VARIABILITE HYDROCLIMATIQUE ET MUTATIONS AGRICOLES …
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Université Félix Houphouët-Boigny
(UFHB)
Institut de Géographie Tropicale
(IGT)
UFR Sciences de l’Homme
et de la Société (SHS)
Cote attribuée par la bibliothèque
2015-2016
Thèse de doctorat unique en Géographie
Pour obtenir le grade de
Docteur de l’Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan
Spécialité : Géographie Physique et Environnement
SUJET :
VARIABILITE HYDROCLIMATIQUE ET MUTATIONS
AGRICOLES DANS UN HYDROSYSTEME ANTHROPISE :
L’EXEMPLE DU BASSIN VERSANT DU BANDAMA EN
COTE D’IVOIRE
Présentée et soutenue publiquement le 11 novembre 2016
par
N’DA KOUADIO CHRISTOPHE
JURY
M TAPE Bidi Jean Professeur Titulaire, UFHB, Abidjan-Cocody Président du jury
M KOLI BI Zuéli Professeur Titulaire, UFHB, Abidjan-Cocody Directeur de thèse
Mme BIKPO-KOFFIE Céline Professeur Titulaire, UFHB, Abidjan-Cocody Examinateur
M KOFFI Brou Emile Professeur Titulaire, Université Alassane Ouattara, Bouaké Examinateur
M OCHOU Abé Delphin Maître de Conférences, UFHB, Abidjan-Cocody Examinateur
Mme DIBI KANGAH Pauline Maître Assistante, UFHB, Abidjan-Cocody Examinateur
I
À ce monsieur,
Qui nous a semé dans ce monde,
Qui n’a jamais su notre existence,
Et de qui nous n’avons aucune idée !
Au PERE Immence de toute providence
II
Avant-propos
Très tôt, j’ai pris la résolution de continuer mes études en géographie physique avec
pour spécialité la climatologie. Ce ne sont pas les obstacles qui ont manqués. Il fallait d’abord
trouver un encadreur puisqu’il n’y avait plus à l’époque (2007) de spécialiste en climatologie
à l’Institut de Géographie Tropicale (IGT). Le second obstacle se trouvait au niveau des
données climatiques qui sont assez coûteuses. En raison de ces difficultés, j’avais fini par
céder au découragement, encore que je sois le seul de ma génération estudiantine à
m’aventurer sur ce chemin. Je me consolais en me disant qu’« à l’impossible nul n’est tenu ».
Ce n’est pas la volonté qui m’aura manqué. Mais des hommes de bonne foi ont cru en moi et
la finalité, la voici : une thèse en Géographie Physique et Environnement (option
climatologie). Tant il est vrai que « rien n’est impossible à celui qui croit ».
Ce travail est le fruit d’une collaboration entre l’Université Félix Houphouët Boigny à travers
l’IGT et la Société d'Exploitation et de Développement Aéroportuaire, Aéronautique et
Météorologique (SODEXAM) via la Direction de la Météorologie Nationale (DMN) de Côte
d’Ivoire. En plus du soutien logistique, matériel et technique qu’ils m’ont apporté, ils m’ont
fait bénéficier d’un encadrement scientifique rigoureux. L’une des satisfactions personnelles,
au-delà de celle que me procure cette thèse, est d’avoir mis en place une série de données
pluviométriques sur le bassin versant du Bandama ivoirien qui couvre la période 2001-2013.
Il n’y a pas suffisamment d’informations pluviométriques sur cette période à causes des crises
sociopolitiques que la Côte d’Ivoire a connu. Il est donc important d’actualiser les études car,
en dix ans, un paramètre aussi instable que la pluie peut changer de statut. La reconstitution
de la base de données a été possible en utilisant des données de réanalyses disponibles à la
National Aeronautics and Space Administration (NASA). Ces réanalyses ont été téléchargées
sur internet et traitées par la méthode de corrélation simple afin de les rapprocher aux données
observées de la SODEXAM. Cette thèse n’est pas la fin de l’aventure scientifique, mais le
commencement d’une aventure professionnelle.
III
Remerciements
J’adresse mes sincères et infinies reconnaissances aux personnes qui, de près ou de
loin, ont eu une implication dans la réalisation de ce travail. Je veux d’abord citer certains de
nos responsables académiques dont Professeur ALOKO N’Guessan Jérôme (Directeur de
l’Institut Géographique Tropicale : IGT), Professeur KABLAN Joseph (Chef du département
de Géographie) et Professeur BIKPO-KOFFIE Céline (Responsable de niveau Doctorat et
Marraine de ma promotion doctorale 2013-2016).
Je ne cesserai jamais de témoigner toute ma gratitude aux superviseurs de cette étude. Mes
remerciements s’adressent à Monsieur KOLI Bi Zuéli, Professeur Titulaire, Responsable du
Laboratoire des Milieux Naturels Tropicaux (LAMINAT) et Directeur de cette thèse. Il a
accepté spontanément de guider mes premiers pas dans la recherche depuis la Maîtrise. Ses
compétences scientifiques et ses qualités humaines ont largement contribué à l’aboutissement
de ce travail.
Je veux aussi témoigner ma reconnaissance à Messieurs EZALEY G. P. et DAOUDA Konaté,
respectivement Directeur Général de la SODEXAM et Directeur de la Météorologie Nationale
pour avoir accepté ma demande de stage. Je ne remercierai jamais assez Monsieur DJE
Kouakou Bernard, Chef du Département Climatologie et Agrométéorologie de la DMN. Plus
qu’un encadreur, il est un père. Et comme tel, il ne ménage aucun effort pour la réussite de
son fils ; il n’a pas hésité à m’offrir une place dans son équipe dès mon arrivée à la
SODEXAM. J’ai été énormément touché pour sa disponibilité, sa rigueur et son acharnement
au travail.
Je remercie particulièrement Monsieur BROU Yao Télesphore, Professeur à l’Université de la
Réunion (France). Il m’a accepté comme son élève climatologue et malgré la distance, il ne
cesse de m’aider. Il a une phrase qu’il aime dire chaque fois que nous avons l’occasion de
communiquer : « tu es en de bonnes mains ». Ces mains sont aussi celles de ma mère pour
qui, j’ai le privilège d’être le fils ainé. Il s’agit de Docteur DIBI KANGAH Pauline, Maitre
Assistante à l’IGT. Maman, merci pour ton apport dans la réalisation de ce travail. Il me plait
aussi de remercier particulièrement Monsieur TOURE Augustin car ses conseils et ses
encouragements ont toujours décanté les situations complexes, contribuant à l’aboutissement
de cette thèse.
Que Messieurs TAPE Bidi Jean, HAUHOUOT Célestin, ALLA Della, KRA Yao, SERHAN
Nasser, KONAN Eugène, N’GUESSAN Fulgence, KANGA Armand, KONE Moussa,
DIOBO Sabine, KOFFI KAN Emile, ASSOUMAN et ADOU Giscard trouvent en ces mots
IV
mes sincères remerciements. Par ailleurs, Professeur TAPE a toujours été choisi par le destin
pour présider les jurys qui m’ont évalué au DEA et en Thèse. Merci encore Professeur pour
votre contribution à mon succès. Je profite de cette occasion pour dire infiniment merci à tous
les membres du jury de ma thèse et à tous les enseignants chercheurs de l’IGT et d’ailleurs.
Comme souligné déjà dans l’avant-propos, le début de cette aventure scientifique en
climatologie n’a pas été facile. Mais dans les coulisses de mon incertitude inavouée, un esprit
bienveillant a instruit un certain N’ZUE Augustin (Ingénieur agroclimatologue et chef de
service Étude, Développement et Environnement de la DMN). Il a cru en mon projet de
recherche. N’ZUE a facilité mon accès à la DMN en tant que stagiaire et m’a inspiré la
confiance pour le reste. Je trouve l’opportunité de lui adresser mes vifs remerciements.
Malgré ses charges, il s’est impliqué sans réserve dans mon travail au point de faire de l’étude
agroclimatique une véritable passion pour moi. Ses qualités pédagogiques, alliées à ses
qualités humaines, font de lui un exemple à suivre. Qu’il en soit infiniment remercié.
J’associe à ces remerciements Monsieur SROHOROU Bernard, ingénieur hydrologue et chef
de Département Étude, Développement et Environnement (DEDE) de la DMN pour sa
disponibilité et son expérience dont j’ai longuement bénéficié. Je n’oublie pas non plus
d’associer à ces remerciements, mon grand frère KANGA Isidore pour tout. De même, je
remercie Messieurs FOBA, DOU KOUASSI, YAH Firmin, MIEN Augustin, COULIBALY,
KINDIA, tous ingénieurs à la DMN. Ils ont apporté chacun un grain de sel à ce travail. Que
tout le personnel de la DMN retrouve à travers ces quelques lignes ma reconnaissance.
Je ne pourrais clore ces mots de reconnaissance sans penser à mes parents et amis pour leurs
prières, soutiens matériels et moraux. Merci à papa KOUAME Jules, à papa ADJE Noé, à
KOUASSI Atta Raoul, à ALLA Amélie, à KONIN Severin, à KONIN Valérie, à Isaac
KOUAKOU. Je remercie aussi tous les enquêteurs et enquêtés, doctorants et doctorantes de
l’IGT. Je cite entre autres ROLAND, ASSE, AMON, TAH BI, YAPI et COULIBALY
Brakissa. Toute ma gratitude à mon frère jumeau N’DA Richard qui prépare son Doctorat en
Histoire médiévale à l’université de Nantes (France). Dans un avenir proche, lui et moi
formerons un duo de docteurs Histoire-Géographie. Une mention spéciale à ma mère
KOUAME N’Dri Madeleine. Elle attend beaucoup de nous. Maman Modri, cette thèse est ton
premier cadeau, en attendant celle de mon frère.
V
TABLE DES MATIERES
Avant-propos ....................................................................................................................... II
Remerciements .................................................................................................................. III
Liste des tableaux ................................................................................................................ X
Liste des figures .................................................................................................................. XI
Liste des photos ................................................................................................................ XIII
Sigles et abréviations ....................................................................................................... XIV
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................. 15
PREMIERE PARTIE : CONTEXTE DE L’ETUDE, CONDITIONS PHYSIQUES,
HUMAINES DE L’HYDROSYSTEME DU BANDAMA ET METHODOLOGIE ............. 21
CHAPITRE 1 : MOTIVATIONS, DEFINITION DES CONCEPTS ET
PROBLEMATIQUE .............................................................................................................. 22
1.1. Justification du sujet et motivations de l’étude ........................................................ 22
1.1.1. Revue de littérature sur le rapport climat-agriculture ........................................... 22
a) Typologie de la variabilité climatique à différentes échelles ................................................ 22
b) Lien étroit climat-productivité en Côte d’Ivoire ................................................................... 23
1.1.2. Justification du choix de la zone d’étude et du but de la recherche ...................... 26
a) Conditions hydroclimatiques du bassin versant du Bandama ............................................... 26
b) Climat, mutation agricole et dynamique végétale : quels liens ? .......................................... 28
c) Rétroactivité entre agriculture et climat ................................................................................ 29
1.2. Problématique, questions et objectifs de recherche ................................................. 31
1.2.1. Clarification des concepts utilisés .......................................................................... 31
a) Concept d’hydrosystème : évolutions et définitions.............................................................. 31
b) Notion de bassin versant ....................................................................................................... 32
c) Concepts en climatologie ...................................................................................................... 33
d) Concepts de mutations agricoles ........................................................................................... 34
1.2.2. Contexte méthodologique global ............................................................................ 36
a) Utile approche socio-anthropologique .................................................................................. 36
b) Mécanisme d’analyse de l’« utilité productive de l’eau » ..................................................... 37
1.2.3. Problème, questions et objectifs de la recherche ................................................... 38
a) Problème et question centrale de la recherche....................................................................... 38
b) Questions et objectifs spécifiques ......................................................................................... 39
c) Variables d’analyse socio-anthropologique .......................................................................... 41
CHAPITRE 2 : CARACTERISTIQUES PHYSIQUES ET HUMAINES GENERALES
DE L’HYDROSYSTEME DU BANDAMA ......................................................................... 43
2.1. Contexte national de la variabilité climatique du bassin versant du Bandama. ... 43
2.1.1. Caractéristiques statistiques et spatiales de la pluviométrie ................................. 44
2.1.2. Caractéristiques statistiques et spatiales de la température et de l’ETP .............. 46
2.2. Caractéristiques physiques du bassin versant du Bandama ................................... 48
2.2.1. Géologie et relief du bassin versant du Bandama .................................................. 48
a) Composition géologique du bassin versant du Bandama ...................................................... 48
VI
b) Relief du bassin versant du Bandama ................................................................................... 49
c) Sols aux aptitudes de rétention en eau variées ...................................................................... 51
2.2.2. Conditions hydrologiques générales de l’hydrosystème du Bandama ................... 53
2.2.3. Diversité des conditions phytogéographiques du bassin versant ........................... 55
2.3. Organisations sociales et usages des ressources naturelles du bassin versant du
Bandama ............................................................................................................................. 57
2.3.1. Société Baoulé à la recherche de « bonnes Terres » cultivables ........................... 59
a) Peuplement récent des Baoulés du bassin versant ................................................................. 59
b) Baoulé, activités agricoles et dynamique forestière .............................................................. 60
2.3.2. Hiérarchie sociale et importante capacité de résilience chez les Sénoufos ........... 61
a) Organisation socio-productive du peuple Sénoufo ................................................................ 61
b) Fondements historiques des activités rurales en pays Sénoufo ............................................. 62
Conclusion partielle ......................................................................................................... 63
CHAPITRE 3 : DONNEES ET METHODES D’ANALYSE ............................................ 64
3.1. Fondements théoriques de la méthodologie .............................................................. 64
3.1.1. Approche géo-agronomique ................................................................................... 64
3.1.2. Système conceptuel Géosystème‐Territoire‐Paysage (GTP) ................................. 66
3.1.3. Méthode d’analyse : l’interdisciplinarité ............................................................... 67
3.2. Présentation des données de l’étude .......................................................................... 68
3.2.1. Données climatiques .............................................................................................. 68
a) Séries pluviométriques de la SODEXAM et leurs limites .................................................... 68
b) Validation des données aérospatiale de sources GPCP/NASA ............................................. 72
3.2.2. Données agrotechniques et agricoles..................................................................... 74
a) Données agrotechniques (RU, durée des cycles et Kc) ......................................................... 74
b) Données de superficies et productions du riz pluvial ............................................................ 77
3.2.3. Données d’enquêtes : sites, populations et techniques de collecte ........................ 78
a) Justification du choix des sites d’enquête ............................................................................. 78
b) Populations, techniques de collecte et analyse des données d’enquêtes ............................... 79
3.3. Méthodes et techniques d’analyse .............................................................................. 81
3.3.1. Caractérisation des tendances et variabilité de la pluviométrie, température et
ETP ................................................................................................................................... 81
a) Méthodes utilisées pour mettre en évidence les tendances interannuelles de la pluviométrie
................................................................................................................................................... 82
b) Caractérisation de la variabilité climatique saisonnière et mensuelle ................................... 85
c) Analyse fréquentielle de la pluviométrie journalière ............................................................ 87
3.3.2. Méthode d’analyse de l’impact des conditions climatiques sur les systèmes
agricoles ........................................................................................................................... 88
a) Méthode de zonage ................................................................................................................ 88
b) Techniques de caractérisation des saisons culturales probables............................................ 89
3.3.3. Analyse de l’impact des conditions hydriques sur la culture du riz pluvial........... 92
a) Analyse des conséquences du contexte hydroclimatique sur les phases de croissance du riz
pluvial ........................................................................................................................................ 92
b) Détermination du niveau de satisfaction des besoins en eau de la riziculture pluviale ......... 94
c) Evaluation des relations entre pluviométrie, production et superficie du riz pluvial ............ 99
3.4. Difficultés liées aux choix initiaux ............................................................................ 100
VII
3.4.1. Limites des données recueillies ............................................................................ 100
3.4.2. Complexité de la méthodologie et limites conceptuelles ...................................... 102
DEUXIEME PARTIE : CONDITIONS HYDROCLIMATIQUES ET RECOMPOSITIONS
DES SYSTEMES AGRICOLES DU BASSIN VERSANT DU BANDAMA ...................... 104
CHAPITRE 4 : TENDANCE ET VARIABILITE SPATIO-TEMPORELLES DU
CLIMAT DU BASSIN VERSANT DU BANDAMA ........................................................ 105
4.1. Actualisation des tendances et variabilités spatio-temporelles de la pluviométrie
............................................................................................................................................ 105
4.1.1. Suivi des moyennes annuelles des pluies par décennie et par normale (30ans) .. 106
4.1.2. Détection de ruptures dans les séries pluviométriques (1950-2013) ................... 111
4.1.3. Indices pluviométriques de 1950 à 2013 .............................................................. 113
4.2. Variabilité climatique à l’échelle saisonnière, mensuelle et journalière .............. 117
4.2.1. Variabilité des pluies saisonnières entre 1970 et 2013 ........................................ 117
a) Variation spatio-temporelle du cumul pluviométrique saisonnier ...................................... 117
b) Occurrence des profils bioclimatiques unimodaux et bimodaux ........................................ 120
4.2.2. Variabilité climatique des pluies mensuelles ....................................................... 122
a) Conditions moyennes des mois humides, intermédiaires et secs ........................................ 122
b) Evolution de la pluviométrie des mois d’avril, juin et août ................................................ 124
4.2.3. Typologie des précipitations journalières ............................................................ 127
a) Classification des jours pluvieux ......................................................................................... 128
b) Variabilités des jours de pluie entre 1970 et 2013 .............................................................. 129
4.3. Caractéristiques des températures et ETP ............................................................. 133
4.3.1. Statut de la température et de l’ETP moyenne annuelle ...................................... 133
a) Tendance récente de la température moyenne annuelle ...................................................... 133
b) Evolution de l’ETP au cours de la période 1970-2013 ....................................................... 135
4.3.2. Caractéristiques des températures et ETP moyennes mensuelles ....................... 136
Conclusion partielle ....................................................................................................... 138
CHAPITRE 5 : RECOMPOSITIONS DES POTENTIALITES HYDRIQUES DES
CULTURES DANS LE CONTEXTE CLIMATIQUE ACTUEL ................................... 139
5.1. Regroupement de l’hydrosystème du Bandama en microclimats homogènes. .... 140
5.1.1. Discrimination spatiale des postes pluviométriques par ACP ............................. 140
5.1.2. Régionalisation basée sur le coefficient pluviométrique moyen mensuel ............ 143
a) Régionalisation de la zone I ................................................................................................ 144
b) Régionalisation de la zone II ............................................................................................... 144
c) Régionalisation de la zone III .............................................................................................. 145
5.2. Impact des variations de pluviosité sur les potentialités hydriques des cultures 148
5.2.1. Effets de la variation du climat sur les saisons culturales ................................... 148
a) Régime monomodal ............................................................................................................ 149
b) Régime bimodal .................................................................................................................. 151
5.2.2. Cartographie de la variation des durées des saisons culturales ......................... 160
a) Saison culturale unique ....................................................................................................... 160
b) Régime bimodal .................................................................................................................. 160
Conclusion partielle ....................................................................................................... 164
VIII
TROISIEME PARTIE : DYNAMIQUE HYDROCLIMATIQUE ACTUELLE ET
RESILIENCES LOCALES ................................................................................................... 166
CHAPITRE 6 : IMPACT DES CONDITIONS HYDRIQUES ACTUELLES SUR LA
CULTURE ET LA PRODUCTION DU RIZ PLUVIAL ................................................. 167
6.1. Conséquences du contexte hydroclimatique actuel sur les phases de croissance des
cultures .............................................................................................................................. 168
6.1.1. Evolution des périodes pré-humides propices au semis du riz pluvial ................ 168
6.1.2. Evolution des périodes correspondant à la phase de floraison du riz ................. 171
6.1.3. Variabilité des périodes post-humide : la phase de maturation du riz ................ 172
6.2. Evaluation des contraintes agro-météorologiques en riziculture pluviale et
réajustement du calendrier sur la normale 1981-2010 ................................................. 174
6.2.1. Probabilité de réussite du riz pendant la première saison des pluies .................. 174
6.2.2. Probabilité de réussite du riz pendant la deuxième saison culturale .................. 177
6.2.3. Calage du calendrier cultural du riz pluvial ........................................................ 179
a) Dates optimales de semis en premier cycle cultural ............................................................ 179
b) Dates optimales de semis en deuxième cycle cultural ........................................................ 180
6.3. Relations consommation hydriques - rendement du riz pluvial ........................... 181
6.3.1. Satisfaction des besoins hydriques des cycles de riz de 90 et 105 jours .............. 181
a) Besoins en eau climatiques des variétés de riz pluviale de 105 et 90 jours......................... 181
b) Fréquences de satisfaction des besoins hydriques des riz de 90 et 105 jours ...................... 185
6.3.2. Modifications des conditions hydriques et productions du riz ............................. 189
a) Corrélation entre indices de rendement du riz et indices de pluviométrie .......................... 189
b) Relation entre les indices du riz (superficies-productions) ................................................. 192
Conclusion partielle ....................................................................................................... 194
CHAPITRE 7 : PERCEPTIONS PAYSANNES DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE
ET RESILIENCES DES POPULATIONS LOCALES .................................................... 195
7.1. Représentations empiriques du climat chez les paysans du bassin versant du
Bandama ........................................................................................................................... 195
7.1.1. Perception locale de la variabilité et du changement climatique ........................ 196
a) Régimes pluviométriques : entre résultats scientifiques et savoirs paysans ........................ 196
b) Appreciation des tendances humide au cours de la décennie 2000 ..................................... 199
7.1.2. Vulnérabilité des paysans face à l’irrégularité des périodes culturales .............. 200
a) Identification des principaux risques agroclimatiques ........................................................ 200
b) Quelques facteurs influençant le niveau de vulnérabilité des populations .......................... 203
7.1.3. Causes de la modification climatique et religions ............................................... 204
a) Appréciation animiste : profanations des divinités.............................................................. 205
b) Appréciation liée aux religions occidentales et à la modernité ........................................... 206
7.2. Effets des risques de pluviosité éprouvés par les paysans ..................................... 207
7.2.1. Effets des risques climatiques sur les ressources naturelles et humaines ............ 208
a) Sur les eaux de sources et puits ........................................................................................... 208
b) Sur les rapports communautaires ........................................................................................ 209
c) Sur la dynamique de la couverture végétale ........................................................................ 210
7.2.2. Effets des risques climatiques sur l’agriculture familiale .................................... 211
a) Caractérisation des systèmes de culture traditionnelle réajustés ou non ............................. 212
IX
b) Systèmes de cultures pérennes en pleine mutation ............................................................. 216
c) Mutations des systèmes de cultures vivrières ...................................................................... 218
7.2.3. Adoption de nouveaux systèmes de cultures : motivations financières ou
adaptation aux risques climatiques ? ............................................................................. 222
Conclusion partielle ....................................................................................................... 225
CONCLUSIONS .................................................................................................................... 226
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................ 232
ANNEXES ............................................................................................................................. 251
Annexe 1 : Statistiques caracterisant le statut pluviometrique de l’hydrosysteme du
Bandama ......................................................................................................................... 252
Annexe 2 : Images de la culture du riz ........................................................................... 253
Annexe 3 : Illustrations relatives au zonage de l’hydrosystème du Bandama ............... 254
Annexe 4 : Données agricoles disponibles ..................................................................... 259
Annexe 5 : Sigmoïdes de fréquences relatives cumulées des évènements A2, B1 et B2-1 260
Annexe 6 : Fiches d’enquête de terrain ......................................................................... 263
Annexe 7: Spatialisation de l’Evapotranspiration Potentielle (ETP) ............................ 269
Annexe 8: dates de Ruptures des series pluviometriques ............................................... 270
Annexe 9: Relation pluie et rendement........................................................................... 271
X
Liste des tableaux
Tableau I : Variables d’analyse des savoirs et vulnérabilité des paysans en matière de
variation climatique .................................................................................................................. 41
Tableau II: Caractéristiques de la température et l'ETP (1970-2013). ..................................... 46
Tableau III: Caractéristiques du réseau hydrographique du bassin du Bandama .................... 54
Tableau IV: Fondements théoriques de l’étude ........................................................................ 65
Tableau V: Système conceptuel GTP ....................................................................................... 66
Tableau VI: Caractéristiques des 30 stations retenues et séries pluviométriques. ................... 71
Tableau VII: Stades de développement du riz.......................................................................... 76
Tableau VIII: Phases phénologiques des variétés de riz pluvial de 90 et 105 jours ................ 77
Tableau IX : Evolution des coefficients culturaux des cycles de riz de 90 et 105 jours. ......... 77
Tableau X : Répartition des enquêtés par village tests et par tranches d'âge. .......................... 80
Tableau XI : Répartition des enquêtés par activités ................................................................. 80
Tableau XII : Fluctuation des saisons pluviométriques de 1970 à 2013. ............................... 121
Tableau XIII: Fréquence d’apparition des classes de jours pluvieux entre 1970 et 2013. ..... 128
Tableau XIV: Augmentation des températures de la décennie 2000 par rapport à la normale de
référence 1961-1990. .............................................................................................................. 134
Tableau XV : Résultats de ACP normée (Coefficient de corrélation de Pearson). ................ 141
Tableau XVI : Synthèse des résultats de zonage obtenus par ACP ....................................... 142
Tableau XVII : Critères de régionalisation et caractéristiques des régions pluviométriques
délimitées ............................................................................................................................... 147
Tableau XVIII: Distribution des dates de début et fin de la saison culturale à Korhogo ....... 150
Tableau XIX: Distribution des dates de début et fin de la saison culturale à Dianra ............. 151
Tableau XX: Distribution des dates de début et fin des saisons culturales à Grand Lahou ... 153
Tableau XXI: Distribution des dates de début et fin des saisons culturales à Bouaflé .......... 155
Tableau XXII: Distribution des dates de début et fin des saisons culturales à Oumé ............ 156
Tableau XXIII: Distribution des dates de début et fin des saisons culturales à Dimbokro. ... 158
Tableau XXIV: Distribution des dates de début et fin des saisons culturales à Bocanda. ..... 159
Tableau XXV : Dates optimales de semis du riz pluvial en première et deuxième saison des
pluies. ..................................................................................................................................... 180
Tableau XXVI : Besoins en eau climatique (mm) du riz pluvial de 105 jours en première
saison culturale ....................................................................................................................... 183
Tableau XXVII : Besoins en eau climatique (mm) du riz pluvial de 90 jours en première
saison culturale ....................................................................................................................... 183
Tableau XXVIII : Besoins en eau climatique (mm) du riz pluvial de 105 jours en deuxième
saison culturale ....................................................................................................................... 184
Tableau XXIX : Besoins en eau climatique (mm) du riz pluvial de 90 jours en deuxième
saison culturale ....................................................................................................................... 184
Tableau XXX : Récapitulatif des tests de corrélation entre pluie et rendement. ................... 190
Tableau XXXI : Représentations locales de la pluie .............................................................. 196
Tableau XXXII: perceptions paysannes locales des régimes des pluies ................................ 197
Tableau XXXIII : Appréciations paysannes du départ des changements de pluviosités ....... 199
Tableau XXXIV : Principaux risques climatiques identifiés par les paysans. ....................... 200
Tableau XXXV : Rapport entre le raccourcissement des saisons et la perte de production .. 202
Tableau XXXVI : Réponses proposées pour expliquer la baisse de la pluviométrie ............. 205
XI
Tableau XXXVII : Propositions des mesures d’atténuation de la variabilité pluviométrique207
Tableau XXXVIII: Taux d’utilisation des sources d’alimentation en eau par village. .......... 208
Tableau XXXIX: Matrice d’impact des variations climatiques sur les populations rurales. . 209
Tableau XL: Etude comparée des niveaux d’adoption des cultures pérennes avant et
après 1980. ............................................................................................................................. 217
Tableau XLI: Etude comparée des niveaux d’adoption des cultures vivrières avant et
après 1980. ............................................................................................................................. 219
Tableau XLII : Variabilité interannuelle des moyennes pluviométrique (1950-2013). ......... 252
Tableau XLIII : valeurs test des variables (rotation varimax en ACP) .................................. 254
Tableau XLIV : données de superficies et productions du riz des localités étudiées. ........... 259
Tableau XLV : Années de rupture des séries pluviométriques (1950-2013) et variation
moyenne de part et d'autre des ruptures. ................................................................................ 270
Liste des figures
Figure 1 : Localisation du bassin versant du Bandama et ses principales stations
pluviométriques. ....................................................................................................................... 26
Figure 2 : Champs pluviométriques sur les périodes 1950-1969 et 1970-1996. ...................... 27
Figure 3 : Aires de pluviométrie et végétation du bassin versant du Bandama ....................... 44
Figure 4 : Aires de température moyenne du bassin versant du Bandama (1970-2013) ......... 47
Figure 5 : Géologie de l’hydrosystème du Bandama ............................................................... 49
Figure 6: Hypsométrie de l’hydrosystème du Bandama .......................................................... 50
Figure 7: Carte des sols de Côte d’Ivoire ................................................................................. 52
Figure 8 : Fleuve Bandama et ses principaux affluents. .......................................................... 54
Figure 9 : Formations végétales du bassin versant du Bandama .............................................. 57
Figure 10 : Groupes ethniques du bassin versant du Bandana. ................................................ 58
Figure 11 : Schéma conceptuel de la méthodologie transdisciplinaire de l’étude. .................. 67
Figure 12 : Représentation de la droite de régression à travers les nuages de point ................ 70
Figure 13 : Corrélations entre données climatiques (pluviométries et températures) mesurées
par la SODEXAM et estimées par GPCP/NASA .................................................................... 73
Figure 14 : Comparaison entre températures mesurées par la SODEXAM à Dimbokro et
estimées par satellite (GPCP/NASA) ....................................................................................... 74
Figure 15 : Comparaison entre pluies quotidiennes mesurées par la SODEXAM à Dimbokro
et celles estimées par satellite (GPCP/NASA) ......................................................................... 74
Figure 16 : Capacités de rétention en eau des sols par localités du bassin du Bandama ......... 75
Figure 17 : Evolution qualitative des besoins en eau d’un cycle de riz. .................................. 76
Figure 18 : Schématisation du découpage de l’année en saison humide.................................. 86
Figure 19 : Méthode de détermination des dates Y1, Y2, Z1 et Z2 ......................................... 90
Figure 20 : Schématisation du découpage de la saison humide ............................................... 93
Figure 21 : Règle utilisée pour le calage des périodes de semi ................................................ 98
Figure 22 : Hauteurs pluviométriques moyennes interannuelles par décennies (1950-1989) 107
Figure 23 : Hauteurs pluviométriques moyennes interannuelles par décennies (1990-2010) 108
Figure 24 : Hauteurs pluviométriques moyennes par normales (1951-2010) ........................ 110
Figure 25 : Indices pluviométriques de 10 stations représentatives du bassin versant du
Bandama couvrant la période 1950-2013. .............................................................................. 113
XII
Figure 26 : Variabilité interannuelle des précipitations (1950-2013). ................................... 116
Figure 27 : Cumuls des pluies de la première saison humide avant et après 1998 ................ 118
Figure 28 : Cumuls des pluies de la deuxième saison humide avant et après 1998 ............... 119
Figure 29 : Cumul pluviométrique de l’unique saison humide avant et après 1998 .............. 120
Figure 30 : Distribution des conditions moyennes des pluies de juin, août et septembre ...... 123
Figure 31 : Distribution des conditions moyennes des pluies d’octobre, avril et janvier ...... 124
Figure 32 : Evolution des conditions moyennes des pluies d’avril avant et après 1998. ....... 125
Figure 33 : Evolution des conditions moyennes des pluies de juin avant et après 1998. ...... 126
Figure 34 : Evolution des conditions moyennes des pluies d’août avant et après 1998. ....... 127
Figure 35 : Evolution interannuelle des classes de pluies journalières dans l’hydrosystème du
Bandama entre 1970 et 2013. ................................................................................................. 130
Figure 36 : Evolution des intensités de pluies journalières au début de la grande saison humide
entre 1970 et 2013. ................................................................................................................. 132
Figure 37 : Tendances interannuelles des températures moyennes du bassin versant du
Bandama. ................................................................................................................................ 134
Figure 38 : Evolution interannuelle de l’ETP de Dimbokro, Yamoussoukro, Bouaké et
Korhogo de 1970 à 2013. ....................................................................................................... 136
Figure 39 : Evolution des températures moyennes mensuelles de 1970 à 2013. ................... 137
Figure 40 : Evolution de l’ETP moyennes mensuelles de 1970 à 2013. ................................ 137
Figure 41 : Corrélations entre 30 stations pluviométriques par ACP .................................... 141
Figure 42 : Spatialisation des composantes principales ......................................................... 142
Figure 43 : Zonage pluviométrique à partir de la méthode ACP (1961-2013). ..................... 143
Figure 44 : Zonage de la pluviométrie de l’hydrosystème du Bandama (1960-2013). .......... 146
Figure 45 : Variabilité des dates de début et de fin de l’unique SPPU à Korhogo et Dianra 150
Figure 46 : Variabilité des dates de début et de fin des SPPU à Grand Lahou (région 8) ..... 152
Figure 47 : Variabilité des dates de début et fin des SPPU à Bouaflé (région 4) .................. 154
Figure 48 : Variabilité des dates de début et fin des SPPU à Oumé (région 6) ..................... 156
Figure 49 : Variabilité des dates de début et fin des SPPU à Dimbokro (région 7). .............. 157
Figure 50 : Variabilité des dates de début et fin des SPPU à Bocanda (région 6). ................ 159
Figure 51 : Evolutions spatiales des durées atteintes ou dépassées 1 année sur 4 et 3 années
sur 4 de la grande saison culturale. ........................................................................................ 161
Figure 52 : Evolutions spatiales des durées atteintes ou dépassées, 1 année sur 4 et 3 années
sur 4 de la petite saison culturale............................................................................................ 162
Figure 53 : Evolution interannuelle des périodes culturales de 1960 à 2013 à Dimbokro et
Yamoussoukro. ....................................................................................................................... 169
Figure 54 : Evolution interannuelle des périodes culturales de 1960 à 2013 à Bouaké et
Korhogo .................................................................................................................................. 170
Figure 55 : Probabilités de réussite du riz de 105 jours en première saison des pluies. ........ 175
Figure 56 : Probabilités de réussite du riz de 90 jours en première saison des pluies. .......... 176
Figure 57 : Probabilités de réussite du riz de 105 jours en deuxième saison des pluies. ....... 178
Figure 58 : Evolution décadaire des besoins en eau climatique du riz pluvial de 105 jours en
première saison culturale ........................................................................................................ 182
Figure 59 : Evolution décadaire des besoins en eau climatique du riz pluvial de 90 jours en
première saison culturale ........................................................................................................ 182
Figure 60 : Evolution décadaire des besoins en eau climatique du riz pluvial de 105 jours en
deuxième saison culturale ...................................................................................................... 182
XIII
Figure 61 : Evolution décadaire des besoins en eau climatique du riz pluvial de 90 jours en
deuxième saison culturale ...................................................................................................... 183
Figure 62 : Fréquences de satisfaction hydrique du riz pluvial de 90 jours à Dimbokro ....... 186
Figure 63 : Fréquences de satisfaction hydrique du riz pluvial de 90 jours à Yamoussoukro186
Figure 64 : Fréquences de satisfaction hydrique du riz pluvial de 90 jours à Bouaké ........... 186
Figure 65 : Fréquences de satisfaction hydrique du riz pluvial de 90 et 105 jours à Korhogo
................................................................................................................................................ 187
Figure 66 : Fréquences de satisfaction hydrique du riz pluvial de 105 jours à Dimbokro ..... 188
Figure 67 : Fréquences de satisfaction hydrique du riz pluvial de 105 jours à Yamoussoukro
................................................................................................................................................ 188
Figure 68 : Fréquences de satisfaction hydrique du riz pluvial de 105 jours à Bouaké ......... 188
Figure 69 : Evolution comparée de la pluviométrie et des rendements. ................................ 191
Figure 70 : Corrélation production-superficie entre 1966-2009 ............................................ 193
Figure 71 : Variabilité des dates de début des saisons pluvieuses potentiellement utiles ..... 201
Figure 72 : Régimes pluviométriques normaux (région 1) .................................................... 255
Figure 73 : Régimes pluviométriques normaux (région 2) .................................................... 255
Figure 74 : Régimes pluviométriques normaux (région 3) .................................................... 256
Figure 75 : Régimes pluviométriques normaux (région 4) .................................................... 256
Figure 76 : Régimes pluviométriques normaux (région 5) .................................................... 256
Figure 77 : Régimes pluviométriques normaux (région 6) .................................................... 257
Figure 78 : Régimes pluviométriques normaux (région 7) .................................................... 258
Figure 79 : Régimes pluviométriques normaux (région 8) .................................................... 258
Figure 80 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 1 à Dimbokro ................. 260
Figure 81 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 2 à Dimbokro ................. 260
Figure 82 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 1 à Yamoussoukro .......... 261
Figure 83 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 2 à Yamoussoukro .......... 261
Figure 84 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 1 à Bouaké ...................... 261
Figure 85 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 2 à Bouaké ...................... 262
Figure 86 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison unique à Korhogo ........... 262
Figure 87 : Aires de l’ETP moyenne du bassin versant du Bandama (1970 à 2013). ............ 269
Figure 88 : Corrélation pluie-rendement ................................................................................ 271
Liste des photos
Planche Photo 1 : Jeune plantation d’hévéa à Ahua. .............................................................. 217
Planche Photo 2: Polyculture pérenne associant anacardiers et manguiers. .......................... 219
Planche Photo 3 : Polyculture vivrière en zone de contact forêt-savane. .............................. 220
Planche Photo 4: Cultures maraîchères à côté du village Torgokaha et des maisons à
Waraniéné. .............................................................................................................................. 221
Planche Photo 5: Protection des sommets des buttes d’igname pendant une longue séquence
sèche en mai 2015 dans la localité de Krokokro. ................................................................... 224
Planche Photo 6 : Différents stades phénologiques de la culture du riz................................. 253
XIV
Sigles et abréviations ADRAO : Association de développement du riz en Afrique de l'Ouest
AMMA : Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine
ANADER : Agence Nationale d’Appui au Développement Rural
ARSO : Autorité pour l’Aménagement de la région du Sud-ouest
ASECNA : Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar
AVB : Aménagement de la Vallée du Bandama
CCT/BNETD : Centre de Cartographie et de Télédétection du Bureau National d’Etude
Technique pour le Développement (Abidjan)
CIDT : Compagnie Ivoirienne pour le Développement des Textiles
CNRA : Centre National de Recherche Agronomique
DEDE : Département Etudes, Développement et Environnement
DMN : Direction de la Météorologie Nationale
ECOLOC-K : ECOnomie LOCale de Korhogo et de son arrière-pays
ENSO : El Niño Southern Oscillation
FAO : Food and Agriculture Organization
FRIEND-AOC : Flow Regimes from International Experimental and Network Data - Afrique
de l’Ouest et Centrale.
GATE GARP : Atlantic Tropical Experiment
GIEC/IPCC : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat
/Intergouvernemental Panel on Climate Change
GPCP : Global Précipitation Climatology Project
GSPD : Geostationary Satellite Précipitation Data center
ICCARE : Identification et Conséquences d'une variabilité du Climat en AfRique de
l'Ouest et Centrale non sahélienne
IDEFOR : Institut des Forêts
IDESSA : Institut des Savanes
IHDP : International Human Dimension Programm
IRD : Institut de Recherche pour le Développement
JEA : Jet d'Est Africain
JEAO : Jet d’Est d’Afrique Occidentale
JET : Jet d'Est Tropical
LUCC : Land Use and land Cover Change
MICS : Enquête à indicateurs multiples
MINAGRA : Ministère de l’Agriculture et des Ressources Animale
MOA : Mousson Ouest-Africaine
NASA : National Aeronautics and Space Administration
NERICA : Nouveau Riz pour l'Afrique
NOAA : National Oceanic and Atmospheric Administration
OMM/WMO : Organisation Mondiale de la Météorologie /World Meteorological
Organization
PHI : Programme Hydrologique International
PNUD : Programme des Nations Unies pour le développement
RGPH : Recensements Généraux de la Population et de l’Habitat (Côte d’Ivoire)
RMDH : Rapport mondial sur le développement humain
SIEREM : Système d'Information Environnementale sur les Ressources en Eau et leur
Modélisation
SODEFOR : Société de DEveloppement des FORêts (Côte d’Ivoire)
SODEXAM : SOciété de Développement et d’EXploitation Aéroportuaire, aéronautique et
Météorologique
UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization
VAHYNE : VAriabilité HYdrologique et impacts sur les ressources eN Eau
WAMEX : West African Monsoon EXperiment
ZCIT/ITCZ : Zone de Convergence InterTropicale/InterTropical Convergence Zone
15
INTRODUCTION GENERALE
16
La variabilité temporelle des éléments du climat comme la pluviométrie est source de
problèmes. Trop rare, elle entraîne des situations de pénurie, de désertification, d’exode de
populations. Trop abondante, elle est la cause d’inondations catastrophiques et rappelle à
l’homme l’impossibilité d’en maîtriser totalement les forces (Vissin, 2007). La question de la
variabilité climatique fait partie des grands axes de recherche qui préoccupent la communauté
scientifique car ses modifications font courir des risque aux populations, ressources en eau et
écosystèmes naturels ou cultivés (Noufé, 2011 ; Soro et al., 2011). En fait, depuis des
millénaires, le climat de la Terre varie selon les époques et les lieux (GIEC, 2014). Les
changements observés s’étalent généralement sur de longues périodes, atténuant la perception
que l’homme peut en avoir à un moment donné. Cependant, au cours des dernières décennies,
les variabilités climatiques semblent s’être accélérées (Académie des sciences, 2010). Il est
donc impératif pour les chercheurs de s’y intéresser afin de comprendre son évolution
présente et future, de trouver des facteurs impliqués dans son forçage et de proposer des
solutions adaptées pour réduire ses conséquences.
La complexité et la bifurcation des points de vue sur les changements climatiques ont induit
des débats sur la gestion durable des ressources. Elles ont sensibilisé davantage la
communauté scientifique comme en témoigne la dynamique forte autour des programmes de
recherches internationaux et nationaux mis en œuvre ces dernières années. Ces vastes
programmes sont déjà décrits par Bigot (2004) et Brou (2005). Néanmoins, il convient de
rappeler quelques-uns avec leurs différents objectifs.
Flow Regimes from International Experimental and Network Data - Afrique de l'Ouest et
Centrale (FRIEND-AOC) a pour but d’approfondir la connaissance de la variabilité spatiale et
temporelle des régimes pluviométriques et hydrologiques au moyen d'ensembles de données
régionales et de replacer cette variabilité dans un contexte historique. Le programme African
Mansoon Multidisciplinary Analyses (AMMA) s’inscrit dans la continuité des grands projets
d’étude des climats régionaux. AMMA vise à mieux comprendre les processus de mise en
place de la Mousson ouest-africaine (MOA), son impact sur le climat global, et sa variabilité
dans un contexte de changement climatique (Redelsperger et al., 2006a). VAriabilité
HYdrologique et impacts sur les ressources eN Eau (VAHYNE) est un projet de recherche de
l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Il cherche à étudier les relations entre
activités humaines, climat, ressource en eau et environnement. Les impacts climatiques et
anthropiques sont considérés comme des contraintes modifiant l’environnement, induisant
une variabilité des hydrosystèmes. International Human Dimension Program (IHDP) des
Nations Unies, à travers sa composante Land Use and land Cover Change (LUCC), est
17
également orienté vers la recherche de relations homme/milieu et de solutions permettant une
gestion durable des ressources naturelles.
Cette thèse partage les objectifs de ces vastes programmes déjà décrits. Mais, c’est au sein du
Laboratoire d’Analyse des Milieux Naturels Tropicaux (LAMINAT), de l’Institut de
Géographie Tropicale (IGT), que ce travail de recherche est effectué. Le LAMINAT
s’intéresse, depuis plusieurs années, à la dynamique des paysages (en termes d’occupation du
sol), ainsi qu’aux impacts de la variabilité climatique sur la santé, la phénologie végétale et la
production agricole (Brou, 2005). Cette étude analyse les variations récentes du climat et ses
implications dans les mutations agricoles dans une zone écologique et agroclimatique aux
aptitudes diverses de la Côte d’Ivoire : l’hydrosystème du Bandama. Le but est d’actualiser
les connaissances sur le rapport climat-sociétés et d’anticiper sur ce que pourraient être les
conséquences des variations climatiques sur les milieux et les sociétés.
Les incertitudes climatiques constituent donc un défi pour la communauté scientifique. La
forte motivation est venue des craintes énoncées lors du Sommet de la Terre en juin 1992 à
Rio de Janeiro (Brésil) au sujet de la variabilité du climat et de ses rapports avec
l’environnement (Diomandé et al., 2010 ; GIEC, 2014). Les études récentes sur l’évolution du
climat renforcent ces inquiétudes. En effet, elles témoignent d’une tendance au réchauffement
de la planète de l’ordre de 0,85°C depuis la fin du XIXème siècle qui s’accompagne d’une
forte variabilité de la pluviométrie entre les tropiques (GIEC, 2014). Selon Servat et al. (1997)
et Diomandé (2013), la situation se présente en Afrique de l’Ouest à travers des phénomènes
tels que les sécheresses récurrentes et irrégulières, les perturbations des régimes avec des
déficits pluviométriques de l’ordre de 20 à 30% et les baisses des débits des cours d’eau. Il est
donc important d’étudier les variations climatiques, leurs facteurs accélérant et leurs
conséquences sur les modes de vie, la santé, les écosystèmes et l’économie des pays où les
activités sont tributaires du climat.
À ces préoccupations, la recherche tente d’apporter des réponses objectives, même si elles ne
sont que partielles ou temporaires. Dans ce sens, les études se sont particulièrement
multipliées à l’échelle de l’Afrique subsaharienne (Hubert et Carbonnel, 1987 ; Druyan et
Koster, 1989 ; Leroux, 1995 ; Paturel et al., 1996 ; Bigot, 1997; Servat, 1997b ; Hubert et al.,
1998 ; Sarr., 2008 ; etc.) et principalement de la Côte d’Ivoire (Eldin, 1979 ; Paturel et al.,
1995 ; Doumbia, 1997 ; Servat et al., 1997 ; Bigot et al., 2002 ; 2003 ; Morel, 2004 ; Brou,
2005 ; 2010 ; Brou et al., 2005 (a) ; Goula et al., 2007 ; Koffi, 2007 ; Diomandé, 2008 ; N’Da,
2009 ; Dibi Kangah, 2010 ; Noufé, 2011 ; Soro et al., 2011). La motivation principale de ces
18
auteurs est venue du fait que les utilisateurs des saisons de pluies soient sujets, chaque année,
à des surprises avec des conséquences parfois dramatiques.
Les modifications des conditions climatiques sont, en effet, considérables tant dans leur
répartition interannuelle que saisonnière. Les récents travaux menés sur les variabilités
pluviométriques indiquent qu’au cours du 20ème siècle, la Côte d’Ivoire a connu quatre
périodes individualisées de sécheresse en 1943, 1968-1970, 1982-1983 et 1993 (Brou et al.,
1998 ; Brou et al., 2005 ; Kouassi, 2007 ; Diomandé, 2013). La fin des années 1960 est
toutefois considérée comme le point de départ de la récession des précipitations en Côte
d’Ivoire. Malgré cet acharnement de la communauté scientifique sur la question, des points
d’ombre subsistent. Il paraît encore ardu de proposer des solutions à court, moyen et long
terme au monde agricole particulièrement car le climat reste très dynamique. Car, les dégâts
subis pour les paysans s’amplifient régulièrement, faute du contrôle de la variabilité du climat.
Il y a par exemple la perte de productions agricoles qui a provoqué des famines en 1970-1974,
1984-1985, 1992-1994 et 2002 en Afrique subsaharienne (Dilley et al., 2005 ; Amigues et al.,
2006). L’on peut associer la perturbation des calendriers agricoles à cause de l’incertitude des
débuts de pluies notamment, l’amenuisement et la dégradation des terres cultivables (Brou,
2009 ; Dibi Kangah, 2010 ; Dugué et al., 2012), les inondations répétées, la baisse de débit
(Savané, 2001 ; Goula, 2006 ; Kanohin, 2009 ; Dibi Kangah et Kassi_Djodjo, 2015), etc.
Ainsi, la variabilité climatique représente un risque socio-économique et environnemental
majeur. En effet, selon Diomandé (2013), pour assurer la sécurité alimentaire, préserver les
conditions de vie des populations rurales et gérer durablement les ressources naturelles, il est
déterminant de comprendre les changements du régime de pluie et d’adapter l’agriculture.
Certaines questions viennent donc à propos. Comment évolue le climat en Côte d’Ivoire
actuellement ? Le nouveau contexte climatique est-il une contrainte agricole à laquelle les
paysans sont confrontés ? Si oui, quels sont les réajustements possibles ? Comment les
paysans perçoivent-ils cette variabilité climatique et ses effets ? Comment adaptent-ils leurs
activités agricoles à ce qu’ils perçoivent comme risques climatiques. Ces questions vont
guider la présente étude au niveau de l’hydrosystème du Bandama. L’objectif est
d’appréhender les impacts socioéconomiques (transformations des systèmes agricoles locales
surtout) de la variabilité hydroclimatique actuelle. Pour les paysans, cette étude pourrait aider
à ajuster les systèmes traditionnels de production agricoles à la variabilité pluviométrique
actuelle afin d’optimiser la productivité, réduire la pauvreté, les conflits liés à la gestion du
foncier et l’insécurité alimentaire. Les démonstrations de la thèse distribuent leur
développement sur trois grandes parties :
19
- Contexte de l’étude, conditions physiques, humaines de l’hydrosystème du Bandama
et méthodologie (chapitres 1, 2 et 3) ;
- Conditions hydroclimatiques et recompositions des systèmes agricoles dans le bassin
versant du Bandama (chapitres 4 et 5) ;
- Dynamique hydroclimatique actuelle et résiliences locales dans le bassin versant du
Bandama (chapitres 6 et 7).
Le chapitre 1 est consacré à faire l’état de la question sur les interactions entre la variabilité
climatique et l’agriculture. Il part du contexte global au cas particulier de la Côte d’Ivoire. Le
choix de l’hydrosystème du Bandama comme entité physique de l’étude est justifié ici. Le
dernier aspect abordé dans cette rubrique concerne la définition des concepts. Il instruit sur
l’évolution de la notion d’hydrosystème, de climatologie et de système de production. La
clarification de ces notions oriente sur les méthodes d’analyse à adopter (approche socio-
anthropologique, hydroclimatologique ou "utilité productive de l’eau"). La revue de littérature
sur les rapports climat-agriculture de l’échelle africaine au bassin versant du Bandama et le
rappel des concepts clés permettent de comprendre le sujet et de présenter la problématique de
la recherche.
Le chapitre 2 s’intéresse principalement à la présentation des caractéristiques physiques et
humaines de l’hydrosystème du Bandama. Il est question de découvrir les facteurs
atmosphériques (de l’échelle ouest africaine à l’échelle locale) qui conditionnent les
variabilités climatiques du bassin du Bandama. Les caractères géologique, géomorphologique
biogéographique, hydrologique et climatique du bassin versant du Bandama sont ensuite
exposés. Dans ce même chapitre, sont décrites les diverses organisations sociales des
principaux groupes ethnoculturels rencontrés et l’usage des ressources naturelles disponibles.
Le chapitre 3 présente la méthodologie utilisée pour atteindre les objectifs de la thèse. Les
bases de données et les modèles d’analyse utilisés sont décrits. La méthodologie est inspirée
de plusieurs démarches notamment l’approche climatique, agronomique, biophysique,
socioéconomique et anthropologique. Conformément à ces démarches, quatre types de
données sont utilisés dans l’étude. Il s’agit des données météorologiques (pluie, température
et ETP), agrotechniques (Réserve Utile du sol : RU, coefficient culturale : Kc), socio-
économiques (rendement, production, superficie du riz pluvial) et les données issues
d’enquêtes socio-anthropologiques.
La présentation des résultats et discussions concerne les chapitres 4, 5, 6 et 7 de l’étude. Les
résultats sont présentés de sorte à respecter l’ordre des objectifs spécifiques. L’avantage de cet
exercice est d’établir de façon progressive, un lien entre les chapitres qui composent cette
20
partie du travail. Respectivement : le chapitre 4 s’appuie sur des outils cartographiques et
statistiques pour actualiser et décrire l’évolution spatio-temporelle des cumuls
pluviométriques (à l’échelle annuelles, mensuelles et journalières), des saisons
bioclimatiques, de la température et de l’ETP de l’hydrosystème du Bandama.
Le chapitre 5 apprécie l’impact de la variabilité climatique sur les potentialités hydriques des
cultures. Ce chapitre commence par le regroupement de l’hydrosystème du Bandama en aires
de potentialité agroclimatique homogènes à l’intérieur desquelles les conditions hydriques de
production agricole sont pratiquement identiques. Cet exercice est réalisé grâce à l’Analyse en
Composante Principale (ACP), aux coefficients pluviométriques, variabilités intra- et inter-
saisonnière et les intensités des hauteurs de pluies. L’impact de l’actuel contexte climatique
sur la recomposition des saisons culturales probables est également évalué. Ce sont les
principales approches de ce chapitre.
Le chapitre 6 s’intéresse aux implications des nouvelles conditions hydriques dans la
modification des aptitudes de production du riz pluviale au niveau du bassin versant du
Bandama. Il prend en compte les effets du contexte hydrique actuel sur les demandes en eau
des variétés de riz de cycle végétatif de 90 et 105 jours, les bilans hydriques et le niveau de
satisfaction des consommations hydriques des cultures. La caractérisation des contraintes
hydroclimatiques en riziculture pluviale s’achève par une étude des probabilités de réussite en
première et deuxième saisons humides. Partant, des dates optimales de semis sont proposées.
Ces analyses ci-dessus présentées sont adaptées pour juger de la pertinence de l’« utilité
productive de l’eau » dans la culture du riz pluvial.
Le chapitre 7 permet d’atteindre l’objectif 3 de l’étude. La préoccupation est de connaitre la
perception de la variabilité hydroclimatique par les paysans du bassin versant du Bandama,
les conséquences ressenties et les mesures d’adaptation et d’atténuation. Les enquêtes
concernent ensuite les caractéristiques de l’évolution du système de production agricole et les
motivations des transformations des systèmes agricoles. Enfin, la vulnérabilité des
populations sont analysées. L’intérêt de ces résultats est de croiser les résultats obtenus à
partir des données observées avec le vécu et le savoir des locaux. Les conclusions et les
perspectives de la recherche bouclent naturellement les analyses.
21
PREMIERE PARTIE
CONTEXTE DE L’ETUDE, CONDITIONS
PHYSIQUES, HUMAINES DE
L’HYDROSYSTEME DU BANDAMA ET
METHODOLOGIE
22
Chapitre 1 : MOTIVATIONS, DEFINITION DES
CONCEPTS ET PROBLEMATIQUE
1.1. Justification du sujet et motivations de l’étude
La nature du problème étudié, les contextes et motivations de l’étude sont présentés
sur la base d’une revue de la littérature. Il y est exposé les justifications du choix de
l’hydrosystème du Bandama comme zone d’étude. La clarification des concepts clés de
l’étude pose les jalons des questions et objectifs de la recherche. En fait, les variations
climatiques observées à l’échelle mondiale, de l’Afrique de l’Ouest et de la Côte d’Ivoire sont
passées en revue
1.1.1. Revue de littérature sur le rapport climat-agriculture
L’état des connaissances exposé sur la question du rapport variabilité climatique-
agriculture a pour objet de présenter les justifications et les motivations qui sous-tendent cette
étude. Il montre la nature et l’ampleur du problème ainsi que l’intérêt de l’étudier au niveau
de l’hydrosystème du Bandama. Avant d’énoncer les objectifs et l’organisation de cette
recherche, ce chapitre définit les concepts clés du sujet de l’étude. Car les notions de climat,
d’hydrosystème, de bassin versant et de système agricole ont beaucoup évolué. Leur
clarification illustre le fondement et choix méthodologique de la recherche.
a) Typologie de la variabilité climatique à différentes échelles
La question du rapport climat-agriculture est préoccupante si bien qu’elle est
largement abordée à différentes échelles. Dans le cadre de l’Afrique de l’Ouest, une
dégradation considérable du contexte hydroclimatique s’est révélée il y a plus de 40 ans.
Paturel et al. (1998), Servat et al. (1998) ainsi que Bigot et al. (2005) font état dans leurs
travaux d’une diminution significative des ressources en eau dans toute la région ouest-
africaine. En outre, ils mettent en évidence le caractère fortement hétérogène du phénomène
23
dans l’espace. En effet, si, dans les parties les plus orientales de la région ouest africaine, cette
fluctuation semble s'inscrire dans la « norme » des variations des séries chronologiques,
l’étude des séries longues montre qu’à l’Ouest et au Nord elle revêt un caractère d’exception
tant par son intensité que par sa durée (Paturel et al., 1998). Mais, selon Le Borgne (1990),
Morel (1995) et Servat et al. (1998), sur l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest bordant
le Golfe de Guinée, seuls la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin ont connu des modifications
notables. Ces auteurs estiment que durant les décennies 1960 et 1970, le régime à une saison
des pluies s’est étendu progressivement vers le sud en direction du littoral. La zone côtière
reste toutefois une zone de deux saisons des pluies. Bigot et al. (2005), Brou (2005) et Dibi
Kangah, 2010 confirment ces résultats au niveau de la Côte d’Ivoire à travers une
cartographie des hauteurs pluviométriques avant et après 1970. Ils concluent que les isohyètes
inférieures à 1200 mm se trouvent déplacées en moyenne de 100 km vers le sud entre 1950 et
2000. Se voulant plus précis, Bigot et al. (2005) publient le résultat selon lequel, en Côte
d’ivoire, la diminution des précipitations des quatre dernières décennies correspond à environ
38 % de la variance totale de la pluviométrie.
Mais, au-delà de la tendance générale à la baisse observée au cours de la période 1950-2000,
l’analyse statistique des précipitations ivoiriennes révèle des typologies locales et saisonnières
significatives dans l’intensité des anomalies pluviométriques (Brou, 2005). En effet, pour
Paturel et al. (1997) la baisse des précipitations observée au cours des années 1980 (entre 18
et 20 % du total annuel moyen) était plus significative dans les régions Nord et côtières des
pays bordiers du golfe de Guinée comme la Côte d’Ivoire. Cette hétérogénéité régionale de
l'évolution du climat ivoirien est-elle corrélativement ressentie sur les potentialités agricoles ?
b) Lien étroit climat-productivité en Côte d’Ivoire
L’agriculture est considérée par Oram (1989), Hansen (2002) et Sultan (2011) comme
l’activité socio-économique la plus dépendante des variations climatiques. La diminution des
pluies a un impact particulièrement grave sur les activités agricoles en Afrique sub-saharienne
car 75% de l’agriculture est tributaire de la pluviométrie. En conséquence, la longueur des
saisons de croissance et les rendements des cultures sont tous censés diminuer et varier d’une
année à l’autre, avec des impacts importants sur la sécurité alimentaire (African Crop Science
Journal, 2011). Les populations rurales de l’Afrique sub-saharienne sont donc exposées aux
aléas climatiques dans la mesure où elles sont tributaires de l’agriculture pluviale (Sultan,
2011). Encore, faut-il ajouter que certaines prédictions annoncent un déclin de la moyenne
24
pluviométrique d’environ 10% (par rapport à la normale 1971-2000) d’ici 2050 dans cette
région de l’Afrique (Gnanglè, 2005 ; Nyong, 2007 ; Gnanglè et al., 2012). Outre cette
dépendance, l’Afrique sub-saharienne n’a pas encore des capacités suffisantes pour répondre
à ces évènements majeurs (PNUD, 2004 ; Sultan, 2011). Ses faibles moyens la rendent
vulnérables. Par conséquent, ils ne lui permettent pas d’anticiper ou d’enrayer les effets des
fluctuations pluviométriques sur la productivité (Dibi Kangah, 2010 ; Noufé, 2011). Cette
fragilité face au climat a provoqué les plus grandes famines dans la région (en 1974, 1984-
1985, 1992 et 2002) au point de nécessiter un recours à l’aide alimentaire internationale
(Dilley et al., 2005 ; Sultan, 2011). En fait, l’agriculture de cette zone de l’Afrique, bien que
traditionnelle, représente près de 93% des terres cultivées (Sultan, 2011), fournit 80% des
céréales consommées et emploie 70% de la totalité de la main d’œuvre (FAO, 2003). En Côte
d’Ivoire par exemple, le secteur agricole contribue à hauteur de 26% du Produit Intérieur Brut
(PIB), mobilise environ 75% des terres arables et plus de 60% de sa population active (RGPH,
2014). Dans ce contexte, être capable de mieux comprendre et d’anticiper les fluctuations
climatiques et leurs conséquences sur les activités agricoles constitue un enjeu majeur de
sécurité alimentaire et de développement durable.
Bien que la Côte d’Ivoire ne soit pas actuellement confrontée à des crises alimentaires aiguës,
à l’instar de pays sahéliens (MICS, 2006 ; FAO, 2008 ; RNI-CI, 2008), un regard prospectif
pourrait inquiéter. En effet, en dépit d’un très fort accroissement de la population ivoirienne
(2,6%/ an de 1998 à 2014 selon RGPH 2014), une limitation de la productivité agricole due à
la variabilité croissante du climat va entraîner une augmentation du taux de pauvreté et de
malnutrition. L’effort en termes d’accroissement de la production alimentaire devrait donc
être extrêmement élevé (Sultan, 2011). Le futur dépend donc de la capacité du secteur
agricole à relever le défi de nourrir la population qui croît rapidement. Ce défi sera d’autant
plus difficile à relever tant que les variations saisonnières et interannuelles du climat ne seront
pas maitrisées et/ou anticipées.
Les prédictions de Collomb (1999) et Sultan (2011) sont-elles valables pour la Côte d’Ivoire,
surtout que ces derniers ont mené leurs études sur la zone sahélienne ? Aussi, existe-il
actuellement de nombreuses incertitudes sur la variabilité climatique et son impact sur
l’agriculture ivoirienne (Brou, 2005 ; Roudier et al., 2011b). Par exemple, il est maintenant
connu que dans les pays africains, particulièrement en Côte d’Ivoire, la pluviométrie a une
tendance déficitaire. Cela est attesté par différents travaux (Paturel et al., 1995 ; Doumbia,
1997 ; Servat et al., 1997 ; Ouessebanga, 2000 ; Bigot et al., 2002 ; 2003 ; Morel, 2004 ;
Brou, 2005 ; 2010 ; Brou et al., 2005a ; Dibi Kangah, 2010). Pour le GIEC (2007), cette allure
25
pourrait globalement continuer jusqu’en 2100 si rien n’est fait. Cette tendance pluviométrique
s’accompagne, disent Dibi Kangah (2004), Goula et al. (2010), par des perturbations de la
distribution de la pluviométrie et des calendriers culturaux. Ainsi, ces résultats laissent peu de
place à l’optimisme.
Par contre, Gil et Yann (2002 ; 2004) et Diomandé (2013) soulignent l’apparition d'années
excédentaires durant la décennie 2000 ; ce qui amène à se questionner sur la fin de la période
sèche qui dure depuis le début des années 1970 (Brou, 2005). Ils ont dissipé ces doutes en
rattachant la décennie 2000 aux années antérieures qui étaient sèches. Toutefois, les études de
Gil et Yann (2002, 2004) sont beaucoup plus limitées à la région sahélienne. Diomandé
(2013) ne certifie la reprise que dans la région de contact forêt-savane en Côte d’Ivoire. Elles
ne permettent donc pas de confirmer l’idée d’un retour à des conditions plus humides sur
toute la Côte d’Ivoire. L’analyse de la pluviométrie de 1970 à 2006 à San Pedro révèle aussi
une période plus humide entre 2000 et 2006 (N’Da, 2009).
Toutefois, ces cas singuliers sur de courtes périodes ne suffisent pas à lever l’incertitude ou à
conclure d’une récupération de la pluviosité. Malheureusement, la plupart des études pour
caractériser le climat à l’échelle de la Côte d’Ivoire (Brou, 1997 ; Bigot et al., 2005 ; Brou,
2005 ; Dibi Kangah, 2010 ; Diomandé, 2008 ; 2010 ; Noufé, 2011) et particulièrement de sa
moitié nord limitent les données à l’année 2000. La raison principale est que la SOciété de
Développement et d’Exploitation Aéroportuaire, Aéronautique et Météorologique
(SODEXAM) n’a pas pu effectuer régulièrement la mesure des données météorologiques de
la Côte d’Ivoire à cause de la situation d’instabilité que le pays a connue depuis 1999. La
période postérieure à l’année 2000 mérite donc une plus grande attention. En effet,
comprendre les fluctuations climatiques actuelles peut aider à anticiper les conséquences sur
les activités agricoles des populations, à envisager des options d’adaptation ou d’atténuation
et à réduire la vulnérabilité de la population agricole. Cela constitue un enjeu majeur en
termes d’autosuffisance alimentaire, de sécurité alimentaire et de lutte contre la pauvreté.
Cette étude se propose donc de contribuer à enrichir ce champs de connaissance en
fournissant une image précise et actualisée du potentiel hydroclimatique de la production
agricole ivoirienne dans un contexte où le changement climatique et ses conséquences ne sont
pas toujours perçus de la même manière par les scientifiques et les ruraux. De ce fait, nous
trouvons nécessaire d’intégrer le regard culturel à l’approche scientifique dans l’élaboration
des politiques de résilience. Par exemple, les calendriers culturaux devraient être réajustés en
tenant compte des contraintes climatiques et des habitudes culturales des groupes
socioculturels productifs.
26
1.1.2. Justification du choix de la zone d’étude et du but de la recherche
a) Conditions hydroclimatiques du bassin versant du Bandama
Pour cette étude, le choix est porté sur l’hydrosystème du Bandama. Un diagnostic
actualisé des conditions hydroclimatiques et de ses rapports avec le monde agricole sera
réalisé au niveau des stations pluviométriques et synoptiques qui le composent (Figure 1).
Figure 1 : Localisation du bassin versant du Bandama et ses principales stations
pluviométriques.
L’analyse de la variabilité pluviométrique et du bilan hydrique efficace (prenant en compte la
fraction d’eau stockée dans les zones radiculaires des plantes) dans le Sud-ouest et Centre-
ouest ivoirien a révélé une baisse significative des hauteurs de pluies annuelles (N’Da, 2009).
Cette approche hydroclimatique a contribué à déterminer le besoin en eau des cultures par
27
rapport aux apports d’eau par les précipitations. Les résultats ont révélé que les plantes
d’hévéa n’ont pas encore de problème d’eau dans ces régions. Pendant 10 mois sur les 12 de
l’année, les plantes n’ont théoriquement aucune difficulté à se nourrir et le calendrier cultural
est respecté encore à plus de 75%. Ce résultat n’étonne guère. Certes, la région Sud-ouest
connait une baisse pluviométrique significative (Le Borgne, 1990 ; Morelle, 1995 ; Paturel et
al., 1998 ; Servat et al., 1998). Cependant, elle reste une zone subéquatoriale avec deux
saisons pluvieuses et une hauteur de pluie moyenne encore supérieure à 1500 mm par an sur
la période 1950-2000 (Bigot et al., 2005 ; Brou, 2005 ; N’Da, 2009).
Par contre, sur le même temps, la quasi-totalité de l’hydrosystème du Bandama a une
pluviométrie faible et incertaine. Bigot et al. (2005) montrent clairement que les pluies sont
inférieures à 1300 mm/an (Figure 2) avec un taux de variation supérieure à 25 % entre 1970 et
1997. Les températures sont également les plus élevées (Dimbokro et Korhogo) selon N’Da et
al. (2016). Cette situation climatique compromettrait l’agriculture familiale et justifierait la
domination de la savane au sein de l’hydrosystème (Brou, 2005).
Figure 2 : Champs pluviométriques sur les périodes 1950-1969 et 1970-1996.
L’isoligne rouge (1300 mm) correspond à la limite théorique de la forêt tropicale dense humide). La
circonscription en noire représente le bassin versant du Bandama.
(Source : Bigot et al., 2005).
28
Cependant, sur les 15 dernières années, le phénomène est resté très peu étudié en Côte
d’Ivoire à cause de l’indisponibilité des données issues de plusieurs postes d’observation
pluviométrique. Sachant que le fort taux de changement de régime et de variation
interannuelle des pluies (25 à 40%) accroît le risque de déficit hydrique (N’Da, 2009), cette
étude se propose d'actualiser le bilan hydroclimatique du bassin versant du Bandama en
reconstituant les données à partir des données satellitaires. Cette actualisation pourra servir à
comprendre les risques climatiques auxquels les agriculteurs font face.
b) Climat, mutation agricole et dynamique végétale : quels liens ?
Les systèmes écologiques sont dynamiques, quelle que soit l'intensité des activités
humaines qui s’y déroulent. Les facteurs qui l’expliquent sont divers. Ils peuvent être
biotiques, abiotiques ou dus aux activités humaines (Antrop, 2000 ; Brou et al., 2005 ;
Oszwald, 2005). Dès 1960, la Côte d’Ivoire a choisi comme axe majeur pour son
développement économique et social, la production agricole. Ce choix est clairement exprimé
dans les différents plans quinquennaux de 1960 à 1985 où l’agriculture est présentée comme
le premier pilier du développement (Hauhouot, 2002). Comme résultat, entre 1960 et 2000, la
superficie totale des forêts ivoiriennes est passée de 12 millions d’hectares à moins de 2
millions au détriment des espaces cultivés (BNETD/CCT, 2002 ; Brou, 2005). La partie
septentrionale savanicole n’est non plus épargnée, bien qu'exclue de l’arboriculture caféière et
cacaoyère pour des raisons écologiques et historiques (Noufé, 2011). C’est à juste titre que
l’agriculture ivoirienne est qualifiée de « prédateur » par Brou (2005). En outre, Bigot et al.
(2002), Oszwald (2005), Noufé (2011), s’accordent sur le fait que les paysans pratiquent une
agriculture dite tropicale humide qui dépend du volume et de la répartition saisonnière des
précipitations. Selon eux, une baisse significative des précipitations oblige les agriculteurs à
étendre les superficies de leur exploitation pour compenser les pertes de productivité, à
changer de cultures ou à migrer vers des zones plus favorables, aggravant de ce fait le
déséquilibre écologique et sociétal.
Cependant, il faut noter que le bassin versant du Bandama est une zone exceptionnelle du
point de vue phytogéographique et climatique en Côte d’Ivoire. Cet espace étudié est
quasiment dominé du Nord au Sud par la savane. En effet, on y rencontre les plus vastes
« savanes incluses » non loin des côtes (Lévêque et al., 1983). Ici, la gestion de la
perturbation des régimes de pluies présente deux enjeux majeurs de développement. Le
premier est socio-économique et il est lié à la mutation des systèmes de production agro-
29
pastoraux qui impliquent la transformation des connaissances, des aptitudes et des pratiques
(Brou et al., 1998 ; 2005 ; 2007 ; Noufé, 2011 ; Diomandé, 2010). Le second est d’ordre
écologique. Il s’implémente autour de l’hypothèse des changements phytogéographiques
majeurs, notamment le glissement vers le sud de la mosaïque forêt-savane péri-forestière,
conformément à l’idée très ancienne de « savanisation progressive » du domaine semi-décidu
et de la paupérisation des sols (Bigot et al., 2005).
Ce phénomène de « savanisation » anime les débats scientifiques depuis des décennies.
Néanmoins, bien que la forêt soit soumise au "mitage" des cultures et les savanes aux feux
annuels, il faut néanmoins se garder de parler trop rapidement de dégradation irréversible du
milieu. D’ailleurs, par observation comme par expérience et à partir d'enquêtes sur le terrain,
Adjanohoun (1964), Blanc-Pamard et Peltre (1994) ont conclu que les savanes ont une nette
tendance à la reforestation sur les lisières. Le système de culture locale favoriserait cette
dynamique, comme le démontre l’étude menée par Blanc-Pamard et Spichiger (1973) à
grande échelle sur des parcelles de lisière, préférentiellement exploitées en vivrier. Ainsi, non
seulement la mise en culture (annuelle) des lisières ne semble pas être un facteur de
« savanisation » comme on aurait pu s’y attendre, mais au contraire, elle accélère la
progression de la forêt. Ce travail s’intéresse à l’enjeu socio-économique. En fait, les
recherches sont orientées vers la gestion de l’espace rural de l’hydrosystème du Bandama
dans une perspective de rapport variabilité pluviométrique - mutations agricoles. Le rôle de la
dynamique du milieu dans l’évolution actuelle du climat ne pourra pas être abordé.
Néanmoins, les controverses autour de ce thème peuvent être présentées.
c) Rétroactivité entre agriculture et climat
Le GIEC (2007) et Tessilimi et Tidjani (2010) estiment que les conditions climatiques
actuelles, identifiées sous les tropiques par la baisse et la variabilité accrue de la pluviométrie,
sont imputables à l’homme. En effet, ces auteurs démontrent que l’homme exerce diverses
sortes d’activités socio-économiques (pratiques agricoles et industrielles, exploitations
forestières, pâturages, constructions de routes et bâtiments, etc.) qui sont à l’origine d’une
forte concentration de Gaz à Effet de Serre (GES) dans l’atmosphère depuis la révolution
industrielle, cause principale du réchauffement global. Il convient toutefois, de signaler que
« les changements climatiques offrent un rappel éloquent de ce que nous partageons tous la
planète Terre » (RMDH, 2008).
30
Par contre, Drapeau et Ronchail (2010) soulignent que la diminution des précipitations
pourrait tout aussi bien être l’expression d’une variabilité pluridécennale naturelle que celle
d’un changement climatique d’origine anthropique. La baisse de la pluviométrie résulte très
probablement de l’interaction des stimuli comme les océans. En fait, ceux-ci sont les moteurs
d’un mode de variabilité pluridécennale, en accroissant notamment les phénomènes El-Niño
(Kayano et Andreoli, 2007 ; Kayano et al., 2009). Parallèlement, les variations à long terme
des températures de surface de l’océan Atlantique tropicale apparaissent étroitement liées à
l’évolution des pluies de la zone intertropicale (Bigot et al., 2005 ; Djikamba, 2009 ; Dibi
Kangah, 2010 ; Drapeau et Ronchail, 2010).
À ces interactions naturelles ou anthropogéniques déjà décrites, il faut ajouter celle des états
de surfaces qui peut jouer un rôle d’amplificateur (Nepstad et al., 2008). Très peu d’études
abordent cette question en Afrique subsaharienne en général et particulièrement en Côte
d’Ivoire. La plupart des études (Servat et al., 1997 ; Dibi Kangah, 2004 ; Koffi, 2007 ; Noufé,
2011) présente la baisse de production et la dégradation de l’écosystème naturel comme étant
les conséquences de la détérioration des paramètres hydroclimatiques. Or, pour adopter des
mesures d’atténuation ou d’adaptation qui s’inscrivent dans le contexte d’un développement
durable, il serait aussi avantageux d’analyser les facteurs susceptibles d’accélérer la
perturbation du climat au niveau local.
Il est déjà prouvé que par effet de rétroaction positive, l’état de surface a une influence non
négligeable sur les états de l’atmosphère, à travers son utilisation de l’énergie du système
terre-océan-atmosphère et son implication dans le cycle hydrologique (Charney et al., 1977 ;
Shukla et al., 1982 ; Courel et al., 1984 ; Leroux, 1995 ; Sultan et al., 2001 ; Bigot et al.,
2005 ; Brou, 2005). En clair, les précipitations tombées sont en partie réintroduites dans
l’atmosphère par évapotranspiration du couvert végétal (Monteny, 1985). Les informations
relatives à de la désagrégation des conditions de surface peuvent ainsi servir à l’explication de
la modification des climats locaux. D’une part, un bouleversement de l’activité biologique
entraîne un rééquilibrage des échanges énergétiques entre les sols végétalisés et
l’atmosphère ; La diminution de l’évapotranspiration, accompagnée de l’accroissement du
flux de chaleur sensible, affecte le mécanisme de la formation nuageuse (Oszwald, 2005 ;
Guyot, 2010). D’autre part, une diminution de l’activité biologique irait dans le sens d’une
limitation de la répartition et de la durée des saisons des pluies. Elle peut aussi affaiblir le flux
de mousson et augmenter le stress hydrique sur la végétation (Charney et al., 1975 ; 1977 ;
Shukla et al., 1982 ; Courel et al., 1984 ; Leroux, 1995 ; Brou, 2005).
31
1.2. Problématique, questions et objectifs de recherche
La lecture des travaux antérieurs a instruit sur l’évolution des notions liées à
l’hydrosystème, au bassin versant, à la climatologie et aux mutations agricoles, impliquant le
développement de plusieurs méthodes et concepts. Le rappel de ces concepts permet de
comprendre le sujet, le problème abordé, le choix des outils et méthodes de la recherche.
1.2.1. Clarification des concepts utilisés
a) Concept d’hydrosystème : évolutions et définitions
Le terme d’hydrosystème a été créé lors de l’émergence de la systémique et de la
théorie des systèmes (Fabien, 2008). Il s’agit d’un vocable qui, en une quarantaine d’années
d’existence, a vu son sens évoluer largement. Ces transformations peuvent être abordées sous
un angle thématique d’une part et spatial d’autre part. (Hypergeo, 2007 ; Fabien, 2008). En ce
qui concerne l'évolution thématique, le terme d' hydrosystème est apparu au début des années
1960 chez les géomorphologues anglo-saxons. Ce sont les géographes, avec Chorley (1962),
mais aussi les hydrologues, avec Chow et al. (1965) notamment, qui sont habituellement
présentés comme les inventeurs du concept. Ainsi, Chorley (1962) a développé une approche
systémique de la géomorphologie avec son article sur « la géomorphologie et la théorie
générale des systèmes ». Selon Fabien (2008), cet article n’a pas utilisé spécifiquement le
terme d’hydrosystème. Il parlait de « système fluvial (stream system) ». De ce fait, le terme a
gardé jusqu'aujourd’hui un sens fort de dynamique fluviale (Amoros et Petts, 1993).
C’est pourquoi l’hydrosystème a pu être considéré comme la seule partie abiotique de
l’écosystème aquatique, c’est-à-dire le biotope avec lequel les organismes vivant dans l’eau
entretiennent des interrelations.
Par ailleurs, pour Fabien (2008), depuis son utilisation par les biologistes et du fait de la mise
en place d’études interdisciplinaires, le concept a été élargi aux liens réciproques entre les
deux ensembles complexes du biotope et de la biocénose aquatiques. L’hydrosystème est
alors à peu près équivalent à l’écosystème aquatique. Enfin, à cause de l’évolution de la
géographie (qui est à l’origine du terme), l’action anthropique a été introduite à
l’hydrosystème pour l’assimiler au milieu géographique de l’eau.
Concernant l’évolution spatiale, l’hydrosystème a d’abord du fait de sa connotation fluviale,
représenté avant tout l’ensemble des relations longitudinales entre l'amont et l’aval des eaux
superficielles à l’intérieur du bassin d’alimentation. Mais cette portion d’espace comprend
32
aussi des relations latérales entre les lits mineur et majeur, entre l'eau et les formations
sédimentaires de la plaine alluviale. La troisième dimension qui est prise en compte implique
les liens verticaux entre l’atmosphère, les eaux superficielles et souterraines. Ainsi, prenant en
compte les interrelations longitudinales, latérales et verticales, le terme "hydrosystème" est
souvent utilisé pour qualifier un bassin versant à l’intérieur duquel s'organise un réseau
hydrographique qu’on souhaite étudier de manière systémique. La composante atmosphérique
et climatique a été superposée à juste titre par Dacharry, faisant de l’hydrosystème une portion
de l’espace géographique, naturel ou anthropisé, où s’effectue le cycle de l’eau à travers
lequel les flux hydriques sont soumis à des modes particuliers de circulation (Dacharry,
1993). Pour cette étude, les eaux précipitées ont la première place dans ce système.
Il convient aussi de noter que l’hydrosystème, qu’il soit fluvial ou lacustre, n’est pas définie
par une dimension spatiale. Il peut aller de la flaque au plus grand courant d’eau telle
l’Amazone dans son bassin (Hypergeo, 2007 ; Fabien, 2008). En fait, chaque hydrosystème a
une taille qui dépend de ses éléments dont l’équilibre est fonction de chaque constituant et de
la recomposition des liens qui les unissent. Ce travail considère l’hydrosystème comme un
système composé de l’eau et des milieux aquatiques associés dans un ensemble géographique
délimité, notamment un bassin versant.
b) Notion de bassin versant
Le bassin versant représente la totalité de la surface topographique drainée par un
cours d'eau, et ses affluents, à l'amont d’un point ou plus précisément d’une section droite de
ce cours d'eau (Réméniéras, 1965). Le terme de bassin versant englobe, de par sa définition,
des objets spatiaux de tailles très différentes depuis quelques hectares à plusieurs millions de
km². Plus précisément, le bassin versant est une surface élémentaire hydrologiquement close,
c'est-à-dire qu'aucun écoulement n'y pénètre de l'extérieur et que tous les excédents de
précipitations s'évaporent ou s'écoulent par une seule section à l'exutoire.
Le bassin versant représente l’entité physique, l’unité géographique sur laquelle se base
l’analyse du cycle de l’eau et les flux associés (Payraudeau, 2002). La notion d’hydrosystème
traduit une approche globale d’un bassin versant, présente des avantages au moment de s’en
faire une représentation, d’appréhender son comportement et de définir les éléments qui le
constituent. L’objectif de la représentation de l’hydrosystème du Bandama est double : non
seulement faciliter la compréhension du fonctionnement du bassin versant, mais aussi
identifier les éléments de sa gestion. La représentation systémique fera l’objet d’étude du
33
chapitre 2. Après avoir obtenu une vision d’ensemble du fonctionnement du système et des
éléments inclus comme la société et les exploitations agricoles, une étude plus détaillée sera
menée sur quelques-uns de ces éléments comme les pluies et l’évapotranspiration sans exclure
les effets de ceux-ci sur la société et les exploitations agricoles (chapitre 4, 5, 6 et 7).
c) Concepts en climatologie
La progression scientifique et conceptuelle de la climatologie a fait l’objet de plusieurs
travaux (Sorre, 1934 ; Tardy et Probst, 1992 ; Douguedroit, 2004 ; Brou, 2005 ; Noufé, 2011 ;
etc.). Quelques termes de leurs conclusions sont retenus. En effet, MAX Sorre (1934) définit
le climat en ces termes « le climat est la série des états de l’atmosphère au-dessus d’un lieu
dans leur succession habituelle ». Cette définition, sensible aux écarts à la moyenne, mène à
la notion de variabilité climatique (Douguedroit, 2004 ; Brou, 2005 ; Noufé, 2011). Le climat
implique une stabilité dans le temps et dans l’espace ; les sécheresses ou les années trop
humides correspondent à des crises ou anomalies climatiques (Tardy et Probst, 1992). Pour
ces deux auteurs, le dérèglement prolongé du climat moyen sur une à plusieurs années,
constitue une anomalie, celle-ci étant généralement mise en évidence par les courbes
d’évolution, sur la base de données statistiques. L’intensité de cette anomalie s’évalue en
termes d’écart à la moyenne jugée normale, de sorte que l’écart-type permet de fixer les seuils
qui bornent les intervalles ayant une signification statistique. À cette notion d’anomalie
climatique, s’est ajoutée celle de variabilité climatique. Celle-ci est envisagée comme la
fluctuation des valeurs saisonnières ou annuelles sur une longue période, mais tendant à
s’éloigner de l’état climatique moyen de référence (Beltrando et Chémery, 1995 ; Pagney et
Lamarre, 1999 ; Douguédroit, 2004 ; Vigneau, 2004, Drapeau, 2010). Ils ont trouvé comme
explications à la variabilité climatique, des facteurs cosmiques au premier rang desquels
l’énergie solaire, le positionnement des masses d’air, les éruptions volcaniques, les variations
des Températures de Surface Océanique (TSO) liées aux épisodes ENSO (El Niño Southern
Oscillation), etc.
Les études des états de l’atmosphère ont progressivement cessé de considérer l’espace comme
fermé à des influences autres que solaires. L’irruption des téléconnections entre océans et
précipitations des continents tropicaux ont poussé à une réflexion sur l’influence exercée sur
l’atmosphère par son substratum. Ainsi, selon GIEC (2001, 2007 et 2014), les interactions
homme-nature d’échelle régionale et/ou globale sont à l’origine des changements climatiques
actuels, c’est-à-dire l’évolution du climat due à une sorte d’emballement de ses mécanismes
34
de régulations intrinsèques. En marge de la variabilité naturelle du climat, ils s'appréhendent
depuis le début de l’ère industrielle par une tendance à la hausse des températures à la surface
de la planète. À l’opposé de la variabilité climatique, les changements climatiques ne seraient
pas expliqués par les causes cosmiques, mais plutôt par un forçage (facteur extérieur qui
influence fortement un phénomène) d’origine anthropique, lié à la concentration
atmosphérique des gaz à effet de serre (GIEC, 2014) tels que le dioxyde de carbone, le
méthane, l’oxyde nitreux, etc.). Ce forçage anthropogénique interviendrait donc comme un
amplificateur des processus stochastiques de la variabilité naturelle du climat, via les gaz à
effet de serre. Mais en dépit des incertitudes et des controverses que suscitent les changements
climatiques, il est plus que probable qu’en se manifestant par un réchauffement général,
accompagné d’une accentuation de la variabilité climatique naturelle, les changements
climatiques deviennent des changements hydroclimatiques (Noufé, 2011), accroissant ainsi la
variabilité pluviométrique dont le lien avec les principales composantes du cycle de l’eau
(écoulements, niveau des nappes souterraines, etc.) est indéniable.
À partir des données stationnelles et (ou) des sorties de la modélisation physique de
l’atmosphère, de vastes bases de données climatiques ont été élaborées (par des structures
internationales telles que la National Aeronautics and Space Administration (NASA), la
National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), etc. Leur accessibilité par le web
et leur gratuité ont généralisé récemment leur emploi, en particulier celui des séries
nouvellement corrigées et estimées (réanalyses). Cette recherche veut donc s’inscrire dans
cette vocation de la climatologie. Elle aura recours à ces réanalyses pour mener une analyse
actualisée sur les variabilités hydroclimatiques dans le bassin versant de Bandama en Côte
d’Ivoire.
En fait, les démonstrations de Bigot (2004) et Brou (2005) montrent que les zones équatoriale
et tropicale humide (> 1300 mm/an) se rétractent, alors que le domaine tropical sec (<1300
mm/an) s’étend. Les régions septentrionales, avec des totaux pluviométriques inférieurs à
1000 mm/an, appartiennent désormais au domaine subsoudanien, alors qu’elles étaient
jusque-là classées dans le domaine soudanien stricto sensu (Noufé, 2011). La baisse
pluviométrique s’est ainsi généralisée dans le pays entre 1950 et 2000 (Bigot, 2004 ; Brou,
2005 ; Dibi Kangah, 2010).
d) Concepts de mutations agricoles
Dans le cadre de ce travail, la notion de mutation agricole s’identifie à travers deux
concepts, notamment les systèmes de production et systèmes de cultures, qui, eux même,
35
soulèvent les questions d’habitude culturale, de vulnérabilité et d’adaptation de paysans. La
clarification du concept du système de production agricole est empruntée de Diomandé
(2013). Elle est diversement appréciée par les chercheurs qui lui confèrent des contenus
variés. Par exemple, Chombart et Poitevin (1957) ramènent le concept de systèmes de
production agricole à la gestion de l’exploitation agricole. Ils considèrent le système de
production comme la combinaison des facteurs de production et des spéculations dans
l’exploitation agricole, l’exploitation étant définie comme l’unité dans laquelle l’agriculteur
pratique un système de production en vue d’augmenter son profit. Une autre conception,
externe à l’exploitation, insiste sur le caractère social, sur la stabilité et les changements des
systèmes de production selon divers critères. Pour Reboul (1976) ou Daane et al., (1989), un
système de production agricole est un mode de combinaison entre terre, forces et moyens de
travail à des fins de production végétale et/ou animale, commun à un ensemble
d’exploitations. Brossier (1987) précise que ces deux premiers courants de pensées sont
centrés soit sur la gestion, soit sur la dimension sociale. Dans ce cas, le système de production
se présente comme le résultat d’un agencement particulier des facteurs de production, des
choix techniques, une combinaison des productions en vue de faire face à une contrainte ou à
optimiser sa production. Ces deux premières définitions se joignent au concept de « farming
system » emprunté à la littérature saxo-anglaise : « un système agricole prospère est un
ensemble économiquement et socialement viable des activités et des intrants produisant des
avantages à la terre » (Anderson, 1985).
Couty (1987) ne semble pas être d’avis avec ces définitions et les trouve confusionnistes dans
la mesure où elles mêlent des éléments chronologiquement différenciés : les facteurs de
production et les productions. Badouin (1985), Brossier (1987), Couty (1987) et Meaux &
Jouve (2003) préféraient utiliser un ensemble de concepts qui s’emboîtent entre eux. Ces
auteurs séparent ce qui relève du système de culture et ce qui relève du système de
production, non sans insister à juste titre sur l’étroite parenté entre les deux concepts. Ils
réservent le terme « système de culture » à la combinaison des spéculations pratiquées par les
agriculteurs et le « système de production » à la combinaison des ressources productives
(terre, climat, travail, consommations intermédiaires, capital d’exploitation, etc.) utilisées.
Meaux et Jouve (2003) soulignent aussi que la notion de système de production se situe entre
celles de système de culture et de système d’exploitation. Ce dernier concept a trait au mode
de fonctionnement des unités de production, lequel dépend, entre autres, de la détention du
pouvoir de décision et des modalités de disposition de la terre et de la main-d’œuvre. Alors
que les systèmes de culture sont conçus à partir des connaissances sur le fonctionnement de
36
l’ensemble climat-sol-plantes. Chaque système de culture étant « l’ensemble des modalités
techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées de façon identique ». Sebillotte (1993)
l’appelle aussi « itinéraire technique ». Il le défini par une succession de cultures ; chaque
culture (d’une espèce ou d’une association d’espèces) étant conçue comme « une combinaison
logique et ordonnée de techniques qui permettent de contrôler le milieu pour en tirer une
production donnée ». Dans certains cas, la classification des systèmes de cultures des zones
tropicales est faite en retenant comme premier facteur discriminant la nature et la durée des
jachères (Ruthemberg, 1980 ; Boserup, 1970). Il est intéressant de noter que cette façon de
procéder rejoint celle de Sebillotte (1993).
Ce travail s’inscrit dans l’approche définitionnelle de Badouin (1985), Brossier (1987), FAO
(2001) et Meaux & Jouve (2003). Il restreint le « système de culture » à la combinaison de
cultures et le « système de production » à la combinaison des ressources productives
(disponibilité des terres, temps travail, saison de pluies, consommations hydrique, etc.). La
clarification des concepts a permis de mieux saisir la pertinence des questions que soulève le
sujet d’étude. Elle oriente sur l’approche méthodologique interdisciplinaire à adopter. En
effet, l’étude implique l’intégration de trois démarches scientifiques : des approches
hydroclimatique, socioéconomique et anthropologique. Elles servent à mettre en évidence les
variabilités interannuelles et intra-annuelles des variables climatiques, les risques hydriques
en agriculture pluviale et la vulnérabilité des sociétés rurales.
1.2.2. Contexte méthodologique global
a) Utile approche socio-anthropologique
En dépit d’une volonté affichée d’un renforcement de la pluridisciplinarité, avec
notamment de fortes connexions entre les sciences de la terre et les sciences sociales, les
chercheurs géophysiciens, océanographes, physiciens atmosphériques, etc. intègrent peu les
dimensions anthropologiques et socioéconomiques dans l’étude de la variabilité climatique.
Le plus souvent, la place que l’on attribue à l’homme dans le système bioclimatique est par
exemple le flux de CO2 (qu’il influence directement ou indirectement), la modification de
l’albédo par la dégradation du couvert végétal (Courel, 1992 ; Drapeau et Ronchail, 2010), ou
encore la consommation des ressources hydrologiques afin d’en tenir compte dans le calcul
des bilans hydrologiques (Bigot, 2004). L’approche « diagnostique » de la climatologie,
appelée autrement « dynamique », se contente trop souvent de traitements statistiques. Ces
37
résultats participent certes à l’amélioration des connaissances mais, selon Bigot (2004), ils
n’en demeurent pas moins éloignés de la réalité écologique, culturelle et géographique des
espaces étudiés. Ils ne deviennent que des produits difficilement interprétables et surtout sans
intérêt pratique pour les acteurs régionaux et locaux (aménageurs, gestionnaires territoriaux,
agriculteurs, etc.) ainsi que pour les communautés scientifiques connexes (sociologues,
économistes, biologistes, botanistes, épidémiologistes, etc.).
Cette recherche s’appuie sur une démarche transdisciplinaire (sciences environnementales et
sciences sociales) intégrant les approches agroclimatiques, biophysiques et socio-
anthropologiques. Elle vise ainsi à comprendre les dynamiques interactives entre les sociétés
humaines et les ressources naturelles (climat, terres cultivables) dans le but de contribuer,
aussi bien à rentabiliser les ressources (production agricole par exemple) qu’à protéger
l’environnement. L’étude cherche à observer et à expliquer le phénomène hydroclimatique à
l’échelle des paysans, en les incluant comme coproducteurs de connaissances et en s’intégrant
soi-même comme acteur (Polcher, 2003 ; Bigot, 2004 ; Dibi Kangah et Koné, 2015). Car, au-
delà de la diversité des espaces (biodiversité), il y a la diversité géographique des hommes
(Bertrand, 2010). De plus, à chaque système de culture, correspondent des besoins
spécifiques. C’est d’ailleurs cette vision qui a amené Diomandé (2008) et Noufé (2011) à
intégrer non seulement la dimension socioculturelle mais aussi la notion d’utilité productive
de la pluie à l’étude du rapport climat-agriculture, respectivement à Dimbokro et dans l’Est de
la Côte d’Ivoire.
b) Mécanisme d’analyse de l’« utilité productive de l’eau »
Les travaux de Noufé (2011) ont déjà permis, à l’aide d’un outil de raisonnement des
situations de déficit et d’excès en eau en agriculture tel que le bilan hydrique de culture, de
tester les concepts d’« utilité productive de l’eau » ou d’« efficience de l’eau ». En fait, mieux
que la simple notion de pluie brute utilisée en climatologie classique, et tenant compte des
réserves utiles du sol, ces concepts rendent davantage compte de l’impact réel des variabilités
pluviométriques actuelles sur les modifications du système agricole.
Selon Noufé (2011), pour que l’idée d’« efficience de l’eau » soit pertinente, il faut que
quantitativement, l’eau soit un « facteur » de production. La notion de facteur renvoie à un
effet favorisant (les conditions meilleures favorisent de bonnes productions) ou limitant
(quand leur insuffisance limite l’expression des autres facteurs). Il peut aussi avoir une action
inverse (facteur nuisible : plus de facteur, moins de produits). Ainsi, la production agricole est
38
fonction des facteurs environnementaux alloués au système de production (seuils de carence
ou d’excès de pluviosité, de température, d’humidité, etc., de leur équilibre, de leur mode de
répartition, et du respect de certaines conditions du milieu donné).
L’hydrosystème du Bandama, conformément aux résultats statistiques et cartographiques
ayant trait au changement de stationnarité (Bigot, 2004 ; Bigot et al., 2005 ; Brou, 2005) de la
Côte d’Ivoire des savanes, a enregistré de profondes dégradations des totaux pluviométriques.
Toutefois, il est important d'expérimenter ce concept d’efficience ou d’utilité productive de
l’eau. Car, les hauteurs de pluie peuvent baisser pendant que les besoins hydriques des
plantes, selon leurs espèces, se trouvent satisfaits au point qu’elles restent rentables. En fait, la
consommation hydrique des plantes (comme le riz qui intéresse cette étude) tient compte de la
capacité des sols à stocker l’eau (Lardilleux, 2000 ; Noufé et al., 2011 ; Kouakou et al., 2013 ;
Diomandé et al., 2013). Mais aussi, elle dépend du potentiel de la culture à consommer l’eau
et à la perdre par évaporation et par transpiration (Lardilleux, 2000 ; Amri, 2013).
Les principaux paramètres agrométéorologiques sont de deux types : les variables explicatives
et les variables expliquées. Les variables explicatives sont celles qui, au lieu de subir
l’influence des autres variables produisent dans leur propre variation des effets qui font
fluctuer les autres facteurs (Diomandé et Kouassi, 2014). Il s’agit des facteurs agrotechniques
comme les réserves utiles du sol (RU), les Coefficients culturaux (Kc) et les éléments du
climat dont les plus utilisés sont la pluviométrie, la température et l’Evapotranspiration
potentielle (ETP). Ces facteurs sont très déterminants pour les calendriers agricoles, la
production agricole, les besoin hydriques et la satisfaction hydrique des étapes de
développement des plantes (Brou, 2005 ; Noufé, 2011 ; Diomandé, 2013). Ces derniers
facteurs sont les variables expliquées puisqu’elles peuvent être bonnes comme mauvaises
suivant les premières variables. La clarification des concepts permet de mieux comprendre le
choix des variables et la pertinence de la démarche scientifique inter et transdisciplinaire
adoptée dans ce travail. Le problème s’inscrit dans ce champ de recherche déjà exploré.
1.2.3. Problème, questions et objectifs de la recherche
a) Problème et question centrale de la recherche
Dans l’hydrosystème du Bandama, la planification agricole est complexe car elle est
confrontée à l’influence des types de climat subtropical (monomodal) au Nord, subéquatoriale
(bimodal) au Sud et de transition entre les deux précédents (Goula et al, 2010 ; Diomandé,
2013 ; N’Da et al., 2016). Ces types de climat sont très variables d’une année à l’autre avec
39
un taux de variation de 25 à 40 % entre 1970 et 2000 (Bigot, 2004 ; Bigot et al., 2005 ; Brou,
2005 ; Kouassi, 2007 et N’Da et al., 2016). Ils ont aussi montré que le bassin versant du
Bandama enregistre de faibles hauteurs de pluies (inférieures à 1200 mm/an) et de fortes
températures (supérieures à 26oC). Ces risques climatiques déstabilisent les systèmes de
production agricole et les références empiriques des paysans (Bouazza et al., 2002 ; Brou et
al., 2005 ; Dibi Kangah, 2010 ; Diomandé et al., 2010). Il est clair que les eaux précipitées
constituent le facteur de production agricole le plus déterminant en Côte d’Ivoire (Dibi
Kangah, 2010), quoi que la température soit l’indicateur, voir le facteur le plus important de
l’évolution climatique globale et même locale (GIEC, 2014). Partant, la question centrale qui
fonde cette recherche est la suivante : y a-t-il des liens entre les potentialités hydroclimatiques
actuelles, les recompositions des systèmes de production agricole et les résiliences locales ?
Il apparaît nécessaire d’actualiser la connaissance sur les contraintes hydriques auxquelles les
paysans sont désormais confrontés. Le défi fondamental pour le bassin versant du Bandama
est la recherche de stratégies d’ajustement durables des systèmes de productions agricoles
face à la variabilité des éléments du climat. Il faut noter que les interactions entre agriculture
et climat, les interactions entre actions humaines et dynamiques hydroclimatiques sont
complexes. Car, si les changements climatiques s’imposent d’emblée comme le « moteur »
des mutations agraires et paysagères, les interrelations dans ces questions nécessitent, pour
cette étude qui se propose de les aborder, la prise en compte de nombreux facteurs (les sols, la
pression foncière, les motivations politiques, économiques, etc.). Ces interactions restent donc
une question difficile à résoudre. Le principal objectif vise à appréhender les interactions
entre variations hydroclimatiques actuelles et transformations des systèmes agricoles locales
dans l’hydrosystème du Bandama. De la question de depart et de l’objectif principal
précédents, découlent trois questions et trois objectifs secondaires.
b) Questions et objectifs spécifiques
Question 1 : Quelle sont les caractéristiques de la variation hydroclimatique au niveau de
l’hydrosystème du Bandama, sachant qu’il peut avoir une inadéquation entre les résultats
obtenus à différentes échelles spatiales ou temporelles ?
Objectif 1 : Caractériser, par une description actualisée, la variabilité climatique et les
conditions hydriques de production agricole au niveau de l’hydrosystème du Bandama.
Ce premier objectif consiste à comprendre les risques climatiques auxquels les populations
rurales de l’hydrosystème du Bandama se trouvent confrontées (chapitre 4). Les variables
40
prises en compte pour atteindre ce but sont les cumuls pluviométriques et le nombre de jours
de pluie aux pas de temps annuel, saisonnier, mensuel et journalière, les températures et
l’ETP. Il s’agit de mettre en évidence la dynamique spatiale, les tendances et la variabilité
spatio-temporelle récente de ces variables climatiques et le bilan hydrique.
Question 2 : Quelles sont les conséquences des conditions hydroclimatiques actuelles sur les
systèmes de production agricole du bassin versant du Bandama ?
Objectif 2 : Analyser l’impact des conditions hydroclimatiques actuelles sur les systèmes de
production agricole.
Pour évaluer l’impact des variations de pluviosité sur les systèmes de production agricole,
cette étude se propose, dans un premier temps, d’évaluer les potentialités hydriques des
cultures entre 1950 et 2013 (chapitre 5). Le premier exercice de ce chapitre propose une
discrimination du bassin versant du Bandama en aires de potentialité agroclimatique
homogène, à l’intérieur desquelles les conditions hydriques de production sont pratiquement
les mêmes (zonage agroclimatique) Le second travail a déterminé et analysé l’évolution des
saisons culturales (dates de démarrage et de fin puis des durées des saisons).
Dans un second temps, l’étude démontre, par plusieurs analyses, l’impact des caractéristiques
hydriques actuelles sur la culture et la production du riz pluvial (chapitre 6). Les besoins
hydriques des phases de croissance du riz pluvial sont d’abord déterminés. Sur cette base, les
indices de satisfaction des besoins hydriques et la probabilité de réussite des cultures du riz
sont ensuite calculés. Enfin, des corrélations entre consommation hydrique et rendements du
riz pluvial, entre pluviométrie et production puis entre production et superficie sont
déterminées. Le but est de savoir si la variation des productions est liée à la pluviométrie ou à
la satisfaction des besoins hydriques ou à l’évolution des surfaces emblavées. Les variables
utilisées ici sont les saisons culturales, la satisfaction des besoins hydriques des phases
phénologiques, les dates de semis, la probabilité de réussite et la production du riz pluvial.
Question 3 : Quelles interprétations le monde rural de l’hydrosystème du Bandama fait-il de
l’évolution actuelle des variables hydroclimatiques et comment réagissent-ils aux mutations ?
Le monde rural ici concerné est l’ensemble des acteurs investis dans les activités agricoles.
Objectif 3 : Analyser la perception ainsi que les réponses structurelles et stratégiques
paysannes d’adaptation aux variations climatiques et d’optimisation de la production agricole
du bassin versant du Bandama.
41
c) Variables d’analyse socio-anthropologique
Pour atteindre l’objectif 3 (démontré dans le chapitre 7), un questionnaire a été soumis
à un échantillon de 390 paysans du bassin versant du Bandama. L’enquête est orientée de
sorte à appréhender les savoirs et vécus que les paysans du bassin versant du Bandama ont des
paramètres climatiques, de leurs variations, des causes des variations, les effets éprouvés par
les paysans et leurs environnements, les mutations des systèmes de culture et les motivations
de ces mutations. Les informations sont recueillies auprès des paysans et analysées en
fonction des caractéristiques sociodémographique de ceux-ci (Tableau I).
Tableau I : Variables d’analyse des savoirs et vulnérabilité des paysans en matière de
variation climatique
Appuis d’enquêtes Variables
Caractérisation
sociodémographique de
l’enquêté(e)
Sexe ; tranche d’âge ; nationalité ; niveau d’instruction ; situation
matrimoniale ; nombre de personnes dans le ménage ; sources
d’alimentation en eau dans votre ménage ; religion ; activité
principale ; déterminants naturels des activités.
Connaissance et perceptions de la
variabilté climatique en milieu
rural
- Représentation de la pluie et des saisons pluviométriques
- variance entre le temps qu’il fait actuellement et celui d’avant
- ce qui a changé
- les périodes de ces changements
- origine de ces changements
Connaissance sur les interactions
entre variabilité climatique et
dynamique du milieu rural
- les effets des changements du climat sur l’homme et la nature
- les moyens pour revenir à la normale
Les mutations agricoles et options
d’adaptation endogènes
- les cultures vivrières et pérennes pratiquées avant et après
l’indépendance
- les motivations du choix d’autres cultures ou pratiques culturales
- autres difficultés provoquées par ces nouveaux choix ou
réajustements
L’analyse de la vulnérabilité des paysans devant les risques climatiques implique deux
approches : biophysique et sociale. L’aspect biophysique s’intéresse aux rôles des variations
pluviométriques dans les dynamismes environnementaux et les processus écologiques des
végétaux. Les indicateurs sont du type bioclimatique. Ils sont déjà testés par les études
d’Amani et al. (2013) et Diomandé (2013). Il s’agit entre autres d’extension ou de réduction
de la période de croissance, des saisons sèches et pluvieuses. Des questions sont élaborées au
sujet de la reforestation et de la savanisation, leurs facteurs limitant ou accélérant.
L’indicateur envisagé pour l’analyse de la vulnérabilité sociale concerne les moyens
42
d’existence et leurs diversifications qui sont soit habituels, soit nouveaux (ces nouveaux choix
étant perçus comme une sorte d’adaptation).
Selon Noufé (2011), les activités agricoles de la Côte d’Ivoire contrôlent l’équilibre des
écosystèmes naturels. Car selon lui, l’agriculture ivoirienne utilise très peu de moyens
modernes et la capacité des agriculteurs pour s’affranchir des contraintes que la variabilité
pluviométrique leur impose est encore limitée. Les modifications du milieu engendrent, par
rétroaction, des perturbations au niveau du système climatique ; Ce qui a pour effet
d’augmenter le stress hydrique sur la végétation, amplifiant le forçage initial (Charney et al.,
1975 ; Charney et al., 1977 ; Shukla et al., 1982 ; Courel et al., 1984 ; Leroux, 1995 ; Brou,
2005). Les nouvelles conditions climatiques ont, en retour, des répercutions sur les systèmes
agricoles qui conduisent à des décompositions et des recompositions socio-spatiales, des
transformations de connaissances, des aptitudes de production, des méthodes culturales, des
types de cultures, de la mobilité spatiale des populations agricoles, des modes de gestion des
terres, des modes d’accès à la terre, etc.
Ainsi, le problème de variabilité pluviométrique, aux échelles temporelles et spatiales, de
leurs interactions avec les systèmes de production agricole, à partir d’approches satellitales,
statistiques et enquêtes de terrain, reste le thème central abordé dans cette recherche.
43
Chapitre 2 : CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
ET HUMAINES GENERALES DE
L’HYDROSYSTEME DU BANDAMA
La pression historique des populations sur les ressources naturelles a abouti, avec un
très grand degré de certitude, à la perturbation de l’équilibre écologique (Leclere, 2012). Par
le développement de son étendue sur les surfaces continentales et sa gestion de plus en plus
intensive, l’agriculture est en partie responsable de ce déséquilibre. En effet, l’Homme
s’approprie une portion de l’espace terrestre pour un usage agricole. Le faisant, il modifie les
propriétés physiques et biologiques de la biosphère qui régissent l’interaction entre surface
continentale et atmosphère (Courel et al., 1984 ; Oszwald, 2005). Les activités agricoles sont
elles-mêmes très dépendantes des conditions physiques du milieu (climat, sol, végétation,
hydrographie, etc.) et donc fortement affectées par leurs évolutions. Il importe donc de
présenter les conditions physiques et socioculturelles en interaction de la zone d’étude en tant
que facteurs de production. C’est également une opportunité de caractériser l'aspect physique
et social de l’hydrosystème du Bandama.
Le bassin versant du fleuve Bandama est situé dans la partie centrale de la Côte d’Ivoire, entre
les longitudes 3°50 et 7° ouest et les latitudes 5°14 et 10°20 nord. Il occupe une superficie de
97 500 km2, soit un tiers territoire ivoirien. C’est le bassin versant le plus vaste du pays devant
celui de la Comoé (de 78 000 km² à sa droite) et du Sassandra (de 75 000 km² à sa gauche).
Aussi, il est entièrement inscrit dans le pays et traverse trois zones agroclimatiques. Son étude
permet de couvrir les 2/3 de la réalité agricole de la Côte d'Ivoire. Ce système hydrologique a
une façade littorale qui se confine à l’estuaire du fleuve à Grand-Lahou. Selon Wognin et al.
(2007), l’estuaire est l’interface entre les milieux fluvial, lagunaire et maritime.
2.1. Contexte national de la variabilité climatique du bassin versant du
Bandama. La Côte d’Ivoire se caractérise par le passage progressif d’un climat subéquatorial
(quatre saisons) au Sud, à un climat tropical plus sec à deux saisons au Nord (Berron, 1983 ;
Brou, 2005). Les caractéristiques du climat ivoirien, plus particulièrement du bassin versant
du Bandama sont influencées par deux masses d’air (Mousson et Harmattan) qui déterminent
son climat (Bigot, 2004 ; Halle et Bruzon, 2006 ; Orgeval, 2006 ; Redelsperger et al., 2006 ;
44
Louvet, 2008 ; N’Da, 2009 ; Dibi Kangah, 2010 ; Sultan, 2011 ; et Fontaine et al., 2012). La
Mousson est un alizé océanique de l’hémisphère austral. C’est une masse d’air équatoriale,
fraiche et humide. L’Harmattan est un alizé continental chaud et sec de l’hémisphère boréal
(Brou, 1997). Ces deux alizés sont séparés par le Front InterTropical (FIT) qui monte vers le
nord à la fin du printemps (juin) et qui redescend vers l’Océan à l’automne (septembre à
décembre). Brou (1997 ; 2005), Halle et Bruzon (2006), Dibi Kangah (2010) et Noufé (2011)
ont déjà décrit le FIT dont le balancement préside à la formation des saisons ivoiriennes.
2.1.1. Caractéristiques statistiques et spatiales de la pluviométrie
Lévêque et al. (1983) et Brou (2005) ont nettement superposé la répartition intra-
annuelle et spatiale de la pluviométrie au zonage bioclimatique de la Côte d’Ivoire en général
et de l’hydrosystème du Bandama en particulier. En effet, au Nord, entre le 8ème parallèle et le
10ème parallèle (Figure 3), est situé le domaine soudanais.
Figure 3 : Aires de pluviométrie et végétation du bassin versant du Bandama
Source : adaptée de Lévêque et al. (1983).
45
Le domaine soudanais est caractérisé par un climat tropical avec une seule saison des pluies
entre juin et septembre (Lévêque et al., 1983 ; Brou, 2005 ; Noufé, 2011). Il comprend les
secteurs soudanais et subsoudanais. Le secteur soudanais se trouve à l’extrême nord (dans la
zone de Korhogo). Cette zone est sous l’influence d’un climat de type tropical semi-aride. La
pluviométrie moyenne est inferieure à 1200 mm, excepté la frange Ouest de Korhogo. On y
trouve une saison de huit mois secs et un régime d’Harmattan durant cinq à six mois/an. Plus
au Sud, le secteur subsoudanais, plus étendu que le précédent, est caractérisé par sept à huit
mois de saison sèche et un régime d’Harmattan de trois à cinq mois. Il s’étend depuis la limite
nord du domaine mésophile jusqu’à la limite sud du secteur soudanais. Ce secteur est soumis
au climat tropical subhumide. La pluviosité avoisine celle du secteur soudanais, oscillant entre
900 et 1600 mm.
Le domaine guinéen est situé au sud du 8ème parallèle. Il se subdivise en deux secteurs :
mésophile et ombrophile. Le secteur mésophile se situe entre le 6ème et le 8ème parallèle. Il se
caractérise par quatre saisons plus marquées dans la zone sud. La pluviosité est comprise entre
1100 et 1800 mm répartie sur deux saisons de pluies de mars à juin et de septembre à octobre.
Au sud du 6ème parallèle, il s’étend jusqu’à proximité de la côte atlantique, au niveau de
Grand-Lahou. Les quatre saisons sont bien différenciées. La grande saison sèche s’étend sur
trois ou quatre mois avec un harmattan très court, et la pluviosité varie entre 1400 et 2500
mm/an. La première saison des pluies (d’avril à juillet) est nettement plus marquée que la
seconde de septembre à novembre. Avec l’influence positive des masses d’air humide et du
plateau d’Ashanti sur la bande littorale, la zone côtière de l’hydrosystème du Bandama reste
plus pluvieuse (Brou, 2005).
L’ouest du bassin versant du Bandama est aussi pluvieuse, mais pas autant que le Sud côtier.
En effet, du Nord-ouest au Sud-ouest, les hauteurs pluviométriques dépassent 1200 mm/an.
Les plus faibles pluviométries annuelles s’observent dans le centre-est de la zone d’étude,
avec des valeurs inferieures à 1100 mm/an. Le relief en forme de cuvette de ce secteur est
certainement à l’origine des faibles niveaux de précipitations (Brou, 2005).
Aussi, les hauteurs moyennes annuelles indiquent-t-elles une diminution suivant un gradient
ouest-est. Les valeurs baissent progressivement des secteurs faiblement arrosés du Centre-est
aux milieux plus humides de l’Ouest. Brou (2005) explique cette distribution spatiale par la
présence de reliefs dominants dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. En effet, à latitude égale, les
régions accidentées de l’Ouest reçoivent plus de hauteurs d’eau (quelques centaines de mm de
plus) que celles situées à l’Est. En s’opposant à la pénétration du flux de mousson et en
46
provoquant le soulèvement des masses d’air humide, les montagnes favorisent la forte
pluviométrie. Par contre, la partie Est étant sous le vent, se trouve peu arrosée.
Les hauteurs pluviométriques de la zone d’étude sont relativement faibles par rapport à celles
des autres bassins versants de la Côte d’Ivoire. La moyennes globale du bassin versant est
environ 1200 mm/an alors que la moyenne générale de la Côte d’Ivoire dépasse les 1500
mm/an (Brou, 1997 ; 2005). La dispersion des séries pluviométriques annuelles baisse suivant
le gradient sud-nord : Grand Lahou (394,6 mm) et Tiassalé (261,3 mm) au Sud, Sakassou
(193,4 mm) et Bouaké (187,9 mm) au centre, Korhogo (154,1 mm) au Nord. Néanmoins, elle
semble assez faible dans l’ensemble, surtout lorsqu’on s’en tient aux faibles valeurs des
coefficients de variation (CV) du tableau XLIII en annexe 1. Les CV varient entre 13% et
27%. Les 2/3 restent en dessous de 20%.
2.1.2. Caractéristiques statistiques et spatiales de la température et de
l’ETP
Les coefficients de variation des données de température et ETP indiquent une très
faible dispersion car ils sont tous inférieurs à 10% (Tableau II). En effet, ils oscillent entre 1,5
et 2,5% pour la température mensuelle et entre 3,1 et 8,5% pour l’ETP mensuelle. Cet état de
fait témoigne que ces variables sont homogènes, fiables et représentatives (Diomandé, 2013).
Mais aussi, il confirme l’intérêt que l’on porte à la pluviométrie en tant que facteur dominant
pour la production agricole entre les tropiques (Brou, 2005).
Tableau II: Caractéristiques de la température et l'ETP (1970-2013).
STATION MINIMUM MAXIMUM MOYENNE ECART
TYPE COEFFICIENTS
DE VARIATION
TEMPERATURE (°C)
DIMBOKRO 26,0 28,2 26,9 0,5 0,019
YAMOUSSOUKRO 25,2 26,5 25,9 0,4 0,015
BOUAKÉ 24,7 27,2 25,8 0,7 0,025
KORHOGO 26,0 27,9 26,9 0,5 0,017
ETP (mm/an)
DIMBOKRO 1266,0 1609,6 1496,1 74,5 0,050
YAMOUSSOUKRO 1327,0 1522,0 1446,8 44,9 0,031
BOUAKÉ 1379,6 1728,0 1561,6 108,2 0,069
KORHOGO 1426,1 1875,0 1666,4 139,6 0,084 Source : Données SODEXAM.
47
Les températures moyennes (1970-2013) du bassin versant du Bandama sont partout
supérieures à 25ºC. Elles varient très peu d’une région à l’autre (Figure 4). L’amplitude
thermique moyenne des séries est de 2ºC. Les valeurs annuelles les plus basses sont observées
dans les parties occidentale et centrale de l’hydrosystème du Bandama. Les températures
supérieures à 26ºC sont enregistrées au Nord-est, à partir de la limite est de Dianra. Ces fortes
valeurs sont également observées au Sud-est, sur le littoral, aux latitudes est d’Oumé et au
Centre-est. Les régions de Korhogo et de Dimbokro demeurent les plus chaudes avec des
températures très élevées, avoisinant 27ºC. Quant au reste du bassin versant, surtout dans sa
partie ouest, les moyennes sur la période 1950-2013 oscillent entre 25 et 26ºC (Figure 4).
Figure 4 : Aires de température moyenne du bassin versant du Bandama (1970-2013)
Yakro = Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara =
Niakaramadougou. (Source : Données SODEXAM).
La circulation du FIT n’est pas la seule qui module les contrastes climatiques à l’échelle de la
zone d’étude. Il y a aussi les caractéristiques physiques (sol, relief, hydrographie, végétation,
etc.) qui ont un lien direct ou indirect avec le système hydroclimatique. Ces éléments du
milieu physiques sont présentés ici comme des facteurs de production agricole.
48
2.2. Caractéristiques physiques du bassin versant du Bandama
Les caractéristiques du milieu physique autres que bioclimatiques (altitude, végétation,
nature des sols, etc.) sont présentées ici. Il s’agit des conditions géographiques qui peuvent
soit influencer les conditions hydroclimatiques de l’hydrosystème du Bandama (Brou, 2005)
ou être influencer. En raison de son orientation nord-sud, le bassin versant du Bandama
recouvre des zones différentes, aussi bien sur le plan climatique, que biogéographique. Depuis
plusieurs années, l’hydrosystème du Bandama a fait l’objet d’études : hydrologie (Camus,
1972 ; Ouattara, 2009), hydrogéologie (Lenoir, 1972 ; Jourda et al., 2006 ; Bamba, 2008),
Hypsométrie (Daget et al., 1973 ; Brou, 2005), Limnologie (Lévêque et al., 1983),
pédologique (Brou, 2005 ; Halle et Bruzon, 2006 ; Noufé, 2011). L’impact humain s’est
également accru de manière très importante, avec la construction de deux grands barrages
hydroélectriques (Kossou en 1972 ; Taabo en 1980) et de nombreux autres petits barrages à
usage hydro-agricole dans la partie amont. En outre, le développement de l’agriculture dans le
bassin versant a entraîné un important déséquilibre de l’environnement et de déficit hydrique.
2.2.1. Géologie et relief du bassin versant du Bandama
a) Composition géologique du bassin versant du Bandama
L’ensemble de ces paramètres physiques du bassin versant du Bandama sont présentés
d’après la carte suivante (Figure 5). La zone d’étude est située sur une plate-forme ancienne
héritée de deux mégacycles : libérien (2579 à 2750 millions d’années) et éburnéen (1830 à
2090 millions d’années) (Tagini, 1971 ; Lévêque et al., 1983 ; Lamachère, 1993 ; Kouamelan,
1996). Les formations archéennes du libérien comprennent surtout des gneiss, des amphibolo-
pyroxénites, des quartzites ferrugineux, des migmatites et sont localisées dans la région
Centre-ouest (Rougérie 1978; Arnaud, 1983 ; Monnier, 1983 ; Halle et Bruzon, 2006).
Au mégacycle éburnéen, correspondent les formations du protérozoïque inférieur et moyen
comprenant des complexes volcano-sédimentaires (laves, schistes, quartzites), des clastiques
de comblement (conglomérats, flyschs, grès, schistes) et des granitoïdes très largement
répandus sur le bassin versant du Bandama. La couverture du socle ancien est réduite à des
formations sédimentaires localisées sur une étroite bande littorale. Dans la partie amont du
bassin versant, les granites constituent de grands massifs de direction N.N.E. à S.S.W.
correspondant aux interfluves des grands axes de drainage : Haut Bandama et N’Zi.
49
Figure 5 : Géologie de l’hydrosystème du Bandama
Source : Tagini (1965) et Perraud (1971).
Les roches métamorphiques schisteuses constituent le panneau sud-est du bassin dans le cours
inférieur du N’Zi et se retrouvent dans la zone comprise entre Haut Bandama-Haut Marahoué
et Haut Bandama-Haut N’Zi. Les « roches vertes », qui forment le relief du paysage,
constituées par des roches basiques venant du métamorphisme d’anciennes roches éruptives,
sont localisées dans le Haut Bandama. Il convient d’ailleurs de noter que ces formations
géologiques sont en relations avec plusieurs unités morphologiques qui influent sur les
différenciations des microclimats et des sols, eux même pris comme des facteurs de
production dans cette étude. Ces modelés sont décrits dans le point suivant.
b) Relief du bassin versant du Bandama
Autant que la Côte d’Ivoire, le bassin versant du Bandama est une ancienne pénéplaine
constituée par un socle qui descend en pente douce vers le Sud (Figure 6). Le modelé ondulé
50
et monotone est caractérisé par une succession de collines plus ou moins subaplanies qui sont
le résultat d’une reprise d’érosion d’anciennes surfaces plus ou moins planes et indurées.
Figure 6: Hypsométrie de l’hydrosystème du Bandama
Source : Perraud, 1971 in Avenard, 1971.
Elles ont laissé des reliques telles que les buttes témoins de la région septentrionale du bassin.
Il est peut distinguer quelques grandes unités (Lévêque et al., 1983) : la région de Boundiali
au nord-ouest est formée de plateaux accidentés (500 m) ; Plus au sud, l’unité Mankono-
Séguéla, correspond à un ensemble assez homogène de plateaux (300 à 400 m) ; La région
septentrionale est très aplanie (400 à 500 m) avec quelques reliefs isolés ; L'interfluve
Bandama-N’Zi appelé communément « V Baoulé » est en pente douce (buttes cuirassées
d’Orumbo-Boka, chapelet de collines du centre et de l’ouest) vers le sud de 400 m au nord à
moins de 100 m au sud. L’élément dominant de ces plateaux est constitué par une cuirasse
ferrugineuse visible en surface sous forme de dalles de teinte rouille, mais parfois voilées de
sables, de gravillons ou produits plus fins (Rougérie, 1978).
51
La monotonie du relief de la Côte d’Ivoire (Rougérie, 1972 ; Brou, 2005) ne constitue aucune
contrainte majeure pour les activités agricoles (Noufé, 2011). Cependant, dans l’hydrosystème
du Bandama, précisément la branche orientale du « V Baoulé », la faible pluviosité est
associés en partie à des facteurs topographiques (Brou, 2005 ; Goula et al. 2007 ; Noufé,
2011). En effet, selon ces auteurs, les faibles hauteurs de pluie de cette zone de transition
entre les régimes bimodaux du sud et monomodaux du nord s'explique par une dépression qui
s’observe dans un couloir central en forme de losange, suivant les axes M’Bahiakro-
Bondoukou, Bondoukou-Abengourou, Abengourou-Dimbokro et Dimbokro-M’Bahiakro.
Mais, d’autres auteurs comme Buckle (1996) la rattachent plutôt à une influence orographique
de type foehn, liée à l’orientation de la dorsale guinéenne du Nimba, et qui fait écran à la
pénétration des flux de mousson dans cette zone.
c) Sols aux aptitudes de rétention en eau variées
Les sols du bassin versant du Bandama présentent la même apparence que ceux que
l’on rencontre en grande partie en Côte d’Ivoire (Figure 7 ci-après). Ils sont souvent meubles,
parfois indurés, d’un matériau dont la couleur se situe habituellement dans la gamme des
rouges, allant de l’ocre au rouille sombre. Tout comme le relief, les sols sont influencés, de
manière souvent déterminante, par la composition des roches, l’action du climat, des
formations végétales et surtout par l’anthropisation (Noufé, 2011). Ainsi, on rencontre les sols
ferralitiques, ferrugineux et hydromorphes dans l’hydrosystème du Bandama.
Les sols ferralitiques (sur schiste) sont très largement répandus dans le bassin versant
(Pergaud, 1971 ; Lévêque et al., 1983). Dans sa partie nord-est et dans le couloir du N’Zi, une
évolution de type ferrugineux tropicaux (sur des roches granitoïdes) se surimpose au matériau
ferralitique initial. Des sols hydromorphes sont observés dans le bas Bandama (Rougérie,
1978). Dans un rapport sur le profil environnemental de la Côte d’Ivoire, Halle et Bruzon
(2006) regroupent ces sols en trois entités importantes selon les conditions hydroclimatiques,
géomorphologiques et phytogéographiques. Les sols ferralitiques désaturés sont composés
essentiellement de trois types : Le sol ferralitique fortement désaturé se rencontre en dessous
d’un axe est-ouest passant à 25 ou 30 km de Tiassalé. Aussi, deux modèles de ce sol se
distinguent. Celui présents dans les zones où la pluviométrie dépasse 1500 mm se caractérise
par la présence d’un horizon humifère peu épais (5 à 10 cm) et d’un horizon gravillonnaire
peu développé. Quant à l’autre modèle, sous une pluviométrie atténuée, il constitue la zone de
transition entre les sols ci-dessus décrits et les sols ferralitiques moyennement désaturés.
52
Figure 7: Carte des sols de Côte d’Ivoire
Source : Atlas de Côte d’Ivoire
Ces derniers sont caractérisés par une très grande épaisseur (de 10 à 40 m) et par la présence
d’un horizon d’argile tachetée épais (plusieurs mètres) qui traduit des conditions de drainage
médiocres et quelque fois imparfaites en profondeur (Brou, 2005). Néanmoins, la
toposéquence introduit des différenciations. Noufé (2011) indique que les sols sur les plateaux
et les hauts de pentes sont de couleur rouge, avec un horizon meuble de profondeur variable
(30 à 100 cm), qui recouvrent une nappe gravillonnaire plus ou moins bien développée. Le sol
devient plus ocre à mesure que l’on descend la pente, et la cuirasse affleure localement. En
bas de pente et dans les bas-fonds, on trouve des sols colluviaux très sableux, gris et
hydromorphes en profondeur. Les sols ferralitiques désaturés sont dérivés de schistes. Avec
une bonne profondeur, une texture fine et une bonne capacité de rétention en eau (120 à 200
mm), ils sont généralement favorables au développement de la forêt dense humide
sempervirente et de certaines arboricultures comme le café et le cacao. Les sols ferralitiques
53
moyennement désaturés se trouvent au nord de l’axe (Perraud, 1971 ; Diobo, 2004). Ici,
l’horizon gravillonnaire est plus important et les concrétionnements sont fréquents. On y
relève également la présence de nombreuses zones cuirassées. Ces sols ont un meilleur
drainage par rapport à ceux de la basse Côte d’Ivoire. Sur ces couches, prospère une forêt
dense humide semi-décidue.
Les sols ferrugineux tropicaux se caractérisent par un horizon humifère sableux, épais et gris,
un horizon beige et enfin, un horizon d’accumulation, riche en argile. A l’intérieur du « V
Baoulé », il existe une zone de transition caractérisée par le phénomène de cuirassement
ferrugineux qui peut prendre une importance considérable lorsque la couverture végétale
naturelle disparaît. Il en résulte, le plus souvent, une induration généralisée des profils.
Ainsi, avec la réduction progressive de l’épaisseur des sols, du sud au nord, par suite de la
diminution de la teneur en argile et de l’augmentation du concrétionnement lié à
l’allongement de la saison sèche, le pourcentage en eau de ces sols devient de moins en moins
important pour entretenir une couverture végétale luxuriante (Brou, 2005). Il est donc évident
de constaté une diversification des systèmes culturaux qui impliquent des habitudes
alimentaires différentes selon la localisation.
2.2.2. Conditions hydrologiques générales de l’hydrosystème du Bandama
Cette présentation s’inscrit dans la représentation du bassin versant du Bandama et
dans la compréhension de son fonctionnement puisque l’hydrologie constitue un élément
essentiel de la gestion d’un bassin versant. Il importe de rappeler que le bassin versant
représente la totalité de la surface topographique drainée par un cours d'eau et ses affluents
(Réméniéras, 1965). Le cours d’eau en question ici est le fleuve Bandama de la Côte d’Ivoire.
Long de 1050 km, le Bandama prend sa source dans le nord du pays, entre Korhogo et
Boundiali, à une altitude de 480 m (Figure 8). I1 coule d’abord d’Ouest en Est sur près de 200
km, en décrivant un arc de cercle autour de Korhogo. Le fleuve prend ensuite une direction
nord-sud et son cours présente alors de nombreux méandres. Dans la partie amont, il reçoit
successivement le "Solomougou" et le "Bou" (affluents de rive droite), le "Badenou" et le
"Lokpoho" (affluent de rive gauche). Le Marahoué ou Bandama rouge, principal affluent de
rive droite, est long de 550 km avec un bassin versant de 24.300 km2. Il est alimenté
principalement par le Yani (200 km), et se jette dans le Bandama, juste en amont de l’actuel
lac de barrage de Kossou, à six km environ en aval de Bozi. Le Bandama prend ensuite une
direction nord-ouest / sud-est, jusqu’à son confluent avec le N’Zi. Le N’Zi est l’affluent de
54
rive gauche le plus important (long de 725 km ; bassin versant de 35.500 km2). I1 prend sa
source à 400 m d’altitude à l’est de Ferkessédougou. La partie supérieure de son cours à une
orientation nord-sud, sensiblement parallèle à celui du Bandama.
Figure 8 : Fleuve Bandama et ses principaux affluents.
Source : Lévêque et al., 1983.
Tableau III: Caractéristiques du réseau hydrographique du bassin du Bandama
Fleuve et
affluents
Longueur
(Km)
Altitude
maximum (m)
Altitude
confluent (m)
Dénivelée
(m)
Pente moyenne
(Km/m)
Bandama 1050 480 0 480 0,46
N’Zi (1) 725 400 14 386 0,53
Marahoué (1) 550 500 142 358 0,65
Yani (2) 202 540 263 277 1,37
Kan (3) 173 340 98 242 1,4
(1) affluent du Bandama
(2) affluent de la Marahoué
(3) affluent du N’Zi
Source : Camus, 1972
55
Le N’Zi décrit ensuite une grande boucle vers l’est et revient au Bandama par une orientation
nord-est / sud-ouest et conflue avec le Bandama à quelques six km en amont de Tiassalé. De
là, le Bandama reprend une direction nord-sud jusqu’à son embouchure à Grand-Lahou. Dans
le cours inférieur du Bandama, les effets de la marée sont sensibles. La pente moyenne est de
0,46% pour le Bandama, 0,53% pour le N’Zi et 0,65% pour la Marahoué (Tableau III). La
pente n’est donc pas très importante, mais le profil en long du Bandama et de ses principaux
affluents présentent quelques irrégularités.
2.2.3. Diversité des conditions phytogéographiques du bassin versant
Le domaine soudanais est couvert dans l’ensemble par une variante de forêts claires et
de savanes. La forêt claire est formée de deux strates : l’une arborescente à cimes plus ou
moins jointives composée en particulier d’Acacia albida, de néré (Parkia biglobosa) et de
karité (Butyrospernum parkii), auxquelles s’ajoutent quelques autres essences telles que
Daniella oliveri ou Caïlcedra (Kaya senegalensis). Cependant, d’autres espèces comme Corda
cordifolia disparaissent (Noufé, 2011). L’autre strate est herbacée comportant surtout des
graminées en touffes (Andropogon tectorum, Hyparrhenia chrysargyrea) mais également des
géophytes (Filleron, 1995 ; Brou, 2005). Le groupement le plus abondant est celui à Panicum
phragmitoïdes. Des boisements denses forment des îlots forestiers dans les fonds de certaines
vallées et des forêts galeries le long des cours d’eau.
La savane évolue vers un type boisé, arboré, arbustif ou herbeux au dépend des facteurs
climatiques, édaphiques et anthropiques (Lévêque et al., 1983 ; Monnier, 1983 ; Brou, 2005).
La végétation de savane est de moins en moins épaisse au fur et à mesure que l’on monte en
latitude et se présente souvent en plages discontinues. Entre le domaine soudanais et le
domaine guinéen plus au sud, il existe une transition appelée « zone de contact forêt-savane ».
Elle s’identifie principalement par la présence de lambeaux de forêt mésophile et de larges
mailles de savanes éparées par des forêts galeries. Comparativement au domaine soudanais,
les types physionomiques du domaine guinéen sont nettement plus tranchés. Il convient donc
d’exposer ses caractéristiques.
Le domaine guinéen se distingue par deux secteurs (mésophile et ombrophile), caractérisés
par des groupements végétaux particuliers répondant à des conditions écologiques différentes
(Guillaumet, 1979 ; Lévêque et al., 1983 ; Brou, 2005). Le secteur mésophile correspond à
une zone de savane pré-forestière ou forêt semi-décidue au nord. Il s’oppose à une zone
forestière à savanes incluses au sud. Il s’inscrit précisément entre l’isohyète 1600 mm et la
56
ligne Séguéla-Bouaflé-Singrobo-Dimbokro-le N’Zi. Ce climax existe également au nord de
cette ligne sous forme de lambeaux plus ou moins grands (Brou, 2005). Les espèces telles que
Triplochyton scleroxylon (Samba), Mansonia altissima (bété) et Celti ssp. Prospèrent en
général dans cette partie centrale du bassin, sur des sols sablo-argileux. Le long des cours
d’eau, se développent des forêts galeries. On y rencontre aussi des forêts marécageuses sur les
sols hydromorphes périodiquement inondés du Bas-Bandama. Certains arbres, sensibles à la
saison sèche sous le Harmattan (novembre-mi-mars) perdent leurs feuilles. Cette chute
momentanée des feuilles d’une partie des grands arbres favorise la croissance de la strate
inferieure herbacée qui demeure toujours verte. Les lianes sont moins nombreuses et les
épiphytes rares (Noufé, 2011).
Le secteur ombrophile se définit par un déficit hydrique cumulé compris entre 150 et 250 mm
par an. Au sud du 6è parallèle, il s’étend jusqu’à proximité de la côte atlantique, au niveau de
Grand-Lahou. Les quatre saisons sont bien différenciées : la grande saison sèche est réduite à
trois ou quatre mois avec un harmattan très court, et la pluviosité varie entre 1600 et 2500 mm
par an. La première saison des pluies, d’avril à juillet, est nettement plus marquée que la
seconde, de septembre à novembre. La végétation est constituée par une forêt dense humide
dite sempervirente à plusieurs strates, la plus élevée pouvant dépasser 40 mètres. Les
peuplements géants (Lophira alata, Tieghemella heckelii, Brachystegia zeonensis, azobé, etc.)
pouvant atteindre 60 m, avec une circonférence de plus de 6 m, des structures à contreforts,
des racines palettes et échasses (Uapaca guineensis) y sont très présents.
Contrairement au secteur mésophile décrit précédemment, la forêt ombrophile présente un
sous-bois généralement dense, caractérisé par l’absence ou la rareté de la strate herbacée.
C’est une forêt toujours verte, où la chute des feuilles est généralement répartie dans l’année.
Brou (2005), décrivant la phytogéographie ivoirienne, évoque aussi l’existence d’un type
hyper ombrophile, exigeant des sols finement texturés et dotés d’une bonne capacité de
rétention en eau dans les zones climatiques les plus favorables (1800 mm de pluie/an) et à
saison sèche plus réduite. L’extrême sud du bassin (entre Grand-Lahou et la lagune Aby) est
occupé par de vastes étendues de « savanes de basse côte » (brachiaria brachylopha). Il se
développe également une formation monotone, pauvre en espèces, qui ourle les rives des
estuaires et les bords des lagunes (Rhizophora racemosa et Avicennia africana). Elle cède par
endroit la place à une pelouse à Paspalum vaginatum piquetée des buissons d’Acrostichum
aureum (Brou, 2005). Toutefois, il convient de préciser la modification considérable du
couvert végétal au cours des années (Figure 9).
57
Les massifs forestiers primaires ont presque disparu, laissant la place à des végétations
cultivées ou à quelques lambeaux de forêts secondaires (Brou et al., 1996 ; Oswald, 2005 ;
Konan, 2008). Selon ces auteurs, ce constat est dû aux activités humaines telles que
l’agriculture (défrichements pour plantations arbustives et cultures vivrières), le déboisement
(collecte du sous-bois, bois de chauffe, extraction et exportation d’essences précieuses). Les
rares forêts qui donnent une idée de ce qu’étaient les formations primaires sont les domaines
classés et bien protégées par l’Etat, et quelques forêts sacrées (Brou, 2009 ; Noufé, 2011).
Figure 9 : Formations végétales du bassin versant du Bandama Source : Konan, 2008.
2.3. Organisations sociales et usages des ressources naturelles du bassin
versant du Bandama
Par la variété des situations qu’il présente, l’hydrosystème du Bandama est un terrain
privilégié d’étude des « systèmes sociaux productifs » de l’agriculture : variété climatique et
58
écologique auxquelles s’adaptent différents systèmes de production ; variété ethnique avec
chacune, ses habitudes alimentaires. Ainsi, sous un climat subéquatorial au Sud, équatorial de
transition au Centre et tropical ou soudanien au Nord, se développent tous les faciès possibles
de la forêt et de la savane ; depuis la savane herbeuse à la forêt ombrophile en passant par la
savane arbustive, arborée ou forêt claire.
Quatre groupes ethniques (Gour, Akan, Krou et Mandé) composés de plusieurs sous-groupes
se partagent la zone d’étude. Cependant, le choix des Sénoufos (dans la moitié Nord) et des
Baoulés au Sud de l’hydrosystème du Bandama (Figure 10) s’explique non seulement par le
fait qu’elles sont les ethnies dominantes du bassin versant. Mais surtout, la volonté de
confronter les résultats scientifiques concernant la variabilité climatique aux connaissances
des paysans a fortement guidé ce choix. Il fallait choisir les stations synoptiques qui
présentent de meilleures qualités de données climatiques (pluie, température, ETP, etc.). C’est
ce qui justifie le choix de Dimbokro, Bouaké et Korhogo comme zones d’enquête.
Figure 10 : Groupes ethniques du bassin versant du Bandana.
Source : adaptée de Bernardet, 1994
Les villages enquêtés sont autour des localités (stations synoptiques) représentées avec une étoile.
59
2.3.1. Société Baoulé à la recherche de « bonnes Terres » cultivables
Cette présentation est faite dans le contexte des relations nature-société. L’intérêt est
d’indiquer l’importance que revêtent les ressources du milieu naturel dans l’organisation et la
vie des sociétés rurales. Il est aussi question de traduire leurs possibles influences dans
l’élaboration des systèmes de production. Blanc-Pamard et Peltre (1994), Allou (2003) et Ruf
(2010) se sont intéressés à la structure politique, économique, sociale et culturelle de la
société Baoulé. Après des investigations, ils affirment que la société précoloniale était
généralement prospère, surtout au cours de la deuxième moitié de 19ème siècle. Cependant, il
n’y avait pas d’autorité politique centralisée, et la différenciation socio-économique n’était
pas rigide. La succession à tous les niveaux est gouvernée par un principe matrilinéaire. La
fonction de chef d’un groupe de parenté allait de pair avec le gardiennage d’un trésor sacré
(or, objet en or et autres biens de valeur). Ce trésor matérialisait la continuité du groupe et, à
travers les générations, s’augmentait des contributions des ainé(e)s qui en avaient la charge.
La recherche de la richesse, corrélée à la quête de bonne terre cultivable a, depuis toujours,
guidé la marche du peuple Baoulé (KoIi Bi, 1990 ; Blanc-Pamard et Peltre, 1994).
a) Peuplement récent des Baoulés du bassin versant
Le peuplement récent du pays Baoulé s’est effectué en plusieurs phases. Au début du
XVIIIe siècle, les émigrants Baoulé-Asabou, dont les chefs étaient expulsés de l’Ashanti à la
suite d’une querelle de succession au sein de la famille royale, traversèrent la région de
Tiassalé (à 100 km de la côte sur le Bandama) où certains demeurèrent (Blanc-Pamard et
Peltre, 1994). La majorité des Asabou poursuivirent leur marche vers le nord de leur territoire
actuel qu’ils occupèrent progressivement. Les Baoulé commencèrent à s’installer au début du
XIXe siècle dans les régions du centre et du sud. La région de Toumodi, comprise entre Oumé
et Dimbokro d’une part, et le confluent du N’Zi et du Bandama d’autre part, « n’était alors
occupée que par quelques petites communautés Gouro, Bomi et Agba. Mais, c’était déjà un
important lieu de passage, car elle constituait un carrefour de pistes très fréquentées entre les
deux régions aurifères du Yaouré et de Dimbokro, entre les tribus Baoulé du nord et les
centres commerciaux de Tiassalé et d’Ahua » (Salverte-Marmier, 1962-1964).
Il n’y a presque rien de précis, en revanche, du peuplement antérieur de la région qui semble
être ancien. Dans l’Atlas de Côte d’Ivoire (1979), Niangoran-Bouah fait état d’ossements
humains trouvés en Basse Côte, associés à des objets d’art Akan en or, et datés au 14ème siècle
avant Jésus Christ. Ce même auteur décrit ainsi le processus ancien du peuplement : « des
60
régions sahariennes ou sahéliennes, les ancêtres des Akan étaient venus s’établir à
l’emplacement de l’actuel "V Baoulé". De là, une importante fraction est partie au Ghana, en
région de forêt, à la recherche de terres plus fertiles. Là-bas, les guerres intestines obligèrent
certains clans à faire marche arrière ». Mais on ignore tout, ou presque, des densités de
population et des modes de vie, qu’il faudrait aborder par l’archéologie. La densité moyenne
de population, selon Duchemin et Trouchaud (1971), est de 9 hbts/km2 en 1950, et a doublé
en 20 ans (18 hbts/km2 en 1970) ; en 1975, soit quatre ans plutard, elle atteint 21,5 hbts/km2.
b) Baoulé, activités agricoles et dynamique forestière
La population Baoulé a un grand intérêt pour la forêt (Blanc-Pamard & Peltre, 1994 et
Ruf, 2010). La densité des Baoulé du bassin versant du Bandama, rapportée aux unités de
végétation, montre un vide en savane, sauf le long de l’axe nord-sud (Blanc-Pamard et Peltre,
1994). Par contre, de nombreux villages sont présents dans le bloc forestier et dans la zone de
transition. En outre, le peuplement de la branche ouest ivoirienne est plus important que celui
de la branche est. La limite contact forêt-savane est soulignée par un chapelet de villages
(Blanc-Pamard et Peltre, 1994). La partie sud-est révèle la même distribution dans le bloc
forestier et sur ses marges, mais avec de gros villages isolés. Cette répartition s’est accentuée
par d’importantes migrations en direction des forêts de l’Ouest (Koli Bi, 1990 ; Brou, 2005).
Si les cultures vivrières se rencontrent à peu près partout, celles de café et de cacao se
localisent uniquement en forêt (Blanc-Pamard et Peltre, 1994). Le cacao et le café, ignorés
dans l’économie traditionnelle, ont été introduits à la fin du XIXe siècle puis développés sous
l’effet d’une vigoureuse pression administrative coloniale. Mais, l’essor des plantations a été
assuré par les Baoulés eux-mêmes dès 1946 (Blanc-Pamard et Peltre, 1994). La forêt a donc
été soumise à une dissémination spontanée comme déjà évoquer en introduction.
Depuis le début de la décennie 1970, le Sud-ouest est l’une des régions ivoiriennes qui s’est le
plus spectaculairement ouverte à l’immigration baoulée. Son origine est en rapport avec
l’ouverture, puis la densification d’un réseau de pistes d’exploitation forestière dès 1963 (Koli
Bi, 1990). La création, en 1968, de l’ARSO (Autorité pour la région du sud-ouest) et le désir
gouvernemental de désenclaver et peupler l’arrière-pays du port de San Pedro, nouvellement
créé, ont hâté le développement de ce mouvement de colonisation agricole (Etienne, 1968 ;
Lesourd, 1982 ; Blanc-Pamard et Peltre, 1994). Ainsi, les Baoulés ont, à partir de la savane,
dilaté leur espace vital vers l’Est, puis vers l’Ouest forestier grâce au développement des voies
de communication pour s’adonner à des cultures marchandes (café-cacao).
61
2.3.2. Hiérarchie sociale et importante capacité de résilience chez les
Sénoufos
a) Organisation socio-productive du peuple Sénoufo
Le nom « Sénoufo » est d’origine mandingue. Les intéressés s’appellent eux-mêmes
syenaon (syenambélé au pluriel), d’après leur langue le syenar (Nassa, 2005). Cependant,
l’appellation Sénoufo est la plus généralisée ; le nom de syenaon n’étant en usage que dans le
Centre (de Boundiali à Korhogo et Ferkessédougou). Dans l’Est et le Sud, chaque ethnie a son
nom propre : Pallaka et Tagwana entre les fleuves Bandama et N’Zi, Djimini et Diammala
entre les fleuves N’zi et Comoé qui innervent la région. Enfin, près de Bondoukou, on trouve
les Nafana, venus au XVIIème siècle prospecter les mines d’or. Les structures familiales sont
remarquablement diverses. La majorité des Sénoufo est organisée en lignages matrilinéaires.
Mais ceux de Boundiali, comme ceux du Mali, sont patrilinéaires. Ces lignages sont
regroupés en villages (kaha) et ceux-ci en cantons (tar) (Coulibaly, 1995).
Les Sénoufo sont des agriculteurs remarquables, cultivant surtout le mil dans le Nord et
l’igname dans le Sud, ainsi que le riz et le coton. Ils possèdent un cheptel assez important
qu’ils confient souvent aux Peuls. L’artisanat (tissage) est parfois le fait de groupes
minoritaires comme les Dioula. D’ailleurs, Soro (2009) décrit la hiérarchie des différents
groupes professionnels en fonction de leur degré de dépendance technique. Il fournit ainsi une
vision idéologiquement orientée de la société Sénoufo : Les forgerons sont situés au sommet
de la société Sénoufo à cause de leur utilité sociale et technique (production de l’outillage
agricole, des armes de chasse et de guerre). Les agriculteurs (senambele) viennent ensuite
d’une part parce qu’ils détiennent le pouvoir politique et foncier et d’autre part parce qu’ils
nourrissent la population. La partie inférieure de la société Sénoufo est occupée par les potiers
et les travailleurs du cuir (dont font partie les griots et les chanteurs).
Jusqu’à l’indépendance encore, le pays Sénoufo connaissait une croissance démographique
modérée. En fait, très tôt, le Nord a contribué à alimenter en main-d’œuvre les régions du Sud
mises en valeur, dépeuplant cette partie du territoire déjà peu occupée. Il s’agissait d’une
migration forcée, institutionnalisés en 1933 par l’administration coloniale lors d’une
réorganisation de l’Office de main-d’œuvre qui place les chefs Sénoufos en situation de
recruteurs de manœuvres des plantations de Basse-Côte (ECOLOC Korhogo, 1999). Cette
migration, mais volontaire cette fois, a connu une accélération à partir de 1946 à l’abolition du
travail forcé par le Syndicat Agricole Africain. Les années 1950-1975 reconduiront d’une
62
part, les fonctions de réserve de main-d’œuvre dévolue au nord, mais plus encore de
fournisseur des centres urbains en vivriers à faible coût (Aubertin, 1983).
b) Fondements historiques des activités rurales en pays Sénoufo
La région Sénoufo a pu trouver dans la vitalité de ses structures rurales, le titre de
grande productrice de biens alimentaires, et dans un dynamisme marchand qui est au cœur de
l’accumulation locale, les ressorts de la forte croissance urbaine. Malgré des niveaux de prix
très bas, la production régionale de riz paddy oscillait entre 25.000 et 34.000 tonnes de 1960 à
1973. Ce sont au total de 7.000 à 10.000 tonnes de paddy qui partent de la zone pour
alimenter les marchés de Bouaké et d’Abidjan (ECOLOC Korhogo, 1999).
Parallèlement au « Programme d’urgence », un relèvement du prix d’achat des principaux
produits agricoles du nord est décidé en 1974, qui a pour but explicite d’élever la production
commercialisée par les ruraux, et partant de leurs revenus monétaires. Les résultats ont été
sensibles, notamment sur la riziculture. Le département de Korhogo a assuré la position de
premier producteur de riz ivoirien, mais surtout de fournisseur du circuit commercial
puisqu’en 1986, 21,4 % de la production locale est destinée à l’autoconsommation, le reste
étant mis en marché. Pour la région des Savanes dont l’encadrement revient à la Compagnie
Ivoirienne pour le Développement des Textiles (CIDT), les surfaces de riz pluvial encadrées
passent de 26 000 à 57 000 hectares entre 1982 et 1988 (ECOLOC Korhogo, 1999).
Les Sénoufo ont contribué ainsi au développement agricole, à la croissance de l’économie de
plantation (au rythme même de la participation du Nord), à la mise en place d’un
développement ivoirien, dans les années 1960 à 1974, fondé sur la valorisation d’une zone
côtière et forestière (ECOLOC Korhogo, 1999). Mais, après l’indépendance, les cultures de
rapport occuperont une importance notable pour les villageois (Le Roy, 1983). Cet intérêt a
été motivé par la décision de la Compagnie Française des Textiles d’encadrer les planteurs sur
la variété de coton "Mono", aisément associable à la riziculture (ECOLOC Korhogo, 2009).
L’ambition d’un nord ivoirien en mutation ne se limite pas au relèvement substantiel des prix
agricoles, mais vise, à terme, à une intégration spatiale et économique des activités de
transformation situées sur l’axe Korhogo - Sinematiali - Ferkéssédougou, par la création de
« chaînes » liées à de multiples plans de valorisation : coton, riz, sucre, bétail, maraîchers.
Cette chaine est renforcée par les urbains aisés plaçant une partie de leur épargne en
campagne. À la fin des années 1970, les deux-tiers des vergers de manguiers recensés dans la
sous-préfecture de Korhogo appartiennent à des citadins. De même, les citadins investissent
63
dans la capitalisation de bétail ; aujourd’hui encore, les troupeaux de plus de 100 têtes sont
presque exclusivement la propriété de résidents urbains.
Conclusion partielle
Cette présentation de la région d’étude fait ressortir le besoin de maîtriser l’eau
pluviale, dont la variabilité est très déterminante pour l’agriculture, source d’alimentation des
populations. Car, les conditions physiques de l’hydrosystème ne constitue pas un facteur
particulièrement limitant pour la pratique agricole, à l’exception de la dépression qui
s’observe dans un couloir correspondant à la branche orientale du « V Baoulé » (Goula et al.,
2007) et de l’orientation de la dorsale guinéenne du Nimba, qui par effet de type foehn, font
écran à la pénétration des flux de mousson (Buckle, 1996).Au contraire, des diversités
pédologiques (sols ferrugineux sur substrat granitique au nord, sols ferralitiques sur schiste au
sud) modulent les différentiations écologiques forêt/savane orientées du sud vers le nord.
Cette diversité physique et naturelle, conjuguée avec des structures socioculturelles variées,
ont pour corollaire le caractère hétérogène des systèmes de production et des niveaux de
pression inégale sur les ressources naturelles (Noufé, 2011). Ainsi, disposant déjà de savoirs
et savoir-faire culturellement hérités, sur des milieux auxquels les populations rurales sont
habituées, la variable qui paraît plus déterminante, en termes de productivité, est le climat.
Cette conclusion motive à analyser la variabilité des paramètres climatiques utiles aux
activités agricoles et à évaluer la notion d’« utilité productive de l’eau » dans la culture du riz
pluvial.
64
Chapitre 3 : DONNEES ET METHODES
D’ANALYSE
La question de la variabilité hydroclimatique, appréhendée aux échelles temporelle et
spatiale, de son impact sur les systèmes de production agricole et la modification de
l’environnement rural est l’objectif central de cette recherche. Se faisant, elle repose sur une
méthodologie qui inscrit d’une part, des analyses statistiques et géostatistiques, et d’autre part,
une approche socio-anthropologique à partir d’enquête de terrain. Cette démarche,
interdisciplinaire permet de mettre en relation des données environnementales (climat, sols,
végétation, etc.) et socio-anthropologiques (croyances religieuses, niveau d’instruction,
activités agricoles, savoirs et vécus des populations sur le climat, etc.). La méthodologie de
cette thèse s’inscrit dans des théories que sont : la Géo-agronomie et le système conceptuel
Géosystème-Territoire-Paysage. Il est utile de les exposer.
3.1. Fondements théoriques de la méthodologie
La recherche d’une agriculture productive et durable face aux contraintes de plus en
plus grandissantes du climat est l’enjeu de cette étude. L’étude s’intéresse, par conséquent, au
rapport nature/culture qui est une thématique importante des « sciences de l’environnement ».
Cette étude s’adosse sur une synthèse méthodologique de deux disciplines complémentaires :
la géographie et l’agronomie. Le recours aux analyses géographique et agronomique est
nécessaire pour appréhender les dynamiques de l’agriculture en cours et les causes des
mutations dans la zone d’étude. La spécificité de l’approche géographique est qu’elle intègre
des dimensions naturelles et sociales telles que le Géosystème, le territoire et le paysage
(GTP) afin d’aborder les phénomènes naturels et sociaux d’un point de vue spatial (Bertrand,
1998). Cette étude s’inscrit plus spécifiquement dans le courant de la géo-agronomie
(Deffontaines, 2006).
3.1.1. Approche géo-agronomique
La géo-agronomie s’intéresse aux objets géographiques (tels que les structures et les
dynamiques spatiales des activités agricoles, des facteurs de développement et du paysage)
65
auxquels sont appliquées et ajustées les analyses et la théorie de l’agronomie, notamment des
façons de produire qui relient le climat, le sol, les plantes et les techniques (Deffontaines,
2006, p.26). Elle mobilise la théorie géographique (répartition spatiale, organisation), dans
l’approche des objets de l’agronomie (tels que les pratiques, l’itinéraire technique, la
succession des cultures, les systèmes de culture et d’élevage, les potentialités)
L’agronome apporte un regard technique à la lecture du paysage (Burel et Baudry, 2006). Un
pont a été établi avec la géographie, dans la mesure où la parcelle, l’exploitation agricole, le
terroir et toute forme de système spatial agricole se retrouve dans « une mosaïque
géographique morcelée et instable soumise à de multiples stratégies économiques et valeurs
culturelles contradictoires » (Bertrand et Bertrand, 2002). Le territoire est au cœur de la
relation entre agronomes et géographes (Deffontaines, 2006).
La géo-agronomie partitionne l’espace, le modélise dans le but de comprendre, d’interpréter
les formes et de mettre en évidence les fonctions qu’elles renferment (Labant, 2010). Il s’agit
d’identifier, localiser et analyser la mutation de l’agriculture dans un contexte de changements
hydroclimatiques, en fonction des enjeux écologiques, économiques et sociaux qu’elle revêt.
Ainsi, en dehors des rôles attribués à l’agriculture dans la réorganisation du paysage, on lui
reconnait aussi des qualités et des fonctions en tant qu’« objet ». Afin de révéler les fonctions
agricoles, le potentiel des exploitations agricoles sont analysés en fonction de quatre
indicateurs (Brunet et al., 2005) : évolution du climat, surfaces cultivés, productivité des
exploitations, intérêt des agriculteurs vis-à-vis de types de culture. Le tableau IV résume les
fondements théoriques de l’étude.
Tableau IV: Fondements théoriques de l’étude
Aménagement et gestion des systèmes agricoles dans l’espace rurale
Etude du rapport nature/culture (gestion des ressources naturelles)
Sciences de l’environnement
Approche spatiale
Géographie de l’environnement
Appliquée à l’agronomie
Géo-agronomie
A l’échelle individuelle (exploitations agricoles)
Modélisation du potentiel économique et écologique des exploitations
Source : Labant, 2010
66
3.1.2. Système conceptuel Géosystème‐Territoire‐Paysage (GTP)
Pour analyser les problématiques environnementales en géographie, Bertrand (2000 ;
2010) a proposé une approche intégrative mobilisant trois concepts : le géosystème, le
territoire et le paysage, qu’il rassemble dans un système conceptuel, le système GTP
(Géosystème-Territoire-Paysage) (Tableau V). Bertrand (2010) estime, dans le cadre du
« retour au géographique », qu’il ne faut pas appréhender l’espace géographique comme le
géosystème seulement, un seul concept ne peut englober toutes les réalités d’un espace sans
confusion.
Tableau V: Système conceptuel GTP
Espace
Géographique
Perception et
Fonction
d’usage
Téléologie des
sous-systèmes
Processus
dominant
Concepts.
notions et
méthodes
Globalisation
et Interface
Source Entrée
naturaliste
Naturalité
« naturaliste »
et anthropisation
GEOSYSTEME
Ressource Entrée socio-
économique Artificialisation TERRITOIRE
Ressourcement Entrée
socioculturelle Artialisation PAYSAGE
Source : Bertrand, 2000
Il est vrai que le géosystème a été développé vers la fin des années 1960 afin de combler les
« manques » (dimension spatiale, changement d’échelle, considérations géomorphologiques,
prise en considération des facteurs anthropiques) du concept « écosystème » (Labant, 2010).
Mais en définitive, il ne se différencie pas fondamentalement de l’écosystème puisque ces
deux concepts consistent à appréhender l’espace agricole dans une dimension naturaliste.
C’est dans ce sens que l’auteur considère l’espace comme un système environnemental qui est
la résultante du croisement des approches écosystémique, territoriale et paysagère.
L’écosystème correspondant à la source, le territoire à la ressource et le paysage au
ressourcement. La source (écosystème ou géosystème) est un concept naturaliste. Elle permet
d’analyser la structure et le fonctionnement biophysique d’un espace géographique tel qu’il
fonctionne actuellement, c’est-à-dire avec son degré d’anthropisation (Bertrand et Bertrand,
2002). La ressource ou territoire appréhende le sous-système socioéconomique de l’espace.
L’analyser du territoire permet de comprendre les répercussions de l’organisation et des
67
fonctionnements sociaux et économiques sur l’espace considéré. Enfin le ressourcement, ou
paysage représente la dimension socioculturelle de l’espace étudié. Ces trois entrées
permettent d’avoir une approche plus large et plus englobant de l’environnement. Dans cet
ensemble systémique, chaque concept est orienté vers une finalité précise. De ce point de vue
téléologique, les concepts sont différenciés en postulant que la finalité dominante de
l’écosystème est écologique, du territoire est économique et celle du paysage est culturelle.
Cette étude mobilise ces trois concepts. Les zones tests choisis sont analysées à la fois en tant
qu’écosystèmes, territoires et paysages. Cette approche consiste à considérer que la structure,
la transformation, la productivité et le devenir des systèmes agricoles sont fonction des profils
écologiques (climat, sol, hydrologie, etc.) et socioculturels (âge, sexe, orientations technico-
économiques et politiques, localité, mentalité, statut juridique, chiffre d’affaire).
3.1.3. Méthode d’analyse : l’interdisciplinarité
La méthodologie adoptée dans cette étude croise le regard de l’agriculteur à celui du
chercheur sur des critères écologiques, technico-économiques et culturels. Elle repose sur
l’intégration des démarches agroclimatiques, socio-économiques, anthropologiques et
géographiques (Figure 11). Les analyses reflètent ainsi l’interdisciplinarité et la vision globale
de l’espace géographique (Brou, 2005).
Figure 11 : Schéma conceptuel de la méthodologie transdisciplinaire de l’étude.
Source : adapté de Diomandé (2013)
68
L’approche agroclimatique est fondée sur les modèles statistiques, les représentations
cartographiques et les bilans hydriques en rapport avec la culture du riz pluvial. Avec la
méthode socio-économique et géographique, il est question de passer en revue les rapports
climat/agriculture/milieu dans l’hydrosystème du Bandama. Quant à l’approche socio-
anthropologique, elle repose sur la perception de la variabilité climatique, les savoirs sur
l’origine de cette variabilité, les effets sur les populations et leurs environnements, le niveau
de vulnérabilité de ces populations, les mesures d’atténuation et leurs capacités de résilience.
L’objectif de cette méthodologie est de confronter les résultats scientifiques relatifs aux
tendances pluviométriques, à la variation des potentialités hydriques des cultures (débuts et
fins des saisons culturales, variabilités des pluies journalières et saisonnières) aux savoirs et
vécus des agriculteurs du bassin versant du Bandama en Côte d’Ivoire.
3.2. Présentation des données de l’étude
Les données d’analyse sont de quatre types. Ce sont les relevés d’observation
météorologique de la SOciété de Développement et d’EXploitation Aéronautique et
Météorologique (SODEXAM), les données climatiques estimées de la National Aeronautics
and Space Administration (NASA), les statistiques agricoles et les données d’enquêtes.
3.2.1. Données climatiques
a) Séries pluviométriques de la SODEXAM et leurs limites
Les données pluviométriques disponibles à la Direction de la Météorologie Nationale
(DMN) de Côte d’Ivoire au sein de la SODEXAM couvrent la période de 1950 à 2000. En
fait, à partir de 1999, la Côte d’Ivoire a connu des crises sociopolitiques qui se sont amplifiées
depuis 2002. La situation d’insécurité a perturbé la mesure des données dans la quasi-totalité
des stations pluviométriques au Sud du bassin versant du Bandama excepté Dimbokro. Les
différents points de mesure de la moitié nord ont été rendus inopérants.
Les postes d’observations pluviométriques ont été choisis sur la base de trois critères de
sélection. Il n’est pas prise en compte le poste d’observation pluviométrique qui ne vérifie pas
l’un de ces critères (Diello et al., 2003 ; Goula et al., 2010).
Critère 1 : Le poste d’observation pluviométrique possède dans son historique, au
moins une série chronologique d’une longueur supérieure ou égale à 30 années
d’observations ininterrompues ;
69
Critère 2 : Le poste d’observation pluviométrique a été observé sur la période d’étude
avec moins de 20% de lacunes (valeurs erronées ou manquantes) ;
Critère 3 : Exceptionnellement, un poste d’observation pluviométrique pourra être
retenue, bien que ne vérifiant aucun des critères 1 et 2, si la zone dans laquelle il se
trouve est très déficitaire en poste d’observation pluviométrique.
Ces critères ont permis de retenir pour la présente étude 30 stations dans l’hydrosystème du
Bandama Ces postes d’observations pluviométriques couvrent l’ensemble de la zone d’étude.
Elles sont donc représentatives pour étudier la variabilité des pluies et ses implications dans la
dynamique culturale du bassin versant du Bandama.
Une vérification systématique a d’ailleurs été effectuée sur les fichiers des valeurs brutes des
hauteurs de pluie afin de s’assurer de la fiabilité des données. Le nombre d’anomalie détecté
est faible d’environ 2,24%. Les erreurs de saisie ont été corrigées et les valeurs
exceptionnelles contrôlées en faisant recours aux sources (carnets d’archive climatique) ou
par comparaison aux observations de sites voisins. Les valeurs manquantes ont été
reconstituées à partir de la méthode des moindres carrés. Elle s’effectue par le calcul de
régression simple de type linéaire. Le comblement des données manquantes d’une station de
la SODEXAM se fait à partir des informations de la station voisine.
L’approche est la suivante : Soit Y la décade manquante (variable dépendante) et X la décade
correspondante à la décade manquante à la station voisine (variable indépendante). Une
liaison entre la variable Y dépendante et la variable X indépendante peut être modélisée par
une fonction de type 𝑌 = 𝑎𝑋 + 𝑏. Le nombre (a) est le coefficient de variation moyenne de
la valeur de Y pour une augmentation d’une unité de X. La constante (b) est l’ordonnée à
l’origine (valeur de Y pour x = 0). La liaison est représentée graphiquement par une droite
(Figure 12). La distance d’un point à la droite (xi ; yi) peut être positive ou négative. Pour
s’affranchir du signe, la somme des carrés des distances de chaque point à la droite est
calculée. L’estimation de la pente de la droite de régression β est égale au rapport de la
covariance de X et Y sur la variance de X.
(1) 𝛽 =𝑐𝑜𝑣(𝑋,𝑌)
𝑣𝑎𝑟(𝑋) ou 𝛽 =
∑ (𝑥𝑖𝑛𝑖=0 −�̅�)(𝑦𝑖−�̅�)
∑ (𝑥𝑖−�̅�)2𝑛𝑖=0
avec �̅� la moyenne de X et
�̅� la moyenne de Y.
L’estimation donnera un bon résultat si le coefficient de détermination R2 est très proche de 1.
Le contrôle, la correction et le comblement des données manquantes ont été effectués sur les
données de pluie décadaire. L’analyse de la dispersion des données avant et après correction
et reconstitution des valeurs manquantes a prouvé que les données d’origine ne sont pas
dénaturées. Au contraire, elles en réduisent la dispersion.
70
Figure 12 : Représentation de la droite de régression à travers les nuages de point
Chaque année i est caractérisée par un couple de coordonnées (xi ; yi) et est représentée par un point
sur le graphique. L’ensemble des années forme un nuage de points. La droite de régression « Y =
aX+b » (droite rouge sur le graphique) est la droite dont les points du nuage sont en moyenne les plus
proches ; c’est-à-dire la droite qui passe à la plus faible distance de chaque point du nuage.
Les listings obtenus sur plus d’une trentaine d’années sont fiables et respectent les
recommandations de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) (Bigot, 2004 ; Goula
et al., 2010 ; Noufé, 2011). Cependant, la densité des stations météorologiques est faible,
surtout à l’échelle de l’hydrosystème du Bandama. En effet, sur une superficie de 97 500 km2,
le bassin versant du Bandama ne dispose que quatre synoptiques et deux agrométéorologiques
(Tableau VI). Le réseau de mesure des données thermiques de 1970 à 2013 est davantage
lâche car les séries de températures sont uniquement disponible dans les stations synoptiques.
Toutefois, en raison de leur faible variabilité spatio-temporelle, la taille des séries misent à
disposition ne pose pas de problèmes majeurs (Brou, 2005 ; Noufé, 2011).
Cette recherche fait aussi recours à l’évapotranspiration potentielle (ETP). L’ETP est définie
comme étant la quantité maximale d’eau susceptible d’être évaporée au niveau d’un couvert
végétal continu, en phase active de croissance, lorsqu’il est abondamment alimenté en eau
(Lardilleux, 2000 ; Noufé, 2011 ; Amri, 2013). L’ETP, traduite sous forme de demande en
eau, apparaît donc comme un paramètre purement climatique. Elle se calcule par la
formulation de FAO-Penman-Monteith (Lardilleux, 2000 ; Noufé, 2011 ; Amri, 2013),
reconnue pour être la plus performante dans un contexte de fortes variations de conditions
climatiques (Allen et al., 1998). C’est un paramètre climatique qui varie très peu et qui corrèle
bien avec la température.
Y = aX + bR² = 0,82
0
10
20
30
40
50
60
70
0 10 20 30 40 50 60 70X
Y
(Xi ; Yi)
Yi = aXi + b
(i)
71
Tableau VI: Caractéristiques des 30 stations retenues et séries pluviométriques.
Long (X) : Longitude (X) ; Lat (Y) : Latitude ; PP : poste pluviométrique, SYN : station synoptique,
AGR : station agroclimatologique, CLM : station climatologique).
Les données d’ETP sont donc simulées de 1970 à 2013 au moyen d’une corrélation simple
avec la température. L’ETP peut être assimilée à l’évapotranspiration réelle (ETR) dans le cas
où l’eau du sol est aisément disponible pour la végétation (Lardilleux, 2000). Dans le cas
contraire, après une période de sécheresse prolongée, l’ETR qui correspond à
l’évapotranspiration d’un couvert végétal dans des conditions réelles données, peut être
nettement inférieure à l’ETP, voire même nulle à certains moments. Les données observées
sont complétées par des données estimées ou « réanalyses » de la NASA.
Période
étudiée
Pluie
moyenne
(mm)
Période
étudiée
pluie
moyenne
(mm)
Céchi -4.45 6,27 PP 1950 1950-2000 1223,0 1997-2013 1218,2
Tiassalé -4,83 5,88 AGR 1921 1950-2000 1171,3 1997-2013 1295,0
Oumé -5,42 6,37 PP 1944 1950-2000 1245,8 1997-2013 1282,9
Sinfra -5,92 6,63 PP 1966 1966-2000 1275,5 1997-2013 1282,9
Bouaflé -5,75 6,98 PP 1924 1950-2000 1224,7 1997-2013 1282,9
Daloa -6,47 6,87 SYN 1966 1966-2000 1225,3 1997-2013 1350,9
Vavoua -6,47 7,37 PP 1953 1953-2000 1181,2 1997-2013 1180,5
Séguela -6,67 7,95 AGR 1921 1950-2000 1273,3 1997-2013 1180,5
Mankono -6,18 8,05 PP 1937 1950-2000 1188,6 1997-2013 1243,8
Bongouanou -4.2 6.65 PP 1947 1950-2000 1166,5 1997-2013 1218,2
Dimbokro -4.7 6.65 SYN 1921 1950-2000 1125,5 1997-2013 1218,2
Ouéllé -4,00 7,28 PP 1955 1955-2000 1017,0 1997-2013 1086,7
Bocanda -4,52 7,07 PP 1954 1954-2000 1065,5 1997-2013 1038,0
M’bahiakro -4,33 7.45 PP 1944 1950-2000 1076,9 1997-2013 1038,0
GdLahou -5,02 5,13 PP 1950 1950-2000 1613,8 1997-2013 1364,6
Béoumi -5,57 7,67 PP 1939 1939-2000 1125,7 1997-2013 1104,9
Bouaké -5,03 7,73 SYN 1904 1950-2000 1109,8 1997-2013 1104,9
Dabakala -4,43 8,38 PP 1922 1950-2000 1044,6 1997-2013 1082,4
Katiola -5,10 8,13 PP 1950 1950-2000 1106,4 1997-2013 1191,5
Niakaramandougou -5,28 8,67 PP 1950 1950-2000 1123,7 1997-2013 1191,5
Tafiré -5,15 9,07 PP 1950 1950-1998 1118,6 1997-2013 1195,2
Boundiali -6,47 9,52 PP 1922 1950-2000 1487,1 1997-2013 1242,2
Korhogo -5,62 9,42 SYN 1972 1972-2000 1224,9 1997-2013 1195,2
Ferkessédougou -5,20 9,60 PP 1971 1971-2000 1162,4 1997-2013 1195,2
Ouangolodougou -5,15 9,97 PP 1950 1950-2000 1120,4 1997-2013 1195,2
Toumodi -5,05 6,58 PP 1963 1950-2000 1067,9 1997-2013 1282,9
Ndouci -4,77 5,87 PP 1963 1963-2000 1207,2 1997-2013 1294,5
Zouenoula -6,05 7,42 PP 1972 1972-2000 1036,4 1997-2013 1180,5
Dianra -6,25 8,75 PP 1971 1971-2000 1065,8 1997-2013 1243,8
Sakassou -5,28 7,47 PP 1971 1971-2000 1079,2 1997-2013 1104,9
Yamoussoukro -5,25 6,82 SYN 1974 1974-2000 1198,7 1997-2013 1282,9
données GPCP/NASA
TypeStations Long (X) Lat (Y)Date de
création
données SODEXAMPériode
étudiée
Pluie
moyenne
(mm)
Période
étudiée
pluie
moyenne
(mm)
Céchi -4.45 6,27 PP 1950 1950-2000 1223,0 1997-2013 1218,2
Tiassalé -4,83 5,88 AGR 1921 1950-2000 1171,3 1997-2013 1295,0
Oumé -5,42 6,37 PP 1944 1950-2000 1245,8 1997-2013 1282,9
Sinfra -5,92 6,63 PP 1966 1966-2000 1275,5 1997-2013 1282,9
Bouaflé -5,75 6,98 PP 1924 1950-2000 1224,7 1997-2013 1282,9
Daloa -6,47 6,87 SYN 1966 1966-2000 1225,3 1997-2013 1350,9
Vavoua -6,47 7,37 PP 1953 1953-2000 1181,2 1997-2013 1180,5
Séguela -6,67 7,95 AGR 1921 1950-2000 1273,3 1997-2013 1180,5
Mankono -6,18 8,05 PP 1937 1950-2000 1188,6 1997-2013 1243,8
Bongouanou -4.2 6.65 PP 1947 1950-2000 1166,5 1997-2013 1218,2
Dimbokro -4.7 6.65 SYN 1921 1950-2000 1125,5 1997-2013 1218,2
Ouéllé -4,00 7,28 PP 1955 1955-2000 1017,0 1997-2013 1086,7
Bocanda -4,52 7,07 PP 1954 1954-2000 1065,5 1997-2013 1038,0
M’bahiakro -4,33 7.45 PP 1944 1950-2000 1076,9 1997-2013 1038,0
GdLahou -5,02 5,13 PP 1950 1950-2000 1613,8 1997-2013 1364,6
Béoumi -5,57 7,67 PP 1939 1939-2000 1125,7 1997-2013 1104,9
Bouaké -5,03 7,73 SYN 1904 1950-2000 1109,8 1997-2013 1104,9
Dabakala -4,43 8,38 PP 1922 1950-2000 1044,6 1997-2013 1082,4
Katiola -5,10 8,13 PP 1950 1950-2000 1106,4 1997-2013 1191,5
Niakaramandougou -5,28 8,67 PP 1950 1950-2000 1123,7 1997-2013 1191,5
Tafiré -5,15 9,07 PP 1950 1950-1998 1118,6 1997-2013 1195,2
Boundiali -6,47 9,52 PP 1922 1950-2000 1487,1 1997-2013 1242,2
Korhogo -5,62 9,42 SYN 1972 1972-2000 1224,9 1997-2013 1195,2
Ferkessédougou -5,20 9,60 PP 1971 1971-2000 1162,4 1997-2013 1195,2
Ouangolodougou -5,15 9,97 PP 1950 1950-2000 1120,4 1997-2013 1195,2
Toumodi -5,05 6,58 PP 1963 1950-2000 1067,9 1997-2013 1282,9
Ndouci -4,77 5,87 PP 1963 1963-2000 1207,2 1997-2013 1294,5
Zouenoula -6,05 7,42 PP 1972 1972-2000 1036,4 1997-2013 1180,5
Dianra -6,25 8,75 PP 1971 1971-2000 1065,8 1997-2013 1243,8
Sakassou -5,28 7,47 PP 1971 1971-2000 1079,2 1997-2013 1104,9
Yamoussoukro -5,25 6,82 SYN 1974 1974-2000 1198,7 1997-2013 1282,9
données GPCP/NASA
TypeStations Long (X) Lat (Y)Date de
création
données SODEXAM
72
b) Validation des données aérospatiale de sources GPCP/NASA
METEOSAT figure parmi les satellites les plus utilisés pour la collecte de données
météorologiques (Guillot, 1996 ; Brou, 2005). Ces satellites sont placés sur orbite
géostationnaire et conservent toujours la même position par rapport à la Terre ; ce qui leur
permettent d’observer en continu la même portion du globe (Brou, 2005). Il en résulte des
données quotidiennes permettant de suivre l’évolution du climat de la planète. Néanmoins, les
meilleures estimations (appelées aussi réanalyses) sont obtenues en croisant les données
issues des algorithmes satellitaires et les mesures directes effectuées par les réseaux au sol
(Poccard, 2000 ; Bigot, 2004). Les réanalyses qui sont utilisées pour actualiser les bases de
données climatiques de cette étude sont produites par le Global Précipitation Climatology
Project (GPCP). Le GPCP fournit des estimations à l’échelle globale, avec une résolution
spéciale de 1°x1° (1 degré carré). La base de données GPCP, au pas de temps journalier,
commence au début des années 1980 (Huffman et al., 1997). Elles sont archivées et
accessibles gratuitement par la NASA. Le centre GPCP est l’organisme officiel dépendant de
l’Organisation Météorologique Mondiale pour tout ce qui concerne les questions
d’acquisition, de validation et de mise en disposition des séries pluviométriques et de produits
dérivés à l’échelle globale (Rudolf et al., 1995 ; Bigot, 2004).
Toutefois, ces données ont régulièrement fait l’objet de contrôle avant leur utilisation
(Willmott et al., 1985 ; Legates, 1987). En effet, Nicholson et al. (2003) a menée la validation
des données pluviométriques sur la période 1988-1998, à l’échelle de l’Afrique du Nord. Cet
auteur indique que le biais potentiel des totaux pluviométriques annuels calculés avec les
données GPCP n’excède pas 3 à 4%. L’erreur potentielle augmente d’environ 12% avec
l’étude des totaux saisonniers. Selon le même auteur, ce taux d’erreur reste inferieur aux biais
généralement observés avec les données GOES-Precipitation Index ou SSMI, compris entre
20 et 40% pour les champs moyens, et au-delà lors des études spatio-temporelles plus fines.
Ces réanalyses ont déjà été utilisées par Diedhiou et al. (1999), Diomandé (2013) et N’Da et
al. (2016) pour comprendre le fonctionnement de la variabilité pluviométrique.
Mais, avant de les utiliser dans cette étude, elles ont été validées en se référant aux données
fiables et complètes de certains postes d’observations tel que Dimbokro (N’Da et al., 2016).
La corrélation entre les données mensuelles mesurées par la SODEXAM et celles estimées
par GPCP/NASA varie en fonction du pas de temps considéré (Figures 13).
73
Figure 13 : Corrélations entre données climatiques (pluviométries et températures)
mesurées par la SODEXAM et estimées par GPCP/NASA
À la station de Dimbokro sur la période 1997-2013
(Source : N’Da et al., 2016)
Le coefficient de corrélation est très élevé (environ 1) à l’échelle mensuelle, tant pour la pluie
que pour la température. Il baisse légèrement à la décade (R2 = 0,87) pour la pluviométrie. La
figure 14 montre néanmoins que les satellites ont tendance à sous-estimer la température sur
toute l’année. L’écart entre les températures mensuelles mesurées par la SODEXAM à
Dimbokro et celles estimées par les satellites (GPCP/NASA) est en moyenne de 1,34 oC. Il en
est de même pour les pluies pendant les saisons pluvieuses (Figure 15). Aussi, les satellites
ignorent-elles les évènements extrêmes. Par contre, les estimations au cours des saisons
sèches sont légèrement surestimées.
Les résultats de N’Da et al. (2016) assurent les qualités des réanalyses. Toutefois il faut les
manipuler avec précaution, surtout à l’échelle journalière vue la faible corrélation (R2 = 0,45)
qu’elle enregistre avec celles mesurées au sol par les spécialistes de la SODEXAM. Les
données actualisées de pluies (1950-2013) et températures (1970-2013) au niveau du bassin
versant du Bandama ont servi à l’étude de la variabilité spatio-temporelle.
16a 16b
16c 16d
74
Figure 14 : Comparaison entre températures mesurées par la SODEXAM à Dimbokro
et estimées par satellite (GPCP/NASA)
Figure 15 : Comparaison entre pluies quotidiennes mesurées par la SODEXAM à
Dimbokro et celles estimées par satellite (GPCP/NASA)
Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2012. (Source : N’Da et al., 2016)
3.2.2. Données agrotechniques et agricoles
a) Données agrotechniques (RU, durée des cycles et Kc)
Elles comprennent les données descriptives du sol et celles de la culture du riz,
permettant d’en évaluer les termes du bilan hydrique. Le sol est caractérisé par sa réserve utile
(RU) qui correspond à la quantité d’eau qu’il peut absorber et redonner à la plante
(Lardilleux, 2000). Pour les cultures du riz pluvial, trois niveaux de RU sont retenus selon un
gradient régional décroissant (Figure 16) : 100, 60 et 30 mm correspondant respectivement
aux zones Sud, Centre et Nord (Perraud, 1979 ; Roose, 1981 ; Noufé, 2011). Ces valeurs
moyennes ne sont qu’à titre indicatif. La RU qui dépend essentiellement de la texture et de la
profondeur du sol, peut varier de façon significative le long d’une toposéquence ou au sein
d’une même parcelle en apparence homogène (Noufé 2011).
-60-50-40-30-20-10
0102030405060
01-j
anv
12-j
anv
23-j
anv
03-f
évr
14-f
évr
25-f
évr
07-m
ars
18-m
ars
29-m
ars
09-a
vr
20-a
vr
01-m
ai
12-m
ai
23-m
ai
03-j
uin
14-j
uin
25-j
uin
06-j
uil
17-j
uil
28-j
uil
08-a
oût
19-a
oût
30-a
oût
10-s
ept
21-s
ept
02-o
ct
13-o
ct
24-o
ct
04-n
ov
15-n
ov
26-n
ov
07-d
éc
18-d
éc
29-d
éc
GPCP/NASA SODEXAM
75
Figure 16 : Capacités de rétention en eau des sols par localités du bassin du Bandama
Source : Perraud, 1971.
Les capacités de rétention en eau des sols utilisées dans ce travail proviennent de la carte des
aptitudes culturales et forestières des sols de la Côte d’Ivoire établies par Perraud (1971) et de la
variation de la capacité de rétention eau pour différents types de sol (Kramer, 1983).
Pour l’analyse du risque de la variabilité pluviométrique sur les systèmes agricoles, le riz est
retenu car, c’est la céréale par excellence dont la productivité reste en grande partie tributaire
de la pluviométrie (Diomandé, 2013). La répartition et le volume des pluies en déterminent la
période de semis et la réussite des cycles de développement (Ritchie, 1993 ; Roberts et al.,
1993 ; Pandey, 1997 ; Diomandé, 2013). Sié et al. (1997) et Amri (2013), Diomandé (2013)
résument le cycle de développement de manière suivante :
- phase végétative (PV) qui commence de la germination à l’initiation paniculaire ;
- phase reproductive (PR) qui commence de l’initiation paniculaire à la floraison ;
- phase de maturation (PM) qui commence de la floraison à la maturité.
76
Le cycle est subdivisé en étapes de développement facilement identifiables. Chaque étape est
appelée stade. Pour désigner les différents stades, l’on adopte une échelle conventionnelle de
notation (Tableau VII). La PV est variable car elle dépend de l’espèce. Les PR et PM sont
moins variables (Amri, 2013 ; Diomandé, 2013). La PR des variétés de riz pluvial à cycle
végétatif de 90 et 105 jours dure environ 30 jours. La PM varie entre 30 et 35 jours. Par
contre, en termes de besoins hydriques, la PV est moins sensible au stress. La PR
(épiaison/floraison) est la plus critique dans la vie de la plante (Figure 17).
Tableau VII: Stades de développement du riz.
Le signe *** indique les images disponibles en annexe 2 (Planche Photo 6)
Source : Amani, 2010.
Figure 17 : Evolution qualitative des besoins en eau d’un cycle de riz.
Source : Diomandé, 2013
Une mauvaise alimentation hydrique, durant ces stades, peut provoquer une chute importante
de rendement et même compromettre toute la récolte (L’homme et Monteny, 1982). Assurer
une satisfaction des besoins en eau pendant la montaison et l'épiaison nécessite une
planification rigoureuse et laisse très peu de flexibilité aux paysans pour la récolte (Kouakou
Phases de développement Stades de croissance
Phase végétative
0 De la germination à la levée ***
1 Plantule ***
2 Tallage ***
3 Elongation de la tige
4 Initiation paniculaire ***
Phase reproductive 5 Développement paniculaire (ou montaison) ***
6 Epiaison/floraison ***
Phase maturation
7 Grain laiteux
8 Grain pâteux
9 Grain mûr ***
77
et al., 2013). Une estimation précise de la date optimale de semis a donc une très grande
importance. Les deux variétés retenues sont le NERICA1 et l’IDSA10. Le premier a été
développé par l’ADRAO suite à des croisements interspécifiques entre le riz asiatique Oryza
sativa et le riz africain Oryza glaberrima (Diomandé, 2013). Le tableau VIII présente les
phases phénologiques de ces deux cultivars.
Tableau VIII: Phases phénologiques des variétés de riz pluvial de 90 et 105 jours
Source : Amani, 2010.
Alors que la phase végétative du NERICA1 dure environ 30 à 35 jours, celle de l’IDSA10
débute entre 40 et 45 jours après le semi. Le cycle du NERICA1 est de 90 à 100 jours.
L’IDSA10 est un cultivar de cycle végétatif compris entre 105 et 115 jours. Les besoins en
eau des cultures considérées sont estimés en prenant en compte leur durée de cycle. Pour
chacune de ces différentes phases phénologiques, il a été déterminé un coefficient cultural
(Kc) qui est le rapport entre les besoins maximum en eau de la culture (ETM) et
l’évapotranspiration potentielle (ETP) de référence du site et de la période considérée
(Lardilleux, 2000 ; Amri, 2013). Les Kc varient selon l’état de la végétation (Tableau IX) et
des conditions moyennes de vent et d’humidité de l’air (Allen et al., 1998 ; Lardilleux, 2000).
Tableau IX : Evolution des coefficients culturaux des cycles de riz de 90 et 105 jours.
Source : Forest et Reyniers, 1985.
b) Données de superficies et productions du riz pluvial
Les données de productions et de superficies du riz pluvial qui ont servies à la présente
étude proviennent, en partie, de la Division des Statistiques Agricoles (DSA) du Ministère de
Décades 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Kc Riz de 90 jours 0,4 0,78 1 1,2 1,25 1,3 1,35 1,2 0,9 0,9 ---
Riz de 105 jours 0,4 0,78 1 1,2 1,25 1,3 1,35 1,35 1,2 0,9 0,8
78
l’Agriculture de la Côte d’Ivoire. Elles couvrent la période de 1966 à 1984. Au-delà de cette
période, il est difficile d’avoir les données du riz pluvial (Dibi Kangah, 2010 ; Noufé, 2011).
Noufé (2011) explique le manque des récentes données agricoles par les difficultés
économiques dues à l’effondrement des cours mondiaux des matières premières agricoles au
cours des années 1980 et par les crises sociopolitiques de la décennie 2000. Ces données,
quand elles existent, elles sont estimées par région administrative. Or le découpage
administratif du territoire ivoirien est constamment modifié (Noufé, 2011). Néanmoins, le
couplage des données émanant du Centre National de Recherche Agronomique (CNRA), du
Projet National Riz et de l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER)
ont permis de compléter les statistiques ressues de la DSA à 2009. Le tableau XLIV en
annexe 4 présente les données de superficies, rendements et productions du riz des localités de
Dimbokro, Bouaké et Korhogo choisies pour cette étude. Le rendement est le rapport de la
production sur la superficie. Il permet de voir la rentabilité d’un espace bien déterminé. La
base de données agricole est maintenant suffisante pour la recherche d’une éventuelle
corrélation entre les tendances des systèmes culturaux et la variabilité hydroclimatique.
3.2.3. Données d’enquêtes : sites, populations et techniques de collecte
a) Justification du choix des sites d’enquête
Les enquêtes se sont déroulées autour des stations synoptiques de Dimbokro, Bouaké
et Korhogo au sein desquelles de longues séries d’informations agro-météorologiques
(pluviométries, températures, ETP, humidités relatives, insolations) sont disponibles. En fait,
ces variables servent à évaluer les risques agroclimatiques facilement ressentis par les
paysans. Il s’agit de la forte variabilité des saisons, le décalage et le raccourcissement des
durées de saisons, la diminution des jours de pluie dont les quantités sont utiles en agriculture,
le bilan hydrique de la riziculture pluviale. De même, les zones d’enquête ont concerné deux
sous-ensembles socioculturels productifs. Au nord se trouve le peuple Sénoufo, et au sud, le
peuple Baoulé. Ces peuples habitent des domaines agro-écologiques et écoclimatiques
différents : les Baoulé vivent sous un climat tropical humide à deux saisons pluvieuses, tandis
que les Sénoufo connaissent un climat tropical sec à une saison humide.
La démarche adoptée consiste à choisir un échantillon de 06 localités ou « villages tests»
(Brou, 2005, p.26). Ces villages-test sont également représentatifs de conditions agro-
écologiques (forêt, savane arborée, savane herbeuse), écoclimatiques (tropical humide et
79
tropical sec) et socio-ethnoculturelles (Baoulé et Sénoufo) diverses. Ainsi, deux villages de
Korhogo (Waraniéné et Torgokaha) ont été choisis à l’intérieur du domaine des savanes
soudaniennes du Nord. En effet, Torgokaha est habité par les Sénoufo-Tiébara alors que les
Sénoufo-Fodonon sont à Waraniéné. Ces peuples pratiquent l’agriculture vivrière, maraichère
et marchande. Les deux villages tests de Bouaké (Kongodékro et Séssénouan) sont dans la
savane arborée ou guinéenne et sous un climat tropical humide. Les Baoulé-Fafouè
(Kongodékro) et les Baoulé-Dôhou (Séssénouan) sont dévoués à l’agriculture pérenne
(anacardiers) et leur alimentation de base est l’igname et le riz. Dimbokro abrite les villages
tests d’Ahua (limite forêt-savane habité par les Agba Landjra) et Krokokro (partie savanicole
où vivent les "Agba N’djé Landjra"). Le choix de Dimbokro est lié à son rôle prépondérant
dans l’essor de l’économie cacaoyère ivoirienne et offre l’opportunité d’étudier une zone de
transition forêt-savane. En effet, l’environnement de Dimbokro a connu des transformations et
est maintenant couvert de forêt semi-décidue au Sud et de savane guinéenne au Nord.
b) Populations, techniques de collecte et analyse des données
d’enquêtes
Les données de population du bassin versant du Bandama sont issues du Recensement
Général de la Population et de l’Habitation (RGPH, 2014). La taille de l’échantillon de la
population enquêtée a été obtenue en utilisant la formule non probabiliste suivante (Diomandé
et al., 2013 ; Coulibaly et al., 2016) :
(2) 𝑛 = 𝑡2 ∗ 𝑝 (1 − 𝑝)
𝑚2
Où n = taille d’échantillon requise ; t = niveau de confiance à 95% (valeur type de 1.96) ; p =
prévalence estimative de la population agricole (60%) ; m = marge d’erreur à 5% (valeur type de
0,05).
Ainsi, 390 personnes ont été finalement interrogées, soit 65 adultes (âgés de 20 ans et plus)
par village (Tableau X). La prépondérance de personnes âgées de plus de 50 ans (75%)
permet d’avoir suffisamment de recul par rapport à la perception des changements
pluviométriques intervenus depuis 1950. Les enquêtés ont été choisis de façon aléatoire selon
leur disponibilité et de façon à couvrir toute la diversité socio-économique des exploitations
agricoles des villages.
80
Tableau X : Répartition des enquêtés par village tests et par tranches d'âge.
Tranche d'âge des personnes enquêtées
20-29 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-60 ans plus de 60
ans
DIMBOKRO Ahua 1% 1% 3% 5% 6%
Krokokro 0% 2% 1% 4% 9%
BOUAKE Séssénouan 0% 1% 2% 5% 9%
Kongodékro 0% 2% 1% 4% 9%
KORHOGO Waraniéné 0% 4% 3% 7% 4%
Torgokaha 1% 1% 2% 3% 11%
Total 2% 11% 12% 27% 48%
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015.
La population enquêtée est principalement consacrée aux activités agricoles (95%). 47% des
paysans associe l’agriculture au commerce (24%), a l’élevage (12%) ou a l’artisanat. Le reste
des agriculteurs (48%) n’exercent aucune autre activité en dehors de la principale (Tableau
XI). Des enquêtés travaillant dans la fonction publique ou privé (2%) en font une activité
secondaire. 2% des interlocuteurs du bassin versant du Bandama ont pour activité principale
l’élevage.
Tableau XI : Répartition des enquêtés par activités
Activités principales
Agriculteur Eleveur
travailleur
public ou privé
Activités
secondaires
Agriculture
0% 2%
Elevage 12%
0%
Pêche 2% 0% 0%
Artisanat 8% 0% 0%
Commerce 24% 1% 1%
Guérisseur 1% 0% 0%
Néant 48% 1% 1%
Total 95% 2% 4%
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015.
Le travail de terrain a été à la fois du type quantitatif et qualitatif. À cet effet, les données ont
été collectées sur la base d’un questionnaire rempli à travers des enquêtes individuelles et des
"focus groupes" (enquêtes par groupe). Des entretiens ont été entrepris avec les responsables
81
administratifs (ANADER, SODEFOR, CNRA, ONG) et communautaires. Le questionnaire de
collecte des données structuré semi-ouvert (Annexe 6) a porté sur les points suivants :
- les caractéristiques sociodémographiques de l’enquêté,
- les types de cultures et les pratiques culturales,
- la connaissance des populations sur le nombre de saison de pluie dans leur localité,
- les signes annonciateurs des saisons,
- les changements au niveau du climat.
Si le paysan perçoit les changements du climat, les questions sont alors orientées de sorte à
savoir :
- les causes des changements,
- la date de ce changement,
- les conséquences socioéconomiques de la variabilité climatiques,
- les rapports entre l’état du milieu et les changements climatiques,
- les politiques d’interventions.
- les stratégies d’adaptation et d’atténuation des acteurs locaux (migrations, gestion de
l’espace, nouvelles variétés, nouvelles cultures).
Tous les documents de collectes ont été dépouillés sur le logiciel IBM SPSS Statistic 20.0 afin
de constituer des tableaux Excel. Ces réponses numérisées ont été utilisés pour les analyses
statistiques (corrélations, analyse de variance ou test de significativité par ANOVA et
séparation de moyennes). Tout comme Gnanglè et al. (2012), « l’analyse des discours a
permis de retranscrire les réponses des producteurs et ressortir les verbatim utilisés pour
appréhender les perceptions et les stratégies d’adaptation au changement climatique ».
3.3. Méthodes et techniques d’analyse
3.3.1. Caractérisation des tendances et variabilité de la pluviométrie,
température et ETP
Pour atteindre le premier objectif de ce travail qui est de « caractériser la variabilité
climatique et les conditions hydriques de production au niveau de l’hydrosystème du
Bandama », il est question d’exposer les tendances et la variabilité interannuelles des
paramètres climatiques liées à la culture du riz (pluie et ETP). L’évolution de la température
est également présentée. Partant, l’impact de ces variables sur les potentialités hydriques
(saisons culturales) de production seront déterminés. Cinq techniques ont été exploitées. La
première est le suivi décennal des isohyètes. La seconde technique est la détection des
82
changements brusques dans la répartition interannuelle des moyennes pluviométriques
appelée aussi « rupture ». La troisième est le calcul de la variation relative et des coefficients
de variation. La quatrième est la détermination des indices pluviométriques. La dernière
méthode est composée de la statistique descriptive (valeurs moyennes, écart type, etc.) et des
représentations graphiques (courbes d’évolution).
a) Méthodes utilisées pour mettre en évidence les tendances
interannuelles de la pluviométrie
Pour révéler la tendance pluviométrique en Côte d’Ivoire, le suivi de la variation des
courbes d’isohyète est un moyen suffisamment exploité (Bigot, 2004 ; Brou, 1997 ; 2005 ;
Noufé, 2011). L’isohyète est une courbe reliant sur une carte les points de la Terre où la
hauteur des précipitations est la même pour une période donnée (L’Hôte, 1993 ; Dictionnaire
de Français Larousse). Ainsi, elles permettent de suivre les variations spatio-temporelles des
pluies. Dans ce travail, les valeurs moyennes annuelles, saisonnières et mensuelles sont
présentées par décennie (1950-1959, 1960-1969, 1970-1979, 1980-1989, 1990-1999, 2000-
2009), par normales glissantes de 10 ans d’intervalle (1951-1980, 1961-1990, 1971-2000,
2001-2010) et par séquence (la période avant 1970, de 1971 à 1998 et après 1998). Il faut
noter que la technique d’analyse par la spatialisation des isohyètes n’est fiable qu’avec
plusieurs postes d’observations. Certaines stations comme Tengréla, Kouto, Dembasso,
Boundiali et Vavoua sont pris en compte dans la conception des cartes à cause de leur
proximité à la région nord de la zone d’étude. Il est en fait question de combler l’anisotropie
de stations au nord du bassin versant du Bandama. L’analyse se focalise sur l’isohyète 1200
mm qui est une valeur moyenne annuelle. L’intérêt porte sur cette isohyète 1200 mm car elle
est importante pour le développement végétatif de la plupart des plantes de la zone étudiée
(Dibi Kangah, 2010). Elle est aussi la moyenne pluviométrique générale de la zone d’étude.
Les totaux annuels sont obtenus en additionnant les valeurs journalières.
Les méthodes statistiques de détection des ruptures dans les séries pluviométriques
interannuelles sont des tests et procédures (test de Pettitt, test de Buishand, méthode
bayésienne de Lee et Heghinian (1977), segmentation de Hubert) plus ou moins classiques et
élaborés. Ceux retenus pour cette étude sont le test de Pettitt (1979) et la procédure de
segmentation (Hubert et al. 1998). Le test de Pettitt (1979) a l’avantage d’être moins sensible
aux valeurs singulières. Il permet de détecter un changement dans la moyenne de la variable
traitée dans la série. Mais la procédure de Hubert et al. (1998) permet d’en déceler plus d’une
83
« rupture ». Selon Lubes et al. (1998), Brou (2005) et Noufé (2011), une « rupture », peut se
définir par un changement brusque dans la loi de probabilité des variables aléatoires dont les
réalisations successives définissent les séries chronologiques étudiées. Ces test sont réalisés
grâce à des techniques d’analyse statistique de séries chronologiques mises au point par
l’équipe Hydrologie UMR GBE de l’Université Montpellier II et de l’Ecole des Mines de
Paris (Lubès et al., 1994 ; Boyer, 1998 ; Brou, 2005 ; Noufé, 2011).
La formulation du test de Mann–Whitney modifiée par Pettitt (1979) est la suivante :
l’absence de rupture dans la série Xi de taille N constitue l’hypothèse nulle. La mise en œuvre
du test suppose que pour tout instant t compris entre 1 et N, la série chronologique (Xi) i = 1 à
t et t+1 à N appartient à la même population. Ce test repose sur le calcul de la variable Ut,N
définie par :
(3) Ut,N = ∑
𝑡
𝑖=1
∑ Dij
N
j =𝑡+1
Où 𝐷𝑖𝑗 = 𝑠𝑔𝑛(𝑋𝑖 − 𝑋𝑗), avec 𝑠𝑔𝑛(𝑋) = 1 si 𝑋 > 0, 0 si 𝑋 = 0 et −1 si 𝑋 < 0
Soit KN la variable définie par le maximum en valeur absolue de Ut, N pour t variant de 1 à N -
1. Si K désigne la valeur de KN prise sur la série étudiée, sous l’hypothèse nulle, la probabilité
de dépassement de la valeur K est donnée par : 𝑃𝑟𝑜𝑏(𝐾𝑁 > 𝑘) ≈ 2𝑒𝑥𝑝[− 6𝑘2 / (𝑁3 + 𝑁2)].
Si 𝑃𝑟𝑜𝑏(𝐾𝑁 > 𝑘) est inférieur à α, l’hypothèse nulle est rejetée. En conséquence, le test de
Pettitt ne détecte qu’une seule rupture dans la série donnée au moment x où est observée KN.
La procédure de segmentation de Hubert , quant à elle, fournit une partition optimale (au sens
des moindres carrés) de la série originelle en autant de sous-séries qu’il est possible. Les
différences entre les moyennes de deux sous-séries contiguës demeurent significativement
différentes au regard du test de Scheffé (Dagnélie, 1975 ; Hubert et al., 1989 ; Hubert et al.,
1998 ; Servat et al., 1999). Cette procédure dont l’efficacité est attestée par Lubes et al.
(1998), s’est révélée particulièrement importante en confirmant les discontinuités détectées
initialement en Afrique de l’Ouest par Hubert et al. (1998).
La segmentation est effectuée de manière suivante : toute série x1, où i = i1, i2 avec 1 ≤ i1& i2
≤ N, constitue un segment de la série des (x1) ; avec i = 1, 2, ...N. Toute partition de la série
initiale étudiée en m segments constitue une segmentation de rang m définie par :
- ik, k = 1, 2, ...m le rang dans la série initiale de l’extrémité terminale du kième segment ;
- nk = ik - ik-1 la longueur du kième segment ;
84
(4) 𝑋𝑘 = ∑ (𝑛
𝑘) 𝑥𝑘𝑎𝑛−𝑘
𝑖=1
𝑘=0
du kiième segment.
La quantité Dm est l’écart quadratique entre la série et la segmentation considérée.
(5) Dm = ∑ 𝑫𝒌
𝑘=𝑚
𝑘=1
= ∑
𝑘=𝑚
𝑘=1
∑ 𝑥i
i=jk
i =jk − 1+1
− 𝑥
Si les séries chronologiques présentent des ruptures, les moyennes avant et après les dates de
ruptures seront comparées au moyen de la variation relative, en appliquant la formule :
(6) 𝑉 = 𝑥𝑗
𝑥𝑖− 1
où : xj : la moyenne sur la période après la rupture ; xi : la moyenne sur la période avant la rupture.
La méthode de calcul des indices pluviométriques normalisés (variable centrée réduite ou
anomalies) consiste à définir les années sèches et humides d’une série pluviométrique d’une
station donnée. « La construction de cet indice implique la standardisation des précipitations
annuelles... totales pour une station donnée en soustrayant sa moyenne à long terme et en
divisant par son écart-type ; la moyenne et l'écart-type ayant été déjà calculés à partir du
record historique de la station » (Katz and Glantz, 1986, p. 114 ; Dibi Kangah, 2010).
L’indice annuel est calculé suivant la formule proposée par Lamb, (1982) :
(7) 𝐼𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒 =𝑃𝑖 − 𝛷
𝜎
Ou :
Pi : cumul à la station de l’année i étudiée ;
Φ : moyenne pluviométrique annuelle à la station sur la période de référence ;
σ : valeur de l’écart type de la variable sur la même période de référence.
Les indices normalisés (variable centrée réduite) ont été largement utilisés (Lamb, 1978 ;
1982 ; Katz et Glantz, 1986 ; Nicholson et al., 1988 ; Servat et al., 1997 ; N’da, 2009 ; Dibi
Kangah, 2010 ; Noufé, 2011 ; Diomandé, 2013) pour caractériser les tendances de la
pluviométrie. Une meilleure observation des fluctuations interannuelles s’obtient en éliminant
les variations saisonnières au moyen du filtre non récursif passe-bas de Hanning d’ordre 2
(moyennes mobiles pondérées centrées réduites) recommandé par (Tyson et al., 1975). Avec
le filtre, les cumuls annuels de la série filtrée de taille n sont calculés ainsi :
2
85
(8) 𝑃’(𝑡) = 0,06𝑃(𝑡 − 2) + 0,25𝑃(𝑡 − 1) + 0,38𝑃(𝑡) + 0,25𝑃(𝑡 + 1) + 0,06𝑃(𝑡 + 2)
Pour 3 = 𝑡 = (𝑛 − 2)
Où 𝑃′(𝑡) est le cumul de pluie annuelle et t représente l’année courante. Les premiers et
derniers termes de la série sont calculés au moyen des équations suivantes :
(8𝑎) 𝑃(1) = 0,54𝑃(1) + 0,46𝑃(2)
(8𝑏) 𝑃(2) = 0,25𝑃(1) + 0,50𝑃(2) + 0,25𝑃(3)
(8𝑐) 𝑃(𝑛 − 1) = 0,25𝑃(𝑛 − 2) + 0,50𝑃(𝑛 − 1) + 0,25𝑃(𝑛)
(8𝑑) 𝑃(𝑛) = 0,54𝑃(𝑛) + 0,46𝑃(𝑛 − 1)
Les chiffres obtenus représentent les coefficients de lissage affectés aux données de pluies.
La température et l’ETP du bassin versant du Bandama ont été analysées à partir de statistique
descriptive (moyenne annuelle et mensuelle, Maximum, minimum, écart types, coefficient de
variation interannuelles) et de représentations graphiques (courbes d’évolution). La différence
entre les températures de la décennie 2000 et celles de la normale de référence 1961-1990 a
été calculée. Ces analyses ont été effectuées avec les stations synoptiques de Korhogo (partie
nord du bassin versant), Bouaké (partie centre du bassin versant) et Dimbokro (partie sud du
bassin versant) afin de comprendre la variation interannuelle de ces paramètres climatiques
dans le bassin versant du Bandama.
Le coefficient de variation (CV) annuelle permet de comparer la dispersion des séries
temporelles relevées et d’en apprécier la régularité sur une période donnée. C’est le rapport
entre l’écart type de la série donnée sur la moyenne de cette série (Noufé, 2011). Un
coefficient élevé traduit une disparité et une forte variabilité des évènements alors qu’un
coefficient faible indique une uniformité. Le CV annuelle de la pluviométrie de chaque station
a été calculé par la relation :
(9) 𝐶𝑉𝑖 = 100σi
𝑥𝑖
avec :
CVi : le coefficient de variation en pourcentage pour un mois i donne ;
σi l’écart type du mois i ;xi la moyenne du mois i sur toutes les années de mesures.
b) Caractérisation de la variabilité climatique saisonnière et mensuelle
Des études précédentes (Kouassi et al., 2010 ; Dibi Kangah, 2010 ; Goula et al.,
2010a) ont montré que le bassin versant du Bandama est gouverné par quatre types de climat.
86
Ce sont : un régime subéquatorial sur le littoral, un régime équatorial de transition au sud, un
régime équatorial de transition atténué au centre, un régime tropical de transition ou soudanais
au nord. Les régimes équatoriaux de transition ou régimes bimodaux comprennent quatre
saisons dont deux sèches et deux humides. Les régimes tropicaux sont des régimes
unimodaux avec une saison humide et une saison sèche. Au regard de l’importance qu’elles
ont dans l’agriculture ivoirienne (Dibi Kangah, 2010 ; Goula et al., 2010 ; Noufé et al., 2011),
Les saisons pluvieuses intéressent l’étude. La première saison humide en régime bimodal est
composée des mois d’avril, mai, juin et mi-juillet. La seconde est quant à elle constituée par
les mois d’août, septembre et octobre. Le régime unimodal prend en compte les mois à partir
de mai jusqu’à octobre. Les totaux moyens saisonnier avant et après 1998 sont calculés et
cartographiés à partir des données pluviométriques journalières. Des analyses avaient déjà
détecté 1998 comme le point de départ d’une nouvelle période homogène plus humide.
L’analyse du régime bioclimatique est faite selon la longueur de la période de croissance des
plante (Avenard, 1971 ; N’Da et al., 2016). Les régimes sont donc réalisée à partir du bilan
hydrique climatique (Franquin, 1973 ; Diomandé, 2013). Pour présenter l’occurrence des
profils bioclimatiques unimodaux et bimodaux sur la période 1970-2013, des graphes
établissant dans un même référentiel les courbes de pluviométrie et de l’ETP décadaire pour
chaque année ont été élaborés (Figure 18).
Figure 18 : Schématisation du découpage de l’année en saison humide
Les allures des deux courbes ont permis de définir la variabilité du début et de la fin des
différentes saisons pluvieuses ou sèches. La période au cours de laquelle la pluviométrie est
supérieure à l’ETP est dite humide. Le contraire est dit sec. Le nombre de périodes de pluies
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
60,0
70,0
jan
v-0
1
jan
v-0
3
fev-
02
mar
s-0
1
mar
s-0
3
avr0
-2
mai
-01
mai
-03
juin
_02
juill
_0
1
juill
_0
3
Ao
ut_
2
sep
t-0
1
Sep
t_0
3
oct
_0
2
no
v_0
1
no
v_0
3
dec
_02
Val
eu
rs e
n m
m
Décades
Pluie
ETP
Maimum principal
Maimum secondaire
Minimum principal Minimum secondaire
87
au cours de l’année a été utilisé pour distinguer le régime pluviométrique. Les profils
pluviométriques affichant une seule période de croissance ont été considérés comme des
régimes monomodaux. Ceux qui présentent deux périodes humides dans l’année sont des
régimes bimodaux (Diomandé, 2013). L’analyse de la succession de ces périodes, d’une
année à l’autre, a permis d’établir non seulement la fréquence des profils bioclimatiques, mais
aussi l’occurrence des mois les plus humides et les plus secs. Par ailleurs, le mois le plus
arrosé constitue le maximum principal, l’autre pic du graphique (qui n’est pas nécessairement
le deuxième mois de l’année par ordre de pluviosité décroissante) constitue le maximum
secondaire. Inversement, le mois le plus sec de l’année détermine un minimum principal,
tandis que l’autre creux se trouvant encadré par deux périodes humides constitue le minimum
secondaire. Les totaux moyens des maximums et minimums avant et après 1998 ont
également été calculés, cartographiés et comparés à la normale de référence 1961-1990 de
l’Organisation Mondiale de la Météorologie et du Groupe d’experts Intergouvernemental sur
l’Evolution du Climat (GIEC, 2014). L’analyse des mois humides et secs permet de vérifier
leurs variations et leurs contributions à la nouvelle donne pluviométrique.
c) Analyse fréquentielle de la pluviométrie journalière
L’étude de la variabilité du nombre annuel de jours de pluie a été abordée par les
travaux antérieurs Servat et al. (1998), Dibi Kangah (2010), Kouakou et al. (2013). L’étude
des jours pluvieux peut contribuer à comprendre les déficits pluviométriques saisonniers et
annuels ainsi que les changements susceptibles d’affecter l’évolution des précipitations
(Amani et al., 2013). Selon ces auteurs, les déficits peuvent résulter de la diminution de la
fréquence des fortes précipitations ayant atteint ou dépassé un certain seuil. Des points de vue
agronomique et hydrologique, la diminution de la fréquence de pluies et la répartition de la
pluviométrie au sein des saisons sont des données importantes car on peut ainsi déterminer la
capacité des plantes à endurer des jours sans pluies (Dibi Kangah, 2010).
Ainsi, le nombre de jours de pluie est d’abord classifié aux niveaux annuel et saisonnière. Les
différentes classes des nombres de jours de pluie sont définies en fonction des hauteurs
comprises entre 1 et 10 mm (P1), 10 et 30 mm (P2), 30 et 50 mm (P3), 50 mm (P4). La
typologie des précipitations journalières proposée dans ce travail correspond aux normes
internationales de seuil définies par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM, 1990 ;
Kouassi et al., 2010). Une analyse interannuelle de ces différentes classes de jours de pluies
est ensuite effectuée sur un même graphe afin de voir laquelle de ces tranches de pluie
88
journalière justifierais la tendance actuelle des précipitations. La détermination des jours
pluvieux a été faite en considérant le seuil pluviométrique journalier de 0,1 mm. Cette analyse
est aussi utile pour décrire les changements dans les saisons de pluies.
3.3.2. Méthode d’analyse de l’impact des conditions climatiques sur les
systèmes agricoles
Les systèmes agricoles dont il est question dans ce travail sont les potentialités
hydriques des cultures (régime pluviométrique, début, fin et durée des saisons culturales).
L’analyse de l’impact des conditions hydroclimatiques sur les systèmes de cultures commence
par la subdivision du bassin versant du Bandama en zones pluviométriques homogènes
(zonage). Par ailleurs, ces caractéristiques hydriques ont servi au zonage de la zone d’étude.
a) Méthode de zonage
Une zone homogène est définie par la plus grande ressemblance entre les unités qui la
composent qu’avec les unités appartenant à d’autres zones (Goula et al. 2010). Le but de cet
exercice est de vérifier la représentativité des stations choisies pour l’étude d’impact. Les
critères utilisés pour repérer les zones homogènes sont l’Analyse en Composante Principale
(ACP) avec rotation varimax (Dibi Kangah, 2010) et l’analyse du coefficient pluviométrique
mensuel développée par Péguy (1970). De tels travaux ont déjà été réalisés à l’échelle de la de
la Côte d’Ivoire (Eldin, 1971 ; ASECNA, 1979 ; Halle et Bruzon, 2006 ; Goula et al., 2010).
Pour appliquer la technique ACP, les variables d’entrée spatiale étaient de 30 postes
pluviométriques et celles de l’entrée temporelle comprenaient les pluviométries moyennes
mensuelles. La détermination du nombre de composantes à retenir est effectuée avec des
« Eigenvalues » (ou valeurs propres) > 1. Cela signifie que les facteurs retenus expliquent
plus de variance qu’une seule variable : critère de Kaiser). Le choix définitif du nombre de
composantes a été effectué à l’aide du « scree test » (test d’accumulation de variance) de
Cattell (Cattell, 1966 ; Goula et al., 2010).
En outre, les coefficients pluviométriques moyens mensuels (Péguy, 1970) ont été calculés
pour déterminer le caractère sec ou pluvieux des mois de l’année. Ce coefficient est un indice
qui exprime les pluviométries moyennes réelles de chaque mois par rapport à ce que ce mois
recevrait en fonction de sa longueur, si le total des pluies annuelles était régulièrement réparti.
Le calcul de cet indice se fait de la façon suivante :
89
(10a) Mois de 31 jours le coefficient : 𝐶𝑖 = (365
31) ∗
𝑃𝑖
𝑃𝑎
(10b) Mois de 30 jours le coefficient :𝐶𝑖 = (365
30) ∗
𝑃𝑖
𝑃𝑎
(10c) Mois de 28 jours le coefficient : 𝐶𝑖 = (365
28) ∗
𝑃𝑖
𝑃𝑎
Avec 𝑃𝑎 la hauteur annuelle, 𝑃𝑖 la hauteur mensuelle et 𝐶𝑖 le coefficient pluviométrique du
mois de rang 𝑖.
L’emploi du coefficient pluviométrique mensuel permet de déceler ou de comprendre
certaines variances de l’ACP. Par ailleurs, pour un zonage à long terme de l’hydrosystème du
Bandama, la variabilité des régimes pluviométriques est évaluée en référence d’une période
mobile de 30 ans. Ceci permet de mettre en évidence les variations éventuelles (Goula et al.,
2010). Partant, par la méthode des moyennes mobile au pas de temps d’une année, les
moyennes de 30 ans sont composées comme suit : 1960-1989, …1971-2000, …1981-2010,
…1984-2013. Les coefficients pluviométriques de toutes ces normales sont superposés sur un
seul graphique. Pour admettre que deux ou plusieurs stations appartiennent à une même zone,
elles doivent avoir le même régime pluviométrique. Ont été considérées comme ayant le
même régime pluviométrique lorsque les deux conditions suivantes sont remplies :
- les maxima principaux et secondaires sont observés dans le même mois et ont des
valeurs sensiblement égales ;
- les courbes des coefficients pluviométriques moyens mensuels présentent la même
allure pour tous les mois.
Il est important de noter que dans une analyse en composante principale (ACP), il peut avoir
l'existence et la localisation d'observations "exceptionnelles", ou "aberrantes", c'est-à-dire très
éloignées de l'ensemble des autres observations. Dans cette étude, lorsqu’un tel cas se
présente, l’appartenance du ou des poste(s) pluviométrique(s) à une zone est définitivement
décidée à partir de l’analyse du coefficient pluviométrique mensuel moyen. À l’intérieur
d’une zone définie à partir du coefficient pluviométrique mensuel, si une variance
(amplification régionale due par exemple au relief) est masquée, la décision est prise en
s’appuyant sur les résultats de la méthode ACP. Le résultat définitif est donc la combinaison
des résultats issus des deux méthodes d’analyse.
b) Techniques de caractérisation des saisons culturales probables
Cette méthode consiste à faire une analyse fréquentielle de la durée des saisons des
pluies potentiellement utiles (SPPU) ou saison culturale probable. Les critères utilisés pour la
90
détermination de la date de démarrage des SPPU sont basés sur ceux mis au point par Stern et
al. (1982) qui se présentent comme suit : la date de début de la saison culturale se situe à
partir de la date (Y) quand les précipitations recueillies en n1 jours consécutifs constituent au
moins p mm de pluie et quand aucune période sèche de plus de n2 jours consécutifs
n’intervient au cours des n3 jours suivants. En ce qui concerne la fin de ladite saison, c’est le
critère du modèle CLIMAT (Morel, 1994) qui est utilisé en définissant une date Z par localité.
Ainsi donc, les critères utilisés dans cette thèse se présentent comme suit :
- La date de début de la saison culturale se situe à partir de la date (Y) quand les
précipitations recueillies en un ou deux jours consécutifs constituent au moins 20
mm et quand aucune période sèche de plus de sept jours consécutifs n’intervient au
cours des 30 jours suivants ;
- La fin de saison intervient après une date (Z) lorsque le stock en eau du sol est
inférieur ou égale à 0.5 mm.
Les dates (Y) et (Z) sont déterminées à partir des probabilités d’obtention d’une pluviométrie
décadaire supérieure ou égale à 20 mm. En effet, pour définir la date Y, il faut assumer que
celle de la première saison (Y1) est la première décade ayant une probabilité supérieure ou
égale à 60% pour un cumul décadaire de pluie supérieure ou égale à 20 mm à partir du mois
de janvier. La date Y de la deuxième saison (Y2) est la décade ayant la plus faible probabilité
d’obtention de 20 mm de pluviométrie décadaire après la date Y1 (Figure 19).
Figure 19 : Méthode de détermination des dates Y1, Y2, Z1 et Z2
Source : Goula et. al., 2010.
La date Z de la première saison (Z1) est la première décade ayant une probabilité inférieure à
60% pour un cumul décadaire de pluie supérieure ou égale à 20 mm après la date Y1. La date
91
Z de la deuxième saison (Z2) est la première décade ayant une probabilité inférieure à 60%
pour un cumul décadaire de pluie supérieure ou égale à 20 mm après la date Y2 (Figure 18).
Lorsque la fin de la saison se situe après le 31 décembre de l’année en cours ou en d’autres
termes en début de la suivante, la fin de la saison est fixée au 31 décembre de l’année en
cours.
Le critère définitif utilisé en régime bimodal se présente comme suit : la première saison
culturale débute après le 11 mars quand les précipitations recueillies en deux jours consécutifs
constituent au moins 20 mm et quand aucune période sèche de plus de sept jours consécutifs
n’intervient au cours des 30 jours suivants. Quant à la deuxième saison culturale, elle débute
après le 1er août quand les précipitations recueillies en deux jours consécutifs constituent au
moins 20 mm et quand aucune période sèche de plus de sept jours consécutifs n’intervient au
cours des 30 jours suivants. En régime monomodal, les critères arrêtés sont : l’unique saison
culturale débute après le 11 mars quand les précipitations recueillies en deux jours consécutifs
constituent au moins 20 mm et quand aucune période sèche de plus de sept jours consécutifs
n’intervient au cours des 30 jours suivants.
Dans le but de cerner les variations des SPPU, une étude fréquentielle, comparant les
normales 1951-1980 et 1971-2000, est déjà effectuée sur les dates de début et fin par Goula et
al. (2010). Ils ont justifié le choix de ces normales par le faite que la période 1951-1980 et la
période 1971-2000 sont respectivement la normale la plus humide et la normale la plus sèche
sur la période 1940 à 2000. Ils ont conclu qu’a l’échelle de la Côte d’Ivoire, le début de la
SPPU à connu un retard et des fins précoces au cours de la période 1971-2000
comparativement à la période 1951-1980. Ce qui a pour conséquence la réduction de la
longueur de la saison culturale de 10 à 20 jours et d’autre part le décalage des saisons
culturales. Des dates de début, de fin ainsi la durée probable des saisons culturales, à partir de
l’analyse des données de la période 1971 à 2000 ont donc été estimées (Goula et al., 2010, p.
6002).
Il paraît nécessaire d’actualiser les calendriers culturaux en supposant qu’en 15 ans, plusieurs
changements peuvent s’opérer. Ce travail s’est donc fixé pour objectif de déterminer les
SPPU en considérant la décennie 2000 et le début de la décennie 2010 dans ses analyses. Une
analyse fréquentielle des dates de début et fin des saisons culturales a été effectuée à la chance
de réalisation de deux années sur quatre. Les dates des fréquences cumulées de 25 % et 75 %
constituent respectivement les bornes inférieures et supérieures de chaque période. Les
valeurs médianes ont servis à la comparaison des saisons culturales de 1970-1998 (la période
la plus sèche) et de 1999-2013 (la période de plus en plus humide).
92
3.3.3. Analyse de l’impact des conditions hydriques sur la culture du riz
pluvial
En Côte d’Ivoire, le paramètre climatique le plus déterminant pour la riziculture est
l’eau pluviale (Morel et Raoul, 1979 ; Dibi Kangah, 2010 ; Diomandé, 2013). Les cultures
vont réagir plus ou moins bien et donner des productions variables dans l’espace et dans le
temps suivant sa disponibilité et sa distribution spatio-temporelle. Il est donc nécessaire
d’actualiser les conditions hydriques réelles de production aux échelles régionales et/ou
locales, dans le but de rassurer les paysans. Car, selon Brou (2005) et Sultan (2011), ceux-ci
continuent de pratiquer une agriculture pluviale conventionnelle. L’objectif est de mettre en
évidence l’impact des conditions hydriques actuelles sur la riziculture pluviale au niveau de
l’hydrosystème du Bandama. Cet objectif permet de tester le concept d’« utilité productive de
l’eau » qui, mieux que la simple notion de pluie brute, permet d’évaluer de manière plus fine,
l’eau réellement mise à la disposition des plantes (Noufé, 2011).
a) Analyse des conséquences du contexte hydroclimatique sur les
phases de croissance du riz pluvial
La méthode de bilan hydrique climatique a servi à comprendre la sécheresse agricole
et les risques d’ordre météorologique sur certaines spéculations annuelles de la zone d’étude.
Les évapotranspirations potentielles décadaires (ETP) et les précipitations décadaires (P) sont
les principaux paramètres ayant servi à estimer le bilan hydrique. Les calculs ont été faits à
l’aide de la théorie de Franquin (1969 ; 1973). Les besoins en eau de la plante ont été évalués
sous la triple hypothèse de maintien d’une végétation parfaitement couvrante, d’égalité entre
l’évapotranspiration réelle (ETR) et l’ETP et d’une pluviométrie (P) quantitativement
supérieure à l’ETP. Le découpage saisonnier de Franquin (1969 ; 1973), consistant à
représenter sur un même graphique les courbes de pluviométrie (P), d’évapotranspiration
potentielle (ETP), mais aussi la moitié de l’évapotranspiration potentielle (ETP/2) en fonction
du temps (Figure 20) est encore exploité. Les intersections de la courbe de pluviométrie avec
les courbes ETP et ETP/2 ont été projetées sur l’axe des abscisses (dont l’unité de temps est la
décade). Les points de projection (A2, B1 ; B2 ; B3), ont été matérialisées sur l’axe des
abscisses pour délimiter les périodes suivantes :
- la période A2-B1 dite « préhumide » durant laquelle la précipitation (P) est
globalement supérieure à ETP/2 et inférieure à ETP ;
- la période « humide » B1-B2, durant laquelle la pluviosité P est supérieure à ETP ;
93
- la période « posthumide » B2-B3, durant laquelle la pluviométrie P redevient
inférieure à ETP et reste supérieure à ETP/2.
Ce découpage est intéressant du point de vue agronomique car ces différentes phases ont des
significations particulières pour les plantes.
Figure 20 : Schématisation du découpage de la saison humide
Source : Franquin, 1973.
- la phase A2-B1 est la période où l'offre d'humidité excède la moitié de
l’évapotranspiration potentielle ; elle inclut le temps requis à l'évapotranspiration de
100 mm d'humidité stockées dans le sol (Kassam et al., 1991). Pendant cette phase, les
précipitations enregistrées permettent à la plante de se développer mais ne permettent
ni la floraison, ni la fructification. Cette phase représente donc la période idéale des
semis. On considère ETP comme la quantité d’eau nécessaire pour une croissance
optimale des plantes et ETP/2 comme la quantité minimale nécessaire à la croissance
des cultures (Ndabalishye, 1995) ;
- la phase B1-B2 indique la période pendant laquelle les précipitations recueillies
permettent la floraison et la fructification des plantes. La quantité de pluie tombée est
suffisamment importante pour couvrir les besoins en eau nécessaires pour une
croissance optimale des plantes ainsi que les pertes par évapotranspiration. La valeur
ETP/2 détermine donc les limites de la période de croissance, un concept qui inclue la
périodicité des saisons ;
- la phase A2-B3 définit la période de l'année où sont réunies les conditions de
température et d'humidité adéquates pour la production agricole (FAO, 1997). Elle
correspond à la phase de maturité des fruits pendant laquelle la demande en eau des
plantes en faible.
94
La méthode de bilan hydrique permet de retracer l’état hydrique des plantes d’une région
décade après décade et d’une année à une autre (Eldin, 1985 ; Diomandé, 2013). Ainsi,
convient-elle à l’étude fréquentielle des évènements agroclimatiques régionaux tels que les
périodes sèches, humides, et très humides. Sur cette base, les probabilités que les pluies
décadaires atteignent ou dépassent les valeurs décadaires de l’ETP et ETP/2 sont calculées :
(11) 𝑃𝑟𝑜𝑏𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡é (𝑃 ≥ 𝐸𝑇𝑃) =∑ 𝑁𝑖 (𝑃 ≥ 𝐸𝑇𝑃)
𝑁
(12) 𝑃𝑟𝑜𝑏𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡é (𝑃 ≥ 𝐸𝑇𝑃/2) =∑ 𝑁𝑗 (𝑃 ≥ 𝐸𝑇𝑃/2)
𝑁
𝑃𝑟𝑜𝑏𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡é (𝑃 ≥ 𝐸𝑇𝑃) : Probabilité d’avoir une pluie supérieure ou égale à ETP ;
𝑃𝑟𝑜𝑏𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡é (𝑃 ≥ 𝐸𝑇𝑃/2) : Probabilité d’avoir une pluie supérieure ou égale à ETP/2 ;
∑ 𝑁𝑖 (𝑃 ≥ 𝐸𝑇𝑃) : nombre de fois la pluie décadaire est supérieure ou égale à ETP décadaire ;
∑ 𝑁𝑗 (𝑃 ≥ 𝐸𝑇𝑃/2) : nombre de fois la pluie décadaire est supérieure ou égale à ETP/2
décadaire ;
N : nombre d’année totale.
Les valeurs de probabilités sont représentées sur un même graphe. Elles permettent d’obtenir
les périodes de cultures sans irrigation (Amani, 2010 ; Diomandé, 2013). Le choix d’une
probabilité (p) traduisant le risque de perte partielle ou totale de la récolte (du fait du déficit
hydrique) acceptable par l’agriculteur, permet de définir la période de culture non irriguée
correspondante. Elle est lue sur la courbe de 𝑃 ≥ 𝐸𝑇𝑃/2. Dans la pratique, il est tolérable que
cette probabilité (p) soit fixée à 0,25 au plus, c’est-à-dire que le cultivateur accepte une perte
partielle ou totale de la récolte une année sur quatre. La probabilité complémentaire P = 1- p =
0,75 (ou trois années sur quatre) exprime les chances de ne pas perdre la récolte.
b) Détermination du niveau de satisfaction des besoins en eau de la
riziculture pluviale
Cette méthode permet, par l’utilisation de coefficients culturaux de référence, variant
en fonction de l’évolution du stade phrénologique de la plante, d’estimer l’eau réellement
mise à la disposition de la culture, en tenant compte de l’évolution de l’évapotranspiration
potentielle (ETP). Les bases théoriques de ce modèle de simulation des niveaux de
95
satisfaction des besoins en eau des cultures sont fondées sur la résolution par période (i) de
l’équation générale du bilan hydrique :
(13) 𝑃𝑖 ± 𝑅𝑖 ± 𝐷𝑅𝑖 ± 𝐷𝑅𝐻𝑆 − 𝐸𝑇𝑅𝑖 = 0 ;
où :
Pi = précipitations de la décade i (mm) ;
Ri = ruissellement de la décade i (mm) ;
DRi = drainage de la décade i (mm) ;
DRHS = variation de la réserve hydrique du sol ;
ETRi = évapotranspiration réelle de la décade i (mm).
Appliquant ce modèle au contexte des cultures pluviales, on a considéré que l’interception
(<1%) et les remontées capillaires étaient négligeables ; le niveau des nappes étant souvent
bien en dessous du profil de sol exploité par les racines (Chopart, 1999). Le ruissellement
n’est pas, non plus prise en compte, car une telle approximation est non valable pour des
situations caractérisées par une topographie sans grande envergure, ainsi qu’un régime assez
modéré des pluies, comme il est le cas dans le bassin versant du Bandama. Le modèle
résultant est donc simplement basé sur la disponibilité en eau pour les plantes, s’exprimant par
l’état de la réserve en eau du sol utilisable par la culture. L’expression de cette réserve résulte
de l’écriture simplifiée d’un bilan hydrique en mm/jours :
(13a) 𝑅𝐻𝑆𝑖 = 𝑅𝐻𝑆𝑖−1 + 𝑃𝑖 − 𝐸𝑇𝑅𝑖−𝐷𝑅𝑖 ;
où :
RHSi = réserve hydrique du sol en fin de la décade i (mm) ;
RHSi-1 = réserve hydrique du sol en début de la décade i-1 (mm);
Pi = pluviométrie de la décade i (mm) ;
DRi = pertes par drainage rapide ou percolation durant la décade i (mm) ;
ETRi = évapotranspiration réelle au cours de la décade i (mm).
En effet, la réserve hydrique en fin de période (RHSi) en cours, est égale à la réserve hydrique
en début de période (RHSi-1) augmentée de la pluie (Pi), et diminuée des pertes en eau, dues à
la consommation hydrique effective de la culture (ETRi), et au drainage rapide (DRi), au
cours de la période considérée. Toutefois, le drainage n’intervient que lorsque, en fin de
période en cours (RHSi), le cumul de la pluviométrie Pi et de la réserve hydrique en début de
période (RHSi-1), auquel a été retranchée l’évapotranspiration réelle (ETRi), est supérieur à la
96
valeur de la réserve utile en fin de période (RUi). Dans ces conditions, la valeur du drainage
est obtenue par la formule suivante :
(13b) 𝐷𝑅𝑖 = 𝑅𝐻𝑆𝑖−1 + 𝑃𝑖 − 𝐸𝑇𝑅𝑖−𝑅𝑈𝑖 ;
avec :
DRi = drainage rapide au cours de la décade i (mm) ;
Pi = pluies brutes au cours de la décade i (mm) ;
RHSi-1 = réserve hydrique initiale du sol en début de la décade i-1 (mm) ;
RUi = réserve hydrique du sol en profondeur en fin de la décade i (mm)
ETRi = évapotranspiration réelle de la culture au cours de la décade i (mm).
Lorsque la valeur du drainage calculée est négative, aucun drainage n’est pris en compte et le
bilan hydrique simplifié pour la période considérée, peut donc se calculer ainsi :
(13c) 𝑅𝐻𝑆𝑖 = 𝑅𝐻𝑆𝑖−1 + 𝑃𝑖 − 𝐸𝑇𝑅𝑖 .
Pour calculer l’évapotranspiration réelle (ETR) dans cette expression de l’équation, on utilise
un algorithme base sur le concept de réserve facilement utilisable (RFU), fraction de la RU
disponible pour laquelle la plante transpire à l’évaporation réelle maximum (ETM). La valeur
de la RFU exprimée en pourcentage de la RU, dépend à la fois du type de culture et de sol.
Lorsque la RFU d’un sol est épuisée, la plante a tendance à stresser, et son évapotranspiration
à baisser. Le modèle tient compte de ce phénomène, en pondérant la valeur de
l’évapotranspiration réelle maximum (ETM) de la culture par un facteur égal au rapport entre
stock d’eau disponible et différence entre RU et RFU.
Alors :
(13d) 𝑆𝑖 𝑅𝐻𝑆𝑖−1 + 𝑃𝑖
𝑅𝑈 − 𝑅𝐹𝑈=
𝑅𝐻𝑆𝑖−1 + 𝑃𝑖
𝑅𝑈(1 − 𝑃)> 1, 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝐸𝑇𝑀 = 𝐸𝑇𝑅 ;
(13e) 𝑆𝑖 𝑅𝐻𝑆𝑖−1 + 𝑃𝑖
𝑅𝑈(1 − 𝑃)< 1, 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝐸𝑇𝑅 = 𝐸𝑇𝑀
𝑅𝐻𝑆𝑖−1 + 𝑃𝑖
𝑅𝑈(1 − 𝑃).
Ainsi, on utilise d’une part, la relation générale qui lie l’ETM au pouvoir évaporant de l’air
(ETP) et d’autre par, cette ETM au développement du couvert végétal exprimé par le
coefficient cultural (Kc) qui dépend du type de culture et de son stade végétatif :
(14) 𝐸𝑇𝑀 = 𝐾𝑐 ∗ 𝐸𝑇𝑃
97
Le coefficient cultural (Kc) est égal :
(15) 𝐾𝑐 = 𝐸𝑇𝑀/𝐸𝑇𝑃
où : ETM correspond à l’évapotranspiration réelle maximale de la culture conduite en
condition d’alimentation en eau non limitant et des techniques culturales optimales (bon
développement, bonne fertilisation, bonne protection phytosanitaire).
La culture du riz a des besoins en eau qui évoluent au cours de ses phases de développement.
Le principe est le suivant : l’obtention d’un bon rendement est conditionnée par la « réussite »
des phases sensibles et par la satisfaction de leurs besoins hydriques. La recherche de la date
optimale de semis se fait alors sur la base suivante : la date qui a la plus grande probabilité
d'assurer la satisfaction des besoins hydriques est celle qui l'a assurée le plus souvent par le
passé (Diomandé, 2013). Il s’agit de la date à laquelle le semis permet d’avoir le meilleur
ajustement possible entre les exigences hydriques de la culture et la répartition des pluies.
Pour se faire, il faut faire coïncider prioritairement la Phase d’Exigence Hydrique Maximale
(PEHM) avec la période de plus grande probabilité de réussir le semis.
Dans la pratique, on fait varier annuellement les courbes de pluviométrie seulement, dans la
mesure où l’évapotranspiration (ETP) est relativement constante sur les décades d’une année
à l’autre. Il est obtenu pour chaque année, une position particulière dans la saison de chacun
des événements A2, B1 et B2. Les probabilités cumulées des décades de réalisation de chacun
des évènements (Prb.A2 et Prb.B1) sont déterminées. Le calcul des fréquences relatives
cumulées de l’événement contraire de B2 est effectué pour assurer la probabilité que les pluies
ne redeviennent pas inférieures à l’ETP ou que la période franchement humide reste ouverte.
Après cette étape, les sigmoïdes de fréquences relatives cumulées (courbes en « S ») des
évènements A2, B1 et B2-1 (évènement contraire de B2) sont construit sur un même graphe. Les
sigmoïdes sont présentées sur les figures 79 à 85 de l’annexe 5. Sur une règle graduée et avec
une échelle bien choisie, on a identifié la longueur du cycle de développement de la plante à
un segment sur lequel sont marqués des évènements agronomiques : (S) le semis, (F) le début
de la floraison et (M) le début de la maturation ou la fin de la phase reproductive (Figure 21).
Les dates de semis sont prises décade par décade en faisant glisser la règle le long de la
période humide et en partant de la première décade de la saison. Pour chaque date de semis,
une lecture des probabilités est faite à partir des sigmoïdes de fréquences relatives en projetant
respectivement les points S, F et M sur les courbes Prb.A2, Prb.B1 et 1-Prb.B2.
L’indépendance des distributions des évènements A2, B1 et B2 étant admise dans ce travail, les
98
probabilités de réussite de la culture du riz et de la phase de reproduction ont été calculées
comme suit :
(16) Probabilité de réussite de la phase reproductive = probA2 x probB1
(17) Probabilité total de réussite du riz = probA2 x probB1x (1 − probB2)
La décennie donnant les meilleures probabilités de réussite de la phase reproductive et de la
culture du riz dans chaque zone est retenue comme date optimale de semis.
Figure 21 : Règle utilisée pour le calage des périodes de semi
Source : Diomandé, 2013.
La satisfaction totale des besoins hydriques de la culture sur tout le cycle est difficilement
réalisable. Par ailleurs, en calculant la fraction de besoin hydrique décadaire réellement
pourvu appelée indice de satisfaction (IS), il est possible de décrire l’état de satisfaction en
eau des cultures sur chaque décade du cycle. Dans le cadre de cette étude, la satisfaction des
besoins hydriques tient également compte de la réserve utile en eau du sol. La demande en
eau de la plante étant égale à l’ETM et la consommation réelle offerte par le climat étant égale
à l’ETR, l’indice de satisfaction est déterminé comme suit :
(18) 𝐼𝑆 =𝐸𝑇𝑅
𝐸𝑇𝑀=
𝑅𝐻𝑆𝑖−1 + 𝑃𝑖
𝐾𝑐 ∗ 𝐸𝑇𝑃 ;
Alors si 𝑅𝐻𝑆𝑖−1 + 𝑃𝑖 ≥ 𝐸𝑇𝑀, 𝐸𝑇𝑅 = 𝐸𝑇𝑅 => 𝐼𝑆 = 1
Et si 𝑅𝐻𝑆𝑖−1 + 𝑃𝑖 < 𝐸𝑇𝑀, 𝐸𝑇𝑅 = 𝑅𝐻𝑆𝑖−1 + 𝑃𝑖 => 𝐼𝑆 =𝑅𝐻𝑆𝑖−1+𝑃𝑖
𝐸𝑇𝑀
Avec,
IS : Indice de Satisfaction en eau du riz sur une décade ;
ETR : Evapotranspiration Réelle décadaire (mm) correspond à l’apport d’eau à la plante ;
ETM : Evapotranspiration Maximale décadaire (mm) correspond au besoin d’eau de la
plante ;
P : Pluie décadaire (mm) ;
RHSi-1 : Reserve Hydrique du Sol de la décade précédente (mm).
Figure 1: Règle utilisée pour le calage des périodes de semi (source : Diomandé, 2013)
S F M
99
Ainsi, les valeurs de IS de Dimbokro, Yamoussoukro, Bouaké et Korhogo ont été calculées
sur toute la dernière normale standard 1981-2010. Le calcul a nécessité l’usage l’opération
« 𝑆𝑖 (𝑃 ≥ 𝐸𝑇𝑀; 1; 𝑃/𝐸𝑇𝑀 » a été employée. Elle signifie : Si “P décadaire supérieure ou
égale à ETM”, IS égal à 1 ; Si faux, IS égal à P/ETM. Pour une satisfaction totale des besoins
décadaires, on a IS = 1. Alors le rapport du nombre d’occurrence IS = 1 sur le nombre total
d’année donne la fréquence de satisfaction totale des besoins hydriques.
c) Evaluation des relations entre pluviométrie, production et superficie
du riz pluvial
Cette analyse est faite pour vérifier si les variations spatio-temporelles des
précipitations ont des impacts sur la production du riz. Pour se faire, les moyennes annuelles
de la pluviométrie sont mises en relation avec les estimations annuelles de production en
tenant compte de la série de données agricoles de 1966-2009. En effet, dans un même
référentiel, les courbes d’évolution des hauteurs de pluie et de la production sont construites.
L’autre approche comparative de données est la régression linéaire dont la formule de calcul
(1) est déjà présentée plus haut. Cette méthode est utilisée pour déterminer le coefficient de
corrélation R2 avec √𝐶𝐷 le coefficient de détermination. Elle a servi à évaluer la liaison entre
les indices pluviométriques et les rendements du riz pluvial annuels, puis entre le niveau de
satisfaction hydrique de la culture et les rendements annuels. Par ailleurs, la corrélation établie
entre production et superficie a pour but de vérifier si l’augmentation de production est plus
liée à l’augmentation de superficie qu’à l’augmentation de rendements et a la pluviométrie
(Dibi Kangah, 2010 ; Ahoussi et al., 2013). L’interprétation des coefficients de corrélation
entre deux variables quantitatives a été effectuée en en se référant à Morre et McCabe (1993)
et Koffi (2007). Selon eux, lorsque :
|β| = 1 : la corrélation est parfaite entre les deux variables ;
0,8≤ |β| <1 : la corrélation est très forte entre les variables ;
0,5 ≤ |β| < 0,8 : la corrélation est forte ;
0,2 ≤β| < 0,5 : la corrélation est moyenne ;
0 < |β| <0,2 : la corrélation est faible ;
|β| =0 : la corrélation est nulle.
100
3.4. Difficultés liées aux choix initiaux
Plusieurs difficultés sont inhérentes à une telle étude. D’abord, l’espace concerné par
cette thèse (l’hydrosystème du Bandama) est vaste : il s’étend sur environ 97500 km².
Néanmoins, une telle surface offre l’occasion de tirer des enseignements à une échelle
extrarégionale. Il est aussi impératif de définir, au préalable, l’espace observé d’un point de
vue physique (topographie, hydrographie, géologie, pédologie, climatologie). Les limites sont
proportionnelles aux degrés de précision des données climatiques et agronomiques.
3.4.1. Limites des données recueillies
Les problèmes de données sont liés à leurs valeurs et qualités. Il existe des problèmes
de précisions au niveau des listings pluviométriques. Ces limites sont déjà développées plus
haut, lors de la présentation des données climatiques. Les premières difficultés de l’étude ont
été de réunir les données récentes en nombre suffisant et simultanément aux stations prises en
compte. Les présentations des éléments du climat autres que la pluviométrie n’ont été
possibles qu’en considérant les stations synoptiques de la zone étudiée. Il s’agit notamment de
Dimbokro, Yamoussoukro, Bouaké et Korhogo. Ces variables climatiques concernent
essentiellement les températures de l’air et l’ETP dont les liens avec l’agriculture sont
certains.
En vue d’évaluer l’effet du climat sur la productivité agricole actuelle, on a choisi d’utiliser
un jeu de données modélisées et distribué de manière spatiale et régulière. Elles sont
fortement contraintes par les observations. Il s’agit des réanalyses. Concrètement, ce genre de
donnée est issu d’une simulation d’un modèle météorologique pour laquelle, à chaque pas de
temps, les observations servent à contraindre l’évolution de l’atmosphère. On a donc utilisé la
dernière version des produits de GPCP/NASA (réanalyses), qui fournissent les variables au
pas de temps journalière sur une grille régulière de points d’une résolution longitudinale et
méridionale de 0,5° (soit 55 km environ), à partir de l’année 1979 (et disponible actuellement
jusqu’en 2014 y compris). Toutefois, on a extrait les données allant de 1997 à 2013 pour
combler l’absence de données observées par la SODEXAM. Ces données présentent des biais
par rapport à l’observation (Szczypta et al., 2011 ; Leclere, 2012), qui ont fait l’objet de
corrections supplémentaires.
En entamant cette thèse, l’ambition était d’intégrer une projection des paramètres climatiques
à un horizon proche (2021-2050) et lointain (2071-2100). La motivation était de prévenir ce
101
que pourrait être le climat futur, d’orienter les choix stratégiques et contribuer à assurer la
sécurité alimentaire. Les données de climat futur proviennent des modèles climatiques. Ceux-
ci fonctionnent généralement à une résolution spatiale assez grossière (de l’ordre de 200 à 300
km) et prennent mal en compte la variabilité réelle du climat à une échelle plus fine. Il existe
plusieurs types de méthodes pour améliorer la résolution de ces projections. Parmi les
approches plus réalistes, il y d’une part des méthodes statistiques (par exemple les régimes de
temps), et d’autre part des méthodes dynamiques (modèles régionaux de circulation
atmosphérique). Les premières se basent sur des relations statistiques entre des variables
climatiques de grande échelle et des variables locales de climat, estimées sur des données
observées. Puis, elles sont utilisées pour générer de la variabilité locale du climat à partir du
climat simulé par les modèles de climat (en faisant l’hypothèse que la relation estimée entre
échelles reste valide en climat futur). Le deuxième type de méthode se base sur la
modélisation de même type que les modèles de climat sur un domaine réduit, forcées au bord
par les simulations de modèles de climat. Ils ont une meilleure résolution spatiale et une
représentation plus fine des processus à l’origine de la variabilité spatiale du climat
(orographie, usage des sols), tout en faisant l’hypothèse que les biais systématiques du modèle
de climat sont ainsi corrigés. On a opté pour la deuxième méthode et utilisé des données du
modèle régional de climat du projet Coordinated Regional Downscaling Experiment in Africa
(CORDEX-Africa).
Les changements saisonniers de température moyenne et de cumul de précipitation sont bien
sûr plus intenses à l’horizon lointain. Cependant on n’a pas pu intégrer ces résultats
prospectifs dans cette thèse car les données ont été acquises tardivement. Il est à noter que ces
fichiers CORDEX-Africa sont de libre accès sur internet. Mais, sa taille volumineuse (plus de
360 giga-octet) a rendu le téléchargement très difficile, expliquant le retard de son acquisition.
Ces informations pourront néanmoins servir pour les études futures.
Au niveau des enquêtes, quelques difficultés sont à relever. Le problème de communication
sur les terrains d’enquêtes est dû au fait que certaines personnes ressourcent ciblées ne sont
pas toujours réceptives. En plus, d’autres s’inquiètent parce que, selon eux, on pourrait livrer
des informations et résultats jugées confidentielles. Ce qui leur serait préjudiciable. Les
agriculteurs ne donnent pas toujours l’autorisation de faire des relevées de données sur leur
parcelle. Leurs scepticisme sont motivés ou accentués par le fait que 2015 est une année
électorale en Côte d’Ivoire. En effet, les enquêtes se sont déroulées en mai et juin 2015, à 4
trois mois du mois électoral.
102
3.4.2. Complexité de la méthodologie et limites conceptuelles
Il y a une interaction entre le climat et l’agriculture, qui recouvre des dimensions
complexes sur une grande étendue d’échelles de temps et d’espace. C’est précisément dans ce
cadre que s’inscrit cette thèse. Ce travail a donc pour cadre général les enjeux scientifiques
associés aux interactions nature/société, aux échelles spatiales et temporelles et s’attache plus
particulièrement à l’échelle de l’hydrosystème du Bandama. L’objectif principal de cette
recherche est de comprendre l’impact de variations climatiques actuelles sur les systèmes
locaux de production agricole. De ce fait, on a eu recours à un complexe méthodologique qui
repose sur l’intégration des démarches des sciences agroclimatique, socio-économique et
anthropologiques. Cependant, il faut signifier la difficulté de quantifier cet impact. Aussi, peu
de travaux ont tenté de le faire, à cause des difficultés méthodologiques et techniques qu’une
telle étude impose. C’est ce qui explique la complexité, mais aussi l’intérêt de cette étude.
Il existe plusieurs sources d’incertitude sur l’évolution du système climatique, ses impacts sur
le secteur agricole et la contribution du secteur agricole à la réduction de son ampleur. Le lien
entre climat et agriculture est difficile à appréhender. En effet, le poids relatif du climat dans
l’agriculture est spatialement très variable, et intiment lié à d’autres déterminants de l’activité
agricole. Les mécanismes en jeu sont nombreux de l’échelle de la parcelle agricole à celle du
commerce international (Da Matta et al., 2010; Jaggard et al., 2010). D’une part, tous ces
mécanismes ne sont pas encore bien maitrisés et d’autre part, il n y a pas encore d’outil à
notre niveau qui les intègre tous de manière satisfaisante. De plus, il faut tenir compte de
l’évolution des déterminants non climatiques de l’activité agricole. Il est donc question
d’étudier des systèmes très complexes.
Les systèmes (climatique, agricole) sont caractérisés d’abord par beaucoup de mécanismes
interagissant à plusieurs échelles spatiales ou temporelles, ensuite par une forte hétérogénéité
dans les déterminants environnementaux de ces interactions. L’étude a contourné cette
complexité en s’attachant à la détermination du niveau de satisfaction des cultures dans le
contexte actuel de la variabilité hydroclimatique. Il s’agit plus précisément de caractériser le
statut climatique de l’hydrosystème du Bandama, de déterminer les besoins hydriques des
cultures et d’en évaluer le niveau de satisfaction hydrique. Il convient de signaler qu’un outil
de modélisation approprié pourrait permettre de prendre en compte les effets du marché via
une évolution des prix. Par ailleurs, il n’a été considéré dans cette étude que l’offre agricole.
Les mécanismes de rétroactions via les équilibres offre-demande entre climat et agriculture,
puis de l’état futur de la productivité agricole n’ont pu être abordés.
103
Les données et méthodes d’analyse, ci-dessus présentées ont servi à produire des résultats qui
sont présentés dans les chapitres 4, 5, 6 et 7 de cette thèse. Ceux-ci s’inscrivent
incontestablement dans le contexte des objectifs déjà présentées dans l’introduction. Ces
résultats, issus de l’intégration des démarches des sciences agroclimatiques, socio-
économiques et anthropologiques, sont traduits par une cartographie, des tableaux et des
graphiques. Ce travail contribuerait ainsi à dégager une typologie de la variation
hydroclimatique et son interaction avec la végétation cultivée de l'hydrosystème du Bandama.
Dépeindre la situation climatique, la régionaliser, apercevoir ses conséquences actuelles,
apporter une solution en proposant des méthodes d’adaptation et d’atténuation, pourrait
améliorer les conditions de vie de la population face à l’insécurité alimentaire et la pauvreté.
104
DEUXIEME PARTIE
CONDITIONS HYDROCLIMATIQUES ET
RECOMPOSITIONS DES SYSTEMES
AGRICOLES DU BASSIN VERSANT DU
BANDAMA
105
Chapitre 4 : TENDANCE ET VARIABILITE
SPATIO-TEMPORELLES DU CLIMAT DU
BASSIN VERSANT DU BANDAMA
En Afrique subsaharienne, les conditions atmosphériques sont particulièrement
instables. Le climat régional est très sensible aux variations des interactions entre l’océan et
l’atmosphère auxquels s’ajoutent les modifications de l’environnement terrestre. Ainsi, le
changement d’un paramètre climatique (pluie, température, vent, etc.), aussi infime qu’il soit,
peut provoquer d’importants dérèglements avec des conséquences sociétales énormes.
Les problèmes d’ordre climatique sont l’objet de plusieurs études et débats dans les médias
depuis déjà les années 1970. Ils bouleversent de plus en plus la vie quotidienne, agissant sur
les modes de consommation et influant jusqu’aux choix de société (Cambre, 2011). Pour
beaucoup d’intellectuelles, l’homme agit fortement sur le climat au point que des catastrophes
à venir sont annoncées si les rejets de gaz à effet de serre ne sont pas réduits (GIEC, 2007 ;
2014). La question de la responsabilité de l’homme ne fait pas consensus parmi les
scientifiques puisse qu’il y a deux camps parmi les spécialistes du climat : les «
carbocentristes » ou « réchauffistes », qui pensent que l’homme est devenu l’acteur majeur du
système climatique via ses rejets industriels notamment de CO2 et les « climato-sceptiques »,
qui privilégient les facteurs naturels. Il n’est pas question de prendre part à ce débat.
L’objectif dans ce chapitre est de mener une analyse détaillée et actualisée de l’évolution des
conditions hydroclimatiques dans le bassin versant du Bandama afin de comprendre les
risques climatiques auxquels les populations rurales se trouvent confrontées. Ainsi, après une
description de la variabilité de la pluviométrie, de la température et de l’évapotranspiration
potentielle (ETP), les tendances de ces paramètres climatiques à long terme seront présentées.
4.1. Actualisation des tendances et variabilités spatio-temporelles de la
pluviométrie
Brou (1998 ; 2005) et Dibi Kangah (2010) estiment à juste titre que la variable
pluviométrie est le paramètre climatique le plus déterminant en agriculture pluviale ; il est, par
ailleurs, le plus instable entre les tropiques. Ainsi, dans cette partie des travaux, l’accent est
106
mis sur la pluviométrie. Néanmoins, une description simplifiée est menée sur l’évolution
récente des autres éléments du climat du bassin du Bandama.
4.1.1. Suivi des moyennes annuelles des pluies par décennie et par
normale (30ans)
L’analyse des valeurs moyennes annuelles des pluies de l’hydrosystème du Bandama
par décennie et par normale (30ans) est basée sur des cartes d’isohyètes. La pluviométrie
annuelle a beaucoup varié au cours des six dernières décennies (1950–2013). Les hauteurs de
pluie minimum par an se situent entre 800 mm et 900 mm. Les valeurs pluviométriques
maximales, quant à elles, dépassent les 1900 mm. Il se dégage une baisse importante et
progressive de la pluviométrie d’une décennie à une autre.
La décennie 1951-1960 reste la période la plus pluvieuse de la série d’étude (Figure 22 et 23).
Les stations du centre-est (Ouéllé, M’Bahiakro, Bocanda) avec une extension vers Katiola,
Niakaramadougou et Dabakala sont les seules sur un ensemble de 31 localités qui enregistrent
des précipitations inférieures à 1200 mm. Les plus fortes hauteurs annuelles s’observent sur le
littoral et son arrière-pays immédiat. La pluviométrie à Grand Lahou dépasse les 1800 mm /
an. Mais, dans son environnement proche, à moins de 100 km des côtes (zone de Tiassalé), les
quantités de pluies éprouvent une diminution considérable. Néanmoins, les isohyètes y sont
supérieures à 1300 mm. La partie septentrionale suivant l’axe Séguéla-Dianra-Korhogo-
Ouangolodougou enregistre aussi des pluies abondantes (plus de 1400 mm).
Dès la décennie 1961-1970, une légère diminution des quantités de pluies annuelles est
observée. Les localités concernées par les pluies inferieures à 1200 mm deviennent plus
nombreuses. Ouangolodougou, Ferkéssédougou, Tafiré et Niakaramadougou (au Nord-est du
bassin versant), Sakassou et Béoumi (au Centre) s’ajoutent au Centre-est qui n’enregistrait pas
une forte pluviométrie. Sur le littoral, le cumul de pluie de Grand Lahou diminue d’environ
300 mm. En fait, ils passent de 1900 mm entre 1951 et 1960 à 1600 mm (1961-1970).
Cependant, la décennie 1961-1970 demeure humide par rapport à la décennie suivante (1971-
1980) au cours de laquelle la baisse des pluies se révèle remarquable dans toute la zone
d’étude. La zone de pluviométrie inférieure à 1200 mm se dilate fortement et occupe 90% des
30 stations étudiées. Cette récession pluviométrique s’accompagne de la migration des pluies
inferieures à 1000 mm vers la zone de Dabakala qui jusque là ne s’appréhendait qu’à Ouéllé.
Le bassin versant du Bandama n’enregistre plus de pluies supérieures à 1500 mm.
107
Figure 22 : Hauteurs pluviométriques moyennes interannuelles par décennies (1950-
1989)
L’isoligne rouge sur la carte marque la moyenne pluviométrique de la zone d’étude et aussi l’équivalent
moyen annuel des besoins en eau des principales cultures pratiquées dans le bassin. Yakro = Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara = Niakaramadougou.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
26a 26b
26c 26d
mm
mm
km km
1950-1959 1960-1969
1970-1979 1980-1989
108
Figure 23 : Hauteurs pluviométriques moyennes interannuelles par décennies (1990-
2010)
L’isoligne rouge sur la carte marque la moyenne pluviométrique de la zone d’étude et aussi l’équivalent
moyen annuel des besoins en eau des principales cultures pratiquées dans le bassin. Yakro =
Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara = Niakaramadougou.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
La partie qui reste relativement pluvieuse est le Nord-ouest de l’hydrosystème avec des pluies
transcendant les 1200 mm. Cette diminution de la pluviométrie atteint son point culminant au
cours de la décennie 1981-1990. L’isohyète 1200 mm disparait a sont tour du champ d’étude,
excepté les environs immédiats de Grand Lahou. Les aires de pluies inférieure à 1100 mm
s'élargissent d’avantage et atteint Tiassalé, située à moins de 100 km des côtes. La
particularité de la décennie 1991-2000 vient de la légère apparition au nord-ouest de
l’isohyète 1200 mm et l’isohyète 1400 mm à Grand Lahou. Cette singularité s’accompagne du
recul des aires de hauteurs pluviométriques inferieures à 1000 mm au Centre-est. Par contre,
le début du XXIème siècle (2001-2010) annonce une reprise de la pluviométrie dans presque
toutes les stations du bassin versant. En fait, la bande de pluies supérieures à 1100 mm se
développe dans presque toutes les stations du bassin versant.
4.7a 4.7b
km km
mm
m
4.7a 4.7bb
km
27a 27b 1990-1999 2000-2009
109
L’analyse des moyennes pluviométriques décennales précédentes révèle clairement la baisse
progressive de la pluviométrie des décennies 1950 et 1960 plus humide aux décennies 1990 et
2000 un peu plus tendres en passant par les périodes plus déficitaire des années 1970 et 1980.
Cependant, il paraît aussi important d’apprécier cette évolution à travers les normales
pluviométriques de 1950 à 2010 afin d’apprécier à long terme ce phénomène. Dans la
perspective d’actualisation des variations du climat, un accent particulier est mis sur la
dernière normale qui part de 1981 à 2010. Cette motivation d’étendre l’analyse aux 30
dernières années fait suite aux recommandations de la commission de climatologie de l'OMM
à Heidelberg (Allemagne), le 9 juillet 2014. En fait, les climatologues se servent de moyennes
standard sur 30 ans des variables climatiques pour placer dans une perspective historique
l’ampleur d’une variation récente. Cette période de 30 ans est appelée « normales
climatiques ». La dernière période climatique officielle de référence va de 1961 à 1990.
Cependant, avec les variations rapides, il se peut que les décideurs des secteurs sensibles aux
conditions climatiques se fondent sur des informations obsolètes pour prendre des décisions
importantes. Face à cette situation, la présente étude inclue la plus récente normale (1981-
2010), afin d'appréhender les variabilités climatiques dans un contexte plus actualisé. La
décroissance des hauteurs pluviométriques annuellement décrite par les cartes décennales est
confirmée par la cartographie des normales pluviométriques (Figure 24).
La normale 1951-1980 est assez pluvieuse avec des précipitations presque partout supérieures
à 1100 mm. Les pluies inférieures à 1200 mm ne s’observent qu’au centre et à l’est du bassin
versant. Sur la normale de référence (1961-1990), la baisse est déjà avérée car l’isohyète 1200
mm s’évase fortement. Les précipitations annuelles n’atteignent plus 1200 mm dans la
majeure partie du bassin. Seulement le sud-ouest et le nord-ouest maintiennent des hauteurs
de pluies importantes.
D’ailleurs, les faibles pluies continuent sur la normale 1981-2010. Toutefois, la période 1971-
2000 reste la plus critique car au cours la dernière, l’on discerne un élargissement des bandes
de pluie supérieures à 1100 mm. Les hauteurs annuelles des eaux précipitées sont aussi et
partout inferieures à 1300 mm. Sur le littoral, Grand Lahou voit sa pluviométrie décroitre
régulièrement. En effet, on est passé de 1782 mm durant la première normale (1951-1980) à
1531,3 mm pendant la deuxième (1961-1990), puis 1436 mm au cours de la troisième (1971-
2000) pour finir à 1318 mm pour les 30 dernières années. La normale 1971-2000 présente les
hauteurs de pluie les plus faibles sur la période d’étude (Figure 24).
110
Figure 24 : Hauteurs pluviométriques moyennes par normales (1951-2010)
L’isoligne rouge sur la carte marque la moyenne pluviométrique de la zone d’étude et aussi l’équivalent
moyen annuel des besoins en eau des principales cultures pratiquées dans le bassin. Yakro =
Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara =
Niakaramadougou.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Figure 4.8 : Hauteurs pluviométriques moyennes par normales (30 ans) : 1951-1980 (4.8a), 1961-1990 (4.8b),
1971-2000 (4.8c), 1981-2010 (4.8d). L’isoligne rouge sur la carte marque la moyenne pluviométrique de la zone d’étude et aussi l’équivalent moyen
annuel des besoins en eau des principales cultures pratiquées dans le bassin. Yakro = Yamoussoukro ; Ouangolo =
Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara = Niakaramadougou. (Conception et réalisation : N’DA).
mm
m
km km
mm
m
28b
28d
m
28a
28c
1951-1980 1961-1990
1981-2010 1971-2000
111
Au terme de cette analyse, il ressort clairement que la période allant de 1950 à 1970
(antérieure à la décennie 1970) est marquée par des niveaux de précipitations annuelles
nettement supérieures à 1100 mm sur l’ensemble du territoire, excepté la région d’Ouéllé qui
enregistre une pluviométrie en dessous de cette hauteur de pluie. Ce constat est l’inverse de la
situation entre 1971 et 2000 où la plupart des stations enregistre des niveaux de précipitation
plus faible que par le passé. En effet, les faibles pluviométries couvrent désormais le sud (à la
latitude de Tiassalé) et le centre-ouest (incluant les stations de Bouaflé et Zuénoula). La zone
Centre-est de l’hydrosystème présente la situation la plus préoccupante avec des pluies
annuelles inférieures à 1000 mm. Mais l’ambiance climatique change visiblement après la
période (1971-2000). Ainsi, les zones de précipitation inférieure à 1100 mm dominent le
champ d’étude. Faut-il croire en un retour à la normalisation de la pluviométrie du bassin du
Bandama ? Le suivi année après année des paramètres pourra d’avantage renseigner sur la
question.
4.1.2. Détection de ruptures dans les séries pluviométriques (1950-2013)
La pluviométrie connaît des variations dans le temps à l’image de l’analyse
cartographique réalisée plus haut. Cependant, l’analyse de la variabilité interannuelle des
pluies donnera plus de précision sur les années déficitaires, excédentaires ainsi que la
tendance générale des séries pluviométriques entre 1950 et 2013. Les méthodes de détection
de ruptures (test d’homogénéité) dans les séries pluviométriques ont été appliquées aux
différentes séries pluviométriques du bassin versant. Pour celles qui présentent une rupture,
les variations (V) moyennes de part et d'autre de la rupture sont calculées en appliquant la
formule 6 déjà utilisée par Ardoin-Bardin (2004) et Soro et al. (2011).
Le tableau XLV en annexe 9 résume les résultats des tests statistiques de Pettitt (1979) et la
segmentation de Hubert et al. (1998). Une hétérogénéité (changement de moyenne) est
identifiée dans les séries pluviométriques de plus de la moitié des stations étudiées. En
considérant la période 1970-2013, l’analyse montre que 15 stations admettent des
changements de stationnarité, soit 54% (n= 28 stations utilisées). Pour les 13 autres (46%), les
séries sont restées homogènes. Les stations dans lesquelles les séries pluviométriques ne sont
pas restées stationnaires, présentent deux tendances. La première, par ailleurs la plus
dominante, est excédentaire. Ainsi, dans 80% des cas, le changement de moyenne climatique
implique une hausse de la pluviométrie au regard des indices de variations positifs. Il n’y a
que Korhogo au Nord, Bouaflé au Centre-ouest et Cechi au Sud-est où l’on remarque une
112
tendance déficitaire exprimée par des indices de variation négatifs respectivement -0,09 ; -
0,10 et -0,04.
Les changements de moyenne climatique se produit symboliquement autour de 1998. Cette
année constitue la médiane de toutes les dates de rupture des différentes localités. Ainsi, n'est-
il pas toujours le cas pour toutes les stations de l’hydrosystème. En effet, à part Korhogo et
Bouaké où la rupture coïncide avec la date médiane (1998), Cecchi et Béoumi (1999), puis
Ferkessédougou (1997) ont des dates plus proches de l’année médiane. Par contre, le
décrochage est amorcé précocement à Dabakala en 1983 et à Katiola en 1994. Ailleurs, à
Ouéllé, Yamoussoukro et Dimbokro, les ruptures interviennent un peu plus tard en 2001.
Toutes ces localités sont situées dans la zone de transition climatique de l’hydrosystème du
Bandama (Brou, 2005). La possibilité d’avoir deux chronologies dans les séries, avec des
moyennes significativement différentes au seuil de confiance de 95%, se situe donc entre
1994 et 2002. Il ressort de ce diagnostic que plus de 45% des postes d’observations affichent
une tendance excédentaire.
Seulement 11% des stations restent déficitaires. Ces résultats correspondent à ceux déjà
obtenus pour l’ensemble de la Côte d’Ivoire (Servat et al., 1997 ; Paturel et al., 1997 ; Brou,
2005 ; Noufé, 2011), comme pour l’ensemble de l’Afrique occidentale et centrale, sahélienne
et non sahélienne (Hubert et Carbonel, 1987 ; Hubert et al., 1989 ; Mahé et Olivry, 1995 ;
Paturel et al., 1997 ; Servat et al., 1999 ; Dibi Kangah, 2010).
Les analyses au niveau du bassin versant du Bandama confirment la baisse de la pluviométrie
sur les périodes 1970-2000. Contrairement, pendant ces 15 dernières années, précisément de
1998 à 2013, la plupart des stations étudiées affichent des tendances pluviométriques traduites
excédentaires. Le retour de la pluviosité s’estime par un excèdent moyen de l’ordre de 28%.
La régression pluviométrique est faiblement ressentie (15%) sur la même période au niveau
de trois postes d’observation.
Par ailleurs, la tendance excédentaire est différemment vécue, suivant un couloir orienté sud-
ouest/nord-est. Les zones sud-ouest (Oumé), centre (Yamoussoukro), nord-est et centre-est
affichent les plus importants excédents pluviométriques par rapport à la moyenne de la série
1970-2013. Cependant, pour apprécier la contribution de chaque année dans cette récente
évolution des précipitations, une série normalisée des indices pluviométriques est également
calculée par la méthode des indices centrés réduits (formules 7 et 8) déjà exploitée par Lamb
(1978b), Nicholson et al. (1988), Servat et al. (1997), Lamb et al. (1998), N’Da (2009), Dibi
Kangah (2010), etc.
113
4.1.3. Indices pluviométriques de 1950 à 2013
Le calcul des indices pluviométriques normalisés est utilisé pour estimer les variations
relatives de la pluviométrie et vérifier l'uniformité et la régularité de celle-ci. La méthode de
l’indice de pluie (formules 7 et 8) a l’avantage de mettre en évidence les années excédentaires
et déficitaires. L’analyse a concerné toutes les stations du bassin versant du Bandama au sein
desquelles les mesures de données pluviométriques sont régulièrement faites depuis 1950. Dix
stations, assez représentatives de la zone d’étude sont donc présentés ici (Figure 25).
Figure 25 : Indices pluviométriques de 10 stations représentatives du bassin versant du
Bandama couvrant la période 1950-2013.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
114
Dans l’ensemble, les pluies annuelles sont caractérisées par l’alternance entre des périodes
humides et des périodes déficitaires sur la période 1950-2013. Les graphiques montrent de
façon générale un déficit d’eau précipitée de 1970 à 1998 et un excédant dans la décennie
2000. Des particularités existent pour chaque poste d’observation. Avant 1970, très peu de
séquences sèches étaient observées dans les stations étudiées. La fluctuation interannuelle de
la pluviométrie de Tafiré (au Nord-est du bassin versant du Bandama) se caractérise par une
période humide de 1950 à 1964, suivie d’une période déficitaire visiblement plus longue de
1965 à 1996. La période 1965 à 1996 comporte deux années remarquables : 1979 et 1980
avec respectivement 40% et 50% d’excédent par rapport à la moyenne de la période d’étude.
Entre 1997 et 2013, les conditions pluviométriques redeviennent excédentaires à Tafiré avec
une hausse de 22%.
Dabakala, M’Bahiakro, Bocanda et Ouéllé (au Centre-est du bassin versant du Bandama) sont
les stations les moins arrosées de la zone d’étude avec une pluviométrie moyenne inférieure à
1000 mm (1950-2013). Les indices centrés réduits de la pluie annuelle à la station de
Dabakala présente une période humide (1950-1970) et une période sèche (1971-2013).
Néanmoins, le déficit est devenu moins sévère depuis la fin des années 1980. D’ailleurs, des
cumuls pluviométriques légèrement excédentaires sont observés entre 2005 et 2013. Il est
observé au niveau de la station de Ouéllé, une alternance entre des périodes humides et des
périodes déficitaires sur toute la période d’étude (1955-2013). Il est tout de même possible de
distinguer deux sous-séries : une série de pluies déficitaires de 1955 à 1970 et une période
humide de 1971 à 1995. La moyenne des pluies de 1999 à 2013 (1023 mm) est sensiblement
la même que celle de toute la série 1955-2013 (1020 mm).
Dans les régions de Bouaké et Dimbokro, la fluctuation interannuelle de la pluviométrie se
caractérise par une tendance à la hausse depuis le début de la décennie 2000. En effet, la
phase humide est abordée en 2000 à Bouaké et en 2001 à Dimbokro. Par rapport aux localités
du nord du bassin versant, Bouaké et Dimbokro accusent un retard dans la reprise
pluviométrique. Ces épisodes sont précédés par de longs moments de sécheresses
météorologiques (1969-2000 à Dimbokro et 1956-1999 à Bouaké). Le flanc ouest et la partie
australe du bassin versant du Bandama ressentent très peu ou pas du tout le regain de
pluviosité de la décennie 2000. En effet, de Boundiali à Grand Lahou en passant par Bouaflé
et Oumé, les indices de pluies révèlent deux phases dans l’évolution interannuelle des cumuls
pluviométriques. Les 20 ou 30 premières années des séries de pluies de Boundiali (1950-
1975), Séguéla (1950-1965), Bouaflé (1950-1972), Oumé et Grand Lahou (1950-1980) sont
très pluvieuses. Les différentes périodes qui suivent ces années humides sont déficitaires.
115
C’est uniquement à Séguéla qu’il est observé des années humides de façon continu de 2004
jusqu’à 2013.
Les résultats de la présente étude confirment l’existence d’une première récession
pluviométrique repérée à la fin des années 1960 en Côte d’Ivoire (Servat et al., 1997 ; Paturel
et al., 1997 ; Brou, 2005 ; Noufé, 2011), en Afrique occidentale sahélienne et non sahélienne
et centrale, (Hubert et al., 1989; Paturel et al., 1997 ; Servat et al., 1999 ; Dibi Kangah, 2010).
Dans la zone d’étude, cette tendance s’est traduite par une baisse moyenne de la pluviométrie
d’environ 25 à 30% par rapport à la normale de référence 1961-1990. GIEC (2007 ; 2014),
prévenait d’ailleurs que cette allure peut continuer jusqu’en 2100 si rien n'est fait. Ainsi, ces
résultats laissent peu de place à l’optimisme.
Cependant, les résultats issus de la synthèse des techniques d’analyse (cartographie, test
d’homogénéité, calcul d’indices de pluie) annonce une tendance humide dans le bassin
versant du Bandama à partir de la fin des années 1990. En effet, entre 1998 et 2013, les
tendances pluviométriques d’environ 50% des stations étudiées se traduisent par un retour de
la pluviosité, avec un excèdent moyen de 14% par rapport à la phase déficitaire 1970-1998.
Mais, les pluies enregistrées depuis 1998 n’ont pas encore retrouvé une importante ampleur
car elles sont déficitaires d’environ 15% par rapport à la série de pluies plus humide de 1950-
1970. Seulement 11% des stations présentent des tendances plus sèches au cours de la
décennie 2000. Pour les 39% de localités restantes, les moyennes pluviométriques
interannuelles n’ont pas enregistré de changements notables. Dans 80% de ces dernières
localités, les cumuls annuels des pluies de la décennie 2000 se sont stabilisés autour de la
moyenne de la période 1950-2013. L’année 1998 peut aussi être considérée comme la rupture
entre un épisode déficitaire (1970 à 1998) et une dernière phase plus humide (1999 à 2013).
Cette remontée des hauteurs de pluies du bassin du Bandama s’inscrit en fait dans la nouvelle
tendance mise en évidence dans les régions de l’Afrique Occidentale à travers les travaux
d’Ali et Lebel (2008), de Coulibaly (2012) et d’Ulrich (2013) et de Madagascar par Delille
(2011). En fait, ces auteurs ont conclu que depuis la décennie 1990, des conditions
pluviométriques bien meilleures se réinstallent dans des régions de l’Afrique subsaharienne.
À l’échelle de la Côte d’Ivoire, Gil et Yann (2002), puis Brou et al. (2005a) annonçaient la
survenue de quelques années humides au cours de la décennie 1990 qui apporta un espoir de
rémission de la sécheresse. Cette nouvelle tendance se ressent particulièrement au Nord-est et
au Centre du bassin versant du Bandama. Par contre, le Sud, le Centre-est et la frange ouest
du bassin versant sont très peu ou pas du tout concernés par ce regain de pluviosité. Ces
résultats sont assez proches de ceux de Goula et al. (2006) et de Soro et al. (2014) concernant
116
respectivement le bassin versant du N’Zi (centre-est du bassin versant du Bandama) et
l’extrême Nord-ouest de la Côte d’Ivoire. Ces auteurs ont trouvé que la hausse évoquée par
Gil et Yann (2002) en Côte d’Ivoire n’est effectivement pas observés au cours de la période
suivant l’an 2000 dans leurs zones d’étude.
Il faut noter aussi que le retour des hauteurs pluviométriques excédentaires s’accompagne par
une importante dispersion intra-annuelle. En effet, l’examen de la dispersion des valeurs
pluviométriques (Figure 26) sur la période 1950-2013 indique des coefficients de variation
(CV) supérieures à 20%. Le CV est déterminé par la formule (9) de la méthodologie. La
figure 26 montre aussi une diversité spatiale de la variabilité des pluies. L’irrégularité intra-
annuelle des précipitations est faible dans l’axe central du bassin versant du Bandama.
Cependant, au Sud du bassin versant (Grand Lahou, Tiassalé), à l’Est (Ouéllé, M’Bahiakro,
Dabakala) et à l’Ouest (de Séguéla à Boundiali), les CV sont plus importants avec des valeurs
dépassant 20%.
Figure 26 : Variabilité interannuelle des précipitations (1950-2013).
Yakro = Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara =
Niakaramadougou. (Source : données SODEXAM et GPCP/NASA).
km
117
Il est de plus en plus observé une hausse des hauteurs de pluie du bassin versant du Bandama
depuis la fin de la décennie 1990. Mais, il y a une forte irrégularité de la répartition intra-
annuelle des précipitations dans les régions qui connaissent l’épisode humide de ces dernières
années. Les valeurs des coefficients de variation supérieures à 20% indiquent que cette
période (1999-2013) est marquée par une alternance brusque d’années humides et d’années
sèches. Ces résultats confirment ceux d’Ali et Lebel (2008) et Coulibaly (2012). Ces auteurs
ont conclu qu’après 1993, « un autre mode de variabilité semble s’instaurer au sein du
régime pluviométrique sahélien caractérisé par une alternance forte entre des années très
humides et des années très sèches ». Il importe donc de vérifier cette conclusion à l’échelle
des saisons, des mois et des jours de pluie du bassin versant du Bandama.
4.2. Variabilité climatique à l’échelle saisonnière, mensuelle et journalière
Les pluies à l’échelle saisonnière, mensuelle et journalière qui intéressent d’avantage
les cultures annuelles comme le riz éprouvent-elles cette variabilité que connaissent les
cumuls annuels des variables climatiques explorés plus haut ? Pour répondre à cette
préoccupation, une cartographie des cumuls pluviométriques par saison et par mois ainsi
qu’une classification des jours de pluies sont réalisées.
4.2.1. Variabilité des pluies saisonnières entre 1970 et 2013
a) Variation spatio-temporelle du cumul pluviométrique saisonnier
Les analyses sont effectuées sur la période 1970-2013. En effet, les deux décennies
avant 1970 sont déjà reconnues très pluvieuses avec des pluies bien reparties dans l’année
(Paturel et al., 1997 ; Bigot, 2004 ; Brou, 2005 ; Noufé, 2011 ; N’Da et al., 2016). Ces
constats justifient le choix de faire la comparaison entre les cumuls pluviométriques
saisonniers de la période 1999-2013 et ceux de 1970-1998 (la plus sèche période des six
décennies passées). Le but est de caractériser le statut des régimes pluviométriques de ces 15
dernières années. La variation des précipitations saisonnières avant et après 1998 est faible.
Néanmoins, des régions sont marquées par des hauteurs de précipitations de la phase 1999-
2013 légèrement plus importantes par rapport à celles de la période antérieure (1970-1998).
Le cumul pluviométrique de la première saison humide (avril, mai, juin et mi-juillet) varie de
400 mm à 1000 mm (Figure 27).
118
Figure 27 : Cumuls des pluies de la première saison humide avant et après 1998
Yakro = Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara =
Niakaramadougou.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Les plus fortes valeurs s’observent sur le littoral avec un gradient décroissant sud/nord. Le
Centre de l’hydrosystème a connu une légère mutation, traduite par une humidification dans
la décennie 2000. En fait, les pluies saisonnières de 500 à 600 mm remontent vers la zone de
transition atténuée au niveau de Bouaké et Béoumi après 1998. Les régions de Dimbokro et
Bongouanou au Centre-est du bassin versant enregistrent également une hausse de
pluviométrie. Les pluies saisonnières passent de l’intervalle 500-600 mm à 600-700 mm, soit
un accroissement moyen de 100 mm. Par contre, le Centre-ouest (Bouaflé) enregistre une
baisse au cours de la première saison. Mais pendant la deuxième période humide (Figure 28),
cette zone est la plus arrosée de l’hydrosystème. Le cumul de trois mois (août, septembre et
octobre) dépasse 500 mm. Cette bande de pluie s’étend de Sinfra à Bouaké entre 1998 et
2013. En fait, le Centre de la zone d’étude reçoit plus de pluies au cours de la seconde saison
pluvieuse que le Sud. Par contre, les stations du Sud reçoivent les plus importantes pluies
pendant la première saison.
32b 32a
mm
km km
1970-1998 1999-2013 1970-1998 1999-2013
119
Figure 28 : Cumuls des pluies de la deuxième saison humide avant et après 1998
Yakro = Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara =
Niakaramadougou.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
La moitié nord du bassin versant du Bandama est arrosée au cours de l’unique saison humide
avec des hauteurs d’eau précipitées variant entre 900 mm et 1400 mm (Figure 29). La
distribution pluviométrique est croissante du Sud-est au Nord-ouest. En effet, les fortes valeurs
au-delà de 1200 mm s’observent dans l’extrême Nord-ouest (zone de Boundiali). Le Nord de
l’hydrosystème du Bandama connait un regain de pluviosité au cours des 15 dernières années.
Entre 1970 et 1997, les pluies saisonnières supérieures à 1000 mm sont enregistrées au nord de
l’axe Séguéla-Dianra-Tafiré. Cette ligne d’isohyète descend d’environ 1º de latitude,
l’équivalent de 110 Km vers le Sud pendant la période (1999-2013). Elle atteint désormais la
région de Mankono et Niakaramadougou. La plage des précipitations supérieures à 1100 mm
couvre maintenant tout le Nord du bassin.
33b 33a
mm
km km
1970-1998 1999-2013
120
Figure 29 : Cumul pluviométrique de l’unique saison humide avant et après 1998
Yakro = Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara =
Niakaramadougou
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
L’analyse des cumuls de pluies au pas de temps saisonnier confirme donc la tendance à
l’humidification de la période après 1998, révélée suite à l’interprétation des résultats des
variations interannuelles des pluies. Cette évolution affecte-t-elle les profils bioclimatiques ?
L’examen des mois pluvieux, pris individuellement, indiquera-t-elle les mêmes conclusions ?
Quelles sont les caractéristiques des mois pluvieux ces dernières années ? Sur la base de ces
questions, la vérification de la régularité des pluies des mois appartenant aux saisons humides,
sèches et intermédiaires va suivre l’analyse de l’occurrence des profils unimodaux et
bimodaux du bassin versant du Bandama.
b) Occurrence des profils bioclimatiques unimodaux et bimodaux
Après la rubrique consacrée à la compréhension des fluctuations des cumuls
saisonniers avant et après 1998, cet exercice permet de voir si la répartition pluviométrique
normale de la localité change avant et après les ruptures (séquences humides et sèches). La
mm
34b 34a
km km
1970-1998 1999-2013
121
présente analyse concerne aussi la période 1970-2013. Le tableau XII met en exergue les
fluctuations interannuelles des régimes pluviométriques dans les quatre stations synoptiques
représentatives de la zone d’étude. Ce sont Dimbokro, Yamoussoukro, Bouaké et Korhogo.
Tableau XII : Fluctuation des saisons pluviométriques de 1970 à 2013.
Les pourcentages représentent la fréquence d’apparition des différentes saisons sur la période
d’étude ; 1 = saison mal perçue ou saison au-delà de quatre saisons.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
La fréquence des profils saisonniers de la période 2000-2013 excédentaire est comparée à
celle déficitaire de 1970 à 1999. Au cours de la décennie 2000, les localités de Dimbokro,
Yamoussoukro et Bouaké restent moyennement gouvernées par un climat bimodal (plus de
45% selon le tableau XII). Les deux saisons pluvieuses sont d’inégale importance. La plus
grande saison est centrée sur les mois d’avril-mai-juin et la petite sur septembre-octobre. En
général, les changements de régimes à long terme sont moins perceptibles. Cependant, d’une
année à l’autre, l’on note des variations remarquables. Le taux élevé de régimes unimodaux
(30% en moyenne) et confus (23%) de ces régions est dû au fait qu’elles sont situées entre un
climat équatorial à quatre saisons au Sud et un climat tropical à deux saisons au Nord.
À Korhogo, le régime est dans 62% des cas unimodal au cours des deux sous-séries. Ce
modèle de répartition pluviométrique annuelle est caractérisé par un début de la période de
pluies en avril. La saison humide prend fin en octobre. Le tableau XII ci-dessus montre
également que Korhogo enregistre 30% de régime pluviométrique bimodal. En fait, au cours
de ces années, le profil présente une longue période humide à l’intérieur de laquelle on
observe un léger intermède autour des mois de juin et juillet. L’apport en eau par les pluies de
ces mois est généralement inférieur à l’ETP. Deux pics se distinguent. Le plus important est
obtenu autour d’août-septembre. Le pic additionnel est perçu en mai ou juin.
La répartition intra-annuelle des précipitations dans les régions qui connaissent un épisode
humide ces dernières années reste fortement irrégulière. En effet, dans les régions équatoriales
Typologie
des régimes
DIMBOKRO YAMOUSSOUKRO BOUAKÉ KORHOGO
1970
2000
2001
2013
1974
2000
2001
2013
1970
1998
1999
2013
1971
1998
1999
2013
BIMODAL 34% 49% 38% 48% 39% 44% 28% 30%
UNIMODAL 31% 29% 28% 29% 24% 32% 64% 62%
CONFUS1 35% 22% 34% 23% 37% 24% 08% 08%
122
de transition, le taux d’apparition des régimes unimodaux et confus restent élevé (plus de
50%). Cette forte variabilité des saisons entre 1999 et 2013 est la continuité des résultats de
Paturel et al. (1996) au niveau de l’Afrique occidentale et de Brou et al. (2005) au niveau
ivoirien qui suppose la migration du régime soudanien du nord vers le sud. Le taux élevé
d’apparition des régimes unimodaux et confus de ces régions est aussi dû au fait qu’elles se
trouvent entre deux types de climats : un climat à quatre saisons au sud et un climat à deux
saisons au nord. Au contraire des postes à régimes bimodaux, le régime monomodal de la
région nord du bassin versant connait une stabilité sur les deux périodes en comparaison. En
fait, la station de Korhogo a un régime unimodal confirmé à 62% entre 1998 et 2013.
4.2.2. Variabilité climatique des pluies mensuelles
Pour mettre en relief l’évolution spatio-temporelle des pluies mensuelles, des cartes
d’isohyètes de la zone d’étude sont réalisées pour six mois. Ce sont trois mois humides dont
juin (maximum principal des régions équatoriaux de transition), août (maximum principal des
zones tropicales de transition) et septembre (maximum principal des régimes équatorial de
transition atténué). L’étude s’intéressée à avril qui est au début de la saison humide de la zone
équatorial de transition et octobre qui représente le maximum secondaire du régime équatorial
de transition atténué.
a) Conditions moyennes des mois humides, intermédiaires et secs
Les mois humides sont examinés sur la période de 1970 à 2013. La distribution
spatiale moyenne des pluies de juin, août et septembre respecte aussi le gradient décroissant
sud/nord décelé lors de l’analyse des cumuls pluviométriques annuels (Figure 30). Par contre,
septembre et août suivent un gradient croissant sud-est/nord-ouest. Ainsi, en juin, les plus
importantes pluies sont enregistrées dans la partie sud de l’hydrosystème. De Grand Lahou à
la latitude de Tiassalé par exemple, les hauteurs pluviométriques atteignent 500 mm, alors
qu’ils dépassent à peine 110 mm dans la moitié nord du bassin. Par contre, d’août à
septembre, les plus fortes pluies sont enregistrées au Nord avec la même inclinaison sud-
est/nord-ouest. En effet, au mois de septembre, la bande d’isohyète inférieure à 50 mm/mois,
marquant les plus faibles hauteurs de précipitations saisonnières, couvre uniquement Grand
Lahou sur le littoral. Dans ce même temps, le maximum est atteint dans les stations de
Ferkessédougou, Korhogo, Séguéla, Mankono et Boundiali au Nord.
123
Figure 30 : Distribution des conditions moyennes des pluies de juin, août et septembre
Yakro = Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferké = Ferkéssédougou ; Niakara =
Niakaramadougou
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Au cours du mois d’avril (mois intermédiaires), les précipitations sont modérées et monotone
dans tout le bassin du Bandama (Figure 31). En dehors de quelques secteurs dans le Nord
(Ouangolodougou, Ferkessédougou), l’Est (M’Bahiakro) et le Centre-ouest (Bouaflé,
Zuénoula) où les précipitations sont comprises entre 80 mm et 110 mm, le reste de la zone
d’étude enregistre des hauteurs pluviométriques au-delà de 110 mm. Ce qui explique
l’uniformité des pluies en avril, c’est qu’il est un mois intermédiaire. Généralement, ce mois
annonce l’arrivée de la grande saison pluvieuse en zone bimodale comme en régime unimodal
(Brou, 2005). Également, il constitue occasionnellement le deuxième maximum de la zone
équatoriale de transition atténuée. Au cours du mois d’octobre, la majeure partie du bassin
reçoit également des précipitations comprises entre 80 et 170 mm par mois (Figure 31). Il n’y
a que dans l’extrême nord où les pluies sont inférieures à 80 mm. Ainsi, le mois d’octobre fait
partie des mois de pluviométrie modérée. Car, selon Brou (2005), est considéré mois de
pluviométrie intermédiaire ou modérée les mois où les hauteurs moyennes sont comprises
entre 100 mm et 150 mm). Octobre correspond non seulement à l’installation de la deuxième
saison des pluies dans le sud, mais aussi au départ de la saison pluvieuse en régime unimodal
du Nord.
4.15a 4.15b 4.15c
mm
km km km
35c 35b 35a juin août septembre
124
Figure 31 : Distribution des conditions moyennes des pluies d’octobre, avril et janvier
Yakro = Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara =
Niakaramadougou (Source : données SODEXAM et GPCP/NASA).
Les mois de décembre, janvier, février et mars sont les mois les moins arrosés du bassin
versant du Bandama ivoirien. Ces mois marquent la grande saison sèche au Sud comme au
Nord de la zone d’étude. Les hauteurs pluviométriques observées restent, dans la plus part des
cas, inférieures à 50 mm (Brou, 2005). Les valeurs les plus basses sont observées dans les
mois de décembre et janvier. Les mois de février et de mars ont des quantités d’eau
légèrement plus importantes. Cette étude ne s’intéresse pas à l’évolution de ces mois dans la
mesure où, ils ne constituent pas encore un problème dans les systèmes de cultures
traditionnelles de l’hydrosystème du Bandama. Le mois de janvier est le plus sec des mois à
faible pluviométrie. Les régions du Sud et de l’Ouest enregistrent des pluies moyennes
comprises entre 10 et 20 mm (Figure 31 ci-dessus). Pour le reste du bassin versant du
Bandama, les pluies sont plus rares avec des valeurs moyennes inférieures à 10 mm.
b) Evolution de la pluviométrie des mois d’avril, juin et août
Les tendances des mois d’avril, juin et août sont évaluées par la représentation
cartographique de la normale 1961-1990. Les premières cartes sur les figures 32, 33 et 34 est
la moyenne de la pluviométrie sur la période 1961-1990. Il faut rappeler que la normale 1961-
1990 est considérée par l’OMM et le GIEC (Coulibaly, 2012 ; GIEC, 2014) comme la
référence en matière d’étude de la pluviométrie. Par conséquent, elle est présentée ici en tant
4.16a 4.16b
mm
km km km
4.16c 36c 36b 36a octobre avril janvier
125
qu’un repère pour comparer la pluviométrie mensuelle de la période 1970-1998 (seconde
carte sur les figures) avec les pluies de 1999 à 2013 (troisième carte). Les pluies du mois
d’avril sont très utiles en ce sens qu’elles correspondent au début de la saison humide. C’est
au cours de ce mois que la plupart des semences sont mises en Terre dans les régions
équatoriales de transition (Diomandé, 2013). L’analyse de la figure 32 indique une baisse
régulière des pluies d’une période à l’autre. C’est au niveau du Centre-est du bassin versant
que les conditions pluviométriques s’améliorent sur la 1999-2013. En dehors de cette partie
de l’hydrosystème, les précipitations supérieures à 110 mm se développent au Sud et au Nord-
ouest. Cet affaiblissement des pluies d’avril peut être dommageable pour les systèmes
traditionnels de culture de la zone d’étude.
Figure 32 : Evolution des conditions moyennes des pluies d’avril avant et après 1998.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
La figure 33 illustre l’évolution des pluies moyennes du mois de juin. Elle révèle que le mois
de juin évolution considérablement entre 1961 et 2013. Il est plus arrosé au cours de la
période 1999-2013 que sur les périodes précédentes. Ce mois est le plus pluvieux au Sud du
bassin versant. Sa variation est appréciée surtout par les mouvements des isohyètes 140 et 170
mm. En fait, pendant la normale 1961-1990, les pluies supérieures à 140 mm couvrent la
moitié sud du milieu d’étude, ainsi les régions de Dianra et Boundiali au Nord-ouest.
1961-1990 1970-1998 1999-2013
126
Figure 33 : Evolution des conditions moyennes des pluies de juin avant et après 1998.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Entre 1970 et 1998, les isohyètes 140-170 mm se retirent de Dianra pour ne couvrir que la
région de Boundiali. Au Sud, ils s’affaissent d’environ un degré de latitude nord. Les pluies
supérieures (>) à 140 mm ne sont reçues qu’en dessous de la limite Bouaflé-M’Bahiakro.
L’aire pluviométrique inferieure (<) à 140 mm s’est en revanche épaissie. Cela manifeste la
baisse de la pluviométrie du mois de juin entre 1970 et 1998. Cette aire se rétrécie
considérablement entre 1999 et 2013 au profit de la bande des pluies > à 140 mm. Elle s’étend
presque désormais sur les ¾ de l’hydrosystème. Ainsi, le mois de juin renoue avec les
hauteurs de pluie abondantes, en particulier dans le Sud du bassin versant Bandama.
Il faut signifier que la pluviométrie du mois de juin évolue dans le même sens que les hauteurs
de pluies annuelles. En effet, les stations du Centre-est deviennent plus humides depuis 1998,
à l’échelle annuelle comme au mois de juin.
Le mois d’août a peu varié sur les trois temps comparés (Figure 34). Néanmoins, les pluies de
1961 à 1990 sont légèrement plus importantes que les deux dernières périodes. En effet, les
pluies supérieures à 200 mm, qui était au niveau de l’axe Séguéla-Tafiré en 1961-1990, se
sont retranchées au Nord-ouest au niveau de Dianra et Tafiré en 1970-1998. Les précipitations
baissent donc encore en conséquence. C’est Katiola qui voit augmenter sa pluviométrie entre
1999 et 2013. Dans la moitié sud du bassin versant, août est un mois sec avec des pluies
inferieures à 80 mm. En fait, ce mois est la deuxième saison sèche dans le milieu équatorial.
1961-1990 1970-1998 1999-2013
127
Figure 34 : Evolution des conditions moyennes des pluies d’août avant et après 1998.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Dans l’ensemble, il convient de retenir que les pluies mensuelles ont un caractère presque
stable à long terme. Cependant, le mois d’avril régresse régulièrement dans l’ensemble. Le
mois de juin devient de plus en plus pluvieux au cours de la récente période (1998-2013). Il
est tout de même important de vérifier la répartition de ces hauteurs de pluies par jours. C’est
cette variable qui est plus utile pour l’agriculture. En fait, la tendance basée sur les cumuls de
pluies à long terme peut camoufler les irrégularités intra-saisonnières. L’évolution des jours
de pluies est donc évaluée à l’échelle annuelle et saisonnière sur la période 1970-2013.
4.2.3. Typologie des précipitations journalières
Du point de vue climatologique, l’étude des jours pluvieux peut contribuer à améliorer
les connaissances sur les aspects des déficits pluviométriques saisonniers et annuels ainsi que
sur les changements susceptibles d’affecter l’évolution des précipitations (Servat et al., 1998
et Kouassi et al., 2010). Les déficits peuvent résulter de la diminution de la fréquence des
fortes précipitations ayant atteint ou dépassé un certain seuil. Dans l’optique agronomique par
exemple, la diminution de la fréquence des fortes pluies (au moins 20 mm) et la répartition
des pluies au sein de la saison sont des données importantes (Kouassi et al., 2010). Cette
étude s’intéresse donc aux fréquences des jours pluvieux et à leurs évolutions dans le temps.
128
a) Classification des jours pluvieux
La typologie des précipitations journalières à laquelle ce travail s’adonne est liée aux
normes internationales de seuil définies par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM,
1990 ; Kouassi et al., 2010). Les différentes classes sont définies en fonction du nombre de
jours de pluie de hauteur comprise entre :
- 1 et 10 mm (p1) ;
- 10 et 30 mm (p2) ;
- 30 et 50 mm (p3) ;
- >50 mm (p4).
Le nombre de jours de pluie (p) est étudié à l’échelle interannuelle. L’importance de chaque
classe de pluie est consignée dans le tableau XIII. Les p1 et p2 représentent plus de 80% des
jours de pluies. Elles constituent donc l’essentiel des évènements pluviométriques au niveau
de l’hydrosystème du Bandama. En termes de nombre de jours de pluie, le classement se
présente comme suit : p1>p2>p3>p4. Cependant, en apport de quantité d’eau précipitée (P), les
P2 contribuent à 56% des pluies enregistrées (Tableau XIII). Elles sont ainsi supérieures à
celle des P4. Les P3 apportent une pluviométrie supérieure à celle de la classe P4 de l’ordre de
25,8%. Et les P1 ont les pourcentages de précipitation les plus faibles évaluées à environ 10%
(P2>P3>P4>P1).
Tableau XIII: Fréquence d’apparition des classes de jours pluvieux entre 1970 et 2013.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Pourcentages des classes de jours de pluie (%)
Station P1 P2 P3 P4
Oumé 57,2 31,3 7,7 4,0
Yamoussoukro 58,1 31,2 8,5 2,7
Dianra 48,3 37,7 9,7 5,1
Korhogo 58 40 11 5
Bouaflé 53,5 32,3 9,2 5,0
M’Bahiakro 44,0 38,6 12,2 5,5
Bongouanou 52,7 35,9 8,1 3,5
Bocanda 48,7 37,3 9,8 3,8
Dimbokro 56,8 32,3 7,8 3,0
Grand Lahou 53,2 29,3 9,9 8,1
Vavoua 37,2 44,3 12,2 6,7
129
b) Variabilités des jours de pluie entre 1970 et 2013
L’analyse des nombres de jours de pluie sur la période 1970-2013 confirme le
caractère hétérogène des précipitations du bassin versant. Les tendances actuelles de la
pluviométrie de l’hydrosystème résultent en effet de l’évolution conjointe de ces différentes
classes. Les résultats illustrés par la figure 35 indiquent que les différentes séries constituées
par les classes p1 et p2 connaissent un épisode excédentaire dans toutes les localités étudiées
après la période de rupture, excepté la zone littorale de Grand Lahou. Par ailleurs, la fin de la
décennie 1990 et le début des années 2000 sont déjà admises comme les points de départ
d’une reprise de pluviosité dans le bassin versant du Bandama.
Au Nord du bassin versant du Bandama, à l’image de la station synoptique de Korhogo, les
quatre classes de jours pluvieux sont plus importantes pendant la période 1999-2013. Ce
résultat pourrait expliquer l’importante de l’humidification de cette région. Les zones de
Dimbokro et Yamoussoukro (en régime équatorial de transition du Centre) connaissent la
même évolution. Mais, la croissance des jours de pluies est amorcée plus tard, autour de 2000.
Cette augmentation est non seulement modérée dans cette zone, mais aussi concerne
singulièrement les classes de pluies faibles (p1 : 1-09 mm et p2 : 10-30 mm). Dans l’Est et
l’Ouest de la zone d’étude, représentés respectivement par Bocanda et Bouaflé, on observe de
fortes variabilités des valeurs des jours pluvieux. Néanmoins, un accroissement des
fréquences des jours pluvieux est amorcé au début de la décennie 2000 à Bocanda et en 1998
à Bouaflé. Par contre, sur le littoral dans la localité de Grand Lahou, le constat est tel que les
plus basses valeurs s’observent pendant la décennie 2000, en dehors de la série p1 dont les
hauteurs de pluies apportées sont mineures.
L’hétérogénéité des pluies journalières traduisent une entame de baisse de fréquence des jours
pluvieux autour des années 1970, autant que les hauteurs d’eau précipitées (Brou, 2005 ;
Kouassi et al., 2010). À partir de la décennie 2000, l’on observe une augmentation des jours
de pluie, singulièrement ceux de faible quantité pluviométrique. Ainsi, les tendances de la
pluviométrie du bassin versant du Bandama résultent de l’évolution conjointe de ces
différentes classes de jours pluvieux, principalement les p2 et p3. Les graphiques de la figure
36 ci-après permettent d’analyser les probabilités d’avoir des pluies supérieures à 20 mm au
début de la grande saison humide. Par ailleurs, au démarrage de la saison humide, les activités
agricoles peuvent normalement débuter à condition qu’on enregistre au moins 20 mm de pluie
en un ou deux jours consécutifs et qu’il n’y ait pas de séquences sèches dépassant sept jours
(Stern et al. (1982). Cet aspect de l’étude sera traité dans le chapitre 4 suivant.
130
Figure 35 : Evolution interannuelle des classes de pluies journalières dans
l’hydrosystème du Bandama entre 1970 et 2013.
Filtre 1 (1 à 9 mm) ; Filtre 10 (10 à 29 mm) ; Filtre 30 (30 à 50 mm) ; Filtre 50 (supérieure à 50
mm) ; MOY (moyenne). (Source : données SODEXAM et GPCP/NASA).
Figure 4.21 : Evolution interannuelle des classes de pluies journalières dans l’hydrosystème du Bandama entre 1970 et
2013. Filtre 1 (1 à 9 mm) ; Filtre 10 (10 à 29 mm) ; Filtre 30 (30 à 50 mm) ; Filtre 50 (supérieure à 50 mm) ; MOY (moyenne).
Source : données SODEXAM et NASA
131
Les premières pluies de la grande saison humide (mars-avril-mai) de Korhogo, Bouaké,
Yamoussoukro et Dimbokro étudiées sont moins importantes au cours de la période 1999-
2013 que par le passé (1970-1998). En effet, l’interprétation de la figure 36 montre qu’à
Dimbokro et Yamoussoukro, il est moins probable d’avoir des pluies supérieures ou égale à
20 mm en un ou deux jours consécutifs après l’an 2000. Pourtant, les cumuls annuels de ces
localités indiquent une hausse des cumuls de pluie après cette date. La possibilité
d’enregistrer de telles quantités de pluies en un ou deux jours consécutifs était de l’ordre de
25% entre 1970 et 2000. Pendant la période dit humide (2001-2013), elle est plus faible (5-
10%). La fréquence d’avoir des jours de pluie supérieure ou égale à 20 mm sont encore plus
faible (inferieurs à 5%) au mois d’avril entre 2000 et 2013 qu’au mois de mars. Les pluies de
mars peuvent être considérées comme des faux départs de saison pluvieuse. Ce constat peut
confondre les paysans qui sèment dès les premières fortes pluies de mars. Le mois de mai suit
la même logique avec les faibles pluies, particulièrement à Dimbokro. En fait, depuis 2000, il
devient plus rare (5% en moyenne) d’avoir au début des saisons pluvieuse, un ou deux jours
consécutifs dans le ou lesquels, on enregistre 20 mm de pluie au moins.
Cette analyse révèle le caractère irrégulier des pluies utiles pour le démarrage des semis des
cultures dans la zone équatoriale de transition. Les pluies journalières de classe p1 (< 10 mm)
et p2 (< 10 mm et > 20 mm) représentent plus de 80% des jours de pluies. Elles constituent
donc l’essentiel des évènements pluviométriques ces dernières années au niveau de
l’hydrosystème du Bandama. Au début des saisons, les mois d’avril et mai enregistrent moins
de jours au cours desquels les pluies sont importantes après 1998 qu’avant. On retient que
l’évolution actuelle des fréquences de jours pluvieux peut constituer un facteur important pour
expliquer l’impact de la variabilité climatique sur les régimes agro-météorologiques, sur les
saisons agricoles théoriques et coutumières, ainsi que sur le développement et la productivité
des plantes.
Ces résultats sont en accord avec les analyses de Kouassi et al. (2007), de Diomandé (2013).
Mieux, ils renseignent sur la période récente 1999-2013.Les mois de mars et avril sont très
importants pour les paysans car, dans la planification traditionnelle, ils coïncident avec les
semis. Cependant, ces mois sont de plus en plus dominés par de « petites pluies »,
compromettant parfois le calendrier cultural des paysans. La procédure de segmentation de
Hubert (1989), appliquée aux jours de pluies par Kouassi et al. (2010), a permis de mettre en
évidence cette réalité (importante baisse des fréquences des jours pluvieux) dans le bassin
versant du N’Zi (une portion de l’hydrosystème du Bandama) à partir de la fin des années
1970.
132
Figure 36 : Evolution des intensités de pluies journalières au début de la grande
saison humide entre 1970 et 2013.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Figure 1 : Evolution des intensités de pluies journalières au début de la grande saison
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
60,0
mars avril maipro
ba
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AVANT 1998 APRES 1998
0,05,0
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mars avril maipro
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)
Grand Lahou
AVANT 1998 APRES 1998
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
mars avril maipro
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)
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AVANT 2001 APRES 2001
0,0
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15,0
20,0
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mars avril maipro
ba
bil
ités
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cu
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(%
)
Dimbokro
AVANT 2001 APRES 2001
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
mars avril maipro
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0
mm
/2
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co
nsé
cu
tifs
(%
)
Yamoussoukro
AVANT 2001 APRES 2001
0,05,0
10,015,020,025,030,035,040,0
mars avril maipro
ba
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ités
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2
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cu
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/m
ois
(%
)
Yamoussoukro
AVANT 2001 APRES 2001
0,010,020,030,040,050,060,070,080,090,0
mars avril maipro
ba
bil
ités
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0
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)
Korhogo
AVANT 1998 APRES 1998
0,0
5,0
10,0
15,0
20,0
25,0
mars avril maipro
ba
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ois
/m
ois
(%
)
Korhogo
AVANT 1998 APRES 1998
133
Kouassi et al. (2007) rattachent en partie la variabilité climatique constatée à la baisse des
fréquences de jours pluvieux en général et aux pluies journalières de hauteur pluviométrique
comprise entre 10 et 50 mm en particulier. Considérant les années avant 2000, les travaux de
Paturel et al. (1998) et Servat et al. (1998), révèlent que le nombre de jours de pluie a diminué
en Afrique de l’Ouest alors qu’elle semble être plus stable sur l’Afrique Centrale. Les pays
tels que le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et le Tchad, ainsi que les massifs forestiers de
Guinée et de Côte d’Ivoire, sont les premiers concernés par ce phénomène (Servat et al.,
1998). Qu’en est-t-il des autres variables climatiques, les températures et ETP notamment ?
4.3. Caractéristiques des températures et ETP
La température de l’air et l’ETP sont non seulement considérées comme un facteur de
la variabilité temporelle de pluviométries saisonnières et annuelles dans le bassin versant du
Bandama. Mais aussi, elles apparaissent comme des indicateurs et des variable climatique
utile pour la croissance des plantes (Diomandé, 2013). Selon Richard et al. (2002) et Kouassi
et al. (2009), ces paramètres influencent fortement la variabilité temporelle des pluies.
4.3.1. Statut de la température et de l’ETP moyenne annuelle
a) Tendance récente de la température moyenne annuelle
La température du bassin versant du Bandama est analysée à partir de statistique
descriptive (valeurs moyennes) et de représentations graphiques (courbes d’évolution). La
différence entre les températures de la décennie 2000 et celles de la normale de référence
1961-1990 (GIEC, 2014) a été calculée. L’analyse est effectuée à partir des stations
synoptiques de Korhogo (partie nord du bassin versant), Bouaké (partie centre du bassin),
Yamoussoukro et Dimbokro (partie centre-sud du bassin) afin de comprendre la variation
interannuelle de la température dans le bassin versant. Le tableau XIV révèle la croissance de
des températures au sein du bassin versant du Bandama. La zone nord (Korhogo) et la cuvette
de Dimbokro sont les plus chaudes du bassin versant du Bandama avec une moyenne normale
envoisinant 27°C. L’écart entre les températures minimales de la dernière décennie (2000-
2010) et celles de la normale de référence (1961-1990) atteint +0,7°C à Bouaké et +0,3 °C à
Dimbokro. Pour les températures maximales, l’écart est important de +1.9 °C, +1,5 °C,
+1,2 °C et 0,6 °C respectivement à Bouaké, Dimbokro, Korhogo et Yamoussoukro.
134
La variation temporelle moyenne des températures de Dimbokro, Yamoussoukro, Bouaké et
Korhogo sur la période 1961-2010 respectent le même ordre de croissance. Le réchauffement
de l’air de la zone de Bouaké est plus important (+1°C) que ceux de Dimbokro (+0,9°C) et
Korhogo (+0,7°C). Les températures moyennes les plus élevées à Dimbokro, Bouaké et
Korhogo s’observent au cours de la décennie 2000 (Figure 37). Les tendances interannuelles
font apparaître, pour la totalité des stations synoptiques du bassin versant, une croissance
régulière de la température. 2010 se dévoile comme l’année la plus torride du bassin versant
avec des valeurs moyennes qui dépassent les 27°C.
Tableau XIV: Augmentation des températures de la décennie 2000 par rapport à la
normale de référence 1961-1990.
T. températures ; Moy : moyenne ; Max : maximum ; Mini : minimum ; la flèche creuse indique la
tendance interannuelle de la température.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Figure 37 : Tendances interannuelles des températures moyennes du bassin versant du
Bandama.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
23,0
24,0
25,0
26,0
27,0
28,0
29,0
19
70
19
73
19
76
19
79
19
82
19
85
19
88
19
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19
94
19
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20
00
20
03
20
06
20
09
20
12
Tem
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atu
re °
C
DIMBOKRO
YAMOUSSOUKRO
BOUAKE
KORHOGO
Normale
1961-1990 Tendance
Ecart
T. Moy
Ecart
T. Moy Max
Ecart
T. Moy Mini
Dimbokro 26,6 0,9 1,5 0,3
Yamoussoukro 25,8 0,4 0,6 0,2
Bouaké 25,4 1,0 1,9 0,7
Korhogo 26,7 0,7 1,2 0,1
135
À la variabilité spatiotemporelle de la pluviométrie, il faut donc ajouter la hausse de la
température dans toutes les localités du bassin versant du Bandama. Le centre (Bouaké et
Dimbokro) récent beaucoup plus la hausse de la température. En effet, depuis la fin des
années 1990, une hausse de +1.7°C et +0.5°C en moyenne par rapport à la normale
climatologique 1961-1990, est respectivement révéler pour les températures maximales et
minimales. Pareils résultats sont déjà trouvés à l’échelle globale (GIEC, 2014) singulièrement
en Côte d’Ivoire (Kouassi et al., 2009 ; Diomandé, 2013). Contrairement à l’évolution de la
température du bassin versant du Bandama ivoirien, les analyses de Coulibaly (2012) menées
en Mauritanie indiquent que la hausse des températures minimales est plus prononcée que les
maximales. Il estime que, de manière générale, les températures augmentent en escalier, avec
une pente beaucoup plus raide chez les minimas que les maximas. Cet écart des résultats peut
s’expliquer par le fait que la Côte d’Ivoire soit dans la zone équatoriale et que la Mauritanie
soit dans la région sahélienne. Kouassi et al., (2009) et Diomandé (2013) renchérissent que
cette hausse de température affecte l’évapotranspiration et la formation de nuages
pluviogènes, d’où le dérèglement de la pluviométrie. Sultan et al., (2003) expliquent
l’augmentation rapide des températures dans les régions forestières par l’augmentation des
surfaces sèches. Pour ces derniers, la diminution de la couverture forestière, qui absorbe
naturellement du gaz carbonique contenu dans l’atmosphère, contribue à augmenter la teneur
atmosphérique de ce gaz à effet de serre et par conséquent, la température (Sultan et Janicot,
2000). Cette thèse est controversée car d’après les résultats des travaux de Richard et al.
(2002), au cours du XXème siècle, la fréquence des événements ENSO est positivement
corrélée avec la température globale et leur intensité est maximale sur la période postérieure à
1970 (Wang et Wang, 1996 ; Wang et Eltahir, 2000).
b) Evolution de l’ETP au cours de la période 1970-2013
L’ETP est définie comme la demande climatique de vapeur d'eau (Brou, 2005). Elle
est également un des facteurs fondamentaux dans les projets hydro-agricoles. Elle est donc
nécessaire à la connaissance des besoins en eau des plantes. Sa répartition moyenne mensuelle
et spatiale (Figure 87 en annexe 8) à l’échelle du bassin versant du Bandama parait
importante. Les valeurs d’ETP les plus faibles sont observées au Sud et à la jonction forêt-
savane, notamment à Yamoussoukro et Dimbokro. Les plus fortes valeurs annuelles sont
enregistrées dans la moitié nord de la zone d’étude (de Katiola à Korhogo) où elles excèdent
généralement les totaux pluviométriques annuels. Cela s’explique par une augmentation des
136
températures et du rayonnement au Nord. La tendance globale depuis 1970 est à la baisse
(Figure 38). Elle a vacillé entre 1400 et 1900 mm dans les années 1980. Mais depuis 1990, les
moyennes de toutes les stations synoptiques du bassin versant diminuent, tournant entre 1400
et 1700 mm. C’est à Dimbokro qu’il est constaté une légère croissance de perte d’eau par
évapotranspiration. Elle reste constante à Yamoussoukro et baisse dans la zone de Bouaké et
du nord. L’année 2001 présente les plus faibles ETP sur toute la période d’observation. Cette
évolution serait due, ces dernières années à l’augmentation de la température. En effet, En
dehors de la pluviosité, Brou (2005) a observé que sur les deux paramètres climatiques étudiés
(température et ETP), l’ETP est la mieux corrélée avec le NDVI pour les mêmes mois. Elle
pourrait être aussi donc liée au développement de l’arboriculture au sein de l’hydrosystème et
à la reforestation sur les lisières forêt-savane (Blanc-Pamard et Peltre, 1994).
Figure 38 : Evolution interannuelle de l’ETP de Dimbokro, Yamoussoukro, Bouaké et
Korhogo de 1970 à 2013.
Source : données SODEXAM.
4.3.2. Caractéristiques des températures et ETP moyennes mensuelles
Les mois les plus chauds de l’année sont février, mars et avril. Durant ces mois, toutes
les localités étudiées enregistrent des températures moyennes allant jusqu’à 30°C (Figure 39).
Par contre, le bassin versant enregistre les plus basses températures (23°C) en juillet et août.
La répartition mensuelle de la température et l’ETP (Figure 40) sont similaire. Elle présente
deux périodes au cours desquelles les valeurs des deux variables climatiques sont élevées
1000
1100
1200
1300
1400
1500
1600
1700
1800
1900
2000
19
70
19
72
19
74
19
76
19
78
19
80
19
82
19
84
19
86
19
88
19
90
19
92
19
94
19
96
19
98
20
00
20
02
20
04
20
06
20
08
20
10
20
12
ETP
(m
m)
DIMBOKRO YAMOUSSOUKRO BOUAKE KORHOGO
137
(maxima). Les principaux maxima se produisent uniformément en février-mars-avril. La
seconde période de maxima est octobre-novembre. Les mois qui enregistrent les plus basses
moyennes (minima) de température et ETP sont juillet-août-septembre et décembre-janvier.
La première période des minima correspond à la petite saison sèche de l’année au Sud du
bassin versant. C’est la période la plus fraiche de l’année (Brou, 2005). Les températures sont
inférieures à 25°C.
Figure 39 : Evolution des températures moyennes mensuelles de 1970 à 2013.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Figure 40 : Evolution de l’ETP moyennes mensuelles de 1970 à 2013.
Source : données SODEXAM.
2021222324252627282930
jan
vie
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fév
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mar
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l
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juil
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août
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tem
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va
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C
DIMBOKRO YAMOUSSOUKRO BOUAKE KORHOGO
60708090
100110120130140150160170
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vie
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rier
mar
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l
mai
juin
juil
let
août
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bre
oct
ob
re
nov
emb
re
déc
embre
va
leu
rs e
n m
m
DIMBOKRO YAMOUSSOUKRO BOUAKE KORHOGO
138
Conclusion partielle
Cette étude participe à l’actualisation des connaissances sur les variations de la
pluviométrie de l’hydrosystème du Bandama dans la mesure où elle prend en compte les
variables climatiques récentes (2001-2013). Les résultats de l’analyse des hauteurs
pluviométriques entre 1950 et 2013 dégagent trois tendances importantes. La première est la
plus pluvieuse de la série. Elle concerne la période 1950-1970. L’année 1970 est le premier
point de rupture de la série (1950-2013) concernée par cette étude. Cette date a d’ailleurs été
symboliquement indiquée comme le point de rupture de la période 1950-2000 par plusieurs
auteurs entre autres Servat et al. (1996), Brou (1997), Brou (2005), Noufé (2011). La
deuxième période part de 1970 à 1998. Elle demeure effectivement la plus sévère anomalie
climatique à avoir été observé depuis 1950 puisse que la troisième phase (1999-2013)
enregistre une remontée des hauteurs d’eaux précipitées de l’ordre de 20% à 30% par rapport
à la précédente. La tendance à la reprise de la pluviosité au niveau annuel, saisonnière et
mensuel est la résultante de la croissance des jours pluvieux de faible quantité. Les mois qui
débutent la grande saison humide (avril et mai) deviennent régulièrement récessifs avec de
nombreux faux départ en mars. Un autre mode de variabilité semble donc s’instaurer au sein
du bassin versant du Bandama. L’analyse des jours de pluies a mieux étayé ce caractère de
plus en plus précaire des pluies en début de saisons. En effet, en dépit des quantités
pluviométriques importantes enregistrées au cours de la dernière décennie, la possibilité
d’avoir les intensités de pluies potentiellement utiles en agriculture devienne faible en avril et
mai. Or c’est dans cette période de l’année que les paysans de la zone équatoriale de transition
commencent les semis.
139
Chapitre 5 : RECOMPOSITIONS DES
POTENTIALITES HYDRIQUES DES
CULTURES DANS LE CONTEXTE
CLIMATIQUE ACTUEL
L’optimisation de la production agricole par la satisfaction des besoins en eau pluviale
nécessite une révision des conditions climatiques du milieu, notamment la pluviométrie. Des
analyses qui précèdent, se succèdent trois phases dans la variation des pluies entre 1950 et
2013. Elles concluent effectivement d’un déficit pluviométrique depuis les années 1970, suivi
d’une phase excédentaire à partir de 1998. À la suite de ces résultats, il convient de savoir
comment ces fluctuations affectent-elles les planifications des activités agricoles, entre autres
les saisons culturales dans les différentes régions du bassin versant du Bandama. La saison
culturale ou Saison des Pluies Potentiellement Utiles (SPPU) est définie par Samba et al.
(1999) et Adewi et al. (2010) comme étant une succession significative de jours de pluies qui
offre une disponibilité en eau pour l’agriculture aux mêmes conditions atmosphériques dont
les effets (reprises du cycle végétatif des plantes) sont perceptibles au niveau de la végétation.
En d’autres termes, c’est un intervalle de temps pendant lequel les conditions hydriques
nécessaires à la culture sont réalisées de façon continue. L’objectif visé ici est donc d’analyser
l’évolution des dates probables de démarrage, de fin et la durée des saisons culturales dans le
contexte des nouvelles conditions hydroclimatiques. Ainsi, cette étude peut contribuer à une
meilleure planification des activités agricoles, un meilleur choix des variétés culturales en
fonction de la durée probable de la saison culturale et une bonne discrimination des aires de
potentialités agroclimatiques relativement homogènes à l’intérieur desquelles les conditions
hydriques de production agricole sont pratiquement identiques. Cet exercice est mené sur la
période 1960-2013 dans le but de maximiser la possibilité d’uniformiser le part de temps. Il
est aussi question de proposer un zonage à long terme de l’hydrosystème du Bandama qui
inclue la normale de référence (1961-1990). Pour ce fait, la variabilité des régimes
pluviométriques est évaluée dans le temps en prenant comme repère une période mobile de 30
ans. Cette technique permet de mettre en évidence les variations éventuelles.
140
5.1. Regroupement de l’hydrosystème du Bandama en microclimats
homogènes.
La variabilité du climat, basée exclusivement sur la répartition intra-annuelle de la
pluviométrie, constitue en fait la première étape du regroupement du bassin versant du
Bandama en potentialités hydroclimatiques. La classification des stations par groupe selon
leur proximité dans l’espace a pour but de réaliser le zonage de la région d’étude en
microclimat, précisément en aires agroclimatiques à peu près cohérent. Elle est effectuée au
moyen de l’analyse en composantes principales (ACP) qui a l’avantage de déterminer les
coefficients de corrélation entres les variables climatiques des postes d’observation étudiés.
Le recours à la méthode des coefficients pluviométriques moyens mensuels a pour but de
comprendre et de distinguer les probables particularités à l’intérieur des différentes zones
dégagées par ACP.
5.1.1. Discrimination spatiale des postes pluviométriques par ACP
Dans cette étude, les variables sont les 30 stations retenues qui constituent l’entrée
spatiale. L’entrée temporelle est représentée par les 12 mois de pluviométries moyennes des
séries étudiées. Pour retenir le nombre final d’axes, le pourcentage des variances expliquées
par chaque axe, résumé dans le tableau XV, sont prises en compte. Les résultats sont donnés
sous forme de représentation graphique (Figure 41) et de tableau (Tableau XLIII, annexe 3).
Deux variables se ressemblent d’autant plus qu’ils sont proches l’un de l’autre (Noufé, 2011).
Les « proximités » entre les composantes principales et les variables initiales sont mesurées
par les covariances, et surtout les corrélations (corrélation étant égale à cosinus). Trois zones
homogènes sont identifiées à partir des trois premières composantes, après le test
d’accumulation de variance « scree test ».
En fait, le premier axe factoriel totalise à lui seul 76,64% de l’inertie totale exprimée
(pourcentage de variance expliquée par l’ACP). Le pourcentage cumulé des trois premiers
facteurs est de 98,33%. Les huit derniers ne rassemblent seulement que 1,67%. Cela signifie
que si l’on représente les données sur un seul axe, alors on aura toujours 98,33% de la
variabilité totale qui sera préservée. À chaque valeur propre correspond un facteur. Chaque
facteur est en fait une combinaison linéaire des variables de départ. Les facteurs ont la
particularité de ne pas être corrélés entre eux. Les valeurs propres et les facteurs sont triés par
ordre décroissant de variabilité représentée.
141
Figure 41 : Corrélations entre 30 stations pluviométriques par ACP
Tableau XV : Résultats de ACP normée (Coefficient de corrélation de Pearson).
(variances en 1/n avec rotation des axes de type Varimax)
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Suivant le critère de Kaiser, les trois premiers axes sont pris en compte dans les structures
spatiales (Figure 42) dont la synthèse combinée à celle des coefficients pluviométriques
permet d’obtenir le zonage. Avec ce critère de choix des axes en ACP normée (I/p = 1), on a
retenu que les axes associés à des valeurs propre supérieures à un. La liaison d’une variable
par rapport à un facteur s’apprécie par la valeur du cosinus. En fait, plus le cosinus est élevé
(en valeur absolue), plus la variable et liée à l'axe ; plus le cosinus est proche de zéro, moins
la variable est liée à l’axe. Les résultats ainsi obtenus servent à la spatialisation des
coefficients de corrélations entre les variables. La synthèse des trois axes définis par l’ACP,
permet d’obtenir un découpage qui montre l’ensemble des variances. Il se dégage trois zones
homogènes consignées dans le tableau XVI.
Scree Plot
0 10 20 30 40
Number of Factors
0
10
20
30
Eige
nvalu
eV
aleu
rs p
rop
res
Nombre de composantes
F1 F2 F3 F4 F5 F6 F7 F8 F9 F10 F11
Valeur
propre 26,06 6,12 1,25 0,18 0,14 0,09 0,06 0,05 0,03 0,02 0,01
% variance 76,64 18 3,68 0,53 0,40 0,27 0,19 0,13 0,08 0,06 0,02
% cumulé 76,64 94,64 98,33 98,86 99,26 99,53 99,71 99,85 99,92 99,98 100
142
Tableau XVI : Synthèse des résultats de zonage obtenus par ACP
Sources : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Figure 42 : Spatialisation des composantes principales
(composante 1 ; composante 2 ; composante 3).
La détermination du nombre de composantes retenu au cours de l’ACP a été effectuée avec
l’option par défaut proposée par le logiciel SYSTAT (valeurs propres (Eigenvalues) > 1 qui
signifie que tous les facteurs retenus expliquent plus de variance qu’une seule variable :
critère de Kaiser). Après la synthèse des résultats du regroupement par l’ACP (Figure 43), le
zonage climatique du bassin versant du Bandama sera obtenu avec le concours de résultats
des coefficients pluviométrique moyen mensuel. Le recours à cette autre méthode permettra
de définir non seulement les caractéristiques des zones dégagées par ACP, mais aussi
d’apercevoir les éventuelles singularités à l’intérieur des différents groupes.
4.23a 4.23b 4.23c
ZONES CARACTERISTIQUES POSTES D’OBSERVATION
Z I Régime tropical (deux
saisons)
Ouangolodougou, Ferkessédougou, Korhogo, Dianra,
Tafiré, Niakaramadougou, Katiola
Z II Régime équatorial de
transition (quatre saisons)
Mankono, Séguéla, Dabakala, Bouaké, Béoumi,
Sakassou, Zuénoula, Bouaflé,
Sinfra, Yamoussoukro, M’Bahiakro, Bocanda, Ouéllé
Toumodi, Dimbokro, Tiassalé, Bongouanou, Cecchi,
N’Douci, Oumé,
Z III Régime équatorial de
transition du littoral Grand Lahou,
143
Figure 43 : Zonage pluviométrique à partir de la méthode ACP (1961-2013).
Yakro = Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara =
Niakaramadougou
Les zones sont les délimitations effectuées à partir des résultats de l’ACP. Pour une zone
donnée, des particularités sont identifiées au moyen des coefficients pluviométriques. Ces
particularités sont appelées des régions.
5.1.2. Régionalisation basée sur le coefficient pluviométrique moyen
mensuel
Pour être plus exhaustif, à l’image de l’étude de Goula et al. (2010a), toutes les
moyennes de 30 ans à partir de 1960 sont composé comme suit : la moyenne 1960-1991,
1961-1992…1971-2000….1984-2013 par la méthode des moyennes mobile au pas de temps
d’une année. Les courbes des coefficients pluviométriques de toutes ces normales sont
superposées sur un seul graphique pour analyse descriptive et comparative (Figures 72 à 79 de
144
l’annexe 3). Huit régions se distinguent suivant les formes de distribution mensuelle de la
pluviométrie dans l’espace d’étude.
a) Régionalisation de la zone I
La zone I est composée des deux premières régions de l’hydrosystème du Bandama.
La première contrée (Ouangolodougou, Ferkessédougou, Korhogo, Tafiré et Dianra) se
caractérise par un régime unimodal. Elle enregistre sa pluviométrie maximum en août et son
minimum en janvier (Figure 72 en annexe 3). Il y est perçu une légère variation au niveau du
mois d’août pendant lequel les coefficients pluviométriques mensuels varient entre 2,4 et 3.
Ferkessédougou et Korhogo ont des graphiques semblables. Seulement, dans la dernière
décennie, le maximum principal de Ferkessédougou est de temps à autre observé en
septembre. Tafiré et Dianra indiquent également un maximum principal dominé de plus en
plus par le mois de septembre avec une amplitude située entre 2 et 2,5.
La deuxième région de la zone I regroupe Mankono, Niakaramadougou, Katiola et Séguéla.
La répartition mensuelle des hauteurs de pluie de 1961 à 2013 indique également un régime
unimodal (Figure 73, annexe 3). Mais, le maximum principal est observé en septembre. Cette
région connait beaucoup de confusions dans la répartition des pluies au cours de certaines
années. Ce constat peut s’expliquer par la proximité de ce secteur avec la zone de transition
bimodale. La répartition mensuelle des pluies de la zone I est restée quasiment stable.
b) Régionalisation de la zone II
La zone II compte cinq régions. La distribution de la pluviométrie de Dabakala est
singulière, faisant de la localité la troisième région de l’hydrosystème. Elle a un régime
confus en général. Le maximum principal est observé en septembre (Figure 74, annexe 3). Ce
régime admet deux autres pics dont le plus important, pris comme le maximum secondaire,
est obtenu en juin avec des amplitudes variant entre 1,3 et 1,8. Le dernier sommet, le moins
important, intervient en avril. Cette distribution mensuelle des pluies est restée stable sur
toutes les normales (30 ans) de la période d’étude.
Bouaflé et Vavoua admettent des maximums principaux très distincts au mois de septembre.
Les maximums secondaires sont observés en juin avec des amplitudes qui envoisinent 1,5).
Ces deux localités (Figure 75, annexe 3) forment ainsi la région 4 de l’hydrosystème du
Bandama. Bouaké, Béoumi, Sakassou et Zuénoula constituent la cinquième région de
145
l’hydrosystème. Ces stations ont des régimes similaires de forme bimodale (Figure 76, annexe
3). Elles admettent le maximum principal au mois de septembre. Contrairement aux stations
précédentes, le maximum secondaire est tantôt en avril, tantôt en juin. En fait, cette région du
bassin du Bandama connait une distribution pluviométrique en dentelle à partir d’avril
jusqu’en juillet. Le régime de la région 5 est de temps à autre unimodal.
La région 6 de la zone II du bassin est caractéristique d’un climat équatorial de transition
atténué. Cette région est composée par les stations de Sinfra, Oumé, Toumodi,
Yamoussoukro, Bocanda, Ouéllé et M’Bahiakro. À l'inverse de la région 5 voisine, le
maximum principal est clairement atteint en juin (Figure 77, annexe 3). Quant au maximum
secondaire, il est observé en septembre. Ces deux pics symbolisent deux saisons pluvieuses
séparées par un minimum secondaire en juillet-août.
La distribution pluviométrique de la région 7 (zone II), plus au sud (Tiassalé, N’Douci,
Cecchi. Dimbokro et Bongouanou), est l’intermédiaire du régime bimodal de la région 6 et
celui de Grand Lahou sur le littorale. Elle se distingue avec un maximum principal très bien
prononcé en juin (Figure 78, annexe 3). Cependant, ils admettent un maximum secondaire
évoluant pratiquement en palier entre septembre et octobre avec une prépondérance pour le
mois d’octobre. Le minimum principal s’observe en janvier et le secondaire en août.
c) Régionalisation de la zone III
La zone III occupe la partie méridionale de la zone d’étude. Elle correspond aussi à la
région 8 de l’hydrosystème du Bandama. Grand-Lahou est la seul localité de cette région. Elle
est le siège d’un régime subéquatorial caractérisé par une forme bimodal. Le maximum
principal est très prononcé et s’observe en juin. Le maximum secondaire relativement plus
faible est en octobre (Figure 79, annexe 3). L’amplitude entre les deux maximums est donc
importante de l’ordre de 3. En effet, les coefficients pluviométriques varient entre 3,5 et 4,2
pour le mois de juin et entre 0,5 et 1,5 pour le mois d’octobre. Aucune variation notable n’est
observée dans la répartition mensuelle au cours des 50 dernières années.
Le zonage issu de la synthèse des résultats de l’ACP, de l’analyse du coefficient
pluviométrique moyen mensuel et de quelques descriptions statistiques (coefficients de
variation par exemple) est présentée à travers le tableau XVII et la figure 44. La combinaison
des résultats a permis de délimiter trois zones et huit variances régionales. Les zones
identifiées à partir de l’ACP ne coïncident pas toutes avec les zones définies par l’analyse du
coefficient pluviométrique moyen mensuel. Les trois grandes zones indiquées dans cet
exercice (la zone subéquatoriale de type littoral, la zone équatoriale de transition du sud
146
forestier et la zone tropicale de transition dans le nord savanicole) rejoint celles déterminées
en 1979 par l’ASECNA. Cette structure a effectué sa recherche sur une base de données
pluviométrique couvrant la période 1961-1975. En fait, tout comme l’ASECNA, la présente
étude s’est appuyée sur le régime saisonnier des stations météorologiques. Par ailleurs, les
distributions saisonnières sont plus utiles en agriculture vivrière que les cumuls
pluviométriques annuels. Suivant les mêmes procédures, mais sur la normale 1971-2000,
Goula et al. (2010a), ont pu déterminer six zones et huit régions distinctes à l’échelle ivoirien.
Figure 44 : Zonage de la pluviométrie de l’hydrosystème du Bandama (1960-2013).
Yakro = Yamoussoukro ; Ouangolo = Ouangolodougou ; Ferke = Ferkéssédougou ; Niakara =
Niakaramadougou
147
Tableau XVII : Critères de régionalisation et caractéristiques des régions
pluviométriques délimitées
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
148
Malgré la différence des parts de temps utilisé, les résultats de la régionalisation concordent
avec ceux obtenus par la présente analyse. Ce n’est pas le cas pour les grandes zones
pluviométriques. En effet, ils distinguent six zones. Pourtant, cette étude en décèle trois. Ce
décalage serait d’abord dû au fait qu’ils aient utilisées les cumuls pluviométriques annuels
pour leur analyse alors que la présente analyse s’est particulièrement intéressée à la répartition
moyenne mensuelle. L’écart s’explique aussi par la différence de l’échelle d’étude considérée.
Le zonage de Goula et al. (2010a) est réalisée à l’échelle de la Côte d’Ivoire tandis que ce
travail prend en compte que la partie centrale de celle-ci : le bassin versant du Bandama. Par
exemple, la zone montagneuse à l’ouest du pays ne peut être perçue dans cette étude.
5.2. Impact des variations de pluviosité sur les potentialités hydriques des
cultures
La présente étude est faite sur les stations de l’hydrosystème n’ayant pas connues
d’interruption dans leur exercice d’observation. Les dates de début et de fin ainsi que la durée
des saisons culturales sont déterminées année après année sur la période 1970 à 2011. Une
analyse fréquentielle des dates obtenues est effectuée sur la période afin de déterminer les
périodes de débuts, de fins et les durées des saisons culturales à la chance de réalisation d’une
(1), deux (2) ou trois (3) années sur quatre (4). Ces valeurs ont servis à la comparaison des
saisons culturales de la période 1970-1998 (période déficitaire) à celle de 1999 à 2010
(période annonçant une reprise de l’humidification). Les fréquences cumulées de 25% et 75%
constituent respectivement les bornes inférieures et supérieures de chaque période. Les dates
situées avant le quartile 25% constituent les dates précoces et les dates situées après le quartile
75 % constituent les dates tardives. On peut noter à toute fin utile que la méthode des quartiles
permet d’apprécier l’évolution des SPPU (Adewi et al., 2010). Aussi, à la fin de l’analyse,
une cartographie des durées des SPPU des périodes antérieures à 1998 et postérieures à 1998
met en évidence l’ampleur récente des évolutions spatio-temporelles des conditions hydriques
de production dans la zone d’étude.
5.2.1. Effets de la variation du climat sur les saisons culturales
La date d’installation des pluies et la durée des saisons sont deux paramètres essentiels
pour le monde paysan car elles déterminent, d’une part la date probable de semis, d’autre part,
149
la durée du temps pluvieux pendant laquelle les différentes étapes de développement des
cultures peuvent bénéficier des précipitations. Les critères utilisés pour la détermination de la
date de démarrage et de fin des saisons culturales sur les périodes 1970-1998 et 1999-2009
sont détaillés dans la méthodologie de cette étude. Le critère définitif utilisé en régime
bimodal se présente comme suit : la première saison culturale débute après le 11 mars quand
les précipitations recueillies en 2 jours consécutifs constituent au moins 20 mm et quand
aucune période sèche de plus de sept (7) jours consécutifs n’intervient au cours des 30 jours
suivants. Quant à la deuxième saison culturale, elle débute après le 1er août au moment où les
précipitations recueillies en 2 jours consécutifs constituent au moins 20 mm et quand aucune
période sèche de plus de 7 jours consécutifs n’intervient au cours des 30 jours suivants. Pour
le régime monomodal, les critères arrêtés sont : l’unique saison culturale débute après le 11
mars quand les précipitations recueillies en 2 jours consécutifs constituent au moins 20 mm et
quand aucune période sèche de plus de 7 jours consécutifs n’intervient au cours des 30 jours
suivants.
Les postes d’observations retenues pour cette analyse sont représentatifs des trois zones du
bassin versant du Bandama. Il serait plus intéressant de choisir une station pour chaque région
climatique homogène définie dans le chapitre précédent. Cependant, en fonction de la
disponibilité des données journalières, certaines localités comme Korhogo et Dianra (zone I :
région 1), Bouaflé (zone II : région 4), Bocanda et Oumé (zone II : région 6), Dimbokro (zone
II : région 7) et Grand Lahou (zone III : région 8), sont choisies pour l’étude. On sait que les
deux premières régions ont des régimes monomodaux. Les six dernières régions (régions 3 à
8) sont dominées par des régimes pluviométriques bimodaux.
a) Régime monomodal
En moyenne, les dates d’installation du démarrage des SPPU des régions au-dessus du
8º de latitude nord interviennent entre la première décade d’avril et la première décade de
juin. À Korhogo, l’interprétation des résultats consignés dans le tableau XVIII et sur la figure
45 indique que les saisons culturales sur la série 1971-2010 débutent entre avril et mai et
s’achever entre octobre et novembre. La date médiane de début est le 26 avril. Celle de la fin
est le 21 octobre. La tendance globale observée sur la figure 45 révèle un caractère de plus en
plus tardif de l’apparition des dates de débuts et fin de la saison. Par exemple, la date tardive
moyenne intervenait le 11 mai au cours de la série 1971-1998. Elle passe au 27 mai avec un
retard de 16 jours au cours de la période 1999-2010 (Tableau XVIII). Quant aux dates
150
précoces, elles passent de la première décade d’avril (06 avril précisément) entre 1971 et 1998
à la dernière (21 avril) pendant la phase humide (1999-2010 suivantes. Les dates de fins
suivent la même progression selon la figure 45. En effet, à 25%, elles arrivent après le 19
octobre entre 1999-2010, prenant 10 jours de retard sur la période précédente (1971-1998).
Les fins tardives (1 année sur 4) situées après le 28 octobre sont observées désormais après le
02 novembre. Ainsi, les dates du début et de fin des SPPU à Korhogo sont de plus en plus
tardives depuis quelques années. Précisément, elles sont conjointement retardées d’environ
une décade. En conséquence, les durées de la saison sont quasiment invariables.
Tableau XVIII: Distribution des dates de début et fin de la saison culturale à Korhogo
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Figure 45 : Variabilité des dates de début et de fin de l’unique SPPU à Korhogo et
Dianra
unique
maximum en
Août
Unique SPPU en zone nord-est
PERIODES
25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1971-2010 8-avr. 11-oct. 186,5 26-avr. 21-oct. 178 12-mai 1-nov. 173
1971-1998 6-avr. 9-oct. 186 26-avr. 20-oct. 177,5 11-mai 28-oct. 170
1999-2009 21-avr. 19-oct. 181 3-mai 1-nov. 181,5 27-mai 2-nov. 159
Ecarts (jours) 15 10 -5 7 11 4 16 4 -11
151
La situation de Dianra, appréhendée à travers la figure 45 et le tableau XIX, est différente de
celle présentée à Korhogo. Les saisons culturales ont considérablement fluctué, surtout au
niveau des dates de début et des durées. Les dates médianes de début et de fin des SPPU sont
respectivement avancées d’une décade et retardées de 21 jours, si l’on considère les deux
sous-séries 1980-1998 et 1999-2011.
Tableau XIX: Distribution des dates de début et fin de la saison culturale à Dianra
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
En fait, du 01 mai au 06 octobre que la SPPU se produisait sur l’intervalle de temps 1980-
1998, les dates médianes de début et fin de la saison au cours de la période 1999-2011 sont
passées au 21 avril et au 27 octobre. Les débuts précoces sont restés constantes (13 avril) sur
toute la période d’observation. Les débuts tardifs de la phase 1980-1998 se situent après le 27
mai. Les fins précoces enregistrées pendant cette même période interviennent avant le 01
octobre tandis que les plus tardives sont enregistrées après le 17 octobre. Pendant la période
1999-2011, la saison a connu une fin légèrement tardive avec 3 jours d’écart sur la période
précédente à la chance de réalisation de 3 ans sur 4. La fin observée dans 25% des cas se situe
au 01 novembre. La durée minimale de la saison culturale est de 174 jours à la chance de 75%
et de 172 jours à la chance de 25% de se réaliser.
b) Régime bimodal
La présentation des résultats obtenus en régime bimodal commencent par la région 8
sur la côte (Grand Lahou). Dans la région côtière de l’hydrosystème du Bandama, le début de
unique
maximum en
septembre
Unique SPPU en zone nord-ouest
PERIODES 25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1980-2009 13-avr. 3-oct. 173 27-avr. 10-oct. 166,5 25-mai 23-oct. 151,75
1980-1998 13-avr. 1-oct. 171 1-mai 6-oct. 158 27-mai 17-oct. 143
1999-2009 13-avr. 4-oct. 174 21-avr. 27-oct. 189 12-mai 1-nov. 172
Ecarts (jours) 0 3 3 -10 21 31 -14 15 29
152
la première saison culturale se situe entre le 11 mars au 04 juin et la fin intervient du 10 juillet
au 02 septembre au cours de la période 1970-2009. L’observation de la figure 46 indique un
caractère irrégulier des SPPU et une tendance de plus en plus précoce des dates de début des
SPPU. Cette tendance signifie que les saisons culturales de façon générale débutent plus vite
ces dernières années. Cependant, l’analyse des dates médianes démontre une relative stabilité.
En effet, la date médiane de début de la saison, située au 23 avril au cours de la période 1970-
1998 est passée au 24 avril pour la période 1999-2009, soit seulement un jour d’écart.
Figure 46 : Variabilité des dates de début et de fin des SPPU à Grand Lahou (région 8)
La fin de la saison intervient le 01 août en 1970-1998, trois jours plutôt par rapport à
l’intervalle 1998-2009 (Tableau XX). Par contre, les débuts précoces ont significativement
varié d’une période à l’autre. Ainsi, à la chance de 75%, le début de la saison intervient à
partir du 31 mars en 1970-1998 alors qu’au cours de la période 1998-2000, le démarrage de la
saison arrive 13 jours plutôt (18 mars). La durée médiane est de 100 jours durant la période
1970-1998 et de 102 entre 1999 et 2009. À la chance de 25%, la saison a une durée minimale
de 103 jours en 1999-2009 contre 91 durant la période 1970-1998. De 1970-1998 à 1999-
2009, les débuts tardifs sont passés du 10 mai au 29 avril. Les dates de fin sont passées du 8
au 10 août. Au regard de la période avant 1998, on conclue qu’au cours de la période après
1998, les premières saisons culturales connaissent un début précoce et un retard des fins de
SPPU.
153
Tableau XX: Distribution des dates de début et fin des saisons culturales à Grand Lahou
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
En ce qui concerne la deuxième saison culturale, la date médiane de début des SPPU des
périodes 1970-1998 et 1999-2009 sont respectivement le 10 octobre et le 03 octobre. La fin
est passée du 03 au 06 novembre. Il en ressort que la durée médiane qui est de 23 jours au
cours de la première sous-série (1970-1998) augmente de 11 jours, soit 34 jours durant la
période 1999-2009.
À Bouaflé, les premières saisons culturales commencent généralement entre le 11 mars et le
31 mai sur la période 1970-2009. Mais la figure 47 présente une relative stabilité des débuts
de saison. La date médiane de ces débuts s’installe au 10 avril. Celle de la fin des SPPU se
produit le 03 juillet. Les dates avant le 23 mars sont vues comme précoces et celles après le 27
avril sont considérées tardives. De la période avant 1998 à celle après, les fins précoces et
normales restent peu changeantes. Par contre, les débuts des saisons culturales à la chance de
réalisation de 75% ne sont pas stables. Ils arrivent après le 19 mars entre 1970-1998. Pourtant,
sur l’intervalle 1999-2009, il faut attendre le 26 mars pour le voir se produire. Sur les deux
maximum
principal en
Juin
Première SPPU en zone littorale (sud)
PERIODES 25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1970-2009 30-mars 24-juil. 116 24-avr. 1-août 99 6-mai 8-août 95
1970-1998 31-mars 23-juil. 115 23-avr. 1-août 100 10-mai 8-août 91
1999-2009 18-mars 26-juil. 129 24-avr. 4-août 102 29-avr. 10-août 103
Ecarts (jours) -13 3 14 1 3 2 -11 2 12
maximum
secondaire
Octobre
Deuxième SPPU en zone littorale (sud)
PERIODES 25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1970-2009 27-août 1-nov. 65 10-oct. 5-nov. 25 30-oct. 12-déc. 42
1970-1998 27-août 1-nov. 65 10-oct. 3-nov. 23 6-nov. 15-déc. 39
1999-2009 18-août 1-nov. 75 3-oct. 6-nov. 34 25-oct. 22-nov. 28
Ecarts (jours) -9 0 10 -7 3 -2 -11 -22 -11
154
périodes, les saisons s’achèvent après le 01 juillet avec une durée minimale de 104 jours
(1970-1998) et de 97 jours (1999-2009). La durée médiane de la saison est de 89 jours pour
les temps récents contre 81 jours entre 1970-1998. Les fins précoces et tardives interviennent
entre le 1er et le 14 juillet pour 1970-1998 et le 1er et le 17 juillet pour 1999-2009.
Figure 47 : Variabilité des dates de début et fin des SPPU à Bouaflé (région 4)
Pendant la deuxième saison humide, prenant pour repère la période 1970-1998, il ressort que
la décennie 2000 connait une amélioration des SPPU. En fait, les débuts précoces observés
dans 25% des cas se situent avant le 6 août. Ces dates de démarrage sont enregistrées 11 jours
plutôt que celles de la période précédente. En tenant compte des valeurs médianes, on
constate que les dates de démarrage de la deuxième saison culturale interviennent entre le 27
août (1970-1998) et 9 août (1999-2009). Elles sont davantage plus précoces de l’ordre de
deux semaines, une différence significative pour l’agriculture pluviale (Tableau XXI). Les
dates médianes de la fin des saisons restent invariables, en dehors des dates tardives qui sont
respectivement observées de 1970-1998 à 1999-2009 après le 04 novembre et le 10
novembre. La durée médiane de la saison est de 84 jours avec une durée minimale de 65 jours
(1999-2009) observée dans 75% des cas.
155
Tableau XXI: Distribution des dates de début et fin des saisons culturales à Bouaflé
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
La figure 48 suivante montre comment les dates de début et fin des saisons évoluent dans le
temps. Les dates de début de la deuxième saison sont particulièrement fluctuantes. De façon
générale, la première saison culturale à Oumé (région 6) débute entre le 11 mars et le 10 juin
pour finir entre le 01 juillet et le 7 novembre. Le tableau XXII indique toutefois que dans 75%
des cas à la chance de se réaliser, la saison démarre après le 17 mars et se termine après le 03
juillet avec une durée minimale de 108 jours entre 1970 et 1998. La durée des SPPU entre
1999-2009 se rétrécie légèrement de 3 jours avec un début tardif d’un jour et une fin plus
précoce de 2 jours. Les débuts situés au-delà du 18 avril et les fins intervenues après le 20
juillet observés dans 25% des cas restent presque statiques entre 1999 et 2009. Au niveau des
valeurs médianes, la durée de la SPPU de la période 1999-2009 gagne un jour de plus sur
celle de 1970-1998 qui était de 99 jours. Ce gain résulte d’un départ avancé de 5 jours de
1999 à 2009 et d’une fin précoce de 4 jours sur la phase 1970-1998.
maximum
principal en
Septembre
Première SPPU en zone centre-ouest
PERIODES 25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1970-2009 23-mars 1-juil. 100 10-avr. 3-juil. 84 27-avr. 15-juil. 79
1970-1998 19-mars 1-juil. 104 13-avr. 3-juil. 81 28-avr. 14-juil. 77
1999-2009 26-mars 1-juil. 97 3-avr. 1-juil. 89 3-mai 17-juil. 75
Ecarts (jours) 7 0 -7 -10 -2 8 5 3 -2
maximum
secondaire
Juin
Deuxième SPPU en zone centre-ouest
PERIODES 25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1970-2009 11-août 1-nov. 82 26-août 1-nov. 67 6-sept. 5-nov. 60
1970-1998 15-août 1-nov. 77 27-août 1-nov. 65 6-sept. 4-nov. 58
1999-2009 6-août 1-nov. 87 9-août 1-nov. 84 6-sept. 10-nov. 65
Ecarts (jours) -9 0 10 -18 0 19 0 6 7
156
Figure 48 : Variabilité des dates de début et fin des SPPU à Oumé (région 6)
Tableau XXII: Distribution des dates de début et fin des saisons culturales à Oumé
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
L’examen du tableau XXII permet de constater que la deuxième SPPU oscille entre le 15 août
et le 01 novembre (1970-1998) et entre le 13 août et le 01 novembre (1999-2009) à la chance
de réalisation de 75%. La valeur médiane du début des SPPU de la période 1999-2009, située
au 02 septembre, indiquent un retard de 2 jours sur la période précédente. Ce retard ne
concerne pas les fins médianes. En effet, située au 06 novembre sur la période 1970-1998,
maximum
principal en
Juin
Première SPPU en zone sud-ouest
PERIODES 25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1970-2009 17-mars 2-juil. 107 31-mars 9-juil. 100,5 18-avr. 21-juil. 93,5
1970-1998 17-mars 3-juil. 108 2-avr. 10-juil. 99 18-avr. 20-juil. 93
1999-2009 18-mars 1-juil. 105 28-mars 6-juil. 100 18-avr. 22-juil. 95
Ecarts (jours) 1 -2 -3 -5 -4 1 0 2 2
maximum
secondaire
Septembre
Deuxième SPPU en zone sud-ouest
PERIODES 25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1970-2009 15-août 1-nov. 78 2-sept. 5-nov. 64 13-sept. 7-nov. 55,25
1970-1998 15-août 1-nov. 78 2-sept. 6-nov. 65 12-sept. 8-nov. 57
1999-2009 13-août 1-nov. 80 4-sept. 1-nov. 58 22-sept. 5-nov. 44
Ecarts (jours) -2 0 2 2 -5 -7 10 -3 -13
157
elles arrivent plutôt (01 novembre) au cours de la période 1999-2009, réduisant la durée de 65
jours à 58 jours en 1999-2009.
L’analyse de la figure 49 et du tableau XXIII indique qu’au niveau de Dimbokro (région 7),
les débuts de la grande saison culturale s’inscrivent entre le 11 mars et le 15 mai. Le début de
la première saison culturale a subit une faible variation sauf au niveau des dates tardives où il
y a un écart de 8 jours en faveur de la décennie 2000. La fin de la saison intervient de façon
précoce en 1970-1998 par rapport à 1999-2009. En effet, la date médiane est située au 20
juillet pour la période 1999-2009 et au 08 juillet avec un écart de 12 jours pour la normale
1970-1998. Dans 75% des cas, la saison peut s’étendre jusqu’au 25 juillet en 1999-2009 alors
qu’en 1970-1998, elle prend fin plutôt le 17 juillet. La durée de la saison a donc enregistré une
augmentation au cours de 1999-2009. L’écart est d’une décade au niveau de la médiane, de 4
jours au niveau des débuts et fin précoces et de 16 jours à 75% de réalisation. La durée
minimale de la saison est 90 jours en 1970-1998 et de 106 jours en 1999-2009 à 75%. Au
niveau de la durée médiane, elle est de 103 jours entre 1970 et 1998 et de 113 jours entre
1999 et 2009.
Figure 49 : Variabilité des dates de début et fin des SPPU à Dimbokro (région 7).
La petite saison connaît d’importantes variations tant au niveau du début que de la fin de la
saison (Tableau XXIII). Il se produit un démarrage précoce et une fin tardive de la saison
culturale au cours des années 1999-2009 par rapport à la période 1970-1998. Les dates
médianes de début et fin de la saison sont le 24 août et le 02 novembre pour la période 1970-
1998. Au cours de 1999-2009, la date médiane de début de la saison s’est située au 17 août
soit 7 jours plutôt et celle de le fin le 12 novembre avec un décalage de 10 jours. Les écarts les
plus élevés d’environ 2 semaines se situent au niveau des débuts et fins tardifs. La durée
158
minimale de la saison est 83 jours en 1999-2009 et 55 jours en 1970-1998 dans 75% des cas.
Au niveau de la durée médiane, elle est de 70 jours en 1970-1998 et de 87 jours en 1999-2009
soit un prolongement de la saison de 17 jours.
Tableau XXIII: Distribution des dates de début et fin des saisons culturales à Dimbokro.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Dans le centre-est du bassin représenté par Bocanda (région 6), les fins de saisons sont
généralement très peu variables (Tableau XXIV) pendant les deux saisons culturales. Par
contre, les dates de démarrage de saisons connaissent de véritables variations,
particulièrement au niveau de la grande SPPU (Figure 50). Au cours de la période 1970-2009,
le début de la première saison culturale oscille entre le 11 mars et le 18 juin avec une date
médiane située au 10 avril. À la chance de réalisation de 75%, la saison débute autour du 25
mars et s’achève avant le 01 juillet avec une durée minimale de 98 jours. La durée médiane de
la saison est d’environ 88 jours. Entre 1970 et 1998, la saison débute le 30 mars, soit 5 jours
plus tard que sur toute la série étudiée. En revanche, en 1999-2009, les démarrages sont
d’avantages précoces (22 mars) de près de 8 jours sur la précédente. Cette précocité est
répétée, voir accentuée depuis les années 80. En effet, du 16 avril que le début intervenait
entre 1970 et 1998, il passe en 1999-2009 au 27 mars avec 20 jours d’avance. Aussi, la durée
de la SPPU a-t-elle évolué de 15 jours seulement parce que la fin des saisons des récentes
années arrive 5 jours plutôt. Elle est donc passée de 82 jours à 97 jours. 3 années sur 4, la date
de début se situe au 16 avril soit 13 jours plutôt entre 1999 et 2009 que celle de 1970 et 1998
maximum
principal en
Juin
Première SPPU en zone centre
PERIODES 25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1970-2009 16-mars 2-juil. 108 28-mars 9-juil. 103 12-avr. 21-juil. 100
1970-1998 16-mars 2-juil. 107 27-mars 8-juil. 103 18-avr. 17-juil. 90
1999-2009 15-mars 4-juil. 111 29-mars 20-juil. 113 10-avr. 25-juil. 106
Ecarts (jours) -1 2 4 2 12 10 -8 8 16
maximum
secondaire
en Octobre
Deuxième SPPU en zone centre
PERIODES 25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1970-2009 13-août 1-nov. 80 20-août 3-nov. 75 13-sept. 12-nov. 60
1970-1998 9-août 1-nov. 84 24-août 2-nov. 70 13-sept. 7-nov. 55
1999-2009 13-août 4-nov. 83 17-août 12-nov. 87 30-août 21-nov. 83
Ecarts (jours) 4 3 -1 -7 10 17 14 14 28
159
qui se manifeste après le 29 avril. On peut ainsi conclure d’une précocité des débuts de la
grande saison culturale et d’une fin quasi stable de la saison à Bocanda.
Tableau XXIV: Distribution des dates de début et fin des saisons culturales à Bocanda.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Figure 50 : Variabilité des dates de début et fin des SPPU à Bocanda (région 6).
maximum
principal en
Juin
Première SPPU en zone centre-est
PERIODES 25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1980-2009 25-mars 1-juil. 98 10-avr. 7-juil. 88 27-avr. 23-juil. 87
1980-1998 30-mars 1-juil. 92 16-avr. 7-juil. 82 29-avr. 23-juil. 85
1999-2009 22-mars 1-juil. 101 27-mars 2-juil. 97 16-avr. 23-juil. 98
Ecarts (jours) -8 0 9 20 -5 15 -13 0 13
maximum
secondaire
Septembre
Deuxième SPPU en zone centre-est
PERIODES 25% 50% 75%
Début Fin Durée Début Fin Durée Début Fin Durée
1980-2009 22-août 1-nov. 71 9-sept. 1-nov. 53 25-sept. 3-nov. 39,25
1980-1998 9-août 1-nov. 84 5-sept. 1-nov. 57 22-sept. 3-nov. 42
1999-2009 10-août 1-nov. 83 14-sept. 1-nov. 48 25-sept. 4-nov. 40
Ecarts (jours) 1 0 -1 9 0 -9 3 1 -2
160
Les fins de la petite saison culturale restent également invariables. Les départs de cette saison
sont au contraire tardifs, diminuant la durée des saisons. Ils interviennent dans 25% des cas le
09 août et dans 75% des cas le 22 septembre avec une date médiane située au 05 septembre
pendant la période 1970 et 1998. Durant la période 1999-2009, considérant les dates
médianes, la saison accuse un retard de 9 jours pour démarrer par rapport aux années 1970-
1998. La réduction de la saison est seulement de 3 jours à la chance de réalisation de 1 an sur
4. La durée minimale de la saison est de 40 jours entre 1999-2009 et 42 jours sur la période
1970-1998.
5.2.2. Cartographie de la variation des durées des saisons culturales
Les durées des saisons culturales représentent les longueurs minimales qu’on est en
mesure d’espérer pour le niveau de probabilité correspondant. Elles restent relativement peu
variables au cours de la période d’étude.
a) Saison culturale unique
Les figures 51 et 52 suivantes représentent la cartographie des durées des SPPU une
année sur quatre et trois années sur quatre de l’hydrosystème du Bandama. Il est constaté
qu’au Nord, en régime unimodal, les durées de l’unique saison culturale sont les plus
importantes du bassin versant. Elles varient entre 100 et 175 jours. De 1970-1998 à 1999-
2013, les variations sont insignifiantes. Toutefois, les régions de Dianra et Korhogo ont connu
une mutation spatiale des durées 3 années sur 4 (Figures 51c et 51d) de l’unique saison
culturale de l’époque avant à celle après 1998. En fait, Dianra voit sa saison culturale
s’allonger tandis que dans la station de Korhogo, les saisons ne dépassent plus 150 jours entre
1999 et 2013, de plus de 165 jours qu’elle durait. Ces résultats concordent assez bien avec les
faibles variations des dates de fermeture dans l’ensemble au Nord et le démarrage plus
précoce de l’unique saison culturale à Dianra au cours de ces dernières années.
b) Régime bimodal
La moitié sud de l’hydrosystème du Bandama est la zone des régimes bimodaux. Dans
cette partie, la durée des saisons culturales est moins importante que celle de l’unique saison
de la zone Nord (Figures 51c a 51d). Les grandes saisons durent entre 40 et 115 jours (3
années sur 4), puis entre 90 et 140 jours à la chance 1 année sur 4 de se réaliser.
161
Figure 51 : Evolutions spatiales des durées atteintes ou dépassées 1 année sur 4 (51a
et 51b) et 3 années sur 4 (51c et 51d) de la grande saison culturale.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
mm
mm
52a 52b
52c 52d
km km
km km
51a 51b
51d 51c
(1999-2013) (1970-1998)
(1999-2013) (1970-1998)
162
Figure 52 : Evolutions spatiales des durées atteintes ou dépassées, 1 année sur 4 (52a
et 52b) et 3 années sur 4 (52c et 52d) de la petite saison culturale.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
mm
mm
53a 53b
53c 53d
km km
km km
52d 52c
52a 52b
1999-2013
(1999-2013) (1970-1998)
(1970-1998)
163
Sur le littoral, l’on remarque un allongement de la durée de la grande saison culturale (Figure
51). En effet, en 1998-2013, les durées précoces de ce secteur gagnent près de deux semaines
sur la période précédente. Ce renforcement s’étend jusqu’à Tiassalé dans le même temps. En
dehors de ces zones où l’on constate un progrès, le reste du sud du bassin versant n’a connu
de variations notables. Aussi, importe-t-il de signifier que les premières SPPU de l’ouest
(Zuénoula) et l’est (M’Bahiakro) présentent les plus courtes durées de l’hydrosystème du
Bandama. En outre, les plus longues durées de la petite saison culturale s’observe dans ces
régions (Figure 52).
À l’exception de Bocanda dans l’est, la petite saison culturale atteint partout, une durée de un
mois 15 jours, mais n’excède pas deux mois (1 année sur 4). Dans les années 2000, la petite
saison à Dimbokro passe à environ deux mois. Cependant, en zone de transition, aucune
modification n’est enregistrée. Les saisons sont restées stables dans l’ensemble. Ni la grande,
ni la petite saison culturale n’ont subi de variation significative, et ceux malgré que les séries
pluviométriques ne soient pas restées stationnaires dans ces régions. Dans le même temps, à
75% de chances de réalisation, la petite saison culturale (durant environ trois mois) s’évase et
concerne tout le centre jusqu’aux latitudes de Tiassalé. Au contraire de celles-ci, les régions
du littoral subissent une régression des durées de la deuxième saison culturale.
On retient de la synthèse des résultats qui précèdent que les saisons culturales probables ont
varié de la période 1970-1998 à celle de 1999-2009. Les débuts deviennent généralement plus
précoces (une à trois décades) pendant les premières saisons au cours des dernières années
(1999-2009), comparativement aux années 1970-1998. En revanche, les fins des saisons sont
relativement stables en dehors de celles du nord où l’on observe un retard après l’année
1998.La petite SPPU est également de plus en plus sporadique depuis quelques années, à
l’exception des régions du centre-ouest, où l’on constate des fins tardives au début des années
90. Contrairement, dans presque toute la zone d’étude, les dates de fin fluctuent très peu,
comme l’attestent les stations de Dimbokro et Bocanda en zone de transition. Celle de Grand
Lahou sur la bande littorale enregistre par contre une précocité significative de l’ordre de
deux décades à la chance de réalisation de 25%.
L’une des motivations importantes de cette thèse est que les utilisateurs des saisons culturales
(début et fin des pluies) soient sujets chaque année à des surprises avec des conséquences
parfois dramatiques. Les études récentes sur les variabilités pluviométriques ont indiqué qu’au
cours du 20ème siècle, la Côte d’Ivoire a connu un raccourcissement des saisons pluvieuses et
des périodes individualisées de sécheresses (Brou et al., 1998 ; Brou et al., 2005 ; Kouassi et
al., 2007 ; Diomandé, 2013). Ainsi, malgré les cumuls pluviométriques qui s’améliorent, les
164
fluctuations demeurent très considérables dans leur répartition saisonnière au niveau de
l’hydrosystème du Bandama. Les résultats issus des analyses de la présente étude confirment
le caractère imprévisible des débuts des saisons pluvieuses, mais à un degré moindre par
rapport à ce qui est subit dans les pays sahéliens. D’ailleurs, les fins de saisons culturales du
bassin versant du Bandama restent stables. C’est donc à juste titre que Noufé (2011) tire la
conclusion selon laquelle ces fluctuations de dates de démarrage de la grande saison culturale
ne sont pas encore de nature à porter un préjudice majeur aux activités agricoles comme il est
le cas dans les pays sahéliens. Néanmoins, elles constituent un risque potentiel pour
l’ouverture des campagnes agricoles, principalement dans la zone équatoriale de transition.
Concernant l’analyse de ces paramètres de la campagne agricole, Stern (2007) et Coulibaly
(2012) considèrent que l’agriculture est une activité à risque. Mais le paysan peut décider de
mettre en place son activité si le phénomène, ou l’événement qui peut causer des dégâts à la
culture à une probabilité d’occurrence inférieure à 20%. L’analyse de la qualité des pluies ou
des séquences sèches au début de la grande saison humide (mars-avril-mai) pourrait montrer
également l’ampleur des débuts aléatoires des campagnes agricoles qui bouleverse les
planifications paysannes ; surtout que, selon Coulibaly (2012), les séquences sèches de plus
de 10 jours sont préjudiciables pour les semis. Cette étude n’a pas calculé de pauses
pluviométriques. Toutefois, le chapitre précédent a conclu que les mois qui débutent la grande
saison humide (avril et mai) deviennent régulièrement récessifs avec de nombreux faux départ
en mars, en dépit des quantités pluviométriques importantes enregistrées au cours de la
dernière décennie. La possibilité d’avoir les intensités de pluies potentiellement utiles en
agriculture devienne faible en avril et mai. Or c’est dans cette période de l’année que les
paysans de la zone équatoriale de transition commencent les semis.
Conclusion partielle
La comparaison des courbes des coefficients pluviométriques de toutes les normales
superposées sur un seul graphique et l’analyse des normales de quelques mois caractéristiques
permet de conclure que la répartition moyenne mensuelle des hauteurs de pluies est
relativement stable malgré les variabilités que l’on observe au niveau des hauteurs annuelles
et saisonnières. En d’autres termes, il y a certes une variabilité des hauteurs pluviométriques
aussi bien annuelles que journalières, mais la répartition saisonnière normale reste
pratiquement la même sur la période 1950-2013. Le zonage de l’hydrosystème du Bandama,
165
élaboré sur cette base de régimes à long terme, peut être considéré comme représentatif pour
les 30 ans avenir. Toutefois, il convient de s’interroger sur l’impact de cette variabilité
pluviométrique sur les potentialités hydriques de production agricole de l’hydrosystème du
Bandama ivoirien. L’analyse comparée des dates de début et de fin de la saison des pluies,
effectuée sur les périodes 1970-1998 et 1999-2009, rentre dans ce contexte. Cette étude a
montré qu’en moyenne, les agriculteurs du bassin versant du Bandama et plus
particulièrement ceux du littorale encourent moins de risque en menant leurs activités
agricoles entre la première décade d’avril et la dernière décade de juillet, soit sur une durée
médiane d’environ 90 jours. Les dates médianes de démarrage de la grande SPPU sont
marquées au cours de dernières années par une précocité de plus d’une décade. La petite
SPPU est également de plus en plus sporadique, depuis quelques années, à l’exception des
régions du centre-ouest, où l’on constate des apparitions tardives depuis le début des années
90. Cependant, dans presque toute la zone d’étude, les dates probables de la fin des saisons
sont relativement stables. Mais, en considérant les fluctuations des dates de démarrage et de
clôture année après année, on s’aperçoit du résultat contraire. En effet, les débuts de la
première saison culturale varient brutalement entre le 11 mars et le 30 juin. La fin intervient
également de façon aléatoire entre la première décade de juillet et la fin du mois d’août au
cours de la période 1999-2009. Ces constats pourraient justifier une fois encore les difficultés
de planification des activités agricoles des populations rurales. Il paraît donc intéressant
d’évaluer le niveau de satisfaction des besoins hydriques de production dans l’ensemble de la
zone étudiée au cours des trente dernières années, en tenant compte de la réserve utile des
sols. Le bilan hydrique relatif à la consommation d’eau du riz selon ses phases de
développement pourra permettre d’évaluer l’ampleur des déficits et des excès hydriques et de
tester le concept d’utilité productive de l’eau. L’exercice qui suit se fixe aussi pour objectif de
proposer les périodes optimales de semis à partir desquelles, les indices de satisfaction des
besoins hydriques et la probabilité de réussite des variétés de riz sont déterminés sur la
dernière normale standard (1981-2010). Ainsi, cette étude pourrait soutenir la politique de
planification des activités agricoles, de meilleurs choix de variétés culturales en fonction de la
durée probable de la saison culturale.
166
TROISIEME PARTIE
DYNAMIQUE HYDROCLIMATIQUE
ACTUELLE ET RESILIENCES LOCALES
167
Chapitre 6 : IMPACT DES CONDITIONS
HYDRIQUES ACTUELLES SUR LA CULTURE
ET LA PRODUCTION DU RIZ PLUVIAL
Une culture annuelle comme le riz a des besoins en eau qui évoluent en fonction de
son cycle de croissance. Certaines stades de développement sont particulièrement plus
sensibles à un stress hydriques que d’autres (Franquin, 1973 ; Diomandé 2013). Une
mauvaise alimentation hydrique durant des stades phénologiques peut provoquer une chute de
rendement importante, voire compromettre la récolte (L’homme et Monteny, 1980). Sur la
base du précepte que l’obtention d’un bon rendement est conditionnée par la « réussite » de
ces phases sensibles, il est proposé d’abord et relativement à l’évolution des conditions
hydriques ces derniers temps, une analyse des différents profils agroclimatiques que sont les
périodes préhumide, franchement humide et posthumide. Chacune de ces épisodes favorisent
différentes phases phénologiques des cultures. En effet, la période humide est celle au cours
de laquelle les besoins en eau de la phase d’exigence hydrique maximale des cultures peuvent
en principe être satisfaits entièrement. Elle devra coïncider alors avec la phase reproductive
dans le cas des cultures non-photopériodique comme le riz pluvial. Quant à la période
préhumide, elle correspond au maximum de chance de satisfaction des besoins hydrique du
semis. La phase posthumide est le temps durant lequel se déroulent la fructification et la
maturation. Il est question, dans cette rubrique, d’évaluer les besoins et les stress hydriques, la
probabilité de réussite et le calage du calendrier de la culture du riz en tenant compte de la
fraction d’eau stockée dans les zones radiculaires des plantes. L’exemple de la riziculture
pluviale pourra permettre de tester le concept d’utilité productive de l’eau sur la dernière
normale standard 1981-2010.
168
6.1. Conséquences du contexte hydroclimatique actuel sur les phases de
croissance des cultures
La date d’installation des pluies et la durée des saisons sont des paramètres essentiels
pour l’agriculture car ils déterminent les calendriers culturaux qui sont réalisés en fonction de
la phénologie des cultures et du cycle pluviométrique le plus probable. Il est question
d’identifier ici les conséquences des modifications des saisons sur le cycle de la végétation.
6.1.1. Evolution des périodes pré-humides propices au semis du riz pluvial
L’analyse de la figure 53 indique que la longueur de la période préhumide est de deux
mois en générale. Cette phase préhumide débute dès la deuxième décade de février à
Yamoussoukro et Dimbokro. Elle a été affectée par la diminution de la pluviométrie de la
période 1970-1997 ainsi que par l’augmentation affichée entre 1998 et 2013. Cette variation
se traduit par le recul d’une décade sur la période 1970-1997.
À la station de Dimbokro, l’évolution de la première période préhumide met en évidence trois
phases. La première phase couvre les années comprises entre 1960 et 1974. Elle est marquée
par une précocité et une longueur de cinq décades en moyenne. En effet, au cours de cette
phase, la première période préhumide s’étend de la première décade de février à la troisième
décade de mars. La deuxième phase concerne les années comprise entre 1981 et 2000. Elle est
caractérisée par une première période préhumide qui apparait deux décades plus tard que celle
de la période précédente. En moyenne, elle débute entre la troisième décade de février et
prend fin à la deuxième décade de d’avril. Parfois, elle a une fin plus tardive, allant jusqu'à la
première décade de mai. La troisième phase est caractérisée par une reprise des pluies à partir
de 2001 qui fait débuter à nouveau la période préhumide de manière précoce à la deuxième
décade de février. La fin intervient aussi plutôt, au environ de 21 mars. La deuxième période
préhumide est très peu signifiante, en comparaison avec la première. Elle dure en moyenne
trois décade, insuffisant pour réussir le semis du riz de cycle long. Le deuxième épisode
préhumide intervient généralement au mois d’août.
Dans la région de Yamoussoukro, la période préhumide présente deux aspects importants. Le
premier qui part de 1974 à 1999 est moins important de par sa durée (cinq décades environs
du 21 février au 11 avril). Quant à la deuxième phase, elle est plus longue de deux décades.
Le début de l’épisode préhumide variant très peu, la fin intervient donc tardivement. La
deuxième période préhumide de Yamoussoukro, moins marquée que celle de Dimbokro,
apparait les quelquefois à la première décade du mois d’août.
169
Phase post-
humide
Phase
préhumide
Phase
humide
Phase post-
humide
Figure 53 : Evolution interannuelle des périodes culturales de 1960 à 2013 à
Dimbokro et Yamoussoukro.
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
La figure 54 montre aussi que la longueur de la période préhumide est de deux mois en
générale. Mais la région de Bouaké affiche parfois trois mois. Cette phase préhumide débute
Dimbokro
jan
vie
r
fév
rier
mar
s
avri
l
mai
juin
juil
let
aou
t
sep
tem
bre
oct
obre
no
vem
bre
déc
emb
re
1970-2013
1970-1998
1999-2013
1971-2000
1981-2010
1961-1965
1966-1970
1971-1975
1976-1980
1981-1985
1986-1990
1991-1995
1996-2000
2001-2005
2006-2010
2011-2013
Yamoussoukro
janvie
r
févri
er
mar
s
avri
l
mai
juin
juil
let
aout
septe
mbre
oct
obre
novem
bre
déc
embre
1974-2013 1974-1998 1999-2013 1974-2003 1981-2010
1976-1980
1981-1985
1986-1990
1991-1995
1996-2000
2001-2005
2006-2010
2011-2013
170
dans la deuxième et troisième décade de mars respectivement à Bouaké et Korhogo. À
Bouaké, de façon générale la deuxième période préhumide n’existe presque pas.
Phase post-
humide
Phase
préhumide
Phase
humide
Phase post-
humide
Figure 54 : Evolution interannuelle des périodes culturales de 1960 à 2013 à Bouaké
et Korhogo
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Bouaké
jan
vie
r
fév
rier
mar
s
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1970-2013
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Korhogo
janvie
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2011-2013
171
C’est pendant les années 1961-1980 qu’on enregistre quelques épisodes préhumides au mois
de juin ou juillet. Par ailleurs, elles durent une ou deux décades quand elles apparaissent.
Cette situation démarque ces premières années (1961-1989) d’une autre période (1981-2013)
qui ne compte qu’une phase préhumide ; ce qui rend relativement longue l’unique saison. Elle
débute en mars et finie à la deuxième décade de mai. Le début de la période préhumide a peu
varié, sauf que pour ces 10 dernières années, elle intervient une à deux décades plutôt. C’est la
fin de la phase préhumide qui a connu des modifications. En effet, elle est observée tantôt
dans la deuxième décade d’avril, tantôt dans celle du mois de mai. Quelques fois, la phase
préhumide arrive plus tardivement au mois de juin.
Dans les conditions moyennes, la situation agro-météorologique connait une évolution
normale à Korhogo. On assiste à une variabilité du début et de la fin de l’unique période pré-
humide. Elle oscille entre la troisième décade du mois de mars et la troisième décade de mai.
Cette fluctuation peut affecter négativement la production agricole, notamment lorsque la
période préhumide excède deux mois et que les semis sont faits plutôt. Une telle situation,
engendreraient un manque d’eau pour couvrir les besoins de la plante dans sa phase
reproductive. Cependant, la durée de cet épisode reste presque stable, à la différence que la
période 2011-2013 affiche seulement trois décades.
6.1.2. Evolution des périodes correspondant à la phase de floraison du riz
La petite période franchement humide est mise en évidence singulièrement à
Yamoussoukro et à Dimbokro par la présence de la petite période posthumide. Néanmoins,
elle est plus marquée à Dimbokro qu’à Yamoussoukro. En raison de la fin de plus en plus
tardive de la seconde période préhumide à Dimbokro, la longueur de la petite période humide
est réduite à deux décades après les années 1990. La situation est différente à Yamoussoukro
où elle reste importante. La première période humide à Yamoussoukro dure jusqu’à cinq
décade sur toute la période d’observation. Cette quasi-disparition de la deuxième période
humide entrave la seconde campagne du riz pluvial à Dimbokro. Elle n’occupe désormais que
la dernière décade de septembre et la première d’octobre
Au contraire du petit épisode humide, la grande phase franchement humide de Dimbokro est
bien plus importante que celle de Yamoussoukro et Bouaké. Elle s’étend en moyenne sur
quatre mois (de la dernière décade de mars à la deuxième de juillet) et trois mois (de la
première décade d’avril à la dernière de juin) respectivement entre 1961 et 1970 et entre 2001
et 2013. Ainsi, depuis 1970, elle a connu un resserrement régulier jusqu’à la décennie 1980 où
172
elle atteint son plus bas niveau. La reprise amorcée depuis 1999 s’accompagne toutefois d’une
intervention de plus en plus tardivement, en avril généralement. À l'inverse de la récupération
constatée à Dimbokro, la période franchement humide est encore plus resserrée au cours des
dix dernières années. Avant 2000, elle intervenait à partir de la première décade d’avril et
s’étendait jusqu’à la fin du mois de juin. Mais à partir de 2000, elle commence plus
tardivement (deux décades de retard). Les temps végétativement plus humides sont désormais
constatés à partir de la première décade de mai à Yamoussoukro. Pourtant, la fin de cet
événement agro-météorologique est restée peu variable dans cette localité, tout comme à
Dimbokro.
Au niveau de Bouaké et Korhogo, le démarrage de l’unique période humide est observé
respectivement au cours de la deuxième et la dernière décade de mai. Il est particulièrement
précoce depuis 2010 dans les deux postes d’observation, avec des apparitions dès la première
décade de mai. Aussi, la période humide de ces localités, tout comme Dimbokro, connait un
développement relativement important pour l’agriculture depuis l’année 2000.
6.1.3. Variabilité des périodes post-humide : la phase de maturation du riz
La petite période post-humide ne se réalise effectivement que dans les stations de
Dimbokro et Yamoussoukro. Selon Diomandé (2013), il s’agit d’un moment pendant lequel,
le ciel est constamment couvert et les pluies sont peu abondantes. Pour le même auteur,
l’influence de la mousson (alizés maritimes austraux déviés), dont l’épaisseur est très grande à
cette époque, se fait sentir. Mais, les nombreux nuages bas qui se forment ne peuvent se
développer verticalement car la convergence de l’air est nulle. Les plus longues durée de cette
étape (plus de deux mois) sont enregistrées à partir des années 1990 et concerne les mois de
juillet et août. Parfois, elle débute à la fin du mois de juin. Elle s’est ainsi développée au profit
de la deuxième période humide à Dimbokro.
À Dimbokro où cette influence est très ressentie, si les débuts semblent ne pas trop variés, les
fins sont considérablement tardives. Le mois de septembre est de plus en plus touché et
affiche un déficit hydrique surtout pendant ses deux premières décades. La situation se traduit
par un allongement de cette période qui passe de quatre décades (pendant la période 1971-
1990) à sept décades pendant la période 1991-2013, soit trois décades de plus. Cette présence
prolongée de la période post-humide a nécessairement des conséquences négatives sur le
calendrier agricole. Elle réduit la longueur de la période humide. À Yamoussoukro, la petite
période posthumide a légèrement prospéré de façon intermittente entre 1976 et 1985, entre
173
1986 et 2000 puis entre 2006 et 2013. Elle est interrompue une année sur trois lorsque les
mois de juillet et août sont pluvieux. Cette évolution de la petite période posthumide est
néanmoins sans grande conséquence sur les cultures du riz pluviale.
On retient de toutes ces analyses que le profil bioclimatique de Bouaké est de plus en plus
unimodal, avec une fréquence d’apparition de six années sur dix entre 1970 et 2013. Cette
attitude climatique justifierait la migration du régime soudanien du nord vers le sud telle que
concluent à l’échelle régionale par Paturel et al. (1996), de la Côte d’Ivoire par Brou et al,
(2005) et de la zone de contact forêt-savane par Diomandé (2013). Ainsi, son aptitude agro-
météorologique le rapproche d’avantage de Korhogo. Mais contrairement à la région du nord
où le régime unimodal est quasiment stable, le caractère très peu certain du régime
pluviométrique de Dimbokro, Yamoussoukro et Bouaké rend leurs populations agricoles plus
vulnérables.
Mais, le facteur le plus déterminant pour l’agriculture céréalière est la longueur des périodes
de croissance (Diomandé, 2013). Partant de ce point de vue, il est possible d’affirmer que les
régimes monomodaux dont la période de croissance agronomique couvre en moyenne quatre
mois (120 jours) se prêtent mieux à la culture du riz pluvial qui intéresse cette étude. Les
travaux de Balme et al. (2005), Diomandé (2013) et Amani et al. (2013) ont abouti aux
mêmes résultats. Par ailleurs, ils estiment que le rendement d’une culture n’est optimisé que si
la période de croissance du régime bioclimatique est assez longue pour qu’elle puisse couvrir
la durée du cycle de croissance de la culture donnée. Ainsi, les résultats de cette analyse
corroborent ceux de Balme et al. (2005), Noufé (2011), Amani et al. (2013) et Diomandé
(2013). En fait, les trois derniers ont mené leurs analyses sur la culture du maïs et du riz
pluvial, respectivement sur la zone est, centre-ouest et de contact forêt-savane de la Côte
d’Ivoire. Ils ont également démontré qu’il devient plus difficile de cultiver les variétés de
cycle long en régime bimodale à cause de l’amenuisement de la durée de périodes
franchement humide (entre 60 et 100 jours). D’où la suggestion de faire le semis à temps. Le
réussir est la plus grande préoccupation des populations agricoles du bassin versant du
Bandama. Il serait donc important de fournir une prévision exacte concernant le type de profil
bioclimatique, le début des saisons et sa durée. Dans ce sens, l’analyse croisée des
probabilités de satisfaction hydrique durant les phases végétative, reproductive et de
maturation avant la fin de la saison des pluies a permis de proposer des dates optimums de
semis. Le but visé par cette analyse est de réduire les risques de semis à répétition ou de stress
hydrique dommageable à la culture en phase végétative.
174
6.2. Evaluation des contraintes agro-météorologiques en riziculture
pluviale et réajustement du calendrier sur la normale 1981-2010
Une mauvaise alimentation hydrique durant certains stades phénologiques, entre autres
les phases végétative, reproductive et de maturation, est à mesure de compromettre la récolte
(L’homme et Monteny, 1980). Pour le riz pluvial, sa satisfaction hydrique constitue ainsi la
contrainte majeure à la réussite de la récolte. Et sa demande en eau est caractérisée par une
évolution qualitative qui est elle-même fonction du stade de développement. La réussite de
ces phases sensibles est donc un facteur de bon rendement du riz pluvial surtout dans un pays
où la condition principale de prospérité agricole est la pluviométrie. Or, il est déjà démontré
dans les points précédents de ce chapitre, une instabilité des profils agro-météorologiques
auquel correspondent chaque étape de croissance et développement des plantes. Maintenant,
au niveau de l’hydrosystème du Bandama, l’analyse va se porter sur les chances de réussir la
culture du riz. Le calage du cycle végétatif du riz sera proposé en fonction de ses exigences
pluviométriques. Cela revient à évaluer les probabilités de réussir conjointement le semis, la
floraison et la maturation avant la fin de la saison des pluies. Cet exercice est effectué sur la
dernière normale standard (1981-2010) de la période d’étude. La considération de cette
normale s’explique par le fait que l’étude veuille tenir compte des conditions climatiques les
plus récentes pour évaluer les contraintes hydriques de la culture du riz pluvial.
6.2.1. Probabilité de réussite du riz pendant la première saison des pluies
Les probabilités de réussite des semis (PRS) croissent au fur et à mesure que la saison
s’installe et atteignent 100% au cours de la période 1981-2010 (Figure 55). Cependant, le
niveau maximum de réussite du riz diverge d’une localité à une autre suivant un gradient
croissant sud/nord.
En effet, la possibilité de réussir sans risque le semis est atteinte dans la deuxième décade
d’avril (11-20 avril) à Dimbokro, entre le 21 et 30 avril à Yamoussoukro, dans la première
décade de mai à Bouaké et enfin du 01 au 11 juin à Korhogo. À Yamoussoukro et Dimbokro,
pour les deux cycles de riz pluvial étudiés, le seuil de probabilité de plus de 60% de réussite
des semis est atteint à partir du 11 mars. Ce même seuil est obtenu entre le 21 et 31 mars, puis
entre le 21 et 30 avril respectivement à Bouaké et Korhogo. La PRS est néanmoins optimale
(au-delà de 90%) deux décades plus tard, soit à partir du 1er avril à Yamoussoukro et trois
décades plus tard à Dimbokro. Cet idéal du semis est obtenu à partir du 21 avril pour Bouaké
et après le 21 mai pour Korhogo.
175
Figure 55 : Probabilités de réussite du riz de 105 jours en première saison des pluies.
(SH1 =première saison humide ; PEHM= probabilité de réussite de la phase reproductive).
L’étape le plus exigent en besoin hydrique dans la croissance du riz est la phase reproductive.
Au regard de la figure 55, il est constaté une dépendance entre la probabilité de réussite de la
phase reproductive (PEHM) et celle de la probabilité de réussite (PRC). En fait, pour tous les
cultivars étudiés, les courbes des probabilités de réussite de la phase reproductive et celles des
probabilités de réussite (PRC) s’entremêlent, adoptant une forme de bosse. Le sommet aplani
est l’expression que la réussite de la culture n’est pas fixée à une seule date. Les valeurs
maximales de PEHM et de PRC obtenues au bonheur des agriculteurs sont enregistrées à
Korhogo avec 100% de réussite si le semis est effectué au-delà du 31 mai. Ces indices
deviennent de plus en plus faibles au fur et à mesure qu’on progresse vers le sud du bassin. En
effet, Dimbokro, un peu plus au sud, affiche la plus faible possibilité de réussir la culture.
Dans cette zone, la PRC du riz IDSA 10 de 105 jours, au-delàs de 50%, fixe la période de
réalisation du semis entre le 21 mars et le 11 avril, soit sur deux décades pour les périodes
1981-2010.
176
En outre, les valeurs maximales de PEHM et de PRC de Dimbokro sont inférieures à celles de
Yamoussoukro. À Yamoussoukro, les probabilités maximales de satisfaction des besoins
hydriques de la phase reproductive, en première saison, sont de 64% pour le riz IDSA 10 et de
68% pour le riz NERICA1 de 90 jours (Figure 56). Par contre, elles atteignent à peine 50%
pour les deux cycles à Dimbokro. Au niveau de Bouaké, les chances de réussite de la phase de
reproduction en période vont de 0 à 58%. Elles ne sont donc pas loin de celles que présente
Dimbokro ; à la différence que la possibilité à 50% de réussir, la culture du riz NERICA1
s’étend sur une période de trois mois et de deux mois pour le riz IDSA 10. Il est donc possible
de semer sur la période allant de fin mars à fin juin et réussir 1 an sur 2 sa culture. Chacune
des deux valeurs (PEHM et PRC) varient donc en fonction du cycle de culture. La première
est favorable uniquement à la phase reproductive. La seconde est celle qui favorise à la fois et
au mieux les deux phases critiques.
Figure 56 : Probabilités de réussite du riz de 90 jours en première saison des pluies.
(SH1 =première saison humide ; PEHM= probabilité de réussite de la phase reproductive)
177
Ces deux valeurs agroclimatiques coïncident lorsque la saison pluvieuse est suffisamment
longue et régulière pour la réussite d’un cycle de culture donné. Pour le cycle de riz de 90
jours (NERICA 1), il y a coïncidence des deux maxima sur la première décade d’avril. Le riz
IDSA 10 (105 jours) a une situation similaire à Dimbokro (Figures 55 et 56). Mais, à
Yamoussoukro, il est ressenti un léger décalage entre la période optimale de (PRC) et celle de
(PEHM).
6.2.2. Probabilité de réussite du riz pendant la deuxième saison culturale
La possibilité de réussir la culture du riz de 90 et 105 jours pendant la deuxième saison
des pluies est particulièrement asymétrique dans les localités de Bouaké, Yamoussoukro et
Dimbokro. Elle suit, tout comme dans la première saison humide, un gradient décroissant
nord/sud. À Bouaké et à Yamoussoukro, la deuxième saison des pluies est plus favorable à la
culture du riz pluvial que celle de Dimbokro où les chances de réussite des différentes phases
critiques du riz sont particulièrement basses (Figure 57).
Les probabilités de réussite du semis à Yamoussoukro sur la normale 1981-2010 sont
optimales à partir de la première décade d’août (cycle de 105 jours) et de 11 août (cycle de 90
jours) avec des valeurs envoisinant 90%. À Bouaké, elle atteint 100% le 01 août. Mais, sur la
même période d’observation, la phase végétative optimale commence à partir de 11 août à
Dimbokro avec seulement 56% de succès pour le riz NERICA 1 de 90 jours et 61% pour le
riz IDSA 10 de 105 jours. À Dimbokro, les semis présentent donc plus de risque.
Concernant les probabilités de la phase reproductive (PEHM) et de réussite de la culture
(PRC), les valeurs maximales de la localité de Dimbokro sont beaucoup moins importantes à
ceux de Yamoussoukro et Bouaké. Dans la localité de Yamoussoukro, les PEHM des
cultivars varient entre 0 et 70%. Les PRC, quant à elles, vont de 0 à 42% pour la variété de riz
de 90 jours et de 0 à 27% pour le cycle de 105 jours. Pour chaque cycle de culture, la décade
optimale issue de la phase de floraison vient avant celle issue de (PRC). Dans la localité de
Dimbokro, toutes les probabilités de réussite des phases reproductives sont circonscrites entre
0 et 40%. Le succès maximum est obtenu au cours des deux dernières décades de juillet. Les
valeurs indiquant la réussite des cultures des différentes variétés de riz pluvial au cours de la
2e saison sont très basses. Elles sont régulièrement inférieures à 20%, donnant une allure
particulièrement aplatie de la courbe des indices de réussite de Dimbokro. Ces dernières sont
d’ailleurs de 12% pour le riz IDSA 10 et de 19% pour le riz NERICA1.
178
Figure 57 : Probabilités de réussite du riz de 105 jours en deuxième saison des pluies.
(SH2 =deuxième saison humide ; PEHM= probabilité de réussite de la phase reproductive)
Il n’existe pas une coïncidence entre les périodes optimales de semis de (PRS), (PEHM) et
(PRC) à Dimbokro et Yamoussoukro. Il n’y a que Bouaké qui affiche de généreux profil et où
les périodes optimales concordent. En effet, si le riz de 105 jours est semé entre le 11 et le 31
juillet, il a une chance de réussite de 62% pour semis, de 51% pour la PEHM et de 33% pour
la culture. Le riz de cycle court réussirait mieux car, les périodes optimales des différentes
phases phénologiques coïncident avec la chance de réussite des PRC et PEHM de 1 an sur 2
de 100% pour le semis.
179
6.2.3. Calage du calendrier cultural du riz pluvial
En agriculture pluviale, les dates indiquant une coïncidence de meilleures probabilités
de réussite des PRS, PEHM et PRC sont, en général, celles qui sont censées donner le
meilleur rendement de la culture. Les périodes optimales de semis sont naturellement
dépendantes de la répartition pluviométrique et de la demande en eau des cultures (Amani et
al., 2013). À cause de la courte durée de la seconde saison culturale, des périodes végétatives
et reproductives n’arrivent pas à trouver un temps de prospérité commune. Les cultivateurs
n’ont donc pas de grande chance pour optimiser le semis et réussir la culture. Cette situation
gène également les cultures en première saison, mais à un degré moindre. C’est à Korhogo
que le calendrier est ventilé, au point qu’il est possible de semer sur un mois et réussir au
moins à 90% sa culture. Néanmoins, il est possible, dans une certaine mesure, d’améliorer les
récoltes par une gestion optimale des dates de semis.
a) Dates optimales de semis en premier cycle cultural
Le tableau XXV montre qu’en première saison des pluies, les dates de semis des
cultivars à cycle court et moyen se situent en général entre le 21 mars et le 10 juin. À
Dimbokro, elles sont comprises spécifiquement entre le 11 et le 20 avril pour le riz de 90
jours à Dimbokro. La possibilité de réussite optimale de semis à cette décade est estimée à
environ 60%. Pour le riz de 105 jours, la décade optimale de semis se place entre le 01 et le
10 avrils avec un indice de réussite de 57%. À Yamoussoukro, pour le riz de 90 jours, la
meilleure décade de semis part du 01 au 10 avril avec un indice de réussite de 63%. La variété
de 105 jours doit être semée une décade plus tôt (entre 21 et 31 mars) pour couvrir les besoins
hydriques du semis à 76%, de la phase reproductive à 63% et avoir un succès de culture 6
années sur 10.
Pour ce qui concerne Bouaké, il y a une plage de réussite plus large pour les deux cultivars
étudiés. Elle s’étend sur environ huit décades (entre le 01 avril et le 20 juin) avec une
fréquence de gain est de 2 années sur 4. Néanmoins, la date optimale du cycle de 90 jours est
fixée au 01 et 10 avril avec 56%. Celle du cultivar de 105 jours est assurée à la première
décade de mai avec 100% de chance de réussir la phase végétative, 52% de réussite de la
période reproductive et 52% de succès de la culture. Korhogo présente plus de facultés que
Bouaké. En effet, les deux variétés étudiées ici réussissent à plus de 60% si le semis est
effectué entre le 01 mai et le 21 juillet. La période optimale de semis du riz de 105 et 90 jours
va du 01 au 10 juin avec 100% de chance de réussir la culture.
180
Tableau XXV : Dates optimales de semis du riz pluvial en première et deuxième
saison des pluies.
(Prb = probabilité).
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
b) Dates optimales de semis en deuxième cycle cultural
Au cours de la deuxième saison de pluie, il y a moins de chance de réussir la culture
du riz au regard des fréquences de réussite qui vont de 19 à 50% pour le riz de 90 jours
(Tableau XXV). Les trois localités du régime bimodal (Bouaké, Yamoussoukro et Dimbokro)
indiquent la même décade optimale de semis. Elle part du 1er au 10 août avec des indices de
réussite décroissant du nord au sud. En fait, Bouaké affiche la plus forte valeur avec 50%.
Yamoussoukro annonce 42% et Dimbokro 19%. Pour le riz de 105 jours, la période optimale
de semis se situe à la troisième décade de juillet pour Bouaké, deuxième décades pour
Yamoussoukro et entre 01 et la 10 août pour Dimbokro, avec respectivement un indice de
réussite de 34%, 23% et 12%.
Première saison de pluie
Cultivars Date de semis
Prb de réussite
du semis
Prb de réussite
de la PEHM
Prb de réussite
de la culture
Dimbokro 90 jours 11-20 Avril 0,97 0,59 0,59
105 jours 01-10 Avril 0,94 0,59 0,57
Yamoussoukro 90 jours 01-10 Avril 0,83 0,67 0,63
105 jours 21-31 Mars 0,76 0,63 0,58
Bouaké 90 jours 01-10 Avril 0,67 0,58 0,56
105 jours 01-10 Mai 1,00 0,52 0,52
Korhogo 90 jours 01-10 Juin 1,00 1,00 1,00
105 jours 01-10 Juin 1,00 1,00 1,00
Deuxième saison de pluie
Cultivars Date de semis
Prb de réussite
du semis
Prb de réussite
de la PEHM
Prb de réussite
de la culture
Dimbokro 90 jours 01-10 Août 0,29 0,41 0,19
105 jours 01-10 Août 0,37 0,26 0,12
Yamoussoukro 90 jours 01-10 Août 0,83 0,50 0,42
105 jours 11-20 Juillet 0,34 0,56 0,23
Bouaké 90 jours 01-10 Août 1,00 0,50 0,50
105 jours 21-31 Juillet 0,64 0,53 0,34
181
À Yamoussoukro et à Dimbokro, les faibles probabilités de réussites des cultures s’expliquent
par la distribution des hauteurs pluviométriques. En fait, il y a deux saisons qui se partagent
l’année. La première, relativement plus importante, n’est pas toujours suffisante pour assurer
les besoins des différentes phases phénologiques de la culture du riz. La seconde saison a une
durée de moins en moins longue. En moyenne, elle ne tient plus sur plus de deux mois. Ainsi,
s’avère-t-il difficile de réussir notamment la variété de courte durée de 90 jours. Les régimes
pluviométriques unimodaux des régions du nord et la zone de transition atténuée telle que
Bouaké paraissent plus favorable à la riziculture pluviale. Il ressort toutefois que seul le
cultivar de 90 jours avec 56% de PRC en première saison de pluie et 50% de PRC en seconde
saison de pluie à Bouaké, reste favorable au double cycle par an.
6.3. Relations consommation hydriques - rendement du riz pluvial
Pour mettre en évidence les relations entre le rendement et les variables relatives à la
consommation en eau de la culture, les rendements estimés par MINAGRA sont corrélés avec
les hauteurs pluviométriques. Par ailleurs, les informations agricoles (productions et
superficies desquelles est déduit le rendement) issues de ladite structure ont déjà été utilisées
par Dibi Kangah (2010) et Noufé (2011) dans leurs travaux de recherche. Mais avant cet
exercice, la présente étude évalue le niveau de satisfaction des besoins hydriques des cycles
de riz de 90 et 105 jours sur la normale 1981-2010.
6.3.1. Satisfaction des besoins hydriques des cycles de riz de 90 et 105
jours
a) Besoins en eau climatiques des variétés de riz pluviale de 105 et 90
jours
Les résultats consignés dans les tableaux XXVI à XXIX et les figures 58, 59, 60 et 61
confirment l’hétérogénéité des demandes en eau selon les stades de développement du
végétal. Généralement faibles au début, entre 10 et 20 mm pour la première décade, elles
croissent au cours de la phase végétative (1e à 3e décades) et atteindre le maximum (autour de
60 mm/décade) pendant la phase reproductive (4e à 7e décades). Elles baisseront jusqu’à
moins 30 mm par décade au cours de la phase de maturation (Figures 58 à 61).
182
Figure 58 : Evolution décadaire des besoins en eau climatique du riz pluvial de 105
jours en première saison culturale
Figure 59 : Evolution décadaire des besoins en eau climatique du riz pluvial de 90
jours en première saison culturale
Figure 60 : Evolution décadaire des besoins en eau climatique du riz pluvial de 105
jours en deuxième saison culturale
183
Figure 61 : Evolution décadaire des besoins en eau climatique du riz pluvial de 90
jours en deuxième saison culturale
Tableau XXVI : Besoins en eau climatique (mm) du riz pluvial de 105 jours en
première saison culturale
Tableau XXVII : Besoins en eau climatique (mm) du riz pluvial de 90 jours en
première saison culturale
Localité Dimbokro Yamoussoukro Bouaké Korhogo
Date de semis Avril_01 Mars_03 Mai_01 Juin_01 1e décade 19,5 18,9 18,7 18,1 2e décade 38,1 36,9 36,5 35,3 3e décade 48,8 47,4 46,8 45,3 4e décade 55,6 56,8 49,1 50,0 5e décade 57,9 55,4 51,1 52,1 6e décade 60,2 57,6 53,2 54,2 7e décade 54,6 59,8 49,5 54,4 8e décade 54,6 52,8 49,5 54,4 9e décade 48,5 47,0 44,0 48,3 10e décade 33,1 35,2 32,3 35,7 11e décade 29,4 28,7 28,7 31,8 Cycle cultural 500,4 496,5 459,2 479,6
Localité Dimbokro Yamoussoukro Bouaké Korhogo
Date de semis Avril_02 Avril_01 Avril_01 Juin_01
1e décade 19,5 18,9 18,7 18,1
2e décade 38,1 36,9 36,5 35,3
3e décade 46,3 47,4 46,8 45,3
4e décade 55,6 53,1 49,1 50,0
5e décade 57,9 55,4 51,1 52,1
6e décade 52,6 57,6 53,2 54,2
7e décade 54,6 52,8 49,5 54,4
8e décade 48,5 47,0 44,0 48,3
9e décade 33,1 35,2 33,0 36,2
10e décade 33,1 32,3 32,3 35,7 Cycle cultural 439,4 436,6 414,0 429,7
184
Tableau XXVIII : Besoins en eau climatique (mm) du riz pluvial de 105 jours en
deuxième saison culturale
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Tableau XXIX : Besoins en eau climatique (mm) du riz pluvial de 90 jours en
deuxième saison culturale
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
Les tableaux XXVI, XXVII, XXVIII et XXIX indiquent que les consommations hydriques
totales vont de 459 mm à 500 mm pendant la première saison culturale et de 426 à 450 mm au
cours de la deuxième saison. Pour un riz pluvial de 90 jours, les besoins totaux sont compris
entre 414 mm et 439 mm en première saison culturale et entre 385 mm et 398 mm dans la
seconde saison culturale. Les détails sont consignés dans les tableaux ci-dessus. Par ailleurs,
Localité Dimbokro Yamoussoukro Bouaké
Date de semis Août_01 juillet_02 juillet_03 1e décade 14,5 14,4 14,7 2e décade 28,3 28,0 28,0 3e décade 36,2 35,8 35,8 4e décade 45,8 42,9 43,0 5e décade 47,7 44,7 46,9 6e décade 49,6 47,3 48,8 7e décade 54,7 49,1 50,7 8e décade 54,7 49,1 55,5 9e décade 48,6 47,6 49,4 10e décade 37,1 35,7 37,0 11e décade 33,0 31,7 33,4
Cycle cultural 450,0 426,4 443,3
Localité Dimbokro Yamoussoukro Bouaké
Date de semis Août_01 Août_01 Août_01
1e décade 14,5 14,3 14,3
2e décade 28,3 27,9 28,0
3e décade 36,2 35,8 35,8
4e décade 45,8 43,7 45,1
5e décade 47,7 45,5 46,9
6e décade 49,6 47,3 48,8
7e décade 54,7 53,6 55,5
8e décade 48,6 47,6 49,4
9e décade 36,4 35,7 37,0
10e décade 37,1 33,9 37,6
Cycle cultural 398,8 385,3 398,5
185
la région de Dimbokro détient le score en terme de consommation hydrique, peu importe la
variété étudiée et la saison culturale donnée. En fait, le cycle de 105 jours demande entre 450
et 500 mm et celui de 90 jours consomme entre 400 et 440 mm. Les plus faibles demandes
sont constatées à Bouaké pendant la première saison culturale et à Yamoussoukro en seconde
saison culturale.
b) Fréquences de satisfaction des besoins hydriques des riz de 90 et 105
jours
Cette analyse est effectuée en considérant la probabilité 3 années sur 4 (75%) comme
la référence. Il s’agit d’une droite sur les graphes (Figures 62 à 65) qui sert dans l’appréciation
des fréquences de satisfaction des variétés de riz pluvial étudiées. En fait, selon Amani
(2010), elle est la fréquence de stabilité en agroclimatologie. Les fréquences de satisfaction du
cycle de riz de 90 jours sont généralement importantes à la phase végétative. En première
saison culturale, elles dépassent partout la fréquence 3 années sur 4. Mais pendant la phase
reproductive qui s’étale généralement sur les mois de mai et début juin, les probabilités de
satisfaction sont les plus basses (inférieure à 2 années sur 4). Néanmoins à Dimbokro, elles
remontent à 7 années sur 10 au cours de la floraison. Korhogo confirme sa forte potentialité
de réussite du riz pluvial. En effet, les besoins hydriques de la phase végétative sont satisfaits
presque 10 années sur 10. La récurrence de la phase la plus critique (floraison) reste
importante de l’ordre de 7,5 années sur 10. Les étapes de maturation sont généralement
stables dans les postes d’observations choisies pour cette étude, excepté la région de Bouaké
où la phase de maturation est satisfaite 2 années sur 4. Les plus faibles fréquences de
satisfaction sur la floraison sont enregistrées à Yamoussoukro et à Bouaké (moins de 50%).
Au cours de la seconde saison culturale par ailleurs, les fréquences de satisfaction sur la phase
végétative sont faibles dans l’ensemble, en comparaison à celles de la première saison.
Toutefois, au fur et à mesure qu’on monte en latitude, les réitérations de satisfactions sont de
plus en plus importantes. En effet, pendant cette période de l’année, les besoins en eau
d’aucun stade phénologique du riz de 90 jours n’est stable à Dimbokro avec des fréquences de
moins de 5 années sur 10. Par contre, la demande hydrique de la période végétative est
permanemment pourvue à Yamoussoukro. Dans cette localité également, la récurrence de
satisfaction de l’étape reproductive en saison culturale unique présente une meilleure allure
que celle de la première saison. La fréquence de référence (droite sur les figures 62 a 65) 3
années sur 4 est atteinte sur la deuxième décade du riz de 90 jours.
186
Figure 62 : Fréquences (années sur 10) de satisfaction hydrique du riz pluvial de 90
jours à Dimbokro
Figure 63 : Fréquences (années sur 10) de satisfaction hydrique du riz pluvial de 90
jours à Yamoussoukro
Figure 64 : Fréquences (années sur 10) de satisfaction hydrique du riz pluvial de 90
jours à Bouaké
187
Figure 65 : Fréquences (années sur 10) de satisfaction hydrique du riz pluvial de 90 et
105 jours à Korhogo
Les meilleures fréquences sont obtenues généralement sur les phases végétatives et de
floraison à Bouaké. Leur bien-être hydrique est singulièrement probable puisqu’il est atteint
dans presque 90% des cas. Les plus faibles fréquences sur la phase critique sont ainsi
observées à Dimbokro (moins 2 années sur 4). Ces résultats confirment la difficulté de réussir
la culture du riz pluvial pendant la deuxième saison humide, conformément à la chance de
réussite qui est de 19%. Cette situation s’explique par l’amenuisement de la petite période
humide, à l’image de l’évolution actuelle des régimes pluviométriques au sud du bassin
versant du Bandama. Réciproquement au cycle de riz de 90 jours, celui de 105 jours affiche
une situation plus délicate. La fréquence de satisfaction de référence (3 années sur 4) n’est
généralement pas franchie sur la plupart des décades des différentes phases de croissance des
rizicultures à Dimbokro, Yamoussoukro et Bouaké (Figures 66, 67 et 68).
Quel que soit donc la période de culture, la pluviométrie n’est pas suffisamment stable pour
garantir la satisfaction de tous les besoins en eau de la riziculture pluvial, surtout de
l’intervalle reproductif qui est le plus exigent. Il n’y a que les deux premières décades de
l’épisode végétatif qui sont stables en première saison culturale. Les périodes du 1er au 31 mai
et du 1er au 20 septembre sont marquées par des déficits hydriques élevés (Amani, 2010). La
présente étude corrobore ce résultat. En fait, ces périodes sont non seulement peu pluvieuses,
mais elles sont émaillées de fréquente sécheresse intra-saisonnière. Pourtant, ces intervalles
coïncident régulièrement avec la phase de floraison de la riziculture, entrainant la
compromission systématique de la récolte.
188
Figure 66 : Fréquences (années sur 10) de satisfaction hydrique du riz pluvial de 105
jours à Dimbokro
Figure 67 : Fréquences (années sur 10) de satisfaction hydrique du riz pluvial de 105
jours à Yamoussoukro
Figure 68 : Fréquences (années sur 10) de satisfaction hydrique du riz pluvial de 105
jours à Bouaké
189
Les risques de déficits hydriques susceptibles de compromettre la réussite des riz à cycle long
dans les localités de la moitie sud de l’hydrosystème du Bandama restent encore très
importants. Sans irrigation d’appoint, il serait donc judicieux que les riziculteurs de ces
localités évitent de semer les riz de 90 et de 105 jours avant la première décade d’avril comme
avaient mentionné Koné (1990) et Amani (2010). Il faut cependant mentionner que les
résultats de cette étude diffèrent nettement de ceux obtenus par Amani K. qui estiment
qu’aucun stade phénologique du riz pluvial n’est satisfait sur la période 1970-2000 (Amani,
2010 ; Amani et al., 2013). En dehors de la différence d’échelle, l’écart béant vient du fait que
ce dernier n’ait point tenu compte des réserves du sol dans ses analyses. Il n’a considéré que
les précipitations de la décade (i) comme l’unique apport hydrique de la consommation (i) des
plantes. Or, les stocks hydriques (i-1) sont susceptibles de nourrir les plantes jusqu’à
épuisement, en absence de pluie les décades courantes.
6.3.2. Modifications des conditions hydriques et productions du riz
a) Corrélation entre indices de rendement du riz et indices de
pluviométrie
Sur la base des données pluviométriques issues de la SODEXAM et des statistiques
agricoles du MINAGRA, une première approche consiste à déterminer, par la méthode
centrée réduite, des indices de précipitations et de rendements a permis de définir, pour les
quatre stations de référence. Le but est de définir des variables pluviométriques et de
rendements comparables. La mise en évidence de l’influence des pluies sur les rendements
s’est fait au moyen des régressions linéaires. La marge de confiance retenue est de 95%. Le
coefficient de corrélation est significatif s’il est supérieur ou égal à 0.60 (d’après le test de
Bravais Pearson). L’intensité de la relation et la part de l’information prise en compte par la
relation sont mesurées par le coefficient de détermination (R2), qui mesure la variance. Si R2
est inférieur à 50 % la relation est considérée comme faible. Une corrélation entre l’évolution
de la pluie et celui du rendement (Figure 88, annexe 10) permet ainsi une meilleure
orientation sur le sens d’évolution des deux variables. Les résultats obtenus sont consignés
dans le tableau XXX donnent des coefficients de corrélation différents en fonction des
localités.
190
Tableau XXX : Récapitulatif des tests de corrélation entre pluie et rendement.
Source : données MINAGRA / SODEXAM et GPCP-NASA.
La localité de Dimbokro présente une valeur R² = 0.30 avec soit r = 0,55. Cette faible valeur,
au regard de la référence (R2 = 0,60), notifierait la faiblesse de la liaison entre la pluviométrie
et les rendements dans cette localité. Bien que les coefficients de détermination de
Yamoussoukro (R²=0,40), Bouaké (R²= 0.41) et Korhogo (R2=0,47) soient plus importante
que celui de Dimbokro, ils demeurent faible. Il est toutefois difficile de tirer une conclusion à
travers les tests de corrélation, d’où l’importance de faire la comparaison de l’évolution des
courbes respectives (rendement et pluie).
L’examen de la figure 69 ci-dessous permet de constater que la perturbation de la
pluviométrique affecte peu les rendements du riz car, leurs tendances sont à la hausse entre
1966 et 2009, dans l’ensemble de l’hydrosystème du Bandama. Néanmoins, les stations de
Dimbokro, Yamoussoukro et Bouaké (Figure 69) montrent que la baisse de la quantité de
pluie entre 1966 et 1984 est suivie aussi par la baisse du rendement. Par contre entre 1999 et
2009, les rendements sont en hausse. Dans les localités de Yamoussoukro et Bouaké, la
confrontation de l’évolution du rendement et celle de la pluie montre une certaine similitude.
À Dimbokro et Korhogo, les indices de rendement présentent une meilleure allure que la
pluviométrie au cours de la dernière décennie. Les courbes de rendement et de la pluie
présente donc deux phases : de 1966 à 1984, la baisse de la pluviométrie est suivie de la
diminution du rendement. Contrairement, pendant la période 1999-2009, la faiblesse de
l’intensité des pluies au début des saisons n’a pas empêché la hausse du rendement du riz.
À l’exception de la région de Korhogo, en zone cotonnière où le riz bénéficie des effets
rémanents de l’engrais utilisé pour le coton, les coefficients de corrélations obtenus entre les
indices de rendements estimés et les indices pluviométriques normalisés, sont dans l’ensemble
faibles et non significatifs au seuil de confiance de 95%.
Paramètre de régression Dimbokro Yamoussoukro Bouaké Korhogo
Coefficient de Détermination
(R²) 0,30 0,40 0,41 0,47
Coefficient de
Corrélation (r) 0,55 0,63 0,64 0,69
191
Figure 69 : Evolution comparée de la pluviométrie et du rendement à Dimbokro,
Yamoussoukro, Bouaké et Korhogo.
Source : données MINAGRA / SODEXAM et GPCP-NASA.
Figure 5.24 : Evolution comparée de la pluviométrie et du rendement à Dimbokro, Yamoussoukro,
Bouaké et Korhogo.
192
Ces conclusions ne s’écartent pas de celles déjà obtenues par les travaux antérieurs (Dibi
Kangah, 2010 ; Noufé, 2011) qui ont utilisé la même méthode. Pourtant, on s’attend à ce que
les rendements de ces cultures pluviales soient davantage sensibles à l’offre climatique en
eau. Par ailleurs, ces auteurs ont trouvé des raisons essentielles qui permettent d’expliquer le
faible niveau de corrélation entre pluie et rendement à l’échelle de la Côte d’Ivoire. Ils
consentent que la nature des statistiques agricoles produites par le MINAGRA est
approximative voire contestable. Les auteurs (Dibi Kangah, 2010 ; Noufé, 2011) estiment que
seules les données du Recensement National Agricole (RNA) de 1974 et la série de la période
1980-1984, présentent une relative fiabilité. « De qualité aussi variable, l’usage de ces
données de production nécessite beaucoup de précaution et de délicatesse ».
Au sujet des rendements de maïs, Noufé (2011) a révélé que les données estimées ne
caractérisent qu’un comportement moyen du rendement. « En effet, elles ne tiennent compte
ni de l’hétérogénéité des sols, ni de l’usage de variétés composites et des dates optimales de
semis, encore moins des coefficients culturaux qui traduisent le niveau des besoins en eau de
la plante. Le caractère extensif des systèmes culturaux (associations de plusieurs cultures sur
la même parcelle), se traduit par une logique paysanne qui vise généralement à maximiser la
production par unité de temps, c’est-à-dire par journée de travail investi, plutôt que par unité
de surface comme le veut la rationalité technique » (Noufé, 2011).
Les conditions ci-dessus évoquées sont susceptibles de biaiser en partie l’effet de la variabilité
pluviométrique sur les rendements des cultures, surtout que pour Noufé (2011), la relation
pluie-rendement n’est pas toujours directe et explicite, la pluie brute ne permettant pas de
rendre compte de la réponse à l’eau des plantes cultivées. En effet, dans un cadre d’analyse
agroclimatologique, ce sont plutôt les principaux flux de l’ensemble sol-plante-atmosphère
qu’il importe surtout de renseigner pour comprendre l’interaction complexe pluie-rendement
(Reyniers et Forest, 1990 ; Noufé, 2011).
b) Relation entre les indices du riz (superficies-productions)
Les régressions simples calculées sur la période de l’étude (Figure 70) montrent que
l’évolution interannuelle de la production est fortement corrélée à celle des superficies
emblavées (R2 en moyenne supérieure à 75%) dans l’ensemble de la zone étudiée. Les
résultats obtenus ont tendance à faire comprendre de façon générale que l’évolution de la
production du riz est fonction de la superficie cultivée.
193
Les effets de la variabilité pluviométrique sont donc mieux perceptibles sur les phases
phénologiques des cultures comme révélé plus haut dans la mesure où la perturbation des
pluies occasionne une mauvaise levée et des ressemis (CNRA, 2012). Au niveau de la phase
de croissance végétative, un taux de tallage faible est source de dessèchement des plants de riz
sur pied avant la phase critique de l’épiaison ; ce qui engendre une baisse des rendements. La
présente étude se joint à celles d’Amani et al. (2013) et de Diomandé (2013) pour conclure
que les perturbations d’ordre climatique n’influent pas de la même manière sur les différentes
variétés de riz. Les traitements précédents sont en accord avec les conclusions des analyses de
ces auteurs. En effet, les changements de la pluviométrie perturbent principalement les
variétés de cycle long. Les variétés de cycle court sont moins touchées.
Figure 70 : Corrélation production-superficie entre 1966-2009
Source : données MINAGRA.
À l’échelle locale, la mutation spatiale (augmentation des espaces emblavés, déplacement des
populations vers les zones plus favorables) et la mutation agricole (abandon de certaines
194
cultures au profit de celles ayant une résistance aux phénomènes climatiques constatés) (Dibi
Kangah, 2004 ; Noufé, 2011 ; Diomandé, 2013) seraient justifier par cet état des potentialités
agroclimatiques.
Conclusion partielle
L’autre objectif visé dans ce chapitre est de caractériser les contraintes hydriques sur le
riz pluvial dans les localités de Dimbokro, de Yamoussoukro, de Bouaké et de Korhogo. La
première approche a consisté à mettre en évidence les variations des débuts et de fins des
périodes végétatives utiles à la planification agricole. Le constat est que les débuts de phase
préhumide sont très instables dans la zone équatoriale de transition. Les phases franchement
humides qui correspondent à la phase de floraison plus exigent sont relativement réduites à
deux et trois mois pendant la première saison humide et trois à cinq décades pour la seconde
saison pluvieuse.
Il a été aussi question d’évaluer les risques de déficits hydriques sur les cycles de riz pluvial
de 90 et de 105 jours dans le contexte de la réduction des phases de croissance des cultures.
Le constat est que les déficits hydriques en premier comme en deuxième cycle cultural sont
plus accentués dans les localités sud de la zone d’étude, en particulier sur la phase
reproductive. Par contre, les localités situées au nord du bassin offrent une meilleure option de
culture en cycle cultural unique avec des indices de satisfaction des cycles de riz de 90 et 105
jours qui envoisinent les 100%. Au vu de tous ces résultats, il est recommandable aux paysans
des différentes localités de la moitié sud du bassin de privilégier la riziculture de bas-fond au
détriment de la riziculture de plateau. Autrement, ceux-ci devront nécessairement semer entre
le 1er et le 11 avril (premier cycle cultural) s’ils sont dans la zone équatoriale de transition et
entre le 1er et le 11 juin s’ils sont dans les autres localités du nord.
195
Chapitre 7 : PERCEPTIONS PAYSANNES DE
LA VARIABILITE CLIMATIQUE ET
RESILIENCES DES POPULATIONS LOCALES
Le traitement des données climatiques de sources SODEXAM et GPCP/NASA sur la
période 1950-2013 indique des risques agroclimatiques essentiels auxquels les paysans de
l’hydrosystème du Bandama sont confrontés. Ce sont : l’accroissement de la variabilité intra-
saisonnière de la pluviométrie, la baisse des intensités de pluie au début de la grande saison
humide, le décalage des saisons agricoles et surtout la réduction de la longueur de la petite
saison humide, l’augmentation de la température et l’inadéquation entre les pluies reçues et
les besoins des différentes phases végétatives des cultures (la riziculture pluviale par
exemple), causant ainsi une insatisfaction des besoins hydriques.
Aussi, l’approche hydroclimatique déjà décrite en introduction implique-t-elle d’observer,
décrire et expliquer le phénomène climatique à l’échelle des paysans, en s’intégrant soi-même
comme acteur (Polcher, 2003 ; Bigot, 2004). Cette phase de l’étude, s’inscrivant dans ces
contextes, s’intéresse aux changements perçus par les agriculteurs eux-mêmes. Elle analyse
également les stratégies mises au point par ces derniers pour s’adapter à la nouvelle donne
climatique. Ainsi, 390 paysans, répartis sur six villages dont deux par département
(Dimbokro, Bouaké et Korhogo) ont été enquêtés.
7.1. Représentations empiriques du climat chez les paysans du bassin
versant du Bandama
Les enquêtes menées à Dimbokro, Bouaké et Korhogo, révèlent que les paysans ont
une connaissance traditionnelle du climat, de la distribution annuelle des pluies ainsi que des
changements de pluviosité en cours dans le bassin versant du Bandama. Ces savoirs paysans
sur le climat sont essentiellement fonction de l’écozone, comme en témoignait Diomandé
(2013). D’ailleurs, les opérations culturales et le choix des cultures pratiquées en dépendent.
Les savoirs des paysans sont fondés sur le vécu et les souvenirs des évènements climatiques
qui sont transmis par les parents de générations en générations. Par exemple, il leur a été
rapporté qu’un être divin (Dieu) est à l’origine de toute la création. À leur tour, ils partagent
196
l’information à leur progéniture. Les réponses proposées par les paysans à la question de
savoir « Que représente la pluie pour vous ? », sont consignées dans le tableau XXXI. Ainsi,
85% (n=390) des personnes enquêtées ont soutenu avoir hérité des savoirs selon lesquels la
pluie est un don de Dieu. Seulement, 10% (n=390) des tous les agriculteurs interrogés précise
que la pluie provient d’un mécanisme atmosphérique. Il faut préciser que de ceux là, il y a la
moitié des universitaires enquêtés (n=8). Le niveau d’instruction, l’appartenance religieuse,
l’accès à l’information n’ont pu influencer ce point de vue de la représentation de la pluie.
Tableau XXXI : Représentations locales de la pluie
Que représente la pluie pour vous ?
les larmes
des dieux l’eau du ciel
qui tombe don de Dieu
Niveau
d’instruction
Aucun 7% 9% 84%
Coranique 0% 0% 100%
Primaire 4% 13% 83%
Secondaire 0% 8% 92%
Supérieur 0% 50% 50%
religions
Chrétienne 5% 9% 86%
Musulmane 4% 9% 87%
Animiste 6% 11% 82%
Aucune 2% 14% 84%
Autre
religion 0% 0% 100%
Fréquence total 5% 10% 85%
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015.
7.1.1. Perception locale de la variabilité et du changement climatique
a) Régimes pluviométriques : entre résultats scientifiques et savoirs
paysans
Le tableau XXXII montre que les enquêtés du pays Baoulé (Dimbokro et Bouaké)
distinguent quatre saisons climatiques dans l’année. Ils s’inspirent des périodes de pluies, de
leurs intensités et des éléments naturels et culturels pour discriminer les régimes
pluviométriques. Ainsi, pour les paysans de Dimbokro, la grande saison des pluies appelée
"moungou" ou "n’zuéblê" s’étend de mi-avril à la mi-juillet. Il s’agit de la période pendant
laquelle les pluies sont plus abondantes et moins espacées.
197
Tableau XXXII: perceptions paysannes locales des régimes des pluies
une saison
des pluies deux saisons
des pluies trois saisons
des pluies ne sais
pas
Dimbokro 11% 53% 12% 24%
Bouaké 19% 60% 7% 14%
Korhogo 81% 10% 4% 5%
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015.
Une deuxième période pluvieuse est annoncée à la fin du mois d’août ou au début de
septembre par des sacrifices liés à la première récolte de l’igname précoce nommées
"abiailê". Cette saison des pluies, moins importante que la première, s’étend de septembre à
novembre. Elle est plus utile pour le manioc et le deuxième cycle de l’igname précoce. Ces
deux épisodes de pluies sont séparés par une saison de transition en août appelée
"n’gblamougou". Selon eux, cette période transitoire est une saison sèche qui dure de 21 jours
à un mois parfois. Durant cet intervalle, il fait beaucoup froid et le ciel reste couvert de nuages
avec de fines pluies que le Baoulé appelle communément "bôlê". Cela serait dû à la lutte entre
le "moungou" et le "wawa" (exprimant la saison sèche de décembre-février). Au-delà des
feuillages qui jaunissent, du vent qui devient sec et poussiéreux, les paysans se réfèrent à une
trace en mouvement dans le ciel. Il s’agit d’un savoir hérité au sujet d’un front imaginaire de
part et d’autre duquel se trouvent le "wawa" et le "moungou".
« Si vous êtes là à partir de 19 heures, je vous le montrerai ; nos parents nous ont
montré cela, nous avons observé et nous voyons que cela est vrai » a renchéri l’un
d’eux. « Le côté "wawa" est l’expression d’un ciel clair avec des étoiles nettement
visibles. À l’opposé, se trouve un ciel plutôt sombre. Ainsi lorsqu’un côté domine sur
l’autre au-dessus d’une région, le coté dominant y impose son caractère saisonnier »
(E.I, Homme, 50 ans).
La perception des Baoulés de Bouaké rejoint celle des Baoulés de Dimbokro, sauf qu’il y a un
décalage de deux à trois décades entre le début des saisons pluvieuses. Cette similitude
apparaît dans le tableau XXXII qui met en évidence la dominance du régime bimodal. À
Bouaké et à Dimbokro, respectivement 60% et 53% des enquêtés discernent deux saisons
humides. Chez les Sénoufos, l’identification de l’unique saison des pluies est très peu
ambiguë. Les paysans convergent à plus de 80% sur le régime pluviométrique unimodal. La
198
période de fortes pluies nommée "zegue" s’étend de fin juin à début octobre. Les Sénoufos
apprécient nettement les huit mois de saison sèche ou "wogue" au cours de laquelle,
interviennent trois à quatre mois d’harmattan appelé "gbingue".
Le ressenti des paysans baoulés et sénoufos coïncident avec les conclusions des scientifiques.
En effet, les résultats scientifiques ont déjà montré que les localités étudiées sont caractérisées
par une alternance de régimes à quatre saisons (deux pluvieuses et deux sèches), à deux
saisons (une humide et une sèche) et confus (plus de deux saisons des pluies). Dimbokro
(49%) et Bouaké (44%) sont gouvernés par un régime à quatre saisons d’inégale importance
malgré la forte variabilité. La forte variabilité des régimes bimodaux concordent avec les
conclusions de Paturel et al. (1996), Brou et al. (2005) au niveau régional et national.
Les enquêtés font mention d’une modification intra-annuelle des pluies. Certains paysans
pensent que les saisons pluvieuses sont passées de deux à un ou à trois (Tableau XXXII).
D’autres disent ne plus savoir comment la pluviométrie est répartie dans l’année. Cette
réaction n’est pas due à un manque de connaissance. En fait, les paysans ne discernent plus
les saisons et se réfèrent à des temps lointains au cours desquels les pluies étaient plus
régulières. À cet effet, une paysanne de Dimbokro témoigne que :
« Tout est déréglé ! Avant, on enregistrait les premières pluies dans le mois de
janvier, il peut pleuvoir une à deux fois. Dans le mois de février, il pleut au moins
trois fois. Nos parents en profitaient pour semer du maïs qui est récolté plus tôt. Ils
l’ont baptisé "ô ni oh ni" (où est ta mère). En mars déjà il pleut sérieusement
jusqu’en juillet ». Elle poursuit dans ses propos : « Avant l’indépendance, au temps
des travaux forcés, quand il pleut, il tombe du ciel des cristaux de glaces
("n’zralama") et mêmes des petits poissons ("kpatra ogou"). Hum ! Mais tout a
changé de nos jours. Avant, en mars déjà, on a fini les buttes. Les gens qui n’ont pas
beaucoup d’enfants (mains d’œuvres familiales) peuvent continuer à faire les buttes
d’ignames en avril-mai. Mais cette année, nous sommes en juin (2015), voici que je
n’ai même pas encore pu faire mes buttes. On ne sait pas comment on va manger
l’année prochaine » (E.I.F, 53 ans, Ahua-Dimbokro).
Ainsi, les paysans de Dimbokro (Ahua et Krokokro) et Bouaké (Séssénouan et Kongodékro)
expriment leur inquiétude dans l’espoir d'ôter leur "malédiction", en référence aux aléas
pluviométriques liés aux risques d’insécurité alimentaire. Au niveau de Korhogo (Waraniéné
et Torgokaha), la situation semble moins alarmante, au regard de la reconnaissance de
l’unique saison des pluies par plus de 80% des enquêtés.
199
b) Appréciation des tendances humide au cours de la décennie 2000
L’analyse des données pluviométriques (N’Da et al., 2016) montre qu’au début des
années 2000, des cumuls meilleurs se sont réinstallés avec un regain de pluviosité à partir de
1999 à Bouaké et de 2001 à Dimbokro. La tendance humide relevée dans les deux premières
stations n’est pas enregistrée à Korhogo. Toutefois, il faut noter que ces excédents à Bouaké
et Dimbokro n’ont pas encore retrouvé la même ampleur des hauteurs de pluies des années
1950-1970 (N’Da et al., 2016). Par ailleurs, la remontée des pluies dans le bassin du Bandama
s’inscrit dans la tendance à la hausse mise en évidence en Afrique Occidentale (Ali et Lebel,
2008 ; Coulibaly, 2012 ; Ulrich, 2013) et à Madagascar (Delille, 2011). La baisse
pluviométrique a donc été prépondérante au cours de ces dernières décennies et de façon
générale, la période 1970-1998 est marquée par un déficit. Dans un souci de comparaison à
l’échelle du temps, la plupart des renseignements obtenus des paysans sur les fluctuations
pluviométriques sont illustrés le tableau XXXIII.
Tableau XXXIII : Appréciations paysannes du départ des changements de pluviosités
Dimbokro Bouaké Korhogo
Pas de changement 2% 0% 3%
Avant l’indépendance 0% 0% 1%
A l’indépendance 1% 0% 3%
Dans les années 1970 8% 3% 4%
A partir de 2000 16% 28% 8%
Ne sait pas 6% 2% 14%
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015
Presque toutes les personnes enquêtées reconnaissent que le climat (entendre la pluviométrie)
a changé. La majorité des celles-ci (54%) estiment que depuis le début de la décennie 2000, la
situation climatique est devenue encore plus compliquée que par le passé. Bien que l’analyse
de données mesurées révèle un retour de hauteurs meilleures des pluies annuelles depuis
1998, les paysans sont d’un avis contraire. Ils admettent un changement d’homogénéité à la
fin des années 1990. Cependant, pour eux, cette modification se traduit par des conditions
hydriques de plus en plus précaires. Par ailleurs, les paysans interrogés n’ont pas une
connaissance précise de la tendance humide de la décennie 2000. Le jugement des
200
agriculteurs en matière de pluviométrie est sans doute guidé par la distribution des pluies en
rapport avec leur planning cultural traditionnel. En effet, ils peuvent arbitrer qu’une année est
sèche, malgré le cumul de pluie annuel important, si les précipitations ne coïncident pas avec
leur planification agricole et qu’au bout du compte les productions sont mauvaises.
Finalement, les variables pluviométriques facilement perçues par les paysans sont : la
mauvaise répartition annuelle de la pluviométrie, le début incertain des saisons humides, le
décalage des saisons, les séquences sèches, la croissance du nombre de jours de faible pluie
seraient donc des variables facilement perçues par les paysans interrogés. La modification de
ces variables d’utilités agronomiques constitue d’énormes risques pour leurs activités
agricoles. Elles peuvent également être des indicateurs qui révèlent l’ampleur du changement
de pluviosité et de la vulnérabilité des sociétés agricoles de l’hydrosystème du Bandama.
7.1.2. Vulnérabilité des paysans face à l’irrégularité des périodes culturales
a) Identification des principaux risques agroclimatiques
Les principaux risques climatiques identifiés par les paysans sont représentés par le
tableau XXXIV. Presque tous les paysans interrogés estiment qu’« il ne pleut plus comme
avant ». 99,1% des paysans ne sont plus certains de la période précise du début des saisons de
pluies. Ils témoignent que les saisons humides accusent de plus en plus de retard par rapport à
leur expérience dans le passé. Ces retards vont souvent de deux à trois décades, voire plus.
Tableau XXXIV : Principaux risques climatiques identifiés par les paysans.
Risques climatiques ressentis par les paysans Fréquence
Baisse de la pluviométrie 99%
Début de saison pluvieuse incertain 99%
Fins de saisons pluvieuses précoces 54%
Hauteurs de pluies faibles au début des saisons 97%
Séquences sèches longues et fréquentes 90%
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015
Une femme de Bouaké confie qu’: « au temps de nos parents, plus tôt tu t’engages dans les
travaux champêtres, mieux tu as une bonne production. De nos jours, si tu fais tôt les semis,
tu peux perdre ta semence ; car on est plus sûr de rien. On prépare le terrain pour attendre la
201
première pluie » (E.I.F, 57 ans, Séssénouan). Cette première pluie est souvent cruciale pour
les semis. Malheureusement, les paysans (97%) ont fait entendre qu’au cours des dernières
années, les pluies suivant la première pluie sont espacées et de faibles intensités, comme a
témoigné la même interlocutrice (« dès la première pluie, on fait nos semences et
malheureusement, la pluie s’arrête. Jusqu’au moment où les pluies importantes vont
reprendre, ce qu’on a semé a déjà séché »). Ce caractère imprévisible des pluies est donc
source de crainte chez les populations rurales et de pertes de semences.
Les difficultés exprimées par les paysans vont dans le même sens que les résultats des
spécialistes de l’agroclimatologie. Les études récentes sur les variabilités pluviométriques ont
indiqué qu’au cours du XXème siècle, la Côte d’Ivoire a connu une perturbation des saisons
pluvieuses (Brou et al., 2005 ; Kouassi et al., 2007 ; Diomandé, 2013 ; N’Da et al., 2016). Les
conclusions de l’analyse des données climatiques de la présente étude confirment le caractère
imprévisible des débuts des saisons pluvieuses (Figure 71). En effet, d’une année à l’autre, les
dates de début varient brutalement entre le 11 mars et le 30 juin (Figure 71). Mais, cette
fluctuation est faible par rapport à ce qui est subit dans les pays sahéliens (Coulibaly, 2012).
Figure 71 : Variabilité des dates de début des saisons pluvieuses potentiellement utiles
(1970-2009)
Source : données SODEXAM et GPCP/NASA.
202
Concernant l’analyse des paramètres de la campagne agricole, Stern (2007) cité par Coulibaly
(2012) considère que l’agriculture est une activité à risque. Mais le paysan peut décider de
mettre en place son activité si le phénomène, ou l’événement qui peut causer des dégâts à la
culture a une probabilité d’occurrence inférieure à 20%. L’analyse de la qualité des pluies ou
des séquences sèches au début de la grande saison humide (mars-avril-mai) pourrait montrer
également l’ampleur des débuts aléatoires des campagnes agricoles qui bouleverse les
planifications paysannes ; surtout que, selon Coulibaly (2012), les séquences sèches de plus
de 10 jours sont préjudiciables pour les semis. Cette étude n’a pas calculé de pauses
pluviométriques. Toutefois, N’Da et al. (2016) a conclu que les mois qui débutent la grande
saison humide (avril et mai) deviennent régulièrement récessifs avec de nombreux faux départ
en mars, en dépit des quantités pluviométriques importantes enregistrées au cours de la
dernière décennie. La possibilité d’avoir des intensités de pluies potentiellement utiles en
agriculture devient faible en avril et mai. Or, c’est dans cette période de l’année que les
paysans de la zone d’étude commencent les semis. L’autre difficulté majeure est le
raccourcissement de la longueur des saisons culturales relatée par tous les paysans (Tableau
XXXV).
Tableau XXXV : Rapport entre le raccourcissement des saisons et la perte de
production
Les saisons des pluies
sont-elles devenues
courtes ? Total
oui non
La baisse des rendements des
cultures est-elle une conséquence
des changements du climat ?
oui 95,36% 0,66% 96,03
non 3,98%
3,98%
Total 99,34% 0,66% 100%
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015.
En effet, les paysans dénoncent une fin prématurée des saisons de pluies. Ce constat suscite
une incertitude chez les paysans en ce sens que 95% d’entre eux rattachent la perte fréquente
des productions agricoles au rétrécissement des saisons pluvieuses.
Cependant, cette vision paysanne n’est pas totalement confirmée par les résultats
scientifiques. Certes, la durée des saisons a connu une réduction dans les années 1970-1990.
Cependant, depuis le début des années 1990, la durée de la saison franchement humide
203
s’améliore. À Dimbokro par exemple, on est passé de six décades en moyenne entre 1970-
1990 à huit décades depuis 1990 (N’Da et al., 2016).
Ainsi, l'évaluation faite par les paysans est sans doute guidée par la distribution des pluies en
rapport avec leur planning cultural traditionnel et du rendement de l’exploitation agricole.
C’est donc à juste titre que Coulibaly (2012), Diomandé et al. (2013) et Ulrich (2013) ont
conclu que les cultivateurs traditionnels jugent une année sèche, malgré le cumul annuel
important, si la pluviométrie est mal répartie, si la distribution de la pluie ne coïncide pas avec
leur planification agricole et qu’à la récolte, la production est mauvaise. Par ailleurs, les
agriculteurs ont dénoncé aussi la variabilité accrue des pluies à l’intérieur des saisons. Ils
notifient que :
« les pluies ne se suivent plus comme avant. Elles ne suivent plus le rythme de nos
activités, ainsi que le développement des cultures ». En visite dans un champ
d’igname à Dimbokro (le 06 mai 2015), un cultivateur (E.I.M., 64 ans, Ahua-
Dimbokro) crie son ras-le-bol : « Voyez-vous, nous sommes en juin et voici comment
les buttes sont secs et sans tiges. Les maïs que nous avons semés ne reçoivent pas
d’eau depuis lors. Les voilà, ils sont en train de sécher tous. Qu’allons-nous manger
après tout ça ? ». À Torgokaha, le 17 juin 2015, un autre paysan a également
confessé ceci : « en temps normal, je devais être en train de faire le sarclage, mais
puisque la pluie ne vient pas depuis là, c’est maintenant que je commence mon semi
de maïs (…) ».
Ces expériences paysannes corroborent les conclusions de Coulibaly (2012), Diomandé et
al.(2013) qui estiment que l’alternance d’années très humides et très sèches, la mauvaise
répartition interannuelle des pluies, le début incertain des saisons humides, le décalage des
calendriers agricoles, l’accroissement de séquences sèches pendant la saison pluvieuse et la
hausse des températures sont des variables aisément perçues par les populations rurales. Par
ailleurs, environ 72,8 % des personnes enquêtées disent que les températures ont augmentés
dans le bassin versant du Bandama. Mais, cette sensation de chaleur ne semble pas une
difficulté majeur car pour eux. Le phénomène le plus déterminant pour leur survie est la pluie.
b) Quelques facteurs influençant le niveau de vulnérabilité des
populations
Dans la région d’étude, la vulnérabilité des exploitations vis-à-vis des aléas
climatiques dépend principalement des systèmes que les paysans pratiquent, de leur passivité
204
à réajuster les calendriers, mais aussi de plusieurs autres facteurs. Parmi ceux-ci peuvent
figurer l’environnement économique et politique, le niveau d’engagement de l’Etats ivoirien
et de richesse des familles. Les résultats de l’enquête révèlent que pour environ 60% de
paysans, l’an 2000 est le point de départ à partir duquel, ils n’ont plus rien maitrisé. Depuis ce
temps, ils ont également contraint à modifier leur habitude culturale pour, selon eux, faire face
à la vie qui devient plus difficile. Il y a, en effet, une nette coïncidence entre la perception par
les populations de la variabilité climatique, son impact sur les agricultures familiales et la
situation socio-économique et politique ivoirienne qui s’est dégradé depuis 2000. De plus, la
faible politique volontariste d’appui à l’agriculture familiale de l’Etat ne favorise pas une forte
résilience des petits producteurs. En fait, un dispositif de financement de l’agriculture qui
donne aux paysans un accès au crédit contribuerait à atténuer l’impact des aléas climatiques
croissants. Ils (les paysans) pourraient se servir également du calendrier optimum de semis
élaborer par les structures compétentes, notamment la Direction de la Météorologie Nationale
de la SODEXAM et l’ANADER pour mieux planifier leurs actions annuelles.
Un autre facteur qui influence le niveau de vulnérabilité des exploitants est qu’ils n’ont pas la
même capacité de réaction devant les aléas ; leur résilience dépend de leur niveau de richesse,
du nombre de personnes en charge et de leur histoire. Les conseils donnés par l’ANADER
aux cultivateurs vont de l’apport d’intrants à l’application d’une technologie qui est
inhabituelle et parfois un surplus de travail. Tout cela est coûteux, difficile à mettre en œuvre
et/ou demandant une main-d’œuvre complémentaire. Pour pouvoir s’auto-assurer ces
techniques, il faut « être riche ». Le niveau de fragilité des populations évolue au cours de
leur « cycle de vie ». En fait, les ménages sont de plus en plus exposés à mesure que le ratio
personnes à entretenir par actifs évolue.
7.1.3. Causes de la modification climatique et religions
Contrairement à la modification du climat sur laquelle les avis des personnes
enquêtées s’accordent, les causes restent diversement interprétées. Après des investigations
menées auprès des populations agricoles de l’Est et de la zone de contact forêt-savane de la
Côte d’Ivoire, Noufé (2011) et Diomandé (2013) ont conclu que la principale cause des
changements climatiques est la profanation des lieux sacrés. Cette assertion a été considérée
comme une hypothèse à vérifier.
205
a) Appréciation animiste : profanations des divinités
Les enquêtes sont menées sur la base de la question à savoir « La profanation des lieux
sacrés est-elle à l’origine de la baisse des pluies ? ». Les paysans qui lient la profanation des
lieux sacrés et la baisse de la pluviométrie sont en majorité les animistes et ceux qui se disent
sans religions (75%). 31% des enquêtés ont répondu oui (Tableau XXXVI). Les paysans qui
lient la profanation des lieux sacrés et la baisse de la pluviométrie sont en majorité les
animistes et ceux qui se disent sans religions (75%). Ils estiment que certaines pratiques des
chrétiens et musulmans offensent les ancêtres et les génies protecteurs, par ailleurs,
intermédiaires entre le ciel "n’glo" et "ni" la terre "assiè". Les règles divines régulièrement
violées sont, entre autres, les relations sexuelles cachées en brousse, la fréquentation du
champ les mercredis saints "anan mlan", les vendredis saints "anan ya" et le premier lundi
après l’apparition de la lune "anan kissié", l’entrée au village avec les grappes de bananes et
de graines de palmiers, l’utilisation des mortiers à la tombée de la nuit. Selon eux, les génies
et ancêtres ont une influence fondamentale sur le ciel (mâle) et la terre (femelle) qui donnent
la pluie.
Tableau XXXVI : Réponses proposées pour expliquer la baisse de la pluviométrie
oui Non
(autres raisons) ne sait pas
La profanation des lieux
sacrés est-elle à l’origine
de la baisse des pluies ?
religion
Chrétienne 5% 34% 4%
religion
Musulmane 3% 8% 1%
Animiste 16% 10% 4%
Aucune
religion 8% 6% 2%
TOTAL 31% 58% 11%
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015.
À ces infractions, ils ont associé le non-respect des exploitants forestiers qui détruisent les
grands arbres. Or, dans la conception animiste, les grands arbres sont les lieux d’habitation
des génies. « Ils entrent dans les forêts sacrées sans l’accord des villageois pour abattre tous
les arbres. Les génies ne savent plus où ils vont vivre. Ils ne peuvent pas nous bénir (…) ».
206
b) Appréciation liée aux religions occidentales et à la modernité
Noufé (2011) et Diomandé (2013) ont considéré la profanation des lieux sacrés,
l’offense aux génies et ancêtres (intermédiaires entre le Ciel et la Terre) comme les véritables
sources de changements climatiques exprimées par les paysans. Ce raisonnement a
considérablement évolué ces dernières années. Les réponses recueillies après les
investigations de terrain mettre à niveau les résultats de ceux-ci. En effet, la confusion
s’installe au niveau des paysans et autour de la croyance selon laquelle les évènements
climatiques sont attribués aux divinités. En conséquence, 58% des paysans présentent des
raisons autres que celle de transgressions. Ils estiment que la diminution des pluies a d’autres
origines que celles suggérées dans le questionnaire. L’expansion des religions occidentales
(islam et christianisme) au détriment des valeurs coutumières explique en partie ce fait. En
fait, pour les chrétiens et musulmans, « Dieu est la principale cause de tout ce qui arrive à
l’Homme sur Terre ». Les chrétiens en particulier pensent que cette nouvelle donne
climatique fait partie des souffrances qui précèderaient la fin du monde. « On peut donc rien y
faire ». Ils préfèrent se confier à cet Etre suprême capable de changer les conditions inédites.
Aussi, avec la modernisation et les nouvelles technologies de l’information et de la
communication, plusieurs paysans ont accès aux informations via les appareils téléphoniques
multimédia. Ceux qui sont en contact avec les informations, ne croient plus à ces pratiques
spirituelles traditionnelles, désormais considérées comme superstitieuses, et ne les respectent
presque plus. Ils se sont en conséquence rendu compte que le phénomène des changements
climatiques est global et non exclusivement local. Ainsi, 69% des enquêtés doutent de ce que
les pluies soient suspendues à des rituelles. Car, comme le confiaient des interlocuteurs :
« Avant, quand la pluie tardait à venir, et pour faire revenir les conditions
d’abondantes pluies, nous voyons des féticheurs (kômien) qui nous instruisent sur les
sacrifices à faire et auprès de quelle divinité les accomplir. En principe, ça marchait.
Il était également possible de suspendre les pluies dans les mêmes circonstances, si
sa venue compromet certaines pratiques. Mais ces dernières années, en particulier
cette année 2015 là, nous avons tout fait, mais rien ne marche. Les femmes ont dansé
l’adjanou (une danse sacrée que font des femmes nues pour implorer le pardon des
dieux protecteurs), mais ça n’a pas fonctionné, les hommes ont fait ce qui est à leur
pouvoir et rien ne change ».
Ainsi, pour 15% de ces derniers, le moyen par lequel on parviendra à une bonne pluviosité est
non seulement le respect des restrictions traditionnelles du village, mais aussi, la pratique des
207
sacrifices pour implorer le pardon des ancêtres et génies protecteurs (Tableau XXXVII). Plus
de 50% des populations estime qu’« on y peut rien ». Il ne reste qu’à prier les divinités car
« seuls les dieux ont le pouvoir sur le changement du climat qui est avant tout un phénomène
céleste ». Les autres paysans sont désillusionnés et ne savent plus à quel saint se vouer.
Toutefois, en dépit de corriger le temps, des actions peuvent certainement atténuer sa
dégradation. Interrogées, les populations de l’hydrosystème du Bandama font des propositions
(Tableau XXXVII).
Tableau XXXVII : Propositions des mesures d’atténuation de la variabilité
pluviométrique
Prier Dieu
Faire des
sacrifices Reboiser
Eviter les
feux de
brousse
On y peut
rien
Que
faire
face à la
baisse
des
pluies ?
religion
Chrétienne 21%
14% 1% 7%
religion
Musulmane 6%
3% 1% 1%
Animiste 7% 9% 7% 2% 4%
Aucune
religion 4% 6% 4% 1% 1%
Total 39% 15% 29% 5% 12%
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015.
28% des enquêtés proposent le reboisement comme une importante voie d’atténuation de la
baisse de la pluviométrie. Le reste de la population interrogées suggère en revanche, qu’il faut
éviter de bruler les savanes (4%) ou qu’on n’y peut rien. Ces résultats mettent en évidence la
méconnaissance des origines du changement de pluviosité. Il est évident que les solutions
pour y remédier soient ignorées par une portion importante de la population. Ces observations
dévoilent la vulnérabilité des agriculteurs qui, devant la connaissance partielle des origines et
solutions des modifications du milieu, subissent les conséquences.
7.2. Effets des risques de pluviosité éprouvés par les paysans
Les perturbations de la pluviométrie sont mieux ressenties sur la production agricole,
les sources naturelles d’eau, la santé humaine, les feux de brousse et les rapports
communautaires.
208
7.2.1. Effets des risques climatiques sur les ressources naturelles et
humaines
a) Sur les eaux de sources et puits
Dans les villages Baoulés visités (Ahua, Krokokro, Séssénouan et Kongodékro), les
ménages utilisent prioritairement l’eau courante et/ou l’eau de pompe pour leur alimentation.
Précisément, une moyenne de 73% (n=260) de paysans dans ces localités, témoignent avoir
accès à l’eau courante (Tableau XXXVIII). Les habitants de Krokokro (village en zone de
savane de Dimbokro) se servent uniquement de l’eau issue des bornes fontaines pour leurs
besoins. Aussi, dans un souci de gestion rationnelle, quelques personnes préfèrent associer à
ces deux sources d’eau, les puits et/ou la rivière.
Tableau XXXVIII: Taux d’utilisation des sources d’alimentation en eau par village.
SODECI POMPE PUITS RIVIERE
Dimbokro
climat équatoriale
de transition
Ahua 73,8% 15,4% 0,0% 3,1%
Krokokro 0,0% 95,4% 3,1% 6,2%
Bouaké
climat équatorial
de transition
atténuée
Séssénouan 72,3% 38,5% 0,0% 1,5%
Kongodékro 73,8% 20,0% 44,6% 6,2%
Korhogo
climat tropical de
transition
Waraniéné 0,0% 40,0% 92,3% 0,0%
Torgokaha 0,0% 53,8% 87,7% 6,2%
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015.
Contrairement aux villages Baoulés, les paysans des villages Sénoufos (Waraniéné et
Torgokaha) utilisent essentiellement l’eau des bornes fontaines (50% ; n=130) et l’eau des
puits (90%). La plupart de ces populations usent simultanément des deux sources d’eau. La
réserve en eau est, selon Dugué et al. (2012) et le GIEC (2014), la première ressource affectée
par l’évolution du climat, qu’il s’agisse des eaux de surface (mares, lacs et cours d’eau) ou de
l’eau du sol (nappe superficielle). Presque partout, cette ressource se raréfie. On note ainsi,
dans de nombreuses régions, un approfondissement du niveau des nappes qui oblige à sur-
209
creuser les puits, et/ou une diminution de l’ampleur des crues en hauteur et en durée. Cette
raréfaction de la ressource en eau est ressentie dans les villages qui n’ont pas accès à l’eau
courante. Le tableau XXXIX illustre clairement l’assèchement régulier des puits, des eaux de
surface et des pompes villageoises à Bouaké et à Korhogo. Pour réduire leurs vulnérabilités,
les responsables communautaires sollicitent, auprès de l’administration, la multiplication des
pompes villageoises (deux à quatre) en fonction de la population résidente.
Tableau XXXIX: Matrice d’impact des variations climatiques sur les populations
rurales.
conflits fonciers
ou
communautaires
assèchement
des puits ou
eaux de source
hausse de
fréquences de
feux de brousse
et déforestation
baisse des
rendements des
principales
cultures
apparition de
certaines
maladies
Dimbokro Zone équatoriale
de transition
Ahua 23,1% 9,2% 24,6% 95,4% 12,3%
Krokokro 18,5% 10,8% 26,2% 93,8% 6,2%
Bouaké Zone équatoriale
de transition
atténuée
Séssénouan 19,2% 41,5% 43,1% 90,8% 56,9%
Kongodékro 15,4% 63,1% 9,2% 100,0% 13,8%
Korhogo zone tropical de
transition
Waraniéné 24,6% 64,6% 15,4% 66,2% 27,7%
Torgokaha 13,8% 58,5% 15,4% 40,0% 20,0%
Extrême > 80%
Elevé 60,1 - 80%
Moyen 40,1 - 60%
Faible 20 - 40%
Très faible < 20%
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015.
b) Sur les rapports communautaires
L’évolution défavorable des conditions de production (contexte économique,
environnemental, climatique) a des conséquences sur l’organisation sociale des communautés
rurales de l’hydrosystème. Il s’agit des tensions dues à la gestion des ressources (eau et
espace) qui se raréfient et à la dissociation des stratégies collectives traditionnelles
d’atténuation.
Dans le cas du foncier cultivable, il existe peu de conflits entre les habitants. En fait, l’espace
rural a été balkanisé par les ancêtres. Chaque part est confiée à la génération suivante sous
210
forme d’héritage. Les utilisateurs ont également réussi à mettre en place des règles de gestion
des ressources adaptées au nouveau contexte économique. Ainsi, une Terre prêtée ne peut être
affectée à l’agriculture pérenne. Mais, cette gestion culturelle des Terres se révèlent de plus en
plus inadaptées devant l’augmentation de la pression foncière et de l’individualisation (à
savoir autonomisation des familles nucléaires vis-à-vis de la famille élargie et au sein des
familles). Ainsi, des tensions apparaissent au sein même des familles. Ces sources de
discordes sont amplifiées par le renforcement des stratégies individuelles d’adaptation aux
aléas climatiques, entre autres l’élargissement des superficies emblavées. Néanmoins, elles
sont réglées par la médiation des chefs de familles.
Aussi, les paysans ont témoigné de la séparation des stratégies collectives traditionnelles pour
le retour à la normale pluviométrique. En effet, pour certains animistes, le moyen par lequel
on parviendra à une bonne pluviosité est le respect des restrictions traditionnelles du village.
Or, ces pratiques sont éloignées des principes chrétiens ou musulmans, d’où la divergence
d’approche pour vaincre la rareté des pluies. Pour les chrétiens et musulmans, « il n’est pas
question de suivre le "vrais Dieu" et désobéir à ses principes en observant ceux des faux
dieux ». Les insoumis aux règles coutumières sont ainsi accusés d’éloigner les génies
protecteurs du village et d’être à l’origine de la dégradation des conditions hydriques de
production. Pendant l’enquête dans les villages, les phrases comme : « ils ne respectent plus
rien, ce sont eux qui ont gâté la terre » respectivement traduites en Baoulé par « "bé i’n ji
man liquéfi, bé a sachti assiê" » et en Sénoufo par « "po nihin ni yariga tchorihi, péni tari
kalagui" » sont fréquemment entendues. Les répliques suscitent parfois de vives querelles,
mais jusqu’ici réglées à l’amiable. Par contre, les véritables altercations opposent les
agriculteurs et les éleveurs. Partout dans la zone d’étude, les populations ont fait mention des
problèmes liés à la destruction des champs par les troupeaux des bergers peuls. Cette situation
est liée à l’évolution des pratiques pastorales dans le bassin versant, les champs non protégés
faits en bordure des voies ou des villages et la mise en culture d’espaces traditionnellement
réservés au pâturage (bas-fonds).
c) Sur la dynamique de la couverture végétale
Dans toutes les localités enquêtées, la déforestation a été évoquée par 53,6% des
producteurs comme une source de difficultés. Certains considèrent cette déforestation comme
l’origine de la dégradation du climat. Les agriculteurs défrichent la forêt pour accéder à de
nouveaux espaces afin d’assurer des nouvelles productions destinées à la consommation
211
directe des familles (igname, maïs, manioc, etc.) ou au marché extérieur (café, anacarde,
hévéa). Parfois, il est simplement question d’accroître les surfaces cultivées pour compenser
la croissance démographique et/ou la baisse des rendements (Dugué et al., 2012). Les brûlis
après les défrichements sont souvent incontrôlés. Ces feux, dans le contexte du réchauffement
du climat dégénèrent dans beaucoup de cas et mettent à nu des surfaces qui vont bien au-delà
de ce qui était visé. La dégradation du couvert forestier est également le résultat d’activités
génératrices de revenus plus ou moins légales comme l’exploitation forestière, la fabrication
de charbon de bois, etc.
En reconnaissance de la relation entre la dynamique de la végétation et les variations
pluviométriques, ces cultivateurs évoquent l’adoption de l’arboriculture (teck, hévéa,
manguier, etc.) dans l’agriculture familiale comme une mesure d’atténuation. Il est pour eux,
le deuxième motif en rang après la raison pécuniaire. Car, à défaut du retour rapide de la forêt,
un reboisement à but lucratif paraît plus rationnel par les enquêtés. Par ailleurs, plus de 90%
des populations interrogées à Ahua et Krokokro (villages de Dimbokro situées à la lisière
forêt-savane) conviennent qu’une longue jachère et en l’absence de feux de brousse, la forêt
se régénère. Aussi, la savane mise en culture se transforme d’abord en Chromolaena odorata
(espèce reconnu communément sous l’appellation « Sékou Touré »), puis en forêt claire après
une longue période de jachère. Krokokro, autrefois entoure de savane, est maintenant a la
limite forêt-savane.
Les perturbations de la pluviométrie sont mieux ressenties sur la production agricole, les
sources naturelles d’eau, la santé humaine, les feux de brousse et les rapports
communautaires. Les ménages apprécient ces risques en fonction de la satisfaction des
besoins. Ainsi, ceux de Waraniéné et Torgokaha qui utilisent prioritairement l’eau de source
et les puits pour leur alimentation perçoivent la raréfaction de la ressource en eau,
contrairement aux paysans Baoulés. Ils témoignent de l’assèchement régulier des puits, des
eaux de surface et des pompes villageoises. Ce ressenti des populations rurales de Korhogo
rejoint les conclusions de Dugué et al. (2012) et le GIEC (2014) qui estiment que la réserve
en eau est très sensibles à l’évolution du climat.
7.2.2. Effets des risques climatiques sur l’agriculture familiale
À l’échelle du milieu rural du bassin versant du Bandama, les conséquences
climatiques les plus critiquées sont agricoles. La baisse de rendements est exprimée par 81%
(n=390) des cultivateurs du bassin versant du Bandama. Ce constat s’explique par
212
l’accroissement des risques climatiques qui modifient les conditions de production agricole.
Les conséquences sont importantes. Il s’agit non seulement des pertes de semis, de la baisse
des rendements (Tableau XXXIX précédent), des transformations des attitudes et habitudes
agricoles, mais surtout de l’abandon de certaines espèces au profit d’autres ou l’association
des cultures. Les populations du nord ne sont pas autant vulnérables que celles de Bouaké et
de Dimbokro. En effet, elles sont plus intéressées par une agriculture soumis à beaucoup
d’intrants qui diminuent le déterminisme pluviométrique. Ils continuent de bénéficier d’une
saison pluvieuse d’au moins trois mois. Cette saison tropicale humide a une durée
suffisamment longue pour favoriser la réussite des phases de développement des plantes
cultivées, contrairement aux saisons pluvieuses des régions équatoriales de transition qui
s’amenuisent. Les transformations des systèmes endogènes de culture sont-elles des
réajustements face à la modification des potentialités hydriques de production ?
a) Caractérisation des systèmes de culture traditionnelle réajustés ou
non
L’analyse qui suit porte principalement sur les systèmes des principales cultures. Il
s’agit d’abord d’identifier les manières traditionnelles d’organiser les activités culturales du
bassin versant du Bandama. Il est ensuite question d’analyser leurs modifications dans
l’espace et dans le temps et enfin, les motivations des paysans pour l’adoption des nouveaux
systèmes.
Le peuple Baoulé est conservateur de la tradition culturale cyclique de deux ans. Ils utilisent
les potentialités qu’offrent les milieux forestiers et savanicoles pour leurs activités agricoles.
Par exemple, il est rencontré un peu partout les cultures de l’igname, du maïs, du manioc, etc.
Mais celles de café et de cacao sont plus développées dans la partie forestière de Dimbokro.
L’igname est la principale culture vivrière du peuple Baoulé, tant par la surface occupée dans
les champs de première année que par le temps qui lui est consacré et par sa place dans
l’alimentation. Sa culture est restée dans un système traditionnel.
L’igname est toujours placée en tête d’assolement (De Rham, 1971), à Dimbokro comme à
Bouaké. Deux principales espèces sont objet de culture chaque année. Il s’agit de la variété
Dioscorea alata ou « lokpa » (igname précoce à deux récoltes adaptée à la savane) et
Dioscorea cayennensis « n’ziwa ou n’za » (igname tardive à une seule récolte plus commode
à la forêt). Les Baoulés utilisent plusieurs variétés de ces deux espèces selon leurs
convenances. En début de chaque année, la famille choisit la parcelle sur laquelle elle va
213
cultiver. Dans le système cultural Baoulé, une série d’opérations de mise en culture est
effectuée par le cultivateur selon que le terrain est en forêt (bo) ou en savane (katchê). Dans la
pratique culturale vivrière, le terrain est adopté pour deux ans avant d’être abandonné à la
jachère.
Au moyen du feu, de la machette ou de la daba, le paysan commence les travaux par le
défrichement et de débroussaillage. De décembre à février, les hommes des régions de savane
mettent le feu dans le katchê pour des raisons diverses (chasse, lutte contre les animaux
nuisibles et dangereux, destruction des hautes herbes qui cachent la vue, préparation des
futurs terrains de culture, création de pâturages). Les chaumes sont ensuite brûlés et nettoyés à
la daba par les femmes. À la même période, la végétation arbustive (bo) est écrasée à la
machette par les hommes. Le tout, mis en tas au pied des gros arbres. Une fois ces tas séchés,
ils sont consumés après la première pluie de février-mars au risque que le feu déborde
l’espace prévue. À ce stade, le terrain change d’appellation est devient (bo n’zonnien : forêt
défrichée). Le feu continu entraîne la mort de ces arbres et favorise l’aération du futur champ.
Les cultivateurs prennent soin de préserver quelques arbres qui serviront de tuteurs aux tiges
d’ignames.
Dès les premières pluies de mars, les femmes effectuent le sarclage à la petite daba. Le champ
est ainsi nettoyé plus parfaitement par élimination des souches de graminées et des racines. La
partie nettoyée (n’gbaliê) est prête à recevoir les buttes. La nouvelle parcelle défrichée et
préparée peut donc recevoir les cultures. L’édification des buttes (kofié) est le travail des
hommes. Ceux-ci les construisent en ramenant la terre de surface entre leurs jambes, avec la
grande daba. C’est le plus pénible des travaux du calendrier agricole Baoulé. Ces buttes sont
des cônes de terre d’environ 60 cm de hauteur où sont mises les ignames. Elles assurent un
meilleur drainage des eaux de pluie, fournissent un sol meuble et permettent un bon
développement des tubercules (Blanc-Pamard, 1994). L’entretien consiste en des sarclages
répétés, effectués à la petite daba et/ou à la petite machette par des femmes aidées des enfants,
afin d’éliminer les graminées qui envahissent les buttes. Le premier sarclage (tokpodjé : les
dents de la daba) se fait en juin-juillet, le deuxième au moment de la première récolte
d’igname précoce en août-septembre. Le troisième sarclage précède les récoltes des semi-
précoces (lopka n’gbolei) et tardives qui ont lieu à partir de novembre.
Le peuple Baoulé associe traditionnellement d’autres plantes telles que le maïs, le manioc et
les condiments à la culture de l’igname. Ces dernières sont mises soit au pied ou entre les
buttes. Elles sont aux soins des femmes. La mise en terre des boutures de manioc et les grains
de céréales est faite par les agriculteurs, soit conjointement avec l’igname pendant les mois de
214
mars-avril, soit pendant le premier sarclage en juin-juillet. Les récoltes de céréales coïncident
avec celles des variétés d’igname précoce. Les semis du riz pluvial et du maïs ont lieu
conjointement au début du mois de mars.
Une fois les récoltes terminées, les buttes détruites, les ignames récoltées, cette parcelle ne
porte plus la deuxième année que les pieds de manioc qui ont été bouturés l’année précédente.
Les femmes disposent alors de l’espace qu’elles nomment « aflé » pour établir leurs cultures.
Pendant ce temps (décembre-février), les hommes vont préparer les nouveaux champs
d’igname et de riz. Les travaux des femmes commencent par un sarclage de la parcelle qui est
souvent divisée en deux parties, l’une est réservée au maïs « ablé aflé ou n’gbassa » et l’autre
à l’arachide (n’gatè aflé de variété dolou kouassi principalement). Les récoltes effectuées en
juillet est un important apport alimentaire, en complément à la conservation et stockage des
récoltes après les semis.
En fait, les exploitants pratiquent une gestion stricte des stocks dans le but de lutter contre
l’insécurité alimentaire et de les apporter comme intrants aux semis de l’année suivante. La
gestion des stocks est du ressort exclusif du chef de famille (elle n’est généralement pas
déléguée aux jeunes). En pays Baoulé, sa longévité est garantie par la maturité du manioc
disponible dans le champ livré à la jachère (ahofoin). Car en effet, seules restent de la parcelle
après deux ans d’usage (ahofoin), de longues tiges de manioc dont on ne s’occupe pas. Une
jachère de végétation spontanée occupe l’emplacement de la parcelle pendant 5 à 10 ans avant
une nouvelle période de culture.
En début de plantation, café, cacao, palmier à huile, hévéa et anacardier sont associés aux
cultures vivrières : pendant les premières années, alors que les jeunes plants de café et de
cacao ne produisent pas encore, la parcelle a un rôle essentiellement vivrier. Au bout de deux
ans, sont abandonnées les cultures vivrières telles qu’igname, maïs, arachide et ne subsistent à
côté des caféiers et des cacaoyers que des plantes au cycle végétatif plus long comme le taro,
le manioc et le bananier. Un recru forestier ne tarde pas à envahir cette parcelle et à étouffer
les jeunes plants ; l’entretien n’a lieu que lors de la première récolte, c’est-à-dire trois ou
quatre ans plus tard pour les caféiers et cinq ou six ans pour les cacaoyers. À partir de cette
première récolte, le débroussement se déroule régulièrement environ de deux à trois mois
avant la récolte. Ainsi, les agriculteurs effectuent un désherbage des plantations de café et du
cacao entre juin et juillet en prévision de la grande campagne qui se tient de septembre à
novembre.
Contrairement aux Baoulés qui pratiquent une agriculture extensive et itinérante sur-brulis, le
système cultural Sénoufo décrit un schéma d’assolement autour de trois cultures annuelles
215
différentes. Il s’agit du coton, du maïs, de l’arachide auxquels s’ajoutent désormais le riz
irrigué ou riz de bas-fond. À l’instar des zones de forêt où le café, le cacao, le palmier à huile,
l’hévéa et l’anacardier constituent les cultures de rente, la zone nord est appelée « zone
coton » parce que le coton constitue la première culture de rente. Les témoignages recueillis à
Waraniéné et Torgokaha permettent de décrire des cycles culturaux relativement plus longs
que ceux des baoulés. Ainsi, différents systèmes d'exploitation sont rencontrés selon que le
coton constitue ou non la culture prépondérante. 50 à 60 % des Terres exploitables sont
emblavées en coton, 20 à 30 % en maïs, le reste en arachide et/ou en riz. L’igname, le mil et
le sorgho faisaient partie de la production alimentaire locale. Mais, selon environ 87,4% de
paysans interrogés, « ils n’y a plus de Terres disponibles pour les cultiver ». Il est vrai que la
spéculation vivrière dominante est le maïs. Mais, le coton démarre le cycle cultural dans un
schéma d’assolement autrefois, quadriennale puis de plus en plus triennal.
Au niveau des cultures vivrières, généralement, les mois de février à avril sont réservés à la
préparation des champs. Les labourages des trois cultures se font simultanément en mai. La
première pluie qui arrive après le labourage engage les plantings, de préférence au début du
mois de juin. Le retards des pluies oblige certains cultivateurs à poursuivre les semis jusqu’en
juillet. L’engrainage des champs sont réalisés entre 15 et 25 jours après le semis. Le
désherbage des champs se fait au fur et à mesure que les mauvaises herbes submergent les
plants. Le maïs est la première céréale récoltée par les paysans. Les récoltes des céréales sont
réalisées en août-septembre pour les variétés précoces et octobre-novembre pour les variétés
tardives. Cette période (novembre) coïncide avec celle du coton. On laisse les épis sécher
suffisamment sur les plantes; ensuite, la récolte se fait manuellement. Ainsi, le coton boucle la
phase de semis. Il faut noter par l’observation et les témoignages des populations que
l’association des cultures est très peu pratiquée en pays Sénoufo. En effet, sur 130 personnes
enquêtées, seulement 47, (36%) associent le maïs et l’arachide ou les légumes au maïs.
En troisième année, la parcelle subit la dernière rotation sur l’arachide. À la quatrième année,
le cycle reprend sur le coton jusqu’à ce qu’apparaissent les premiers signes de dégradation du
sol. Au temps où les faibles densités démographiques autorisaient de grandes disponibilités
foncières, il peut arriver que le paysan abandonne la parcelle défrichée, après quatre ans, pour
une jachère dont la durée est désormais fonction de la pression foncière. L’anacardier et le
manguier croissent en importance ces dernières années, occupant de plus en plus les jachères.
La saturation foncière actuelle, oblige donc le paysan Sénoufo à cultiver sa parcelle
continuellement. Un enquêté de Torgokaha (E.I. M, 58 ans) a confié ceci : « il y a de cela 20
ans que je fais les rotations des cultures sur la même parcelle ». Les Sénoufos joignent à leur
216
système agricole la culture de case. Ce mode culturale est relativement intensif, avec
utilisation de fumier de compost et autres déchets ménagers ; son but est de fournir un aliment
de soudure. Le maïs est consommé principalement en frais. Il convient de signaler qu’il n’y a
pas de hiérarchie entre les espaces emblavés dans le système Sénoufo comme c’est le cas chez
les Baoulés.
Concernant les cultures pérennes, à Korhogo, la plupart des agriculteurs enquêtés ont affirmé
produire l’anacarde (92,5% à Torgokaha ; n=65 et 75% à Waraniéné ; n=65), la mangue
(37,7% à Torgokaha ; n=65 et 51% à Waraniéné ; n=65) ou les deux à la fois. Signalons que
ces cas atypiques de producteurs du trinôme coton-anacardier-manguier sont en petit nombre
(2,8% ; n=130). De ce fait, les cultures commerciales occupent les grandes superficies. C’est
l’une des raisons de l’indisponibilité des terres cultivables dans la région. Les déterminants de
la conduite des travaux agricoles de cultures pérennes se distinguent nettement de ceux des
cultures vivrières. Le premier trimestre est presque entièrement employé à des
débroussements. Le calendrier des cultures pérennes est imposé par la période de récolte.
b) Systèmes de cultures pérennes en pleine mutation
Les modes culturales pérennes du bassin versant du Bandama, présentées déjà dans
l’analyse rétrospective qui précède, ont connu des transformations. Ces mutations sont
motivées à l’origine par la pression sociale, les besoins financiers et maintenant par les
modifications récentes des conditions climatiques. En effet, environ 70% des sexagénaires
affirment avoir modifié la manière de cultiver ou la variété de culture ou l’espèce tout
simplement. La stratégie paysanne la plus rencontrée chez les investigués consiste à
diversifier les cultures pour réduire le risque de tout perdre. En fait, les cultivateurs savent que
les plantes n’ont pas les mêmes exigences écologiques. Les cultures de cacao par exemple
produisent bien si le champ est régulièrement nettoyé et si les pluies sont abondantes. Par
contre, le café et l’anacardier résistent mieux à la baisse pluviométrique, le dernier
particulièrement à la chaleur actuelle.
Dans la région équatoriale de transition, les cultures pérennes les plus souvent mentionnées
lors de l’enquête sont : le café, le cacao, l’hévéa, le coton, l’anacarde, l’anacardier (Tableau
XL). Le binôme café-cacao était la principale ressource financière de la région forestière de
Dimbokro comme s’en souviennent plus de 80% des sexagénaires. Ils se rappellent également
des violents feux de brousses provoquées par la grande sècheresse des années 80 qui ont
détruit la majorité des champs.
217
Tableau XL: Etude comparée des niveaux d’adoption des cultures pérennes avant et
après 1980.
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015.
Avec la pluviométrie devenue faible et irrégulière, seulement 40% et 60% affirment détenir
encore respectivement un champ de cacao et de café en production. Seulement 10% (n=22)
des paysans dont l’âge est compris entre 20 et 49 ans s’essaient à la filière. On assiste
cependant à une évolution du système qui consiste à diversifier la production. Certains
producteurs accompagnent le vieux champ de café ou de cacao d’un jeune champ d’hévéa
(46%) et/ou d’anacardier (17%). De façon générale, les champs d’hévéa des planteurs
interrogés ne sont pas encore production comme le montre la photo 1.
Planche Photo 1 : Jeune plantation d’hévéa à Ahua.
village en zone de contact forêt-savane de Dimbokro. (Source : cliché N’Da : mai 2015)
café cacao hévéa coton anacardier manguier
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
Ahua 76,7% 59,5% 86,0% 39,5% 23,3% 46,5% 4,7% 2,3% 0,0% 16,3% 0,0% 2,3%
Krokokro 73,6% 28,3% 28,3% 7,5% 11,3% 20,8% 0,0% 3,8% 0,0% 35,9% 0,0% 1,9%
Séssénouan 7,5% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 1,9% 0,0% 0,0% 79,2% 0,0% 13,2%
Kongodékro 26,9% 0,0% 5,8% 1,9% 0,0% 5,8% 5,8% 5,8% 0,0% 75,0% 0,0% 0,0%
Waraniéné 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 22,0% 47,1% 26,8% 75,1% 24,4% 51,2%
Torgokaha 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 56,6% 84,9% 34,0% 92,5% 22,6% 37,7%
218
À Krokokro, les modifications sont semblables à celles enregistrées à Ahua (village de la zone
de forêt de Dimbokro), à la différence que les paysans ont plus adoptée l’anacardier que
l’hévéa. La culture de l’anacarde devient la principale production commerciale dans la mesure
où 36% (n=43) des planteurs s’y intéressent actuellement. Les producteurs de cacao estimés
autrefois à 28,3% (n=43) et de café à 73,6% (n=43) sont passés à des proportions moins
importantes : 28,3% (n=43) pour le café et 6.5% (n=43) pour le cacao.
Dans la région équatoriale de transition atténuée, à Séssénouan (village situé au Nord de
Bouaké), les agriculteurs enquêtés ne s’intéressaient pas aux cultures de rente comme le
révèlent le tableau XL. Seulement 7,5% des quinquagénaires (n=53) ont affirmé détenir une
plantation de café. La culture qui a attiré leur attention et à laquelle il y a plus d’adhésion est
la plantation d’anacardier. En effet, près de 80% de ces personnes détiennent actuellement des
plantations d’anacardier. Ce revirement est récent dans 77% des cas (moins de 15 ans). La
diversification y est ainsi peu répandue. À Kongodékro (village au Sud de Bouaké) en
revanche, les cultures commerciales semblent traditionnelles chez quelques familles. En effet,
des paysans ont déclaré produire soit le café (27% ; n=52) soit le cacao (6% ; n=52), soit le
coton (6% ; n=52). À l’exception du coton, le café et le cacao sont délaissés au profit de
l’hévéa (5,8% ; n=52) et de l’anacarde (75% ; n=52). Le secteur anacarde est ainsi la
monoculture prépondérante des producteurs de la région.
Dans la région tropicale de transition, à partir des villages Waraniéné et Torgokaha
(Korhogo), il est constaté que les producteurs n’échappent pas aux mutations des cultures
commerciales. N’étant pas concernée par le binôme café-cacao, sans doute pour des raisons
écologiques, les personnes (qui ont plus de 50 ans) interrogées disent pratiquer prioritairement
le coton, ensuite l’anacardier et enfin le manguier. Le coton est la culture dominante chez les
populations Sénoufo. Plus de 60% de paysans en produisent. Cependant, il est remarqué une
légère régression au niveau des producteurs contre une croissance de ceux de l’anacarde et
des mangues ces dernières années. De 30% (n=47) de quinquagénaires en moyenne avant
1980, ils sont à plus de 68% de cultivateurs aujourd’hui. La plupart des paysans sont passés
de la monoculture à la polyculture. Ainsi, les plus nombreux (32%, n=25) associent soit les
manguiers aux anacardiers (photo 2a et 2b). Au contraire des transformations récentes en pays
Baoulé, celles du monde paysan Sénoufo date de 16 à plus de 20 ans.
c) Mutations des systèmes de cultures vivrières
Le tableau XLI suivant montre le niveau d’adoption des systèmes vivriers globaux
avant et après les années 80. Les changements intervenus dans les pratiques de culture
219
vivrière sont mis en évidence. Le système est d’une longue tradition polyculturale. Il est
principalement dominé par quatre grandes cultures, à savoir : l’igname, le manioc, le maïs et
le riz. En pays Baoulé (Dimbokro et Bouaké), les populations enquêtées confirment leurs
traditions d’association de cultures. Trois spéculations perçues comme complémentaires sont
associées sur la base de leur cycle de vie. Ainsi, dans les quatre localités enquêtées dans la
zone d’influence Baoulé, le manioc et le maïs sont simultanément mis en union, soit avec
l’igname (principale culture des nouveaux champs), soit avec l’arachide (principale culture du
champ de la deuxième année d’utilisation : aflé). L’analyse du tableau XLI, indique que
l’intérêt porté à ce mode de culture par les paysans baoulés a évolué.
Planche Photo 2: Polyculture pérenne associant anacardiers et manguiers.
La plantation de manguiers (6.2a) entourée d’anacardiers (6.2b), une sorte de haie vive.
Source : cliché N’Da : juin 2015.
Tableau XLI: Etude comparée des niveaux d’adoption des cultures vivrières avant
et après 1980.
Source : enquêtes personnelles en mai-juin 2015.
manioc igname maïs riz mil sorgho
banane
plantain maraichère
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
avant
1980
après
1980
Ahua 72,1% 100% 100% 100% 58,1% 84,9% 27,9% 51,2% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 34,9% 7,0% 0,0% 0,0%
Krokokro 77,4% 100% 100% 100% 39,6% 77,0% 3,8% 45,3% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 13,2% 3,8% 0,0% 0,0%
Séssénouan 96,2% 100% 100% 100% 28,3% 87,5% 22,6% 34,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
Kongodékro 96,2% 100% 100% 100% 63,5% 89,2% 32,7% 36,5% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
Waraniéné 26,8% 5% 51,2% 0,0% 61,0% 80,5% 36,6% 56,1% 26,8% 17,1% 24,4% 14,6% 0,0% 0,0% 46,3% 70,7%
Torgokaha 13,2% 15% 49,1% 3,8% 64,2% 98,2% 37,7% 57,3% 34,0% 3,8% 22,6% 5,7% 0,0% 0,0% 24,5% 79,2%
220
En effet, 75% (n=47) des planteurs quinquagénaires de Dimbokro ont confirmé hérité cette
pratique de leurs parents. Le niveau d’adoption à Bouaké était également important de 96 %
(n=53). Après les années 80, les agriculteurs baoulés ont plutôt amplifiée l’association du
manioc à l’igname. Ainsi, tous les planteurs interrogés appliquent ce système de cultures. Les
paysans ont révélé que dans ce système de polyculture basé sur les tubercules (racines
vivrières : igname et manioc), ils associent plusieurs autres spéculations telles que le maïs, le
piment et le gombo, les différentes variétés d’aubergines comme révélé sur la photo 3. Dans la
pratique, les semences (tubercules entiers) ou les boutures (fragments de tubercules)
d’ignames sont enfouies dans les buttes durant ou après le buttage. Par observation, il a été
remarqué que les boutures de manioc d’environ dix centimètres de longueur armées de trois à
quatre nœuds sont piquées obliquement sur les flancs des buttes en observant une butte entre
deux boutures. Les pépinières de piments et légumes sont repiqués entre les buttes.
Le riz est une nouvelle adoption dans la région, au regard des statistiques (Tableau XLI) : plus
de 50% des enquêtées ont décidé de faire du riz de cycle moyen et court (3 et 4 mois) une
véritable culture subsidiaire depuis l’an 2000. Son espace de culture est préparé en dehors de
celui du système igname-manioc-maïs. Sur le terrain, les grains de riz et de maïs sont semés
concomitamment au jet par les agriculteurs.
Planche Photo 3 : Polyculture vivrière en zone de contact forêt-savane.
(Association de l’igname, maïs, manioc, légumes, etc.)
Source : cliché N’Da : mai, 2015.
221
Dans la région tropicale de transition, à Korhogo, les personnes qui associent le coton aux
vivriers ont baissé à l’avantage du secteur vivrier pur. Le tableau XLI précédent révèle que les
paysans Sénoufo sont également concernées par la tradition de polycultures. Pour optimiser
les chances de satisfaire le ménage en vivres au cours de l’année, environ 75% des
quinquagénaires témoignent que les exploitants procédaient à l’association des cultures. Sa
pratique s’articulait autour du riz, maïs, sorgho, igname, manioc et mil. Mais actuellement,
elle a subi de fortes mutations. À défaut de l’association, le système se traduit par l’adoption
au fur et à mesure de la diversification des monocultures en rotation sur les parcelles. Au sein
du composé vivrier, le maïs est la culture de base. Le maïs est cultivé par plus de 95% des
personnes auditionnées, contrairement aux autres spéculations (igname, mil, sorgho) qui sont
en train de disparaître. Le riz est la deuxième spéculation prisée par la population Sénoufo.
Aussi, de nouvelles variétés de riz de cycle court et adaptées aux bas-fonds mobilisent
d’avantage le temps de travail des paysans. Quant aux femmes enquêtées, elles affirment
s’investir de plus en plus dans la pratique des cultures maraîchères. 75% des paysannes
Sénoufo la pratique pour réduire leurs vulnérabilités. C’est une activité qui a pris de l’ampleur
ces dernières années. Le maraîchage se pratique autour des puits et cours d’eau temporaires,
des bas-fonds et surtout dans les cours. Dans cette agriculture de “maison“, les spéculations
pratiquées sont : la laitue, le chou, la tomate, la carotte, la patate, etc. (Photo 4).
Planche Photo 4: Cultures maraîchères à côté du village Torgokaha (a) et des maisons à
Waraniéné (b).
Source : cliché N’Da : mai 2015.
4a 4b
4a 4b
222
7.2.3. Adoption de nouveaux systèmes de cultures : motivations
financières ou adaptation aux risques climatiques ?
Les mutations décrites par les agriculteurs consistent de façon générale, à l’abandon
ou à l’introduction, à la diminution ou à l’extension de certaines spéculations. Les espèces
sensibles à la sécheresse laissent la place à d’autres qui sont plus rustiques et plus rentables.
C’est dans ce contexte plutôt climatique et économique que l’anacarde s’est rapidement
répandu dans toute la zone d’enquête, au détriment ou en complément au cacao et au café
(pays Baoulé). Les Baoulés expliquent aussi l’adoption de l’anacarde par le fait qu’il ne
nécessite ni assez de temps de travail, ni beaucoup de moyen financier contrairement à
l’hévéa ou au palmier à huile. Les Sénoufos orientent les raisons du choix du manguier et de
l’anacardier dans le même sens. Ces nouvelles cultures sont développées dans la perspective
de diversification des sources de revenus. Ainsi, la majorité des cultivateurs (plus de 63% ;
n=260) ont confirmé que « ces spéculations sont celles qui marchent sur le marché
actuellement ; c’est pourquoi on s’y intéresse maintenant ».
Les cultures à croissance lente et continue telles que les tubercules (manioc, igname) sont
associées aux cultures à croissance courte (maïs, légumes), afin de limiter non seulement le
risque de récolte nulle, mais aussi assurer l’accès régulier à la nourriture de la famille. Au-
delà du souci alimentaire, le développement du vivrier complémentaire constitue une activité
génératrice de revenus. C’est un mécanisme mis en œuvre par les petits producteurs pour
subvenir aux besoins de leur famille. La montée de la culture du manioc et du riz en pays
Baoulé et le développement des maraîchères à Korhogo s’inscrivent dans cette disposition. La
culture vivrière familiale joue aussi et maintenant un rôle marchand. Les plus jeunes (20-49
ans) disent le plus souvent en entretien : « à part l’autoconsommation, il faut en vendre pour
supporter les nombreuses charges familiales ». Ces jeunes, n’ayant pas de cultures de rente,
ont tendance à développer de nombreux systèmes agraires de plus en plus spécialisés et
tournés vers le marché urbain. Cette mutation est boostée par les mouvements de retour vers
les campagnes de certaines personnes originaires du village. Ces derniers ont précisé qu’ils
sont venus chez eux à la faveur des situations de tensions et de conflits des années 2000.
L’une des conséquences est l’accroissement de la pression foncière qui se traduit par la mise
en culture de terres marginales, par un raccourcissement des périodes de jachère et parfois
même par une diminution des surfaces cultivées par actif.
Par contre, le choix des nouvelles variétés comme le cacao Mercedes et le riz de bas-fonds ou
riz chinois (appellation baoulées) est accepté par plus de 80% d’enquêtés comme étant une
223
adaptation aux modifications climatiques récentes. Ils (enquêtés) reconnaissent que ces
nouvelles variétés ont un niveau de tolérance à la sécheresse très élevé. Ainsi, constatant que
les variétés traditionnelles ont du mal à boucler leur cycle, presque toutes les personnes
interrogées recherchent les variétés plus précoces et améliorées et moins sensibles aux
ennemis des cultures.
De ce qui précède, il ressort clairement une absence de réajustements des calendriers
culturaux aux nouvelles donnes climatiques. Les paysans du bassin du Bandama sont dans
une logique selon laquelle, les pluies doivent suivre le rythme des leurs activités et non le
contraire. D’ailleurs, très peu d’entre eux (17,43%) pensent que le climat est la cause des
transformations du milieu agricole et des pratiques culturales. Autrement, la première réponse
spontanée aux variations climatiques suppose le calage du calendrier cultural en rapport aux
conditions climatiques de l’année. En zone intertropicale, les dates de semis sont en général
déterminées par le début des pluies. Les paysans enquêtés ont tous reconnu les incertitudes du
démarrage de la saison des pluies et l’irrégularité qui suit. Pourtant, malgré ces risques élevés,
les producteurs choisissent de ne pas changer leurs dates de semis ; Ce qui amène certains à
pratiquer un semis à sec afin de gagner du temps au départ de la pluie. Pour limiter le risque
de perdre la semence sous l’effet de la chaleur et sans ombrage, ils recouvrent de pailles ou de
feuilles mortes, les sommets des buttes (Photo 5). Ainsi, les semis maintiennent un peu
d’humidité en attendant l’eau précipitée. Cette pratique est en général le fait d’individus plus
audacieux ou détenant encore un stock de semences. En fait, cette stratégie de semis est
admise par Lebel et Vischel (2005) et Diomandé (2013). Ceux-ci estiment qu’il est préférable
de semer plutôt comme auparavant (mars-avril) en minimisant les risques de sécheresse
pendant le cycle végétatif en assurant une durée de pluie suffisante (mai-juin) pour la phase la
plus exigeante. Par contre, d’autres préparent le terrain pour attendre la première pluie. Ces
résignations concourent à la vulnérabilité des agriculteurs traditionnels. Elles sont constatées
chez tous les paysans enquêtés, et ceux malgré leur niveau d’instruction. Un agent
d’agriculture à la retraite rencontré à Ahua a confessé :
« Je sais que la pluviométrie n’est plus comme avant. Elle vient avec beaucoup de
retard comme c’est le cas cette année 2015. Pourtant, je ne peux pas faire autres
choses que celles que mes parents font. Si je reste au village sous prétexte que les
donnes climatiques ont changé pendant que mes siens vont au champ, je risque
d’être la risée des villageois ; s’ils réussissent leurs cultures surtout. Et puis, que
vont manger mes enfants pendant ce temps ? Je vais acheter avec eux ? Quelle honte
! Je préfère commencer avec eux, comme ça, on gagne tous ou on perd tous ».
224
Planche Photo 5: Protection des sommets des buttes d’igname pendant une longue
séquence sèche en mai 2015 dans la localité de Krokokro.
Krokokro est le village situé dans la zone de savane de Dimbokro.
Source : cliché N’Da : mai, 2015.
En vue de rattraper les retards dans la plantation des ignames (jusqu’en juillet par exemple),
les agriculteurs baoulés optent pour la mobilisation de la main-d’œuvre supplémentaire en
utilisant leur réseau social (anouanzê ou boukabouka : entente ou entraide ; di m’gbli :
travailler tour à tour dans les champs ; téléklé : payer les services des jeunes vigoureux).
Quant aux Sénoufos, ils ont recours aux charriots ou à la machine communautaire (pour ceux
qui sont plus nantis).
La réponse parfaite au retard des pluies et au raccourcissement des saisons est, pour tous les
acteurs agricoles du bassin, l’option des variétés de cultures à cycle plus précoces. Aussi,
compensent-ils la baisse de rendement et perte de récoltes par des activités extra-agricoles. Il
peut s’agir du développement du petit élevage (caprin, ovin, volaille des familles Baoulé), la
poterie, la transformation des produits et l’artisanat (filage, tissage et confection d’habits
traditionnel à partir du coton en pays Sénoufo) ou le commerce. Les migrations pour les
travaux salariés vers les plantations de café-cacao au sud-ouest ivoirien et vers des usines
(UTEXI à Dimbokro et OLAM à Bouaké) constituent une autre stratégie d’augmentation des
revenus pour les populations rurales.
225
Conclusion partielle
L’évolution du climat est une réalité ressentie par les paysans. Elle se traduit en
particulier par une augmentation de la sécheresse et du caractère aléatoire des cycles
saisonniers. Les impacts sont multiples. Ils pèsent sur les cohabitations communautaires, les
ressources en eaux, les exploitations en termes de rendement et parfois sur les moyens de
production. Les réponses paysannes consistent partout au choix de nouvelles spéculations au
détriment ou en complément des anciennes cultures devenues peu rentables, à se pencher vers
les variétés de cycles moyens et courts, ou voire d’activités extra-agricoles ou de mobilité
géographique. Il s’agit de changements initialement impulsés par les motivations monétaires,
démographiques et politiques avant de se transformer en choix stratégiques. Ainsi, l’absence
de mécanismes traditionnels de gestion des risques (le réajustement du calendrier cultural par
exemple) et la très grande incertitude des paysans et de leurs structures d’encadrement
fragilisent les systèmes, induisent des stratégies couteuses et de court terme ; le tout accroît la
vulnérabilité des plus pauvres.
226
CONCLUSIONS
227
La revue de la littérature a présenté l’ampleur des risques climatiques et l’intérêt de les
étudier à l’échelle de l’hydrosystème du Bandama. Le constat est que la zone d’étude a connu
une tendance déficitaire avec des pluies imprévisibles de 1970 à 2000. La variabilité
pluviométrique compromet le bon rendement des activités agricoles. Or, les populations sont
généralement en forte croissance. Devant la forte demande alimentaire liée à la croissance
démographique, il importe d’actualiser les paramètres climatiques, de comprendre l’évolution
actuelle des potentialités hydriques de production et d’évaluer leurs influences sur les activités
agricoles. Les dommages que ces risques provoquent dans le monde rural impliquent
d’intégrer les paysans à l’étude. Ces derniers deviennent coproducteurs d’informations
relatives à leurs savoirs et vécus des changements du climat, ainsi qu’au réajustement des
systèmes agricoles. Cette thèse s’inscrit résolument dans ces défis et fixe les objectifs de la
recherche.
Les paramètres naturels comme le sol, la pluie, le relief, etc. sont utiles dans ce genre d’étude.
Cependant, le portrait de la région d’étude a fait ressortir le besoin de maîtriser l’eau pluviale,
dont la variabilité est très déterminante pour l’agriculture. Car, au bilan, le cadre biophysique
de l’hydrosystème ne constitue pas un facteur particulièrement limitant pour la pratique
agricole. En revanche, les diversités pédologiques (ferrugineux sur substrat granitique au nord
et ferralitiques sur schiste au Sud) et les structures socioculturelles variées (Senoufo au Nord
et Baoulé au Sud) justifient le caractère hétérogène des systèmes de production et des niveaux
de pression inégale sur les ressources naturelles (Noufé, 2011). Ainsi, disposant déjà de
savoirs et savoirs faires culturellement hérités, sur des milieux auxquels les populations
rurales sont habituées, le facteur naturel déterminant une bonne productivité est la
pluviométrie. La poursuite des objectifs de cette étude a nécessité l’intégration de diverses
démarches scientifiques. Parce qu’évaluer les conséquences des changements du climat sur
l’environnement et la société requiert une approche multidisciplinaire intégrant les expertises
de la climatologie, l’agronomie et la socio-anthropologie. Ce travail relie ainsi une analyse
statistique et géostatistiques des séries de données (climatiques, agronomiques et spatiales) à
une approche socio-anthropologique. La dernière est réalisée sur le terrain à partir de
l’exploitation de questionnaires d’enquêtes et entretien collectif et sur un échantillon de 390
personnes.
Les principaux résultats ont été organisés autours de quatre chapitres : tendance et variabilité
spatio-temporelles du climat du bassin versant du Bandama (i) ; recomposition des
potentialités hydriques des cultures dans le contexte climatique actuel (ii) ; impact des
228
conditions hydriques actuelles sur la culture et la production du riz pluvial (iii) et perceptions
paysannes de la variabilité climatique et résiliences des populations locales (iv).
Tendance et variabilité spatio-temporelles du climat du bassin versant du Bandama
Ce travail participe à l’actualisation des connaissances sur les variations de la
pluviométrie de l’hydrosystème du Bandama car, elle étend ses analyses sur la période récente
(2001-2013) demeurée jusqu’ici peu étudiée. Les résultats de l’analyse des hauteurs
pluviométriques entre 1950 et 2013 dégagent trois tendances importantes. La première est la
plus pluvieuse de la série. Elle concerne la période 1950-1970. L’année 1970 est le premier
point de rupture de la série (1950-2013) concernée par cette étude. La deuxième phase part de
1970 à 1998. Elle demeure effectivement la plus sévère anomalie climatique à avoir été
observé depuis 1950 puisse que la troisième période (1999-2013) enregistre une remontée des
hauteurs d’eaux précipitées de l’ordre de 20% à 30% par rapport à la précédente. Cependant,
le caractère irrégulier des précipitations s’accroit ces dernières années. En effet, les régimes
demeurent instables à l’échelle interannuelle. Les jours pluvieux de quantité faible
connaissent une recrudescence sur la période 1999-2013. Les mois qui débutent la grande
saison humide (avril et mai) deviennent régulièrement récessifs avec de nombreux faux départ
en mars. Un autre mode de variabilité semble donc s’instaurer au sein du bassin versant du
Bandama. En effet, en dépit des quantités pluviométriques importantes enregistrées au cours
de la dernière décennie, la variabilité des régimes bio-climatologiques s’accroit. De plus, la
possibilité d’avoir des intensités de pluies potentiellement utiles en agriculture devienne
précaire. Cependant, le zonage de l’hydrosystème du Bandama, élaboré sur la base des
régimes à long terme indique toujours trois zones climatiques. En fait, ce résultat concorde
avec le regroupement déterminé par ASECNA (1979), Ochou (2003) et Goula et al. (2010).
Ce zonage peut être considéré comme représentatif pour les 30 ans avenir. Après ce
diagnostic, il convient de s’interroger sur l’impact de cette variabilité pluviométrique sur les
conditions hydriques de production agricole de l’hydrosystème du Bandama.
Impact de la variabilité climatique sur la culture et la production du riz pluvial
L’objectif était question de déterminer les contraintes hydriques sur la culture du riz
pluvial dans les localités de Dimbokro, de Yamoussoukro, de Bouaké et de Korhogo. D’abord
la recomposition des potentialités hydriques des cultures (saisons bioclimatiques, dates de
débuts, de fins et la durée des périodes végétatives utiles à la planification culturale) dans le
contexte climatique actuel a été étudiée. Ensuite, l’impact de ces conditions hydriques sur la
culture et la production du riz pluvial ont été évalué. Les résultats montrent que les débuts de
229
phase préhumide sont très instables dans la zone équatoriale de transition. Les phases
franchement humides qui correspondent à la phase de floraison (plus exigent) sont
relativement réduites à deux et trois mois pendant la première saison humide et trois à cinq
décades pour la seconde saison pluvieuse. Les conséquences de la réduction des phases de
croissance des cultures sont perçues sur les besoins hydriques des cycles de riz pluvial de 90
et 105 jours. Il est constaté, après les analyses, que les déficits hydriques en premier comme
en deuxième cycle cultural sont plus accentués dans la zone équatoriale de transition de la
zone d’étude, en particulier sur la phase reproductive. La probabilité de réussir la culture du
riz pluvial atteint a peine 50% dans cette région. Par contre, les localités situées au Nord du
bassin versant offrent une meilleure option de culture en cycle unique avec des indices de
satisfaction des cycles de riz de 90 et 105 jours qui envoisinent les 100%. Au vu de tous ces
résultats, il est recommandable aux paysans de privilégier la riziculture de bas-fond au
détriment de la riziculture de plateau. Autrement, ceux-ci devront nécessairement semer entre
le 1er et le 21 avril (premier cycle cultural) s’ils sont dans la zone équatoriale de transition et
entre le 1er et le 21 juin s’ils sont dans les autres localités du Nord.
Perceptions paysannes de la variabilité climatique et résiliences des populations locales
Les paysans de la zone d’étude perçoivent bien la variabilité climatique. La ressenti
paysan se traduit principalement par une augmentation de la sécheresse et du caractère
aléatoire des cycles saisonniers. Les impacts sont multiples. Ils pèsent sur les ressources en
eaux, les cohabitations communautaires, les exploitations en termes de rendement et parfois
sur les moyens de production. Plus précisément, un dessèchement des puits et eaux de sources
sont ressentis dans les villages du nord qui n’ont pas accès à l’eau courante. Aussi, les
paysans ont témoigné de la séparation des stratégies collectives traditionnelles pour le retour à
la normale pluviométrique. Cette divergence d’approche de la solution est source d’une
tension entre les animistes et les chrétiens surtout. Au niveau de l’agriculture, les enquêtés
dénoncent les pertes de semis, la baisse des rendements, les transformations des attitudes et
habitudes agricoles. Cependant, du point de vue agricole, les populations du nord ne sont pas
autant vulnérables que celles de Bouaké et de Dimbokro. Les réponses paysannes consistent
partout au choix de nouvelles spéculations au détriment ou en complément des anciennes
cultures devenues peu rentables. Les paysans se penchent vers les variétés de cycles moyens
et courts. Les plus jeunes optent souvent pour des activités extra-agricoles ou de mobilité
géographique. Les enquêtes auprès d’eux permettent de comprendre qu’il s’agit des
changements initialement impulsés par les motivations monétaires, démographiques et
230
politiques avant de se transformer en choix stratégiques. Il faut signifier que Noufé (2011) est
également parvenu à ce même résultat après des enquêtes menées auprès des paysans de la
Côte d’Ivoire orientale. L’absence de mécanismes traditionnels de gestion des risques
(réajustement du calendrier cultural) et la très grande incertitude des paysans fragilisent les
systèmes, induisent des stratégies couteuses et de court terme ; le tout accroît la vulnérabilité
des plus pauvres.
Ainsi, sur la base des conditions climatiques actuelles, les réactions de la riziculture pluviale
et des paysans sont présentés à l’échelle du bassin du Bandama. Se faisant, cette thèse nourrit
la connaissance relative au rapport climat-agriculture, lui-même inscrit dans la notion
"nature-société". Les objectifs présentés dans la partie introductive de cette étude sont atteints
dans l’ensemble, malgré les difficultés de réunir les données et la complexité de la
méthodologie. Mieux, le présent travail fait des propositions de dates optimales de semis en
vue d’aider les paysans à réussir la planification de leurs activités agricoles. Il y a tout de
même des difficultés inhérentes à de telles études.
Limites et perspectives de l’étude
Cette étude présente des limites liées à la disponibilité, l’acquisition et aux degrés de
précision des données climatiques, agricoles et de terrain. En effet, les données climatiques,
autres que la pluviométrie, les plus complètes et les plus fiables ne sont présentent que dans
les trois stations synoptiques de la zone étudiée. Il s’agit notamment de Dimbokro,
Yamoussoukro, Bouaké et Korhogo. Ces variables climatiques concernent essentiellement les
températures de l’air et l’ETP dont les liens avec l’agriculture sont certains.
Au niveau des données d’enquêtes, la première limite est liée à l’échantillonnage. Les
enquêtes n’ont pas couvert toutes les villes du bassin versant du Bandama. Elles se sont
déroulées autour des stations synoptiques. Cette représentativité n’a pas permis de
cartographier les mutations agricoles qui se sont opérer dans le bassin versant. Aussi, tous les
villages enquêtés étant localisés dans l'espace périphérique des villes, le niveau d’information
des paysans et les réponses qu’ils donnent sont souvent influencées. De plus, les enquêtes ont
été menées à quatre trois mois du mois électoral. Ce fait a posé un problème de
communication chez certaines personnes ressourcent. Ceux-ci s’inquiètent de ne pas livrer des
informations sensibles et résultats jugées confidentielles. Cette étude dont l’objectif principal
est d’appréhender les rapports climat-agriculture, n’a pas approfondie la question d’adoption.
Plusieurs aspects de cette question (les caractéristiques intrinsèques à chaque stratégie
d’adaptation, les aspects économiques et sociaux, culturels, etc.).
231
En fait, sur le terrain, un constat est fait. Les populations enquêtées ont des savoirs coutumiers
auxquels ils sont fortement rattachés. Il est difficile pour ces paysans de changer leurs
habitudes culturales pour adopter d’autres. Alors, comment des réponses scientifiques,
techniques et politiques peuvent-elles être complétées et intégrées aux réponses endogènes au
niveau des communautés rurales afin que les conséquences de la variabilité climatique ne
compromettent pas les efforts de développement et que la vulnérabilité des populations soit
réduite ? La finalité est de développer des modèles d’analyse intégrant toutes les réponses afin
de soutenir, au mieux, les politiques de lutte contre la pauvreté en milieu rural et l’insécurité
alimentaire de manière générale. Il semble indispensable de continuer les recherches en vue
de répondre à cette préoccupation qui est avant tout orientée à l’accroissement de la
productivité agricole. Ce travail de renforcement de la résilience des populations rurales face
à la variation pluviométrique s’ouvre sur plusieurs perspectives.
Le couplage de la modélisation des rapports du climat-agriculture avec les outils de la
communauté rurale et les changements environnementaux pour s’adapter et atténuer les effets
négatifs sont autant de pistes qu’on souhaiterait poursuivre ou initier. Il est également
intéressant de parvenir à une prévision des saisons climatiques et une projection à long terme
des conditions hydriques de production afin de soutenir les choix politiques de lutte contre
l’insécurité alimentaire des populations. La prévisibilité des dates de début des saisons et de
l’intensité des pluies relève d’un intérêt crucial pour répondre à la demande des paysans lors
des enquêtes de terrain.
Des analyses approfondies doivent caractériser la vulnérabilité des sociétés rurales aux
changements climatiques et environnementaux à différentes échelles (nationale, régionale et
locale). Les démarches doivent privilégier la dimension humaine car, le défi auquel est
confronté la Côte d’Ivoire actuellement est de réduire l’insécurité alimentaire et la pauvreté
des populations rurales dans un contexte de forte augmentation démographique et de
variabilité climatique qui pourrait s’accroitre dans le futur (Sultan, 2011). Aborder la
problématique de la sécurité alimentaire sous le seul angle de la variabilité climatique limite
les dimensions du problème. Les contraintes qui déterminent une sécurité alimentaire durable
sont multiples et parmi elles : l’accès et gestion de l’eau, l’entretien du couvert végétal et la
sécurisation du foncier (Van der Zaag, 2010 ; Sultan, 2011). La recherche et l’élaboration des
politiques de développement durable et de la sécurité alimentaire devraient donc intégrer la
problématique de la rétroaction des changements d’usage des sols sur le climat.
232
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251
ANNEXES
252
Annexe 1 : Statistiques caracterisant le statut pluviometrique de
l’hydrosysteme du Bandama
Tableau XLII : Variabilité interannuelle des moyennes pluviométrique (1950-2013).
Source : données SODEXAM/GPCP-NASA
(1)- Longitude
(2)- Latitude
(3)- Moyenne (m) de la série complète en mm
(4)- Écart type (σ) en mm
(5)- Coefficient de Variation (CV = σ / m)
(6)- Valeur minimale (Min.) de l’échantillon en mm
(7)- Valeur maximale (Max.) de l’échantillon en mm
(8)- Écart absolu (Max-Min)
Stations Long.(1) Lat.(2) m(3) σ(4) CV(5) Min(6) Max(7) Ecart(8)
Ouangolodougou -5,15 9,97 1046,7 175,6 0,17 552,6 1366 813,4
Ferkéssédougou -5,2 9,6 1213,7 165,7 0,14 833,3 1600,1 766,8
Korhogo -5,62 9,42 1195,5 154,1 0,13 835,6 1556 720,4
Tafiré -5,15 9,07 1146,1 223 0,19 664,6 1688 1023,5
Dianra -6,25 8,75 1054,8 181,5 0,17 492,1 1565,8 1073,7
Niakaramadougou -5,28 8,67 1160,7 200,2 0,17 563,9 1622,2 1058,3
Dabakala -4,43 8,38 1038,7 233 0,23 331,4 1639,2 1307,8
Katiola -5,1 8,13 1160,7 278,1 0,24 628,3 1889,8 1261,5
Mankono -6,18 8,05 1175,8 216,6 0,18 627,1 1631,7 1004,6
Séguéla -6,67 7,95 1260,4 356,7 0,28 702,6 3246,6 2543,9
Bouaké -5,03 7,73 1141,8 187,9 0,16 726,5 1488 761,5
Béoumi -5,57 7,67 1112,5 190,7 0,17 529,3 1564,7 1035,4
Sakassou -5,28 7,47 1106,2 193,4 0,17 612,5 1426,5 814
M’Bahiakro -4,33 7,45 1037,6 231 0,22 653,2 1784,9 1131,7
Zuénoula -6,05 7,42 1022 173,2 0,17 537,7 1384,2 846,5
Ouellé -4 7,28 1079,6 255 0,24 451,7 1722,6 1270,9
Bocanda -4,52 7,07 1058 212,9 0,2 621,5 1691,7 1070,2
Bouaflé -5,75 6,98 1136 286,6 0,25 415,9 1929,8 1513,9
Yamoussoukro -5,35 6,9 1194,3 177,5 0,15 856,5 1649 792,5
Dimbokro -4,7 6,65 1143,2 188,9 0,17 815,8 1949,2 1133,4
Bongouanou -4,2 6,65 1138,8 221,7 0,19 650,8 1613,2 962,4
Sinfra -5,92 6,63 1288,1 204,9 0,16 895,2 1853,3 958,1
Toumodi -5,05 6,58 1121,4 227,4 0,2 559,3 1664,7 1105,4
Oumé -5,42 6,37 1168,2 251 0,21 604,2 1816,5 1212,3
Cecchi -4,45 6,27 1131,7 265,5 0,23 632,2 2128,5 1496,3
Tiassalé -4,83 5,88 1103 261,3 0,24 531,2 1792,9 1261,7
N’Douci -4,77 5,87 1196,5 222,4 0,19 813,5 2129,6 1316,1
Grand Lahou -5,02 5,13 1437,2 394,6 0,27 897,4 2555,4 1658
253
Annexe 2 : Images de la culture du riz
Planche Photo 6 : Différents stades phénologiques de la culture du riz
Source des images : Station de Recherche CNRA de Gagnoa.
254
Annexe 3 : Illustrations relatives au zonage de l’hydrosystème du
Bandama
Tableau XLIII : valeurs test des variables (rotation varimax en ACP)
Stations Comp1 Comp2 Comp3
Bocanda 0.306 0.871 0.351
Bouaflé 0.435 0.678 0.543
Bouaké 0.635 0.650 0.399
Dianra 0.940 0.237 0.198
Dimbokro 0.242 0.961 0.109
Ferkéssédougou 0.956 0.189 0.212
Katiola 0.803 0.502 0.293
Korhogo 0.957 0.223 0.182
Mankono 0.821 0.413 0.380
M’Bahiakro 0.461 0.782 0.402
Niakara 0.879 0.336 0.326
Ouéllé 0.285 0.886 0.331
Oumé 0.153 0.918 0.336
Sakassou 0.542 0.703 0.404
Séguéla 0.815 0.437 0.362
Tafiré 0.925 0.299 0.220
Tiassalé 0.108 0.987 -0.018
Yamoussoukro 0.463 0.842 0.269
Zuénoula 0.675 0.512 0.520
Grand Lahou 0.067 0.895 -0.411
Béoumi 0.597 0.599 0.508
Toumodi 0.199 0.941 0.263
Ouangolodougou 0.974 0.213 0.047
Cecchi 0.205 0.966 0.140
Bongouanou 0.283 0.940 0.144
Sinfra 0.341 0.778 0.505
Dabakala 0.749 0.545 0.360
N’Douci 0.182 0.954 0.030
Boundiali 0.982 0.155 0.071
Vavoua 0.633 0.514 0.572
255
Figure 72 : Régimes pluviométriques normaux (région 1)
Figure 73 : Régimes pluviométriques normaux (région 2)
256
Figure 74 : Régimes pluviométriques normaux (région 3)
Figure 75 : Régimes pluviométriques normaux (région 4)
Figure 76 : Régimes pluviométriques normaux (région 5)
257
Figure 77 : Régimes pluviométriques normaux (région 6)
258
Figure 78 : Régimes pluviométriques normaux (région 7)
Figure 79 : Régimes pluviométriques normaux (région 8)
259
Annexe 4 : Données agricoles disponibles
Tableau XLIV : données de superficies et productions du riz des localités de Dimbokro,
Bouake et Korhogo.
Année Dimbokro Bouaké Korhogo
Superficie Production rendement Superficie Production rendement Superficie Production rendement
1966 13800 10000 0,7 12500 11000 0,9 20500 26000 1,3
1967 14400 11500 0,8 13200 11200 0,8 19100 28700 1,5
1968 14000 11200 0,8 16000 17400 1,1 16400 21000 1,3
1969 10400 10000 1,0 12700 5900 0,5 18700 17000 0,9
1970 10000 10700 1,1 13000 13000 1,0 25100 31400 1,3
1971 11000 13000 1,2 12300 15000 1,2 22200 34500 1,6
1972 11100 10000 0,9 11900 13000 1,1 22900 32000 1,4
1973 10500 8000 0,8 12500 12000 1,0 23000 30000 1,3
1974 11000 16000 1,5 15000 26000 1,7 25000 35000 1,4
1975 8500 12800 1,5 11000 11000 1,0 41000 55800 1,4
1976 9100 12100 1,3 11800 10900 0,9 42900 49700 1,2
1977 9300 11200 1,2 11500 10300 0,9 46400 48700 1,0
1978 9600 10500 1,1 11700 10500 0,9 51300 51300 1,0
1979 10200 11200 1,1 12200 11000 0,9 55200 55000 1,0
1980 10500 9400 0,9 12200 9700 0,8 57000 51000 0,9
1981 10300 8200 0,8 8100 5500 0,7 14500 15400 1,1
1982 10500 9300 0,9 8500 6800 0,8 14700 17400 1,2
1983 11600 7400 0,6 9000 5400 0,6 16000 14000 0,9
1984 12500 11000 0,9 9700 7700 0,8 17300 20000 1,2
1985
Données indisponibles
11199
1986 3486
1987 3974
1999 14956 29249 2,0 15442 22315 1,4 17609 30651 1,7
2000 15366 29834 1,9 15420 22761 1,5 18092 31264 1,7
2001 15811 31164 2,0 15866 23983 1,5 18616 34343 1,8
2002 15905 31349 2,0 16353 24719 1,5 18922 34907 1,8
2003 15930 31399 2,0 16782 25367 1,5 19149 35326 1,8
2004 16884 31702 1,9 17360 26243 1,5 19535 36038 1,8
2005 15324 25674 1,7 16947 25618 1,5 18805 31917 1,7
2006 14957 25058 1,7 16948 25619 1,5 18546 31477 1,7
2007 15506 26645 1,7 18002 40235 2,2 19426 33818 1,7
2008 15956 31685 2,0 18524 42625 2,3 19989 45052 2,3
2009 15956 32046 2,0 19061 43105 2,3 20567 45566 2,2
Source de données : MINAGRA et ANADER.
260
Annexe 5 : Sigmoïdes de fréquences relatives cumulées des évènements
A2, B1 et B2-1
Figure 80 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 1 à Dimbokro
Figure 81 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 2 à Dimbokro
261
Figure 82 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 1 à Yamoussoukro
Figure 83 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 2 à Yamoussoukro
Figure 84 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 1 à Bouaké
262
Figure 85 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison 2 à Bouaké
Figure 86 : Sigmoïdes des évènements A2, B1 et B2-1 de la saison unique à Korhogo
263
Annexe 6 : Fiches d’enquête de terrain
264
265
266
267
268
269
Annexe 7: Spatialisation de l’Evapotranspiration Potentielle (ETP)
Figure 87 : Aires de l’ETP moyenne du bassin versant du Bandama (1970 à 2013).
Source : données SODEXAM.
270
Annexe 8: dates de Ruptures des series pluviometriques
Tableau XLV : Années de rupture des séries pluviométriques (1950-2013) et variation moyenne de part et d'autre des ruptures.
La série 1 d’une station part de 1970 à la date de rupture et la série 2, de la rupture à 2013. (1)- m1 = Moyenne de la série pluviométrique interannuelle avant la
période de rupture ; (2)- m2 = Moyenne de la série pluviométrique interannuelle après la période de rupture ; (3)- σ = Écart type ; espaces gris = absence de
rupture.
Stations Dates de rupture 1950-2013 Dates de rupture 1970-2013 Série 1 Série 2
variation
Récapitulatif des années de
ruptures
Pettitt Hubert Pettitt Hubert m1(1) ծ(3) m2
(2) ծ(3) 1950-2013 1970-2013
Ouangolodougou 1970 1953 1955
1970
Korhogo 1998 1998 1235,4 154,1 1120,6 -0,09 1998 1998
Ferkéssédougou 1994 1997 1994 1997 1149 150 1327 130,9 0,15 1994 1997
Tafiré 1995 1965 1995 1995 1995 1013,8 194,4 1334,9 135 0,32 1965 1995
Dianra
Katiola 1994 1980 1994 1994 1994 982,3 183,2 1342,8 210,1 0,37 1994 1994
Niakaramadougou 2002 2002 1999 2002 1080 169,4 1336,2 97,7 0,24 2002 2002
Mankono
Séguéla
Dabakala 1971 1968 1983 1980 1983 835,3 211,4 1015,5 106 0,22 1971 1983
Bouaflé 1972 1972 1973 1995 1995 1996 1159,1 231,8 1040,3 211,2 -0,10 1972 1998
Bouaké 1998 1998 1999 1998 1998 1065,9 169,3 1294,9 128,8 0,21 1998 1998
Béoumi 1964 1963 1999 1999 1999 1047,2 205,6 1244 669 0,19 1964 1999
Sakassou
Zuénoula
Yamoussoukro 2000 1972 2001 2000 2001 1151,8 154,2 1493,7 83,2 0,30 1972\2000 2001
Toumodi 1992 1992 1992 1992 1002 182,6 1245,4 188,9 0,24 1992 1992
Oumé 1979 1979 1980 1980 1991 1303,7 131 2156,6 255,7 0,65 1979
Sinfra
Bocanda
M’Bahiakro 1975 1974
1975
Ouéllé 1983 2001 2001 2007 1053,3 187,6 1451,7 198 0,38 1983 2001
Dimbokro 1951 1968 2001 1076 126,2 1211,5 146,9 0,13 1968 2001
Tiassalé 1976 1969 1032,3 205,3
1969
Cecchi 1976 1956 1960 1996 1999 1129 197,6 1084 106,1 -0,04 1976 1999
Bongouanou 1963 1963 1964 1972 1120,3 200,7
1963 1972
N’douci
Grand Lahou 1979 1971 1971
271
Annexe 9: Relation pluie et rendement
Figure 88 : Corrélation pluie-rendement
Source : données MINAGRA / SODEXAM et GPCP/NASA.
272
RESUME
La variabilité climatique à laquelle est soumise la Côte d’Ivoire, depuis la fin des années 1960,
expose le milieu agricole et l’agriculture pluviale à de nombreux problèmes : la baisse de
rendements, la perte de semences, l’instabilité des calendriers agricoles, les migrations internes
(sources de conflits fonciers). La population, pauvre et sans cesse croissante, pourrait à long
terme être confrontée à des crises alimentaires aigues si des mesures adaptées ne sont pas prises.
Cette analyse, combinant les approches agro-climatologiques et socio-anthropologiques,
appréhende les risques climatiques actuels, ses conséquences agricoles, les vulnérabilités et les
résiliences locales. La zone d’étude est le bassin versant du Bandama. Les méthodes statistiques
comme les indices standardisés des précipitations et les tests d’homogénéité ainsi que le modèle
de Franquin (1973) ont permis de caractériser les tendances les plus récentes. Les résultats
indiquent une diminution effective des hauteurs de pluies à partir de la fin des années 1960, la
persistance de cette baisse au cours de la décennie 1980 et une phase de récupération entre 1998
et 2013 avec un excès de l’ordre de 10 à 20% par rapport à la moyenne. En outre, le caractère
irrégulier des régimes de pluies et température se décerne au cours de ces 15 dernières années.
Les mois qui débutent la grande saison humide (avril et mai) deviennent régulièrement récessifs.
Par conséquent, les conditions hydriques actuelles de l’hydrosystème ne suffisent pas à satisfaire
simultanément les phases de développement des cultures pluviales, notamment le riz.
En vue de confronter les résultats scientifiques obtenus des analyses aux savoirs et vécus des
populations rurales, des données de terrain ont été recueillies sur la base d’un échantillon de 390
personnes réparties dans six "villages tests" du bassin versant du Bandama. Il s’avère que les
paysans perçoivent bien la mauvaise distribution saisonnière de la pluviométrie, particulièrement
au démarrage de la grande saison humide. Ils reconnaissent également une hausse des
températures. Cependant, ils méconnaissent la tendance excédentaire des hauteurs de pluies
annuelles de la décennie 2000. En fait, la variabilité intra-annuelle les plonge dans une situation
de vulnérabilité avec un bouleversement des systèmes culturaux et des références empiriques.
Ainsi, les perceptions locales des changements climatiques ne concordent pas toujours avec les
résultats scientifiques acquis. Les causes des modifications climatiques évoquées par les paysans
divergent selon l’appartenance religieuse. Les chrétiens attribuent les changements à la volonté
ou à la punition de Dieu tandis que les animistes accusent les chrétiens d’être la cause. En effet,
selon les animistes, les chrétiens profanent les lieux sacrés et violent les règles ancestrales. Cet
écart d’appréciation dégrade les rapports intercommunautaires et contribue à l’émergence d’une
forme de conflit autre que foncier. Malgré les risques climatiques subis, les enquêtés justifient
les nouveaux choix culturaux par le besoin de satisfaire la consommation familiale, par le besoin
de trésorerie, par les politiques agricoles du pays et non pour adapter leurs activités au
changement du climat.
Mots clés : Variabilité climatique, mutation agricole, stratégie d’adaptation, hydrosystème du
Bandama, Côte d’Ivoire.