Zonzo : lieu et parcours · 2015. 12. 7. · par Francesco Careri, architecte et membre du...

2
Le collectif Stalker étudie le résiduel, les espaces délaissés et oubliés de la ville, ces Territoires Actuels OLHX[ GX VDXYDJH GX QRPDGH HW GX KDVDUG D¿Q d’en tirer avantage. C’est par la marche et le mouvement qu’il déconstruit et rapproche ces fragments hétérogènes de la réalité actuelle. Ces entredeux, TXL DWWHQGHQW G¶rWUH HPSOLV GH VLJQL¿p LQFDUQHQW OHV SRVVLELOLWpV G¶XQH VRFLpWp future et deviennent le lieu d’une expérimentation. /D ÀkQHULH HVW XQH IDoRQ GH SHQVHU G¶H[SpULPHQWHU GH FUpHU (Q SURSRVDQW de reconquérir une subjectivité individuelle, elle permet de questionner notre société et de s’interroger sur les dispositifs spatiaux et mentaux de l’espace qui WHQWHQW GH QRUPDOLVHU O¶LQGLYLGX /H ÀkQHXU DYDQFH VDQV KkWH VDQV GHVWLQDWLRQ précise. Il franchit des frontières et rencontre d’autres réalités. Son avantage est sa capacité à voir d’une autre manière, à ‘désapprendre’ à regarder et ainsi à inventer une nouvelle vision du monde : il voit comme si c’était la toute première fois, dans une dimension temporelle et spatiale immédiate. Ainsi il peut vivre intensément le présent car la connaissance ne peut être acquise que par une expérience directe. (Q WUDQVJUHVVDQW O¶HVSDFH HW OH WHPSV SRXU UHFRQTXpULU GHV ]RQHV GH OLEHUWp à l’intérieur de la métropole, Stalker invente une nouvelle réalité : l’espace qui n’appartient à personne, le No Man’s land, devient un espace qui peut être utilisé par tout le monde : c’est le support possible d’une nouvelle utopie. Là, une autre vision de la société est possible : «Il s’agit de refaire le monde en OH GpSODoDQW ORLQ GHV YLVDJHV GHV OLHX[ FRQQXV EDOLVpV HW FRQWU{OpV HQ OH reprenant, en posant une différence» dit Charlotte Hess 1 . 6WDONHU FRQWHVWH OH U{OH TXH MRXH O¶DUFKLWHFWXUH VXU OH FRQWU{OH GX FRUSV HW l’uniformisation des individus. La réappropriation du corps est un thème important, qui est lié au sentiment de liberté. On cherche à se soustraire DX FRQWU{OH GH OD VRFLpWp HW j DYRLU OLEUH DFFqV j VHV VHQV (Q SDVVDQW GH ce qui est connu, sûr à ce qui est incertain, à découvrir, on ressent une sensation de dépaysement, une certaine appréhension aussi qui conduit à XQH LQWHQVL¿FDWLRQ GHV FDSDFLWpV SHUFHSWLYHV ©VRXGDLQ O¶HVSDFH DVVXPH un sens partout, la possibilité d’une découverte, la peur d’une rencontre non désirée le regard se fait pénétrant, l’oreille se met à l’écoute» 2 . /HV ÀkQHXUV HW OHXU SUDWLTXH PRGHUQH 8UEH[ 3 , dessinent des nouveaux systèmes utopiques qui sont des outils intéressants pour comprendre le monde et la société dans laquelle nous vivons. Ils permettent de remettre en question le projet architectural et urbain par la connaissance et la critique des lacunes qui ponctuent la métropole contemporaine. Qu’attendonsnous pour commencer le voyage qui nous conduira à la découverte de cette autre ville? Ca: 9194 1 &KDUORWWH +(66 )OkQHULH HW HVSDFH SXEOLF 9HUV XQH ÀkQHULH FRPPH pensée en acte, in I. Koch et N. Lenoir (éd.), 'pPRFUDWLH HW HVSDFH SXEOLF quel pouvoir pour le peuple ?, Hildesheim, Georg Olms, 2008 2 Manifeste Stalker > Stalkerlab.org 3 ([SORUDWLRQ XUEDLQH ! XUEH[IUDQFHIU La marche comme projet Zonzo: lieu et parcours par Francesco Careri, architecte et membre du collectif Stalker >DUWLFOH WUDGXLW GH O¶LWDOLHQ SDU &D @ article article =yQ]R QP XWLOLVp HQ LWDOLHQ XQLTXHPHQW GDQV O¶H[SUHVVLRQ ©DQGDUH D ]RQ]Rª µDOOHU j ]RQ]R¶ VH SURPHQHU HUUHU VDQV EXW SHUGUH GX WHPSV ÀkQHU ©LQYHFH GL VWXGLDUH VH QH YD D ]RQ]Rª DX OLHX G¶pWXGLHU LO YD ÀkQHU Mot d’origine onomatopéique du grec péripatéticien ]ǀQQêQDL ‘ceindre’, «faire le WRXUª ©DOOHU GDQV OD ]RQHª 'X PRW µ]RQH¶ sont issues deux formes de la transformation urbaine : le désormais désuet Zoning et O¶pWHUQHO =RQ]R =RQ]R HVW OLp j OD QDLVVDQFH GH OD YLOOH LO devient vivant dans la polis grecque puis dans le FDVWUXP romain, prolifère dans la ville médiévale, et commence à être « visible » à SDUWLU GH OD ¿Q GX ;,;qPH VLqFOH DYHF OD FULVH de la représentation artistique traditionnelle et la consolidation de la ville industrielle où =RQ]R GHYLHQW OH OLHX TXL UHFXHLOOH OHV UHEXWV GH OD FLYLOLVDWLRQ $X GpEXW =RQ]R F¶HVW OD YLOOH du ÀkQHXU* décrite par Baudelaire et critiquée par Benjamin, ce fainéant s’égarant entre les vitrines des boulevards et les architectures GX 3DULV GH OD ¿Q GH VLqFOH %LHQW{W =RQ]R se transforme en cet ailleurs qui encercle Paris entre le périphérique extérieur et LQWpULHXU HQ IUDQoDLV la zone*, où aujourd’hui HQFRUH ÀHXULVVHQW OHV PDUFKpV DX[ SXFHV =RQ]R SURYLHQW pW\PRORJLTXHPHQW GH FHWWH ]RQH SDULVLHQQH &¶HVW OD UpSpWLWLRQ G¶XQH RQRPDWRSpH SUHVTXH FKDPDQLTXH ]RQ]RQ DOOHU GDQV OD =RQH OLHX H[RWLTXH R UqJQH le hasard, où l’on peut trouver des objets étranges et faire des rencontres inattendues. C’est ici qu’en 1928 George Lacombe tourne OH ¿OP /D =RQH 1 TXL GpFULW XQH ]RQH DX[ FRQ¿QV de la modernité et vivant dans une continuelle transformation. Celleci est représentée dans OH ¿OP SDU XQ ÀRW LQLQWHUURPSX G¶RUGXUHV TXL alimente une humanité abandonnée. C’est toujours dans les années vingt que =RQ]R GHYLHQW REMHW GH YLVLWH SRXU OHV 'DGD et de déambulation pour les Surréalistes, qui déclarent l’existence d’endroits banals et de lieux inconscients à explorer, comme l’esprit des lieux où intervenir à l’aide de pratiques nomades : à pied, sans laisser de trace, VDQV ODLVVHU G¶°XYUHV /HV URXWHV GH =RQ]R seront plus tard parcourues par les Lettristes et les Situationnistes qui, dans les années cinquante à travers la Théorie de la Dérive*, découvrent une ville ludique qui s’oppose à l’approbation du projet moderne et à la société du spectacle. Aujourd’hui les chercheurs sont de plus HQ SOXV QRPEUHX[ j DOOHU j =RQ]R D¿Q d’explorer ces amnésies urbaines qui participent au projet inconscient de la ville. &HV HVSDFHV pFKDSSHQW DX ]RQLQJ GHV XUEDQLVWHV HW j OD PDQLH GH UHTXDOL¿HU HW GH recoudre des administrations, qui agissent FRPPH VL FHV HVSDFHV QH EpQp¿FLDLHQW pas de leur propre qualité et ne pouvaient pas vivre dans un système alternatif. Le collectif d’art urbain Stalker, qui a récemment fusionné avec l’Observatoire Nomade, pratique la Transhurbance 2 pour SDUFRXULU OHV µYLGHV¶ GX =RQ]R ,O H[LVWH HQ HIIHW HQ =RQ]R GHV WUDFpV XUEDLQV LVVXV GH ]RQHV VXEXUEDLQHV GH SkWXUDJHV qui s’insinuent entre les pleins de la ville JUkFH j XQ UpVHDX FDSLOODLUH GH YLGHV et qui aujourd’hui encore permettent aux troupeaux de moutons de traverser Suburbia 3 . Ce sont des terrains vagues* longitudinaux qui coupent les bourgades abusives 4 et les quartiers de logements sociaux et qui permettent aux chercheurs piétons de faire ressortir le sens de cette ville née en dehors et peutêtre en contradiction avec le projet moderne, projet qui est encore incapable d’en reconnaitre les valeurs et donc de la comprendre. Parcourir ces endroits en transhurbance est un outil esthétique avec lequel explorer et transformer les Territoires Actuels 5 de la YLOOH GX =RQ]R OD YLOOH QRPDGH TXL YLW GDQV la ville sédentaire, la ville de l’égarement et de l’errance. C’est en marchant et en s’égarant que l’homme paléolithique a commencé à construire le paysage naturel qui l’entourait, c’est dans la marche et dans la parole que les protopéripatéticiens ont commencé à donner un sens aux réalités DXWRXU G¶HX[ © $QGDUH D =RQ]R ª >ÀkQHU arpenter] peut se substituer au projet car c’est cette action même qui a permis à l’homme de nommer les lieux, d’inventer sa propre géographie, d’effectuer une première transformation symbolique du territoire. Cartographier en marchant est la IRUPH GX SURMHW QRPDGH =RQ]R HVW OD VDOOH de gym de ce projet. F.C. Notes: * HQ IUDQoDLV GDQV OH WH[WH 1 La Zone, courtmétrage de George Lacombe, 1928, 36 min 2 mottiroir formé de transhumance et urbain 3 VSpFL¿FLWp GH OD YLOOH GH 5RPH TXL V¶HVW GpYHORSSpH en étoile le long d’axes majeurs (les anciennes routes romaines) ce qui laisse de profonds sillons verts (le négatif en quelque sorte) pénétrer jusqu’au cœur GH OD YLOOH ,O \ D j 5RPH GHV pOHYDJHV GH PRXWRQV TXL SUR¿WHQW GX WLVVX XUEDLQ GpOLWp SRXU SDvWUH VXU GH YDVWHV WHUUDLQV GH SkWXUDJH 4 constructions illégales mais consolidées (ce ne VRQW SDV GHV ELGRQYLOOHV TXL SUR¿WHQW G¶XQ V\VWqPH juridique peu regardant pour s’implanter sans DXWRULVDWLRQ GDQV OHV ]RQHV SpULXUEDLQHV 5 nom donné par Stalker aux espaces résiduels des villes. 5RPH :RUNVKRS 8UEDQ 7UDQVFULSWV &D 5RPH FRPPH DUFKLSHO 6WDONHU /HV GpODLVVpV XUEDLQV VRQW UHSUpVHQWpV j OD PDQLqUH G¶XQH PHU TXL V¶LQVLQXH HQWUH OHV SDUFHOOHV EkWLHV Flâner vers l’utopie? Kritique Francesco Careri Architecte italien et chercheur au 'pSDUWHPHQW G¶$UFKLWHFWXUH GH O¶8QLYHUVLWp 5RPD 7UH j 5RPH LO HVW cofondateur du collectif Stalker en 1995. $FWXHOOHPHQW 'LUHFWHXU GX 0DVWHU $UW Architecture et Ville, il est le créateur du cours d’art civique. Ce laboratoire est fondé sur l’exploration par la marche GHV ]RQHV XUEDLQHV GpODLVVpHV ,O WLHQW aussi à jour un blog très fourni sur le sujet. Actuellement en collaboration avec le LAC (Laboratory of Civic Art), il explore les possibilités multiculturelles RIIHUWHV SDU O¶LQWpJUDWLRQ GHV 5RPV GDQV le mouvement du droit au logement. > blog : articiviche.blogspot.fr > livres: &RQVWDQW 1HZ %DE\ORQ XQD FLWWj QRPDGH (Testo & Immagine, 2001) :DONVFDSHV ZDONLQJ DV DQ DHVWKHWLF practice (GLWRULDO *XVWDYR *LOL (LQDXGL > &$5@ Laboratoire Stalker &ROOHFWLI LWDOLHQ IRQGp j 5RPH HQ notamment par Francesco Careri, il se concentre sur la recherche et des actions sur le territoire avec une attention SDUWLFXOLqUH SRXU OHV ]RQHV VXEXUEDLQHV les espaces urbains délaissés et oubliés HW OHV ]RQHV HQ WUDQVIRUPDWLRQ TX¶LO DSSHOOH 7HUULWRLUHV $FWXHOV 'HSXLV Stalker se présente comme un réseau de recherche interdisciplinaire nommé 2VVHUYDWRULR 1RPDGH (Observatoire Nomade). > site du collectif: osservatorionomade.net > livremanifeste : Stalker = attraverso L WHUULWRUL DWWXDOL j WUDYHUV OHV WHUULWRLUHV actuels > 67$@ 7H[WH pFULW j O¶RULJLQH SRXU OH OLYUH (QF\FOR3RHGLD (Q YpOR RX j SLHG GH $ FRPPH $PDFDULR j = FRPPH =RQ]R VRXV OD direction de l’2EVHUYDWRLUH 1RPDGH¶ pGLWLRQV QRPDGH /H YROXPH Q¶D ¿QDOHPHQW SDV pWp SXEOLp /D PrPH DQQpH OH WH[WH LPSULPp VXU SDSLHU DGKpVLI D pWp DFFURFKp GDQV OHV ZDJRQV GX train où se déroulait l’action Crateri e Criteri &UDWqUHV HW &ULWqUHV RUJDQLVpH SDU 0DWWHR )UDWHUQR j 1DSOHV portraits

Transcript of Zonzo : lieu et parcours · 2015. 12. 7. · par Francesco Careri, architecte et membre du...

Page 1: Zonzo : lieu et parcours · 2015. 12. 7. · par Francesco Careri, architecte et membre du collectif Stalker >DUWLFOH WUDGXLW GH O¶LWDOLHQ SDU &D @ article article =yQ]R Q P XWLOLVp

Le collectif Stalker étudie le résiduel, les espaces délaissés et oubliés de la ville, ces Territoires Actuelsd’en tirer avantage. C’est par la marche et le mouvement qu’il déconstruit et rapproche ces fragments hétérogènes de la réalité actuelle. Ces entre-­deux,

future et deviennent le lieu d’une expérimentation.

de reconquérir une subjectivité individuelle, elle permet de questionner notre société et de s’interroger sur les dispositifs spatiaux et mentaux de l’espace qui

précise. Il franchit des frontières et rencontre d’autres réalités. Son avantage est sa capacité à voir d’une autre manière, à ‘désapprendre’ à regarder et ainsi à inventer une nouvelle vision du monde : il voit comme si c’était la toute première fois, dans une dimension temporelle et spatiale immédiate. Ainsi il peut vivre intensément le présent car la connaissance ne peut être acquise que par une expérience directe.

à l’intérieur de la métropole, Stalker invente une nouvelle réalité : l’espace qui n’appartient à personne, le No Man’s land, devient un espace qui peut être utilisé par tout le monde : c’est le support possible d’une nouvelle utopie. Là, une autre vision de la société est possible : «Il s’agit de refaire le monde en

reprenant, en posant une différence» dit Charlotte Hess1.

l’uniformisation des individus. La réappropriation du corps est un thème important, qui est lié au sentiment de liberté. On cherche à se soustraire

ce qui est connu, sûr à ce qui est incertain, à découvrir, on ressent une sensation de dépaysement, une certaine appréhension aussi qui conduit à

un sens;; partout, la possibilité d’une découverte, la peur d’une rencontre non désirée ;; le regard se fait pénétrant, l’oreille se met à l’écoute»2.

3, dessinent des nouveaux systèmes utopiques qui sont des outils intéressants pour comprendre le monde et la société dans laquelle nous vivons. Ils permettent de remettre en question le projet architectural et urbain par la connaissance et la critique des lacunes qui ponctuent la métropole contemporaine. Qu’attendons-­nous pour commencer le voyage qui nous conduira à la découverte de cette autre ville? Ca: 9194

1

pensée en acte, in I. Koch et N. Lenoir (éd.), quel pouvoir pour le peuple ?, Hildesheim, Georg Olms, 20082 Manifeste Stalker > Stalkerlab.org3

La marche comme projet

Zonzo : lieu et parcours

par Francesco Careri, architecte et membre du collectif Stalker

article article

– Mot d’origine onomatopéique du grec péripatéticien ‘ceindre’, «faire le

sont issues deux formes de la transformation urbaine : le désormais désuet Zoning et

devient vivant dans la polis grecque puis dans le romain, prolifère dans la ville médiévale, et commence à être « visible » à

de la représentation artistique traditionnelle et la consolidation de la ville industrielle où

du * décrite par Baudelaire et critiquée par Benjamin, ce fainéant s’égarant entre les vitrines des boulevards et les architectures

se transforme en cet ailleurs qui encercle Paris entre le périphérique extérieur et

la zone*, où aujourd’hui

le hasard, où l’on peut trouver des objets étranges et faire des rencontres inattendues. C’est ici qu’en 1928 George Lacombe tourne

1

de la modernité et vivant dans une continuelle transformation. Celle-­ci est représentée dans

alimente une humanité abandonnée.

C’est toujours dans les années vingt que

et de déambulation pour les Surréalistes, qui déclarent l’existence d’endroits banals et de lieux inconscients à explorer, comme l’esprit ;; des lieux où intervenir à l’aide de pratiques nomades : à pied, sans laisser de trace,

seront plus tard parcourues par les Lettristes et les Situationnistes qui, dans les années cinquante à travers la Théorie de la Dérive*, découvrent une ville ludique qui s’oppose à l’approbation du projet moderne et à la société du spectacle.

Aujourd’hui les chercheurs sont de plus

d’explorer ces amnésies urbaines qui participent au projet inconscient de la ville.

recoudre des administrations, qui agissent

pas de leur propre qualité et ne pouvaient pas vivre dans un système alternatif.

Le collectif d’art urbain Stalker, qui a récemment fusionné avec l’Observatoire Nomade, pratique la Transhurbance2 pour

qui s’insinuent entre les pleins de la ville

et qui aujourd’hui encore permettent aux troupeaux de moutons de traverser Suburbia3. Ce sont des terrains vagues* longitudinaux qui coupent les bourgades abusives4 et les quartiers de logements sociaux et qui permettent aux chercheurs-­piétons de faire ressortir le sens de cette ville née en dehors et peut-­être en contradiction avec le projet moderne, projet qui est encore incapable d’en reconnaitre les valeurs et donc de la comprendre.

Parcourir ces endroits en transhurbance est un outil esthétique avec lequel explorer et transformer les Territoires Actuels5 de la

la ville sédentaire, la ville de l’égarement et de l’errance. C’est en marchant et en s’égarant que l’homme paléolithique a commencé à construire le paysage naturel qui l’entourait, c’est dans la marche et dans la parole que les proto-­péripatéticiens ont commencé à donner un sens aux réalités

arpenter] peut se substituer au projet car c’est cette action même qui a permis à l’homme de nommer les lieux, d’inventer sa propre géographie, d’effectuer une première transformation symbolique du territoire. Cartographier en marchant est la

de gym de ce projet. F.C.

Notes: *1 La Zone, court-­métrage de George Lacombe, 1928, 36 min2 mot-­tiroir formé de transhumance et urbain3 en étoile le long d’axes majeurs (les anciennes routes romaines) ce qui laisse de profonds sillons verts (le négatif en quelque sorte) pénétrer jusqu’au cœur

4 constructions illégales mais consolidées (ce ne

juridique peu regardant pour s’implanter sans

5 nom donné par Stalker aux espaces résiduels des villes.

Flâner vers l’utopie ?

Kritique

Francesco Careri

Architecte italien et chercheur au

cofondateur du collectif Stalker en 1995.

Architecture et Ville, il est le créateur du cours d’art civique. Ce laboratoire est fondé sur l’exploration par la marche

aussi à jour un blog très fourni sur le sujet. Actuellement en collaboration avec le LAC (Laboratory of Civic Art), il explore les possibilités multiculturelles

le mouvement du droit au logement.

> blog : articiviche.blogspot.fr> livres:

(Testo & Immagine, 2001)

practice

Laboratoire Stalker

notamment par Francesco Careri, il se concentre sur la recherche et des actions sur le territoire avec une attention

les espaces urbains délaissés et oubliés

Stalker se présente comme un réseau de recherche interdisciplinaire nommé

(Observatoire Nomade).

> site du collectif: osservatorionomade.net> livre-­manifeste : Stalker = attraverso

actuels

direction de l’

train où se déroulait l’action Crateri e Criteri

portraits

Page 2: Zonzo : lieu et parcours · 2015. 12. 7. · par Francesco Careri, architecte et membre du collectif Stalker >DUWLFOH WUDGXLW GH O¶LWDOLHQ SDU &D @ article article =yQ]R Q P XWLOLVp

Guillaume Neveu ont mis en place un laboratoire d’expérimentation de désordre

culturel. Les projets prennent vie dans un petit local où sont entreposés

trouver par exemple des cocottes en papier le bec dans une coupelle de pipas. Ce centre de ressources est libre à l’appropriation et aux attentes

curieux égarés, amoureux de la ville et de la découverte. Pour ceux qui Échelle Inconnue propose régulièrement

de nouveaux projets qui vous invitent à déambuler, et cela toujours avec le soucis de la forme. C’est par exemple à l’aide d’un stéthoscope et

plus petits retranchements, faisant tomber son masque touristique. C’est l’expérience d’une vraie immersion. J: 20130392

GEORGES WOLINSKI

Le K : revue étudiante de l’école de la VilletteHarmoniseur : Ca: 9194

Ca: 9194 -­ H: 9339 -­ M: 9342 -­ Cy: 10521 -­ L: 20121006 -­ J: 20130392

Thème : L’art du parcoursMa: 9004

le K -­ [email protected] Numéro 03 -­ avril 2014

Echappée belle agenda

ÉCHELLE INCONNUE

Détroit Ville Sauvage | F. Tillon | 2010 | 80 min A la rencontre des survivants de l’ancienne Motor City, Florent Tillon nous conte une fable

errance hypnotique pour se perdre dans les ruines

La petite ceinture, n’a pas de bretelles !

INSTANTS

LES IMPRESSIONNISTES EN PRIVÉ

PÉRIPHÉRIQUE, TERRE PROMISE

CULTURE RAPIDE

investisseurs de paysages. Cent chefs d’œuvres rares provoquent la rencontre ou les retrouvailles émues avec les Impressionnistes, initiateurs d’une manière d’investir le monde. J

Arpenter les différents paysages dessinés par le réseau routier emblématique parisien, à travers les regards de 6 photographes (Collectif Babel Photo). Considéré comme limite physique, objet symbolique, frontière urbaine, le

conteurs, saltimbanques et musiciens – tous rêveurs – se rassemblent pour

Hors K-­dre*

le K -­ [email protected]

LES JEUDIS DE L’OULIPO L’Oulipo, ‘ouvroir de littérature potentielle’, propose mensuellement des ateliers

19h, les membres de ce groupe de libres penseurs, héritiers de Queneau, Prestations antérieures > www.bnf.fr

SITE :

en bas du parc sauf qu’il y a des cheminots. Près du pont, on arrive tout de même à entrer. Fausse joie ! Vers la rue de l’Ourcq, on est mis dehors. Arrivés à Corentin Cariou, l’accès par la gare désaffectée est aussi surveillé. On prend alors le tram de la Porte de la Villette jusqu’à

circulation, impossible d’escalader les grilles qui nous séparent de la Petite Ceinture !

par trouver une porte ouverte qui donne sur une enseigne publicitaire (Picard). Plantée à deux pas des voies, on descend par les piles et,

des jouets d’enfants abandonnés à même les rails… On marche.Les talus prennent soudain de la hauteur, les voies s’enfoncent puis

Après la gare suspendue de la Porte de Bagnolet, on longe des

Plus tard, on découvre une ancienne gare couverte de tags colorés que surplombent, à dix mètres environ, d’anciennes balustrades en fonte abimées. La droite du quai, aux voûtes de briques et colonnes ouvragées, détonne de la partie gauche envahie par les mauvaises herbes et les détritus.

on choisit la gauche à un embranchement. A l’extérieur, on

peu plus loin, les voies ferrées se trouvent bordées de maisons. Changement d’ambiance.On passe un pont au-­dessus d’une rue et on ne peut aller au-­delà, un chantier empiète sur notre route. Les rails s’arrêtent ici,

Archi Archi, Cessons avec nos nombrils LES AUTRES, étrangers au modulorTrop absents dans nos études Trop présents dans notre métierÉtudiants parlez ! Étudiants écoutez !

Universitaires, kaniens, gelés dans l’analyse Marcher est utile, A vers B, observer, décortiquerEst le dogme sans folie qui nous est imposé. Koolhaas en serait frigori" é.

Ennemi de l’archi, l’ingénieur camion Défend aussi la beauté de l’inutilitéLa beauté de l’égoïsme de l’actionPensant comme , unité.

Mais déambuler n’ est-il pas chercher pour chercher, Une action autiste, dans un esprit égocentriqueNous raconte un doux vent hispanique.Elle questionne aussi, marcher est-ce créer ?

La politique est une science,Mélanger à la poésie, nous trouvons des ressemblancesAvec les lettres méditerranéennes passées.En une paire soudée, le monde naît sous ses pieds.

« Arpenter son esprit dans le monde »

« Se balader, c’est émettre une impulsionFournissant du plaisir dans la contemplationOubliant du corps, s’ouvrant à la création »Me raconte un philosophe sans formation.

Ennemi de l’archi, l’ingénieur camion Défend aussi la beauté de l’inutilitéLa beauté de l’égoïsme de l’actionPensant comme , unité.

Spectateur de l’aléatoireLe cinéaste absorbe jusqu’au déboireBruit, son, image, odeurs, chaleurs, Dans des temps confondus, sans valeurs.

L: 20121006Z: 8159 & Ca: 9194

L’homme qui marchait sur l’eau ! | 3min13

> YouTube drole2video

Tokyo Reverse | 540min | France 4 | SlowTv

le bon sens ? Plus de 9h de programme expérimental, avec une bande son digne d’une charrette en salle 100.>

Le tour de la France, exactement | L. Daudet | 2014 | StockMarcheur, kayakiste, grimpeur, aventurier! Non ce n’est pas le dernier Indiana Johns mais une expérience racontée dans ce livre qui en marchant

artistique! Parcours détonnant, éclairé par la foudre et jon Ø]

Une ville (13 Boucles) | E. Delabranche | 2012 | publie.netAprès de longues années à arpenter Le Havre,

fond tout son sens, pose sur le papier les souvenirs de cette ville pratiquée, ingurgitée, imprimée et intérieurement reconstruite. Les mots racontent

*

Funambule 2014, Ca: 9194