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Une publication du Réseau des villes créatives du Canada Available in English Pour en savoir plus sur les projets culturels et leur impact au sein de communautés canadiennes, visitez www.villescreatives.ca En reconnaissance de l’importance grandissante du développement culturel pour les communautés de toute importance, le Réseau des villes créatives est fière de continuer son partenariat avec la Fédération canadienne des municipalités. Ce partenariat vise à sensibiliser les édiles aux avantages des communautés créativement prospères, et propose des actions concrètes en ce sens. Édition spéciale 3 La Culture : force de renouvellement, assise des collectivités D ans une collectivité diversifiée et unie, chaque citoyen par- tage et parfois même, réinven- te ses traditions, ses coutumes et ses idées avec l’ensemble de la communauté. Dans la mosaïque qui en découle, les générations et les cultures qui composent la collectivité trouvent leur place et se sentent respectées, menant ainsi à une plus grande cohésion sociale et à un sentiment identitaire plus profond. La multiplicité des activités culturelles représen- te autant d’occasions de consolider le senti- ment identitaire et de créer un but commun que d’encourager les gens à s’investir. En d’autres mots, ces activités contribuent à cultiver le capi- tal social dans la mesure où les membres d’une collectivité se sentent aptes à collaborer pour atteindre des objectifs communs et bénéfiques. Les activités culturelles représentent donc le point de convergence des collectivités saines et hétérogènes. Elles contribuent à former une culture d’ensemble qui repose sur le respect des cultures individuelles et de la culture collective. Cette culture d’ensemble témoigne de l’histoire, des ressources, des aspirations et des espoirs de la collectivité, et de leur signification personnelle. Pour donner vie à cette culture d’ensemble, les collectivités doivent savoir identifier les liens qui les unissent et être en mesure d’éliminer les barrières sociales ou autres mettant un frein au partage. Les collectivités doivent également être ouvertes à diverses perspectives. Il s’agit là de conditions sine qua non à la création d’un climat culturel riche. Par ailleurs, l’édification des com- munautés a des conséquences importantes : ce n’est que par le partage, l’entente et le respect mutuel que le monde entier sera en mesure de DANS CE NUMÉRO 3 La Culture : le quatrième pilier de la viabilité 5 Les éléments culturels d’une collectivité durable 8 Dix gestes à poser pour soutenir la culture de la région … le besoin de durabilité n’est pas seulement lié à la rétention d’industries, d’emplois et de services locaux ; il est [aussi] très lié au maintien de nos valeurs en tant que peuple. Ce besoin est lié au maintien de notre culture, de notre identité et de notre lieu de vie. — Jennifer Bott, « Cultural Sustainability and the National Agenda », rapport de la conférence The Fourth Pillar of Sustainability, Melbourne, Australie, 2004 faire face aux défis qui le confrontent, notam- ment la perte de la biodiversité, la mondialisa- tion et la pauvreté (tels qu’ils avaient été discu- tés au Sommet mondial sur le développement durable, à Johannesburg). Une collectivité durable est prospère et elle pos- sède une capacité d’adaptation lui permettant de répondre aux changements. Son évolution est porteuse de retombées positives pour le présent et l’avenir. La culture d’ensemble est en mou- vance constante ; elle repose avant tout sur la capacité de s’adapter à de nouvelles réalités soci- ales, étant à la fois le procédé et l’aboutissement d’une planification durable. Les activités culturelles sont reconnues comme une approche déterminante par laquelle les individus s’investissent dans leur collectivité. La culture est un outil essentiel pour comprendre les valeurs, le sens commun et les objectifs que partagent les membres d’une collectivité. Une participation élargie et ouverte à tous est porteuse de vitalité culturelle, contribuant ainsi à la vitalité communautaire, et à l’appui du modèle des quatre piliers de la durabilité. Festival acadien de Caraquet, Nouveau-Brunswick. Photo: Yvon Cormier

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Une publication du Réseau des villes créatives du CanadaAvailable in English

Pour en savoir plus sur les projets culturels et leur impact au sein de communautés canadiennes, visitez www.villescreatives.caEn reconnaissance de l’importance grandissante du développement culturel pour les communautés de toute importance, le Réseau des villes créatives est fière de continuer son partenariat avec la Fédération canadienne des municipalités. Ce partenariat vise à sensibiliser les édiles aux avantages des communautés créativement prospères, et propose des actions concrètes en ce sens.

Édition spéciale 3

La Culture : force de renouvellement, assise des collectivités

Dans une collectivité diversifiée et unie, chaque citoyen par-tage et parfois même, réinven-te ses traditions, ses coutumes et ses idées avec l’ensemble de la communauté. Dans la

mosaïque qui en découle, les générations et les cultures qui composent la collectivité trouvent leur place et se sentent respectées, menant ainsi à une plus grande cohésion sociale et à un sentiment identitaire plus profond.

La multiplicité des activités culturelles représen-te autant d’occasions de consolider le senti-ment identitaire et de créer un but commun que d’encourager les gens à s’investir. En d’autres mots, ces activités contribuent à cultiver le capi-tal social dans la mesure où les membres d’une collectivité se sentent aptes à collaborer pour atteindre des objectifs communs et bénéfiques.

Les activités culturelles représentent donc le point de convergence des collectivités saines et hétérogènes. Elles contribuent à former une culture d’ensemble qui repose sur le respect des cultures individuelles et de la culture collective. Cette culture d’ensemble témoigne de l’histoire, des ressources, des aspirations et des espoirs de la collectivité, et de leur signification personnelle.

Pour donner vie à cette culture d’ensemble, les collectivités doivent savoir identifier les liens qui les unissent et être en mesure d’éliminer les barrières sociales ou autres mettant un frein au partage. Les collectivités doivent également être ouvertes à diverses perspectives. Il s’agit là de conditions sine qua non à la création d’un climat culturel riche. Par ailleurs, l’édification des com-munautés a des conséquences importantes : ce n’est que par le partage, l’entente et le respect mutuel que le monde entier sera en mesure de

DANS CE NUMÉRO3 La Culture : le quatrième pilier de la viabilité5 Les éléments culturels d’une collectivité durable 8 Dix gestes à poser pour soutenir la culture de la région

… le besoin de durabilité n’est pas seulement lié à la rétention d’industries, d’emplois et de services locaux ; il est [aussi] très lié au maintien de nos valeurs en tant que peuple. Ce besoin est lié au maintien de notre culture, de notre identité et de notre lieu de vie. — Jennifer Bott, « Cultural Sustainability and the National Agenda », rapport de la conférence The Fourth Pillar of Sustainability, Melbourne, Australie, 2004

faire face aux défis qui le confrontent, notam-ment la perte de la biodiversité, la mondialisa-tion et la pauvreté (tels qu’ils avaient été discu-tés au Sommet mondial sur le développement durable, à Johannesburg).

Une collectivité durable est prospère et elle pos-sède une capacité d’adaptation lui permettant de répondre aux changements. Son évolution est porteuse de retombées positives pour le présent et l’avenir. La culture d’ensemble est en mou-vance constante ; elle repose avant tout sur la capacité de s’adapter à de nouvelles réalités soci-ales, étant à la fois le procédé et l’aboutissement d’une planification durable.

Les activités culturelles sont reconnues comme une approche déterminante par laquelle les individus s’investissent dans leur collectivité. La culture est un outil essentiel pour comprendre les valeurs, le sens commun et les objectifs que partagent les membres d’une collectivité. Une participation élargie et ouverte à tous est porteuse de vitalité culturelle, contribuant ainsi à la vitalité communautaire, et à l’appui du modèle des quatre piliers de la durabilité.

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…le développement culturel communautaire s’intéresse de près à : • La démocratie—toutes les voix d’un peuple doivent être entendues et la discussion entre et parmi les groupes est fondamentale.

• La justice sociale—un accès équitable aux ressources pour tout un peuple et un traitement équitable de tous les gens sont essentiels, que ce soit en matière d’équité environnementale, raciale, économique, judiciaire, des sexes ou d’innombrables autres formes d’équité.

• La diversité—les collectivités, les lieux et les cultures sont uniques et ils forment les gens, leurs comportements et leurs rapports ; la diversité est essentielle à la démocratie et son contraire—l’uniforme, le générique, le monolithique—est un état social dangereux à éviter. —Linda Frye Burnham, Steven Durland, et Maryo Gard Ewell, The State of the Field of Community Cultural Develop-ment: Something New Emerges, Art in the Public Interest, juillet 2004

Photos: Donna Heimbecker

Gauche : Production 2005, SNTC : Buz’Gem Blues de Drew Hayden Taylor, mettant en vedette Curtis Peeteetuce, Tantoo Cardinal, et Andrea Menard

Centre : Production 2004, Youth Ensemble : Love Songs From A War Drum, mettant en vedette Kristen Friday, Waylon Machiskinic, Jennifer Bishop, Andrew Kinniewess, Curtis Peeteetuce, Arron Naytowhow, Krystle Pederson, et Scott Felix

Droite : Production 2004, Youth Ensemble : A Rez Christmas Story III–At Home Alone, mettant en vedette Kristen Friday et Scott Felix

La Saskatchewan Native Theatre Company (sntc) conçoit, développe et présente des per-formances artistiques réalisées par des artistes autochtones du Canada, afin d’appuyer les arts de la scène à l’échelle locale et nationale tout en favorisant l’épanouissement et le dyna-misme des intervenants et des collectivités. La programmation communautaire et profes-sionnelle de la compagnie aborde des thèmes pertinents et significatifs ; elle contribue à tisser des liens tout en offrant des occasions d’apprentissage, de perfectionnement des com-pétences, de formation à l’emploi, ainsi que des perspectives de carrière.

Les représentations prenant l’affiche au Black Box Theatre sont l’occasion d’appuyer et d’encourager les jeunes artistes autochtones en début de carrière ; notamment les dramaturges, les metteurs en scène, les designers, les tech-niciens et les comédiens. Deux programmes de perfectionnement professionnel s’inscrivent dans cette orientation : le Circle of Voices est destiné aux jeunes âgés de 18 à 30 ans démon-

trant du potentiel. Le Ensemble Theatre Arts Program a, quant à lui, été conçu à l’intention des artistes de la relève qui souhaitent en-tamer une carrière dans le domaine des arts de la scène. La sntc offre d’autres programmes d’appui, notamment des ateliers, ainsi que des occasions de séjours et de tournées en Sas-katchewan et à travers le Canada.

En accord avec les objectifs énoncés dans sa stratégie de développement économique com-munautaire, la sntc entend utiliser les revenus générés par ses différentes activités à portée sociale pour les réinvestir dans des secteurs qu’elle juge prioritaires. Dans la foulée du Black Box Theatre, le Bannock Bistro et le Arts Club ouvriront leurs portes en 2007, contribuant ainsi à créer d’autres occasions d’emploi et, par conséquent, à enrichir l’économie locale et à augmenter les perspectives de carrière des au-tochtones par le biais d’une formation d’emploi et d’expériences de travail.

Établie dans un quartier défavorisé de Saska-toon, la Saskatchewan Native Theatre Com-

pany est guidée par les enseignements de ses aînés. Elle s’inspire des jeunes qu’elle côtoie et évolue au sein d’une communauté qui l’accueille.

Consultez le www.sntc.ca

Saskatchewan Native Theatre Company

La notion de la viabilité culturelle n’est pas encore bien définie ou bien comprise au niveau communautaire. L’une des approches est de considérer la viabilité culturelle comme un processus intégré de prises de décisions et de planification s’inscrivant dans une perspective à long terme du développement d’un système culturel. Une approche de politique de viabilité culturelle commencerait en déterminant les indicateurs de systèmes culturels sains au Canada, et considérerait les liens entre les objectifs culturels, sociaux, économiques et envi-ronnementaux et leurs résultats à long terme. Par contre, les ancien-nes approches de la politique culturelle ont eu tendance à soutenir les éléments du cycle de production culturelle : création, production et distribution. Cette perspective pourrait être élargie pour examiner le rôle de la culture dans le développement, la vitalité et la cohésion à long terme des communautés…

Le développement de collectivités durables exige un processus communautaire dirigé vers l’atteinte des états optimaux du bien-être humain et environnemental sans compromettre les possibilités pour d’autres personnes de faire de même, à d’autres moments et à d’autres endroits. Il s’agit d’une approche intégrée qui, à travers toutes les activités, comprend le bien-être social, environnemental, culturel et spirituel, sans oublier le progrès économique.—« Le nouveau pacte et les quatre dimensions du développement durable », Planification intégrée de la durabilité des collectivités – Un document de référence, Infrastructure Canada, gouvernement du Canada, 2005

La SNTC est un carrefour d’échanges où les gens convergent pour partager leurs connaissances, leur savoir et les récits incitant au respect d’autrui ainsi qu’à une conscientisation humaine et culturelle.

2 NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2006

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Le développement communautaire ne considère pas les collectivités comme de simples espaces géographiques, mais plutôt comme des endroits riches, habités par des gens de divers milieux sociaux et culturels qui s’adaptent constamment à de nouvelles réalités écologiques, économiques, sociales et culturelles. Le développement com-munautaire est à la recherche de modèles et de stratégies d’ouverture qui répondent et s’harmonisent aux habitants, tout en suscitant des changements par le biais d’initiatives issues de politiques progressives et bien pensées.

Le développement communautaire durable vise non seulement à sauvegarder les industries, les services et les ressources locales, mais aussi à le faire de manière bénéfique sur les plans écologique, économique et social. Il reconnaît de plus en plus le besoin d’intégrer la culture et la créativité dans les plans et les stratégies durables. Au fur et à mesure de l’intégration plus large de la culture aux plans et aux stratégies durables des divers paliers gouvernementaux et des autres structures de gouvernance, il devient nécessaire d’avoir une compréhension élargie de son rôle au sein de la collectivité.

L’ampleur de la pensée, de la volonté et des inter-ventions populaires a contribué à l’émergence du modèle des quatre piliers de la durabilité. Celui-ci est de plus en plus accepté au sein de politiques et d’initiatives de planification au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Europe.

Le modèle des quatre piliers de la viabilité s’appuie sur quatre dimensions indissociables : la responsabilité environnementale, la santé

économique, l’équité sociale et la vitalité culturel-le. Ce modèle suggère une « lentille culturelle » permettant d’évaluer l’impact d’initiatives envi-ronnementales, économiques et sociales au sein des villes et des collectivités canadiennes.

Par ailleurs, ce modèle reconnaît que la vitalité et la qualité de vie d’une collectivité sont in-timement liées à la qualité et au dynamisme de l’appartenance culturelle d’une collectivité, aux dialogues qu’une telle appartenance suscite, ainsi qu’à sa façon de l’exprimer et de la célé-brer. Le modèle des quatre piliers reconnaît en outre que l’apport de la culture à l’édification des villes et des collectivités dynamiques, celles où les gens veulent vivre, travailler et découvrir, contribue largement à la sauvegarde de la santé économique et sociale.

De plus en plus, les gouvernements et les or-ganismes artistiques se servent des arts comme d’un outil de politiques sociales pour favoriser l’inclusion sociale, la diversité culturelle, la revitalisation sociale, le logement social, la santé, la préservation écologique et le développement durable. La croissance durable nécessite la créa-tion de cadres culturels qui fonctionnent de façon comparable aux modèles économiques, sociaux et environnementaux.

Le Nouveau pacte pour les villes et les collec-tivités du gouvernement du Canada s’inspire du modèle des quatre piliers de la durabilité avec lequel il cadre son approche nationale en matière de durabilité des villes et des collectivités. L’Agenda 21 pour la Culture, approuvé à Barce-lone, en Espagne, par une centaine de villes en

2004, est un engagement qui a pour but d’assurer que la culture est incluse dans les politiques urbaines. Il est, lui aussi, ancré dans le modèle des quatre piliers de la durabilité.

La Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable (2005-2014) prend racine dans la définition des quatre piliers de la durabilité. Cette Décennie est une initiative proactive qui a pour objectif la durabilité envi-ronnementale, économique, sociale et culturelle à travers le monde, en enseignant à des individus, des institutions et des sociétés la façon d’assurer une plus grande qualité de vie, de nos jours comme dans l’avenir.

L’approche de l’unesco s’articule autour d’un enjeu crucial soit la nécessité pour les collectivi-tés, les villes et les pays d’identifier leurs propres priorités et les actions liées à la durabilité. Le modèle des quatre piliers encourage la participa-tion des citoyens au travail des gouvernements et considère cette participation comme une composante essentielle de la planification et de l’édification de collectivités durables. Les résidents, les jeunes, les organismes et les com-merces locaux sont considérés comme des experts de leur propre collectivité. Lorsqu’ils sont appelés à jouer un rôle de premier plan dans le renforcement des capacités, du développement et des processus décisionnels, ils deviennent à même d’explorer les liens qui existent au sein de leur collectivité, et de devenir plus autonomes et habilités à se réaliser.

La Culture : le quatrième pilier

Le défi des projets culturels est d’être pertinents, d’être soutenus par leurs communautés locales et d’être ancrés dans ces dernières, au lieu de s’adresser seulement aux visiteurs de l’extérieur et aux fortunés – souvent le résultat d’une politique culturelle uniformisée, importée de quelque part et n’ayant pas bénéficié d’une consultation locale. Il est aussi important de reconnaître que tous les avantages inhérents aux projets peuvent ne pas se réaliser à moins que ces projets ne soient intégrés, à un stade précoce, dans des programmes de régénération plus larges. —Culture at the Heart of Regeneration, Département pour la culture, les médias et les sports, Angleterre

La diversité culturelle est le principal patrimoine de l’Humanité. Elle est le produit de milliers d’années d’histoire, le fruit de la contribution collective de tous les peuples, à travers leurs langues, leurs idées, leurs techniques, leurs pratiques et leurs créations. La culture revêt différentes formes, qui se sont toujours construites dans une relation dynamique entre sociétés et territoires. La diversité culturelle contribue à une « existence intellectuelle, affective, morale et spirituelle plus satisfaisante pour tous »* et constitue l’un des éléments essentiels de transformation de la réalité urbaine et sociale.

—Premier principe – Agenda 21 de la culture, http://agenda21cultura.org

*(Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle, article 3)

Les villes et collectivités durables sont celles qui satisfont aux besoins actuels des citoyens, tout en leur assurant les ressources nécessaires pour leur avenir et celui des générations futures. De plus en plus, les dimensions environnementales, économiques, sociales et culturelles sont considérées comme les quatre piliers requis pour assurer cette viabilité à long terme.

de la viabilité

Le nouveau monde est une économie vraiment globale, motivé par l’information, les idées et les découvertes. Il est une écono-mie créative, où l’art et la culture sont les piliers de l’innovation, de l’invention et de la compréhension… Les nouveaux inves-tissements dans les langues, la recherche, les arts, la culture et la revitalisation urbaine ne sont pas seulement des éléments critiques dans l’édification d’une société éclairée. Ils représentent des avantages concurrentiels que nous utiliserons pour attirer les personnes talentueuses et pour créer des emplois. —Discours inaugural de la lieutenante-gouverneure de la Colombie-Britannique, Iona Campagnolo, lors de la deuxième session de la 38e législature, le 14 février 2006

NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2006 3

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[murmur]

Tout est dans le caractère. Il est l’élément essentiel qui fait de chaque vie non un livre, mais un ensemble de dix volumes ! L’art nourrit le caractère, invite l’expression du caractère unique que nous possédons tous. —David Earle, extrait de David Earle: A Choreographic Biography par Michele Green, 2006

Un élément important de l’authenticité est le caractère distinctif. Nous vivons dans une nation (et, grâce à la globalisation, dans un monde) où la culture est devenue de plus en plus homogénéisée, où les communautés suburbaines, les magasins linéaires et les sorties d’autoroute sont exactement pareils. Mais une réaction provenant de la base est en train de se tramer. Plusieurs personnes veulent avoir des choix et un sentiment d’appartenance allant au-delà de la banalité de la marque nationale.

L’essence de cette notion est que chaque communauté aura à trouver son identité unique. De même que pour la qualité de vie, le sentiment d’appartenance signifie différentes choses pour différentes personnes. Nous savons qu’en matière de climat, les goûts diffèrent… Tout comme il existe plusieurs dimensions dans les climats, il existe aussi plusieurs dimensions dans les communautés. Aucune ville ne peut offrir la meilleure qualité de vie à tout le monde. Le défi est de trouver sa place… La stratégie porte sur le fait d’être différent : Que choisissez-vous d’être ou d’offrir qui diffère des autres ?... Le défi pour chaque communauté est de décider quel genre d’endroit elle veut être.

—Joseph Cortright, The Young and Restless in a Knowledge Economy, site Web CEOs for Cities, décembre 2005

Nous nous éloignons d’une économie et d’une société bâ-ties sur des capacités informatiques, logiques et linéaires de l’ère de l’information pour nous rapprocher d’une écono-mie et d’une société régies par les capacités d’invention, d’empathie et de vision globale caractéristiques de la nou-velle ère conceptuelle…

C’est une nouvelle ère animée par une différente forme de pensée et une nouvelle approche de la vie – une approche qui prise les aptitudes que j’appelle « concept supérieur » et « réponse compensatoire ». Le concept supérieur comprend la capacité de déceler des tendances et des occasions, de créer une beauté artistique et émotive, de préparer un récit satisfaisant, et de combiner des idées apparemment non reliées pour créer quelque chose de nouveau. La réponse compensatoire comprend la capacité de s’identifier avec les autres, de comprendre les subtilités de l’interaction hu-maine, de trouver de la joie en soi et de la provoquer chez les autres, et d’aller au-delà du quotidien à la poursuite d’un but et d’une direction… Les six compétences essen-tielles nécessaires pour traverser ce nouveau paysage : Conception. Histoire. Symphonie. Empathie. Jeu. Signification. —Daniel H. Pink, A whole new mind: Moving from the information age to the conceptual age, 2005

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4 NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2006

Nous avons tous une histoire, et tous les récits prennent racine quelque part. C’est ce que pense le trio de concepteurs derrière [murmur], composé de Shawn Micalleff, James Roussel et Gabe Sawhney. À leur avis, ces lieux et ces récits ont une grande importance.

C’est pourquoi ils ont créé des projets d’archives sonores à Montréal (le boulevard Saint-Laurent), à Toronto, (le marché Kensington, le quartier Annex et l’avenue Spadina), à Calgary (le centre-ville) et à Vancouver (le quartier chinois). Le tout premier projet ayant été conçu dans un lieu in-térieur a été lancé en mars 2006, à Hart House, sur le campus de l’Université de Toronto.

[murmur] recueille des récits sur des lieux spécifiques. À chacun d’eux se trouve un écri-teau distinctif, sous forme d’une énorme oreille verte, portant un numéro de téléphone et un

code d’emplacement. Les piétons munis de leur téléphone cellulaire peuvent le composer pour écouter des histoires et des anecdotes du lieu même où ils se trouvent.

Ce projet de témoignages interactifs et localisés, grâce à sa technologie de pointe, vise à garder ces histoires vivantes et présentes dans la rue. Les récits sont racontés et écou-tés par des gens qui ont vécu dans ces lieux. En partageant leurs souvenirs, ces gens enri-chissent le patrimoine public et contribuent à façonner la ville. Cette approche intimiste permet aux auditeurs de mieux saisir toute la richesse d’un quartier ; la ville devient alors un lieu familier et invitant.

[murmur] est constamment à la recherche de nouveaux témoignages et de récits person-nels pour enrichir ses archives actuelles. Les concepteurs invitent tous ceux intéressés à

lancer un tel projet dans une ville ne figurant pas encore dans le réseau [murmur].

Consultez le www.murmur.info

Nous recevons des courriels de gens à Toronto qui, avant d’entendre nos récits sonores, avaient oublié à quel point la ville leur plaisait. —Shawn Micalleff

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NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2006 5

Le patrimoine Pour comprendre notre présent et notre avenir, nous devons connaître notre passé. Les biens patrimoniaux sont les témoins tangibles de notre histoire. Se rapprocher du patrimoine culturel nous permet de « … [nous] retrouver dans [notre] propre environnement social, culturel et historique » (Déclaration de Helsinki, 1996). Il vivifie notre mémoire collec-tive afin de mieux envisager l’avenir.

Les biens patrimoniaux comptent les bâti-ments, les sites, les reliques et les artefacts historiques. Ces ressources ne sont pas renouv-elables et sont irremplaçables. Par exemple, lorsqu’un bâtiment est remplacé par une nouvelle structure, sa signification culturelle ne peut être aisément reproduite. Identifier de nouveaux usages pour des bâtiments patrimo-niaux aide non seulement à sauvegarder une page d’histoire, mais a un effet immédiat sur l’écologie en recyclant des biens qui existent déjà.

Par ailleurs, les bâtiments patrimoniaux de-viennent souvent l’hôte de musées. Les musées, des institutions qui documentent et enseignent l’histoire, sont les gardiens du patrimoine culturel et ils sont essentiels à la réalisation de la pérennité culturelle. Le patrimoine est intimement lié à notre sens identitaire et il témoigne de notre héritage historique, culturel et naturel.

Placemaking Dans une société ouverte et culturellement du-rable, il est important que les citoyens puissent se reconnaître dans leur environnement. Le placemaking communautaire est un processus par lequel les membres d’une collectivité trans-forment et s’approprient leur environnement physique en lui conférant une plus grande signification sur le plan culturel. L’espace devient ainsi un lieu d’appartenance.

Le placemaking compte des quartiers dont la culture est spécifique à une communauté, notamment la « Petite Italie » ou le « China-town », ainsi que des quartiers qui plaisent aux étudiants. Le placemaking se dénote par son architecture hybride, telle celle de la First Nations House of Learning, à l’Université de la Colombie-Britannique, où se trouve une maison longue dont l’esthétique s’inspire des maisons longues traditionnelles de type du salish du littoral ; elle est également dotée d’un espace de réunion au design contemporain. Il en résulte un environnement qui incite les étu-diants des Premières nations à partager leurs connaissances et leur culture dans une « maison loin de la maison. »

Ce sont souvent ces espaces privilégiés qui, en temps de tragédie, deviennent un havre à l’échelle humaine, un lieu de ressourcement et d’appartenance pour les gens dans le be-soin, afin qu’ils puissent se retrouver et être en mesure de mieux faire face à la situation. Les membres de la communauté doivent se sentir à l’aise dans un lieu qui témoigne de leur identité.

…le patrimoine est un héritage du passé apprécié dans le présent qu’il contribue à interpréter, et protégé pour l’avenir qu’il aide à façonner. Il confère une identité collective et un sentiment du bien commun et définit les modes de vie, les valeurs et les croyances individuelles et communautaires.

Le patrimoine naturel et culturel prend de multiples formes tangibles (patrimoine bâti, cimetières, terrains de décharge, tertres, endroits, espaces, géologie, paysages, jardins, plantes, documents écrits, musique, danse, arts, littérature, collection d’objets, alimentation, vêtements, etc.) et intangibles (expériences, tradition orale, coutumes et contes, spiritualité, etc.).

Le patrimoine rassemble les gens au sein de groupements et d’organismes qui peuvent être imaginés, construits et exprimés de multiples façons ; il reflète la collectivité aux yeux des résidents et des visiteurs grâce notamment aux livres, aux festivals, aux événements et aux expositions. Le patrimoine est également une industrie culturelle qui doit avoir un cadre législatif, des politiques publiques et un sens de l’entreprise, de l’innovation et de la communication.

—Ville d’Ottawa. « Qu’est-ce que le patrimoine ? » Plan pour le patrimoine Ottawa 2020

Les éléments culturels d’une collectivité durableLes éléments culturels, tangibles et intangibles, sont les vecteurs d’une multitude de dimensions socioculturelles, économiques et environnementales au sein d’une collectivité. Ils témoignent des relations, des réalisations, des défis et des espoirs d’une collectivité et ils en facilitent la mise en œuvre. Ils sont des res-sources et des outils pour l’action. Les éléments culturels clés d’une collectivité peuvent aussi servir d’ancrage et de point de mire des poli-tiques et des initiatives afin que les ressources culturelles y soient intégrées en tant que pilier de la durabilité d’une collectivité.

Identifier les éléments culturels clés d’une collectivité et les intégrer dans des secteurs d’intervention élargis est une étape primordiale de la planification culturelle communautaire et

de l’élaboration de politiques. L’intérêt que l’on porte à la durabilité ajoute de nouvelles consi-dérations à ce travail et suscite une réflexion de longue portée.

Les éléments culturels peuvent être regroupés en quatre thèmes généraux :

1 Les équipements

2 Possibilités d’engagement culturel

3 Les médias

4 Les politiques et les programmes de soutien

Espaces de rencontres et de partage Les espaces et les centres culturels sont des lieux qui appellent à l’édification d’une col-lectivité ; ils incitent à la création, au partage, à la présentation, à l’échange, à l’apprentissage et à la socialisation. Les espaces publics sont des lieux privilégiés où les membres de la collectivité peuvent débattre de leurs valeurs, modes de pensée, et aspirations en tant que citoyens actifs et engagés. Ces espaces culturels peuvent se situer à l’intérieur, à l’extérieur ou dans l’espace virtuel d’Internet. Ils comptent notamment des centres communautaires et récréatifs, des parcs, des musées locaux, des cafés, des bibliothèques publiques, des salles communautaires, des espaces d’art public, des galeries, et des théâtres.

Art public L’art public appartient à la collectivité. Il s’agit d’une œuvre d’art qui raconte une histoire ou qui lance un dialogue. Cela pourrait être une sculpture créée pour commémorer un épisode d’histoire sociale, une installation temporaire conçue à des fins d’interactions publiques bien définies, ou ce peut être l’expression créative d’un rêve de la communauté. Une forme d’art urbain qui gagne en popularité est le graffiti. Aux bons endroits, l’art du graffiti peut expri-mer des histoires et des idées d’une manière nouvelle et propre à la contre-culture. Peu importe la forme qu’il prend, l’art public favorise un climat social propice à l’engagement culturel et à une participation citoyenne stimulante pour le dynamisme d’une ville.

1 Les équipements

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6 NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2006

Renfrew Ravine Moon Festival

Occasions sociales Les citoyens peuvent s’impliquer de plusieurs façons dans la vie sociale de leur communauté. Les occasions sociales d’implication culturelle activent, animent et dynamisent les com-posantes culturelles des communautés durables. Ces occasions comprennent notamment des projets artistiques communautaires, des présen-tations d’œuvres artistiques, des festivals et des célébrations mises en œuvre par les résidents, ainsi que des projets liés à l’histoire locale.

L’art communautaire est un dialogue qui s’exprime par des moyens créatifs et imagina-tifs conçus pour favoriser l’entente culturelle et la cohésion sociale. L’art communautaire représente une occasion merveilleuse de réaliser des projets communautaires inclusifs et basés sur la collaboration, tels des pièces de théâtre communautaires, des collectifs d’art visuel et des troupes de danse communautaires. Cela peut également entraîner la prise en charge d’un passage piétonnier ou d’un mur en y installant des mosaïques de tuiles colorées.

Le théâtre, la danse, les expositions muséales, le cinéma, la musique, la poésie, les mets, les festi-vals et les parades dynamisent une ville. Lorsque ces activités sont conçues par et pour les gens, elles deviennent une ressource et une force motrice de la collectivité. La culture suscite un sentiment d’appartenance unique et significatif pour une gamme d’individus vivant et travail-lant dans ce lieu ; elle rend la collectivité attrayante pour tous, dont les visiteurs.

Le partage de l’histoire culturelle locale et de la mémoire collective est un bien important et une ressource précieuse pour mieux comprendre le patrimoine d’une communauté. Les visites guidées traditionnelles nous font connaître les anecdotes et les récits propres à un lieu ; elles contribuent à assurer la pérennité des récits, des mythes et des légendes de la région. Grâce à l’usage de téléphones portables, des orga- nismes comme [murmur] ont également conçu

des visites enregistrées autoguidées qui mettent à profit la mémoire collective des habitants de différentes villes canadiennes.

Par ailleurs, les musées vivants, tel celui de la ville historique de Barkerville, en Colombie- Britannique, ou encore, le lieu de tournage du film Random Passage, à Trinity Bight (Terre-Neuve), sont une autre façon de donner vie à l’histoire et au patrimoine. Les visiteurs peuvent assister à des représentations dont les scènes captivent l’imagination et suscitent une réflexion sur le passé.

Des occasions d’apprentissage Un processus important lié au développement du capital humain est le transfert de compé-tences et de connaissances. Parmi les occasions d’apprentissage formel, il y a les cours liés à un programme de loisirs, tels des cours de pote-rie et de danse, des programmes de mentorat et d’apprentis, des ateliers porte ouvertes, des ateliers et des programmes pour les artistes et les novices, l’acquisition de nouvelles compétences et des activités se déroulant après l’école.

Des occasions d’apprentissage partagé con-tribuent à former des liens et à stimuler la confi-ance entre les membres de différentes cultures et de divers niveaux socioéconomiques. Elles permettent également le transfert d’habiletés au sein de la communauté. Des instructeurs, inclu-ant des aînés issus des divers groupes culturels, sont habilités à développer les connaissances alors que les étudiants, par leurs compétences, sont à même de contribuer à la vie communau-taire. Des programmes créatifs permettent aux citoyens possédant des compétences uniques de mettre leurs talents à profit et ce, de façon souvent novatrice.

Par la formation, la responsabilisation et le trans-fert de connaissances, les communautés édifient leur capital humain, assurant ainsi la durabilité de leur communauté et de leur main d’œuvre.

2 Possibilités d’engagement culturel

Howard White, de Harbour Publishing, un éditeur indépendant situé à Pender Harbour, en Colombie-Britannique, « a produit des histoires et des livres engendrés par les gens de la côte de la Colombie-Britannique ; il a donné voix à une culture et a établi un héritage littéraire des gens et pour les gens… Il s’est servi de l’édition comme intermédiaire pour donner une voix aux autres, de telle façon que nous, Britanno-Colombiens, avons appris à nous connaître et que d’autres Canadiens ont aussi appris à nous connaître… » —Rowland Lorimer, directeur, maîtrise du Programme d’aide à l’édition, Simon Fraser University

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Renfrew Ravine est l’un des seuls lieux à Van-couver à ne pas avoir été recouvert de ciment. À l’époque la plus sombre de son histoire, il était enseveli sous les détritus. Lorsque l’artiste Carmen Rosen s’est installée dans le quartier, elle a voulu métamorphoser le ravin ; trans-former ce dépotoir en un lieu riche pour ses habitants et la faune.

C’est ainsi qu’à l’automne 2003, la première édition du Renfrew Ravine Moon Festival a été lancée. Depuis, le festival est devenu une célébration annuelle comptant une foire de la récolte, une parade et un événement multi-disciplinaire des arts communautaires, voué à sensibiliser les gens sur les questions de l’environnement. Le ravin est situé dans un quartier où réside une importante population asiatique. D’emblée, il s’est créé un lien entre le Renfrew Ravine Moon Festival et le Asian Mid-Autumn Festival. Carmen Rosen tient

beaucoup à ce genre d’initiatives qui édifient la communauté. L’événement coïncide égale-ment avec la tenue d’une série d’ateliers visant l’acquisition de compétences, ainsi que de rencontres de travail offertes pendant l’été. Ces rencontres portent notamment sur des enjeux environnementaux et sur des tâches d’entretien (tels le désherbage, l’arrosage, la collecte des ordures) tout en offrant l’occasion de participer à des activités telles que recueillir des récits, fabriquer des lanternes, jouer de la musique, etc.

Cette année, le Moon Festival aura lieu le 7 octobre et mettra l’accent sur le thème de l’eau, l’un des quatre éléments de base. À cette oc-casion les jeunes du quartier recueilleront des récits de leurs aînés, des gens venus des quatre coins du monde, et ils témoigneront de leurs propres espoirs et de leurs craintes concer-nant l’avenir de l’eau sur notre planète. Un

volet historique fera état de la perspective des premiers habitants de la région, alors qu’une série d’exposés sur les grands enjeux liés à l’eau seront présentés à la bibliothèque municipale.

Mme Rosen considère pour sa part qu’à long terme, l’état de santé du Renfrew Ra-vine, un enjeu modeste mais important de l’environnement global, et celui de la commu-nauté, vont de pair.

Consultez le www.moonfestival.net

Plusieurs autres initiatives ont vu le jour récemment dans la foulée de cette poussée d’énergie créatrice dans le quartier… —Carmen Rosen

3 Les médias Les médias peuvent jouer plusieurs rôles, notamment produire, transmettre et publiciser toutes les ressources culturelles mentionnées ci-dessus. Les ressources médiatiques se compo-sent notamment de journaux, de la radio et de la télévision, de bulletins, de livres, de l’industrie de la musique, d’Internet, du cinéma, de maga-zines et de nouveaux médias. Ce sont tous des moyens de consigner, de communiquer et de diffuser l’information culturelle, telles les con-naissances, les compétences, les valeurs et les récits locaux, tout en mobilisant les citoyens sur des enjeux qui leur sont importants. Les médias obtiennent de meilleurs résultats quand leur contenu est à l’image de leur public. L’apport des médias communautaires est crucial.

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NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2006 7

Les arts sont importants parce qu’ils sont locaux et pertinents par rapport aux besoins et aux désirs des gens de l’endroit. Ils aident les citoyens à exprimer leurs be-soins sous des formes mémorables. Ils offrent une façon d’exprimer des idées et des désirs que les politiques ordinaires ne permettent pas. Les arts régénèrent ce qui est en bout de course et réhabilite ce qui a été négligé. Les édifices artistiques remontent le moral, créent des symboles avec lesquels les gens s’identifient, et donnent une identité aux endroits qui n’en ont peut-être pas. Là où les arts com-mencent, les emplois suivent. Là où les arts sont négligés, les gens sont trompés…

Les arts relient la société à son passé, un peuple à son patrimoine d’idées, d’images et de mots. Toutefois, les arts mettent ces liens au défi afin de trouver des façons d’explorer de nouvelles avenues et entreprises. Les arts sont évolutionnaires et révolutionnaires ; ils écoutent, se souviennent et mènent. Ils résistent à l’homogénéité, renforcent les individus et restent indépendants devant la pression de la masse, la banalité et l’uniformité. Dans un monde postmoder-ne, dans lequel la créativité individuelle n’a jamais été aussi impor-tante, les arts offrent l’occasion de développer cette caractéristique.

—John Tusa, “Art matters,” The Guardian, le 13 décembre 2005

4 Les politiques et les programmes de soutienSans soutien pour le fonctionnement ainsi que la programmation d’activités et les biens cul-turels, le patrimoine et les programmes culturels, en tant que pilier du développement commu-nautaire durable, sont vulnérables. La création d’assises culturelles solides requiert un maillage complexe d’éléments déclencheurs : la recherche, le développement, le financement, les ressources créatives, les réseaux, les ressources en ligne et les espaces de rencontres virtuelles. Les obstacles à la vitalité culturelle peuvent inclure l’incapacité à communiquer dans une langue commune, un manque de repères culturels, un accès insuf-fisant à l’expertise disponible, des compétences inadéquates en matière de coordination et d’organisation, une pénurie de fonds de démar-rage et de fonctionnement, un manque de liens avec les collectivités isolées et en difficulté, ainsi qu’un manque de réseaux de communication au sein de la communauté et avec le gouvernement.

L’importance accrue des quatre piliers fait comprendre, néanmoins, que les politiques et le soutien à la culture forment les assises des collec-tivités et des villes durables et viables. Alors que les gens deviennent plus raffinés en matière de culture, tant la leur que celle des autres, la volon-té de surmonter ces obstacles et un parti pris en faveur du quatrième pilier s’imposent.

La culture est une force de transformation pour les gens et les communautés

Depuis plus de 40 ans, la petite ville de Cara-quet, au Nouveau-Brunswick, est l’hôte du Festival acadien de Caraquet ; la plus grande manifestation culturelle en Acadie et l’un des attraits touristiques les plus prisés des provinces atlantiques.

Chaque année, du 1er au 15 août, quelque 150 000 personnes participent aux activités et aux spectacles du festival. Parmi les activités offertes, il y a la bénédiction des bateaux, dans la baie de Caraquet et le Tintamarre, une tradition acadienne de longue date qui a été ranimée en 1979. Le tintamarre est l’événement du festival au cours duquel il faut faire le plus de vacarme possible ! L’année dernière, 25 000 personnes y ont pris part en déambulant le long d’une section confinée du boulevard Saint-Pierre, exprimant leur joie de vivre avec des chaudrons, des poêlons, des

hochets, des boîtes de conserves et des sifflets, afin de souligner le 15 août, jour de la fête na-tionale de l’Acadie et de célébrer leur héritage.

Entre 200 et 400 artistes, de l’Acadie et du Québec principalement, participent à l’événement. D’autres viennent de la Louisiane et de l’Europe. Si la musique populaire occupe une grande place au sein de la programmation, on compte également de la musique classique, du jazz, du Latino et plus encore. La littérature francophone et acadienne, la poésie et les arts visuels y sont également représentés.

Le Festival acadien de Caraquet est un levier important de l’économie locale. Il contribue également à l’épanouissement des commu-nautés acadiennes tout en édifiant les assises sociales du pays. Ses réussites ont été recon-nues par le gouvernement provincial qui lui a

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Ce festival a pour effet de multiplier par cinq la population habituelle de la région, pendant la seule journée du 15 août. —Paul Marcel Albert, directeur artistique et administrateur du Festival

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décerné, en 2004, le Prix de l’innovation et de l’excellence en tourisme.

Consultez le www.festivalacadien.ca

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402, rue Pender ouest Suite 408 Vancouver, C.-B. V6B 1T6 [email protected] | www.villescreatives.ca 604-688-2489

Le Réseau des villes créatives tient à remercier de leur appui financier :

COLLABORATEURS : Directrices de la rédaction : Nancy Duxbury, Kaija Pepper Recherche/Rédaction : Nancy Duxbury, Kaija Pepper, Eileen Gillette, Diana Leung, Lizanne GosselinTraduction : Célyne Gagnon Design et Mise en page : John McLachlan–Gliss Media

Nous remercions toutes les personnes qui ont contribué au contenu de cette publication, notamment l’information et les photos.

Ce texte compte des extraits tirés d’un mémoire rédigé à l’intention de l’Observatoire culturel canadien, et paru sur le site Web de Culturescope.ca sous le titre :

« Collectivités durables : culture, créativité et inclusivité ». Ce texte a été présenté dans le cadre de la série « En perspective » paru entre octobre 2005 et février 2006.

Le Réseau des ville créatives est une société à but non lucratif constituée en vertu d’une loi fédérale. Ses membres sont des employés du secteur culturel municipal de nombreuses municipalités canadiennes.

Conseil d’administration du Réseau des villes créatives :Doug Cleverley, Owen Sound / Bernard J. Cormier, Saint John / Claude Des Landes, Montréal / Jane Fernyhough, Richmond / Sue Galimberti, Regina / Beth Gignac, Mississauga / Lorna Gunn, Kelowna / Debbie Hill, Ottawa / Michel Jutras, Trois-Rivières / Keith McPhail, Halifax / Burke Taylor, Vancouver / Tricia Wasney, Winnipeg

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➊ Achetez un article d’art local par année, chaque année, peu importe le médium. Cela peut être une peinture à accrocher au-dessus de votre cheminée et que vos enfants se disputeront après votre mort. Ou, ce peut être une tasse à café faite à la main qui rend en quelque sorte votre café plus savoureux. La taille importe peu ; c’est le principe qui est primordial.

➋Apprenez quelque chose de nouveau chaque année. Suivez un cours de danse à claquettes. Pendant une fin de semaine, joignez-vous à un atelier d’écriture journalistique. Participez à une démonstration sur la technique de vitrail et posez toutes les questions auxquelles vous pensez. Ensuite, inscrivez-vous au cours d’introduction.

➌Exposez-vous. C’est-à-dire, initiez-vous à une forme d’expression artistique qui, selon vous, ne vous plaira pas. Assistez à la présentation communautaire de l’opéra Figaro. Ou, si vous aimez l’opéra, assistez à un spectacle du groupe de musique grunge local Fer barbelé et métal. Vous pensez que la poésie est seulement pour les oiseaux ? Ouvrez vos oreilles et votre esprit.

➍Pour vos cadeaux, offrez des œuvres des artistes de votre communauté. Cette année, assurez-vous que chacun de vos présents est original : un tout récent disque compact d’une chorale locale ; un nouveau livre d’un écrivain local ; une babiole en verre soufflé pour l’arbre ; et, provenant de la forge d’à côté, un crochet pour un chapeau qui, par un heureux hasard, a lui-même été fabriqué au bout de la rue.

➎ Pensez aux autres. Achetez pour une autre personne un billet à une activité que vous aimez. Amenez un ami ou payez la traite à quelqu’un que vous appréciez, de façon anonyme. Avez-vous déjà acheté un billet pour un événement et vous n’avez pas été en mesure d’y assister ? Ne demandez pas un remboursement : demandez au groupe orga-nisateur de trouver une personne méritante et de préférence démunie. Ou envoyez deux billets à un centre pour les jeunes ou pour les personnes âgées. Lors de l’activité, essayez de deviner qui y assiste grâce à vous.

➏Lancez-vous des défis : choisissez une bonne journée et essayez de trouver autant d’activités reliées à l’art que vous pouvez faire. Faites les toutes : lisez un livre, rédigez un poème, jouez de la musique, écoutez un groupe, regardez une danse, applaudissez une pièce de théâtre, visitez une galerie d’art. Lancez le même défi à six autres personnes.

➐Chantez. Apprenez une chanson composée par un musicien local et chantez-là : dans la douche, en voiture, en marchant dans la rue. Rendez vos collègues fous ! Peu importe si vous ressemblez à un wombat en chaleur. Dans votre sommeil, rêvez à la chanson. Maintenant, enseignez-là à quelqu’un d’autre.

➑Faites du bénévolat : pour un événement culturel local, pour la production théâtrale, pour un organisme artistique. Assoyez-vous à la table d’information, peignez une toile de fond, ramassez les billets, effectuez la vérification sonore, transportez les chaises, placez l’estrade. Après, collaborez au nettoyage et allez prendre une bière avec le groupe.

➒ Participez : parmi tous les organismes artis-tiques, il y en a un pour vous. C’est grâce à ces organismes que vous pouvez acheter des articles, apprendre des choses, vous initier, donner des cadeaux, distribuer la richesse, vous lancer des défis, chanter comme un wombat en chaleur et donner de votre temps pour le plaisir et pour rencontrer des amis. Dénichez l’organisme qui vous intéresse et participez-y.

➓Distribuez cette liste au plus grand nombre de personnes possible.

—Anne DeGrace, ARTiculate Magazine, West Kootenay Regional Arts Council, 2002

dix gestes à poser pour

soutenir la

culture de la

région