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UNIVERSITE PARIS-XII
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THESE
pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS XII Discipline : Sciences de la vie et de la santé
présentée et soutenue publiquement par
Christiane BERGMAN-COPIE
le 19 décembre 2003
Titre
IDENTIFICATION DES MARQUEURS MOLECULAIRES
SPECIFIQUES DES LYMPHOMES A GRANDES CELLULES B
PRIMITIFS DU MEDIASTIN
___________
Directeur de thèse
Docteur Karen Leroy
_________
JURY Madame le Professeur Florence Cymbalista Rapporteur
Madame le Professeur Nicole Brousse Examinateur
Monsieur le Professeur Georges Delsol Rapporteur
Monsieur le Docteur Fréderic Davi Examinateur
Monsieur le Professeur Jean-Pierre Farcet Président du Jury
2
à Xavier,
à mes enfants Alban, Alice et Thomas,
à mes parents,
3
Je remercie,
Monsieur le Professeur Jean-Pierre Farcet
qui me fait l’honneur de présider cette thèse,
Madame le Professeur Florence Cymbalista
Monsieur le Professeur Georges Delsol
qui me font l’honneur d’être rapporteurs de cette thèse,
Madame le Professeur Nicole Brousse
Monsieur le Docteur Frédéric Davi
qui me font l’honneur d’être examinateurs de cette thèse,
Veuillez trouver ici l’expression de ma plus sincère gratitude.
4
A Madame le Docteur Karen Leroy,
Ce travail est le fruit d’une longue collaboration. Il n’aurait pas été possible sans l’aide
constante que tu m’as apportée. J’ai apprécié ta rigueur et tes critiques constructives. Je te
remercie tout particulièrement pour avoir dirigé ce travail et pour ton amitié.
5
A Monsieur le Professeur Philippe Gaulard,
Tu m’as communiqué ta passion de l’hématopathologie. Le temps manque au quotidien
pour te dire combien j’apprécie la qualité de ton enseignement. Je te remercie pour m’avoir
fait confiance, pour avoir initié ce travail et pour ton soutien constant.
6
A Monsieur le Professeur Serge Zafrani,
Permettez-moi de vous remercier pour votre accueil dans votre service qui a permis la
réalisation de cette thèse.
7
A Monsieur Paul-Henri Roméo,
Mon séjour dans ton unité restera pour moi une expérience fondamentale dans ma
formation professionnelle et je t’en remercie.
8
Je tiens à remercier aussi tout particulièrement
Madame Marie-Laure Boulland pour sa collaboration efficace, son aide à la préparation de
ce manuscrit et son amitié,
Madame Anne Plonquet pour sa participation à ce travail,
Madame Flavia Castellano pour son aide et son amitié,
Mes collègues cliniciens, Madame le Professeur Corinne Haioun, Madame le Docteur
Marine Divine, Monsieur le Professeur Felix Reyes, et Monsieur le Docteur Karim
Belhadj, pour leur collaboration de tous les jours et leur amitié,
Monsieur le Professeur Möller, Monsieur le Professeur Martin Dyer, et Monsieur le
Docteur Miguel Alonso, pour nous avoir donné les outils indispensables à la réalisation de
cette étude,
Mes collègues de l’unité U474, Madame Marie-Antoinette Vinit, Madame Marie Cambot,
Madame Leïla Maouche-Chrétien, pour leur amitié et leur aide précieuse,
Madame Jeanine Marquet pour son aide en culture cellulaire,
Madame le Docteur Hélène Rouard pour ces conseils précieux qui m’ont fait gagner un
temps considérable,
Les techniciens du service d’Anatomie pathologique qui ont participé à ce travail et en
particulier Madame Catherine Dehoulle, Madame Yvette Geleyn et Madame Nathalie Le
Metayer,
Madame Nadine Martin pour ses conseils avisés,
Madame Marie-Pierre Bralet et Madame Homa Adle-Biassette pour leur amitié,
Tous les membres du service d’Anatomie pathologique de l’hôpital Henri Mondor.
9
TABLE DES MATIERES
I. INTRODUCTION 11
II. LES LYMPHOMES A GRANDES CELLULES B PRIMITIFS DU MEDIASTIN
19
I-1. Aspects cliniques 20
I-2. Aspects morphologiques 21
I-3. Caractéristiques immunohistochimiques des LBPM 22
I-4. Les LBPM et les gènes des immunoglobulines 26
I-5. Caractéristiques moléculaires des LBPM 27
I-6. Anomalies cytogénétiques des LBPM 30
I-7. LBPM et stade de différenciation 32
I-8. Les lignées dérivées des LBPM : Karpas 1106 et MedB-1 36
I-8.1. La lignée Karpas 1106 37
I-8.2. La lignée MedB-1 38
I-9. Traitement et pronostic des LBPM 43
III. LES LYMPHOCYTES B THYMIQUES 49
III-1. Arguments en faveur de l’origine B thymique des LBPM 50
III-2. Les lymphocytes B thymiques (LBt) chez l’homme 50
III-2. 1. Morphologie du thymus 50
III-2.2. Distribution et caractéristiques morphologiques des LBt 53
III-2.3. Immunophénotype des LBt 55
III-2.4. Caractéristiques génotypiques des LBt 59
III-2.5. Caractéristiques fonctionnelles 61
III-2.6. Conclusion 62
III-3. Les lymphocytes B thymiques chez la souris 63
III-3.1. Cinétique des thymocytes 63
III-3.2. Lymphopoïèse B intrathymique 64
III-3.3. Caractéristiques fonctionnelles des lymphocytes B thymiques 67
III-3.4. Fonction des lymphocytes B thymiques. 67
III-3.5. Conclusion 67
10
IV. ETUDE COMPARATIVE DES LBPM ET DES LGCB NON MEDIASTINAUX
PAR LES METHODES D’ANALYSE DIFFERENTIELLE 69
IV-1. Objectifs de l’étude. 70
IV-2. Principe des techniques 71
IV-2.1. Principe de la méthode du Differential Display Reverse Transcription 71
IV-2. 2. Principe de la méthode du Representational Difference Analysis 73
IV-3. Le gène MAL et les LBPM 77
IV-3.1. Article 1 77
IV-3.2. Article 2 83
IV-3.3. Le gène MAL 89
IV-3.3.1. Le gène MAL 89 a. Clonage de l'ADNc MAL b. Organisation génomique du gène MAL c. Protéine MAL dans les différentes espèces et protéines homologues IV-3.3.2. Expression de MAL dans les système nerveux central et 93 périphérique IV-3.3.3. Expression de MAL dans les cellules épithéliales 95 a. expression de MAL dans les cellules épithéliales de rein b. expression de MAL dans les autres tissus épithéliaux IV-3.3.4. Expression de MAL dans les lymphocytes 96 IV-3.3.5. Association de MAL avec les glycosphingolipides et implications 96 fonctionnelles IV-3.3.6. MAL et la pathologie tumorale 99 a. MAL et lymphomes T cutanés b. MAL et cancer de l'œsophage IV-3.3.7. Conclusion 100
IV-4. Mise en évidence d’une activation constitutive du gène FIG1 dans les LBPM :
Article 3 101
V. DISCUSSION, CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES 109 VI. BIBLIOGRAPHIE 126
11
I. INTRODUCTION
12
Les lymphomes malins non Hodgkiniens (LNHs) désignent des proliférations
tumorales dérivées des lymphocytes B, T ou NK (Natural Killer), à différents stades de
différenciation ou d’activation. L’entité anatomo-clinique définie comme « lymphome
diffus à grandes cellules B » (LGCB) est une prolifération clonale de lymphocytes B
matures et constitue un ensemble de tumeurs très hétérogènes sur le plan morphologique,
biologique et clinique. Le LGCB est le lymphome le plus fréquent de l’adulte et représente
dans les pays occidentaux près de 30 à 40% des lymphomes non-Hodgkinien (LNHs) (1).
Ce sont des lymphomes agressifs dont l’âge moyen de survenue est de 60 ans, mais les
extrêmes sont larges et des LGCB peuvent s’observer chez l’enfant. Le plus souvent, la
présentation initiale de la maladie est ganglionnaire mais dans 40% des cas, la présentation
est extra-ganglionnaire, le tube digestif étant le plus fréquemment atteint. L’évolution
clinique est très variable d’un malade à l’autre, et seuls 30 à 40 % des patients sont mis en
rémission complète durable par une chimiothérapie à base d’anthracyclines (2).
Cette catégorie histologique des « lymphomes diffus à grandes cellules B » a été
introduite en 1995 dans la classification de la REAL (a Revised European-American
classification of Lymphoid neoplasms) (3) et maintenue dans la classification plus récente
de l’OMS (4). Sur le plan morphologique, le LGCB est caractérisé par une prolifération
diffuse de cellules lymphoïdes de grande taille, dont il existe plusieurs variantes
cytologiques appelées centroblastique, à noyau multilobé, immunoblastique, anaplasique
ou encore riche en histiocytes et lymphocytes T. Cette classification morphologique est
cependant peu reproductible entre hématopathologistes, et l’absence de corrélations avec
des critères immunophénotypiques ou génotypiques distincts, ont incité en 1994 les
hématopathologistes de la REAL à les regrouper dans une catégorie unique de
13
« lymphomes diffus à grandes cellules B », tout en étant conscients que cette catégorie
regroupait des entités différentes.
Sur le plan immunophénotypique, les cellules tumorales des LGCB expriment les
marqueurs B tels que le CD19, CD20, CD22 et CD79a et les immunoglobulines de surface
et/ou intracytoplasmiques de type IgM, IgG et plus rarement IgA. Une expression de CD5
et de CD10 est détectée respectivement dans 10% et 25-50% des cas (4). Une expression
de la protéine BCL2 est détectée dans 30-50% des cas. Un réarrangement clonal des gènes
des chaînes lourdes et légères des immunoglobulines est détecté dans la majorité des cas.
L’anomalie moléculaire la plus fréquemment détectée dans les LGCB est le
réarrangement du gène LAZ3/BCL6, situé en 3q27, et qui est observé dans 30 à 40% des
LGCB (5). Le gène BCL6 code pour un facteur de transcription appartenant à une famille
de protéines à doigt de zinc (6). La protéine BCL6 est normalement exprimée par les
cellules B du centre germinatif des follicules lymphoïdes et dans une sous-population de
lymphocytes T CD4+ du centre germinatif et des zones interfolliculaires (7). Elle joue un
rôle majeur dans la formation du centre germinatif (8) et son extinction semble nécessaire
pour la différenciation des cellules du centre germinatif (centrocytes) en plasmocytes (9).
Indépendamment des translocations, il a été montré récemment que les mutations
somatiques des régions régulatrices pouvaient déréguler l’expression du gène BCL6 dans
les LGCB (10).
Un réarrangement de l’oncogène BCL2 en rapport avec une translocation t(14 ;18)
est observée dans près de 20% des LGCB (11). Le gène BCL2 code pour une protéine
inhibant l’apoptose (12). Des mutations du gène suppresseur de tumeur P53 sont observées
14
dans 20% des LGCB et un petit pourcentage de LGCB présente des réarrangements et/ou
des mutations du gène c-MYC (13,14).
Les LGCB constituent un groupe de lymphomes extrêmement hétérogènes tant sur
le plan morphologique, immunohistochimique et moléculaire que sur le plan de la
présentation clinique, et de la réponse aux traitement. Il est vite apparu essentiel de
développer des outils permettant d’identifier des paramètres morphologiques,
immunologiques et/ou génétiques qui pourraient définir des groupes cliniques homogènes
et permettre une thérapeutique plus ciblée.
Dix ans après le début de l’élaboration de la REAL, où en sommes-nous dans le
démembrement de ce vaste groupe de tumeurs? Sur le plan clinique, la prise en charge
thérapeutique repose toujours sur une stratification des patients en fonction de l’Index
Pronostic International (IPI) basé sur 5 facteurs de risque : l’âge, le taux de lactate
deshydrogénase, l’indice de performance, le stade Ann Arbor et le nombre de sites
extraganglionnaires atteints. Cet index est supposé refléter la croissance tumorale et le
potentiel invasif de la tumeur, la réponse de l’hôte et la capacité du patient à tolérer un
traitement intensif (15).
Plusieurs marqueurs moléculaires pronostic individuels ont été identifiés tels que
l’expression de la protéine BCL2 ou de la survivine, qui dans les 2 cas sont associés à un
pronostic défavorable (16,17). De façon similaire, la présence de mutations de P53 et/ou la
détection immunohistochimique de P53 sont corrélés à une diminution de la survie des
patients atteints de LGCB (13,18,19).
L’apport majeur de ces dernières années est le développement des puces à ADN
(micropuces), qui de par l’analyse simultanée de l’expression de milliers de gènes
permettent une étude des processus biologiques impliqués dans le développement des
15
LGCB. L’utilisation des microarrays a permis d’avancer considérablement à la fois dans la
compréhension des mécanismes physiopathologiques responsables de l’hétérogénéité
moléculaire des LGCB, mais aussi dans la prédiction de la réponse au traitement.
Alizadeh et al ont été les premiers à analyser le profil d’expression génique des
LGCB en utilisant des puces à ADNc (Lymphochip) (20). Cette Lymphochip a été
construite à partir de 17 856 séquences d’ADNc, dont 12069 sont issus d’une librairie
d’ADNc de cellules B du centre germinatif. Deux mille trois cents trente huit ADNc
supplémentaires sont issus de librairies dérivées de LGCB, de lymphome folliculaire, de
lymphome du manteau et de leucémie lymphoïde chronique B (LLC). Enfin, ont été ajoutés
des séquences d’ADNc correspondant à des gènes induits ou réprimés lors de l’activation
de lymphocytes B ou T par des mitogènes ou des cytokines, et un ensemble de 3186 ADNc
correspondant à des gènes jouant un rôle important dans la biologie du lymphocyte ou du
cancer. Les auteurs ont analysés le profil d’expression génique de 3 types de lymphomes :
les LGCB, le lymphome folliculaire et la LLC. Les micropuces ont été cohybridées avec les
ADNc obtenus à partir de l’ARNm des échantillons à analyser et un ADNc de référence
obtenu à partir d’un pool d’ARNm extraits de 9 lignées dérivées de lymphomes ou de
leucémies. Ils ont utilisés une technique d’analyse non supervisée visant à regrouper les
lymphomes selon la similarité de leur profil d’expression génique (clustering hierarchique).
Cette étude a permis d’individualiser au sein des LGCB 2 sous-types moléculaires distincts
reflétant différents stades de différenciation: les LGCB ayant un profil d’expression
génique comparable à celui des lymphocytes B du centre germinatif des follicules
lymphoïdes (Germinal Center B-like Diffuse Large B-cell lymphoma = GCBL type) et les
LGCB ayant un profil d’expression génique comparable à celui de lymphocytes B du sang
périphérique activés in vitro (Activated B-like DLBCL = ABL type). Les résultats de cette
16
première étude suggéraient que les lymphomes type GCBL présentaient une évolution
nettement plus favorable que les lymphomes type ABL (76% en vie à 5 ans dans le premier
groupe contre 16% dans le second groupe). Les mêmes auteurs ont montré par la suite que
les LGCB type GCBL présentaient les caractéristiques attendues de lymphomes dérivés des
cellules lymphoïdes du centre germinatif des follicules lymphoïdes, du fait de la présence
de mutations somatiques avec variation intraclonale des gènes codant pour les chaînes
lourdes des immunoglobulines (21), l’expression du CD10 par les cellules tumorales, et
une translocation t(14 ;18) retrouvée dans près de 35% des cas (22). Ces caractéristiques
sont absentes du groupe des lymphomes type ABL. Ainsi, ces travaux suggèrent que la
signature moléculaire GCBL ou ABL de la tumeur, qui reflète une origine cellulaire et des
mécanismes oncogéniques différents, constitue à elle seule un facteur prédictif de réponse
au traitement.
Plus récemment, les mêmes auteurs en collaboration avec le
« Lymphoma/Leukemia Molecular Profiling Project » (LMPP) ont étendu leur analyse à
une série de 240 patients atteints de LGCB (23). Cette étude a permis d’identifier un
troisième groupe « type 3 », présentant une signature transcriptionnelle intermédiaire, où
aucun des gènes caractéristiques des groupes GCBL et ABL ne sont surexprimés. La survie
globale après une chimiothérapie à base d’anthracyclines était significativement différente
entre ces 3 groupes, les GCBL ayant une survie globale à 5 ans de 60%, contre 39% dans le
groupe de type 3 et 35% dans le groupe ABL. Les gènes dont l’expression est corrélée à la
survie ont été regroupés en 4 types de signature transcriptionnelle. Les 3 premières
signatures sont caractéristiques respectivement des lymphocytes B du centre germinatif, du
complexe MHC II et du stroma du ganglion lymphatique, et sont associées à un bon
pronostic. La quatrième signature est associée à la prolifération cellulaire et représente un
17
facteur de mauvais pronostic. Enfin, un gène a été défini de façon isolée, il s’agit du gène
BMP6 appartenant à la famille du TGFβ, et qui n’appartient à aucune des signatures
précédemment définies et dont l’expression est associée à un mauvais pronostic. Au total,
cette étude permet de construire un modèle prédictif de la survie basé sur l’analyse de
l’expression de 17 gènes.
Ces études par puces à ADN ont permis d’identifier parmi les multiples EST
présentes sur la micropuce, un gène jusqu’alors inconnu appelé HGAL (Human Germinal
center-Associated Lymphoma) dont l’expression représente un facteur de bon pronostic
(24). Les patients dont la tumeur exprime des taux élevés de transcrits HGAL présentent
une meilleure survie à 5 ans que les patients dont la tumeur exprime des taux bas d’ARNm
HGAL (survie médiane à 5 ans de 67 mois et de 33 mois respectivement). Le gène HGAL
code pour une protéine cytoplasmique de 178 acides aminés qui contient un motif
« ITAM » (Immunoreceptor Tyrosine-based Activation Motif), motif habituellement
retrouvé dans la portion intracytoplasmique des récepteurs transmembranaires et jouant un
rôle dans la transduction du signal des lymphocytes B et T. HGAL est fortement exprimé
dans les lymphocytes du centre germinatif des follicules lymphoïdes et la rate, et dans les
lymphomes dérivant du centre germinatif, notamment les lymphomes folliculaires. Son
expression est spécifiquement induite par l’interleukine 4, et son rôle exact dans la
physiologie du centre germinatif reste à définir. Comme il a été montré pour BCL6 (25),
son expression mesurée par RT-PCR est un facteur prédictif de survie prolongée.
L’expression élevée conjuguée de BCL6 et HGAL constitue un facteur de bon pronostic
(24). .
18
M Shipp et al (26) ont utilisé des micropuces constituées d’oligonucléotides (puce
Affymetrix) et une analyse supervisée dans le but de définir plus spécifiquement un profil
d’expression génique prédictif d’une bonne ou d’une mauvaise réponse au traitement. En
analysant une série de 58 patients atteints d’un LGCB et traités par une chimiothérapie de
type CHOP (cyclophosphamide, doxorubicine, vincristine, et prednisone), M Shipp et al
ont identifié un ensemble de 13 gènes permettant d’identifier les patients présentant un bon
pronostic (survie globale à 5 ans de 70%) et les patients ayant un mauvais pronostic (survie
globale à 5 ans de 12%). Ces gènes sont impliqués dans la signalisation associée au
récepteur B pour l’antigène (BCR) (PKC-β1 et PKC γ, protein kinase C β et γ), la
régulation du taux d’AMPc (PDE4B, cyclic AMP specific phosphodiestérase) et de
l’apoptose (NOR1/MINOR, Mitogen-inducible nuclear orphan receptor ), et leur expression
est indépendante de l’origine centre germinatif ou post-centre germinatif de la tumeur.
Certains de ces gènes sont toutefois utilisés dans le modèle prédictif défini par Alizadeh et
al (Alizadeh AA & Eisen MB, Nature 2000).
Au total, il est certain que l’analyse des LGCB par micropuces va permettre dans
les années qui viennent, d’une part de mieux comprendre les processus oncogéniques
impliqués dans le développement de ces lymphomes, et d’autre part de définir des sous-
groupes de patients plus homogènes permettant d’adapter au mieux la thérapeutique et de
cibler des anomalies spécifiques.
19
II. LES LYMPHOMES A GRANDES CELLULES B
PRIMITIFS DU MEDIASTIN
20
Les lymphomes à grandes cellules B primitifs du médiastin (LBPM) constituent une
entité distincte au sein des LGCB. Il s’agit d’une entité rare qui représente 2,4% des
lymphomes non-Hogkiniens (27). En 1986, Möller et al soulignent les caractéristiques
particulières de ces lymphomes qui atteignent l’adulte jeune, à prédominance féminine, se
présentent sous la forme d’une masse médiastinale, et dont les cellules tumorales
n’expriment pas d’immunoglobulines de surface. Les auteurs suggèrent alors que ces
lymphomes représentent une nouvelle entité de lymphome B (28). De 1986 au début des
années 1990, de nombreuses études ont contribué à l’identification des LBPM et ont
permis de souligner leurs caractéristiques particulières (28-34) conduisant à leur
reconnaissance officielle en 1994 comme une sous entité distincte de LGCB dans la
classification de la REAL (3) puis dans la nouvelle classification de l’OMS (4).
I-1. Aspects cliniques
Les LBPM se distinguent des lymphomes à grandes cellules B non-médiastinaux
(LGCB-NM) par leurs caractéristiques cliniques, morphologiques et moléculaires. Les
LBPM touchent l’adulte jeune (âge moyen 37 ans) avec un sexe ratio M/F de 1:2. Les
circonstances de découverte sont le plus souvent un syndrome cave supérieur (30% des
cas), une toux, une dyspnée ou une douleur thoracique en rapport avec une masse
médiastinale proéminente (>10cm) (77% des cas). Un taux de LDH supérieur à une fois la
normale est observé dans 76% des cas, mais le taux de β2-microglobuline sérique est
rarement élevé. Le bilan d’extension montre le plus souvent une maladie localisée au
médiastin antérieur avec ou non extension au creux sus-claviculaire ou aux structures
21
adjacentes comme le poumon ou la plèvre. Les localisations secondaires sont rares et sont
essentiellement extra-ganglionnaires atteignant des sites inhabituels pour un LGCB, en
particulier les reins, les surrénales, la thyroïde ou le système nerveux central. L’atteinte de
la moelle hématopoïétique est rare et n’est observée que dans 2% des cas. La majorité des
cas sont de stade Ann Arbor IE ou IIE au moment du diagnostic (27,29,35,36).
I-2. Aspects morphologiques
A l’heure actuelle, le diagnostic de LBPM repose sur des critères cliniques,
morphologiques et immunohistochimiques, mais il n’existe pas de critères histologiques
formels permettant de distinguer les LBPM des LGCB avec envahissement ganglionnaire
médiastinal.
Les LBPM sont caractérisés par une prolifération diffuse de lymphocytes de grande
taille, particuliers du fait de la présence d’un cytoplasme clair abondant et d’une fibrose
interstitielle fréquemment associée. Cette fibrose peut dans certains cas être plus dense
réalisant d’épais septa fibreux isolant des nodules tumoraux pouvant faire évoquer un
lymphome Hodgkinien classique de type scléronodulaire (29,32). La présence de cellules
claires (40% des cas) et d’une sclérose marquée (30% des cas) ne semblent pas avoir
d’incidence pronostique (36,37). Il existe des variantes cytologiques, dont certaines dites
« pléomorphes » pouvant faire évoquer un sarcome, un carcinome anaplasique ou un
lymphome Hodgkinien riche en cellules tumorales (38), mais ces variantes cytologiques
restent exceptionnelles (9 cas décrits sur une série de 120 LBPM rassemblés sur une
période de 20 ans soit 7,5%). A l’examen histologique, des reliquats thymiques peuvent
être retrouvés au sein de la tumeur, parfois associés à des kystes thymiques bordés par un
épithélium malpighien infiltré de cellules néoplasiques (30,32). Dans une série de 15
22
LBPM strictement localisés au thymus, Davis et al décrivent 7 tumeurs qui présentaient un
aspect histologique particulier du fait de la présence d’une prolifération lymphomateuse
développée essentiellement aux dépens de la médullaire thymique, refoulant le cortex et
laissant subsister en périphérie d’importantes zones de cortex thymique sain résiduel (32).
Ces descriptions histologiques constituent un argument en faveur de l’origine B thymique
des LBPM.
Il faut cependant souligner l’hétérogénéité des séries de LBPM publiées dans ces
études et encore à l’heure actuelle. Les lymphomes B à grandes cellules dits « primitifs du
médiastin » sont définis par une masse tumorale médiastinale proéminente au diagnostic et
regroupent en fait des lymphomes développés aux dépens des ganglions du médiastin et
des lymphomes développés aux dépens du thymus, et qui répondent très
vraisemblablement à des mécanismes physiopathologiques différents. Ceci explique en
partie l’hétérogénéité des résultats concernant les études immunohistochimiques et
moléculaires de ces lymphomes.
I-3. Caractéristiques immunohistochimiques des LBPM
Les LBPM présentent des caractéristiques immunophénotypiques distinctes des
LGCB non-médiastinaux qui sont résumées dans le tableau I.
23
Tableau I : Caractéristiques immunohistochimiques des LBPM comparées aux
LGCB.
Marqueurs
LBPM LGCB Références
Antigène commun leucocytaire CD45
+
+
(4)
Lymphocytaires B CD20 CD79a
+ +
+ +
(4)
Immunoglobulines S/C Chaînes lourdes µ, γ, δ Chaînes légères κ, λ
- -
+ (50-75%)
+
(4)
Molécules d’histocompatibilité HLA I/II
-/+
+
(4)
Récepteur du complément et des immunoglobulines
CD21 CD23
-
70%
-
16%
(4) (39)
Activation lymphocytaire CD30
+ (60-86%)
+ (15-24%)
(37,40)
Associé à l’apoptose BCl2
+ (78%)
+ (47%)
(41,42)
Zone du Manteau CD5 IgD
- -
-/+ (10%)
-
(4)
Centre germinatif des FL CD10 BCL6
+ (21-35%)
+ (46-100%)
+ (25-30%) + (55-97%)
(43,44)
Plasmocytaire MUM1/IRF4
+ (75%)
+ (73%)
(43-45)
Facteurs de transcription B PAX-5 OCT-2 BOB-1 PU.1
+ + + +
+ + + +
(41)
Abréviations : FL, follicule lymphoïde ; Immunoglobulines S/C, immunoglobulines de surface et
intracytoplasmiques ;
24
Les cellules tumorales des LBPM expriment les marqueurs B habituels tels que le
CD20 et le CD79a (Annexe 1) mais ne présentent pas habituellement d’immunoglobulines
de surface ou intracytoplasmiques détectables (43,46,47).
Il est classiquement décrit dans la littérature que les cellules tumorales des LBPM
présentent des déficits variables d’expression des molécules d’histocompatibilité de type
HLA I et II (33,46,48). La revue de la littérature sur ce sujet montre cependant des résultats
discordants selon les études (31). Récemment, Pileri et al montraient une expression
intense et homogène de HLA DR par immunohistochimie dans 61 cas sur 76 (80%) LBPM
(43). Cette discordance avec les études réalisées dans les années 90 peut s’expliquer par
l’évolution des techniques immunohistochimiques et en particulier par l’apport des
techniques de démasquage antigénique qui rendent l’analyse de l’expression de certains
antigènes plus performantes.
Les cellules tumorales présentent des ressemblances phénotypiques avec les
lymphocytes B thymiques, et comme ceux-ci n’expriment pas le récepteur pour la fraction
C3d du complément (CD21). De même, les cellules tumorales des LBPM expriment
fréquemment la molécule CD23, comme cela a été décrit en 1989 par Möller et al (49) et
confirmé récemment dans une série de 24 LBPM dont 17 (70%) étaient CD23+ (50) alors
que dans le groupe de LGCB-NM contrôle, seuls 14 cas sur 100 étaient positifs.
L’expression peu fréquente du CD23 dans les LGCB a été rapportée depuis par d’autres
auteurs dans une série de 125 LGCB où une positivité du CD23 n’est retrouvée que dans
16% des cas (39). L’expression fréquente de CD23 apparaît donc comme une
caractéristique spécifique des LBPM.
La molécule CD23 est un récepteur de faible affinité pour la fraction Fc des IgE
(FcεR2) et possède une fonction proinflammatoire. CD23 est aussi une molécule
25
d’adhésion intercellulaire qui s’associe au CD21 pour réguler la synthèse des IgE mais
aussi potentiellement la survie des lymphocytes B dans le centre germinatif des follicules
lymphoïdes et la présentation d’antigènes solubles aux lymphocytes T par les lymphocytes
B (51). Il existe 2 isoformes de la molécule CD23, qui diffèrent dans leur protion
intracytoplasmique. La protéine CD23a présente une expression restreinte aux lymphocytes
B, alors que l’expression de CD23b est étendue aux cellules hématopoïétiques (52). CD23
est exprimée par les cellules B naïves, les monocytes et les cellules folliculaires
dendritiques. Chez la souris, CD23 constitue un marqueur « pré-centroblastique », exprimé
par les cellules B naïves de la couronne du manteau et par les lymphocytes B à la phase
précoce du centre germinatif des follicules lymphoïdes dans les ganglions lymphatiques
(53). Son expression est induite dans les lymphocytes B par divers stimuli comme l’IL-4,
l’IL-13, anti-µ et anti-CD40 (54,55).
L’expression de la molécule d’activation CD30 est retrouvée dans la majorité des
cas de LBPM étudiés, le pourcentage de cas positifs variant de 60% à 86% selon les études
(37,43,56). Bien que l’expression du CD30 soit le plus souvent faible et hétérogène au sein
d’une même tumeur, et limitée tout au plus à 10 à 50% des cellules tumorales, le phénotype
CD30+ des cellules tumorales peut dans certains cas poser un problème de diagnostic
différentiel entre LBPM et lymphome de Hodgkin.
Du fait de leur extension essentiellement locorégionale et de la topographie
particulière des localisations secondaires de ces lymphomes, Eichelmann et al ont analysé
le profil d’expression des molécules d’adhésion des cellules tumorales des LBPM. Les
LBPM sont caractérisés par l’expression de CD54 (ICAM-1) dans 90% des cas, une
expression variable de CD58 (LFA3) (48% des cas) et l’absence d’expression des chaînes
α1,2,3,4,5,6 de la famille des β1-intégrines (57). Les auteurs suggèrent que ce profil
26
d’expression est comparable à celui observé dans les lymphomes se présentant sous la
forme d’une forte masse tumorale localisée sans phase leucémique (58-60).
I-4. Les LBPM et les gènes des immunoglobulines
Un réarrangement clonal des gènes codant pour les chaînes lourdes des
immunoglobulines est habituellement observé dans les LBPM (43,61,62). Il existe peu
d’études sur l’analyse de l’expression des transcrits des immunoglobulines dans les LBPM.
Pileri et al ont analysés les échantillons tumoraux de 40 LBPM en hybridation in situ à
l’aide de sondes spécifiques des chaînes légères kappa et lambda, et aucun transcrit n’a pu
être détecté (43). En RT-PCR, Leithaüser et al détectent des transcrits des chaînes lourdes
des immunoglobulines dans 8/13 (61,5%) LBPM, correspondant à des transcrits Igγ (n=5),
Igα (n=2) ou Igε (n=2, dont 1 cas coexprimant Igγ et Igε), mais aucun transcrit Igδ ou Igµ
n’a été identifié (62). En immunohistochimie, les cellules tumorales des LBPM
n’expriment pas habituellement d’immunoglobulines de surface ou intracytoplasmiques
(43,46,47). Cette absence d’expression des immunoglobulines ne semble pas lié à un
défaut d’expression des facteurs de transcription des immunoglobulines comme le montre
la conservation de l’expression de Oct-2, BOB.1 et PU.1 dans les LBPM, ni à la présence
de mutations invalidantes (« crippling mutations ») comme cela a été décrit dans le
lymphome Hodgkinien (43,63,64). En effet, les réarrangements séquencés montrent le plus
souvent que les séquences VDJ présentent un taux élevé de mutations somatiques, sans
variation intraclonale, et qu’elles sont fonctionnelles (43,62).
27
I-5. Caractéristiques moléculaires des LBPM
Bien qu’appartenant au groupe des lymphomes à grandes cellules B, les LBPM ne
présentent pas les anomalies moléculaires habituellement décrites dans les LGCB. Les
anomalies moléculaires observées dans les LBPM sont présentées dans le tableau II.
Tableau II : Anomalies moléculaires des LBPM/LGCB
Anomalies moléculaires Références LBPM
LBPM Nbre de
cas
LBPM Nbre de cas
positifs
Total LGCB Références LGCB
Réarrangement de BCL2
*Scarpa et al,1991 §Tsang et al, 1996 #Scarpa et al, 1999 Capello et al, 2000 Palanisamy et al, 2002
6 16 32 10 11
0 0 0 0 0
0%
20-30%
(42)
Réarrangement de BCL6
§Tsang et al, 1996 #Scarpa et al, 1999 Capello et al, 2000
16 32 8
1 1 0
2/56 4%
30-40%
(5)
Mutations de BCL6 Capello et al, 2000 Pileri et al, 2003 Palanisamy et al, 2002
10 37 13
1 26 7
34/60 57%
50%
(65)
Altérations de c-MYC *Scarpa et al, 1991 §Tsang et al, 1996 #Scarpa et al, 1999 Palanisamy et al, 2002
6 16 32 11
3 (1 R, 2M) 3 (50)
8 (2R, 6M) 0 (R)
14/65 5% (R)
20% (M)
7% (R)
32% (M)
(66,67) (10)
Mutations de P53
§Tsang et al, 1996 #Scarpa et al,1999 Capello et al, 2000
16 31 10
3 4 3
10/57 17%
22%
(13)
Délétion/méthylation p16 INK4A(CDKN2A)
#Scarpa et al, 1999 27 4 15% 28% (68,69)
EBV *Scarpa et al, 1991 §Tsang et al, 1996 #Scarpa et al, 1999 Cazals-Hatem et al, 1996
6 16 32 41
0 0 3 2
5/95
5%
5-7%
(70)
Abréviations: R= rearrangement, M= mutations.
Les LBPM se distinguent essentiellement par l’absence de réarrangements des
gènes BCL2 et BCL6 couramment retrouvés dans les LGCB. Aucun des 75 LBPM étudiés
dans la littérature ne présente de réarrangements de BCL2, alors que ceux-ci sont observés
dans près de 20-30% des LGCB (42,65,71-73). Les réarrangements de BCL6 ne sont
décrits que dans 2 cas de LBPM sur les 56 cas étudiés dans la littérature, alors que cette
anomalie moléculaire est retrouvée dans 30-40% des LGCB (5,65,66,72,73).
Les autres anomalies oncogéniques, non spécifiques, sont observées dans les LBPM
à la même fréquence que dans les LGCB. Des altérations du gène c-MYC ont été retrouvées
dans 14 (21%) cas sur les 65 LBPM étudiés dans la littérature, consistant soit en des
réarrangements majeur de c-MYC (3 cas), soit en des mutations ou microdélétions au
niveau de l’extrémité 3’ de l’exon 1 (66,67). Des mutations de P53 ont été décrites dans un
petit nombre de cas (17%) (65,72,73). Scarpa et al ont recherché des altérations du gène
p16 INK4A (CDKN2A) (73). Des altérations ont été retrouvées dans 4 cas sur 27 analysés
(15%), consistant en des méthylations du promoteur (3 cas) ou une délétion homozygote
dans un cas. Ces altérations de p16 INK4A ont également été décrites dans les LNH agressifs
(68,69).
Plusieurs études ont recherché une association avec le virus Epstein Barr, par
Southern blot (71-73) ou par hybridation in situ (36). La présence du génome EBV n’est
retrouvée que dans un très faible pourcentage de cas (5 cas positifs sur 95 analysés= 5%),
comparable à celui observé dans les LGCB. Le virus EBV n’apparaît donc pas impliqué
dans le développement des LBPM.
30
I-6. Anomalies cytogénétiques des LBPM
Jusqu’à présent, aucune translocation chromosomique spécifique des LBPM n’a été
décrite. L’anomalie cytogénétique la plus fréquemment retrouvée, liée de façon récurrente
et spécifique au LBPM, consiste en un gain de matériel chromosomique au niveau du bras
court du chromosome 9. Ces gains, mis en évidence par des techniques d’hybridation
génomique comparative (CGH), ont été initialement décrits par Joos et al en 1996, puis
confirmés ultérieurement par le même groupe dans une série plus grande de 43 LBPM en
2001 (74,75). Des techniques d’hybridation fluorescente in situ sur noyaux interphasiques
(FISH) à l’aide de sondes ADN spécifiques, d’empreintes PCR (Arbitrarily Primed
Polymerase Chain Reaction) ou d’analyse de séquences microsatellites, montrent que ces
gains de matériel chromosomique 9p sont observés dans près de 75% des LBPM (75-77).
Comparativement, des gains de segments chromosomiques 9p ne sont décrits que de façon
exceptionnelle dans les LGCB-NM, puisque dans une série de 103 LGCB, seuls 4 cas (4%)
présentaient des gains du 9p, et 3 d’entre eux étaient d’origine primitive extraganglionnaire
(75).
De façon intéressante, le seul lymphome présentant des anomalies récurrentes du
chromosome 9 est le lymphome de Hodgkin classique, où des gains du chromosome 9p
sont retrouvés dans près de 25% des cas (78,79). La région amplifiée de façon commune
dans les LBPM et le lymphome de Hodgkin est restreinte au segment 9p23-24. A ce niveau
existent, entre autres, 1 gène candidat potentiellement intéressant : le gène JAK2 codant
pour une tyrosine kinase associée aux récepteurs de cytokines et responsable de l’activation
de facteurs de signalisation et de transcription de la famille STAT (Signal Transducer and
Activation of Transcription. Une amplification de JAK2 est observée par Southern blot
dans un cas de LBPM et dans la lignée MedB-1 dérivée d’un LBPM (78).
31
La deuxième région génomique présentant des aberrations récurrentes dans les
LBPM concerne le chromosome X, où les techniques de CGH, de FISH et d’empreinte
PCR, permettent de retrouver des gains de segments chromosomiques dans près de 87%
des cas (74,75). Ces anomalies touchent le segment du bras court Xp11.4-21 et le segment
du bras long Xq24-26. En revanche, cette anomalie apparaît moins spécifique des LBPM,
puisqu’elle est décrite dans près de 10% à 30% des lymphomes B (74,75,80). Il est
intéressant de noter qu’il existe une bonne corrélation entre les anomalies du X et du 9p
dans une même tumeur. Lorsqu’il existe une surreprésentation du X, des gains du 9p sont
souvent associés.
De façon concomitante, d’autres auteurs ont décrits des anomalies du chromosome
6p comme étant caractéristiques des LBPM (77). Cette étude réalisée par une analyse de
375 microsatellites couvrant les 22 autosomes retrouve des gains du 6p dans 5/5 cas de
LBPM, notamment au niveau de la région 6p21.3-p22.3. Ces gains du 6p avaient
également été observés par Scarpa et al, dans 4/6 cas de LBPM, analysés en utilisant une
technique d’empreinte PCR (76).
Les études en CGH réalisées par Bentz et al décrivent également des gains de
matériel chromosomique des chromosomes 12q et 2p dans un tiers des LBPM (75). Ces
amplifications du 2p13-p16 coïncident avec la localisation du proto-oncogène REL, qui
code pour un facteur de transcription de la famille NFkB. Une amplification de REL sans
réarrangement associé, a été rapportée dans 6 cas de LBPM analysés par Southern blot
(74,81).
32
Enfin, dans une étude comparative par CGH entre 40 LBPM et 91 LGCB,
Palanisamy et al retrouvent des gains du chromosome 19q et des pertes du chromosome 4
avec une fréquence statistiquement plus élevée dans les LBPM par rapport aux LGCB (81).
Au total, la signature « cytogénétique » des LBPM peut se résumer essentiellement
en des gains de segments chromosomiques au niveau des chromosomes 9p, Xq, 6p, 12q, 2p
et 19q. Ces gains chromosomiques sont associés à une amplification des gènes JAK2 et
REL, dont le rôle précis dans le développement des LBPM reste à définir.
I-7. LBPM et stade de différenciation
La définition du stade de différenciation B de la cellule tumorale des LBPM reste
très controversée. Différentes études visant à établir l’origine « centre-germinatif » ou
« post-centre germinatif » des LBPM sur la base de l’étude de l’expression de marqueurs
de différenciation ont donnés des résultats discordants. La première étude visant à
déterminer le stade de différenciation de la cellule précurseur des LBPM est l’étude publiée
par Möller en 1987 (46). Les auteurs ont analysés par immunohistochimie sur coupes
congelées le profil d’expression de marqueurs de différenciation des cellules tumorales
dans 8 LBPM. Le profil d’expression retrouvé était caractérisé par un déficit variable en
molécules d’histocompatibilité, un phénotype CD10-, CD19+, CD20+, CD21- et PC-1 +
(marqueur de différenciation plasmocytaire), et l’absence complète d’expression
d’immunoglobulines de surface ou intra cytoplasmiques. Ce phénotype étant similaire à
celui retrouvé à un stade terminal de différenciation lymphocytaire B, les auteurs
suggéraient que les LBPM représentaient une tumeur à un stade terminal de différenciation
ou « pré-plasmocytaire ».
33
En 1989, Möller et al publient une étude comparable, mais en utilisant cette fois-ci
un panel beaucoup plus large d’anticorps dirigés contre différents marqueurs de
différenciation. Les auteurs ont comparé le phénotype de 12 LBPM à celui des cellules B
monocytoïdes et centrofolliculaires normales (49). Les cellules B monocytoïdes sont des
cellules B réactionnelles observées dans la zone marginale des sinus sous-capsulaires et
intermédiaires des ganglions lymphatiques inflammatoires. Ces lymphocytes ont longtemps
été apparentés aux cellules B de la zone marginale du parenchyme splénique et considérées
comme des lymphocytes à un stade de différenciation post-centre germinatif (82-84). Elles
ont pour particularité morphologique de présenter un cytoplasme clair abondant et sont
parfois confondues avec des histiocytes. Une hyperplasie des cellules B monocytoïdes
intra- ou périsinusale ganglionnaire est observée dans les adénites réactionnelles, en
particulier dans les infections par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ou la
toxoplamose. Dans cette étude, les auteurs montraient que les LBPM présentent des
similitudes morphologiques (présence d’un cytoplasme clair) et immunohistochimiques
(absence d’expression de CD10 et CD21) avec les cellules B monocytoïdes des ganglions,
et suggéraient que les cellules tumorales des LBPM étaient probablement à un stade de
différenciation post-centre germinatif. Depuis, l’analyse du statut des gènes codant pour les
chaînes lourdes des immunoglobulines (IgVH) des cellules B monocytoïdes, ont montré que
la majorité (74%) d’entre elles sont des cellules B naïves dont les gènes IgVH sont
dépourvus de mutations somatiques, et que seule une minorité (25,6%) présentent des
mutations des gènes IgVH compatibles avec des cellules à un stade de différenciation « post
centre germinatif » (85).
En 2001, ces résultats sont remis en question par l’étude de de Leval et al basée sur
l’étude de l’expression de CD10 et BCL6 en immunohistochimie sur coupes en paraffine
(86). CD10 est une endopeptidase membranaire exprimée dans de nombreux tissus
34
humains, mais qui dans les tissus lymphoïdes présente une expression restreinte aux
cellules du centre germinatif des follicules lymphoïdes (44). BCL6 est une protéine à doigt
de zinc, qui agit comme un répresseur transcriptionnel et qui est normalement exprimée par
les cellules B du centre germinatif des follicules lymphoïdes et dans une sous-population
de lymphocytes T CD4+ du centre germinatif et des zones interfolliculaires (7).
L’expression de CD10 et de BCL6 est habituellement utilisée comme un marqueur de
l’origine centro-germinative d’une cellule lymphoïde. Dans l’étude de de Leval et al, 100%
(19/19) des cas expriment BCL6 et 35% (6/19) expriment CD10, de façon plus ou moins
homogène. Ce phénotype est en faveur de l’origine centrofolliculaire des LBPM et les
auteurs suggèrent que les LBPM pourraient dériver des follicules lymphoïdes thymiques
fréquemment observés chez les adultes jeunes en l’absence de toute maladie autoimmune
(87). Dans cette hypothèse, les LBPM seraient issus des follicules lymphoïdes situés dans
l’espace périvasculaire du thymus et donc de lymphocytes B du système immunitaire
périphérique (cf chapitre lymphocytes B thymiques).
D’autres auteurs ont par la suite analysé l’expression de BCL6 par les cellules
tumorales en immunohistochimie. Palanisamy et al observent une positivité des cellules
tumorales avec l’anticorps anti-BCL6 dans 19/24 (79%) cas de LBPM analysés (81). Pileri
et al ont étudié l’expression de BCL6, CD10, MUM1/IRF4 dans une grande série de
LBPM (43). MUM1/IRF4 est un facteur de transcription appartenant à la famille des
facteurs de régulation de l’interféron (IRF) (88) qui est exprimé à l’état normal par les
plasmocytes et une sous-population minoritaire de cellules du centre germinatif des
follicules lymphoïdes (89). Dans cette étude, une expression de BCL6 est observée dans
31/66 (47%), de CD10 dans 15/71 (21%) et de MUM1/IRF4 dans 46/61 (75%) des cas.
Ces résultats sont comparables à ceux observés pour les LGCB (Tableau II).
35
Ces résultats illustrent la difficulté à utiliser l’immunophénotype, l’expression de
marqueurs du centre germinatif des follicules lymphoïdes (CD10, BCL6) ou d’un marqueur
« post centre germinatif » (MUM1/IRF4), pour rattacher les LBPM à un stade de
différenciation, ce d’autant plus que l’expression de BCL6 peut être liée à une dérégulation
transcriptionnelle (90).
La présence de mutations du gène BCL6 dans une cellule lymphoïde B témoigne de
son passage à travers le centre germinatif d’un follicule lymphoïde, car dans les tissus
lymphoïdes normaux, ces mutations sont observées dans 30 à 50% des lymphocytes B du
centre germinatif et des lymphocytes B mémoires, mais sont absentes des cellules B à un
stade pré-centre germinatif (91). La présence de mutations de BCL6 est donc considérée
comme un marqueur moléculaire permettant de définir l’origine d’une prolifération
lymphoïde B. Dans les LBPM, les mutations de BCL6 sont observées dans un pourcentage
très variable de cas selon les études. Dans l’étude de Capello et al, la présence de mutations
de BCL6 n’est observée que dans 1/10 cas de LBPM, alors que près de 50% des LGCB
étudiés (115 cas au total) présentent des mutations de BCL6 (65). Palanisamy et al
rapportent des mutations de BCL6 dans 7/13 (53%) cas de LBPM alors que Pileri et al
observent des mutations de BCL6 dans la majorité des LBPM étudiés, soit 26 cas sur 37
(70%) (43,81).
Ces résultats suggèrent qu’une proportion importante des LBPM dérive de
lymphocytes B ayant transité par le centre germinatif des follicules lymphoïdes où ils ont
subi le processus de mutations somatiques et sont soit prêts à quitter le centre germinatif,
soit déjà à un stade « post-centre germinatif ». L’analyse du statut des gènes codant pour les
chaînes lourdes des immunoglobulines (IgVH) dans les LBPM est en faveur de cette
hypothèse. Les mutations somatiques des gènes IgVH sont acquises au cours du transit du
36
lymphocyte B dans le centre germinatif du follicule lymphoïde et sont observées dans les
cellules B du centre germinatif et les cellules B mémoires. Leur présence permet donc
d’orienter vers le stade de différenciation de la cellule B précurseur de la prolifération
tumorale. Küppers et al ont analysés 5 cas de LBPM, et retrouvent un taux de mutations
dans les gènes codant pour les chaînes lourdes et légères des immunoglobulines de l’ordre
de 8-26% (92). Dans l’étude de Leithäuser et al, la fréquence des mutations somatiques des
gènes IgVH était élevée variant de 5,6% à 30,9% (62). Dans 12 cas, le réarrangement IgVH
correspondait à un réarrangement fonctionnel, avec un rapport R/S =1.4, équivalent à celui
observé dans les lymphocytes B mémoires et les plasmocytes. Aucune variation
intraclonale (« ongoing mutation ») n’était observée dans aucun de ces cas.
En conclusion, si ces études ne permettent pas d’établir précisément le stade de
différenciation du lymphocyte B précurseur des LBPM, elles favorisent toutefois l’origine
post-centre germinatif de ces lymphomes. Cette hypothèse est étayée par les récentes
études sur puces à ADN, qui montrent que la signature transcriptionnelle des LBPM est
distincte de celle des LGCB d’origine centro-germinative (93). Les LBPM n’en restent pas
moins distincts des LGCB de type ABC, et pourraient constituer un troisième sous-groupe
de lymphome diffus à grandes cellules B.
I-8. Les lignées dérivées des LBPM : Karpas 1106 et MedB-1
Deux lignées dérivées de lymphome B du médiastin sont décrites dans la littérature
et ont été utilisées dans les travaux de cette thèse : ce sont les lignées Karpas 1106 et
MedB-1.
37
I-8.1. La lignée Karpas 1106
La lignée Karpas 1106 est une lignée dérivée d’un lymphome « lymphoblastique
B » de localisation médiastinale chez une femme de 23 ans sans antécédents particuliers
(94). Une rémission complète de la maladie avait été initialement obtenue par
chimiothérapie conventionnelle (cyclophosphamide, hydroxydaunorubicin, vincristine et
prednisone), mais une rechute était observée à 1 an avec dissémination de la maladie.
Malgré plusieurs traitements, la patiente décédait 4 mois après, avec une atteinte du
système nerveux central, et des épanchements pleuraux bilatéraux et une ascite. La lignée
Karpas 1106 est dérivée des épanchements pleuraux et du liquide d’ascite, prélevés lors de
la rechute de la maladie. Les clones cellulaires issus de ces 2 localisations présentaient les
mêmes caractéristiques immunophénotypique et génotypique. L’absence de matériel
tumoral au diagnostic n’a pas permis de comparer les caractéristiques de la lignée Karpas
1106 à la tumeur primitive.
La lignée Karpas 1106 présente un phénotype CD19+, CD22+, CD5-, CD10-,
CD23-, Bcl2-, exprime les immunoglobulines de surface de type IgG/kappa. Dans une
publication ultérieure, cette lignée a été considérée comme étant dérivée d’un lymphome de
la zone marginale du fait de son immunophénotype CD5- CD10- CD23- (95).
En cytogénétique, le caryotype du clone majoritaire est le suivant :
49,X,del(2)(p11.2p13.3), der(3)t(2 ;3)(p13.3 ;p25.1), +i9(p), ins(12 ;?)(q13.1q13.3),
del(14)(q11.2q13.1), del(15)(q11.2q15.3), der(18) t(X ;13 ;18)(q28 ;q12.1 ;q21.3 ), -20,
del(20)(q13.1q13.3) x 2, der (X)(X ;13 ;18)(q28 ; q12.1 ;q21.3 ), +iX(p).
La lignée Karpas 1106 est particulière du fait de la présence d’une translocation
complexe impliquant les 3 segments chromosomiques 18q21.3-qter, Xqter-c-Xq28 et
13q12.1, les études par FISH montrant que le segment 18 est retenu entre les segments X et
38
13. Les chromosomes 14, 15 et 20 présentent une délétion partielle du bras long et il existe
une translocation t(2 ;3).
Au total, bien que cette lignée soit issue d’un lymphome B médiastinal, il persiste
une incertitude sur la classification histologique précise de la tumeur initiale, tantôt
étiquetée lymphome lymphoblastique B, tantôt supposée être un lymphome de la zone
marginale. Les caractéristiques immunophénotypiques n’apparaissent pas comme typiques
des LBPM telles que nous les avons présentées dans les paragraphes précédents (absence
d’expression du CD23). Toutefois, cette lignée présente des anomalies des chromosomes 9,
notamment un isochromosome 9p, et X comme il est décrit dans les LBPM, et elle est
considérée comme probablement dérivée d’un LBPM. Les données récentes sur l’analyse
du transcriptome dans les LBPM montrent que cette lignée exprime les gènes
caractéristiques des LBPM, et confirme cette hypothèse (Rosenwald A & Wright G, J EXp
Med 2003).
I-8.2. La lignée MedB-1
La lignée MedB-1 se distingue de la lignée Karpas 1106 du fait qu’elle dérive d’un
lymphome B à grandes cellules présentant toutes les caractéristiques des LBPM telles
qu’elles sont définies dans la classification de l’OMS.
Cette lignée a été établie par Möller et al, et dérive d’un LBPM chez un homme de
27 ans (96). Ce patient présentait une maladie médiastinale localisée et avait été traité par
radiochimiothérapie. Après une régression initiale de la maladie, la tumeur a continué à
progresser malgré la chimiothérapie, et une thoracotomie avec résection du poumon gauche
39
envahi a été rendue nécessaire. Le patient est cependant décédé peu de temps après, à 9
mois du diagnostic initial. La lignée est dérivée de la pièce de résection pulmonaire
La lignée MedB-1 présente des caractéristiques immunohistochimiques
comparables à celles de la tumeur primitive, qui sont résumées dans le tableau III :
40
Tableau III : Caractéristiques immunophénotypiques de la lignée MedB-1 comparée
à la tumeur primitive (96)
Antigène Tumeur primitive Étude immunohistochimique
MedB-1 Étude
immunocytochimique
MedB-1 Étude en cytométrie de
flux (pourcentage de cellules
positives) HLA-A,B,C - - -
ββββ2 m - - - HLA I chaîne αααα - - -
HLA-DR +>- +/- + 80.7% HLA-DP -/+ +/- + 90.9% HLA-DQ -/+ ->+ + 51.1%
IgM - - - IgD - - - IgG - ->+ + 9.4% IgA - - -
κκκκ - +>- - λλλλ - - -
CD10- - - - CD19 + + + 99.1% CD20 + ->+ + 22.1% CD21 - - - CD22 + + + 53.9% CD23 + + + 96.9% CD24 ->+ ->+ + 18.8% CD25 - - - CD27 - - - CD30 ->+ + + 96.9% CD37 + + + 95.7% CD38 - - + 7.8% CD39 + + + 95.6 CD40 + + + 99.5% CD54 + + + 99.2% CD74 +/- +>- - CD95 + + + 99.2%
Abréviations: -, absence d’antigène détectable; +, antigène détecté; +/-, quantité identique de
cellules positives et négatives ; +>-, davantage de cellules positives ; ->+, vice versa.
La lignée MedB-1 exprime les marqueurs B CD19 et CD22, ainsi que les antigènes
associés aux lymphocytes B tels que les CD37 et CD39. Comparativement à la tumeur
initiale, seul un petit pourcentage de cellules (22%) exprime le CD20 en surface. Comme il
41
est classiquement décrit dans les LBPM, la tumeur primitive n’exprime pas
d’immunoglobulines de surface, mais à la différence de la tumeur primitive, MedB-1
présente un très faible pourcentage (<10%) de cellules de phénotype IgG/κ détectables sur
cytocentrifugation. L’antigène CD10 n’est pas exprimé, et CD21 est également négatif. Les
marqueurs CD23, CD30, CD40 et CD95 sont exprimés. Il faut noter cependant, que
presque la majorité des cellules tumorales expriment le CD30, contrairement à la tumeur
primitive où seul un petit pourcentage de cellules est CD30+. La lignée MedB-1 est
dépourvue d’expression des molécules d’histocompatibilité de classe I HLA-A,B,C et de la
β2 microglobuline.
La recherche du génome de l’EBV par Southern blot est négative.
La lignée MedB-1 présente un réarrangement clonal des gènes des chaînes lourdes
des immunoglobulines identique à celui observé dans la tumeur primitive. L’analyse des
mutations montre un taux élevé de mutations somatiques comme il est rapporté dans la
plupart des LBPM. Contrairement à la tumeur primitive, un faible degré de variation
intraclonale est observé dans la lignée MedB-1 (62).
Une petite proportion (10%) des cellules de la lignée MedB-1 exprime les
immunoglobulines IgG/κ intracytoplasmiques. Des études fonctionnelles ont été réalisées
sur la lignée MedB-1 pour évaluer la synthèse d’imunoglobulines en réponse à des stimuli
tels que l’interleukine-4 (IL-4) ou la dexaméthasone. La stimulation par l’IL-4 induit une
baisse de la synthèse d’IgG, alors que la dexaméthasone induit une augmentation modérée.
Cette variation de synthèse d’IgG est restreinte aux cellules tumorales IgG/κ + (62). Les
auteurs suggèrent que l’absence d’expression des immunoglobulines habituellement
observée dans les cellules tumorales des LBPM pourrait être liée à une inhibition de
synthèse induite par des signaux extrinsèques tels que l’IL-4.
42
En cytogénétique, le caryotype de MedB-1 est le suivant : 47,XY,inv(X)(p22 ;q13),
+der(1)t(1 ;14)(q10,q10), +9, -14, -21, i(21q). Il n’existe pas de données sur le caryotype de
la tumeur initiale, mais l’étude en CGH de la tumeur primitive et de la lignée MedB-1
montre des résultats identiques. La lignée MedB-1 et la tumeur dont elle dérive montrent
des altérations des chromosomes 9p et Xq comme il est habituellement observé dans les
LBPM. Il existe un chromosome 9 surnuméraire et le chromosome X est le siège d’une
inversion impliquant les segments Xp22 et Xq13. D’autre part, des gains de matériel
chromosomique sont observés au niveau des chromosomes 1q et 21 (75). Comme nous
l’avons mentionné précédemment, une amplification du gène JAK2 (situé en 9p23) d’un
facteur 4 par rapport à de l’ADN normal est observée dans la lignée MedB-1 par Southern
blot (78).
La lignée MedB-1 possède des propriétés d’adhésion particulières : lorsque les
cellules tumorales sont déposées sur des coupes congelées de tissu amygdalien ou
ganglionnaire, l’adhérence des cellules est très faible. Au niveau de la muqueuse colique,
les cellules tumorales n’adhèrent pas du tout. En revanche, lorsque celles-ci sont déposées
sur des coupes de thymus, les cellules tumorales adhèrent entre elles formant de petites
grappes au niveau de la médullaire thymique. Il semble donc que les cellules tumorales
aient conservé malgré la culture in vitro des propriétés spécifiques d’adhésion de la tumeur
initiale (96).
43
I-9. Traitement et pronostic des LBPM
Le LBPM est une maladie rare, et aucune étude prospective permettant de comparer
différents régimes thérapeutiques n’a été réalisée à ce jour. Toutefois, des études
rétrospectives ont été publiées comparant les taux de réponse et la survie de patients
atteints de LBPM et de LGCB-NM et traités de façon identique. D’autres études ont été
réalisées permettant de définir des facteurs de risque susceptibles d’influencer la réponse
au traitement, la survie globale et la survie sans évènement. Les résultats des principales
études réalisées sur les LBPM sont présentés dans le tableau IV :
44
Tableau IV: Etudes cliniques concernant les LBPM. Revue de la littérature.
Références
N Traitement Administré
RT Taux de RP (%)
Taux de RC (%)
Evolution clinique
(97) 20 CHOP(4) ou variantes avec teniposide et vincristine (16)
oui 55 45 50% (2ans OS) 33% (7ans OS)
(98) 30 CHOP(14), MACOP-B ou VACOP-B (15)
oui (14)
ns 55 38% (3 ans OS)
(56) 18 F-MACHOP (11), MACOP-B (7)
non 61 33 61% (30 mois OS)
(36) 141 CT à base d’anthracycline non ns 79 66% (3 ans OS) (99) 106 CT à base de Doxorubicine oui
(77%) 42 23 52% (3 ans OS)
(100) 35 CT (CBV) et autogreffe non 29 23 - 1ère réponse : 83% (5ans PFS) - Maladie réfractaire : 58% (5ans PFS) - Rechute : 27% (5ans PFS)
(101) 43 CT à base de Doxorubicine/mitoxantrone
ns ns 63 46% (5 ans OS)
(102) 50 MACOP-B oui 0 86% 82% (8 ans PFS) (103) 27 CT à base de Doxorubicine
(23), CVP (4) oui (11)
15 55 59% (3 ans OS)
(104) 31 BEAC, BEAM, CBV, TBC + autogreffe
oui 15
ns ns 56% (5 ans OS)
Abréviations : N, nombre de patients ; ns, non spécifié ; CT, chimiothérapie ; RT, radiothérapie ; RP,
rémission partielle définie comme la réduction de plus de 50% de la maladie tumorale ; RC, rémission
complète définie comme la disparition des signes cliniques et radiologiques de la maladie ; OS, survie
globale ; PFS, survie sans progression ; CHOP, cyclophosphamide, doxorubicine, vincristine, et prednisone ;
MACOP-B, méthotrexate, doxorubicine, cyclophosphamide, vincristine, prednisone, bléomycine ; VACOP-
B, etoposide, doxorubicine, cyclophosphamide, vincristine, prednisone, bléomycine ; F-MACHOP,
vincristine, cyclophosphamide, 5-FU, ara-C, adriamycine et méthotrexate ; CBV, cyclophosphamide,
carmustine, etoposide ; CVP, cyclophosphamide, vincristine, prednisone ; BEAC, carmustine, etoposide,
cytarabine, cyclophosphamide ; BEAM, carmustine, etoposide, cytarabine, melphalan ; TBC, thiotepa,
busulfan, cyclophosphamide.
Les LBPM sont le plus souvent traités par une chimiothérapie comportant des
anthracyclines comme le sont habituellement les lymphomes B à grandes cellules. Deux
45
études rétrospectives comparant les LBPM et les LGCB-NM, réalisées dans le cadre de
protocoles thérapeutiques avec des cohortes de patients traités de façon identique ont été
publiées. La première est une étude franco-belge réalisée dans le cadre du GELA (Groupe
d’Etude des Lymphomes de l’Adulte), qui compare 141 patients atteints d’un LBPM à 916
patients atteints d’un LGCB-NM et traités de façon identique par un régime basé sur
l’utilisationdu régime ACVBP (CHOP renforcé en adriamycine et endoxan) (36). La
majorité des LBPM (74%) appartenaient au groupe présentant au moins un facteur
pronostic péjoratif, (indice de performance � 2; �2 sites extranodaux atteints ; masse
médiastinale � 10cm ; atteinte de la moelle hématopoïétique ou du SNC), et étaient, après
chimiothérapie d’induction, randomisés pour recevoir soit une consolidation avec
autogreffe de cellules souches soit une consolidation par chimiothérapie conventionnelle.
Aucune radiothérapie n’était délivrée. Une rémission complète était observée dans 79% des
patients atteints de LBPM contre 68% dans les LGCB-NM. Cette étude ne montrait pas de
différence significative entre les LBPM et les LGCB-NM en terme de survie sans
évènement (61% versus 64%) et survie à 3 ans (66% versus 62%).
La seconde étude rétrospective est une étude réalisée par le groupe du Nebraska
comparant l’évolution clinique de 43 patients atteints d’un LBPM à une cohorte de 352
patients atteints d’un LGCB-NM. Tous les patients étaient traités par une chimiothérapie
comportant une anthracycline ; aucune différence n’était observée entre les 2 groupes en
terme de survie globale et de survie sans évènement. Ainsi, considérant ces 2 études, les
LBPM semblent se comporter de la même façon que les LGCB-NM.
Le choix du régime de chimiothérapie optimum pour les patients atteints de LBPM
reste aujourd’hui controversé. Dans les études les plus anciennes, une chimiothérapie
conventionnelle de type CHOP était utilisée (97,98). Des études plus récentes suggèrent
46
que des régimes plus intensifs de type MACOP-B pourraient réduire les taux de récidive
dans les LBPM (99,103). Dans une série de 50 patients traités par MACOP-B suivie d’une
radiothérapie de consolidation, une rémission complète était obtenue dans 86% des cas et
la survie sans évènement à 3 ans était de 93% (102). Ces résultats exceptionnellement bons
pourraient avoir été influencés par un biais de sélection des patients et l’utilisation d’une
radiothérapie adjuvante. La supériorité de la chimiothérapie intensifiée par rapport au
CHOP reste encore à démontrer, notamment par des études prospectives.
La place de la radiothérapie comme thérapeutique adjuvante dans le traitement des
LBPM reste mal définie. La seule étude permettant de démontrer un bénéfice d’une
radiothérapie adjuvante est l’étude multicentrique réalisée par Zinzani et al dans laquelle
une grande proportion des patients continuait à avoir une prise de contraste à la
scintigraphie au gallium après traitement par MACOP-B (102). A l’issue d’un traitement
d’induction, une radiothérapie de 30 à 36 gray a permis de négativer cette prise de gallium
chez la plupart des patients, et peu d’entre eux ont rechuté. Des résultats comparables ont
été rapportés par Bieri et al (103). En revanche, dans l’étude de Cazals-Hatem et al, une
survie favorable était obtenue par chimiothérapie intensive d’induction suivie d’une
chimiothérapie de consolidation sans radiothérapie cmplémentaire. Dans l’étude de
Lazzarino et al, la radiothérapie était inefficace lorsque la tumeur était chimiorésistante
(99). Enfin, non seulement l’intérêt de la radiothérapie dans le traitement des LBPM reste à
évaluer, mais il convient de rappeler les risques à long terme de l’irradiation chez des
patients jeunes (cancer secondaire, toxicité myocardique…)..
Plusieurs études ont évalué l’intérêt d’une chimiothérapie intensive suivie d’une
autogreffe de cellules souches dans le traitement des patients atteints d’un LBPM. Du fait
47
du jeune âge des patients et d’un mode de dissémination de la maladie épargnant le plus
souvent la moelle hématopoïétique, les patients atteints de LBPM sont de bons candidats à
l’autogreffe. Dans une série de 35 LBPM, d’excellents résultats ont été obtenus non
seulement dans le groupe de patients (n=12) autogreffés en première réponse après
chimiothérapie d’induction (survie sans évènements à 5 ans de 83%), mais également pour
les 12 patients non répondeurs au traitement de première intention (survie sans évènements
à 5 ans de 58%) (91). Dans une étude rétrospective de tous les LGCB traités par autogreffe
dans le MD Anderson Cancer Center entre 1986 et 1995, la localisation médiastinale était
un facteur prédictif indépendant pour une meilleure survie globale et une meilleure survie
sans évènements (104). Sur la base de ces résultats, certains auteurs ont suggéré que
l’autogreffe puisse être proposée en consolidation d’une première réponse après
chimiothérapie chez les sujets à haut risque (100).
Plusieurs facteurs pronostiques ont été identifiés dans les études publiées. Le
facteur prédictif de survie le plus important est la réponse de la maladie à la chimiothérapie
de première intention. L’absence de réponse dans les premiers mois qui suivent la
chimiothérapie première est en effet un facteur extrêmement péjoratif.
Il est admis que la présence d’une masse résiduelle est associée à un risque élevé de
récidive de la maladie (97-99). D’où la nécessité d’évaluer précisément la masse
médiastinale résiduelle après chimiothérapie première, la scintigraphie au gallium étant à
l’heure actuelle supplantée par la tomographie à émission de positons (TEP) au 18-FDG.
La TEP présente l’intérêt théorique majeur de permettre de distinguer les masses
résiduelles lymphomateuses actives de celles fibreuses inactives.
Certains autres facteurs pronostiques péjoratifs ont été inconstamment retrouvés :
un mauvais indice de performance, une masse médiastinale volumineuse, un épanchement
péricardique ou pleural, un taux de LDH élevé. La stratification des patients selon l’IPI ne
48
montre pas de différences significatives en terme de réponse au traitement et de survie. Le
taux de β2 microglobuline ne présente que peu d’intérêt car il est rarement élevé dans les
LBPM. Enfin, les critères histologiques comme la présence d’une fibrose ou de cellules
claires ne sont pas corrélés à la survie.
Au total, il n’existe pas de recommandations thérapeutiques bien établies pour la
prise en charge des LBPM. L’attitude thérapeutique qui tend à être préconisée à l’heure
actuelle, par exemple au sein du GELA, est de traiter les patients appartenant au groupe
favorable défini sur la base de l’IPI (faible masse tumorale, bon indice de performance,
taux de LDH normal) par une polychimiothérapie comportant une anthracycline de type
ACVBP (doxorubicine, cyclophosphamide, vinblastine, bléomycine, prednisone), associée
ou non à l’utilisation du rituximab. Dans les formes sévères (mauvais indice de
performance, masse médiastinale volumineuse, LDH élevées), le traitement de première
ligne comportera une chimiothérapie d’induction associant l’ACVBP au rituximab qui, en
situation de bonne réponse, sera suivi d’une intensification thérapeutique comportant une
haute dose-intensité de chimiothérapie puis une autogreffe. Il est possible que dans
l’avenir, une évaluation de la réponse précoce au traitement par la TEP identifie plus tôt les
patients à haut risque de maladie réfractaire ou de rechute.
49
III. LES LYMPHOCYTES B THYMIQUES
50
III-1. Arguments en faveur de l’origine B thymique des LBPM
L’origine B thymique des LBPM a été suggérée pour la première fois par Isaacson
et al en 1986 (29) devant un cas de LBPM caractérisé sur le plan histologique par une
tumeur entourée de thymus sain résiduel. Ce type d’aspect histologique a été rapporté
depuis par d’autres auteurs (105). Isaacson a ensuite mis en évidence l’existence d’une
composante lymphoïde B au sein de la médullaire thymique, jusqu’alors méconnue, et
distincte des follicules lymphoïdes B observés dans les espaces périvasculaires thymiques
(106). Cette étude était basée sur l’analyse immunohistochimique de coupes de thymus de
fœtus de 15 à 40 semaines de gestation, de nouveaux nés et de patients âgés de 9 mois à 66
ans. Les lymphocytes B étaient mis en évidence essentiellement dans la médullaire
thymique autour des corpuscules de Hassal, et plus rarement dans le cortex, étaient de
grande taille, et présentaient un phénotype CD19+, CD20+, CD22+, CD21-, CD35-, IgM+,
IgD+ et une fraction d’entre eux exprimaient le CD23. Les auteurs suggéraient alors que
les LBPM pouvaient dériver de cette population particulière de lymphocytes B de la
médullaire thymique.
III-2. Les lymphocytes B thymiques (LBt) chez l’homme
III-2. 1. Morphologie du thymus
Le thymus est un organe lymphoïde primaire jouant un rôle central dans le
développement, la maturation et la sélection des lymphocytes T (107). Le thymus est
développé à partir de la troisième poche pharyngée, colonisée par les cellules précurseurs
hématopoïétiques à partir de 7-8 semaines de gestation. A 16-20 semaines, la
morphogenèse thymique est complète et la diversification du répertoire lymphocytaire T est
en cours. Au cours des 2ème et 3ème trimestres de grossesse, le thymus augmente
51
considérablement de taille et les lymphocytes T qui ont subi une maturation et une
sélection au sein du microenvironnement thymique, migrent vers les organes lymphoïdes
secondaires comme la rate, le tube digestif et les ganglions lymphatiques pour constituer le
pool des lymphocytes T périphériques (108).
Sur le plan morphologique, le thymus est un organe plurilobé constitué de 2
compartiments distincts (figure 1). Le premier compartiment est constitué du cortex et de la
médullaire thymique, caractérisés par une population très dense de thymocytes immatures
disposés dans une trame de cellules épithéliales thymiques, et constitue ce qu’on appelle
l’espace épithélial thymique (EET) où a lieu la thymopoïèse. La médulla se distingue du
cortex par une population moins dense de thymocytes et renferme des arrangements
concentriques de cellules épithéliales thymiques matures appelés corps de Hassal. La
maturation des lymphocytes T se fait du cortex vers la médulla et le contact direct entre les
lymphocytes T et les cellules épithéliales thymiques constitue la clé de la régulation de la
prolifération et de la différenciation des lymphocytes T et des cellules épithéliales
thymiques.
Le deuxième compartiment correspond à l’espace situé entre le l’EET et la capsule
thymique. Cet espace renferme des vaisseaux, et constitue l’espace périvasculaire (EPV).
L’EPV est séparé de l’EET par une membrane basale, mais ces 2 espaces sont très intriqués
entre eux, et des colorations spéciales comme la coloration de la réticuline qui marque la
membrane basale ou une analyse immunohistochimique à l’aide d’un anticorps anti-
cytokératine qui met en évidence le réseau de cellules épithéliales, sont nécessaires pour
distinguer ces 2 espaces sur des coupes thymiques.
52
Espace Epithélial Thymique (EET)
Espace Périvasculaire (EPV)
Vaisseaux
Corpuscule de Hassal
C
C
C
C
C
M
M
M M
M
Figure 1 : Représentation schématique du thymus d’un sujet adulte.
53
Contrairement à la souris, la taille et le volume du thymus restent constants tout au
long de la vie, mais la proportion de ces différents constituants varie avec l’âge. L’EET est
à sa taille maximum à l’âge d’un an, puis involue au cours du reste de la vie. Parallèlement,
la taille des corpuscules de Hassal diminue de 60% conjointement à la diminution de la
maturation et du fonctionnement des cellules épithéliales thymiques. L’EPV renferme
selon l’âge des quantités variables de lymphocytes, polynucléaires, mastocytes,
macrophages et adipocytes. A la naissance, l’EPV ne renferme pas de lymphocytes, mais
avec l’âge, la composante lymphoïde de l’EPV augmente et atteint sa capacité maximum
entre 10 et 50 ans puis involue, tandis que la composante adipeuse augmente jusqu’à
constituer 80% du volume thymique après l’âge de 50 ans.
La présence de follicules lymphoïdes réactionnels à centres clairs dans l’EPV à
l’état physiologique, en dehors de tout contexte de maladie auto-immune, est semble-t-il
assez fréquente, avec un pic observé au cours de la deuxième décade (87). L’origine
thymique ou périphérique des lymphocytes de l’EPV est discutée, mais l’hypothèse actuelle
est que ces lymphocytes constituent un compartiment du système immunitaire
périphérique, leur accès à l’EPV étant favorisée par la présence de veinules postcapillaires
observés dans l’EPV (109). Le thymus apparaît donc comme un organe lymphoïde
chimérique, constitué d’une part d’un compartiment lymphoïde « primaire », l’EET
renfermant les thymocytes, et d’autre part d’un compartiment lymphoïde « secondaire »
appartenant au système immunitaire périphérique et situé dans l’EPV.
III-2.2. Distribution et caractéristiques morphologiques des LBt
Si le thymus joue un rôle central dans la différenciation lymphoïde T, l’existence
d’une population de lymphocytes B dans le thymus est, depuis les travaux d’Isaacson, bien
54
reconnue. Les données de la littérature sur les LBt chez l’homme sont relativement
succinctes, probablement en raison de la difficulté à analyser cette population très
minoritaire du thymus. Les résultats des différentes études sont parfois différents selon
qu’elles ont été réalisées en immunohistochimie sur des coupes de thymus ou en cytométrie
de flux à partir de suspensions cellulaires thymiques.
Le nombre de LBt dans le thymus varie selon l’âge. En cytométrie de flux, le
pourcentage de cellules CD19+ représente chez le fœtus 0,1 à 0,5% des thymocytes (110).
Les LBt CD19+ CD20+ représentent 1,3% des thymocytes Avant l’âge de 10 ans et jusqu’à
2,6% des thymocytes après l’âge de 10 ans (111). L’étude de ces LBt sur des coupes de
thymus d’enfants en immunohistochimie à l’aide de l’anticorps anti-CD20, montre que ces
lymphocytes B sont essentiellement localisés au niveau de la médulla où ils pourraient
représenter jusqu’à 33% du nombre total de cellules de la médullaire thymique (112). Ce
pourcentage parait cependant très élevé compte tenu de notre propre expérience et des
études morphologiques et immunohistochimiques réalisées par d’autres auteurs.
Les LBt présentent des caractéristiques morphologiques et immunohistochimiques
distinctes selon qu’ils sont situés dans l’EET ou dans l’EPV. Les LBt de l’EET sont
localisés essentiellement dans la médulla et sont rares dans le cortex. Hoffmann et al
identifient 2 sous-populations de morphologie distincte : la première est constituée de
cellules lymphoïdes rondes, de petite taille, et représente moins de 1% des lymphocytes de
la médulla. La seconde, encore plus rare, correspond à une sous-population de cellules de
grande taille avec des prolongements dendritiques, formant des rosettes avec les
lymphocytes T et exprimant le CD23, encore appelée cellule « astéroïde » (113,114).
L’étude de cytocentrifugation de suspensions cellulaires thymiques, à l’aide d’un anticorps
anti-CD20 montre que ces cellules astéroïdes pourraient représenter jusqu’à 50% des LBt
55
(115). Ces 2 types de cellules sont détectables dans les thymus de fœtus, de jeunes enfants
et d’adulte. Cependant, chez le fœtus, les cellules astéroïdes sont localisées essentiellement
au niveau de la jonction corticomédullaire, alors que chez l’adulte, elles sont davantage
dispersées dans la médulla ou regroupées autour des corpuscules de Hassal. L’existence de
2 sous-populations distinctes sur le plan morphologique est cependant contestée par les
études réalisées en microscopie electronique sur des thymus d’enfants agés de 6 mois à 10
ans par Borneman et al (116). Pour ces auteurs, tous les lymphocytes B de la médullaire
thymique sont de morphologie « astéroïde » mais leur taille peut être extrêmement variable,
de petite à grande, et la forme « à petites cellules rondes » identifiée par Hofffmann ne
serait qu’une variante cytologique de la cellule astéroïde.
Les LBt des EPV sont rares ou absents chez l’enfant, et leur nombre augmente chez
le jeune adulte et l’adulte d’âge moyen en particulier entre 10 et 50 ans, où ils sont parfois
associés à des follicules lymphoïdes (111). La présence de veinules postcapillaires (« high
endothelial venules ») dans l’EPV suggère que ces lymphocytes B proviennent des
lymphocytes du sang circulant (109).
III-2.3. Immunophénotype des LBt
Les lymphocytes de la médullaire thymique se distinguent des lymphocytes B de
l’EPV, du centre germinatif et de la couronne du manteau des follicules lymphoïdes des
ganglions lymphatiques par leurs caractéristiques morphologiques mais aussi
immunohistochimiques (82,106,111,113,114). Celles-ci sont résumées dans le tableau V.
56
Tableau V : Immunophénotype des LBt de la médullaire thymique comparé à celui
des LBt des EPV, des LB de la couronne du manteau et du centre germinatif des
follicules lymphoïdes
Marqueurs LBt Medulla*
LBt Medulla§
LBt des EPV§
LB du centre
germinatif
LB de la
couronne du
manteau Lymphocytaires B
CD19
CD20
CD22
CD37
CD72
+/- fœtus
+
+
+
+
+
+
+
+/-
-
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
Zone du manteau
CD5
-
nd
nd
-
+
Récepteur du complément et des
immunoglobulines
CD21
CD35
CD23
-
-
+ LBt
astéroïde
-
+
nd
+
+
nd
-
+
-
+
+
+
Immunoglobulines de surface
IgM
IgG
IgD
IgA
+
-
+/-
+/-
+
-
+/-
+/-
nd
nd
nd
nd
+/-
nd
-
-
+
nd
+
-
Molécules de costimulation
CD40
CD80
+
+/-
nd
nd
nd
nd
+
+
+
-
Légendes : * la première colonne résume les caractéristiques immunophénotypiques des LBt de la
médulla publiées par Isaacson, Hoffmann et Fend et réalisées sur coupes de thymus congelées ; §
dans les colonnes 2 et 3 sont indiqués les résultats de l’étude immunophénotypique réalisée par
Flores et al réalisées sur des coupes de thymus fixés en formol et inclus en paraffine ; LB,
lymphocyte B ; LBt, lymphocyte B thymique ; +, positif ; -, négatif ; +/- :sous-population positive.
57
Les travaux publiés par Isaacson, Hoffmann et Fend, concernent des séries limitées
de thymus de fœtus, d’enfant et de jeunes adultes. Les études immunohistochimiques ont
été réalisées sur des coupes de thymus congelées et les résultats sont résumés dans la
colonne 1 (*). Selon les auteurs, les LBt de la médulla présentent un phénotype CD20+
CD21- CD37+ CD72+, expriment le CD23 au niveau de la sous-population de
morphologie astéroïde, et expriment des immunoglobulines de surface, en particulier l’IgM
et plus rarement les IgD et IgA, et sont CD5 négatives. L’expression du CD19 est absente
chez le fœtus et apparaît après la naissance.
Dans l’étude de Flores et al, la caractérisation immunohistochimique des LBt a été
réalisée sur des coupes de thymus adulte, fixés et inclus en paraffine. Les résultats sont
présentés dans les colonnes 2 et 3 (§). Selon Flores et al, les LBt de la médulla se
distinguent des LBt de l’EPV par leur phénotype CD21- CD72-, ce qui contredit les
données des auteurs précédents en ce qui concerne l’expression de CD72. Ces
contradictions peuvent être imputables à la technique utilisée, la première étant une étude
immunohistochimique sur coupes de thymus congelées, la seconde étant réalisée sur des
coupes en paraffine. Une autre explication est que la molécule CD72 est un antigène
d’activation lymphocytaire B dont l’expression au niveau des LBt de la médulla semble
plus fréquente chez le jeune enfant et décroît avec l’âge. L’étude de Flores et al ne
concerne que des thymus de sujets adulte, ce qui peut expliquer l’absence d’expression de
CD72 par les LBt (111).
L’étude de Flores et al est intéressante car elle émet l’hypothèse d’un trafic possible
entre les LBt de la médulla et les LBt de l’EPV. En effet, la frontière entre les
compartiments thymiques que constituent l’EET et l’EPV n’est pas si imperméable que
l’on pourrait le penser. Plusieurs auteurs décrivent l’existence de brèches ou de ruptures de
58
la membrane basale, en particulier au niveau de points de contact entre les follicules
lymphoïdes de l’EPV et la médulla adjacente (82,117). Le nombre de lymphocytes B de la
médulla est d’autant plus important qu’il existe de nombreux follicules lymphoïdes dans
l’EPV adjacent. L’étude de Flores et al montre qu’à proximité des follicules lymphoïdes de
l’EPV, les LBt de la médulla présentent un phénotype CD21+ CD72+ caractéristique des
LBt de l’EPV, suggérant que des LBt transitent entre ces 2 compartiments thymiques (111).
Il existe des contradictions dans la littérature concernant l’expression du CD2 par
les LBt. Une étude en cytométrie de flux réalisée à partir de suspensions cellulaires de
cellules thymiques déplétée en lymphocytes T CD3+ CD4+ CD8+ par billes magnétiques,
a montré que près de 50% (chez un fœtus de 18 semaines) à 75% (chez un nouveau né de
2mois) des LBt CD19+ coexpriment la molécule d’adhésion CD2, alors que moins de 5%
des lymphocytes B CD19+ de la rate ou de la moelle hématopoïétique d’un fœtus
coexpriment CD2 (110). Tonnelle et al retrouvent également une expression de CD2 dans
30% des LBt CD19+ en cytométrie de flux (118). En revanche, cette expression de CD2
par les LBt n’a pas été retrouvée dans l’étude de Howe et al, réalisée par
immunohistochimie en simple et double immunomarquage sur coupes de thymus congelées
provenant de fœtus, de nouveau-nés et d’enfants agés de 2 mois à 10 ans (115). De la
même façon, l’expression de CD5 est détectée en cytométrie de flux dans près de 50% à
70% des LBt mais reste non détectée en immunofluorescence sur coupes de thymus
congelées (110,118,119). Ces discordances peuvent s’expliquer par un défaut de sensibilité
des techniques immunohistochimiques, un biais dans les études en cytométrie de flux lié à
la formation de rosettes de lymphocytes B et de thymocytes ou à une adsorption
membranaire passive.
Howe et al ont étudié l’expression de la molécule CD40, appartenant à la famille du
Tumor Necrosis Factor, et de la molécule de costimulation CD80 par les LBt, en
59
immunohistochimie sur coupes de thymus congelées (115). La majorité des LBt expriment
le CD40 et seule une fraction des LBt expriment la molécule CD80. L’incubation de
suspensions cellulaires thymiques avec les anticorps anti-CD40 et anti-CD80 ne permet pas
de dissocier les rosettes, suggérant que d’autres molécules sont probablement impliquées
dans les interactions B-T, et que ces rosettes sont extrêmement stables. Punnonen et al
retrouvent également une expression de CD40 par les LBt CD19+ en cytométrie de flux
(110).
III-2.4. Caractéristiques génotypiques des LBt
Si ces études nous renseignent sur les aspects morphologiques et les antigènes de
surface exprimés par les LBt, il existe peu de données sur l’existence d’une ontogenèse B
intrathymique chez l’homme, ceci encore une fois étant lié à la difficulté d’analyse de cette
population lymphocytaire thymique très minoritaire. L’analyse du statut des gènes codant
pour les chaînes lourdes des immunoglobulines nous renseigne toutefois sur le stade de
différenciation et de maturation des LBt.
Dunn-Walters et al ont montré par des études de microdissection du cortex et de la
médullaire thymique, que la médulla renfermait des LBt présentant un réarrangement des
chaînes lourdes des immunoglobulines (120). Les auteurs ont ensuite extrait l’ADN de
coupes entières de 2 thymus d’enfants, amplifiés par PCR la région VDJ des gènes codant
pour les chaînes lourdes des immunoglobulines (IgVH), clonés et séquencés les produits de
PCR obtenus. Les 19 clones séquencés correspondaient à 11 séquences différentes et la
majorité d’entre elles (9/11) ne présentaient pas de mutations. Les auteurs concluent que la
médullaire thymique renferme une population hétérogène de LBt, la majorité d’entre eux
présentant des gènes IgVH non mutés, caractéristiques des cellules lymphoïdes B naïves, et
un plus faible pourcentage présentant des gènes IgVH mutés.
60
Ces résultats sont en désaccord avec l’étude de Tonnelle et al (118). Les auteurs ont
analysé 2 thymus d’enfants, et montré dans un premier temps que les LBt présentaient un
biais du répertoire des IgVH, avec une représentation prépondérante de la famille VH4,
contrairement aux lymphocytes B de l’amygdale ou de la moelle hématopoïétique où la
famille VH3 est prédominante. D’autre part, sur les 45 cDNA VH4DJ séquencés, 38
présentaient des mutations somatiques avec un rapport R/S (mutation de
remplacement/mutation silencieuse) élevé de 5.04.
Flores et al ont étudié le statut des gènes IgVH des LBt, en séparant les LBt de
l’EET des LBt de l’EPV (111). Ils ont étudiés d’une part un thymus d’enfant, dont l’EPV
est à cet âge dépourvu de LBt, et dont l’analyse du statut des gènes IgVH reflète celui des
LBt de la médulla. D’autre part, ils ont microdisséqués l’EPV d’un thymus d’adulte afin
d’obtenir le statut des gènes IgVH des LBt de l’EPV. Treize des 46 séquences VH obtenues
à partir des LBt de la médulla du thymus d’enfant étaient uniques, et 4 (31%) d’entre elles
présentaient des mutations somatiques et 2 séquences étaient apparentées. Dix des 65
séquences obtenues à partir des LBt de l’EPV étaient uniques, 5 (50%) étaient mutées et 2
séquences étaient apparentées. Les séquences apparentées retrouvées dans la médulla et
dans l’EPV suggèrent l’existence de mutations somatiques des gènes IgVH dans ces 2
compartiments thymiques. Dans l’EPV, la présence de follicules lymphoïdes à centre clair
permet d’expliquer la présence de mutations somatiques. Dans la médulla, les auteurs
suggèrent que la présence d’une variation intraclonale pourrait s’expliquer par la capacité
des LBt de la médulla à transiter entre l’EET et l’EPV.
Ces résultats indiquent que les LBt de la médulla et de l’EPV sont des lymphocytes
B matures, présentant des réarrangements des chaînes lourdes des immunoglobulines
fonctionnels, et que ces gènes ont été l’objet d’un processus de mutations somatiques dans
61
certaines cellules. Le faible nombre d’études réalisées ne permet pas de savoir s’il existe un
biais du répertoire ni de comprendre l’origine des mutations observées.
III-2.5. Caractéristiques fonctionnelles
Les rares études fonctionnelles ont été réalisées par Spencer et al (112). Dix pour
cent des LBt isolés à partir de suspensions cellulaires de thymus d’enfants présentent une
expression de l’antigène Ki67, qui marque les cellules en cycle. En culture, les LBt
deviennent quiescents assez rapidement et meurent après une période de 10 jours sauf s’ils
sont stimulés par des mitogènes. Les LBt répondent aux activateurs polyclonaux des
lymphocytes B tels que le Staphylococcus aureus Cowan I (SAC), le phorbol 12-myristate
13-acetate (PMA) et le « pokeweed mitogen » (PWM). Lorsqu’ils sont stimulés, les LBt
conservent leur morphologie « astéroïde » et leurs interactions avec les thymocytes avec
formation de rosettes. Dans une étude ultérieure, les auteurs ont montré la grande stabilité
des rosettes lorsque celles-ci sont soumises à différents traitements tels que l’EDTA, la
cytochalasin B, la colchicine, l’azide de sodium, la pronase, expliquant ainsi la grande
difficulté à obtenir des suspensions cellulaires pures de LBt (115). La stabilité de ces
rosettes peut aussi expliquer l’expression de CD2 et de CD5 par les LBt observée en
cytométrie de flux par Punnonen et al, alors qu’elle n’est pas observée en
immunohistochimie sur coupes de thymus congelées (110).
Les études réalisées in vitro par Punnonen et al montrent que les LBt obtenus à
partir de suspensions cellulaires thymiques de fœtus ou de nouveau nés sont des
lymphocytes B fonctionnellement matures, exprimant des IgM à leur surface, et capables
de se différencier en lymphocytes B sécrétant des immunoglobulines de type IgG et IgE
quand ils sont cultivés en présence d’IL-4 et d’un clone T CD4+ activé. Le taux
d’immunoglobulines produites est comparable à celui que l’on peut obtenir à partir de
62
lymphocytes B isolés d’une rate, du foie ou de la möelle de foetus cultivés dans les mêmes
conditions.
III-2.6. Conclusion
Les LBt sont répartis dans 2 compartiments distincts, l’espace épithélial thymique
et l’espace périvasculaire. L’analyse des gènes des immunoglobulines des LBt montre qu’il
existe dans ces 2 compartiments des LBt présentant des gènes IgVH non mutés,
caractéristiques des cellules lymphoïdes B naïves, et des LBt présentant un taux élevé de
mutations somatiques. Contrairement à la souris (cf infra), il n’existe pas chez l’homme de
données permettant d’étayer l’hypothèse d’une ontogénie B intrathymique, ou que ces LBt
possèdent une fonction particulière, notamment dans le processus de sélection négative des
lymphocytes T.
L’hypothèse que les LBPM dérivent des LBt de la médulla repose sur des
arguments anatomiques, morphologiques et immunohistochimiques. Certaines tumeurs
sont clairement développées à partir du thymus, avec dans certains cas un envahissement
tumoral restreint à la médullaire thymique, refoulant le cortex en périphérie. Les LBt de la
médulla présentent un profil immunohistochimique comparable à celui des cellules
tumorales des LBPM, notamment l’expression de la molécule CD23 et l’absence
d’expression de CD21. De Leval et al suggèrent cependant que les LBPM pourraient
dériver des follicules lymphoïdes observés dans l’EPV thymique (86). En effet, ces
follicules lymphoïdes sont particulièrement fréquents chez l’adulte jeune, à l’âge où l’on
observe les LBPM, et diminuent avec l’âge. Le fait qu’il existe probablement un trafic des
LBt entre les 2 compartiments thymiques pourrait étayer cette hypothèse. Néanmoins, les
études sur puces à ADN récemment publiées montrent que les LBPM présentent un profil
63
transcriptionnel distinct de celui des cellules B du centre germinatif, et ne favorisent donc
pas l’hypothèse que les LBPM dérivent des follicules lymphoïdes de l’EPV (93,121).
III-3. Les lymphocytes B thymiques chez la souris
Contrairement à l’homme, les données de la littérature sur les LBt chez la souris
sont relativement abondantes. Seules les données les plus importantes sont rapportées
ici.
III-3.1. Cinétique des thymocytes
Chez le foetus, la colonisation du thymus par des cellules précurseurs
hématopoïétiques, capable de se différencier en lymphocytes B et T débute à 12 jours de
vie foetale (122). Chez la souris adulte, le thymus est régulièrement ensemencé par des
cellules précurseurs hématopoïétiques, mais à un taux plus faible que chez le fœtus
(123). L’identité de ces cellules précurseurs n’est pas encore clairement définie, mais le
concept généralement admis est que les progéniteurs lymphoïdes thymiques dérivent des
"précurseurs lymphoïdes communs" (CLP) identifiés dans la moelle osseuse et qui
possèdent un potentiel de différenciation restreint aux lignées T, B et NK. Dans le
thymus de la souris adulte, le précurseur hématopoïétique le plus précoce qui peut être
retrouvé présente un phénotype CD4low CD44 high c-Kit+.
D'après les expériences de Akashi, le pool des thymocytes présente un
renouvellement tous les 6 jours (123). Seulement 1% des thymocytes émigrent chaque
jour, la grande majorité d'entre eux meurent par apoptose secondaire à une sélection
négative ou à un défaut de sélection positive. Ces cellules qui quittent quotidiennement
le thymus vers les organes lymphoïdes secondaires (OLS) sont appelées "émigrants
thymiques récents" (RTE). Leur cinétique d'apparition dans les OLS peut être analysée
après marquage in vivo des thymocytes par injection intra thymique de FITC. Ainsi, les
64
RTE de la rate et des ganglions évalués 24h après injection intra thymique de FITC sont
constitués de 95% de lymphocytes Tαβ CD4+CD8- ou CD4-CD8+ et de 5% de
lymphocytes double négatifs CD4-CD8-. Parmi ces derniers, il existe des lymphocytes T
CD3+TCRγδ+, des lymphocytes B matures B220+IgM+, IgD+, CD5-/+ (une minorité
d'entre eux expriment le CD5) et quelques lymphocytes T CD3+ TCR γδ-. Les auteurs
estiment que le thymus exporte chaque jour vers les OLS ~1,2 x 106 lymphocytes T αβ,
~3 x 104 lymphocytes T γδ et ~3 x 104 lymphocytes B matures B220+IgM+.
III-3.2. Lymphopoïèse B intrathymique
Les lymphocytes B intra thymiques sont-ils issus d'une lymphopoïèse B intra
thymique ou d'une recirculation de lymphocytes B périphériques dans le thymus?
L'injection intraveineuse de splénocytes de souris adultes (Ly5.1 x Ly.2)F1 à des souris
Ly5.1 permet d'évaluer le pourcentage de lymphocytes B matures issus du donneur dans
les organes lymphoïdes secondaires et le thymus des souris après injection. A 18 jours
post injection, ~5-7% des lymphocytes B des OLS (rate, ganglions) sont du donneur,
alors que seulement ~0,6% des lymphocytes B matures du thymus sont du donneur. Les
auteurs suggèrent que la majorité des lymphocytes B (~2 x 104) exportés chaque jour du
thymus vers les OLS se développent et se différencient donc dans le thymus, et seule
une minorité d'entre eux (~0.8 x 104) sont des lymphocytes B d'origine périphérique
ayant transité par le thymus (123). Ces résultats indiquent que le thymus, qui joue un
rôle majeur dans la différenciation T, pourrait contribuer également à la constitution
d'un pool de lymphocytes B circulants.
Le thymus adulte renferme des lymphocytes B thymiques B220+ qui
représentent environ 0,1 à 0,3% des thymocytes totaux. Parmi ceux-ci, il existe des
progéniteurs B et des LBt matures. Les progéniteurs B sont à différents stades de
65
maturation tels que l’on peut les observer dans la moelle hématopoïétique: des
lymphocytes pro-B B220+ CD43+ sIgM- et pré-B B220+ CD43- sIgM-. Ces précurseurs
expriment les marqueurs moléculaires associés au développement précoce des
lymphocytes B comme le facteur de transcription PAX-5 et les molécules VpreB et λ5
(123). L’analyse des gènes codant pour les chaînes lourdes des immunoglobulines
montre que ces progéniteurs présentent un réarrangement DJ/VDJ (124).
Les LBt matures sont essentiellement des LBt activés et expriment les marqueurs
tels que B220+, sIgM+, FcγR, CD44, (LFA)-1, HSA (« heat-stable antigen), CD40, les
molécules du complexe majeur d’histocompatibilté II. Environ 75% sont CD5+ et
expriment la molécule d’activation CD69. Malgré l’expression de CD5 en surface,
l’ARNm CD5 n’est pas retrouvé en RT-PCR, suggérant que cette expression puisse être
liée à un transfert passif à partir des lymphocytes T environnants. Les LBt présentent
également des taux élevés de molécule de co-activation B7-2 (125,126).
Une étude immunohistochimique à l’aide d’anticorps anti-B220 et anti-IgM
montre que les cellules B immatures B220+ IgM- sont distribuées du cortex jusqu'à la
jonction cortico-médullaire tandis que les cellules B matures IgM+ sont distribuées
préférentiellement à la jonction cortico-médullaire et dans la médulla (123). L’ensemble
de ces éléments suggère que le microenvironnement thymique est susceptible d’assurer
une maturation lymphoide B comme T, et que la maturation lymphoide B intrathymique
s’effectue parallèlement à la migration des lymphocytes B du cortex vers la médulla,
comme il est observé dans la lymphopoièse T.
Le thymus constitue un site majeur de différenciation lymphocytaire T. Le
microenvironnement thymique, caractérisé par les cellules épithéliales thymiques, les
cellules dendritiques issues de la moelle osseuse, les macrophages, les lymphocytes B et
66
le stroma, fournit les signaux nécessaires à la prolifération, la maturation et à la
sélection positive ou négative des lymphocytes T. L’interleukine 7 (IL7) est présente
dans le milieu thymique, où elle est sécrétée par les cellules épithéliales thymiques. Elle
joue un rôle important dans la prolifération, la survie et la différenciation des
thymocytes vers la lignée T. L’IL7 favorise la survie des thymocytes ayant subit une
sélection positive en augmentant l’expression de Bcl2. Il faut noter que cette cytokine
joue également un rôle important dans la maturation lymphoïde B du stade pro-B vers le
stade pré-B dans la moelle osseuse.
Les signaux délivrés par le micrenvironnement thymique conditionnent le
devenir des précurseurs thymiques. L’activation de la voie de signalisation Notch1 joue
un rôle crucial dans la différenciation des précurseurs vers la lignée lymphocytaire B ou
T. Notch1 est une protéine transmembranaire exprimée à la surface des CLP.
L’interaction de Notch1 avec un de ses ligands (Delta-1) exprimés par les cellules
stromales thymiques induit la différenciation des précurseurs vers la lignée T et bloque
le développement lymphocytaire B (127,128). Cependant, il semblerait que certains
précurseurs échappent à cette voie de régulation de la thymopoïèse et se développent en
lymphocytes pro-B B220+ CD43+ sIgM-. In vitro, certaines lignées dérivées du stroma
thymique sont capables d’induire une maturation des progéniteurs thymiques en LBt
matures (129,130). Paradoxalement, malgré la présence de progéniteurs B dans le
thymus et la présence d’IL7 qui stimule la prolifération des lymphocytes pro-B dans la
moelle, la lymphopoïèse B thymique apparaît extrêmement inefficace. Hashimoto et al
ont montré très récemment que la différenciation des progéniteurs B thymiques était
limitée à un stade de développement précoce par des facteurs solubles sécrétés par le
microenvironnement thymique diminuant la réponse des cellules B à l’IL7 (131). Ces
différents mécanismes régulateurs permettent de contrôler l’homéostasie des thymocytes
67
et d’inhiber l’expansion des précurseurs B qui pourrait se faire au détriment de la
lymphoïèse T.
III-3.3. Caractéristiques fonctionnelles des lymphocytes B thymiques
Sur le plan fonctionnel, les lymphocytes B thymiques CD5+ prolifèrent moins et
synthétisent beaucoup moins d'IgM et d'IgG que les lymphocytes B spléniques en
réponse aux stimuli tels que LPS ou la costimulation IL-4/anti µ (132,133).
Contrairement aux lymphocytes B spléniques, les LBt ne répondent pas à une
stimulation CD40L seule. L'addition d'interleukine 10 est nécessaire et a un effet
synergique sur la réponse proliférative des LBt (133). Les LBt représentent donc un
sous-type de lymphocytes B aux propriétés fonctionnelles distinctes des lymphocytes B
spléniques.
III-3.4. Fonction des lymphocytes B thymiques.
De nombreuses études suggèrent que les lymphocytes B thymiques contribuent
en tant que cellules présentatrices de l'antigène à la sélection négative des lymphocytes
T au cours de différenciation intrathymique (par délétion clonale ou anergie) et
contribuent donc à la tolérance du soi (126,132,134). D'autre part, il a été suggéré que
ces lymphocytes B qui se différencient dans le thymus pourraient avoir un répertoire
différent et qu’ils pourraient participer à la diversification du répertoire B périphérique.
III-3.5. Conclusion
Les expériences chez la souris montrent qu’il existe une lymphopoïèse B
intrathymique, mais que celle-ci est régulée négativement d’une part par la voie de
signalisation Notch1 et d’autre part par la synthèse de signaux inhibiteurs par le
68
microenvironnement thymique. Ces signaux permettent d’inhiber l’expansion B
intrathymique qui pourrait se faire au détriment de la lymphopoïèse T. Les LBt
présentent des propriétés fonctionnelles distinctes des lymphocytes B périphériques en
terme de réponse à des stimulis cytokiniques comme l’IL-10. Enfin, ils jouent
probablement un rôle dans la tolérance au soi.
69
IV. ETUDE COMPARATIVE DES LBPM ET DES LGCB
NON MEDIASTINAUX PAR LES METHODES D’ANALYSE
DIFFERENTIELLE
70
IV-1. Objectifs de l’étude.
Les LBPM constituent une entité distincte au sein des LGCB du fait de leurs
caractéristiques cliniques, morphologiques et immunohistochimiques. Les LBPM ne
présentent pas les anomalies moléculaires habituellement observées dans les LGCB
périphériques et aucun marqueur génétique spécifique de cette entité n’a été identifié à ce
jour.
Afin d’identifier des altérations moléculaires spécifiquement associées aux LBPM,
nous avons comparé les ARNm exprimés dans un groupe de LBPM aux ARNm exprimés
dans un groupe de LGCB périphériques. Nous avons pour cela utilisé des méthodes
d’analyse différentielle, la première étant la méthode du « Differential Display Reverse
Transcription » (DDRT) et la seconde la méthode du « Représentational Difference
Analysis » ( RDA). Les principes de ces 2 méthodes sont exposés dans les annexes 1 et 2.
Ces travaux ont fait l’objet de 3 publications : les 2 premières concernent
l’identification du gène MAL dans les LBPM puis son expression dans les tissus
lymphoïdes normaux et pathologiques. La 3ième publication concerne la mise en évidence
d’une activation constitutive du gène FIG1 (interleukin Four Induced Gene 1) dans les
LBPM.
71
IV-2. Principe des techniques
IV-2.1. Principe de la méthode du Differential Display Reverse Transcription
La méthode du « Differential Display Reverse Transcription » (DDRT) a été
initialement décrite par Liang et al, et permet de comparer les séquences exprimées dans
des cellules de même origine et d’identifier des transcrits différentiels (135). Cette
méthode, qui présente l’avantage de nécessiter peu de matériel initial, a été utilisée dans la
littérature pour identifier des séquences spécifiquement exprimées dans certains cancers,
notamment le cancer du sein (136,137), le cancer de la prostate (138), ou dans des
lymphomes (139,140).
Le principe du DDRT est le suivant : une cellule produit environ 15000 à 20000
ARNm différents. Si on utilise 12 oligonucléotides différents 5’ (T)nXY 3’ (ou X=A, C ou
G et Y=A,C,G ou T) pour réaliser la transcription inverse de ces ARN messagers, on
partitionne la population initiale en 12, et le produit de chaque transcription inverse
comportera ~ 1500 ADNc différents. Chacune de ces réactions de réverse transcription est
ensuite amplifiée par une réaction de polymérisation en chaîne (PCR) avec
l’oligonucléotide 5’ (T)nXY 3’ correspondant et un oligonucléotide de 10 bp.
L’amplification est faite en présence de dATP marqué au 33P et les produits d’amplification
sont déposés sur un gel de séquence, ce qui permet de les séparer en fonction de leur
longueur à un nucléotide près. Un gel permet de visualiser au maximum 150 fragments
d’ADNc, la population initiale d’ADNc (1500 ADNc par reverse transcription) peut donc
théoriquement être visualisée en réalisant 10 réactions de PCR différentes en utilisant 10
oligonucléotides de 10 bases pour chaque oligonucléotide (T)nXY (figure 2).
72
Y X TTTTTTTTTn
Figure 2 : Principe du Differential Display Reverse Transcription
Analyse sur gel de polyacrylamide
Cellules A
Purification du fragment Réamplification par PCR
Clonage Séquençage Expression
Y’X’AAAAAAA5’
Y’X’AAAAAAAAAn Y X TTTTTTTTTn
5’ 3’
Y X TTTTTTTTTn
3’
NNNNNNNNNN
Y X TTTTTTTTTn
NNNNNNNNNN
Cellules B
Transcription inverse
ARN totaux ou poly(A)+
Amplification par PCR Décamère arbitraire
et oligodTn ancré
73
IV-2. 2. Principe de la méthode du Representational Difference Analysis
La technique du « Representational Difference Analysis » (RDA) a été
développée par Lisitsyn et al et publiée dans Science en 1993 (141). Initialement,
cette technique a été mise au point pour l'analyse différentielle de l'ADN génomique.
Elle a été adaptée ensuite par Hubank et al à l’analyse différentielle des ARN sous la
forme d’ADNc complémentaires (142).
Le principe de la méthode est d’associer une première étape d’hybridation
soustractive entre la population d'ADNc cible (appelée aussi tester) et une population
d’ADNc de référence (appelée driver) présente en excès. La seconde étape est une
étape d’amplification par polymérisation en chaîne (PCR), où seules les séquences
différentielles présentes dans la population tester sont amplifiées. Cette étape permet
un enrichissement cinétique en séquences cibles. Plusieurs cycles d’hybridation-
amplification sont ainsi réalisés permettant d’obtenir un produit différentiel. A la fin
du 3ième cycle, on estime que les séquences cibles sont enrichies d’un facteur ~1010.
Les produits différentiels sont déposés sur gel, et les bandes différentielles peuvent
ensuite être clonées et analysées. Le principe de la méthode est présenté sur la figure
3.
74
Tester Driver ARNm
ADNc double brin
Digestion enzymatique
Ligation d’adaptateurs
Amplification par PCR
Representations
hybridation tester/driver
Amplification par PCR
exponentielle linéaire
Digestion de l’ADN simple brin Amplification par PCR
absente
Ligation d’adaptateurs sur la population tester
Changement d’adaptateurs
hybridation DP1/driver
Amplification par PCR
Clonage Séquençage Expression
Figure 3 : Principe du Representational Difference Analysis
Premier produit Différentiel DP1
Deuxième produit Différentiel DP2
75
Les ARN à analyser sont représentés sous la forme de courtes séquences
d’ADNc double brin, appelées représentations. Les représentations sont obtenues par
transcription inverse des ARN polyA en ADNc double brin. Les ADNc double brin
sont ensuite soumis à une digestion par une enzyme de restriction DpnII ayant un site
à 4 bases (GATC). La taille moyenne des fragments d’ADNc double brin obtenus
après digestion est de l’ordre de 256 pb, ce qui veut dire que la majorité des ADNc
contiennent au moins un fragment amplifiable, ce qui est suffisant pour mettre en
évidence et isoler un gène différentiel. Ces ADNc double brin clivés sont ensuite
ligués à des adaptateurs A, et ensuite amplifiés par polymérisation en chaîne (PCR).
Cette étape permet d’obtenir une quantité suffisante d’ADNc appelée représentation
pour réaliser les cycles successifs d’hybridation-soustraction et tester les séquences
différentielles obtenues.
Les adaptateurs A sont enlevés des représentations par digestion par DpnII et
seuls les ADNc tester sont ligués à de nouveaux adaptateurs B. Les représentations
tester et driver sont ensuite dénaturées et réhybridées en présence d’un excès de
driver avec un rapport tester/driver de 1/100 pour le premier cycle. Après
hybridation, seuls les ADNc double brin constitués uniquement d’ADNc tester donc
munis d’amorces aux extrémités 5’ vont pouvoir être amplifiés de manière
exponentielle par PCR. Les ADNc consitués d’un brin tester et d’un brin driver ne
pourront en revanche qu’être amplifiés de façon linéaire. Une digestion par une
desoxyribonucléase hydrolysant le simple brin permet d’éliminer cette amplification
linéaire. Le premier produit différentiel DP1 est ainsi obtenu. Un deuxième cycle
d’hybridation soustractive-amplification avec un rapport tester/driver de 1/800 est
réalisé avec de nouveaux adaptateurs de façon à enrichir le produit DPI en séquences
différentielles. Le produit différentiel DP2 peut être ensuite analysé ou être l’objet
76
d’un 3ème cycle. Les différents fragments d’ADNc contenus dans le produit DP2 sont
séparés par électrophorèse sur gel d’acrylamide et les bandes visualisées sont
extraites du gel. Les différents fragments DP2 sont ensuite sous-clonés dans un
plasmide.
Le caractère différentiel des séquences isolées doit être confirmé. Les inserts
(fragment DP2 inséré dans le plasmide) sont purifiés, marqués radioactivement et
hybridés aux représentations tester et driver transférés par Southern blot sur une
membrane de nylon. Le caractère différentiel confirmé, ces inserts sont séquencés et
identifiés par comparaison aux bases de données.
Les avantages du RDA par rapport au DDRT sont sa rapidité et le fait que les
séquences communes sont éliminées et seules sont conservées les séquences
différentielles. La sensibilité est plus grande et les faux positifs moins nombreux. Les
inconvénients du RDA sont sa grande sensibilité, la mise en évidence d’ARNs peu
exprimés ou d’ARNs liés à un épissage différentiel ou encore d’ARNs « privés »
(séquences VDJ des gènes des immunoglobulines). Par ailleurs, cette technique ne
permet pas de mettre en évidence des différences liées à des mutations ponctuelles,
ou à de très petites délétions ou insertions, ou encore des fragments ne possédant pas
de site de restriction pour l’enzyme utilisée.
77
IV-3. Le gène MAL et les LBPM
IV-3.1. Article 1
« The MAL gene is expressed in primary mediastinal large B-cell
lymphoma »
Christiane Copie-Bergman, Philippe Gaulard, Leïla Maouche-Chrétien, Josette Brière,
Corinne Haioun, Miguel A. Alonso, Paul-Henri Roméo et Karen Leroy.
Blood 94 :3567-3575, 1999.
78
But de l’étude
Le but de ce travail était d’identifier des séquences exprimées spécifiquement et de
manière récurrente dans les cellules tumorales des LBPM afin de mieux cerner cette entité
anatomo-clinique et d’apporter des éléments permettant de comprendre les mécanismes
moléculaires impliqués dans la transformation des lymphocytes B thymiques.
Matériel
Le matériel tumoral inclus en paraffine et congelé de 10 patients atteints de LBPM
et de 8 patients atteints d’un LGCB-NM a été récolté à partir des archives du département
de Pathologie de l’Hôpital Henri Mondor, Créteil et de l’Hôpital Laennec, Paris. Le
diagnostic de lymphome a été établi selon des critères cliniques, morphologiques et
immunohistochimiques, et les lymphomes ont été classés selon la classification de la
REAL (3).
Les lignées utilisées dans cette étude étaient une lignée T (Jurkat), des lignées B à
différents stades de différenciation : pro B (RS 4 :11), pré B (697), des lignées dérivées de
lymphome de Burkitt (Raji et Ramos), et une lignée B porteuse de la translocation t(14 ;18)
(RL). Une lignée d’origine épithéliale (Hela) et des lignées érythroleucémiques (K562 et
HEL) ont également été utilisées.
Méthodes
Méthode du Differential Display Reverse Transcription (DDRT)
Nous avons comparé les ARNm exprimés dans des LBPM aux ARNm exprimés
dans des LGCB non médiastinaux (LGCB-NM) par la méthode du DDRT (135) (Annexe
1). Nous avons extrait l’ARN de 3 LBPM et de 3 LGCB-NM à partir de tissu tumoral
congelé en réalisant une lyse tissulaire en présence de phénol et de thiocyanate de
79
guanidine, selon une technique décrite par Chomczynski et al (143) (technique TRIZOL).
Après enrichissement en ARN poly(A), une transcription inverse a été réalisée avec une
amorce oligonucléotidique T12GC. La population d’ADNc obtenue a ensuite été amplifiée
par PCR à l’aide de l’oligonucléotide T12GC et du décamère arbitraire OPA 18 (5’
AGGTGACCGT 3’), en présence de dATP [α-33P]. Les produits de PCR ont été ensuite
séparés sur un gel d’acrylamide. L’analyse comparative du gel a permis d’identifier des
bandes différentielles. L’une d’entre elles a été excisée du gel, l’ADNc a été extrait et
réamplifié avec le même couple d’amorces, puis cloné dans un plasmide Bluescript pour
être ensuite séquencé.
Analyse en Northern Blot
Les ARNs totaux ont été extrait du matériel tumoral congelé ou des lignées à l’aide du
réactif TRIZOL. Après dénaturation et migration sur gel, les ARNs ont été transférés sur
membrane de nylon et hybridés à l’aide d’une sonde marquée au α-32P. La sonde MAL
utilisée était obtenue par amplification par PCR d’un fragment d’ADNc (nucléotide 62 à
585). Une sonde spécifique du gène GAPDH était utilisée comme contrôle.
Analyse en RT-PCR
Une transcription inverse a été réalisée à partir d’1µg d’ARN total en présence
d’hexamères aléatoires. La réaction de PCR a été effectuée en biplex en présence
d’amorces spécifiques de l’ADNc MAL et d’amorces spécifiques de l’ADNc S14 (gène
ubiquitaire codant pour une protéine ribosomale). Les produits de PCR ont été déposés sur
gel d’agarose à 2% et analysés.
Extraction d’ADN et analyse en Southern Blot
L’ADN génomique de 6 LBPM et 3 LGCB-NM a été extrait par digestion à la protéinase
K, extraction au phénol-chloroforme et précipitation à l’éthanol. Après digestion par
l’enzyme de restriction EcoRI, les fragments d’ADN ont été séparés par électrophorèse sur
80
gel d’agarose 0,8% et transférés sur membrane de nylon. Celle-ci a ensuite été hybridée à
l’aide de 2 sondes MAL : la première correspondait à un fragment EcoRI-HindIII localisé à
3,5 kb en amont du premier exon MAL et permettait d’explorer la partie 5’ du gène. La
seconde sonde était obtenue par amplification par PCR d’un fragment d’ADNc MAL
couvrant les exons 2, 3 et 4, et explorant la partie 3’ du gène MAL.
Immunohistochimie
L’étude immunohistochimique des prélèvement tumoraux a été réalisée sur coupes en
paraffine en utilisant un anticorps monoclonal anti-MAL 6D9 dirigé contre les acides
aminés 114-123 de la protéine humaine MAL (MA Alonso, Madrid) et révélé par une
technique APAAP (144). Des coupes de rein inclus en paraffine étaient utilisées comme
contrôle.
Résultats
Par la technique du DDRT, nous avons mis en évidence une bande différentielle
présente dans les 3 LBPM et absente dans les 3 LGCB-NM testés. Cette bande a été
séquencée et correspondait à l’extrémité 3’ du transcrit du gène MAL, dont l’expression a
été initialement décrite comme étant associée à la maturation lymphocytaire T (145).
Pour confirmer que la bande différentielle observée en DDRT correspondait
véritablement à un transcrit différentiel, nous avons étudié l’expression du gène MAL dans
des échantillons de LBPM et LGCB-NM par Northern Blot. Cette étude montrait la
présence des transcrits MAL dans les 2 LBPM analysés, alors qu’ils étaient absents ou
exprimés très faiblement dans les 4 LGCB-NM analysés. L’étude des différentes lignées
par Northern blot, montrait l’absence du transcrit MAL dans les lignées B à différents
stades de maturation, dans les lignées érythroleucémiques et dans la lignée Hela. La lignée
81
T Jurkat exprimait le transcrit MAL comme il a été initialement décrit par Alonso et al et
servait de témoin positif (145).
Devant la difficulté à obtenir suffisamment de matériel congelé pour réaliser des
études en Northern blot, et pour pouvoir étendre l’analyse de l’expression de MAL à une
plus grande série de LBPM, nous avons étudié par RT-PCR 12 LBPM et 8 LGCB-NM.
Cette étude a permis de montrer l’amplification d’un fragment de 520 pb spécifique de
l’ADNc MAL dans 8 LBPM sur 12, faiblement représenté (2/8) ou indétectable (6/8) dans 8
LGCB-NM.
Ces 2 études par Northern blot et RT-PCR ont permis de confirmer l’expression
différentielle du gène MAL dans les LBPM par rapport aux LGCB-NM. L’expression du
gène MAL ayant été initialement décrite comme associée à la différenciation lymphocytaire
T, il était important de savoir si cette expression provenait des cellules tumorales B des
LBPM ou des lymphocytes T réactionnels présents au sein de la tumeur. L’étude de
l’expression de la protéine MAL par immunohistochimie permettait de détecter la protéine
MAL dans les cellules tumorales de 7/9 LBPM, avec un marquage de la membrane
plasmique et/ou de granulations intracytoplasmiques notamment dans la région de
l’appareil de Golgi. L’expression de MAL par de petits lymphocytes correspondant très
vraisemblablement à des lymphocytes T réactionnels, servait de témoin positif interne. En
revanche, aucun des 8 LGCB-NM analysés ne montrait d’expression de la protéine MAL
dans les cellules tumorales. L’étude en Southern blot ne montrait pas de réarrangement ou
d’amplification du gène MAL dans les 6 LBPM analysés.
82
Conclusion
Cette étude a permis de montrer une expression différentielle et récurrente des
transcrits MAL dans les LBPM comparativement aux LGCB-NM, confirmant ainsi
l’hypothèse que les LBPM constituent une entité distincte au sein des LGCB.
En outre, cette étude décrivait pour la première fois une expression du gène MAL
dans des cellules lymphoïde B, cette expression n’ayant été décrite jusqu’alors que dans la
lignée lymphocytaire T.
La protéine MAL est une protéine transmembranaire localisée dans les
microdomaines membranaires enrichis en glycolipides du réseau transgolgien et de la
membrane plasmique, et il a été suggéré qu’elle pourrait jouer un rôle dans la transduction
du signal dans les lymphocytes T (146). Son expression dans les cellules tumorales des
LBPM pourrait modifier les propriétés fonctionnelles de ces microdomaines membranaires
et altérer la croissance cellulaire ou les interactions cellule-cellule ou cellule-matrice.
83
IV-3.2. Article 2
« MAL expression in lymphoid cells: further evidence for MAL as a
distinct molecular marker of primary mediastinal large B-cell
lymphomas »
Christiane Copie-Bergman, Anne Plonquet, Miguel A. Alonso, Marie-Laure Boulland,
Jeanine Marquet, Marine Divine, Peter Möller, Karen Leroy, Philippe Gaulard.
Modern Pathology 15:1172-1180, 2002
84
But de l’étude
Dans l’étude précédente, nous avons mis en évidence une expression récurrente et
différentielle du gène MAL dans les LBPM comparativement aux LGCB-NM. L’ARNm
MAL a été identifié initialement comme étant associé à la différenciation lymphocytaire T
(145). Par la suite son expression a été mise en évidence dans les cellules synthétisant la
myéline chez le rat (147), dans des lignées épithéliales polarisées dérivées de rein de chien
(148) et de thyroïdes de rat (149). Le transcrit MAL code pour un protéolipide qui joue un
rôle dans la stabilisation des microdomaines membranaires, dans la machinerie de transport
vésiculaire intracellulaire et pourrait intervenir dans la transduction du signal (146,150-
152). Son expression n’avait jamais été décrite dans la lignée lymphoïde B, mais les
données de la littérature sur les modalités d’expression de ce gène dans les tissus
lymphoïdes sont assez pauvres.
Le but de cette étude était d’étendre l’analyse de l’expression de la protéine MAL à
des lymphocytes B et T normaux issus du sang circulant ou des tissus lymphoïdes
périphériques, à une série de 185 lymphomes représentant les principaux lymphomes B, T
et de Hodgkin cités dans la classification de l’OMS, et à la lignée MedB-1, en utilisant des
méthodes de cytométrie en flux et d’immunohistochimie.
Matériel et méthodes
Cytométrie en flux
Les études en cytométrie de flux ont été réalisées à partir de sang périphérique de 4
donneurs sains, de suspensions cellulaires de 2 amygdales et de 2 rates provenant de
patients splénectomisés pour purpura thrombopénique. Les anticorps suivants ont été
utilisés : CD3 (HIT3a), CD19 (HD237) couplés directement à la phycoérythrine, CD4 (53-
5 ;Tricolor), anti-MAL 6D9 (MA Alonso, Madrid). Des immunomarquages multiples ont
été réalisés MAL/CD19 et MAL/CD3/CD4, pour étudier l’expression de la protéine MAL
85
dans les sous- populations lymphoïdes B et T du sang périphérique, de l’amygdale et de la
rate.
Histologie et Immunohistochimie
Des tissus lymphoïdes normaux ont été analysés : 2 amygdales, 2 rates, 2 ganglions
réactionnels, et 2 thymus (un thymus néonatal et un thymus provenant d’un homme de 19
ans). Ces prélèvements tissulaires ont été fixés à l’aide du réactif de Bouin et ont été inclus
en paraffine. Un fragment de chaque prélèvement a été congelé à -80°C.
Cent quatre vingt cinq cas de lymphomes pour lesquels du matériel fixé et inclus en
paraffine était disponible ont été sélectionnés dans les archives département de Pathologie
de l’hôpital Henri Mondor. Les coupes tissulaires ont été colorées par la coloration de
l’hématéine éosine safran (HES) pour des études morphologiques, et tous ces cas ont été
analysés en immunohistochimie afin d’étudier les principaux marqueurs B et T. Tous les
lymphomes ont été classés selon les critères de la classification de l’OMS (4). Cette série
comportait : 33 LBPM, 33 LGCB-NM, 31 lymphomes de Hodgkin classique, 10
lymphomes de Hodgkin nodulaire à prédominance lymphocytaire et des lymphomes B et
T/NK. L’expression de la protéine MAL a été étudiée par une étude immunohistochimique
sur coupes en paraffine à l’aide de l’anticorps monoclonal anti-MAL 6D9, en utilisant
l’automate Ventana et son kit de détection. Au cours de cette étude, nous nous sommes
aperçus que l’intensité du marquage à l’aide de l’anticorps anti-MAL était très dépendante
du fixateur. La fixation au Bouin est la fixation qui préserve le mieux l’immunoréactivité
de la protéine MAL. En revanche, pour les prélèvements fixés au Formol ou à l’AFA
(Acide-Formol-Acétique), une étape de prétraitement permettant un démasquage
antigénique s’est avérée nécessaire. L’étude immunohistochimique a donc été réalisée dans
la majorité des cas selon 3 types de conditions : sans prétraitement, prétraitement des lames
86
en tampon citrate pH 6.7 au microonde, et prétraitement en tampon EDTA pH8.0 au
microonde.
Des lames de cytocentrifugation de la lignée MedB-1 ont également été étudiées par
immunocytochimie pour l’expression de la protéine MAL.
Enfin, des doubles immunomarquages à l’aide de l’anticorps anti-MAL et de
l’anticorps anti-CD79a ont été réalisées en immunofluorescence sur des coupes de thymus,
d’amygdale et de ganglions réactionnels fixés et inclus en paraffine. Des coupes congelées
d’un thymus ont également été étudiées.
Résultats
Cette étude montre que la protéine MAL est fortement exprimée dans les
thymocytes, dans une large proportion des lymphocytes T CD4+ du sang circulant, et dans
une proportion moindre des lymphocytes T CD8+ circulants. Dans le compartiment
lymphoïde B normal, l’expression de MAL est extrêmement restreinte, limitée à une sous-
population de lymphocytes B de la médullaire thymique, dont certains présentent une
morphologie astéroïde, et à quelques cellules d’aspect plasmocytaires présentes dans les
zones interfolliculaires de l’amygdale et des ganglions.
Dans les lymphomes B (n=110), l’expression de MAL dans les cellules
néoplasiques est observée dans 21/33 LBPM et dans 3/5 plasmocytome/myelome, mais
dans aucun autre lymphome B à l’exception d’1/33 LGCB-NM. La lignée MedB-1 exprime
également la protéine MAL. Parmi les lymphomes T, MAL est fortement exprimé dans les
lymphomes lymphoblastiques T (5 cas positifs sur 6), alors que la majorité des lymphomes
T périphériques « matures » sont négatifs (27/28), à l’exception d’un lymphome
anaplasique T.
Parmi les lymphomes de Hodgkin, 3 lymphomes de Hodgkin classiques de type
scléronodulaire et de localisation médiastinale montraient des cellules de Reed Sternberg
87
présentant une immunoréactivité, et tous les lymphomes de Hodgkin nodulaires à
prédominance lymphocytaire étaient négatifs.
Conclusion
Cette étude est la première analyse du profil d’expression de la protéine MAL dans
la lignée lymphoïde dans des conditions physiologiques. Elle confirme que l’expression de
la protéine MAL est essentiellement restreinte à la lignée lymphoïde T, avec une
expression fréquente dans les lymphocytes T CD4+ du sang circulant et que MAL n’est pas
habituellement exprimée dans la lignée lymphoïde B, en dehors d’une sous-population très
restreinte de lymphocytes B de la médullaire thymique et de quelques plasmocytes des
zones interfolliculaires.
L’expression de la protéine MAL dans une petite proportion de lymphocytes B de la
médullaire thymique conforte l’hypothèse que les LBPM dérivent de cette population
particulière de lymphocytes. On peut s’interroger sur le fait que seule une proportion de ces
lymphocytes expriment MAL. L’analyse des lymphocytes de la médullaire thymique
montre que ces lymphocytes sont hétérogènes sur le plan morphologique,
immunohistochimique et génotypique (cf chapitre lymphocytes B thymiques). D’autre part,
l’expression de MAL dans les myélomes et dans des plasmocytes suggère que cette
expression peut être en rapport avec un stade de différenciation très tardif. Ces données
permettent d’émettre l’hypothèse que les LBPM dérivent de lymphocytes B de la
médullaire thymique qui expriment MAL à un stade tardif de différenciation.
Concernant l’analyse des lymphomes, cette étude confirme les données de notre
première étude montrant une expression différentielle et récurrente de la protéine MAL
dans près de 2/3 des LBPM, alors que la très grande majorité des LGCB-NM sont négatifs.
88
D’autre part, la lignée Med-1 dérivée d’un LBPM exprime MAL en immunohistochimie.
L’expression de MAL apparaît donc comme un marqueur moléculaire distinct des LBPM.
Un autre résultat est particulièrement intéressant. Trois des lymphomes de Hodgkin
classiques (LHc) présentent des cellules tumorales de Reed Sternberg exprimant MAL. Le
LHc de présentation médiastinale, en particulier lorsqu’il s’agit d’une forme histologique
riche en cellules tumorales, ou exprimant le CD20, est le diagnostic différentiel le plus
fréquent des LBPM. L’analyse de l’expression de MAL peut être utile pour distinguer ces 2
entités, mais il faut garder à l’esprit que 10% des LHc sont susceptibles d’exprimer MAL.
D’autre part, l’expression commune de MAL dans ces 2 entités suggère que LHc et LBPM
pourraient avoir une origine commune et que certains cas de LHc pourraient avoir une
origine B thymique. Les études moléculaires et les résultats des analyses par micropuces
publiées récemment montrent que ces 2 entités présentent des altérations moléculaires
communes (93,121).
89
IV-3.3. Le gène MAL
Introduction
Le gène MAL a été identifié lors d’une analyse différentielle de lignées leucémiques
T à la recherche de transcrits associés aux stades intermédiaires et tardifs de la
différenciation T intrathymique (145). Par la suite, son expression a été observée dans les
cellules productrices de myéline chez le rat et dans des lignées épithéliales dérivées de rein
de chien et de thyroïde de rat (147-149). Ce gène code pour une protéine hydrophobe située
dans les microdomaines membranaires riches en glycosphingolipides (GEMs). Cette
protéine intervient dans la stabilisation des microdomaines membranaires, dans la
machinerie de transport intracellulaire et pourrait jouer un rôle dans la transduction du
signal (146,150-154).
IV-3.3.1. Le gène MAL
a. Clonage de l’ADNc MAL
L'ADNc MAL a été cloné dans quatre espèces de mammifères différentes, l'homme,
le chien, le rat et la souris. La structure génomique de MAL ainsi que son organisation en
introns et exons a été caractérisée chez l'homme et la souris.
L'ADNc humain MAL a été initialement isolé par Alonso et al en 1987 lors de la
recherche de gènes exprimés pendant l'ontogénie T intra-thymique (145). En utilisant une
technique d'hybridation soustractive pour comparer les transcrits exprimés dans la lignée
leucémique T CCRF HSB-2 (stade de différenciation I, marqueurs T restreints à CD10) à la
lignée MOLT-4 (stade de différenciation II, marqueurs T exprimés: CD5, CD4, CD1, CD8,
90
CD2), les auteurs ont isolé un ARNm dont l'expression était associée au stades
intermédiaires (stade II) et tardifs (stade III) de la différenciation T intra-thymique.
Tableau VI: Immunophénotype de surface de cellules T leucémiques (145)
Lignées T CD5 CD3 CD4 CD1 CD8 CD10 CD2 TCR α α α α TCR ββββ
MAL ARNm
Stade de differenciation
CCRF HSB-2 - - - - - + - - + - I CCRF CEM + - + - + + - - + - I/II MOLT-4 + - + + + + + - + + II HPB-ALL + + + + + + + + + + II/III Jurkat + + + - + + + + + + II/III abréviation : TCR, récepteur T pour l’antigène
Chez le rat, le gène rMAL a été identifié lors de la recherche de nouveaux gènes
spécifiquement exprimés par les oligodendrocytes en utilisant une technique de criblage
différentiel d’une banque d’ADNc établie à partir de cordons de moëlle épinière d’un rat de
16 jours (147). L’ARNm rMAL a été identifié parmi d’autres transcrits codant pour des
protéines de la myéline. Parallèlement, la protéine rMAL a été isolée dans la fraction
membranaire insoluble aux détergents des oligodendrocytes et a été appelée « myelin
vesicular protein 17 » (MVP17) (155).
L’homologue murin mMAL a été cloné chez la souris en criblant une banque
d’ADNc de cerveau de souris avec une sonde rMAL (156).
Chez le chien, le clonage de l’ADNc codant pour la protéine VP17 (vesicular
integral protein 17), impliquée dans le transport intracellulaire dans les cellules épithéliales
rénales Madin-Darby (Madin-Darby Canine Kidney cells ou MDCK), a montré que cette
protéine est homologue aux protéines MAL humaine et du rat (148).
Les ARNm MAL humain et canin présentent une taille de 1,1 Kb, alors que chez la
souris et le rat la taille de l’ARNm est de 2,2 Kb (tableau II). Ces différences sont liées à
des variations de longueur de la région 3' non-codante.
91
Tableau VII. Homologues du gène MAL dans différentes espèces
Nom Espèce Source/clonage ARNm (kB)
hMAL humain lignées T 1,1
rMAL (MVP17) rat oligodendrocytes 2,2
mMAL souris cerveau 2,3
cMAL (VIP17) canin cellules MDCK 1,1
b. Organisation génomique du gène MAL
Le gène humain MAL est situé sur le bras long du chromosome 2 dans la région
2cen-q13 (157). Il est constitué de 4 exons interrompus par 3 introns et s’étend sur 21Kb
d’ADN génomique. L’organisation du gène murin est similaire (156,158). Différents
ARNm MAL résultant d’un épissage alternatif ont été identifiés dans les lignées T (159).
c. Protéine MAL dans les différentes espèces et protéines homologues.
La protéine MAL humaine est une protéine de 153 acides aminés très hydrophobe,
de masse moléculaire 16,7 kDa. Les protéines MAL humaine, de rat, de souris et de chien
présentent une forte homologie (86-89 %) entre elles. Plusieurs ARNm codant pour des
protéines ayant des homologies significatives avec la protéine MAL ont été identifiés (160)
(Tableau III).
Les 4 protéines MAL, BENE, la plasmolipine et MAL2 font partie d’un groupe de
protéolipides qui possèdent d’après leur profil d’hydrophobicité 4 domaines
transmembranaires, et qui ont pour dénominateur commun une séquence en acides aminés
(Q/Y)GWVM(F/Y)V(S/A)(V/L) située à la jonction entre la première boucle
extracellulaire et le deuxième domaine transmembranaire. Le rôle de cette séquence, qui
est spécifique des protéines de la famille MAL, n’est pas déterminé. Ces 4 protéines MAL,
92
BENE, la plasmolipine et MAL2 sont solubles dans les solvants organiques et résident
dans les microdomaines membranaires enrichis en glycolipides.
Tableau VIII. Protéine MAL dans les différentes espèces et protéines homologues.
Nom Espèce Source/clonage Homologie avec
hMAL (aa)
hMAL humain lignées T 100%
rMAL (MVP17) rat oligodendrocytes 89%
cMAL (VIP17) canin cellules MDCK 88%
mMAL souris cerveau 86%
BENE humain ADN génomique 41%
hPlasmolipine humain nerf sciatique 29%
hMAL2 humain sein 36%
L’ARNm du gène BENE a été initialement cloné lors de la recherche de gènes
situés à proximité du locus de la chaîne kappa des immunoglobulines (161). Ce gène est
situé dans la région chromosomique 2q13. Contrairement à L’ARNm MAL, l’ARNm
BENE n’est pas exprimé dans le cerveau, ni dans le thymus et la rate, mais essentiellement
dans la prostate, le testicule, l’intestin, le cœur, et le poumon. Dans les lignées, son
expression est détectée dans la lignée PC3 dérivée d’un cancer de la prostate, dans la lignée
épithéliale rénale A498, dans la lignée HeLa dérivée d’un cancer du col utérin, et dans la
lignée endothéliale ECV304 (162). En revanche, il n’existe pas d’expression de BENE dans
les lignées T Jurkat et HPB-ALL, la lignée MDCK, et la lignée hépatique HepG-2. Ce gène
code pour un protéolipide de 153 acides aminés et d’un poids moléculaire de 17 kDa.
L’homologie en acides aminés avec la protéine MAL est de 41%. Il a été montré
récemment que cette protéine était localisée dans les GEMs de la lignée endothéliale
ECV304 et dans les cellules endothéliales humaines (162).
93
L’ARNm de la plasmolipine a été initialement isolé chez le rat (156,163). Chez
l’homme, le gène de la plasmolipine est situé dans la région chromosomique 16q13 (164).
La plasmolipine est un protéolipide qui fait partie de la famille des protéines de la myéline.
Chez le rat, elle est exprimée dans une sous-population de neurones du système nerveux
central, dans les oligodendrocytes, les cellules de Schwann, et dans les cellules épithéliales
des tubules rénaux (165). Comme MAL et BENE, cette protéine est retrouvée dans la
fraction membranaire insoluble aux détergents (166). L’homologie en acides aminés de la
plasmolipine humaine avec la protéine hMAL est de 29%. Récemment, chez l’homme, les
expériences de Western blot ont montré une expression de la plasmolipine dans le thymus,
le testicule, le poumon, et la thyroïde (164). Sa fonction exacte n’est pas encore clairement
établie.
Une nouvelle protéine appartenant à la famille des protéines MAL, appelée MAL2,
a été récemment identifiée (167). Chez l’homme, ce gène est situé dans la région
chromosomique 8q23. Les transcrits MAL2 sont exprimés dans le rein, le foie, le poumon
et le cerveau mais ne sont pas exprimés dans le thymus, la rate et les lymphocytes du sang
circulant. Dans les lignées, les transcrits MAL2 sont exprimés dans la lignée hépatocytaire
HepG2A et la lignée MCDK, mais à la différence de MAL, les transcrits MAL2 ne sont pas
exprimés dans les lignées leucémiques Jurkat et HPB-ALL. La protéine MAL2 présente
36% d’homologies en acides aminés avec la protéine MAL. Elle réside dans les GEMs des
cellules HepG2 et est impliquée dans les phénomènes de transcytose (168).
IV-3.3.2.Expression de MAL dans le système nerveux central et périphérique
Chez le rat, les transcrits rMAL sont détectés dans les oligodendrocytes du système
nerveux central et dans les cellules de Schwann du système nerveux périphérique
(147,169). Les expériences d’immunoblot de protéines de la myéline et
94
d’immunohistochimie sur coupes de tissus nerveux montrent que la protéine rMAL est un
composant de la myéline. La protéine rMAL appartient à la superfamille des protéines à 4
domaines hydrophobes, dont font partie les protéines de la myéline PMP-22 (peripheral
myelin protein 22) (170), PLP (brain myelin proteolipid) (171), la Connexine 32 (gap
junction protein) (172) et la plasmolipine (165).
L’étude de l’expression de rMAL lors du développement embryonnaire et postnatal
montre que dans le système nerveux central, cette expression apparaît lors de la phase
tardive de la myélinisation. En revanche, dans le système nerveux périphérique,
l’expression de rMAL est détectée de façon très précoce, avant le début de la myélinisation,
dans les cellules de Schwann immatures, suggérant un rôle possible de MAL dans le
processus de différenciation des cellules de Schwann et l’initiation de la myélinisation
(173). L’expression de la protéine MAL lors de la maturation des oligodendrocytes et de la
phase de myélinisation précoce chez le rat est modulée par l’hormone thyroïdienne (174).
La protéine rMAL pourrait jouer un rôle dans la formation de la myéline, et/ou par
analogie aux autres protéines de la myéline, participer à la formation de pores
transmembranaires permettant le transport de petites molécules (175).
Chez l’homme, le transcrit MAL est détecté dans le cerveau humain en Northern
blot. Contrairement au rat, les transcrits MAL sont fortement exprimés dans les neurones du
cortex cérébral mais pas dans la substance blanche en hybridation in situ. L’expression de
la protéine MAL est détectée en immunohistochimie dans les sections nerveuses (176).
L’expression de MAL est induite lors de la différenciation des cellules embryonnaires
carcinomateuses humaines NTERA2 vers la lignée neuronale sous l’action de l’acide
rétinoïque (177).
95
IV-3.3.3.Expression de MAL dans les cellules épithéliales
a. expression de MAL dans les cellules épithéliales du rein.
Chez le rat et la souris, les transcrits MAL sont faiblement exprimés dans le rein en
Northern blot (147,156).
Chez le chien, la protéine cMAL a été isolée à partir des complexes membranaires
insolubles aux détergents des cellules rénales MDCK (147,148).
Chez l’homme, les études immunohistochimiques réalisées à l’aide d’un anticorps
anti-MAL sur des coupes tissulaires de rein, montrent une expression de la protéine MAL à
l’apex des cellules épithéliales cuboïdales bordant les tubules proximaux et les tubes
collecteurs (176). L’expression de MAL est associée à la différenciation de l’urothélium in
vitro (178).
b. expression de MAL dans les autres tissus épithéliaux.
En dehors du rein, les transcrits et la protéine MAL sont détectés dans d’autres
tissus épithéliaux. Chez les rongeurs, la protéine MAL est détectée dans l’épithélium
gastrique et œsophagien, et dans la lignée épithéliale FRT dérivée de la thyroïde de rat
(149,179).
Chez l’homme, l’analyse de l’expression de MAL en immunohistochimie à l’aide
de l’anticorps anti-MAL sur coupes de tissus fixés et inclus en paraffine, montre que cette
expression est détectée dans presque tous les épithéliums de l’organisme à quelques
exceptions près, comme les tubules rénaux distaux et les épithéliums malpighiens
kératinisés (176). Cette expression est particulièrement nette dans les épithéliums dont les
cellules ont une fonction sécrétoire comme la thyroïde, les cellules pariétales des glandes
gastriques, ou les cellules des acini pancréatiques, où l’expression de MAL est détectée
96
sous la forme de granulations intracytoplasmiques qui prédominent dans la partie apicale
de la cellule épithéliale.
IV-3.3.4.Expression de MAL dans les lymphocytes
Chez l’homme, le gène MAL a été identifié initialement comme un gène associé
aux stades tardifs de la différenciation T (145). Les études en Northern blot montrent que
l'ARNm MAL est détecté dans les lignées T relativement matures comme MOLT-4, HPB-
ALL et Jurkat, mais est absent des lignées CCRF HSB-2 et CCRF CEM plus immatures.
Le transcrit MAL est également détecté dans les lymphocytes T du sang périphérique, dans
les thymocytes et dans des clones T matures CD4+ ou CD8+ (145,158,159). Nous avons
nous-même montré que la protéine MAL est exprimée dans les thymocytes, et par
cytométrie en flux que l’expression de MAL est essentiellement observée dans les
lymphocytes T CD4+ périphériques, et de façon moins importante dans les lymphocytes T
CD8+ périphériques.
Dans les tissus lymphoïdes, la protéine MAL n’est généralement pas exprimée dans
les territoires B, en dehors d’une sous-population très restreinte de lymphocytes B de la
médullaire thymique et de quelques plasmocytes des zones interfolliculaires (180). Dans
les lignées lymphoïdes B, la plupart des lignées B analysées n’expriment pas le transcrit
MAL, en dehors des 2 lignées B dérivées de LBPM, MedB-1 et Karpas 1106.
Chez le rat et la souris, l’expression de MAL dans les tissus lymphoïdes a été très
peu étudiée. Dans ces études, les transcrits MAL ne sont pas détectés dans le thymus
contrairement à l’homme (147,156).
97
IV-3.3.5.Association de MAL avec les glycosphingolipides et implications
fonctionnelles
La protéine MAL est un composant des GEMs de nombreux types cellulaires. Les
GEMs sont des microdomaines membranaires enrichis en cholestérol et en
glycosphingolipides, formant de véritables « plate-formes » mobiles par rapport aux
phospholipides que les Anglais nomment rafts. Ils sont abondants à la surface membranaire
mais sont également trouvés à l’intérieur du cytoplasme dans des compartiments
d’endocytose ou d’exocytose. Ce sont des structures dynamiques qui bougent latéralement
le long de la membrane plasmique mais qui naviguent aussi en permanence entre la
membrane et les compartiments intracellulaires comme l’appareil de Golgi. Les rafts
contiennent différents types de protéines : des protéines ancrées par un glycosyl-
phosphatidylinositol (GPI), des protéines transmembranaires et des tyrosines kinases de la
famille Src. Ces rafts jouent un rôle important dans le transport des protéines et des lipides
du compartiment intracellulaire à la surface plasmique. Ils constituent également de
véritables plates-formes où se rassemblent certaines protéines intervenant dans la
transmission du signal cellulaire et jouent à ce titre un rôle majeur dans la signalisation
(181).
Initialement identifiée dans les GEMs des cellules MDCK (148), la protéine MAL a
par la suite été identifiée dans les GEMs d’oligodendrocytes matures en culture (155). Dans
les lymphocytes T, MAL est observée dans les GEMs des cellules Jurkat et des
lymphocytes T périphériques (146,153). MAL est également un composant des GEMs de
cellules épithéliales polarisées de la thyroïde (149).
98
Quelles sont les implications fonctionnelles de la présence de MAL dans les
GEMs ?
Dans les cellules épithéliales polarisées, MAL joue un rôle important dans le
transport des molécules. Dans les cellules MDCK, les expériences en immunofluorescence
montrent que la protéine cMAL est localisée dans la région périnucléaire, correspondant à
l’appareil de Golgi, dans les vésicules intracytoplasmiques et à la surface de la membrane
plasmique (148). La déplétion de la protéine MAL endogène dans les cellules MDCK
réduit considérablement le transport de protéines à GPI et de l’hémaglutinine du virus
influenza à la surface de la membrane (151,152,154). MAL apparaît comme une molécule
itinérante qui réalise un cycle permanent entre le réseau transgolgien et la membrane
plasmique (182). L’expression ectopique de MAL dans des cellules d’insectes induit la
formation de vésicules différentes de celles induites par l’expression de la cavéoline 1
(150). L’ensemble de ces données suggère que MAL joue un rôle important dans
l’organisation et la stabilisation de ces microdomaines membranaires dans les cellules
épithéliales polarisées, et dans le transport des molécules de l’appareil de Golgi à la surface
apicale de la cellule.
Dans le système nerveux, MAL est un constituant de la myéline. Du fait de son
association aux glycosphingolipides, elle pourrait contribuer à la stabilisation de la gaine de
myéline.
MAL est également exprimée dans les rafts des lymphocytes T. Etant donné le rôle
de MAL dans les cellules épithéliales polarisées, il est tentant de penser que MAL est
impliqué dans le fonctionnement et l’organisation de ces microdomaines membranaires
dans les lymphocytes T. Les GEMs des lymphocytes T renferment des protéines à GPI
comme la molécule d’activation CD59, et des tyrosines kinases de la famille Src. Des
expériences de co-immunoprécipitation avec l’anticorps anti-MAL montrent que MAL est
99
associée avec CD59 ainsi qu’avec la tyrosine kinase lck dans les GEMs des cellules de la
lignée T HPB-ALL et les lymphocytes du sang périphérique. Il a été suggéré que la
protéine MAL pourrait servir de protéine de liaison entre les protéines à GPI situés à
l’extérieur de la membrane et les tyrosines kinases intracellulaires, et jouer ainsi un rôle
dans la transduction du signal dans les lymphocytes T (146).
IV-3.3.6. MAL et la pathologie tumorale
a. MAL et lymphomes T cutanés.
Le gène MAL a récemment été identifié comme un gène associé à la résistance des
lymphomes T cutanés au traitement par l’interféron-α (IFNα) (183). Les auteurs ont
comparé par des micropuces à ADNc une lignée dérivée d’un lymphome T cutané appelé
Mycosis fungoïde (MF) sensible à l’ IFNα, à la même lignée rendue résistante à l’IFNα. Le
gène MAL figure parmi les 39 gènes identifiés associés à la résistance à l’ IFNα. De plus,
l’analyse de l’expression de la protéine MAL dans les tumeurs de 20 patients atteints de
MF par immunohistochimie montre une corrélation significative entre l’expression de
MAL par les cellules tumorales et l’allongement du délai de réponse au traitement.
L’expression de MAL apparaît donc comme un facteur prédictif de mauvaise réponse à l’
IFNα dans le Mycosis Fungoïde.
b. MAL et cancer de l’œsophage.
Mimori et al ont montré que l’expression de MAL était réduite ou absente dans les
carcinomes oesophagiens comparativement à l’épithélium oesophagien normal (184).
L’expression de MAL induite par transfection dans une lignée épithéliale TE3 dérivée d’un
carcinome de l’œsophage réduit sa croissance, sa motilité, bloque les cellules à la phase
100
G1/S du cycle cellulaire et augmente l’apoptose. Dans ce système, MAL apparaît comme
ayant un rôle de gène suppresseur de tumeur.
IV-3.3.7. Conclusion
MAL est un protéolipide exprimé dans un spectre très large de tissus épithéliaux.
Les expériences in vitro réalisées sur la lignée épithéliale MDCK et la lignée épithéliale
FRT dérivée de la thyroïde de rat, ont permis d’avancer considérablement sur les fonctions
de cette protéine. Sa localisation dans les GEMs de différents types cellulaires, son rôle
dans l’induction de la vésiculation souligne son importance fonctionnelle dans le transport
de molécules de l’appareil de Golgi à la surface apicale de la cellule.
Le rôle exact de la protéine MAL dans les processus de signalisation intracellulaire
reste encore à définir. Les données sur la co-localisation de MAL avec des tyrosines
kinases et des protéines à GPI dans les GEMs des lymphocytes T suggèrent un rôle
possible de MAL dans la transduction du signal dans les lymphocytes T. Il est tentant de
penser qu’une modification de l’expression de MAL puisse induire une altération du
fonctionnement des rafts, et donc de la transduction du signal, et puisse entraîner une
dérégulation des mécanismes de contrôle de la croissance cellulaire.
101
IV-4. Mise en évidence d’une activation constitutive du gène FIG1 dans
les LBPM :
Article 3
« Interleukin 4-induced gene 1 is activated in primary mediastinal large
B-cell lymphoma »
Christiane Copie-Bergman, Marie-Laure Boulland, Catherine Dehoulle, Peter Möller, Jean-
Pierre Farcet, Martin J.S. Dyer, Corinne Haioun, Paul-Henri Roméo, Philippe Gaulard, and
Karen Leroy.
Blood 101:2756-2761, 2003.
102
But de l’étude
Le but de cette étude était de poursuivre la caractérisation moléculaire des LBPM et
d’identifier un profil d’expression génique spécifique de cette entité, ceci afin de mieux
comprendre les mécanismes moléculaires impliqués dans le développement de ces
lymphomes. Nous avons pour cela utilisé la technique de « Representational Difference
Analysis » (RDA) pour rechercher des transcrits différentiels entre les LBPM et LGCB-
NM (Annexe 2).
Matériel et méthodes
Matériel
Quarante cinq cas de lymphomes pour lesquels du matériel congelé et du matériel
fixé et inclus en paraffine ont été sélectionnés dans les archives du département de
Pathologie de l’hôpital Henri Mondor. Cette série comportait : 17 LBPM, 18 LGCB-NM, 2
leucémie lymphoïde chronique B (LLC-B), 2 lymphomes dérivés des cellules du manteau,
2 lymphomes de Burkitt, 2 lymphomes folliculaires, 2 lymphomes de la zone marginale
ganglionnaires.
Des tissus lymphoïdes contrôles ont été analysés : une amygdale, 3 ganglions
lymphoïdes réactionnels, une rate et un thymus d’un fœtus de 40 semaines de gestation.
Les suspensions cellulaires B purifiées ont été obtenues par tri magnétique à partir
d’amygdales, et ont été activées pendant 6 jours en présence d’IL-4 et de cellules murines
transfectées avec un plasmide codant pour le ligand de CD40.
Les lignées B suivantes ont été utilisées : les lignées lymphoblastiques RS 4 :11,
Nalm6, Nalm16, et 697 ; la lignée Ramos dérivée d’un lymphome de Burkitt ; la lignée RL
porteuse de la translocation t(14 ;18) ; et 2 lignées dérivées de lymphome du médiastin,
Karpas 1106 et MedB-1. D’autres lignées hématopoïétiques (les lignées T Jurkat,
103
SUDHL1, Peer et DU528 et leucémiques erythro-mégacaryocytaire HEL) et non-
hématopoïétiques (la lignée hépatoblastique HepG2, la lignée dérivée d’un mélanome
MZ2, et la lignée épithéliale Hela) ont été étudiées.
Méthodes
Méthode du RDA
Le principe de la méthode est exposé dans l’annexe 2. Pour cette étude, nous avons extrait
l’ARN de 5 LBPM et de 5 LGCB-NM à partir de tissu tumoral congelé à l’aide du réactif
TRIZOL. Les ARN totaux (2µg) de 5 LBPM d’une part et de 5 LGCB-NM d’autre part ont
été mélangés pour préparer les ARN polyA+ des LBPM et des LGCB-NM par purification
sur billes d’oligodT (Dynal). Une transcription inverse de ces ARN polyA en ADNc double
brin a été réalisée, puis ceux-ci ont été digérés par l’enzyme de restriction DpnII. La
procédure de RDA a été ensuite conduite selon le protocole de référence (142) avec les 2
étapes d’hybridation soustractive et d’amplification sélective, les ADNc des LBPM
constituant la population tester et les ADNc des LGCB-NM constituant la population
driver.
Northern blot
L’ARN total a été extrait du matériel tumoral congelé ou des lignées à l’aide du réactif
TRIZOL. Après dénaturation et migration sur gel d’agarose, les ARN ont été transférés sur
membrane et hybridés à l’aide d’une sonde FIG1 marquée au α-32P. Une sonde spécifique
du gène β-actine était utilisée comme contrôle.
Séquençage
L’ADN des plasmides et des produits de polymérisation en chaîne (PCR) ont été séquencés
à l’aide du kit Applied Biosystem PRISM Dye-dideoxy terminator et Dye-Primer. Les
réactions de séquence ont été analysées sur séquenceur automatique ABI 377 (Applied
Biosystem).
104
RT-PCR quantitative
Les différents échantillons ont été analysés en transcription inverse-polymérisation en
chaine (RT-PCR) quantitative afin de définir un ratio entre la quantité de transcrit FIG1
rapporté à la quantité d’un transcrit de référence du gène S14 dans chaque échantillon.
Analyse statistique
Pour tester les différences entre le groupe de LBPM et le groupe des LGCB-NM, nous
avons comparé les ratio des ARNm FIG1/S14 à l’aide d’un test de Fisher et d’un test
Mann-Whitney U test.
Extraction d’ADN et analyse en Southern Blot
L’ADN génomique de 5 LBPM, de 5 LGCB-NM et des lignées MedB-1 et Ramos a été
extrait par digestion à la protéinase K, extraction au phénol-chloroforme et précipitation à
l’éthanol. Après digestion par l’enzyme de restriction EcoRI, les fragments d’ADN ont été
séparés par électrophorèse sur gel d’agarose 0,8%, transférés sur membrane N+. Celle-ci a
ensuite été hybridée à l’aide d’une sonde FIG1 correspondant aux nucléotides 444 à 852 de
l’ADNc FIG1, et s’hybridant avec les exons 5,6 et 7.
Résultats
L’analyse comparative par RDA des représentations des LBPM et des LGCB-NM, a
permis d’obtenir après 2 cycles d’hybridation soustractive-amplification un produit
différentiel DP2 contenant 14 fragments d’ADNc issus de 9 gènes différents et exprimés de
façon différentielle dans la représentation d’ADNc LBPM comparée à la représentation
LGCB-NM (Tableau IX).
105
Tableau IX : Fragments de RDA exprimés de façon différentielle dans la
représentation d’ADNc LBPM comparée à la représentation LGCB-NM
N° accession Genbank Identité
AF 293462 Interleukin-4-induced gene 1 (FIG1/IL4I1)
U42594 Fibronectin splice variant
U20285 G-protein pathway suppressor 1
Z11692 Elongation factor 2
AF 129085 Carboxy terminus of Hsp70-interacting protein
M14058 Complement C1r
NM004244 CD163 antigen
M61771 Immunoglobulin lambda light chain C-region
L00022 Immunoglobulin heavy chain epsilon 1C-region
Un des fragments isolé par cette technique s’est révélé être homologue au transcrit
du gène FIG1/IL4I1 (interleukin Four Induced Gene 1), qui est un gène de réponse précoce
à l’interleukine 4 (IL-4), initialement décrit chez la souris et plus récemment chez l’homme
(185-187).
Nous avons montré par Northern Blot que le transcrit FIG1 humain, d’environ 2000
nt, était fortement exprimé dans tous les LBPM (5/5), et peu ou pas exprimé dans les
LGCB-NM (0/5), utilisés pour construire les représentations.
Nous avons déterminé la séquence de l’ARNm FIG1 humain. La protéine de 567 aa
codée par cet ARNm possède un peptide signal, appartient à la famille des L amino-acide
oxydases (LAOs) et présente de fortes homologies avec 2 flavoprotéines capables d’induire
106
l’apoptose lorsqu’elles sont sécrétées : l’Apoxine I (protéine de venin de serpent), et une
amino-acide oxydase du réticulum endoplasmique de poisson (ERL-LAO) (188-190).
L’étude de l’expression du gène FIG1 par Northern Blot et RT-PCR quantitative
montre une expression essentiellement restreinte aux tissus lymphoïdes, avec une
expression faible à l’état basal dans le thymus, la rate, l’amygdale et les ganglions
lymphatiques et une forte induction dans les lymphocytes B normaux stimulés par l’IL-4 et
le ligand de CD40. Dans les lignées B testées, cette expression est restreinte aux lignées
Karpas 1106 et MedB-1 dérivées de LBPM. Dans les lymphomes, les LBPM présentent
une expression de FIG1 significativement plus élevée que dans les LGCB-NM, les
hémopathies lymphoïdes B à petites cellules testées, et les tissus lymphoïdes normaux.
L’étude en Southern Blot n’a pas permis de détecter de réarrangement ou d’amplification
génique du gène FIG1 dans les LBPM.
Conclusion
En utilisant la méthode du RDA (141) pour comparer les transcrits des LBPM et
des LGCB-NM puis les techniques de Northern blot et de RT-PCR, nous avons mis en
évidence une activation transcriptionnelle du gène FIG1 dans les LBPM. Le gène FIG1 a
été initialement identifié chez la souris puis chez l’homme, comme un gène de réponse
précoce des lymphocytes B à l’IL-4 (185,187). L’induction est obtenue dans les 2 heures
qui suivent l’incubation des lymphocytes B avec l’IL-4, mais n’est pas observée en
présence d’IL-2, d’IL-5 et d’IL-6 (186). Il a été montré que cette induction était dépendante
du facteur de signalisation et de transcription STAT6 (191).
En l’absence de réarrangement ou d’amplification génique de FIG1 détectable par
Southern blot, l’expression différentielle de FIG1 dans les LBPM pourrait être liée à
l’activation constitutive d’une voie de signalisation cytokinique, notamment celle de l’IL-4
107
ou encore de l’IL-13, ces 2 cytokines ayant une voie de signalisation commune (192).
L’analyse des échantillons de LBPM par RT-PCR quantitative n’a pas permis de détecter
une expression significative d’IL-4 ou d’IL-13, permettant d’exclure l’hypothèse d’une
boucle autocrine ou paracrine. L’activation de FIG1 pourrait être liée à un évènement
oncogénique, notamment l’amplification du gène JAK2 qui siège dans une région
chromosomique (9p23) fréquemment amplifiée dans les LBPM (74). Le gène JAK2 code
pour une kinase impliquée dans la voie de signalisation IL-4/IL-13 (193) et son rôle
éventuel dans l’activation transcriptionnelle de FIG1 est à explorer
L’expression du gène FIG1 est fortement induite dans les lymphocytes B activés in
vitro en présence d’IL-4 (185-187). Il est possible que son expression dans les LBPM
reflète simplement le stade de différenciation de la cellule B à l’origine de ces lymphomes.
Ceci favoriserait l’hypothèse que ces lymphomes appartiennent au groupe des LGCB de
type « ABL » (Activated B-like DLBCL), comme le suggère les études des gènes de
immunoglobulines dans les LBPM, qui montrent un taux élevé de mutations somatiques
sans variation intraclonale (62).
Le gène FIG1 code pour une protéine de 567 acides aminés qui présente un peptide
signal permettant soit la localisation membranaire, soit la sécrétion de la protéine. Cette
protéine contient plusieurs sites potentiels de N-glycosylation et de phosphorylation, ainsi
qu’un domaine de type L amino-acide oxydase (LAO). La protéine FIG1 humaine présente
une homologie de structure significative avec l’Apoxine I du venin de serpent et la L
amino-acide oxydase du réticulum endoplasmique de poisson (ERL-LAO) (33 et 41%
d’identité respectivement) (188-190). Les LAOs catalysent la déamination oxidative de L
amino-acides et induisent la production d’ammonium et de peroxide d’hydrogène (H2O2).
L’H2O2 induit l’apoptose et semble impliqué dans un spectre croissant de voies de
signalisation comme molécule de transduction du signal (194). D’autre part, certaines
108
LAOs ont été décrites comme étant impliquées dans les phénomènes d’adhésion cellulaire
(195). La fonction précise de la protéine FIG1 reste à déterminer, mais ces données
suggèrent que FIG1 pourrait présenter une activité LAO associée à des propriétés
proapoptotiques ou à d’autres fonctions émergeantes pour les ectoenzymes, comme la
signalisation ou l’adhésion.
Au total, nous avons mis en évidence une activation transcriptionnelle du gène
FIG1 dans les LBPM. Cette expression pourrait être le reflet d’une activation constitutive
des voies de signalisation dépendantes de l’IL-4/IL-13 dans les LBPM.
109
V. DISCUSSION, CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
110
Nous avons comparé dans cette étude le profil transcriptionnel de 2 groupes de
lymphomes, les lymphomes B à grandes cellules primitifs du médiastin et les lymphomes à
grandes cellules B périphériques. Le but de cette étude était d’identifier des marqueurs
moléculaires spécifiques des LBPM afin de permettre une meilleure identification de ces
lymphomes et de mieux comprendre les mécanismes oncogéniques impliqués dans le
développement des LBPM.
Nous avons identifié le gène MAL comme étant spécifiquement exprimé dans les
LBPM (180,196). L’expression de ce gène est détectée dans près de 70% des LBPM par
immunohistochimie à l’aide de l’anticorps anti-MAL et cette expression est reconnue
comme un marqueur moléculaire spécifique des LBPM dans la classification récente de
l’OMS (3,4). L’usage de l’anticorps anti-MAL en Anatomie pathologique constitue une
aide précieuse et contribuera certainement à mieux cerner cette entité très particulière de
lymphome. Le rôle précis de la protéine MAL dans la physiopathologie des LBPM reste
spéculatif. Cette protéine est impliquée dans l’organisation des GEMs de nombreux types
cellulaires et notamment des lymphocytes T et ceci nous amène à nous interroger sur le rôle
potentiel des GEMs dans le développement des lymphomes. Il s’agit d’un domaine encore
peu exploré, mais l’abondance des publications de ces 5 dernières années reflète l’intérêt
croissant que suscitent les GEMs dans de nombreux domaines, en particulier dans les
interactions cellules-cellules et l’activation lymphocytaire.
Le concept de plates-formes mobiles ou rafts a été introduit par Simons et Ikonen
en 1997 (181). Ce concept est basé sur le fait que la membrane plasmique d’une cellule
111
n’est pas homogène et qu’elle est constituée de microenvironnements lipidiques distincts.
Les rafts sont des microdomaines membranaires enrichis en glycosphingolipides et
cholestérol, appelés aussi GEMs (« glycosphingolipid enriched microdomains »). Ces
GEMs constituent des structures très organisées et mobiles par rapport aux phospholipides
de la membrane plasmique. Des protéines à GPI, des tyrosines kinases de la famille Src et
des protéines hétérotrimériques G sont présentes constitutivement ou recrutées après
activation de façon sélective dans les rafts où elles sont mises en contact avec leurs
protéines cibles et effectrices. Les GEMs sont impliqués dans de nombreux processus
cellulaires comme le trafic membranaire, la morphogenèse cellulaire et la signalisation. Ils
permettent la propagation transmembranaire de la majorité des signaux extracellulaires
médiés par des récepteurs. L’inclusion ou l’exclusion de certaines protéines des rafts
permet de réguler leur activité comme cela a été montré pour la tyrosine kinase p56lck et la
phosphatase CD45. La présence ou non de la phosphatase CD45 dans les rafts permet en
effet de réguler l’activité de la tyrosine kinase p56lck (197). Les rafts constituent ainsi de
véritables plates-formes de signalisation où se rassemblent les molécules intervenant dans
les différentes étapes de la transduction du signal.
Les rafts jouent un rôle important dans l’initiation de la réponse immune des
lymphocytes B et T. Ils interviennent dans la formation de la synapse immunologique entre
les lymphocytes T et les cellules présentatrices de l’antigène (APC) lors de la réponse
immune T (198-200). Suite à l’activation lymphocytaire T par la cellule APC, les rafts se
rassemblent et se réorganisent de façon à constituer une plate-forme où vont s’associer les
différentes molécules impliquées dans la signalisation T. Les molécules constitutivement
présentes dans ces rafts sont le corécepteur T CD4, la tyrosine kinase Lck, et les chaînes
CD3ζ, et l’adaptateur transmembranaire LAT (« Linker for Activation of T cells »). La
112
réorganisation des rafts après activation permet à la tyrosine kinase Lck de phosphoryler
les motifs ITAMs (Immunoreceptor Tyrosine based Activation Motif) des chaines
CD3ζ, où va venir se fixer la protéine ZAP70, qui va à son tour phosphoryler et activer la
phospholipase Cγ1 et la protéine LAT. Les protéines de costimulation comme CD28 jouent
en rôle majeur dans la réponse immune T en mobilisant les rafts vers la synapse
immunologique et en réorganisant le cytosquelette au site de contact entre le lymphocyte T
et la cellule APC.
Les rafts sont également impliqués dans l’intégrité et le fonctionnement des
uropodes des lymphocytes T (201). Sous certaines conditions, comme la ligation
d’anticorps à leur surface, l’exposition à des chemokines et à des médiateurs
proinflammatoires, les lymphocytes T deviennent des cellules polarisées. La cellule
présente alors un pôle frontal (« leading edge ») et une protrusion membranaire postérieure
appelée uropode. La formation de ces uropodes conditionne les propriétés migratrices et les
interactions cellules–cellules des lymphocytes T. Millan et al ont montré que, comme dans
les cellules épithéliales polarisées, les lymphocytes T utilisent les rafts comme système de
transport pour diriger spécifiquement certaines molécules comme les molécules d’adhésion
ICAM-3, CD43 et CD44 vers cette région membranaire polarisée. La rupture de l’intégrité
des rafts par des agents séquestrant le cholestérol induit la perte de la polarisation du
lymphocyte T et l’altération de ses capacités d’agrégation et d’interaction avec les autres
cellules, et de migration.
Les rafts sont impliqués dans les étapes précoces de la signalisation associées au
récepteur B pour l’antigène (BCR) et dans le ciblage de l’antigène vers les compartiments
intracellulaires où il va être dégradé en peptides et associé aux molécules du complexe
majeur d’histocompatibilité II (MHCII) (202). Après fixation de l’antigène au BCR, celui-
113
ci migre vers les rafts où il est mis en contact avec les différentes protéines qui vont
permettre d’initier la cascade de signalisation et la transcription des gènes associés à
l’activation lymphocytaire B. La tyrosine kinase Lyn qui réside dans les rafts va
phosphoryler les résidus tyrosine des motifs ITAM des chaînes Igα/Igβ associées au BCR
et va initier la transduction du signal. Le déplacement du BCR dans les rafts est influencé
par le stade de différenciation de la cellule (dans les cellules B immatures le BCR ne migre
pas dans les rafts), par la présence des corécepteurs comme le complexe CD19/CD21 qui
prolonge la présence du BCR dans les rafts, et par la présence d’agents pathogènes, qui
comme la protéine LMP2A du virus Epstein Barr (EBV) peuvent bloquer à la fois la
translocation du BCR dans les rafts et la signalisation du BCR (203).
Une étude récente sur le rôle du signalosome CD40 dans des lymphomes B
agressifs et les lignées lymphoïdes B qui en dérivent, illustre le rôle potentiel des rafts dans
le développement des lymphomes B (204). Une activation constitutive de la voie NF-kB
est observée dans des lignées dérivées de lymphomes B agressifs ainsi que dans les cellules
tumorales de patients atteints de lymphome B de haut grade. Dans ces cellules, l’activation
de la voie NFkB résulte de l’activation permanente de la voie de signalisation CD40-CD40
ligand (CD40L). CD40 est une protéine de 45 kDa appartenant à la famille des récepteurs
du TNF, qui est exprimée à la surface de tous les lymphocytes B matures et des cellules
tumorales qui en dérivent. L’activation de la voie de signalisation CD40 est liée à la
dérégulation de l’expression du gène CD154 codant pour le CD40L, entrainant une
production endogène ectopique de CD40L. Celui-ci vient se coupler au CD40 et entraine
une activation permanente du signalosome CD40. Le signalosome CD40 est un complexe
macromoléculaire ancré dans les rafts de la membrane cellulaire. Il résulte de l’assemblage
de CD40-CD40L avec les protéines de signalisation intracellulaires TRAF 2 et 6 (TNF
receptor-activating factor 2), et le complexe IKKα/β (I-kappa kinase complex). Dans une
114
cellule B normale, l’activation du CD40 et la réorganisation des rafts est induite par
l’interaction avec le CD40L exprimé à la surface du lymphocyte T. Dans les cellules
tumorales B coexprimant le récepteur et le ligand, les rafts sont réorganisés de façon
constitutive et le signalosome CD40 est constitutivement activé. L’activation de la voie
CD40 permet la translocation du facteur de transcription NF-kB vers le noyau et la
transcription de gènes impliqués dans le contrôle de la croissance et la survie cellulaire.
Dans cette étude, Pham et al ont montré que les différents composants du signalosome
CD40 étaient présents dans les rafts des cellules tumorales B où ils formaient un complexe
actif. Le traitement in vitro des cellules tumorales avec des anticorps anti-CD154 et anti-
CD40 entraine une altération du signalosome CD40, une diminution de la croissance
cellulaire, une augmentation de l’apoptose et une diminution de l’expression de NFkB dans
les cellules tumorales. Cette étude souligne le rôle des rafts dans l’oncogenèse B du fait de
leur action régulatrice de l’activité de certains complexes de signalisation.
De façon intéressante, l’efficacité de certains anticorps anti-CD20 utilisés dans le
traitement des lymphomes B est étroitement corrélée à leur capacité à redistribuer le
récepteur CD20 dans les rafts après ligation (205). Le CD20 est une protéine
transmembranaire non glycosylée exprimée par les lymphocytes B. Elle présente un court
domaine extramembranaire contre lequel sont dirigés les anticorps anti-CD20 utilisés en
thérapeutique. Le mode d’action de ces anticorps in vivo n’est pas clairement établi, mais
leur action toxique in vitro sur les cellules B implique une cytotoxicité médiée par le
complément (CDC) et par les anticorps (ADCC). Cragg et al ont montré récemment que
l’activation de la fraction lytique du complément induite par les anticorps anti-CD20 in
vitro était corrélée à leur capacité à transloquer le CD20 dans les rafts de la cellule
tumorale après ligation. Les anticorps anti-CD20 agissent également en modifiant la
115
stabilité et l’organisation des rafts, entrainant une perturbation des mécanismes de
signalisation cellulaire (206).
L’expression de la protéine MAL dans les rafts de nombreux types cellulaires
suggère que cette protéine puisse avoir une fonction régulatrice des rafts, par analogie avec
la cavéoline. La cavéoline est une protéine membranaire de 22kDa située dans des
microdomaines membranaires enrichis en cholestérol appelés cavéoles. Les cavéoles sont
des invaginations de la membrane plasmique qui existent dans la plupart des cellules, mais
qui sont absentes des lymphocytes. La membrane des cavéoles renferme de nombreuses
protéines à GPI rassemblées en complexes. La cavéoline est un substrat pour les tyrosines
kinases de la famille Src, et se complexe avec des protéines intégrées et des protéines à
GPI. Elle sert d’adaptateur et de vecteur d’information entre les protéines à GPI exposées à
la surface cellulaire et les protéines impliquées dans la signalisation intracytoplasmique, et
assure la régulation du fonctionnement des cavéoles (207).
Du fait de la coimmunoprécipitation de la protéine MAL avec la protéine à GPI
CD59 et avec les protéines kinases Src, Alonso et al ont suggéré que MAL pourrait jouer
dans les lymphocytes un rôle analogue à la cavéoline, comme adaptateur entre les protéines
à GPI et les Src kinases intracytoplasmiques, et avoir un rôle plus général de protéine
régulatrice des rafts dans les lymphocytes T. Si on suit cette hypothèse, on peut penser que
l’expression de la protéine MAL dans les rafts des cellules tumorales des LBPM peut avoir
pour conséquence une dérégulation de l’activité de certains complexes de signalisation et
intervenir dans le contrôle de la croissance cellulaire.
Le gène CAV1 codant pour la cavéoline est un gène suppresseur de tumeur situé sur
le chromosome 7q31, une région fréquemment délétée dans les tumeurs carcinomateuses
(208). L’expression de CAV1 est diminuée dans un grand nombre de lignées dérivées de
116
tumeurs carcinomateuses. La réexpression de la cavéoline 1 dans des lignées dérivées de
cancer mammaire réduit considérablement leur potentiel de croissance, suggérant que la
cavéoline 1 joue un rôle important dans la régulation de la croissance tumorale (209,210).
Sur le plan fonctionnel, la cavéoline 1 agit comme un régulateur négatif de la voie de
signalisation Ras-p42/44 MAP kinase, pouvant expliquer son activité suppresseur de
tumeur in vitro (211). D’autre part, il a été montré que la baisse d’expression de la
cavéoline 1 dans des lignées dérivées de cancer de la prostate permet de restaurer leur
sensibilité aux androgènes (212).
L’ensemble de ces données montre le rôle important de la cavéoline dans la
transmission du signal cellulaire et dans le contrôle de la croissance tumorale. La protéine
MAL et la cavéoline 1 résident dans des microdomaines différents, mais elles présentent de
grandes similitudes fonctionnelles. Comme la cavéoline 1, MAL est impliquée dans le
transport et le ciblage de certaines protéines à la membrane dans les cellules épithéliales
polarisées, et il a récemment été suggéré que le gène MAL pouvait avoir un rôle de gène
suppresseur de tumeur dans des lignées dérivées de carcinome oesophagien (184).
Si dans les modèles des lignées épithéliales, il existe de grandes similitudes
fonctionnelles entre la cavéoline 1 et la protéine MAL, aucun rapprochement ne peut être
établi entre ces 2 protéines dans les cellules lymphoïdes et les lignées hématopoïétiques,
celles-ci étant habituellement dépourvues de cavéolines et de cavéoles. Hatana et al ont
cependant montré que certaines lignées leucémiques T présentant un phénotype activé
pouvaient exprimer la cavéoline 1 (213). Compte tenu de l’expression de la cavéoline dans
ces leucémies, et de MAL dans les LBPM, myelomes et lymphomes lymphoblastiques T, il
ne semble pas que ces protéines exercent un effet suppresseur de tumeur dans la lignée
hématopoïetique. De plus, même si la cavéoline se comporte comme un gène suppresseur
de tumeur dans des lignées cellulaires épithéliales en culture, il semble que sa réactivation
117
aux stades tardifs de tumorigénèse in vivo favorise la survie cellulaire, les métastases et la
chimiorésistance (214).
On peut aussi émettre l’hypothèse que l’expression de MAL dans les cellules
tumorales des LBPM est liée au degré de différenciation de la cellule néoplasique. A
l’appui de cette hypothèse, il est intéressant de constater que MAL est exprimé dans une
sous-population très restreinte de lymphocytes B, notamment dans les plasmocytes et les
tumeurs qui en dérivent, les plasmocytomes. L’expression de MAL pourrait donc
témoigner d’un stade de différenciation tardif de la cellule B, post-centre germinatif,
comme le suggère les résultats de l’étude de Möller et al, qui montre que ces lymphomes
présentent des gènes d’immunoglobulines avec un taux élevé de mutations somatiques sans
variation intraclonale (62). Ceci pourrait également suggérer que la sous-population de LBt
de la médulla qui exprime physiologiquement MAL est à un stade tardif de différenciation.
Dans la deuxième partie de ce travail, nous avons mis en évidence une activation
transcriptionnelle du gène FIG1 dans les LBPM (215). Le gène FIG1 a été identifié chez la
souris comme un gène de réponse précoce à l’IL-4. Nous avons montré que l’expression de
ce gène est fortement induite dans les lymphocytes B humains activés par l’IL-4 et le
ligand de CD40. La protéine FIG1 présente des homologies de structure avec certaines L
amino-acide oxydases ayant des propriétés proapoptotiques via la production d’H2O2. Le
rôle potentiel de FIG1 dans la synthèse d’H2O2 ou comme molécule d’adhésion, comme
cela a été décrit pour certaines LAOs, reste à explorer.
L’intérêt majeur de cette deuxième étude est qu’elle nous oriente vers les
mécanismes physiopathologiques susceptibles d’être impliqués dans les LBPM, et
notamment vers une activation de la voie de signalisation dépendante de l’IL-4/IL-13.
118
L’expression de FIG1 est induite par l’IL-4 dans les lymphocytes B et sa transcription est
dépendante du facteur de signalisation et de transcription STAT6. L’IL-4 et l’IL-13 ont en
commun certaines étapes de la signalisation intracellulaire (figure 4).
Figure 4 : Voies de signalisation Il4/IL13
Il existe 2 types de récepteurs à l’IL-4. Le premier est constitué d’une chaîne IL4R-
α et de la chaine commune γ, le second est constitué de la chaine IL4R-α associé à la
chaine IL13Rα1. L’IL-4 peut se fixer sur ces 2 types de récepteurs, alors que l’IL-13 ne se
fixe que sur le second. Après la liaison du ligand, activation des JAKs associées, et
phosphorylation des chaînes des récepteurs, STAT6 active la transcription d’un ensemble
IL4-Rα chaîne γ commune
JAK1 P
PPPP
P
P FFIIGG11
TTCNNNNGAA
IL4-Rα IL13-Rαααα1
JAK2221
TYK2
IL4
PPPP
IL13
STAT6
JAK3 P P
P
P
P
119
de gènes responsables des propriétés physiologiques communes de ces 2 cytokines, comme
la stimulation de la prolifération lymphocytaire B et le switch des immunoglobulines. Les
mécanismes responsables de l’activation de cette voie de signalisation dans les LBPM
restent à définir. L’hypothèse d’une boucle autocrine ou paracrine a pu être éliminée, du
fait de l’absence ou de la très faible expression des transcrits IL-4 ou IL-13 dans les
échantillons tumoraux de LBPM et dans les lignées MedB-1 et Karpas 1106. Une
surexpression du gène JAK2, situé dans une région chromosomique (9p23) fréquemment
amplifiée dans les LBPM, pourrait en partie expliquer l’activation de cette voie de
signalisation.
Les données récentes sur l’analyse du transcriptome dans les LBPM confirment
l’hypothèse d’une dérégulation de la voie de signalisation cytokinique IL-4/IL-13 dans les
LBPM (93,121). Savage et al ont comparé le profil transcriptionnel de 34 LBPM et 176
LGCB-NM en utilisant des puces Affymetrix. Cette étude montre que les LBPM possèdent
une signature transcriptionnelle bien distincte de celle des LGCB-NM, caractérisée
essentiellement par : (1) une baisse de l’expression de différents constituants de la voie de
signalisation associée au BCR (IgM, kinase BLK, SAB, BLNK, PKCβ1, NF-AT, AKT1,
CD22); (2) une activation de la voie cytokinique IL-4/IL-13, comme en témoigne
l’augmentation de l’expression des différents effecteurs de la voie de signalisation
cytokinique IL-13, notamment l’IL13Rα1, JAK2 et STAT1, et les gènes cibles de l’IL-4/IL-
13 que constituent FIG1/IL4I4 et NF-IL3 ; (3) une activation de la voie NFkB, confirmée
par la mise en évidence en immunohistochimie d’une expression nucléaire de la sous unité
c-REL du complexe NFkB dans les cellules tumorales. Cette activation pourrait être liée à
l’augmentation de l’expression des membres de la famille TNF qui interagissent avec la
protéine de signalisation intracellulaires TRAF1 (TNF receptor-activating factor 1), et
120
activent secondairement la voie NFkB. L’expression de TRAF1 est observée dans les
cellules tumorales des LBPM par immunohistochimie.
Les LBPM se distinguent également des LGCB-NM par l’augmentation de
l’expression de la molécule d’adhésion LFA3 (CD58) et des composants de la matrice
comme la fibronectine et la métalloprotéinase 14. Cette étude, ainsi que l’analyse du
transcriptome par L Staudt, confirme que les 2 gènes MAL et FIG1 identifiés dans notre
étude, appartiennent à la signature transcriptionnelle des LBPM.
Si ces 2 études confirment que les LBPM possèdent une signature transcriptionnelle
bien distincte des LGCB-NM, elles dévoilent un aspect majeur des LBPM, qui est leur
grande similitude avec le lymphome de Hodgkin classique (LHc). La signature
transcriptionnelle des LBPM avec la perte partielle de l’identité B, l’activation des voies de
signalisation IL-4/IL-13 et NFkB est tout à fait comparable à celle du LHc. Il est à noter
que les gènes MAL et FIG1 qui appartiennent à la signature transcriptionnelle des LBPM
sont fortement exprimés dans les lignées dérivées de LHc. Les transcrits MAL sont détectés
en RT-PCR dans des cellules de Reed Sternberg microdisséquées à partir d’un échantillon
tumoral de LHc, à un niveau comparable à celui observé dans la lignée de LHc L428 et la
lignée Karpas 1106 dérivée d’un LBPM (93). Ces données confortent notre étude qui
montrait que 10% des LHc présentent une expression de la protéine MAL dans les cellules
tumorales. Le LHc et les LBPM présentent des caractéristiques communes, qui avaient déjà
été soulignées dans la littérature. Sur le plan clinique, elles atteignent volontiers le sujet
jeune, sous la forme d’une volumineuse masse médiastinale et sont fréquemment associées
à une fibrose abondante. Le diagnostic différentiel entre ces 2 entités peut parfois être
difficile sur le plan histologique, en particulier dans les LHc riches en cellules tumorales
et/ou lorsque les cellules de Hodgkin expriment le CD20 comme c’est le cas dans un faible
121
pourçentage de cas. Ces cas frontières ont été étiquetés « gray zone » (216). En
immunohistochimie, il existe dans ces 2 types de prolifération B une perte d’expression du
BCR, imputable dans le LHc à une perte d’expression des facteurs de transcription BOB1
et Oct2, alors que l’expression de ces facteurs de transcription est conservée dans les
LBPM. Sur le plan cytogénétique, une amplification de la région chromosomique 2p est
rapportée dans environ 20% des LBPM et jusqu’à 50% des LHc, et des gains du 9p dans
75% des LBPM et 25% des LHc (78,217). Enfin, des tumeurs composites ont été décrites,
avec dans certains cas la mise en évidence d’une relation clonale entre les 2 composantes
de la tumeur (218,219). L’ensemble de ces données suggère que ces 2 lymphomes pourrait
dériver d’un précurseur commun, dont la croissance et la survie a pu être favorisée par une
activation constitutive de la voie NF-kB, mais pour lequel différentes altérations génétiques
ont pu induire des aspects morphologiques le plus souvent différents et une évolution
clinique distincte. L’hypothèse que ce précurseur commun puisse être le lymphocyte B de
la médullaire thymique a déjà été évoquée, étayée par le fait qu’un cas de LHc de
localisation thymique exprimait MAL dans les cellules tumorales dans notre étude. Une
autre hypothèse a récemment été évoquée par Marafioti et al (220). Les auteurs ont
identifié une nouvelle sous-population lymphocytaire B située dans les zones
interfolliculaires des organes lymphoïdes, présentant des prolongements dendritiques
semblables à ceux observés dans les lymphocytes B thymiques. Ces cellules sont
caractérisées par l’expression des marqueurs B CD20, CD75, CD79a, des facteurs de
transcription PAX-5, Oct-2, et BOB-1, l’absence d’expression de l’IgD, des marqueurs du
centre germinatif BCL6 et CD10, des marqueurs plasmocytaires p63 (VS38C) et CD38, et
par l’expression du facteur de transcrition MUM1 (IRF4). Elles présentent un index de
prolifération élevé et sont Bcl2 et CD30 négatives. Elles expriment CD40 mais pas les
marqueurs associés aux cellules folliculaires dendritiques CD80, CD86, CD208 et CD21.
122
L’analyse des gènes des immunoglobulines montre qu’elles présentent un taux de
mutations somatiques de l’ordre de 9% sans variation intraclonale détectable. De fait, ces
cellules présentent des caractéristiques morphologiques et immunohistochimiques
distinctes des lymphocytes du centre germinatif et des cellules B mémoires ou des
plasmocytes. Elles s’apparentent aux lymphocytes B de la médullaire thymique, qui
présentent comme elles des prolongements dendritiques avec des connexions étroites avec
les lymphocytes T et une absence d’expression du marqueur CD21. Les auteurs suggèrent
que cette population particulière de lymphocytes B, qui est différente des sous-populations
lymphocytaires B individualisées jusqu’à présent, pourrait être à l’origine de lymphomes,
notamment du LHc. L’origine précise de cette population très particulière de lymphocytes
B nécessite très certainement des investigations complémentaires.
En conclusion, les résultats de nos 2 études, confortées par les données récentes des
micropuces, confirment clairement que les LBPM constituent une entité très distincte au
sein des lymphomes à grandes cellules B, avec des caractéristiques cliniques,
morphologiques, immunohistochimiques et cytogénétiques propres. Les LBPM constituent
un groupe de tumeurs hétérogène au sein duquel il apparaît difficile de faire la distinction
entre les LBPM « vrais » (d’origine thymique) et les LGCB développés à partir des
ganglions médiastinaux sur les bases cliniques et morphologiques seules. L’identification
de la signature transcriptionnelle des LBPM permettra dans l’avenir de distinguer ces 2
entités.
Loin de conclure le chapitre des LBPM, l’analyse du transcriptome ouvre de
nouvelles perspectives en mettant en évidence d’une part l’activation de différentes voies
de signalisation dans les LBPM et d’autre part les corrélations étroites qui existent entre les
LBPM et le LHc. Le LHc n’a pas fini de nous révéler ses mystères. Cette maladie est la
123
première hémopathie identifiée sur le plan clinique par Sir Thomas Hodgkin en 1832, et
individualisée par la suite sur le plan morphologique par Mr Sternberg (1892) et Mrs Reed
(1902). Malgré son âge (un peu moins de 2 siècles !), cette maladie continue de faire parler
d’elle et de susciter de nombreux travaux de recherche. L’identification de la cellule
précurseur du LHc permettra sans doute de progresser dans la compréhension des
processus oncogéniques impliqués dans le développement des LBPM et du LHc.
Les perspectives de ce travail comportent plusieurs volets. Le premier va consister à
étudier les mécanismes moléculaires impliqués dans l’activation de la voie de signalisation
dépendante de l’IL-4/IL-13 mise en évidence dans les LBPM. L’activation de cette voie de
signalisation est étayée par le fait qu’il existe une activation constitutive du facteur STAT6
dans les lignées Karpas 1106 et MedB-1, lignées dérivées de LBPM exprimant fortement
FIG1, et que la forme phosphorylée de la protéine STAT6 a pu être mise en évidence dans
les noyaux des cellules tumorales de LBPM par immunohistochimie (manuscrit soumis).
Une amplification du gène JAK2, situé dans une région chromosomique (9p23)
fréquemment amplifiée dans les LBPM, a été mise en évidence dans 2 LBPM sur 6 par
Southern blot, et les études en RT-PCR montrent une forte expression des transcrits JAK2
dans les LBPM comparativement aux LGCB-NM. Ces résultats sont cohérents avec les
analyses globales du transcriptome sur puces à ADN réalisées en collaboration avec
l’équipe de L Staudt et par celle de M Shipp (93,121). Le travail de notre équipe va
consister à essayer de comprendre le rôle et la fonction des différentes protéines impliquées
dans cette voie de signalisation : STAT6, kinases de la famille JAK (notamment JAK2),
chaînes des récepteurs IL-4/IL-13, phosphatases et autres régulateurs négatifs de cette voie
(protéines de la famille SOCS). Les lignées MedB-1 et Karpas 1106, ainsi que des lignées
dérivées de LGCB et de LHc seront utilisées.
124
Le deuxième volet va porter sur le rôle de la protéine FIG1 dans la fonction
lymphocytaire B normale et dans le développment des LBPM. L’expression du gène FIG1
dans les lymphocytes B activés par l’IL-4 suggère que FIG1 pourrait jouer un rôle dans la
différenciation lymphocytaire B. Il est donc important d’analyser l’expression de ce gène
en fonction du stade de différenciation des lymphocytes B. Nous seront aidés pour cela par
la synthèse d’un anticorps anti-FIG1 qui est actuellement en cours de réalisation, qui nous
permettra d’analyser ces sous-populations lymphocytaires B en cytométrie de flux, mais
également d’analyser le profil d’expression de la protéine FIG1 dans les tissus lymphoïdes
par immunohistochimie.
L’analyse de la structure/fonction de la protéine FIG1 consistera à établir la
localisation subcellulaire de cette protéine dans des cellules transfectées et des cellules B
normales, de déterminer si cette protéine possède effectivement une activité LAO et des
fonctions proapoptotiques via la synthèse d’H2O2, ou des propriétés d’adhésion comme
cela a été décrit pour certaines LAOs.
Le troisième volet va porter sur l’analyse et l’exploitation des résultats du travail
effectué en collaboration avec L Staudt sur l’analyse du transcriptome des LBPM. Ce
travail et celui de l’équipe de M Shipp, ont permis de révéler une signature
transcriptionnelle propre aux LBPM, très proche de celle du LHc. Celle-ci est caractérisée
non seulement par une activation des gènes impliqués dans la signalisation cytokinique IL-
4/IL-13 (effecteurs : IL-13 Rα1, JAK2 et gènes cibles : FIG1, CD23, NF-IL-3, TARC), mais
aussi dans la signalisation de l’interféron (STAT1, IP10/CXCR3 ligand…) ; dans la
signalisation associée aux protéines de la famille du Tumor Necrosis factor (CD30,
Fas/CD95, TRAF1, OX40ligand, BCMA, TNFRSF14…), de gènes codant pour des
molécules de costimulation de la famille B7 (Programmed Death Ligand-2, CD80 et
CD86), et de gènes codant pour des molécules d’adhésion (intégrine αM et αV, CD58), des
125
protéines de la matrice extra-cellulaire (Fibronectine, collagène, métalloprotéinases) et des
régulateurs des interactions cellules-stroma (FGFR1, PDGFRbeta).
L’analyse de ces différentes voies de signalisation pourra être effectuée sur les lignées
MedB-1 et Karpas 1106. D’autre part, la constitution de « tissus puces » actuellement en
cours dans notre laboratoire représente un outil précieux qui permettra d’analyser
l’expression de différentes protéines de la signalisation susceptibles d’être impliquées dans
le développement des LBPM.
L’ensemble de ce travail devrait contribuer dans l’avenir à mieux individualiser ce
lymphome au sein des LGCB, et à améliorer les critères diagnostiques et la prise en charge
thérapeutique des patients atteints de LBPM. L’apport des puces à ADN dans la
connaissance de cette maladie est considérable. Ces études ont permis d’identifier une
signature transcriptionnelle spécifique des LBPM à laquelle appartiennent les gènes MAL
et FIG1. L’exploitation de ces données devrait permettre de mieux connaître les
mécanismes oncogéniques impliqués dans le développement de ces lymphomes et de
définir peut-être dans un avenir proche une cible thérapeutique potentielle.
126
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RESUME en français Les lymphomes à grandes cellules B primitifs du médiastin (LBPM) se distinguent des lymphomes à grandes cellules B (LGCB) périphériques par leurs caractéristiques cliniques (masse médiastinale), morphologiques (cellules à grand cytoplasme clair, fibrose) et immunohistochimiques (absence d’expression d’immunoglobulines). Afin d’identifier des anomalies moléculaires spécifiques des LBPM, nous avons comparé les transcrits exprimés dans les LBPM à ceux exprimés dans les LGCB non médiastinaux en utilisant la technique de « Differential Display Reverse Transcription » puis la technique de « Representational Difference Analysis ». Nous avons mis en évidence une expression récurrente et spécifique du gène MAL dans les LBPM. Ce gène code pour une protéine hydrophobe ancrée dans les microdomaines membranaires enrichis en glycolipides appelés rafts. MAL est exprimé dans la plupart des cellules du compartiment lymphocytaire T mais de façon très restreinte dans la lignée lymphocytaire B. Une population minoritaire de cellules B thymiques exprime MAL, population qui pourrait représenter la contrepartie normale des LBPM. Nous avons montré que le gène FIG1/IL4I1, gène induit par l’interleukine 4 est activé dans les LBPM. L’expression de ce gène pourrait être le reflet d’une activation constitutive de la voie de signalisation dépendante de l’interleukine 4/ interleukine 13 dans les LBPM. L’ensemble de ce travail a apporté un support biologique à cette entité particulière de lymphome et devrait contribuer à améliorer les critères diagnostiques et la prise en charge thérapeutique des patients atteints de LBPM. _______________________________________________________________________ TITRE en anglais: Identification of specific molecular markers of primary mediastinal large B-cell lymphomas. _________________________________________________________________________ RESUME en anglais:
Primary mediastinal large B-cell lymphomas (PMBLs) are recognized as a distinct lymphoma subtype among diffuse large B-cell lymphomas (DLBLs) in view of their clinical (prominent mediastinal mass), morphological (large cells with clear cytoplasm, fibrosis) and immunohistochemichal features (lack of immunoglobulin expression). In order to identify specific molecular alterations in PMBLs, we compared PMBLs to non-mediastinal DLBLs transcripts using « Differential Display Reverse Transcription » and « Representational Difference Analysis » methods. We demonstrated the recurrent and specific expression of the MAL gene in PMBLs. The MAL gene encodes an integral membrane protein located in glycolipid-enriched membrane microdomains, called lipid rafts. It is expressed essentially in the T-cell lineage, but rarely in the B-cell lineage. We evidenced its expression in a minor population of thymic medullary B cells, that is believed to represent the normal counterpart of PMBL. We demonstrated that the transcription of the interleukin 4-induced gene 1 (FIG1/IL4I1) is activated in PMBLs. FIG1 expression might reveal a constitutive activation of the interleukin 4/ interleukin 13 cytokine signalling pathway in PMBLs. In conclusion, this study lends biological support to the PMBLs lymphoma entity and will contribute to a better diagnosis and treatment of this peculiar type of lymphomas. _________________________________________________________________________ DISCIPLINE-SPECIALITE DOCTORALE : Sciences de la Vie et de la Santé MOTS CLES : Lymphomes B, médiastin, thymus, MAL, FIG1, analyse différentielle, Interleukine 4. INTITULE ET ADRESSE DU LABORATOIRE : EA 2348, Département de Pathologie, Hôpital Henri Mondor, 51 avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, 94010 Créteil.