenaires du processus de désengagement progressif en temps et en finances § Mettre en veilleuse l’intervention CPA (pour se détacher du poids « historique », habitudes, personnes) § Assurer un accompagnement ou appui à la carte au niveau pédagogique (désengagement progressif en temps et présence de
volontaires) § Définir le désengagement financier (budgets CPA dégressifs pour clore le cycle en cours) § Tenir compte des accords de coopération passés avec les partenaires – définir la stratégie site par site § Eventuellement revenir après une période de latence CPA
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o Mettre sur pied des formations spécifiques à la conduite de projet (organisation et conduite de stage) ainsi qu’à la gestion de budget à l’attention des responsables et en particulier des correspondants locaux : objectif majeur
o S’orienter vers de nouveaux sites dès 2017 avec comme atout les expériences accumulées : «faire de l’expérience un savoir transférable » o S’appuyer sur de nouveaux responsables locauxà une personne de référence ou CORRESPONDANT LOCAL choisi par CPA (si possible dès
2015) et donc redéfinir les critères de choix et son cahier des charges (journée de travail CE e volontaires 24 janvier 2015). CPA redéfinit le partenariat (conditions, objectifs, critères de choix), et prend les mesures pour renouveler les partenaires et entame des négociations dès 2015. Par ce choix de changement profond, il s’agit de contrer les multiples résistances des hiérarchies locales (déjà bien connues, mais documentées au cours de la capitalisation) et de rompre avec la culture CPA des privilèges acquis, des habitudes, au sein des partenaires africains.
6.3. S’enrichir des échanges interculturels et améliorer la communication bi-‐ et multilatérale Depuis toujours, la complexité des relations interculturelles dans la coopération a été vécue de manière ambivalente comme source de richesses et de tensions. Elle est abordée explicitement avec difficulté vu la part importante des enjeux relationnels, des conséquences pratiques dans les activités, des émotions et valeurs diverses mobilisées par les uns et les autres. A SEM13, la rencontre entre les quatre délégations africaines et la délégation suisse a été très riche. Pour de nombreux Africains, elle constituait la première sortie du pays, voire de leur région, le premier voyage à l’étranger et le premier vol en avion, la première confrontation à d’autres habitudes, comportements, nourriture et mode d’expression. Cette rencontre a exigé une décentration importante de la part de chacun, et de chaque délégation, pour entrer en réelle communication. Outre l’écoute et le partage réciproque, l’objectif de SEM13 était aussi de bousculer le « Comme d’habitude, puisque ça fonctionne bien » et d’amener les formateurs à sortir des sentiers battus, à emprunter des idées ou des pratiques aux autres. Cet objectif semble difficile à atteindre, il fera son chemin, mais lentement. Quels en sont les obstacles ? -‐ le poids des habitudes -‐ le poids des chefs historiques avec leur ligne tracée et leurs propres inventivités gardées jalousement -‐ la loyauté aux traditions et donc le manque d’habitude à emprunter mais aussi à adapter de nouvelles idées à son propre environnement, -‐ le manque de compétences et de légitimité de la plupart des formateurs à innover -‐ les multiples incompréhensions interculturelles réciproques N-‐S et S-‐S
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De leur côté, les nouveaux volontaires suisses ont exprimé leur enthousiasme lors de cette rencontre (témoignage écrit de Katia et Kathy). Ils ont été confrontés directement pour une première fois aux relations d’aînesse, de hiérarchie, au respect strict des rôles et à leurs conséquences à tous niveaux au sein des délégations africaines. Et pour les anciens, c’en était une confirmation. Les tensions interculturelles touchent divers aspects : les relations interpersonnelles (hiérarchie et rôles, genre, âge), les relations N-‐S, les relations à l’argent et à la gestion financière, les relations au temps (anticipation, spontanéité, respect des délais, aléas des moyens techniques). Sur certains points, les incompréhensions peuvent altérer les relations inter-‐personnelles et de travail. Sur d’autres sujets, les forces des uns compensent souvent les faiblesses des autres : ex. les Suisses ont besoin de préparer à l’avance mais les Africains réagissent plus aisément aux imprévus. Pour comprendre les causes des difficultés, les blocages freinant la relève des cadres et l’innovation, CPA a décidé d’approfondir les relations interculturelles, en particulier pour mieux décoder d’une part notre propre relation à l’interculturalité et de l’autre notre regard sur le fonctionnement des relations hiérarchiques et le passage de responsabilités. Une journée de formation et de réflexion des volontaires a été organisée au retour des stages d’été 2014 (journée du 13.9.2014) avec une spécialiste du sujet, Véronique Schoeffel. Quelques réflexions des volontaires sur « la communication interculturelle lors des stages CPA 2014 » : -‐ volonté d’aller au-‐delà des représentations réciproques, d’identifier nos préjugés, de déconstruire nos perceptions -‐ mode d’apprentissage et d’enseignement : comment déconstruire la logique d’apprendre par la répétition – entrave à la PAP ? -‐ respecter les décisions locales, jusqu’où ? au mépris des objectifs et décisions CPA ? -‐ analyse des modes de communication : souvent des attitudes contradictoires et des perceptions différentes (modes d’expression direct/indirect ; linéaire/circulaire)
• pour les Africains : ne pas manifester son désaccord verbal, ne pas exprimer ouvertement ses propres émotions, respecter les chefs/les autorités ministérielles (même si désaccord), anticipation difficile (ça les angoisse), respect difficile des femmes responsables (A ou S), pas ou peu d’habitude d’évaluation (peur de perdre la face)
• pour les Suisses : tenir à nos planifications (ça nous rassure), oser partager des avis différents, débattre, partager les responsabilités et volonté de construire ensemble, discuter avant de décider
-‐ rapport à l’argent : malentendus sur le vocabulaire, les attentes réciproques • Pour les Africains : permanence de l’image du blanc-‐colon-‐pouvoir de l’argent, système D pour jongler avec les budgets, tout dépenser • Pour les Suisses : attente d’une gestion « à la Suisse »
Il ressort en conclusion que gérer l’incertitude dans les relations, gérer les attentes réciproques implicites, c’est la plus grande compétence dans les relations interculturelles. Dans la rencontre des contextes et des systèmes de valeurs A et S, apprendre à évaluer où se situe le « signifié commun », le négocier ensemble, délimiter ce qui n’est pas négociable pour les uns et pour les autres.
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Concrètement restent de nombreuses questions ouvertes pour parvenir à coopérer sur pied d’égalité : -‐ comment accéder à leurs besoins réels, leur permettre de les formuler librement, afin de répondre aux vraies attentes, afin de mieux ajuster l’offre à la demande/aux besoins ? -‐ quels outils de régulation, d’évaluation bilatérale, développer ? -‐ prendre le temps d’apprendre de leurs expériences, de notre rencontre avec les autres et de transférer ces apprentissages en Suisse -‐ favoriser l’échange direct S-‐S et avancer vers l’autonomie des stages Ce vaste sujet devra être explicitement abordé entre Africains et Suisses comme thème de réflexion, voire de formation. Il ne suffit pas de le traiter « à chaud » à propos des événements vécus, ni dans les entretemps et coulisses des stages. Cette réflexion est aussi à poursuivre dans la préparation au départ des futurs volontaires. Mais pour tous, rester humbles par rapport aux limites culturelles de part et d’autre.
6.4. Favoriser la relève et développer l’autonomie des cadres
6.4.1. En Afrique La volonté exprimée à de nombreuses reprises par le Conseil de Fondation depuis 2010 n’a atteint que de très faibles résultats dans la première phase de capitalisation (voir chapitre 3.3.2-‐ page). SEM13, une démarche horizontale : bousculer les représentations et les rôles hiérarchiques traditionnels Sem 13 constituait un moment-‐clé de la capitalisation dans le sens de recueillir l’avis des principaux intéressés à la Coopération pédagogique en Afrique, à savoir les formateurs d’enseignants, Africains d’abord, mais aussi Suisses. Sem13 ne s’est pas adressé spécifiquement aux responsables (historiques) des stages, mais les a inclus au même titre que tout autre formateur, dans une réflexion horizontale. Une fois de retour, sans cadre contraignant, les habitudes locales reprennent. Pour la préparation des stages 2014, les contacts à distance ont dû être établis avec les anciens chefs, même s’ils ont souvent été élargis à d’autres formateurs. Ils n’ont pas abouti à une prise en charge par de nouvelles forces. Et même au contraire, au Togo aucun renouvellement parmi les directions de stages, et au Mali percée de nouveaux « chefs » incompétents. Les instances syndicales favorisent probablement peu l’innovation et les pratiques démocratiques. Au terme des stages 2014, la tâche reste entière. Le CF reconnaît s’affronter à une partielle impasse et à des blocages dus aux relations hiérarchiques paralysantes et au poids des habitudes de coopération.
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Le changement de paradigme de la coopération issu de la capitalisation semble difficilement praticable avec les anciens/actuels partenaires. CPA poursuit sa volonté de renouveler son engagement, de l’appliquer dans un cadre de stages à visée autonome. Fin 2014, il décide de rompre avec les dépendances personnelles, institutionnelles et organisationnelles à l’oeuvre. L’option de désengagement progressif vis-‐à-‐vis des sites actuels, en temps investi par les volontaires et en finances, en émane. L’avenir repose sur une exploitation des acquis de la pratique des stages CPA, et un essaimage des options stratégiques et pédagogiques (Cahiers CPA) vers d’autres sites demandeurs. 6.4.2. En Suisse La situation de la relève en Suisse n’est pas maîtrisée explicitement non plus. Une majorité de femmes parmi les volontaires, quelques-‐uns actifs sur le long terme (voire dizaines d’années), des retraités, un renouvellement régulier après 3-‐5 ans de stages (fatigue, exigence élevée de CPA mais aussi appels de la famille, passage à d’autres intérêts personnels). Voir chapitre 6.6.
6.5. Bousculer les relations de genre traditionnelles et favoriser l’émergence de cadres femmes De manière générale dans les stages, et même à SEM13 et au cours des stages 2014, les observations attestent d’une difficulté de mettre en pratique une équité genre.
A titre d’exemples, à SEM13 : Les femmes notent dans les groupes de travail et les hommes présentent en plénière ; les hommes animent et font noter les idées au tableau à une femme; une formatrice anime un débat et se fait voler à plusieurs reprises son rôle par des formateurs. Toutefois, l’observation par les participants de l’Equipe d’animation a pu faire bouger leurs représentations, vu que les trois femmes (sur huit membres) ont su conduire une grande partie de SEM13. Il en est de même avec le trio d’intervenants burkinabés un formateur et deux formatrices (partie I).
Ce sujet a été esquissé pontuellement, mais jamais abordé explicitement. Une réflexion pratique, liée aux modes de travail, au partage des tâches et des responsabilités est à mener. Un travail d’accompagnement spécifique des femmes suppose d’abord de déconstruire leur propre regard sur « l’incompétence féminine intégrée», puis la valorisation et reconnaissance de leurs compétences propres dans leurs expériences. En parallèle, ces sujets sont à traiter entre les femmes elles-‐mêmes, entre les hommes et de manière mixte. Des exercices pratiques, des commentaires spontanés en action, et des séquences spécifiques de réflexion seraient à introduire. Quelques suggestions :
-‐ recrutement des stagiaires : analyser comment le critère genre est utilisé, comment se font les choix dans les écoles ? -‐ repérage des futurs formateurs : selon quels critères (genre, niveau de classe, âge, disponibilité) ?
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-‐ activités des formateurs A : comment se répartissent les tâches (administratives, logistiques, encadrement de niveau des degrés, encadrement de l’équipe pédagogique ?), comment s’établissent les liens avec les volontaires suisses et avec les formateurs ? qui décide des responsabilités ? comment circule l’information ? comment s’établit la communication femmes-‐hommes ? enseignants-‐stagiaires selon le genre ? -‐ direction/encadrement des stages : quelles places y occupent les fe/ho dans les prises de parole, les animations, les décisions, l’évaluation? avec quels effets ? -‐ contenu des formations : relever les thèmes, les disciplines, les moyens, les résultats relatifs au genre ; analyser les pratiques (satisfactions, difficultés, besoins)
Une formation spécifique serait nécessaire au cours de chaque cycle de stage, au minimum une journée dans la semaine préparatoire des stages, et donc avec préparation des volontaires. L’avenir à moyen terme des stages CPA en dépend.
6.6. Consolider et diversifier le statut des volontaires
Les réajustements du rôle des volontaires au cours des 2 années de capitalisation ont suscité beaucoup d’enthousiasme mais aussi de craintes. Les journées de formation au printemps et les journées d’analyse du travail (avant et après SEM 13 et les stages 14) ont constitué des temps forts où les volontaires ont été associés très activement au changement de culture CPA (présentation des projets en cours, consultation, intégration à certains travaux, expérimentation des cahiers, transfert et introduction des cahiers en Afrique, construction collective du bilan des stages 14). Certains ont pu ressentir une pression à quitter leur rôle habituel d’enseignant volontaire auprès des stagiaires et à s’improviser formateur d’adultes, d’où des déstabilisations bien compréhensibles. Au terme de ces deux années, est née une proposition de différencier les rôles des volontaires afin de mieux respecter d’une part leurs compétences diverses acquises dans la pratique CPA mais aussi leur évolution. « Je bascule d’enseignant volontaire à accompagnateur d’une équipe de stage » a résumé Alain (fin 2014). • Diversification des rôles des volontaires selon leurs compétences et expériences, en trois statuts spécifiques :
o intervenant spécialiste d’un sujet, d’une matière (ex. Education physique, matériel didactique), voire spécialiste ponctuel (SIDA, Ed Phys) o enseignant-‐accompagnateur pédagogique, transversal primaire, ou au niveau d’un degré de classe o accompagnateur-‐formateur de l’équipe pédagogique et de la conduite du stage (FFA-‐ formateur de formateurs d’adultes)
Il s’agit maintenant de préciser le cahier des charges selon les rôles des volontaires (niveaux organisationnel, pédagogique, financier) ainsi que le partage des tâches avec les collègues africains ;
• Reconnaissance officielle de leurs compétences afin de fidéliser les volontaires et de leur faciliter une évolution ou diversification professionnelle
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o attestation de bénévolat relevant les compétences mobilisées et celles nouvellement acquises dans les activités avec CPA (formation, engagement, action de terrain, évaluation)
o validation formelle des acquis (ex. Brevet formateur d’adultes, module 1 BFFA) o reconnaissance des compétences acquises avec CPA comme formation continue d’enseignants (voir avec la CIIP ) ;
• Clarifier les critères et conditions d’engagement des volontaires : o Rédiger une fiche d’information et un cahier des charges (voir document MCT 1.1.15) o Demander de remplir un formulaire de motivation o Viser davantage d’hommes vu le déséquilibre genre parmi les volontaires
• Compléter et renouveler les équipes de volontaires et chercher de nouveaux volontaires dont des FFA (HEP) pour améliorer l'encadrement et
l'accompagnement des FoA. o Les initier à la culture CPA – formation selon les cahiers pédagogiques o Repérer leurs atouts spécifiques pour définir leur affectation et le choix de site o S’enrichir de leurs nouveaux apports
• Accroître la légitimité des volontaires sur le terrain :
o Les faire reconnaître comme représentants officiels de CPA, avec des tâches et des devoirs auprès des partenaires et collègues formateurs, donc nécessité de faire respecter leur mission
o Développer le respect de la personne, femme et homme, quels que soient son statut et ses fonctions comme volontaire CPA , ce qui suppose une ouverture au sein de l’équipe de formaeurs africains et parfois une confrontation ouverte au machisme ambiant de la part des collègues formateurs, des stagiaires et des responsables locaux.
Le recrutement et la formation des nouveaux volontaires supposent d’être organisés et assurées par les instances de CPA.
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7. Questionnements et perspectives sur les stratégies pédagogiques de CPA
7.1. L’apprenant au centre de son apprentissage Prenons le triangle pédagogique14 comme structure d’analyse des rapports pédagogiques au sein de CPA. Concrètement, dans la salle de classe au cours du stage, 3 cercles et 3 niveaux d’activités s’emboîtent : • les élèves au centre avec un enseignant-‐stagiaire pendant une leçon, • les autres collègues stagiaires observateurs puis acteurs de l’analyse de la
leçon • l’accompagnement de la part des formateurs africains et des volontaires En résumé, la ligne pédagogique des stages s’articule autour de :
-‐ la personne au centre de son apprentissage, à tous les niveaux, à savoir les élèves au cours de la leçon, le stagiaire en action, les formateurs responsables de l’encadrement -‐ la pratique des stagiaires-‐enseignants est au centre du stage, donc la leçon donnée aux élèves (préparation, conduite, observation, évaluation, récolte des apprentissages) ainsi que les ateliers de perfectionnement -‐ la valorisation des compétences par l’auto-‐ et la co-‐évaluation (en particulier lors des leçons des stagiaires, mais aussi lors des leçons certifiantes des futurs formateurs) -‐ l’analyse des expériences à tous les niveaux : repérer les atouts, relever les nouveaux apprentissages et savoir les transférer dans la pratique quotidienne (formateurs, administrateurs, stagiaires et même élèves)
14 Houssaye Jean, Triangle pédagogique
Les trois relations pédagogiques
Apprendre
Enseign
er –
Transm
ettre
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-‐ l’adaptation des instruments et outils, l’encouragement de la créativité, en réponse aux besoins locaux
7.2. La différenciation des cadres pédagogiques
7.2.1. Trois niveaux La réflexion entamée fin 2012 sur les 3 triangles pédagogiques prend toute sa dimension deux années plus tard et s’avère pertinente :
pendant les stages
Semaine de formation + Semaines de formation pédagogique
pendant et après les stages
Formation pédagogique + suivi + pratique en classe
Contenus
Contenus
Contenus
Formateurs-trices
+ FFA
Formateurs en formation
Formateurs FoA et FoS
Stagiaires Enseignants + dir + insp
Stagiaires Enseignants + dir + insp
Elèves
formation des formateurs formation pédagogique enseignement en classe
présence et implication des volontaires enseignants-formateurs suisses CPA formation initiale et suivi
3 2 1
Former
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Les stages se déroulent successivement et parallèlement au niveau des 3 triangles : -‐ 1. En classe, les leçons avec des élèves
-‐ préparer et conduire la leçon -‐ observer les leçons des autres stagiaires -‐ évaluer la leçon : auto-‐évaluation et co-‐évaluation -‐ identifier et récolter les nouveaux apprentissages (cahier d’apprentissage personnel) -‐ noter les transferts possibles au quotidien et repérer les points d’amélioration (cahier d’apprentissage)
-‐ 2. Le stage : formation des stagiaires ou formation professionnelle pédagogique (sans élèves)
-‐ les journées préparatoires de formation des stagiaires (début de stage) -‐ la préparation des leçons, le programme national -‐ l’observation+ évaluation des leçons, -‐ les ateliers de perfectionnement, les outils et méthodologies divers -‐ le recueil des apprentissages et réflexion sur le transfert dans la pratique à avec l’encadrement et l’accompagnement des formateurs locaux à et l’appui des volontaires suisses
-‐ 3. Les journées préparatoires : formation de l’équipe des formateurs (mais aussi formation des volontaires)
-‐ journées préparatoires du stage -‐ séances des formateurs tout au long du stage -‐ phase d’évaluation finale à avec formateurs de formateurs ou en autonomie entre formateurs àSEM 13 comme situation exceptionnelle à les cahiers pédagogiques comme outil de travail
7.2.2. Tableau comparatif
présence et implication de la commission pédagogique locale suivi et formation continue
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En comparant les trois positions, le tableau permet de différencier concrètement les pratiques et d’en tirer des leçons.
Triangle pédagogique dans les pratiques CPA
Forces – atouts
Faiblesses -‐ limites
Réflexions et perspectives
Enseignement en classe (1) Leçons avec des élèves (en début de journée de stage)
La leçon au centre du stage (ancien acquis des stages CPA): -‐ un enseignant-‐stagiaire avec des élèves : expérimentation en direct -‐ l’observation des leçons par les collègues : occasion d’apprendre
Chaque stagiaire n’a qu’1-‐2 leçons par stage, donc trop peu d’expérimentation Difficile d’évaluer sur un temps si court Pas de progression observable Suivi en cours d’année aléatoire à mieux organiser ce suivi
Allonger la durée du stage pour multiplier les leçons (même sans présence des volontaires suisses) Intégrer les leçons aux visites de suivi Procéder à des évaluations évolutives au cours des 3 années et garder des traces écrites selon critères progressifs (répartition des compétences du référentiel sur les 3 années)
Formation des stagiaires (2) Pendant les stages CPA : en particulier journées de formation et divers ateliers
L’analyse des leçons : -‐ auto-‐évaluation -‐ co-‐évaluation -‐ améliorations retenues (récolte) -‐ nouveaux apprentissages (récolte) La valorisation des compétences des stagiaires – la reconnaissance de leurs spécificités (personnelles, par degré) Les apports méthodologiques -‐ ex. la préparation d’une leçon, le programme national, le matériel didactique, la leçon d’éducation physique Le perfectionnement : p.ex. français, réflexion sur son parcours d’enseignant, le carnet d’apprentissage Les thèmes transversaux : santé/hygiène, genre, environnement, droits de l’enfant, citoyenneté …
Temps d’intégration trop bref Difficulté d’apprendre en observant les autres Capacité réflexive à entraîner davantage pour acquérir plus d’autonomie d’apprentissage Oser relever les faiblesses (par les Fo et autres stagiaires) afin de ne pas renforcer l’auto-‐suffisance de certains enseignants Beaucoup d’habitudes pédagogiques incarnées/répétées (habitus) freinent l’évolution des stagiaires et donc des élèves, par exemple : la répétition (des formules, des mots, des notions), répétition successive par plusieurs élèves la priorité à la mémorisation, la classe comme entité homogène sans différenciation les gestes et paroles dévalorisants voire menaçants
Poursuivre et développer l’analyse de pratique avec explicitation, et rôle du questionnement ou accompagnement explicatif priorité à la valorisation des compétences – mais sans complaisance Oser dépasser les habitudes ancrées -‐ déconstruire les habitudes pédagogiques -‐ décrire et démonter les mécanismes afin de pouvoir les modifier consciemment -‐ construire une pédagogie de découverte – vers la PAP -‐ stimuler l’intelligence des enfants, donc d’abord des stagiaires Créer des classes séparées pour les stagiaires directeurs/inspecteurs afin de « libérer » les stagiaires enseignants de leurs supérieurs hiérarchiques à développer un contenu et des modalités de travail adaptés à leurs besoins. Rôle prioritaire des partenaires pour réaliser
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cet objectif. Formation des formateurs (3) SEM13 + journées préparatoires des stages avec l’équipe de FoA + VAC + Formation FuFos
Expérience exceptionnelle de SEM13 mais n’a pas profité à tous. La semaine VAC Valorisation de compétences (histoire de vie et profil de compétences) a pour but de compenser auprès des autres formateurs et futurs formateurs (Vac Congo 14, Togo 15 et Mali 15 + 16). Les journées préparatoires des stages jouent un rôle fondamental : -‐ formation commune à tous -‐ choix des priorités d’équipe -‐ constitution d’un esprit d’équipe -‐ collaboration FoA et FoS -‐ distribution des tâches et des rôles
La sélection pour SEM13 a valorisé à mauvais escient certains formateurs très faibles, d’où difficulté de les considérer comme force d’encadrement. Trop peu de travail personnel et d’équipe entre les stages pour de nombreux formateurs, d’où pas d’évolution et même déperdition des capacités. à inadéquation aux besoins croissants de CPA.
Maintenir/organiser de vraies leçons à de vrais élèves aussi par les formateurs et pendant la formation des FuFos (démonstration par l’acte). Développer une formation spécifique des formateurs en charge des groupes de directeurs et inspecteurs
Conclusions
La structure des stages proposée dans le cahier H est adéquate (mais les durées à adapter) Les 4 temps pédagogiques mis en place avec Cahier C sont pertinents – renforcer le 4ème temps, celui de la récolte des apprentissages – donc mieux outiller les formateurs (cahiers C et A)
La durée des stages limitée à 3 semaines (sur demande des volontaires) est à modifier selon les besoins des partenaires et la priorité aux besoins des stagiaires. Respecter les besoins des volontaires (long stage constitue un frein à l’engagement), d’où priorité à un séjour plus court plutôt que perdre des volontaires.
Reprendre des stages d’un total de 4 semaines + évaluation et rapport, d’où la proposition d’aménagement : journées préparatoires avec les formateurs (3 jours minimum) journées préparatoires avec les stagiaires (sans élèves ni leçons) : 3 jours semaines de stages avec des élèves (3 semaines X 5 jours ou 2 ½ x 6 jours) évaluation et rapport avec l’équipe de FoA : 2 jours en fin de stage Décalages proposés pour 2015 et 2016 : -‐ 2015 – priorité ouverture du stage -‐ 2016 – priorité stage et clôture Avec tuilage possible des présences des volontaires.
-‐Source : « Réflexions sur la formation des formateurs d’enseignants et des formateurs d’adultes » (ébauche MTS non diffusée)
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7.2.3. Faut-il différencier formation des formateurs d’enseignants et formation d’adultes (FFE et FFA) ? Ces questionnements ont servi au départ de stimulants à la fois pour ajuster les contenus du programme SEM13, mais ont aussi provoqué une nouvelle réflexion. La pédagogie CPA en Afrique, la PAP en particulier, se développe dans un terrain sans tradition de formation d’adultes, ni d’éducation populaire (à la différence de l’Amérique latine où la « Educacion popular » a joué un rôle fondamental dans la formation des adultes et des mouvements sociaux, ainsi qu’en Europe (avec l’Education permanente). Pour les enseignants CPA suisses, ce contexte est à apprivoiser. Une recherche sur les spécificités de la formation de formateurs d’enseignants (FFE, p.ex en HEP ou dans CPA) d’une part et de la formation de formateurs d’adultes (FFA) de l’autre a été générée dans la phase de conception de SEM13 : • Quelle est la nature de l’une et de l’autre (similitudes et différences) ? = poursuite du tableau comparatif susmentionné • Quels liens entre elles ? Quelles différences ? Quelles convergences ? • Comment ont-‐elles coexisté ou se sont-‐elles confrontées historiquement (en Suisse, dans le travail CPA en Afrique, et plus largement) • Quelles conséquences pour la gestion des stages CPA à l’avenir ? en particulier pour le contenu et l’animation des journées préparatoires
des formateurs, et surtout dans la formation des futurs formateurs exigeant une pratique de «formation d’adultes entre adultes». Viser une journée de formation des volontaires ? Un groupe de réflexion ? Etablir des liens avec des pédagogues-‐andragogues (HEP, FAPSE).
7.3. La participation active comme modalité pédagogique A la lumière de ce modèle théorique, l’analyse concrète de SEM 13 permet de déduire des observations qui dépassent le séminaire lui-‐même et de caractériser les relations pédagogiques privilégiées par CPA dans ses actions à divers niveaux. SEM13 analysé selon le triangle pédagogique :
Le pôle participants : qui sont les apprenants à SEM 13 ? -‐ ils et elles sont formateurs dans leurs fonctions et ont des expériences. Ils sont certifiés CPA (procédure formelle pour la plupart). Ils sont compétents pour mener des stages depuis plus ou moins longtemps. Ils connaissent leurs pratiques, mais n’ont souvent pas pris le temps de les analyser; -‐ ils et elles sont au centre comme acteurs et non comme destinataires à qui une formation est adressée (ils ne sont ni élèves ni étudiants), mais participants partageant et produisant en direct leurs savoirs et savoir-‐faire ;
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-‐ ils sont considérés de manière identique comme apprenants quels que soient leur ancienneté et leurs rôles actuels (tous sont enseignants, certains sont directeurs d’écoles ou inspecteurs, conseillers pédagogiques ou responsables syndicaux) ; -‐ ils sont presque à parité hommes/femmes chez les délégués africains ; -‐ Suisses et Africains participent de la même manière à SEM13; -‐ chacun individuellement, ou chaque délégation, est amené à présenter des activités, des contenus, à animer, à observer, à évaluer. Le pôle formateur : qui est formateur à SEM13 ? -‐ la formation part de la pratique des stages et de la formation des futurs formateurs; -‐ l’apprentissage se fait surtout en apprenant les uns des autres, entre pairs : apprendre de l’expérience, penser son expérience ; -‐ l’animation est assurée par une équipe de co-‐animateurs , parfois co-‐formateurs, mais jamais dans un rôle d’enseignant/conférencier/transmetteur de contenu ; -‐ l’animation est mixte, assumée par autant d’Africains que de Suisses, un de chaque pour chaque site ; -‐ la coordination (FF-‐MTS) veille à la cohérence du processus d’apprentissage et de formation, dans son rôle de formateurs de formateurs, et assure la conduite de l’équipe d’animation. Le pôle contenu : de quoi s’agit-‐il ? -‐ Tout le contenu de SEM 13 est pratique et se construit au cours du séminaire. La pratique dans les stages CPA des années passées est le matériau de travail, la pratique à venir est l’objectif visé. -‐ Passer du récit de la pratique à sa mise en forme comme savoir de référence est le processus d’apprentissage de SEM13 (structuration, conceptualisation, théorisation). Les principaux moyens : -‐ le parcours de vie et les compétences de chacun d’abord : se connaître pour mieux agir comme formateurs ; -‐ les pratiques passées, conduites au cours des stages, par les équipes encadrantes des délégations ; -‐ les réflexions nées des ateliers, groupes de travail, mises en situations, saynètes et panneaux divers produits par les participants ou les animateurs sont récoltés ; -‐ les synthèses construites en plénière et résumées par écrit ; -‐ les fiches de travail (p.ex. CPAE, techniques d’animation).
Entre les 3 pôles, il ressort que la relation pédagogique prioritaire relie les apprenants au contenu, avec l’utilisation de multiples moyens participatifs. Au cours de SEM13, les formateurs sont les apprenants, ils partent de leurs pratiques propres, les croisent entre eux, et sont amenés à réfléchir de manière transversale. Les concepteurs et animateurs ont eu la tâche centrale de veiller à la cohérence du processus. Une spécificité importante de ce dispositif est le fait que les co-‐animateurs de SEM13 reprennent leur position d’apprenants dès qu’ils ne sont plus responsables de conduire une journée ou un atelier.
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De même au cours des stages, les stagiaires sont entraînés à réfléchir à leurs propres prestations, à observer et analyser celles des autres. Lors de la semaine « Valorisation des compétences et histoire de vie » (VAC), les formateurs décodent les moments-‐clés de leur histoire d’enseignant puis de formateur, analysent « sous la loupe » leurs expériences, puis construisent leur propre représentation de leur profil de compétences. La formation CPA est essentiellement réflexive : partir de son expérience ou écouter/observer celle des autres, puis analyser et en tirer un savoir, un apprentissage nouveau, une confirmation, voire une remise en cause.
7.4. Priorité à la formation des formateurs : garantir une stratégie multiplicatrice En mettant les enseignants-‐stagiaires au centre de son dispositif de formation, et en visant l’autonomie à terme, CPA confirme la priorité à la formation des formateurs africains en tant que multiplicateurs, garants de la culture CPA et de la pérennisation des acquis. C’est dans ce rôle pivot que les formateurs, africains d’abord, mais aussi volontaires suisses, construisent une assise pour l’avenir. Les tâches des formateurs (équipe de formateurs) sont multiples : Au niveau de la classe des stagiaires (par degré)
• conduire les classes et encadrer les stagiaires -‐ leçon (préparation, conduite, évaluation) -‐ ateliers et perfectionnement -‐ récolte des apprentissages, mise en pratique -‐ puis suivi en cours d’année
• apporter les ressources endogènes, et des contenus liés aux réalités locales, Au niveau du stage dans son ensemble
• Structure et logistique o porter la responsabilité de la tenue des stages de sa préparation à l’évaluation o travailler avec un correspondant local (rôle catalyseur aux niveaux organisationnel, financier et pédagogique) o adapter le cadre CPA (cahiers H+C) aux réalités locales
• Contenu, pédagogie et didactique o maîtriser les matières à enseigner o assurer l’accompagnement des stagiaires de leur niveau de classe o garantir une dynamique pédagogique à tout un stage de manière transversale à tous les degrés o développer en pratique les lignes pédagogiques issues de SEM13 (Harmonisation selon les cahiers pédagogiques)
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o se réapproprier les propositions CPA et les réadapter (adaptation, créativité, innovation) o identifier parmi les stagiaires les futurs formateurs au terme de 3 années o se lier à des instituts de formation/recherche africains et connaître les offres locales des autres ONG
Pour ce faire, CPA a pour tâche
• Offrir aux volontaires et aux formateurs africains des contenus et outils méthodologiques de formation (journées préparatoires avec matériel ad hoc) • Favoriser la création de conseils/réseaux des formateurs chargés d’assurer leur formation de manière continue • Initier une formation spécifique pour les directeurs et inspecteurs • Poursuivre les semaines VAC • Mettre sur pied une formation à la conduite de stage et à la gestion financière d’un stage
7.5. Concevoir et animer une formation d’adultes participative
7.5.1. Une formation d’adultes participative et impliquante : l’exemple de SEM13 Tout au long de SEM13, une pratique PAP a été mise en œuvre par l’équipe d’animation, sans la nommer explicitement. Certains participants l’ont perçu très rapidement, comprenant que SEM13 n’allait pas leur fournir de « bonnes pratiques », ni de recettes, ni de programmes préconçus. Toute la pédagogie SEM13 :
-‐ mettait les apprenants-‐formateurs au centre du processus de formation comme acteurs et non seulement destinataires -‐ visait l’élaboration de savoirs à partir des pratiques :
. repérer ses propres compétences (Partie I),
. structurer et conceptualiser sa propre pratique collective (par délégation),
. croiser les pratiques pour emprunter et adapter celles des autres (partie II),
. identifier les valeurs sous-‐jacentes à telle pédagogie, se positionner (partie III)
. définir les pratiques à venir à partir des déductions construites au fil de SEM13 (partie IV).
Une limite importante à relever : ce choix pédagogique a été posé par le CE, sous l’impulsion de MTS. Il a été vécu par tous les acteurs, en particulier grâce au rôle de l’équipe de co-‐pilotage et d’animation. Toutefois il n’a pas été conceptualisé explicitement auprès des participants, ni fait l’objet d’apport explicatif pendant SEM13. à Ce rapport donne l’occasion après coup de visibiliser cette option. à Un nouveau cahier thématique sur la pédagogie participative (PAP) en formation d’adultes peut être envisagé.
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7.5.2. Une pédagogie participative et réflexive : l’exemple des journées de formation des volontaires Pendant de nombreuses années, les journées de préparation des stages réunissant les volontaires se sont centrées sur la préparation des délégations avant leur départ : plans de travail, choix des ateliers de perfectionnement, accueil des nouveaux volontaires. Parfois, les volontaires se retrouvaient même pour la première fois à l’aéroport, sans préparation. La transmission se faisait à travers les anciens volontaires et sur place grâce au cadre local. Depuis 2012, des thèmes de formation communs aux divers sites ont réuni tous les volontaires, avec comme but de développer un esprit commun. Cette option amenée par la nouvelle présidente visait l’expérimentation de nouveaux outils de travail en formation d’adultes, d’abord par les volontaires suisses, puis le transfert auprès des formateurs africains et ensuite vers les stagiaires. Cette option confirmait un déplacement de la contribution prioritaire de CPA : non plus seulement des apports pédagogiques et didactiques à l’attention des enseignants-‐stagiaires, mais des outils de formation des formateurs dans leur rôle de formateur d’adultes. En règle générale, le formateur d’enseignants émane du monde enseignant, il se construit en continuité avec sa formation pédagogique, à partir de ses expériences d’enseignant dans sa classe. C’est d’abord un formateur praticien. Par la formation et la pratique, il s’agit donc de “transformer un enseignant en formateur d’enseignants”, en passant par la formation CPA en Afrique, ou en passant par la voie universitaire (FAPSE en Suisse). Le champ de la formation d’adultes a certes influencé le monde scolaire, mais ses origines profondément différentes (monde du travail professionnel, monde associatif, pédagogie participative, éducation populaire) l’empêchent de pénétrer le monde scolaire, marqué historiquement par les règles de l’enseignement formel. Au cours des deux années de capitalisation, sous l’influence du CE et de la coordinatrice MTS, les réflexions et pratiques initiées au sein de CPA, ont provoqué des tensions et la crainte de certains volontaires de soir exiger des compétences de formateurs d’adultes, mais toute cette période a progressivement abouti à des clarifications fructueuses.
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7.6. Développer une formation réflexive à tous les niveaux
7.6.1. Une relation dialectique entre pratique et théorie : apprendre de l’expérience Au fil de la mise en place de SEM13, des questions voire des résistances explicites ou implicites ont émergé et provoqué des réflexions :
-‐ crainte générale de trop de théorie : comment articuler théorie et pratique avec efficacité ? -‐ exigence jugée trop élevée pour les enseignants volontaires suisses et crainte de ne pas être à la hauteur de formateur -‐ crainte de la coordination SEM13 de ne pas répondre aux besoins réels des formateurs africains : comment les percevoir avant et pendant SEM13 ? -‐ expériences, inspirations et sources de travail multiples émanant les unes de l’expérience pratique quotidienne, les autres la culture scolaire/universitaire suisse HEP (MCT -‐ PP) et enfin celles de la culture de la formation d’adultes (Brevet BFFA : MTS -‐ FF) – comment conjuguer la triple culture ? -‐ en parallèle, publication du Manuel de Pédagogie active et participative P.A.P. : quel apport concret ? quelle combinaison ? SEM 13 s’est appuyé sur : -‐ les compétences réelles des formateurs (et non l’introduction à des compétences attendues, prescrites) ; -‐ une valorisation des compétences dans l’action, observables dans les récits de pratique ou démontrées en direct dans le vécu de SEM13; -‐ la sollicitation continue de présentations de pratiques, d’analyse de cette pratique (présentations + écoute/regards croisés + exploitation + évaluation critique) et mise en relation avec quelques théorisations (très peu fréquentes, voire trop peu) ; -‐ l’expérimentation en direct d’outils de travail (ex. expérience sous la loupe, triade et explicitation de l’action, construction d’un projet de stage, communication en direct/en situation fictive/jeux de rôles) ;
Ainsi, SEM 13 a inversé la stratégie pédagogique habituelle : elle est partie des compétences dans les pratiques en les explorant pour en faire un savoir conscientisé, au lieu de répondre par des contenus transmis à des besoins supposés. SEM 13 a construit une expérimentation in vivo de l’analyse réflexive : apprendre à partir de l’expérience, ou la réflexivité à l’œuvre. Au-‐delà poursuite … Il en est de même lors des journées de formation des volontaires. Certains thèmes sont traités prioritairement par l’approche réflexive tirée de l’expérience (interculturalité, leçons tirées des stages, harmonisation des formations…). Alors que d’autres s’inscrivent dans une pédagogie classique de transmission, appropriation, adaptation (méthodologie CPAE, analyse valorisante/explicitation, construction d’un stage-‐Cahier C).
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7.6.2. La boucle de l’apprentissage réflexif
Dans les pratiques actuelles des stages, la formation CPA prend de plus en plus le temps de réflexion sur le travail réalisé, la récolte des nouveaux apprentissages, la projection dans l’avenir pour y appliquer (« Semer, récolter, faire fructifier». Plus à fond même, CPA devrait conduire vers une recherche-‐action si les moyens humains et financiers le permettaient à terme.
Pratique/ Récit de pratique
Ecoute / observation
Analyse + Déduction
Récolte/Conceptua-‐lisation
Emprunt + innovation
Pédagogie CPA ou la boucle de l’apprentissage Au cours de SEM 13 ou dans les stages CPA, dans le référentiel de compétences et le processus d’harmonisation des formations CPA, il s’agit de partir des éléments présents dans les pratiques passées des acteurs, de s’appuyer sur les compétences acquises et de les améliorer/ou modifier en tenant compte des déductions tirées des échanges. L’enrichissement se produit comme une boucle d’apprentissage : pratique in vivo ou témoignage -‐ écoute/observation – analyse/déduction – conceptualisation – emprunt/adaptation – réinvestissement – action innovante. Il s’agit bien d’une stratégie pédagogique selon la dynamique réflexive. (adaptation du concept de boucle d’apprentissage de David Kolb)
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7.6.3. Apprivoiser une pratique réflexive : concentration, un travail exigeant, du temps Au cours de SEM13, les participants ont exprimé diverses difficultés qui avaient été sous-‐estimées dans la préparation. A relever en particulier les grandes exigences de travail, de concentration et la fatigue qui en a découlé. Quelques causes ont pu être identifiées: -‐ le fait de solliciter en permanence la réflexion des participants et non leur apporter des contenus ou des solutions. Non seulement ils sont impliqués plus que jamais à réfléchir mais souvent ils découvrent et apprennent à vivre cette forme de questionnement inhabituel :
« C’est tout à fait nouveau pour nous de devoir penser ses activités, de s’arrêter pour réfléchir. On est habituellement dans la répétition ou l’application de ce qu’on nous enseigne » (un ancien formateur).
-‐ se côtoyer tout au long du stage entre chefs (historiques) et formateurs comme pairs, tous participants à égalité : cette cohabitation a probablement généré des réflexions mais aussi des frustrations, des échanges restés tacites. -‐ en outre, les fréquents changements de rôles et de niveaux de réflexions au cours de Sem13 ont généré une fatigue voire surcharge mentale et affective:
-‐ passer de l’enseignant au formateur d’enseignants (pour les plus nouveaux africains ou suisses) -‐ réfléchir à l’organisation d’un stage et au dispositif pédagogique alors que de coutume les chefs de stages assument cette responsabilité et délèguent l’administration et la formation -‐ alterner les groupes de travail sollicitant des postures diverses : implication et réflexion personnelles, être partie prenante de sa délégation, devenir observateur et accompagnateur de la réflexion des autres, parfois même évaluateur de leurs prestations
-‐ passer du récit des expériences passées à la posture réflexive (qu’est-‐ce que nous en tirons ?), puis se projeter dans l’avenir
Toutes ces difficultés concernent bien entendu autant les Africains que les Suisses. Elles ont été vécues, sans pour autant être thématisées sur place. Les animateurs eux-‐mêmes pris dans le même apprentissage dans leur position formatrice et responsable. Les apprentissages majeurs :
o Ecouter, échanger, réfléchir ensemble, viser une élaboration collective : ce type de travail en groupe se situe en totale rupture avec les habitudes de répartition hiérarchique des rôles, où chacun assume sa tâche sans réfléchir à l’ensemble du dispositif ;
o Se décentrer pour entrer en communication avec d’autres cultures, d’autres délégations, d’autres modes de pensée et d’expression o Expliciter la communication et les apprentissages tirés de l’expérience : verbaliser en direct.
7.7. Développer la P.A.P. en pratique 7.7.1. PAP en théorie et PAP en pratique : un changement de paradigme de l’éducation et de l’enseignement
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Tous les formateurs CPA déclarent avoir rompu avec la pédagogie traditionnelle scolaire (autant les Suisses que les Africains). Le cours magistral, la transmission unilatérale de connaissances, l’évaluation formelle des leçons, la discipline comme relation … sont clairement cloués au pilori. Ils se disent tous participatifs et conduisent des leçons selon des méthodes actives. En effet, l’effort au quotidien pour contrer les impacts historiques d’une domination de l’école coloniale est important et louable. Et pourtant, à SEM13 lors de la journée « courants pédagogiques » (partie III), a resurgi une vision simplificatrice, voire manichéenne : la PAP confrontée à la pédagogie scolaire traditionnelle (le bon et le mauvais / tableaux synthèses). En outre, les consignes d’application concrètes dans la pratique n’ont pas été comprises (Groupes de travail avec des consignes spécifiques) … sans que les animateurs (Mania et MTS) sachent ou osent relever l’insuffisance voire l’échec.
Ex. Lors des ateliers de mise en application de l’approche PAP dans un rôle de formateurs, chaque délégation reçoit une consigne générale : « A votre retour de SEM13, vous introduisez la PAP auprès de nouveaux stagiaires/ou vous informez les formateurs restés au pays, comment allez-‐vous modifier votre pratique ? ». Elle doit l’appliquer à une situation spécifique. Résultat, la plupart des saynètes présentées ne réussissent pas à se déplacer dans le triangle formation d’adultes dans une relation de co-‐construction, mais restent « modélisantes » : p.ex. ils demandent à leurs collègues « Vous rédigez une invitation » … plutôt que leur proposer de réfléchir ensemble aux moyens adéquats pour inviter, au contenu mobilisateur d’une invitation.
Dans les projets de stages (partie IV), il a parfois été question de « mettre au programme la théorie PAP », et non de développer des activités selon une PAP, ce qui apparaît comme une incompréhension voire un non-‐sens. L’intégration de la notion-‐même de pédagogie participative et active n’est visiblement pas acquise. Avec la distance, il importe de garder à l’esprit que PAP ne fonctionne pas par magie, ni partout, ni tout le temps, ni pour tous, ni pour soi-‐même de manière continue. Elle suppose une longue expérimentation. C’est un état d’esprit à construire, donc un changement profond d’attitude pour les formateurs, pour les enseignants, tout comme pour les apprenants. PAP s’apprivoise (dans le sens du Petit Prince). En outre, PAP co-‐existe nécessairement avec d’autres approches, elle s’inscrit à un moment historique mais ne supplante pas pour autant la pédagogie traditionnelle : dans toute classe, dans toute animation, pour tout enseignant. Des outils de la pédagogie traditionnelle restent nécessaires : la mémorisation ne disparaît pas avec la construction du savoir, la discipline avec la coopération, l’enseignement magistral avec les méthodes actives. Mais l’esprit dans lequel ces outils « traditionnels » sont utilisés change profondément dans un contexte imprégné par la PAP.
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Il en découle la nécessité de poursuivre le travail de l’équipe kinoise (Manuel PAP.
7.7.2. P.A.P à tous les niveaux de la chaîne éducative
Irriguer de P.A.P l’école et la formation CPA
-‐ concrétiser la P.A.P. en classe, avec les élèves, de manière différenciée selon les niveaux de classes, selon les objectifs pédagogiques -‐ insuffler la P.A.P dans les stages CPA, donc la pratiquer dans la formation des stagiaires -‐ dans la mise en place et la conduite des dispositifs de stage : comment concevoir, préparer, animer, gérer et évaluer les dispositifs selon une approche démocratique, participative, inclusive des divers acteurs ? -‐ formuler explicitement une méthodologie P.A.P en formation d’adultes, en particulier dans la formation des futurs formateurs, mais aussi dans la formation des stagiaires -‐ dans la mise en place du processus de formation des futurs formateurs, partant du référentiel de compétences et allant jusqu’à la certification : comment nourrir une pédagogie d’adultes PAP à chaque étape du processus ? -‐ dans les journées de formation entre formateurs, entre volontaires.
PAP ou pas PAP au quotidien – le carnet de bord Faire sienne la PAP sur chaque site, pour chaque délégation, pour chaque équipe CPA, pour chaque formateur ou volonaitre, c’est-‐à-‐dire intégrer, digérer le manuel, réfléchir aux pratiques quotidiennes, se provoquer mutuellement afin d’aiguiser son regard critique. D’où la proposition d’exiger que chaque formateur ou stagiaire ou volontaire poursuive son auto-‐observation sous l’angle « PAP ou pas PAP » au moyen de notes personnelles dans son carnet de bord ou carnet d’apprentissage. Puis de développer des séances d’intervision ou conseils de formateurs qui soient l’occasion de se coacher mutuellement. Enfin, lors de la semaine préparatoire des stages, reprendre les réflexions : mutualiser les apprentissages PAP en pratique, dans une approche PAP de formation permanente entre adultes.
Divers témoignages similaires à celui-‐ci : C’est la première fois que je participe à l’élaboration d’un projet … avant j’ai toujours fait ce qu’on me demande … …. (A)
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La conduite de SEM13 et la tenue des stages peuvent fournir des exemples concrets de cette approche pédagogique participative, vécue en direct, mais trop peu commentée et pas conceptualisée explicitement en cours de séminaire à Kpalimé. CPA pourrait envisager la rédaction d’un cahier pédagogique PAP sous l’angle spécifique de la pédagogie participative en formation d’adultes (complément indispensable au manuel PAP centré sur la relation en classe).
7.8. Se positionner à l’égard de diverses approches pédagogiques Pour se positionner, il s’agit d’apprendre à décoder un environnement fortement marqué par une superposition de courants, d’approches et de modes pédagogiques (Pédagogie par objectifs, approche par compétences, approche par situation, approche globale, approche holistique, …) . Chacune est portée par des intérêts multiples, à la fois pédagogiques, mais aussi stratégiques, économiques et politiques. Elles sont parfois générées par des bailleurs de fonds et ONG influentes auprès des écoles, voire des Ministères (création et diffusion de livres et supports pédagogiques amenés de l’extérieur – ex. Belgique en RDC). Il est difficile de percevoir les enjeux de chacune de ces approches et de se positionner. Plus difficile encore de dénouer les imbrications/superpositions des unes et des autres, d’entrer en débat voire d’affronter les contradictions. Ainsi APC apparaît automatiquement impliquer PAP, or est-‐ce le cas ? Une réflexion approfondie est nécessaire pour mieux outiller les formateurs dans leur rôle auprès des stagiaires, et pour outiller en particulier les conseillers pédagogiques, mais aussi les inspecteurs et directeurs d’établissement. La partie III de SEM 13 a été conçue dans ce but, mais n’a pas pu jouer son rôle pour des motifs de nature diverse (développé ci-‐dessus).
Une réflexion approfondie mériterait d’être menée. Des liens avec les centres pédagogiques ou facultés de pédagogie en Afrique pourront enrichir les pratiques de CPA. Voir avec qui ? Comment ?
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8. Conclusion formelle du mandat de capitalisation : bouclons la boucle En bref, ces deux années constituent une période exceptionnelle dans la vie de CPA
o Accélération des rencontres, avec le rôle central du CE o Rencontre internationale de 3 semaines au Togo SEM13 entre 52 formateurs africains et suisses o Introduction de nouvelles procédures dans divers domaines (processus d’harmonisation organisationnelle, financière et pédagogique) o Production de documents de référence o Effets directs sur la préparation et la conduite des stages dès 2014
Présentation faite aux membres du Conseil de Fondation (13.12.14) et aux volontaires (24.1.15). 8.1. Conclusions de deux années de travail de capitalisation
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Conclusions sur le processus
! Concept pertinent et ambitieux ! Objectifs fixés clairs et atteignables ! atteints
! Acteurs engagés et impliqués! avec satisfaction et effets mobilisateurs, valorisants
! Volume de travail sous-estimé pour tous les acteurs
! Nouvelles impulsions en cours
! Chronogramme respecté puis déplacé ! 2013 : Recueils + SEM13
! Mais ajout 2014 : productions concrètes : cahiers ! d’où inclusion des stages + restitution pour garder la cohérence
! Productions réalisées en partie (processus évolutif) ! Documents de travail et de réflexion internes
! Recueils mémoire CPA ! vision commune
! Pistes ! cahiers thématiques ! références pour A et S
! Insuffisance des données chiffrées (à poursuivre?)
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Comment évaluer les effets/impacts du choix de cette phase « exceptionnelle » dans la vie de CPA ?
! Pour le CF : ! Mesurer le travail « historique » de CPA, la compétence accumulée sur les
années ! Identifier les points forts, les changements opérés et relever les manques ! Capter les impulsions issues du processus de capitalisation (idées,
demandes, attentes…) ! Définir des perspectives et les moyens à mettre en place
! Pour le CE : ! Nouvelle compétence collective créée et développée au sein de CPA ! Disponible pour poursuivre le travail
! appuyer le CF et mettre en application ses décisions ! favoriser l’innovation en Afrique et en Suisse ! animer la formation des volontaires et des FoA
! Pour les volontaires : ! S’engager consciemment dans les changements définis ensemble + CPA
dispose d’outils pour accueillir les nouveaux volontaires ! Poursuivre la réflexion et enrichir CPA ! Valoriser les nouvelles compétences acquises par les volontaires ! Varier les apports et rôles des volontaires (enseignants, FA et FFA) ! Transférer les acquis dans les pratiques éducatives en S (? À analyser)
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Améliorer la collaboration entre les partenaires africains et CPA 1. Force acquise de l’expérience : tirées de décennies de stages
! Structure, contenu, référentiel
! Principe pédagogique : mettre la personne au centre de son apprentissage (élèves et donc stagiaires)
! 2. Une rencontre exceptionnelle : solidarité active ! Echanger sur les pratiques S-S (recueils + Sem13) ! Se connaître et travailler ensemble S-S et S-N ! Mutualiser les atouts et les difficultés ! Connaissance et reconnaissance mutuelle des personnes A et S ! confiance
réciproque renforcée
! Co-élaborer une vision commune CPA : viser un même projet
! 3. Des acquis systématisés, modélisés ! Cahiers de référence pour tous : référentiel, méthodologie, outils de travail
! Formation commune ! compétences accompagnement + FA développées ! SEM13 ! Journées de formation des volontaires
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4. Homogénéisation des pratiques ! un concept transférable
! Disposer d’une mémoire écrite commune : recueils des pratiques, synthèse des pratiques, pistes d’action, évaluation des stages 2014, rapport de capitalisation
! Disposer de supports de travail communs à tous les sites, et aux FoA et FoS : barèmes et budgets harmonisés, cahiers pédagogiques
! Construire ensemble un processus d’harmonisation organisationnelle et pédagogique
! Homogénéisation des stages (durée, structure, budgets, pédagogie et contenu, pédagogie et contenu homogénéisés) entre les 4 sites ! appartenance CPA
! Invitation à l’adaptation et créativité (vers des stages novateurs)
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•
PERSPECTIVES D
’AVENIR
! Cultiver les atouts des stages CPA
! Faire fructifier les supports de travail harmonisés (issus de la capitalisation)
! Le dilemme de CPA 2015-16 : CPA vise l’autonomie des partenaires africains, mais comment à la fois, rester exigeants et faire confiance ? Quel type de co-opération, de collaboration viser ?
! Modifier le paradigme de la coopération : ! développer une culture de projets africains (et non CPA-S)
! vers une autonomisation progressive des sites actuels ! ! accompagnement CPA vers l’autonomie financière,
organisationnelle et pédagogique
! ! déplacement vers d’autres sites
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8.2. Réflexions à partir des commentaires du Conseil de Fondation de décembre 2014 -‐ Une question de temporalités : les réflexions et propositions ébauchées en Suisse dans le cadre de la capitalisation requièrent du temps pour leur mise en œuvre, depuis la construction puis transmission des nouvelles idées, leur intégration et la mise en forme concrète sur le terrain, jusqu’à l’évaluation de leur pertinence. Des temporalités diverses tant pour les volontaires que pour les partenaires et les collègues formateurs africains. Les effets de SEM13, l’application des cahiers pédagogiques, les relations interculturelles se vivent à des rythmes divers. Prenons le temps de savourer le chemin, et pas seulement de viser le but avec impatience : « Le chemin se fait en marchant » (A.Machado). Le changement est un processus continu, c’est un concept en soi. -‐ Entre idéalisme et réalisme : les perceptions divergent selon l’histoire des personnes dans CPA, selon leur position et les enjeux de leur engagement. L’idéalisme des uns permet de se forger une vision commune, puis de trouver les chemins d’évolution pour rendre réalistes les projets. Le réalisme des autres aide à trouver les rythmes adéquats pour changer progressivement le cours des actions. Seule la discussion ouverte et démocratique, les traces écrites et analysées du débat, peuvent garantir la place à chaque perception sans imposition et limiter les frustrations. -‐ Le sens de la coopération : le poids des habitudes, les dépendances réciproques entre Africains et Suisses, entre anciens et nouveaux, les relations hyper-‐hiérarchisées entre chefs et subalternes, pèsent très lourd dans l’histoire de CPA et ses choix. Les traditions de coopération multiples autour de CPA freinent aussi l’innovation. Les finances constituent le noyau résistant de toute la coopération au développement, la dépendance financière paralyse. L’histoire de CPA est à la fois une accumulation de forces, mais aussi des freins objectifs à l’évolution. De nombreuses bonnes intentions ont surgi des bilans passés, mais sans pouvoir faire le pas (manque de forces, de compétences, d’énergie). Avec la capitalisation, des questions nouvelles sont apparues et se sont catalysées peu à peu.
• Changer de paradigme de coopération, changer notre forme de présence sur le terrain, changer les rapports entre les acteurs devient possible. Osons le changement. Le CF a formulé sa volonté de procéder à un désengagement progressif en temps et finances mis à disposition des sites traditionnels et d’essaimer vers d’autres lieux (vierges pour CPA) afin d’y promouvoir nos options pédagogiques.
• Mais d’abord stabiliser les acquis et définir les options stratégiques le plus clairement possible, les rédiger, les débattre, et poser les étapes pour accompagner le changement.
-‐ L’analyse des pratiques, la réflexivité à tous les niveaux : la capitalisation s’est appuyée sur l’analyse des pratiques, celles des formateurs, des responsables, des volontaires. Cette méthodologie documentée, outillée, devient une base du changement permanent et conscient. Démarche « révolutionnaire » qui favorise la prise de conscience de la complémentarité des compétences nécessaires à la réussite d’un projet. A travers ces analyses d’expériences menées dans la classe, parmi les formateurs, à SEM13, dans les journées de formation des volontaires, au sein du CE et du CF, l’approche réflexive imprègne les pratiques de CPA. Ces démarches permettent de mieux se connaître et se reconnaître mutuellement au sein d’une même organisation, avec une vision commune des objectifs. Ainsi l’apprentissage devient permanent et source d’innovation. La capitalisation a réellement permis de « faire de l’expérience un savoir transmissible, de référence ».
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8.3. Conclusions au niveau du travail global :
• Chevauchement des activités de la coordinatrice (synergie mais aussi confusion des rôles et surcharge de MTS) o Mandat capitalisation comme coordinatrice o Préparation stages (journées de formation des volontaires en 2012 et 2014 -‐ hors mandat de capitalisation) o Rédaction des cahiers pédagogiques (ajout au mandat capitalisation) o Participation au RECI – représentation de CPA (comme volontaire) o Engagement bénévole Kinshasa été 2012 +Kikwit été 14 (comme volontaire) o Conduite du séminaire Valorisation des compétences (VAC Congo 2014, puis Togo et Mali 2015) avec FF comme volontaire
• Conclusion formelle du mandat de capitalisation à l’occasion du CF du 13décembre 2014
o Fin 2014, le rôle de coordinatrice de la capitalisation se termine o Mise en forme du rapport de capitalisation (janvier 2015) o Remise du rapport à la présidente et au Conseil de Fondation (décédée au moment de la clôture) o Redéfinir les rôles en particulier du CE (dont ceux spécifiques de FF et MTS)
Les documents de 2015 et 2016 permettront de voir comment les 3 stages du cycle en cours (2014-‐2016) vont témoigner des changements envisagés à SEM 13, des résistances à l’œuvre, des nouvelles règles de coopération entre CPA et ses partenaires.
8.4. Clôture et évaluation personnelle du processus de capitalisation
Les travaux de capitalisation se terminent fin 2014, or au départ le mandat prévoyait un déroulement sur une année et demie (toute l’année 2013 et le 1er semestre 2014). La dynamique enclenchée par les « pistes d’action » au retour de SEM13 a conduit le Comité exécutif à confier à la coordinatrice MTS la rédaction des cahiers pédagogiques. Puis les stages ont eu lieu en été où elle participait comme volontaire. La clôture des réflexions et la rédaction du rapport de capitalisation devenaient impossibles et même incohérentes sans intégrer les fruits directs de la capitalisation, à savoir les stages 2014. C’est donc fin 2014 que le rapport final a été présenté au Conseil de Fondation, incluant les perspectives issues de tout le processus. Le Conseil de Fondation et le Comité exécutif se sont réunis (13 décembre) pour tirer les leçons de tout le processus de capitalisation, en particulier pour évaluer les premiers fruits récoltés au cours des stages 2014 et les changements à poursuivre. Le processus de capitalisation a été conçu comme participatif : il a engendré une dynamique d’interaction très intense, la conception et consultation de documents de travail, de nombreuses séances de réflexion. Il a irrigué directement les journées de formation des volontaires et les phases d’évaluation. Ce sont donc des conclusions largement co-‐construites, co-‐élaborées au fil des mois avec les divers acteurs en jeu. Si l’harmonisation en a été le cœur et porte déjà ses fruits, de nombreuses difficultés de coopération à distance se perpétuent et supposent de nouvelles options.
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Il visait « faire de l’expérience un savoir transmissible » : il a permis de récolter le meilleur des pratiques de terrain (recueils des pratiques), de valoriser les compétences des formateurs en particulier, d’harmoniser les stages entre les divers sites d’intervention, d’outiller les partenaires aux plans organisationnel, financier et pédagogique. Les nombreux documents produits pendant la décennie passée constituent la documentation de base, mais désormais des synthèses valorisant les expériences locales majeures sont disponibles, les propositions de changement ont pris forme dans des cahiers pédagogiques créant la même référence pour tous. Maliens et Togolais, Congolais et Suisses, mais aussi coordinateurs et formateurs, Conseil de Fondation et partenaires locaux, tous peuvent mieux se comprendre, se parler avec un vocabulaire commun, s’appuyer sur des concepts explicités, partager des stratégies pédagogiques et organisationnelles avec une vision commune. Bientôt 50 ans de coopération conduite avec CPA sur terre africaine. Certains sites bénéficient de l’appui humain et financier depuis plusieurs décennies, il est temps d’engager les partenaires et formateurs africains à agir avec autonomie afin d’essaimer vers d’autres lieux et de créer de nouvelles dynamiques. La capitalisation peut se résumer par deux mots-‐clés : systématisation des pratiques et processus d’autonomisation. Les deux années ont atteint l’objectif capital : faire de l’expérience un savoir de référence, disponible, transmissible et transposable. Les contributions du Conseil Exécutif et en particulier de Marie-‐Claire Tabin ont été essentielles, de l’initiative d’engager CPA dans ce processus de capitalisation à la formulation des nouvelles perspectives de coopération.
Merci Marie-‐Claire d’avoir su partager tes intuitions, tes visions, tes remarques. Merci d’avoir su m’accompagner dans cette mission au service de CPA. Merci d’avoir pris le temps de lire, discuter et amender les travaux tout au long des deux années. Merci d’avoir insufflé une dynamique collective de réflexion. Tes idées germaient encore généreusement fin 2014, elles ont pu être récoltées lors de nos dernières visites, elles font partie intégrante des conclusions. Tout CPA, en Afrique et en Suisse, saura faire fructifier les graines de nos réflexions communes.
Bienne, janvier 2015 Marie-‐Thérèse Sautebin Coordinatrice de la capitalisation
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