Victor Hugo Discours sur la misère, 1849 Hugo, Discours sur la misère, 1849 Eh bien, messieurs, je...

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Page 1: Victor Hugo Discours sur la misère, 1849 Hugo, Discours sur la misère, 1849 Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société

Victor Hugo, Discours sur la misère, 1849

Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser

toute sa force, toute sa sollicitude,

toute son intelligence, toute sa volonté,

pour que de telles choses ne soient pas !

Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de lasociété toute entière ;

que je m'en sens, moi, qui parle, complice et solidaire (Mouvement),

et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l'homme, que ce sont des crimes envers Dieu !

(Sensation prolongée.)

I LA HONTE D'UN HUMANISTE

- Apostrophe directe Eh bien, messieurs,- Forte implication de l'auteur : je dis x3 + je m'en sens, moi, qui parle. - Exclamations, ponctuation et répétitions anaphoriques toute et conjonction que rythment le discours.- Musicalité : allitérations en « t » et « s ».- Crimes indicibles : des choses , tels faits, torts importance mise sur le fait que cela ne doit pas être (encadre la première phrase). Existence dérangeante.- Question sociétale et politique, de citoyenneté.- Accent porté sur les qualités de résistance, d'implication, d'intelligence des hommes civilisés vers la fraternité.- Apothéose de la présentation : allusion à Dieu, seul véritable juge.→ Apostrophe et réaction de l'assemblée gênée, coupable : silence, et (sensation prolongée).

Voilà pourquoi je suis pénétré, voilà pourquoi je voudrais pénétrer tous ceux qui m'écoutent

de la haute importance de la proposition qui vous est soumise. Ce n'est qu'un premier pas, mais il est décisif.

Je voudrais que cette assemblée, majorité et minorité, n'importe, je ne connais pas, moi, de majorité et de minorité en de telles questions ;

je voudrais que cette assemblée n'eût qu'une seule âme pour marcher

à ce grand but, à ce but magnifique,

à ce but sublime, l'abolition de la misère !

(Bravo ! Applaudissements.) (…)

II APPEL A LA SOLIDARITÉ

- Répétition de Voilà pourquoi, marque un tournant dans le discours.- Champ lexical des sentiments : après je m'en sens, je suis pénétré. →

implication nouvelle de l'auteur : il ne fait plus que parler, mais veut. Désir de partager son émotion : persuasion.- Une formule frappante, alexandrin avec coupe à l'hémistiche. - Accent porté sur l'unanimité de l'assemblée unie (cette assemblée au singulier) + personnifiée une seule âme. Valorisation de l'assemblée.- Annonce de l'objet du plaidoyer à retardement : répétition de but, gradation + hyperbole grand magnifique sublime.-comme un roulement de tambour (ternaire) + anaphores.→ Modalisation, procédés emphatiques, dramatisation et intensification du discours : Assemblée persuadée réagit avec exaltation.

Vous n'avez rien fait, j'insiste sur ce point,

tant que l'ordre matériel raffermi n'a point pour base l'ordre moral consolidé !

(Très-bien ! Très-bien ! - Vive et unanime adhésion.) Vous n'avez rien fait tant que le peuple souffre !

(Bravos à gauche.) Vous n'avez rien fait

tant qu'il y a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère ! Vous n'avez rien fait,

tant que ceux qui sont dans la force de l'âge et qui travaillent peuvent être sans pain !

tant que ceux qui sont vieux et qui ont travaillé peuvent être sans asile !

tant que l'usure dévore nos campagnes, tant qu'on meurt de faim dans nos villes

(Mouvement prolongé), tant qu'il n'y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques

qui viennent de toute part aux pauvres familles honnêtes,

aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cœur !

(Acclamation.) Vous n'avez rien fait

tant que l'esprit de révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! Vous n'avez rien fait, rien fait,

tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement,

l'homme méchant a pour collaborateur fatal l'homme malheureux !

III CRITIQUE SOCIÉTALE

- Répétition de Vous n'avez rien fait x6 +rien fait comme un refrain dans le discours, un slogan (Reproche à l'assemblée) fonctionne avec la locution conjonctive tant que : encourage l'assemblée à agir.- Disparition de la figure de l'orateur au profit de la cause défendue.- L'ordre moral base de l'ordre matériel (idée déjà présente dans I avec l'éloge de la citoyenneté). - Association du peuple avec le champ lexical de la misère : souffrance publique- L'adverbe au-dessous sous-entend que l'assemblée est composée de gens aisés : il s'agit de convaincre l'élite que le peuple en vaut la peine.- Parallélismes de construction tant que (…) et qui rythment.- Idée défendue : les travailleurs doivent pouvoir manger, les anciens travailleurs doivent pouvoir se loger, celui qui travaille pour le bien detous doit pouvoir vivre dans des conditions humaines → argumentation logique : comment travailler sans pain ? Paradoxe.- Généralisation de la misère parallélisme campagnes/villes- Lois fraternelles et évangéliques: lois citoyennes, pour le bien de tous, qui rapprochent ainsi l'homme de Dieu. - Valorisation du petit travailleur, par 'anaphore et l'accumulation : adjectif mélioratif bons + de cœur (toujours en opposition avec sa misère) → pathétique de la situation, persuasion.- Allusion directe à l'esprit de révolution.- Champ lexical de la misère accentué, devient champ lexical du mal : destruction, ténèbres, souterrainement, méchant: renvoie à une imagerie de l'enfer. - Exclamations de l'orateur, trouvent écho dans la réaction de l'assemblée : (Acclamation.)

→ Argumentation convaincante.

Vous le voyez, messieurs, je le répète en terminant,

ce n'est pas seulement à votre générosité que je m'adresse, c'est à votre sagesse,

et je vous conjure d'y réfléchir. Messieurs, songez-y,

c'est l'anarchie qui ouvre les abîmes,

mais c'est la misère qui les creuse.

(C'est vrai ! C'est vrai!) Vous avez fait des lois contre l'anarchie,

faites maintenant des lois contre la misère !

IV L'APOGÉE DU DISCOURS

- Reprise de messieurs, x2 comme au début du texte. Antépiphore. - Réapparition de la figure de l'orateur : la répétition, procédé assumé +s'adresse à l'assemblée comme en prière je vous conjure : pacte.- Conclusion avec en terminant : climax de la gradation rhétorique.- La générosité et à la sagesse : compliments après reproches, tjrs unie.- Champ lexical de la réflexion.- Dernière formule frappante, fondée sur la métaphore du gouffre, appel à la logique : misère origine de l'anarchie. (diff de révolution)- Reprise de la formule frappante avec anarchie → logique + impératif

→ Objectif atteint : il invite l'assemblée à écrire les lois vs la misère.