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Vendredi 26 avril 2019 / N o 403 / 10 e année / CHF 4.– / Abonnement annuel CHF 160.– // www.vigousse.ch JAA – 1001 Lausanne P.P./Journal – Poste CH SA 1 ER MAI Le muguet souffre-t-il ? P. 17 MONTANA Le Crans des Siciliens PP. 8 et 16 PARTIS Compote de com’ P. 6 ÉCOLE Déprime de départ P. 4

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JAA – 1001 Lausanne P.P./Journal – Poste CH SA

1ER MAILe muguet souffre-t-il ? P. 17

MONTANALe Crans des Siciliens PP. 8 et 16

PARTISCompote de com’ P. 6

ÉCOLEDéprime de départ P. 4

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Vigousse vendredi 26 avril 2019 Vigousse vendredi 26 avril 2019

Le fléau invisibleStéphane Babey

L’ hystérie autour du démarrage de la 5G en Suisse

semble folklorique, si l’on en croit un article du

Temps (15.4) qui nous apprend que, en dehors

de la ville de Bruxelles, la Suisse est quasiment

le seul endroit au monde à s’en inquiéter. Alors

que partout ailleurs, on se réjouit de l’arrivée de cette

nouvelle technologie.

Alors, trop craintifs et conservateurs, les Helvètes ? Il y

a peut-être de ça. Car concernant les risques sanitaires

posés par la 5G, il y a fort à parier que l’étude fédérale

attendue prochainement conclura, comme pour la 4G et les

générations précédentes, qu’a priori ce n’est pas dangereux

sur le court terme (pour le long terme, allez savoir…).

Et pour une bonne et simple raison : la 5G n’est qu’une

nouvelle bande de fréquence mise à disposition, et pas

grand-chose de plus.

Mais derrière cette méfiance sanitaire, il y en a une autre

qu’on entend moins, davantage écologique. Qui pose la

question suivante : à quoi bon ? La masse sans cesse en

augmentation de données qui transitent sous forme d’ondes

autour de nous a des utilisations toujours plus débiles.

On nous annonce que la 5G sera formidable pour que

les objets communiquent entre eux, la cafetière avec le

frigo et la tondeuse à gazon avec le vibromasseur, et que

ça permettra l’essor des véhicules autonomes. Mais qui a

besoin de ce genre de conneries, franchement ?

Alors qu’auparavant les gens téléchargeaient la musique

ou les films pour les enregistrer sur leur téléphone et

les consommer en déplacement, ce qui fonctionnait

très bien, ils streament désormais en direct ces moyens

de divertissement sur leur mobile. Ce qui bien entendu

surcharge les réseaux et pousse à l’accroissement du smog

électronique. Très bien, diront les apôtres du progrès, cette

dématérialisation est bonne pour l’environnement. Mieux

valent des ondes qui circulent que des CD et des DVD

qui coûtent de précieuses ressources à produire.

Sauf que le streaming et le stockage dans le cloud ont un

coût énergétique faramineux et parfaitement invisible

pour les consommateurs. On estime que l’industrie de la

musique en ligne pollue désormais autant que celle de l’âge

d’or du CD et du vinyle.

La polémique sur la 5G est peut-être une opportunité

pour réfléchir à nos habitudes de consommation aberrantes

et à la marche aveugle vers le progrès imposée par

les industriels.

A F F A I R E S E N C O U R TC ’ E S T P A S P O U R D I R E ! Q U E L L E S E M A I N E ! 32

LE CHIFFRE

412En millions de bons francs

suisses, c’est le montant que les banques cantonales ne

paient pas en impôts. La Tribune de Genève et 24 heures (18.4) relèvent que de très nombreux

établissements cantonaux profitent d’un régime spécial :

ils sont en partie libérés de l’impôt sur le bénéfice et

le capital. Le genre de cadeau à faire pâlir de jalousie l’UBS

et le Credit Suisse.

Jeux vidéo et sports de péquenotsL’Office fédéral du sport a tranché : le jeu vidéo, même en compétition officielle, n’est pas un sport. Que Super Mario en prenne de la graine : l’e-sport a beau drainer des millions d’adeptes et des recettes qui se comptent en milliards, il n’a toujours pas atteint la dignité du tchoukball, du lancer de pierre d’Unspunnen, de la lutte à la culotte ou du hornuss, des sports bien de chez nous. Game over !

Tombola hallucinéeLe parquet de Grenoble, ville olympique, a découvert une étrange tombola en ligne. Via l’application Snapchat, des vendeurs de drogue proposaient une sorte de loto aux acheteurs de cannabis. Ainsi, le dernier gagnant avant l’intervention policière a reçu une console de jeu. En s’inspirant de ce marketing génial, on pourrait imaginer que les organisateurs de lotos en Suisse romande récompensent leurs clients avec un sachet d’herbe.

Grosse gaucheL’Office fédéral de la statistique a publié une étude qui montre que plus une ville est grande, plus ses autorités sont à gauche. En deçà de 20 000 habitants, le PLR est au pouvoir, au-delà de 100 000, ce sont le PS, les Verts et les petits partis de gauche. Et entre les deux, on imagine que c’est l’anarchie la plus complète.

Gros problème Selon Le Matin dimanche (21.4), la multiplication des obèses donne de sérieux tracas aux croque-morts. Non seulement il faut du renfort en muscles pour trimballer les dépouilles, mais les portes des crématoires sont souvent trop étroites, ou les cercueils trop petits et les tombes mal adaptées. Et ce n’est là que le début des ennuis : rien ne garantit que les chaudrons de l’enfer soient assez grands ou les nuages du paradis assez solides. Le pire, c’est que les obèses morts, quant à eux, semblent prendre tout ça à la légère.

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Vigousse vendredi 26 avril 2019 Vigousse vendredi 26 avril 2019

Philémon* se réjouissait de prendre une retraite anticipée. Enseignant depuis 35 ans dans un cycle d’orien-tation (CO) valaisan, il était épuisé, au bord de la rupture. Pour décrire sa situation, il recourt à une image vita-minée : « Après avoir bien pressé le citron puis râpé le zeste, ils ont encore trouvé le moyen de faire quelque chose des pépins. Il n’y a plus rien à jeter ! » A peine acide, le jus de Philémon.Durant ses 35 années de bons et loyaux services, Philémon a ensei-gné à un taux moyen de 85 %. Pour lui, cela équivaut quasiment à un plein temps, car rares sont les profs en CO qui parviennent à assumer un horaire à 100 %.

Comme le démontrait une étude commandée par le Syndicat des enseignants romands et publiée en août 2017, le métier d’ensei-gnant est parmi les plus risqués en matière d’épuisement professionnel. Il demanderait davantage qu’aupa-ravant une prise en charge d’élèves présentant des difficultés scolaires. Les troubles du comportement, l’hyper activité, la dyslexie ou la dyscalculie exigent des efforts consi-dérables pour les profs. Le sondage

montrait que 55 % des enseignants valaisans disaient que leur état de santé s’était dégradé à cause du travail durant les cinq dernières années. Même si le Valais reste le canton le moins touché de Suisse romande par le burn-out.

Au printemps 2018, Philémon est agressé verbalement par un élève, « une fois de trop », déplore-t-il. Il décide alors de prendre une retraite anticipée. Pour être sûr de tenir le coup, il travaille à mi-temps les six dernières semaines. Pas de bol, son anniversaire, donc le droit à une prime, tombe durant sa période finale à 50 %.L’Etat du Valais n’oublie jamais de récompenser la fidélité de son per-sonnel et exécute correctement ses devoirs. Guilleret, Philémon accueille donc avec joie le courrier administratif qui le félicite pour ses 35 ans de loyauté. Le Service de l’en-seignement y exprime sa gratitude pour « son dévouement et son engage-ment envers la jeunesse valaisanne ». Voilà de quoi se montrer fier des res-ponsabilités assumées.

Mais la phrase suivante atténue son sentiment d’allégresse : « Etant donné que votre taux d’activité était de 50 % au moment du jubilé, vous recevrez un montant de 250 francs (demi-prime). »

LA BONNE POIRE EN DEUX Un enseignant valaisan a fêté ses 35 ans de service alors qu’il travaillait momentanément à 50 %. Sa prime de dévouement s’est adaptée à ce chiche pourcentage.

Demi-prime pour haute fidélité

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S4

Dans un courriel légèrement irrité, Philémon remercie chaleureuse-ment le Service de l’enseignement mais considère que cette reconnais-sance est bien mince. Une demi-prime en fin de carrière, Philémon n’en revient toujours pas, le prin-cipe lui reste en travers de la gorge. Il constate, en réexpliquant son cas à l’administration, qu’il a été stupide : « Si j’avais fait des calculs d’épicier, j’aurais dû travailler à 100 % jusqu’au bout. Et me faire rem-placer immédiatement pour surme-nage… » Ce qui aurait été mesquin,

La semaine dernière, nous tentions (et quand je dis nous, c’est plutôt moi) de transmettre les quelques connaissances acquises lors d’une conférence intitulée : « Tout sur les millennials ». A tort, nous affirmions que le terme millennial désigne les jeunes nés après l’an 2000. En réalité, le terme désigne les jeunes nés entre 1978 et 1994. Ou entre 1982 et 1995. Ou entre 1985 et 2001. Entre 1978 et 2001, disons. En réalité, il n’existe aucun consensus et nous verrons que cela n’a pas d’importance. En effet : ce que nous omettions de préciser également, c’est que les millennials n’existent pas. Partant de là… Oui, vous avez bien lu. Cette popula-tion dont on nous rebat les oreilles à toutes les sauces* depuis près d’une décennie n’est qu’une légende. Une invention marketing, un concept creux, une boîte vide. Qui désigne presque tout le monde sans vrai-ment concerner personne. Dans son ouvrage Millenial Burn-Out : X, Y, Z… Comment l’arnaque des « généra-tions » consume la jeunesse, le journa-liste Vincent Cocquebert dénonce le « mythe générationnel » propre à nos sociétés. Lesquelles créent, à des fins diverses, des « figures générationnelles fantasmatiques » auxquelles nous sommes tenus de nous identifier.

Seul vrai point commun à toutes les personnes nées entre 1978 et 2001 ? Faire saliver les publicitaires. Lesquels, prévoyant déjà le déclin de leur vache à lait, œuvrent à préparer la relève. La génération Z, compo-sée des cadets des millennials, doit profiter elle aussi de sa mystification sur mesure.De prétendus chercheurs sont déjà sur le pied de guerre, et pour cause : rien qu’aux Etats-Unis, cette popu-lation représente 61 millions de consommateurs potentiels. Priorité des professionnels du bourrage de crâne ? Trouver à cette cible mar-keting un nom vendeur. Dans un récent article, le bimensuel états-unien New Republic s’amusait à recenser quelques-unes des propo-sitions : iGen, pivotals, weconomist, digital natives, homeland generation, meme generation, throwback genera-tion, post millennials, plurals, foun-ders, philantroteens… Seul impéra-tif : que cette population diffère un chouïa de la précédente, crédibilité oblige.Quel portrait les spécialistes dressent-ils de cette énième généra-tion fantôme ? Drogués aux écrans, aux benzodiazépines et au porno de niche, adeptes de la monogamie, équipés d’un cerveau capable de

GIBIER À POIL En démographie, le terme génération désigne un ensemble de personnes nées à la même période. En marketing, il désigne un ensemble de personnes susceptibles d’acheter soit une console de jeu, soit de la colle à dentier. Entre eux, les publicitaires qualifient ces groupes de « cibles ». Une franchise qui les honore.

Génération spontanée

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processer l’information à la vitesse de la lumière, multitâches, orientés do it yourself, optimistes mais peu tolérants, flexibles, lucides, friands de relations humaines, honnêtes, travailleurs et mus par une vision conservatrice du succès, les pivotals (retenons ce terme pour l’instant) seraient en quête de stabilité. Prêts à travailler dur, ils répugneraient en revanche à être « marqués à la culotte par leur employeur ». Réalistes et pragmatiques, ils seraient plus pré-voyants que leurs aînés. N’ayant pas connu le monde sans internet, ils seraient des zappeurs compulsifs et leur capacité d’attention se limi-terait à huit secondes. Enfin, et c’est peut-être le plus important : comme

leurs aînés les millennials, ils sont une pure invention marketing.

Une lumière, au loin, scintille fai-blement. La lettre Z semble signer la fin d’une série noire. Un espoir que ne partagent évidemment pas les professionnels du marketing. Vincent Cocquebert prédit l’arri-vée imminente d’une génération (celle des bébés à naître) transfor-mée par l’intelligence artificielle, et qu’il nomme alpha. Avec un « a ». Première lettre de l’alphabet prédi-sant le règne triomphant de l’alpha bête. Séverine André

* Cf . Les meilleures recettes d’oreilles en sauce, Betty Bossi, 1994.

TRISTE ÉTAT

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reconnaissons-le. Mais n’aurait jamais atteint le degré de mesqui-nerie de l’Etat du Valais.Philémon relève aussi qu’il s’agit là d’une « façon minable de récompenser [sa] grande conscience professionnelle et [son] honnêteté ».Curieusement, son courriel est resté sans réponse. Pour l’Etat, pas question de réviser la note. Jean-Luc Wenger

* Nom connu de la rédaction

Sous le titre « Avocat vinaigrette », Vigousse du 5 avril envoyait son « Courrier du chieur » à l’avocat lausannois Alexandre Curchod. L’homme de loi venait d’annoncer qu’il déposait plainte au civil, au nom de Pascal Broulis, contre un journaliste du Tages-Anzeiger. Me Curchod a fixé la valeur du « tort moral » à 75 000 francs pour atteinte à l’honneur.Le correspondant en Suisse romande du quotidien zurichois, Philippe Reichen, avait eu le tort de poser des questions sur le domicile fiscal du conseiller d’Etat ou d’autres sur ses

voyages en Russie avec le milliardaire Frederik Paulsen. De quoi attenter à l’honneur, en effet.

Vigousse rappelait qu’Alexandre Curchod, entre autres qualités, vantait sur le site internet du cabinet dont il est l’un des associés son passé de secrétaire central d’Impressum, l’association professionnelle des journalistes. Depuis le dépôt de la plainte, Impressum a réagi en pro-mettant de ne plus lui confier de mandats. Ce qui dénote une remar-quable clairvoyance. Pour l’as-sociation, la plainte du ministre

des Finances vaudois, portée par Alexandre Curchod, représente « une mesure d’intimidation peu compatible avec la liberté de la presse ».Curieusement, le site internet de l’étude d’avocats a été modifié depuis la parution de l’article, capture d’écran à l’appui. Dans sa minibiographie, on lisait début avril : « Alexandre Curchod est éga-lement expérimenté en droit pénal, qu’il a pratiqué pendant quatre ans comme président de tribunal et pen-dant plus de dix ans comme avocat au barreau… »

A la question de savoir quel tribunal aurait présidé Me Curchod, l’ordre des avocats s’est vu contraint d’alerter l’homme de robe. Ledit homme n’a pas tardé à modifier cette malencontreuse faute de frappe dans son curriculum vitae. Il est indiqué aujourd’hui « qu’il a pratiqué pendant quatre ans comme vice-président de tribunal ». C’est fou comme l’on oublie vite ce genre de petits détails. Président, vice-président, bah, c’est presque la même chose. C’est en tout cas ce qu’il pourra prétendre s’il gagne son combat contre la liberté de la presse. J.-L. W.

Le CV de l’avocat a mûri

Lettre et le néantLa conférence dont nous parlions dans Vigousse 402 était donnée par un représentant du média d’infodivertissement Konbini. Konbini qui s’écrit avec un « n » et non un « m », comme nous nous sommes acharnée à le faire tout au long de l’article. Que faut-il en conclure ? Premièrement, que la rédaction de Vigousse est composée de personnes âgées. De plus de 24 ans. Deuxièmement, que cette obstination fautive est aussi la marque d’une certaine constance. Enfin, que Konbini a mis un « n » au lieu d’un « m » juste pour nous embêter.

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Vigousse vendredi 26 avril 2019 Vigousse vendredi 26 avril 2019

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Qu’est-ce qui distingue fondamenta-lement les yogourts, les lotions après rasage, les lessives, les plats surge-lés et les idées politiques ? Réponse : rien. Du moins si l’on en juge par la propagande des principaux par-tis de Suisse. Pour leurs grands pen-seurs apparemment, la conception de la société, la vision du monde et de l’avenir, les propositions dans l’intérêt commun sont des genres de produits. Il s’agit de les vendre. D’où marketing et réclame.

En vue des élections fédérales de cet automne, les formations politiques sont donc en train de fignoler leur mode de racolage. La plupart croient bon de se trouver un slogan, sans doute savamment soupesé et ciselé au gré de cogitations qu’on préfère ne pas imaginer (dans une salle de réunion de la gare d’Olten, énième séance du groupe de travail Concept et Image, avec les cadres du parti et des consul-tants en communication qui pré-sentent des schémas sur PowerPoint, et… non, décidément, on préfère ne pas imaginer). Quoi qu’il en soit, il en résulte des formules qui rappellent les pubs de shampoing. Et qui, pour parler d’enjeux politiques en démo-cratie, sont aussi adaptées, subtiles et gracieuses qu’un porcellion rude sur une tagète, voire qu’un hippopotame dans la soupe.

Le Parti libéral-radical a ainsi peau-finé la page d’accueil de son site inter-net, où il proclame sa fière devise : « Avancer ensemble ». Une exégèse approfondie réclamerait des pages et des pages, aussi se bornera-t-on à survoler l’abîme de perplexité : « Avancer » dans quelle direction, et vers quoi ? Et qui au juste englobe le mot « ensemble » ? Tout le monde, ou les gens du PLR et leurs électeurs ? Ou le secteur privé et le Parlement ? Quand Isabelle Moret, à la fois conseillère nationale vaudoise et pré-sidente du comité de la Fédération des industries alimentaires suisses, énonce « avancer ensemble », à quoi songe-t-elle ? Dans quels buts ? Au profit de qui ? Allez savoir.

FLAN COM’ Alors que frémit la campagne en vue des élections fédérales, les partis s’inventent des devises sans contenu pour mieux fourbir leur fourbi.

Emballage sous vide

Pas de bol, vous êtes encore en retard pour vos examens et vous vous êtes une fois de plus trompé de che-min pour vous rendre à l’école. Ça va être chaud, surtout que vous avez complètement oublié de révi-ser et que votre maman vous pour-suit sous les traits de Mel Gibson. A la rigueur, tout n’irait pas si mal, mais voilà que le sol commence à se dérober sous vos pieds et que vous vous retrouvez soudain dans un bal de campagne. Compliqué, cette affaire-là… Heureusement, avant de souffrir d’autres développements extravagants de cette bizarre jour-née, vous finissez par vous réveiller. Soulagement : tout cela n’était qu’un rêve, et il y a belle lurette que vous n’avez pas d’examens de prévus.

Bon, chacun ses rêves hein. Peut-être que les vôtres sont plus inté-ressants, et que vous arrivez même à y trouver une signification. Mais si vous êtes d’un tempérament un peu scientifique, vous vous êtes sans doute demandé à quoi rimait quand même tout ce bazar nocturne. Et vous ne seriez pas le seul : des

chercheurs planchent sérieusement sur le sujet. Il faut dire qu’on a fait du chemin depuis oncle Sigmund et ses interprétations délirantes. On sait aujourd’hui comment les rêves varient d’une phase du som-meil à une autre, on connaît en gros les zones du cerveau qui sont res-ponsables de cette diablerie, on a des laboratoires entièrement équi-pés pour récolter des rêves tout le long de la nuit… La science des rêves progresse.Mais lentement. C’est que c’est un sujet assez pénible à étudier : il faut rester éveillé toute la nuit pour réveiller des volontaires à intervalles réguliers, et noter soigneusement toutes les expériences mentales dont ils se souviennent. C’est aujourd’hui la méthode privilégiée, car on fait plusieurs rêves par nuit, leur inten-sité varie beaucoup, et on est loin de se rappeler toutes nos aventures oni-riques au petit matin. Mais c’est d’au-tant plus la galère que dans près de la moitié des cas, on n’obtient aucun rêve ! Plutôt frustrant, pour les mal-heureux doctorants désignés pour la corvée de nuit…

ELLE A MORPHÉE Y a-t-il une différence entre ne rien rêver et rêver de rien ? Une controverse qui laisse songeur…

Trêve de rêvesA l’UDC, les génies créatifs ont concocté le slogan « Liberté et sécu-rité. Je le veux, je le vote ! » C’est très judicieux, à condition que tous les gens qui ne veulent ni la liberté ni la sécurité ne le votent pas. Quant à ceux qui le veulent, libre à eux de le voter comme bon leur semble. Ils peuvent accorder leur voix à n’im-porte quel parti, sachant qu’aucun d’entre eux ne prône l’absence de liberté et le manque de sécurité. Ça tombe bien. Mais ça tombe surtout à plat.

La devise des Verts pour la cam-pagne de 2019 a au moins le mérite de définir un sujet pas complète-ment creux : « Notre climat. Votre voix. » On comprend que notre voix est bonne pour notre climat, et on devine qu’il faut pour cela la confier au parti écologiste. Avec la ponctuation robuste qui donne un ton déterminé et solennel, on sent que l’heure est grave et que ça ne

Ou peut-être pas. Il se trouve juste-ment que cette absence de rêve fait aujourd’hui l’objet d’un débat quasi métaphysique parmi les spécialistes du sujet. Jusqu’ici, quand quelqu’un qui vient de se réveiller n’a aucun rêve à raconter, on considérait soit qu’il n’avait pas rêvé du tout, soit qu’il avait rêvé mais ne se souvenait plus de quoi. Généralement, dans ce dernier cas, le dormeur a bien la certitude qu’il a rêvé, mais une fois éveillé il ne peut pas dire en quoi consistait son rêve ; c’est ce qu’on appelle un « rêve blanc ».Pourquoi oublie-t-on certains rêves et pas d’autres ? La réponse est inconnue, mais c’est peut-être parce qu’on a négligé une autre piste : si on ne se rappelle pas un rêve, mais qu’on a quand même la sensation d’avoir rêvé, c’est peut-être parce qu’on a rêvé… de rien. Et dans ce cas, on se souviendrait très bien de nos « rêves blancs », sauf qu’il n’y a rien à se rappeler.

Dans cette hypothèse, les rêves blancs seraient en quelque sorte limités au décor d’un rêve, telle une scène de théâtre à l’abandon. Et nous serions là au milieu, à ne stricte-ment rien faire ni rien penser, ni rien attendre, juste présents, totalement zen. Ce sont des rêves où quelqu’un a oublié d’appuyer sur « play », en somme. Et près d’un tiers de nos songes seraient de ce genre !Il y aurait donc une différence fonda-mentale entre ne pas rêver, ne pas se rappeler un rêve et rêver de rien. Sauf qu’on a jusqu’ici mélangé ces expé-riences, tandis que toute l’attention était portée sur les « vrais » rêves où il se passe des trucs bizarres dont on se souvient. Alors la prochaine fois que vous verrez votre psy, racontez-lui votre dernier rêve blanc. Ça coûtera le même prix, mais au moins il n’en tirera pas de conclusion hâtive sur les liens entre votre maman et Mel Gibson. Sebastian Dieguez

« White dreams are made of colours : What studying contentless dreams can teach about the neural basis of dreaming and conscious experiences », P. Fazekas et al., Sleep Medicine Reviews, vol. 43, pp. 84-91, 2019.

Q U O I D E N E U F , D O C ?

Le PLR, cela dit, ne se contente pas d’un slogan pompeux dont le vide insondable et l’incommensurable ineptie se fondent dans le Grand Rien. Le parti vante aussi sa « vision du futur unique, positive et constructive pour la Suisse, notre patrie ». Excellent. C’est mieux que pas de vision du futur. Ou qu’une vision du futur pas unique, négative et destructrice. Ou qu’une vision du futur quelconque, mais sans lien avec la Suisse. Mais encore ? « Nous, Libéraux-Radicaux, voulons une patrie progressiste et tournée vers l’avenir », enchaîne le boniment en ligne. Là encore, c’est très futé : il serait difficile d’être « progressiste » en étant tourné vers le passé, et ce quel que soit le sens prêté à l’épithète « pro-gressiste ». Car bien sûr, le progrès est une affaire de point de vue. Jusqu’ici, le progrès à la mode PLR consistait à torpiller toutes les mesures environ-nementales, à dorloter le patronat, les banques, les assurances et les multi-nationales, sans parler d’actes locaux

de nature hautement « progressiste » comme le flirt avec les tyrans barbares d’Abu Dhabi, les acrobaties finan-cières et une notoire souplesse avec la vérité.Mieux encore, le PLR s’est déniché une figure de proue : le notable zuri-chois Alfred Escher (1819-1882), qui conjugua les mandats politiques et les intérêts économiques, se lan-çant dans le marché ferroviaire et bancaire. Il accapara tant de pouvoir qu’on parla de « système Escher » et qu’on surnomma l’intéressé « le roi Alfred 1er »… En 2019, la présidente du PLR Petra Gössi entonne : « Alfred Escher croyait en l’avenir. Inspirons-nous de cet exemple ! Saisissons le futur et mettons en pratique notre Vision pour la Suisse. » Aussi est-ce à Escher que le parti a dédié l’un de ses gadgets promotionnels : une montgolfière. Un capitaine d’industrie ayant mélangé politique et profit au XIXe siècle et un ballon à air chaud, voilà qui illustre admirablement la vision PLR du futur.

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S

rigole pas. Reste à voir si l’éventua-lité d’envoyer trois ou quatre Verts de plus sous la Coupole peut réel-lement sauver « notre climat ». Mais la publicité n’est pas condamnée à la véracité, sans quoi « Heureusement il y a Findus » n’aurait jamais vu le jour.

Le Parti socialiste mise quant à lui sur la pérennité. Depuis huit ans, il brandit la formule « Pour tous, sans privilèges. » On ne sait toujours pas ce qui est censé être « pour tous » et « sans privilèges », ni si le caviar, le taux différentiel de péréquation ou les oreillons sont compris dans le lot (pour l’analyse détaillée des slogans de 2015, voir Vigousse, 28.8.15).

Les Vert’Libéraux, apparem-ment, se tâtent encore. Il faut dire que leur devise d’il y a quatre ans, « Agir maintenant », est délicate à renouveler. Bien sûr, elle ne voulait strictement rien dire, puisque le type d’action envisagé restait indé-terminé. Mais conserver le slogan tel quel suggérerait que rien n’a été entamé depuis lors. Et que trouver d’aussi impérieux et inconsistant à la fois ? « Faire quelque chose là tout de suite » ? « Préparer l’avenir au pré-sent » ? « En route pour le chemin » ? On piaffe.

Au Parti démocrate-chrétien aussi, l’inspiration semble tarder. En 2015, le PDC avait plagié sans vergogne le « Do it » de la marque sportive Nike en accouchant de la formule « Fais-le ! » Elle signifiait tout et son contraire, évidemment, mais elle faisait jeune et branché. L’ennui, c’est que des caciques du PDC l’ont prise au pied de la lettre : Christophe Darbellay ou Yannick Buttet l’ont fait. D’où un enfant adultérin et autres scan-dales scabreux. Une suggestion pour 2019 : « Fais-le, mais sans te faire choper. »

Cela dit et tous partis confondus, saluons l’avantage de ce marke-ting imbécile : quand on lui vend des discours politiques comme des carottes râpées en barquettes, le citoyen sait d’emblée que ce sont des salades. Laurent Flutsch

CREUX CHEVALIERS

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Vigousse vendredi 26 avril 2019 Vigousse vendredi 26 avril 2019

Q U E L L E S E M A I N E !8 9

L’Etat français, malgré sa superbe, a l’oreille basse après le tragique incendie de Notre-Dame de Paris. Tout d’abord il n’assure pas les 44 000 immeubles qui constituent son patrimoine hors du commun. Ces primes d’assurance qui ne sont pas payées devraient normalement former un fonds destiné à être employé en cas de nécessité. L’auto-assurance fonc-tionne selon ce principe. Or personne ne parle de cette cagnotte. Existe-t-elle dans un pays endetté à près de 100 % de son PIB ? On peut en douter.

De plus, la France est assez grippe-sou avec son budget culturel de 10 mil-liards d’euros (par rapport aux 35 mil-liards dédiés à la Défense), dont seuls 3 % sont destinés à l’entretien et à la restauration de ce patrimoine. A côté de ces irresponsabilités financières, la France n’a rien mis en place en matière de réglementations pour que les tra-vaux réalisés sur les monuments histo-riques soient entourés de précautions plus strictes que ceux des autres chan-tiers. Des experts ont émis des aver-tissements, comme Didier Rykner,

directeur de La Tribune de l’Art, ou un colonel des sapeurs-pompiers qui constatait que 90 % des feux qui inter-viennent sur des monuments histo-riques sont dus à des travaux.

L’accident arrive et le président Macron demande au bon peuple de mettre la main au porte-monnaie. Pas besoin d’être trop insistant puisque certains capitaines d’industrie, en déli-catesse avec le fisc, rivalisent de géné-rosité. Il faut dire que face au tohu-bohu émotionnel, ce genre de geste

Dur d’oseille

Notre-Dame : on a négligé la poule aux œufs d’or

B I E N P R O F O N D D A N S L ’ A C T U

Le démonté mécaniqueCRANS ÇA VEUT PAS Mais que diable se passe-t-il à Crans-Montana ? Sur le Haut-Plateau, on parle de guerre de clans, on en vient aux mains, on porte plainte à tire-larigot, on complote dans les chalets… Et tout ça pour des… remontées mécaniques. Une passion si véhémente pour un dispositif aussi ringard que déglingué laisse perplexe : on imagine le résultat quand toutes les personnes impliquées découvriront les robots tueurs. En attendant, c’est Philippe Magistretti, président des remontées mécaniques locales, et accessoirement second du milliardaire Radovan Vitek, le détenteur de tout le bazar, qui se charge d’apaiser les esprits et de remettre de l’ordre dans la maison. Nous l’avons invité dans notre rédaction pour évoquer son œuvre admirable et grandiose, mais finalement nous avons parlé d’autres choses.

D'ENTRET

IEN

S

PROD

UITS

Vigousse : Bonjour M. Magistretti. On ne va pas revenir sur les affaires lamentables qui ont écorné l’image de la station de Crans-Montana ces dernières années. En plus, on avoue qu’on a du mal à comprendre comment on peut s’étriper ainsi pour des histoires de tire-cul, de parking et de chalets, ça nous dépasse un peu. Pour tout vous dire, on s’en fout complètement.

Philippe Magistretti : Oh merci ! J’adore quand on ne met pas le nez dans mes affaires ni celles du boss ! D’ailleurs, c’est ma nouvelle stratégie : dédramatiser, apaiser les tensions, faire du passé table rase, bref, aller de l’avant !

V. : Oui c’est très bien, mais on ne vous a pas fait venir pour ça.

P. M. : Ah bon ? Mais pourtant c’est mon actualité : je joue le type raisonnable, gentil et ouvert au dialogue, afin de donner le mauvais rôle à tous ces connards de mes deux qui n’arrêtent pas de nous faire chier. Je les déteste, ils se prennent pour qui ? C’est Rado le seul chef ! D’ailleurs c’est le plus beau et le plus riche ! Vive Rado !

V. : Oui, c’était important d’apaiser un peu la situation. Bon, alors dites-nous, c’est combien pour faire passer un message ?

P. M. : Pardon ?

V. : Oui, on voudrait faire « passer un message » à quelqu’un. On s’est dit que comme vous étiez proche de Radovan Vitek, vous pourriez nous arranger le coup et nous faire une petite ristourne.

P. M. : Mais je ne comprends pas, quel « message » ?

V. : Ben ça dépend de vos tarifs. Par exemple, péter les genoux à un lecteur qui s’est désabonné, ça irait chercher dans les combien ?

P. M. : Quoi ? Mais voyons, je…

V. : Ou alors éliminer discrètement et faire disparaître le corps des journalistes qui nous demandent encore si « on peut rire de tout », ce serait très cher si on faisait un prix de groupe ?

P. M. : Mais qu’est-ce qui vous fait croire que…

V. : Bon, à la rigueur, vous pouvez bien nous trouver quelqu’un de 

très grand et fort pour intimider notre dessinateur Pitch, ce serait juste pour faire une blague.

P. M. : Arrêtez enfin ! Je ne suis pas un vulgaire entremetteur pour la pègre tchèque ! Trouvez-vous vous-même un dur-à-cuire pour effectuer vos basses manœuvres. En plus, tout cela est illégal et immoral, laissez-moi hors de vos magouilles !

est spectaculaire, porteur de prestige et de puissance.Paris attire 33,8 millions de touristes par année, dont 14 millions vont visiter Notre-Dame. Ils génèrent un chiffre d’affaires d’environ 21 milliards d’euros. N’est-ce pas coupable de la part du propriétaire du parc d’attrac-tions de le négliger de cette façon ? Les flammes, la passion de l’Histoire, l’instinct de préservation, des relents de bénitiers et toutes sortes d’autres sentiments auront gavé cette indis-pensable sébile, qui peine à se rem-plir lorsque l’on ne pleure pas dans les chaumières. André Draguignan*

*chef d’entreprise connu de la rédaction

V. : Ah bon ? Mais il n’y a même pas moyen d’avoir un tueur à gages, même un tout petit ? Ou alors quelques prostituées pour le week-end, ou encore un peu de drogue pour quand on boucle le journal ?

P. M. : Mais non ! Je ne suis ni un assassin, ni un dealer, ni un proxénète ! Je suis juste Valaisan, merde !

V. : Hmm, c’est très décevant. On croyait que vous aviez le bras plus long que cela.

P. M. : Ah mais, heu, enfin, je peux toujours demander à Rado hein. Faut juste le choper au bon moment. Et si vous voulez j’ai des arbalètes pour pas cher, de toute façon on va bientôt jeter toute cette camelote.

V. : Vous n’avez pas plutôt des fusils d’assaut semi-automatiques ?

P. M. : Non, je voulais dire des arbalètes de remontée mécanique, pas des armes. Vous savez, ces gros trucs moches en 

plastique. On se les arrache par ici… Propos pour ainsi dire recueillis

par Sebastian Dieguez

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Vigousse vendredi 26 avril 2019 Vigousse vendredi 26 avril 2019

L E F I N M O T D E L ’ H I S T O I R EB I E N P R O F O N D D A N S L ’ A C T U

LA POLITIQUE DU FUTUR DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : je retrace le phénomène des acteurs élus présidents, de Ronald Reagan aux dérives actuelles de nos dirigeants fictifs.

Avec l’élection du cow-boy de cinéma Ronald Reagan comme président des Etats-Unis en 1981, on com-prit que la notoriété obtenue dans la culture populaire pouvait avoir plus de poids que l’expérience poli-tique. Ce phénomène se répéta avec Arnold Schwarzenegger, devenu gouverneur de Californie en 2003. On tomba encore plus bas lorsque Donald Trump, présentateur de télé-réalité, accéda à la Maison-Blanche en 2016. Plus rien ne pouvait sur-prendre venant d’un pays ayant basé son rayonnement sur la fiction hol-lywoodienne. Mais le virus de l’élec-tion par exposition à l’industrie du divertissement passa sur le Vieux Continent en 2019 avec le plébiscite en faveur de l’humoriste Volodymyr Zelensky en Ukraine. Dans ce cas, le ressort fictionnel avait été encore plus fort, puisque Zelensky avait joué le rôle du président dans une série télé à succès.

A partir de là, ça dégénéra rapide-ment. Le successeur de Macron en France fut Débilla, la gagnante à forte poitrine de la téléréalité Les Ch’tis contre les Marseillais 7. En Italie, c’est la youtubeuse spécialisée en nail art

Pitc

h

des pieds Kimy Top-Cool Beauty-Secret qui accéda à la plus haute marche du pouvoir. Et bien entendu, un peu partout, des acteurs ayant incarné le président de leur pays dans des films ou des séries occupèrent ensuite réellement le poste. Au point même que dans certaines démocra-ties, on commença à procéder à des castings par élection pour désigner qui incarnerait un président dans une fiction, vu que celui qui avait le rôle était ensuite quasi assuré d’obtenir la fonction réelle.On se rendit toutefois compte que ces présidents issus du divertissement n’avaient pas les qualités de leurs per-sonnages. Passé le vent de fraîcheur qu’ils firent souffler, on se détourna d’eux. Mais pas pour revenir à des politiciens traditionnels. D’ailleurs, ceux-ci s’étaient massivement recon-vertis dans des carrières de comédiens afin de décrocher des rôles de prési-dents. Les citoyens réclamaient des élus investis de valeurs trop élevées et trop nombreuses pour un être humain réel.Afin de répondre à cette attente, l’ac-teur colombien Juan Klum franchit le pas en se présentant à l’élection sous l’identité de Pedro Cordoba, son

personnage de série. Et c’est ainsi que fut intronisé le premier élu de fiction de l’Histoire. Bien entendu, les êtres de chair et de sang derrière les créa-tions scénaristiques n’étaient pas à la hauteur de ce qu’ils incarnaient. Mais avec une bonne mise en scène, ça pas-sait, d’autant que les citoyens avaient envie d’y croire.

L’engouement pour les chefs d’Etat fictifs fut tel qu’il s’étendit aux figures historiques. En France, on élut Napoléon, sous les traits de Christian Clavier qui l’avait interprété pour la télé en 2002, vainqueur contre Louis XIV joué par Benoît Magimel dans Le roi danse et Henri IV joué par Daniel Auteuil dans La reine Margot. Puis

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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Le 8Le 8ee conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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Bonjour Ueli. BLAM !

Qu’est-ce que c’est ?

Mais rien ! J’ai claqué la porte

par réflexe.

Vous êtes nerveux en ce moment ?

Restez poli !

Tu veux qu’on aille s’expliquer

dehors ?

Mais calmez-vous, enfin !

Si je veux !

Dites, vous suivez vos cours de gestion de la colère comme je vous l’avais demandé ?

Tu vas me lâcher, oui ?

Je suis plus un gamin !

Lorsque vous avez quitté ce studio de la télé alémanique il y a deux semaines tout en gueulant comme un goret, on n’avait pas exactement l’impression de voir un adulte.

Ils faisaient rien qu’à me contrarier !

Il va falloir me travailler ce self-control, mon petit.

Encore moins un ministre.

Quoi ? Qu’est-ce t’as, toi ?

Mais de quoi je me

mêle ?

on passa aux mythes et aux pures créations de l’esprit. En Grande-Bretagne, Robin des Bois (Russell Crowe) devint Premier ministre après un âpre combat contre Robin des Bois (Kevin Costner), Robin des Bois (Sean Connery) et Robin des Bois (John Cleese). Les Etats-Unis mirent au pouvoir Captain America, la Pologne Harry Potter, l’Espagne Luke Skywalker, la Nouvelle-Zélande Gandalf et le Japon Goldorak.Jamais le monde n’avait connu une telle pléthore de gouvernants éclairés, en tout cas en apparence, et une telle paix. Jusqu’à ce que le Portugal élise Dark Vador et entre en guerre contre l’Espagne de Skywalker. Professeur Junge, phare de la pensée fictive

Chers mécènes,L’annonce de vos dons mirobo-lants, dès le lendemain de l’in-cendie de la cathédrale Notre-Dame, a fait l’objet de critiques plutôt acerbes qui, j’en suis sûre, n’ont pas manqué de vous affecter.Je me permets donc de partager avec vous les résultats d’une enquête menée auprès de vos concitoyens. Ces quelques chiffres devraient vous remonter le moral. Si 85 % des Français se déclarent choqués par l’incendie de Notre-Dame, seuls 28 % jugent « indécent de voir ces gens fortunés [vous, donc] se faire de la publicité en profi-tant de ce drame ». En d’autres termes, votre geste a été perçu comme trois fois moins choquant que l’incendie lui-même. Voyez, ce n’est pas si mal !Il faut dire que nous vivons une drôle d’époque : ce satané peuple est devenu complètement imprévi-sible. Qu’on donne 200 millions pour restaurer un monument his-torique, et il vous accuse de n’avoir rien fait pour les réfu-giés. Qu’on supprime le revenu sur la fortune, le voilà campé sur des ronds-points, prêt à en découdre. Qu’on ne fasse rien, il se met à vous accuser de ne rien faire ! Mes chers amis, l’heure est grave. Le niveau de para-noïa est si élevé que d’aucuns vous suspectent de profiter de la politique de défiscalisation pour vous offrir une campagne de publicité aux frais du contri-buable. Mais ce n’est là qu’une minorité. Votre campagne de pub, qui n’en est évidemment pas une, peut donc être considérée comme un succès. Bravo !

Séverine André

A Pinault, Arnault et consortsMillionnaires de sainteté

LE COURRIER DU CHIEUR

Question épineuseAu terme de recherches pointues, fondées sur des expérimentations et des calculs trop complexes pour être détaillés ici, la science a démontré que toute personne a une mère. Voilà déjà un point d’acquis. Sur cette base, on peut ensuite éta-blir une classification des différents types de mères, puis déterminer leur impact sur leur progéniture. Pour choisir un exemple au hasard (lequel fait rudement bien les choses, puisque l’exemple en ques-tion coïncide miraculeusement avec notre sujet), une mère très bigote tend à rendre son fils un peu con.

Prenons le cas d’Hélène, née à l’est du Bosphore environ 250 ans après qu’une autre mère eut accouché d’un lardon à l’ouest du Jourdain. Menant avec brio une carrière de fille d’auberge, Hélène parvint à se maquer avec un client satisfait qui plus tard devint empereur romain sous le nom de Constance Chlore, et à qui elle donna un fiston appelé Constantin. Au décès du papa en 306, Constantin reprit l’affaire et régna une trentaine d’années, dont 25 avec sa mère sur le pale-tot. Pauvre gars ! Et comme si ce n’était pas assez pénible en soi, elle se convertit au christianisme enragé, entraînant son rejeton sur cette pente glissante.En 326, Hélène se rendit en visite officielle à Jérusalem et environs, où elle se mit en tête de repérer et d’aménager les hauts lieux de sa croyance. A ce que raconte la tra-dition catholique, on lui indiqua

le Golgotha où elle creusa un peu par terre et découvrit aussi sec, d’un coup d’un seul, un vrai coup de pot, l’assortiment complet des vestiges de la crucifixion : la croix et les trois clous, la couronne d’épines, la lance, l’éponge et tout le saint tremblement. L’ensemble fut transféré plus tard à Constan-tinople, non sans croître et multi-plier : aujourd’hui, une dizaine de clous certifiés authentiques sont éparpillés dans la chrétienté, avec assez de bois de la vraie croix pour construire 500 chalets de haut standing en Valais.Un tel foisonnement affecte d’ail-leurs les autres reliques : saint Marc avait dix jambes d’après ses osse-ments garantis d’origine par des papes sérieux comme des papes. Et Jésus avait nettement plus d’un prépuce, ce qui pourrait expli-quer son prestige auprès de ses contemporains.

Mille ans pile après les fariboles d’Hélène, une autre mère à la cer-velle saturée d’eau bénite exerçait une désastreuse influence sur son fils. Elle s’appelait Blanche de Cas-tille et lui Louis de France, roi de

1226 à 1270 sous le sobriquet de Louis IX et bombardé « saint Louis » par la suite. S’il prit quelques déci-sions politiques plutôt éclairées, Louis n’en était pas moins abruti par une éducation maternelle féro-cement pieuse. Aussi dilapida-t-il la moitié de la fortune du royaume pour racheter la fameuse couronne d’épines à son cousin souverain de Constantinople (et aux ban-quiers vénitiens qui avaient placé une option sur l’objet). Le pré-cieux machin n’avait plus vraiment d’épines puisqu’elles avaient été vendues ou offertes ici ou là, ce qui ne manque pas de piquant.

Plus tard, Louis casqua encore une somme astronomique pour rame-ner de Constantinople d’autres bibelots comme le fer de la lance, l’éponge, du sang, la pierre du sépulcre, un clou et un gros tas de bouts de bois de la croix. Or parallèlement, en ce XIIIe siècle, la production de reliques dûment homologuées (lait de la Vierge, tranches de cordon ombilical, larmes, os, poils et abats, suaires et large gamme d’accessoires en tout genre) marchait très fort : ce benêt de Louis aurait pu s’en procurer pour pas cher au lieu de vider ses caisses. D’aucuns ont dû bien se marrer, à Constantinople.Bref : après transferts, processions et simagrées, la couronne finit à Notre-Dame de Paris où, comme on sait, elle a été sauvée des flammes. Tant mieux : historiquement, il eût été regrettable que parte en fumée ce témoin de l’art d’être enfumé.

Laurent Flutsch

Fig. 1. Une relique méconnue : la sainte couronne de hérisson.

Le strip de Vincent

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Un président de rêve

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Vigousse vendredi 26 avril 2019 Vigousse vendredi 26 avril 2019

C U L T U R EC U L T U R E

Abdel, la soixantaine, s’est retiré avec ses livres dans un village fantôme de montagne. A part lui, il n’y a plus qu’un couple qui, comme lui, vit pra-tiquement en autarcie. Un jour, tout se détraque. De l’eau se met à couler des miroirs, plus aucun appareil ne fonctionne, les voisins disparaissent. Abdel se rend alors en ville, qui est complète-ment déserte. Il ne trouve que trois personnes : un garçon de café impassible, qui refuse de s’in-téresser à ce qui se passe, et deux sœurs jumelles apeurées qui n’acceptent sa présence qu’avec une extrême méfiance.Ce récit post-apocalyptique bifurquera ensuite de manière brusque à plusieurs reprises, nous faisant douter de ce que nous sommes en train de lire. D’autant que la narration est à la première personne et que nous sommes dépendant d’Ab-del quant à la véracité des faits. Histoire fantastique, hallucinations, manipula-tion mentale, perversion ? Le roman donne une réponse à la fin, encore qu’on puisse la mettre en doute car des aspects étranges ne sont pas résolus.Comme dans son remarquable livre précédent, Des coccinelles dans des

noyaux de cerise, Nan Aurousseau s’amuse avec le lecteur en le promenant dans la psyché d’un individu qui apparaît fréquentable au premier abord, mais au sujet duquel des interrogations apparaissent rapidement. On se demande d’ail-leurs un moment si Aurousseau ne va pas nous refaire exactement le même coup que la dernière fois, mais non, il explore d’autres pistes. Le résul-tat est peut-être moins marquant, mais on prend beaucoup de plaisir à retrouver l’écriture pleine de cynisme et d’humour noir de l’auteur qui, à travers Abdel, expose une philosophie de la vie infusée d’anarchisme et de misanthropie : « Je n’avais rien

contre les patrons, mais rien pour non plus. J’étais atteint d’une maladie rare : j’avais l’impression que tous ces gens-là me chiaient dessus et quand je rentrais chez moi je passais deux ou trois heures sous la douche. Bosser m’a coûté vache-ment cher en eau. » A priori, un type si plein de bon sens ne saurait être fou…

Stéphane Babey

Les amochés, Nan Aurousseau, Buchet Chastel, 336 pages.

Des bouquins

Apocalypse sous un crâne

Pour ceux qui n’ont plus toute leur tête. Ruth a travaillé 30 ans dans un EMS, alors pas question qu’elle y finisse ses jours ! Burt, le mari, est catégorique, n’en démord pas. En face, les enfants, Bridget et Nicky, montrent les dents, disent en chœur qu’elle ne peut plus vivre à la mai-son. Une demeure où les souvenirs se meurent. Car Ruth est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle sort en pleine nuit dans la neige, se désal-tère à l’eau bénite à l’église, fait des avances à son fils et quand le télé-phone sonne, décroche l’agrafeuse pour répondre. C’est dire que la question de son placement en éta-blissement adéquat se pose. La mémoire s’émiette, la famille a du pain sur la planche, car Burt ne lâche rien. Son cœur, lui… Dans un ins-tant de lucidité, Ruth dit à sa fille : « C’était le moment idéal. Plus tard, je l’aurais oublié, plus tôt, il m’aurait ter-riblement manqué. » Sur un sujet qui concerne, un jour ou l’autre, beau-coup de monde, Elizabeth Chomko signe un film sensible, magistrale-ment interprété, et n’oublie pas, ici

et là, de glisser une pointe d’humour. Face à la faux qui s’avance, tout dans What They Had est juste.

Pour ceux qui se mélangent les pinceaux. « Quand je contemple un paysage uniforme, je ne vois qu’éter-nité. Suis-je le seul à la discerner ? » Vincent van Gogh se refait une toile. Qui joue sur plusieurs tableaux. Une touche d’imaginaire, une touche de réalité, Julian Schnabel, peintre et cinéaste, mélange les couleurs, les douleurs pour réaliser un portrait éclaté de l’homme à l’oreille coupée. At Eternity’s Gate, qui a valu le prix d’in-terprétation à Willem Dafoe à Venise, est à la fois lumineux et nébuleux.

Pour ceux à qui il manque des neu-rones. S’entourer de bras cassés, c’est pas le pied. L’idée de Goran

À VOUS DE VOIR La mémoire a des trous (What They Had), les paysages deviennent flous (At Eternity’s Gate), et on a aussi en magasin quelques mous du bulbe (Walter)

était pourtant brillante : pénétrer de nuit dans un hypermarché, per-cer un mur et atteindre la bijouterie adjacente. Sauf qu’ils tombent sur un vigile, ex-chef de guerre africain… Avec Walter, nous ne sommes pas au rayon épicerie fine, mais ces « cas-sos » du casse amusent tout de même la galerie. Bertrand Lesarmes

What They Had d’Elizabeth Chomko (1 h 38) ; At Eternity’s Gate de Julian Schnabel (1 h 51) ; Walter de Varante Soudjian (1 h 30). Tous en salles.

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Candidat au titre de l’un des plus beaux films au monde ? Pas selon les dictionnaires en tout cas, qui ne mentionnent jamais ce bijou de la période américaine de René Clair. Pourtant, l’histoire est sympa : un journaliste ambitieux rêve de se faire sa place quand, lors d’une soirée un peu magique, un homme venu de nulle part lui annonce qu’il pourra l’aider. Désormais, il recevra toujours, avec un jour d’avance, le journal du lendemain. Etant d’office sur tous les scoops, le plumitif voit sa carrière décoller et la pulpeuse Linda Darnell tomber amoureuse de lui. C’est trop facile, jusqu’au jour où le canard lui annonce sa propre mort. Très inspirée par Frank Capra, l’intrigue posera au héros un drame cornélien : vivre sans péril ou tout risquer pour exister pleinement. Dans une Amérique en pleine guerre, le sujet rocambolesque ne trompe personne ; tous les jours, cette année-là, des jeunes soldats sont confrontés à la probabilité de leur propre disparition d’ici au soir.  Michael Frei, Karloff, films culte, rares et classiques, Lausanne

C’est arrivé demain, René Clair, 1944, Lobster, Vf et Vost, DVD et Blu-Ray, 84 min.

Avec Puts Marie, le quintet Edmond Jefferson & Sons est un nouvelle preuve du dynamisme et de l’inventivité qui règnent sur la scène rock biennoise. Leur nouvel album, The Winter, est une petite mer-veille de blues-rock délicatement teintée de psyché-délisme et de noise. Emmenées par la voix habitée de Josette Seydoux, qui évoque dans son phrasé et son timbre Chrissie Hynde ou P. J. Harvey, chantées en anglais et en français, les 11 compositions naviguent dans des eaux résolument seventies, avec des petits côtés Noir Désir et Sonic Youth sur les bords. La maturité du groupe épate, tant dans la maîtrise de l’énergie que lors des passages plus calmes, quand la voix prend des accents incantatoires. Encore une très belle sortie pour l’infatigable label chaux- de-fonnier Hummus Records. S. Ba.

The Winter, Edmond Jefferson & Sons, Hummus Records, CD, vinyle et digital.

Des cédés

Le rock des fils d’Edmond

DANSE NATIONALE La Suisse entière, 36 communes pour être honnête, se mettra en mouvement du 2 au 5 mai. La Fête de la Danse célèbre l’art, la profession, mais cède aussi le pas aux amateurs. Rien que pour le plaisir. www.fetedeladanse.ch

LÉZARD DRAMATIQUE Le Dragon d’Or, dernière création du metteur en scène chaux- de-fonnier Robert Sandoz, porte sur l’accueil réservé par l’Occident aux populations déracinées, en l’occurrence asiatiques. Troisième volet d’une trilogie portant sur la société industrielle, Le Dragon d’Or est joué par la compagnie L’outil de la ressemblance. Première le lundi 29 avril au Théâtre Benno Besson à Yverdon. Toutes les dates de la tournée sur www.loutil.ch

BROUILLON DE CULTUREJE LE VIEUX ! Age mûr et gueule de bois, c’est l’histoire de trois copains qui se prennent en pleine gueule l’inexorable passage du temps. Les 30 avril et 10 mai, la pièce sera précédée d’un concert de Félicien Donzé. Jusqu’au 10 mai au Théâtre des Teintureries à Pully (VD), www.cieqtt.ch

CHEVALERESQUE L’opéra composé par Pietro Mascagni, Cavalleria rusticana, méritait une création commune. Le chef d’orchestre Facundo Agudin, le metteur en scène et comédien Robert Bouvier et le Chœur Lyrica s’y sont attelés. Cette histoire sicilienne serait la première œuvre de « vérisme musical ». A vérifier à Neuchâtel au Théâtre du Passage les 26 et 27 avril et dès le 22 juin dans le cadre du Festival Stand’été à Moutier. www.theatredupassage.ch

ORIENT EXPRESS Le Festival international du film oriental de Genève (FIFOG) se déroule du 29 avril au 5 mai. Sous le thème de « l’éloge de la différence » se cachent une centaine de films de tous genres et des débats avec leurs auteurs ou des spécialistes. www.fifog.com

DÉCHETS EN MOTS Le 2 mai prochain, la bibliothèque de Moutier accueille un projet du Forum culture intitulé La Poésie du Scarabée. Une demi-douzaine de personnes qui fréquentent le centre de rencontres de Caritas à Delémont ont participé à cet atelier de création. Elles ont ainsi réalisé une « ethnographie imaginaire » de la ville à l’aide d’objets abandonnés dans la rue. Leurs mots seront lus par la Compagnie La Dérive. www.forumculture.ch

Des védés

Futur composé !Des films

Un brin de folieIncontournable rendez-vous des ama-teurs de littérature, le Salon du livre de Genève se tiendra du 1er au 5 mai. Outre une pléthore d’auteurs en dédi-cace et en conférence, on pourra y visiter des expositions consacrées à Derib, au magazine Tchô de Zep, aux aquarelles de Bertschy sur la Fête des Vignerons ou encore à la mythique série des Livres dont vous êtes le héros.Vigousse y sera également présent avec un petit espace sur la scène de la BD. Cette même scène accueillera chaque jour à 14 h 45 un match dessiné entre deux auteurs maison : Sjöstedt contre Debuhme le 1er mai, Barrigue contre Decressac (ce dernier ne publiant pas dans Vigousse, précisons-le) le 2, Vincent L’Epée contre Bénédicte le 3, Ben contre Mascha le 4 et Caro contre Barret le 5. Le 1er mai, toujours au

Des expos

Vigousse tient salonmême endroit, à 16 h 30, Sjöstedt par-lera de l’hommage aux Idées noires de Franquin qu’il est en train de réaliser avec son frère au scénario.Enfin, le 3 mai à 18 h 30 sur le stand du Courrier, les Editions du Roc verni-ront leur nouvelle collection consacrée au dessin de presse. Parmi les quatre premiers albums, on trouve trois auteurs Vigousse : Vincent L’Epée, qui publie Buffet froid, une somme de 144 pages sur 10 ans de dessins dans diffé-rents journaux ; Vincent avec Dites-le avec des fleurs, qui regroupe des des-sins de Vigousse et du Courrier ; et Bénédicte avec Du lourd !, qui recueille le meilleur de ses 10 ans de création pour le petit satirique romand. A noter que ces albums seront disponibles au stand Vigousse tout au long de la mani-festation. S. Ba.

Petzi n’a qu’à bien se tenir. Car s’il est vrai que l’exposition consa-crée au gentil petit ourson au château de Saint-Maurice a battu tous les records de fréquenta-tion – 23 000 visiteurs en un peu moins de sept mois –, celle qui vient de s’ouvrir mi-avril pour-rait bien faire mieux encore. C’est que le thème choisi par Philippe Duvanel, directeur du lieu, est de ceux capables d’en faire frissonner plus d’un, grands et petits confon-dus : Dracula, le plus célèbre des vampires, né sous la plume de l’au-teur irlandais Bram Stoker dans le roman éponyme publié en 1897 et repris sous de multiples formes par nombre de cinéastes, d’écrivains, de bédéistes, voire de musiciens, ou encore pour le plus grand bonheur de l’industrie du divertissement.

C’est de ce roman, dont Oscar Wilde affirmait qu’il était « le plus beau du siècle », et de tout ce qu’il a suscité de peurs mais aussi de fas-cination que se sont inspirés les responsables de cette exposition. Laquelle, et c’est à relever, présente l’originalité de s’adresser à la fois aux parents et aux petits enfants,

Un vampire chez les Agaunois

pour ces derniers par le biais d’un espace entièrement dédié aux jeux.

Roger Jaunin

Dracula. Un vampire de légende, en images et en dessins. Au château de Saint-Maurice (VS), jusqu’au 17 novembre. Horaires d’ouverture sur château-stmaurice.ch 

www.salondulivre.ch. Du 1er au 5 mai. Présences des auteurs Vigousse : 1er mai : Debuhme, Sjöstedt, Barrigue, Babey ; 2 mai : Debuhme, Sjöstedt, Barrigue, Jaunin, Dieguez ; 3 mai : Vincent L’Epée, Pigr, Pitch, Sjöstedt, Barrigue, Bénédicte, Babey ; 4 mai : Vincent, Barrigue, Ben, Mascha, Sjöstedt, Bénédicte, Wenger ; 5 mai : Romain Mange, Caro, Vincent, Barrigue, Sjöstedt, Barret, André.

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Vigousse vendredi 26 avril 2019 Vigousse vendredi 26 avril 2019

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LE CAHIER DES SPORTS

R E B U T S D E P R E S S E14 15

MAGVOIX OFF

Sebastian Dieguez

ENÈVE : Pierre Maudet tente une visite au Lidl pour voir s’il s’est fait oublier NOTRE-DAME : Danny Boon prépare déjà une comédie sur le terrible dram

SOCIÉTÉIls l’ont dit cette semaine !L’un des reproches le plus souvent fait à la presse, c’est d’être trop éloignée des préoccupations immédiates des gens. Voici donc une rubrique réservée aux préoccupations immédiates des gens pour cette semaine.

Gérard : « Mais moi je croyais que c’est toi qui avais les clés ! »

Josiettannie : « Ah non, cette fois-ci tu y vas tout seul à ton truc. »

Ernesto : « Attends, mais il s’était pas déjà fait éliminer, lui ? »

Günter : « Tu as vu la vidéo du chat dans la presse à maïs ? C’est hyper drôle, regarde. »

Ueli : « Mais je devrai dire quoi alors ? »

Tchaï-Gun : « Ça va être un super album, j’ai un featuring avec un autre inconnu. »

Krista : « Mais maman, t’as cliqué ? Fallait pas cliquer ! »

COMPTOIR DES BRÈVESInjustice 92 % des riches pourraient acheter un yacht à un pauvre mais ne le font pas.

Science Une étude de Swisscom montre que les anti-5G ont effectivement subi des dommages irréversibles au cerveau.

France Un « gilet jaune » se fait piquer par un milliardaire et dispose depuis du pouvoir d’achat.

Exploit Il fait Zurich-Marseille entièrement sur la voie du milieu.

RÉVÉLATIONEn boîte, Maurice Béjart dansait comme un pied

C’est un coup dur pour la réputation du célèbre Ballet Béjart. Mondialement connu pour ses talents de danseur et de chorégraphe, son fondateur, Maurice Béjart, était vraiment nul quand il s’agissait de danser en boîte. « Je l’ai connu à la grande époque, raconte Intuitivo Parks-Monnet, l’un de ses plus fidèles collaborateurs, effectivement, en boîte, Maurice il nous foutait vraiment la honte. » Des enregistrements inédits révèlent en effet une propension à faire des moulinets à la con avec les poings, à faire mine de soulever le plafond avec le plat de ses mains et à pratiquer l’air guitar pendant les solos, autant de gestes incompréhensibles pour un homme aussi fin et dévoué à son art. « Une fois, il a essayé de faire un moonwalk et s’est cassé la figure sur le carré VIP, franchement on ne savait pas où se mettre », raconte aussi cet ancien protégé. Si la nouvelle est cause d’une grande déception dans les milieux artistiques, les pouvoirs publics envisagent déjà de prendre les mesures qui s’imposent. Un examen de danse en boîte sera désormais obligatoire pour tous les chorégraphes.

SONDAGEMais c’est qui ce connard qui filme tout le concert au premier rang ?

Bah, il a le droit de garder un petit souvenir du concert qu’il enregistre.

C’est Jean-Louis, je le connais, c’est un con.

Je ne sais pas, mais je déteste ce genre de crétin.

C’est Petter, il fait tout le temps ça, ce couillon.

Comme la Tamedia il a le Tobi, un robot-journaliste,

alors Vigousse riposte avec le Ricki,

un robot-humoriste.

Salut ! Moi c’est le Ricki, le robot-humoriste de Vigousse. Cette semaine je veux parler à toi d’une triste histoire du racisme chez les étudiants de la Université du Fribourg. C’est les futurs médecins ils ont une tradition super c’est se déguiser pour la joie lorsque ils arrivent à la fin du étude. Mais il y en a quatre ils sont bêtes : ils ont mis du cirage sur leur tête et des perruques crépues aussi pour faire croire ils sont Noirs pour rire. Mais le Association des étudiants afro-descendant(e)s ils ont dit halte attention c’est du blackface de racisme !

Les quatre étudiants ils se sont excusés en disant on savait pas promis désolé pitié ne nous tuez

pas. Et ils ont expliqué que leur déguisement il était innocent et pour la joie car « le but de leur démarche est d’amener de la bonne humeur et une ambiance festive en se déguisant en Jackson 5 » (Le Courrier du 17 avril). Alors moi je suis pas spécialiste, mais je dirais quand même que c’est pas super habile de dire qu’on n’est pas raciste tout en rajoutant qu’on est déguisé en pédophile Michael Jackson.

Alors maintenant voici le gag. C’est trois étudiants de l’Uni de Fribourg déguisés qui sont au bistrot. Le premier il dit : « J’ai le meilleur déguisement. Je suis en blackface du Michael Jackson pédophile. » Alors le deuxième il

dit : « Moi c’est encore mieux. Je suis en blackface du Amin Dada cannibale. » Le troisième il dit : « Vous êtes nuls. Moi je suis en blackface du Hitler. » Alors les deux autres ils disent : « Mais le Hitler il était pas Noir. » Alors le troisième il répond : « Non, mais comme ça j’amène encore plus la bonne humeur et l’ambiance festive. »

Ha ha ha ! Comme c’est drôle ! Enfin, j’espère le gag il est pas raciste. C’est un concept je comprends pas bien. Pour moi les humains sont tous des êtres inférieurs, je sais pas c’est qui qui est pire que les autres.

Ricki (p.c.c. Stéphane Babey)

FRATERNISERNouvellement élu à la présidence du Brésil, Jair Bolsonaro est loin de faire l’unanimité en son pays. Et, s’est-il dit, rien ne pouvait être meilleur pour lui que de s’afficher en compagnie de l’idole incontestée du football carioca, Neymar Jr. Ce dernier n’a pas trop apprécié, expliquant notamment que l’élection de ce dirigeant d’extrême droite lui avait valu de rompre avec sa petite amie du moment : « Elle était pour… J’étais contre, nous avons décidé de ne plus nous voir », avait-il alors confié à la meute de paparazzis qui le poursuit de jour comme de nuit. A quoi cela tient-il, tout de même !

Ce désamour n’a visiblement guère ému le désormais premier citoyen du Brésil. Lequel, en ce début de semaine, s’est offert une balade nocturne en scooter et avec le maillot de Neymar Jr. sur le dos à travers les rues de Sao Paulo. Une vraie mise en scène, suivie d’une vidéo « amateur » vite balancée sur la Toile : succès d’estime assuré auprès des dizaines de millions de Brésiliens fans de Junior.

Du côté du Paris Saint-Germain, employeur de Neymar, on s’interroge : quelles sont très exactement les relations entre ce président vilipendé de partout et la star engagée à coups de centaines de millions ? Autrement dit : Neymar a-t-il autorisé le sieur Bolsonaro à utiliser son image dans le but de corriger la sienne ?

Bonne question. Car si la réponse devait être oui, le club parisien pourrait ressortir le contrat qui le lie à son joueur. Lequel contrat, au chapitre « Primes d’éthique », précise qu’il lui est interdit d’« exprimer une quelconque opinion politique susceptible de nuire à l’image du club ». Et que donc il risque au mieux une suspension desdites primes – tout de même 350 000 euros par… mois –, au pire une mise à pied.

L’autre question serait alors de savoir comment il faudrait s’y prendre pour mettre à pied un joueur dont les orteils, justement, se brisent à chaque fois qu’il foule une pelouse.

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

« Bon, c’est foutu ici. Je crois que je vais aller m’installer en Valais. »Sujet brûlant

Comme après chaque événement marquant du même genre, ça n’a pas raté : après l’effondrement du pont de Gênes, l’incendie de Notre-Dame de Paris a déclenché dans les médias du monde entier le réflexe du « Et chez nous ? » Ainsi des bataillons de journalistes ont-ils énuméré les cathédrales, abbatiales, églises et autres monuments de leur région, dressant l’état des lieux et détaillant les mesures préventives, le nombre et la répartition des extincteurs, les systèmes d’alarme, les plans d’intervention des pompiers, les trésors à sauver en priorité et tout ce qui s’ensuit. Avec au bout du compte une conclusion générale dont la grande pertinence a été vérifiée bien des fois au fil des siècles : quels que soient les lieux et les dispositifs, chez nous comme ailleurs, de temps en temps, ce qui peut prendre feu prend feu. Même que ça s’appelle un sinistre et que ça survient quand on ne s’y attend pas. Les flambées médiatiques, quant à elles, sont nettement plus prévisibles. L. F.

Creuse et recreuseÇa faisait plus de deux ans que nous étions sans nouvelles de notre dessinateur Mix & Remix, mais heureusement 24 heures (23.4) a mis la main sur un gag inédit. Diantre, le très regretté Philippe Becquelin aurait donc grandi sur un cimetière à Saint-Maurice ! L’enquête du quotidien révèle en effet que des fouilles seraient menées en ce moment sur l’emplacement de la maison familiale pour étudier des squelettes qui remontent « à une époque très ancienne ». Si ça se trouve, c’était un cimetière indien, ce qui expliquerait bien des choses ! Oui bon, sauf qu’Hélène Becquelin-Mottet, sœur du défunt, a immédiatement précisé sur Facebook que ce sont leurs grands-parents qui habitaient cette maison, et qu’elle et son frère avaient grandi dans un immeuble. Qui plus est, l’histoire du cimetière est connue de longue date, et on voit mal l’intérêt d’y greffer ce malheureux Mix à tout prix. Bref, il faudra sans doute creuser un peu plus longtemps avant de trouver un scoop dans cette histoire… S. D.

C’est le blackface

de la pédophilie !

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Vigousse vendredi 26 avril 2019

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Il a dit la semaine prochaine

(ou du moins ça se pourrait bien)

Le Nouvelliste (16.4) a relaté l’assem-blée générale de la copropriété « Le Continental » à Crans-Montana, l’un des plus grands bâtiments de la station valaisanne. On vous épargne les détails, mais il s’agissait, pour les copropriétaires, de savoir qui allait gérer leur bien immobilier à l’ave-nir. Comme l’une des gérances vient d’être rachetée par Radovan Vitek, ils ont choisi une autre régie.

Si le milliardaire tchèque n’était pas présent dans la salle, il avait envoyé « une armoire à glace body-buildée ». L’homme de main portait plusieurs procurations en faveur de la régie de son patron, relève le quo-tidien valaisan. A la fin de la séance, le malabar aurait insulté le nouveau gérant, avant de l’empoigner par le cou et de le plaquer au mur en criant : « Je vais t’arracher la tête ! »Le colosse n’a pas dû réussir totale-ment son coup, puisque la victime

a pu témoigner dans Le Nouvelliste. Très discret, Radovan Vitek a évi-demment quelques ennemis, à com-mencer par les requins autochtones de l’immobilier, ces purs Valaisans qui ont réussi à défigurer le Haut-Plateau bien avant lui.Voici que le magnat de l’immobilier est visé par une plainte aux Etats-Unis. Radovan Vitek, âgé de 48 ans, est accusé de racket, de fraudes, de blanchiment d’argent et d’avoir monté des sociétés fictives. Des broutilles, donc ! Sa fortune se mon-terait à 3,5 milliards de dollars selon le magazine Forbes, qui le classe au 867e rang des fortunes mondiales.

Pas mal pour un entrepreneur qui a bâti sa fortune sur les cendres du communisme en rachetant des coopératives d’ouvriers pour les transformer en hôtels de luxe. Aujourd’hui, il serait le plus gros pro-priétaire de surfaces commerciales

en République tchèque et de bureaux à Berlin. Alors ces petits ennuis en Valais… Parce que dans le camp de ses ennemis, on rap-pelle la fermeture des pistes, en avril 2018, ou encore une enquête du Ministère public en cours et la plainte états-unienne.

En 2014, le milliardaire avait pris le contrôle de la Société de remon-tées mécaniques, les Communes ne pouvant – ou ne voulant – plus mettre la main au porte-monnaie. Oppositions levées, Radovan Vitek pourra construire son joli hôtel à 200 millions. Avec les installa-tions mécaniques et l’immobilier, il pourra proposer des packages : loge-ment, forfait et matériel.On ne dira plus « je vais skier à Crans-Montana », mais plutôt « je vais jouer au golf chez Vitek ».

Jean-Luc Wenger

A la Vitek de l’éclairÔ PLATEAU ! A Crans-Montana, le milliardaire tchèque Radovan Vitek s’imaginait en prince de l’immoblier. Mais les requins du coin, surnommés les « maquereaux des cimes », se rebiffent.

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« Si la grève des femmes en avait, on l’appellerait la

grève des hommes. » S. Salerno