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FORMATION DES INGENIEURS FORESTIERS Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la biodiversité forestière Mémoire de fin d’études Hélène Chevalier 16 e promotion de la Formation des Ingénieurs Forestiers 2005 – 2008 Juillet 2008

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FORMATION DES INGENIEURS FORESTIERS

Évaluer le coût de pratiques sylvicoles

en faveur de la biodiversité forestière

Mémoire de fin d’études

Hélène Chevalier 16e promotion de la Formation des Ingénieurs Forestiers 2005 – 2008 Juillet 2008

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Source des illustrations : Chandelle : Yoan Paillet Lieu : Réserve naturelle du Ventron (Vosges). Jumelles en volis : Hélène Chevalier Lieu : Forêt domaniale de Fontainebleau, réserve biologique intégrale.

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Évaluer le coût de pratiques sylvicoles

en faveur de la biodiversité forestière

Mémoire de fin d’études

Hélène Chevalier 16e promotion de la Formation des Ingénieurs Forestiers 2005 - 2008 Juillet 2008

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FICHE SIGNALÉTIQUE D’UN TRAVAIL D’ÉLÈVE DE LA FIF

Formation des ingénieurs forestiers de l’ENGREF AgroParisTech

TRAVAUX D’ÉLÈVES

TITRE : Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la biodiversité forestière

Mots clés : Évaluation économique, biodiversité, gestion, Cemagref, îlots de vieillissement, îlots de sénescence, parcelles label, bois mort, rémanents, analyse coûts-bénéfices, actualisation

AUTEUR(S) : Hélène Chevalier

Promotion : 16 e

Caractéristiques : 1 volume ; 130 pages ; 3 figures ; 16 annexes ; bibliographie.

CADRE DU TRAVAIL ORGANISME PILOTE OU CONTRACTANT : Cemagref, groupem ent de Nogent-sur-Vernisson Co-encadrement par le Laboratoire d’économie forestière, UMR ENGREF-AgroParisTech / INRA Nancy Nom du responsable : Marion Gosselin Fonction : Ingénieur Nom du correspondant ENGREF (pour un stage long) : Sandrine Costa Tronc commun ���� Option ���� D. d’approfondissement ����

Stage en entreprise ���� Stage à l’étranger ���� Stage fin d’études Date de remise :

Autre ����

Contrat avec Gref Services Nancy NON

SUITE À DONNER (réservé au service des études)

Consultable et diffusable

���� Confidentiel de façon permanente ���� Confidentiel jusqu’au / / , puis diffusable

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RÉSUME

Ce mémoire présente des méthodes économiques applicables pour évaluer le coût de quelques pratiques favorables à la biodiversité forestière : parcelles labels, îlots de sénescence et de vieillissement, non-valorisation des menus bois et branches. Le recueil de données « à dire d’expert » par grande région forestière a permis d’appliquer ces méthodes aux cas du hêtre et du chêne en futaie régulière, sous réserve d’hypothèses nombreuses.

Ces illustrations chiffrées mettent en évidence des coûts très variables selon les pratiques considérées et les paramètres de calcul (dont le taux d’actualisation). De ce fait, et en l’absence de données relatives aux bénéfices générés par ces pratiques, il convient d’être prudent dans l’interprétation de ces coûts et de ne pas dissocier les résultats des nombreuses hypothèses de calcul.

ABSTRACT

This report presents a few economic methods that can be used to assess the costs of some silvicultural practices in favour of the protection of biodiversity: extended rotation age, extended-rotation patches, or slash retention. Regional data has been collected, enabling us to illustrate these methods in the case of two species in their natural area: the beech (Fagus sylvatica) and the oak (Quercus petraea).

The resulting costs strongly depend on the silvicultural practice studied and the parameters’ value. Still, given the lack of data about the possible benefits of biodiversity, our results have to be carefully interpreted, keeping in mind the specific hypotheses and contexts used.

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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier chaleureusement ma tutrice de stage Marion Gosselin, pour m’avoir accueillie au Cemagref de Nogent-sur-Vernisson et m’avoir permis de réaliser cette étude. Je remercie également mes encadrants au laboratoire d’économie forestière, Sandrine Costa et Max Bruciamacchie, pour les conseils et l’appui méthodologique qu’ils m’ont apportés tout au long du stage. Je remercie tout spécialement Sandrine Costa pour le suivi de mon travail en tant que correspondant ENGREF. Je remercie vivement Christian Ginisty et Patrick Vallet, qui m’ont consacré du temps et apporté de précieux conseils, ainsi que des connaissances scientifiques en sylviculture et en simulation d’itinéraires sylvicoles. Je leur sais gré de leur intérêt dans mon travail et de la relecture du mémoire, ainsi que de leurs encouragements. Je souhaite également témoigner ma reconnaissance à M. Jean-Luc Peyron, qui m’a dispensé des conseils au cours du stage et a accepté de faire partie du jury de la soutenance de stage. Je souhaite remercier l’ensemble des personnels du Cemagref de Nogent-sur-Vernisson pour leur accueil chaleureux et leur gentillesse, et notamment l’équipe « Biodiversité » dont j’ai fait partie durant ce stage. Parmi eux, je remercie Yoan Paillet qui m’a conseillée durant mon travail et a bien voulu faire partie des relecteurs de mon mémoire. Je souhaite remercier spécialement Pascal Jarret, qui m’a fourni de précieuses données sur le chêne et grâce à qui j’ai eu l’occasion de voir mises en œuvre les pratiques favorables à la biodiversité forestière. Je souhaite aussi remercier : Jérôme Bock (ONF), Ingrid Seynave (LERFoB), Didier Canteloup (ONF), Christophe Chauvin (Cemagref Grenoble), Mohamed Najar (FCBA), Thierry Sardin (ONF) et Xavier Gauquelin (ONF) pour les corrections et conseils en sylviculture qu’ils ont apporté à mon travail ;

Jean-François Dhôte (ONF), Céline Meredieu (INRA Bordeaux), Philippe Dreyfus (INRA Avignon) et Benoît Courbaud (Cemagref Grenoble) pour m’avoir autorisée à utiliser les modules de Capsis conçus par leurs soins ;

Frédéric Mothe (LERFoB), Nicolas Drapier (ONF), Stanislas Carlet (ONF ) pour les conseils et données fournis lors de la phase de vérification des données issues de Capsis hors des domaines de calibration des modèles ;

Emmanuel Cacot (FCBA), Christophe Bouget (Cemagref Nogent-sur-Vernisson) et Jacques Ranger (INRA Champenoux) pour les données et indications qu’ils m’ont fournies concernant les rémanents d’exploitation ;

Olivier Segouin (Expert forestier), Marc Laporte (CRPF Centre - Île de France), Patrick Blanchard (CRPF Pays de la Loire), Denis Stauffer (ONF), Daniel Seven (ONF), Éric Marquette (ONF), Pierre-Jean Moundy (SARL Alcina Forêts), Philippe Ballon (Cemagref Nogent-sur-Vernisson), Olivier Schoenstein (Fédération régionale de la chasse de Lorraine), Philippe Girardot (Directeur de la Fédération Départementale des Chasseurs des Landes) et Renaud Klein pour m’avoir permis de recueillir des données économiques variées ;

Enfin, je souhaite témoigner ma reconnaissance à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce stage, l’aboutissement de trois années d’études à l’ENGREF, et qui a été pour moi une très riche expérience du monde professionnel.

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AVERTISSEMENT

Les éléments de coûts résultant de l’évaluation économique de pratiques sylvicoles en faveur de la biodiversité sont valables dans un contexte précis, et prennent en compte des hypothèses fortes. Il faut donc garder à l’esprit que ces exemples de coûts ne sont que des illustrations de la mise en œuvre de la méthode économique. Il ne faut en aucun cas les diffuser sans présenter au préalable les différentes hypothèses formulées et le contexte forestier et économique de la simulation.

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TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS .........................................................................................................................7

AVERTISSEMENT...........................................................................................................................8

TABLE DES FIGURES ....................................................................................................................4

TABLE DES TABLEAUX................................................................................................................4

INTRODUCTION..............................................................................................................................5

1 ESTIMER LES COUTS DE GESTION FORESTIERE – PRINCIPES DE BASE ET EXEMPLES METHODOLOGIQUES ISSUS DE LA LITTERATURE ... .................................7

1.1 PRINCIPES D’ECONOMIE FORESTIERE................................................................................................................ 7 1.1.1 Quelques définitions.................................................................................................................................... 7

1.1.1.1 Les termes désignant les biens immeubles (fonds, superficie, …)......................................................................7 1.1.1.2 Les termes désignant la valeur des biens ............................................................................................................7 1.1.1.3 Trois notions de valeur technique.......................................................................................................................7

1.1.2 La notion de coût ........................................................................................................................................8 1.1.3 La prise en compte du temps....................................................................................................................... 8

1.1.3.1 Principe de l’actualisation...................................................................................................................................8 1.1.3.2 Comment fixer le taux d’actualisation ? .............................................................................................................9 1.1.3.3 Les autres types de taux utilisés en économie.....................................................................................................9

1.2 LES METHODES D’ANALYSE EN ECONOMIE FORESTIERE................................................................................... 9 1.2.1 Méthodes d’évaluation économique des peuplements forestiers en futaie régulière .................................. 9

1.2.1.1 Évaluer un projet sylvicole ou comparer deux projets de même durée : la méthode du bénéfice actualisé (BA ou valeur actualisée nette, VAN) ...........................................................................................................................................10 1.2.1.2 Comparer deux projets de durée différente : la méthode du bénéfice actualisé en séquence infinie (BASI) ....10 1.2.1.3 Autres critères...................................................................................................................................................11

1.2.2 Méthodes d’évaluation économique des arbres en futaie irrégulière ....................................................... 11 1.3 QUELQUES EXEMPLES ISSUS DE LA LITTERATURE SCIENTIFIQUE .................................................................... 12

1.3.1 Études fondées sur l’évaluation des coûts et des bénéfices associés à un projet...................................... 12 1.3.2 Études fondées sur le coût d’opportunité.................................................................................................. 12 1.3.3 Études fondées sur l’efficacité des pratiques mises en œuvre................................................................... 13 1.3.4 Études fondées sur l’évaluation contingente............................................................................................. 13

2 PRATIQUES ETUDIEES ET METHODES.........................................................................14

2.1 CONTEXTE DES ANALYSES : QUEL POINT DE VUE POUR LE RAISONNEMENT.................................................... 14 2.1.1 Une analyse centrée soit sur des cas théoriques réalistes, soit sur des exemples réels ............................ 14 2.1.2 Le point de vue de l’analyse : celui du propriétaire ................................................................................. 14

2.2 CHOIX DES PRATIQUES FAVORABLES A LA BIODIVERSITE FORESTIERE A ETUDIER.......................................... 15 2.2.1 Les principaux enjeux de biodiversité en forêt tempérée : état de l’art .................................................... 15 2.2.2 Les pratiques sélectionnées : vieillissement et maintien de rémanents..................................................... 15 2.2.3 Contextes forestiers et modalités de mise en œuvre des pratiques sélectionnées ..................................... 17

2.2.3.1 Essences et traitements choisis. ........................................................................................................................17 2.2.3.2 Les modalités de mise en œuvre des pratiques choisies....................................................................................18

2.3 METHODE DE SELECTION ET DESCRIPTION DES METHODES ECONOMIQUES UTILISEES.................................... 20 2.3.1 Pour des scénarii constants à l’infini : méthode de comparaison de BASI .............................................. 20

2.3.1.1 Pratiques concernées : parcelles labels et îlots de vieillissement ......................................................................20 2.3.1.2 Rappel des conditions d’application du BASI ..................................................................................................20 2.3.1.3 Méthode de calcul.............................................................................................................................................20

2.3.2 Pour l’estimation du coût d’opportunité : calcul de la valeur en bloc ..................................................... 21 2.3.2.1 Pratique concernée : îlots de sénescence...........................................................................................................21 2.3.2.2 Rappel de la théorie économique......................................................................................................................21 2.3.2.3 Méthode de calcul.............................................................................................................................................21

2.3.3 Pour un enchaînement de plusieurs scénarii : méthode mixte.................................................................. 21 2.3.3.1 Pratique concernée : maintien des rémanents d’exploitation et îlot ponctuel....................................................21 2.3.3.2 Rappel de la théorie économique......................................................................................................................21 2.3.3.3 Méthode de calcul.............................................................................................................................................22

2.4 DONNEES NECESSAIRES A L’ETUDE ................................................................................................................ 23 2.4.1 Données nécessaires à la simulation des itinéraires sylvicoles ................................................................ 23 2.4.2 Données nécessaires à leur traduction sous forme d’échéanciers de dépenses et de recettes.................. 23

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3 RECUEIL DES DONNEES ....................................................................................................24

3.1 SIMULATION DES SCENARII SYLVICOLES........................................................................................................ 24 3.1.1 Recherche d’itinéraires existants.............................................................................................................. 24

3.1.1.1 Paramètres nécessaires à la modélisation pour chaque essence ........................................................................24 3.1.1.2 Itinéraires sylvicoles de référence pour le chêne sessile ...................................................................................25 3.1.1.3 Itinéraires sylvicoles de référence pour le hêtre................................................................................................25

3.1.2 Simulation des itinéraires sylvicoles......................................................................................................... 26 3.1.2.1 Simulation des itinéraires de référence .............................................................................................................26 3.1.2.2 Les itinéraires à âge d’exploitabilité allongé (cas du chêne sessile uniquement)..............................................27

3.2 DONNEES CONCERNANT LA NATURE DU TERRAIN.......................................................................................... 29 3.2.1 Revenus et dépenses du propriétaire......................................................................................................... 29

3.2.1.1 Les frais et revenus fixes ..................................................................................................................................29 3.2.1.2 Les frais et revenus occasionnels......................................................................................................................31

3.2.2 Valeur du fonds forestier (selon la fertilité et le type de peuplement) ...................................................... 32 3.3 DONNEES CONCERNANT LA FILIERE BOIS....................................................................................................... 33

3.3.1 Prix de vente du bois d’œuvre................................................................................................................... 33 3.3.1.1 L’utilisation de deux types de gammes de prix.................................................................................................33 3.3.1.2 Recueil des prix de vente..................................................................................................................................34 3.3.1.3 Évaluation de la proportion des qualités A, B, C et D par catégories de diamètre............................................35

3.3.2 Prix de vente du bois énergie.................................................................................................................... 35 3.4 DONNEES ECOLOGIQUES CONCERNANT LA REACTION DES SOLS AU PRELEVEMENT DES REMANENTS............. 35

4 ÉVALUATION DU COUT DES PRATIQUES SELECTIONNEES ..... ............................37

4.1 L’ ALLONGEMENT DE 50 % DE L’AGE D’EXPLOITABILITE PAR PARCELLES ENTIERES OU ILOTS PERMANENTS DE

VIEILLISSEMENT – MODALITE IV1 (CHENE UNIQUEMENT) ............................................................................................ 37 4.1.1 Cas des parcelles labels............................................................................................................................ 37

4.1.1.1 Paramètres et résultats ......................................................................................................................................37 4.1.1.2 Analyse de sensibilité .......................................................................................................................................39

4.1.2 Cas des îlots permanents de vieillissement (allongement de moitié de l’âge d’exploitabilité - modalité IV1 : îlot perpétué au même emplacement)............................................................................................................. 43

4.2 ÎLOTS DE VIEILLISSEMENT PAR ALLONGEMENT DE 30 ANS DE L’AGE D’EXPLOITABILITE AVEC UNE REPETITION

A L’ INFINI – MODALITE IV2B (CAS DU CHENE UNIQUEMENT)........................................................................................ 43 4.2.1 Paramètres et résultats ............................................................................................................................. 43

4.2.1.1 Paramètres choisis pour la modélisation du scénario........................................................................................43 4.2.1.2 Résultats ...........................................................................................................................................................43

4.2.2 Analyse de sensibilité sur quelques paramètres........................................................................................ 44 4.3 ALLONGEMENT DE 30 ANS DE L’AGE D’EXPLOITABILITE SUR ILOTS PONCTUELS DE VIEILLISSEMENT

(MODALITE IV2A, VALABLE UNIQUEMENT POUR LE CHENE) ......................................................................................... 45 4.3.1 Paramètres et résultats ............................................................................................................................. 45

4.3.1.1 Paramètres choisis pour la modélisation du scénario........................................................................................45 4.3.1.2 Résultats ...........................................................................................................................................................45

4.3.2 Analyse de sensibilité................................................................................................................................ 46 4.4 LE MAINTIEN DES REMANENTS D’EXPLOITATION (MENUS BOIS ET BRANCHES) DANS LES PARCELLES............ 47

4.4.1 Cas du chêne sessile.................................................................................................................................. 47 4.4.1.1 Paramètres et résultats ......................................................................................................................................47 4.4.1.2 Analyse de sensibilité .......................................................................................................................................49

4.4.2 Cas du hêtre.............................................................................................................................................. 51 4.4.2.1 Paramètres et résultats ......................................................................................................................................51 4.4.2.2 Analyse de sensibilité .......................................................................................................................................52

4.5 LA CREATION D’ ILOTS DE SENESCENCE.......................................................................................................... 52 4.5.1 Cas du chêne sessile.................................................................................................................................. 52

4.5.1.1 Paramètres et résultats ......................................................................................................................................52 4.5.1.2 Analyse de sensibilité .......................................................................................................................................53

4.5.2 Cas du hêtre.............................................................................................................................................. 54 4.5.2.1 Paramètres et résultats ......................................................................................................................................54 4.5.2.2 Analyse de sensibilité .......................................................................................................................................55

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5 DISCUSSION...........................................................................................................................56

5.1 SYNTHESE ET INTERPRETATION DES RESULTATS............................................................................................ 56 5.1.1 Résultats par pratique étudiée .................................................................................................................. 56

5.1.1.1 Allongement de l’âge d’exploitabilité...............................................................................................................56 5.1.1.2 Création d’îlots de vieillissement......................................................................................................................56 5.1.1.3 Maintien des menus bois et branches dans les parcelles ...................................................................................57 5.1.1.4 Création d’îlots de sénescence..........................................................................................................................58

5.1.2 Quelques grandes tendances pour l’ensemble des pratiques.................................................................... 58 5.2 LIMITES DES RESULTATS OBTENUS................................................................................................................. 59

5.2.1 Limites liées aux fortes hypothèses de calcul et aux éléments non pris en compte................................... 59 5.2.2 Limites liées aux sources de données........................................................................................................ 60 5.2.3 Limites de la simulation d’itinéraires sylvicoles....................................................................................... 61

5.3 PERSPECTIVES D’ETUDE ................................................................................................................................. 62

CONCLUSION ................................................................................................................................63

BIBLIOGRAPHIE...........................................................................................................................64

LISTE DES CONTACTS................................................................................................................66

LISTE DES ANNEXES...................................................................................................................68

ANNEXE 1.......................................................................................................................................................................... 69 ANNEXE 2.......................................................................................................................................................................... 73 ANNEXE 3.......................................................................................................................................................................... 75 ANNEXE 4.......................................................................................................................................................................... 77 ANNEXE 5.......................................................................................................................................................................... 79 ANNEXE 6.......................................................................................................................................................................... 81 ANNEXE 7.......................................................................................................................................................................... 85 ANNEXE 8.......................................................................................................................................................................... 88 ANNEXE 9.......................................................................................................................................................................... 94 ANNEXE 10........................................................................................................................................................................ 98 ANNEXE 11...................................................................................................................................................................... 103 ANNEXE 12...................................................................................................................................................................... 108 ANNEXE 13...................................................................................................................................................................... 112 ANNEXE 14...................................................................................................................................................................... 115 ANNEXE 15...................................................................................................................................................................... 117 ANNEXE 16...................................................................................................................................................................... 119

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TABLE DES FIGURES FIGURE 1 : REPRESENTATION D’UN ECHEANCIER DE DEPENSES ET DE RECETTES.................................................................. 10 FIGURE 2 : REPRESENTATION DE L’ENCHAINEMENT DE PLUSIEURS ECHEANCIERS DE DEPENSES ET DE RECETTES.................. 10 FIGURE 3 : SCHEMA DE L’ENCHAINEMENT DE SCENARII DE DUREE DIFFERENTE................................................................... 22

TABLE DES TABLEAUX TABLEAU 1 : ÉTAT D’AVANCEMENT DES EVALUATIONS ECONOMIQUES ENVISAGEES............................................................... 18 TABLEAU 2 : ÂGES D’EXPLOITABILITE ORDINAIRE ET ALLONGE DES ITINERAIRES DES TROIS FERTILITES CHEZ LE CHENE SESSILE.

................................................................................................................................................................................. 19 TABLEAU 3 : RECAPITULATIF DES METHODES EMPLOYEES ET ESSENCES ETUDIEES PAR PRATIQUE......................................... 22 TABLEAU 4 : SYNTHESE DES CHIFFRES RECUEILLIS ET UTILISES AU COURS DE L’ANALYSE ECONOMIQUE. ............................... 31 TABLEAU 5 : DUREE ET COUT TOTAL DES ITINERAIRES DE TRAVAUX SYLVICOLES PREVUS POUR LE CHENE.............................. 32 TABLEAU 6 : VALEURS DU FONDS FORESTIER PAR REGION.................................................................................................... 33 TABLEAU 7 : GAMMES DE PRIX DE VENTE UTILISEES LORS DES ANALYSES ECONOMIQUES PORTANT SUR LE CHENE SESSILE...... 34 TABLEAU 8 : PRIX DE VENTE POUR LE CHENE PAR QUALITE ET CATEGORIE DE DIAMETRE...................................................... 34 TABLEAU 9 : GAMMES DE PRIX DE VENTE UTILISEES LORS DES ANALYSES ECONOMIQUES PORTANT SUR LE HETRE. ................. 34 TABLEAU 10 : PROPORTION DES DIFFERENTES QUALITES PAR CATEGORIE DE BOIS POUR LE CHENE SESSILE.......................... 35 TABLEAU 11 : METHODE DE CALCUL DU VOLUME DE MENUS BOIS ET BRANCHES A PARTIR DES COEFFICIENTS D’EXPANSION. 35 TABLEAU 12 : COUT A L’HECTARE DE L’ALLONGEMENT DE L’AGE D’EXPLOITABILITE SELON LA FERTILITE, ........................... 38 TABLEAU 13 : PARAMETRES CHOISIS POUR L’ANALYSE DE SENSIBILITE (INVARIANTS, SAUF SI L’ANALYSE LES CONCERNE) ....... 40 TABLEAU 14 : COUTS DE LA CREATION D’UN ILOT DE VIEILLISSEMENT SUR 1 HA................................................................... 43 TABLEAU 15 : COUT DE LA CREATION D’UN ILOT DE SENESCENCE D’UN DEMI-HECTARE CHEZ LE CHENE............................... 53 TABLEAU 16 : INFLUENCE DU DEFI-TRAVAUX SUR LE COUT D’UN ILOT DE SENESCENCE D’UN DEMI-HECTARE CHEZ LE CHENE.

................................................................................................................................................................................. 54 TABLEAU 17 : COUT D’OPPORTUNITE LIE A LA CREATION D’UN ILOT DE SENESCENCE........................................................... 55 TABLEAU 18 : INFLUENCE DU DEFI-TRAVAUX SUR LE COUT D’UN ILOT DE SENESCENCE D’UN DEMI-HECTARE EN HETRAIE... 55 TABLEAU 19 : RECAPITULATIF SCHEMATIQUE DU COMPORTEMENT DU COUT EN FONCTION DE LA VARIATION DES DIFFERENTS

PARAMETRES............................................................................................................................................................. 58

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INTRODUCTION Les propriétaires et gestionnaires forestiers sont soumis à de plus en plus de contraintes émanant des

attentes des pouvoirs publics ou de la société. Les demandes sociétales portent simultanément sur l’augmentation de la production pour alimenter le développement de la filière bois prôné par le Grenelle de l’environnement (Le Grand et al., 2007), sur le rôle d’accueil du public et d’offre récréative, et sur la protection des écosystèmes forestiers, vus comme des réservoirs de biodiversité dans un contexte de déclin généralisé et alarmant de la diversité biologique, ainsi que comme des éléments de protection contre les risques naturels. Ces contraintes s’ajoutent aux obligations ou inquiétudes propres aux propriétaires et gestionnaires, inquiétudes qui portent sur les revenus qu’ils souhaitent tirer de leur bien dans un contexte de cours du bois fluctuant, et alors que l’on redoute les répercussions des changements climatiques annoncés sur la répartition et la fertilité des essences forestières.

La qualité de bien commun du patrimoine biologique présent en forêt se heurte au droit de propriété,

monument du Droit français. Comment alors garantir la protection de ce patrimoine, tout en tenant compte des impératifs économiques des propriétaires forestiers ?

Les aides publiques et les mesures incitatives sont une partie des outils que le législateur a mis en place pour concilier intérêt public et droit de propriété. Ainsi, la mise en place du réseau des sites Natura 2000 a permis de protéger des sites présentant un fort intérêt du point de vue de la biodiversité, en contractualisant la gestion avec le propriétaire et en compensant les éventuelles contraintes.

Toutefois, protéger la biodiversité extraordinaire n’est pas suffisant, il est nécessaire de protéger aussi la biodiversité ordinaire, située en dehors des périmètres de protection (Gosselin et Laroussinie, 2004, Persuy, 2002). En effet, les espèces communes ne sont pas épargnées par le déclin généralisé de la biodiversité (les résultats du suivi STOC sur les oiseaux communs en attestent (Julliard et al., 2001)). Comment alors le propriétaire privé, soucieux du bon fonctionnement de sa forêt ou attaché à la biodiversité pour sa valeur d’existence ou de legs, peut-il adopter une sylviculture respectueuse de l’environnement ? Et comment convaincre les propriétaires encore peu sensibilisés à la conservation des espèces d’adopter des mesures de protection, et d’abaisser ainsi le prix de leur tranquillité, c'est-à-dire leur préférence pour une gestion simple et ordinaire ? (Poss, 2007)

Ces questions sont à l’origine d’un projet de guide de pratiques en faveur de la biodiversité forestière

dont la réalisation est confiée au Cemagref de Nogent-sur-Vernisson, en partenariat avec plusieurs organismes de recherche et de représentation (CNPPF, FNCOFOR, ONF, LEF, DGFAR). Ce guide aura pour but de présenter une gamme de pratiques forestières favorables à la biodiversité avec des données économiques à l’appui, et en tenant compte des questions que se posent les gestionnaires et les propriétaires, au travers d’une étude sociologique préalable à la réalisation du guide.

Mon stage s’inscrit dans le volet d’étude économique de ce projet de guide. Le coût des pratiques est

en effet mal connu et rarement abordé dans les guides sylvicoles, cependant, il s’agit d’un élément essentiel de la décision du propriétaire ou du gestionnaire. Le stage a pour but de définir des méthodes d’évaluation des coûts de pratiques de gestion en faveur de la biodiversité et de les appliquer à quelques exemples de pratiques. Il faut pour cela examiner les méthodes disponibles et les éléments à prendre en compte pour les pratiques à étudier.

Une étude bibliographique a apporté des éléments de réponse aux questions suivantes :

— existe-t-il déjà des études économiques portant sur les pratiques sylvicoles favorables à la biodiversité forestière ?

— quelles sont les pratiques susceptibles d’être soumises à une évaluation économique ?

— quelles sont les méthodes économiques à mettre en œuvre pour réaliser l’évaluation des pratiques ?

L’évaluation économique a consisté en une phase de recueil des données microéconomiques nécessaires aux analyses, puis en une phase de conception et simulation des scénarii sylvicoles, et enfin en une phase d’analyse des résultats obtenus.

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Le calcul économique est abordé ici sous l’angle des coûts directs ou des manques à gagner induits par la mise en place d’une mesure de protection, par comparaison des coûts et bénéfices de différents itinéraires sylvicoles selon qu’ils intègrent ou non des mesures en faveur de la biodiversité. Toutefois, il est important de rappeler que d’importants bénéfices liés à la biodiversité existent, tant au niveau du bon fonctionnement et de la stabilité des écosystèmes que du potentiel adaptatif qui sera nécessaire pour faire face aux changements en cours (Bolger, 2001). Cependant, ces bénéfices ne sont pas pris en compte dans la présente étude car encore difficiles à chiffrer (manque de données écologiques et économiques). Toutefois, les méthodes d’évaluation des bénéfices liés à la biodiversité font l’objet d’une revue bibliographique en cours au Cemagref de Bordeaux.

La première partie de ce rapport rappellera les principales notions d’économie forestière. Ensuite, les choix méthodologiques concernant les pratiques à étudier et les méthodes économiques à utiliser en fonction de ces pratiques seront présentés. Les données microéconomiques et sylvicoles nécessaires aux analyses seront détaillées dans un troisième temps. Enfin, les résultats obtenus et leur analyse feront l’objet des quatrième et cinquième parties.

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1 Estimer les coûts de gestion forestière – principes de base et exemples méthodologiques issus de la littérature

Dans cette partie seront définis quelques termes utilisés en économie forestière, et notamment les notions de valeur d’un bien et de coût d’une gestion. Nous aborderons les méthodes de calcul des coûts de gestion en futaie régulière ou irrégulière, en rappelant quelques principes généraux d’économie forestière. Nous verrons enfin comment ces méthodes ont pu être appliquées dans la littérature.

1.1 Principes d’économie forestière

1.1.1 Quelques définitions

1.1.1.1 Les termes désignant les biens immeubles (fonds, superficie, …) En économie, une forêt se divise en deux ensembles : superficie et fonds. On distingue : — le peuplement forestier : les arbres en place, — le sol, comprenant les infrastructures qui s’y trouvent et la capacité de régénération que sont les

graines et les souches. La superficie est la valeur du peuplement sur pied, et le fonds est la valeur du sol.

1.1.1.2 Les termes désignant la valeur des biens La notion économique de valeur des biens se base sur l’utilité que l’on retire d’un bien, ou du bien-

être qu’il procure. Cette notion d’utilité est soumise à la subjectivité des individus qui estiment le bien. En forêt, l’utilité dépend de l’angle sous lequel chaque agent économique considère le bien : la forêt peut être évaluée en tant que patrimoine, en tant qu’outil de production, ou encore pour sa valeur affective (Peyron, 1999, Peyron, 2003).

On peut évaluer l’utilité d’une forêt selon les perceptions des agents économiques :

— du point de vue des considérations personnelles du propriétaire (production de bois, patrimoine, intérêt, valeur affective). La valeur obtenue est la valeur de convenance.

— du point de vue de la société, par les actifs non marchands produits par un bien (par exemple, la qualité de vie liée au fait de vivre près d’une forêt) (Peyron, 1999). Il s’agit de la valeur d’aménité.

On peut également évaluer l’utilité d’une forêt en fonction des usages que l’on en fait : 1. la valeur d’usage est la valeur attachée par l’utilisateur du bien à l’usage qu’il en fait (capital de

production, source de services récréatifs). 2. la valeur de non usage correspondant à la valeur que l’on attache à ne pas utiliser un bien dans différents

buts : — le transmettre aux générations futures : la valeur de non-usage correspond alors à une valeur de

legs (Edwards et Abivardi, 1998), — ne pas le dégrader et savoir qu’il continue d’exister sans dommage : la valeur attribuée est alors

une valeur d’existence (Peyron, 2003), — se protéger ou appliquer un principe de précaution, — obéir à des considérations éthiques et morales.

En règle générale (transactions commerciales, détermination des droits de mutation), la valeur retenue pour une forêt est sa valeur vénale. Elle correspond à la somme qu’un vendeur est prêt à recevoir, ou qu’un acheteur est prêt à donner en échange de la forêt, dans un contexte dépourvu de circonstances exceptionnelles : bonnes conditions de marché, pas d’urgence de la transaction, pas de considérations subjectives. La valeur vénale de la forêt suit les valeurs vénales usuelles de la région considérée.

1.1.1.3 Trois notions de valeur technique La valeur technique se base sur les diverses sources de revenus de la forêt (vente des bois et autres

produits de la forêt, concessions, chasse). Pour retrouver la valeur vénale de la forêt, il faut ajouter à la valeur technique la valeur d’aménité de la forêt, qui correspond à la valeur des actifs non marchands de la propriété (par exemple, la valeur de la forêt comme contribution à l’environnement) (Peyron, 1999).

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8

La valeur en bloc de la forêt est la somme des dépenses et recettes d’un projet, ramenées à leur valeur actuelle (voir le principe de l’actualisation au paragraphe suivant) s’étendant à l’infini (Peyron, 1999).

La valeur de consommation d’un peuplement est égale à la valeur marchande que l’on peut en tirer au temps t (prix obtenu dans de bonnes conditions de marché) diminuée des frais de commercialisation du bois. C’est donc le prix de vente net qu’en retire le vendeur.

La valeur d’avenir d’un peuplement correspond à la valeur actuelle de la superficie. Elle est égale à la somme de la valeur de consommation et de la perte d’avenir : PAVCVA += . La perte d’avenir est le manque à gagner résultant d’une exploitation des bois à une date différente de l’âge optimal de récolte. Les jeunes arbres ont généralement une valeur plus forte que leur valeur actuelle de consommation, et la perte d’avenir est la différence entre cette valeur de consommation à un instant donné et la valeur de consommation à l’optimum. Il s’agit d’un complément à la valeur de consommation actuelle escompté lorsque l’arbre n’est pas vendu prématurément. A l’optimum, la perte d’avenir est nulle, et l’on a égalité entre la valeur de consommation (valeur de vente) et la valeur d’avenir.

1.1.2 La notion de coût

La notion de coût intègre plusieurs aspects : — les dépenses immédiates ou futures causées par la gestion adoptée, — le fait de se priver de recettes ou de les différer dans le temps. Le fait de percevoir plus tard les

revenus correspond à un coût (conformément au principe de l’actualisation, qui veut qu’une valeur future soit plus basse qu’une valeur actuelle – voir le paragraphe 1.1.3.1),

Dans tous les cas, lorsqu’une pratique occasionne un manque à gagner, on dit qu’elle suscite un coût d’opportunité. C’est la mesure des avantages auxquels on renonce – on dit aussi « opportunités non réalisées » – en choisissant une pratique plutôt qu’une autre. Pour évaluer correctement les valeurs des biens et les coûts occasionnés par la gestion (ou par un changement de gestion, comme l’adoption de pratiques favorables à la biodiversité forestière), il est nécessaire de disposer de méthodes économiques prenant en compte le temps.

1.1.3 La prise en compte du temps

1.1.3.1 Principe de l’actualisation Le principe de l’actualisation est un élément essentiel en économie forestière. Ce principe est fondé sur la notion intuitive qu’un individu attache plus de valeur à un gain immédiat qu’à un gain différé dans le temps. En effet, alors que l’on est sûr de percevoir le revenu s’il intervient immédiatement, tout gain futur est soumis à un certain nombre de risques portant sur le revenu (dévaluation, perte du capital) ou sur l’agent (impossibilité éventuelle d’user du revenu). Ainsi, un euro perçu ou donné à l’année 0 a plus de valeur qu’un euro perçu ou donné dans le futur.

Pour quantifier le rapport entre les valeurs actuelle et future ou passée, on définit la notion de taux d’actualisation : c’est le taux qui permet de convertir une somme intervenant à un moment donné en sa valeur actuelle. On utilise pour le calcul les formules (1) et (2), où r est le taux d’actualisation et a le nombre d’années à attendre avant la mise en jeu de la somme passée ou future :

a

passéeactuelle rVV )1( +×= (1)

afuture

actuelle r

VV

)1( += (2)

Le taux d’actualisation est parfois appelé « taux bancaire », car il s’apparente à un taux d’intérêt, ou taux d’escompte. En effet, il permet de calculer la somme actuelle équivalente à un revenu futur donné.

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9

1.1.3.2 Comment fixer le taux d’actualisation ? La valeur du fonds forestier (Formule de Faustmann, voir le paragraphe 1.2.1.1), c'est-à-dire du sol forestier nu, dépend de la valeur du taux d’actualisation. On peut donc dans les calculs raisonner de deux manières :

— soit on fixe la valeur du taux d’actualisation, selon les choix du propriétaire et ses attentes vis-à-vis de la rentabilité de son projet, et on en déduit la valeur du fonds,

— soit on fixe la valeur du fonds forestier, et l’on en déduit le taux à utiliser par le calcul.

Si l’on souhaite fixer le taux d’actualisation, il faut néanmoins rester dans des gammes de taux raisonnables. Le Commissariat Général du Plan (www.plan.gouv.fr) préconise l’utilisation des taux d’actualisation pour différents types de projets. Pour des projets d’une durée totale inférieure à 30 ans, on choisit généralement un taux d’actualisation voisin de 4%. Lorsque la durée des projets augmente, la valeur du taux diminue : pour des projets de plus de 30 ans, on se rapproche de taux de l’ordre de 3%. En économie forestière, il est courant de rencontrer des taux de 2 à 5%.

D’une manière générale, plus les recettes ou dépenses interviennent tard, plus il est souhaitable de choisir un taux faible afin de les prendre en compte (la valeur actualisée ou actuelle d’une somme future diminue lorsque le taux augmente). Dans certains cas, les économistes plaident en faveur de taux nuls (voire négatifs), en argumentant que le futur a parfois plus de valeur que le présent (Méral, 2005).

1.1.3.3 Les autres types de taux utilisés en économie Le taux interne de rentabilité (TIR) correspond au taux d’actualisation qui annule le bénéfice actualisé. C’est un critère assez fréquemment utilisé par les propriétaires forestiers comme outil d’aide à la décision, pourtant il présente plusieurs défauts majeurs (Peyron, 1999), parmi lesquels :

— un projet peut présenter plusieurs taux internes de rentabilité différents, — le TIR ne permet pas de comparer des projets de durée différente, — il suppose un réinvestissement de tous les bénéfices issus du projet au même taux, ce qui n’est

pas forcément le cas, — il ne prend pas en compte les alternatives au projet.

Il s’agit donc d’un critère à utiliser avec précaution, et à éviter pour comparer des projets entre eux. Il ne faut pas non plus confondre le taux d’actualisation avec un taux d’inflation. L’inflation se caractérise par une perte du pouvoir d’achat de la monnaie, entraînant une hausse généralisée et durable du niveau général des prix (www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions /inflation.htm). L’actualisation traduit la préférence pure pour le présent. On raisonne le plus souvent en prix réels, c’est-à-dire hors inflation. Le taux d’actualisation utilisé est alors un taux d’actualisation réel. Lorsque l’on utilise des prix nominaux, le taux d’actualisation dépend en partie de l’inflation, et on parle alors de taux d’actualisation nominal. Si on note rr le taux d’actualisation réel, i le taux d’inflation et rn le taux

d’actualisation nominal, on a la relation suivante :i

rr nr +

+=+

1

11 (3)

Si l’on raisonne avec un taux d’actualisation nominal (plus fort que le taux d’actualisation réel), on va devoir prendre en compte l’inflation du prix de vente du bois, et on risque de pénaliser les projets les plus longs de l’étude car les recettes tardives auront une valeur actualisée moindre. On raisonne donc en taux réel.

1.2 Les méthodes d’analyse en économie forestière

1.2.1 Méthodes d’évaluation économique des peuplements forestiers en futaie régulière

D’une manière générale en économie, on évalue les projets (par exemple, un itinéraire sylvicole) en analysant les bénéfices nets qu’ils produisent, c'est-à-dire la différence des dépenses et des recettes au cours de la durée du projet. L’actualisation des dépenses et recettes est particulièrement importante en économie forestière, car les premiers bénéfices nets n’apparaissent qu’après un temps très long.

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10

1.2.1.1 Évaluer un projet sylvicole ou comparer deux projets de même durée : la méthode du bénéfice actualisé (BA ou valeur actualisée nette, VAN)

Évaluer la rentabilité d’un projet revient à comparer les bénéfices nets retirés du projet avec un scénario de référence (par exemple, le placement bancaire des sommes injectées dans le projet). Pour cela, on utilise la méthode de la valeur actualisée nette (VAN), encore appelée méthode du bénéfice actualisé (BA).

La méthode consiste à calculer la somme, sur toute la durée du projet (voir le schéma en figure 1), des recettes et des dépenses actualisées, selon la formule suivante, où Ri est le revenu à l’année i, Di la dépense de l’année i, et r le taux d’actualisation :

∑= +

−==n

iiii

r

DRVANBA

0 )1( (4)

Figure 1 : Représentation d’un échéancier de dépenses et de recettes

Par cette méthode, on compare implicitement le projet avec un placement bancaire des sommes injectées dans le projet, au taux d’actualisation choisi. On peut également comparer deux projets entre eux, à condition qu’ils aient la même durée. On applique alors le même taux d’actualisation pour calculer la VAN des deux projets.

1.2.1.2 Comparer deux projets de durée différente : la méthode du bénéfice actualisé en séquence infinie (BASI)

Si l’on souhaite comparer des projets de durée différente, il convient alors de raisonner sur une durée commune. Une des solutions est de raisonner en séquence infinie. Le fait de faire tendre le calcul à l’infini suppose que le scénario du projet se répète indéfiniment. Pour un peuplement forestier, il faut alors considérer qu’à chaque révolution de n années, le peuplement suit le même itinéraire technique (travaux et coupes) qu’à la révolution précédente, avec les dépenses et recettes intervenant exactement aux mêmes dates (voir la figure 2). La séquence de durée n années se répète N fois, et N tend vers l’infini.

Figure 2 : Représentation de l’enchaînement de plusieurs échéanciers de dépenses et de recettes

Années 0 n

D0

R R

R Rn

D D

Années 0 n

D0

R R

R Rn

D D

0 n

R R

R Rn

D D

0 n

R R

R Rn

D D

D0 D0

Légende : Ri = revenus à la date i Rn = revenu de la coupe finale Di = dépenses à la date i D0 = dépense initiale

Légende : Ri = revenus à la date i Rn = revenu de la coupe finale Di = dépenses à la date i D0 = dépense initiale

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11

On peut calculer le bénéfice actualisé en séquence infinie (BASI) selon la formule (5), dite Formule de Faustmann :

1)1(

)1(

)1(0 −++×

+−=∑

=n

nn

iiii

r

r

r

DRBASI (5)

On se rend compte que ce calcul revient à appliquer au bénéfice actualisé le coefficient1)1(

)1(

−++

n

n

r

r, qui

correspond à la somme des termes d’une suite géométrique quand la raison (ici, nr )1(

1

+, qui est le terme

par lequel on multiplie la valeur du bénéfice actualisé pour le réactualiser) est inférieure à 1 et la suite infinie (N tend vers l’infini). Ce terme traduit le fait que le scénario se répète à l’infini :

1)1(

)1(

−++×=

n

n

r

rBABASI (6)

La valeur du fonds forestier (sol nu) est calculée par la formule de Faustmann (5), c’est à dire le BASI (Peyron, 1999). En effet, ceci traduit le principe que la valeur d’un bien (ici le sol nu) est égale à la somme actualisée de toutes les recettes et dépenses que l’on peut en tirer. Comme on l’a vu précédemment, soit on fixe arbitrairement le taux d’actualisation et on en déduit la valeur du fonds ; soit on fixe arbitrairement la valeur du fonds et on en déduit la valeur du taux d’actualisation. L’âge optimal d’exploitabilité d’un peuplement est déterminé par maximisation du BASI, ce qui revient à maximiser la valeur du fonds. Cela dit, l’optimum de l’âge d’exploitabilité relève aussi de critères autres qu’économiques : capacité biologique à la régénération, diamètre souhaité selon les usages du bois par exemple.

Le calcul du BASI permet de connaître l’annuité constante équivalente (ACE), c'est-à-dire la partie du BASI que l’on perd ou que l’on gagne annuellement : il suffit de multiplier le BASI obtenu par le taux d’actualisation. BASIrACE ×= (7)

Méral (2005) insiste sur l’importance d’analyser les résultats obtenus par les méthodes économiques en réalisant des analyses de sensibilité portant sur les paramètres de base de l’étude, et d’utiliser des fourchettes de prix pour les résultats plutôt que d’utiliser une valeur sans connaître les limites auxquelles elle est soumise.

1.2.1.3 Autres critères Les propriétaires ou gestionnaires peuvent parfois utiliser d’autres critères pour juger de la rentabilité

d’un projet. On a vu au paragraphe 1.1.3.3 le taux interne de rentabilité, taux qui annule la valeur du BASI.

Le temps de retour sur investissement permet aussi d’évaluer un projet : c’est la plus petite valeur de

n telle que∑=

≥+−n

iiii

r

DR

0

0)1(

. Toutefois, ce critère est peu adapté au cas de la gestion forestière (temps de

retour sur investissement très long) et ne tient pas compte de l’actualisation.

1.2.2 Méthodes d’évaluation économique des arbres en futaie irrégulière

En futaie irrégulière, on raisonne en étudiant le cas d’arbres individuels, et non plus un peuplement entier. En effet, ce mode de traitement caractérise les peuplements où cohabitent des arbres d’âges différents issus de graine. Les coupes jardinatoires qui ont lieu dans ces peuplements envisagent le maintien ou la coupe de chaque arbre au cas par cas, il est donc nécessaire d’adopter une méthode d’analyse économique cohérente avec la démarche du sylviculteur.

Plusieurs critères permettent d’évaluer l’intérêt économique d’un arbre. Les deux critères le plus souvent utilisés sont le taux de fonctionnement de l’arbre et la perte de valeur potentielle. Ces critères sont présentés en annexe 1.

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1.3 Quelques exemples issus de la littérature scientifique Des études économiques portant sur les pratiques favorables à la biodiversité forestière existent.

Nous présentons ici une revue rapide des méthodes économiques employées. L’objectif est avant tout de nous guider dans le choix de méthodes adaptées aux problématiques présentées en introduction.

1.3.1 Études fondées sur l’évaluation des coûts et des bénéfices associés à un projet

La méthode de la valeur actualisée nette est souvent utilisée. C’est la méthode préconisée par Möhring et Rüping (2008) pour le calcul de la perte financière liée aux changements de stratégies de gestion forestière (conversion des essences, maintien de vieux arbres feuillus). Il procède en comparant (i) un scénario de référence, qui doit être à la fois réaliste, la meilleure option de placement financier, et (ii) un scénario alternatif de même durée que le scénario de référence. Il réalise ensuite des simulations pour obtenir les dépenses et recettes pour les scénarii à comparer (volumes récoltés, heures de main d’œuvre), puis calcule la somme actualisée des dépenses et recettes obtenues et l’annuité constante équivalente.

Bruciamacchie, Costa et Ibanez (2008) ont évalué les coûts d’exploitation d’un chantier pour différents modes d’exploitation (un débardage ordinaire par skidder ou un débardage par câble). Leur étude envisage différents coûts : mise en place du chantier et désinstallation, coûts fixes et variables supportés par l’exploitant (salaires, matériel, carburant, lubrifiant), remise en état de la parcelle, dégâts au peuplement et au sol, coûts de commercialisation. Les dégâts au sol sont pris en compte sous forme d’une baisse de la valeur en bloc de la forêt sur la surface endommagée. Les dégâts au peuplement sont estimés :

— lorsque les arbres endommagés doivent être exploités immédiatement, par différence entre la valeur d’avenir des arbres et leur valeur de sauvegarde, c'est-à-dire la valeur à laquelle ils seront vendus immédiatement après l’exploitation malgré les dégâts,

— lorsque les arbres endommagés peuvent être exploités ultérieurement : la perte équivaut alors à la baisse de valeur d’avenir consécutive à la diminution de la qualité ou de l’accroissement.

Cette méthode est la méthode économique classique consistant à prendre en compte toutes les recettes et dépenses actualisées pour un projet donné (ici, le projet d’exploitation).

Allegrini (2000), dans l’étude des coûts suscités par l’application de la Directive Habitats à la gestion

des milieux forestiers, utilise également la méthode de la « perte nette actualisée » du point de vue du propriétaire forestier. Il calcule le bénéfice actualisé de l’itinéraire sans les mesures impliquées par Natura 2000, puis, avec le même taux d’actualisation, calcule le bénéfice actualisé de l’itinéraire « Natura 2000 ». Pour cette étude, il fait le choix de simplifier l’approche économique en ne prenant pas en compte les dépenses et revenus annuels (frais et revenus fixes) du propriétaire (chasse, impôts fonciers et autres), pour ne prendre en compte dans le calcul du bénéfice actualisé en séquence infinie qu’une dépense initiale et une

recette finale, selon la formule : ( )

1)1(0

00 −+−+−−=

nn

r

DRDFB (8), où F est la valeur du fonds, D0 et Rn

respectivement la dépense initiale et la recette finale pour chaque cycle du peuplement, et r le taux d’actualisation.

Ce type de calcul est valable pour des peuplements équiennes et monospécifiques. Il se place du point de vue du gestionnaire forestier, et ne prend pas en compte les externalités1.

1.3.2 Études fondées sur le coût d’opportunité

L’évaluation économique de la conservation du bois mort (Peyron, 2005) présente une méthode de chiffrage du manque à gagner lié au maintien de bois mort sur pied en forêt, sous forme d’arbres « bio » ou d’îlots de sénescence (par opposition à sa valorisation par une utilisation sous forme de bois de chauffage, par exemple). Ce manque à gagner correspond à la somme de la valeur des bois sur pied et du coût d’immobilisation du fonds, pendant la durée à attendre pour que le terrain occupé soit à nouveau disponible pour une gestion orientée vers la production de bois. Avec M le manque à gagner, F le fonds considéré, R la valeur de consommation des arbres à la date à laquelle est prise la décision de les laisser contribuer au stock de bois mort sur pied, c(d) le coût d’immobilisation d’une unité de terrain pendant la durée d, et t le taux d’actualisation, on obtient l’expression suivante du manque à gagner total :

1 Coûts et bénéfices induits par le projet sur des acteurs extérieurs au projet.

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13

)(dcFRM ×+= (9), où c(d) s’exprime ainsi :

+−=

dtdc

)1(

11)(

On peut aussi calculer un manque à gagner annuel en multipliant le manque à gagner total par le

taux d’actualisation : tMm ×= (10). On retrouve ici le principe de l’annuité constante équivalente.

Cette méthode permet bien de calculer le manque à gagner résultant de la création d’un îlot, mais elle néglige les coûts liés à la mise en place de l’îlot : matérialisation des limites, relevé de la position au GPS, inventaire des arbres concernés. Ces coûts ont été recensés dans le document d’objectifs (DOCOB) du site Natura 2000 "Secteur alluvial Rhin, Ried et Bruch de l'Andlau" (2006a). Ils s’élèvent à 360 à 480 €/ha pour le marquage d’un quart d’hectare avec quatre relevés GPS.

1.3.3 Études fondées sur l’efficacité des pratiques mises en œuvre

D’autres méthodes sont parfois appliquées pour étudier la protection des espèces : — Weitzman (1998, in Erdlenbruch et Aulong) calcule un coût de conservation des espèces en

définissant des ordres de priorité de conservation selon la formule (11):

( )i

iiii C

PUDR

∆+=

où Ri est la priorité de conservation liée à l’espèce i, Di la diversité, Ui l’utilité dérivée de l’existence de l’espèce, Pi la probabilité de survie de l’espèce et Ci les coûts permettant de l’augmenter. Cette approche, en intégrant à la fois des éléments économiques et des indicateurs biologiques, permet d’introduire la notion de risque d’extinction des espèces. Cependant, un travers de cette méthode est qu’elle suggère de cibler les fonds dépensés sur certaines espèces au lieu de les répartir équitablement entre les espèces.

— La méthode du retour sur investissement (Underwood et al., 2008) vise à maximiser le retour, défini en unités d’objectifs clairement annoncés, par unité d’investissement (par exemple, l’argent investi). Cette méthode nécessite une définition préalable des objectifs poursuivis (par exemple, la protection d’un certain nombre d’espèces) et un suivi des résultats obtenus. Elle ne garantit pas non plus une répartition équitable des fonds, et nécessite pour être efficace du point de vue écologique que les espèces les plus menacées figurent en tête des objectifs annoncés.

1.3.4 Études fondées sur l’évaluation contingente

La valeur des biens peut parfois être évaluée par le biais des méthodes contingentes (ou méthodes du consentement à payer) : on attribue comme valeur à un bien la somme que l’on serait prêt à dépenser pour bénéficier du bien, ou le protéger. Par exemple, des évaluations par la méthode contingente donnent comme valeur à une forêt le coût nécessaire pour s’y rendre (coût du trajet en voiture par exemple) (Randall et al., 1993). Dans d’autres cas, on attribue comme valeur à un élément de biodiversité le prix maximum que l’on serait prêt à payer pour sa protection.

Ces méthodes ne prennent pas en compte le coût réel de protection de l’élément de biodiversité ou de l’entretien de la forêt en question. Il s’agit d’une valeur attribuée à un bien par la société, qui reflète mal la valeur réelle de l’ensemble des services rendus, tant à l’écosystème (bon fonctionnement de l’écosystème, maintien de la fertilité des sols, processus naturels utiles à l’homme comme la pollinisation ou autres) qu’à la société (récréation, divertissement, qualité de vie).

Ce rappel des principes d’économie forestière et des méthodes de calcul du coût d’un type de gestion a permis de distinguer plusieurs cas d’évaluation, selon le type de traitement d’une part (futaie régulière ou irrégulière), mais aussi selon la durée des projets et la succession éventuelle de projets différents (ici, des itinéraires sylvicoles).

L’étude bibliographique menée permet de constater la rareté des études économiques menées sur les coûts ou les bénéfices de pratiques pour la biodiversité. Certaines de ces études se placent dans des cas spécifiques, ce qui rend difficile la transposition à d’autres contextes de la méthode mise en œuvre.

Les méthodes générales permettant d’évaluer différentes pratiques favorables à la biodiversité forestière vont être abordées dans une seconde partie.

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2 Pratiques étudiées et méthodes Dans cette partie seront abordés le point de vue adopté pour le raisonnement, puis les raisons ayant conduit au choix des pratiques en faveur de la biodiversité à étudier, et le contexte dans lequel nos calculs ont été réalisés. Enfin, nous déterminerons précisément les méthodes économiques à appliquer pour chaque pratique choisie.

2.1 Contexte des analyses : quel point de vue pour le raisonnement

2.1.1 Une analyse centrée soit sur des cas théoriques réalistes, soit sur des exemples réels

Pour cette étude économique, deux approches étaient possibles : partir de peuplements existants sur lesquels les pratiques favorables à la biodiversité auraient été mises en œuvre, ou construire des scénarii fictifs. L’option « cas concrets » présente plusieurs avantages : leur existence est avérée, les données nécessaires aux analyses sont regroupées et disponibles auprès du gestionnaire, et les difficultés d’application des recommandations en faveur de la biodiversité peuvent être évaluées avec précision.

Toutefois, un cas réel est toujours un cas particulier, soumis à ses propres hypothèses. Les propriétés dont la gestion intègre des pratiques en faveur de la biodiversité sont encore rares à l’heure actuelle, c’est pourquoi leur étude est peut-être encore plus biaisée que l’étude de cas virtuels réalistes.

L’option « scénarii fictifs » permet de se placer dans des cas généraux, certes virtuels mais répondant à des caractéristiques et hypothèses réalistes. Elle nécessite une importante phase de recueil de données moyennes et l’adoption de schémas sylvicoles théoriques. La critique majeure que l’on peut opposer à cette méthode réside en l’absence de cas connu vérifiant les hypothèses formulées. Cependant, comme on adopte dans ce cas des données moyennes, ou du moins qui se situent dans des gammes fréquemment rencontrées, le scénario adopté est réaliste et susceptible de se rapprocher d’une situation réelle.

Pour se placer dans un cas général, c’est l’analyse de cas théoriques qui a été retenue dans la majorité des cas. Cependant, au fil de la recherche de données et de l’étude des méthodes économiques à utiliser, il est apparu que la méthodologie à appliquer pour l’étude des peuplements en futaie irrégulière nécessitait de se baser sur des données d’inventaire, donc sur des cas réels. Le type de traitement (régulier ou irrégulier) est donc la base d’une distinction dans le type de scénario d’étude.

2.1.2 Le point de vue de l’analyse : celui du propriétaire

Le calcul économique2 nécessite d’adopter le point de vue de l’un des agents économiques intervenant dans le projet considéré, afin de comptabiliser les dépenses et recettes générées de façon homogène. Dans le cas des itinéraires sylvicoles étudiés ici, plusieurs agents interviennent dans les échanges financiers : le propriétaire, l’exploitant et l’acheteur de bois.

Dans leur analyse économique des coûts d’exploitation d’un chantier, Bruciamacchie, Costa et Ibanez (Bruciamacchie et al., 2008) distinguaient les coûts supportés par le propriétaire (coûts de commercialisation coût des dégâts au sol et au peuplement) de ceux supportés par l’exploitant, tels que : le coût d’installation du chantier, le coût des salaires des employés éventuels, le nombre de jours de chantier, les coûts variables (carburant, lubrifiant) et le coût de la remise en état de la parcelle. Toutefois, notre étude est différente puisque l’on ne s’intéresse pas ici à l’évaluation économique des chantiers d’exploitation, mais des pratiques de gestion, dont les coûts et bénéfices concernent principalement le propriétaire.

Le projet de guide de pratiques forestières en faveur de la biodiversité s’adresse aux forestiers publics et privés. Il est donc souhaitable de se placer du point de vue du propriétaire ou du gestionnaire, et de ramener à ce niveau tous les coûts et revenus engendrés par le projet de gestion de peuplement forestier.

Finalement, le choix de raisonner du point de vue de l’un ou l’autre des agents ne doit pas modifier sensiblement les résultats auxquels on peut aboutir : si, par exemple, on se place du point de vue du propriétaire forestier, on peut considérer que les coûts d’exploitation ou de mobilisation des bois qui incombent à l’exploitant forestier ou à l’acheteur des bois façonnés se répercutent directement sur le prix d’achat des bois sur pied qui est proposé au propriétaire. 2 Plus exactement, le calcul financier. L’évaluation financière ne prend pas en compte les effets que le projet induit sur l’extérieur (effets externes ou externalités). La prise en compte de ces effets fait basculer vers l’évaluation économique (Méral, 2005).

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2.2 Choix des pratiques favorables à la biodiversité forestière à étudier Nous présentons ici les principaux enjeux de la biodiversité et les différentes pratiques de gestion

favorables à la biodiversité.

2.2.1 Les principaux enjeux de biodiversité en forêt tempérée : état de l’art

Les récentes synthèses bibliographiques sur les relations entre biodiversité et gestion forestière font ressortir un certain nombre de points clefs à ne pas négliger (Gosselin et Laroussinie, 2004, Gosselin et Valadon, 2006) :

� les taxons qui dépendent de la forêt : soit des espèces typiquement forestières qui nécessitent un microclimat tamponné d'intérieur forestier, ou des microhabitats typiquement forestiers (bois mort, humus, houppiers, cavités d'arbres), soit des espèces qui dépendent de la forêt pour une partie de leur niche (ex. Balbuzard pêcheur), et bien sûr les arbres forestiers, espèces-clefs de voûte qui structurent le milieu et qui sont l'objet direct de la gestion (Bolger, 2001)

� les taxons sensibles aux interventions sylvicoles (coupes, travaux) :

— les espèces peu mobiles : toute perturbation de leur habitat peut être néfaste s'il n'y a pas d'autre habitat favorable à proximité immédiate,

— les espèces d'intérieur forestier (fuient les lisières), — les espèces inféodées aux stades tronqués par la gestion sylvicole : stades âgés et stades

pionniers, — les peuplements et populations d'arbres : la composition en essences et la diversité génétique des

populations d'une essence sont en grande partie déterminées par la gestion, — les espèces animales sensibles au dérangement, — les faune et flore du sol sensibles aux tassements.

� Les taxons inféodés à des éléments d'habitats "mis à mal" par la gestion : bois mort, cavités, loups3, gros et vieux arbres, lierre, milieux humides intraforestiers.

� Les taxons menacés (au sens UICN) : — les espèces ou populations rares, — les espèces ou populations dont l'abondance décline.

Les espèces saproxyliques (Insectes, Lichens, Champignons, Bactéries dépendant du bois mort) sont un des enjeux prioritaires : elles représentent le quart des espèces forestières et 20 à 50 % d'entre elles sont menacées en forêt européenne tempérée (Bouget, 2007).

Les préconisations de gestion en faveur de la biodiversité consistent à ménager les éléments d'habitats qui sont déterminants pour ces taxons à fort enjeu. Il s'agit en priorité des stades tronqués par la sylviculture (peuplements composés majoritairement d'essences pionnières et vieux peuplements), du bois mort sous toutes ses formes, des gros et vieux bois (isolés ou en îlots), des arbres à cavités, ainsi que des milieux humides intra-forestiers (Gosselin et Laroussinie, 2004). Les principales pratiques préconisées pour cela figurent en annexe 2.

2.2.2 Les pratiques sélectionnées : vieillissement et maintien de rémanents

Parmi les pratiques favorables à la biodiversité forestière, nous avons choisi d’étudier celles : 1. qui présentent des enjeux forts de biodiversité : les études citées précédemment mettent le

bois mort et les vieux peuplements parmi les priorités. Les mesures préconisées pour améliorer la part de bois mort et de vieux peuplements dans les forêts gérées regroupent la conservation du bois mort existant et son renouvellement, au travers du maintien des rémanents d’exploitation dans les parcelles et des mesures de vieillissement des peuplements. Ces pratiques visent à maintenir un cortège d’espèces riche (en nombre d’espèces) et original (spécialistes forestiers) associé à ces habitats.

3 Loup = gros arbre mal conformé, qui sera rapidement éliminé par le propriétaire forestier mais peut présenter des habitats intéressants pour certaines espèces.

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16

2. qui sont les plus familières aux gestionnaires, mais présentent un coût dont l’évaluation directe par les propriétaires est rendue difficile. En effet, si l’on part de l’hypothèse que l’âge actuel d’exploitabilité est fixé à l’optimum économique, on pressent que laisser vieillir les peuplements avant la récolte finale représente un manque à gagner, à moins que la qualité des peuplements finaux ne justifie des prix de vente élevés. De même pour le bois mort : ne pas exploiter les rémanents, à l’heure ou le marché du bois énergie se développe, occasionne un coût d’opportunité (manque à gagner), à moins que ce ne soit un moyen de garantir la fertilité des sols.

3. qui sont susceptibles d’être modélisées via une simulation de croissance des peuplements et traduites selon un échéancier de travaux et de coupes, à transformer en échéancier de dépenses et de recettes pour le calcul des bénéfices actualisés.

4. qui peuvent être étudiées à partir de méthodes économiques simples à mettre en œuvre et reconductibles pour d’autres pratiques ou contextes forestiers.

Sur ces critères, nous avons retenu :

— l’allongement de l’âge d’exploitabilité par parcelles entières : « parcelles labels » (Jarret, 2004), — la création d’îlots de sénescence (bouquets de 1 à 3 ha laissés en évolution naturelle

indéfiniment, sans récolte), — la création d’îlots de vieillissement (bouquets d’arbres maintenus au-delà de leur âge ou diamètre

d’exploitabilité), — le maintien des petits bois et résidus de coupe dans les parcelles après exploitation (par

opposition à leur exportation pour une valorisation sous forme de bois énergie).

L’allongement de l’âge d’exploitabilité en peuplement régulier

Compte tenu d’un contexte où les nécessités de revenus et les changements climatiques annoncés poussent à raccourcir les cycles sylvicoles, l’allongement de l’âge d’exploitabilité à des fins écologiques n’est envisageable, du point de vue de la production, que chez les essences qui ne connaissent pas de dépréciation majeure du bois avec l’âge, et dont le prix de vente augmente avec le diamètre.

La pratique consiste à laisser vieillir les peuplements par parcelles entières, avant de les récolter. Il s’agit alors de parcelles « labels » (Jarret, 2004). Le but de cette pratique est double :

— les peuplements plus vieux accueillent des cortèges d’espèces différents de ceux des peuplements plus jeunes. Les bois morts et arbres à cavité sont particulièrement importants pour certaines espèces qui dépendent de ces éléments, et dont les habitats sont rares lorsque la sylviculture vise un âge d’exploitabilité ordinaire.

— L’allongement de l’âge d’exploitabilité permet une meilleure continuité des stades d’évolution des peuplements.

Les données nécessaires à l’évaluation économique sont de plusieurs natures : il s’agit de données économiques d’une part (fiscalité, prix de vente, revenus annexes du propriétaire, valeur du fonds forestier) et de données dendrométriques et sylvicoles d’autre part (itinéraires sylvicoles et modèles de croissance pour déterminer les niveaux de prélèvement attendus, itinéraires de travaux sylvicoles).

La création d’îlots de sénescence et de vieillissement

Des îlots de sénescence et de vieillissement existent déjà en forêt publique. En forêt privée, ces îlots existent parfois, mais leur présence vient plus souvent d’une absence de gestion que d’une volonté expresse du propriétaire de conserver des arbres vieux ou morts. Cependant, ces mesures sont encore relativement rares car elles nécessitent la division d’une unité de gestion, et également parce qu’un manque à gagner non négligeable est pressenti lorsqu’on évoque la notion d’îlots.

La notion d’îlots de vieillissement a été introduite en 1997 dans le manuel d’aménagement forestier de Dubourdieu (1997). Il s’agit de bouquets d’arbres maintenus au-delà de leur âge ou diamètre d’exploitabilité : c’est le même principe que pour les parcelles labels, sur de moindres surfaces.

Les îlots de sénescence, par contre, n’ont pas vocation à être récoltés. Lors de la création de l’îlot de sénescence, on renonce à toute forme de sylviculture sur la surface concernée. Les arbres présents sur l’îlot vont d’abord contribuer au stock des vieux arbres sur pied, puis du bois mort sur pied et au sol, devenant des habitats potentiels pour les espèces dont la niche écologique est constituée, entièrement ou en partie, d’arbres vieux ou morts : la biodiversité est positivement corrélée au volume de bois mort dans les peuplements (Gilg,

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17

2005). On supposera pour notre étude que la surface consacrée à l’îlot de sénescence ne retourne jamais à la gestion, et la végétation présente sur l’îlot suit la dynamique naturelle, sans qu’aucune récolte de bois n’y soit jamais pratiquée.

Les conséquences écologiques et économiques de ces pratiques intéressent les forestiers et les décideurs publics : intuitivement, on voit les îlots de sénescence comme un manque à gagner, pourtant, ils peuvent héberger une part de biodiversité indispensable au bon fonctionnement de la forêt. De la même façon, les îlots de vieillissement peuvent héberger des cortèges d’espèces très importantes pour les processus écosystémiques, et présentent le paradoxe d’une éventuelle compensation du dépassement de l’optimum économique (qui détermine l’âge optimal d’exploitabilité) par des prix de vente plus élevés pour les bois de très gros diamètre. Les données nécessaires à l’analyse sont les mêmes que celles requises pour l’étude d’un allongement de l’âge d’exploitabilité en futaie régulière.

La non-récolte des petits bois et branches

L’exploitation d’ « arbres entiers » est un point important du débat actuel suscité par le développement des filières bois-énergie : les menus bois et branches constituent un combustible non fossile, disponible, qui était utilisé anciennement mais est tombé en désuétude. Pourtant, le type de bois le plus prisé par la filière bois-énergie se situe dans les bois de petit diamètre (produits de premières éclaircies et rémanents d’exploitation), qui abritent de nombreuses espèces et contribuent au maintien de la fertilité des sols (Cacot et al., 2005, Gosselin, 2006). Les rémanents ont également un rôle d’isolant thermique, de protection de la régénération contre la dent du gibier, et de protection des sols lors du passage d’engins.

La récolte des petits bois et branches hors feuille est possible une à deux fois dans la vie du peuplement sur sol moyennement à peu sensible ; au-delà, l’exportation d’éléments minéraux qui en découle est trop importante (Cacot et al., 2005). Toutefois, le moment auquel intervient le prélèvement est important : c’est lorsque les besoins en éléments minéraux sont les plus forts, c’est-à-dire à l’âge de la première éclaircie pour les résineux, que l’effet dépressif de l’enlèvement des rémanents sur la croissance est maximal (Cacot et al., 2004).

L’étude du maintien en forêt des petits bois et branches nécessite, en plus des données citées pour les parcelles labels et les îlots, des informations sur les prix de vente du bois énergie, les volumes récoltables, et l’impact de l’exportation des rémanents sur les stocks d’éléments minéraux du sol, donc sur la fertilité des stations.

2.2.3 Contextes forestiers et modalités de mise en œuvre des pratiques sélectionnées

2.2.3.1 Essences et traitements choisis. Parmi les essences à étudier, nous avons choisi celles :

1. qui sont représentatives de grandes régions forestières françaises. Le guide des pratiques forestières favorables à la biodiversité en projet a une portée nationale, il apparaît donc souhaitable que différents contextes forestiers (forêt de plaine des domaines atlantiques et continental, forêt de montagne, forêt méditerranéenne, forêt de production des Landes) soient présentés.

2. qui sont assez répandues pour permettre un accès aisé aux données nécessaires à l’analyse économique (données économiques et sylvicoles). De nombreuses données de base en économie forestière sont encore peu documentées : par exemple, la modélisation des pratiques nécessite de simuler les itinéraires sylvicoles, mais les logiciels de simulation ne sont pas encore développés et opérationnels pour toutes les essences. De même, le montant des impôts fonciers est difficile à connaître car il varie pour chaque commune, et les statistiques à ce sujet semblent inexistantes. La valeur du fonds forestier est aussi une information difficile à recueillir et à harmoniser entre les différentes sources sollicitées, et pour les différentes régions considérées.

Dans un premier temps, nous avions retenu par région les essences suivantes : — le chêne sessile (Quercus petraea) en futaie régulière du domaine atlantique, — le hêtre (Fagus sylvatica) en futaie régulière en Lorraine, — le pin maritime (Pinus pinaster) des Landes en traitement régulier,

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18

— le pin d’Alep (Pinus halepensis) en région méditerranéenne en traitement régulier, — le chêne en futaie régulière du domaine continental, — le douglas (Pseudotsuga menziesii) en traitement régulier en Bourgogne, — le sapin (Abies alba) et l’épicéa (Picea abies) en mélange en montagne pour la futaie irrégulière.

L’étude économique a pu être menée à terme pour le chêne en domaine atlantique et le hêtre. Pour les autres essences, l’étude n’a pu être terminée pour les raisons suivantes :

— le pin maritime des Landes en traitement régulier : impossibilité de réaliser la simulation d’allongement de l’âge d’exploitabilité en raison d’un problème lié au modèle (PP3) utilisé par le logiciel de simulation4,

— le sapin et l’épicéa en mélange en montagne pour la futaie irrégulière : les données dendrométriques nécessaires à l’étude nous manquent encore à ce jour,

— le chêne en futaie régulière du domaine continental : retard de publication du guide de sylviculture, qui était en cours d’élaboration au moment de l’étude,

— le pin d’Alep en région méditerranéenne en traitement régulier et le douglas en traitement régulier en Bourgogne : manque de temps en fin de stage.

A la fin du temps imparti pour la réalisation du stage, l’état d’avancement des études pour les différentes essences est le suivant :

Essence et domaine

Recherche bibliogra-

phique

Recueil de données sylvicoles (ITTS et

itinéraires sylvicoles OU

données d'inventaire)

Recueil de données micro-

économiques

Simulation des

itinéraires ordinaires sous Capsis

Simulation des itinéraires allongés

sous Capsis

Création des

fichiers de calcul

Analyse des

résultats

Chêne Atlantique

√ √ √ √ √ √ √

Hêtre Lorraine

√ √ √ √ √ √ √

Chêne Continental

√ Indisponible Non Non Non Non Non

Pin maritime Landes

√ √ √ √

Attente de la résolution du problème du modèle de croissance

Non Non

Pin d’Alep pourtour méditerranéen

√ √ √ √ √ Non Non

Douglas Massif Central

√ √ Partiel Non Non Non Non

Sapin - épicéa √ En attente des données

Partiel Non requise Non requise Non Non

Tableau 1 : État d’avancement des évaluations économiques envisagées. Pour chaque essence, les guides de sylviculture, itinéraires techniques de travaux sylvicoles et les

modules de Capsis à utiliser sont recensés en annexe 3.

2.2.3.2 Les modalités de mise en œuvre des pratiques choisies Les parcelles labels

Cas du chêne sessile : l’allongement de l’âge d’exploitabilité conseillé dans le guide de sylviculture de chênaies atlantiques (Jarret, 2005) porte sur 50 % de l’âge initial d’exploitabilité (coupe finale pour un âge valant une fois et demie l’âge d’exploitabilité initial). Les âges d’exploitabilité conseillés traditionnellement vont de 180 ans à 200 ans selon la classe de fertilité. Les âges d’exploitabilité ordinaire et allongés correspondants sont présentés dans le tableau 2 :

4 L’allongement de l’âge d’exploitabilité des peuplements de pin maritime nécessitait de simuler la croissance des peuplements au-delà de 60 ans. Or, suite à un problème dans le modèle sur lequel se basent les simulations, certaines données de simulation manquent à partir de 55 à 60 ans. Ce problème a été signalé à Mme Céline Meredieu, afin qu’une étude future puisse prendre en compte cette essence une fois le problème résolu.

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19

Fertilité H0 à 100 ans

Âge d'exploitabilité ordinaire

Âge d'exploitabilité allongé

1 32.5 m 180 270 2 27.5 m 190 285 3 22.5 m 200 300

Tableau 2 : Âges d’exploitabilité ordinaire et allongé des itinéraires des trois fertilités chez le chêne sessile. Cas du hêtre : l’allongement de l’âge d’exploitabilité et la création d’îlots de vieillissement n’ont pas

été envisagés pour cette essence. En effet, elle subit une forte dépréciation lorsqu’elle est conduite à des âges trop avancés, avec notamment une apparition quasi systématique du phénomène de cœur rouge. Ceci, allié aux incertitudes concernant le comportement de cette essence en réponse aux changements climatiques annoncés, semblait suggérer de ne pas simuler ces pratiques.

Les îlots de vieillissement

Les îlots de vieillissement connaissent un allongement d’âge d’exploitabilité selon 3 modalités différentes : — IV1 : le gestionnaire conçoit dès le stade de régénération du peuplement (date 0) le projet de

créer un îlot de vieillissement sur une partie de la surface, qui constitue une sous-unité de gestion. Dans ce cas, on suppose que ce scénario se répète à l’infini (à chaque cycle, l’itinéraire sera allongé sur l’îlot) et on se base sur le calcul réalisé pour les parcelles labels, que l’on adapte à la surface de l’îlot (l’âge d’exploitabilité sur l’îlot vaut 150 % de l’âge d’exploitabilité ordinaire),

— IV2 : le gestionnaire conçoit le projet de créer un îlot au moment de la coupe d’ensemencement. Il va alors allonger l’âge d’exploitabilité de 30 ans. Cette décision peut être :

IV2a : ponctuelle (prise en une seule occasion), IV2b : systématique (à chaque cycle, on prévoira la création d’un îlot de vieillissement sur 30 ans).

Le maintien dans les parcelles des petits bois et branches

Le maintien de ces rémanents d’exploitation dans les parcelles a concerné les deux essences, avec des scénarii faisant intervenir différents niveaux de prélèvement des rémanents et prévoyant des fertilisations compensatrices variables (Cacot et al., 2007) ainsi que des baisses éventuelles de classe de fertilité.

Les niveaux de prélèvements à ne pas dépasser selon la sensibilité du sol, ainsi que le coût des fertilisations chimiques sont issus de Cacot et al. (2005). Les baisses de fertilité éventuelles, à chaque révolution ou toutes les deux révolutions, ont été estimées arbitrairement, faute de données écologiques précises. Ces scénarii doivent donc être pris en compte comme des hypothèses restant à vérifier.

� Cas du chêne sessile

Pour le chêne sessile, trois fertilités ont été étudiées grâce aux trois itinéraires issus de (Jarret, 2004). Pour les fertilités moyenne et bonne, on envisage le cas des sols sensibles ou moyennement sensibles, avec des fréquences de prélèvement variables de rémanents (2 à 3 récoltes par révolution) et d’éventuels amendements calco-magnésiens compensateurs des pertes, à raison de 1,5 tonne/ha pour un apport faible d’éléments minéraux et 3,5 tonnes pour un apport fort. La baisse de fertilité simulée consiste en une chute d’une classe de fertilité toutes les deux révolutions, ou à chaque révolution selon le niveau de sensibilité du sol et les prélèvements réalisés. Pour les sols non sensibles (fertilités 1 et 2), les mêmes types de prélèvement et de baisses de fertilité sont envisagés. Les différents scénarii étudiés sont présentés en annexe 4.

� Cas du hêtre

Dans le cas du hêtre, nous disposons d’un itinéraire pour les fertilités bonne et moyenne uniquement (Bock, 2005). Les scénarii d’étude sont donc moins nombreux (voir l’annexe 5). Les mêmes niveaux d’amendement ont été utilisés pour l’évaluation économique de la compensation des exportations, selon différentes fréquences de prélèvement (les mêmes que pour le chêne sessile). Les mêmes baisses de fertilité ont été simulées.

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20

Les îlots de sénescence

La création d’îlots de sénescence a également concerné les deux essences chêne sessile et hêtre. On a supposé que l’îlot de sénescence, à partir de sa création, ne subissait plus aucune sylviculture : cette sous-unité de gestion devient une sorte de réserve intégrale de taille très réduite.

2.3 Méthode de sélection et description des méthodes économiques utilisées

2.3.1 Pour des scénarii constants à l’infini : méthode de comparaison de BASI

2.3.1.1 Pratiques concernées : parcelles labels et îlots de vieillissement Cette méthode a été appliquée à l’étude de peuplements de chêne et hêtre en futaie régulière, pour les

pratiques suivantes : — l’allongement de l’âge d’exploitabilité, — la création d’îlots de vieillissement basés sur un allongement de 50 % de l’âge d’exploitabilité

initial (IV1) — la création d’îlots de vieillissement basés sur un allongement de l’âge d’exploitabilité de 30 ans,

décidé au moment de la coupe d’ensemencement, avec répétition de ce scénario à l’infini (IV2b).

2.3.1.2 Rappel des conditions d’application du BASI Le bénéfice actualisé en séquence infinie s’applique dans le cas où l’on veut comparer deux projets

de durée différente en futaie régulière. La valeur du BASI est égale à la valeur du fonds forestier, ce qui permet de calculer le taux d’actualisation.

2.3.1.3 Méthode de calcul Le moyen le plus pratique de calculer le bénéfice actualisé en séquence infinie sur un itinéraire

sylvicole est de réaliser un calcul par itération sous Excel. Pour chaque année du projet (la durée est celle de l’itinéraire sylvicole suivi pour la fertilité considérée), on inscrit toutes les dépenses et recettes du propriétaire. Il est bon de créer une colonne par type de dépense ou de recette, ainsi on peut contrôler facilement les paramètres choisis. On calcule ensuite la différence des recettes et dépenses de l’année considérée.

Pour calculer dans une autre colonne la valeur actualisée nette pour une année donnée, on actualise le

total des dépenses et recettes en divisant la différence obtenue par le coefficient suivant : ( )ar+1 où r est le taux d’actualisation et a l’année considérée. Dans un premier temps, on fixe arbitrairement le taux d’actualisation, dans une gamme de 2 à 5%.

Ensuite, pour l’année de la coupe finale, on multiplie la valeur du bénéfice actualisé par le

coefficient1)1(

)1(

−++

n

n

r

r, qui traduit le fait que le scénario se répète à l’infini.

On obtient ainsi la valeur du BASI pour le taux arbitraire utilisé. En utilisant l’outil « solveur » d’Excel, on peut dans un second temps affecter la valeur du fonds à la cellule qui affiche la valeur du BASI pour calculer le taux d’actualisation correspondant.

On effectue cette opération pour un itinéraire sylvicole normal (non allongé). On obtient alors un taux d’actualisation que l’on utilise pour effectuer la même série de calculs sur le tableau correspondant à l’itinéraire allongé.

Le coût de la pratique est donc :

bioitinéraireBASIFondsCoût −= , ce qui revient à bioitinéraireclassiqueitinéraire BASIBASICoût −= (12)

Comme évoqué précédemment, le fait d’utiliser le taux d’actualisation calculé en forçant l’égalité entre le BASI et le fonds sur l’itinéraire classique implique que le taux d’actualisation utilisé est tel que l’âge classique d’exploitabilité (retenu comme référence) ne déprécie pas la valeur du fonds en observée sur le marché. La différence des BASI correspond à une différence de valeur du fonds forestier, c'est-à-dire que le terrain vaut plus ou moins cher du fait que les revenus que l’on en retire sont différents.

Page 29: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

21

2.3.2 Pour l’estimation du coût d’opportunité : calcul de la valeur en bloc

2.3.2.1 Pratique concernée : îlots de sénescence Cette méthode s’applique à l’étude de la création d’îlots de sénescence, puisque cette pratique

implique un renoncement aux bénéfices futurs. Nous l’avons utilisée en peuplements de chêne ou de hêtre, en futaie régulière. Cette méthode de calcul (de même que celle de Peyron (2005) présentée en 1.3.2) est basée sur l’estimation de la valeur du fonds et du peuplement, puisque l’on renonce à l’un, à l’autre ou aux deux lors de la mise en place des mesures de gestion favorables à la biodiversité.

2.3.2.2 Rappel de la théorie économique La définition de la valeur en bloc a été vue dans la première partie du rapport (paragraphe 1.1.1.3). Il

s’agit de la somme à l’infini des dépenses et des recettes d’un projet en futaie régulière, ramenée à une date intermédiaire de la durée du projet (différente de la date 0).

On peut aussi l’exprimer comme la somme du fonds, de la valeur de consommation des arbres et de la perte de valeur d’avenir : PVAVCFondsblocenValeur ++= (13)

En effet, on sait que la valeur en bloc de la forêt correspond à la somme du fonds et de la superficie (valeur du peuplement). Or, la superficie est égale à la somme de la valeur de consommation des arbres (leur valeur à l’instant t) et de leur perte de valeur d’avenir (somme que l’on perdrait si l’on exploitait prématurément le peuplement).

2.3.2.3 Méthode de calcul Concrètement, la mise en œuvre du calcul de la valeur en bloc de la forêt pour chaque année est

expliquée par Jean-Luc Peyron dans l’application du second chapitre de son cours en ligne (Peyron, 1999).

Comme pour le calcul du BASI, on place dans un tableau les dépenses et recettes pour chaque année de la vie du peuplement. Dans le cas des îlots de sénescence, on calcule la valeur en bloc sans prendre en compte les frais et revenus qui restent valables après la création de l’îlot. En effet, on considère que le coût d’un îlot de sénescence correspond à la valeur en bloc de la partie de parcelle considérée, sur laquelle on renonce à effectuer des dépenses et à percevoir des revenus. Toutefois, certains frais incombent toujours au propriétaire après la création de l’îlot (impôts et taxes par exemple).

Le taux d’actualisation utilisé est celui obtenu par affectation de la valeur du fonds au BASI de l’itinéraire ordinaire. À l’année a, la valeur en bloc de la forêt vaut (avec Ri et Di les recettes et dépenses à l’année i, et r le taux d’actualisation) :

1)1(

)1()()1()(1

0

−+

+×−++×−=

∑∑−

=

=

−+

n

a

i

iaii

n

ai

ianii

a r

rDRrDRblocenValeur (14)

La première somme correspond aux dépenses et recettes actualisées futures (à partir de l’année a et ensuite), et la seconde somme aux dépenses et recettes actualisées du jeune âge.

2.3.3 Pour un enchaînement de plusieurs scénarii : méthode mixte

2.3.3.1 Pratique concernée : maintien des rémanents d’exploitation et îlot ponctuel Cette méthode s’applique pour l’étude de peuplements de chêne et hêtre en futaie régulière, pour les

pratiques suivantes : — création ponctuelle (pas de répétition à l’infini) d’un îlot de vieillissement avec un allongement

sur 30 ans de l’âge d’exploitabilité ordinaire (modalité IV2a), — maintien des menus bois et branches exploités dans les parcelles.

2.3.3.2 Rappel de la théorie économique Pour comparer des scénarii de durée différente, il est nécessaire d’utiliser une méthode de calcul en

séquence infinie. Or, il arrive que le scénario considéré fasse intervenir une succession de plusieurs itinéraires différents, de sorte que l’on passe d’un itinéraire à l’autre sans que les itinéraires passés reviennent dans la suite du scénario. Le schéma suivant explique la démarche :

Page 30: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

22

Figure 3 : Schéma de l’enchaînement de scénarii de durée différente.

On ne peut calculer un BASI sur la succession des trois itinéraires : cela supposerait qu’après l’itinéraire 3, on revienne à l’itinéraire 1, ce qui n’est pas le cas.

On additionne donc les valeurs actualisées nettes ramenées à la date 0 pour les itinéraires qui n’interviennent qu’une fois et le BASI du dernier itinéraire (celui qui se répète à l’infini), lui aussi ramené à la date 0, selon la formule suivante :

mn

itinéraire

n

itinéraireitinérairetotal r

BASI

r

VANVANBASI ++

++

+=)1()1(

321 (15)

2.3.3.3 Méthode de calcul Le calcul peut également être réalisé dans un classeur Excel. Il faut mettre bout à bout les itinéraires

concernés par le scénario, puis calculer pour chacun la VAN ou le BASI pour le dernier. Ensuite, on additionne les VAN et le BASI final en les réactualisant par rapport à l’année 0 du scénario.

C’est la méthode qui est utilisée pour calculer les pertes ou bénéfices liés au maintien des rémanents dans les parcelles exploitées, par comparaison du résultat obtenu par ce calcul avec la valeur du BASI d’un itinéraire ordinaire.

Cas des rémanents :

Avec le raisonnement suivi, lorsque l’on prélève les rémanents et que la fertilité baisse en conséquence, le fonds diminue aussi (puisqu’il dépend de la fertilité de la station). Le fonds « final » est inférieur au fonds « initial », c'est-à-dire le fonds en l’absence de baisse de fertilité (donc en absence de prélèvement des rémanents). Finalement, le coût de la pratique vaut : totalinitial BASIFondsCoût −= (16)

Cas de l’îlot de vieillissement IV2a :

Dans le cas de l’îlot de vieillissement, la valeur du fonds ne diminue pas. On a donc simplement le coût suivant : totalBASIFondsCoût −= (17)

RECAPITULATIF :

Pratiques Parcelles

label IV - 1 (a.e. +

50%)

IV - 2a (30 ans,

ponctuel)

IV - 2b (30 ans, répété)

Maintien des rémanents

Îlots de sénescence

Méthodes Comparaison

de BASI Comparaison

de BASI Mixte

Comparaison de BASI

Mixte Valeur en

bloc

Essences Chêne Chêne Chêne Chêne Chêne, Hêtre Chêne, Hêtre

Tableau 3 : Récapitulatif des méthodes employées et essences étudiées par pratique

Itinéraire 1 Itinéraire 2 Itinéraire 3 Itinéraire 3

Itinéraire 3

0 ∞ n m p p

Page 31: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

23

2.4 Données nécessaires à l’étude Toutes les méthodes retenues reposent sur la modélisation de cas d’écoles incluant la simulation

d’itinéraires sylvicoles et leur traduction en échéanciers de dépenses et de recettes, pour finalement comparer le bénéfice actualisé des itinéraires selon qu’ils intègrent ou non une pratique en faveur de la biodiversité.

2.4.1 Données nécessaires à la simulation des itinéraires sylvicoles

La simulation d’itinéraires sylvicoles nécessite, pour chaque essence étudiée, les données suivantes : — un itinéraire technique de travaux sylvicoles (ITTS) présentant un échéancier de travaux

sylvicoles à effectuer dans le jeune âge du peuplement, — un itinéraire sylvicole (échéancier d’éclaircies et de coupes) correspondant aux tendances de

sylviculture récentes, — un modèle de croissance permettant de simuler la croissance d’un peuplement virtuel aux

caractéristiques réalistes : dans notre étude, il s’agit des modèles inclus dans la plateforme Capsis, qui sera présentée en 3.1.1.

Ces éléments permettent de simuler des itinéraires sylvicoles sur des peuplements dont on fixe les paramètres (fertilité de la station, type de régénération, densité de départ). On obtient alors des échéanciers de travaux et de coupes, qui constituent une partie des échéanciers de dépenses et de recettes.

2.4.2 Données nécessaires à leur traduction sous forme d’échéanciers de dépenses et de recettes

Pour compléter les échéanciers de dépenses et de recettes, il faut ajouter aux frais et revenus liés aux pratiques sylvicoles les recettes et dépenses annexes du propriétaire sur la parcelle considérée. Il s’agit des éléments suivants :

— les prix de vente du bois d’œuvre et du bois énergie, — les frais de gestion de la parcelle (gestion des coupes et travaux, diagnostics sylvicoles, suivi

administratif), — la taxe foncière, — l’impôt sur le revenu, — les frais d’assurance le cas échéant, — les aides publiques éventuelles, — les revenus de la chasse, — d’éventuels revenus annexes (baux divers).

N.B. : Lorsque le coût est évalué par comparaison de BASI, la variation des frais fixes, c'est-à-dire qui interviennent chaque année ou à échéance identique dans les deux itinéraires, n’a pas d’incidence sur la

différence des BASI. En effet, l’impact des frais fixes sur le capital se calcule comme la taux

fraisduvaleur.

Or, lorsque l’on calcule la différence entre les BASI de l’itinéraire ordinaire et de l’itinéraire allongé, on calcule à taux constant (le taux déduit de l’égalisation entre le BASI de l’itinéraire ordinaire et la valeur du fonds). Comme le frais fixe a la même valeur dans les deux itinéraires, son impact sur le capital ne change pas. Il n’est donc pas nécessaire de prendre en compte les frais fixes lorsque l’on effectue des analyses de sensibilité (qui reviennent à comparer des comparaisons de BASI). Toutefois, il est nécessaire de prendre ces frais fixes5 en compte lorsque le coût est évalué par calcul de la valeur en bloc.

Nous venons de présenter les pratiques à étudier et leur contexte, accompagnées de la justification

de leur choix parmi l’ensemble des pratiques existantes. Ces pratiques, comme on vient de le voir, mettent en jeu des méthodes économiques parfois différentes, nécessitant chacune un lot de données à recueillir pour pouvoir mener l’analyse.

5 À condition qu’ils cessent d’intervenir après la création de l’îlot, sinon, ils ne sont pas pris en compte dans le calcul.

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3 Recueil des données Les données à recueillir sont de différentes natures. Certaines concernent la sylviculture à envisager

dans les scénarii, au travers des itinéraires de travaux ou des itinéraires sylvicoles et de leur simulation, pour récupérer des échéanciers de coupes et de travaux présentant le volume mis en vente à chaque coupe ou éclaircie. D’autres concernent les paramètres économiques sur lesquels baser nos échéanciers simulés. Les méthodes de recueil des données et les données elles-mêmes vont être présentées ici, et les limites de leur utilisation seront évoquées.

3.1 Simulation des scénarii sylvicoles

3.1.1 Recherche d’itinéraires existants

3.1.1.1 Paramètres nécessaires à la modélisation pour chaque essence Afin de disposer d’échéanciers de dépenses et de recettes pour des peuplements virtuels, il était

nécessaire de récupérer des itinéraires sylvicoles, puis de simuler la sylviculture à appliquer sur la plateforme Capsis (de Coligny et al., 2003).

Capsis (Croissance d'Arbres en Peuplement avec Simulation d'Itinéraires Sylvicoles) est une plateforme regroupant des modules de croissance d'arbres et de peuplements (INRA, ENGREF, Cemagref, IRD, Cirad et autres) avec élaboration d'itinéraires sylvicoles (http://coligny.free.fr/). Les intérêts de simuler des itinéraires sylvicoles sous Capsis sont multiples :

— le fait de simuler même les itinéraires pour lesquels on avait déjà le volume récolté (itinéraires sous forme de tables de production) permet de d’avoir une base de comparaison commune entre les itinéraires des guides et les itinéraires à âge d’exploitabilité allongé,

— la simulation permet de récupérer de multiples données : outre les données dendrométriques habituelles (hauteur, diamètre, surface terrière, volume total et nombre de tiges en fonction du temps), Capsis indique le volume récolté en fonction du temps et l’indice de densité relative du peuplement (RDI). L’information absolument nécessaire pour conduire les analyses est le volume exploité, à extraire directement de Capsis ou à recalculer à partir d’un tarif de cubage différent,

— le modèle de croissance de Capsis prend en compte les changements de productivité pour le hêtre, ce qui est un élément important pour se rapprocher le plus possible de la réalité.

Pour réaliser les simulations sous Capsis, il est nécessaire de se baser sur un itinéraire préexistant

(ou, à défaut, sur de solides connaissances sylvicoles). Pour simuler des itinéraires de futaie régulière de chêne sessile et de hêtre, le simulateur conçu est le module Fagacées (développé par J.F. Dhôte). Le module Fagacées6 permet de faire évoluer un peuplement via des éclaircies fondées sur différents critères :

— l’indice de densité relative (RDI), basé sur la droite d’auto-éclaircie, qui se calcule selon la

formule suivante : β

αgDN

RDI×

=(où N est le nombre de tiges du peuplement, Dg le diamètre

moyen des arbres, et α et β les coefficients dépendant de l’essence considérée. α = 1,701 pour le chêne et 1,574 pour le hêtre, et β = 171582 pour le chêne et 145248 pour le hêtre). Lorsque l’on

remplace Dg dans la formule par son expression N

GDg π

4=, on peut exprimer le RDI en

fonction de G et N :

221

4100

α

α

α

πβ

××=−

GNRDI

(19)

6 Les autres modules de Capsis utilisés pour le pin maritime (PP3, développé par Céline Meredieu) et le pin d’Alep (NRG, développé par Philippe Dreyfus) fonctionnent en utilisant comme paramètre des éclaircies le facteur d’éclaircie

Kg : éclaircieavantarbresg

éclaircisarbresgg

D

DK 2

2

= (18)

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— des critères dendrométriques tels que le diamètre, la hauteur ou l’âge des arbres, — un diagramme de prélèvement7, — une sélection manuelle des arbres à éclaircir par leurs identifiants.

Les concepteurs du module recommandent de paramétrer les éclaircies en se basant sur l’indice de densité relative : c’est le choix qui a été fait pour l’évaluation économique des pratiques pour le chêne et le hêtre.

3.1.1.2 Itinéraires sylvicoles de référence8 pour le chêne sessile Nous avons choisi comme itinéraires sylvicoles de référence pour le chêne ceux du guide de

sylviculture des chênaies atlantiques (Jarret, 2004). Il s’agit d’itinéraires de futaie régulière en régénération naturelle. Trois itinéraires sont présentés selon la fertilité considérée (hauteur dominante à 100 ans de 32,5 m, 27,5 m ou 22,5 m), présentant respectivement un âge d’exploitabilité de 180, 190 et 200 ans. Les itinéraires sont plus dynamiques que les normes Pardé 100 -120 qui étaient généralement utilisées en région Centre. Une présentation succincte de ces itinéraires figure en annexe 6.

L’itinéraire prévu pour la fertilité haute est relativement dynamique, même si la surface terrière prévue atteint les 30 m²/ha vers 140 ans. L’objectif est d’obtenir des peuplements peu denses, mais de gros diamètres.

Pour définir le nombre de tiges et la surface terrière à atteindre pour les coupes d’ensemencement, secondaires et définitive, nous avons procédé en définissant un RDI à atteindre permettant de prélever à chaque fois (coupe d’ensemencement, deux coupes secondaires et une coupe définitive) un quart des tiges sur pied. Ce sont ces coupes finales qui font décroître fortement le RDI dans les 10 à 15 dernières années des simulations.

Par rapport à l’itinéraire de fertilité haute (F1), l’itinéraire prévu en fertilité moyenne (F2) maintient plus de tiges au cours de la vie du peuplement, pour une surface terrière un peu moins forte (la fertilité étant moyenne, les arbres ont un moindre accroissement en diamètre). L’évolution entre l’itinéraire en fertilité haute et l’itinéraire en fertilité moyenne se retrouve lorsque l’on passe en fertilité basse (F3). La première coupe (48 ans) est toutefois plus sévère que les coupes rencontrées lors des deux premiers itinéraires : elle supprime environ la moitié des tiges du peuplement et fait passer la surface terrière de 22 m²/ha à 12,5 m²/ha.

Pour les trois itinéraires, les prélèvements en surface terrière sont importants au jeune âge, puis deviennent plus faibles lors des éclaircies suivantes (il est généralement conseillé de ne pas prélever plus du tiers du matériel sur pied par éclaircie, afin de ne pas déstabiliser le peuplement).

L’évolution de l’indice de densité relative (RDI) prévue par le guide de sylviculture pour chacun des itinéraires est présentée en annexe 6. Les RDI prévus pour chacun des itinéraires varient entre 0,6 et 0,8 au jeune âge, puis restent compris entre 0,5 et 0,6 à partir de 70 ans. Les prélèvements sont réguliers du point de vue de la densité : les oscillations du RDI sont semblables au fil des éclaircies.

3.1.1.3 Itinéraires sylvicoles de référence pour le hêtre Nous avons choisi comme itinéraires de référence ceux du guide de sylviculture du hêtre en Lorraine

(Bock, 2005). Ce guide définit trois classes de fertilité pour le hêtre (hauteur dominante à 100 ans supérieure à 32,5m pour la bonne fertilité, comprise entre 27,5 et 32,5 m pour la fertilité moyenne, ou inférieure à 27,5m pour la fertilité basse). Les itinéraires sylvicoles complets sont présents pour les fertilités moyenne et bonne.

Ce guide est construit différemment des guides de sylviculture traditionnels : on trouve l’itinéraire à suivre grâce à une clé de détermination du type de peuplement fondée sur les critères de fertilité d’une part, mais aussi sur l’âge des peuplements rencontrés et le niveau de matériel sur pied au moment du diagnostic. Les itinéraires présentés sont donc adaptables à tout instant de la vie du peuplement au cas de figure rencontré, alors que ceux des guides traditionnels sont généralement des itinéraires standards pour toute la vie du peuplement, accompagnés d’itinéraires de rattrapage.

7 On peut effectuer manuellement l’éclaircie pour la diriger préférentiellement sur une classe (d’âge, de diamètre…). 8 Itinéraires de référence : itinéraires auxquels sont comparés les itinéraires incluant les pratiques favorables à la biodiversité.

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Les deux itinéraires choisis pour les simulations de cette étude sont les itinéraires M12 et B12. Ces itinéraires conviennent pour les peuplements âgés de 30 à 45 ans, avec une surface terrière de plus de 24 m²/ha, de fertilité moyenne pour M12 et bonne pour B12, c'est-à-dire des peuplements ayant connu une sylviculture classique. Ils sont présentés en annexe 7.

Comme pour le chêne, les prélèvements en surface terrière sont importants au jeune âge (de l’ordre de 33 %) mais tendent vers des niveaux plus faibles (25 %) à partir de 35 ans. Les niveaux atteints en surface terrière après 50 ans ne dépassent pas 25 m²/ha. La densité par hectare conseillée par le guide de sylviculture fait rapidement décroître le RDI à des niveaux moyens à faibles (0,40 à 0,60). Toutefois, l’évolution du RDI est régulière.

La densité relative est plus faible chez le hêtre que chez le chêne : les indices obtenus sont ici inférieurs à 0,40 au moment des coupes de régénération, alors qu’ils se situaient entre 0,5 et 0,6 pour le chêne. Ces valeurs du RDI sont du même ordre de grandeur que ceux présentés par Roman-Amat et Duplat dans leur scénario recommandé pour la sylviculture du hêtre (Duplat et Roman-Amat, 1996).

3.1.2 Simulation des itinéraires sylvicoles

3.1.2.1 Simulation des itinéraires de référence Préalablement à l’étude des itinéraires et des graphes issus de Capsis, il faut noter que les coupes

définitives n’ont pas été simulées (elles correspondent au prélèvement de ce qu’il reste du peuplement). Il faut donc garder à l’esprit que les courbes devraient rejoindre l’axe des abscisses à l’âge d’exploitabilité.

Cas du chêne

La simulation sous Capsis a tenté de reproduire le plus fidèlement possible les itinéraires de référence présentés dans le guide de sylviculture des chênaies atlantiques (Jarret, 2004) en se basant sur la valeur du RDI.

� Fertilité haute (F1 : H0 = 32,5 m à 100 ans)

La table des éclaircies et les graphes représentant l’évolution des principales variables dendrométriques pour l’itinéraire en fertilité haute sont présentés en annexe 8. Ils nous ont permis de vérifier que la simulation fournit des résultats (évolution de RDI et de la surface terrière dans le temps) réalistes par rapport aux itinéraires observés dans le guide de sylviculture.

Pour cet itinéraire, l’évolution du diamètre à 1,30 m en fonction du temps est régulière, ce qui laisse penser que la sylviculture adoptée n’a pas été source d’à-coups de croissance. De même, les évolutions du nombre de tiges et de la surface terrière sont stables, une fois passée la phase de compression (de 0 à 45 ans environ), que l’on observe aisément sur le graphe représentant l’indice de densité relative en fonction du temps. La sortie de la phase de compression est marquée par un très fort prélèvement : on prélève près de la moitié de la surface terrière, ce qui peut fragiliser le peuplement.

� Fertilité moyenne (F2 : H0 = 27,5 m à 100 ans)

La table des éclaircies et les graphes représentant l’évolution des principales variables dendrométriques pour l’itinéraire en fertilité moyenne sont présentés en annexe 8.

La phase de compression (de 0 à 45 ans) apparaît nettement ici encore. On observe à la sortie de cette phase des niveaux de prélèvement très forts. La densité du peuplement est un peu plus forte que celle observée selon l’itinéraire valable pour la fertilité haute, toutefois, les indices de densité relative atteignent des valeurs comparables. En effet, la surface terrière est moins forte pour un peuplement suivant cet itinéraire, ce qui compense dans le calcul du RDI un nombre de tiges par hectare plus élevé.

� Fertilité basse (F3 : H0 = 22,5 m à 100 ans)

La table des éclaircies et les graphes représentant l’évolution des principales variables dendrométriques pour l’itinéraire en fertilité moyenne sont présentés en annexe 8.

D’une manière générale, les commentaires faits pour les graphes des itinéraires des autres fertilités restent valables ici. Le nombre de tiges reste élevé plus longtemps et la surface terrière est plus faible que dans les peuplements de fertilité 1 et 2.

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Pour les trois itinéraires de référence, l’évolution des principales variables dendrométriques est fidèle à celle indiquée dans le guide de sylviculture des chênaies atlantiques, notamment celle de la surface terrière après éclaircie.

Pour éviter d’arriver à des niveaux de surface terrière (G/ha) ou des nombres de tiges (N/ha) trop élevés à la première éclaircie, il aurait fallu simuler des dépressages, qui auraient permis de se ramener à des niveaux plus raisonnables de G et N. Cependant, la simulation des dépressages sous Capsis n’est pas prévue, seules les éclaircies sont possibles. Il aurait été possible de réaliser une intervention de type éclaircie dans les jeunes âges, pour mimer l’effet d’un dépressage, toutefois, deux obstacles s’opposaient à cette manière de procéder :

— nous préférions ne pas interférer avec la mortalité naturelle liée à une surdensité du peuplement simulée via la loi d’auto-éclaircie et traduite par un RDI égal à 1, pour rester dans la logique d’une phase de compression des peuplements dans le jeune âge,

— nous ne connaissions pas l’effet que pouvait avoir la simulation d’une intervention de type « éclaircie » à des âges aussi jeunes sur le peuplement simulé par Fagacées, dont l’évolution suit des modalités d’éclaircie validées pour des âges plus vieux.

En conclusion, les valeurs obtenues pour N et G sont un peu élevées, cependant, dès la première éclaircie, ces valeurs élevées se régularisent. Nous avons donc choisi de ne pas modifier les itinéraires proposés dans le guide de sylviculture, en ne tenant pas compte du risque induit par des prélèvements importants.

En complément de cette partie, une discussion sur les effets qu’auraient pu avoir des dépressages des peuplements aux jeunes âges sera présentée en 5.2.3.

Cas du hêtre

La simulation sous Capsis s’appuie sur les itinéraires présentés dans le guide de sylviculture du hêtre en Lorraine (Bock, 2005).

� Fertilité haute (B12 : H0 = 33 m à 100 ans)

La table des éclaircies et les graphes représentant l’évolution des principales variables dendrométriques pour l’itinéraire en fertilité haute sont présentés en annexe X.

Chez le hêtre, les prélèvements observés à la fin de la phase de compression sont moins forts que pour le chêne. Cela s’explique par des premières éclaircies intervenant plus tôt, donc des surfaces terrières moins fortes à l’approche de la première éclaircie.

� Fertilité moyenne (M12 : H0 = 28 m à 100 ans)

Pour chacun des deux itinéraires (fertilité bonne et moyenne), les valeurs obtenues pour les principales variables dendrométriques sont très proches de celles annoncées dans le guide de sylviculture.

Pour le chêne comme pour le hêtre, ces peuplements simulés ont été acceptés et validés (P. Jarret, J. Bock, comm. pers.) comme peuplements de référence pour les scénarii soumis à l’analyse économique.

3.1.2.2 Les itinéraires à âge d’exploitabilité allongé (cas du chêne sessile uniquement) L’évaluation économique de l’allongement de l’âge d’exploitabilité et des îlots de vieillissement a

concerné uniquement le chêne sessile, car le hêtre se déprécie fortement lorsqu’on allonge son âge d’exploitabilité.

Deux types d’itinéraires d’allongement ont été définis :

— allongement des itinéraires de référence (issus du guide de sylviculture des chênaies atlantiques), par allongement des rotations entre éclaircies : itinéraires d’allongement dits « Jarret »,

— allongement des itinéraires inspirés de la norme Pardé 120 (Pardé, 1962) : itinéraires d’allongement dits « Pardé ».

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Itinéraire d’allongement par allongement des rotations (adapté des itinéraires Jarret)

Pour chacun des trois niveaux de fertilité, les itinéraires du guide de sylviculture des chênaies atlantiques ont été adaptés pour leur faire subir un allongement de 50 % de leur durée ordinaire : les rotations entre éclaircies passent de 9 ans (itinéraire de référence) à 12 ans en début de cycle (jusqu’à 140 ans) puis 15 ans9. Les simulations sont décrites en annexe 10.

� Fertilité haute (F1 : H0 = 32,5 m à 100 ans)

Les rotations entre éclaircies sont de 12 ans au début de la vie du peuplement (jusqu’à 140 ans), puis de 15 ans. La surface terrière du peuplement simulé atteint 45 m²/ha vers 180 ans, avec des valeurs supérieures à 35 m²/ha dès 120 ans dans les peuplements simulés en suivant cet itinéraire sylvicole. Ce sont des valeurs très fortes.

� Fertilité moyenne (F2 : H0 = 27,5 m à 100 ans)

La durée des rotations adoptée est la même que pour l’itinéraire allongé en fertilité haute. Ici encore, l’indice de densité relative indique une forte compression dans les peuplements simulés en suivant cet itinéraire sylvicole.

� Fertilité basse (F3 : H0 = 22,5 m à 100 ans)

La durée des rotations adoptée est la même que pour l’itinéraire allongé en fertilité haute. La surface terrière du peuplement simulé selon l’itinéraire en fertilité basse atteint des valeurs plus faibles que pour les deux itinéraires précédents. La densité du peuplement est comparable à celle des itinéraires valables pour les fertilités moyenne et forte. Le RDI atteint donc des valeurs plus faibles que pour ces itinéraires.

Finalement, les allongements simulés à partir des itinéraires Jarret ne sont pas satisfaisants, car la surface terrière qui y est atteinte est trop forte (> 35 m²/ha), surtout si on la compare avec les valeurs rencontrées actuellement dans les peuplements conduits de façon dynamique. Le fait que les valeurs obtenues soient fortes peut provenir d’un problème de l’itinéraire (sylviculture dynamique, mais trop peu de prélèvements) ou d’un problème de calibration de Fagacées. En effet, le logiciel a été calibré suivant des données issues de peuplements réels actuels, qui n’ont pas été menés de manière aussi dynamique dans le passé et pour lesquels les données de vieux peuplements sont très rares, ce qui rend difficile la calibration du modèle.

Ces itinéraires seront toutefois conservés comme l’une des solutions possibles pour l’allongement de l’âge d’exploitabilité, en parallèle aux itinéraires d’allongement adaptés de la Norme Pardé 120.

Itinéraire d’allongement « Pardé »

Nous avons choisi la norme « Pardé 120 » (Pardé, 1962) qui vise l’obtention de 120 tiges/ha à 180 ans, et l’avons prolongée. On diminue donc régulièrement les nombres de tiges à chaque éclaircie (voir l’itinéraire suivi en annexe 11).

Fertilité haute (F1 : H0 = 32,5 m à 100 ans)

Le peuplement issu de la simulation suivant l’itinéraire Pardé pour la fertilité haute conduit également à obtenir des surfaces terrières élevées à partir de 150 ans. Le nombre de tiges prévu par cet itinéraire décroît de façon régulière, avec une rotation de 6, puis 9 et enfin 12 ans entre les éclaircies réalisées.

� Fertilité moyenne (F2 : H0 = 27,5 m à 100 ans)

Ici encore, la surface terrière se maintient en dessous de 35 m²/ha jusqu’à 150 ans environ, puis s’élève jusqu’à 45 m²/ha. Le RDI reste stable, avec des oscillations entre 0,7 et 0,9 avant et après éclaircie.

� Fertilité basse (F3 : H0 = 22,5 m à 100 ans) 9 Sous Fagacées, le pas de temps entre éclaircie doit être un multiple de 3.

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Une fois de plus, on constate que les valeurs de la surface terrière supérieures à 30 m²/ha sont atteintes à partir de 180 à 200 ans.

Par rapport aux peuplements issus des simulations basées sur les itinéraires « Jarret », ces valeurs de surface terrière élevée sont atteintes plus tard avec les itinéraires « Pardé ». En utilisant l’itinéraire Pardé, on retarde donc le passage dans des gammes de surface terrière élevée. Ainsi, si la surface terrière atteint des valeurs extrêmes à partir de 180 à 200 ans, on peut penser que l’on commence à sortir du domaine de calibration de Fagacées.

Pour disposer de références en matière de surfaces terrière de très vieux peuplements, une recherche bibliographique et une prise de contacts ont été menées. Les conclusions que l’on peut en retirer sont les suivantes :

— ces données sont extrêmement rares, — quand elles existent (Lebourgeois et al., 2003) (Dhôte, comm. pers. ; Carlet, comm. pers.), les

peuplements concernés ont eu une gestion très peu dynamique, avec peu d’interventions, ou alors sont exceptionnels (Futaie des Clos (Lebourgeois et al., 2003). Il est donc difficile de transposer les observations faites sur ces peuplements aux cas étudiés dans notre simulation.

Les analyses économiques dont les résultats sont présentés dans la suite se basent préférentiellement sur les simulations suivant l’itinéraire « Pardé ». Toutefois, les simulations suivant les itinéraires du guide de sylviculture des chênaies atlantiques ont également été soumises à analyse, afin d’appréhender l’impact des différences d’itinéraires sur les résultats obtenus.

3.2 Données concernant la nature du terrain

3.2.1 Revenus et dépenses du propriétaire

Un tableau synthétique présentant toutes les valeurs retenues pour les différents paramètres par essence figure en fin de paragraphe 3.2.1.1.

3.2.1.1 Les frais et revenus fixes Les frais et revenus fixes sont des dépenses et recettes invariables qui interviennent chaque année. Il

s’agit des impôts et taxes, des frais d’assurance éventuels, des loyers divers (de type loyer de chasse), et des frais de gestion présentés sous forme de moyenne annuelle. Cette présentation des frais de gestion correspond souvent à une gestion en forêt publique. En forêt privée, il est d’usage que les gestionnaires (experts forestiers ou coopératives) prélèvent des frais de gestion lors des ventes de bois et autres transactions (vente de terrain par exemple).

Fiscalité

Les propriétaires forestiers sont soumis à deux types d’impôts : l’impôt foncier, qui taxe le sol forestier, et l’impôt sur le revenu.

La taxe foncière est fixée par la commune sur laquelle se trouve le terrain. Elle se base sur le revenu cadastral des parcelles fiscales. Ce revenu a été déterminé en 1959 en fonction de différents critères : la production commercialisée, les cours des bois sur pied ainsi que les diverses dépenses qui incombent au propriétaire. Le revenu cadastral peut varier selon la classe de productivité considérée, et a pu être réévalué depuis 1959 pour tenir compte de changements éventuels (2006b). Chaque commune fixe le taux à appliquer au revenu cadastral pour déterminer la taxe foncière, si bien que le montant de cette taxe varie d’une commune à l’autre. Aucune statistique nationale n’est disponible sur les montants moyens, ni les valeurs minimales et maximales de cette taxe par type de peuplement (futaie feuillue, résineuse et autres).

Une exonération de taxe foncière peut survenir en cas de régénération, boisement ou reboisement des propriétés, et sur demande du propriétaire auprès des services concernés. La durée d’exonération est, depuis le 1er janvier 2002, de 10 ans pour les peupleraies, 30 ans pour les résineux et 50 ans pour les feuillus (excepté le peuplier). En futaie irrégulière en équilibre de régénération, l’exonération concerne 25 % de la taxe foncière pour une durée de 15 ans (durée renouvelable tant que les critères d’applicabilité sont respectés). (2006b)

La question de savoir s’il faut prendre en compte l’exonération de la taxe foncière dans les calculs est soulevée par Allegrini (2000). En effet, les exonérations sont soumises à des lois susceptibles d’évoluer,

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et leur application à une propriété n’est pas automatique. Nombreux sont les cas où les critères nécessaires pour bénéficier de l’exonération ne sont pas remplis, il ne s’agit donc pas d’une mesure applicable dans le cas général. Toutefois, il est souhaitable de pouvoir la prendre en compte dans les calculs si les hypothèses de l’étude le demandent.

L’impôt sur le revenu est fondé sur le revenu cadastral. L’impôt est donc annuel, même si les coupes de bois n’interviennent pas chaque année. Comme pour la taxe foncière, une réduction de l’impôt sur le revenu est prévue en cas de boisement, reboisement ou régénération de la parcelle. Cette réduction se fait, au choix, en divisant par deux le revenu cadastral prévu, ou en reprenant le revenu de la nature de culture précédant le boisement. Pour une futaie irrégulière en équilibre de régénération, la déclaration d’un revenu cadastral diminué de 25 % est permise pendant 15 ans renouvelables (2006b).

Les revenus de la chasse sont à déclarer au titre des impôts fonciers. Cependant, de nombreux propriétaires ne déclarent pas ces revenus, si bien que là encore, on ne dispose pas de statistiques fiables sur les loyers de chasse pratiqués (voir page suivante).

En cas de mutation de la propriété (vente, succession ou donation), des droits d’enregistrement sont prévus par les services fiscaux. Cependant, au titre de l’amendement Monichon (2006b), une propriété bénéficiant d’un certificat de bonne gestion ou soumise à un régime d’exploitation normale (autorisation de la DDAF requise pour toute coupe) voit son assiette imposable réduite au quart de la valeur vénale des bois.

Pour cette étude : — nous nous plaçons dans un cas qui se veut aussi général que possible, c’est pourquoi nous avons

choisi de ne pas tenir compte de l’amendement Monichon (nous supposons que la parcelle n’a pas fait l’objet d’une mutation dans les 30 dernières années),

— nous avons choisi de rassembler les impôts en une somme forfaitaire annuelle, qui peut tenir compte10 de l’exonération de taxe foncière et de l’impôt sur le revenu pendant 50 ans (durée prévue pour les essences feuillues). En effet, il est difficile de se procurer des données sur le revenu cadastral en vigueur pour les futaies régulières de chêne ou de hêtre, car ce revenu est variable selon les communes. La recherche de moyennes départementales ou régionales pour ce revenu auprès de la FNCOFOR, de quelques DDAF et DRAF s’est révélée infructueuse. Les données utilisées pour le calcul ont été fournies à dire d’expert par les CRPF des régions forestières sur lesquelles se focalisait notre étude (Centre-Île de France, Lorraine-Alsace, Aquitaine, Pays de la Loire, Franche-Comté, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur) ainsi que des experts forestiers. Pour le chêne et le hêtre, les montants forfaitaires obtenus varient de 10 à 40 €/ha/an, avec une moyenne estimée à dire d’expert autour de 15 à 20 €/ha/an.

Frais de gestion annuels

Les frais de gestion annuels comprennent les tâches administratives, les diagnostics sylvicoles, la gestion des coupes et travaux. Différents organismes ont été contactés pour assembler des données : les directions territoriales de l’office national des forêts dans les régions d’étude, les CRPF de ces mêmes régions, divers experts forestiers (voir les annexes 12 et 15).

Les données recueillies sont, ici encore, obtenues à dire d’expert. Il n’existe pas de données moyennes concernant la somme consacrée à la gestion par les propriétaires. En région Centre et dans le nord-est de la France, on retient des frais de gestion variant de 10 à 40 €/ha/an en forêt publique comme en forêt privée, avec une moyenne située autour de 20 à 30 €/ha/an. Dans les Landes, la direction territoriale Sud-est de l’ONF annonce des frais de gestion de 15 à 20 €/ha/an. Un expert (O. Segouin) a cité le chiffre de 15 €/ha/an pour une gestion ordinaire en Franche-Comté, contre 20 €/ha/an pour une gestion intensive.

Assurance

L’article 1384 du code civil stipule que la responsabilité civile du propriétaire est engagée en cas de dommage causé à autrui par sa propriété ou ses employés en service. Ainsi, le propriétaire est responsable des accidents qui peuvent survenir dans sa forêt, par exemple suite à la chute de branches ou d’arbres (2006b)

10 Au choix de l’opérateur du calcul.

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31

Certains propriétaires ou syndicats de propriétaires souscrivent des assurances pour garantir leur responsabilité civile dans de telles circonstances. Le pourcentage de propriétaires ayant souscrit une assurance est évalué à 5 à 7 % (S. Couture, comm. pers.). La gamme des montants de polices d’assurance varie de 10 à 25 €/ha/an.

Loyer de la chasse

Les loyers de chasse figurent parmi les données les plus difficiles à connaître. De nombreux propriétaires omettent de déclarer ces revenus aux services fiscaux ; et sont de ce fait peu enclins à annoncer le loyer qu’ils perçoivent. Il existe donc une incertitude importante dans l’évaluation de ce paramètre.

Les organismes et experts contactés pour les frais de gestion ont également été sollicités pour l’évaluation des loyers de chasse dans leur région. Les fédérations régionales de la chasse ont aussi été contactées. En dépit de l’absence de données moyennes et synthétiques, il a été possible de récolter quelques chiffres à dire d’expert.

On remarque une forte variabilité entre les régions considérées : dans les régions du sud de la France, les associations communales ou intercommunales de chasse agréées (ACCA ou AICA) sont très répandues. Les propriétaires dont le terrain se trouve dans le territoire de l’ACCA (ou AICA) ne perçoivent pas de loyer de chasse. Le cas de la Camargue est particulier : la chasse est très prisée dans cette région, et les loyers en forêt privée peuvent atteindre 150 €/ha.

Par contre, dans le nord-est de la France et en région Centre, les loyers sont généralement de l’ordre de 30 à 50 €/ha/an en forêt privée, avec des montants extrêmes atteignant 150 €/ha/an dans certaines propriétés privées de Sologne où la gestion est orientée exclusivement à des fins cynégétiques.

Dans les cas où les loyers de chasse sont très élevés, la gestion des propriétés forestières est entièrement dédiée à la cynégétique et néglige la gestion sylvicole, car les arbres des propriétés où les opérations de chasse sont fréquentes subissent des dommages qui diminuent bien souvent leur prix de vente. Ainsi, lorsque l’on affecte un loyer de chasse d’au moins 70 €/ha/an pour le hêtre et 100 €/ha/an pour le chêne, on diminue arbitrairement les revenus bois de 90 %, afin de tenir compte de cette différence de gestion.

En forêt publique, les loyers de chasse moyens sont estimés à 20 €/ha/an en forêt domaniale et 15 €/ha/an en forêt communale, lorsque la chasse n’est pas accordée librement à l’association de chasse des habitants de la commune.

Le tableau 4 résume toutes les gammes choisies pour les différents paramètres mentionnés et les valeurs utilisées lors des analyses de sensibilité menées :

Chêne sessile Hêtre Types de dépenses et

recettes Fourchette Valeur moyenne à dire d'expert

Fourchette Valeur moyenne à dire d'expert

Fiscalité 10 à 40 €/ha/an 15 €/ha/an 10 à 40 €/ha/an 15 €/ha/an

Frais de gestion forfaitaires 10 à 40 €/ha/an 15 €/ha/an 10 à 40 €/ha/an 15 €/ha/an Assurance 10 à 25 €/ha/an 10 €/ha/an 10 à 25 €/ha/an 10 €/ha/an

Chasse 20 à 150 €/ha/an 30 €/ha/an 20 à 100 €/ha/an 30 €/ha/an

DEFI-travaux 1/4 1/4 Exonération de la taxe foncière + réduction de l'impôt sur le revenu

2/3 2/3

Tableau 4 : Synthèse des chiffres recueillis et utilisés au cours de l’analyse économique.

3.2.1.2 Les frais et revenus occasionnels Les frais occasionnels qui ont été considérés dans notre étude sont les travaux sylvicoles. Les autres

frais occasionnels qui pourraient faire partie des dépenses de la forêt n’ont pas été pris en compte : ils n’interviennent pas suffisamment fréquemment pour figurer dans un scénario standard.

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32

Les itinéraires techniques de travaux sylvicoles (ITTS) permettent de connaître les coûts des travaux sylvicoles à prendre en compte. Ces itinéraires techniques, en contexte de régénération naturelle, existent pour chacune des essences citées au paragraphe 2.2.3.3.

Dans le cas du chêne, les itinéraires de travaux figuraient dans le guide de sylviculture des chênaies atlantiques (Jarret, 2004). Pascal Jarret y présente cinq itinéraires possibles en fonction du type de station concerné : la chênaie acidicline, la chênaie acidiphile sèche, la chênaie acidiphile hydromorphe, la chênaie-charmaie des milieux riches et enfin la chênaie-hêtraie. Les ITTS des chênaies acidiphile sèche et hydromorphe étant très proches en coût, l’étude sur le chêne a envisagé quatre ITTS possibles (voir annexe 13). Voici les coûts totaux de chacun des ITTS :

Station Durée totale Coût total

(sans application du DEFI-travaux)

Chênaie acidicline 16 ans 1700 €/ha Chênaie acidiphile sèche ou hydromorphe 20 ans 2460 €/ha Chênaie-charmaie des milieux riches 18 ans 2260 €/ha Chênaie-hêtraie 18 ans 2780 €/ha Tableau 5 : Durée et coût total des itinéraires de travaux sylvicoles prévus pour le chêne.

Un seul itinéraire de travaux a été retenu pour le hêtre. Il s’agit d’un itinéraire issu d’un document de travail de la direction territoriale de l’ONF Lorraine. Cet itinéraire a une durée totale de 35 ans (date de la désignation des tiges objectif, qui n’est pas prévue dans les ITTS du chêne sessile) et un coût total de 2423 €/ha.

Les études ont été conduites en incluant la possibilité de prendre en compte le « DEFI-travaux ». Il s’agit d’un dispositif d’encouragement fiscal à l’investissement forestier, qui prévoit un abattement de l’impôt sur le revenu égal au quart du montant des travaux réalisé. Le montant de l’abattement est plafonné, et cette mesure est soumise à un seuil minimal de surface qui rend rare son application.

Certaines aides publiques n’ont pas été prises en compte, car leur application reste marginale : boisement, reboisement, conversion en futaie feuillue par régénération naturelle, amélioration des peuplements existants, équipement, aide à la gestion. Les aides au titre de Natura 2000 liées aux pratiques étudiées (création d’îlots de vieillissement) peuvent être incluses dans les études. Elles compensent le manque à gagner, lequel se calcule selon la formule (26), où R est la valeur de consommation des arbres à la date de création de l’îlot, Fs la valeur du fonds pour la surface considérée, et t le taux d’actualisation (Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable et Ministère de l'Agriculture, de la Pêche et de la Ruralité, 2004) :

( )

+−×+=

30)1(

11

tFRM s (20)

Les seuls revenus occasionnels sont donc liés aux ventes de bois. Les ventes suivent l’échéancier de coupes prévu par l’itinéraire sylvicole choisi.

À ces revenus bois peuvent être associés les frais de gestion d’usage en forêt privée, qui sont prélevés par les experts ou coopératives suivant un pourcentage de la recette réalisée sur la vente des bois. D’après les experts consultés, le pourcentage prélevé en de telles occasions est de l’ordre de 7 à 8 % des recettes de bois.

3.2.2 Valeur du fonds forestier (selon la fertilité et le type de peuplement)

La valeur du fonds forestier est une donnée capitale pour les calculs réalisés : c’est à cette valeur que le BASI doit être égal, c’est donc elle qui détermine le taux d’actualisation, et influe à son tour sur les différences de BASI observées, lesquelles sont interprétées comme le coût de la mise en place des pratiques en faveur de la biodiversité.

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Les valeurs de fonds sont des données que l’on peut calculer ou estimer à partir des ventes de forêt. Lorsqu’une vente de forêt a lieu, on n’a pas accès directement à la valeur du fonds seule. En effet, la valeur vénale des forêts correspond à la somme du fonds et de la superficie (valeur des arbres sur pied). Il n’existe pas de statistiques régionales permettant de connaître la valeur des fonds forestiers. Toutefois, les SAFER (Société d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural) sont des organismes intervenant sur le marché foncier rural et leurs antennes régionales ont été contactées pour l’obtention de valeurs de fonds à dire d’expert.

La valeur du fonds est assez variable selon les régions considérées. En effet, elle dépend à la fois de la fertilité du terrain et de la pression foncière, qui est fonction du niveau d’urbanisation local. C’est ainsi que les fonds forestiers sur le pourtour méditerranéen concernent des terres pauvres, mais atteignent des prix aussi élevés que des terres fertiles d’autres régions en raison de la pression démographique qui s’exerce sur les terrains à vendre. On obtient les valeurs de fonds suivantes par région :

Essence concernée

Région Source des données Fiabilité Valeur min Valeur Max

Hêtre Lorraine J. BAUDEQUIN SAFER Lorraine

Dire d'expert 700 €/ha 1500 €/ha

Chêne Centre M. LAPORTE CRPF Centre

Dire d'expert 1000 €/ha 1500 €/ha

Pin Maritime Aquitaine O. SEGOUIN

Expert forestier Dire d'expert 1000 €/ha 1200 €/ha

Sapin – Epicéa Rhône-Alpes M. GAILLET SAFER Rh-A

Dire d'expert <500 €/ha

(Méditerranée faible potentiel)

800 €/ha (montagne)

Sapin – Epicéa Franche-Comté

(Jura) S. BARABAS SAFER Fr-C

Dire d'expert 450 €/ha 1100 €/ha

Pin d'Alep PACA M. BRUCIAMACCHIE

LEF Nancy Dire d'expert 700 €/ha 1400 €/ha

Douglas Beaujolais M. GAILLET SAFER Rh-A

Dire d'expert 1000 €/ha

Tableau 6 : Valeurs du fonds forestier par région.

Les itinéraires sylvicoles du hêtre sont prévus pour une fertilité moyenne ou forte. Pour tenir compte de l’absence de scénario pour une fertilité faible, les valeurs du fonds choisies ont exclu les valeurs les plus basses de la gamme proposée pour ne varier que de 900 à 1500 €/ha. Pour le chêne, trois itinéraires sylvicoles sont proposés selon trois fertilités. Les valeurs de fonds adoptées ont donc été les suivantes :

— 1000 €/ha pour une fertilité faible (hauteur dominante de 22.5 m à 100 ans), — 1250 €/ha pour une fertilité moyenne (hauteur dominante de 27.5 m à 100 ans), — 1500 €/ha pour une fertilité haute (hauteur dominante de 32.5 m à 100 ans).

3.3 Données concernant la filière bois

3.3.1 Prix de vente du bois d’œuvre

3.3.1.1 L’utilisation de deux types de gammes de prix Pour l’évaluation des pratiques choisies, la prise en compte de la plus-value liée aux gros diamètres est un facteur primordial afin de ne pas biaiser l’étude en affectant un handicap au scénario favorisant l’obtention de gros bois par retard de l’exploitation sur une parcelle ou un îlot. Cette plus-value sur les gros diamètres est encore plus marquée pour les arbres de bonne qualité. La distinction des prix de vente par catégorie de diamètre (petit bois, bois moyen, gros bois et très gros bois) et par qualité est donc nécessaire pour améliorer la justesse de l’évaluation. Toutefois, les prix de vente par catégorie de diamètre et par qualité sont plus difficiles à recueillir que des prix par catégorie de diamètre, toutes qualités confondues.

Les deux approches ont donc été envisagées dans les calculs : — une approche basée sur des prix de vente par catégorie de diamètre uniquement, — une approche prenant en compte des prix de vente par catégorie de diamètre et par qualité, à

combiner aux proportions en volume de chaque qualité par catégorie de diamètre.

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3.3.1.2 Recueil des prix de vente

� Cas du chêne sessile

Plusieurs gammes de prix de vente par catégories de diamètre ont été recueillies : — Certains prix de vente sont publiés dans des revues : les prix de vente par essence observés aux

grandes ventes d’automne sont publiés annuellement par l’ONF dans la revue forestière française. La revue Forêt Privée publie également des prix de vente par essence, cependant ces prix sont déclinés par types d’utilisation des bois, ce qui rend plus difficile leur transposition en une gamme de prix par catégorie de diamètre.

— Les experts forestiers ou les directions territoriales de l’ONF des régions concernées par les études possèdent également des gammes de prix de référence. Ces sources d’information sont plus précises que les chiffres publiés dans les revues car ils retracent une réalité locale, cependant, ils ne traduisent pas le cours de l’essence au niveau national.

Comme nous avions l’occasion de disposer de prix utilisés par les experts forestiers et les aménagistes de l’ONF, nous avons utilisé ces prix de vente « à dire d’expert », qui reflètent sans doute mieux les prix en vigueur en région Centre que les moyennes publiées dans la revue forestière française. Les prix de vente rassemblés et utilisés dans les analyses figurent dans le tableau suivant :

Prix par catégories de diamètre (€/m3)

Qualité C – experts (Source : M.

Bruciamacchie, CP)

Qualité B – experts (Source : M.

Bruciamacchie, CP)

Qualité B - Jarret (Source : P. Jarret,

CP)

Chiffres 2007 (Source : P. Jarret,

CP)

PB (20 et 25) 7.5 7.5 6.5 15 BM (30, 35, 40, 45) 23 129 44 56 GB (50, 55) 42 236 120 200 TGB (60 et plus) 74 301 281 300

Tableau 7 : Gammes de prix de vente utilisées lors des analyses économiques portant sur le chêne sessile.

Pour les évaluations présentées en quatrième partie du rapport, nous choisirons d’utiliser la gamme « chiffres 2007 », gamme de prix en vigueur dans les aménagements 2008 de l’ONF (Jarret, comm. pers.).

L’obtention de gammes de prix de vente par qualité et par catégorie de diamètre s’est révélée plus difficile. La gamme de prix qui a été utilisée pour le chêne est issue de données recueillies à dire d’expert et nuancée par des approximations fondées sur les cours des bois en vigueur à la direction territoriale de l’ONF :

Prix de vente par qualité (€/m3) PB BM GB TGB A 10 138 343 427 B 7.5 129 236 301 C 7.5 23 42 74 D 2 3.5 3.2 3

Tableau 8 : Prix de vente pour le chêne par qualité et catégorie de diamètre.

� Cas du hêtre

Pour le hêtre, nous n’avons pu distinguer les prix de vente selon les qualités par manque de données. La distinction par qualité est moins importante pour le hêtre que pour le chêne, puisque le prix de vente du chêne est réputé plus sensible à la qualité des billons. Par ailleurs, le cours du hêtre depuis la tempête de décembre 1999 a beaucoup fluctué, ce qui nous a conduits à ne pas utiliser les moyennes réalisées sur les dix dernières années pour les chiffres des grandes ventes d’automne en forêt publique. Nous avons donc uniquement utilisé les prix communiqués à dire d’expert par M. Bruciamacchie (comm. pers.) qui figurent dans le tableau 9.

Prix par catégories de diamètre (€/m3)

Qualité C (Source : M. Bruciamacchie, CP)

Qualité B (Source : M. Bruciamacchie, CP)

PB (20 et 25) 7.5 7.5 BM (30, 35, 40, 45) 22 53 GB (50, 55) 40 130 TGB (60 et plus) 46 152

Tableau 9 : Gammes de prix de vente utilisées lors des analyses économiques portant sur le hêtre.

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3.3.1.3 Évaluation de la proportion des qualités A, B, C et D par catégories de diamètre L’utilisation d’une gamme de prix de vente déclinés par qualité nécessite de connaître la proportion de qualité A, B, C et D par catégorie de diamètre (petit bois, bois moyen, gros bois et très gros bois). Dans le cas du chêne, les proportions ont été attribuées à dire d’expert, et validées par P. Jarret (ONF, direction territoriale centre-ouest). L’objectif de l’utilisation de cette méthode (distinguant les qualités) étant d’affecter un prix plus favorable aux bois de gros diamètre et de bonne qualité, le contexte optimiste d’un peuplement à fort taux de qualité A et B a volontairement été choisi. Cette hypothèse suit la philosophie du guide de sylviculture qui préconise la création de parcelles labels dans des peuplements de haute qualité, susceptibles d’atteindre des prix de vente élevés justifiant l’allongement de l’âge d’exploitabilité. Pour des peuplements de plus faible qualité, les prix de vente étant moins importants, ils risquent de ne pas compenser la perte liée à l’allongement de l’âge d’exploitabilité. Voici la proportion de chaque qualité retenue par catégorie de bois :

Proportion de qualité PB BM GB TGB A 0 % 5 % 10 % 15 % B 5 % 25 % 25 % 25 % C 55 % 50 % 50 % 50 % D 40 % 20 % 15 % 10 %

Tableau 10 : Proportion des différentes qualités par catégorie de bois pour le chêne sessile (attention, hypothèse fortement optimiste)

3.3.2 Prix de vente du bois énergie

Le bois énergie intervient dans l’évaluation économique du maintien des menus bois et branches dans les parcelles. Le prix de vente des houppiers a été évalué par consultation de différents experts. Il varie entre 5 et 15 €/m3 sur pied, selon la région considérée, avec une moyenne à dire d’expert située à 7 €/m3 environ.

3.4 Données écologiques concernant la réaction des sols au prélèvement des rémanents Les données relatives à l’impact du prélèvement des rémanents sur les stocks d’éléments minéraux du sol et l’incidence de baisses éventuelles de la fertilité suite à des diminutions d’éléments minéraux disponibles sont très rares. Ce manque de données quantitatives s’explique par l’impossibilité de mener des études précises en l’absence de réseaux de placettes permanentes permettant de suivre l’évolution de la fertilité pour différents scénarii de récolte des rémanents. Les seules études qui s’y rapportent mentionnent uniquement l’éventualité d’une baisse de fertilité suite à une surexploitation des rémanents d’exploitation (une surexploitation est à craindre lorsque l’on dépasse une à deux récoltes par cycle de peuplement sur des stations de sensibilité moyenne à faible) sans quantifier la baisse attendue (Cacot et al., 2007, Cacot et al., 2003, Cacot et al., 2005).

� Niveaux de prélèvement

Les volumes de rémanents sont calculés à partir des volumes éclaircis issus des simulations de Capsis, en utilisant les coefficients d’expansion (coefficients Carbofor/IFN) en futaie régulière utilisés par C. Ginisty et P. Vallet dans l’étude Biomasse (Ginisty et al., 2007). Ces coefficients permettent de calculer, à partir du volume bois fort, le volume de menus bois et branches. On soustrait ensuite à ce volume le volume correspondant aux branches et rameaux de moins de 7 cm de diamètre. Pour les feuillus, on effectue le calcul suivant :

Proportion de bois énergie pour un volume donné de bois d'œuvre

Essences Feuillus (hors feuillus tendres) Coefficient d'expansion 1.50

V total pour 1 m3 bois fort récolté 1.50 m3 V total bois fort (diamètre > 7 cm : 90 % du volume total) 1.35 m3

V bois fort en surplus pour 1 m3 récolté 0.35 m3 Tableau 11 : Méthode de calcul du volume de menus bois et branches à partir des coefficients d’expansion.

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Pour les résineux, le même calcul s’applique avec un coefficient d’expansion de 1.33 en futaie régulière (Carbofor/IFN).

Lorsque plusieurs récoltes de rémanents interviennent au cours d’un cycle sylvicole, ces récoltes sont espacées le plus possible selon les préconisations du guide pratique sur la récolte raisonnée des rémanents en forêt (Cacot et al., 2005). Les récoltes interviennent donc à la première et la dernière éclaircie, ainsi que lors d’une éclaircie intermédiaire la plus espacée possible des deux autres récoltes.

� Niveaux de fertilisation

Les mêmes études précisent les quantités de fertilisation à apporter pour compenser les exportations liées à une valorisation des rémanents sous forme de bois-énergie :

— des amendements calco-magnésiens de 3 à 4 tonnes/ha suffisent en général pour compenser les exportations sur sols très sensibles,

— des apports de super-phosphate entre 80 et 100 kg/ha peuvent également être nécessaires pour certains peuplements,

— les fertilisations azotées n’apparaissent pas nécessaires dans ces études.

Les fertilisations sont extrêmement rares à l’heure actuelle. Toutefois, si l’on souhaite développer la filière bois énergie, elles pourront apparaître comme inévitables, c’est pourquoi nous avons choisi d’en tenir compte lors des évaluations économiques.

Nous avons choisi deux niveaux de fertilisation calco-magnésienne possible :

— une fertilisation moyenne de 1,5 tonne par hectare, dont le coût est fixé à 100 €/ha, — une fertilisation forte de 3,5 tonnes par hectare, coûtant 150 €/ha.

Les scénarii de récolte/amendement ou récolte/baisse de fertilité envisagés dans cette étude figurent

en annexes 4 et 5. Ils ont été soumis à la validation d’E. Cacot. Bien qu’en grande partie hypothétiques, ces scénarii ne sont pas incohérents avec la réalité constatée. Toutefois, ils sont à considérer avec réserve, en raison de la forte incertitude qui pèse sur les hypothèses qui les régissent.

Une fois les données et les méthodes économiques présentées, nous pouvons passer aux résultats de l’évaluation économique qui a été réalisée pour chaque pratique définie en seconde partie du mémoire.

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4 Évaluation du coût des pratiques sélectionnées Les résultats sont présentés par pratique favorable à la biodiversité, puis selon le contexte d’étude (essence considérée). Une rapide interprétation en est faite, et une analyse de sensibilité est conduite pour les paramètres qui le nécessitent.

Avant toute chose, il convient de rappeler de ne pas prendre ces chiffres à la lettre : le coût d’une pratique dépend du contexte stationnel et économique dans lequel elle est adoptée, puisque son coût est lié à la croissance du peuplement (fonction du contexte stationnel) et aux prix des produits (contexte économique : les prix de vente des bois diffèrent entre régions et les propriétés suivant différents critères, comme l’accessibilité par exemple). Il est donc impossible de donner le coût global d’une pratique (sur l’ensemble des propriétés, ou pour une propriété moyenne). Quand bien même on connaîtrait le coût pour une propriété aux caractéristiques moyennes, cela resterait un coût moyen spécifique au contexte régional de la propriété en question. Nous présentons ici une estimation à partir de données à dire d’expert de cette moyenne, sachant que la variation autour de la moyenne peut être forte.

4.1 L’allongement de 50 % de l’âge d’exploitabilité par parcelles entières ou îlots permanents de vieillissement – modalité IV1 (chêne uniquement)

P.m. : la méthode économique employée pour chiffrer le coût de ces deux pratiques est la même, puisque l’on considère que l’îlot de vieillissement est une « mini-parcelle label ».

4.1.1 Cas des parcelles labels

4.1.1.1 Paramètres et résultats

Paramètres choisis pour la modélisation du scénario

Avec l’outil Excel développé, une multitude de résultats différents peut être obtenue selon valeurs choisies par l’opérateur pour les paramètres suivants :

— la fertilité de la station, — la valeur du fonds, — l’itinéraire d’allongement, — l’itinéraire de travaux, — l’application du DEFI-travaux, — la souscription d’une assurance et le montant concerné, — le type de frais de gestion (montant forfaitaire ou pourcentage des ventes) et le montant des frais

forfaitaires ou du pourcentage à prélever sur les ventes de bois, — l’application de l’exonération de la taxe foncière et de la réduction de l’impôt sur le revenu, — le montant total forfaitaire des taxes appliquées, — l’application de l’aide Natura 2000, — le choix de la gamme des prix de vente de bois et la prise en compte de la qualité.

Les résultats présentés ici ont été obtenus avec les paramètres suivants :

— l’itinéraire de travaux correspond au cas d’une chênaie acidiphile (sèche ou hydromorphe), — l’assurance n’a pas été prise en compte (seules 5 à 7 % des propriétés privées sont assurées), — les frais de gestion ont été fixés à 15 €/ha/an forfaitaires, — l’application du DEFI-travaux n’a pas été prise en compte, — l’exonération de la taxe foncière et la réduction de l’impôt sur le revenu n’ont pas été appliquées, — le montant des taxes fiscales est fixé à 15 €/ha/an, — l’aide Natura 2000, possible dans le cas des îlots de vieillissement, n’a pas été prise en compte

(En effet, le cas où la propriété forestière est en zone Natura 2000 n’est pas un cas général. Cette aide sera prise en compte pour l’étude des modalités IV2a et IV2b des îlots de vieillissement).

— la gamme de prix choisie est celle de 2007 (prix moyens toutes qualités confondues).

Pour la simulation dont les résultats sont présentés au prochain paragraphe, on peut faire varier :

— la fertilité, — le fonds, — l’itinéraire d’allongement.

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Il faut garder à l’esprit que la valeur du fonds est liée à la fertilité du terrain. Ainsi, une bonne fertilité (fertilité 1, avec H0 = 32,5 m à 100 ans) devrait correspondre à des fonds à 1500 ou 1250 €/ha, alors qu’une fertilité basse (fertilité 3, avec H0 = 22,5 m à 100 ans) devrait correspondre à des fonds à 1000 voire 1250 €/ha. Toutefois, pour cet exercice, il est intéressant de voir comment évolue le coût selon les paramètres du scénario choisi, et toutes les possibilités sont envisagées. Les scénarii peu probables sont en grisé dans le tableau 12.

Résultats

Le calcul est réalisé sur l’outil développé sous Excel, selon le principe suivant : on affecte à la cellule de calcul du BASI de l’itinéraire ordinaire la valeur du fonds grâce à l’outil « solveur », qui calcule alors la valeur du taux d’actualisation nécessaire à l’égalisation du BASI et du fonds. Le taux ainsi obtenu est conservé pour calculer ensuite le BASI de l’itinéraire allongé.

COMPARAISON DES BASI

Fertilité 1 Fertilité 2 Fertilité 3

Taux 3.14% 2.70% 2.27%

∆BASI -1574 -1358 -906 Pardé

ACE -49 -37 -21 Taux 3.14% 2.70% 2.27%

∆BASI -1412 -1642 -1093

Fonds = 1000 €

Jarret

ACE -44 -44 -25

Taux 3.07% 2.64% 2.22%

∆BASI -1710 -1467 -965 Pardé

ACE -52 -39 -21

Taux 3.07% 2.64% 2.22%

∆BASI -1533 -1768 -1165

Fonds = 1250 €

Jarret

ACE -47 -47 -26

Taux 3.00% 2.58% 2.17%

∆BASI -1843 -1573 -1020 Pardé

ACE -55 -41 -22

Taux 3.00% 2.58% 2.17%

∆BASI -1651 -1890 -1234

Fonds = 1500 €

Jarret

ACE -50 -49 -27

Tableau 12 : Coût à l’hectare de l’allongement de l’âge d’exploitabilité selon la fertilité, la valeur du fonds considérée et l’itinéraire d’allongement.

Les cases grisées correspondent aux cas peu probables de couples fertilité-fonds.

Le tableau 11 présente les résultats obtenus, c’est-à-dire le taux d’actualisation (ce taux est donc commun aux deux BASI calculés), la différence des BASI observée (∆BASI = BASIordinaire – BASIbiodiversité) soit le coût total de la pratique (interprété comme la baisse de valeur du fonds forestier lorsque le terrain produit moins suite à la mise en place de la pratique), ainsi que l’annuité constante équivalente, soit le coût annuel de la pratique.

Les taux d’actualisation obtenus dans nos simulations sont supérieurs à ceux obtenus habituellement en chênaie (inférieurs à 2 % selon J.L. Peyron, comm. pers.).

Dans de nombreux cas, la différence des BASI dépasse la valeur du fonds, ce qui signifie que le BASI de l’itinéraire avec pratique en faveur de la biodiversité est négatif. Cela traduit une non-rentabilité de la sylviculture (on perd de l’argent si l’on exploite le bois) dans les parcelles labels. Les évaluations des coûts qui avaient pu être menées jusqu’à maintenant prenaient en compte des calculs à la marge sur le BASI, c'est-à-dire en faisant varier légèrement les paramètres des scénarii, ce qui explique les faibles coûts retenus jusqu’à présent pour l’application des pratiques.

On s’aperçoit que l’application de la pratique favorable à la biodiversité coûte :

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39

- 21 €/ha/an, soit 90 % de la valeur du fonds en fertilité basse, avec un fonds de 1000 €/ha, en itinéraire d’allongement « Pardé »,

- 55 €/ha/an, soit 123 % de la valeur du fonds en fertilité haute, avec un fonds de 1500 €/ha, en itinéraire d’allongement « Pardé ».

Les chiffres en rouge dans le tableau sont les différences de BASI les plus fortes pour une même valeur de fonds entre les deux itinéraires allongés. En haute fertilité, l’itinéraire d’allongement « Pardé » est celui qui présente le coût le plus important. Pour les autres fertilités, cette relation s’inverse : c’est l’itinéraire « Jarret » qui rend la pratique la plus coûteuse. Cette inversion s’explique par la différence des itinéraires sylvicoles suivis lors de la simulation.

L’itinéraire d’allongement Jarret en fertilité 2 présente un défaut de simulation, ce qui le rend légèrement plus coûteux que l’itinéraire d’allongement Jarret en fertilité 1. Ce défaut sera l’une des premières corrections à apporter au scénario présenté.

Le coût de la pratique augmente avec les fertilités hautes et avec la valeur du fonds. Les propriétés à valeur de fonds élevée, dont les peuplements sont fertiles, ont une meilleure productivité : on peut penser que l’application d’une contrainte à la gestion (pratique favorable à la biodiversité) pénalise davantage ces propriétés que celles dont la productivité est faible.

4.1.1.2 Analyse de sensibilité

Paramètres sujets à l’analyse de sensibilité

Nous avons souhaité voir l’impact des différents paramètres des scénarii évalués sur le coût des pratiques en faveur de la biodiversité. Cela ne permet pas de vérifier la fiabilité des valeurs proposées pour les paramètres, mais de définir leur influence plus ou moins forte sur le résultat.

Les frais fixes ne sont pas sujets à l’analyse de sensibilité, comme nous l’avons vu au paragraphe 2.4. En effet, comme ils sont pris en compte aux mêmes échéances dans les deux itinéraires comparés, ils n’interviennent pas sur la différence de BASI, qui reste inchangée quelle que soit la valeur affectée au paramètre.

Les paramètres sur lesquels il est souhaitable de conduire une analyse de sensibilité sont donc ceux qui génèrent des recettes ou dépenses différentes entre les deux itinéraires comparés :

— les gammes de prix utilisées, et la prise en compte ou non de la qualité, — le type de fertilité et la valeur du fonds associée, — la location de la chasse. Il s’agit d’un frais fixe particulier, car les gammes de valeur atteintes

sont très larges (20 à 150 €/ha/an pour la région Centre). Il est donc souhaitable de conduire une analyse de sensibilité sur ce paramètre, en prenant en compte le fait que, lorsque le loyer de chasse est très élevé, cela implique une telle pression cynégétique et une telle intensité de tir en forêt que les revenus bois sont très diminués. Il faut donc prendre en compte ce moindre revenu11, en même temps que l’on augmente le loyer de la chasse, ce qui conduit à comparer deux sylvicultures différentes12. Ceci implique que l’on n’utilise pas le même taux pour les deux allongements à comparer. Le loyer de la chasse est le seul paramètre dont l’analyse nécessite l’utilisation d’un taux différent.

— la durée d’allongement de l’âge d’exploitabilité. Il s’agit d’un paramètre primordial pour cette étude, car on pourrait s’apercevoir que l’allongement de l’âge d’exploitabilité est optimal (c'est-à-dire que la perte est la plus faible des pertes rencontrées) pour un âge donné, cet âge serait alors celui à conseiller pour la mise en place de la pratique en faveur de la biodiversité.

Lorsque l’on conduit l’analyse de sensibilité sur un paramètre, les autres paramètres ne varient pas

(sauf dans le cas d’une analyse de sensibilité conjointe, par exemple lorsque la valeur du fonds varie en même temps que la fertilité). Le taux d’actualisation reste constant, pour permettre des comparaisons entre les résultats (sauf dans le cas du loyer de chasse, comme on vient de le voir). Les valeurs fixées pour les paramètres ne subissant pas l’analyse sont les suivantes :

11 On simule un revenu bois diminué de 90 % par rapport au revenu ordinaire. 12 On peut aussi voir cela comme la comparaison de deux propriétés différentes sur lesquelles le loyer de chasse n’est pas le même.

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Rappel des paramètres choisis

Frais de gestion 15 €/ha/an Location chasse 30 €/ha/an Exonération TF Non Prise en compte qualité Non

Fiscalité 15 €/ha/an Prix de vente Chiffres 2007

Assurance Non Fonds 1250 €/ha

ITTS Chênaie acidiphile Fertilité 2

Prise en compte DEFI-travaux Non Itinéraire d’allongement Pardé

Aides publiques Non Tableau 13 : Paramètres choisis pour l’analyse de sensibilité (invariants, sauf si l’analyse les concerne)

Résultats

� Influence du prix de vente des bois

Quatre gammes de prix de vente distinguées par catégorie de bois (petit bois, bois moyen, gros bois et très gros bois) ont été utilisées. Il s’agit des « Chiffres 2007 », « Qualité B – Jarret », « Qualité B – experts », et « Qualité C – experts ». Une cinquième gamme, prenant en plus en compte la qualité des bois, figure également dans l’analyse sous l’appellation « qualité » (cf paragraphe 3.3.1.2).

L’affectation de prix de vente faibles (gamme « C experts ») rend moins coûteuse la pratique en faveur de la biodiversité (les différences de BASI sont moindres, donc le BASIbiodiversité est plus proche du BASIordinaire) : le coût varie de 152 % à 28 % de la valeur du fonds. Cela s’explique par l’actualisation des sommes mises en jeu : les recettes, et notamment celles des coupes finales, sont les éléments qui devraient influer positivement sur le BASI de l’itinéraire allongé. Or, elles interviennent tard dans l’échéancier, ce qui diminue fortement leur valeur (par exemple, 50 000 € reçus dans 180 ans ont une valeur actualisée de seulement 587 € si le taux d’actualisation est de 2.5% !).

Ainsi donc, plus les recettes interviennent tard, moins elles sont prises en compte. Pour un itinéraire ordinaire, les grosses recettes (dernières éclaircies et coupes de régénération) interviennent entre 120 et 200 ans. Par contre, pour les itinéraires à âge d’exploitabilité allongé, ces mêmes recettes importantes interviennent quelques 100 ans plus tard, ce qui rend leur valeur actualisée beaucoup plus faible que dans le cas de l’itinéraire ordinaire, malgré le fait que les volumes exploités en itinéraire allongé soient plus forts et occasionnent des recettes de coupe plus élevées.

Donc, pour l’itinéraire ordinaire, la valeur du BASI est d’autant plus forte que le prix de vente est

élevé. Par contre, en itinéraire allongé, l’actualisation ralentit la hausse du BASI, dont la valeur n’augmente que très légèrement avec le prix de vente.

En conséquence :

— pour un prix de vente élevé, on soustrait au BASIordinaire très élevé un BASIallongé peu élevé, d’où une forte différence,

— pour un prix de vente moins élevé, on soustrait au BASIordinaire relativement faible un BASIallongé

peu élevé, d’où une moindre différence.

Influence du prix de vente des bois sur la perte en BASI causée par un allongement de l'âge d'exploitabilité

-2000

-1800

-1600

-1400

-1200

-1000

-800

-600

-400

-200

0

2007 B Jarret B experts C experts qualité

Perte en BASI

Graphe 1 : Influence de la gamme de prix de vente du bois d’œuvre utilisée sur le coût de l’allongement d’âge d’exploitabilité.

Taux d’actualisation : 2,64 %

Page 49: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

41

Lorsque l’on effectue les calculs en répartissant le volume exploité dans les différentes gammes de qualité, on affine le calcul : les coûts observés sont a priori plus réalistes. Les niveaux de qualité utilisés sont détaillés au paragraphe 3.3.1.3.

On remarque que, compte tenu de la

gamme des pourcentages de qualité adoptée, le coût de l’allongement de l’âge d’exploitabilité est moindre que lorsque l’on adopte des prix correspondant à une qualité B moyenne pour tout le volume exploité.

Ce résultat permet de nuancer le

raisonnement parfois tenu lors de la création d’îlots de vieillissement ou de parcelles labels, qui veut que l’on concentre l’allongement d’âge d’exploitabilité sur des peuplements de haute qualité, dont le prix de

vente plus élevé permettrait de compenser le retard des recettes. Nous discuterons de ce point dans en cinquième partie.

� Influence du loyer de la chasse L’analyse de sensibilité conduite sur le loyer de la chasse est

réalisée selon les modalités suivantes : on passe d’un loyer de chasse de 30 €/ha/an, avec recettes des ventes de bois maintenues à la normale, à un loyer de 150 €/ha/an, avec des recettes de bois valant seulement 10 % de leur montant normal.

Il ne s’agit donc plus d’une analyse de sensibilité sur le seul loyer de chasse (paramètre qui rentre dans la catégorie des revenus fixes, donc n’influe pas sur le coût de la pratique favorable à la biodiversité), mais bien de la comparaison de deux gestions différentes : l’une favorisant la gestion sylvicole, l’autre la gestion cynégétique.

Il est très logique que la perte en BASI soit beaucoup plus

forte quand la chasse est faible et les revenus bois élevés, car l’allongement de l’âge d’exploitabilité diminue les revenus bois et n’a pas d’incidence sur les revenus de la chasse (donc quand les revenus bois comptent peu dans le revenu global de la forêt, les diminuer a très peu d’incidence sur le revenu du propriétaire).

Ce résultat est intéressant, cependant, il s’agit d’un cas particulier très rare : très peu de propriétés bénéficient d’un tel loyer de chasse. Cette valeur extrême a été choisie pour illustrer la tendance observée, mais le prix de la location de chasse choisi pour le reste des analyses reste 30 €/ha/an.

Influence de la gamme de prix utilisée sur les diff érences de BASI observées pour des itinéraires d'allongement P ardé, en

fonction de la fertilité considérée

-2500

-2000

-1500

-1000

-500

0

F1 F2 F3

Fertilités

Diff

éren

ces

de B

AS

I

Prix 2007 - Pardé

Prix B Jarret - Pardé

Prix B experts - Pardé

Prix C experts - Pardé

Prix selon qualité - Pardé

Graphe 2 : Influence de la gamme de prix utilisée sur le coût de l’allongement d’âge d’exploitabilité pour les itinéraires allongés

Pardé, selon le couple fertilité-fonds. Taux d’actualisation : 2,64 %

Influence de la valeur de la location de chasse sur la perte en BASI causée

par un allongement de l'âge d'exploitabilité

-1600

-1400

-1200

-1000

-800

-600

-400

-200

0

30 150+baisse RB

Location de chasse

Perte en BASI

Graphe 3 : Influence du loyer de chasse sur le coût de l’allongement de l’âge

d’exploitabilité

Influence de la valeur de la location de chasse sur la perte en BASI causée

par un allongement de l'âge d'exploitabilité

-1600

-1400

-1200

-1000

-800

-600

-400

-200

0

30 150+baisse RB

Location de chasse

Perte en BASI

Graphe 3 : Influence du loyer de chasse sur le coût de l’allongement de l’âge

d’exploitabilité Taux d’actualisation : 2,64 % pour un loyer

à 30 €/ha/an, 4,38 % pour un loyer à 150 €/ha/an.

Page 50: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

42

� Influence de la valeur du fonds forestier et de la fertilité

Le coût augmente avec les fertilités hautes et les fortes valeurs de fonds. Le même raisonnement que celui tenu pour l’analyse sur les prix de vente utilisés peut être appliqué ici : lorsque l’itinéraire ordinaire est moins productif, donc moins rentable, le fait de l’allonger est moins défavorable que si les revenus de l’itinéraire ordinaire étaient élevés.

En effet, l’âge d’exploitabilité ordinaire augmente lorsque la fertilité diminue : on a donc à la fois des itinéraires moins productifs et plus longs. L’actualisation des dépenses et recettes pénalise ces itinéraires moins fertiles, car les recettes et dépenses sont à plus lointaine échéance.

� Influence de la durée d’allongement de l’âge d’exploitabilité

Les graphes présentés ci-dessus ont été obtenus en réalisant un allongement progressif de l’âge d’exploitabilité par pas de 9 à 12 ans13. Cet allongement a nécessité l’adaptation de l’itinéraire sylvicole de la fertilité considérée pour chaque âge d’exploitabilité possible. Pour cette simulation, c’est l’itinéraire « Pardé » en fertilité 1 qui a été utilisé, avec un fonds à 1250 €/ha. Les allongements ont suivi une logique commune permettant la comparaison des scénarii, toutefois, on remarque un décalage entre l’itinéraire à âge d’exploitabilité de 264 ans et le dernier. Ce décalage est dû à une simulation légèrement différente entre les itinéraires de 198 à 264 ans et le dernier itinéraire. Cela fera partie des éléments à améliorer au cours de la poursuite de l’étude.

On remarque que le coût de l’allongement de l’âge d’exploitabilité des peuplements augmente régulièrement avec l’âge allongé final, ce qui suggère qu’on s’éloigne progressivement de l’âge optimal d’exploitabilité.

13 La simulation sous Capsis nécessite d’utiliser pour les âges des multiples de 3, le pas de simulation étant de 3 ans.

Influence de la valeur du fonds forestier (dépendant de la fertilité de la station) sur la perte en BASI causée par

un allongement de l'âge d'exploitabilité

-2000

-1800

-1600

-1400

-1200

-1000

-800

-600

-400

-200

0

F1 + 1500 F2 + 1250 F3 + 1000

Fertilité et fonds

Per

te e

n B

AS

I

Fertilité et fonds

Graphe 4 : Influence du couple fonds/fertilité sur le coût de l’allongement d’âge d’exploitabilité.

Taux d’actualisation : 2,64 %

Influence de la durée d'allongement de l'âge d'exploitabilité sur l'annuité constante équivalente à la

perte en BASI

-35

-30

-25

-20

-15

-10

-5

0

198 210 222 234 249 264 270

âge d'exploitabilité allongé

ACE (€/ha/an)F1Pardé

Influence de la durée d'allongement de l'âge d'exploitabilité sur la perte en BASI

-1300

-1200

-1100

-1000

-900

-800

-700

-600

-500

-400

-300

-200

-100

0

198 210 222 234 249 264 270

âge d'exploitabilité allongé

Perte en BASI (€/ha) F1Pardé

Graphe 5 a et b: Influence de la durée d’allongement de l’âge d’exploitabilité sur les coûts total et annuel de la pratique.

Page 51: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

43

4.1.2 Cas des îlots permanents de vieillissement (allongement de moitié de l’âge d’exploitabilité -

modalité IV1 : îlot perpétué au même emplacement)

Pour transposer le calcul réalisé sur l’allongement de l’âge d’exploitabilité pour des parcelles labels au cas d’îlots (IV1), il suffit de multiplier les résultats (obtenus par hectare) par la surface de l’îlot considéré. Par exemple, en fertilité 2 sur un fonds à 1250 €/ha, le coût total d’un îlot de 2 ha est de 2934 €.

Dans ce calcul, on néglige le coût qui incombe au propriétaire du fait de la séparation de la parcelle en deux sous-unités de gestion (l’îlot, et le reste de la parcelle). En effet, sur une partie de la parcelle, c’est l’itinéraire normal qui est suivi à l’infini. Sur l’îlot, on crée une sous-unité de gestion sur laquelle c’est l’itinéraire allongé qui est suivi, il y aura donc un décalage entre les dates d’intervention sur les deux sous-unités. Il est délicat de chiffrer le surcoût de gestion lié à cette division de la parcelle, c’est pourquoi l’on suppose que le propriétaire essaye de grouper les interventions autant que possible sur les deux sous-unités, et l’on néglige le surcoût restant.

4.2 Îlots de vieillissement par allongement de 30 ans de l’âge d’exploitabilité avec une répétition à l’infini – modalité IV2b (cas du chêne uniquement)

4.2.1 Paramètres et résultats

4.2.1.1 Paramètres choisis pour la modélisation du scénario Comme pour l’allongement de l’âge d’exploitabilité sur le chêne, l’opérateur peut choisir, dans l’outil

Excel développé, la fertilité de la station et la valeur du fonds, le type d’ITTS adopté, l’application ou non du DEFI-travaux, la souscription d’une assurance, le montant annuel de la cotisation, le type de frais de gestion et le montant ou pourcentage des revenus bois choisi, l’application de l’exonération de la taxe foncière et le montant forfaitaire total des taxes, l’application d’une aide Natura 2000, la gamme de prix choisie, et la prise en compte de la qualité.

Nous présentons quelques résultats dans le cas où les paramètres suivants ont été choisis : — le type d’itinéraire de travaux correspond au cas d’une chênaie acidiphile, — l’assurance n’a pas été prise en compte (seuls 5 à 7 % des propriétés privées sont assurées), — l’application du DEFI-travaux n’a pas été prise en compte, — les frais de gestion ont été fixés à 15 €/ha/an forfaitaires, — l’exonération de la taxe foncière et la réduction de l’impôt sur le revenu n’ont pas été comptées, — le montant des taxes est fixé à 15 €/ha/an, — la gamme de prix choisie est celle de 2007 (elle ne prend pas en compte la qualité).

4.2.1.2 Résultats

Comme dans l’évaluation de l’allongement de l’âge d’exploitabilité et des îlots de vieillissement de type IV1, le calcul est réalisé en affectant à la cellule de calcul du BASI de l’itinéraire ordinaire la valeur du fonds, ce qui détermine le taux d’actualisation. On garde le taux obtenu pour le calcul du BASI de l’itinéraire avec îlot de vieillissement sur 30 ans (modalité IV2b) et la différence de ce BASI avec la valeur du fonds correspond au coût de la pratique. Voici les résultats obtenus pour les différentes simulations en fonction de la fertilité choisie (et de la valeur de fonds), en fonction de la prise en compte ou non de l’aide Natura 2000 associée aux îlots de vieillissement.

Modalité IV2b F1 - 1500 F2 - 1250 F3 - 1000 Taux 3,00% 2,64% 2,27%

Diff BASI (€/ha) -264 -257 -182 Sans aide ACE (€/ha/an) -8 -7 -4

Taux 3,00% 2,64% 2,27% Diff BASI (€/ha) -254 -245 -170

ACE (€/ha/an) -8 -6 -4 Avec aide

Montant de l'aide 1544 1369 840 Tableau 14 : Coûts de la création d’un îlot de vieillissement sur 1 ha (modalité IV2b : îlot sur 30 ans créé à la fin de chaque itinéraire).

Page 52: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

44

Les différences de BASI observées pour cette pratique (îlots de vieillissement créés pour 30 ans, en répétition infinie) sont plus fortes aux fertilités et valeurs de fonds élevées, sans l’aide Natura 2000. Les annuités constantes équivalentes à la perte en BASI sont comprises entre 4 et 8 €/ha/an, ce qui est assez faible.

Les coûts obtenus par fertilité varient de 45 %, alors qu’ils variaient de 147 % dans le cas des îlots IV1. Cette différence s’explique par une durée moins importante de la rétention des arbres. Ainsi, l’actualisation prend moins de retards de revenus en compte, ce qui dévalue moins les recettes des dernières coupes et atténue les différences entre fertilités.

4.2.2 Analyse de sensibilité sur quelques paramètres

L’analyse de sensibilité a été conduite sur des paramètres susceptibles de présenter des évolutions ou tendances différentes de celles observées pour l’allongement de l’âge d’exploitabilité du fait de la moindre durée mise en jeu ici. Il s’agit de la gamme de prix utilisés, de la chasse et d’un paramètre nouveau : la prise en compte de l’aide Natura 2000.

� Influence de la gamme de prix utilisée

La variation du prix utilisé donne le même ordre entre les gammes de prix que lors de l’analyse de sensibilité conduite pour l’allongement de l’âge d’exploitabilité : les prix les plus faibles (hors prise en compte de la qualité) sont ceux qui permettent de limiter les pertes observées lors de la mise en place de la pratique favorable à la biodiversité.

La distinction des prix par qualité et par catégorie de diamètre est moins favorable que l’application de prix de type qualité C uniquement (naturellement, puisque dans un cas on distingue des parts du volume de différentes qualités, alors que dans l’autre on applique la qualité C à tout le volume, négligeant les variations). L’explication présentée au paragraphe 4.1.1.2 est également valable ici.

� Influence de la prise en compte de l’aide Natura 2000

Pour ce dernier paramètre, on observe sur le graphe 7 que l’obtention d’une aide à la date de création de l’îlot (entre 171 et 189 ans selon les fertilités considérées) ne fait pas varier la perte observée de plus de 12 €/ha, ce qui est très faible, pour des montants d’aide compris entre 840 et 1544 €/ha. Une fois encore, l’actualisation pénalise ce revenu dans le bilan économique.

Différence de BASI observée pour différentes fertilités, avec ou sans prise en compte de l'aide

Natura 2000 - IV2b

-264 -257

-182

-254 -245

-170

-300

-250

-200

-150

-100

-50

0

F1 - 1500 F2 - 1250 F3 - 1000

Fertilité et valeur de fonds

Perte en BASI (€/ha)

Sans aide N2000

Avec aide N2000

Graphe 6 : Influence de la prise en compte de l’aide Natura 2000 sur le coût à l’hectare des îlots de vieillissement sur 30 ans (modalité

IV2b)

Influence de la gamme de prix uti lisée sur la perte en BASI liée à la création d'un îlot de vieil lissement (modalité IV2b)

-300

-250

-200

-150

-100

-50

0

F1 - 1500 F2 - 1250 F3 - 1000

Perte en BASI (€/ha)

Chiffres 2007

B Jarret

B experts

C experts

Qualité

Graphe 7 : Influence de la gamme de prix utilisée sur le coût de la création d’un îlot de vieillissement (modalité IV2b)

Page 53: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

45

� Influence du loyer de chasse

Les augmentations du loyer de chasse font subir de fortes variations à la perte observée : la différence de BASI, de 257 €/ha pour un loyer de chasse à 30 €/ha/an et des revenus bois normaux, passe à 2 €/ha seulement lorsque le loyer passe à 150 €/ha/an et que les revenus du bois ne sont que de 10 % de leur valeur normale.

Une fois encore, on compare ici deux types de gestion différentes, pas seulement le loyer de chasse. La gestion se répercute sur la valeur du fonds : le type de gestion adopté implique plus ou moins de revenus, donc un capital plus ou moins productif, qui se vend plus ou moins cher.

Le résultat que l’on retrouve avec cet exemple est contre-intuitif : sur un itinéraire complet, le calcul économique rend moins coûteux l’itinéraire en faveur de la biodiversité lorsque les revenus bois sont faibles. L’explication avancée est la même que dans le paragraphe 4.1.1.2.

4.3 Allongement de 30 ans de l’âge d’exploitabilité sur îlots ponctuels de vieillissement (modalité IV2a, valable uniquement pour le chêne)

4.3.1 Paramètres et résultats

4.3.1.1 Paramètres choisis pour la modélisation du scénario

L’opérateur peut choisir les valeurs des mêmes paramètres que ceux présentés en 4.2.1.1.

Pour la présentation de quelques résultats obtenus, les paramètres suivants ont été fixés : — le type d’itinéraire de travaux correspond au cas d’une chênaie acidiphile, — l’assurance n’a pas été prise en compte (seuls 5 à 7 % des propriétés privées sont assurées), — les frais de gestion ont été fixés à 15 €/ha/an forfaitaires, — l’application du DEFI-travaux n’a pas été prise en compte, — l’exonération de la taxe foncière et la réduction de l’impôt sur le revenu n’ont pas été comptées, — le montant des taxes est fixé à 15 €/ha/an, — la gamme de prix choisie est celle de 2007 (elle ne prend pas en compte la qualité).

La méthode utilisée pour le calcul est la « méthode mixte » : on calcule un BASI total comprenant le bénéfice actualisé de l’itinéraire avec création de l’îlot pour 30 ans, auquel on ajoute le BASI réactualisé pour l’itinéraire normal (qui, une fois l’îlot coupé, sera l’itinéraire répété à l’infini). On compare ce BASI total à la valeur du fonds (soit le BASI de l’itinéraire de référence).

Comme pour l’évaluation économique des deux autres modalités (IV1 et IV2b), on néglige ici les surcoûts de gestion liés à la division de l’unité de gestion.

4.3.1.2 Résultats Les pertes en BASI observées lors de la création ponctuelle d’îlots de vieillissement pendant 30 ans

(modalité IV1a) ne sont pas très différentes des pertes observées lorsque l’itinéraire avec îlot pendant 30 ans est répété à l’infini : elles augmentent avec les fertilités et valeurs de fonds élevées (voir graphe 9). Une fois encore, cela s’explique par le poids de l’actualisation sur le calcul.

Lorsque l’on ajoute la valeur actualisée nette du premier itinéraire suivi (itinéraire normal + îlot sur 30 ans) et la valeur réactualisée du BASI, l’actualisation du BASI consiste à lui appliquer le

Influence de la chasse sur la perte en BASI - IV2b

-257

-2

-300

-250

-200

-150

-100

-50

0

30 €/ha/an150 €/ha/an et baisse

revenus bois

Perte en BASI (€/ha)

Chasse

Graphe 8 : Influence du loyer de chasse sur le coût de la création d’un îlot de

vieillissement (modalité IV2b) Taux d’actualisation : 2,64 % pour un loyer à

30 €/ha/an, 4,38 % pour un loyer à 150 €/ha/an.

Page 54: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

46

coefficient1)1(

1Nr+

, où r est le taux

d’actualisation et N1 la durée de l’itinéraire normal allongé de 30 ans. Or, pour un scénario en fertilité 1 avec un fonds à 1500 €/ha, on a :

— VANitinéraire normal+îlot = 1233 €/ha,

— BASIitinéraire normal =1500 €/ha

Lorsque l’on réactualise le BASIitinéraire normal, on effectue le calcul suivant :

210normal itinéraire

)03.01(

BASI

+= 3 €/ha. Pour obtenir le

BASI total, on additionne la VANitinéraire

normal+îlot et le BASIitinéraire normal réactualisé, lequel est presque négligeable devant la valeur de la VAN.

Par ailleurs, lorsque l’on passe de la VAN au BASI, on multiplie la VAN par 1)1(

)1(

−++

n

n

r

r

. Dans l’exemple considéré, on obtient un BASI de 1235 €/ha.

Cette application numérique illustre le poids de l’actualisation dans le calcul, et explique pourquoi les résultats obtenus avec la modalité IV2b (îlots sur 30 ans, répétés) sont proches de ceux-ci (îlots sur 30 ans, ponctuels).

4.3.2 Analyse de sensibilité

L’analyse a été menée pour le loyer de chasse et la gamme de prix utilisée.

Alors que l’on observait des pertes beaucoup moins importantes lors de l’augmentation du loyer de chasse pour les autres modalités de création des îlots, on observe ici un bénéfice lié à l’installation d’un îlot de vieillissement sur une propriété au loyer de chasse élevé dont les revenus bois sont très réduits (10 %) par rapport aux revenus normaux.

En réalité, ce résultat traduit probablement le fait que la sylviculture n’est plus rentable dans les conditions de revenus bois divisés par 10.

Le calcul économique indique l’intérêt, dans de tels contextes, de créer des îlots de vieillissement ponctuellement pour 30 ans.

L’analyse menée sur les gammes de prix donne sensiblement les mêmes tendances entre gammes de prix que pour les deux autres modalités d’îlots envisagées.

Différence de BASI observée pour différentes fertilités, avec ou sans prise en compte de l'aide

Natura 2000 - IV2a

-264 -262

-199

-254 -249

-186

-300

-250

-200

-150

-100

-50

0

F1 - 1500 F2 - 1250 F3 - 1000

Fertilité et valeur de fonds

Perte en BASI (€/ha)

Sans aide N2000

Avec aide N2000

Graphe 9 : Influence de l’aide Natura 2000 sur le coût à l’hectare d’un îlot de vieillissement (modalité IV2a)

Graphe 10 : Influence du loyer de chasse sur le coût d’un îlot de vieillissement d’un hectare (modalité IV2a) Taux d’actualisation : 2,64 % pour un loyer à 30 €/ha/an, 4,38 % pour un loyer à 150 €/ha/an.

Influence du loyer de chasse sur la perte en BASI - IV2a

-262

341

-300

-200

-100

0

100

200

300

400

30 €/ha/an

150 €/ha/an etbaisse revenus

bois

Perte en BASI (€/ha)

Chasse

Page 55: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

47

4.4 Le maintien des rémanents d’exploitation (menus bois et branches) dans les parcelles

4.4.1 Cas du chêne sessile

4.4.1.1 Paramètres et résultats

Paramètres choisis pour la modélisation du scénario

Les scénarii prévus pour l’évaluation économique du maintien des menus bois et branches dans les parcelles sont évoqués en 3.4 et présentés en annexe 4.

Les facteurs que l’opérateur peut paramétrer dans les fichiers de calcul Excel sont les suivants : — les frais de gestion (forfaitaires ou en pourcentage des recettes bois) et les taxes, — l’application du DEFI-travaux, — la souscription d’une assurance et le montant de la cotisation annuelle, — l’itinéraire de travaux sylvicoles, — le prix de vente du bois d’œuvre (gammes de prix ou prix par qualité et catégorie de diamètre), — le prix de vente du bois énergie, — la sensibilité du sol à l’exportation des menus bois et branches (liée à la fertilité : un sol très

fertile craint peu l’exportation des éléments minéraux, à la différence d’un sol peu fertile), — l’apport ou non d’éléments minéraux, et le niveau d’apports le cas échéant.

Il faut également choisir la valeur du fonds pour un peuplement de fertilité donnée, afin de pouvoir calculer le taux d’actualisation à utiliser.

Résultats

Les paramètres fixés pour les simulations présentées sont les suivants : — prix de vente du bois énergie à 7 €/m3, — mêmes paramètres que pour l’analyse de sensibilité sur les parcelles labels (paragraphe 4.1.1.2,

page 41) Le tableau complet des résultats figure en annexe 6. Voici les quelques résultats obtenus :

— pour des scénarii dont la fertilité ne baisse pas : les facteurs influençant le bénéfice actualisé des scénarii avec et sans récolte de rémanents14 sont alors le nombre de récoltes par révolution et la sensibilité du sol, ainsi que les apports minéraux.

— pour des scénarii dont la fertilité diminue suite aux prélèvements.

� Scénarii à fertilité constante

En fertilité 1, le cas des sols sensibles au prélèvement des rémanents n’a pas été envisagé, puisque la sensibilité du sol à l’exportation d’éléments minéraux et la fertilité sont corrélées (Cacot, comm. pers.)

Les scénarii en fertilité haute prévoient 3 récoltes des menus bois et branches par révolution. En fertilité moyenne, le nombre de récolte varie de 1 à 3 par révolution selon le degré de sensibilité du sol à l’exportation minérale. En contexte de fertilité 1 sur sol moyennement

14 Dans la suite, ce que nous appellerons « rémanents » concernera les menus bois et branches des houppiers, de diamètre supérieur à 7 cm.

Graphe 11 : Coût d’opportunité du maintien des menus bois et branches dans les parcelles pour deux fertilités chez le chêne selon un nombre

variables de récoltes par révolution selon la sensibilité du sol à

Coûts d' opportunité total pour les scénarii à fertilité con stante

-24

-1

-19

18

13

-30-25

-20

-15

-10

-5

0

510

15

20

25

non sensible moyennement sensible sensible

Sensibilité

Man

que

à ga

gner

(€/

ha)

Fertilité 1 : 3 récoltes/rotation

Fertilité 2 : 1 à 3 récoltes parrotation selon la sensibilité

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48

sensible, on apporte 3 fertilisations moyennes. En contexte de fertilité 2 sur sensible et moyennement sensible, on fertilise fortement une fois dans la vie du peuplement.

Ainsi donc, en haute fertilité et à raison de 3 récoltes des menus bois et branches par révolution en cas d’exploitation15, la pratique consistant à maintenir ces éléments dans les parcelles au lieu de les valoriser sous forme de bois énergie occasionne un manque à gagner de 1 à 24 €/ha (selon que l’on fertilise ou non par 3 apports moyens).

Pour la fertilité moyenne, le seul scénario où l’on constate un manque à gagner lié à cette pratique se place sur sol non sensible. Dès lors que le sol présente une sensibilité à l’exportation d’éléments minéraux, une à deux récoltes de rémanents par cycle sylvicole (compensées obligatoirement par un apport moyen d’éléments minéraux) suffisent à occasionner une perte pour le propriétaire, qui a tout intérêt à maintenir les rémanents sur place.

Les annuités constantes équivalentes au coût du maintien des branches et menus bois dans les parcelles sont très faibles : il suffit pour les calculer de multiplier les coûts totaux obtenus par le taux d’actualisation (2 à 3 % selon la valeur du fonds considérée).

� Scénarii envisageant une baisse de fertilité

Lorsque l’on simule des baisses de fertilité consécutives au prélèvement des rémanents pour une fertilité moyenne, on observe que la vente des rémanents occasionne une perte dès que l’on doit compenser les exportations d’éléments minéraux.

Ainsi, si le maintien des menus bois et branches dans les parcelles occasionne un manque à gagner de 19 à 20 €/ha en absence de fertilisation compensatrice des exportations, il est en revanche préférable économiquement à la récolte suivie de fertilisation (bénéfice de 4 à 5 €/ha en cas d’apports moyens, et de 16 à 18 €/ha en cas d’apports importants), et ce quelle que soit la sensibilité16 des sols (il n’est pas inconcevable que même en sol peu sensible, un propriétaire décide de compenser les exportations, c’est pourquoi les apports ont été simulés pour chaque sensibilité). Le maintien des rémanents permet en effet alors d’éviter le coût de la fertilisation compensatrice.

Ces bénéfices sont d’autant plus marqués sous l’effet conjugué d’une baisse de fertilité rapide (baisse d’une classe de fertilité à chaque révolution : B/R, au lieu d’une révolution sur deux : B/2R) et d’une moindre récolte de menus bois et branches (deux récoltes par révolution : 2R/R, au lieu de 3) : on gagne 13 à 18 €/ha à maintenir les rémanents en cas d’apports moyens, et 25 à 30 €/ha en cas d’apports faibles.

On peut donc penser que le maintien des rémanents devient rentable parce qu’il permet d’éviter les apports minéraux qui correspondent à un coût net. Cela signifie que le maintien de fertilité permis par ces

15 Pratique alternative à la pratique de référence (le maintien des rémanents en forêt). 16 NS ou MS pour non sensible et moyennement sensible.

Coût d'opportunité total du maintien des rémanents en fertilité 2 au départ, sur sol non à moyennement sensible, contre 3 récoltes par rotation (ns) ou 2 récoltes par rotation (ms) avec une

baisse de fertilité toutes les deux rotations

-20

4

16

-19

5

18

-25

-20

-15

-10

-5

0

5

10

15

20

non 3 moyens 3 forts

Apports minéraux

Man

que

à ga

gner

(€/

ha)

NS - 3R/R - B/2R

MS - 2R/R - B/2

Graphe 12 : Coût d’opportunité du maintien des menus bois et branches dans les parcelles chez le chêne, en fertilité moyenne sur sol non à moyennement sensible, pour un nombre variables de récoltes par révolution et une baisse

variable de la fertilité.

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apports minéraux n’est pas suffisant rentable pour couvrir le coût des apports minéraux. Adopter la pratique favorable à la biodiversité serait donc la seule alternative possible pour éviter la baisse de fertilité des sols, dans le cadre des hypothèses que nous avons adoptées (coûts de la fertilisation, fréquence de la baisse de fertilité, niveau de prélèvement des rémanents).

4.4.1.2 Analyse de sensibilité

Paramètres choisis pour la modélisation du scénario

Cette analyse se concentre sur les paramètres suivants :

— le prix de vente du bois énergie, — le prix de vente du bois d’œuvre, — la fréquence de la baisse de fertilité suivant le prélèvement des rémanents.

Résultats

� Influence du prix de vente du bois énergie

Le manque à gagner lié au maintien de rémanents augmente avec le prix de vente du bois énergie quel que soit le niveau d’amendement.

Ce résultat est logique : si l’exploitation des menus bois et branches permet des recettes plus importantes, cela compense plus facilement les apports d’éléments minéraux nécessaires (qui, toutefois, ne suffisent pas, dans le scénario choisi, à compenser économiquement les baisses de fertilité occasionnées par 3 récoltes par révolution, et dont l’effet n’est sans doute pas assez pris en compte dans les simulations réalisées).

Plus la fertilisation est importante, plus le prix du bois énergie doit être élevé pour que l’exploitation des rémanents devienne plus rentable que leur maintien dans les parcelles :

— pour un prix de vente du bois énergie à 7 €/m3, le maintien des rémanents o coûte 24 €/ha, si la simulation alternative17 ne prévoit pas d’apports minéraux, o coûte 1 €/ha pour des 3 apports moyens (un à chaque récolte de rémanents), o rapporte 11 €/ha pour 3 apports forts.

— pour un prix de vente du bois énergie à 15 €/m3, le maintien des rémanents o coûte 51 €/ha, si la simulation alternative ne prévoit pas d’apports minéraux, o coûte 28 €/ha pour des 3 apports moyens (un à chaque récolte de rémanents), o coûte 16 €/ha pour 3 apports forts.

17 L’alternative au maintien des rémanents est leur valorisation. Les paramètres de l’analyse de sensibilité interviennent uniquement dans le scénario alternatif, celui qui prévoit l’exploitation des rémanents. C’est pour cela que le manque à gagner est nuancé selon les modalités choisies pour le scénario alternatif.

Graphe 13 : Influence du prix de vente du bois énergie sur le coût d’opportunité du maintien des menus bois et branches dans les parcelles chez le chêne, en fertilité haute sur sol non sensible, pour 3 récoltes par révolution et l’hypothèse d’une baisse de fertilité une révolution sur deux

Influence des prix de vente du bois énergie sur le coût d'opportunité du maintien des rémanents sur sol non sensible (F1), versus 3 récoltes par

rotation et une baisse de fertilité toutes les deux rotations, selon le niveau d'amendement

-60

-50

-40

-30

-20

-10

0

10

20

30

5 €/m3 7 €/m3 10 €/m3 15 €/m3

Prix BE

Man

que

à ga

gne

r (€

/ha)

non

3 moyens3 forts

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50

� Influence du prix de vente du bois d’œuvre

Les quatre gammes de prix de vente par catégorie de diamètre et la gamme de prix par qualité et catégorie de diamètre ont été reprises pour cette analyse.

L’utilisation de gammes de prix différentes pour le bois d’œuvre fait légèrement varier le coût ou le bénéfice associé au maintien des rémanents dans les parcelles : les prix de vente élevés pour le bois d’œuvre diminuent les pertes liées au maintien des rémanents ou en accentuent les bénéfices, alors que les prix de vente faibles pénalisent la pratique.

� Influence de la fréquence des baisses de fertilité

Plus la baisse de la fertilité consécutive à l’exploitation des rémanents est rapide, plus le maintien des rémanents dans les parcelles est rentable : par exemple, en absence d’apport d’éléments minéraux, le manque à gagner lié à la pratique est de 23 €/ha pour une baisse de fertilité toutes les deux révolutions (Baisse /2R), et de 20 €/ha pour une baisse à chaque révolution (Baisse /R).

Ce résultat n’est pas surprenant, puisque la baisse de fertilité occasionne dans le scénario le passage d’un

itinéraire d’une fertilité donnée à un itinéraire en moins bonne fertilité, donc aux revenus moindres. Toutefois, la différence de manque à gagner est assez faible (3 €/ha), ce qui montre l’influence de l’actualisation, qui pénalise les revenus et dépenses intervenant tardivement.

Influence de la fréquence de la baisse de fertilité sur le coût du maintien des rémanents

(contexte : F1, moyennement sensibile, 3 récoltes/R)

-25

-20

-15

-10

-5

0

5

10

15

20

non 3 moyens 3 forts

Apports minéraux

Man

que

à ga

gner

(€/

ha)

Baisse /2R

Baisse /R

Graphe 15 : Influence de la fréquence de baisse de fertilité sur le coût d’opportunité lié au maintien des menus bois et branches dans les parcelles chez

le chêne.

Graphe 14 : Influence du prix de vente du bois d’œuvre sur le coût d’opportunité lié au maintien des menus bois et branches dans les parcelles chez le chêne, en haute fertilité et sur sol moyennement

sensible, contre 3 récoltes par révolution et une baisse de fertilité à chaque révolution.

Influence des prix de vente du bois d'oeuvre sur le coût d'opportunité du maintien des menus bois et branches sur sol moyennement sensible

(F1), versus 3 récoltes par rotation et une baisse de fertilité par rotation, selon le niveau d'amendement choisi

-25

-20

-15

-10

-5

0

5

10

15

20

Chiffres2007

B Jarret B experts C experts Qualité

Manque à

gagner (€

/ha)

non

3 moyens

3 forts

Page 59: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

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4.4.2 Cas du hêtre

4.4.2.1 Paramètres et résultats

Paramètres choisis pour la modélisation du scénario

Les paramètres sur lesquels l’opérateur a la main pour le calcul avec l’outil Excel développé au cours du stage sont les mêmes que ceux évoqués pour le chêne, à l’exception de l’itinéraire de travaux sylvicoles, qui est unique dans le cas du hêtre.

Résultats (le tableau complet des résultats figure en annexe 17)

� Scénarii à fertilité constante

Sur sol non sensible, le maintien des rémanents dans les parcelles constitue un coût pour le propriétaire, quelle que soit la fertilité considérée. Le coût est plus élevé (114 €/ha) en fertilité haute qu’en fertilité moyenne (70 €/ha).

Sur sol moyennement sensible nécessitant une fertilisation compensatrice, le maintien des rémanents en fertilité moyenne devient un bénéfice (6 €/ha), alors qu’il s’agit encore d’un coût dans le cas de la fertilité haute (85 €/ha). Les tendances sont identiques à celles observées chez le chêne, avec une valeur absolue des coûts plus élevée.

� Scénarii supposant des baisses de fertilité Ce graphe montre l’effet conjugué

de la baisse de fertilité et de la diminution du nombre de récoltes des menus bois et branches par cycle sylvicole selon la sensibilité du sol :

- sol non sensible : 3 récoltes par révolution et baisse de fertilité toutes les deux révolutions (NS – 3R/3, B/2), - sol moyennement sensible : 2 récoltes par révolution, et baisse de fertilité à chaque révolution (MS, 2R/R, B/R).

En l’absence d’apports minéraux, le maintien des rémanents reste un manque à gagner pour le propriétaire. Par contre, lorsque les apports sont nécessaires et si l’on se trouve sur sol moyennement sensible (ce qui suppose moins de récoltes de bois énergie et une baisse de fertilité plus fréquente en cas

d’exploitation), maintenir les rémanents une perte d’argent au propriétaire.

Le fait de passer de deux apports d’éléments minéraux moyens à deux apports forts en sol moyennement sensible fait doubler le bénéfice lié à la non-exploitation des rémanents (on passe d’un bénéfice de 25 €/ha pour les apports moyens à 51 €/ha pour les apports forts).

Coût d'opportunité du maintien des rémanents selon la fertilité initiale considérée sur sol non (pas d'apports

minéraux) à moyennement sensible (2 apports moyens), avec 3 récoltes par rotation, sans baisse de fertilité

-114-85

-70

6

-150

-100

-50

0

50

non sensible moyennement sensible

Sensibilité (et apports minéraux)

B

M

Graphe 16 : Coût d’opportunité lié au maintien des menus bois et branches dans les parcelles pour une fertilité constante pour le hêtre,

sur sol non à moyennement sensible à l’exportation minérale (apports minéraux nuls à moyens selon la sensibilité du sol)

Coût d'opportunité du maintien des rémanents en sol non à moyennement sensible (3 ou 2 récoltes par rotation et baisse de fertilité toutes les deux rotations ou toutes les rotations)

selon les amendements minéraux

-120

-100

-80

-60

-40

-20

0

20

40

60

0 2 app faibles 2 app forts

Apports minéraux

NS - 3R/R - B/2

MS - 2R/R - B/R

Graphe 17 : Coût d’opportunité lié au maintien des menus bois et branches dans les parcelles avec baisse de fertilité variable, chez le hêtre,

sur sol non à moyennement sensible à l’exportation minérale (apports minéraux nuls à moyens selon la sensibilité du sol)

Page 60: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

52

4.4.2.2 Analyse de sensibilité

Paramètres choisis pour la modélisation du scénario

Les paramètres choisis pour cette étude sont les mêmes que ceux mis en jeu lors de l’analyse de sensibilité sur le chêne, à l’exception de la fréquence de la baisse de fertilité liée à l’exploitation des menus bois et branches, car les scénarii choisis pour cette étude ne permettent pas cette comparaison.

Résultats

� Influence du prix de vente du bois énergie

Comme dans le cas du chêne, l’augmentation du prix de vente du bois énergie pénalise la pratique en faveur de la biodiversité forestière : pour le scénario considéré (sol moyennement sensible, 2 récoltes par révolution, baisse de fertilité d’une classe par révolution), lorsque 3 apports minéraux moyens sont effectués par révolution, on passe d’un bénéfice de 51 €/ha lorsque le bois énergie se vend 5 €/m3 à une perte de 78 €/ha lorsque le bois énergie se vend 15 €/m3.

� Influence du prix de vente du bois d’œuvre

Dans le cas du hêtre, le passage de la gamme de prix « C experts » à la gamme de prix « B experts », qui est plus élevée, permet de faire passer le coût (25 €/ha) lié au maintien des rémanents dans les parcelles en absence d’apports d’éléments minéraux en un bénéfice non négligeable (111 €/ha).

Ce résultat est le même que celui observé pour le chêne : le passage à une gamme de prix de vente élevés favorise la pratique pour la biodiversité.

4.5 La création d’îlots de sénescence

4.5.1 Cas du chêne sessile

4.5.1.1 Paramètres et résultats

Paramètres choisis pour la modélisation du scénario

Les paramètres que fixe l’opérateur dans l’outil Excel pour la simulation des scénarii d’îlots de sénescence sont les mêmes que ceux utilisés pour les îlots de vieillissement et l’allongement de l’âge d’exploitabilité, à l’exception :

Influence des prix de vente du bois énergie sur le coût d'opportunité du maintien des rémanents sur sol moyennement sensible, contre 2

récoltes par rotation et une baisse de fertilité à chaque rotation, selon le niveau d'amendement

-150

-100

-50

0

50

100

5 €/m3 7 €/m3 10 €/m3 15 €/m3

Prix BE

Ma

nq

ue

à g

ag

ne

r (€

/ha

)

non

3 moyens

3 forts

Graphe 18 : Influence du prix de vente du bois énergie sur le coût du maintien des menus bois et branches dans les parcelles

chez le hêtre Influence des prix de vente du bois d'œuvre sur le coût d'opportunité du maintien des rémanents sur sol moyennement sensible, contre 2 récoltes par rotation et une baisse de fertilité à chaque rotation, selon le niveau

d'amendement

-50

0

50

100

150

200

C experts B experts

Prix BEnon

3 moyens

3 forts

Graphe 19 : Influence du prix de vente du bois d’œuvre sur le coût du maintien des menus bois et branches dans les parcelles chez le

hêtre

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— De l’aide Natura 2000 qui n’est valable que dans le cas des îlots de vieillissement : les périmètres concernés par l’aide ne peuvent pas être dépourvus de gestion sylvicole (2002).

— Des loyers de chasse : pour simplifier les calculs, on suppose que le fait de créer un îlot de sénescence suspend les opérations de chasse. En effet, le fait d’utiliser la méthode de la valeur en bloc pour le calcul suppose que le gestionnaire ou le propriétaire renonce à tous les revenus qu’il pourrait retirer de son bien. Si l’on souhaite poursuivre la location de la chasse après la création de l’îlot, il est nécessaire de diminuer la valeur en bloc de la somme actualisée des valeurs de ce revenu, ce qui complique inutilement le calcul.

Les résultats présentés sont valables pour les paramètres suivants :

— la surface placée en îlot est de 0.5 ha, — le type d’itinéraire de travaux correspond au cas d’une chênaie acidiphile, — la gamme de prix choisie est celle de 2007 (elle ne prend pas en compte la qualité), — le taux utilisé pour le calcul de la valeur en bloc est celui de l’itinéraire de référence18 pour la

fertilité donnée.

Résultats

Pour les différents couples fonds/fertilité envisagés, voici les coûts liés à la création d’un îlot de sénescence d’un demi-hectare en peuplement de chêne :

Surface : 0,5 ha F1 - 1500 F2 - 1250 F3 - 1000 Perte (€) -69145 € -61944 € -48318 €

ACE (€/an) -2074 €/an -1635 €/an -1097 €/an Tableau 15 : Coût de la création d’un îlot de sénescence d’un demi-hectare chez le chêne

pour différentes fertilités et valeurs de fonds

On constate d’emblée que le coût de la création d’un îlot de sénescence dépasse de loin les coûts des autres pratiques en faveur de la biodiversité considérées. Le coût d’opportunité associé à la mise en place d’îlots de sénescence correspond à la surface de l’îlot × la valeur en bloc de la forêt au moment de la création de l’îlot.

Sur cette simulation, pour un îlot d’un demi-hectare chez le chêne on obtient des coûts variant entre 69 145 et 48 318 € selon la fertilité de la station. Les annuités constantes équivalentes varient entre 2074 et 1097 €/an. Le coût d’opportunité plus fort pour les fertilités hautes que pour les moins bonnes stations s’explique aisément : le coût est un pourcentage de la valeur en bloc, laquelle est plus élevée pour les peuplements en bonne station, plus productifs.

4.5.1.2 Analyse de sensibilité

Paramètres choisis pour l’analyse

Contrairement aux analyses menées sur les différences de BASI, l’analyse de sensibilité conduite sur le raisonnement en proportion de valeur en bloc prend en compte les frais fixes à condition qu’ils n’interviennent plus après la création de l’îlot. Les paramètres ayant subi l’analyse de sensibilité sont donc :

— le type de travaux, — l’application du DEFI-travaux, — les gammes de prix utilisées.

Le rapport entre le manque à gagner et la surface étant linéaire, l’étude de l’augmentation du coût en fonction de la surface présente peu d’intérêt. Si l’on souhaite augmenter la taille de l’îlot, il suffit de multiplier proportionnellement les chiffres présentés ici.

Pour cette analyse de sensibilité, on se place dans le cas d’un peuplement en fertilité basse (F3) dont le fonds vaut 1000 €/ha. En effet, les gestionnaires prévoient généralement la création d’îlots de sénescence dans les peuplements présentant peu d’enjeux de production : intuitivement, on se rend compte que cela permet de minimiser les manques à gagner.

18 L’itinéraire de référence est celui que l’on aurait en l’absence de pratique favorable à la biodiversité, soit l’itinéraire ordinaire.

Page 62: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

54

Résultats

Les résultats de l’analyse de sensibilité sont présentés en annuités constantes équivalentes. Ces analyses sont conduites sur un îlot d’un demi-hectare.

� Influence de l’itinéraire de travaux sylvicoles Le coût d’opportunité sous forme d’annuité

constante équivalente19 varie entre 1095 €/an pour la chênaie-hêtraie et 1102 €/an pour la chênaie acidicline. Cette variation est l’inverse de celle des prix totaux des itinéraires de travaux sylvicoles : l’itinéraire en chênaie acidicline est le moins onéreux, suivi de l’itinéraire en chênaie-charmaie, puis de celui des chênaies acidiphiles, pour terminer par celui des chênaies-hêtraies.

La valeur en bloc est la somme actualisée des dépenses et recettes du projet à l’année a, étendue à l’infini. Elle est d’autant plus faible que les dépenses faites pour le peuplement sont élevées. Le surcoût lié à la création de l’îlot étant une portion de cette valeur en bloc, il suit les mêmes évolutions.

� Influence des gammes de prix de vente utilisées

Pour une fertilité donnée, plus les prix de vente utilisés sont forts (supposant une meilleure qualité des bois), plus le manque à gagner lié à la création d’un îlot de sénescence est élevé.

En effet, la valeur en bloc d’une forêt augmente avec les recettes produites.

Ce résultat va dans le sens des pratiques actuellement préconisées, voulant que les îlots de sénescence soient créés dans les peuplements peu productifs, donc fournissant peu de recettes.

� Influence du DEFI-travaux

Application du DEFI Perte ACE non -48318 € -1097 €/an oui -48523 € -1101 €/an

4.5.2 Cas du hêtre

4.5.2.1 Paramètres et résultats

Paramètres choisis pour la modélisation du scénario

19 Manque à gagner rapporté à une année.

Graphe 20 : Influence de l’itinéraire de travaux sur le coût d’un îlot de sénescence d’un demi-hectare chez le

chêne.

Coût d'opportunité annuel selon l'itinéraire de travaux adopté (taux =

2,27%)

-1105 €/an

-1100 €/an

-1095 €/an

-1090 €/an

Ch

acid

iclin

e

Ch

acid

iphi

le

Ch

-ch

arm

aie

Ch

-hê

trai

e

Graphe 21 : Influence de la gamme de prix de vente du bois d’œuvre sur le coût d’un îlot de sénescence d’un demi-hectare

chez le chêne, selon la fertilité considérée.

Coût d'opportunité selon la gamme de prix utilisée et la fertilité considérée

-80000 €

-70000 €

-60000 €

-50000 €

-40000 €

-30000 €

-20000 €

-10000 €

0 €

1 2 3Fertilité

Perte (€)

Chiffres 2007B JarretB expertsC expertsQualité

Tableau 16 : Influence du DEFI-travaux sur le coût d’un îlot de sénescence d’un demi-hectare chez le chêne.

Le fait d’appliquer le DEFI augmente très légèrement le coût de la création d’un îlot de sénescence : on passe d’une annuité de 1097 €/an à 1101 €/an. Cela s’explique par des dépenses diminuées au cours de l’itinéraire, donc une valeur en bloc de la forêt plus élevée.

Page 63: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

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Les paramètres utilisés sont les mêmes que dans le cas du chêne sessile, à l’exception de l’itinéraire de travaux, unique dans le cas du hêtre (pas de choix possible). Les résultats présentés sont valables pour les mêmes valeurs de paramètres que celles utilisées dans le cas du chêne, à l’exception de la gamme de prix choisie qui est la gamme « C experts », qualité jugée la plus répandue. Comme pour le chêne, il peut exister un surcoût lié à la division de l’unité de gestion si un effet d’échelle s’applique aux interventions sur la propriété. Toutefois, nous ne disposons pas des données nécessaires à la prise en compte de ce surcoût.

Résultats

Fertilité M - 900 B - 1500 Perte -10594 € -11728 € taux 3.04% 3.35% ACE -322 €/an -393 €/an

4.5.2.2 Analyse de sensibilité

Paramètres choisis pour la modélisation du scénario

Les paramètres mis en jeu dans cette analyse de sensibilité sont : — la gamme de prix utilisée, — l’application du DEFI-travaux.

Pour les analyses présentées, on se place dans le cas d’un fonds à 900 €/ha en fertilité moyenne. Les autres paramètres sont inchangés par rapport à la simulation du maintien des rémanents chez le hêtre.

Résultats

� Influence du DEFI-travaux Application du DEFI Perte ACE

non -10594 € -322 €/an oui -10645 € -324 €/an

� Influence des gammes de prix de vente utilisées

Dans le cas où la fertilité est moyenne et le fonds fixé à 900 €/ha, la qualité B rend l’îlot plus rentable que la qualité C : le coût d’opportunité est moindre pour B.

Cela s’explique, comme on l’a vu, par la méthode de calcul de la valeur en bloc, qui augmente avec les recettes. On a donc une valeur en bloc plus forte en qualité B, ce qui donne un manque à gagner plus élevé.

Quelques conclusions ressortent des principaux résultats obtenus lors de ces évaluations économiques. Nous allons maintenant aborder une discussion critique des résultats obtenus, et une présentation des diverses limites de l’étude, avec un rappel de ce qu’implique le contexte de l’étude.

Graphe 22 : Influence des prix de vente utilisés sur le coût annuel d’un îlot de sénescence d’un demi-hectare chez le hêtre

en fonction du couple fonds/ fertilité considéré

Coût d'opportunité annuel pour les deux couples fonds/fertilités selon la gamme de

prix utilisée

-1400 €/an

-1200 €/an

-1000 €/an

-800 €/an

-600 €/an

-400 €/an

-200 €/an

0 €/anM - 900 B - 1500

Fertilité/fonds

B experts

C experts

Tableau 17 : Coût d’opportunité lié à la création d’un îlot de sénescence sur un demi-hectare dans un peuplement de chêne sessile.

Le coût total de la création d’un îlot de sénescence sur un demi-hectare est beaucoup moins élevé chez le hêtre que chez le chêne : ce coût dépassait 61 000 € en peuplement de chêne de fertilité moyenne, mais vaut ici 10 594 € pour la même fertilité.

Comme pour le chêne, le fait de créer un îlot de vieillissement sur un demi-hectare est moins défavorable économiquement lorsque l’on se place en fertilité faible (ici, la plus faible est la moyenne) avec une valeur de fonds basse. Ce résultat correspond à celui obtenu dans le cas du chêne sessile.

Tableau 18 : Influence du DEFI-travaux sur le coût d’un îlot de sénescence d’un demi-hectare en hêtraie

Le DEFI rend plus coûteuse la création d’un îlot de sénescence : on passe d’une annuité de 322 €/an à 324 €/an. Cela s’explique par des dépenses diminuées au cours de l’itinéraire, donc une valeur en bloc de la forêt plus importante. On observe toutefois que les écarts entre les coûts sont très faibles.

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5 Discussion Nous allons à présent donner une interprétation des résultats obtenus lors des simulations et en tirer des conclusions, qui seront nuancées par un rappel de toutes les limites des études conduites au cours du stage. Enfin, des perspectives sur le travail réalisé et les poursuites à envisager seront dégagées.

5.1 Synthèse et interprétation des résultats

5.1.1 Résultats par pratique étudiée

5.1.1.1 Allongement de l’âge d’exploitabilité L’ordre de grandeur du coût total associé à l’allongement de l’âge d’exploitabilité en séquence

infinie varie entre 900 et 1800 €/ha selon le scénario considéré. Cela revient à une annuité d’une vingtaine à une cinquantaine d’euros par hectare et par an. En guise d’ordre de grandeur de coûts pour des opérations sylvicoles favorables à la biodiversité, on peut rappeler les coûts de 109 à 676 €/ha/an obtenus par Möhring (2008) lors de l’étude du maintien du hêtre face à un remplacement de cette essence par l’épicéa.

Les deux types d’itinéraires d’allongement utilisés donnent des résultats différents selon la fertilité considérée : en fertilité haute, le coût d’un allongement selon l’itinéraire Pardé est plus élevé que celui d’un allongement selon l’itinéraire Jarret. Par contre, cette tendance s’inverse pour F2 et F320. Les itinéraires Jarret se distinguent par des rotations plus longues (donc des éclaircies moins fréquentes) au début de la vie du peuplement que pour les itinéraires Pardé. Cela signifie que l’itinéraire allongé F1 selon Pardé est moins rentable que l’itinéraire allongé F1 adapté de Jarret, sans doute à cause de volumes moins importants récoltés aux premières éclaircies, et de l’échéance plus tardive des forts revenus alors pénalisés par l’actualisation. C’est l’inverse lorsque l’on passe en fertilité moyenne ou faible.

Le coût de l’allongement de l’âge d’exploitabilité augmente avec le prix de vente des bois : un prix de vente faible engendre un coût moindre. Cela s’explique par l’étalement des coupes plus important dans l’itinéraire allongé (Pardé) que dans l’itinéraire normal et par le retard des dernières coupes dans l’échéancier de dépenses et de recettes de l’itinéraire allongé, ce qui pénalise cet itinéraire du fait de l’actualisation des dépenses et recettes.

L’augmentation du loyer de chasse couplée à une division par dix des revenus bois entraîne une baisse du coût de l’allongement de l’âge d’exploitabilité. Cela pourrait s’expliquer par le fait que lorsque les revenus bois diminuent, l’exploitation n’est plus rentable, d’où un bénéfice quand on exploite moins.

Le coût de l’allongement de l’âge d’exploitabilité en fertilité haute est supérieur à ce même coût en fertilité basse. Cela montre que la meilleure productivité des peuplements plus fertiles ne parvient pas à compenser le poids de l’actualisation.

5.1.1.2 Création d’îlots de vieillissement � Modalité IV1

La modalité IV1 reprend exactement le calcul du coût de l’allongement de l’âge d’exploitabilité de 50 %. Il suffit d’appliquer les coûts trouvés pour cette modalité au cas d’un îlot de surface donnée.

� Modalité IV2b (création d’un îlot de vieillissement pour 30 ans répétée à chaque cycle à l’infini)

Le coût de l’îlot varie entre 264 et 182 €/ha, soit 4 à 8 €/ha/an. C’est beaucoup plus faible que les coûts obervés pour un allongement d’âge d’exploitabilité de 50 % de la durée initiale de l’itinéraire.

L’aide publique prévue en site Natura 2000 pour ce type d’îlots varie entre 840 €/ha en fertilité faible et 1544 €/ha en fertilité haute. Pourtant, la prise en compte de cette aide dans le BASI calculé sur la totalité de l’itinéraire ne permet d’abaisser le coût d’un îlot de vieillissement de type IV2b que de 12 €/ha.

Comme pour l’allongement d’âge d’exploitabilité et les îlots de type IV1, les faibles prix de vente occasionnent des coûts moindres pour l’îlot. 20 Il faut toutefois nuancer cela par le défaut sur l’itinéraire 2 Jarret mentionné en 4.1.1.1. Les tendances sont bien inversées pour les itinéraires des fertilités 1et 3, toutefois, l’itinéraire en fertilité 2 sera à modifier, ce qui changera peut-être le résultat obtenu.

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Les loyers de chasse élevés accompagnés de très faibles revenus bois abaissent la perte liée à la création d’un îlot de vieillissement à 2 €/ha, alors qu’elle s’élève à 257 €/ha pour le loyer bas et les revenus normaux.

� Modalité IV2a (création d’un îlot de vieillissement pour 30 ans, de façon ponctuelle)

Les îlots de vieillissement créés selon cette modalité (IV2a, « création ponctuelle ») occasionnent des coûts très proches de ceux causés un îlot de type IV2b (« création répétée ») : ces coûts sont ici de 264 à 199 €/ha. La répétition à l’infini d’un scénario avec îlot ne se fait donc guère sentir dans le calcul de la perte.

Comme on l’a expliqué en quatrième partie du rapport, le BASI de l’itinéraire normal (qui, après l’îlot, se répète à l’infini) est négligeable devant le bénéfice actualisé de l’itinéraire allongé des 30 ans de l’îlot. Cela souligne le peu de poids de la suite de la gestion, une fois l’îlot récolté.

L’augmentation du loyer de chasse accompagnée de la forte baisse des revenus bois occasionne un bénéfice lors de la création de l’îlot de vieillissement : la création de l’îlot dans un contexte de loyer de chasse à 30 €/ha/an avec des revenus bois normaux coûte 262 €/ha, alors qu’elle rapporte 341 €/ha si le loyer de chasse vaut 150 €/ha/an et les revenus bois le dixième de leur montant normal. Nous avons expliqué ce résultat par l’hypothèse d’une non-rentabilité de la sylviculture.

5.1.1.3 Maintien des menus bois et branches dans les parcelles � Cas du chêne

Le coût du maintien des menus bois et branches (diamètre supérieur à 7 cm) — varie de 1 à 24 €/ha selon que l’on compense ou non des pertes minérales grâce à 3 fertilisations

moyennes lors d’un scénario prévoyant 3 récoltes par révolution en fertilité haute, sans baisse de fertilité,

— est de 19 €/ha si le scénario de récolte prévoit, en fertilité moyenne, 3 récoltes par révolution sur sol non sensible (donc aucun apport minéral), sans baisse de fertilité,

— devient un bénéfice de 13 à 18 €/ha si le scénario de récolte prévoit 2 récoltes par révolution sur sol moyennement sensible (nécessitant une fertilisation forte au cours de la vie du peuplement) et une récolte par révolution sur sol sensible, pour une fertilité moyenne stable.

Par contre, en cas de baisse de la fertilité (baisse d’une classe de fertilité à chaque révolution, ou une révolution sur deux), le maintien des menus bois et branches engendre un bénéfice pour le propriétaire dès lors que des fertilisations viennent compenser les récoltes. Le bénéfice est de 4 à 5 €/ha pour des apports moyens d’éléments minéraux (selon le contexte de sensibilité nulle ou moyenne, qui prévoient respectivement 3 et 2 récoltes par révolution et une baisse de fertilité une révolution sur deux et à chaque révolution), et de 16 à 18 €/ha pour des apports forts de minéraux (mêmes contextes). Donc, le bénéfice est d’autant plus fort que la baisse de fertilité est rapide. En absence de baisse de fertilité, la perte est d’autant plus faible que les apports d’éléments minéraux sont importants et fréquents.

Le coût du maintien des menus bois et branches est d’autant plus fort que le prix de vente du bois énergie est fort. L’augmentation du prix de vente du bois d’œuvre diminue les coûts et augmente les bénéfices liés à la pratique en faveur de la biodiversité.

� Cas du hêtre

Dans le cas du hêtre, les mêmes remarques sont possibles. De manière générale, les coûts du maintien des menus bois et branches sont plus élevés pour le hêtre que pour le chêne : — sur sol non sensible (sans apports), le coût est de 70 à 114 €/ha selon la fertilité (moyenne ou haute),

pour des scénarii alternatifs prévoyant 3 récoltes par révolution sans baisse de fertilité, — sur sol moyennement sensible, on passe d’un coût de 85 €/ha à un bénéfice de 6 €/ha suite aux deux

apports moyens réalisés pour compenser les exportations minérales (selon la fertilité considérée : haute ou moyenne).

En l’absence d’apports minéraux, la pratique engendre un coût. Dès que l’apport d’éléments minéraux est nécessaire, le maintien des rémanents se révèle être un bénéfice pour le propriétaire. Le fait de passer d’apports moyens à forts augmente de 50 % le coût de la fertilisation, mais fait doubler les bénéfices liés au maintien des rémanents dans les parcelles.

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5.1.1.4 Création d’îlots de sénescence � Cas du chêne

Les coûts suscités par la création d’un îlot de sénescence sur un demi-hectare sont nettement supérieurs à ceux des autres pratiques étudiées : ils varient de 68 619 à 47 630 €/ha, soit 2059 à 1081 €/an.

Pour une fertilité faible et un fonds à 1000 €/ha, le coût d’un îlot — est plus fort aux fertilités hautes (69 145 € en fertilité 1 avec un fonds à 1500 €/ha, 48 318 € en

fertilité 3 avec un fonds à 1000 €/ha), — est plus fort lorsque l’on prend en compte le DEFI-travaux, — diminue avec l’augmentation du coût des itinéraires de travaux (1095 €/an à 1102 €/an), — augmente avec l’augmentation du prix de vente utilisé (265 €/an en prix « C experts », 1129 €/an

avec les prix « B experts »).

Tous ces résultats sont cohérents avec la méthode de calcul du coût, estimé comme un pourcentage de la valeur en bloc. On retrouve souvent les tendances obtenues avec la technique du BASI. Par ailleurs, on remarque la faible incidence du coût des travaux sur le coût des îlots : cela s’explique par une plus forte incidence de la valeur des bois.

� Cas du hêtre

Les coûts varient entre 10 594 et 11 728 €/ha dans le cas de la création d’un îlot de sénescence d’un demi-hectare chez le hêtre. Pour tous les paramètres, le coût chez le hêtre se comporte de la même manière que chez le chêne.

5.1.2 Quelques grandes tendances pour l’ensemble des pratiques

Le coût des pratiques varie, en fonction des paramètres considérés, de la façon suivante :

îlot de sénescence PRATIQUES

Allongement de l'âge d'exploitabilité et IV1

IV2a (ponctuel)

IV2b (répété) chêne hêtre

Rémanents

Méthode BASI BASI BASI mixte

Valeur en bloc

Valeur en bloc BASI mixte

↑ Prix de vente bois d'œuvre

coût ↑ coût ↑ coût ↑ coût ↑ coût ↑ coût ↓

↑ chasse +↓ bois d'œuvre coût ↓ coût ↓ coût ↓ NR21 ↑ fertilité coût ↑ NR NR coût ↑ coût ↑ coût ↑ ↑ fonds coût ↑ coût ↑ coût ↑ coût ↑ coût ↑ NR

↑ fertilité + ↑ fonds coût ↑ coût ↑ coût ↑ coût ↑ coût ↑ coût ↑ ↑ dépenses coût ↓ coût ↓ ↑ recettes coût ↑ coût ↑

aide Natura 2000 coût ↓ coût ↓ ↑ apports minéraux coût ↓ ↑ prix de vente bois

énergie coût ↑

Baisse de la fertilité plus rapide

coût ↓

Tableau 19 : Récapitulatif schématique du comportement du coût en fonction de la variation des différents paramètres.

La particularité du cas du maintien des rémanents apparaît dans ce tableau : on compare un scénario de référence qui correspond à la pratique favorable à la biodiversité (ne pas changer de pratique, en n’exploitant pas les menus bois et branches) avec un scénario alternatif qui est, a priori, plus rentable (on y valorise les rémanents). Le taux d’actualisation est donc calculé sur la pratique favorable à la biodiversité, ce qui n’était pas le cas pour les autres évaluations. Dans les autres cas de calcul, le scénario sur lequel on détermine le taux d’actualisation n’est pas celui de la pratique favorable à la biodiversité. Il faut donc

21 NR = analyse de sensibilité non réalisée

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interpréter le comportement du coût de la pratique lors de l’analyse de sensibilité pour le maintien des rémanents différemment du comportement des autres coûts calculés.

On remarque que les valeurs élevées de fertilité et de fonds font augmenter le coût des pratiques. Lorsque le fonds est élevé, le capital est productif. Ainsi, lui imposer une contrainte (donc une baisse de production dans un premier temps) via une pratique favorable à la biodiversité est plus pénalisant que dans un contexte où le capital est peu productif.

Le coût des pratiques diminue, en général, avec l’augmentation des recettes, à condition que celles-ci interviennent tôt dans l’itinéraire pour les calculs fondés sur le BASI. L’augmentation du prix de vente du bois d’œuvre fait augmenter le coût des pratiques dont l’évaluation est réalisée par comparaison de BASI, sauf dans le cas particulier des rémanents. Un prix élevé du bois d’œuvre augmente la rentabilité des scénarii les plus rentables (scénarii de référence pour l’allongement de l’âge d’exploitabilité et les îlots de vieillissement, scénarii alternatif dans le cas des rémanents).

L’actualisation joue un rôle majeur dans la prise en compte et l’influence des paramètres dans le calcul économique : les dépenses et recettes qui interviennent tôt dans l’échéancier sont celles qui influent le plus sur le résultat.

Les coûts obtenus sont du même ordre de grandeur que ceux avancés par Allegrini pour des scénarii impliquant le maintien de certaines essences (au lieu de leur remplacement par des essences dites plus productives), qui sont de 90 €/ha/an pour un maintien du chêne ou du hêtre face au douglas dans une chênaie-hêtraie acidiphile, ou face à l’épicéa dans une hêtraie à dentaire, et de 335 €/ha/an pour un maintien du chêne et de l’orme face au peuplier dans une chênaie pédonculée-ormaie-charmaie.

5.2 Limites des résultats obtenus

5.2.1 Limites liées aux fortes hypothèses de calcul et aux éléments non pris en compte

� Cas général

Dans les évaluations réalisées, nous avons négligé certains paramètres et certains facteurs, volontairement ou faute de données disponibles.

L’exemple le plus frappant concerne les bénéfices liés à la biodiversité (bon fonctionnement des écosystèmes, services directs ou indirects aux activités humaines). En effet, ces bénéfices ne sont pas chiffrés à l’heure actuelle faute de données écologiques sur lesquelles baser les analyses.

D’autres données concernant les peuplements forestiers n’ont pas été prises en compte dans nos études : le coût de création ou d’entretien de la desserte et des autres infrastructures, l’exonération de droits de succession prévue par l’amendement Monichon, ou d’autres données économiques qui, parce qu’elles ne correspondent pas au cas général d’étude, ont été négligées.

Des données concernant le matériel sur pied dans les peuplements modélisés n’apparaissent pas dans les évaluations, par exemple, le sous-étage, qui est un élément qui peut s’avérer important lors de la quantification du volume de menus bois et branches à prélever.

Les productions annexes de la forêt n’ont pas été incluses aux analyses (production de champignons, plantes, gibier). Dans certains cas, il peut cependant s’agir de sources importantes de recettes.

� Allongement de l’âge d’exploitabilité

Dans le cas de l’allongement de l’âge d’exploitabilité, les principales critiques à apporter aux évaluations concernent l’absence de prise en compte du risque encouru par les peuplements qui restent sur pied plus longtemps, ou la dépréciation du bois qui peut être liée à une vie plus longue des arbres.

Cette dépréciation n’a pas été prise en compte pour le chêne. L’affectation de prix de vente et de proportions de qualité a même été optimiste.

La surestimation de la qualité peut être amplifiée par la surestimation probable des volumes issus des simulations sous Fagacées, puisque l’on sort du domaine de validité du modèle de croissance utilisé lorsque l’on simule des peuplements au-delà de 200 à 250 ans.

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� Îlots de vieillissement

Les remarques émises pour l’allongement de l’âge d’exploitabilité restent valables dans le cas des différents îlots. En outre, on néglige le surcoût lié à la division d’une parcelle en deux sous-unités de gestion de taille réduite. Le surcoût réside : — dans la nécessité de faire venir deux fois au lieu d’une les exploitants forestiers et les entreprises de

travaux forestiers, — dans l’apparition éventuelle d’un effet d’échelle, si le reste de la parcelle (hors îlot) est de taille

réduite, et que la trop faible surface engendre des coûts supplémentaires lors des opérations réalisées.

� Îlots de sénescence

En ce qui concerne les îlots de sénescence, on néglige également les surcoûts évoqués pour les îlots de vieillissement.

De plus, on a ici négligé un aspect intéressant de l’étude, qui aurait consisté à envisager un retour à la gestion de la surface occupée par l’îlot. Toutefois, le manque de données relatives à l’avenir des îlots de sénescence d’une part, et au temps nécessaire à la décomposition complète d’arbres en îlots, a empêché la réalisation d’une évaluation envisageant la création ponctuelle d’un îlot de sénescence.

� Maintien des rémanents dans les parcelles

Les évaluations concernant le maintien des rémanents dans les parcelles sont fondées sur de très fortes hypothèses concernant la baisse de la fertilité suite aux prélèvements de menus bois et branches, la fertilisation nécessaire pour compenser ces exportations et la mise en œuvre de cette fertilisation (pratique extrêmement rare à l’heure actuelle). Ces hypothèses sont issues des études existantes mais restent à valider.

Les volumes déjà prélevés sous forme de bois de chauffage, ou les volumes de sous-étage n’ont pas été calculés ni pris en compte dans cette étude. Or, il s’agit d’éléments essentiels pour l’étude de cette pratique, mais qui auraient nécessité des recherches approfondies.

Enfin, les effets annoncés des changements climatiques en terme de changements de productivité et leur effet sur la fertilité des stations (donc sur la potentialité de récolte des rémanents) n’ont pas été envisagés. Les données dans ce domaine sont encore rares.

5.2.2 Limites liées aux sources de données

� Données micro-économiques

Le recueil des données micro-économiques a nécessité de faire appel à de nombreux experts et organismes régionaux, qui bien souvent n’ont pu répondre à nos requêtes qu’en nous fournissant des données « à dire d’expert ». Naturellement, la nature de ces données ne nous permet pas de garantir leur fiabilité, bien que nous puissions leur accorder crédit, puisqu’elles correspondent à l’expérience des experts.

Ces données ne sont pas issues de statistiques : il ne s’agit pas de moyennes, et l’on ne dispose pas des écart-types correspondants. Les marges d’erreur de nos résultats en fonction de la dispersion des paramètres n’ont donc pas pu être calculées.

� Données de l’évaluation du maintien des rémanents

Les données nécessaires à l’étude sur le maintien des menus bois et branches dans les parcelles sont très rares, ce qui a conduit à bâtir les scénarii sur de très fortes hypothèses, qui fragilisent la démarche et les résultats obtenus.

Les données écologiques manquent, donc les données économiques aussi. S’il est parfois possible de simuler avec certains modules de Capsis la quantité d’éléments minéraux qui se trouvent dans le peuplement (et non plus dans le compartiment du sol), il reste difficile de quantifier la baisse de fertilité pour un niveau de prélèvement minéral donné, et ceci constitue un handicap important lorsque l’on souhaite chiffrer le coût ou le bénéfice d’une absence de prélèvement en simulant le passage d’une classe de fertilité à une autre.

Par ailleurs, un biais important dans notre étude vient du fait que le volume estimé de menus bois et branches concerne les bois de plus de 7 cm de diamètre. Or, les pertes d’éléments minéraux liées aux

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exportations des rémanents concernent généralement des bois de diamètre plus petit, c'est-à-dire les extrémités des branches, les rameaux et brindilles. Ainsi, alors que l’on envisage le prélèvement de bois de diamètre supérieur à 7 cm, on applique des fertilisations compensatrices valables pour des exportations de bois sans doute plus petits, donc plus riches en éléments minéraux. Une estimation plus précise du volume à prélever pour le bois énergie est donc souhaitable, accompagnée d’une estimation des éléments minéraux exportés du fait de ces prélèvements.

5.2.3 Limites de la simulation d’itinéraires sylvicoles

� Domaine de validité de Capsis

Les simulations sous Fagacées dépassent le domaine de validité du modèle de croissance. Il aurait été nécessaire, pour valider les itinéraires obtenus, de recalibrer le modèle à l’aide de données dendrométriques issues de très vieux peuplements. Toutefois, si ces très vieux peuplements sont rares, les données qui leurs sont relatives le sont encore plus. D’autre part, la sylviculture menée, à laquelle correspondent ces données, n’est pas nécessairement la même que celle suivie par nos itinéraires, ce qui rend difficile toute comparaison absolue, mais permet tout de même des comparaisons des ordres de grandeur des variables obtenues.

Nos simulations d’itinéraires sylvicoles sous Fagacées se basent sur des itinéraires prévus pour un âge d’exploitabilité ordinaire, qui ne dépasse pas 200 ans. Pourtant, lorsque l’on allonge ces itinéraires, on fait l’hypothèse que la sylviculture menée reste valable et réaliste, alors qu’en réalité un allongement des itinéraires donne peut-être des résultats aberrants. Le manque de références sylvicoles dans les vieux peuplements, et toujours la volonté de se placer dans un cas général expliquent que nous ayons allongé les itinéraires existants au lieu d’essayer de mimer une sylviculture effectivement conduite dans le cas d’un peuplement existant.

� Simulation des dépressages

Nous avons évoqué en 3.1.2.1 le fait que nos simulations ne comprennent pas de dépressages des peuplements. En effet, nous n’avons pas souhaité approcher l’effet d’un dépressage au moyen d’une éclaircie à un très jeune âge sous Fagacées.

Toutefois, en simulant un dépressage, nous aurions obtenu des peuplements à croissance plus forte (les dépressages témoignant d’une sylviculture plus dynamique) donc des volumes récoltés plus importants aux premières éclaircies. Ceci aurait rendu plus rentables nos itinéraires, mais nous n’aurions pas eu l’assurance de rester dans des gammes de valeurs réalistes pour les principales données dendrométriques. On peut penser par exemple que les itinéraires avec dépressages auraient induit des productions totales en volume très importantes, voire exagérément élevées.

En effet, Capsis est calibré sur des peuplements existants, donc ayant connu une sylviculture peu à moyennement dynamique. La simulation de sylvicultures très dynamiques s’éloigne donc légèrement du domaine de validité du modèle.

� Défaut de Fagacées

Outre le problème de calibration mentionné, on peut mentionner que les peuplements obtenus par simulation sous Fagacées, et sous Capsis en général, sont plus proches de peuplements « parfaits » que les peuplements réels. Par exemple, les simulations effectuées grâce au module PP3 utilisé pour le pin maritime présentent des valeurs élevées pour le nombre de tiges et le volume par hectare. Ceci peut entraîner l’utilisation de coefficients de réfaction à appliquer à ces variables, afin de se rapprocher du cas des peuplements existants.

� Marge d’erreur des simulations

Nous avons réalisé des analyses de sensibilité sur différents paramètres de l’analyse économique, afin d’estimer à quel point les éventuelles marges d’erreur sur certains paramètres pourraient jouer sur les coûts et bénéfices obtenus. Toutefois, nous n’avons pas pris en compte dans ces analyses les sorties de Fagacées, pour un même itinéraire par exemple. Il aurait été souhaitable d’étudier l’influence de légères variations d’un même itinéraire (plus ou moins de prélèvement, avec un décalage variable dans les dates d’intervention) sur les résultats économiques. On ajouterait ainsi aux analyses de sensibilité portant sur des données économiques une analyse portant sur des données sylvicoles.

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5.3 Perspectives d’étude Cette étude permet déjà d’appréhender les ordres de grandeur des coûts de pratiques en faveur de la

biodiversité forestière dans le cas des futaies régulières de hêtre et de chêne sessile22. Toutefois, des suites sont à envisager.

Nous avons noté au fil de ce mémoire quelques corrections à apporter aux scénarii envisagés, concernant l’itinéraire allongé Jarret simulé pour la fertilité moyenne chez le chêne sessile et l’analyse de sensibilité portant sur l’âge d’allongement de l’itinéraire (allongements progressifs tous les 9 à 12 ans pour le chêne sessile suivant un itinéraire adapté de Pardé en fertilité 1). Ces corrections rendront les calculs plus solides et les résultats plus fiables.

Une estimation des marges d’erreur pourrait apporter un plus à l’étude, afin de justifier le choix de certains paramètres dans les simulations et de déterminer les éléments décisifs pour la rentabilité des pratiques forestières favorables à la biodiversité. Cette estimation sera rendue possible si les données recueillies disposent elles-mêmes d’écart-types. Toutefois, il convient de noter que la multiplicité des paramètres accroît l’erreur elle-même. D’autre part, selon que les paramètres sont indépendants ou liés entre eux, leurs marges d’erreur respectives s’additionnent ou se compensent. Il est donc relativement difficile d’appréhender cette notion de marge d’erreur, qui d’autre part est discutable selon les paramètres considérés.

Les hypothèses sur lesquelles repose l’étude du maintien des menus bois et branches sont à vérifier ou à revoir. Les données écologiques et économiques nécessaires à cette révision existent dans d’autres contextes que les forêts tempérées européennes (notamment en Suède et au Canada), et pourraient constituer une première approche pour transposer les études menées dans ces pays et acquérir les données manquantes sur le territoire français.

Davantage de scénarii pour l’étude du maintien des menus bois et branches pourront également être envisagés, afin de balayer une plus large gamme de possibilités. En effet, en l’absence de données écologiques, il est préférable d’élargir la fourchette des coûts possibles en diversifiant les scénarii.

Les baisses de fertilité pourraient être estimées approximativement grâce à l’étude de massifs forestiers comprenant des parties autrefois surexploitées (forges, mines, forte pression des paysans) et d’autres conservées, dont l’exploitation aurait été suivie et consignée dans des sommiers. Toutefois, cela nécessiterait un travail important de recherche d’archives, et ne permettrait sans doute pas d’arriver à des conclusions précises sur la baisse de la fertilité occasionnée par des prélèvements répétés d’un niveau donné.

L’ensemble des pratiques étudiées au cours de ce stage seraient intéressantes à étudier dans d’autres contextes forestiers : essences ou domaines géographiques différents, traitements variables. Cette suite à l’étude sera nécessaire notamment dans le cas des contextes décrits en 2.2.2 (pin maritime des Landes, pin d’Alep, douglas, sapin et épicéa en montagne), pour lesquels une partie des données a déjà été recueillie.

Les méthodes économiques pourront également être étendues à d’autres pratiques en faveur de la biodiversité. Ceci permettra d’avoir une base de comparaison entre les pratiques les plus rentables, et celles qui sont plus coûteuses mais n’en restent pas moins très importantes d’un point de vue écologique. Cela permettra également d’avoir davantage d’exemples de coûts à apporter pour étayer les argumentations avec les gestionnaires et propriétaires, et d’éviter de voir les esprits se focaliser sur quelques chiffres pris comme les coûts absolus d’une pratique, alors que ces coûts sont soumis à d’importantes hypothèses et dépendent fortement du contexte.

Il serait également intéressant de faire des études intégrant un taux d’actualisation nul, dans le cas où les propriétaires forestiers, considérant leur bien comme un legs futur à leurs héritiers, accorderaient autant de valeur à une recette future qu’à une recette actuelle.

Les outils conçus sous Excel pour effectuer les évaluations économiques sont prévus pour s’adapter aux contextes considérés, en permettant la modification des paramètres du scénario. On peut donc les utiliser pour le calcul des coûts des pratiques considérées dans des contextes différents, tant que l’itinéraire sylvicole reste le même.

Enfin, il sera possible de les transposer pour les cas d’autres essences, en gardant les mêmes techniques de construction des fichiers et les mêmes méthodes de calcul.

22 Domaine atlantique.

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CONCLUSION

L’objectif du stage était de présenter des méthodes économiques permettant de réaliser une évaluation économique du coût de quelques pratiques favorables à la biodiversité forestière. La définition des pratiques à étudier, des méthodes à employer et des éléments à prendre en compte dans les calculs était une des principales attentes vis-à-vis de l’étude menée.

Les méthodes économiques à notre disposition ont été recensées au cours d’une étude bibliographique des travaux existants sur le sujet. Les méthodes adaptées aux pratiques choisies pour l’étude, à mise en œuvre simple et nécessitant des données aisément disponibles ont été déterminées au cours de cette étude bibliographique et avec l’aide du laboratoire d’économie forestière de Nancy.

Le choix des pratiques favorables à la biodiversité forestière à étudier au cours du stage a porté sur l’allongement de l’âge d’exploitabilité des peuplements par îlots ou parcelles entières, la création d’îlots de sénescence, et le maintien des menus bois et branches dans les parcelles (par opposition à leur valorisation sous forme de bois énergie). Ces différentes pratiques se rapportent à la conservation et au renouvellement du stock de bois mort en forêt, un des enjeux majeurs dans la lutte contre l’érosion de la biodiversité. Les évaluations économiques menées à l’aide de ces méthodes nécessitaient le recueil d’un grand nombre de données variées, dont certaines très éparpillées, et leur synthèse par région d’étude. L’application des méthodes de calcul économique a nécessité le recours à la simulation de croissance de peuplements, virtuels mais aux caractéristiques réalistes et les plus générales possibles.

Les résultats obtenus lors des évaluations économiques indiquent le plus souvent des coûts lors de l’adoption de pratiques en faveur de la biodiversité forestière. Les ordres de grandeur des coûts varient selon les pratiques. Alors que le maintien des rémanents dans les parcelles coûte très peu ou constitue un bénéfice pour les propriétaires selon les scénarii envisagés, la création d’îlots de sénescence se révèle très coûteuse (toujours dans le contexte étudié). Ces coûts sont particulièrement sensibles à la variation de certains paramètres, comme la fertilité des stations et la valeur du fonds forestier, ou encore le prix de vente des bois : d’une manière générale, les pratiques favorables à la biodiversité sont d’autant moins coûteuses qu’elles concernent des peuplements peu fertiles ou de qualité médiocre, donc à revenu peu élevé. Les outils Excel développés pour l’analyse (fichiers de calcul) permettent de simuler différents scénarii en faisant varier les différents paramètres économiques du calcul. Les chiffres obtenus sont fortement dépendants des hypothèses de calcul, lesquels calculs reposent sur des scénarii théoriques. Il faut donc se méfier du « syndrome de la valeur unique » (Méral, 2005) : ces coûts ne peuvent donc être vus comme le coût absolu des pratiques, mais bien comme un élément de coût dans un contexte donné. Il faut donc veiller à ne les diffuser qu’accompagnés des hypothèses et approximations liées à leur calcul.

Les coûts peuvent se révéler contre-intuitifs, et dépendent fortement du raisonnement adopté. Il faut donc prendre garde à ne pas généraliser les résultats obtenus et sensibiliser les gestionnaires au raisonnement utilisé pour l’évaluation économique plutôt que leur fournir des réponses chiffrées éventuellement inadaptées à leur contexte. Les méthodes économiques présentées ici peuvent servir d’outil d’aide à la décision pour les gestionnaires et propriétaires, qui prennent en compte les retombées économiques de leurs projets au sein de tous les éléments qui influent sur leur décision : la valeur qu’ils accordent à la biodiversité, l’attachement à leur patrimoine, l’intérêt de la biodiversité pour l’adaptation et la résilience des peuplements face aux perturbations, les services rendus par leur forêt en termes de loisirs ou de cadre de vie.

Les coûts obtenus par le calcul font l’impasse sur un bon nombre d’éléments qui permettraient de calculer plus précisément le bilan économique de l’application d’une pratique favorable à la biodiversité forestière. Par exemple, l’absence de prise en compte des bénéfices de la biodiversité dans l’évaluation économique des pratiques est à déplorer. Ces bénéfices sont potentiellement nombreux et interviennent à différents niveaux, dans les écosystèmes et à des échelles plus grandes. Par ailleurs, ils sont encore très mal documentés d’un point de vue écologique. Il est donc important de mener des études du chiffrage de ces bénéfices pour que les calculs prennent en compte équitablement les coûts et bénéfices des pratiques favorables à la biodiversité. Enfin, un important travail d’élargissement de la démarche reste à accomplir afin de pouvoir comparer les mesures pour la biodiversité du point de vue de leur coût, et de fournir à la fois aux propriétaires et aux décideurs publics des éléments de réponse à la question du coût des gestions favorables à la biodiversité.

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66

LISTE DES CONTACTS Nom Organisme Thème Tél Mail Anthony Auffret ONF Haut-Jura FI Sapin - Epicéa [email protected] Benoît Courbaud Cemagref Grenoble Capsis Samsara [email protected] Céline Meredieu INRA Pierroton Pin Maritime Capsis 05.57.12.28.61 [email protected] Christian Ginsity Cemagref Nogent Sylviculture 02.38.95.03.47 [email protected] Christophe Chauvin Cemagref Grenoble GSM, biodiversité 04.76.76.27.72 [email protected] Denis Stauffer Resp commercial ONF prix des bois 03.83.17.74.57 [email protected]

Didier Canteloup ONF Pin maritime 05.57.81.22.75 [email protected]

Dominique Abt ONF Haut-Jura FI Sapin - Epicéa 03.81.65.08.68 [email protected] Emmanuel Cacot FCBA Rémanents 05.55.48.48.10 [email protected] Emmanuel Michau ONF Economie - forêt publique [email protected] Eric Marquette Resp commercial ONF prix des bois [email protected] Frédéric Mothe INRA -FERFOB Capsis + Divers [email protected] Henri Chaperon CAFSA (coopérative Landes) Frais de gestion 05.40.12.01.02 [email protected] Jacques Ranger INRA Nancy Rémanents [email protected] Jean-Luc Peyron GIP-Ecofor économie 01.53.70.21.49 [email protected] Jean-marc Ottorini INRA Nancy Simcop (Douglas) [email protected] Jérôme Bock ONF Hêtre en Lorraine 03.83.23.45.03 [email protected] Mohamed Najar FCBA Pin Maritime [email protected] Olivier Segouin Expert valeurs de fonds 03.81.58.25.91 [email protected] Pascal Jarret ONF Chênaies atlantiques 02.38.65.47.00 [email protected] Patrice Lécureuil Unisylva (coopérative) Frais de gestion 02.48.70.45.60 [email protected] Patrick Vallet Cemagref Nogent Capsis 02.38.95.03.54 [email protected] Philippe Dreyfus INRA Avignon Pin d'Alep 04.32.72.29.09 [email protected] Philippe Gourmain Expert forestier éléments économiques [email protected] Pierre Beaudesson CNPPF environnement, privé 02.38.71.95.24 [email protected] Pierre Brossier Unisylva (coopérative) Frais de gestion [email protected] Sandrine Costa LEF Nancy économie 03.83.39.68.59 [email protected] Thierry Sardin ONF Chênaies continentales 05.62.73.55.12 [email protected] Xavier Gauquelin Cemagref Grenoble Sylviculture montagne 04.79.69.96.26 [email protected] Yves Lavarelo DGFAR aides publiques [email protected]

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67

Personnel des SAFER : Ph. de Segonzac Safer Centre (antenne Blois) Fonds forestier 02.38.71.91.95 [email protected]

Safer Aquitaine Fonds forestier 05.58.46.59.59 [email protected]

Joël Baudequin Safer Lorraine Fonds forestier 03.83.95.46.00 [email protected]

Safer FrancheComté Fonds forestier 03.84.79.16.99 [email protected]

Marc Gaillet Safer Rhône-Alpes Fonds forestier 04.72.76.13.10 [email protected]

Safer PACA Fonds forestier 04.92.71.71.00 [email protected]

G. Savoy Safer Languedoc-Roussillon Fonds forestier [email protected]

José Dos Santos Safer Auvergne Fonds forestier 04.73.31.90.20 [email protected]

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68

LISTE DES ANNEXES ANNEXE 1.......................................................................................................................................................................... 69 ANNEXE 2.......................................................................................................................................................................... 73 ANNEXE 3.......................................................................................................................................................................... 75 ANNEXE 4.......................................................................................................................................................................... 77 ANNEXE 5.......................................................................................................................................................................... 79 ANNEXE 6.......................................................................................................................................................................... 81 ANNEXE 7.......................................................................................................................................................................... 85 ANNEXE 8.......................................................................................................................................................................... 88 ANNEXE 9.......................................................................................................................................................................... 94 ANNEXE 10........................................................................................................................................................................ 98 ANNEXE 11...................................................................................................................................................................... 103 ANNEXE 12...................................................................................................................................................................... 108 ANNEXE 13...................................................................................................................................................................... 112 ANNEXE 14...................................................................................................................................................................... 115 ANNEXE 15...................................................................................................................................................................... 117 ANNEXE 16...................................................................................................................................................................... 119

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69

Annexe 1 Méthodes d’évaluation économique des arbres en futaie irrégulière

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Annexe 1

70

Méthodes d’évaluation économique des arbres en futaie irrégulière

En futaie irrégulière, on raisonne en étudiant le cas d’arbres individuels, et non plus un peuplement entier. En effet, ce mode de traitement caractérise les peuplements où cohabitent des arbres d’âges différents issus de graine. Les coupes jardinatoires qui ont lieu dans ces peuplements envisagent le maintien ou la coupe de chaque arbre au cas par cas, il est donc nécessaire d’adopter une méthode d’analyse économique cohérente avec la démarche du sylviculteur.

Critères d’évaluation économique de l’arbre

Plusieurs critères permettent d’évaluer l’intérêt économique d’un arbre. Les deux critères le plus

souvent utilisés sont le taux de fonctionnement de l’arbre et la perte de valeur potentielle. Le taux de fonctionnement

Le taux de fonctionnement de l’arbre correspond au rapport du gain annuel de la valeur de

consommationt

tr

∂∂ )(

sur la valeur de consommation)(tr , selon la formule suivante :

)(

)(

ment fonctionne deTaux trt

tr

∂∂

= (8)

Au diamètre d’exploitabilité optimal, le taux de fonctionnement de l’arbre est égal au taux d’actualisation a. Le gain annuel de la valeur de consommation devient donc :

)()(

trat

tr ×=∂

∂ (9)

Le terme )(tra × correspond au coût d’immobilisation de l’arbre. Dans la pratique, le taux de fonctionnement est généralement calculé en exprimant la valeur de

consommation comme le produit du prix de vente unitaire par le volume : )()( tVPUtr ×= , puis en approchant les valeurs des dérivées du volume et du prix par des variations relatives (accroissements par classes de 5 cm de diamètre et variations du prix entre deux classes de diamètre). Des inventaires de peuplement permettent de disposer d’informations sur le diamètre des arbres par classe de 5 cm, et sur le volume correspondant (en utilisant un tarif de cubage adapté). On utilise habituellement la formule d’approximation suivante, où VD le volume de l’arbre de diamètre D et PD est le prix unitaire pour un arbre de diamètre D :

t

D

V

V

P

P

trt

tr

D

D

D

D

∂∂×

+

×=∂

∂++ 55 lnln

5

1

)(

)(

(10)

La perte de valeur potentielle La valeur potentielle est définie comme le rapport du gain annuel de la valeur de consommation sur le taux d’actualisation choisi :

at

tr

epotentiellValeur ∂∂

=

)(

(11)

La perte de valeur potentielle est la différence entre la valeur potentielle des arbres (ou valeur

d’avenir) et la valeur de consommation. Elle s’exprime ainsi :

)(

)(

trat

tr

epotentiellvaleurdePerte −∂∂

= (12)

A l’optimum, la perte de valeur potentielle est nulle. L’égalité suivante est donc vérifiée :

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Annexe 1

71

)()(

0 trat

trepotentiellvaleurdePerte ×=

∂∂⇔=

Finalement, les critères du taux de fonctionnement et de la perte de valeur potentielle aboutissent au

même résultat : l’égalité du gain annuel de la valeur de consommation et du coût d’immobilisation de l’arbre. On peut montrer que les critères du taux de fonctionnement et de la perte de valeur potentielle résultent de la maximisation du bénéfice actualisé de l’arbre.

Évaluation de la perte liée à une exploitation anticipée ou tardive des bois (M. Bruciamacchie et S. Costa, comm. pers.)

En futaie irrégulière, chaque arbre individuel présente un taux de fonctionnement propre. Le taux de

fonctionnement du peuplement correspond au taux qui assure que le prélèvement de tous les arbres ayant un taux de fonctionnement inférieur à ce taux du peuplement satisfait les contraintes sylvicoles (c’est à dire un taux de prélèvement global sur la parcelle). Dans un peuplement où les contraintes sylvicoles ne sont pas très fortes, le taux de fonctionnement du peuplement dépendra essentiellement du taux d’actualisation du propriétaire. Dans un peuplement soumis à de fortes contraintes sylvicoles (contraintes environnementales, paysagères ou volonté du propriétaire), les alternatives possibles à la coupe de certains arbres sont restreintes. On est alors amené à choisir comme critère d’exploitabilité un taux plus faible que le taux d’actualisation utilisé ordinairement. L’égalité entre le taux de fonctionnement de l’arbre et ce taux fixé détermine l’âge d’exploitabilité optimal.

Si l’on décide de couper une partie du peuplement, on se donne des critères de coupe qui influencent la sylviculture : on veut couper une plus ou moins grande part du volume sur pied, selon une gamme de justifications allant du purement économique (objectif du plus fort revenu possible) au purement écologique (on conserve les arbres intéressants pour la biodiversité, quitte à entraîner un manque à gagner). La marge de manœuvre sylvicole dont dispose alors le gestionnaire détermine une plage de valeurs possibles pour le taux de fonctionnement, comme le représente la figure suivante :

Les arbres conservés ont, normalement, un taux de fonctionnement supérieur au taux optimal de fonctionnement du peuplement (taux souhaité, déterminé par les contraintes sylvicoles et le contexte économique). Intuitivement, le propriétaire va conserver les arbres qui fonctionnent mieux (qui rapportent plus d’argent) que les autres. Le propriétaire peut choisir de conserver des arbres qui ont un taux de fonctionnement inférieur à celui du peuplement pour des raisons écologiques. Pour compenser le maintien d’arbres au-delà de leur taux de fonctionnement optimal pour des raisons écologiques, le sylviculteur sera amené à couper des arbres dont le taux de fonctionnement est supérieur au taux optimal.

100%

Plage de sylviculture

θp a

Figure 4 : Évolution du taux de fonctionnement selon la répartition du volume sur pied

Page 80: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 1

72

La perte instantanée se calcule selon la formule suivante, où les arbres gardés sont ceux que l’on conserve pour raisons écologiques, et les arbres de compensation ceux qu’il est nécessaire de couper à la place des arbres maintenus pour garder un niveau suffisant de recettes :

)()(. poncompensatidearbresgardésarbres

p VCVCinstPerte θθθθ −×+−×= ∑∑ (13)

Le premier terme traduit la perte en gain (valeur de consommation multipliée par le taux) liée au fait

de garder des arbres dont le taux est inférieur au taux de peuplement, qui seront donc exploités au-delà de l’optimum. Le second terme traduit la perte en gain résultant de l’exploitation anticipée de certains arbres, dont le taux est donc supérieur au taux de peuplement.

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73

Annexe 2 Principales préconisations de gestion en faveur de la biodiversité

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Annexe 2

74

Principales préconisations de gestion en faveur de la biodiversité (Gosselin et al, 2006)

Les pratiques de gestion préconisées pour la protection de la biodiversité sont les suivantes :

— ne pas baisser de manière généralisée les âges d'exploitabilité : varier les âges

d’exploitabilité en augmentant localement les âges d'exploitabilité, par parcelles entières (parcelles label visant des gros bois d'œuvre de qualité) ou par îlots (îlots de vieillissement, îlots de vieillissement),

— conserver dans les parcelles le bois mort existant (pour les espèces saproxyliques), sous toutes ses formes : chablis isolés, volis, purges, chandelles, houppiers (d’habitude récoltés en bois de chauffage) et rémanents,

— augmenter la présence de gros et vieux bois : arbres « bios » laissés à vieillir dans les peuplements, réserves intégrales, îlots de vieillissement, îlots de sénescence (réserves intégrales de très petite taille). Ces éléments sont importants sous la forme citée, et constituent une source de renouvellement du stock de bois mort,

— garantir un réseau représentatif d'espaces en évolution naturelle (réseau de réserves biologiques) et augmenter la part de vieux bois et bois mort dans la matrice forestière entre ces réserves (voir le point précédent),

— garantir un réseau représentatif de peuplements dédiés à la conservation des ressources génétiques, sur l'ensemble de l'aire de répartition d'une espèce,

— ne pas drainer ni combler les milieux humides intraforestiers, adapter la gestion dans une zone tampon autour d'eux,

— varier la composition des peuplements à l'échelle du paysage, ainsi que les proportions de mélanges d'essences,

— privilégier toujours la régénération naturelle (avec un nombre suffisant de semenciers) pour les essences en station, et en cas de plantation, privilégier les essences autochtones,

— limiter la surface parcourue (donc tassée) par les engins d'exploitation en raisonnant leurs itinéraires, adapter les modalités de débardage (câble, traction animale, cheval d'acier),

préserver la qualité des milieux aquatiques intraforestiers : raisonner les itinéraires de débardage, utiliser des kits de franchissement de cours d'eau, appliquer une sylviculture différenciée en ripisylve et zones alluviales.

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75

Annexe 3

Guides de sylviculture, itinéraires de travaux sylvicoles et modules de Capsis à utiliser pour chaque essence considérée en première approche de l’étude

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Annexe 3

76

Guides de sylviculture, itinéraires de travaux sylvicoles et modules de Capsis à utiliser

pour chaque essence considérée en première approche de l’étude

Essence et domaine ITTS Guide de sylviculture Module de Capsis

Chêne en domaine atlantique

(Jarret, 2004) (Jarret, 2004) Fagacées

Hêtre en Lorraine Bock, comm. pers. (Bock, 2005) Fagacées Pin maritime des Landes

(Sardin, 2003) (Sardin, 2003) PP3

Pin d'Alep sur le pourtour méditerranéen

(Couhert, 1993) (Couhert, 1993) NRG

Chêne en domaine continental

Sardin, en cours de relecture

Douglas en Bourgogne et Massif Central

(Angelier, 2007)

Sapin - épicéa Étude de cas particuliers en futaie irrégulière

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77

Annexe 4 Scénarii de récolte de menus bois et branches proposés pour le chêne sessile

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Annexe 4

78

Scénarii de récolte de menus bois et branches proposés pour le chêne sessile, pour différentes fertilités de départ, différents types de sol, avec un nombre variable de récoltes de rémanents et d’apports d’éléments minéraux par révolution et une baisse de fertilité éventuelle

Chiffres en bleu : plus aucune récolte possible, fertilité minimale atteinte.

FEUILLET SENSIBILITE NB RECOLTES

BAISSE DE

FERTILITE

APPORTS MINERAUX R1 R2 R3 R4 R5 R6

1 non sensible 3 récoltes/R 0 0 F1 1 moyennement sensible 3 récoltes/R 0 3 moyens F1 2 non sensible 3 récoltes/R 0 0 F2 2 moyennement sensible 2 récoltes/R 0 1 fort F2 2 sensible 1 récolte/R 0 1 fort F2

1B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R non F1 F1 F2 F2 F3 F3 1B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R non F1 F1 F2 F2 F3 F3 1B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 3 moyens F1 F1 F2 F2 F3 F3 1B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 3 forts F1 F1 F2 F2 F3 F3 1B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R 3 moyens F1 F1 F2 F2 F3 F3 1B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R 3 forts F1 F1 F2 F2 F3 F3 2B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R non F2 F2 F3 F3 2B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R non F2 F2 F3 F3 2B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 3 moyens F2 F2 F3 F3 2B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 3 forts F2 F2 F3 F3 2B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R 3 moyens F2 F2 F3 F3 2B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R 3 forts F2 F2 F3 F3 1B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R non F1 F2 F3 1B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R 3 moyens F1 F2 F3 1B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R 3 forts F1 F2 F3 2B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R non F2 F3 2B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R 3 moyens F2 F3 2B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R 3 forts F2 F3 2B1 sensible 1 récolte/R baisse/R non F2 F3 2B1 sensible 1 récolte/R baisse/R 3 moyens F2 F3 2B1 sensible 1 récolte/R baisse/R 3 forts F2 F3

Page 87: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

79

Annexe 5

Scénarii de récolte de menus bois et branches proposés pour le hêtre

Page 88: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 4

80

Scénarii de récolte de menus bois et branches proposés pour le hêtre, pour différentes fertilités de départ, différents types de sol, avec un nombre variable de récoltes de rémanents et d’apports d’éléments minéraux par révolution et une baisse de fertilité éventuelle

FEUILLET SENSIBILITE NB RECOLTES

BAISSE DE

FERTILITE

APPORTS MINERAUX R1 R2 R3 R4

B non sensible 3 récoltes/R 0 0 B B moyennement sensible 3 récoltes/R 0 2 app faibles B M non sensible 3 récoltes/R 0 0 M M non sensible 3 récoltes/R 0 3 app faibles M M moyennement sensible 3 récoles/R 0 2 app forts M B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 0 B B M M B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 2 app faibles B B M M B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 2 app forts B B M M 1B1 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/R choix : non B M 1B1 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/R 2 app faibles B M 1B1 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/R 2 app forts B M

Chiffres en bleu : plus aucune récolte possible, fertilité minimale atteinte.

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81

Annexe 6

Itinéraires sylvicoles de référence pour le chêne sessile (Jarret, 2004)

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Annexe 6

82

Itinéraires sylvicoles de référence pour le chêne sessile (Jarret, 2004)

Nous avons choisi comme itinéraires sylvicoles de référence pour le chêne ceux du guide de sylviculture des chênaies atlantiques (Jarret, 2004). Il s’agit d’itinéraires de futaie régulière en régénération naturelle. Trois itinéraires sont présentés selon la fertilité considérée (hauteur dominante à 100 ans de 32,5 m, 27,5 m ou 22,5 m), présentant respectivement un âge d’exploitabilité de 180, 190 et 200 ans.

Fertilité 1 :

Nombre de tiges en fonction du temps pour l'itinéraire en fertilité 1 (Ho = 32,5 m à 100 ans)

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

40

50

60

70

80

90

100

110

120

130

140

150

160

170

180

Temps

Nombre de tiges

Nb tiges

Surface terrière en fonction du temps pour la fertilité 1 (H0 = 32,5 m à 100 ans)

10

15

20

25

30

35

40 50 60 70 80 90 100

110

120

130

140

150

160

170

180

190

Surface terrière

Nombre de tiges, surface terrière à l’hectare et RDI en fonction du temps pour l’itinéraire Jarret non allongé en fertilité 1 (H0 = 32,5 m à 100 ans).

Fertilité 2 :

Nombre de tiges en fonction du temps pour l'itinéraire en fertilité 2 (Ho = 27,5 m à 100 ans)

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

1000

1100

1200

40

50

60

70

80

90

10

0

11

0

12

0

13

0

14

0

15

0

16

0

17

0

18

0

19

0

20

0

Temps

Nombre de tiges

Nb tiges

Surface terrière en fonction du temps pour la fertilité 2 (H0 = 27,5 m à 100 ans)

10

15

20

25

30

35

40 50 60 70 80 90 100

110

120

130

140

150

160

170

180

190

Surface terrière

RDI pour la fertilité haute (Ho à 100 ans = 32.5 m)

0.00

0.10

0.20

0.30

0.40

0.50

0.60

0.70

0.80

40 50 60 70 80 90 100

110

120

130

140

150

160

170

180

190

Temps

RD

I

F1

Page 91: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 6

83

Nombre de tiges, surface terrière à l’hectare et RDI en fonction du temps pour l’itinéraire Jarret non allongé en fertilité 2 (H0 = 27,5 m à 100 ans).

Fertilité 3 :

Nombre de tiges en fonction du temps pour l'itinéraire en fertilité 3 (Ho = 22,5 m à 100 ans)

0100200300400500600700800900

10001100120013001400150016001700180019002000

40

50

60

70

80

90

10

0

11

0

12

0

13

0

14

0

15

0

16

0

17

0

18

0

19

0

20

0

21

0

Temps

Nombre de tiges

Nb tiges

Surface terrière en fonction du temps pour la fertilité 3 (H0 = 22,5 m à 100 ans)

10

12

14

16

18

20

22

24

26

28

3040 50 60 70 80 90 100

110

120

130

140

150

160

170

180

190

Surface terrière

Nombre de tiges, surface terrière à l’hectare et RDI en fonction du temps pour l’itinéraire Jarret non allongé en fertilité 3 (H0 = 22,5 m à 100 ans).

RDI pour la fertilité faible(Ho à 100 ans = 22.5 m)

0

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

40 50 60 70 80 90 100

110

120

130

140

150

160

170

180

190

200

Temps

RD

I

F3

RDI pour la fertilité moyenne (Ho à 100 ans = 27.5 m)

0

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.740 50 60 70 80 90 10

0

110

120

130

140

150

160

170

180

190

Temps

RD

I F2

Page 92: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 6

84

Nombre de tiges à l’hectare par rapport à la hauteur dominante :

N = f(Ho)

0200400600800

100012001400160018002000

0 10 20 30 40 50Ho (m)

N/h

a

F1

F2

F3

Page 93: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

85

Annexe 7

Itinéraires sylvicoles de référence pour le hêtre (Bock, 2005)

Page 94: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 7

86

Itinéraires sylvicoles de référence pour le hêtre (Bock, 2005)

Itinéraire B12 :

Nombre de tiges en fonction du temps pour l'itinéraire de la fertilité haute (Ho = 33 m à 100 ans)

0

500

1000

1500

2000

2500

20 40 60 80 100

Temps

Nom

bre

de ti

ges

Nb tiges

Surface terrière pour le peuplement de fertilité haute (Ho = 33 m à 100 ans)

0

5

10

15

20

25

30

20 30 40 50 60 70 80 90 100Temps

G (m²/ha)

G B12

Nombre de tiges, surface terrière à l’hectare et RDI en fonction du temps pour l’itinéraire ordinaire du hêtre fertilité B120 = 32,5 m à 100 ans).

Itinéraire M12 :

Nombre de tiges prévu par l'itinéraire de la fertilité moyenne (Ho = 28 m à 100 ans)

0

500

1000

1500

2000

2500

20 40 60 80 100Temps

Nom

bre

de t

iges

Nb tiges M12

Surface terrière prévue par l'itinéraire de la fertilité moyenne (Ho = 28 m à 100 ans)

0

5

10

15

20

25

30

20 40 60 80 100 120

Temps

G (m

²/ha)

G M12

RDI pour le peuplement de fertilité haute (Ho = 33 m à 100 ans)

0

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

20 30 40 50 60 70 80 90 100Temps

RDI RDI B12

Page 95: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 7

87

Nombre de tiges et surface terrière à l’hectare en fonction du temps pour l’itinéraire ordinaire du hêtre fertilité B120 = 32,5 m à 100 ans).

Comparaison des deux fertilités :

Surface terrrière en fonction du temps pour les deu x itinéraires Hêtre

0

5

10

15

20

25

30

0 20 40 60 80 100 120

Temps

G (

m²/

ha)

G selon M12

G selon B12

RDI en fonction du temps pour les deux itinéraires Hêtre

0.000.100.20

0.300.400.500.60

0.700.800.90

0 20 40 60 80 100 120

Temps

RD

I

RDI selon M12

RDI selon B12

RDI prévu par l'itinéraire de la fertilité moyenne (Ho = 28 m à 100 ans)

0.00

0.10

0.20

0.30

0.40

0.50

0.60

0.70

0.80

0 20 40 60 80 100 120

Temps

RD

I

RDI M12

Page 96: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

88

Annexe 8 Simulations des itinéraires sylvicoles ordinaires du chêne sessile (Jarret)

Page 97: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 8

89

Simulations des itinéraires sylvicoles ordinaires du chêne sessile (Jarret)

La simulation sous Capsis a tenté de reproduire le plus possible les itinéraires de référence présentés dans le guide de sylviculture des chênaies atlantiques [Jarret, 2004 #90291] en se basant sur la valeur du RDI.

Fertilité 1 : Voici la table des éclaircies et les graphes représentant l’évolution des principales variables dendrométriques pour l’itinéraire en fertilité haute (H0 = 32,5 m à 100 ans) :

Page 98: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 8

90

L’évolution du diamètre à 1,30 m en fonction du temps est régulière, ce qui laisse penser que la sylviculture adoptée n’a pas été source d’à-coups de croissance. De même, les évolutions du nombre de tiges et de la surface terrière sont stables, une fois passée la phase de compression (de 0 à 45 ans environ), que l’on observe très bien sur le graphe représentant l’indice de densité relative en fonction du temps.

La sortie de la phase de compression est marquée par un très fort prélèvement : on prélève près de la moitié de la surface terrière, ce qui peut fragiliser le peuplement.

La surface terrière du peuplement modélisé atteint presque 30 m²/ha, une valeur assez élevée et légèrement supérieure à celle observée pour un peuplement typique suivant l’itinéraire présenté dans le guide de sylviculture des chênaies atlantiques, voisine de 30 m²/ha.

Fertilité 2 :

Voici les graphes correspondant à l’évolution des principales variables dendrométriques pour l’itinéraire en fertilité moyenne (H0 = 27,5 m à 100 ans) :

Page 99: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 8

91

La table des éclaircies d’un peuplement suivant l’itinéraire de fertilité moyenne (H0 = 27,5 m à 100 ans) est la suivante :

La phase de compression (de 0 à 45 ans) apparaît nettement ici encore. On observe à la sortie de cette phase des niveaux de prélèvement très forts.

La densité du peuplement est un peu plus forte que celle observée selon l’itinéraire valable pour la fertilité haute, toutefois, les indices de densité relative atteignent des valeurs comparables. En effet, la surface terrière est moins forte pour un peuplement suivant cet itinéraire, ce qui compense dans le calcul du RDI un nombre de tiges par hectare plus élevé.

Fertilité 3 :

Voici la table des éclaircies d’un peuplement suivant l’itinéraire en fertilité basse (H0 = 22,5 m à 100 ans) :

Page 100: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 8

92

Voici enfin les graphes correspondant à l’évolution des principales variables dendrométriques pour l’itinéraire en fertilité basse (H0 = 22,5 m à 100 ans) :

D’une manière générale, les commentaires faits pour les graphes des itinéraires des autres fertilités restent les mêmes ici. Le nombre de tiges reste élevé plus longtemps que dans les cas des peuplements ayant suivi les deux autres itinéraires. La surface terrière de ce peuplement simulé est plus faible que celle des deux peuplements envisagés précédemment.

L’évolution des principales variables dendrométriques est fidèle à celle indiquée dans le guide de sylviculture des chênaies atlantiques. L’évolution de la surface terrière, par exemple, est très proche de celle de l’itinéraire de Pascal Jarret.

Les forts niveaux de prélèvement ont posé problème lors de la définition et de l’adoption de ces scénarii comme référence dans nos études. En effet, de tels niveaux de prélèvement sont susceptibles d’entraîner d’importantes perturbations au sein du peuplement restant, et de fragiliser ce peuplement de façon non négligeable.

Pour éviter d’arriver à des niveaux de surface terrière (G/ha) ou des nombres de tiges (N/ha) trop élevés à la première éclaircie, il aurait fallu simuler des dépressages, qui auraient permis de se ramener à des niveaux plus raisonnables de G et N. Cependant, la simulation des dépressages sous Capsis n’est pas prévue, seules les éclaircies sont possibles. Il aurait été possible de réaliser une intervention de type éclaircie dans les jeunes âges, pour mimer l’effet d’un dépressage, toutefois, deux obstacles s’opposaient à cette manière de procéder :

— nous ne disposions pas de normes de dépressage à appliquer en lien avec les itinéraires sylvicoles (nombre de tiges prélevées selon l’année de l’intervention, surface terrière visée

Page 101: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 8

93

après dépressage, volume récolté). De ce fait, nous préférions ne pas interférer avec la mortalité naturelle liée à une surdensité du peuplement simulée via la loi d’auto-éclaircie et traduite par un RDI égal à 1, pour rester dans la logique d’une phase de compression des peuplements dans le jeune âge,

— nous ne connaissions pas l’effet que pouvait avoir la simulation d’une intervention de type « éclaircie » à des âges aussi jeunes sur le peuplement simulé par Fagacées, dont l’évolution suit des modalités d’éclaircie validées pour des âges plus vieux.

Page 102: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

94

Annexe 9 Simulations des itinéraires sylvicoles ordinaires du hêtre (Bock)

Page 103: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 9

95

La simulation sous Capsis s’appuie sur les itinéraires présentés dans le guide de sylviculture du hêtre en Lorraine (Bock, 2005).

Fertilité haute (B12) :

Voici la table des éclaircies d’un peuplement suivant l’itinéraire en fertilité haute (H0 = 33 m à 100 ans) :

Voici les graphes correspondant à l’évolution des principales variables dendrométriques pour l’itinéraire en fertilité haute (H0 = 33 m à 100 ans) :

Page 104: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 9

96

Chez le hêtre, les prélèvements observés à la fin de la phase de compression sont moins forts que pour le chêne. Cela s’explique par des premières éclaircies intervenant plus tôt, donc des surfaces terrières moins fortes à l’approche de la première éclaircie.

Fertilité moyenne (M12) :

Voici la table des éclaircies d’un peuplement suivant l’itinéraire en fertilité moyenne (H0 = 28 m à 100 ans) :

Voici les graphes correspondant à l’évolution des principales variables dendrométriques pour l’itinéraire en fertilité moyenne (H0 = 28 m à 100 ans) :

Page 105: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 9

97

Ici encore, les courbes d’évolution du nombre de tige et de la surface terrière par hectare, ainsi que du diamètre et du RDI indiquent des variations raisonnables.

Pour les deux peuplements de hêtre issus de simulation, les valeurs obtenues pour les principales variables dendrométriques sont très proches de celles annoncées dans la présentation de l’itinéraire du guide de sylviculture.

Pour le chêne comme pour le hêtre, ces peuplements modélisés ont été acceptés comme peuplements de référence pour les scénarii soumis à l’analyse économique.

Page 106: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

98

Annexe 10 Simulation des itinéraires sylvicoles allongés « Jarret »

Page 107: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 10

99

Simulation des itinéraires sylvicoles allongés « Jarret »

Les itinéraires présentés dans le guide de sylviculture des chênaies atlantiques ont été adaptés selon les trois mêmes niveaux de fertilité (bonne pour une hauteur dominante de 32,5 m à 100 ans, moyennes pour H0 = 27,5 m à 100 ans et faible pour H0 = 22,5 m à 100 ans) pour leur faire subir un allongement de 50 % de leur durée ordinaire.

Fertilité 1 :

Voici la table des éclaircies et les graphes représentant les variations des principales variables dendrométriques pour le peuplement simulé selon l’itinéraire en bonne fertilité (H0 = 32,5 m à 100 ans) :

La surface terrière atteint 45 m²/ha vers 180 ans, avec des valeurs supérieures à 35 m²/ha dès 120 ans dans les peuplements simulés en suivant cet itinéraire sylvicole. Ce sont des valeurs très fortes, et l’importance des prélèvements effectués lors des coupes de régénération laisse craindre une déstabilisation forte des arbres restant sur pied.

Page 108: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 10

100

Les rotations entre éclaircies sont de 12 ans au début de la vie du peuplement (jusqu’à 140 ans), puis de 15 ans.

Fertilité 2 :

Voici la table des éclaircies et les graphes représentant les variations des principales variables dendrométriques pour le peuplement simulé selon l’itinéraire en fertilité moyenne (H0 = 27,5 m à 100 ans) :

Page 109: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 10

101

La durée des rotations reste la même que pour l’itinéraire valable en fertilité haute.

Ici encore, l’indice de densité relative indique une forte compression dans les peuplements simulés en suivant cet itinéraire sylvicole. La surface terrière et le nombre de tiges à l’hectare prennent tous deux des valeurs très élevées.

Fertilité 3 :

Voici la table des éclaircies et les graphes représentant les variations des principales variables dendrométriques pour le peuplement simulé selon l’itinéraire en fertilité basse (H0 = 22,5 m à 100 ans) :

La durée des rotations reste la même que pour l’itinéraire valable en fertilité haute.

Page 110: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 10

102

La surface terrière du peuplement simulé selon l’itinéraire en fertilité basse atteint des valeurs plus raisonnables que pour les deux itinéraires précédents. La densité du peuplement est comparable à celle des itinéraires valables pour les fertilités moyenne et forte. Le RDI atteint donc des valeurs plus faibles que pour ces itinéraires.

Page 111: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

103

Annexe 11

Simulation des itinéraires sylvicoles allongés « Pardé »

Page 112: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 11

104

Simulation des itinéraires sylvicoles allongés « Pardé »

L’adaptation de la norme « Pardé 120 » a eu pour but d’obtenir, au moment de la coupe d’ensemencement, 100 arbres à l’hectare au lieu de 120, ceci pour dynamiser un peu la sylviculture préconisée par cette norme. On diminue donc régulièrement les nombres de tiges à chaque éclaircie.

Fertilité 1 :

Voici les graphes représentant les variations des principales variables dendrométriques et la table des éclaircies pour le peuplement simulé selon l’itinéraire en bonne fertilité (H0 = 32,5 m à 100 ans) :

Le peuplement issu de la simulation suivant l’itinéraire Pardé pour la fertilité haute conduit également à obtenir des surfaces terrières très élevées à partir de 150 ans. Le nombre de tiges prévu par cet itinéraire décroît de façon régulière, avec une rotation de 6, puis 9 et enfin 12 ans entre les éclaircies réalisées.

Page 113: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 11

105

Fertilité 2 :

Voici la table des éclaircies et les graphes représentant les variations des principales variables dendrométriques pour le peuplement simulé selon l’itinéraire en fertilité moyenne (H0 = 27,5 m à 100 ans) :

Page 114: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 11

106

Ici encore, la surface terrière se maintient en dessous de 35 m²/ha jusqu’à 150 ans environ, puis s’élève jusqu’à 45 m²/ha. Le RDI reste stable, avec des oscillations entre 0,7 et 0,9 avant et après éclaircie.

La durée des rotations reste la même que pour l’itinéraire valable en fertilité haute.

Fertilité 3 :

Voici enfin la table des éclaircies et les graphes représentant les variations des principales variables dendrométriques pour le peuplement simulé selon l’itinéraire en fertilité basse (H0 = 22,5 m à 100 ans).

Une fois de plus, on constate que les fortes valeurs de la surface terrière sont atteintes à partie de 180 à 200 ans. Par rapport aux peuplements issus des simulations basées sur les itinéraires « Jarret », ces valeurs extrêmement élevées sont atteintes plus tard avec les itinéraires « Pardé ». En utilisant ces itinéraires, on retarde donc le passage dans des gammes de surface terrière trop forte, et l’on peut ainsi dire que l’on a en partie gommé l’effet « itinéraire » expliquant l’origine de ces valeurs très fortes (voir l’explication p.35). Ainsi, si la surface terrière atteint des valeurs extrêmes à partir de 180 à 200 ans, on peut imputer cela au fait que l’on commence à sortir du domaine de calibration de Fagacées.

Toutefois, les références en matière de très vieux peuplements sont rares, et souvent les peuplements existants ont eu une gestion très peu dynamique, avec peu d’interventions. Il est donc difficile de dire si le fait d’envisager des surfaces terrières de 40 à 45 m²/ha au-delà de 200 ans est réellement déraisonnable.

Page 115: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 11

107

Page 116: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

108

Annexe 12 Éléments d’économie recueillis à dire d’expert

Page 117: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 12

109

Éléments d’économie recueillis à dire d’expert

Valeur du fonds forestier : Essence

concernée Région Source données Fiabilité Valeur min Valeur Max

Hêtre Lorraine Joël Baudequin SAFER Lorraine

Dire d'expert 700 €/ha 1500 €/ha

Chêne sessile Centre Marc Laporte CRPF Centre

Dire d'expert 1000 €/ha 1500 €/ha

Pin Maritime Aquitaine Olivier Segouin, Expert forestier

Dire d'expert 1000 €/ha 1200 €/ha

Sapin - Epicéa Rhône-Alpes

Marc Gaillet SAFER Rh-A

Dire d'expert <500 €/ha (méditerrannée

faible potentiel) 800 (montagne)

Sapin - Epicéa Franche-Comté (Jura)

Sophie Barabas SAFER Fr-C

Dire d'expert 450 €/ha 1100 €/ha

Pin d'Alep Languedoc-Roussillon

G Savoy SAFER LR

Pas de données

Pin d'Alep PACA Standard Pas de données

Douglas Beaujolais Marc Gaillet SAFER Rh-A

Dire d'expert 1000 €/ha

terrain enclavé moins 30% sur la valeur terrain fertile et humide 1200 €/ha sol forestier classique 1000 €/ha sol forestier superficiel 8 à 900 €/ha sol de montagne très superficiel en pente 500 €/ha

toutes essences Franche comté O.SEGOUIN

sol avec bati plus 20% O.SEGOUIN landes à callune 1000 €/ha protocole A 65 landes humides 1100 €/ha Pin maritime Landes

protocole A 65 landes humides drainées 1200 €/ha

Page 118: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 12

110

Frais de gestion :

Région Source Impôt foncier Impôt sur le revenu Frais d'expert

Centre Marc LAPORTE, CRPF Centre 10 à 30 €/ha Variables 6 à 10% des montants de vente France Max Bruciamacchie, LEF Nancy 40 à 50 €/ha forfaitaire pour tous frais de gestion Sud-ouest Didier Canteloup, ONF DT Sud-Ouest 16.25 €/ha + 3.06 €/ha (martelage + gestion des coupes) Centre Pascal Jarret, ONF DT Centre-Ouest Frais de gestion: 60 à 70 /ha (certains travaux inclus)

la gestion coute en moyenne 15 € /ha/an Franche comté O.SEGOUIN très variables gestion intensive à 20€ /ha/an

Location de la chasse : Région Source Contexte Location min Location max Extrêmes

Centre Marc LAPORTE, CRPF Centre Privé 50 €/ha 100 €/ha 150 €/ha

Centre Christian Ginisty, Cemagref Nogent Privé 20 €/ha 50 €/ha Sologne

Centre Christian Ginisty, Cemagref Nogent Public 5 - 10 €/ha (communale)

20 €/ha (domaniale)

Lorraine, Alsace Web - article chasse23 Privé 500 F/ha en..? => 75 €/ha

Périphérie parisienne (Centre, Loire?)

Web - article chasse Privé 400 à 1000 F/ha => 60 €/ha à 150 €/ha

Sud Web - article chasse Public (adjudication ONF) 50 F/ha => 8 €/ha

Camargue et Sologne Web - article chasse Privé > 1000 F/ha => > à 150 €/ha

39 lons O SEGOUIN Privé 5,18 €/ha/an 39 arbois O SEGOUIN Privé 16,21 €/ha/an 39 lons O SEGOUIN chasseur garde 10 € /ha/an

Lorraine Olivier Schoenstein Fédération régionale de la chasse - Lorraine

40 €/ha

23 La valeur du droit de chasse, Béatrice Fischer, ADEF – Études foncières, n°82. Consultation : avril 2008, juillet 2008. http://www.adef.org/site/?p=724

Page 119: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 12

111

Prix de vente du bois de chauffage :

Région Source Type de bois Prix Vente (compensatrice) Type

France Christian GINISTY, Cemagref Nogent Chauffage 7 €/m3 10 - 15 €/stère France Max Bruciamacchie, LEF Nancy Chauffage 5 à 10 €/stère bourgogne 21 O Segouin charme 8 € / stère vente sur pied éclaircie selective Franche comté 90 O Segouin feuillus durs 10 €/stère vente sur pied éclaircie selective Franche comté 25 et 39 O Segouin feuillus durs 5 €/ stère vente sur pied perches et houppiers Champagne ardenne 52 O Segouin feuillus durs 4 €/stère vente sur pied perches et houppiers

Franche comté 25 et 39 O Segouin feuillus durs 25 €/stère BDR en 1 m trié et fendu

bourgogne 89 O Segouin feuillus durs 28 à 32 €/tonne BDR en 2 m trié

Tableau récapitulatif :

Lorraine Centre Aquitaine Rhône-

Alpes Franche-Comté

(Jura) Languedoc-Roussillon

PACA Beaujolais

Valeur du fonds forestier

700 à 1500 €/ha

1000 à 1500 €/ha

1000 à 1200 €/ha

500 à 800 €/ha

450 à 1100€/ha 1000 €/ha

Frais de gestion

15 à 35 €/ha

15 à 30 €/ha

15 - 20 €/ha

Fiscalité 10 à 30

€/ha

13 €/an + 4 ou 15 €/an (avt ou

ap 30 ans) 15 €/ha Très variable Très variable

Location de la chasse

30 à 100 €/ha

20 à 100 - 150€/ha

10 €/ha 10 €/ha

Prix de vente

oui oui

Page 120: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

112

Annexe 13

Itinéraires techniques de travaux sylvicoles pour le chêne (Jarret, 2004)

Page 121: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 13

113

Itinéraires techniques de travaux sylvicoles pour le chêne (Jarret, 2004)

Chênaie acidicline

Année Opération Ho (m) N av écl

Do (cm) Coût

0

Information du public (panneaux) Travaux préparatoires : broyage du sous-bois

et curage des fossés Avant 3 m 50000 8 180 €/ha 6 Dégagement 4000 620 €/ha 9 Ouverture de cloisonnements 120 €/ha 11 Entretien des cloisonnments 54 €/ha 13 Entretien des cloisonnments 2000 10 53 €/ha 14 Dégagement 3 à 7 m 12 620 €/ha

16 Entretien des cloisonnments 8 m 850 14 53 €/ha

Total 1700 €/ha

Chênaie acidiphile sèche ou hydromorphe

Année Opération Ho (m) N av écl Do

(cm) Coût

0

Information du public (panneaux) Travaux préparatoires : broyage du sous-bois + curage des fossés et crochetage du sol (si sèche) OU assainissement et

traitement contre la molinie (si hydromorphe) Avant 3 m 50 000 8 340 €/ha

8 Dégagement 4000 920 €/ha 11 Ouverture de cloisonnements 120 €/ha 13 Entretien des cloisonnments 54 €/ha 14 Dégagement 920 €/ha 17 Entretien des cloisonnments 3 à10 m 2000 10 53 €/ha

20 Entretien des cloisonnments 10 850 16 53 €/ha

Total 2460 €/ha

Chênaie-charmaie des milieux riches

Année Opération Ho (m) N av écl Do

(cm) Coût

0 Information du public (panneaux)

Broyage des sous-bois non exploitables + maîtrise de l'accompagnement 330 €/ha

2 Peignage ronce (cultivateur à dents)

50 000

80 €/ha 6 Dégagement

Avant 3 m

4000

8

610 €/ha 9 Ouverture de cloisonnements 120 €/ha 11 Entretien des cloisonnments 50 €/ha 13 Entretien des cloisonnments 50 €/ha 15 Dégagement 920 €/ha 16 Entretien des cloisonnments 3 à10 m 2000 10 50 €/ha

18 Entretien des cloisonnments 10 850 16 50 €/ha

Total 2260 €/ha

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Annexe 13

114

Chênaie-hêtraie

Année Opération Ho (m) N av écl Do

(cm) Coût

0 Broyage des sous-bois non exploitables 50 000 180 €/ha 6 Dégagement

Avant 3 m 4000

8 920 €/ha

11 Ouverture de cloisonnements 120 €/ha 13 Entretien des cloisonnments 54 €/ha 15 Entretien des cloisonnments 53 €/ha 16 Dégagement 3 à10 m 2000 10 1400 €/ha

18 Entretien des cloisonnments 10 850 16 53 €/ha

Total 2780 €/ha

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115

Annexe 14

Itinéraires techniques de travaux sylvicoles pour le hêtre (Bock, comm. pers.)

Page 124: Évaluer le coût de pratiques sylvicoles en faveur de la ...

Annexe 14

116

Itinéraires techniques de travaux sylvicoles pour le hêtre (Bock, comm. pers.)

Zone mécanisable - sol non tassé - (ITTS Lorraine, Document de travail)

âge Ho Opération Occurrence Coût

4 Cloisonnements sylvicoles 80 €/ha 4 Dégagement 293 €/ha 7 Entretien cloisonnements 60 €/ha 7 Dégagement 300 €/ha 11 Entretien cloisonnements 60 €/ha 11 Dégagement 310 €/ha 15 Entretien des cloisonnements 60 €/ha 15 Dégagement 310 €/ha

Crochetage / peignage de la ronce 1% 200 €/ha

Lutte contre la clématite 17% 950 €/ha

Lutte contre le frêne 9% 760 €/ha

Enrichissement + protections gibier 2% 300 €/ha

Création de filets sylvicoles 2% 360 €/ha

18 Entretien cloisonnements 60 €/ha 18 4-6m Nettoiement / 100 tiges/ha 290 €/ha 22 7-8m Nettoiement / 100 tiges/ha 300 €/ha

28 12-14m Désignation et détourage des essences précoces + élagage naturel si nécessaire

300 €/ha

35 14-18m Désignation 50 à 60 tiges 0 €/ha

TOTAL 2423 €/ha

Si pente>30% => +15% du prix de l'ITTS

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117

Annexe 15 Résultats de l’évaluation économique du maintien des menus bois et branches en chênaie

selon différentes hypothèses.

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Annexe 16

118

Résultats de l’évaluation économique du maintien des menus bois et branches en chênaie selon différentes hypothèses.

jaune F1 Taux : 3.16%

orange F2 Taux : 2.79% rouge F3

police bleue pas de récolte

Feuille SENSIBILITE Nb récoltes /révolution

Baisse de fertilité

Apports minéraux R1 R2 R3 R4 R5 R6 BASI

sans R BASI

avec R ∆BASI Nom

1 non sensible 3 récoltes/R 0 0 F1 1500 1524 -24 NS - 3R/R 1 moyennement sensible 3 récoltes/R 0 3 moyens F1 1500 1501 -1 MS - 3R/R 2 non sensible 3 récoltes/R 0 0 F2 1250 1269 -19 NS - 3R/R 2 moyennement sensible 2 récoltes/R 0 1 fort F2 1250 1232 18 MS - 2R/R 2 sensible 1 récolte/R 0 1 fort F2 1250 1237 13 S - 1R/R

1B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R non F1 F1 F2 F2 F3 F3 1500 1524 -24 NS - 3R/R - B/2 1B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R non F1 F1 F2 F2 F3 F3 1500 1523 -23 MS - 2R/R - B/2 1B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 3 moyens F1 F1 F2 F2 F3 F3 1500 1501 -1 NS - 3R/R - B/2 1B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 3 forts F1 F1 F2 F2 F3 F3 1500 1489 11 NS - 3R/R - B/2 1B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R 3 moyens F1 F1 F2 F2 F3 F3 1500 1500 0 MS - 2R/R - B/2 1B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R 3 forts F1 F1 F2 F2 F3 F3 1500 1488 12 MS - 2R/R - B/2 2B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R non F2 F2 F3 F3 1250 1270 -20 NS - 3R/R - B/2 2B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R non F2 F2 F3 F3 1250 1269 -19 MS - 2R/R - B/2 2B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 3 moyens F2 F2 F3 F3 1250 1246 4 NS - 3R/R - B/2 2B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 3 forts F2 F2 F3 F3 1250 1234 16 NS - 3R/R - B/2 2B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R 3 moyens F2 F2 F3 F3 1250 1245 5 MS - 2R/R - B/2 2B2 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/2R 3 forts F2 F2 F3 F3 1250 1232 18 MS - 2R/R - B/2 1B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R non F1 F2 F3 1500 1520 -20 MS - 3R/R - B/R 1B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R 3 moyens F1 F2 F3 1500 1496 4 MS - 3R/R - B/R 1B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R 3 forts F1 F2 F3 1500 1485 15 MS - 3R/R - B/R 2B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R non F2 F3 1250 1262 -12 MS - 3R/R - B/R 2B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R 3 moyens F2 F3 1250 1237 13 MS - 3R/R - B/R 2B1 moyennement sensible 3 récoltes/R baisse/R 3 forts F2 F3 1250 1225 25 MS - 3R/R - B/R 2B1 sensible 1 récolte/R baisse/R non F2 F3 1250 1256 -6 S - 1R/R - B/R 2B1 sensible 1 récolte/R baisse/R 3 moyens F2 F3 1250 1232 18 S - 1R/R - B/R 2B1 sensible 1 récolte/R baisse/R 3 forts F2 F3 1250 1220 30 S - 1R/R - B/R

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119

Annexe 16 Résultats de l’évaluation économique du maintien des menus bois et branches en hêtraie selon

différentes hypothèses.

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Résultats de l’évaluation économique du maintien des menus bois et branches en hêtraie selon différentes hypothèses.

jaune B12 Taux : 2.78% orange M12 Taux : 2.33%

police bleue pas de récolte

Feuille Sensibilité Nb récoltes /révolution

Baisse de fertilité

Apports minéraux R1 R2 R3 R4 BASI

sans BASI avec ∆BASI Nom

B non sensible 3 récoltes/R 0 0 B 1500 1614 -114 NS - 3R/R B moyennement sensible 3 récoltes/R 0 2 app faibles B 1500 1585 -85 MS - 3R/R M non sensible 3 récoltes/R 0 0 M 1100 1170 -70 NS - 3R/R M non sensible 3 récoltes/R 0 3 app faibles M 1100 1110 -10 NS - 3R/R M moyennement sensible 3 récoles/R 0 2 app forts M 1100 1094 6 MS - 3R/R B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 0 B B M M 1500 1611 -111 NS - 3R/R - B/2 B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 2 app faibles B B M M 1500 1557 -57 NS - 3R/R - B/2 B2 non sensible 3 récoltes/R baisse/2R 2 app forts B B M M 1500 1531 -31 NS - 3R/R - B/2 1B1 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/R choix : non B M 1500 1525 -25 MS - 2R/R - B/R 1B1 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/R 2 app faibles B M 1500 1475 25 MS - 2R/R - B/R 1B1 moyennement sensible 2 récoltes/R baisse/R 2 app forts B M 1500 1449 51 MS - 2R/R - B/R

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RÉSUME

Ce mémoire présente des méthodes économiques applicables pour évaluer le coût de quelques pratiques favorables à la biodiversité forestière : parcelles labels, îlots de sénescence et de vieillissement, non-valorisation des menus bois et branches. Le recueil de données « à dire d’expert » par grande région forestière a permis d’appliquer ces méthodes aux cas du hêtre et du chêne en futaie régulière, sous réserve d’hypothèses nombreuses.

Ces illustrations chiffrées mettent en évidence des coûts très variables selon les pratiques considérées et les paramètres de calcul (dont le taux d’actualisation). De ce fait, et en l’absence de données relatives aux bénéfices générés par ces pratiques, il convient d’être prudent dans l’interprétation de ces coûts et de ne pas dissocier les résultats des nombreuses hypothèses de calcul.