Vol. 20 • numéro 10 30 janvier 2013...

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[ ] QUARTIER L!BRE Le jOURNaL iNDÉPeNDaNT DeS ÉTUDiaNTS De L’UNiVeRSiTÉ De MONTRÉaL • QUaRTieRLibRe.Ca Vol. 20 • numéro 10 30 janvier 2013 www.quartierlibre.ca [ CAMPUS ] Carabins : slalom vers le podium page 9 [ SOCIÉTÉ ] Étudiants et déjà entrepreneurs pages 14-15 [ CULTURE ] De la musique classique hors normes page 22 ! ! Really ? page 16 Université francophone

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[ ]QUARTIER L!BRELe journaL inDÉpenDant Des ÉtuDiants De L’uniVersitÉ De MontrÉaL • QuartierLibre.Ca

Vol. 20 • numéro 1030 janvier 2013

www.quartierlibre.ca

[CAMPUS]Carabins :slalom vers le podiumpage 9

[SOCIÉTÉ]Étudiants et déjà entrepreneurs

pages 14-15

[CULTURE]De la musique

classique hors normespage 22!

!

Really?

page 16

Université francophone

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R aymond Bachand, PhilippeCouillard et Pierre Moreauont discuté d’éducation

lors d’un débat organisé à la salleOscar-Peterson de l’UniversitéConcordia le 26 janvier dernier.

Si les trois candidats s’entendent sur lefait que les universités sont sous finan-cées, ils ne s’accordent pas sur lamanière de régler ce problème.Philippe Couillard, pour sa part, a pro-posé d’indexer les frais de scolarité.Une option qui est jugée insuffisante

par ses adversaires pour régler la situa-tion des universités québécoises.

Raymond Bachand a continué demarteler le discours tenu par le gou-vernement Charest lors du prin-temps érable. «Les étudiants doi-vent faire leur juste part (sic.)»,assure l’ex-ministre des finances.

Irrité, M. Couillard a tenu à répondreà ce retour en arrière. «Nous ne pou-vons ignorer la crise sociale quenous avons vécue, insiste-t-il. Nous

devons avoir un vrai débat là- dessus et bien le commencer pourne pas répéter nos erreurs.»

Pierre Moreau a répété qu’il fallait sequestionner sur la pertinence descégeps et a proposé sa propre solu-tion au sous-financement des uni-versités. « Il faut assurer l’accrois-sement du financement, dit-il.L’indexation n’est donc pas suffi-sante.» Selon lui, il faut égalementmoduler les droits de scolarité parrapport au coût du programme.

Raymond Bachand a exprimé sondésaccord avec cette option. « Lesétudiants en médecine peuventpayer plus puisqu’ils feront beau-coup d’argent, convient-il. Parcontre, la formation en musiquecoûte très cher et ils n’ont pas lamême capacité à payer. » Il pro-pose plutôt de moduler les fraisselon la perspective de revenus.

Lors de son discours de fermeture,Philippe Couillard s’est démené àrappeler l’importance de l’éduca-

tion et a exprimé sa volonté d’yinvestir beaucoup d’énergie et demoyens. Un engagement qui sembleplaire au député de Laurier-Dorion,Gerry Sklavounos. « Investir enenseignement supérieur est trèsimportant, que ce soit au cégepou à l’université », soutient-il.M. Sklavounos appuie officiellementM. Couillard dans cette course à lachefferie.

DOMINIQUE

CAMBRON-GOULET

Les libéraux maintiennent le cap

Les trois candidats dans la course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ) réaffirmentleur intention d’augmenter les frais de scolarité.

*

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les pro$ de l’impôt

CAMPUS BRÈVE

COURRIER DESLECTEURS :

Réagissezaux articles !

Laissez libre cours àvotre plume et envoyezun court texte de 3000caractères ou moins.Nous nous ferons unplaisir de vous publier.

3=cbEnvoyez à :

[email protected]

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QUARTIER L!BRE • Vol. 20 • numéro 10 • 30 janvier 2013 • Page 3

RÉDACTEUREN CHEFTiffany [email protected]

CHEFS DE PUPITRECaMpusElom [email protected]

soCiÉtÉFanny [email protected]

CuLtureDominique [email protected]

PHOTOGRAPHEDE LA UNEPascal Dumont

JOURNALISTESOlivier Boisvert-MagnenPier-Olivier BoudreaultLaurence B. LemaireValentine BourgeoisRaphaëlle CorbeilÉric DeguireThomas EthierUrsule FerlandKevin GravierJasmine JolinCoraline MathonChristophe Perron-MartelMarion PortenguenBastien PotereauFanny TexierJ. Arthur White

PHOTOGRAPHEPascal Dumontpascaldumont.net

CORRECTEURSMélina BoucherAnastasia LlewellynMarie-Paule PrimeauLouise ProulxAntoine St-Amand

INFOGRAPHEAlexandre VanasseZirval design

PUBLICITÉAccès-Média (514-524-1182)www.accesmedia.com

DIRECTRICEGÉNÉRALEMarie [email protected]

IMPRESSION ET DISTRIBUTIONHebdo-Litho

POUR NOUS JOINDRETél. : 514-343-7630Courriel : [email protected] Web : www.quartierlibre.ca

Quartier Libre est le journal des étudiants de l’Université de Montréal publié par Les Publications du Quartier Libre, une corporation sans but lucratif créée par des étudiants en 1993.Bimensuel, Quartier Libre est distribué gra tui tement sur tout le campus de l’Université deMontréal et dans ses environs.Tirage de 6000 exemplaires.

nos bureaux sont situés au :3200, rue Jean-Brillant(local B-1274-6) C.P. 6128, succ. Centre-Ville, Montréal (Québec) H3T 1N8

Quartier Libre est membre de la Presse universitaire canadienne(PUC/CUP).

Dépôt légal :Bibliothèque nationale duQuébecBibliothèque nationale du Canada ISSN 1198-9416Tout texte publié dans QuartierLibre peut être reproduit avecmention obligatoire de la source.

proCHaine parution13 février 2013

proCHaine toMbÉe4 février 2013

ÉD ITO

SOMMA IRE

QUARTIER L!BRE

Fantasme sur la gratuité

C’est officiel. Le gouvernement a fermé laporte à la gratuité scolaire. Lors d’uneallocution à l’Université Laval le 27 janvier,le ministre de l’Enseignement supérieur, dela Recherche, de la Sc ience e t desTechnologies, Pierre Duchesne, a admis quela gratuité est «un idéal à long terme plu-tôt qu’une mesure concrète dans lecontexte actuel. »

Voilà une proposition que nous pouvonsdésormais rayer de la liste.

Dans un ordre de satisfaction grandissanteil nous reste trois possibilités.

La modulation des frais de scolarité enfonction du prix de la formation du pro-gramme d’étude, demandée par le Parti libé-ral du Québec (page 2) et la Coalition pourl’avenir du Québec (CAQ). Une solution quirisquerait de rendre moins accessibles cer-tains programmes et par conséquent de lesrendre plus élitistes comme Médecine. Lechef de la CAQ, François Legault, est mêmeallé jusqu’à proposer que certaines univer-sités ajustent elles même les factures étu-diantes pour financer la recherche.

L’indexation des frais au coût de la vieavancée par le parti québécois au lende-main de son élection. Cette proposition sou-

tenue par le gouvernement, devrait faireaugmenter les frais de scolarité de 2 % parannée. Cela représente un compromis nonnégligeable compte tenu de l’état actuel desfinances publiques.

Le gel des frais de scolarité demandé parles Fédérations étudiantes du Québec(FEUQ-FECQ). Proscrire toutes hausses desfrais de scolarité viserait selon la présidentede la FEUQ, Martine Desjardins, «à préser-ver l’accès aux diplômes universitaires. »Le scénario le moins risqué qui devrait satis-faire les étudiants tout en s’inscrivant dansune perspective de gratuité scolaire.

Le Sommet sur l’enseignement supérieurdes 25 et 26 février prochains devrait mettrefin à cette saga dont le dénouement tendvers l’indexation.

En gros, le Sommet ne sera pas de la tarte !

Les étudiants n’ont pourtant pas tout perdu.Ils sont de plus en plus opportunistes. Ils selancent dans les affaires et deviennent entre-preneurs (pages 14 et 15) et il n’hésitentpas à questionner les normes artistiques dela musique classique (page 22). Et ça leurréussi !

TIFFANY HAMELIN

!

CAMPUS • Les libéraux toujours pour la hausse p. 2 • 10 M$ pour les futurs entrepreneurs p. 4 • Deux assurances pour une couverture

maximale p. 4 • L’aide psychologique offerte aux étudiants p. 5 • La parité dans les départements de l’UdeM p. 6 • L’importance du hockey pour

les bars sur le campus p. 7 • Les Udemiens seront Argentins à la simulation de l’ONU p. 8 • Un slalom réussi pour les Carabins p. 9 •

SOCIÉTÉ • Philosophie de la gratuité p. 12 -13• L’anglais se taille place à l’UdeM p. 16 • Des étudiants bientôt à l’îlot Voyageur? p. 17 •

Dossier jeunes entrepreneurs • Quand les étudiants font des affaires p. 14 • L’entreprenariat version solo p. 15 • CULTURE• Une saga judiciaire au cinéma p. 18 • Troupe de théâtre de l’UdeM p. 19 • S’accrocher à la BD p. 20 • Prix de la critique émergente p. 20 •

Les «prodiges» de la musique p. 21 • Des étudiants défient les lois de la musique p. 22 • Une nouvelle d’Elom Defly p. 23 • Trithérapie Musicale p. 23

QUARTIER L!BRE vous convie à ses prochainesréunions de production

les mercredis 30 janvier et 13 février à 17 heures au local B-1274-6 du Pavillon 3200 Jean-Brillant. N’attendez pas qu’on vous donne la parole. Prenez-la.

Renseignements : [email protected]

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L e régime d’assurance de la FAÉCUMest offert par l’Alliance pour la santéé tudian te au Québec (ASEQ).

« Selon les données du trimestre d’au-tomne 2012, plus de 23 000 étudiantsmembres sur 37 000 font partie durégime », rapporte la coordonnatrice auxfinances et services de la FAÉCUM, KarelleDupuis. Le régime coûte 213,37 $ parannée, pour une période allant du 1er sep-tembre au 31 août. Ces frais sont directe-ment ajoutés aux droits de scolarité, maisrestent facultatifs.

Les soins dentaires sont couverts à 80 % et laphysiothérapie à 100 % par le régime d’assu-rance de la FAÉCUM. Les coûts reliés à la visionsont remboursés jusqu’à 30 $ pour uneconsultation et 75 $ pour l’achat des lunettes.Le régime couvre aussi la plupart des soinshospitaliers.

«Nous ignorons à quel type d’étudiant pro-fite le plus le régime de la FAÉCUM, reconnaîtKarelle Dupuis. Nous ne faisons pas de caté-gorisation.» Mme Dupuis affirme que dans lamajorité des cas, les étudiants qui souscrivent

à l’assurance maladie de la FAÉCUM souscri-vent également à l’assurance dentaire.

Les étudiants peuvent inclure leur conjoint ouleurs enfants dans leur souscription. Le tarifétudiant est appliqué à chaque personne sup-plémentaire. «C’est un bon système qui per-met de payer moins cher pour avoir accèsaux spécialistes disponibles», affirme l’étu-diante inscrite au programme d’accès auxétudes universitaires, Magalie Baudouy.

« Je n’ai pas les moyens de me prendre uneassurance privée, poursuit Magalie. En plus,je ne connais pas grand-chose en matièred’assurances. C’est pratique que le coût durégime de la FAÉCUM soit intégré automati-quement à ma facture.»

Combiner pour une couverture maximale

Pour ce qui est des assurances privées, commecelle de Desjardins, avec un régime santé com-plémentaire individuel de base, le tarif moyenest de 127 $ par mois. «Mon assurance estLa Capitale, c’est une assurance familiale,a f f i rme l ’ é t u d i a n t e e n p s y cho l o g i e

Marilou Pasquier. Elle est un peu plus chèreque celle de la FAÉCUM et ne couvre pas lessoins dentaires.» L’avantage de l’assurance deMarilou, c’est qu’elle couvre autant les biensque les individus.

Il y a des étudiants qui souscrivent à la fois aurégime d’assurance de la FAÉCUM et à uneassurance privée dans le but d’avoir une cou-verture maximale. L’étudiante en architecturedu paysage et gardienne de but de l’équipeféminine de hockey des Carabins, ÉlodieRousseau-Sirois, fait partie de ces étudiants.

« Je suis sous l’assurance privée de monpère, explique-t-elle. J’ai pris celle de laFAÉCUM aussi parce qu’elle rembourse lesfrais de physiologie au complet. » Élodieestime, par contre, que le régime d’assurancede la FAÉCUM couvre moins bien pour lesdents. C’est la raison pour laquelle elle gardel’assurance de son père. «Quand il y en a unequi ne fonctionne pas dans une situationdonnée, je prends l’autre», ajoute-t-elle. Decette façon, Élodie Rousseau-Sirois est sûred’avoir une couverture maximale.

MARION PORTENGUEN

Une combinaison rassurante

En souscrivant au régime d’assurances de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), les étudiants payent moins cherque le coût d’une assurance privée. Cependant, beaucoup d’étudiants préfèrent combiner une assurance privée à celle proposée par la FAÉCUM.

L’ objectif du Centre «sera de formerdes é tudiants à devenir demeilleurs entrepreneurs», affirme

le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion. Sagestion sera prise en charge par HEC Montréal.« Le transfert des connaissances et leréseautage seront gérés par des enseignantsde HEC Montréal, explique la directrice descommunications de HEC, Michelle Beaubien.Mais les étudiants des trois universitéspourront en bénéficier. »

«Nous�avons�déjà�amassé200 millions�de�la�part�de�différentes�entreprises.Les�autres�dons�serontannoncés�prochainement.»MatHieu FiLionPorte-parole de l’UdeM

«Le Centre permettra la création d’entre-prises et la reprise d’entreprises déjà exis-tantes», poursuit Mme Beaubien. Pour menerà bien leur projet, les étudiants pourront pro-

fiter de différents services, dont ceux d’unobservatoire, «afin de se tenir au courant detout ce qu’il y a comme informations surl’entrepreneuriat».

Les étudiants bénéficieront aussi du serviced’accélérateur d’idées pour « trouver unmoyen de réaliser les entreprises plus rapi-dement». Un secteur de transfert de connais-sances et de réseautage «où il y aura des col-loques et des midis-conférences » seraégalement mis à leur disposition. SelonMme Beaubien, l’ouverture du Centre est pré-vue pour 2014.

La directrice des communications de Poly -technique, Chantal Cantin, est enthousiastequant au projet. «Nous sommes très heureuxde ce don, affirme-t-elle. Il est substantiel, ettous nos étudiants qui ont la fibre entre-preneuriale vont pouvoir en bénéficier. »Pour Mme Cantin, la campagne de financementde Campus Montréal est une réussite. «C’estla première fois qu’il y a un chapeau com-mun pour les trois écoles, et ça donne unbeau résultat. »

Une bonne nouvelle pour l’entrepreneuriat québécois

Le président de l’Association des étudiants dePolytechnique (AEP), Francis-Olivier LeBlanc,

se réjouit du « beau geste de la BanqueNationale qui va profiter aux trois univer-sités». Selon M. LeBlanc, un centre d’entre-preneuriat pour les jeunes ne sera pas de trop,car « il y a une lacune sur ce point auQuébec».

Pour le président de l’Association étudiantede HEC (AEHEC), William Lasserre, le Centre« pourra aider concrètement les étudiantsà développer leur entreprise ». Il expliqueque « sur les 10 M$ donnés à CampusMontréal, de 80 à 90 % seront utilisés pouraméliorer la cellule entrepreneuriale deHEC. ».

Seule la Fédération des associations étudiantesdu campus de l’UdeM (FAÉCUM) exprime desréserves en ce qui concerne la générosité dela Banque. Le projet étant encore à ses balbu-tiements, il est difficile de s’avancer sur lesretombées qu’il aura pour l’UdeM. «La for-mule décrite jusqu’à présent touchera unefaible minorité de nos étudiants», regrettela secrétaire générale de la FAÉCUM, MireilleMercier-Roy. Elle confie que les attentes de laFédération envers la grande campagne definancement «se situent au niveau de l’aidefinancière pour les étudiants».

Sur la bonne voie

Avec un objectif de 500 M$, Campus Montréalvoit grand. Le don de la Banque Nationale faitpartie des nombreux autres dons déjà reçuspar l’institution. «Nous avons déjà amassé200 millions de la part de différentes entre-prises. Les autres dons seront annoncésprochainement », affirme Mathieu Filion.

Ce n’est pas la première fois que la BanqueNationale choisit l’UdeM pour ses activités philan-thropiques. Dans le passé, elle a donné 1750000$à l’Université. La majeure partie de ce don a étérendue aux étudiants sous forme de bourses.

VALENTINE BOURGEOIS

10 M$ pour les étudiants entrepreneurs

Les étudiants de l’UdeM pourront devenir de meilleurs entrepreneurs grâce au récent don de 10 M$ de la BanqueNationale à Campus Montréal. Ce don s’inscrit dans le cadre de la campagne de financement de Campus Montréalqui regroupe l’UdeM, l’École polytechnique et HEC Montréal. Il permettra de créer le Centre d’entrepreneuriatBanque Nationale.

CAMPUS AFFA IRES ÉTUD IANTES

LES GRANDS DONS DU PASSÉ

La dernière grande campagne de financement de l’UdeM remonte à plusieurs années. De1997 à 2002, 216 M$ ont été amassés. «L’entreprise Jean Coutu avait donné 20 millionspour la construction de pavillons», se rappelle Mathieu Filion.

Dans les dernières années, Polytechnique a profité de généreux dons de particuliers. PierreLassonde et Claudette McKay-Lassonde, des anciens diplômés de Polytechnique, ont financéune partie des pavillons portant leur nom avec un don de 8 M$.

«L’un des très gros dons reçus récemment à la Fondation HEC nous a été donné à titreposthume par la succession de Peter MacKell », affirme Mme Beaubien. L’avocat d’affairesmontréalais avait souhaité que son don de 2 M$ soit utilisé pour créer un programme debourses au doctorat.

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L a d i r e c t r i c e du CSCP, F r anceMcKenzie, affirme que le Centre n’estpas en manque de ressources finan-

cières. «Pour le moment, la cotisation queles étudiants payent sur leur facture dedroits de scolarité aux Services aux étu-diants (SAE) et l’autofinancement duCentre suffisent aux besoins financiers duCSCP», soutient-elle.

L’équipe du CSCP compte 16 psychologues per-manents, 10 en résidence et 18 contractuels.Elle a tenu un stand d’information lors de la ren-trée automnale, afin que davantage d’étudiantssoient au courant de son existence. L’étudianteau certificat en traduction, Alice (nom fictif),qui n’a jamais consulté un psychologue au CSCP,affirme qu’elle n’hésiterait pas à les contacter sile besoin se faisait sentir. «Leurs tarifs préfé-rentiels sont très intéressants, affirme-t-elle.Un suivi psychologique dans le secteur privéest inabordable pour moi.»

L’étudiante au baccalauréat en études clas-siques, Sophie (nom fictif), n’avait, quant àelle, jamais eu vent des services du CSCP. «Monprogramme d’études est exigeant, reconnaît-elle. Ça peut m’arriver d’avoir besoin deparler à quelqu’un de mes soucis. » Sophiea déjà eu recours à un psychologue dans le sys-tème privé auparavant. Elle ne met pas de côtéla possibilité d’aller vers le CSCP.

Le commissaire adjoint à l’appréciation et àl’analyse du Bureau du Commissaire à la santéet au bien-être du Québec, Jacques E. Girard,reconnaît le travail qu’effectuent les centresde soutien psychologiques en milieu scolaire.

Il pense que l’accès gratuit aux soins psycho-logiques dans le privé est un excellent moyenpour venir en aide à ces centres. «Une per-sonne sur cinq aura un trouble mental aucours de sa vie, affirme M. Girard. Soixante-dix pour cent de ces troubles se manifeste-ront avant l’âge de 25 ans.» C’est la raisonpour laquelle le commissaire adjoint pensequ’il faut mettre les moyens nécessaires pourprévenir la maladie mentale chez les jeunes.

Huit semaines pour une thérapie

« Nous sommes satisfaits des services quenous offrons aux étudiants, aff irmeMme McKenzie. Cependant, nous pouvonstoujours mieux faire.» La directrice du CSCPcomprend que le temps d’attente avant d’avoirune place en consultation peut sembler longpour un étudiant dans le besoin. «Actuelle -ment, il se chiffre à huit semaines d’attenteaprès l’entrevue d’introduction, déclare- t-elle. Cette entrevue d’introduction s’obtient rapidement et sert de référenceaux intervenants afin qu’ils ciblent bien lesbesoins des étudiants et qu’ils les dirigentvers la bonne personne-ressource.»

L’équipe du CSCP est actuellement en périodede planification pour l’année 2013-2014 afind’améliorer et d’optimiser ses services. Elletente de développer de nouveaux projets,comme la mise en place d’ateliers thérapeu-tiques de groupe, qui pourraient, de ce fait,réduire les consultations individuelles. Ce pro-gramme n’est toutefois rendu qu’à l’étape del’étude.

« Ce n’est pas normal qu’un étudiantattende huit à dix semaines pour amorcerune thérapie, regrette M. Girard. Rendre lapsychothérapie gratuite dans le privé per-mettra de désengorger les centres de soutienuniversitaires. » Selon M. Girard, les psycho-thérapeutes qui travaillent actuellement dansles centres de santé où les soins sont gratuitsreprésentent à peine le quart de toutes les res-sources en psychothérapie disponibles sur leterritoire québécois.

Étudiants assaillis de problèmes

Selon Mme McKenzie, il est difficile de faire l’as-sociation entre l’augmentation des demandesen soins psychologiques et la probabledétresse grandissante dans la communautéétudiante. Elle constate par contre que « lesdifficultés des patients sont plus diversifiéesqu’autrefois» et que « les étudiants se pré-sentent avec une multiplication de pro-blèmes, plutôt qu’avec un seul tracas précisà régler. » C’est ce que le jargon médicalnomme « comorbidité », soit la présencesimultanée de plusieurs troubles. Selon

M. Girard, il faut trouver de nouveaux moyensd’amener les jeunes qui ont une maladie men-tale à aller chercher de l’aide. C’est pourquoiil se réjouit que le nombre de consultationsaugmente dans les centres de soutien psycho-logique en milieu scolaire.

Des activités tenues par des bénévoles forméspar des professionnels de la santé sont déjàproposées pour tenter de répondre à diffé-rents malaises récurrents chez certains étu-diants. Il s’agit souvent de problèmes d’anxiétéet de solitude traités dans les stands Écoute-Référence du CSCP. «Le bien-être d’une com-munauté, qu’elle soit étudiante ou autre,doit passer, entre autres, par la prévention»,conclut Mme McKenzie. Deux périodes de garded’urgence sont mises à la disposition des étu-diants qui réclament de l’aide pressante. LeCSCP, en collaboration avec le SAE, a égalementcomme objectif de concevoir de nouvelles acti-vités de prévention pour accompagner cellesqui existent déjà.

URSULE FERLAND

en collaboration avec

ELOM DEFLY

Prévenir la maladie mentale

à l’UdeMLes étudiants de l’UdeM sont de plus en plus nombreux à avoir recours auxservices du Centre de santé et de consultation psychologique de l’UdeM(CSCP). Pour répondre à cette demande, le CSCP a effectué en 2012 prèsde 680 entrevues individuelles de plus que l’année précédente. L’objectif ducentre est de maintenir cet accroissement des consultations à un taux de 10 %par année.

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Le commissaire adjoint à la santé et au bien-être du Québec, jacques e. Girard,reconnaît le travail des centres de soutien psychologique en milieu scolaire.

CAMPUS SANTÉ MENTALE À L’ U d eM

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L es statistiques indiquent que sur prèsde 39500 étudiants inscrits à l’UdeMen 2010, 26000 étaient des femmes.

Il y avait donc plus de femmes que d’hommesà l’Université. Dans le DIRO, par contre, il yavait cinq hommes pour chaque femme ins-crite.

«Les�femmes�ont�une�plus�grande�tendance�à�vouloir�comprendre�les�comportements�humains,à�vouloir�écouter�et�aider�les�gens�à�se�sentir�mieux»saMueL LaVentureÉtudiant au doctorat en psychologie

La professeure au DIRO, Sylvie Hamel, penseque cette tendance existe depuis toujours. Ellecroit qu’elle résulte en partie d’une fausse idéedu sujet d’étude. « Quand on pense infor-matique, on a tendance à penser jeux vidéoou programmations, explique-t-elle. Alorsque c’est un domaine où l’on peut faire tel-lement de choses différentes. »

Mme Hamel constate que peu de femmes sonttentées par la perspective d’être program-meuse ou analyste. Selon la professeure, ellessont plutôt attirées par de nouveaux pro-grammes comme la bio-informatique et l’in-formatique linguistique.

À l’instar du DIRO, en 2010, les hommesétaient majoritaires en physique et représen-

taient 76 % des 223 inscrits. Le directeur duDépartement de physique, Yves Lépine, tenteune explication. «Certains pensent que c’estparce qu’il y a moins de modèles féminins,affirme-t-il. Les physiciens connus sont sur-tout des hommes ». Il mentionne que dansson département, il n’y a que deux profes-seures sur un total de 31 professeurs.

Sylvie Hamel admet que le même problème existeen informatique. «Cependant, je ne pense pasque ça nous empêche de choisir un domainequand on aime ça», ajoute-t-elle. Pour inspirerles futures informaticiennes, Mme Hamel tient unsite internet qui raconte les accomplissementsdes femmes de son département.

Plus de femmes en sciences sociales

Les hommes étaient absents des sciencessociales, avec un ratio d’environ trois femmespour chaque homme en anthropologie, en psy-chologie, en criminologie et en linguistique.90 % des étudiants inscrits à l’École de servicesocial étaient des femmes.

L’étudiant au doctorat en psychologie, SamuelLaventure, a constaté cette tendance. Il croitque l’intérêt est le facteur majeur qui motiveun choix de programme et estime que c’est lerésultat d’«habitudes sociales». Tandis queles femmes ont «une plus grande tendance

à vouloir comprendre les comportementshumains, à vouloir écouter et aider les gensà se sentir mieux », les hommes sont plusattirés par les domaines qui promettent «unmeilleur statut social», soutient-il.

Selon M. Laventure, c’est plutôt une bonnechose qu’il y ait plus de femmes dans son pro-gramme. «Je crois que la majorité des gars quivont en psychologie ne sera pas ébranlée parle fait qu’il y a plus de femmes qued’hommes, dit celui qui a rencontré saconjointe dans ce département. Je n’ai entenduaucun gars se plaindre de la situation.»

J. ARTHUR WHITE

Des programmes plus féminins que d’autres

D’après des données statistiques datant de 2010, 82 % des étudiants inscrits au Départementd’informatique et de recherche opérationnelle de l’UdeM (DIRO) étaient des hommes. Parcontre, à l’École d’orthophonie-audiologie, les femmes étaient majoritaires à 94 %. Ces deuxdomaines d’étude étaient les plus déséquilibrés en matière de parité homme-femme.

CAMPUS PAR ITÉ À L’ U d eM

LES HUIT DÉPARTEMENTS À PLUS FORTE MAJORITÉ FÉMININE (HIVER 2010)FeMMes inscrites HoMMes inscrits totaL % FeMMes

orthophonie-audiologie 340 21 361 94 %

École de psycho-éducation 438 31 469 93 %

École de service social 372 43 415 90 %

pédiatrie 55 6 61 90 %

nutrition 288 36 324 89 %

sciences infirmières 860 116 976 88 %

École de réadaptation 583 99 682 85 %

Centre de formation initiale des maîtres 1789 477 2266 79 %

LES SIX DÉPARTEMENTS À PLUS FORTE MAJORITÉ MASCULINE (HIVER 2010)FeMMes inscrites HoMMes inscrits totaL % HoMMes

informatique et recherche opérationnelle 84 384 468 82 %

physique 54 169 223 76 %

philosophie 83 237 320 74 %

sciences économiques 214 460 674 68 %

Mathématique et statistiques 190 370 560 66 %

Histoire 175 264 439 60 %

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QUARTIER L!BRE • Vol. 20 • numéro 10 • 30 janvier 2013 • Page 7

Les étudiants, les bars et le hockey

Privés de leur sport national pendant plus d’une session, les étudiants del’UdeM ont à peine diminué leur fréquentation des bars autour du campus. Ilsse réjouissent cependant que la saison de hockey ait recommencé.

L e Café-bar La Brunante, situé audeuxième étage du pavillon 3200Jean-Brillant, diffusera pour la toute

première fois cet hiver les matchs desCanadiens. «Nous n’avons pas d’antécédent,affirme la serveuse en chef du bar, GenevièveNicol. Nous ne pouvons pas prévoir la popu-larité des soirées hockey que nous organi-serons.» Le bar ne diffusait jusqu’à maintenantque les parties des Carabins de l’UdeM. SelonMme Nicol, le lockout n’a pas eu d’incidencesur l’affluence des étudiants à la Brunante.

Russel Plumer est propriétaire du bar CaféGrande-Gueule sur Côte-des-Neiges. L’hiver est,selon lui, la véritable saison pour le hockey.«Durant le lockout, la clientèle a seulementdiminué d’environ 10 %, explique-t-il.L’automne, les amateurs viennent seulementvoir certains matchs, de temps à autre. Il n’ya que très peu de fanatiques qui viennent voirtoutes les rencontres avant le temps des Fêtes.»

Le bar La Maisonnée, de son côté, n’a subiaucune perte. Un phénomène que la copro-priétaire du bar, Stéphanie Juteau, attribuedirectement aux sessions décalées à cause dela grève étudiante du printemps dernier. «Les

fins d’examens, qui sont nos périodes lesplus achalandées, ont eu lieu en décembreet en janvier, raconte-t-elle. Un très grandnombre d’étudiants sont venus fêter leur finde session ou celle de leurs amis.»

L’automne n’a pourtant pas été le même pourtous. Le Tabasco Bar fait état de pertes d’envi-ron 20 à 25 % de son chiffre d’affaires. «Lesjeudis du lockout, le bar se vidait à19 heures pour se remplir à 22 heures,raconte le propriétaire du bar, SachaRagueneau. On avait des trous à desmoments où habituellement l’endroit estbondé d’étudiants. »

Un hiver prometteur?

Stéphanie Juteau prévoit accueillir beaucoupd’étudiants à La Maisonnée tout au long de l’hi-ver. «Quand les Canadiens jouent mal, lesgens décrochent à un certain moment dansla saison, affirme-t-elle. Cette année, ils n’au-ront pas le temps de se désintéresser puisqueça vient de commencer !»

Toutefois, le lockout a créé un certainmécontentement chez les amateurs étu-

diants. L’étudiante au baccalauréat en ensei-gnement au secondaire, Sarah Veillette, faitpartie de ces amateurs. « Beaucoup depetits commerçants ont souffert à causede ce conflit, regrette-t-elle. Je suis heu-reuse de pouvoir enfin regarder le hockeyavec ma famille et mes amis. » Sarah sou-tient qu’il est peu probable qu’elle achètedes billets ou un chandail des Canadienscette saison.

Sacha Rageneau comprend l’amertume de cer-tains partisans. «Les joueurs et la Ligue sedisputaient à propos de millions de dollarset ça a frustré un certain nombre d’ama-teurs», reconnaît le propriétaire du Tabasco.D’ailleurs, les clients ont été peu nombreux àse déplacer au bar Le Tabasco pour suivre le

premier match des Canadiens contre les MapleLeafs de Toronto.

Stéphanie Juteau constate qu’aucun autre sportn’a su remplacer le hockey dans le cœur desétudiants. «Sur une base régulière, même lefootball des Alouettes attirait peu de gens»,reconnaît-elle.

« Contrairement aux États-Unis, qui ontplusieurs sports de prédilection, le Québeca tous ses œufs dans le même panier, affirmeSacha Ragueneau. Quand ce panier tombe,ça fait mal.» Les tenanciers de bars n’ontpas d’autre choix que de s’adapter à cettesituation.

THOMAS ETHIER

Le Café-bar La brunante diffusera des matchs de hockey de la Ligue nationale cet hiver pour la première fois.

SAMUEL ROBICHONDroit

Le lockout ne m’a pas personnellement affectéparce que je ne suis pas adepte de hockey. Parcontre, je suis heureux que ça reprenne pourtous les commerces. J’ai vraiment pu voir lesrépercussions autour de moi. Le bar LaMaisonnée, par exemple, était beaucoup moinsrempli les soirs où normalement il y a du hoc-key.

REMI AZOULAYCommunication et politique

Je suis au Québec depuis deux ans et j’ai prisl’habitude de regarder le hockey avec des amis.Je n’irais pas jusqu’à dire que la reprise vaaffecter mes cours, mais je vais sûrement négli-ger mes lectures les soirs de matchs contreBoston! D’un autre côté, je déplore le fait qu’ondiscute pour des millions de dollars alors queles citoyens, les commerçants et leurs employéssont les premiers affectés.

SIMON BÉLANGERenseignement au secondaire

Le lockout a changé certaines de mes habi-tudes reliées au hockey. D’abord, j’ai regardémoins de télévision et j’ai remplacé le hockeypar un autre sport. On s’est aussi trouvéd’autres idées de sorties avec mes amis.Maintenant, c’est sûr qu’on va recommencer àsortir pour voir les matchs pendant un certaintemps.

JUSTINE MÉRANTÉducation préscolaire et primaire

Le hockey n’est pas très important dans ma vie.En fait, il ne fait que m’enlever du temps dequalité en couple. Mon copain est un partisandu Canadien et on a des amis en commun quiaiment aussi sortir dans les bars pour voir lesmatchs. Ce n’est donc pas par intérêt, mais lareprise du hockey devrait faire augmenter mafréquentation des bars !

VOX POPQuartier Libre vous a demandé si la reprise du hockey allait affecter votre session d’hiver.

par THOMAS ETHIER

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Représenter l’Argentine à l’ONUAprès avoir représenté les États-Unis en 2012, la délégation de l’UdeM représentera l’Argentineà la prochaine simulation des Nations Unies, qui aura lieu au siège de l’organisation, à New York.Du 24  au  28  mars, les étudiants tenteront de se démarquer par leur leadership et leur habileté à négocier.

CAMPUS AFFA IRES I NTERNAT IONALES

«L e but principal de lasimulation, c’est depouvoir maîtriser

l’exercice de la persuasion», estimela déléguée en chef de l’équipe del’UdeM, Nadine Moutia. Depuis sep-tembre 2012, l’étudiante au bacca-lauréat en études internationalesNadine Moutia s’attarde à peaufinerles techniques de discours diploma-tiques avec le deuxième délégué enchef, Sebastian Van Der Est et deuxconseillers facultaires.

Ces derniers s’occupent de l’admi-nistration et de la formation des nou-veaux délégués. En tout, vingt-troisdélégués, dont dix anciens, sontrépartis en équipes de deux per-sonnes. Comme dans un véritablegouvernement, chaque équipe gèreun portefeuille qui lui est attribué. Ils’agit, entre autres, des portefeuillesde la santé, de l’économie et de lacondition féminine.

Le choix des candidats

Avant d’être sélectionnés commedélégués, les étudiants doivent pas-ser deux examens écrits et oraux, enfrançais et en anglais, avec des ques-tions de culture générale et de miseen situation. Selon Nadine Moutia,les connaissances ne sont pas nécessaires pour se démarquer.«L’aisance orale, la spontanéité et

l’improvisation sont des qualitésque l’on recherche surtout, précisela jeune femme. Par exemple,savoir parler habilement de lasituation au Cachemire, si l’on estun représentant de l’Inde et quel’on s’adresse au Pakistan.»

L’année dernière, la délégation del’UdeM a reçu le prix du DistinguishedDelegation Award, remis à dix uni-versités dans le monde et considérécomme l’une des plus hautes distinc-tions de l’épreuve. «L’an dernier, ona eu la chance inouïe de représenterles États-Unis, qui est probablementle pays le plus intéressant à jouer lorsde la simulation », explique leconseiller facultaire de la délégation etancien délégué, Etienne Cloutier.

Selon lui, s’investir pleinement dansla délégation a ses avantages, commeses inconvénients. « L’expérienceest unique, avoue-t-il. Cependant,arrivé à New York, c’est cinq joursintensifs où l’on ne mange et nedort pas. Ça nous donne un espritd’équipe incomparable. »

Les participants qui ont des lacunesen anglais ont aussi la possibilité dese perfectionner. L’ancienne délé-guée et étudiante au baccalauréat enétudes internationales Julie Loret sedit tout de même déçue par sonexpérience au sein de la délégation,

même si cela a été l’occasion pourelle de parfaire son anglais. « Jem’attendais à une rencontre avecde vrais diplomates, témoigne l’étu-diante. C’était davantage un grandjeu de rôle. »

Investissement danstous les sens du terme

Tout au long de l’année, les déléguésdoivent chercher le financement etles commanditaires qui rendrontpossible leur voyage aux États-Unis.Ils organisent des campagnes definancement et des ventes de gâteauxet de livres. Ils peuvent égalementcompter sur des dons privés et ceuxde leurs commanditaires.

L’étudiante au baccalauréat en étudesinternationales Chloé Bérubé délé-guée en 2012 et à nouveau déléguéecette année, estime que la simulationà l’ONU est un défi personnel. « Jeveux me dépasser, expérimenter etapprendre des choses qu’on n’a pasla possibilité de voir en cours »,conclut-elle. Les délégués enchaînentles réunions de simulation. Ils prati-quent la négociation des affairesinternationales, en attendant de pou-voir monter sur l’estrade principalede la grande salle de conférence àl’ONU.

FANNY TEXIER

LA SIMULATION

La simulation du fonctionnement de l’Organisation des Nations Unies (ONU)est l’une des plus importantes compétitions universitaires au monde.Organisée depuis trente-trois ans, elle réunit, chaque année, près de3000 étudiants provenant de plus de 200 universités dans le monde. Les étu-diants débattent de sujets politiques et défendent des intérêts internationaux.Chaque délégation se voit assigner un pays membre de l’ONU. Cette année,les étudiants de l’UdeM agiront en tant qu’ambassadeurs de l’Argentine.

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Développement social, régional et territorialDes programmes de DESS, de maîtrise et de doctorat, pour analyser les enjeux, les défis et les dynamiques de dévelop-pement des régions.

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Cette année, la délégation de l’udeM représentera l’argentine à l’onu.

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Sept médailles sur septLes conditions météo peu propices n’ont pas empêché les Carabins de dominer l’épreuvedu slalom, la première épreuve de la saison de ski alpin universitaire du Québec. Ils ontremporté trois médailles d’or, deux d’argent et deux de bronze. La compétition a eu lieules 19 et 20 janvier derniers au mont Saint-Sauveur.

Q uatre équipes universitairesse sont affrontées lors decette première compéti-

tion. Il s’agit des équipes de l’UdeM,de l’Université Laval, de l’UniversitéConcordia et de l’Université McGill.Une rivalité s’est surtout fait sentirentre les Carabins et le Rouge et Orde Laval.

L’équipe féminine des Carabins a net-tement dominé la première course,réalisant les meilleures perfor-mances et raflant les trois médaillesd’or. L’étudiante en ergothérapieVictoria Stevens a enregistré lemeilleur temps cumulatif samedi19 janvier avec 2 min 01 s 69, suiviepar l’étudiante en droit MaudeLongtin avec 2 min 06 s 69 et l’étu-diante en psychologie MarilouMorin-Perrin avec 2min 06 s 86.

Lors du deuxième slalom, VictoriaStevens, auteure d’une course par-faite, a réussi à conserver sa pre-mière place avec un temps de2min 00s 55. « Je suis satisfaite demes résultats. Ils correspondent àce que j’accomplis pendant lesentraînements, se réjouit la jeuneathlète. Dimanche, les parcoursétaient assez faciles, ça ne tour-nait pas beaucoup. J’ai su attaqueret prendre de la vitesse».

Confiante pour les prochainescourses, la skieuse de 22 ans estcependant consciente du potentielde ses adversaires. « Je pense qu’onest bien parti, car on a gagné assezde points, affirme-t-elle. Néan -moins, l’équipe de Laval est trèsforte. »

Quant à elle, l’équipe masculine aété moins constante lors de la pre-mière partie de la compétition.L’étudiant en droit, Jean-PhilippeBertrand, a réalisé le meilleur tempscumula t i f des Carab ins a vec1min 58s 86, ce qui lui a permisd’occuper la troisième place.

Dimanche, l’étudiant en droit OlivierBouvier-Johnston a remporté leshonneu r s a v e c un t emps d e1 min 58 s 20 malgré un résultatdécevant lors de la première course.« Mes deux premières descentesn’étaient pas à la hauteur de mesentraînements habituels, précisele jeune homme. Heureusement, jeme suis rattrapé en corrigeant undéfaut que mon coach avaitremarqué la veille ». Le capitainede l’équipe de ski des Carabins,Dominique Rolland, étudiant endroit, a terminé deuxième lors de ladernière course avec 1min 59s 63.

Un nouveau coach

Entraîneur de l’équipe masculine deski alpin des Carabins depuisnovembre 2012, Sébastien Michel aété rapidement apprécié par sesjeunes athlètes. « Avoir un coachpassionné et dévoué, ça aide tou-jours à produire de bons résul-tats », explique Olivier Bouvier-Johnston.

Sébastien Michel, ancien entraîneuren chef de l’équipe paralympiquecanadienne de ski alpin, se félicitede cette première compétition.« C’est un très bon début, bienqu’il reste du travail à faire pour

certains», déclare-t-il. Même si leschronomètres déficients et lesintempéries ont retardé certainsdéparts, l’entraineur a su garder sonéquipe concentrée en les encoura-geant pendant et entre les courses.«C’est réconfortant de les voir réa-liser les mêmes temps qu’aux

entraînements, explique M. Michel.Malgré la mauvaise visibilité et lesgros trous sur le parcours, tout lemonde était prêt et confiant. »

Sébastien Michel est satisfait du bonesprit d’équipe qui règne dans legroupe. «Malgré la nature indivi-

duelle du ski alpin, chacun s’en-courage», reconnaît-il.

Les Carabins participeront à l’épreuvede slalom géant qui aura lieu les 8 et9 février prochains au mont Tremblant.

FANNY TEXIER

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L’équipe féminine des Carabins a gagné trois médailles d’or à l’épreuve du slalom au mont saint-sauveur. Victoria stevens a enregistré le meilleur temps cumulatif chez les filles.

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Quartier Libre : Comment vous est venuel’idée d’écrire ce livre qui prend positionen faveur de la gratuité scolaire ?

Michel Seymour : Le printemps érable estarrivé comme quelque chose d’inespéré. Il afait renaître des espoirs enfouis en moi, je mesuis complètement identifié à la lutte.Augmenter les droits de scolarité signifiait,pour moi, défoncer le modèle social-démo-crate québécois. En mai, j’ai écrit un articledans Le Devoir, intitulé « John Rawls contre laconception entrepreneuriale de l’Université. »Il a provoqué un grand retentissement. C’est àpartir de ce moment que m’est venue l’idéed’écrire ce livre.

Q. L. : Comment la philo peut-elle nousaider à penser ou à repenser notremodèle d’éducation supérieure ?

M. S. : Je suis très influencé par le philosopheaméricain John Rawls. Alors, j’ai voulu faireparler sa pensée, très abstraite, dans lecontexte concret de notre société. Je suis parti

de l’un de ses principes fondamentaux : celuide la juste égalité des chances (voir encadré),qui s’incarne parfaitement dans le systèmed’éducation. Pour le respecter, il faut avoir unsystème éducatif universellement accessible,quelles que soient les origines de classe et lesconditions économiques. Or, comme je ledémontre dans mon livre, les droits de scola-rité nuisent à l’accessibilité. C’est prouvé queles enfants de familles aisées vont à l’univer-sité dans une plus grande proportion que ceuxdes familles plus pauvres.

«S’il�y�a�un�compromis�à�faire�pour�le�moment,c’est�le�gel,�mais�en�tantque�solution�lente�vers�la�gratuité. »MiCHeL seyMourProfesseur de philosophie à l’UdeM

Q. L. : Dans votre livre, vous réfutez l’idéede moduler les droits de scolarité selonle domaine d’étude, en fonction descoûts de la formation et des perspectivesde revenus. Pourquoi êtes-vous contrecette idée partagée par le recteur del’UdeM, Guy Breton, et le Parti libéral duQuébec ?

M. S. : Non seulement les frais de scolaritésconstituent un frein, mais des frais de scola-rité encore plus élevés pour certaines disci-plines, comme la médecine, réserveraient cesdomaines aux personnes issues de milieuxaisés. Les droits de scolarité, c’est injuste ; lesdroits de scolarité modulés, c’est encore plusinjuste.

Q. L. : Le chroniqueur de The GazetteHenry Aubin a récemment proposé decréer un système universitaire à deuxvitesses. Il y aurait d’un côté des univer-sités d’excellence et de recherche auxdroits de scolarité élevés, comme McGillet l’UdeM, et de l’autre des universités,

comme l’UQAM et Concordia, qui offri-raient une formation abordable. Qu’enpensez-vous ?

M. S. : C’est une idée complètement farfelue etabsurde. Il est scandaleux de vouloir séparerles universités comme ça. Dans mon livre, j’ex-plique que, si une hiérarchie entre les universi-tés peut fonctionner aux États-Unis, au Québec,notre nombre d’universités est trop restreint.

Repenser l’universitéMichel Seymour est professeur de philosophie à l’UdeM. Son nouveau livre, Une idée de l’université. Propositions d’unprofesseur militant, est une contribution engagée au débat sur l’éducation supérieure au Québec. Il sera disponible le5 février, juste à temps pour le Sommet sur l’enseignement supérieur.

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Toutes nos universités doivent donc remplir desfonctions de recherche et d’enseignement. Créerdes divisions entrainerait plus de problèmes quede solutions. Par ailleurs, l’UQAM et Concordiafont de la recherche dans des secteurs souventnon exploités par les universités traditionnelles.

Q. L. : Espérez-vous que votre livrepuisse avoir un impact sur les décisionsgouvernementales ?

M. S. : Il en aurait peut-être si nous étionsdans une société ouverte aux intellectuels.Mais, si c’était le cas, nous n’aurions pas desdébats de société comme celui que nousavons actuellement sur l’éducation. Un anti-intellectualisme très présent crée un rapportde force où les groupes de pression ont plusde poids. Et, c’est parce qu’il existe ce rapportde force que le gouvernement veut couper lapoire en deux.

Comme par hasard, le montant actuel desdroits de scolarité serait la somme juste, etl’indexer permettrait d’arriver à un com-promis. Cette solution est inacceptable, carelle présuppose que le montant actuel estjuste, alors qu’il ne l’est pas. C’est un com-promis purement politique. S’il y a un com-promis à faire pour le moment, c’est le gel,mais en tant que solution lente vers la gra-tuité.

En revanche, c’est un débat qui va se pour-suivre. Je pense que mon livre et les contri-butions de plusieurs autres intellectuelsvont avoir un impact, mais à plus longterme.

Q. L. : Qu’attendez-vous du Sommet surl’enseignement supérieur qui aura lieules 25 et 26 février prochains ?

M. S. : Je pense qu’il ne faut pas tout miser surce Sommet. Il touche à des débats de sociététellement importants que des rencontrespériodiques et des groupes de réflexion doi-vent continuer par la suite. Si nous espéronsarriver à une solution en deux jours, c’estperdu d’avance.

Personnellement, je n’ai pas reçu d’invitation,et je n’ai pas cherché à en avoir. J’exprimemon point de vue dans mon livre et je vaispouvoir me manifester dans les médias. Cesera ma façon de participer à la réflexion.

RAPHAËLLE CORBEIL

Michel SeymourUne idée de l’université.Propositions d’un professeur militant Éditions du Boréal216 pages, 24,95 $

ps érable a conduit le professeur de philosophie de l’udeM Michel seymour à rédiger ouveau livre Une idée de l’université. Propositions d’un professeur militant.

LE PRINCIPE DE JUSTEÉGALITÉ DES CHANCES

« Cette idée est en fait l’équivalent duprincipe d’accessibilité qui a été au cœurdu débat sur les droits de scolarité »,explique Michel Seymour dans son livre.

Développé par le philosophe américainJohn Rawls, le principe de juste égalité deschances implique que fonder l’accès àl’emploi ou à l’éducation sur le mérite nesuffit pas pour atteindre l’égalité deschances.

Il faut également neutraliser les effets desorigines sociales. L’État doit donc agir pour«empêcher que les différences socioéco-nomiques n’interviennent au détrimentdes moins fortunés», écrit M. Seymour.

Pour cela, les pouvoirs publics doivent lut-ter contre les discriminations et les préju-gés, mais également consacrer des res-sources pour intervenir auprès des plusdéfavorisés afin de compenser les inégali-tés avec les autres. (Fanny bourel)

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É tudiant à HEC, PatrickGroulx a fait le saut dans lemonde des affaires l’été

dernier avec deux de ses bons amis.Ayant tous les trois fréquenté leCollège Saint-Louis, ils y ont déve-loppé un amour de la technique descène lors d’activités bénévoles.«S’associer est venu tout naturel-lement, affirme-t-il. On s’ennuyaitde s’occuper du son et de l’éclai-rage, alors on a eu l’idée de mettresur pied notre entreprise. » Leursociété, Teck 3, offre des services etdes équipements pour divers événe-ments.

Une crise qui a fait mal

Le contexte économique a pourtantété peu propice à l’entrepreneuriatces dernières années. La crise éco-nomique a eu un grave impact surles jeunes entreprises. « Cettepériode a été très difficile», se rap-pelle la directrice générale du Centred’entrepreneurship HEC-POLY-UdeM, Paule Tardif. En 16 ansd’existence, le Centre a aidé à lacréation de 170 sociétés, dont106 existent encore aujourd’hui.« Certaines entreprises qui exis-taient depuis déjà quatre à septans ont bien failli fermer en2008», ajoute-t-elle.

Depuis 2008, le nombre de jeunesse lançant en affaires reste, malgrétout, plutôt stable selon Mme Tardif.Un constat que partage le directeurgénéral de Qualité Étudiants etVitres.net, Guillaume Cloutier. Cesdeux sociétés proposent respective-ment des services de peinture rési-dentielle et de nettoyage de vitres.Elles regroupent 110 étudiantsentrepreneurs exploitant ces ser-vices sous contrat de franchise.«Qualité Étudiants a été peu tou-chée, explique-t-il, car il s’agitd’une franchise. Le plan d’affairesest déjà monté et les étudiants sontbien encadrés. »

Ces entrepreneurs en herbe nerépondent pas à un profil type. Pare x emp l e , d e s f r a n ch i s é s d eQualité Étudiants et Vitres.net étu-dient en microbiologie ou en ensei-gnement. Seul point commun entreles étudiants entrepreneurs : la moti-vation. «Pour réussir, il ne faut pascompter ses heures et ne pas avoirpour objectif de devenir riche, croitM. Groulx. Car, il faut environ troisans avant d’avoir un niveau de vie

raisonnable grâce aux revenus deson entreprise. »

Devenir un entrepreneur sans pourautant démarrer à zéro est égale-ment possible. « De nombreusesPME se retrouvent sans relève avecle vieillissement de la population,explique Mme Tardif. Un jeu deséduction commence alors auprèsdes entrepreneurs étudiants ayantdu potentiel pour qu’ils devien-nent associés ou bien pour qu’ilsacquièrent une PME. » En 2010,u n e é t u d e d u m i n i s t è r e d uDéveloppement économique, del’Innovation et de l’Exportation rap-portait en effet que 70 % des PME nesurvivent pas à la retraite de l’entre-preneur fondateur.

Génération entrepreneuriale

Selon Mme Tardif, la valorisation del’entrepreneuriat a porté ses fruitsauprès des jeunes. « Lancer uneentreprise est de moins en moinsmarginal de nos jours, dit-elle. Onparle plus de démarrage d’entre-prise, d’économie sociale, d’entre-preneurship.» Plus mobiles que lesgénérations précédentes, les jeunes

veulent apporter leur vision et ne sevoient pas rester au sein d’une mêmesociété pendant 15 ou 20 ans. «Ilspossèdent une soif de vaincre »,affirme M. Cloutier.

La jeunesse est également un atoutselon le président du Club d’entre-preneurs étudiants du CollègeMaisonneuve, Ludovic Painchaud-Tremblay. En 2011, il a décidé de lan-cer Groupe Envergure, sa compagniede gestion d’évènements alors qu’iln’avait que 18 ans. « Je préféraiscommettre des erreurs d’entrepre-neur débutant à 18 ans plutôt qu’à35 ans, car cela a moins de consé-quences», avance-t-il.

Une personne avec une famille et unemploi stable a moins tendance àtout mettre de côté pour se lancer enaffaires. Mais, même s’ils n’ont pasd’enfants à élever, les jeunes entre-preneurs font face à des défis. Leplus grand d’entre eux est la conci-liation études-vie professionnelle.Pour la réussir, certains allègentl e u r s s e s s i o n s c o m m eM. Painchaud-Tremblay. « Pourmoi, l’implication concrète vautplus qu’un diplôme », constatecelui qui souligne tout de même la

difficulté parfois des relations avecl e s a s s o c i é s e t l ’ é r e i n t a n t erecherche de contrats.

L’entrepreneuriat étudiant est doncavant tout un apprentissage pour lesgens d’affaires de demain. « J’aiappris qu’il est important de faireparler de soi et de son entreprisepour réussir. Un de mes contratsvient d’une connaissance que je

n ’ava i s pas vue depui s de slustres ! » s’exclame M. Groulx.L’humilité est aussi une qualité queM. Painchaud-Tremblay pense avoiracquise en commettant des erreurs.Mais, ces errements en valaient lapeine selon lui. «L’entrepreneuriatest, pour moi, plus qu’une passion.C’est un mode de vie. »

JASMINE JOLIN

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Des étudiants tentent l’aventure

L’entrepreneuriat étudiant se porte-t-il bien au Québec? Malgré la crise économique de2008, les jeunes semblent plus que jamais posséder la fibre entrepreneuriale.

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L'étudiant à HeC patrick Groulx a créé teck 3, une entreprise qui fournit notamment du matériel de sonorisation.

À LA RECHERCHE D’UN CONCEPT ?

Trouver une idée d’affaires est parfois un frein à la création d’entre-prise pour les étudiants. Le Centre d’entrepreneurship HEC-POLY-UdeM a donc proposé un atelier sur ce thème le 22 janvier dernier.Connaître ses valeurs et ses passions personnelles est essentiel pourdévelopper l’imagination entrepreneuriale. «L’idée d’entreprise nedoit pas être très éloignée de qui nous sommes», affirme la direc-trice générale du Centre, Paule Tardif. Le réseautage est aussi unebonne façon de faire naître l’inspiration.

L’idée va également surgir de la nécessité de combler un besoinexistant. C’est en attendant avec sa fille dans une clinique pourqu’elle voie un médecin que l’étudiant de l’École polytechnique,Pierre Lafrance, a imaginé un système d’attente virtuelle permettantde suivre en temps direct l’état d’attente à partir de son téléphonecellulaire. Lauréat de l’édition 2009 du concours annuel duCentre d’entrepreneurship, il a fondé son entreprise, Technowait,pour commercialiser son invention.

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Tous solopreneurs demain?Être son propre patron séduit de plus en plus de Québécois, notamment les jeunes. Quinzepourcent de la population active est composée de travailleurs autonomes, dont des étudiants.Cette tendance devrait se poursuivre à l’avenir grâce aux nouvelles technologies et à la «projectisation» du travail.

SOC IÉTÉ DOSS I ER ENTREPRENEUR IAT

J osiane Stratis est étudiante enjournalisme à l’UdeM. Adeptede mode, elle a fait de sa pas-

sion son domaine d’affaires. Elle estprésentement journaliste, anima-trice, consultante ainsi que blo-gueuse pour un site de mode qu’ellea cofondé, tonpetitlook.com. « Jecollabore sur plusieurs projets enmême temps. Cela me permet detoujours travailler sur de nouvelleschoses», se réjouit-elle.

«Être�solopreneur�tedonne�un�contrôlesur�ton�destin.»tHoMas FreyFuturologue

L’avenir de l’emploi est aux solopre-neurs, ces travailleurs autonomes quise considèrent comme de véritablespetites entreprises selon le futuro-logue américain Thomas Frey. Il estégalement fondateur du DavinciInstitute, un think tank consacré àl’étude du futur. Cette évolution s’ex-plique notamment par la projectisa-tion de plus en plus grande du travail,c’est-à-dire son organisation sousforme de projets plutôt que de pro-cessus continus. «Présentement, unAméricain a occupé en moyenneonze emplois avant l’âge de 30 ans,souligne-t-il. Et dans dix ans, unjeune de 30 ans aura travaillé sur200 à 300 projets.»

M. Frey croit que les solopreneursd’un même domaine se rassemble-ront en espaces physiques et virtuelsqu’il appelle «business colonies».Il y aurait, par exemple, des «busi-ness colonies » dédiées aux ingé-nieurs, aux programmeurs, auxrédacteurs. «Les business coloniespermettront de travailler dans unenvironnement favorable et demaintenir une bonne réputation,ce qui est très important lorsqu’ontravaille par projet et par contrat»,détaille-t-il.

Le professeur de sociologie àl’UdeM, Jacques Hamel, constateégalement cette tendance au travailen solo. «Ce n’est pas un phéno-mène totalement nouveau, mais ilfait boule de neige, surtout depuisla crise de 2008 », explique celuiqui est à la fois sociologue de la jeu-nesse et du travail. Les étudiantsn’échappent donc pas au phéno-mène. « Des étudiants en multi-média et en informatique tra-vaillent à leur propre compte,d’autres en sciences sociales sontaussi recherchistes, journalistesou consultants, remarque-t-il. Il y amême des infirmières qui tra-vaillent sur contrat et sur appel».

M. Hamel émet toute fo is desréserves quant aux prédictions deM. Frey. « Il est clair que desdomaines comme la médecine, letravail social, le droit, le génie neseront pas touchés par ce phéno-mène», pense-t-il. Le sociologue ne

croit pas une disparition totale dusalariat. « Il est normal que desjeunes aient des emplois sur appelou sur contrat, à la sortie desétudes, note le sociologue. Mais ilsvont souvent finir par obtenir desemplois plus traditionnels et plusstables. »

Un désir de liberté

Être libre de choisir ses horaires, lesprojets sur lesquels collaborer, sonlieu de travail sont autant de raisonsqui poussent des personnes à deve-nir des solopreneurs. Fuir la routinedes bureaux et avoir le sentimentque son travail a vraiment un impactexpliquent le choix du solopreneuret ancien étudiant de l’UdeM DavidLepage. Son affaire marche bien.« J’ai reçu environ vingt contratsde pigiste ces deux dernièresannées, se félicite-t-il. J’ai fait dugraphisme, de la rédaction et j’aidéveloppé des sites web.»

Les jeunes de la génération Y sontparticulièrement attirés par ce typed’entrepreneuriat, car ils sont à larecherche de mobilité et d’autono-mie. « Je pense que je suis faitepour travailler de chez moi, et jeveux pouvoir créer mon proprehoraire, analyse Josiane. Je croisaussi qu’il y a aussi une tendancevers ce genre de travail. 80 % demes amis travaillent commepigistes. » De plus, devenir entre-preneur solo nécessite peu d’ar-gent au départ, et le fait de ne pas

avoir d’employés est moins contrai-gnant.

Dans le cadre de ce qu’il appelle«The Empire of One», Thomas Freycroit que la tendance au soloentre-preunariat n’en est qu’à ses débuts.« Être solopreneur te donne uncontrôle sur ton destin, déclare-t-il. Et plusieurs de nos héros commeSteve Jobs, Bill Gates, Walt Disneyou Henry Ford sont des entrepre-

neurs.» Un sentiment que partage leprogrammeur informatique VincentRoy. «Ou tu réalises les rêves desautres, ou tu réalises les tiens »,résume ce solopreneur heureux.Travailleur indépendant prospère,son activité lui laisse en effet dutemps pour se consacrer à dévelop-per une dizaine de projets person-nels.

ERIC DEGUIRE

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«Je veux pouvoir créer mon propre horaire», explique l’étudiante en journalisme à l’udeM josiane stratis qui travaille à son compte dans le domaine de la mode.

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Quelle place pour l’anglais à l’UdeM?

Malgré une politique linguistique garantissant l’utilisation du français, l’anglais s’immisce dansla quatrième université francophone au monde. La communauté universitaire constate que lebilinguisme est devenu un passage obligé.

«A u début, c’était unchoc de voir toutesles lectures obliga-

toires en anglais», admet le prési-dent de l’Association des étudiantsen science politique et études inter-nationales de l’UdeM (AESPEIUM)et étudiant au baccalauréat enscience politique, Nicolas Lavallée.« On comprend assez vite qu’onn’a pas le choix, car la majoritédes travaux universitaires ensciences politiques est publiée enanglais. »

«Tout�se�bilinguise.Alors�que�le�français�est�menacéà�Montréal,�onfinance�de�manièredisproportionnéedes�universitésanglophones. »Mario beauLieuPrésident général de la Société Saint-Jean Baptiste

Dans le cadre d’un cours portant surle Moyen-Âge, l’étudiant en histoireSamuel Lapierre a dû analyser unlong texte en anglais pour son exa-men de fin de session. « Je medébrouille bien en anglais, mais ilme semble que nous sommes dansune université francophone,affirme-t-il. Certains étudiants onttrouvé comme moi que c’était exa-géré.» Et, il n’est pas le seul danscette situation. «Six étudiants sontdéjà venus se plaindre des lecturesen anglais pour le travail de ses-sion», confirme le professeur en his-toire à l’UdeM François Furstenberg.Il affirme que ces étudiants étaienttous d’origine française. « LesQuébécois sont généralement plusforts en anglais ou n’avouent pasqu’ils ont de la difficulté», croit lespécialiste de l’histoire des États-Unis.

Une langue omniprésente

Tous les étudiants ne voient pas leslectures en anglais d’un mauvais œil.«On ne peut pas exclure le mondeanglophone, estime l’étudiant en

science politique Tom Nasr. L’ouver -ture sur le monde universitaire,c’est aussi l’ouverture sur cemonde-là. La langue anglaise per-met de mieux saisir certainsconcepts. »

Plus l’étudiant avance dans son cur-sus universitaire, plus les lectures enfrançais se font rares. «Aux cyclessupérieurs, où les activités derecherche occupent une place cen-trale dans le parcours universi-taire des étudiants, il est fort pos-sible qu’une large part des lecturesdonnées par les professeurs soit enanglais», admet la vice-rectrice auxrelations internationales, à laFrancophonie et aux partenariatsinstitutionnels de l’UdeM, HélèneDavid. Cette situation s’observepourtant au premier cycle selonM. Furstenberg. « En premièreannée, les lectures sont surtout enfrançais, en deuxième année, c’estmoitié-moitié et en troisièmeannée, el les sont surtout enanglais. »

Ne recommander que des textes enlangue française n’est pas toujoursfaisable selon la chargée de coursau département de communicationde l’UdeM Joëlle Basque. Certainesthéories sont parfois surtout abor-dées par la recherche universitaireanglo-saxonne. «Comme le stipulela politique linguistique de l’UdeM,je donne toujours l’équivalent enfrançais d’un texte anglais si celaest possible», affirme Mme Basque.

Des professeurs en difficulté

Autre problème soulevé par les étu-diants : des professeurs non franco-phones se retrouvent parfois à utili-ser des mots anglais ou maîtrisentmal le français ce qui nuit à leurenseignement. « L’accent ne medérange pas, mais il y a des res-ponsables d’ateliers dont la mau-vaise maîtrise du français com-plique la compréhension dutravail», souligne l’étudiant en éco-nomie politique Antoine Phaneuf.

Selon Mme David, trois options s’of-frent aux étudiants dans ce cas. « Lapremière chose à faire est d’enparler avec l’enseignant concernéet, au besoin, avec le directeur deprogramme ou de département »,explique-t-elle par courriel. Ce der-

nier pourra alors inciter le profes-seur à bénéficier du programme deperfectionnement du français offertpar l’UdeM. Les étudiants peuventaussi faire part de leur insatisfac-tion lorsqu’ils remplissent le ques-tionnaire d’évaluation du cours enfin de session ou déposer unepla in te auprès du bureau deMme David.

Mme Basque juge que la candidatured’un professeur ne devrait pas êtrerefusée même s’il ne maîtrise pasbien le français. «Dans mon dépar-tement, les enseignants venus del’étranger s’améliorent assez rapi-dement en français », dit-elle.Mme David partage cette opinion.« Toutefois, précise-t-elle, le titu-laire d’un poste menant à la per-manence qui ne connaît pas ou nemaîtrise pas suffisamment le fran-çais a […] un délai maximal detrois ans pour se conformer à larègle générale. »

Le président général de la SociétéSaint-Jean Baptiste, Mario Beaulieu,se montre plus sombre sur la situa-tion du français à l’UdeM. «Tout sebilinguise, se désole celui qui a reçudes plaintes à ce sujet. Alors que lefrançais est menacé à Montréal,on finance de manière dispropor-tionnée des universités anglo-phones.»

Selon une étude du politologueMarc Chevrier, les universités anglo-phones québécoises recevaient 27 %des subventions normées en 2008,bien que les Québécois de languematernelle anglaise ne représen-taient que 8,2 % de la population.

M. Beaulieu estime que ce surfinan-cement incite les universités franco-phones à se bilinguiser pour attirerdavantage la clientèle internationaleet les subventions.

CHRISTOPHE PERRON-MARTEL

SOC IÉTÉ B I L INGU ISME

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La plupart des lectures recommandées sur ce plan de cours de science politique sont en anglais.

LA POLITIQUE LINGUISTIQUE DE L’UdeM :

• vise notamment à être conforme à la Charte de la langue fran-çaise• spécifie que l’udeM est clairement une université francophoneà rayonnement international• stipule que si un texte équivalent d’un texte anglais existe en fran-çais, c’est-à-dire aussi pertinent et de bonne qualité, il doit êtrepriorisé• officialise, conformément à la Charte de la langue française, ledroit de pouvoir travailler en français des employés de l’établisse-ment• précise que tous les employés doivent pouvoir communiquer defaçon minimale en français et que l’employé souhaitant accéder àla permanence se doit de maîtriser le français dans un délai maxi-mal de trois ans

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D epuis l’échec du projet detransformation de cetespace en résidences étu-

diantes et en pavillons universitaires,l’îlot Voyageur est toujours désaffecté.L’UTILE propose donc d’y créer unecoopérative d’habitation étudiantepour remédier au manque de loge-ments en réaction à la hausse desloyers à Montréal. Le groupe a adresséen décembre une lettre à la pre-mière ministre Pauline Marois ainsiqu’aux membres de son gouverne-ment, pour demander l’arrêt duprocessus de vente de l’îlot Voyageurà un promoteur privé.

Des organisations de la communautéétudiante ont également signé cettelettre afin que le complexe immo-bilier reste de propriété publique età caractère social. «Nous espéronsque l’appui de la société civile, despartis d’opposition, et des associ-ations et fédérations étudiantesfasse bouger les choses », déclarele chargé de projet de l’UTILE,Laurent Lévesque, qui est égalementétudiant en urbanisme et auxiliaired’enseignement à l’UQAM.

«Nous�voulonsd’abord�assurer�des�logements�abordables�pour�les�étudiants�surl’îlot Voyageur,�puis�ailleurs. »Laurent LÉVesQueChargé de projet de l’Unité de Travailpour l’Implantation de Logement Étudiant (UTILE)

Répondre positivement à l’invitationdu groupe allait de soi pour laFédération étudiante universitaire duQuébec (FEUQ). « Nous sommestrès heureux d’aider ce projet por-teur qui va changer en bien levisage de ces bâtiments, affirme saprésidente, Martine Desjardins. Ilfaut continuer de pousser pourque le gouvernement s’en mêle.C’est plus facile pour nous d’avoirdu monde à notre écoute, car nous

avons facilement accès à certainesautorités, par exemple.»

La Fédération nationale des ensei-gnantes et des enseignants duQuébec (FNEEQ) est également ent-housiaste. «Le projet est très bienmonté, en particulier sur la ques-tion des finances, estime son vice-président, Sylvain Marois. Il mérited’être porté en avant. »

L’UTILE ne veut pas que l’îlot Voyageursoit son seul fait d’armes, vu le grandengouement que suscite le projet. Prèsde 150 partenaires, partisans et élusont assisté au lancement du projet le16 janvier dernier. Cet intérêt marquéamène l’UTILE à envisager d’élargirson domaine d’action. «Nous voulonsd’abord assurer des logements abor-dables pour les étudiants surl’îlot Voyageur, puis ailleurs, et pasqu’à Montréal», déclare M. Lévesque.L’UTILE demande une subventiond’environ 9,3 millions de dollars augouvernement dans le but de créer600 chambres étudiantes sur le site.

BASTIEN POTEREAU

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L’exemple sherbrookois

Pour son projet, l’UTILE s’est inspiré de l’Estudiantine, unecoopérative d’habitation étudiante qui existe depuis 2006à Sherbrooke.

L es 155 chambres, regroupées pour certaines en appartements,sont louées entre 366 et 396 $ par mois, tout inclus. Les non-membres de la coopérative payent une vingtaine de dollars sup-

plémentaires. Les autres s’acquittent d’une part sociale de 200 $ à leurentrée dans la coopérative. Ce montant leur est remboursé au momentde leur départ.

Le fait d’être membre de la coopérative leur donne le droit de donnerleur avis et de participer à la vie de la coopérative. «Dans les faits, env-iron 10 % des étudiants s’impliquent, par exemple en déneigeantquand il y a une tempête, en étant membre du conseil d’adminis-tration ou d’un comité comme celui sur l’environnement, précise lacoordinatrice de l’Estudiantine, Valérie Dussault. Mais, comme deuxpersonnes, dont moi-même, qui assurent la gestion de manière per-manente, cela ne pose pas problème.» Les étudiants de l’Université deSherbrooke, située à 15 minutes en autobus, sont prioritaires sur lesautres. Ceux qui partent pour l’été ont la possibilité de sous-louer ou decéder leur bail à une personne qui n’est pas étudiante.

Le doctorant en éducation Khoi Mai Huy est l’un des résidents del’Estudiantine. Il y a emménagé en 2010 après huit mois de colocationdans une vieille maison excentrée, qu’il partageait avec cinq autres per-sonnes. « J’ai choisi l’Estudiantine, car je voulais habiter en villepour être près du supermarché, des cinémas, explique-t-il, ravi de sonlogement. Puis, l’appartement où je vis avec deux autres étudiantsest propre et presque neuf. » Il paye un loyer mensuel de 381 $, con-tre 400 $ dans son ancienne colocation.

C’est en 2005 que l’idée d’une coopérative d’habitation étudiante a vule jour après que des étudiants de l’Université de Sherbrooke aient misen lumière le manque de logements étudiants dans la ville. Différentspartenaires se sont donc unis pour construire l’Estudiantine. La villea vendu les terrains à bas prix, la Caisse Desjardins a octroyé un prêtde 5M $ que l’Université et les associations étudiantes ont garanti. LesFédérations de coopératives d’habitation de l’Estrie et des Cantonsde l’Est ont fourni un soutien technique. D’ailleurs, cette dernièregère aujourd’hui l’Estudiantine, qui s’autofinance depuis son ouver-ture.

FANNY BOUREL

L’Unité de Travail pour l’Implantation de Logement Étudiant (UTILE) souhaite redonner àl’îlot Voyageur sa vocation étudiante initiale en lançant un projet de coopérative d’habitationétudiante. Une idée notamment soutenue par la communauté étudiante.

Un projet de coop pour l’îlot VoyageurLOGEMENT ÉTUD IANTSOC IÉTÉ

L’îlot Voyageur est désaffecté depuis son rachat en 2010 par le gouvernement provincial suite à l’échec du projet

de transformation du lieu mené par l’uQaM.

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A lain Deneault, égalementchargé de cours en sciencepolitique à l’UdeM, signe

en 2008 le livre Noir Canada :pillage, corruption et criminalitéen Afrique, cet ouvrage recense lespratiques abusives des minièrescanadiennes en territoire africain.Barrick Gold, la plus importantesociété aurifère du monde, décidealors de les poursuivre, lui, ses coau-teurs et la maison d’édition Écoso-ciété, pour la somme de six millionsde dollars.

Intéressé par l ’af faire, Jul ienFréchette contacte les intimés de lapoursuite-bâillon. Alain Deneault luipropose de « filmer ce qu’il veut,discrètement.»

Le documentaire, qui visait à la baseà dresser un portrait général desStrategic Lawsuit Againt PublicParticipation (SLAPP) – ces pour-suites judiciaires démesurées quivisent à entraver le militantisme – apris la forme de quelque chose debeaucoup plus personnel.

L’ampleur considérable qu’a eu l’affaire sur les vies d’Alain Deneault,de ses collaborateurs et des em -ployés des Éditions Écosociété estdevenue la trame narrative du film.

Julien Fréchette a pu étendre la pro-duction sur une période de quatreans grâce à l’appui de l’Office natio-nal du film (ONF). « Je ne pouvaispas arrêter le film tant que cen’était pas fini», confesse-t-il.

Un thriller judiciaire

«“Le Prix des mots” est indéniable-ment un film avec une approcheintimiste, rapporte le réalisateur. Ilsuit le processus d’un auteur et deson éditeur qui sont convaincus deleur droit d’écrire un livre. »Alain Deneault et ses collègues sontpris au piège dans une arène judi-ciaire kafkaïenne : interrogatoiresprolongés, procédures interminables,jargon juridique incompréhensible.Se déroule alors un véritable thrillerjudiciaire où l’intrigue et la tensionsont omniprésentes.

Julien Fréchette s’immisce discrète-ment dans le quotidien des protago-nistes dont la vie de tous les jourstourne brusquement au cauchemar àcause d’un procès démesuré. Le Prixdes Mots est avant tout pour lui «unobjet cinématographique quiamène à nous poser des questions.»

M. Deneault ne pèse pas ses mots. «Jen’ai pas eu de vie pendant quatreans.» Toutefois, le film est opportunselon lui. «Le documentaire s’intègreà la nécessité de cette lutte-là, estimel’auteur. Il apporte une sensibilitéesthétique et émotive à une affairecomplexe et très intelligible.»

Le documentaire met également enscène l’inégalité qui existe à l’inté-rieur du système judiciaire entre lecitoyen ordinaire et une multinatio-nale comme Barrick Gold. «Le filmévoque l’idée que notre système dejustice est absolument corrompu

par l’argent, précise M. Denault. Ildémontre comment des gens sansmoyens se battent contre des mul-tinationales. »

Malgré la couverture médiatique desévénements, la plupart des gens igno-rent tout de cet épisode marquant dela justice québécoise. «À mon avis,c’est une cause importante et onn’en a pas beaucoup entendu par-ler», souligne Julien Fréchette. C’estaussi l’opinion de Francis Grenier,un spectateur croisé lors de lagrande première du film aux Ren -contres internationales du docu-mentaire de Montréal (RIDM) ennovembre dernier. «J’avais entendubrièvement parler du fameux livre[Noir Canada], mais sans vraimenten connaître la pertinence, confieM. Grenier. Le documentaire étaitune pure découverte.»

Alain Deneault ne s’est pas résigné ausilence, bien au contraire. « Il estimportant de tenir un débat publicsur les règles qui définissent l’acti-vité des minières canadiennes etd’instaurer une commission d’en-quête indépendante sur leurs agis-sements à l’étranger», souligne-t-il. L’auteur a publié quatre livresdepuis Noir Canada, dont Paradissous terre, qui explique comment leCanada est devenu la plaque tournantede l’industrie minière mondiale.

PIER-OLIVIER BOUDREAULT

Le Prix des MotsCinéma Excentris dès le 8 février

Le silence est d’orLe réalisateur Julien Fréchette a suivi durant quatre ans l’auteur du livre Noir Canada, Alain Deneault,afin de produire son documentaire Le Prix des Mots. Le film relate la saga judiciaire entreBarrick Gold et la maison d’édition Écosociété.

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QUARTIER L!BRE • Vol. 20 • numéro 10 • 30 janvier 2013 • Page 19

U ne carcasse d’autobus etquelques bancs isolés jon-chent la scène. C’est ici que

tout commence. Max, interprété parl’étudiant en droit Étienne Cloutier,se met à entendre les pensées desgens qu’il côtoie dans l’autobus. Uneexpérience surnaturelle qui le pousseà se questionner sur sa propre iden-tité. «Au départ, Max est un acteurégocentrique qui ne s’intéresse pasaux autres, et il est tranquillementobligé de faire preuve de compas-sion en s’immisçant peu à peu dansla vie de ces gens», raconte Étienne,qui dénote une «très grande» évo-lution psychologique du personnageentre le début et la fin de la pièce.

«Le public peut s’attendre à vivreune “expérience théâtrale” »,affirme le metteur en scène etdiplômé en théâtre de l’UQAM,Laurent Trudel. Une représentationqui impliquera le spectateur. « Cequ’on veut, c’est que le spectateursoit avec les personnages du débutà la fin et qu’il ressente de la com-passion pour eux, explique celuiqui signe ici sa deuxième mise enscène pour la troupe du TUM. Toutdoit se faire pour que le spectateurse sente dans le spectacle. »

Reflets de société

Désordre public, c’est aussi l’histoiredes personnages qui se greffent à lavie de Max, des gens comme vous etmoi, avec leurs problèmes et leursbêtes noires. «Je suis certaine que les

gens vont se reconnaître. À la lec-ture du texte, je me disais parfois :“moi aussi, je fais ça!”» avoue l’étu-diante en histoire Gabrielle Hamelin.Elle prête ses traits à Nathalie, unejeune femme vouant une admirationprofonde pour l’ex-blonde de Max, labelle et séduisante Ariane.

«Avant,�comme�toutle�monde,�je�mettaismes�écouteurs,�et�je�ne�m’occupaispas�des�autres.Maintenant,�j’essaiede�remarquer�comment�les�autresinteragissent. »Étienne CLoutierÉtudiant en droit qui interprète Max

Metteur en scène et comédiens s’en-tendent pour dire que la pièce sus-cite une réflexion sur la compassion.« Que se passerait-il si tout lemonde s’ouvrait, si tout le mondese parlait l’un l’autre ?» se ques-tionne Laurent Trudel, qui dit avoirété « touché» par le texte d’Évelynede la Chenelière.

L’interprète de Max affirme mêmefaire preuve de plus d’ouverture

dans sa propre vie. «Avant, commetout le monde, je mettais mesécouteurs et je ne m’occupais pasd e s a u t r e s , c on f i e É t i e nne .Maintenant, j’essaie de remarquercomment les autres interagissent.Je pense que ça m’a ouvert enmême temps que ça a ouvert monpersonnage.»

«C’est un spectacle très complexe.On saute parfois rapidementd’une scène à l’autre», soutient lemetteur en scène. Selon lui, le prin-cipal défi de la mise en scène, c’estd’ef fectuer des al lers-retours« constants » entre la fiction et laréalité. « Cette pièce a été écritedans l’urgence, pour bousculer lesconventions théâtrales, pourécrire autrement, renchérit-il. Onressent donc une précipitationdans le jeu des acteurs, et beau-coup de spontanéité. »

Les comédiens de la distributionapprécient l’esprit d’équipe et lasolidarité qui règnent au sein de latroupe. « Il y a beaucoup de gensqui étaient là l’an dernier et quiont de l’expérience, mais il y aaussi beaucoup de nouveaux quiapportent quelque chose d’inté-ressant», note Étienne, qui en est àsa deuxième participation.

LAURENCE B. LEMAIRE

Du 15 au 17 février 2013Centre d’essai, Pavillon J.-A.-DeSève

2332, boul. Édouard-Montpetit, 6e étage

Solitudes en communLa troupe de théâtre de l’UdeM (TUM) vous convie à une véritable «expérience théâtrale »avec la pièce Désordre public, écrite par l’auteure montréalaise Évelyne de la Chenelière. Neufétudiants de l’UdeM se donneront la réplique dans cette pièce qui sera présentée du 15 au17 février prochain au Centre d’essai du pavillon J.-A.-DeSève.

CULTURE THÉÂTRE À L’ U d eM

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CINÉ-CAMPUS

Étudiants : 4 $Carte Ciné-Campus : 30 $ pour 10 films

Employés UdeM : 20 % de rabais à la projection de 17 h 15

Employés UdeM et grand public : 5 $Carte Ciné-Campus : 40 $ pour 10 films

Centre d’essai / Pavillon J.-A.-DeSève2332, boul. Édouard-Montpetit, 6e étageMétro Édouard-Montpetit ou autobus 51

Info-FILMS :514 343-6524www.sac.umontreal.ca

Suivez-nous Activites.culturelles.UdeM @SAC_UdeM

5 et 6 févrierÀ 17 h 15 et 20 h

� Précédé du court-métrage Mulheres com coragemde Charlotte Marchesseault

Ayant comme toile de fond le conflit israélo-palestinien, ce film relateavec pudeur l'évolution des relations amicales, quasi impossibles, qu'entretient une jeune femme occidentale dont les valeurs seront bouleversées par les évènements.

INCH’ALLAH | V.o. françaiseDrame d’Anaïs Barbeau-Lavalette

12 et 13 févrierÀ 17 h 15, 19 h 30 et 21 h 30

Cette nouvelle adaptation cinématographique du roman de François Mauriac suit une femme froide et indifférente, peu à peu aliénée par une vie bourgeoise lourde de conventions et tracée d'avance.

THÉRÈSE DESQUEYROUXV.o. française

Drame de Claude Miller

DOLBY NUMÉRIQUE JANVIER-FÉVRIER 2013

Dans le cadre de la Semaine interculturelle

Étienne Cloutier interprèteMax, le personnage principal

de Désordre public.

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«L’ objectif principalest d’intéresser lesétudiants à la vie

intellectuelle, explique le directeurgénéral de Spirale, Patrick Poirier.Notre magazine est un des seuls àcompter sur une critique tradi-tionnelle au Québec. Il faut que larelève prenne sa place.» Ce prix estdonc une façon d’intéresser d’éven-tuels collaborateurs à ce magazine,qui remet déjà annuellement le prixSpirale Eva-Le-Grand au meilleuressai québécois de l’année.

Le genre de critique dite tradition-nelle auquel s’attendent les huit

membres du comité de rédaction deSpirale – qui décideront du gagnant– se situe entre l’article journalis-tique et l’analyse universitaire.« Nous voulons quelque chose debeaucoup plus étoffé qu’une cri-tique journalistique, indique M.Poirier. En même temps, nous nevoulons pas non plus des réfé-rences théoriques à n’en plusfinir. »

Le professeur à l’UQAM en étudeslittéraires et membre du comité derédaction de Spirale , SylvanoSantini, souhaitent que les étudiantsfassent la distinction entre critique et

prise de position. «On ne veut pasd’opinion du genre : “vous devriezlire ce livre”, dit-il. On veut plutôtque l’étudiant mette des sourceset établissent des relations et desassociations d’idées. Il pourrait,par exemple, faire entrer en dia-logue un historien de l’art avec sonœuvre choisie.»

La longueur de la critique désiréeest loin de l’essai. «On s’attend àdes critiques de 1000 à 1800 mots,indique M. Poirier. Si le texte est unpeu plus long, on ne le refusera pasnécessairement… sauf si celadépasse les 3800 mots. »

L’importance de l’œuvre

Pour le président éméri te del’Association internationale des cri-tiques d’art du Canada (AICA/Canada), Normand Biron, le cri-tique ne doit pas privilégier uneprise de position ou un style audétriment de la signification del ’œuvre. « L’im portant, c’estl’œuvre, avance-t-il. Le rôle du cri-tique est d’amener à voir et d’ac-compagner du regard l’oeuvre. Il ya des territoires que l’on parcourtavec les yeux et que l’on ouvreavec des mots », précise l’auteur dulivre L’artiste et le critique L’artpeut-il s’écrire ?

Dans l’absolu, le critique idéal pro-duirait une écriture qui elle-mêmeserait devenue une œuvre, croit M.Biron, également chargé de coursau Certificat en relations publiquesde l’UdeM. « Il faut être rigoureuxdans l’analyse de l’œuvre et per-sonnel dans l ’écriture, sanscraindre l’émotion, dit-il. Avec

une bonne connaissance de l’art,le jeune critique peut oser l’écri-ture, s’abandonner dans l’oeuvre,tout en fuyant le corset desmodes. »

Plus que tout, les jurés veulentrécompenser un étudiant qui auraitle potentiel d’écrire dans un maga-zine culturel. «On doit sentir quel’étudiant veut prendre la parole,ajoute M. Santini. Ce n’est pas justeune belle réussite de compositionqu’on désire récompenser, c’estégalement une plume distinctivequi voit plus loin que l’œuvre entant que telle. »

En plus d’un chèque-cadeau d’unevaleur de 1 000 $ à la librairieOlivieri, le gagnant verra son textepublié dans l’édition estivale deSpirale. Toutes les productions cul-turelles créées en 2012 sont accep-tées dans le concours, qu’elles serapportent à la musique, à la littéra-ture ou aux arts visuels.

OLIVIER BOISVERT-MAGNEN

L e sujet de cette année offre detrès grandes possibilités auxdessinateurs pour exprimer

leur créativité. Pour l’auteure de BD etancienne membre du jury Zviane, aliasSylvie-Anne Ménard, les participantssont très libres. «Le thème a l’avan-tage de laisser une bonne place àl’interprétation, de n’être pas tropcontraignant, de donner un élan àquelque chose plutôt que de lefiger», se réjouit-elle.

« Chaque année, on jongle avecplusieurs thèmes, indique le coor-donnateur Arts de la scène à l’UdeM,

Dominic Poulin. On essaye d’enprendre un qui est le plus librepossible afin qu’il puisse êtreexploré. S’il est trop précis, il nelaisse pas la place à l’imagination,et tout finirait par se ressembler. »

Les bédéistes en herbe doivent pro-duire une création originale et com-plète, en français, de deux planchesde 22,88 cm X 30,48 cm ainsiqu’une page de couverture. La pré-sentation est assez libre, en couleurou en noir et blanc, et la bande des-sinée peut être faite à la main ounumériquement.

Les critères de notations sont connusd’avance de tous les participants. Enplus de l’habileté technique, lesjuges sont amenés à se prononcersur la créativité du découpage encases, l’impact des cadrages, la qua-lité de la langue et l’impact de l’his-toire sur l’intellect du lecteur. «Êtrejury, c’est super difficile, c’est unehistoire de compromis », insisteZviane, également ancienne étu-diante de l’UdeM.

Double récompense

Après l eur dé l i bé ra t i on , l e smembres du jury élisent les troisgagnants. En plus, chacun choisi soncoup de cœur pour une mentionspéciale.

Outre les prix en argent décernés auxgagnants, un vernissage aura lieu le4 avril au Centre d’exposition del’UdeM où les œuvres des étudiantsde toutes les universités participantesseront exposées. « Il y aura uneexposition jusqu’au 14 avril. Après,l’exposition deviendra itinérante

et fait le tour de toutes les univer-sités adhérentes au projet, ajouteM. Poulin. Cela représente une for-midable occasion de se fairedécouvrir pour les auteurs.»

Trouver l’idéegagnante

Parmi les étudiants qui connaissentbien le concours pour y avoir déjàparticipé deux fois auparavant, il y aune étudiante en enseignement dufrançais au secondaire à l’UdeM,Marjolaine Balthazar. L’année der-nière, elle a remporté un prix demention coup de cœur et cetteannée, elle revient encore plusdéterminée. « Les deux dernièresannées, j’ai manqué de tempspour la couverture, elle ressem-blait donc plus à une page titrequ’à une couverture d’album,raconte-t-elle. J’espère pouvoir mereprendre.»

Le moment le plus ardu pour unartiste est de trouver l’idée qui seraassez originale et assez brillante

pour remporter le concours. À cha-cun sa méthode pour y arriver.« Pour les thèmes Tension de l’an-née passée et Accrocher de cetteannée, j’ai dû travailler plusieursidées avant de trouver celle quej ’a l lais présenter », raconteMarjolaine Balthazar. L’avis de sesproches l’aide beaucoup dans sontravail : « À chaque idée, je fais undécoupage rapide que je fais lireà ma famille et mon copain. À lalumière de leurs suggestions et deleurs réactions, je retravaillel’idée ou je la change complète-ment. »

Le con cours interuniversitaire dephoto se déroule en parallèle sousle même thème directeur. Les par-ticipants devront prendre au maxi-mum trois clichés qu’ils présente-ront au jury. Ce dernier jugera surl’originalité, l’habileté technique, letraitement photographique et l’im-pact visuel de la photographie.

BASTIEN POTEREAU

Accrochez-vous!L’édition 2013 du concours interuniversitaire de bande dessinée portera sur le thème Accrocher. Un choix qui laisseune grande place à l’imagination des étudiants de l’UdeM etdes universités francophones du Québec, qui ont jusqu’au7 février pour envoyer leurs projets.

CULTURE CONCOURS

Critiques en herbeLes critiques de la relève sont invités à participer au tout premier Prix de la critique émergenteavant le 29 mars prochain. Ce concours, présenté par le magazine culturel Spirale et la librairie Olivieri, inclut un prix totalisant 1000 $. Il s’adresse à tous les étudiants de 1er et de 2e

cycle qui désirent exprimer une réflexion sur une production culturelle récente.

un extrait de Hypertension -bande-dessinée de Marjolainebalthazar pour l’édition 2012

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«I l faut se méfier destermes comme “jeunesprodiges” ou “surdoués”,

met en garde l’agent de recherche àl’Observatoire interdisciplinaire decréation et de recherche en musique(OICRM) et l’un des conférenciers,Danick Trottier. On peut imaginer àtort que ces individus n’ont besoind’aucun travail pour réussir àjouer des morceaux complexes.»

Il faut faire la distinction entre le talentet le talent d’exception. « Avec letalent d’exception, le jeune fran-chira les étapes beaucoup plus rapi-dement, à sept ou huit ans, il pourraêtre capable de se mesurer à unrépertoire adulte, mais surtout, ilsera capable d’exceller sur scène»,explique M. Trottier, égalementchargé de cours à la Faculté demusique de l’UdeM.

Plusieurs signes peuvent indiquer laprécocité artistique chez un enfant.

« I l s ’ a g i t d ’ u n e n f a n t q u idémontre beaucoup d’intérêt pourla musique, mais qui sera aussiégalement capable de reproduireau piano la musique qu’il entendentre trois et six ans, rapporteDanick Trottier. Mais beaucoupd’enfants vont s’intéresser à lamusique sans pour autant déve-lopper une capacité particulière.»

« Les enfants dotés de précocitéartistique font preuve d’uneconcentration incroyable, ajoute ledirecteur du Conservatoire deMelbourne, Gary McPherson. Ilspeuvent jouer des heures au pianocontrairement à des jeunesenfants sans ces facultés. »

La conférence s’est développéeautour de ce qui définit le talent. «Lachimie particulière qui composela virtuosité est encore un sujetmystérieux», avoue Danick Trottier.Cependant, certains facteurs sont

indispensables pour développer cedon comme le maintien de la moti-vation, la pratique, mais aussi l’en-vironnement familial.

«Le contexte familial est essentielau bon développement du talent del’enfant», ajoute le chargé de cours.L’enfant a besoin d’un encadrement etd’une attention particulière pour qu’ilpuisse profiter au maximum de sescapacités. Le chercheur soulève le casd’André Mathieu pour mettre engarde sur l’implication parfois tropdure des parents. « On peut sedemander ce qu’implique le fait queles enfants vivent une vie d’adulte,dit-il. Très tôt, André Mathieu avaitbeaucoup de pression.»

L’exemple de Tiffany Poon

La pianiste d’origine hongkongaiseTiffany Poon, âgée de 16 ans, a offertun concert qui servait d’illustration

aux propos de Danick Trottier et deGary McPherson. La jeune fille a mani-festé son intérêt pour la musique dèsl’âge de trois ans, lorsque ses parentslui ont offert un petit piano.

«À 8 ans, elle est entrée à l’école demusique Julliard, à New York. Avec18 heures de pratique par semaine,Tiffany Poon atteindra entre15000 et 20000 heures de travail àses 19 ans», énonce Gary McPhersonavant de laisser la scène à la pianistepour une interprétation d’œuvres deBeethoven, de Chopin, mais égale-ment de Mathieu.

Si la prestation de l’adolescente a étéacclamée par le public, elle a suscitédes questions chez l’étudiant au doc-torat en musicologie FedericoLazzaro. «Elle joue bien même sion dirait qu’elle n’aime pas cequ’elle fait», pense-t-il.

Lors du concert-conférence, beau-coup d’enfants étaient présents.Tiffany Poon pourrait être « unesource de motivation » pour euxd’après Federico.

Le concert-conférence a été filméet sera disponible sur le site inter-net du Laboratoire international derecherche sur le cerveau, lamusique et le son (BRAMS). Cettejournée d’étude aura au moins per-mis d ’en lever cer ta ins f aux- semblants. « Les gens n’ont pasforcément besoin d’avoir untalent d’exception pour arriver aumême niveau, ils leur faudrajuste plus de travail », conclutFederico. Les conférenciers n’onttoutefois pas répondu à toutes lesquestions que l’on se pose sur cethème mystérieux.

CORALINE MATHON

Le talent musicalMozart, Liszt ou encore le pianiste québécois André Mathieu sont à la fois des grands nomsde la musique classique, mais également ce que l’on appelle des prodiges. Un concert -conférence a pris place le 19 janvier dernier à la salle Claude Champagne à l’UdeM pour tenterde démystifier cette précocité artistique.

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� Soirée d'ouverture : L’UdeM totalement Brésil ! � Soirée de clôture repas et musique :

L’Inde d’ici et d’ailleurs � Bouffe en direct � Ciné-Campus : Inch'Allah� Foire interculturelle � Activité Kung-Fu� Conférences� Exposition de photos

ci, avec une touche d’ailleurs...

Tous les détails de la programmation :www.ahc.umontreal.ca

DU 4 AU 8 FÉVRIER 2013

SemaineINTERCULTURELLE

23e édition

La «prodige» tiffany poon a donné un concert à la salle Claude-Champagne de l’udeM.

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C omposé de quatre violons, de deuxaltos, de deux violoncelles et d’unecontrebasse, Collectif 9 est avant tout

une bande d’amis réunie autour de la musique.Une vocation que ces musiciens ne se conten-tent pas d’apprécier ensemble, car le public estvisiblement de la partie. «Le cœur de notre pro-jet est de donner la chance au plus grandnombre de ressentir ce qui nous fait grandirdans la pratique de notre musique», expliquela violoncelliste Andrea Stewart. «Le répertoireclassique est notre langage, mais notre fina-lité est de passer au travers de ce code-là pourpouvoir faire autre chose et s’éclater!» ren-chérit son complice au violon, Frédéric Moisan.

S’amuser en compagnie de Brahms ou Vivaldin’est pas évident pour tout le monde. Selon lecontrebassiste, Thibault Bertin-Maghit, lamanière de présenter la musique y est pourbeaucoup dans la séparation des univers artis-tiques. «Le terme “musique classique” est trèsréducteur alors que c’est tellement plein dechoses, estime-t-il. Ça englobe toutes lesépoques et tous les styles, de tous les conti-nents.»

Frustrés qu’il soit a priori si difficile de « fairetripper tout le monde » autant qu’eux, lesmembres de Collectif 9 souhaitent que lepublic soit dans son élément. « Il est impor-tant de ne pas se sentir limité quel que soitle lieu d’écoute», pense Andrea. Leur souhaitest de pouvoir jouer dans un contexte plus

détendu, car ils observent que les concertsclassiques pourraient se passer de bien desprotocoles qui s’interposent entre la scène etl’auditoire.

Ces musiciens se sentent à l’étroit dans le cadreclassique conventionnel, restrictif pour euxcomme pour le public. «Après, on apprend àêtre plus à l’aise dans le contexte conven-tionnel aussi, tempère Thibault. Ça n’empêchepas de faire des concerts excellents.»

Une expérience musicalehors-normes

«Changer d’environnement, permet d’enle-ver la poussière sur quelque chose de troptraditionnel », insiste Frédéric. Leur entre-prise de dépoussiérage repose sur un projetaudacieux : exporter la musique classique dansdes milieux qui ne lui sont pas adaptés. «Nousavons joué du Vivaldi devant de jeunesmétalleux qui gueulaient en faisant “lescornes” avec leurs mains. C’était génial !» sesouvient Frédéric. Ces greffes culturelles res-tent néanmoins un véritable défi, impliquantun effort d’adaptation, mais aussi un importanttravail de sonorisation assumé par Rufat Aliev,le dixième équipier, qui veille à préserverl’identité sonore du groupe.

Collectif 9 est très attaché à la qualité et à lafidélité de ses prestations. « Comme toutmusicien classique qui se respecte, on aura

toujours l’exigence de suivre une lignedirectrice qui est dans la veine de ce que lecompositeur a voulu, indique Frédéric. C’estvraiment le même produit, juste avec unpapier cadeau différent. »

Cet emballage, c’est le format de présentation.«L’avantage de notre formule est que ce sontdes pièces très courtes dans un code de typepop rock; si tu n’aimes pas, ça passe très viteà autre chose de complètement différent»,rassure le violoniste, avant de souligner quel’esprit de composition n’en est pas dénaturépour autant. «Tu prends conscience que dansla majorité des pièces que tu joues, tu passesà côté de beaucoup de choses dans un concertconventionnel parce que la vocation de cettepièce-là, ce n’est justement pas d’être assis.»

Une volonté de partage

Inclusifs, les membres de Collectif 9 sont par-ticulièrement soucieux de « jouer pour dumonde». Ils désirent s’offrir au public avecgénérosité. «À partir du moment où tu faispreuve de liberté, que tu prends des risques,les gens se sentent beaucoup plus impliqués.Il y a une interaction qui se crée», expliqueThibault.

Cette complicité leur vaut des moments de par-tage intense avec les spectateurs pendant les-quels un violoniste peut se sentir suffisammentà l’aise pour terminer son solo en se jetant à

genoux sur la scène. « C’est donnant-don-nant, analyse Frédéric. C’est quand tudonnes, et pas quand tu essaies juste dejouer tes notes, que la performance estmeilleure. C’est une question d’implica-tion.»

Ces passionnés le confirment avec enthou-siasme : l’expérience live est leur produit prin-cipal. «L’idée est de savoir jusqu’où on peutaller avec cette approche-là et de voir qui onpeut séduire. Il nous reste encore pleind’univers à explorer», annonce Thibault.

En parallèle, le groupe souhaite défricher lesvoies de diffusion qui s’offrent à lui. Il mènedepuis octobre dernier un projet de publi-cation mensuelle de capsules internet, lesLIVEshorts, dont la prochaine mise en ligneest prévue le 4 février. Performances brutesdans des décors atypiques (chalet, brasse-rie), ces témoignages vidéo permettent uncontact régulier avec le public. Thibaultaffirme qu’ils sont également de bons ambas-sadeurs de leurs représentations. « Ce que tuvois dans LIVEshorts, c’est ce que tu voissur scène. »

KEVIN GRAVIER

Musique classique émancipéeCollectif 9

au Théâtre Rialtomercredi 13 février à 20h30

De la salle de concert à la brasserie

Collectif 9 est un ensemble de instrumentistes à cordes, diplômés de l’UdeM pour la plupart.Depuis plus d’un an, il se joue des codes sociaux en transportant la musique classique dansdes lieux où on ne l’attend pas. Rencontre avec trois membres d’un collectif anticonformiste.

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Les musiciens de Collectif 9 proposent une vision bien différente de la musique classique.

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DÉCOUVERTES

N ous sortions du wagon demétro qui nous laissa surle quai comme lorsque la

mer, espiègle, rejette sur la berge lescorps des noyés dont elle a peine àassumer la mort. Eux, étendus sur lesable, sans vie, à côté de l’arme ducrime : des traces d’écume à peineeffacées. Nous, emmitouflés dansnos manteaux, sans vie, déambulantdans la station avec nul autre meur-trier que nous même. Nous reve-nions pour la plupart du travail.

Je sortais du wagon en mêmetemps qu’un groupe de quatre

jeunes. Ils devaient avoir quinze ouseize ans. J’entendis l’un d’entreeux proférer l’horrible menace. Ilétait un peu plus grand que lesautres. Sur son visage émacié, unelégère balafre suivait la ronde desacnés. Son allure altière indiquaitsans ambages qu’il était le chef dela meute.

Nous étions à la station Jean-Talon.Une fois par semaine, un monsieur,que je surnommais le grand bon-homme, faisait son spectacle dans lemétro. Étrangement habillé, il seperchait sur des échasses d’environ

deux mètres et soufflait dans sa flûteà vent en tournant maintes et maintesfois sur lui-même.

Les jeunes conçurent l’hideux projetde faire trébucher le grand bon-homme. «On attend qu’il y ait moinsde monde aux alentours et on donnedes coups de pied dans ses bâtons.Vous allez voir, ça va être super lefun», avait dit le chef balafré pourmotiver sa bande.

À partir du moment où je prisconnaissance de la menace, le tic-tacd’une horloge se déclencha dans matête. Il n’y avait aucun agent de sécu-rité à proximité. J’avais le choixentre agir et passer mon cheminsans demander mon reste.

Je choisis de rentrer chez moi enlaissant le grand bonhomme à sonsort. J’essayais de me convaincreque je n’avais rien vu, rien entendu.Après tout, je n’étais pas Dieu. J’avais

assez de problème moi-même pourm’occuper de ceux des autres.

En pataugeant dans le crachat de neigequi s’étalait sur la rue Beaubien, je fuspris d’un soudain remord. Même monombre déformée par l’aspérité du solfuyait le regard du lâche que j’étais.

L’horloge continuait de faire tic-tacdans ma tête, et je le revoyais, legrand bonhomme, tourner encoreet encore. Il me fallait remonter letemps pour réparer mon erreur.Heureux qui, comme Ferré, a fixé letemps en chantant sa fugacité.

Je décidai enfin de faire demi-tourpour voler au secours du grand bon-homme. Il était peut-être trop tardmais je devais retourner sur les lieuxpour, du moins, entamer un proces-sus de paix avec ma conscience.

La scène que je vis en arrivant à lastation Jean-Talon me laissa per-

plexe. Les jeunes qui , tout àl’heure, se préparaient à com-mettre l’irréparable, étais assis àmême le sol comme des agneauxdevant un berger. Dans leurs yeuxbrillaient une admiration sansborne. En face d’eux, le grand bon-homme, dont personne n’auraitsoupçonné le talent de rappeur,faisait rimer des vers pour le plusgrand plaisir du seul public quis’était donné la peine de s’arrêterdevant lui.

Je ne saurai jamais ce qui s’était réel-lement passé ce soir-là mais je gar-derai dans ma mémoire que lamusique a le pouvoir de transformerdes loups en agneaux. Elle est seulecapable d’insuffler la vie dans cescorps vides qui débarquent deswagons du métro. Elle seule peutapaiser ma conscience et me récon-cilier avec mon ombre. Seuls lesnoyés sur la berge sont insensiblesau chant de l’océan.

• F i c t i o n •

La menaceune nouvelle d’ELOM DEFLY

ROCK PLANANTyo La tengoFade

Le treizième album studio de Yo LaTengo, Fade, berce l’auditeur avecdu folk très relaxant et du rock indievaporeux. Le groupe alternatif amé-ricain a décidé de faire confiance àJohn McEntire pour produire l’al-bum plutôt qu’à Roger Moutenot, quiréalisait ses projets depuis une ving-taine d’année. Le résultat est moinsrock que le précédent PopularSongs , excepté dans la pièce«Paddle Forward», qui offre son lotde guitare distorsionnée. Fade inclutdes chansons très épurées comme«I’ll Be Around», une ballade coun-try dans laquelle la guitare acous-tique domine les quelques sons declavier et de percussions. Mais on ypropose aussi des arrangements plusélaborés sur l’excellente pièce declôture, «Before We Run», avec sonchœur de cuivres et ses accompa-gnements de cordes. Après un peumoins de trente ans d’existence, legroupe originaire du New Jerseyvieillit bien et continue d’offrir dumatériel actuel. (D. C.-G.)

Écoute gratuite:gogoyoko.com/album/Fadex

HIP-HOPkenLo CraqnuquesTomates

Depuis 2007, le beatmaker KenLoporte son projet de hip-hop instru-mental Craqnuques vers des zonesexpérimentales et audacieuses. Le tra-vail du rappeur membre du collectiforiginaire de Québec AlaclairEnsemble a inspiré bon nombre denouveaux producteurs hip-hop qué-bécois. KenLo nous présente ici leneuvième tome de Craqnuques,Tomates, qui, à l’image de sapochette rouge, dégage une atmo-sphère chaleureuse. Les courtespièces sont teintées de funk, notam-ment dans l’utilisation de rythmessyncopés. Parfois, l’exercice est épa-tant. Des pièces comme «Pixacao encavale» et «L’amitié» préconisentune ligne mélodique entraînante ren-forcée par des notes de basse biensenties. D’autres fois, le résultat estplus cru, voire brouillon. Des chan-sons comme « Bawouais » ou«Mourial @ minuitte» présententdes rythmes irréguliers et des mélo-dies déconstruites pratiquement indi-gestes pour les non-initiés. (O. B.-M.)

Écoute gratuite:kenlocraqnuques.bandcamp.com/

album/tomates

FOLK FUSIONjoe bocaRepartir à 02

L’auteur-compositeur-interprète auxtextes humoristiques Joël Martel –autoproclamé le Grégory Charles despauvres – nous offre ici un quatrièmeopus en moins d’un an. La qualitén’en est pas affectée pour autantpuisque Repartir à 02 (clin d’œil à lachanson de Joe Bocan de 1988) estun de ses projets les plus achevés encarrière. Avec l’aide de son acolytemusicien et réalisateur TJ Boca, illivre 11 morceaux à la folie sponta-née, tous enregistrés en une soirée. Leduo explore avec fantaisie des ave-nues sonores autres que le folk,comme l’électro-pop dans «Feeling»,le rock dans «Vie de policier» et lehip-hop dans «Rap 2012». Le tout estrehaussé par la voix nonchalante etles textes absurdes, parfois teintés decritique sociale, du multi-instrumen-tiste Joël Martel. C’est le cas de«Change de vie» qui critique la rou-tine occidentale. «Crisse ton campdans un autre continent/Fume del’opium, fume du crocodile»,chante-t-il. (O. B.-M.)

Écoute gratuite:lamainrouge.bandcamp.com/album/

repartir-02

Trithérapie musicaleTrois antiviraux musicaux

Par OLIVIER BOISVERT-MAGNEN et DOMINIQUE CAMBRON-GOULETPalmarèsCIsm 89,3 Fm - la margesemaIne du 20 janvIer 2013

Chansons FranCoPhones

C h a n s o n a r t i s t e

1 BatIsCan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . KeIth Kouna

2 la grosse BomBe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . m

3 on ne meurt Plus d’amour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . roBI

4 ParIs est un zomBIe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . alICe drums

5 sans ça . . . . . . . . . . . . . . . . . . ludo PIn (navet Confit remix)

6 st-PrIme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . gros menÉ

7 vIeIlles BrIBes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . le havre

8 je te mangeraI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Brome

9 InFoman (Chanson thème) . . . . . . . . . . . Bernard adamus

10 halFway/luCIFer, mon amour . . . . . . . . . . CrooKed Bangs

11 au Bord du rÉCIF . . . . . . . . . . . . . . . . . louIs-jean CormIer

12 Fme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . joe BoCa

13 PetIte sœur . . . . . . . . . . . . . . . sarah toussaInt-lÉveIllÉe

14 oBÉIr à ses InstInCts dans la mesure... . . . PonCtuatIon

15 vIande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . montrÉal CarnIvores

16 Bas les Pattes . . . . . . . . . . . . . . lyse and the hot KItChen

17 la marÉe haute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . BrICe guIlBert

18 astro Fat CaP . . . . . . . . . . . . . . . dj CraBees et mr ColFer

19 oBsCène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . alIne

20 l’ÉChIquIer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . o lInea

21 on tIre l’alarme . . . t.I.s + Kéroué, lomepal & dee la Cream

22 l’amour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . suPerets

23 la FIlle et le garçon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . o saFarI

24 mon dos n’est Pas une ChaIse . . . . . . aveC Pas d’Casque

25 ChaInsaw . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . tIre le Coyote

26 Fox . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . KarIm ouellet

27 normal Fou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . K6a

28 le soleIl revIent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . gontard !

29 oh trouBle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ProtoFIev

30 devIens Cave . . . . . . . . . . . . . . . . . . . mIllImetrIK aveC jam

CULTURE

Page 24: Vol. 20 • numéro 10 30 janvier 2013 …quartierlibre.ca/wp-content/uploads/2013/01/QLvol20no10... · 2013-04-22 · Oscar-Peterson de l’Université Concordia le 26 janvier dernier.

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