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texte Pascale Desclos photos Christian Goupi

KATHAKALILes acteurs se maquillent pour le kathakali, forme de théâtre dansé, qui repose sur les expressions du visage et conte les grandes épopées hindoues.

COULEURSSur les étals des marchés, des poudres colorées pour le rituel hindou du tika, utilisé dans les cérémonies religieuses ou pour porter bonheur.

AQUATIQUEÀ 70 km au sud de Cochin, le Kumarakom Lake Resort déploie ses luxueux bungalows sur pilotis sur les rives d’un vaste lac. Un point de départ pour explorer les backwaters du Kerala.

BIENVENUEAu Kumarakom Lake Resort, au Kerala, les hôtes sont accueillis par le rituel du tika. Apposée sur le front, cette marque rouge symbolise le 3e œil de Shiva.

TRAVERSER LE SUD DE L’INDE DE COCHIN À MADRAS SUR 700 KM EN COLLECTIONNANT ANCIENS COMPTOIRS COLONIAUX, PLANTATIONS DE THÉ ET D’ÉPICES, MASSAGES AYURVEDA ET TEMPLES BOUDDHISTES MULTICOLORES, C’EST L’ESPRIT DE CETTE VIRÉE “HINDIE” AUX ACCENTS GLAMOUR.

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Virée chic en INDE DU SUD

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ur la place de Fort Cochin, ombragée de banians (ou figuier de l’Inde), se dresse une église blanche à la façade rongée de salpêtre. Au bout de la travée, où les fenêtres ouvertes laissent passer la tiède brise tropicale, repose

une dalle de pierre aux inscriptions effacées par les ans : la première tombe de l’explorateur Vasco de Gama, mort de la malaria en 1524, après avoir tracé la voie maritime du Portugal à l’Inde, via le cap de Bonne Espérance…Aborder les rivages de l’Inde du Sud dans cet ancien comptoir portugais, bâti sur une presqu’île, c’est remonter le fil du temps. Dès le XVIe siècle, son port ouvert sur la mer d’Oman prospérait grâce au commerce du poivre noir (le fameux Malabar), de la cardamome, de la muscade. Aujourd’hui, les immenses carrelets déployés par les pêcheurs au bord de l’eau amusent surtout les touristes et nombre de vieux édifices de briques ont été transformés en hôtels de charme, cafés branchés ou antique stores. Autour du palais du gouverneur, orné de scènes du Ramayana (poème épique fondateur de la culture hindoue), les étals regorgent de statuettes hindoues, de coffres en bois clouté, de tissus brodés. Mais l’histoire se lit entre les lignes… À la sortie de la ville, la côte de Malabar cache derrière sa frange de cocotiers un véritable labyrinthe aquatique. Embarquer pour une croi-sière en houseboat dans les backwaters, ces étroits chemins d’eau qui s’enfoncent dans la jungle, est une expérience propice à la rêverie. Toit en fibres tres-sées et ponton garni de nattes, ces “maisons flot-tantes” glissent avec lenteur dans la touffeur tropicale, découvrant des hameaux sur pilotis, des pêcheurs relevant leurs nasses, des paysannes en saris lavant leur linge, des chapelles blanches. 18 % de la popula-tion du Kerala est encore chrétienne. Version “luxe” de l’habitat local, avec ses villas en bois sculpté

ouvrant sur des couloirs de nage, le Kumarakom Lake Resort accueille les voyageurs au soir, le temps de quelques brasses dans la nuit tiède, d’un curry de poisson/coco sous les étoiles, d’un spec-tacle de kathakali. Inutile d’être expert en mythologie indienne pour saisir le sens de ces pièces de théâtre dansées. Les acteurs, habilement maquillés, savent mimer toutes les émotions humaines, yeux qui roulent pour la colère, sourcils hauts levés pour la surprise…À 3 heures de route dans les terres, les collines des Western Ghats déroulent leurs vertes plantations de théiers, étagées en terrasses. Autour de la Connemara Tea Factory de Vandiperiyar, une fabrique fon-dée en 1941 par un Irlandais, des batail-lons de paysannes en saris récoltent les précieuses feuilles à la main ou aux cisailles, tout au long de l’année : selon la méthode, elles peuvent en cueillir de

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BACKWATERSBalade en houseboat dans le labyrinthe des canaux tapissés de jacinthes d’eau du Kerala, près de Kumarakom.

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De l’ancien comptoir portugais de Cochin aux plantations de thé des Cardamom Hills, le Kerala fait son cinéma.“ “

CUEILLETTEDans les Cardamom Hills, au Kerala, la récolte du thé Nilgiri dure toute l’année. Les femmes cueillent 20 à 50 kg de feuilles par jour.

CARRELETSSur le port de Cochin, les pêcheurs tendent encore ces immenses filets, arrimés à des mâts et relevés par un système de poulies et de contrepoids.

ÉPICESDégustation de dosa au Spice Village Resort de Kumily. Ces galettes à base de farine de lentilles sont servies avec curry de légumes et chutneys épicés.

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20 à 50 kg par jour, qui seront ensuite triées, fermentées à l’eau pour retirer le tanin, séchées puis enfin broyées ou calibrées. “Ici, comme dans toute l’Inde du Sud, on cultive la variété de thé noir Nilgiri, moins réputée que le Darjeeling. Ses prix peuvent pourtant grimper aux enchères internationales s’il est vendu “pleines feuilles”, c’est-à-dire non broyé”, explique Teenu, le contremaître.Un peu plus loin, dans les jardins du Spice Village, les oiseaux s’égosillent entre des bungalows aux toits de chaume. De cet écolodge “modèle”, certains partent pister les rares tigres sauvages du parc national de Périyar (50 000 spécimens jusqu’en 1940, plus qu’une trentaine aujourd’hui). D’autres savourent des acti-vités plus bucoliques. Expert en botanique, Chacko organise ainsi des balades dans la forêt pluviale. Avec ce jovial moustachu, on découvre le poivre qui pousse

en lianes exubérantes, la noix de muscade si parfumée, la précieuse cardamome, autant d’épices utilisées par la médecine ayurvédic, depuis quelque 5 000 ans… Rien de tel, ensuite, qu’un vigoureux massage aux huiles essentielles. Les traitements proposés par le Spice Village sont adaptés à toutes sortes de maux, de la fatigue chronique à la sinusite… Le soir, après une flânerie-shopping au bazar de Kumily, on se retrouve pour une partie de billard au très british Wood House Bar, ex-repaire de chasseurs de tigres.La frontière du Tamil Nadu n’est plus loin. Posée au cœur d’une plaine fertile dédiée à la culture du coton, la cité de Madurai, dit la légende, serait

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TEMPLEChef-d’œuvre de l’architecture dravidienne du XVIe siècle, le temple de Minakshi, à Madurai, attire des milliers de pèlerins tamouls.

ENGUIRLANDÉSLes bus ne passent pas inaperçus. Ornés de guirlandes et de fresques peintes à l’effigie des dieux, beaucoup sortent tout droit des usines Ashok Leyland, créées en 1948 à Madras.

CINÉMALe cinéma multiplex Kamala programme des films en tamoul, love stories et autres comédies tournées dans les studios en

périphérie de la mégalopole.

DENTELLESLe Kerala, qui compte

18 % de chrétiens, abrite de nombreuses

églises de l’époque coloniale. Ici, des

petites filles sortant de la messe à Kumily.

PALACELe palace ITC Grand

Chola, au cœur de Madras (aujourd’hui

Chennai) rend hommage à l’empire

Chola du XIe siècle.

Dynamisée par sa capitale - l’ancienne Madras devenue aujourd’hui Chennai - l’économie du Tamil Nadu est prospère.“ “

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BRONZEStatue de Shiva en dieu danseur (XIe siècle) à la galerie des bronzes du musée du gouvernement de Madras/Chennai.

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SE RENDRE EN INDE DU SUD Air France propose un vol Paris CDG-Cochin, retour via Chennai à partir de 707 € en classe éco (durée : 12 heures). Infos par tél. : 36 54 ou sur airfrance.fr

FORMALITÉS ET RENSEIGNEMENTS Passeport et visa de tourisme obligatoires, 65 € sur VFS France (vfs-in-fr.com). Office national indien du tourisme (incredibleindia.org).

MONNAIE. La roupie indienne (1 € = 75 INR)

OÙ DORMIR ? À Fort Cochin, au Old Harbour Hotel (oldharbourhotel.com), un “boutique-hôtel” historique dans un ex-entrepôt de thé. À partir de 171 € la chambre double en B&B. Sur la côte de Malabar, au Kumarakom Lake Resort (kumarakomlakeresort.in). De luxueuses villas en bois donnant sur un lac, dans un jardin avec piscine et Spa. À partir de 248 € la chambre double en B&B. À Kumily, dans les Western Ghats, au Spice Village by CGH (cghearth.com). Un écolodge à l’image d’un village traditionnel déclinant soins ayurvéda, sessions de yoga, excursions “nature”. À partir de 252 € la chambre double en B&B. À Madurai, Heritage Hotel (heritagemadurai.com). Chambres à l’atmosphère british et vaste piscine dans une ex-fabrique de coton du XIXe siècle. À partir de 58 € la double en B&B. À Madras-Chennai, Vivanta Connemara by Taj (vivantabytaj.com). Un palace Art Déco, au cœur du quartier des musées d’Anna Salai. À partir de 105 € la chambre double en B&B.

SE DÉPLACER En voiture et à pied, au rythme des balades. Des voyagistes spécialisés, comme Jet tours (jettours.com), proposent des séjours accompagnés en petits groupes en Inde du Sud, à partir de 1 349 €/personne les 9 jours/8 nuits en pension complète, vol AR inclus.

CLIMAT. Tropical, avec saison sèche d’octobre à mars, mousson d’avril à septembre.

DÉCALAGE HORAIRE. + 4 h 30 en hiver.

LANGUE. L’anglais dans les hôtels et sites touristiques, les langues indiennes dans la rue, malayalam au Kerala, tamoul au Tamil Nadu.

VOTRE VOYAGE

née d’une goutte de nectar tom-bée de la chevelure du dieu Shiva… Pour les Européens, son nom évoque surtout l’empire textile de la Compa-gnie Anglaise des Indes Orientales, qui perdura jusqu’à l’indépendance, en 1947. Dans le quartier de Puthu Mandapam, des ateliers de tailleurs reproduisent robes et chemises dans de jolis cotons imprimés. Mais il y a plus authen-tique : s’offrir une kurta, la traditionnelle tunique masculine ou un sari, 6 mètres de soie avec jupe et caraco assorti, cours de drapé en prime ! “En Inde, explique notre guide Govind Singh pendant la séance d’essayage, chaque femme de la classe moyenne possède 100 à 200 saris dans sa garde-robe et un mari se doit d’en offrir à son épouse à chaque événe-ment de la vie, anniversaire ou fête religieuse”.“Déposer ses chaussures à l’entrée”, prévient un pan-neau à l’entrée du temple hindou de Mînâkshî, fondé au XVIIIe siècle. C’est donc pieds nus qu’on passe les hautes tours-portails foisonnantes de divinités multicolores, pour parcourir le dédale de couloirs en arcade, de salles hérissées de colonnes. Chaque soir, la foule des pèlerins se presse pour assister aux noces barbares : portée en procession, précédée par les souffleurs de conques, les parfums d’encens et de jasmin, la statue du dieu Shiva s’en va retrouver son épouse Parvati pour la nuit. Le retour en tuk tuk à

l’hôtel Heritage, délicieux palace blanc des années 1900, prolonge ce rêve éveillé…Dernière étape du voyage, Madras. Aujourd’hui rebaptisé Chennai, le modeste village de pêcheurs au bord de l’océan Indien est devenu une mégalopole de 9 millions d’habitants. À George Town, la statue du roi George VI observe, impuissante, le flot déli-rant des tuk tuk, vélos et autres Tata Nano, les autos les moins chères du monde, à 1 500 € pièce ! À deux pas, le marché aux fleurs de Badrian Street explose de couleurs : ici les marchands vendent au mètre des guirlandes tressées de jasmins, œillets d’Inde, roses, pour les cérémonies des temples. Interdit d’en respi-rer le parfum, il est réservé aux dieux ! D’Egmore à Marina Beach, perdurent d’autres fleurons de l’archi-tecture coloniale “indo-gothique”, comme l’Université de Madras, fondée en 1857. Au coucher du soleil, les promeneurs convergent vers la longue plage de la ville, semée d’échoppes de poissons grillés, de barques de pêche. Se tenant par la main, les femmes flottent en saris dans les premières vagues de l’océan. Dernière vision magique du Tamil Nadu… n

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BLEU Perché à 1 899 mètres et classé parmi les plus grands lacs d’altitude du monde, le lac Sevan dévoile ses eaux bleutées dans la lumière du matin.

SARISAu coucher du soleil, Madras a rendez-vous sur Marina Beach. Au programme : baignade et dégustation de poissons grillés.

DIVINITÉSUne des tours-portails qui jalonne l’enceinte du temple hindou de Mînâkshî à Madurai. Hautes de 45 à 60 m, elles foisonnent de statues de divinités multicolores.

OFFRANDESSur le marché de Madurai, des marchands tressent des guirlandes de fleurs, venduesau mètre pour honorer les dieux.

Grand producteur de jasmin, le Tamil Nadu rend hommage aux dieux hindous dans ses temples hauts en couleur.“ “