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L’ AUTONOME La revue de la Fédération autonome de l’enseignement Volume 5 Numéro 2 Décembre 2011

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L’AUTONOMELa revue de la Fédération autonome de l’enseignement

Volume 5 ◆ Numéro 2 ◆ Décembre 2011

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3MOT DU PRÉSIDENTJeunes et syndicalisme

4WEB 2.0Les médias sociaux : un incontestable phénomène

5-6De futures recrues… antisyndicales ou en quête d’information?

7-8Un défi au quotidien

9-10Une question de dignité

11-12Une histoire à coucher dehors

13JUSTE POUR LIREUne priorité nationale?

14ASSURANCE COLLECTIVERenouvellement des taux

15BRÈVES

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PHOTOSGuy DesmaraisMartine DoyonGilbert DuclosÉlise Prioleau

RÉVISION LINGUISTIQUESylvie Pelletier

GRAPHISMEMardigrafe Inc.

IMPRESSIONImprimerie Philippe Lévesque inc.

DÉPÔT LÉGALBibliothèque et archives Nationales du Québec, 2011Bibliothèque et Archives Canada, 2011ISSN : 1923-5488

RÉDACTEUR EN CHEFGuy Desmarais

RÉDACTIONPierre-André ChampouxYves CloutierWilfried CordeauGuy DesmaraisSophie FabrisSuzanne LapicerellaPierre St-GermainChristian St-Louis

COLLABORATION SPÉCIALEJacques GoldstynÉlise Prioleau

100 % PC

Cette revue est imprimé sur un papier certifié Éco-Logo, blanchi sanschlore, contenant 100 % de fibres recyclées postconsommation, sans acide et fabriqué à partir de biogaz récupérés.

La reproduction de cette revue, en tout ou en partie, est autorisée à condition de mentionner la source.

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MOT DU PRÉSIDENT

Dans ce numéro de L’Autonome, nous vous proposons undossier intitulé « Jeunes et syndicalisme ». Le sujet mérited’emblée que l’on s’y attarde, ne serait-ce que parce que

chaque année, de nouvelles enseignantes et de nouveauxenseignants amorcent cette profession que tout un chacun souhaitecouronnée de succès. L’arrivée de nouveaux membres pose undéfi à toute organisation syndicale quant à leur adhésion auxvaleurs défendues et à leur implication dans la vie syndicale. Y a-t-il lieu de penser que cette intégration soulève aujourd’hui desenjeux différents de ceux auxquels les organisations syndicalesont toujours eu à faire face? Peut-être. À cet effet, nombreux sontcelles et ceux qui croient et même affirment que les jeunes sontmoins portés sur la chose syndicale que leurs prédécesseurs.J’appelle ici à la prudence. Il faut prendre garde à généraliser àoutrance. Mes rencontres avec les étudiantes et étudiants ensciences de l’éducation m’inspirent de l’optimisme. La moyenned’âge des indignés devrait nous faire réfléchir. N’avons-nous pastous côtoyé de jeunes collègues qui, commençant leur carrière,ont embrassé la vie syndicale et d’autres, jeunes et moins jeunesqui préfèrent s’abstenir ? Convenons-en immédiatement, laquestion de l’intégration syndicale n’a pas véritablement d’âge.Toutefois, le nouveau personnel enseignant arrive aujourd’huiavec un bagage différent, modelé à l’image des transformationsidéologiques et sociales que nous vivons.

LES EFFETS DU DISCOURS NÉOLIBÉRAL

La relève enseignante est-elle aujourd’hui moins politisée? Chosecertaine, on ne saurait sous-estimer les effets de la vague néolibéralequi a balayé toutes les couches des sociétés occidentales au coursdes dernières décennies et a influencé tous les groupes d’âge. Bienque l’émergence de nouveaux modes d’organisation du travail ait moins

affecté le monde de l’éducation que d’autressecteurs, bon nombre des valeurs véhiculées

par l’idéologie néolibérale se sontsubrepticement imposées comme

« le gros bon sens ». Aux idéauxfondés sur l’avancement du biencommun, on oppose maintenant lapromotion des intérêts individuels.On comprendra dès lors que le

discours et la démarche syndicales,prônant l’action et les valeurscollectives, sont systématiquement

mis à mal par les tenants d’unnouvel ordre individualiste. Alors que

les médias appartiennent auxgrands conglomérats qui

les utilisent pour

marteler leur message de droite, faut-il se surprendre de constaterque certains, jeunes et moins jeunes, exhibent un antisyndicalismeconfus ou adhèrent à des valeurs contraires à la promotion des droitscollectifs.

LE DÉFI SYNDICAL

Permettre l’intégration et la cohabitation harmonieuses de l’ensemblede ses membres a toujours constitué un défi de taille pour touteorganisation syndicale. Pour développer la solidarité indispensableà l’action et aux revendications, elles ont toutes misé sur unecommunauté de valeurs, sur des idéaux communs, qui soutenaientl’existence d’un collectif. Au fil du temps, le développement de cessolidarités a bien sûr profité de conjonctures favorables, mais il nefaut pas mésestimer le temps et les énergies consacrés à l’éducationet à l’intégration de nouveaux membres.

Une organisation syndicale n’a rien de statique. Pour sedévelopper, elle doit être ouverte à ce que disent ses membres. Tousses membres. Le défi est de faire une place à chacun, en tenant comptede leurs aspirations, sans pour autant renier le passé de l’organisation,ses valeurs et ses principes. Le dialogue entre une organisationsyndicale et ses membres ne peut être à sens unique. Il doit permettreaux plus jeunes de s’exprimer, mais, en contrepartie, ils ont à se montrerouverts à apprendre des expériences de celles et ceux qui les ontprécédés. Une tâche ardue, certes! Mais une obligation que doit relevertoute organisation qui aspire à représenter l’ensemble de sesmembres et à traverser le temps. Plus que jamais, dans le contextepolitique actuel, nous devons apprendre à nous apprivoiser. Nous devonsconsacrer temps et énergie pour accueillir les enseignantes etenseignants, pour les écouter, pour évoluer avec eux de sorte quetoutes et tous puissent donner un sens à leur engagement syndical.J’ai confiance en la capacité de notre organisation à faire cette placeà l’ensemble de ses membres. Que ce soit au sein des comitésfédératifs, des instances ou encore par les consultations, chacuneet chacun a l’opportunité de s’exprimer et d’être écouté. J’ai confiancedans la solidarité de nos membres. Les 15000 personnes présentes,unies et solidaires, le 8 juin 2010, sont l’illustration de notre capacitéà mobiliser les énergies individuelles pour défendre notre professionet nos droits collectifs et, pour nos membres, de leur capacité à répondreà l’appel. Ce jour-là, il n’y avait ni jeunes ni moins jeunes. Il y avait desenseignantes et des enseignants, fiers, solidaires et unis dans l’actionsyndicale.

Vous me permettrez de profiter de cette dernière livraisonde L’Autonome avant le congé des Fêtes, pour offrir à toutes ettous, au nom des membres de l’équipe de la FAE, nos meilleurs vœux.

PIERRE ST-GERMAIN

Jeunes et syndicalisme

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Suzanne Lapicerella

LES MÉDIAS SOCIAUX : UNINCONTESTABLE PHÉNOMÈNE

Qu’on soit inculte, néophyte ou passémaître dans l’art de converser «numé - riquement», l’avènement du Web social

est un phénomène sans appel! Tout un chacuns’accorde pour dire que les médias sociauxdépassent l’entendement et que leur utilisationdame le pion aux moyens traditionnels decommuniquer.

RETOUR VERS LE FUTUR!

T im Berners-Lee, chercheur au CERN(Organisation européenne pour la recherchenucléaire) crée le protocole qui permet de fairedes hyperliens dans des pages Web. On est en1993, c’est la naissance du « World Wide Web ».S’en suit, en 2004, la version 2.0 du Web, soitl’apport des médias sociaux pour échanger etpartager de l’information. Aujourd’hui, lesfuturologues parlent dorénavant du Web 3.0, leWeb séman tique qui utilisera automatiquementla masse de données accumulées, la structureraet lui donnera du sens.

POINT DE SALUT SANS INTERNET !

Dit simplement, les médias sociauxregroupent toutes les technologies utiliséespour communiquer et interagir sur Internet.On parle de plateformes et d’applicationsqui s’utilisent sur un ordinateur, un portable,un iPod, une tablette numérique, untéléphone intelligent ou tout autre« dispositif » qui envahira prochainement le

marché. Certains de ces médias sociaux ontpour fonction d’échanger (Facebook, Twitter)ou de partager (You tube, Flickr). Ils ont unpoint commun de taille : ils s’utilisent tousvia Internet. Le contenu et le contenant sontindissociables, le message et la technologiesont plus que jamais intimement reliés.

TOUT L’MONDE EN PARLE

Les médias sociaux sont pour la plupart des lieuxvirtuels d’échanges favorisant la communicationbidirectionnelle. Ils ont donc des fonctionnalitésde partage très efficaces et une portée viraleplanétaire! Les chiffres parlent d’eux-mêmes :la quantité d’adeptes, peu importe l’outil utilisé,est en forte progression.

EN 2011

750 millions d’utilisateursde Facebook

200 millions de gazouillispar jour sur Twitter

100 millions demembres LinkedIn

156 millions

de blogues

700 milliards de vidéos diffusées sur You tube

6 milliards de photoshébergées sur Flickr

10 millions d’usagersde Foursquare

N’IMPORTE OÙ, N’IMPORTE QUAND

M obilité, géolocalisation, mobilisation !Dorénavant, qui dit Internet dit mobilité. En effet,selon l’étude NETendances, publiée par leCEFRIO (Centre francophone d’informatisationdes organisations) en mars 2011, 33 % deséchanges sur Facebook et 40 % des échangessur Twitter se font par l’entremise d’appareilsmobiles. De plus, par l’utilisation d’applicationsde géolocalisation comme Foursquare, onpeut partager notre emploi du temps encommuniquant où nous sommes, à quelmoment de la journée et pour quelle raison.Enfin, selon une étude récente du cabinetd’études de marché Forrester, dans 10 ans,50 % de la population active aura grandi avecles pouces vissés sur leur mobile.

LA NÉTIQUETTE

L’utilisation des médias sociaux est unconcept évolutif. On apprend sur le tas paressais et erreurs. Dans un contexteorganisationnel, les médias sociaux doiventêtre intégrés à la stratégie globale decommunication. Du point de vue del’individu, on s’assurera de ne pas regretterce qu’on a dit, des photos qu’on a publiéeset des « demandes d’amitié » aux-quelleson a dit oui. On partage, on discute, onpublie, on s’informe en respectant les règlesde savoir-vivre, la nétiquette, car rappelons-nous : les écrits restent !

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DE FUTURES RECRUES…ANTISYNDICALES OU EN QUÊTE D’INFORMATION?

Pour plusieurs, la chose est convenue : les jeunesboudent le syndicalisme et ne souhaitent surtout

pas s’impliquer. Il estcertain que les discours

anti syndicaux et l’absenced’informations portent

durement atteinte au désir de s’engager

syndi calement. Mais, si leportrait était plus nuancé.

Afin de mieux connaîtreces jeunes et leurs

percep tions, la FAE s’estadressée à quelques-unsd’entre eux. Les propos

rapportés peuventsurprendre; ils

démontrent tout de même l’ampleur

du travail que lesorganisations auront à réaliser pour rallier les futurs collègues.

«Imaginons un vieil enseignant quiscande dans la rue des slogans dans leseul but d’obtenir une augmentation

de salaire, évoque Gabriel Beausoleil-Gosselin,étudiant de 4e année en éducation préscolaire etenseignement primaire. C’est souvent le portraitque se font plusieurs étudiantes et étudiants dela mobilisation syndicale enseignante, et c’estdommage. Ils sont nombreux à penser que lesrevendications syndicales ne servent à rien,mais en réalité nous sommes très peurenseignés sur le travail que font les syndicats. »

Impliqué dans l’Association généraledes étudiantes et étudiants en éducation de

l’Université de Montréal (AGÉÉÉ), il reconnaîtquant à lui l’importance du rôle du syndicat :« Comme enseignant, je m’attends à êtreinformé de mes droits et d’être soutenu encas de litige professionnel. Et puis, il y a desdébats qui doivent se faire avec legouvernement, par exemple au sujet de laqualité des conditions de travail à l’école,mais aussi de l’autonomie des enseignants.Ce sont là de bonnes causes. Par contre, làoù je prends mes distances par rapport ausyndicalisme, c’est lorsque les revendicationsvisent à protéger les conditions de travail desprofesseurs sans chercher à promouvoir lamission éducative première de l’école. »

Joanne Caron-Piché, étudiante en3e année dans le programme d’adaptationscolaire, se passionne pour la recherche enéducation. « Je crois que les connaissancesdéveloppées actuellement sont en mesured’améliorer la pratique des enseignants. Nousgagnerions collectivement à reconnaître etdiffuser davantage les connaissancesdidactiques dans les milieux de travail. Est-ce que le milieu syndical serait d’accord aveccet idéal de rapprochement entre la théorieet la pratique ? J’en doute parfois, car j’aientendu dire que le discours syndical est trèscritique au sujet des programmes d’étudesen éducation et de certaines recherches. »

Stéphanie Durand, également étudianteen adaptation scolaire, est emballéelorsqu’elle songe aux lumières qui s’allumentdans les yeux des élèves lorsqu’ilsréussissent à relever un défi. « C’est monidéal de l’enseignement : offrir aux enfantsun contexte d’apprentissage humainementchaleureux. Selon moi, l’implication dans lemilieu de l’enseignement, que ce soit par

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ENSEIGNEMENT AU PRÉSCOLAIRE ET AU PRIMAIRE

Élise PrioleauCollaboration spéciale

Joanne Caron-Piché

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l’action syndicale ou autrement, doit passerpar une action créatrice, menée dans uneoptique d’enrichissement des relationshumaines dans l’école et avec les élèves.Pour l’instant, je travaille auprès de personnesatteintes de déficience intellectuelle. Lorsqueje serai enseignante, il n’est pas exclu queje m’engage dans l’action syndicale, maisseulement si je peux le faire dans un contexted’ouverture et de bonne entente. Parfois, ondécrit le syndicat comme un milieu où lesidées sont débattues agressivement : çame fait peur de ne pas être écoutée si j’aiune opinion différente de celle qui estdéfendue par le syndicat. »

Idéalistes, ils ont tous les trois à cœurde contribuer à l’amélioration de la qualitéet de l’accessibilité de l’enseignement. Ilsdisent vouloir s’engager activement en tantqu’enseignants, tant auprès des enfants quedans la vie de leur future école. Mais cettecontribution passera-t-elle par l’engagementsyndical ? Chose certaine : ils ne désirent pasreproduire à tout prix le modèle d’implicationdes générations qui les ont précédés.

DES RÈGLES SYNDICALES À MIEUX CONNAÎTRE

De toute évidence, les trois personnesrencontrées affichent une réelle mécon -naissance des règles et du fonctionnement

démocratique d’une organisation syndicale.On évoque ainsi la « rigidité » appréhendéedes conventions collectives qui constitueraientune entrave potentielle à la qualité du serviceaux élèves. Pour sa part, Joanne craint les motsd’ordre syndicaux lui imposant des stratégiesd’enseignement au détriment de sonautonomie professionnelle. Pour Gabriel,le principe de l’ancienneté demeureinvraisemblable. Ainsi, la crainte de faire faceà des classes plus difficiles alors que lescollègues plus anciens se la couleraient doucedans des classes moins rebutantes motivecet état d’esprit. Bref, l’absence d’informationsréelles sur le fonctionnement syndical et surla réalité dans les écoles laisse libre cours auxinquiétudes qu’un certain antisyndicalismeactuel contribue largement à alimenter.À la veille d’entreprendre une carrièreaussi exigeante, la nécessité d’informercorrectement ces recrues se révèle impérative.

SYNDIQUÉS SOUS PRESSION

Les moyens de pression syndicauxapparaissent aux trois enseignants en devenircomme des moyens d’expression collectifsdépassés. Stéphanie remet en question ledébrayage : « Il y a d’autres moyens de sefaire entendre que de sortir dans la rue. Detelles manifestations sont une manièrenégative de faire valoir un point de vue. Celadonne une mauvaise image des enseignantsau reste de la population. »

Pour sa part, Gabriel souligne que lesdébats politiques semblent déplaire àplusieurs de ses collègues. « Il me sembleque les syndicats et les commissionsscolaires passent beaucoup de temps às’affronter au niveau des idées. Ces débatspolitiques sont importants, mais semblentparfois éloignés des vrais problèmes vécusdans les classes. Ce que nous voulons, cesont des projets motivants, stimulants etconcrets. »

S’ENGAGER AUTREMENT

Les étudiantes et étudiants en enseignementsont généralement peu réceptifs aux grandsenjeux politiques, lorsqu’ils débordent laréalité concrète du métier d’enseignant. Ilsont tendance à douter du pouvoir réel dessyndicats dans l’arène politique. D’ailleurs,

la politique constitue-t-elle un vecteur dechangement encore crédible aujourd’hui ?

Nos futurs enseignants perçoivent d’unmauvais œil les délibérations politiqueslorsqu’elles touchent au domaine del’éducation. La politique sert uniquement lesintérêts toujours changeants d’une minorité,perçoivent-ils, et non ceux de la majorité. Necroyant plus au modèle social actuel où leschangements sont imposés du haut de lapyramide sociale par une élite dirigeante, ilsrêvent de collaboration entre les enseignantsen vue de travailler « ensemble dans un butcommun ».

RECRUES ANTISYNDICALES ?

Il serait injuste et surtout abusif de conclureque ces futurs collègues de travail sontpénétrés d’une pensée antisyndicale. Maisles idées et les questionnements qu’ilssoulèvent illustrent l’ampleur de la tâche quiattend les organisations désireuses d’intégrerles jeunes à la vie syndicale. Tout comptefait, ce travail ne devrait-il pas être amorcédès le passage à l’université?

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Stéphanie Durand

Gabriel Beausoleil-Gosselin

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Facile d’intégrer de nouveaux profs à la vie syndicale? Dans le

tourbillon du quotidien,plusieurs demeurent

indifférents ou ignorants de la chose syndicale.

Par ailleurs, un nombreimportant d’enseignantes

et d’enseignants qui ontchoisi l’action syndicale

travaillent d’arrache-piedpour faciliter l’intégration

de leurs nouveauxcollègues. Nathalie Bouyer,

Carole Martel, ChristianeWilson, Benoît Giguère

et Nicolas Martin ont accepté de partager leur

expérience du terrain.

«Je pense que l’on a trop tendance àgénéraliser rapidement lorsqu’onaffirme que les jeunes ne veulent pas

s’impliquer syndicalement. J’ai des collègues quienseignent depuis plus de vingt ans et qui sontallergiques à tout ce qui vient du syndicat. » SelonChristiane Wilson, l’attitude antisyndicale àlaquelle il lui arrive d’être confrontée n’aclairement pas d’âge. Elle convient tout demême qu’il faille déployer beaucoup d’effortspour rejoindre les enseignantes et enseignantsqui amorcent leur carrière. Pour Nicolas Martin,cette situation est tout à fait normale! « Lorsquel’on sort de l’université et que l’on commencedans l’enseignement, on ne sait pas vraimentcomment fonctionne une école. On estbombardé d’informations, il faut préparerles cours, s’adapter aux élèves, s’intégrer àun nouveau milieu de travail. On n’a peut-êtrepas le temps de s’intéresser aux questionssyndicales. »

Il est cependant clair que le discoursdominant actuel n’est pas à l’avantage de l’actionsyndicale et que les préjugés sont parfoisnombreux et tenaces. Raison de plus, selonNathalie Bouyer, pour que le syndicat redoubled’efforts pour informer les membres. « Pour lesnouveaux profs, ce n’est pas évident de faire

la part des choses et de distinguer l’informationqui provient de la direction de celle qui émanedu syndicat. » D’ailleurs, pour beaucoup denouvelles recrues, le syndicat apparaît commeune « drôle de bibitte », doté d’un langage« presque occulte ». « C’est peut-être triste àdire, mais en réalité, les nouveaux profs viennentconsulter leurs délégués syndicaux lorsqu’ils ontdes problèmes avec leur direction » préciseCarole Martel. « Et à ce moment, ils découvrentque le syndicat peut leur proposer des solutions,qu’ils ne sont pas seuls dans cette situation etqu’il est possible d’agir. » De l’avis général, unefois ce premier contact établi, l’intégrationsyndicale devient beaucoup plus aisée. « C’estpar l’intermédiaire des contacts personnelsqu’il est possible de rejoindre efficacement lesenseignantes et enseignants » ajoute Nathalie.

À cela, Benoît renchérit sur la nécessitéd’adapter le discours syndical : « Si un nouveauprof m’approche et que je lui réponds uniquementen récitant des clauses de convention collective,il risque fort de ne pas revenir. Et je le comprends!S’il faut prendre le temps de parler aux nouveaux,il faut aussi prendre celui de les écouter…même si ce que certains disent ne fait pasnotre affaire. » Et par les temps qui courent,l’action syndicale n’a pas toujours la cote, et lespréjugés et les idées préconçues sont souventlégion. « Lorsque tu t’impliques dans les affairessyndicales, tu passes aux yeux de certains pourune « chialeuse ». C’est évident que le discoursdominant et l’information relayée par les médiasne sont pas favorables à l’action syndicale.Parfois, la pente à remonter est abrupte » desouligner Carole.

C’est ainsi que la question de l’anciennetérefait souvent surface et soulève parfois de vifsdébats. À la blague, on souligne que plus on estancien sur la liste, plus on est d’accord avec larègle. Plus sérieusement, comme le note Benoît« quand tout le monde finit par comprendre quesans une règle comme l’ancienneté, lesdirections d’école pourraient, par exemple,

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UN DÉFI AU QUOTIDIENL’INTÉGRATION À LA VIE SYNDICALE

Guy Desmarais

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n’octroyer des postes qu’aux profs qu’ilsaffectionnent… les débats ne durent paslongtemps. Tout le monde est soudainementd’accord! » Pour Carole, « une règle commecelle de l’ancienneté se comprend beaucoupmieux quand tu as le sens du collectif, que lapromotion des intérêts du groupe est plusimportante que les intérêts des individus. »Malheureusement, comme le souligne Nathalie« il s’en trouve toujours, peu importe l’âge, quisont convaincu d’être les meilleurs, quidétiennent la méthode pédagogique infaillible…et qui méritent donc un salaire plus élevé.» Quoiqu’on en pense, l’individualisme n’a pas d’âge!

Il en est de même pour les moyens depression et les mots d’ordre syndicaux.Christiane avoue qu’il n’est pas toujours facilede mobiliser les profs et que certains pensentque des moyens lourds comme la grève sontaujourd’hui dépassés. Pourtant, selon Nicolas,« on oublie vite que lors de la grève du 8 juin2010, plus de 15 000 enseignantes et

enseignants de la FAE manifestaient dans lesrues de Montréal pour que notre négociationdébloque. Et, tout à coup, les négociationsont accéléré ; ce n’est certainement pas l’effetdu hasard! » Benoît insiste, « il faut réaliserque notre fédération syndicale ne fait pas quecritiquer, elle propose aussi des changements.Pour moi, la plateforme pédagogique est la plusbelle illustration de l’apport syndical en matièrede réflexion sur l’enseignement et sur ce quedevrait être l’école publique. » D’ailleurs, cettecontribution au débat public constitue unprécieux outil pour favoriser l’intégration à lavie et à l’action syndicales.

Alors, est-ce facile d’intégrer de nouveauxprofs à la vie syndicale? Au-delà les préjugés,le travail à réaliser sur le terrain demeureconsidérable. Certes, il faut privilégier les gestesauprès des nouvelles recrues pour leur permettrede mieux partager les valeurs et les objectifssyndicaux. Mais finalement, à bien y regarder,l’intégration n’a pas d’âge!

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VOTRE OPINION COMPTE!

V ous le savez, la ministre Line Beauchamp a implanté des changements en évaluation des

apprentissages à l’automne 2011. Afin de vous représenter fidèlement et de faire les revendications

nécessaires, la FAE a besoin de connaître les difficultés vécues dans ce contexte. C’est pourquoi

une importante opération de collecte de données aura lieu dans vos milieux au retour des Fêtes.

Ce sera le moment idéal pour nous faire part de ce que vous avez vécu et de ce que vous pensez

vraiment. Gardez l’œil ouvert sur cette enquête à venir et participez en grand nombre!

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On aurait certes de la difficulté à leconcevoir aujourd’hui, mais lasécuritéd’emploi pour les enseignantes etenseignants ne date que de trente-cinq ans. C’est en effet en 1976 quele concept de « permanence » aété introduit dans le mondede l’éducation. Auparavant, l’en semble des enseignanteset enseignants vivait une formede précarité puisque leurcontrat d’engagement devaitêtre renouvelé d’année enannée. Si l’introduction de lapermanence permet de confir -mer explicitement les droits deplusieurs, elle aura, paradoxa -lement, pour effet de faire naître un

nouveau statut, celui d’enseignanteou enseignant à statut précaire.

Avec l’avancement des droitsdes enseignantes et enseignants

permanents, on voit s’accroître la précarité.C’est ainsi qu’avec le « partage » du travail,

découlant de l’acquisition de nouveauxdroits tels le congé à traitement différé, le

congé sans traitement ou encore les congésparentaux, on assiste à une importanteaugmentation du nombre d’enseignantes etenseignants assumant des tâches dites àtemps partiel. À cette précarité d’abordassociée au secteur des jeunes, s’ajoute celle

générée par les conditions d’embauche àl’éducation des adultes et à la formationprofessionnelle. Dans ces secteurs, en plus dustatut à temps partiel similaire à celui prévalantau secteur des jeunes, on voit se propagerun nouveau statut, celui d’enseignante etenseignant rémunéré à taux horaire. En plusde les priver de toute forme de sécuritéd’emploi, ce nouveau statut d’emploi lesprivait, également, d’un accès réel à desmesures de protection comme l’assuranceinvalidité.

L’AMORCE D’UN CHANGEMENT

Jusqu’en 1989, les commissions scolairesétaient pratiquement « roi et maître » quantà l’embauche d’enseignantes et enseignantsà temps partiel. Même si elle était employéepar une commission scolaire depuis denombreuses années, une personne n’étaitjamais assurée d’obtenir un contrat l’annéesuivante. Chaque école pouvant sélectionnerl’enseignante ou enseignant à temps partielde son choix, on imagine sans peine lespressions démesurées qui s’exerçaientsur eux.

Pour les organisations syndicales,l’amélioration du sort des précaires devientrapidement une priorité ; il faut assurer, d’unemanière ou d’une autre, une certaine formede sécurité d’emploi pour ces enseignantes

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UNE QUESTION DE DIGNITÉCOMBATTRE LA PRÉCARITÉ

Christian St-Louis

Trop souvent, le personnel enseignant nouvellement arrivé dans laprofession croit que les conditions d’exercice et les droits sont

des acquis intouchables, dont les enseignantes et enseignantsbénéficient depuis toujours. Ces acquis sont plutôt le

fruit des luttes des décennies 80 et 90, qui ont permisl’amélioration progressive des conditions de travail

du personnel enseignant, notamment celle desenseignantes et enseignants à statut précaire.

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et enseignants. De nouvelles revendicationssyndicales, visant la création de liste derappel ou de bassin d’engagement, sontprésentées aux représentants patronauxdès la négociation qui s’amorce en 1986.

C’est en 1989 qu’apparaîtra au secteurde l’éducation des adultes et à celui de laformation professionnelle, nouvellementexclue de la formation générale des jeunes,la notion de liste de rappel. Au même moment,la notion de « bassin d’engagement », formédes enseignantes et enseignants à tempspartiel déjà au service de la commissionscolaire, est introduite dans la conventioncollective pour le secteur de la formationgénérale des jeunes. Ce gain, tout relatif qu’ilest, marque un premier pas en avant et ouvrela porte à des gains à venir. Pour combler lesbesoins, les employeurs ont désormaisl’obligation d’embaucher des enseignantesou enseignants qui figurent sur la listede rappel ou qui font partie du bassind’engagement. Toutefois, le principe del’ancienneté ne s’applique toujours pas.

De 1989 à 1997, la mobilisation desenseignantes et enseignants à temps partielet la solidarité peu commune de l’ensembledu corps enseignant accentuent la pressionpour qu’on reconnaisse de nouveaux droitsdans les arrangements locaux. La dénonciationsystématique des abus des directions d’écoleet des conditions d’engagement déficientesdes « précaires » met la table pour lanégociation nationale qui s’amorce en 1995.

LA SENTENCE DE L’ARBITRE BRAULT

Malgré les efforts déployés par lesnégociateurs syndicaux, les pourparlersvisant la reconnaissance du principe del’ancienneté dans l’octroi des contrats àtemps partiel n’avancent pas. Devantl’impasse, les parties syndicale et patronales’entendent finalement pour confier à unarbitre le soin de trancher la questionet s’engagent, chose exceptionnelle, àappliquer la décision sans appel. Le dossierest confié à l’arbitre Serge Brault.

Le 17 mars 1997, Serge Brault rend sadécision. Dans celle-ci, l’arbitre établit denouveaux droits pour les enseignantes etenseignants ayant cumulé au moins deuxannées d’ancienneté. Pour tous ces profs, lescommissions scolaires devront dorénavantrespecter la liste d’ancienneté pour l’octroides contrats à temps plein menant à lapermanence. Cette décision historique donneaux syndicats locaux les moyens, lors desnégociations locales qui suivront, d’obtenirl’octroi de contrats à temps partiel, selonle principe de l’ancienneté ou du cumulde services. Aujourd’hui, les droits desenseignantes et enseignants à temps partielsont mieux protégés puisque l’ensemble descommissions scolaires sont tenues derespecter l’ancienneté dans l’octroi de contrat.

LA SÉCURITÉ D’EMPLOI ATTAQUÉE

Par opportunisme politique, ils sont plusieursà mettre à mal la sécurité d’emploi que l’onn’hésite plus à comparer aux pires fléaux del’histoire de l’humanité. Certaines propositions,comme celles défendues par François Legaultet la Coalition Avenir Québec (CAQ) auraientpour effet de conférer aux directions d’écoleun droit de gérance démesuré, annihilant ducoup les gains réalisés au cours des trentedernières années.

Déjà, les commissions scolaires tendentà imposer une évaluation, qui se révèletrop souvent subjective, pour exclure desenseignantes et enseignants des listes derappel ou des bassins d’engagement. Avecles mesures préconisées par Legault, oùl’évaluation des enseignantes et enseignantsest présentée comme la panacée aux mauxdu système d’éducation québécois, l’objectifest de faire disparaître, à terme, la sécuritéd’emploi. Un simple examen du cas américain,dont la CAQ s’inspire abondamment, devraitsuffire à convaincre les plus sceptiques.

Plus que jamais, la vigilance demeurede mise. Et n’oublions jamais que nos combatspour améliorer les conditions d’emploi onttoujours eu pour objectif ultime, la dignité.

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Depuis 2009, un mouvement de

syndicalisation prendracine au sein des

dépanneurs Couche-Tard.Cette année, les employées

et employés de quatreétablissements, des

jeunes pour la plupart, ont décidé de faire valoir

leurs droits fondamentauxen signant leur carte

d’adhésion syndicale. La réplique de la

direction a été rapide,brutale et cinglante.

Manquant de transparence dès ledébut des négociations, la directiona procédé à la fermeture-surprise de

deux des quatre dépanneurs nouvellementsyndiqués. Avec la gifle servie en 2009 lorsde la fermeture de l’établissement syndiquéde Beloeil, l’empire Couche-Tard affiche uneattitude qui s’apparente à de l’antisyndicalismeprimaire.

Une observation des trois cas defermeture des établissements syndiquésou en voie de syndicalisation nous permetde distinguer le modus operandi de ladirection. Chaque fois, on constate unrefus catégorique de collaborer avec lespersonnes syndiquées doublé d’uneabsence d’ouverture à tout processus denégociation. Avant même que les employésnouvellement syndiqués exercent unquelconque moyen de pression, la directionde Couche-Tard vidait les établissementsde ses marchandises et les fermait.L’opération se conclut, toutes les fois, parune habile campagne de relations publiquesjustifiant sa conduite injustifiable.

UNE RENTABILITÉ LIMITÉE…

L’argument maître de l’entreprise pourlégitimer cette attitude antisyndicale estle présumé manque de rentabilité desdépanneurs concernés. Il est difficiled’évaluer la véracité de cette prétention

patronale puisqu’invariablement lesemployés syndiqués se sont butésau refus de l’entreprise d’ouvrir seslivres comptables lors des négociations.Cependant, puisque Couche-Tard a vu sonbénéfice net croître de 22 % pour atteindre370 M$ en 2011, il est facile de mettreen doute la bonne foi de l’entreprise.Rappelons également que cet empire dirigépar Alain Bouchard figure au 22e rang desplus grandes entreprises au Québec ets’est classé au 2e rang canadien pour lacroissance de ses ventes en 2011.

… OU SIMPLEMENT DE L’INTIMIDATION ?

Les faits démontrent que les véritablesmotifs derrière ces fermetures ont peu àvoir avec la rentabilité. Il s’agit plutôt d’unecampagne d’intimidation menée à grandeéchelle par l’entreprise. À la suite de ladernière demande d’accréditation syndicale,la direction a produit et diffusé une vidéointerne destinée aux employées et employés.Dans cette dernière, Alain Bouchard y vad’un long plaidoyer antisyndical où il expliqueque le modèle entrepreneurial de Couche-Tard n’est pas adapté au syndicalisme etque l’offensive menée par les employéeset employés met en péril la viabilité deplusieurs commerces. Il formule quelquesmenaces à peine voilées à l’intention de

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UNE HISTOIRE À COUCHER DEHORS

COUCHE-TARD

Pierre-André Champoux

ALIMENTATION COUCHE-TARD EN CHIFFRES

Nombre de magasins répartis dans les dix provinces canadiennes et 42 états américains 5795Nombre d'employées et employés 53000Revenu l'an dernier 19 G$ américainsProfit l'an dernier 370 M$ américains

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celles et ceux qui auraient la fibre syndicale :« Devant une telle explosion, tous lesscénarios devraient être envisagés. »

Le 29 octobre 2011, AlimentationCouche-Tard inc. pousse l’intimidation encoreplus loin en déposant une poursuite de250 000 $ contre la Confédération dessyndicats nationaux (CSN) pour avoir menéune campagne qui aurait nui à sa réputation.

ACTIONS ET APPUIS DESCITOYENNES ET CITOYENS

L’attitude et la rigidité de la direction ont suscitéune vague d’indignation populaire. Depuis lafermeture sauvage d’un magasin en 2009 etdes deux autres fermetures en 2011, lastratégie est maintenant claire et choqueplusieurs personnes. En riposte, la CSN apromis d’intensifier sa campagne desyndicalisation. De plus, des groupes se sontformés pour réclamer un mouvement deboycottage. Quelques artistes ont aussi ajoutéleur grain de sel à la campagne. Les employéeset employés, quant à eux, ont multiplié lesmanifestations et les actions en tous genrespour dénoncer les injustices dont ils sontvictimes. La CSN encourage la population àtémoigner sa solidarité envers la lutte deces employées et employés et à dénoncerl’attitude de la direction en téléphonantdirectement au service à la clientèle de lachaîne au 1 888 999-9301.

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REVENDICATIONS DESEMPLOYÉES ET EMPLOYÉS

� Quatre journées de maladie� Un bouton panique en cas de vol

à main armée� Un suivi psychologique pour

les victimes d'agression armée� Des règles objectives pour les octrois

de poste et les choix d'horaire et devacances

� Le respect des normes du travail et deslois sur la santé et la sécurité du travail

� Une échelle salariale menant à untaux horaire d'environ 12,50 $ l'heure,pour les préposées et préposés

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LA SOCIALISATION À L’ÉCOLE

Une priorité nationale?Wilfried Cordeau

En 50 ans, le visage de l’école publiquequébécoise a bien changé. De laGrande Charte de l’éducation jusqu’à la

réforme Marois, les choix de société l’ontprofondément remodelé. De façon peut-êtremoins évidente, les changements internesde la société et ses attentes envers l’écolel’ont aussi fortement transformé. C’est cedont témoignent les plus récentes analysesde Maurice Tardif et Louis Levasseur dans cequ’ils nomment La division du travail éducatif.

Dans la première moitié du XXe siècle,l’école n’est tenue que par une poignéed’actrices et d’acteurs très influents dansleur communauté. La plupart du temps,l’instruction est incarnée par une seulepersonne, l’institutrice ou la maîtressed’école.Au-delà l’objectif d’élever de parfaitspetits catholiques, instruire demeure laprincipale vocation de l’école. Le concept de« qualification » est alors étranger à l’universscolaire et la « socialisation » constitue plutôtun effet secondaire; la vie de la communautéétant orchestrée par l’Église qui veille alorsà consolider le tissu social autour de la famille.

DE LA MODERNISATION DEL’ÉCOLE COMME OUTIL DEPROFESSIONNALISATION

Dans les années 1960, le virage pris enfaveur de la modernisation de l’école publiquevise à offrir à tous les jeunes du Québec uneinstruction de masse et une qualificationde base afin qu’ils puissent accéder librementà la vie sociale, culturelle, politique etéconomique. Afin de bâtir cette institutionphare que tous souhaitent accessible etuniverselle, la mission éducative de l’écolepublique se partage alors entre divers acteurstant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la classe.Désormais, en plus d’instruire et de qualifier,on attribue à l’école une mission desocialisation, perçue comme un corollaire

en soutien aux deux premières. Les serviceset l’encadrement éducatifs vont prendreune place plus importante à l’école.

L’école moderne a donc créé l’équipe-école, confirmant que l’interventionéducative dans son ensemble – au-delàde la seule instruction – ne repose plussur une seule personne, mais est partagéepar divers personnels spécialisés. Avecla modernisation, apparaissent ainsi laspécialisation et la professionnalisationde l’éducation. Cela suppose, dès lors,que l’enseignant devient un spécialistede l’apprentissage qui se consacreprincipalement et prioritairement àl’enseignement. Un tel modèle supposeégalement le respect de l’autonomieprofessionnelle. Tel était, du moins, l’espritdans lequel l’école publique devait sedévelopper.

DE L’ACCÈS DU PLUS GRANDNOMBRE À LA RÉTENTION DU PLUS GRAND NOMBRE

Cette nouvelle pression s’exerce à tous leséchelons du réseau scolaire. Et les personnelsimpliqués auprès des élèves la ressententquotidiennement. En fin de compte,constatent les chercheurs, l’objectif despécialisation et de professionnalisationinitialement prévu dans une division du travailqui répondait à une vision globale de l’écolemoderne a été lentement détourné à mesureque se sont imposées de nouvelles exigencessociales.

Pour les enseignantes et enseignants,la nouvelle priorité de l’école publique s’imposeavec violence. Tardif et Levasseur y voient unparadoxe fondamental à la source de ce quis’apparente à une crise identitaire de laprofession ensei-gnante. Alors que la divisiondes tâches au sein de l’école entre les diversescatégo ries professionnelles et l’augmentation

des services aux élèves auraient dû favoriser lapriorité à l’instruction pour les enseignanteset enseignants, on constate dans les faits qu’ilsjouent un rôle de premier plan dans lapréservation du lien scolaire, surtout dans lesmilieux les plus fragiles. Cette conditionest devenue préalable, voire prioritaire àl’enseignement lui-même! Pendant ce temps,s’alourdissent sur leurs épaules la redditionde comptes, l’intégration des élèveshandicapés ou en difficulté d’adaptation oud’apprentissage, la charge de travail et lesattentes sociales en matière d’équité, d’égalitédes chances, de persévérance et de réussitescolaires. À ces constats, les chercheursvoient dans l’enseignant moderne un« caméléon professionnel », constammentplacé en état d’alerte et d’adaptation, coincéentre la nécessité d’assurer la réussite pourtous et celle de retenir chacun à l’école.

En fin de compte, dans cette école duXXIe siècle, la socialisation appert de plus enplus comme une condition sine qua non del’instruction, et cela se traduit même au seinde l’organisation du travail. Malheureusement,celle-ci ne peut suffire à assurer l’égalité deschances si l’explosion des attentes socialesn’est pas arbitrée politiquement et s’il n’y apas de volonté d’intervenir pour endiguer lacompétition entre les établissements.L’équipe-école ne peut supporter à elle seulele poids d’autant d’exigences contradictoires.

TARDIF, Maurice, et Louis LEVASSEUR,La division du travail éducatif – Uneperspective nord-américaine, Pressesuniversitaires de France, 2010, 206 p.

JUSTE POUR LIRE

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L’AUTONOME VOL. 5 NO 2 DÉCEMBRE 201114

Chaque année, la FAE négocie

avec La Capitale lestarifs s’appliquant aucontrat d’assurance

collective desenseignantes et

enseignants.Pour l’année

à venir, l’évolution du régime demeure

positive, ce qui sereflète sur les

variations de taux.Ainsi pour l’assurance

vie et l’assurancesalaire de longue

durée, une diminutionde taux est prévue

tandis qu’en assurance maladie,

une augmentation de taux est annoncée.

Cette augmentation est cepen dant inférieure à ce quenous appréhendions et témoigne

de la bonne santé de notre régime.La détermination des taux a

été effectuée en se basant sur lesrésultats d’expérience disponibles.Les calculs tiennent compte desdifférentes caractéristiques dugroupe (moyenne d’âge, compo -sition hommes/femmes et résultatd’expérience) et de différentsfacteurs de tendance telles lahausse du prix des médicamentset l’inflation des soins de santé.

Ainsi, à compter du 1er janvier2012, le taux de l’assurance vie de based’une personne adhérente est diminuéde 12 %. Pour sa part, le taux del’assurance vie de base de la personneconjointe et des enfants à chargeest diminué de 10,4 %. Enfin, pour

l’assurance vie additionnelle d’unepersonne adhérente ou celle de lapersonne conjointe, le taux est diminuéde 7,5%. En ce qui concerne l’assurancesalaire de longue durée, la FAE est fièred’annoncer, pour 2012, une diminutionde taux de 7,5 %. Quant à l’assurancemaladie, il y aura augmentation destaux de 8,7 %, nonobstant le régimechoisi (maladie 1, maladie 2 ou maladie3) et la protection choisie (individuelle,monoparentale ou familiale).

De façon générale, l’évolution durégime demeure très positive, ce qui sereflète sur les variations de taux pourla prochaine année. La FAE annoncedonc une augmentation globale de

1,6 % pour l’année 2012.Voici, pour chacune des garanties

du régime d’assurance collective, lesrésultats obtenus et les ajustementsrequis à la tarification

RENOUVELLEMENT DES TAUX EN VIGUEUR À COMPTER DU 1er JANVIER 2012

ASSURANCE COLLECTIVE

Garantie Tarification 2012

Assurance vie de base d’une personne adhérente 12,0 %

Assurance vie de base de la personne conjointe 10,4 %et des enfants à charge

Assurance vie additionnelle 7,5 %

Assurance salaire longue durée 7,5 %

Assurance maladie 8,7 %

ASSURANCE COLLECTIVE

Sophie Fabris

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BRÈVESCONCOURS « LA PERSÉVÉRANCE A AUSSI UN VISAGE »

APPEL DE CANDIDATURES

Pour une quatrième année, la FAE organise le concoursLa persévérance a aussi un visage, événement s’inscrivantdans les activités de la Semaine québécoise des adultes

en formation qui aura lieu du 24 mars au 1er avril 2012.Ce concours vise les élèves de l’éducation des adultes,

de la formation professionnelle, de l’alphabétisation, de laformation à distance et de l’éducation en milieu carcéral s’étantparticulièrement distingués par leur persévérance.

Nous invitons les enseignantes etenseignants à proposer la candidature d’un

de leurs élèves dans l’une ou l’autre de cescatégories afin qu’ils soient honorés. Un

formulaire sera acheminé prochainement.Le concours est non seulement

l’occasion de célébrer le mérite deces élèves, mais aussi de mieux

faire connaître le travail desenseignantes et enseignants de

ces secteurs.

INVITATION AU PREMIER RÉSEAU ENVIRONNEMENT

CHERCHE AMBASSADRICES ET AMBASSADEURS HÉROS

Vous voulez sensibiliser vos élèves à l’avènement d’un mondeplus humain, écocitoyen où respect, ouverture et solidaritéseront au cœur de l’existence de ces citoyennes et citoyens

de demain? Le mouvement HÉROS vous intéressera. Mis sur pied en 2008, le mouvement est maintenant mûr pour

une nouvelle phase de développement. Pour y prendre part, vous êtesinvités à participer à la première rencontre du Réseau environnementde la FAE en janvier 2012. Cette journée apour objectif, entre autres, de vous outillerpour devenir des ambassadrices et desambassadeurs HÉROS. De plus, lenouveau site Internet du mouvementHÉROS y sera dévoilé.

Cela vous intéresse? Parlez-enlors de la prochaine rencontre devotre comité environnement ou à lapersonne déléguée de votre écoleou de votre centre afin de réservervotre place dès maintenant.

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