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Page 1: Web viewTest n°3. Eléments de correction. Sujet 1 : Quelle est la place des banques dans les crises financières ? N’oubliez pas en introduction de définir crises

Test n°3Eléments de correction

Sujet 1 : Quelle est la place des banques dans les crises financières ?

N’oubliez pas en introduction de définir crises financières et banques ; Certains ont choisi de traiter le sujet en incluant banques commerciales et banques centrales, d’autres se sont limités aux banques commerciales, enfin certaines copies ont cherché à montrer que les crises financières n’étaient pas uniquement liées aux banques … Cela donne plusieurs plans possibles. N’ayant pas explicitement fait référence à la notion de banque centrale dans le sujet, je pense qu’il fallait se limiter aux banques commerciales, mais le doute était permis.

Un plan qui ne traite que des banques commerciales

1. Les banques sont des acteurs centraux des crises financières 1.1 Les activités bancaires sont intrinsèquement des activités risquées qui peuvent conduire à des crises financières Risque associé à la création monétaire= il existe des fuites hors circuit qui peuvent provoquer une crise de liquidité si les banques n’arrivent pas à accéder à cette liquidité, notamment sur le marché interbancaire ; Risque associé à l’intermédiation de bilan = risque de liquidité (les dépôts sont de CT et les crédits de LT ; si les déposants souhaitent récupérer leurs dépôts, ce besoin de liquidité ne peut pas être recouvert par le remboursement des crédits accordés) – ce type de crise peut être provoqué par un bank run (une course au guichet) comme dans les années 1930 ; Risque associé à l’intermédiation de bilan =risque de crédit qui peut provoquer une crise de liquidité (le défaut de remboursement déséquilibre le bilan de la banque car il endommage son actif)- c’est ce qui s’est passé avec les credits subprimes aux Etats-Unis à partir de 2006 quand les taux ont augmenté ;(n’oubliez pas de toujours illustrer avec des exemples !)Dans cette première sous partie, il faut également rappelé la place que les banques peuvent tenir dans le cycle financier (Minsky) : elles sont des acteurs à la fois du boom des crédits (Kindleberge) durant lequel l’accès au crédit est ouvert et facile et conduit au paradoxe de la tranquillité / l’optimisme s’accompagne d’un aveuglement face au désastre. Lorsque la phase pessimiste est enclenchée, cette fois c’est le credit crunch qui affecte négativement l’activité, poussant à une déflation par la dette (Fisher). (je ne rentre pas dans les détails des mécanismes, cf votre cours)

1.2 Mais les transformations du système financier depuis les années 1980 ont fragilisé encore davantage l’activité bancaire Avec la déréglementation et le décloisonnement des marchés, les banques ont changé leurs activités, en développant notamment l’intermédiation de marché ; Risque associé à l’intermédiation de marché = risque de marché qui peut provoquer une crise d’insolvabilité (si la valeur des titres détenus par la banques s’effondre, son actif est également détérioré) – c’est ce qui s’est passé lorsque les titres issus de la titrisation des crédits subprimes n’ont plus trouvé preneurs sur les marchés des dérivés de crédit ; Le développement/innovations des marchés des capitaux a en outre accentué la capacité à transférer les risques entre agents, les spéculateurs (qui prennent le risque à la place des autres) investissent des nouveaux compartiments de marchés (les marchés des dérivés de crédit notamment). Cela accentue l’activité de crédit durant la phase optimiste du cycle financier, puisque les établissements à l’origine des crédits les transferts à d’autres agents (du modèle

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originate to hold au modèle originate to distribute). La multiplication des intermédiaires dilue alors le risque pris et accentue l’aléa moral chez les émetteurs de crédit : persuader de se débarrasser des risques de crédits, ces derniers sont de moins en moins regardant sur la nature des emprunteurs (cf les prêts aux NINJA). Il existe donc des crédits de très mauvaises qualités qui au moindre choc sur les taux ne seront pas remboursés, les titres issus de ces crédits circulent alors au sein du système financier et passent d’agent à agent. Le but étant de ne pas posséder ces titres lorsque la crise éclatera (comme le mistigri dans une partie de carte – cf P.N.Giraud). On notera que ce rôle des conventions sur le fonctionnement des marchés concerne tous les compartiments des marchés de capitaux, et pas seulement le crédit et les banques. Il existe ainsi des crises financières qui se déclenchent sur la base d’un mécanisme identique de comportements mimétiques mais, indépendamment de l’action des banques. On sait que les titres financiers sont des « marchés de promesses » (P.N.Giraud). Certains marchés financiers peuvent donc connaître des bulles et de krach sans lien avec l’activité bancaire. Néanmoins, si les agents financiers ont accès à ces marchés en empruntant, alors le krach conduit à une crise de défaut des emprunteurs qui se répercute sur les banques et provoque un credit crunch (cf la crise de 1929).

Puisque les banques tiennent une place centrale dans la dynamique des crises financières, comment peut-on les superviser et réguler le marché des capitaux ?

2. La régulation du système bancaire dans la finance globalisée 2.1 La nécessité d’une régulation individuelle des établissements bancaires Cette régulation peut prendre deux formes. D’une part, il peut s’agir d’un sauvetage rapide d’une banque en difficulté – c’est l’action de prêteur en dernier ressort- d’autre part, il peut s’agit de mettre en place une supervision qui empêche les établissements de faire faillite en les obligeant à constituer des réserves obligatoires. La première forme de régulation est donc l’action de PDR (définition à donner). Cette action de PDR entraîne de l’aléa moral, puisque si les banques se sentent protéger alors elles prennent davantage de risque. C’est pourquoi il existe une doctrine du PDR développée dès la fin du 19 ième

par W.Bagehot et qui s’appuie sur la distinction entre banque illiquide et banque insolvable : Seules les premières doivent être sauvées. Cependant l’application de cette doctrine pose problème. En effet, certaines banques sont too big to fail et donc leur position systémique les conduit à anticiper une nécessaire action du PDR pour les sauver qu’elles soient touchées par une crise de liquidité ou une crise de solvabilité. L’aléa moral ne disparaît donc pas avec la doctrine proposée par Bagehot. Cette question du PDR et de l’aléa moral qu’il produit est difficile à trancher. Prenons l’exemple de Lehman Brothers, la banque d’affaire n’a pas été secourue au nom de la doctrine présentée par Bagehot, mais sa faillite a enclenché une onde de choc qui a ébranlée durablement le système financier mondial. Des économistes ont ainsi critiqué le non sauvetage de Lehman Brothers en raison de cet effet systémique. Le coût du sauvetage de Lehman Brothers aurait été largement inférieur à celui produit par la crise du système financier mondial. Ce dilemme conduit finalement à une situation où « pile les banques gagnent et face le contribuable perd ». Pour éviter les situations de sauvetage des banques et l’aléa moral engendré par le PDR, une supervision microprudentielle s’est développée à partir des années 1970 sous l’égide de la Banque des règlements internationaux (BRI) basée à Bâle en Suisse. Elle vise à rendre les banques plus solides en les obligeant à constituer des réserves qu’elles peuvent utiliser en cas de crise de liquidité. Progressivement les règles des accords de Bâle ont évolué, passant des accords de Bâle I mis en place dans les années 1990/2000, puis Bâle II mis en œuvre en 2007 et Bâle III.

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Les réserves obligatoires sont calculées à partir des actifs détenus par les banques et le risque de perte de valeur de ces actifs. Ce risque est pondéré suivant la nature du titre détenu. Pendant longtemps (jusqu’à a crise grecque), les titrés émis par les Etats étaient considérés comme sans risque ; cela signifie que les banques n’avaient pas à provisionner dessus. Seuls étaient pris en compte les titres émis par des entités privées. Le calcul des risques associé aux titres détenus dans le bilan des banques est confié à des agences de notation. Cette supervision microprudentielle repose sur l’idée qu’il faut éviter la faillite d’une banque pour ainsi empêcher un effet domino. La protection individuelle de chaque banque, évitant les effets domino, doit donc assurer la stabilité du système. Mais force est de constater que malgré l’existence de ce type de supervision, la crise de 2007, partie des Etats-Unis, s’est diffusée dans tout le système financier mondial. Cette manière d’appréhender la supervision pose donc problème.

2.2 Vers le développement d’une supervision macroprudentielle La supervision microprudentielle est nécessaire puisqu’elle responsabilise les établissements bancaires, mais elle est perfectible et, surtout, elle n’est pas suffisante. Par exemple, on a constaté que la constitution de réserve avait un caractère pro-cyclique : il est plus facile de constituer des réserves quand tout va bien, et plus difficile quant tout va mal ; or, c’est dans ce moment de crise que les réserves sont nécessaires. Chercher des réserves quand la banque manque déjà de liquidité ne peut qu’aggraver le credit crunch : les banques ne financent plus l’activité économique car leur priorité est de trouver de la liquidité pour rétablir leurs réserves obligatoires. La solution consiste donc à améliorer le fonctionnement de ces réserves en créant un matelas de sécurité en phase de prospérité afin d’éviter l’effet domino quand une crise apparaît. Par ailleurs, la supervision micro n’est pas suffisante car elle se contente de prévenir l’effet domino chez les banques ; or, le risque ne se limite pas à cet effet. Ce qui caractérise les marchés des capitaux, et les banques, c’est l’importance du risque « systémique » : lorsqu’une crise se déclenche elle apparaît chez tous les acteurs en même temps. Lorsque les titres issus de la titrisation ne s’échangent plus, c’est le bilan de tous les acteurs qui possèdent (ou assurent) ces titres qui se détériore immédiatement ; ce faisant, les banques qui possèdent des actifs émis par ces acteurs fragilisés voient à leur tour leur bilan dégradé. Il existe donc une interdépendance très forte des risques au sein du système. En outre, il ne suffit pas aujourd’hui de contrôler les banques pour s’assurer de la stabilité du système. Nombreux sont ceux qui ont mis l’accent sur l’existence d’un shadow banking complètement dérégulé dans lequel les banques transfèrent toutes les activités qui nécessitent de constituer des réserves obligatoires (cf les véhicules spéciaux). Une régulation micro qui ne s’attaque pas aux établissements du shadow banking ou aux paradis fiscaux ne peut fonctionner. Comment éviter les crises « systémiques » ? C’est le rôle de la supervision macroprudentielle. Le point de départ consiste à avoir des indicateurs de fragilité des marchés (notamment lors d’apparition de bulles), ensuite la question est de savoir qui peut intervenir pour dégonfler ces bulles et comment ? Certains économistes (P.Artus par exemple) considèrent que c’est à la banque centrale d’assurer ce rôle de superviseur macro en intervenant sur les marchés des titres pour dégonfler des bulles avant qu’elles n’explosent. Les banques centrales peuvent également ouvrir l’accès à la liquidité centrale à d’autres établissements que les banques de manière pouvoir les obliger à respecter les mêmes règles prudentielles que les banques et à contrôler leur émission de crédit à travers le taux d’intérêt. Cela signifie donc que les banques centrales devraient aujourd’hui faire évoluer leurs objectifs : aux objectifs de stabilité de l’activité et du niveau général des prix, elles devraient rajouter celui de stabilité du système financier.

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Un plan qui prend en compte à la fois les banques commerciales et les banques centrales

1. Les banques alimentent la dynamique du cycle financier1.1 Durant la phase optimiste Exemple USA période 2003-2007 : pour répondre au choc négatif de 2001, la Fed baisse ses taux (qui tombe quasiment à zéro), provoquant l’entrée dans un nouveau cycle financier ; les banques commerciales alimentent ce cycle en favorisant l’accès au crédit (je ne refais pas ici toute la démonstration sur ce qu’est un cycle financier). Dans un contexte d’innovations financières qui les pousse à prendre plus de risque. Certaines banques deviennent systémiques et considèrent la doctrine du PDR comme iréaliste : elles se savent too big to fail.

1.2 Durant la phase de crise Les banques commerciales = credit crunch et ses conséquences sur le financement de l’activité ; Les banques centrales = passage aux PMNC car PMC inefficace car trappe à la liquidité

2. Renforcer la régulation du système financier est une nécessité 2.1 Renforcer la supervision microprudentielle Comment calculer les réserves obligatoires ? Quels intermédiaires financiers doivent être régulés ?

2.2 Développer la supervision macroprudentielle en faisant évoluer les objectifs de la politique des banques centrales Les banques centrales agissent aujourd’hui dans un contexte de faible inflation durable mais d’instabilité financière et renouvellement des cycles financiers : elles doivent s’adapter à ce nouveau contexte et devenir des régulateurs des marchés financiers.

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