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Le choc des photos, le poids des mots Antigel : l’hiver, la course à pied réchauffe « Ça caille d’autant plus que l’on ne bouge pas » A l’effort, le corps fabrique plus de chaleur comme on peut le constater sur la photo. Le coureur au premier plan est en short et tee-shirt avec seulement des gants pour protéger ses mains alors que les spectateurs ont du mal à résister au froid malgré la protection de vêtements chauds et de couvertures. Explications. La course à pied produisant des effets corporels opposés à ceux du froid, permet aux runneurs les plus assidus de bien tolérer les basses températures. C’est d’ailleurs pour cette raison que Jean Giroudoux a pu écrire : « Ce sont les nations qui ont les meilleurs coureurs à pied qui sont arrivés aux pôles ». Une activité musculaire intense assure à toutes les parties du corps même les plus sensibles une protection suffisante. En effet, les trois-quarts environ (75%) de l’énergie totale consommée pendant le running (soit 600 à 1 000 Kcal/heure suivant la condition physique, l’âge le poids du corps et la vitesse de déplacement) sont transformés en chaleur. S’il est impossible de définir exactement les conditions qui doivent être réunies pour pratiquer le running lorsque le mercure s’effondre, on peut limiter à – 15° C la température au-delà de laquelle les exercices musculaires et les sports ne peuvent plus être assimilés à un plaisir et doivent être prohibés dans les écoles. Cependant, certains sports, particulièrement producteurs de chaleur, comme le ski de fond, autorisent les compétitions jusqu’à – 20° C. 12 facteurs augmentant le ressenti du froid 1

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Le choc des photos, le poids des motsAntigel :

l’hiver, la course à pied réchauffe

« Ça caille d’autant plus que l’on ne bouge pas »A l’effort, le corps fabrique plus de chaleur comme on peut le constater sur la photo. Le coureur au premier plan est en short et tee-shirt avec seulement des gants pour protéger ses mains alors que les spectateurs ont du mal à résister au froid malgré la protection de vêtements chauds et de couvertures. Explications.La course à pied produisant des effets corporels opposés à ceux du froid, permet aux runneurs les plus assidus de bien tolérer les basses températures. C’est d’ailleurs pour cette raison que Jean Giroudoux a pu écrire : « Ce sont les nations qui ont les meilleurs coureurs à pied qui sont arrivés aux pôles ».Une activité musculaire intense assure à toutes les parties du corps même les plus sensibles une protection suffisante. En effet, les trois-quarts environ (75%) de l’énergie totale consommée pendant le running (soit 600 à 1 000 Kcal/heure suivant la condition physique, l’âge le poids du corps et la vitesse de déplacement) sont transformés en chaleur. S’il est impossible de définir exactement les conditions qui doivent être réunies pour pratiquer le running lorsque le mercure s’effondre, on peut limiter à – 15° C la température au-delà de laquelle les exercices musculaires et les sports ne peuvent plus être assimilés à un plaisir et doivent être prohibés dans les écoles. Cependant, certains sports, particulièrement producteurs de chaleur, comme le ski de fond, autorisent les compétitions jusqu’à – 20° C.

12 facteurs augmentant le ressenti du froidMême si la course à pied augmente la thermogenèse (production de chaleur des muscles qui se contractent) il est utile de bien connaître la check-list des douze facteurs aggravant les effets du froid.

1. Vent violent2. Insuffisance de vêtements adaptés3. Maillot de corps humide4. Exposition prolongée au froid, notamment lorsqu’on est immobile5. Fatigue (surentraînement)6. Convalescence d’une maladie infectieuse (grippe, hépatite virale, mononucléose infectieuse…)7. Blessures préexistantes (contractures, courbatures, claquages)8. Déshydratation9. Alimentation peu énergétique (pas assez de lipides et de sucres complexes)10. Tabac (la nicotine réduit le calibre des vaisseaux)

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11. Alcool – Accroît la fuite thermique (dilate les vaisseaux sanguins cutanés) et abolit les frissons producteurs de chaleur supplémentaire

12. Et bien sûr, la descente du mercure au-dessous de 0°

RENDEMENT - Effets des basses températures sur les performances Le froid glacial (± 0°) influence négativement les prestations de différents paramètres. Inversement, une activité physique intense exerce une incidence positive sur la tolérance au froid de l’organisme.

1- Les réactions de l’organisme pour lutter contre le froid, telles que la vasoconstriction dans les muscles non sollicités et dans l’épiderme, réduisent l’efficacité musculaire. En d’autres termes, le sportif est plus vite fatigué et sa capacité d’effort totale est réduite. Ce phénomène est surtout important dans les disciplines d’endurance.

2- La baisse du VO2 max ou la capacité aérobie maximale (aptitude des muscles à pomper l’oxygène du sang) par temps froid induit à son tour une réduction de la fréquence cardiaque.

3- Le refroidissement musculaire local réduit la puissance dynamique et le potentiel maximal des muscles. Par conséquent, les performances qui requièrent de la puissance (sprint, ascensions etc.) seront influencées de manière négative.

4- L’activité musculaire accroît le rythme métabolique et stimule la thermogenèse (production de chaleur) de telle sorte que si l’on reste en mouvement, on a froid moins rapidement. Toutefois, l’équilibre thermique entre la chaleur perdue et la chaleur produite dépend de la température extérieure. A cet égard, il convient d’accorder une attention particulière aux effets du vent et de l’eau (tous les deux accentuant le refroidissement interne).

5- La hausse de l’irrigation sanguine au niveau des muscles a également une conséquence négative puisqu’elle accroît la déperdition de chaleur Dès lors, il n’est, par exemple, pas recommandé de fournir des efforts intermittents par temps froid. L’alternance entre la sollicitation et le repos musculaire provoque en effet un accroissement plus rapide de la déperdition de chaleur. En revanche, un effort constant qui mobilise les grands groupes musculaires permet plus facilement un maintien de la température corporelle.

En conclusion, si l’on fait du sport par temps froid, il faut éviter au maximum les pauses inutiles, surtout après un parcours mené tambour battant.

ONGLÉE ou ‘’DÉBATTUE’’ un spasme réactionnel Dans le dictionnaire des termes de médecine, l’onglée – en anglais numbness of fingertips – est définie comme le premier degré de la gelure des mains : les téguments devenant rouges, tuméfiés et sont le siège d’une douleur cuisante. En revanche, le site spécialisé en médecine de montagne Ifremmont, forcément connaisseur de ce problème lié au froid, affirme avec explications attenantes que l’onglée ou « débattue » n’est pas une gelure. C’est le phénomène de revascularisation brutale des doigts (ou orteils) juste après un début de gelure de stade 1. Le spasme se lève et c’est très douloureux. Il faut savoir attendre de longues minutes avant de pouvoir reprendre l’activité mais il n’y a pas de risque immédiat. Ce phénomène se produit volontiers lors d’un changement brutal de la température corporelle entraînant un fort gradient de température entre le corps et les extrémités. Par exemple, en hiver, par grand froid, pour peu que l’on transpire, dans le fameux Circuit des Trois Pignons dit des 25 bosses situé dans la forêt de Fontainebleau (1 000 m de dénivelé pour 15 km de course), l’effet refroidissant brutal provoqué par les sous-vêtements mouillés sur la peau entraîne une baisse brutale de température centrale quand l’effort s’arrête (au terme du parcours, attendre de longues minutes des partenaires moins forts avant de rejoindre un peu plus loin le parking). Un spasme réactionnel se produit à la base des doigts et les prive de sang. La meilleure défense contre l’onglée est de changer rapidement de sous-vêtements avant de se refroidir. D’où l’intérêt de courir avec un petit sac à dos contenant divers objets (bidon, tee-shirt sec, etc.). Il faut éviter le contact direct des surfaces métalliques en hiver et les changements de température trop brutaux !

LONGÉVITÉ - Le froid pénalise plus que le chaud Les périodes de froid tout comme de chaleur exposent à une mortalité cardiovasculaire accrue mais les vagues de froid sont plus agressives, environ vingt fois plus de victimes que lors des beaux jours ensoleillés.Il y a peu la revue scientifique The Lancet a publié une étude portant sur 74 millions de décès survenus entre 1985 et 2012 et concernant treize pays répartis sur la planète. Il ressort de ce travail que ce n’est pas la chaleur mais les occurrences de basses températures qui déciment le plus. Selon ce recensement, c’est plutôt au cours d’épisodes de froid modéré qu’on enregistre le plus de décès et les températures extrêmes

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ont finalement peu d’impact sur la mortalité (moins de 1% de tous les décès). Par ailleurs, en 2013, une étude britannique avait montré que le froid augmente le risque d’infarctus du myocarde en provoquant une vasoconstriction des vaisseaux sanguins périphériques (peau) afin de limiter les pertes de chaleur mais a contrario augmente la tension artérielle, la fréquence cardiaque et donc la charge de travail imposée au palpitant. Au final, la course à pied augmentant la chaleur corporelle ainsi que le bon fonctionnement cardiovasculaire ne peut être qu’une bonne activité hivernale. En revanche, si l’on a dépassé la quarantaine, que l’on est un ancien fumeur fraîchement converti à l’arrêt de la clope, que l’on débute le running, que le mercure taquine les degrés proches de zéro avec, cerise sur le gâteau, du vent, il vaut mieux marcher ou alors courir à l’intérieur sur un tapis roulant.

Docteur Jean-Pierre de Mondenard

Points froids : la preuve par 9Certaines parties du corps sont plus que d’autres sensibles au froid et doivent être protégées en conséquence. On appelle points froids, les parties qui se trouvent particulièrement exposées au milieu extérieur, avec une circulation sanguine intense et, par ricochet, une fuite de chaleur importante.

Un bon vêtement de sport doit être suffisamment ample pour laisser une entière liberté de mouvement et ne pas gêner la circulation du sang. Il doit être pourvu d'un assez grand nombre d'ouvertures, afin que soit assurée une aération correcte de la peau. Il faut veiller à ce que les coutures internes n'entrent pas en contact direct avec la peau, sous peine de provoquer des irritations toujours désagréables. Enfin, certaines parties du corps, les points froids nécessitent une protection particulière. Il n'est pas toujours facile de se protéger convenablement la tête, les mains et les pieds, ni d'ailleurs, lorsqu'il fait très froid, l'abdomen et les parties génitales. La déperdition de chaleur qui s'opère au niveau de la tête est considérable, d'autant que les mécanismes physiologiques thermorégulateurs agissent de façon très inefficace à ce niveau. Il est recommandé de se protéger la tête et le cou, non seulement pour maintenir constante sa température interne mais également pour ne pas s'enrhumer, surtout lorsqu'il ya du vent. Les mains et les pieds (les doigts particulièrement) présentent une très grande surface par rapport à leur volume. Malgré les mécanismes circulatoires très ingénieux dont ils sont pourvus, aussi bien pour conserver que pour évacuer leur chaleur interne, ces organes se refroidissent et même gèlent très facilement lorsqu'ils ne sont pas convenablement isolés du froid. Par temps glacial, les gants s'avèrent insuffisants ; seules les moufles permettent une bonne protection des doigts de la main; ceux-ci doivent être en peau et non pas en plastique, afin de bénéficier d'une bonne aération (ce qui est valable aussi, notons-le, pour les chaussures).La pluie accélérant le refroidissement, toujours emporter en prévision des sur-gants imperméables.

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Stature, forme du visage et climat

On ne retrouve qu’en partie chez l'homme l'application d'une loi générale observée dans les autres espèces, loi selon laquelle une certaine forme générale du corps et des particularités deconstitution sont constamment retrouvées dans les espèces arctiques, les différenciant des espèces vivant dans des zones plus tempérées. C'est ainsi que le pelage des animaux arctiques est très développé; ceci ne se retrouve pas chez l'homme, et les Eskimos sont aussi glabres que les autres humains: aussi se vêtaient-ils de fourrures. En ce qui concerne la forme générale du corps, on a établi que :

● pour des corps de même taille, ce sont les plus gros qui ont relativement la plus petite surface corporelle (et donc les moindres pertes thermiques cutanées) (loi de Bergmann),● le rapport masse/surface est encore diminué par des extrémités petites (loi de Allen).

Ces lois sont en partie confirmées dans l'espèce humaine, où les Eskimos sont petits et larges, alors que certains Africains sont grands et minces et ont, surtout, des bras et des jambes très longs. On estime que la température ambiante (et surtout les températures des mois les plus froids) comptent pour 80 % dans les variations de masse corporelle des différentes populationsMais on ignore si ces variations sont entièrement déterminées par des facteurs génétiques.D'autres détails morphologiques peuvent être en relation avec une adaptation eu égard à l'équilibre thermique. C'est le cas des dimensions du nez, qui serait aussi adapté au degré d'humidité de l'air inhalé.

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Phoque : un morphotype antifroid idéal

Chez les phoques, la déperdition de chaleur est empêchée par la forme du corps, l'absence de pavillon auriculaire et une épaisse couche de graisse sous-cutanée.

Même chez les hommes on peut observer certaines particularités morphologiques. L'Esquimau présente un rapport élevé poids/surface du corps (39,14), tout le contraire des nomades des déserts des pays chauds (32,8).La sphère étant le corps qui présente la plus petite superficie par unité de volume, plus la forme corporelle se rapproche de la sphère, moins le corps est sensible au froid.Les Esquimaux, qui vivent beaucoup plus au nord que n'importe quelle autre race, sont très musclés et possèdent des membres courts. Ils suent davantage par le visage que les Blancs, et

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moins par le tronc et les membres ainsi, lorsqu'ils effectuent un dur labeur dans une atmosphère très froide, ils perdent de la chaleur par le visage, qui est la seule partie de leur corps directement exposée à l'air. Le tronc et les jambes contribuent dans une moindre mesure à l'évacuation de la chaleur, sauf lorsque les vêtements trempés de sueur, perdent leur fonction isolante.

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