Une école républicaine...Une école républicaine Après avoir précisé le contexte politique...

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L'école de Ferry et l'enracinement de l'esprit républicain Une école républicaine Après avoir précisé le contexte politique français des années 1880-90, vous montrerez comment l’école et son personnel s’organisent pour s’attaquer aux adversaires du régime républicain Document 1 : Discours de Jules Ferry au Congrès pédagogique de 1881 Vous êtes tous les fils de 89 ! Vous avez été affranchis comme citoyens par la Révolution française, vous allez être émancipés comme instituteurs par la république de 1880 : comment n’aimeriez vous pas et ne feriez vous pas aimer dans votre enseignement et la Révolution et la République ? Document 2 : Gambetta, Discours dans une réunion électorale de Paris, 12 août 1881 L’école est vraiment le séminaire de l’avenir, notre séminaire à nous, celui d’où sortiront les citoyens mûrs pour les difficultés de la vie intérieure, et prêts aussi pour le service extérieur de la France, le séminaire républicain qui implique à mon sens cette triple nécessité : l’obligation, la gratuité, la laïcité. (…) On a demandé à modifier, à transiger. Messieurs, à toutes ces demandes, il faut répondre : non nous voulons l’Eglise chez elle et l’école chez elle, l’instituteur absolument maître du lieu où il donne ses leçons. Et quand vous aurez pratiqué ce régime pendant une génération, quand vous aurez ensemencé de germes toute cette jeune France qui s’éveille à la vie. Ah ! Messieurs, soyez en sûrs, nos enfants se demanderont ce que nous voulions bien vouloir dire en parlant sans cesse du spectre de l’Ancien régime, de l’ordre moral ou de la réaction. Ils ne comprendront rien à ces vieilleries. Document 3 : Affiche de 1893 Document 4 : Charles Péguy, Cahiers de la Quinzaine, 1913 De tout ce peuple les meilleurs étaient peut-être encore ces bons citoyens qu’étaient nos instituteurs. Il est vrai que ce n’était point pour nous des instituteurs, ou à peine. C’étaient des maîtres d’école. C’était le temps où les contributions étaient encore des impôts. J’essaierai de rendre un jour si je le puis ce que c’était alors que le personnel de l’enseignement primaire. C’était le

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L'école de Ferry et l'enracinement de l'esprit républicain

Une école républicaine

Après avoir précisé le contexte politique français des années 1880-90, vous montrerez comment l’école et son personnel s’organisent pour s’attaquer aux adversaires du régime républicain

Document 1 : Discours de Jules Ferry au Congrès pédagogique de 1881

Vous êtes tous les fils de 89 ! Vous avez été affranchis comme citoyens par la Révolution française, vous allez être émancipés comme instituteurs par la république de 1880 : comment n’aimeriez vous pas et ne feriez vous pas aimer dans votre enseignement et la Révolution et la République ?

Document 2 : Gambetta, Discours dans une réunion électorale de Paris, 12 août 1881

L’école est vraiment le séminaire de l’avenir, notre séminaire à nous, celui d’où sortiront les citoyens mûrs pour les difficultés de la vie intérieure, et prêts aussi pour le service extérieur de la France, le séminaire républicain qui implique à mon sens cette triple nécessité : l’obligation, la gratuité, la laïcité. (…) On a demandé à modifier, à transiger. Messieurs, à toutes ces demandes, il faut répondre : non nous voulons l’Eglise chez elle et l’école chez elle, l’instituteur absolument maître du lieu où il donne ses leçons. Et quand vous aurez pratiqué ce régime pendant une génération, quand vous aurez ensemencé de germes toute cette jeune France qui s’éveille à la vie. Ah ! Messieurs, soyez en sûrs, nos enfants se demanderont ce que nous voulions bien vouloir dire en parlant sans cesse du spectre de l’Ancien régime, de l’ordre moral ou de la réaction. Ils ne comprendront rien à ces vieilleries.

Document 3 : Affiche de 1893

Document 4 : Charles Péguy, Cahiers de la Quinzaine, 1913

De tout ce peuple les meilleurs étaient peut-être encore ces bons citoyens qu’étaient nos instituteurs. Il est vrai que ce n’était point pour nous des instituteurs, ou à peine. C’étaient des maîtres d’école. C’était le temps où les contributions étaient encore des impôts. J’essaierai de rendre un jour si je le puis ce que c’était alors que le personnel de l’enseignement primaire. C’était le

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L'école de Ferry et l'enracinement de l'esprit républicain civisme même, le dévouement sans mesure à l’intérêt commun ; notre jeune École normale était le foyer de la vie laïque de l’invention laïque dans tout le département, et même j’ai comme une idée qu’elle était un modèle et en cela et en tout pour et en tout pour les autres départements, au moins pour les départements limitrophes. (…) Nos jeunes maîtres étaient beaux comme des hussards noirs. Sveltes ; sévères ; sanglés, sérieux, et un peu tremblants de leur précoce, de leur soudaine omnipotence. Un long pantalon noir, mais, je pense, avec un liséré violet. Le violet n’est pas seulement la couleur des évêques, il est aussi la couleur de l’enseignement primaire. Un gilet noir, une longue redingote noire, bien droite, bien tombante, mais deux croisements de Palmes violettes aux revers. Une casquette plate, noire, mais un croisement de palmes violettes au-dessus du front. Cet uniforme civil était une sorte d’uniforme militaire encore plus sévère, encore plus militaire, étant un uniforme civique.

Document 5 : Paul Bert, discours prononcé au Havre, le 20 mars 1880

Paul Bert (1833-1886), député radical, fut ministre de l’Instruction publique dans le gouvernement Gambetta en 1881.

Oui, il faut que l’enfant connaisse l’organisation politique de son pays, et qu’en même temps il reçoive quelques notions sur son organisation sociale. (…) L’enfant devra non seulement connaitre l’état de la société mais aussi l’aimer, afin de se dévouer s’il est nécessaire lorsqu’il sera devenu un homme, pour la défendre. Que l’instituteur lui dise : « Personne ne te commande, excepté la loi ! Ici nul n’est maître, sauf la nation. » L’instituteur devra faire remarquer à l’enfant la supériorité du régime démocratique sur le régime monarchique ; lui faire comprendre comment le premier est le règne de l’égalité et le second le règne du privilège, l’un le règne du droit, l’autre le régime de l’arbitraire ; qu’il n’y a rien à attendre des caprices d’en haut, des grâces d’en haut ; qu’à force de travail, il est le maître de sa destinée.

Document 6 : Ferdinand Buisson, discours au Congrès du parti radical, 1903

Le premier devoir d’une République est de former des républicains, et l’on ne fait pas un républicain comme on fait un catholique. Pour faire un catholique, il suffit de lui imposer la vérité toute faite : la voilà, il n’a plus qu’à l’avaler. Sans doute, il y a des vérités incontestables, mais celles-là, l’Etat n’a pas besoin de les imposer : personne ne les conteste. Telles sont les vérités mathématiques (…), l’Etat les enseigne, non à titre de dogmes mais de vérités démontrées et que chacun peut vérifier. Quant aux autres, aux croyances, aux opinions, aux convictions religieuses, l’Etat ne les enseigne pas.

Document 7 : Marcel Pagnol, La gloire de mon père, 1957

J’en ai connu beaucoup de ces maîtres d’autrefois. Ils avaient une foi totale dans la beauté de leur mission, une confiance radieuse dans l’avenir de la race humaine. Ils méprisaient l’argent et le luxe. (…) Car le plus remarquable, c’est que ces anticléricaux avaient des âmes de missionnaires. (…) « Comme les prêtres, disait mon père, nous travaillons pour la vie future, mais nous c’est pour celle des autres »