Willy Ronis · 2016-11-21 · À l’heure du centenaire de la naissance de Willy Ronis et moins...

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Willy Ronis une poétique de l’engagement 16 avril – 22 août 2010 # 66

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Willy Ronisune poétique de l’engagement

16 avril – 22 août 2010

# 66

À l’heure du centenaire de la naissance de Willy Ronis et moins d’un an après sa disparition, cette exposition n’est pas seulement un hommage à l’un des plus célèbres photographes français de renommée internationale, elle a également pour objectif de dévoiler des aspects inédits de son travail. En effet, la sélection d’images présentée dans le cadre de cet événement a été effectuée à partir de la donation faite par Willy Ronis de son vivant à l’État français. Ce fonds, conservé par la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication, rassemble des milliers de négatifs, documents, albums, vintages et tirages modernes.La présente exposition constitue ainsi un premier aperçu de la richesse de ce fonds, dont l’étude rigoureuse et scientifique devra encore en passer par un travail de catalogage et une réflexion critique plus poussés. Néanmoins, et afin d’honorer la volonté de Willy Ronis qui, dans les semaines précédant son décès, imaginait lui-même une grande exposition à Paris pour fêter son centenaire, le Jeu de Paume et la Monnaie de Paris se sont associés à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine pour concrétiser ce vœu de manière posthume.

L’exposition se développe autour de cinq thèmes principaux qui, sans être exclusifs dans le travail de Willy Ronis, sont récurrents tout au long de son parcours : la rue, avec Paris comme théâtre privilégié, le monde du travail, les voyages, les corps et enfin les photos prises dans l’intimité de sa vie familiale et amicale, autant d’images qui participent à cette poétique de l’engagement, si caractéristique de la vie et de l’œuvre de Willy Ronis.

Né à Paris en 1910, dans une famille d’émigrés juifs d’Europe de l’Est, Willy Ronis passe son enfance auprès d’une mère musicienne et d’un père artisan photographe. C’est à la musique qu’il doit ses premières émotions artistiques et c’est à la musique qu’il se serait sans doute destiné si, tout d’abord pour aider son père malade, puis pour en faire son métier, il ne s’était tourné vers la photographie. À l’instar de Brassaï puis de Doisneau, Izis, Marcel Bovis, René-Jacques ou Boubat, Willy Ronis va arpenter avec un plaisir toujours renouvelé les rues de la capitale, saisissant au passage des scènes pittoresques, des gamins sympathiques, des passants affairés, des amoureux, des jeunes gens joyeux à la fête foraine… mais aussi la solitude dans les bidonvilles ou les HLM, la beauté de la Seine et de ses péniches, la foule au musée du

Autoportrait aux flashes, Paris, 1951 Carrefour Sèvres-Babylone, Paris, 1948

Louvre, le caractère hétéroclite du marché aux puces d’après-guerre, l’animation des Halles, celle des cafés, le soir, ou encore le charme nostalgique des quartiers de Belleville et de Ménilmontant.

Au-delà de ces récits anecdotiques, tendres et poétiques qui contribuent à la création du courant humaniste – qui se développe en France après la Seconde Guerre mondiale –, Willy Ronis, militant communiste, ne cache pas son attirance et son empathie avec le milieu ouvrier et le monde du travail. Sensible, lorsqu’il va couvrir les conflits sociaux chez Citroën (1938) ou Renault (1950), faire un reportage dans les mines de Saint-Étienne (1958) ou sur l’industrie textile en Alsace (vers 1950), à la gravité et à la force de ses hommes et de ses femmes qui par leur travail individuel participent avec dignité à l’action collective, il célèbre l’harmonie de l’outil et du corps tout en dénonçant l’injustice sociale. Ses images des démunis de la société, des piquets de grève et des militants syndicalistes sont, sans misérabilisme, le fruit d’une véritable solidarité avec la lutte ouvrière et d’un engagement actif auprès des laissés-pour-compte. Par sa démarche, Willy Ronis est un fidèle représentant des deux plus grandes utopies du xxe siècle, à savoir l’humanisme et le communisme.Pour Regards ou Vogue, entre autres, Willy Ronis fait

de nombreux reportages. Il travaille également pour la presse étrangère et notamment pour Life ou Times Magazine, mais, refusant tout compromis et exigeant un droit de regard sur les cadrages de ses images et sur leurs légendes, il cesse rapidement toute collaboration avec la presse américaine (certaines de ses photographies ayant été utilisées dans un sens négatif pour le mouvement ouvrier français). Cette manifestation d’indépendance, qui va de pair avec son engagement politique lui vaudra des difficultés professionnelles et financières.

Même si la plupart de ses photographies les plus souvent reproduites ont été faites en France, un grand nombre de clichés ont été pris par Willy Ronis au cours de divers voyages à l’étranger : la présente exposition a pour objectif de présenter également cet aspect moins connu de son travail. On découvre ainsi qu’à Londres, en 1955, il se laisse séduire par l’ambiance des pubs et par la multiplicité des néons publicitaires pour donner une image teintée d’étrangeté, à la fois dynamique et poétique, de la ville. Polyglotte, curieux et cultivé, Willy Ronis a effectué de nombreux séjours en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas, à New York, à la Réunion… et aussi, en pleine guerre froide, à Moscou et Prague ou encore en RDA, cette

Nu au tricot rayé, Paris, 1970

« autre Allemagne », où il réalise au cours de deux séjours (en 1960 et en 1967) son reportage le plus important hors de France.

Willy Ronis insiste sur le fait que presque toutes ses photographies sont des « tranches de vie ordinaire », et jamais avare de commentaires sur ses clichés, délivrant anecdotes et souvenirs avec plaisir et précision, il écrit en 1979 dans Sur le fil du hasard : « Mes chasses joyeuses, je ne les vécus que lorsque je volais mon temps à celui que je devais consacrer au travail commandé, ou lorsque le déclic provoqué par un événement inattendu faisait monter la fièvre des grandes émotions. » Photographe libre et indépendant, Ronis a toujours intimement lié son expérience personnelle à son œuvre, laquelle se développe et se nourrit également au contact des siens : les portraits de Marie-Anne, sa femme (dont le célèbre Nu provençal), de Vincent, son fils, de ses chats, de ses amis (Capa) et des personnalités rencontrées au cours de sa vie (Sartre, Prévert, Brassaï…) témoignent de la même poétique de l’universel que le reste de son œuvre. Tout comme les nus féminins, qu’il n’a jamais cessé de photographier, ou les autoportraits qui jalonnent sa longue et belle trajectoire.

Chronologie

1910Naissance à Paris dans une famille d’émigrés juifs d’Europe de l’Est.1926Premier appareil. Photos de vacances et première série de Paris.1932Entre dans l’atelier photographique de son père.1936Décès de son père. Décide d’être photographe reporter indépendant et quitte l’atelier. Premières parutions dans Regards ; reportage sur le Front populaire. 1937Achète son premier Rolleiflex. Premier reportage publié dans Plaisir de France. Se lie d’amitié avec Capa et Chim.1938Reportages sur les conflits sociaux chez Citroën.1941-1944Pour fuir les persécutions et ne pas porter l’étoile jaune, il quitte Paris pour la zone sud en 1941. Divers emplois.1945-1949Au lendemain de la guerre, il devient membre du parti communiste français (dont il fera partie jusqu’au milieu des années 1960 et auquel il restera toujours attaché).Mariage avec Marie-Anne Lansiaux (1946). En 1946, il intègre l’agence Rapho (qu’il quittera en 1955 pour y revenir en 1972). Plusieurs reportages pour Life (1947-1949).1950Membre du Groupe des XV.

HLM, Porte de Vanves, 1957 « Schaeffer », Mulhouse, 1946

Londres, Piccadilly Circus, le jour, 1955 New York, 1981

1950-1960Nombreux reportages pour Vogue.Exposition au MoMA de New York avec Brassaï, Doisneau et Izis (1953). Publie Photo-Reportage et chasse aux images (1951) et Belleville-Ménilmontant (1954). Reportage à Londres (1955). Médaille d’or à la nouvelle Mostra Biennale internazionale de fotografia de Venise (1957).1965Participe à l’exposition « Six photographes et Paris » au musée des Arts décoratifs de Paris, avec Robert Doisneau, Daniel Frasnay, Jean Lattès, Janine Niépce et Roger Pic.1967Reportage en RDA.1972Quitte Paris pour le Midi ; s’installe d’abord à Gordes puis à L’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse) et exerce une activité pédagogique, entre autres à l’École des beaux-arts d’Avignon.1979Participe à la Mission photographique pour la direction du Patrimoine, à la demande du ministère de la Culture et de la Communication. Reçoit le Grand Prix national des Arts et des Lettres pour la photographie. 1980Invité d’honneur aux XIe Rencontres internationales de la photographie d’Arles.1981Reçoit le prix Nadar pour Sur le fil du hasard publié l’année précédente par Contrejour.1982Long métrage intitulé Un voyage de Rose, avec Willy Ronis, Guy Le Querrec, sous la direction de Patrick Barbéris.

1983Retour à Paris.Willy Ronis, biographie par Bertrand Eveno (Belfond).Donation de ses archives à l’État à effet post-mortem.1985Rétrospective au Palais de Tokyo à Paris1989Nommé Chevalier de la Légion d’honneur.Donation complémentaire à l’État.1991Willy Ronis, « Photo Poche » no 46, Centre national de la photographie. 1995Plusieurs expositions à l’étranger dont une rétrospective à l’Oxford Museum of Modern Art.1996Rétrospective au Pavillon des Arts à Paris.2000Exposition au musée d’Art contemporain de Kyoto.2001Derrière l’objectif, Photos et Propos, textes et photographies de Willy Ronis, Hoëbeke. 2005« Willy Ronis à Paris », exposition à l’Hôtel de Ville de Paris en hommage au photographe à l’occasion de son 95e anniversaire.2006Ce jour-là, textes et photos de Willy Ronis, Mercure de France.2009Présentation par le Jeu de Paume d’une rétrospective d’environ quatre-vingts photos à l’église Sainte-Anne, lors des Rencontres d’Arles.Mort de Willy Ronis, le 11 septembre, à l’âge de 99 ans.

commissaire : Marta Gilicommissaire adjoint : Nathalie Neumann

remerciementsLe Jeu de Paume et la Monnaie de Paris remercient Stéphane Kovalsky, petit-fils de Willy Ronis, et expriment toute leur gratitude aux exécuteurs testamentaires du photographe, Roland Rappaport, Daniel Karlin, Gérard Uféras et Jean Guerry, pour le soutien qu’ils ont apporté à ce projet.

Jeu de Paume I Monnaie de Paris­­–––––––––––––––––––––––––––––––­­–––––––––––––––––––––––––––––––­­–––––––––––––––––––

Willy Ronis une poétique de l’engagement16 avril – 22 août 2009

Monnaie de Paris11, quai de Conti, 75006 Parisrenseignements Monnaie de Paris : www.monnaiedeparis.fr tél. : 01 40 46 56 66renseignements Jeu de Paume : www.jeudepaume.orgtél. : 01 47 03 12 50mardi à dimanche 11 h-19 hjeudi (nocturne) 11 h-21 h 30 fermeture le lundi et le 1er maientrée : 7 € – tarif réduit : 5 €

Cette exposition est organisée conjointement par le Jeu de Paume et la Monnaie de Paris,avec le concours de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine / ministère de la Culture et de la Communication.

visitesÀ l’occasion de l’exposition « Willy Ronis », un conférencier proposera une visite au public tous les samedis à 15 h.Les visites de groupes (scolaires, adultes) auront lieu du mercredi au samedi à 14 h 30 et 16 h.

réservation obligatoire par mail à l’adresse : [email protected] ou par téléphone au 01 40 46 56 66.

publicationsy Willy Ronis, une poétique de l’engagementcoédition Democratic Books /Jeu de Paume / Monnaie de Pariscatalogue de l’exposition, 192 pages, 35 € y Willy Ronisnuméro hors série de Connaissance des Arts44 pages, 10 €

Le Jeu de Paume est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication.

Il bénéficie du soutien de Neuflize Vie, mécène principal.

Les Amis du Jeu de Paume s’associent à ses activités.

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En partenariat avec :

maquette : Gérard Plénacoste© éditions du Jeu de Paume, Paris, 2010Photographies Willy Ronis © ministère de la Culture et de la Communication et Stéphane Kovalsky / dist. agence Rapho