We're a happy family #1 Chamonix

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WE’RE A HAPPY FAMILY - CHAMONIX MONT-BLANC- Septembre 2013 C’était mon premier Mont-Blanc de la saison ; je l’ai grimpé entre deux morts celui-là. L’un est mort la veille, je n’en n’ai rien su, l’autre le lendemain, je l’ai appris dans le journal : il s’est « mélangé » les crampons un peu en dessous du Refuge du Goûter, cinq à six cents mètres de chute ! A partir d’un certain âge il faut faire attention à ne pas se mélanger les pieds : on se rattrape plus difficilement en cas de chute, surtout si on n’est pas encordé… Ce petit couple, bien sous tout rapport, présentait tout les signes extérieurs de la bonne santé. Michel s’était décidé pour l’hôtel Albert 1 er , c’était plutôt bon signe. «Sinon, je me rabattrais sur La Croix Blanche ou La Valaisanne» m’avait-il dit au téléphone. Sinon quoi ? J’en étais réduit à subodorer, à supputer que Michel espérait bien mettre la belle Catherine dans son lit ce soir..., d’où le choix d’un hôtel quatre étoiles ! Toujours est-il que la première journée d’acclimatation, une montée au Tacul entreprise sur les coups de midi, s’était soldée par un sévère mal au crâne pour Michel et une grande fatigue pour Catherine qui arrivaient tous deux du bord de mer, respectivement Londres et Amsterdam, et d’une vie stressante de courtiers en bourse. J’augurais mal de la suite. J’allais même jusqu’à leur proposer quelque remède chimique pour améliorer leurs performances… Mais le lendemain, pour la montée au Goûter, tout allait déjà mieux. Grand beau sur l’Alpe, petit rythme tranquille, sentier sans surprise, l’esprit s’échappe… Au refuge de Tête Rousse, une petite pose s’impose pour casser la croûte. Ceux qui descendent du sommet sont déjà attablés. Bitoune, un collègue guide, a monté Jean-François, une vague connaissance, jusqu’au sommet. Je l’entends démarrer à voix forte l’histoire du père qui s’est fait arracher la tête devant son gamin en traversant le couloir que nous allons traverser tout à l’heure. Je note instantanément chez Michel quelques difficultés à déglutir la bouchée d’omelette qui est tout sauf baveuse. « Hé ! les gars on n’est pas encore passés nous !». Bitoune ponctue par un grand éclat de rire : petite facétie de l’autochtone envers l’ «étranger» que je suis toujours à ses yeux… Je le bichonne mon petit couple, je le préserve. Ils n’ont pas besoin de savoir tout de suite qu’ils vont bientôt traverser l’endroit le plus meurtrier des Alpes : le couloir de la mort, on l’appelle… Ça pourrait nuire à leur digestion. Arrivés au Refuge du Goûter, un peu fatigués mais sans plus, l’ambiance y est encore détendue. Ils ont ouvert il y a moins d’une semaine, ça ne sera plus pareil dans une semaine. Albert nous a trouvé des places. Sympa ! Ceux qui arrivent du sommet sont tout détendus et rigolards. Comme s’ils avaient joué un bon tour. Et tant pis s’ils sont servis après tout le monde, ils ne dormiront même pas sur les tables ce soir ! Ce n’est pas encore la grande foule du plein été. Tant mieux pour nous ! Partis de Tête Rousse ce matin de bonne heure, ils arrivent juste pour le dernier service. Nous ne profiterons même pas du coucher de soleil certainement magnifique, la nuit va être courte ! Deux heures du matin tout le monde debout ! La tête dans le cul ! Mal dormi ! Les gestes automatiques à force d’habitude me conduisent jusqu’à la lucarne du petit-déjeuner. J’attends mes deux clients qui, entre errements et tâtonnements, arrivent jusqu’à la salle à manger. Café tiédasse, tartines rassies, pas de quoi pavoiser ! Je ne veux pas trop les bousculer et leur laisse le temps de trouver leurs repères. Nous partons presque les derniers. Féerie des lumières dans la nuit noire. Le ciel est plein d’étoiles. Devant nous, la guirlande des lampes frontales se tortille sur les pentes du Goûter. En bas, la ville dort encore dans une lueur orangée. L’aiguille du Midi veille comme un phare dans la nuit. Après une demi-heure de marche, Luc, un guide qui nous a rattrapé, me signale que Michel a perdu un crampon. Il ne s’en est même pas aperçu ! Pas de problème, restons zen, car le plus dur reste à faire. «Vous continuez sur un petit rythme en suivant la trace, je vous retrouve un peu plus haut», pendant que je vais rechercher le crampon. Ce n’est pas le moment de s’énerver… Mon petit couple a bien marché. Je les rejoins sur le plat du Col du Dôme au lever du jour. A l’Est, une bande orange embrase l’horizon. A l’Ouest le ciel est violet. Le vent s’est levé, une petite halte s’impose au Bivouac Vallot. Toujours aussi glauque ! Une envie pressante me fait jeter un coup d’œil sur les WC et je comprends mieux le sourire triomphant de Yves, hier soir, qui se vantait d’avoir « posé une pêche » en redescendant du sommet dans ces mêmes WC : content de sa performance… «Bon c’est pas l’tout, mais on a encore du chemin à faire ! Le vent a forci, ça caille ! N’oubliez pas de remuer les doigts de pieds en marchant»! C’est insidieux le froid, ça vous gèle un doigt de pied sans même vous en rendre compte. Première Bosse, deuxième Bosse, Rochers de la Tournette, et puis l’arête sommitale qui n’en finit pas… Et nous voilà au sommet. Cinquante à soixante km/h de vent. Michel est excité comme une puce, en pleine forme ! Séance photos de rigueur. Catherine semble baigner dans une douce torpeur. Ça caille. Bon allez on se casse ! Une bonne halte à Vallot. Allez ! Il faut continuer, malgré l’envie de dormir. Repos au Goûter : le havre. Une équipe de Saint-Gervais dégage le refuge de sa gangue de glace à la tronçonneuse. Je peux enfin soulager ce besoin naturel que je traîne depuis ce matin. Pas de PQ au dévidoir. « Tu comprends, ça s’envole partout dans la montagne » m’explique l’un des gars du refuge». Maintenant, je comprends mieux la présence de ces petits étrons qui ponctuent l’ascension de l’Arête des Bosses à intervalles réguliers. Le contraste thermique a surélevé les plus vieux colombins sur un piédestal de neige sculpté par le vent. C’est bien connu, en montagne, il ne faut jamais laisser passer une envie pressante… Mais par pitié, enterrez votre œuvre ! « Allez ! On se détend ! «. Catherine est un peu crispée à l’idée d’affronter, à la descente, l’abîme que nous avions dans le dos hier, à la montée. « On n’oublie pas de respirer !». Au bout de quelques mètres, tout va mieux. On s’habitue à tout, même au vide. Nous doublons une cordée de quatre poids lourds flamands, sacs de 20 kilos à vue de nez, encordés à dix mètres. Nous faisons une pose en vue du couloir, sur une petite crête. Et voilà mon Bitoune, croisé hier à la descente, en train de remonter. «Encore lui !», lançais-je sur un ton provoca- teur. Autres clients, autres mœurs. Il entame aujourd’hui son trois cent vingt cinquième Mont- Blanc, imposant le respect, sans concession : ce n’est plus le même homme… Si j’en ai fait une centaine, en trente ans de métier, c’est bien le maximum. Je suis surtout complètement incapable de tenir une comptabilité exacte ! Des cordées traversent le grand couloir. Nous les rejoignons bientôt. L’euphorie du premier Mont-Blanc de la saison que j’ai remarquée jusque-là chez les collègues de rencontres a fait place à une franche rigolade dans les groupes que nous croisons... Je comprends mieux quand je vois à l’autre bout du câble, qui assure la traversée du fameux couloir, une étonnante créature, minijupe au ras du slip et brassière minimale moulant un buste de reine, le tout d’un blanc immaculé, dans une pose nonchalante, se demandant manifestement si elle n’allait pas le traverser ce couloir… D’un peu plus près, il s’agit en fait d’un travesti. « On ne voit pas sou- vent ça par ici ! ». « Ça me change du Bois de Boulogne! Vous pouvez me prendre en photo ? » Etonnant non ? Ah ! J’oubliais. Michel s’est un peu gelé les pieds, une belle cloque à chaque pouce. Aux dernières nouvelles, ses jours ne sont pas en danger… Quant à Catherine, sa conquête achevée, elle s’en est retournée sans bruit à ses rivages urbains. LE PREMIER DE LA SAISON Michel Bordet 1 Edité et imprimé à dessin : Dominique Potard METEO Octobre 2013 Doux et ensoleillé en début de mois ensuite premier coup de froid avec de la neige vers 1000 m puis le courant de Nord-Ouest apportera de nombreuses pluies et neiges vers 1000 m, parfois des journées de beau. L’enneigement deviendra important en moyenne montagne. Novembre 2013 La première quinzaine sera perturbée en Nord-Ouest, le temps sera souvent à la pluie avec des chutes de neige entre 1000 et 2000 m. La seconde partie du mois sera douce et ensoleillée. Ne pas jeter sur la voie publique Le Boss

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We're a happy family #1. Le journal gratuit de la vallée de Chamonix Mont-Blanc.

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WE’RE A HAPPY FAMILY- CHAMONIX MONT-BLANC-

Septembre 2013

C’était mon premier Mont-Blanc de la saison ; je l’ai grimpé entre deux morts celui-là. L’un est mort la veille, je n’en n’ai rien su, l’autre le lendemain, je l’ai appris dans le journal : il s’est « mélangé » les crampons un peu en dessous du Refuge du Goûter, cinq à six cents mètres de chute ! A partir d’un certain âge il faut faire attention à ne pas se mélanger les pieds : on se rattrape plus difficilement en cas de chute, surtout si on n’est pas encordé…Ce petit couple, bien sous tout rapport, présentait tout les signes extérieurs de la bonne santé. Michel s’était décidé pour l’hôtel Albert 1er, c’était plutôt bon signe. «Sinon, je me rabattrais sur La Croix Blanche ou La Valaisanne» m’avait-il dit au téléphone. Sinon quoi ? J’en étais réduit à subodorer, à supputer que Michel espérait bien mettre la belle Catherine dans son lit ce soir..., d’où le choix d’un hôtel quatre étoiles ! Toujours est-il que la première journée d’acclimatation, une montée au Tacul entreprise sur les coups de midi, s’était soldée par un sévère mal au crâne pour Michel et une grande fatigue pour Catherine qui arrivaient tous deux du bord de mer, respectivement Londres et Amsterdam, et d’une vie stressante de courtiers en bourse. J’augurais mal de la suite. J’allais même jusqu’à leur proposer quelque remède chimique pour améliorer leurs performances…Mais le lendemain, pour la montée au Goûter, tout allait déjà mieux. Grand beau sur l’Alpe, petit rythme tranquille, sentier sans surprise, l’esprit s’échappe… Au refuge de Tête Rousse, une petite pose s’impose pour casser la croûte. Ceux qui descendent du sommet sont déjà attablés. Bitoune, un collègue guide, a monté Jean-François, une vague connaissance, jusqu’au sommet. Je l’entends démarrer à voix forte l’histoire du père qui s’est fait arracher la tête devant son gamin en traversant le couloir que nous allons traverser tout à l’heure. Je note instantanément chez Michel quelques difficultés à déglutir la bouchée d’omelette qui est tout sauf baveuse. « Hé ! les gars on n’est pas encore passés nous !». Bitoune ponctue par un grand éclat de rire : petite facétie de l’autochtone envers l’ «étranger» que je suis toujours à ses yeux…Je le bichonne mon petit couple, je le préserve. Ils n’ont pas besoin de savoir tout de suite qu’ils vont bientôt traverser l’endroit le plus meurtrier des Alpes : le couloir de la mort, on l’appelle… Ça pourrait nuire à leur digestion.Arrivés au Refuge du Goûter, un peu fatigués mais sans plus, l’ambiance y est encore détendue. Ils ont ouvert il y a moins d’une semaine, ça ne sera plus pareil dans une semaine. Albert nous a trouvé des places. Sympa ! Ceux qui arrivent du sommet sont tout détendus et rigolards. Comme s’ils avaient joué un bon tour. Et tant pis s’ils sont servis après tout le monde, ils ne dormiront même pas sur les tables ce soir ! Ce n’est pas encore la grande foule du plein été. Tant mieux pour nous ! Partis de Tête Rousse ce matin de bonne heure, ils arrivent juste pour le dernier service. Nous ne profiterons même pas du coucher de soleil certainement magnifique, la nuit va être courte ! Deux heures du matin tout le monde debout ! La tête dans le cul ! Mal dormi ! Les gestes automatiques à force d’habitude me conduisent jusqu’à la lucarne du petit-déjeuner. J’attends mes deux clients qui, entre errements et tâtonnements, arrivent jusqu’à la salle à manger. Café tiédasse, tartines rassies, pas de quoi pavoiser ! Je ne veux pas trop les bousculer et leur laisse le temps de trouver leurs repères. Nous partons presque les derniers. Féerie des lumières dans la nuit noire. Le ciel est plein d’étoiles. Devant nous, la guirlande des lampes frontales se tortille sur les pentes du Goûter. En bas, la ville dort encore dans une lueur orangée. L’aiguille du Midi veille comme un phare dans la nuit. Après une demi-heure de marche, Luc, un guide qui nous a rattrapé, me signale que Michel a perdu un crampon. Il ne s’en est même pas aperçu ! Pas de problème, restons zen, car le plus dur reste à faire. «Vous continuez sur un petit rythme en suivant la trace, je vous retrouve un peu plus haut», pendant que je vais rechercher le crampon. Ce n’est pas le moment de s’énerver…Mon petit couple a bien marché. Je les rejoins sur le plat du Col du Dôme au lever du jour. A l’Est, une bande orange embrase l’horizon. A l’Ouest le ciel est violet. Le vent s’est levé, une petite halte s’impose au Bivouac Vallot. Toujours aussi glauque ! Une envie pressante me fait jeter un coup d’œil sur les WC et je comprends mieux le sourire triomphant de Yves, hier soir, qui se vantait d’avoir « posé une pêche » en redescendant du sommet dans ces mêmes WC : content de sa performance… «Bon c’est pas l’tout, mais on a encore du chemin à faire ! Le vent a forci, ça caille ! N’oubliez pas de remuer les doigts de pieds en marchant»!

C’est insidieux le froid, ça vous gèle un doigt de pied sans même vous en rendre compte. Première Bosse, deuxième Bosse, Rochers de la Tournette, et puis l’arête sommitale qui n’en finit pas… Et nous voilà au sommet. Cinquante à soixante km/h de vent. Michel est excité comme une puce, en pleine forme ! Séance photos de rigueur. Catherine semble baigner dans une douce torpeur. Ça caille. Bon allez on se casse !Une bonne halte à Vallot. Allez ! Il faut continuer, malgré l’envie de dormir. Repos au Goûter : le havre. Une équipe de Saint-Gervais dégage le refuge de sa gangue de glace à la tronçonneuse. Je peux enfin soulager ce besoin naturel que je traîne depuis ce matin. Pas de PQ au dévidoir. « Tu comprends, ça s’envole partout dans la montagne » m’explique l’un des gars du refuge». Maintenant, je comprends mieux la présence de ces petits étrons qui ponctuent l’ascension de l’Arête des Bosses à intervalles réguliers. Le contraste thermique a surélevé les plus vieux colombins sur un piédestal de neige sculpté par le vent. C’est bien connu, en montagne, il ne faut jamais laisser passer une envie pressante… Mais par pitié, enterrez votre œuvre !« Allez ! On se détend ! «. Catherine est un peu crispée à l’idée d’affronter, à la descente, l’abîme que nous avions dans le dos hier, à la montée. « On n’oublie pas de respirer !». Au bout de quelques mètres, tout va mieux. On s’habitue à tout, même au vide. Nous doublons une cordée de quatre poids lourds flamands, sacs de 20 kilos à vue de nez, encordés à dix mètres. Nous faisons une pose en vue du couloir, sur une petite crête. Et voilà mon Bitoune, croisé hier à la descente, en train de remonter. «Encore lui !», lançais-je sur un ton provoca-teur. Autres clients, autres mœurs. Il entame aujourd’hui son trois cent vingt cinquième Mont-Blanc, imposant le respect, sans concession : ce n’est plus le même homme… Si j’en ai fait une centaine, en trente ans de métier, c’est bien le maximum. Je suis surtout complètement incapable de tenir une comptabilité exacte !Des cordées traversent le grand couloir. Nous les rejoignons bientôt. L’euphorie du premier Mont-Blanc de la saison que j’ai remarquée jusque-là chez les collègues de rencontres a fait place à une franche rigolade dans les groupes que nous croisons... Je comprends mieux quand je vois à l’autre bout du câble, qui assure la traversée du fameux couloir, une étonnante créature, minijupe au ras du slip et brassière minimale moulant un buste de reine, le tout d’un blanc immaculé, dans une pose nonchalante, se demandant manifestement si elle n’allait pas le traverser ce couloir… D’un peu plus près, il s’agit en fait d’un travesti. « On ne voit pas sou-vent ça par ici ! ». « Ça me change du Bois de Boulogne! Vous pouvez me prendre en photo ? » Etonnant non ?Ah ! J’oubliais. Michel s’est un peu gelé les pieds, une belle cloque à chaque pouce. Aux dernières nouvelles, ses jours ne sont pas en danger… Quant à Catherine, sa conquête achevée, elle s’en est retournée sans bruit à ses rivages urbains.

LE PREMIER DE LA SAISON Michel Bordet

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Edité et imprimé à

dessin : Dominique Potard

METEOOctobre 2013Doux et ensoleillé en début de mois ensuite premier coup de froid avec de la neige vers 1000 m puis le courant de Nord-Ouest apportera de nombreuses pluies et neiges vers 1000 m, parfois des journées de beau. L’enneigement deviendra important en moyenne montagne.

Novembre 2013La première quinzaine sera perturbée en Nord-Ouest, le temps sera souvent à la pluie avec des chutes de neige entre 1000 et 2000 m. La seconde partie du mois sera douce et ensoleillée.

Ne pas jeter sur la voie publique

Le Boss

LE «SPECTRE DE BROCKEN»

Les nuages se comportent comme une sorte d’écran vertical situé à l’opposé du soleil par rapport à la montagne et l’ombre des sommets va se projeter dessus. Cette ombre donne alors l’impression d’être orientée verticalement et non de manière horizontale.

Spectres sur les Aiguilles de Chamonix. PHOTO : BRUNO MAGNIEN http://brunomagnienphotographies.wordpress.com

« Une éphémère silhouette, sorte de frère jumeau virtuel, qui ne sera jamais escaladé par les hommes mais restera un objet de contemplation pure, ultime revanche de la nature sur l’esprit de conquête des hommes ».

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Dans la fin des années 80- début 90, c’est l’explosion des voies modernes. Les 2 acteurs principaux qui se tirent la bourre sont Romain Vogler et Michel Piola. Le Trident n’échappe pas aux deux rouleaux compresseurs suisses et se voit décoré de spits un peu partout… Entre autres, Romain signe avec Jean Luc Amstutz « Bonne Ethique » (ED sup/ 200m / 6c Max) qui reste aujourd’hui une « test-piece » du massif pour la fissure. Une voie qui doit son nom à une éthique irréprochable pour cette voie car toutes les fissures sont vierges de tout spit et à protéger soi-même.De son côté, le 29 juin 1992, Michel Piola ouvre avec Hervé Bouvard « Les intouchables », qui reste aujourd’hui aussi un chef-d’œuvre de la fissure dans le massif du Mont-Blanc.La 7ème longueur des Intouchables est l’une des plus célèbres du massif. Lors de la première, Michel et Hervé l’avaient équipée de 9 spits. Il faut dire que c’est une fissure incroyable, haute de 30m, déver-sante et qui nécessite beaucoup de friends de la même taille. Mais ils ne l’avaient pas libérée. Et c’est Alain Guersen qui libéra cette longueur, à vue s’il vous plaît, suivi de près par Giovanni Bassanini. La cotation annoncée était 7c+.Début des années 2000, le très fort grimpeur valaisan Didier Berthod crée la polémique en cassant les 9 spits et passe la longueur unique-ment protégé par des coinceurs mécaniques. Les ouvreurs sont un peu désabusés car Didier ne leur a pas demandé leur avis…Aujourd’hui cette longueur est souvent parcourue de cette façon, la cotation a subi l’influence californienne et est passée à 7a+.Giovanni Bassanini a ouvert une belle variante de départ sur la gauche appelée la « Bassanini variation » qui vaut 7c .Enfin, j’ai ouvert une autre variante qui commence par la « Bassanini variation » et qui attrape a gauche, via un pas de bloc protégé par un spit, un superbe splitter de 20m. Je l’ai enchaînée avec les protec-tions en place et propose la cotation 8a. C’est à mon goût une su-perbe couenne d’altitude très soutenue en verrous de doigts où il faut 8 friends de la même taille ! Ça s’appelle « Super Purple Crack ».

LES FISSURES DU TRIDENT

Le Trident du Tacul se situe juste à gauche du Grand Capucin. Moins haut, moins dur, il a peine à concurrencer son imposant voisin. Pourtant, il a fière allure avec ses trois sommets distincts, et il est sacrément raide! Pour preuve, Roch Malnuit (encore lui !) l’a basé en 2007 !La première du sommet est une performance exceptionnelle pour l’époque ! Le 13 septembre 1919, Alice Damesne, Maurice Damesne et surtout Jacques De Lepiney atteignent son sommet avec un itinéraire de grande classe qui s’enroule autour de la montagne. La longueur clef, un 5sup surplombant de 30m réalisé sans pitons laisse encore aujourd’hui sans voix ses répétiteurs ! L’équivalent actuel d’un bon 7a à vue en solo à mon avis !

Nico Potard

Bruno Magnien

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«For those wondering about the big igloo in front of the Aiguille du Midi Valley Station last month, it was the 2013 Arc’teryx Alpine Arc’ademy - three days of mountaineering education and inspiration. The event was open to all levels, from introductory mountainee-ring to more specific skills like navigation, crevasse rescue, and ice climbing, and for experienced alpi-nists, along with challenging routes to climb, there were sessions on mountain rescue and preparing for expedition. There was also a women’s glacier tour led by local guide and Arc’teryx Athlete Isabelle San-toire.After a good start in 2012 the event tripled in size, and many returned to join with 300 people for day and evening workshops. Not surprisingly the majo-rity were from France, Switzerland, Italy, the UK and Scandinavia, but 20 nationalities were present, inclu-ding Serbia, Portugal, Poland, and USA. This event is about learning with others in the mountains. To help with this mission Arc’teryx hired 130 Mountain Guides (both independent and from the Compagnie des Guides), and Arc’teryx Athletes joined to share knowledge and skills with participants. While some were up high, others attended less physi-cally demanding activities at the event base. The Petzl Ice tool sharpening stations and Arc’teryx/Gore-Tex sewing booth were more than popular; 150 handmade made stuff sacks became proud souvenirs! Friday ni-ght’s free seminars presented a variety of topics such as, High Altitude Medicine, Mountain Navigation and physiotherapy for avoiding climbing injuries. Satur-day night a large group braved the rain for a moun-tain themed barbeque, followed by the Alpine Movie Night; a free social event to inspire and showcase films presented by some of the world’s top mountain Athletes including Nina Caprez and Will Gadd. The aim of the weekend was to raise awareness about personal responsibility and self-sufficiency in the mountains. The event was organized by Arc’teryx and sponsored by Gore-Tex® Outdoor Products, Petzl, Scarpa Spa, Suunto – Est. 1936 and the Compagnie du Mont-Blanc. Mountaineers spent their nights on the glacier in Hilleberg tents, with Optimus stoves and Trek’n Eat food. Thanks to all participants, guides and sponsors for the continued success of this event.

The Arc’teryx Alpine Arc’ademy par Tiffany Saibil

ORGANISED EVENTS FOR MOUNTAINEERING

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Ce n’est pas un métier qui se meurt c’est une culture !Avec la fin des exploitations agricoles dans la vallée ce n’est pas seulement un folklore et un commerce de proximité que nous perdons mais un véritable rapport au territoire, une conception différente du temps, une autre idée de la montagne... bref nous perdons une part de notre héritage. Le BAB rend hommage à Pascal Payot et à ceux qui se battront après lui face à l’hypocrisie d’une vallée qui capitalise sur l’alpage et le terroir sans en vouloir ni le bruit, ni l’odeur.Face à des pouvoirs publics qui attendent sans bouger la fin de ces anachronismes pastoraux.Face à certains riverains «bien d’ici» qui préfèrent tondre et broyer leurs champs plutôt que d’y faire paître de jolies chèvres blanches. «Si le paysan meurt le dézonage constructible de mon terrain viendra» et derrière leurs visages fermés ils exultent...Face à l’esprit de ces nouveaux habitants qui obligent l’agriculteur, déjà acculé par ses banquiers, à acquérir une machine coûteuse pour nettoyer les routes crottées par son troupeau. Savent-ils qu’il devait emprunter «leur» route pour contourner des champs cloisonnés par leurs propres nouveaux chalets ? Comprennent-ils que leur façon de pos-séder nous dépossèdent ?Enfin, face à nous mêmes, qui n’avons pas compris à temps la situation dramatique dans laquelle se trouvait Pascal Payot et n’avons pas assez agi...

Chamonix Mountain Festival

Launched in June 2013 the idea revolves around the concept of an international climbing meet +. This complex event includes at the core a gathering of climbers from all over the World. For our first edition we had a relatively small number of participants (33) but representing 20 nationalities from China, South Africa, Iran to Norway. Some were key players in their own national scene. We are expecting many more next year.In addition we set up an informal equipment test centre at the foot of the Aiguille du Midi cablecar. We called it GearFest. This is no standard trade fair. The missiongiven to the 18 companies who came was to lend equipment for free to be tested immediately in the mountain or on local crags. Companies ranged from multinationals such as Black Diamond, French flag carriers like Béal and small venture such as Idris. The list in on the website.We also ran 4 evening events: one with the PGHM on avalanche safety, one film on the Drus featuring Andy Parkin and Steve House, one with Sandy Allan on the Mazeno ridge ascent and one with Caroline George on ice climbing. All the events were packed.Chamonix Mountain Festival: what’s in it for you Chamonix residents?- You can test for free all sorts of gear during a week end.- You can come climb with us and guests and make new friends from far afield.- You can enjoy the evening events which are free of charge and some of you will even talk at htese events!Most importantly you participate in sharing the environment you have chosen to live in with other enthusiasts and maybe rediscover some of it!http://www.chamonixmountainfestival.com, facebook.com/chamonixmountainfestival.The annual meet for amateur climbers from all over the World!

par Françoise Call

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LA FERME A PAYOT Bab

Olivier Rouquier musicien professionnel, Professeur de guitare à la MJC de Chamonix.

Paroles du morceau «La voie de Paccard et Balmat»

extrait de son dernier album «Un homme de passage».

http://olivierrouquier.com/

Village blotti au bout du mondeDans une vallée oubliée

Les saisons coulent et font la rondePassent les jours bon gré malgré

En levant les yeux vers le cielOn voit cette silhouette entêtante

Comme un aimant comme un appelUne obsession terrifiante

Ils vont percer le mystèreFaire une trace au sommet de la Terre

Et ce seraLa Voie de Paccard et Balmat

Il est promis une caisse d’orA celui qui fera la voie

Mais par-delà tout ce TrésorÊtre le premier fera Roi

Ils sont partis à l’heure de l’aubeCar ils sont prêts depuis des moisLe nez dans les étoiles qui rôdent

Ils vont percer le mystèreFaire une trace au sommet de la Terre

Et ce seraLa Voie de Paccard et Balmat

Le vent se lève souffle en rafaleMord les visages d’un rire glacial

Est-ce le diable qui part en campagneFaire sa moisson dans la montagne ?

Et puis soudain c’est le miracleIl n’y a plus rien au-dessus d’eux

Plus de barrière aucun obstacleIls murmurent à l’oreille des Dieux

Ils ont percé le mystèrePosés leurs traces au sommet de la Terre

Et c’est la voieLa Voie de Paccard et Balmat

MUSIQUE

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GUERIN«Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi» le livre de Jean-Christophe Ruffin.(Prix Goncourt 2001 avec «Rouge Brésil») aux Editions GUERIN, déjà vendu à plus de 250 000 exemplaires.

«Chaque fois que l’on m’a posé la question « Pourquoi êtes-vous allé à Santiago ?», j’ai été bien en peine de répondre. Comment expliquer à ceux qui ne l’ont pas vécu que le Chemin a pour effet sinon pour vertu de faire oublier les raisons qui ont amené à s’y engager ? On est parti, voila tout.»

STEVEN SPIELBERG

La première piste à vélo du 3ème type par Steven Spielberg à Chamonix-Mont-Blanc. Tu pars de nulle part et tu arrives nulle part.

BMW XDRIVE

HOROSCOPE

MARIAGE POUR TOUS

Quand Chamonix donne du sens à la pollution. Cet été dans une des vallées les plus polluées de France, dans un alpage de mon-tagne, BMW Xdrive a pris ses quartiers.

Vie sociale L’automne sera chaud pour vous, natifs du signe de la Balance, qui par nature n’êtes ni pour-ni contre, bien au contraire. Revoyez vos projets à la hausse, la conjonction de Mars et du CAC 40 est favorable aux ambitieux. Vous êtes au pied de monts phalliques mondialement enfourchés, que diable, c’est pas le moment de mollir ! Bandez les piolets, massez les cordes, astiquez les mousquetons et hop «dré dans l’pentu».

Amour C’est pas faute de vous l’avoir dit et redit, Balance, faites-un effort ! Votre boutchitude naturelle est aussi attirante qu’une cascade de glace par temps de foehn, il va falloir adoucir tout ça. Souriez, ça n’est pas douloureux, arrangez-vous pour devenir un edelweiss, rare, sensuel et duveteux. L’automne, propice à la tendresse, va vous permettre de subtiles rencontres. À vous les éthyliques Nordiques, les Australiens bondissants, les Néo-Zélandais inusables et les Japonais débridés, vous allez faire de Chamonix la capitale mondiale de la galipette. Et sortez-couverts, le temps se gâte.

Santé Faites-une cure de raisin et mâchez-moi la grappe !

Madame Zaza (tricote des horoscopes sur mesure, lit l’avenir dans la gnôle, don naturel 100% bio).photo : Bruno Magnien

La voie de Paccard et Balmat

29 juin 2013. Premier mariage homosexuel à Chamonix Mont-Blanc avec Tof et Dav... Et l’hiver prochain tous à Sotchi (ville jumelée avec les Houches vallée de Chamonix) pour des JO homophobes... Vive le sport sur antenne 2...

Octobre 2013 BALANCE

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