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1 Voyage en Afrique du Sud, la Nation Arc-en-ciel Partie 1 Par Marie-Claude Schmitz La République d’Afrique du Sud, entourée de l’Océan Indien à l’Est, Atlantique à l’Ouest, s’étend sur 1,220 million km², et compte env. 58 millions habitants (répartition approximative en millions en 2018 : noirs 47, blancs 4,5, métis ou coloured 5, origine indo- asiatique 1,5). Pretoria, Le Cap et Bloemfontein sont respectivement les sièges de l’Exécutif, du Parlement et des Autorités judiciaires. Notre périple sud-africain de pas moins de 5300 km nous mènera essentiellement dans l’Est et le Sud, passant dans sept des neuf provinces: Gauteng (Johannesburg), Limpopo (Polokwane), Mpumalanga (Nelspruit), État libre (Bloemfontein), KwaZulu-Natal (Pietermaritzburg), Nord-Ouest (Mahikeng), Cap-Occidental (Le Cap), Cap-Oriental (Bhisho), Cap Nord (Kimberley). Nous visiterons aussi les royaumes du Lesotho et du Swaziland (Eswatini) enclavés dans son territoire. Ce carnet de voyage n’a pas, bien entendu, la prétention d’être une description objective de la situation actuelle de l’Afrique du Sud, simplement un partage de ce que nous avons découvert et ressenti. Nous vous emmenons, suivant une logique plus thématique que chronologique (voir le programme du voyage), à la découverte de ses habitants, de sa faune, sa flore et de ses paysages variés et faire un saut dans son passé. Après une longue nuit dans les airs, nous atterrissons à Johannesburg le matin du mardi 8 octobre. Ici, dans l’hémisphère sud, c’est le printemps, mais pas de décalage horaire ! Nous sommes pris en charge par notre guide local, Cassi, d’origine portugaise, qui se révélera très volubile et blagueur, mais aussi parfois pessimiste et désabusé, et excellent joueur d’harmonica. Il égayera nos trajets de diverses expériences et anecdotes en Afrikaans, souvent difficiles à comprendre pour des non néerlandophones, mais que Giedo, notre guide belge - qui a été administrateur de l’Association internationale des professeurs de français , quand même ! - s’efforcera de traduire, résumer et nuancer. Nous aurons l’occasion

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Voyage en Afrique du Sud, la Nation Arc-en-ciel

Partie 1 Par Marie-Claude Schmitz

La République d’Afrique du Sud, entourée de l’Océan Indien à l’Est, Atlantique à l’Ouest,

s’étend sur 1,220 million km², et compte env. 58 millions habitants (répartition

approximative en millions en 2018 : noirs 47, blancs 4,5, métis ou coloured 5, origine indo-

asiatique 1,5). Pretoria, Le Cap et Bloemfontein sont respectivement les sièges de l’Exécutif,

du Parlement et des Autorités judiciaires.

Notre périple sud-africain de pas moins de 5300 km nous mènera essentiellement dans l’Est

et le Sud, passant dans sept des neuf provinces: Gauteng (Johannesburg), Limpopo

(Polokwane), Mpumalanga (Nelspruit), État libre (Bloemfontein), KwaZulu-Natal

(Pietermaritzburg), Nord-Ouest (Mahikeng), Cap-Occidental (Le Cap), Cap-Oriental

(Bhisho), Cap Nord (Kimberley). Nous visiterons aussi les royaumes du Lesotho et du

Swaziland (Eswatini) enclavés dans son territoire.

Ce carnet de voyage n’a pas, bien entendu, la prétention d’être une description objective de

la situation actuelle de l’Afrique du Sud, simplement un partage de ce que nous avons

découvert et ressenti. Nous vous emmenons, suivant une logique plus thématique que

chronologique (voir le programme du voyage), à la découverte de ses habitants, de sa faune,

sa flore et de ses paysages variés et faire un saut dans son passé.

Après une longue nuit dans les airs, nous atterrissons à Johannesburg le matin du mardi 8

octobre. Ici, dans l’hémisphère sud, c’est le printemps, mais pas de décalage horaire ! Nous

sommes pris en charge par notre guide local, Cassi, d’origine portugaise, qui se révélera très

volubile et blagueur, mais aussi parfois pessimiste et désabusé, et excellent joueur

d’harmonica. Il égayera nos trajets de diverses expériences et anecdotes en Afrikaans,

souvent difficiles à comprendre pour des non néerlandophones, mais que Giedo, notre guide

belge - qui a été administrateur de l’Association internationale des professeurs de français,

quand même ! - s’efforcera de traduire, résumer et nuancer. Nous aurons l’occasion

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d’apprécier les compétences de pilote de Vanesse, le chauffeur (qui a des origines indiennes)

de notre (grand) bus.

Nous ne visitons pas Johannesburg, capitale financière et commerciale. Cassi justifie

brièvement cette « non-visite » : il n’y aurait rien de très intéressant ni de très beau à voir,

ville peu sécurisée, beaucoup d’illégaux, immeubles se dégradant et squattés, entreprises

qui quittent la ville...

Nous prenons directement la direction de

Pretoria pour la visite du

Voortrekkermonument. Cet imposant

monument situé sur les hauteurs de

Pretoria, symbole de l’identité afrikaner,

rend hommage à l’exode des Boers partis

du Cap pour s’installer à l’intérieur des

terres lors du Grand Trek. À l’époque de

sa construction (1938 à 49), ce monument

affichait clairement la supériorité raciale

des Blancs ! Les Boers ont entrepris le

Grand Trek en 1836 parce qu’ils ont

refusé l’abolition de l’esclavagisme par le

Royaume-Uni dans ses colonies, estimant

que cette dernière allait à l’encontre des

différences des races et des religions et

donc de la loi divine. L’administration

britannique refusant de respecter leurs spécificités, leurs droits, ils durent se résoudre à

migrer vers les terres intérieures.

Le mur d’enceinte en cercle est constitué d’un bas-relief de 64 chariots à bœufs qui rappelle

le cercle de défense laager que formaient les Boers pour se protéger des assauts des

Zoulous. À l’intérieur, nous avons le sentiment de pénétrer dans un sanctuaire. 27 bas-reliefs

en marbre d’une longueur de 92 mètres (« la plus grande frise en marbre intacte du

monde »), retraçant la douloureuse épopée des Boers, entourent une grande salle. L’un d’eux

illustre l’échec du traité qui aurait dû légitimer la possession du Natal par les colons boers :

Piet Retief (un des chefs Boers) et ses compagnons, dont des femmes et enfants, sont

massacrés traitreusement dans le village du roi zoulou Dingane. (NB. Dans la tradition

africaine, la terre appartient à tous : c’est une des énormes différences culturelles expliquant

la quasi impossibilité de négociations entre Noirs et Blancs/Boers qui voulaient acheter des

terres.)

D’autres tableaux illustrent la (sur)vie des Voortrekkers, l’arrivée d’Andries Pretorius

(général boer et un chef des Voortrekkers, qui a notamment joué un rôle majeur dans la

fondation de la République sud-africaine du Transvaal), la victoire de Blood River en 1838

(revanche des Boers sur les Zoulous), ou encore la reconnaissance de l’indépendance du

Transvaal par les Anglais en 1852. Une crypte , le Hall of Heroes, abrite un mémorial en

granit en hommage à Piet Retief qu’un rayon de soleil éclaire, grâce à un orifice ménagé

dans le toit, chaque 16 décembre à midi, date de la victoire sur les Zoulous, avec

l’inscription: Ons vir jou Suid Afrika (Nous pour toi, Afrique du Sud).

La visite de ce monument constitue une belle entrée en matière pour notre périple qui nous

conduira, en de nombreux endroits, sur la route des colons hollandais et anglais!

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Pretoria (de Pretorius) fut la capitale de la République Boer du Transvaal (en gros les

provinces actuelles Gauteng, Mpumalanga, Limpopo et Nord-Ouest).

Deuxième étape de cette première journée, la maison de Paul Kruger, président (de la

République Sud-Africaine) du Transvaal à la fin du 19ès, figure emblématique qui a incarné

le nationalisme afrikaner en lutte contre le Royaume-Uni. Nous découvrons une maison

restaurée dans son état du 19ès, aménagée en musée où divers objets et documents

personnels et liés à la guerre des Boers sont exposés, dont, dans le jardin, le wagon qu’il

habitait lors de ses déplacements.

Arrêt ensuite sur la colline où se trouvent les très beaux bâtiments néoclassiques des Union

Buildings, siège du Gouvernement. Afin de dessiner un édifice digne du rayonnement de la

nouvelle Union Sud-Africaine (1910), appellation symbolisant la paix et l’union entre les

Afrikaners et les Anglo-sud-africains, l’architecte (Baker) se serait inspiré de l’Acropole

d’Athènes. C’est ici que Nelson Mandela, élu président de la République, s’est adressé le

10 mai 1994 à l’assemblée des 45 chefs d’État et à une foule de plus de 100.000 personnes.

En contrebas, un magnifique parc paysagé invite à la promenade, offrant une vue

imprenable sur Pretoria, et ses immeubles modernes, teintée des flamboyants en fleurs, les

jacarandas.

Une statue géante de Nelson Mandela, haute de 9 mètres pour 4,5 de tonnes de bronze, ouvre

les bras en signe de réconciliation. Impressionnant ! Elle a remplacé la statue de J.B.

Hertzog, dirigeant du Parti National qui avait institué l’apartheid au début du 20è s.

Inaugurée le 16 décembre 2013, au lendemain des funérailles du héros de la lutte anti-

apartheid, c’est un symbole fort, car cette date coïncide avec celle de l’anniversaire de la

victoire de la bataille de Blood River par les Voortrekkers. Cette date anniversaire porte le

nom de jour de la réconciliation.

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L’histoire de l’Afrique du Sud est tourmentée et pas toujours évidente à comprendre. Nous

y revenons plus loin. Oublions-la un moment pour aller à la rencontre de sa faune.

Le 3è jour de notre voyage, safari mémorable dans le célèbre parc Kruger ! Nous avions

rendez-vous avec les Big Five (lion, rhinocéros, léopard, éléphant et buffle). Cette

appellation a pour origine le jargon des chasseurs blancs qui avaient établi ce classement en

fonction des plus prestigieux trophées à ramener d’un safari africain. Le danger à chasser

ces animaux a motivé ce classement !

Lever à 4 heures et départ de l’hôtel à 5 heures ! Nous sommes tous très excités ! Nous y

pénétrons par l’une des 9 portes que comporte l’immense parc de 20 000 km², quadrillé de

routes et chemins de terre, dont nous ne pourrons bien entendu parcourir qu’une petite partie

Sud. Les guides sont là, à côté de leur 4X4 surélevé, bâches de protection relevées. On aurait

pu s’attendre à des guides au look de baroudeurs : chapeau de toile, chemise et pantalon en

grosse toile, bottines imposantes. Pas du tout : à la place du chapeau, un bonnet de laine, les

mains gantées, habillés pour la plupart d’un pull, d’un pantacourt et chaussés, pour certains,

de chaussures de ville de cuir parfaitement cirées. Parmi eux, une femme, la seule à avoir

l’air d’une baroudeuse ! Nous comprendrons très vite la raison du bonnet de laine et des

gants que portent les Rangers car, pas de

chance, le soleil n’est pas au rendez-vous

mais bien la pluie, le froid, oui, tout juste un

petit 14°C, et le vent. Et même quelques

coups de tonnerre et éclairs déchirant le ciel

sombre. Qu’à cela ne tienne, armés de nos

appareils photo, caméras, smartphones et

jumelles, emmitouflés dans de grandes

capes vertes doublées d’une polaire, nous

réchauffant par des échanges de

plaisanteries, nous affrontons les éléments

qui se sont littéralement ligués contre nous

ce jour-là. Une immense étendue de

buissons et hautes herbes s’ouvre devant

nous. Nous comprenons très vite qu’il va

falloir un peu de chance pour rencontrer les

animaux. C’est la fin de la saison sèche, beaucoup d’arbres et de buissons sont encore secs,

certains arbres paraissent morts, voire brûlés, mais çà et là, certains ont repris vie et arborent

un feuillage vert tendre. Nous cheminons lentement, d’arrêt en arrêt, nous scrutons le bush

(savane) de chaque côté de la piste, les yeux grands ouverts - enfin, quand cela est possible,

car le vent et la pluie nous fouettent le visage - à l’affût du moindre mouvement. Pas facile,

mais nous comptons sur la vue aiguisée de nos guides ! Nous avalons les kilomètres pendant

de longues minutes sans rien voir, puis notre guide ralentit, stoppe le moteur. A quelques

mètres de la route, un éléphant en train de manger quelques branchages : notre premier Big

Five ! Le paysage continue de défiler sous nos yeux : arbustes, troncs calcinés aux formes

improbables, çà et là des termitières géantes. Un peu plus loin, de part et d’autre du chemin,

nous apercevons un troupeau de zèbres en partie camouflés par les buissons. Pas facile de

les prendre en photo ! Souvent, la mise au point se fait sur les branches ! Notre présence ne

semble pas trop les perturber, mais ils restent malgré tout sur leur garde. Parfois, pour notre

plus grand bonheur, certains se risquent à traverser, voire à s’arrêter le temps de se faire tirer

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le portrait. Notre parcours nous fait rencontrer une nouvelle fois des éléphants descendant

les flancs d’une colline. Puis, après

quelques longues minutes de trajet sans

rien apercevoir, nous tombons sur un

troupeau de buffles noirs, l’autre géant

de la savane, et notre deuxième Big

Five de la journée.

Ils donnent l’impression d’un troupeau

de gros bovidés en train de paître

tranquillement; sur leur dos sautillent

quelques pique-bœufs à bec rouge. Un

zoom sur la grosse tête d’un mâle nous

fait vite prendre conscience qu’il vaut

mieux ne pas trop s’approcher ! Ses

cornes sont impressionnantes. Nous prenons le temps de bien les observer dans les hautes

herbes sèches, mais interdiction de descendre du véhicule pour un selfie! À quelques

kilomètres, le paysage change : davantage de relief avec des collines et de gros blocs de

rochers.

Nous apercevons, non loin d’un monticule de gros rochers, un 4x4 en stationnement, les

occupants, jumelles et appareils photos vissés aux yeux. À notre tour, nous scrutons les

rochers à la recherche d’un mouvement. Notre troisième Big Five entre en scène. Une forme

féline se dessine, d’abord imprécise, puis un peu plus nette : une lionne descend lentement

d’un rocher, puis disparaît aussitôt ! Notre plaisir est de très courte durée ! Après une halte

déjeuner où nous aurions apprécié un potage chaud, nous reprenons la route. Très vite, une

silhouette immanquable émerge du sommet d’un buisson : une girafe se déplace avec

lenteur, élégance, presque précieuse, d’un arbre à l’autre, broutant les jeunes feuilles ; plus

loin, dans les hautes herbes sèches, un troupeau d’impalas. Ces antilopes à la silhouette

gracile et à la robe brun roux marquée à l’arrière de trois traits noirs sont

surnommés fastfood (des lions et léopards) par nos guides. Nous aurons un peu plus de

chance que le matin en ayant l’occasion de rencontrer un troupeau de cobes à croissant,

quelques nyalas, d’autres troupeaux de zèbres et d’impalas et même un crocodile ! Nous

aurons aussi la chance d’observer deux troupeaux d’éléphants de très près ! En effet, sur

notre route, un groupe de 4X4 immobiles, signe habituel de la présence d’animaux : un

Ranger a repéré un troupeau d’éléphants descendant d’une colline et se dirigeant vers notre

route. Nous l’attendons patiemment observant leur démarche chaloupée. Il s’agit d’un

groupe de femelles et leurs petits (pas de mâle) qui traversent la route en file indienne : les

appareils cliquettent. La marche des pachydermes est fermée par la matriarche qui, juste

avant de traverser, a cassé une grosse branche qu’elle a ensuite balancée sur le bord de la

route. Un éléphanteau tarde à traverser : ressentant notre présence comme un danger, la

femelle s’avance vers l’un de nos 4X4, ses grandes oreilles déployées, balançant sa trompe,

bien décidée à en découdre ! Le Ranger, prenant la menace très au sérieux, met les gaz pour

l’effrayer. Heureusement, le petit traînard ayant rejoint le bush, la matriarche, dans son

immense mansuétude, nous laisse alors avec notre frousse et s’enfonce à son tour dans la

savane pour continuer son travail de débroussailleuse. Et enfin, nous apercevons notre

quatrième Big Five : un rhinocéros, seul, broutant sur les flancs d’une colline. Parfois, notre

guide nous invite à lever les yeux vers le haut. Un magnifique calao leucomèle se nettoie

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les plumes ; dans un buisson, un rollier à longs brins semble nous observer ; sur une branche

haute, une ombrette africaine surveille son nid impressionnant par son volume, une buse

perchée sur un arbre mort en quête d’une proie, sans oublier un petit singe vervet !

Quand on sait que le parc Kruger compte pas moins de 150 espèces vivant en pleine liberté,

nous pouvons considérer que notre butin est relativement maigre. « Trop froid pour sortir ! »

dira l’un de nos amis. Mais nous avons toutefois pu admirer trois des Big Five et entraperçu

un quatrième ! Nous aurons peut-être plus de chance lors d’une visite, plus courte, du 6è jour

dans la réserve d’Hluhluwe (prononcer Chlouchlouwé …).

Et nous en avons eu ! Pourtant, le chauffeur d’un

des groupes ne semblait pas connaître l’usage de

la boîte de vitesse de sa jeep qui émettait un bruit

de moteur inquiétant. L’un de nos amis a émis

l’hypothèse que cela était motivé par sa peur des

animaux, et son souhait d’en rencontrer le moins

possible … Malgré cela, déjà à une petite

centaine de mètres de l’entrée de cette réserve,

un phacochère solitaire nous regarde d’un air

méfiant. Nous en verrons d’autres qui se

montreront encore plus farouches. Comme dans

le parc Kruger, mais sur des pistes bien plus

chaotiques, nous rencontrons des troupeaux de

buffles noirs, d’éléphants, d’impalas, de

koudous, et beaucoup de rhinocéros

blancs… qui sont en fait gris.

On les nommerait ainsi parce qu’ils ont une large

(wide) bouche et sont herbivores; celle des

rhinos noirs est plus étroite et ils mangent des

feuilles. C’est connu, le rhino a une très

mauvaise vue, ils ne font donc pas très attention à notre présence, traversant devant les 4X4

sans vraiment nous voir. A l’exception d’un gros mâle qui, tout à coup, s’est arrêté devant

l’un de nos voitures, lui a fait face, l’a regardé de ses petits yeux myopes et s’en est allé

aussitôt ! Un face à face que l’un de nos amis n’oubliera jamais et qui a eu l’immense plaisir

de lui tirer le portrait vite fait ! Nous admirerons aussi (longuement) des girafes, et des

zèbres. Mais toujours pas de léopard !

La découverte des animaux sauvages de l’Afrique du Sud se poursuivra un peu plus au Sud,

dans le KwaZulu-Natal par une petite croisière sur les eaux troubles de l’estuaire de Santa

Lucia où vivent en grand nombre crocodiles et hippopotames. Immobiles sur les rives, nous

apercevons les premiers crocodiles ; un peu plus loin, plusieurs groupes d’hippopotames,

leurs grosses têtes posées sur le derrière de leurs compagnons, leurs petites oreilles frétillant

constamment. L’un d’eux bâille à s’en décrocher la mâchoire et nous montre sa dentition

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impressionnante. Un magnifique aigle pêcheur pose royalement sur une haute branche à

l’affût d’une proie. Dans les roseaux ou sur des branches, de petits oiseaux jaunes

s’activent : nous sommes en

admiration devant ces petits

artisans tisserands - les tisserins

– qui fabriquent ou tricotent

leurs nids de forme cylindrique

avec de fines brindilles. Nous

en verrons fréquemment, même

sur les parkings de stations-

services. Là sur une branche

basse, un lézard se fait discret

dans un mimétisme presque

parfait.

Encore par voie d’eau, mais

cette fois sur l’océan, nous

partirons à la découverte des phoques et otaries de Hout Bay (Cap-Occidental). À la

descente du bus, nous découvrons le petit port niché au cœur d’une baie circulaire sous un

généreux soleil. Le spectacle est magnifique : l’océan bleu turquoise dominé par

l’impressionnante chaîne de montagnes du Drakensberg (pour les Afrikaners montagne du

dragon, pour les Zoulous uKhahlamba rempart de lances ou seins de jeunes femmes selon

Cassi…), qui traverse l’Afrique du Sud du Cap au Kruger, puis au Mozambique. Sur le quai,

un groupe de chanteurs et musiciens habillés de costumes aux couleurs vives accueillent

gaiement les premiers touristes qui reviennent de leur escapade en mer en lançant un joyeux

« Have a nice day ! » Une petite heure en mer pour découvrir agglutinés sur de gros rochers,

quantité de phoques, d’otaries. Dans l’eau, autour du bateau, des otaries semblent se moquer

des puissantes vagues, une belle occasion pour les photographes de les immortaliser.

Simon’s Town (Cap-Occidental), notre 4è «safari», abrite une colonie de manchots du Cap.

Un sentier aménagé et équipé de barrières en bois longe la plage blanche des Boulders et

nous permet de les observer dans leur milieu naturel. Nous nous amusons de les voir se

dandiner sur la plage, se baigner ou se reposer. Ils sont comiques dans leur redingote noire

et plastron blanc ; cette façon spéciale de se déplacer à la Charlie Chaplin fait sourire ! Une

de nos amies, attendrie, ne peut résister à l’envie de les imiter !

Pour notre dernier «safari», le long d’une route serpentant dans les vallées du Petit Karoo

(pays de la soif en khoïsan, langue des peuples les plus anciens d’Afrique du Sud Bochimans

ou San, et Hottentots ou Khoi-khoi), nous avons rendez-vous avec un drôle de volatile, un

volatile XXL : deux longues pattes à deux doigts, gros corps, petite tête, donc petite cervelle,

perchée sur un long cou, gros yeux globuleux brillants ornés de longs cils. Bienvenue dans

la Safari Ostrich farm sur les terres d’Oudtshoorn (Cap-Occidental). Durant la visite de

cette ferme d’élevage d’autruches, nous apprendrons tout sur ce volatile. Comme pour le

cochon, tout est bon chez l’autruche : plumes, viande, cuir, œufs et même ses os ! Le

commerce de plumes, très lucratif au début du 19ès, a fait aujourd’hui place à celui de la

viande, principale ressource des fermes d’élevage : elle possède des qualités nutritives par

sa forte concentration en protéines et sa faible teneur en graisses. Nous aurons l’occasion de

la goûter lors de notre repas de midi. Sa peau est parfaite pour confectionner de luxueux

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sacs, ceintures, portefeuilles. Les œufs sont impressionnants tant par la taille que par le

poids, et la solidité de leur coquille qui peut résister à un poids de 200 kilos ! Pour le prouver,

notre guide invite un des

visiteurs (moins lourd, quand

même) à monter sur l’un d’eux.

Et non, l’autruche ne se met pas

la tête dans le sable en cas de

danger ! Si elle se sent menacée,

elle peut se montrer agressive :

il vaut mieux rester sur ses

gardes ! Dans la nature,

lorsqu’elle est prise en chasse

par un prédateur, elle court et

peut atteindre les 70 km/h ! Elle

a également le bec chapardeur et

engloutit en moins de temps

qu’il ne faut pour le dire tout ce

qu’elle trouve à son goût, c’est-

à-dire à peu près tout, en

particulier ce qui brille, dont des

diamants, selon une légende !

Pour terminer ce tableau

animalier, il nous faut parler

d’un animal qui nous «a accompagnés» durant notre voyage : le babouin. Nous en avons vu

régulièrement dans les champs cultivés, sur les flancs des collines… Souvent des panneaux

mettent en garde contre ces chapardeurs invétérés! De notre part, nous n’avons pas eu en

souffrir.

A suivre