Vallcarca et La Salut

Institut Universitaire de Technologie IUT B Tourcoing

Année universitaire 2016-2017

Une identité revendiquée dans une métropole en expansion

Lou-Anna Bleuzen

Juliette Mandard

Tom Tirlemont

1

Introduction……………………………………………………………………………………….p.2

1. Une ambiance village 1.1 Localisation et forme du quartier…………………………………………..p.3-4-5 1.2 L’histoire de La Salut et de Vallcarca……………………………………...p.6-7 1.3 Un quartier c’est sensible……………………………………………………..p.8

2. Limites, un territoire qui s’éteint ? 2.1 La place du park Güell dans le quartier……………………………………p.9-10 2.2 Au rythme de Vallcarca et La Salut………………………………………...p.11-12 2.3 Des disparités sociales et morphologiques………………………………p.12-13

3. Des habitants acteurs 3.1 Une mobilisation citoyenne qui passe par différents moyens

d’expressions…… p.14-15-16

3.2 Des habitants porteurs de revendications………………………………..p.16-17-18

3.3 Le compromis trouvé avec la métropole………………………………….p.19-20

Conclusion…………………………………………………………………………………...…….p.21

Remerciements………………………………………………………………………………….p.21

Vallcarca y La Salut in english…………………………………………………………..p.22

Bibliographie et webographie……………………………………………………….….p.23-24

Sommaire :

2

“La gent fa el barri” : les habitants font le quartier. Voici la réponse d’un habitant lorsque le collectif Observatori Actiu de Vallcarca lui demanda de définir ce qu’était un quartier. La question n’est pas si simple…Vallcarca et la Salut sont deux barri du Nord-Ouest de Barcelone. Suffit-il cependant de limites administratives pour en faire des quartiers ?

Si l’on s’en tient aux guides touristiques, Vallcarca et La Salut, c’est un parc : le park Guell, qui génère tous les jours un flux touristique important à travers ses rues.

Toutefois, Vallcarca et La Salut, c’est également une histoire, celle d’un village rattaché à une métropole en pleine expansion. Cette histoire se ressent aujourd’hui encore dans l’ambiance calme et conviviale des lieux, pour celui qui sait sortir des sentiers battus par les visiteurs. Cependant, que se passe-t-il lorsque les quartiers sont en pleine redéfinition, en pleine mutation ? En effet, au terme d’une semaine d’étude, un ensemble de disparités morphologiques, sociologiques nous sont apparus. Les quartiers se retrouvent également aujourd’hui, au cœur d’un conflit d’intérêt : la métropole dans son perpétuel mouvement d’expansion se tourne vers ces territoires en marges. Depuis plusieurs années, les spéculateurs immobiliers misent sur ces quartiers et entreprennent d’importants projets de construction. Les quartiers vont-ils être ainsi redéfinis en profondeur ? Ces projets semblent au contraire avoir réveillé les consciences. Suscitant de vives réactions au sein des habitants, ces derniers se sont regroupés en collectif pour protester contre ce dessein qu’ils jugent contraire à l’identité de leur territoire.

Ainsi convient-il de se poser la question suivante : La mobilisation des habitants de La Salut et de Vallcarca suffit-elle à redonner de l’unité à ces deux quartiers en mutations ?

Après avoir réfléchis sur ce qui faisait l’unité des lieux, nous verrons que le territoire est aujourd’hui traversé par un certain nombre de fractures, mais que la mobilisation des habitants semble apporter un nouveau souffle aux quartiers.

Introduction :

3

Une ambiance particulière se dégage des lieux. Les quartiers portent davantage les

traits d’un village que d’un quartier urbain. Nous allons voir que cela est dû à sa position géographique et sa morphologie, son histoire mais aussi un ensemble d’autres petits détails que nous verrons dans une approche sensible en troisième temps.

1.1 Localisation et forme du quartier

Avant de rentrer dans les détails historiques ou sociologiques de notre territoire

d’étude, il est intéressant de s’attarder sur sa topographique. En effet, sa localisation et sa

morphologie particulière ont contribué à notre ressenti d’un territoire village.

Localisation : des quartiers périphériques :

Vallcarca et La Salut sont deux des cinq quartiers qui composent le district de Gràcia. On peut voir qu’ils se situent en périphérie du reste de la ville. Cette caractéristique est renforcée par différents éléments physiques imposants qui entourent les quartiers. Au nord, le parc Natural de la Serra de collserola, ainsi que la route B-20 ; au Sud du territoire, la quatre voies “Ronda del Mig”, limite son intégration au reste de la ville. On a ainsi l’impression d’un territoire enclavé. Ajoutons d’autre part que le quartier n’est pas intégré au plan Cerdà, ce qui morphologiquement renforce l’impression de territoire à part. Les quartiers Vallcarca et la Salut se situent donc en périphérie de la ville de Barcelone. Des éléments physiques tels que la rocade ou la réserve naturelle créent l’impression d’un territoire enclavé.

1. Une ambiance village

4

Le territoire d’étude que nous avons choisi ne suit pas toujours ces délimitations administratives. Choix de nos délimitations :

Les délimitations Est, Ouest et Sud nous sont rapidement apparus avec le réseau

viaire. En effet les voiries dessinent une frontière nette. La quatre voies « Travessera de Dalt » marque la frontière Sud de notre territoire. Construit à l’occasion des JO, ce périphérique fait partie des axes de circulation majeurs de la ville et marque donc une forte délimitation. Cette voie est d’autre part en travaux, ce qui renforce l’impression de frontière. C’est une sorte de barrière visuelle et sonore, le bruit des marteaux piqueurs dissonants prenant le dessus sur tout autre bruit. Avec la construction de cet axe, la

5

ville de Barcelone isole notre quartier d’étude, le place en périphérie de la ville. Seul le park Güell semble représenter un lien avec le reste de la ville. L’Avinguda de Republica Argentina marque la frontière Ouest de notre territoire. Il s’agit également de la frontière administrative. Cette avenue est l’axe de circulation principal à l’Ouest. La Carrer de Sant Josep Cottolengo et la Carrer de Molist marquent la frontière Est. En effet, au-delà de cette rue on observe un dénivelé. Ce dernier présentant un danger, il est séparé par une barrière en fer. La limite est ici évidente. En ce qui concerne la frontière Nord de notre quartier, il nous a fallu nous rendre sur place pour percevoir une délimitation. Carrer del Torrent del Remei marque la frontière Nord. Bien que le park Güell constitue une rupture topographique forte, nous avons pu remarquer que ces quelques rues de l’autre côté du park Güell s'intègrent pleinement au reste du territoire, malgré l’obstacle physique que constitue le park Güell. Leur accès par l’Ouest via Carrer de Sant Eudald se fait naturellement (continuité de la voirie). Nous verrons également que ces rues complètent l’unité sociologique de notre territoire d’étude avec la présence des squats, des autocollants et inscriptions politiques. Nous avons également observé une unité dans le bâti. Des observations plus approfondies sur la sociologie et la forme du bâti nous confortent dans notre choix de délimitation, mais feront également apparaître des délimitations internes. Notre quartier d’étude se trouve donc en périphérie de la ville. De surcroît, il s’intègre mal au reste de la ville du fait du passage du périphérique au Sud. Un territoire marqué par le relief :

La ville de Barcelone se caractérise par la présence de relief. Excepté sa façade maritime à l’Est, elle est entourée de montagne. Le centre de la commune ayant bénéficié du plan Cerdà ne présente pas cette particularité. C’est à partir du district de Gracia que le relief commence à être marqué. Cela ajoute une nouvelle dimension à la fracture entre notre quartier et le reste de la ville. En effet, l’accessibilité est limitée par la forte inclinaison des routes. Une frontière visuelle se créer également. On peut également parler de la dimension symbolique de la hauteur : cette opposition entre plaine et montagne souvent décrite dans les légendes, avec des communautés à part qui vivent dans les hauteurs. Une trame resserrée :

La quartier Gracia dans son ensemble présente une trame resserrée qui contraste avec le plan Cerdà. Cependant la trame se singularise plus encore lorsque l’on arrive dans La Salut ; la trame se resserre et se fait plus sinueuse, s’adaptant au relief de la colline el Carmel (relief sur lequel est situé le parc Güell). C’est ce que l’on peut voir sur la carte ci-dessous.

6

Une approche topographique de notre territoire d’étude nous donne à voir un quartier

qui se démarque du reste de la ville. Par sa localisation en périphérie et sur un relief, sa trame

urbaine resserrée, parfois sinueuse le quartier est sujet à l’isolement. Le passage d’une quatre

voies au Sud créer d’autre part une frontière entre le quartier et le reste de la ville.

1.2 L’histoire de La Salut et de Vallcarca

Historiquement, les quartiers de Vallcarca et de la Salut sont liés de part leur usage. En effet, ils ont tous les deux été des villages de vacances, où les familles Barcelonaise venaient chercher le calme à l’écart de la ville.

Le quartier de Vallcarca faisait historiquement partie de Horta. Grimpant sur les versants des collines, il a vu construire des maisons de vacances à côté des fermes des paysans dans les nombreuses cultures de la zone. Il tient son nom du ruisseau qui le parcourt.

Ce quartier, engoncé entre le Coll et le Putxet, voyait passé en son sein un torrent, qui a longtemps semblé infranchissable. La construction d’un viaduc par l’architecte Miquel Pasqual Tintorer a permis la liaison entre ces deux collines. C’est la première fois que le béton armé de fer a été utilisé pour pouvoir cimenter une construction sur les rives d’un torrent. De cette manière, les véhicules et personnes pouvaient passer d’un côté à l’autre. Ceci a également permis l’ouverture du quartier sur la ville, les communications étant plus fluide. De plus, Vallcarca a longtemps alimenté Barcelone en eau. Il y a plusieurs vestiges de cette époque, notamment une fontaine Gothique du XVème siècle, une des plus anciennes de la ville, qui se trouve Plaza de San Justo Pastor, dans la vieille ville. On trouve également à Vallcarca des fragments d’aqueducs du XVIIIème siècle.

7

Effectivement, c’est un quartier dans lequel on trouve beaucoup d’eau. Aujourd’hui encore, à l’ombre du park Guëll, certaines sources ont été conservées. A la moitié du XXème siècle, Vallcarca a attiré un grand nombre d’artistes tels que Joan Sales, Rubén Dario ou Arnold Schoenberg. Vallcarca a commencé à acquérir son caractère de quartier dans les années 30, quand une vague d'immigration est venue remplir la zone en permanence. La deuxième vague des années 50 a revitalisé le quartier, qui commença à développer le modèle caractéristique des maisons avec des magasins au rez-de-chaussée. Il y avait un cinéma et une usine. Vallcarca comptait en 2016 15 448 habitants. La Salut a commencé à s’urbaniser dans la seconde moitié du 19ème siècle, autour de l’église de Nuestra Señora de la Salut, construite en 1864. Au début, l’activité principale de la zone était agricole, avec beaucoup de fermes importantes comme Can Xipreret, Can Tusquets, Can Muntaner et Can l’Alegre de Dalt. Cependant, elles furent progressivement reconvertit en zone résidentielle printanière pour la bourgeoisie Barcelonaise et de l’ancienne ville de Gracia qui cherchaient la fraîcheur des sources. Aujourd’hui, la majeure partie des fermes ont disparu, excepté Can Xipreret et Can Tusquets.

Les communications du quartier s’améliorent avec le temps. Ainsi, en 1880, on inaugurait le tramway qui reliait la place Santa Anna à celle de Rovira i Trias et en 1909 celui qui reliait la place de Lesseps à la rue d’Esorial, et ensuite jusqu’à la place de Joanic. Avec ce dernier, une grande zone que l’on considérait du quartier de la Salut a été englobée par le quartier de Garcia. Le seul vestige de l’ancienne situation est que dans la rue Argentona, quartier de Gracia, on célèbre toujours la fête principale de la Salut et non celle de Gracia. La Salut comptait en 2016 : 13 123 habitants.

L’histoire de ces deux quartiers a donc toujours été liée de part leurs fonctions, d’abord villages entourés de fermes, qui peu à peu se sont urbanisés avec l’arrivée de vacanciers puis leurs rattachements à la ville de Barcelone. Cette histoire nous donne encore aujourd’hui l’impression d’un village dans la ville…

8

1.3 Un quartier, c’est sensible

Pour apprécier Vallcarca et la Salut, il faut grimper, marcher et s’accrocher. En effet, posé sur les hauteurs de Barcelone, il faut le mériter pour pouvoir s’envoler, car depuis là-haut les caractéristiques de la ville sont encore plus renforcées. Comme un effet de loupe, on a l’impression de tout voir et de ne rien voir. C’est lorsqu’on se retourne que l’on comprend que la hauteur a préservé Vallcarca et la Salut qui semble avoir été épargné par le gigantisme d’une ville grandissante.

Influencés par leurs histoires, Vallcarca et la Salut ont toujours su conserver leurs âmes de village. Ainsi, lorsqu’on marche dans ces quartiers, on a l’impression d’être dans des petits villages méditerranéens, aux couleurs chaleureuses (jaune, rouge, orange…) et accueillantes. Le vent de la mer nous accompagne en nous caressant et nous invite à poursuivre notre chemin.

Comme la lumière d’un phare qui attire les bateaux, le parc Güell, du haut de sa colline, attire les touristes qui, dans leur journée de visite, viennent voir l’une des œuvres de Gaudi. Par ailleurs, le parc Güell est un lieu important pour les habitants car il apporte fraîcheur et vitalité. Il est aussi le symbole de ces quartiers car il donne cette touche créative, imaginative et poétique que les habitants affectionnent.

Toutefois, nous sommes vite rattrapés par le bruit mécanique des escalators qui accompagnent les touristes dans leur montée vers le parc Güell. On comprend que cela impacte les habitants dans leur rythme de vie. Si l’on emprunte un des grands axes menant aux parcs Güell, on est confronté à la foule. Celle-ci est due à l’animation dans les rues où s’entassent boutiques de souvenirs et restaurants. Cela alors qu’il suffit d’emprunter une rue parallèle pour être plongé dans un tout autre décor, où l’on peut voir alors le vrai visage d’un quartier, celui qui n’est pas déformé par un tourisme abusif et de masse.

Guidés par les graffitis, peintures et slogans de protestations de toutes sortes, nous voici devant le jardin participatif qui est au cœur d’une nouvelle dynamique, impulsée par les habitants qui, soucieux de préserver leurs quartiers, s’impliquent pour repenser la vie citoyenne et la qualité de ces lieux d’habitations. Ainsi, à l’image du parc Güell imaginé par Gaudi, les habitants ont envie de croire en leurs quartiers et y voient un avenir heureux.

Dessin qui retranscrit l’ambiance

chaleureuse et accueillante des

quartiers de Vallcarca et La Salut.

Gestion urbaine 1ère année 2016-2017

9

Ainsi, Vallcarca et la Salut présentent une unité. En effet ils ont une topographie et une histoire commune et originale par rapport au reste de la ville de Barcelone. Cette unité se ressent également dans l’ambiance particulière des lieux.

On remarque qu’un certain nombre d’éléments viennent contraster cette unité.

2 .1 La place du park Güell dans le quartier :

Une grande partie de notre territoire est occupée par l’une des attractions touristiques

phares de Barcelone : le park Güell. D'une superficie de 17 hectares, il se situe au centre du

territoire. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce parc est un musée à ciel ouvert. Il

offre également un point de vue sur le quartier et sur toute la ville. De l’extérieur, il apporte

une ambiance particulière au quartier. La vision de la végétation apporte du bien-être, le fait

pour les habitants de savoir qu’il y a un grand parc juste à côté où on peut aller se détendre,

respirer est une plus-value. Le park Güell est à priori une aubaine pour le quartier.

Nos observations nous ont cependant rapidement amené à questionner cette idée acquise.

Nous avons remarqué que le parc n’était pas bien intégré au reste du quartier et avait plutôt

tendance à créer une rupture à l’ambiance village de notre quartier.

L’histoire d’un projet résidentiel :

Construit entre 1900 et 1914, le parc fut édifié sur une colline du Sud de la ville (El Carmel). Il fut conçu par Gaudi, architecte qui avait déjà fait ses preuves dans Barcelone. Le nom « park Güell » fait référence à Eusebi Güell le mécène. Il convient d’écrire “Park” avec un K car Gaudi s’était inspiré des cité jardin à l’anglaise pour réaliser son œuvre. A l’origine, le park Güell devait être un quartier résidentiel. Quelques parcelles de terrain

furent vendues pour y construire des maisons. Néanmoins ce projet fut abandonné en 1914

face au manque d’acheteur.

En effet, les conditions complexes de la vente des parcelles, le manque de transports

appropriés et le caractère fortement exclusif de l’urbanisation rendent le parc inhabitable. Il

devint ainsi un grand jardin privé, que Güell céda à des actes publics.

Bien que Gaudí ait respecté l’orographie du terrain et qu’il soit resté fidèle à l’ambiance

village des lieux, l’intégration sociale au reste du quartier ne semble pas avoir été prise en

compte. Le park Güell était destiné à loger des personnes aisées, capable de s’acheter les

parcelles et de financer par le même biais les travaux. Le park semble ainsi avoir été construit

dans un souci d’esthétisme, de rayonnement de la ville et non comme un apport à l’échelle

du quartier. Si le park Guëll était devenu ce que Gaudi souhaitait, il y aurait sans doute eu une

fragmentation sociale au sein du territoire.

En 1926, le park est donc ouvert en tant que parc municipal. La maison de la famille

Güell est habilitée pour accueillir une école publique, qui reçoit le nom du pédagogue Baldiri

2. Limites, un territoire qui s'éteint ?

10

Reixac, et la zone située à gauche de l’entrée est destinée par la Mairie à une pépinière de

fleurs ornementales. D’autre part la grande esplanade, que la documentation du projet

dénommait Théâtre Grec et qui, plus récemment, a été rebaptisée Place de la Nature, était

souvent cédée pour y tenir des actes catalanistes ou d’autres événements à caractère civique

et social. On observe d’ailleurs une morphologie prévue à cet effet ; une grande terrasse

entourée de banc surélevés.

C’est finalement son changement de statut qui l'insèrera de façon plus globale au

reste du quartier. Certains de ces lieux deviennent d’utilité publique. Si l’école et la pépinière

sont encore présents, l’organisation d'événements sur la Place de la Nature se font cependant

rares. Déclaré Patrimoine culturel de l’humanité par l’UNESCO en 1984, le park accueille en

permanence un nombre important de touriste, ce qui rend compliqué la prise d’initiatives des

habitants pour y organiser des évènements.

Aujourd’hui, un lieu finalement figé ?

Les pouvoirs publics ont pris des mesures pour créer un sentiment de possession chez

les habitants du quartier. Depuis 2013, les voisins des quartiers attenants au Park Güell (El

Coll, Vallcarca-Penitents, La Salut, El Carmel et Can Baró) peuvent y accéder librement tous

les jours de l’année en présentant une carte. Le but prioritaire de garantir le droit des voisins

à l’utiliser comme espace de loisirs.

Une fracture entre touristes et locaux s’observe pourtant au sein du parc. On observe

une forte concentration touristique au niveau de la Place de la Nature. La plupart des touristes

se promènent également dans les allées alentours, plutôt vers dans la partie Est du parc où

se situent les maisons. Les plus courageux grimpent en haut de la colline. Les locaux ont quant

à eux plutôt tendance à investir la partie Ouest du parc. On y trouve des jeux pour enfants,

des tables de pique-nique, où l’on perd le côté monumental du parc. Nous n’avons cependant

pas observé un nombre important de locaux, bien que nos observations aient été effectuées

en mars, pendant une période non touristique.

Récemment le parc est devenu payant. L’accès à la Place de la Nature et au point de

vue sur la ville est payant jusqu’à 18h. Cette privatisation du parc est récente. Elle est entrée

en vigueur pour gérer les flux touristiques (les entrées se font par vague) et préserver le

monument. Le parc faisait en effet face à des problèmes de dégradations, le ticket payant

venant financer les restaurations. La sécurité est très présente, on y ressent pleinement la

pression touristique à laquelle est exposée le lieu.

Ainsi ce parc crée une rupture au sein du quartier. L’appropriation par les locaux est

limitée, ils ont plutôt tendance à rejeter le monument. Ce rejet nous est apparu lisiblement

par un tag « tourism go home » sur un escalator menant au parc, ou plus subtilement par la

non présence des locaux sur les lieux, comme s’ils ne voulaient pas se mélanger.

A l’échelle du quartier, le parc crée une rupture importante car il génère des flux

touristiques. Certaines rues sont alors comme dédiées aux touristes se rendant au park Güell

: file de taxi, bus déchargeant les groupes de touristes, panneaux de signalisation, boutiques

11

souvenirs et animation de rue tout du long, bruits… Dans ces rues, on ne ressent pas la vie

locale : toutes les personnes croisées semblaient être des touristes, les commerçants avec qui

nous avons essayé d’entrer en dialogue étaient peu aimables et semblaient lassés. Il suffit

d’emprunter une rue perpendiculaire pour changer d’ambiance de façon presque radicale :

rues très calmes, quelques passants qui semblent habiter ici, commerce de proximité,

quelques bars. Ce contraste illustre la rupture générée par le parc.

2.2 Au rythme de Vallcarca et la Salut

Lorsqu’on travaille sur Vallcarca et la Salut, on se rend très vite compte que ces deux

quartiers sont sensiblement différents des autres quartiers de Barcelone. En effet, même si

tous les quartiers possèdent des différences, il y a toujours des points de convergence qui

permettent à ces quartiers de se rassembler. La situation de Vallcarca et la Salut est différente

de celle de ces quartiers, puisque initialement ces deux quartiers étaient des villages (cf.

l’histoire de la Salut et Vallcarca) qui se sont progressivement fait absorber par Barcelone au

motif de son expansion. L’histoire de Vallcarca et la Salut a donc son importance dans ce qui

modifie son rapport à la ville. Ainsi, bien qu’ils fassent partie intégrante de Barcelone, il n’en

demeure pas moins que leurs rythmes de vies sont différents, car ils ont conservé et gardé

leur âme et ambiance de village, qui toutefois est de plus en plus perturbé par les touristes

qui viennent découvrir le parc Güell.

Le chemin des touristes

Lorsque les touristes viennent visiter le park Güell, plusieurs chemins s’offrent à eux

pour venir apprécier l’œuvre de Gaudi. En effet, disposant d’un réseau de métro développé,

les touristes ont la possibilité de se rendre au park Güell grâce à la ligne verte (L3) qui dessert

les stations de Lesseps et de Vallcarca. Les touristes peuvent aussi venir en bus urbain, à pied,

en voiture ou par d’autres moyens (bus touristique, circuit de vélo…)

Par ailleurs, pour répondre à la demande de tous types de public. Nous avons relevé

que de nombreux aménagements ont été réalisés. Ainsi dans la rue Carmel, un parking a été

construit pour accueillir les bus de groupes et les taxis. Cet accès répond aussi à une demande

d’accessibilité pour les personnes porteuses de handicaps puisque le park Güell est situé sur

un point haut de la ville (cf. un territoire marqué par son relief) rendant difficile son accès.

Pour les touristes venant du métro ou à pied depuis le centre de Barcelone des escalators ont

été construits pour faciliter l’accès de ce haut lieu du tourisme.

12

Cette carte présente le flux touristique dans Vallcarca et la Salut, populaire pour le

park Güell, qui est l’une des œuvres majeures de l’architecte et urbaniste Gaudi. Ainsi, chaque

année, des milliers de touristes se déplacent pour venir admirer le park Güell, ce qui entraîne

des transformations dans les quartiers. Par ailleurs, au-delà de cette première lecture, la carte

est aussi intéressante dans la mesure où elle localise les axes principaux de circulations des

touristes, ce qui permet indirectement de voir les zones impactées et non impactées par ce

tourisme de masse. En effet, l’afflux de touristes a produit dans ces quartiers l’arrivée de

boutiques de souvenirs et de restaurants, ce qui a modifié son rythme et son ambiance.

2.3 Des disparités sociales et morphologiques

Les quartiers de Vallcarca et de la Salut sont des quartiers qui présentent des

disparités très marquées. En effet, sur cette carte, nous pouvons voir qu’il existe plusieurs

sous-ensembles.

La typologie de l’habitat des deux quartiers est très différente. Dans la Salut, en violet,

nous avons observés des maisons colorées avec de petits jardins privées qui semblent

appartenir à des populations plus aisées. A Vallcarca, en bleu, l’habitat est davantage laissé à

l’abandon, et il y a plus d’immeubles. On y trouve même des auto constructions, dont une que

nous avons repérée et qui apparaît en gris sur la carte. De plus, certaines parties de ce quartier

sont fragmentées par de grandes friches urbaines, en orange, dont les murs sont couverts de

tags.

13

De plus, en discutant avec des habitants et en nous promenant dans ses rues, il nous a semblé que la population était assez âgée. En effet, on recherchant des statistiques sur le site de la mairie de Barcelone, il apparaît que la part des 65 ans et plus est plus fortement présente que dans d’autres quartiers, comme le quartier Gothique par exemple. De plus la moitié de la population est également inactive dans les deux quartiers.

Source : Departament d’Estadisticas, Ajuntament de Barcelona

On pourrait expliquer ceci par son calme et l’éloignement du grand centre urbain de Barcelone, le rythme de vie en dehors du tourisme y étant plus lent. De plus, on peut expliquer cette donnée de par son histoire d’ancien village de villégiature. En effet, on peut penser que les personnes ayant acheté des maisons dans ce quartier les ont gardées et y habitent maintenant à temps plein. De plus, on observe une disparité dans les fonctions des deux quartiers. En effet, ils ont une fonction résidentielle majoritaire. Cependant, comme il a été dit précédemment, le tourisme est également une part importante de la vie du quartier, qui a emmené de nombreux commerces autour de voix spécifiques. Ce qui rapproche ces deux quartiers sont leur engagement politique contre la spéculation immobilière notamment à travers de nombreux squats. Deux grands sont fortement visibles, la Kasa de la Muntanya et la Kasa Nostra, tous deux dans la Salut. Ces deux grandes maisons bourgeoises sont actuellement occupées par des mouvements politiques, dont nous parlerons également dans la troisième partie.

En outre, ces quartiers représentent tous deux une rupture avec la ville de Barcelone. En effet, sa morphologie collinaire fait que l’on ne retrouve pas la trame de Cerda présente dans le reste de la ville et son ambiance y est par ailleurs tout à fait différente. Comme il a été dit dans une première partie, ces quartiers nous font plus penser à un village, ou la rapidité de la ville a été mise de côté.

Ainsi l’unité des quartiers semble compromise par un certain nombre d’éléments. Le

parc que Gaudi voulait vivant est finalement une attraction touristique, un musée figé. Il

génère d’autre part des flux touristiques importants qui créent une rupture entre les rues

résidentielles et les rues touristiques. D’autre part, lorsque l’on se penche sur les sous-

ensembles, on remarque un certain nombre de disparités. La Salut est un quartier plus aisé

que Vallcarca. Cette perte d’unité s’explique par le fait que les quartiers sont en mutation

14

Dans une métropole dynamique comme Barcelone, les quartiers peuvent être sujet à

de profondes mutations. Cependant, à Vallcarca et La Salut une contestation face aux projets

de construction s’organise.

3.1 Une mobilisation citoyenne qui passe par différents moyens d’expressions

Lieux de contestation, Vallcarca et la Salut sont devenus avec le temps et les évènements les bastions d’une mobilisation citoyenne. Marquée par une grave crise immobilière, Barcelone a beaucoup de mal à répondre à son manque cruel de logements. Celui-ci s’accompagnent de nombreux autres problèmes tels que celui de la spéculation immobilière, le trop de logements occupés par les touristes ou encore la gentrification (cf. le problème du logement à Barcelone). Ainsi, comme nous avons pu l’entendre durant les différentes conférences auxquelles nous nous sommes rendu durant le voyage, certains intervenants tels que Maria Sisternas, directrice de projets d’habitat urbain à la ville de Barcelone, ou encore l’intervenante en charge de la visite de la mairie et de la présentation de ces missions, nous ont rappelé ces problématiques en insistant sur le manque de logements sociaux. Cet exemple de professionnels qui travaillent sur le terrain montre donc bien ce qui est vécu à Barcelone. Ainsi cette situation de précarité touche de nombreuses personnes (étudiants, personnes âgées…). Pour prouver qu’ils existent et afin de crier leurs mécontentements, les habitants s’organisent pour montrer que leurs préséances créent une diversité indispensable pour la ville.

Le street art au service des habitants :

Outil d’expression, de contestation, de revendication ou de dénonciation, le street art permet de manière imaginative et créative de traiter d’une problématique sensible et difficile. Dans les quartiers de Vallcarca et de la Salut, le street art est beaucoup utilisé par ces habitants qui, à leur manière, expriment ce qu’ils ressentent et ce qui les révoltent. On voit donc naître à chaque coin de rue des graffitis, des tags, des peintures qui racontent une histoire, une pensée.

« Ce sont des murs peints sauvages, non financés par l’administration urbaine. Ils sont par ailleurs tous centrés sur des thèmes politiques, sur un message révolutionnaire : L’unité des opprimés, la paix mondiale, la promotion culturelle de la communauté ethnique, la solidarité, rarement la violence et la lutte ouverte. »

Kool Killer, Jean Baudrillard

3. Des habitants acteurs

15

Le squat, une façon de repenser la démocratie :

Comme une réponse face à la crise du logement, le squat est une solution alternative

face à ce problème. En effet, contrairement aux idées reçues (insalubrité, risque sanitaire…),

le squat n’est pas mal perçu dans les quartiers de Vallcarca et la Salut. Les habitants voient

dans ce mode de vie un outil pour lutter contre la gentrification et les autres problématiques

liées au logement. Au-delà de cette première réponse, nous avons pu remarquer que le squat

est aussi un outil démocratique qui vise à insuffler une nouvelle dynamique sur les quartiers

en proposant des débats, des temps de partage… pour repenser la vie de quartier et afin de

créer du lien entre eux.

Cette photographie présente divers graffitis, tags et montre qu’il y a un besoin des

habitants de se faire entendre et de montrer qu’ils existent.

Gestion urbaine 1ère année, 2016-2017

Cette photographie montre un

squat dans le quartier de la

Salut.

Sur le mur il est inscrit « Si token

a un en stokes a totes » ce qui

signifie : Si tu touches à un tu

touches à tous.

Gestion urbaine 1ère année, 2016-2017

16

Le jardin participatif :

Favorisant le partage, la rencontre et le dialogue entre les habitants, le jardin

participatif permet de rassembler et de fédérer. En effet, c’est autour du plaisir de jardiner

que se développe de nouveaux liens entre habitants. Nous avons donc vu que le jardin

participatif est un moyen pour occuper les espaces vacants qui sont présents dans Vallcarca

et la Salut. Cela permet de s’approprier la rue et montre que les habitants sont présents et

qu’ils développent des choses au sein de leur quartier.

3.2 Des habitants porteurs de revendications

Les tags, les squats ou encore le jardin communautaire sont en fait le témoignage d’un

important mouvement social ayant eu lieu dans notre quartier d’étude. En effet, une partie

de la population s’est mobilisée pour protester contre la spéculation immobilière dont le

quartier faisait l’objet.

Le logement est un épineux problème à Barcelone et les contestations se font

entendre partout dans la ville. Ces dernières semblent cependant s’être cristallisées à

Vallcarca et dans une moindre mesure à la Salut. Cette étude nous permet de mieux

comprendre les enjeux du logement à Barcelone mais souligne également d’autres enjeux,

notamment la question de l’identité du quartier.

Le problème du logement à Barcelone :

Comme beaucoup de grandes métropoles, la gestion foncière est un problème à

Barcelone. Les prix des loyers ont en effet connus des variations et se retrouvent aujourd’hui

trop élevés pour une partie de la population. En 2015, l’Institut national de la statistique (INE)

rapporte qu’en Catalogne, une expulsion a lieu toutes les 33 minutes tandis qu’un nombre

important de logements restent vides… De cette contradiction est née des opérations de

squats. Elles consistent à occuper illégalement les logements vacants de la métropole. Cet

Photos d’un jardin communautaire au cœur du quartier.

Gestion urbaine 1ère année, 2016-2017

17

acte de squatter a pris la forme d’un réel mouvement politique organisé, comme le

mouvement « Okupa ». En effet, si certains barcelonnais deviennent des squatteurs pour

répondre à la nécessité de se loger, le mouvement est aussi porteur de revendications.

« En Hollande et dans d’autres pays, il y a des amendes, voire plus, au bout d’un an et demi

d’inoccupation des logements. Mais l’Espagne est à la traîne. Si l’État est incapable d’octroyer

un logement digne, l’occupation devient une alternative légitime »

Jon Aguirre Such, membre de Democracia Real Ya et de Paisaje Transversal, une plateforme qui travaille sur de

nouveaux modèles de gestion urbaine.

Ils reprochent ainsi au pouvoir public de ne pas intervenir sur le marché de l’immobilier et de le laisser soumis à la spéculation, c’est-à-dire l’achat de biens par des grands groupes immobilier dans le but de les revendre plus tard avec une plus-value. Okupa vient du catalan « ocupar » (occuper). La lettre « k » n’est normalement pas utilisée dans la langue espagnole mais on peut la voir ici, comme à beaucoup d’autres occasions à Barcelone : elle symbolise tout ce qui est alternatif. Certains squats sont en effet très visibles car ils organisent des activités, des débats, des films… En 2007, on comptait environ 200 squats dans toute la ville.

Les contestations se cristallisent à Vallcarca :

« Urbanicide », c’est l’expression utilisée par les habitants du quartier pour illustrer le processus de spéculation et de lente destruction du tissu urbain et social dont le quartier fait l’objet depuis 1976. Il est vrai, en règle générale, la spéculation immobilière concerne un secteur restreint du marché (une ville, un quartier, une zone commerciale…), pour lequel des fortes variations de valeurs sont prévisibles. Avec l’arrivée du métro Lesseps, Vallcarca a cessé d’être périphérique et est devenu un lieu stratégique pour les promoteurs. Il se trouve d’autre part idéalement situé entre l’hôtel Park Putxet, nouvel hôtel de luxe, et le park Güell.

De ce fait, entre 2002 et 2004, la puissante agence immobilière Núñez i Navarro Immobilier achète plus de 50% des terres privées de Vallcarca et obtient le pouvoir de soumettre des plans et commencer la construction. Nombre d’habitants du quartier s’opposent alors au projet, qu’ils jugent contraire à l’identité du quartier. En effet, le projet visait à démolir les maisons basses traditionnelles, auxquelles sont attachés les habitants, pour en construire des modernes. Cette opération aurait eu pour conséquence l’arrivée d’un nouveau public avec un pouvoir d'achat plus élevé. C’est donc la gentrification et la perte du patrimoine que les habitants dénoncent. Les protestations se font également contre les méthodes de pression auxquelles a recours l’agence pour racheter des lots de terre. Dans ce contexte, le squat des terrains ou des maisons rachetés par Núñez i Navarro Immobilier devint un moyen de protestation.

18

Il convient cependant de nuancer la cohésion autour du mouvement. Il n’est en effet

pas soutenu par tous. Lorsque nous étions sur le terrain, nous avons eu l’occasion de discuter avec une personne âgée, résidant dans le quartier depuis une quarantaine d’années. Lorsque nous avons évoqué ces mouvements de contestation, il a haussé les épaules, nous expliquant qu’il n’avait pas suivi l’affaire. Il ne voyait pas de problème dans son quartier, qu’il qualifiait de « très calme ».

Le conflit semble aujourd’hui trouver une issue. Un consensus important a émergé entre le quartier et le conseil municipal à propos de la nécessité d'arrêter les démolitions. En ce qui concerne la mairie de Barcelone, elle a accepté que soit rédigé un projet d’aménagement du quartier par les habitants.

Ainsi, derrière ses allures de petit village, Vallcarca et dans une moindre mesure la Salut traverse une crise sociale depuis plusieurs années. Les habitants voient leur quartier soumis à la spéculation immobilière, menacé par la gentrification et la destruction de son patrimoine. Les évènements du quartier soulignent finalement les enjeux de l’aménagement dans une métropole en pleine expansion : quelle évolution pour les territoires ? Comment résoudre la tension entre modernisation et conservation du patrimoine ? Les évènements témoignent également de spécificités territoriales : cette forte capacité de mobilisation souligne un attachement fort des habitants à leur quartier. La mobilisation semble aujourd’hui trouver un consensus avec l’urbanisme participatif. Se pose cependant la question des limites du projet ; les mesures participatives donnent-elles un vrai pouvoir de décision aux habitants ou sont-elles une parade pour canaliser les revendications ? Au-delà de notre analyse sur le quartier, ces épisodes nous amènent également à réfléchir sur la légitimité des squats. Ces mouvements populaires s’inscrivent dans une dynamique citoyenne plus grande à Barcelone, celle des Indignés.

Tags au sol représentant Núñez i Navarro, le patron de

l’agence immobilière, avec un corps de cafard.

Gestion urbaine 1ère année, 2016-2017

19

3.3 Le compromis trouvé avec la Métropole

Le lent processus de destruction du tissu urbain et social dont le quartier fait l’objet depuis 1976 est appelé par les habitants un urbanicide. Ils revendiquent donc un quartier fait par et pour ses habitants. En conséquence, la mairie de Barcelone s’est lancé un défi de taille, basé sur la transparence et le débat. Un concours d’idée a donc été lancé pour l’aménagement du quartier. Il a été pensé par le conseil municipal pour réunir les meilleures propositions pour ajouter un amendement au Plan Général Métropolitain de 1976 du quartier de Vallcarca. La proposition retenue sera la base d’un projet dans la zone située entre l’Avenue de Vallcarca, la carrer de Calendau, la carrer de Gustavo Becquer, la carrer de Cambrils, et la carrer de la Farigola. Cette initiative vise à donner une impulsion à la rénovation de Vallcarca, arrêtée partiellement dans les années 2000. C’est un concours d’idée international, dont les derniers dossiers ont été déposés en janvier 2017 et dont le premier prix est de 20 000 euros. Le cahier des charges du concours a été rédigé avec les acteurs impliqués du quartier, qui prendront également part au jury final du concours. La proposition gagnante sera choisie en avril. Le dossier devra garder une typologie des bâtiments conformes à la morphologie du quartier, préserver le tissu urbain existant, évaluer l'intégration avec l'environnement, la conception du logement, la promotion de la cohésion sociale, la durabilité et l’efficacité.

“Construim Vallcarca que volem”, construire le Vallcarca que nous voulons. Gestion urbaine 1ère année, 2016-2017

20

Une autre initiative a été impulsée par le conseil municipal de Barcelone. Elle s’appelle « Vide Urbain et implication territoriale et sociale ». Elle vise à impliquer la population dans la définition, l’installation et la gestion d’une vingtaine d’espaces vides, afin de les dynamiser et de les intégrer à la ville. Le conseil pense céder l’utilisation de ces espaces à des institutions, publiques ou privées, et des associations à but non lucratif, pour qu’ils y proposent un usage et des activités temporaires. Les activités pourront y durer 1 an, extensible à 3 ans maximum, et deux par districts de Barcelone seront sélectionnées. Les lieux ont été choisis en fonction des besoins de la ville, et du manque de visibilité sur leur développement. Leur autogestion provisoire apparaît efficace pour maintenir les structures en bon état et l’impact social des propositions devrait être positif pour toute la ville. Dans le quartier de Vallcarca, une ancienne école située dans la rue Fargola va être transformée en un nouvel institut. Cependant, les démolitions ne s’arrêtent pas pendant ces processus participatifs et ils ne concernent qu’une partie des quartiers de Vallcarca, et aucun de la Salut. On peut donc se demander dans quelle mesure ce projet va-t-il rendre plus sereines les relations entre les habitants du quartier et la métropole de Barcelone et s’il va vraiment stopper la spéculation immobilière et les destructions dans la zone.

De plus, quelques habitants aimeraient voir Vallcarca redevenir une municipalité indépendante et gérée par ses habitants. Ils font cette demande au nom de la mémoire collective du quartier, qu’ils estiment avoir été largement détruite et transformée avec son rattachement à la ville de Barcelone. Cette revendication a été formulée dès les années 1980 dans un périodique appelé « Vallcarca indépendant ». D’une certaine manière, Vallcarca a toujours voulu être indépendante pour échapper à la ville qui a entouré ce petit paradis architectural, naturel, culturel et littéraire.

21

Depuis une quarantaine d’années, notre territoire d’étude a été fortement affecté par

la planification urbaine et la spéculation immobilière. En conséquence de ces fortes modifications de leur territoire, les habitants ont du mal à retrouver l’esprit de leur quartier, une sorte de village aux abords de la ville.

“Construir el Vallcarca que volem” (construire le Vallcarca que nous voulons), est une des revendications des habitants mobilisés en réponse aux destructions. Les événements ont ainsi révélés une forte capacité de mobilisation et un attachement fort des habitants à leur quartier. C’est dans cette dynamique que notre territoire d’étude est devenu le théâtre de certaines expérimentations en gestion urbaine, notamment en termes de participation. Cependant la question des limites du projet se pose ; les mesures participatives donnent-elles un vrai pouvoir de décision aux habitants ou sont-elles une parade pour canaliser les revendications ? D’un point de vue plus général, les évènements du quartier soulignent finalement les enjeux de l’aménagement dans une métropole en pleine expansion : quelle évolution pour les territoires ? Comment résoudre la tension entre modernisation et conservation du patrimoine ?

Encore maintenant, l’avenir de ces quartiers est incertain. Ce sont des quartiers en constante évolution, qui ne se reposent jamais. La mobilisation des habitants de ce quartier a engendré une dynamique collective, d’unité et de solidarité. Cependant, nous pouvons encore nous demander si le quartier va pouvoir réellement dépasser ses différentes disparités tout en gardant ses traits identitaires et en s'intégrant à la métropole ?

Nous souhaitons remercier nos professeurs qui nous ont permis de voyager à

Barcelone et accompagné durant ce séjour. Ce fut une riche expérience ! Nous remercions également les différents intervenants qui ont partagé avec nous leurs connaissances sur la ville.

Conclusion :

Remerciements :

22

We worked on Vallcarca and la Salut. They are two areas located at the suburbs of Barcelona. When we learned we had this neighbourhood, we first thought about the Park Guëll. Actually, it is one of the main monument of Barcelona. People are right because it’s a beautiful park. Although, with this exercise, we discovered that the neighbourhood couldn't be summed up only by this park. It was interesting to stroll in the surrounding streets because we could still feel the atmosphere of a former village. Vallcarca and la Salut were both part of a former village, connected to Barcelona years ago. As we walked around, we felt more and more the distinctive features of the area. There are actually three distinctive parts. La Salut, the southern part, is a residential area. It is the place where we felt the village spirit the most. It is a joyful area with typical little houses protected by gardens and lots of plants. Vallcarca was messier, we felt the anarchist spirit because of the architecture : some self build, big buildings, wastelands, street art and political arts. Between those two atmospheres, the touristic streets with crowds and shops lead to the park. It was a really good experience. We learned how to see beyond the touristic aspect of a place. We will never forget it and neither will our legs !

Vallcarca y la Salut in english :

23

• Cartes :

-CartoBCN et Planol BCN Disponible sur : http://www.barcelona.cat/ca/ -Barcelone, Espagne. Source : Google map. Données cartographiques 2017.

• Livres : Jesus de la torre monmany et Amador Ferrer Aixalà : Barcelone. Numéro spécial d’Archiscopie. Collection portait de ville. Edition : Architecture et du patrimoine / IFA. Décembre 2012.

• Tract : Plataforma Veïnat de Vallcarca - Manifest reivindicatiu de la Plataforma Veïnat de Vallcarca, 30 juin 2016.

• Site officiel de la mairie de Barcelone : -Park Guell Barcelona Disponible sur : https://www.parkguell.cat/fr/ -Historia del barri de Vallcarca i els Penitents Disponible sur : http://lameva.barcelona.cat/gracia/ca/historia-del-barri-de-vallcarca-i-els-penitents

• Sites d’information touristique : -Park Güell de Antoni Gaudí. Source : Tourist guide Barcelona. Disponible sur : https://www.barcelona-tourist-guide.com/fr/index.html

• Encyclopédie : Barcelone. Source : Wikipédia. Dernières modifications le 14 avril 2017. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Barcelone -Parc Guell. Source : Wikipédia. Dernières modifications le 5 avril 2017. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Parc_G%C3%BCell -Spéculation immobilière. Source : Wikipedia. Dernières modifications le 5 mai 2016. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sp%C3%A9culation_immobili%C3%A8re Vallcarca i els Penitents. Source : Wikipédia. Dernières modifications le 21 mars 2016.

Bibliographie et webographie :

24

Disponible sur : https://en.wikipedia.org/wiki/Vallcarca_i_els_Penitents La Salud (Barcelona). Source : Wikipédia. Dernières modifications le 7 juillet 2016. Disponible sur : https://es.wikipedia.org/wiki/La_Salud_(Barcelona)

• Blogs :

Lucas Carrascosa, Daniel Tamayo etc : Vallcarca Disponible sur : http://observatorivallcarca.cat/wp-content/uploads/2015/03/VALLCARCA-FINAL.pdf

Barcelone: Retour sur les journées européennes intersquat des 17-20 juin 2010. Publié en juin 2010. Disponible sur : https://fr.squat.net/2010/06/30/barcelone-retour-sur-les-journees-europeennes-intersquat-des-17-20-juin-2010/ Vallcarca independent ! - PLA de Barcelona. Publié en décembre 2014. Disponible sur : https://pladebarcelona.wordpress.com/2014/12/01/vallcarca-independent/ En Espagne, les Indignés « libèrent » des immeubles pour les familles à la rue. Publié le 3 janvier 2012. Disponible sur : https://www.bastamag.net/En-Espagne-les-Indignes-liberent

La guerre des squatts - Café Babel. Publié le 7 mars 2007. Disponible sur : http://www.cafebabel.fr/societe/article/la-guerre-des-squatts.html Vallcarca, urbanicide, résilience et coproduction - Hyperville.Publié le 14 décembre 2016. Disponible sur : http://www.hyperville.fr/vallcarca-urbanicide-resilience-et-coproduction/ Rebel neighbourhoods: Vallcarca, Barcelona - Autonomies. Publié le 12 janvier 2017. Disponible sur : http://autonomies.org/pt/2017/01/rebel-neighbourhoods-vallcarca-barcelona/ Okupas. Les squats à Barcelone. Publié en juillet 2008 Disponible sur :base.d-p-h.info/fr/fiches/dph/fiche-dph-7634.html