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  • Dicte 1998

    La bte fragile

    Sa piste tait encore frache, dans cette premire neige

    dont la pleine lune accentuait le chatoiement. Je me sentis

    tout inquite. Ce jeune cerf de Virginie net peut-tre pas d

    sloigner de sa harde, en cette arrire-saison o rdaient

    force chasseurs. Pouss par une irrpressible faim vers les

    grands conifres dont il affectionnait les cnes, quelque

    rugueux quils fussent, il navait sans doute pas pressenti

    limminent danger quil courait. Quant moi, emmitoufle

    dans cette espce ddredon bigarr que jappelais

    quelquefois mon caparaon, je craignis tout de suite le

    pire... et massoupis nanmoins.

    Fin de la dicte pour les juniors

  • Dans mon rve dfilrent alors les animaux qui

    mavaient toujours fascine. Ctait une mnagerie

    fantasmagorique : les tyrannosaures ctoyaient paisiblement

    les hippogriffes et les hippopotames, tandis que foltraient

    les gnous, parmi lesquels stait mme faufil quelque okapi.

    la cacophonie des barrissements, des grommellements et

    des bgutements des mammifres se mlaient les

    ppiements des moineaux et les glouglous des

    dindonneaux.

    Une dtonation me rveilla. Quarrivait-il mon jeune

    cerf?

    Jchafaudai un scnario apocalyptique : le monde tait

    peu peu dpouill de ses splendeurs. Les braconniers

  • battaient continment les halliers, pour exterminer le gibier

    poil; les ressources halieutiques taient dcimes linsu

    des

    gardes-pche les plus vigilants; la dforestation privait

    les quetzals et les calaos de leurs habitats naturels; la

    dsertification repoussait les eyras, les pottos et les

    sapajous vers des terres toujours plus exigus. Un vritable

    cocide menaait la gent animale.

    Je demeurai proccupe jusqu ce quil appart,

    presque irrel, ses flancs fauves se dcoupant sur un fond

    daube vermeille. Je lavais reconnu sur-le-champ ses

    jeunes merrains aux cors peu nombreux. Et-il bram que

    jeusse pu lentendre. Peut-tre maperut-il loriel, qui tait

    pourtant givr? Il prit la fuite, en quelques bonds, par les

    laies demi ombrages. Il tait libre. Dans mon for intrieur,

    je savais bien que je nallais plus jamais le revoir.

  • Fin de la dicte