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POSITION DE THÈSE 1 UNIVERSIT É DE LA SORBONNE PARIS IV ÉCOLE DOCTORALE DE G É OGRAPHIE DANS LE CADRE DE LOBTENTION DU GRADE DE DOCTEUR EN G É OGRAPHIE POLITIQUE DOCTORANT B elgacem TAHCHI G É OPOLITIQUE DE LA S ONATRACH, E NTRE I NTERNATIONALISATION D IFFUSE ET S OUVERAINET É EN D É CLIN TH È SE DIRIG É E PAR Professeur Michel KORINMAN Avril 2015 JURY PR. MICHEL CARMONA UNIVERSIT É DE LA SORBONNE -PARIS IV MR SID AHMED GHOZALI EX-PREMIER MINISTRE ALGERIEN DR. ZIDANE KHOULIF JURISTE ET EXPERT P É TROLIER PR. SADI LAKHDARI UNIVERSIT É DE LA SORBONNE -PARIS IV PR. FRANÇOIS MANCEBO UNIVERSIT É DE REIMS PR. SOPHIE MERITET UNIVERSIT É DE PARIS DAUPHINE

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POSITION DE THÈSE

1

UNIVERSITÉ DE LA SORBONNE PARIS IV

ÉCOLE DOCTORALE DE GÉOGRAPHIE

DANS LE CADRE DE L’OBTENTION DU GRADE DE DOCTEUR EN

GÉOGRAPHIE POLITIQUE

DOCTORANT

Belgacem TAHCHI

GÉOPOLITIQUE DE LA SONATRACH, ENTRE

INTERNATIONALISATION DIFFUSE ET SOUVERAINETÉ EN

DÉCLIN

THÈSE DIRIGÉE PAR

Professeur Michel KORINMAN

Avril 2015

JURY

PR. MICHEL CARMONA UNIVERSITÉ DE LA SORBONNE -PARIS IV

MR SID AHMED GHOZALI EX-PREMIER MINISTRE ALGERIEN

DR. ZIDANE KHOULIF JURISTE ET EXPERT PÉTROLIER

PR. SADI LAKHDARI UNIVERSITÉ DE LA SORBONNE -PARIS IV

PR. FRANÇOIS MANCEBO UNIVERSITÉ DE REIMS

PR. SOPHIE MERITET UNIVERSITÉ DE PARIS DAUPHINE

POSITION DE THÈSE

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Introduction

C’est dans une logique de continuité de mes recherches, de master, que ce travail

s’inscrit, avec la particularité d’être plus empirique que théorique. Le mémoire présenté pour

l’obtention du master s’intitulait « La nouvelle image de la Sonatrach entre politique d’État et

stratégie d’entreprise » était, en effet, une introduction à un travail plus important avec un

large champ de recherche en transcendant des limites déjà acquises dans d’autres recherches.

L’identification de voies et d’axes de recherche est un travail intermédiaire entre le Master et

le doctorat. L’essentiel est de poser la bonne problématique qui enrichira ce secteur et

d’assurer une réponse avec l’approche qui lui conviendra le mieux. Traiter le sujet des

hydrocarbures, sous un angle géopolitique, paraît un exercice simple, de routine même pour

certains, mais en réalité il est très difficile d’aboutir à un résultat académique pour un sujet

aussi technique que les hydrocarbures. L’exercice est encore plus exigent quand on intègre

d’autres dimensions dans la recherche en l’occurrence l’économie, la géologie et l’aspect

historique. En ce moment le monde entier vit des moments très difficiles d’un point de vue

économique, social et même géopolitique avec l’influence du printemps arabe. Or, parler de la

géopolitique des hydrocarbures en Algérie et de la Sonatrach repose sur les trois éléments

cités auparavant.

La collecte d’information, si difficile dans sa globalité, s’est basée surtout sur un

entretien, des recherches de données statistiques provenant d’organisme spécialisés ou

glanées de revues et de livres de différents formats (papier ou numérique) sans oublier un vas-

et-viens fréquent entre recherches universitaires, ou des monographies, réalisées sur des

entreprises du même genre telle que Gazprom. En somme, les sources d’information sont

diverses allant de sources académiques ou scientifiques à journalistiques. D’où l’importance

de signaler qu’à force de pénurie de documents, de sources bibliographiques et l’incapacité de

faire un stage pratique au sein de la Sonatrach, le travail s’est orienté vers des sources

journalistiques afin de combler le manque d’éléments d’information nécessaires pour

compléter, ou à la limite appuyer, cette recherche. Sur un travail qui s’est étendu sur plus de

trois ans, les dépêches de presse deviennent une source d’information incontournable, vu la

vitesse à laquelle le monde change, surtout quand ont parle du secteur des hydrocarbures en

Algérie qui a connu des rebondissements locaux et régionaux tout au long de la durée de ce

travail. Ce qui a donné vie à ce modeste travail jusqu’à la dernière minute avant le rendu final.

Un rendu final qui s’est déroulé dans une conjoncture spéciale marqué par la baisse des prix

du pétrole et une crise énergétique russo-européenne.

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Dans ce monde où l’énergie représente un enjeu majeur, il est nécessaire de connaître

les acteurs qui font que cet élément soit un enjeu géopolitique. Source de puissance et de

capacité à produire, il peut être considéré comme moyen de pression voire comme une arme1.

Par définition, étymologique, l’énergie est la « force en action »2 . On définit les types

d’énergies de par leurs provenances, leurs utilisations ou même, écologiquement parlant, par

leurs impacts sur l’écosystème. Le pétrole et le gaz appartiennent à l’ensemble des énergies

fossiles fortement polluantes. D’où l’importance d’un usage rationnel et correcte de ces

dernières, vu qu’elles ne sont pas renouvelables.

L’Algérie pétrolière demeure un cas à part dans l’échiquier africain, très différente de

ses voisins producteurs comme la Libye. Toutefois. Elle reste un cas très utile à étudier. Il est

important aussi de voir le développement du secteur depuis les premières gouttes de pétrole

qui ont jailli du puits en 1949 dans les bassins de Bechar et de Biskra sous l’autorité française.

Bénite par Allah (Dieu), comme certains algériens aiment le vanter, l’Algérie est

classée au quinzième rang mondial et au troisième en Afrique avec 9,2 de milliards de barils

de pétrole, en termes de réserves prouvées, soit 0,9 % des réserves mondiales de pétrole. A la

bonne qualité du pétrole algérien, le Saharan Blend3 (fiche technique en annexe), idéal par sa

faible teneur en soufre ce qui le rend très facile à raffiner, s’ajoute une géologie clémente et

une situation avantageuse vis à vis des marchés européens. Le sous-sol algérien ne se limite

pas à cela, il regorge aussi de plus de 4500 milliards de m3 de gaz, sans parler de gaz de

schiste, très facilement acheminé vers l’Europe via les nouveaux gazoducs

transméditerranéens de Medgaz et du futur Galsi, à développer au chapitre II, et par une flotte

de méthaniers. En termes d’hydrocarbures, la majeure partie des exportations algériennes sont

destinées aux principaux marchés européens qui sont par ordre de consommation : l’Italie,

l’Allemagne, la France, les Pays Bas, l’Espagne et le Royaume Uni4.

Tous les experts s'accordent sur le fait que l'Algérie s'est mise dans un piège

énergétique. C’est la définition même de la mauvaise gestion énergétique d’un pays

producteur5. Par rapport au développement économique, l’Algérie reste de loin le modèle

1Tibhaut Klinger, Géopolitique de l’Energie (Constats et enjeux), Paris, Studyrama Perspective édition 2 Michel Battiau, l’énergie Un enjeu pour les sociétés et les territoires, paris, ellipses édition, 2008 3 L’appellation Sahara Blend désigne un mélange de bruts issus de plusieurs régions du Sud Algérien. Léger avec une densité de 43,5 à 47,5 API et une très faible teneur en soufre autour de 0,09%. Source : http://www.mem-algeria.org/actu/comn/pubt/sahara_blend.pdf 4 Cédric de Lestrange, Christophe-Alexandre Paillard, Pierre Zelenko, Géopolitique du pétrole : un nouveau marché, de nouveaux risques, de nouveaux mondes. Ed. Technip. 5 Mustapha MEKIDECHE, L’économie algérienne à la croisée des chemins (repère actuel et éléments prospectifs). Alger. Ed Dahlab, 2008.

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absolu d’échec de relance économique sur la base des revenus en devise des hydrocarbures.

Ces derniers constituent 97% des exportations algériennes faisant d’eux l’unique source de

devise pour la trésorerie de l’État. En somme, avec un secteur agricole moins développé que

ses voisins et une économie peu diversifiée, l’Algérie reste prisonnière d’un choix

économique lourd de conséquences, les revenus en devise restent mal utilisés « voire

détournés par l’appareil politico-militaire6».

La décennie glorieuse qui a suivi la période noire (1990-2000) a eu des effets

palpables sur la politique économique algérienne qui s’est retrouvée avec des réserves

financières, en devise, très importantes dopées par la flambée du prix du pétrole. La santé de

l’économie algérienne dépend du bon comportement du marché des hydrocarbures. Dans ce

domaine l’entreprise algérienne la Sonatrach est partout et contrôle tout. C’est l’Entreprise-

État et à la fois l’État-Entreprise. Dans ce modeste travail, on va tenter de prouver que les

frontières s’estompent peu à peu entre les deux. La loi relative aux hydrocarbures, N° 2006-

10 modifiant et complétant la loi 2005-07, à première vue, répond aux prospectives du

développement de l’entreprise. Cette dernière cherche à se libérer de l’État et à planifier sa

propre politique expansionniste dans un schéma de management moderne s’alignant en même

temps aux offres concurrentielles des grandes firmes internationales leaders dans ce domaine.

L’analyse de la politique de l’entreprise, depuis la mise en application de la loi, pourrait

justifier la plausibilité d’un tel raisonnement.

La problématique choisie pour ce travail est comme suit : « Géopolitique de la

Sonatrach, de l’internationalisation diffuse à la souveraineté qui est en déclin, quelle

stratégie entre opportunités et risques ? » afin d’y répondre trois chapitre seront

développés. Le premier chapitre nous introduit dans les ressources et richesses naturelles de

l’Algérie, leurs modes d’exploitation et la place qu’occupe la Sonatrach dans les domaines

hors hydrocarbures. Le deuxième chapitre éclaire sur la nouvelle image de la Sonatrach entre

politique d’Etat ou stratégie d’entreprise avec une analyse exhaustive de la structure de

l’entreprise. Enfin le troisième chapitre vise les menaces, risques et enjeux de l’entreprise, et à

travers elle tout le secteur si ce n’est pas tout l’Etat, et ceci du puits qui est le lieu de

production au lieu de commercialisation.

Chapitre I

6 Michel Battiau, l’énergie Un enjeu pour les sociétés et les territoires, paris, ellipses édition, 2008

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Avant d’entamer toute recherche concernant la Sonatrach et son champ d’action, il est

impératif de savoir le potentiel géologique algérien dont la Sonatrach prend part de près ou de

loin et faisant partie dans son plan d’expansion futur. Dans cette logique, ce chapitre constitue

une introduction au domaine minier algérien avec une vision rétrospective, actuelle et enfin

ses perspectives. Parler de la Sonatrach ne se résume pas au pétrole et gaz comme certains le

croient, l’entreprise s’est forgée une réputation dans d’autres domaines que les hydrocarbures

et planifie d’investir dans d’autres secteurs miniers. Sur le plan énergétique, on ne peut pas se

résigner à parler uniquement que des énergies fossiles, les énergies non-conventionnelles et

les énergies renouvelables font partie du quotidien mondiale et pèsent de plus en plus et

deviennent un acteur majeur sur le plan environnemental et même sur le plan économique. Ils

ont eu leurs parts dans cette partie. Le fait d’aborder le potentiel algérien est une manière de

montrer les opportunités qui s’offrent à la Sonatrach avec un pays aussi riche que l’Algérie en

ressources naturels.

En somme, et en guise de conclusion pour ce chapitre, hydrocarbures et minerais ont

fait le bonheur de toute une nation depuis plus de cinquante ans. Source d’argent et de

convoitise, ils ont modelé la vie économique et politique du pays. Le fait de dresser un tableau

de bord partiel, vu qu’on ne peut pas tout lister en un seul chapitre ce que recèle un pays de

presque deux millions de kilomètres carrés, nous a permis de faire la part de la situation des

opportunités qui se présentent à l’entreprise dans un domaine aussi vaste et riche.

L’enchainement des trois sous parties, a été élaboré dans le but de ne pas perdre le fil

conducteur qui nous a mené de la structure du secteur des minerais en Algérie en passant par

un aperçu qualitatif et quantitatif des ressources dont dispose le pays pour enfin arriver à

l’emblème de la Sonatrach qui sont les hydrocarbures en Algérie. Ces hydrocarbures qui, dans

un récent passé, ne portaient pas d’identification conventionnelle ou non conventionnelle, ne

peuvent être analysé de façon isolée sans prendre en considération les autres sources

d’énergies. Il serait donc assez maladroit de ne pas l’associer aux différentes énergies de

substituions en l’occurrence les énergies renouvelables, ce qui a été le cas avec un bref aperçu

sur ce type d’énergie dont la Sonatrach a pris part. La prochaine section va être dédiée

uniquement à l’entreprise ; sa genèse, sa structure et les missions qu’elle s’est fixée en Algérie

ou à l’étranger

Chapitre II

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Etonnant de destin d’une entreprise pas comme les autres. La Sonatrach fut créée en

décembre 1963. La création d’une entreprise de transport des hydrocarbures, qui est sa

mission initiale, est un acte politique qui avait des intentions et des ambitions encore plus

importantes. Créée par l’État pour servir l’État, l’entreprise est restée sous le contrôle total de

l’Etat jusqu’en 2005, où elle s’est dotée d’une relative autonomie lui permettant d’accéder aux

marchés internationaux. Dans ce chapitre qui assure une continuité au précédent on va essayer

de voir si l’internationalisation de l’entreprise n’a pas entrainé une perte de son contrôle sur le

sous sol algérien le temps de la loi 2005, mais avant ça ne faut il pas avoir une vision sur

l’histoire du l’entreprise, sa genèse et le panel de lois qui ont façonné le secteur depuis un

certain temps ? Ce chapitre se terminera par une présentation exhaustive de l’entreprise, ses

activités ainsi que l’identification de ses différentes filiales et enfin le déploiement de cette

dernière à travers le monde.

De 2000 à 2005, l’entreprise a su profiter d’un laps de liberté qui lui a été facilité par

le chef de fil libérateur Chakib Khelil, à la fois ministre et président directeur de l’entreprise à

un certain moment, en le dotant d’un instrument juridique tel que la loi 2005. Mais hélas, la

promulgation de la loi 2006 modifiant et complétant la loi 2005 a mis un terme à cette

politique expansionniste de l’entreprise qui risquerait de mettre en péril la souveraineté de

l’Etat sur ses ressources en cas d’éventuelles concessions pour accéder aux marchés

internationaux. A travers toutes ces étapes dont lesquelles ce chapitre s’est articulé, il est clair

que la Sonatrach elle-même est un enjeu majeur. Nul ne peut ignorer le fait que l’entreprise ne

soit pas maitre de son destin et qu’elle fut créée pour satisfaire un besoin national post

indépendance de se détacher des clauses des accords d’Evian relatives aux hydrocarbures. Le

rôle de la Sonatrach a muté depuis sa mise en place d’observateur, à acteur, à initiateur et

porteur de technologies, ce qui n’est pas le cas de plusieurs entreprises du même genre dans le

monde. Cette évolution n’est pas sans danger. En effet l’entreprise est soumise à des risques

et des menaces exogènes et endogènes qui peuvent être le résultat d’une situation sécuritaire

incertaine dans la région, une mauvaise gestion ou à des incidents techniques qui prendront en

otage tout un secteur. Le prochain chapitre prendra en charge ces éléments afin d’en tirer

profit et connaître ces dangers qui ont eu un impact négatif sur la Sonatrach et à travers elle

tout le secteur.

Chapitre III

POSITION DE THÈSE

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Le chemin emprunté par la Sonatrach n’a pas été sans incidents, et sans prise en charge

associée à un retour d’expérience il va être difficile de les éviter. Depuis 2007, où la crise

financière a fait sombrer le monde dans une longue période de récession, et un printemps

arabe déstabilisateur, la situation économique, sécuritaire et politique n’a cessé de muter.

L’Algérie, de part son système bancaire archaïque, son expérience anti terroriste et sa stabilité

politique traduite par un président élu et réélu trois fois de suite, n’a pas été touché de façon

substantielle. Mais la Sonatrach avait fait face à des épreuves d’une grande portée. Ce

chapitre abordera la question selon trois axes majeurs mais sous un angle géopolitique. En

commençant par les menaces qui guettent tout le secteur et l’entreprise en particulier, il était

utile d’entamer cette partie par le risque terroriste qui est à la fois imprévisible susceptible de

causer le plus de dégâts humains et matériels, sur les installations et le réseau de canalisation.

En termes de dommages, ce risque est similaire au risque d’accident industriel sauf que le

premier est issu d’une action volontaire et ostensible. La corruption et le risque de

dépravation ont eu raison de l’entreprise en impliquant ainsi des cadres de l’entreprise et des

personnalités du pouvoir. D’autres risques se sont vus naitre avec le temps et qui découlent

des risques énoncés auparavant. Il s’agit de la revue en hausse des tarifs des assureurs face

aux risques liés au terrorisme ou aux accidents industriels. A cause des failles laissées dans le

système législatif et les contrats de l’entreprise, la mauvaise gestion et la corruption ont

permet l’éclosion d’un nouveau mécanisme de recours à l’arbitrage international qui fait

perdre à la Sonatrach des sommes énormissime à chaque fois.

Dans ce chapitre, un bref aperçu a été présenté sur les risques, les menaces et les

enjeux qui guettent l’entreprise, du risque terroriste aux risques dérivés passant par la

corruption qui a fait trembler l’entreprise ainsi que l’appareil de l’Etat dans sa plus haute

sphère, le but étant d’éclairer des zones d’ombre et identifier ces menaces afin de faire face,

ou à un degré moindre les éviter. Cette approche aide aussi à montrer la vulnérabilité de

l’entreprise et parler d’un colosse de Sonatrach c’est se mettre dans les bottes d’un géant.

L’entreprise s’en est bien sortie à maintes reprises aves de diverses stratégies, mais le dur est

à venir. Et pour bien résister aux prochains coups tels que le gaz de schiste américain ou les

gazoducs russes ainsi qu’une possible invasion du gaz qatari, il lui faut bien plus qu’une loi

ou une restructuration mieux encore il faut faire preuve d’inventivité.

Conclusion

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Dans ce modeste travail où l’accès à l’information était d’une grande difficulté, il était

important de montrer l’évolution géopolitique de plusieurs questions. La diversité

terminologique et l’introduction des aspects purement techniques qui font référence, pour une

première lecture, à mémoire d’un institut de pétrole, ont été voulues et appréciées par mon

directeur de recherche qui défend une nouvelle vision d’une approche géopolitique associée à

une dimension technique moderne et actualisée.

Les aspects techniques intégrés à ce travail, à savoir les techniques de pose et les différents

tracés des gazoducs ou même la composition chimique de quelques produits et bien d’autres

éléments d’ordre environnemental, ont enrichi la diversité des champs de recherche. Cette

diversité, de part ses différents angles de vue, aide à comprendre comment une entreprise

nationale ou étatique d’un pays en voie de développement pourrait acquérir des techniques de

pointe pour la recherche, l’exploitation et le transport dire même le marketing à travers

l’association et la sous-traitance avec des compagnies spécialisées. D’autre part, les enjeux

géopolitiques sont encore plus palpables quand il s’agit de la présence de l’entreprise dans

d’autres pays et qui relève de la nouvelle stratégie de l’entreprise et de l’intérêt de l’Etat, d’où

la pertinence de la question relative à la loi 2005 qui est une forme de cession au chantage ou

un prix à payer pour une présence à l’internationale.

Si la situation économique continue telle qu’elle se présente actuellement, la

Sonatrach doit diversifier ses activités en s’investissant davantage dans d’autres secteurs qui

assureront des ressources financières autres que celles des hydrocarbures ; tout en exploitant

de nouvelles pistes comme celles des énergies renouvelables qui s’avèrent moins coûteuses et

plus propres. L’éventualité d’un boom économique en Algérie laisse planer le risque d’une

forte consommation énergétique à l’intérieur du pays ce qui affaiblirait les exportations. Dire

que la Sonatrach est « un État dans l’État » est d’une extrême crédulité. L’État a toujours

contrôlé l’entreprise, elle s’immisçait dans les moindres décisions de la Sonatrach, d’une part,

parce qu’il est actionnaire majoritaire. Et d’autre part, il s’agit d’une question de souveraineté

donc une affaire d’État et il n’est pas question des laisser un tel enjeu sans contrôle.

Officieusement, tous les algériens reconnaissent que c’est une vrai jungle, où il très difficile

de contrôler un buisines occulte et des transactions qui se jouent outre-mer. Ce n’est qu’à ce

niveau là qu’on peut parler d’un Etat (de non droit) dans l’Etat. A l’heure actuelle où les prix

des hydrocarbures sont élevés depuis plus de quinze ans ni l’Etat ni les partenaires étrangers

ne se pressent à modifier la règle 49/51, mais cela devrait changer vu les baisses des prix

prévues pour le court terme. C’est dire à quel point la question de souveraineté, d’attraction

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d’investissement ou de législation qui y relève est relative à la situation économique,

géopolitique et au bon comportement des marchés. Selon les régimes et les présidents qui se

succèdent, les textes juridiques relatifs aux hydrocarbures seront changés continuellement et

ils sont voués à s’adapter, sans aucun doute, au prix des marchés internationaux. Une analyse

approfondie démontre que les modifications apportées aux textes législatifs sur les

hydrocarbures dépendent principalement des fluctuations du prix du pétrole. Du schiste

passant par une restructuration face aux différents scandales, la Sonatrach fait face à de

multiples, et décisifs, choix. De part sa mission initiale à savoir le transport des

hydrocarbures, dont elle ne peut en aucun cas s’en détacher vu qu’il a fait les beaux jours de

l’entreprise sans pour autant se détourner des nouvelles missions qui s’adaptent aux besoins

du présent. L’éviction en cette année 2014 du directeur fraichement installé en 2013, n’est

peut être qu’une partie infime de cette mutation.

Durant cette recherche il a été question de valider ou d’invalider des hypothèses

théoriques particulières liées au sujet, telle que la relation Etat-Entreprise ou le rôle que va

jouer la Sonatrach à l’étranger par rapport à la nouvelle conjoncture sans pour autant perdre le

contrôle du marché intérieur, ce qui constituera sans doute une plus-value. J’en conviens que

ce travail est modeste de par sa qualité littéraire et académique mais c’est dû au manque de

temps et de moyens de recherche ainsi qu’une difficulté de recueil d’informations au niveau

de la source en l’occurrence la Sonatrach.

Les trois chapitres qui structurent ce travail ont constitué une tentative de réponse à la

problématique énoncée de la manière la plus objective possible. Certes, l’Algérie repose sur

un matelas de ressources, respire une énergie éolienne et peut se chauffer avec le soleil, mais

peuvent-ils être allègrement utilisés sans endommager un environnement déjà fragilisé avec

cinquante années d’exploitation ? À quand une économie de substitution ? Comme ces

questions, d’autres restent en suspend, et d’autres ont été traitées. Sans entrer dans des

spéculations ou des jugements de valeur, il s’agit de faire des constats ou de définir des

scénarios ce qui consiste à l’exercice même de la géopolitique. Espérant être précis dans la

globalité, c’était un but en soi, vu le manque de matière nécessaire à la recherche. L’analyse

qui fait l’objet de cette thèse s’inscrit dans une logique d’identification de voies et d’axes de

recherche. En définitive, l’essentiel est de poser la bonne problématique qui enrichira ce

secteur et assurera une réponse avec l’approche qui lui conviendra le mieux.