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Un projet de et avec

Philippe Awat / Guillaume Barbot / Victor Gauthier-Martin

Création sonore et musique live Pierre-Marie Braye-Weppe

Ecriture Guillaume Barbot, d’après un travail collectif

Lumières

Nicolas Faucheux

Scénographie Benjamin Lebreton

Vidéos

Jeremie Gaston-Raoul, et Benjamin Lebreton

Productions

Cie Coup de Poker, Cie du Feu Follet, Cie Microsystème,

Coproductions Théâtre de Chelles

Soutiens

Théâtre Sorano, La Chapelle Dérézo, Les Studios de Virecourt, le 104, Adami, Spedidam

« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » Jean Jaurès. Trois metteurs en scène, acteurs et directeurs de compagnie, Philippe Awat, Guillaume Barbot et Victor Gauthier-Martin, trois artistes en résidence au Théâtre de Chelles entre 2015 et 2017, ont manifesté une volonté commune : celle de se réunir en collectif pour créer un objet théâtral singulier en écho au monde moderne. Un musicien live les accompagne. Le premier, il a toujours eu une gueule de flic, l’autre la voix d’un truand, le troisième une allure de pigeon voyageur, et le dernier un violon vert électrique. Trois générations différentes, trois visions du théâtre, trois forces vives, trois points de vue en résonance les uns avec les autres.

« Attentats, démocratie dégradée, dédain glaçant des seigneurs de l’argent, trois metteurs en scène-acteurs s’interrogent sur la déglingue du monde. Deux ans de recherches et de fraternité pour tenir un journal de bord d’artistes en éveil, qui se prennent parfois pour de tendres Pieds Nickelés . Par-delà les tâtonnements, ils finissent par discerner une figure cristallisant l’envie partagée de remettre la main sur l’Histoire : celle des lanceurs d’alerte. Des super citoyens, des personnes ordinaires sorties de l’ordinaire, qui ne seront jamais sur les teeshirts des ados. Rencontre avec ceux des Panama Papers . Sans renoncer au style qui sied à l’héroïsme, celui de l’épopée, il s’est agi d’enquêter, d’écrire, d’improviser, non pas sur l’information journalistique, mais sur l’humain, cette dimension qui résiste et qui fonde.

»

Tout aurait du commencer à l’automne 2015… Un texte de Marc Ravenill, dramaturge anglais, sur une vision futuriste d’un état de guerre qui nous semblait de plus en plus actuelle. Mais le 13 novembre a rebattu les cartes. Hiver 2016 On rebondit sur un projet de théâtre documentaire, autour de ce sentiment nouveau d’être en danger en bas de chez nous. Sur notre impuissance face à cela. Nous, artistes, parcourant la France pour parler, partager, se confronter autour d’un mot pas si clair : ‘la guerre’. Dans le sillon de Depardon, faire du théâtre avec des paroles recueillies loin de notre terrain de jeu habituel et habitué. Mais dès le mois de mars la France est dans les rues contre la loi travail. Les citoyens veulent reprendre leur histoire - l’Histoire - en main. Ce sentiment d’inertie que l’on interrogeait est déjà loin derrière nous. Tout aurait du continuer au printemps 2016… La question du héros s’ouvre à nous. De l’incarnation. De l’espoir. Du modèle. Si guerre il y a, si manifestation il y a, si combat il y a, quels sont alors les héros contemporains ? Les figures qui nous poussent à agir ? A-t-on encore finalement besoin de héros ? Mais le 3 avril a rebattu les cartes. A nouveau. Le 3 avril 2016 ? La révélation du scandale des Panama Papers. La guerre se révéle avant tout économique. Bien sûr. Et les héros deviennent lanceurs d’alertes. Citoyens, pour certains anonymes (comme John Doe), qui se sacrifient au nom de l’intérêt général. Au nom de la transparence. De la démocratie économique. Tout s’est donc construit comme on ne l’attendait pas. L’Histoire nous rattrapait à chaque fois, à grande vitesse. Nous forçait à voir le monde différemment. A parler du monde différemment. A changer d’axe. A requestionner notre rôle au sein même de la machine théâtre. Que dire ? Comment le dire ? Les formes de narration théâtrale, nos outils scéniques, nos façons de raconter des histoires est en mouvement constant. L’information se croise sur les réseaux comme dans nos têtes. On suit plusieurs histoires en même temps, ce sentiment fragile que chaque jour peut apporter une nouvelle information qui fera oublier celle de la veille. Même si on se fragmente on a besoin d’histoires, vraies ou fausses, mais d’histoires ! Celles qui nous aident à penser, celles qui nous font rêver, celles qui nous apprennent à voir… Maintenant, il faut écrire. Non pas l’actualité, non pas l’information journalistique, mais l’humain qui résiste, qui fonde, qui colmate. Voici donc notre journal de bord à travers notre trio, deux années d’enquête, deux années de fraternité, deux années où l’on a essayé ensemble d’apaiser nos peurs.

LES PANAMA PAPERS Les Panama Papers désignent la fuite de plus de 11,5 millions de documents confidentiels issus du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, détaillant des informations sur plus de 214 000 sociétés offshore ainsi que les noms des actionnaires de ces sociétés. Parmi eux se trouvent des hommes politiques, des milliardaires, des sportifs de haut niveau ou des célébrités. Les chefs d’État ou de gouvernement de six pays — l'Arabie saoudite, l'Argentine, les Émirats arabes unis, l'Islande, le Royaume-Uni et l'Ukraine — sont directement incriminés par ces révélations, tout comme des membres de leurs gouvernements, et des proches et des associés de chefs de gouvernements de plus de 40 autres pays, tels que l'Afrique du Sud, la Chine, la Corée du Sud, le Brésil, la France, l'Inde, la Malaisie, le Mexique, le Pakistan, la Russie et la Syrie. Les documents fournis par un lanceur d'alerte anonyme et non rémunéré (connu seulement sous le pseudonyme de John Doe) remontent aux années 1970 et vont jusqu'à fin 2015, représentant un total de 2,6 téraoctets de données. Initialement envoyées au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung en 2015, les données ont rapidement été partagées avec les rédactions de médias dans plus de 80 pays par l'intermédiaire de l'International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) basé à Washington. Les premiers articles sont publiés le 3 avril 2016, accompagnés de 149 documents. D'autres révélations suivront les publications initiales, et sont toujours en cours.

TEXTE – EXTRAITS DU JOURNAL DE BORD Victor 14 juillet Guillaume 23h Feu d’artifice Nice Philippe Trois jours plus tard Je roule dans ma petite voiture verte Bord de mer, chaleur, vacances Je vous appellerai en rentrant, les amis La radio diffuse du Bach ce jour là Quand j’ai peur Je mets la musique trop forte pour ne pas m’entendre respirer Alors, je mets Bach trop fort, mais je m’entends encore respirer Faudrait que j’arrête de fumer, je sais, je sais, je sais Quand j’ai peur Je vais voir mon père Faut pas avoir peur, d’accord, mais la tristesse, on en fait quoi de la tristesse ? Quand j’ai peur Je me dis que tout va bien, mais ne parle pas trop vite, tout va bien, mais ne parle pas trop vite Quand j’ai peur J’ai une crampe au coeur et je ne sais pas comment on fait pour l’étirer Quand j’ai peur Mes doigts tremblent au fond de ma poche à l’abri des regards Quand j’ai peur Je ne dis jamais non Quand j’ai peur Je ne me souviens plus de rien, mais vraiment, rien de rien Quand j’ai peur J’ai envie d’une couette, d’un chocolat chaud, d’un câlin de ma grand-mère Quand j’ai peur Impossible de tuer l’enfant qui est en moi Quand j’ai peur Je ne crois toujours pas en Dieu Quand j’ai peur J’ai besoin d’un héros qui viendrait me sauver C’est con, non ?

LE SON ET LA MUSIQUE (live) Dans HEROE(s), deux travaux se dégagent : Le premier sur l'histoire, le carnet de bord. Les voix des trois personnages seront présentes sans effet, sans artifice. Brut. Comme une radio qui enquête et des voix qui racontent. La composition musicale, elle, prendra des airs de polars. Elle se nourrira des peurs de chacun et la transformera en énergie sonore. Pour aller vers le cauchemar, la réflexion, l'effervescence et les tensions et même la saturation. Le deuxième travail porte sur les sons qui nous entourent. Ce que l’on peut appeler « les politiques sonores ». Celles qui nous sont dédiées au quotidien. Des explosions Dolby Surround 8.1 du cinéma aux mégaphones des gares, aux musiques rassurantes des parkings souterrains. De la voix douce qui vous explique comment se protéger d'une attaque à la voix d'un terroriste retransmise en direct sur toutes les télés des bars de Paris. La musique est populaire. Celle qui nous accompagne au quotidien. Aujourd'hui, dans ce quotidien, la quantité de matière sonore dont nous sommes les auditeurs est énorme : informations à la télévision dans tous les bars, 2355 Mp3 dans les oreilles et kit mains libres. Radio dans la cuisine, dans la voiture. Klaxons. Sirènes. Musiques dans les supermarchés, musiques dans les parkings. Musique dans l'avion... etc. Le son partout autour de nous arrive à une sorte de saturation. Quelque part dans cette masse sonore se trouve encore une quantité énorme d’information. Notre pensée, notre parole est couverte, presque inaudible. Comment relever ce qui nous parait intéressant ? Comment trouver ce qui nous pousse à s’interroger ? Dans HEROE(S), chaque fragment sonore est choisi pour attiser la curiosité de l’individu, le pousser à s’interroger, poursuivre son enquête. Une enquête, rythmée elle, par des silences, et des musiques originales. Dans l'écriture globale du spectacle, une partie plus documentaire est prise en charge par ces extraits sonores. Piqûre de rappel du réel. Et, mine de rien, informations que l'on glisse à l'oreille du spectateur. Le dispositif sonore va dans ce sens : installé en diagonale entre la scène et la salle, il amènera aussi le spectateur à s’inclure dans un espace de réflexion ouvert avec les acteurs. La guerre sonore laissera place à la réflexion et à la sensation.

PHILIPPE AWAT Metteur en scène En 1999, Philippe Awat crée la Compagnie Feu Follet et met en scène Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare coproduit et accueilli par Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil. S’en suivront les créations de Têtes rondes et Têtes pointues de Bertolt Brecht (2004, Théâtre des Quartiers d’Ivry), Pantagleize de Michel De Ghelderode (2007, Théâtre de Villejuif et le Théâtre des Quartiers d’Ivry), Le Roi nu d’Evguéni Schwartz (2009, Théâtre de la Tempête- cartoucherie) et La Tempête de Shakespeare (2011, Maison des Arts de Créteil, Théâtre des Quartiers d’ivry). Parallèlement à ses créations, la compagnie conduit un travail d’actions culturelles et de formations en IIe-de-France (milieux scolaires, universités, maisons d’arrêt, ateliers...).Depuis 2006, les activités de la compagnie bénéficient d’un accompagnement régulier de la DRAC Ile-de-France, d’ARCADI et du soutien du Conseil Général du Val-de-Marne (aide au fonctionnement). De 2010 à 2012, Philippe Awat est artiste associé et conseiller à la programmation au Théâtre Romain Rolland, scène conventionnée de Villejuif. Depuis décembre 2014, la compagnie est en résidence, pour 3 ans, au théâtre de Chelles où elle poursuit ses activités d’ateliers et de création. Comédien Philippe Awat se forme au conservatoire d’art dramatique à Marseille, au Studio Pygmalion. Au théâtre, il joue sous la direction de : Victor Gauthier Martin Sous la glace de F. Richter (création décembre 2015), Pauline Bureau Sirènes, Claudia Stavisky Chatte sur toit brûlant de T. WIlliams, Magali Léris Sniper Avenue de S. Ristic, Willy Protagoras enfermé dans les toilettes de W. Mouawad, Adel Hakim Mesure pour mesure de W. Shakespeare, Ce soir on improvise de Luigi Pirandello et Les Jumeaux vénitiens de Carlo Goldoni, Elisabeth Chailloux Deux amours et une petite bête de G. Ott, Moïse Touré Rêves de théâtre - fragments, Declan Donellan Antigone de Sophocle, Gérard Desarthe Electre de Giraudoux, Christophe Rauck Comme il vous plaira de W. Shakespeare, Mario Moretti Le Procès de Giordano Bruno de Mario Moretti, Marc Moro Le Misanthrope de Molière, Catherine Herold La Ronde de A. Schnitzler.

GUILLAUME BARBOT

Formé comme acteur à l’ESAD (école nationale à Paris), Guillaume Barbot fonde la compagnie Coup de Poker en 2005 en Seine et Marne. Il en assure la direction artistique. Il y est auteur et metteur en scène d'une dizaine de créations dont dernièrement : CLUB 27 (Maison des Métallos, Théâtre Paris Villette, reprise en 2018 au TGP St Denis), NUIT (Prix des lycéens Festival Impatience 2015 au Théâtre National de La Colline), HISTOIRE VRAIE D’UN PUNK CONVERTI A TRENET (en tournée), ON A FORT MAL DORMI (Théâtre de Rond Point), AMOUR – à La Cité Internationale

Il développe un travail visuel et une écriture de plateau, à partir de matière non dramatique, mêlant à chaque fois théâtre et musique. Il est accompagné de différents artistes, rencontrés pour la plupart en écoles nationales. Ensemble, ils proposent un théâtre de sensation qui donne à penser, un théâtre politique et sensoriel.

La compagnie a été en résidence au Théâtre de la Cité Internationale (2017), est associé au Théâtre de Chelles depuis 2015. Et la compagnie est artiste invitée pour trois ans au TGP à St Denis dès 2018. Elle est soutenue par la DRAC Ile de France, le CG77, et régulièrement par l’ADAMI, ARCADI, SPEDIDAM, CNV… Ses dernières créations sont coproduites par la Scène Nationale de La Ferme du Buisson (77).

Il écrit également pour la littérature. Son premier roman « Sans faute de frappe » publié aux éditions d’Empiria, avec le photographe Claude Gassian.

Il met en scène aussi dans l’univers musical : à l’opéra de Montpellier avec l’ensemble baroque Les Ombres, à Alfortville avec le chanteur Louis Caratini…

Il est aussi co-directeur artistique des Studios de Virecourt, lieu de résidence pluridisciplinaire près de Poitiers qui défend la création originale.

VICTOR GAUTHIER-MARTIN Après deux ans en Angleterre au Everyman Theater à Cheltenham, Victor Gauthier-Martin, de retour France, suit les ateliers du soir au Théâtre National de Chaillot puis intègre l'ERAC (Ecole Régionale d'Acteurs de Cannes). Il y met en scène avec sa promotion Les Amis font le philosophe de Jacob Lenz. Un an plus tard, en 1994, il est reçu au CNSAD (Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique) où il monte Ambulance de Grégory Motton en salle Jouvet au Conservatoire et au Théâtre des Ateliers à Aix-en-Provence, puis La Cuisine d'Arnold Wesker au Théâtre du Conservatoire et au Théâtre du Soleil, invité par Ariane Mnouchkine. Il repart ensuite un an en Angleterre à LAMDA (London Academy of Music and Dramatic Art) avec une bourse Lavoisière. A son retour, il présente Ailleurs tout près de Françoise Mesnier dans le cadre du Jeune Théâtre National et travaille en collaboration avec la compagnie du Vis-à-Vis pour monter Les petites choses et Un baiser dans la tête de Sonia Willi au Théâtre Universitaire de Nantes. Entre 2000 et 2002, dans le cadre de l'Unité Nomade de Formation à la Mise en Scène, il travaille avec Manfred Karge à Berlin et Krystian Lupa à Cracovie. En parallèle, il est comédien dans les spectacles de Sébastien Bournac, Jean-François Peyret, Benoît Bradel, Pascal Rambert, Alain Françon et Jean Liermier. Depuis 2003, Victor Gauthier-Martin développe tous ses projets de mise en scène au sein de microsystème. La compagnie est associée à la Comédie de Reims de 2004 à 2007. Elle est en résidence au Forum Scène conventionnée de Blanc-Mesnil de 2007 à 2010 et au Théâtre de Chelles depuis janvier 2011. Elle est soutenue par la DRAC Ile-de-France au titre du conventionnement depuis janvier 2010. Victor Gauthier-Martin choisit les textes qu’il monte, issus du répertoire ou contemporains, pour la manière dont ceux-ci résonnent avec la société et nous donnent à voir, à comprendre le monde dans lequel nous vivons. Depuis sa création, Microsystème a ainsi présenté Le Rêve d’un homme ridicule de Fédor Dostoïevski (2004), La Vie de Timon de William Shakespeare (2005), Gênes 01 de Fausto Paravidino (2007), Genoa / Us d’après Gênes 01 (2008), 109 – Théâtre nomade création à partir d’articles de presse (2008), Le Laveur de visages de Fabrice Melquiot (2009), Docteur Faustus de Christopher Marlowe (2010) et récemment Round’up écrit collectivement au plateau par Clémence Barbier, Victor Gauthier-Martin, Maia Sandoz (2012). A l’automne dernier il a créé l’Enfant roi, son premier spectacle pour le jeune public, d’après le mythe d’Œdipe.

PIERRE-MARIE BRAYE-WEPPE Musicien, compositeur

Violoniste depuis l’âge de 3 ans et demi. Titulaire d'un DFE de Violon et de Formation Musicale au Conservatoire de Fontainebleau, il s'attaque alors à l'improvisation David PATROIS au CA de Paris V où il obtiendra un CFEM Jazz et musiques improvisées. Elève de Didier LOCKWOOD pendant plusieurs années, diplômé du CMDL où il est aujourd’hui professeur principal, il multiplie les rencontres dans tous les domaines (Vincent Roca, Jean-Claude Casadesus, Maxim Vengerov, Romane, mais aussi François Rollin, Philippe Avron…) et se consacre à la scène au violon, à la guitare et divers instruments, ainsi qu'à la création de projets variés (jazz, classique, chansons, théâtre, arrangements, compositions). PEM totalise plus de 700 concerts dans plusieurs pays du Festival Django Reinhardt à l'Olympia, du Théâtre de la Colline au Festival Juste pour Rire... Il travaille avec la Cie Coup de Poker depuis 2008. Il a joué et composé les spectacles mis en scène par Guillaume Barbot : Gainsbourg moi non plus, En Vrac, Nos Belles, Club 27, Nuit, Michaux tranquille à la maison, L’Histoire vraie d’un punk converti à Trenet, et ‘Amour’ en 2017. Il travaille également pour le théâtre avec des metteurs en scène comme Marcus Borja (CNSAD), Yohan Manca (Le Carreau du Temple), Lola Naymark (SN de Dunkerque), Julien Barret (CDN d’Angers)…

CONTACTS

Cie Coup de Poker Catherine Bougerol 06 33 30 00 81 [email protected]

Cie Mycrosystème Amélie Philippe 06 61 12 75 91 [email protected] Cie Le Feu Follet Céline Ferré 06 15 92 78 43 [email protected]

…HEROE(s) 2

Projet en cours de production / recherche de partenaires

Après avoir enquêté de 2015 à 2018 pour Heroe(s), Notre drôle de trio repart en enquête de 2018 à 2020… Le journal de bord, tome 2. Une nouvelle aventure commune. De quoi chercher, de quoi se perdre, de quoi encore et toujours essayer de comprendre. Une piste nous a poussés à continuer… l’actualité fera le reste… mais jusqu’où irons-nous ? En 2020, l’objectif est clair : pouvoir présenter en diptyque Heroe(s) et Heroe(s) 2. Printemps 2018. Fin de Heroe(s). Le décor tourne, on découvre l'arrière des murs, l'arrière de l'enquête, ce qui se cache dans les Halles de Paris… On y a rencontré une femme mystérieuse dont on ne pouvait dévoiler l'identité. Nous voici maintenant à l'air libre, quelques mois plus tard... les travaux des Halles sont terminés... et on n’a aucune piste pour la retrouver, pour en savoir plus sur elle, sur son combat... on sait qu'elle prépare quelque chose... sa révolution... Et si on cherchait à la retrouver ? Eté 2018. A la sortie - c'est toujours à une sortie que la vie avance - à la sortie d’une représentation d’HEROE(s) on boit un peu trop avec une actrice metteuse en scène, on discute, nos voix sont fortes, surtout la sienne, elle semble au courant de groupes activistes se réunissant secrètement. Comme celui rencontré aux Halles justement. Elle blague ? Si, si, des groupes de femmes... passionnantes… elle nous propose de la suivre dès le lendemain matin, et quoi ? On la suit ? Bon, on y connaît rien en féminisme, oui on aime nos femmes oui on revendique tout comme elle le droit à la parité mais après ? On se sent autant homme que femme, d'ailleurs on nous le reproche, ils sont où les chevaliers aujourd'hui ? Les hommes, les vrais ? On fait quoi avec tout ça les amis ? _Guillaume ? _Victor ? _Oui Philippe ? _Et si on écrivait la suite ? Heroe(s) 2 ? Avec une femme à nos côtés ? Une actrice metteuse en scène, comme nous. Et qui jouerait. Comme nous. _Tu veux dire écrire notre point de vue sur la question des femmes ? _Des spectacles féministes par des femmes, il y en a plein. Mais par des hommes, en autodérision ? _Mais alors quoi, faut enquêter ? _Oui… Quelles femmes sont au pouvoir ? Mais c’est comment, être une femme au pouvoir ? _Guerre, économie, corruption… Et si la solution était du côté des héroïnes ? _On rencontre Taubira ? On rencontre la maire de Barcelone ? _On rencontre… A SUIVRE…

Le Off à Avignon plonge dans l'actualité

C’est au lendemain des attentats du Bataclan, qu’est né le spectacle Heroe(s) conçu par Philipe Awat, Guillaume Barbot et Victor Gauthier-Martin. Le spectacle est saisissant. Il questionne les faits d’actualité. De cette guerre menée contre Daesch jusqu’à l’émergence des lanceurs d’alerte, ces héros du 21ème siècle qui dénoncent les dérives du monde capitaliste. Heroe(s) est l’un des spectacles choc de ce Off. Il est programmé tous les matins à 10h20 à la Manufacture jusqu’au 26 juillet

Stéphane Capron

LE PETIT JOURNAL DES FESTIVALS 16 juillet 2018 – Matinale de 7h20

CRITIQUE⋅OFF 2018 HEROE(S), à La Manufacture

Une fois qu’il est poursuivi, discrédité, persécuté, embastillé, banni, le lanceur d’alerte se trouve inéluctablement confronté au doute quant à son engagement. Cela valait-il la peine de sacrifier sa vie ? Pourtant d’autres prennent le relais, l’hydre face à eux. Les coups qui lui ont été portés ont à peine fait chanceler le monstre, et si quelque tête couronnant son corps terrible et démesuré a été coupée, il présentera d’autres visages prêts à le défendre avec un acharnement décuplé. Le lanceur d’alerte est le héros tragique de nos temps modernes. Il a d’abord l’audience d’un héros de blockbuster, mais dans une trajectoire opposée à celui-ci, il finit par perdre. Lors, à leur « modeste échelle », comme le diront humblement Philippe Awat, Guillaume Barbot et Victor Gauthier-Martin, les auteurs de HEROE(S) qui sont également sur scène, que peuvent faire trois artistes qui voudraient comprendre comment fonctionnent l’hydre et son système immunitaire ? Comment créer dans un contexte où le discours dominant voudrait que l’on arrête de réfléchir, pour motif de guerre et d’état d’urgence ? Les trois compères nous dévoilent sans fard le déroulement de leur enquête, entre rage et découragement, révolte et consternation. Les mauvaises langues diront qu’ils ne nous apprennent rien que l’on ne sache déjà, nous les grands consommateurs d’information. Ce qu’ils nous apprennent est bien plus essentiel qu’un scoop à sensation : ils nous apprennent à rester debout, face à l’hydre.

—Walter Géhin, PLUSDEOFF

Les lanceurs d’alerte, ces héros du 21ème siècle

Créé en janvier au Théâtre de Chelles, puis présenté au Théâtre de la Cité Internationale, Heroe(s) est l’un des succès du Off, présenté dans le cadre de la programmation de la Manufacture.

Phillipe Awat (Cie Le Feu Follet), Guillaume Barbot (Cie Coup de Poker), Victor Gauthier-Martin (Cie Microsystème); ces trois metteurs en scène, trois acteurs, trois directeurs de compagnies indépendantes ont écrit ce spectacle pendant deux ans. Un trio explosif pour décrire le monde d’aujourd’hui. Ils sont accompagnés sur scène par le violon électrique de Pierre-Marie Braye-Weppe. Ils noircissent un énorme tableau noir. Ils inscrivent au fur et à mesure du spectacle les conclusions de leur enquête. C’est au lendemain des attentats du Bataclan, qu’est né Heroe(s). Il questionne les faits d’actualité, de cette guerre menée contre Daesch jusqu’à l’émergence des lanceurs d’alerte, ces héros du 21ème siècle qui dénoncent les dérives du monde capitaliste. Les trois acteurs sont allés à la rencontre des lanceurs d’alerte pour étayer leur propos. Le spectacle en est d’autant plus saisissant. Ces trois artistes sont bien plus que des Pieds Nickelés comme ils aiment à se définir. Ils fabriquent un théâtre en Etat de siège, comme un lieu de refuge. Avec un humour féroce, avec une acuité journalistique épatante, avec un regard cynique et critique, ils décrivent des évidences : “Le capitalisme a besoin de guerre pour se nourrir“. Et rappellent des chiffres éloquents comme celui de l’évasion fiscale en France : 250 milliards par an placés dans les paradis fiscaux. Heroe(s) n’est pas uniquement un brûlot politique, c’est un spectacle citoyen.

Stéphane Capron

Du 06 au 26 juillet à 10h20 - Relâches les 12 et 19 juillet, La Manufacture – Rue des Écoles

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OFF D’AVIGNON LES « HEROE(S) » LANCENT L’ALERTE LA MANUFACTURE 11 juillet 2018 Par Amelie Blaustein Niddam

C’est l’histoire de trois gars qui ne savent pas quoi faire le lendemain, le jour d’après. Ce 14 novembre-là. Comme Philippe Awat, Guillaume Barbot et Victor Gauthier-Martin sont metteurs en scène, ils ont pensé un spectacle, une résistance à leur façon. Ces trois-là sont connus des services. Philippe Awat de la Cie Le Feu Follet, a créé Pantagleize, Le Roi Nu, La Tempête, Ma mère m’a fait les poussières… Guillaume Barbot, Cie Coup de Poker, Club 27, Nuit, On a fort mal dormi, Amour… Victor Gauthier-Martin, Cie Microsystème, Gênes 01, Docteur Faustus, Round’up, Sous la glace… Ils se sont rencontrés lors d’une résidence au Théâtre de Chelles et semblent être amis, à la vie, à la mort. Régis Royer campe le rôle de Victor jusqu’au 14. Pierre-Marie Braye-Weppe les accompagne à la musique. Au commencement, ils ont l’idée d’un projet fou, un spectacle déambulatoire de près de trois heures, portables et sacs interdits. Des points de rendez-vous sont posés dans tout Avignon. C’est drôle, et cela donne très envie. L’idée de War and Breakfast, nom du projet initial, est de questionner le mot « Guerre ». Mais voilà que la réalité dépasse la fiction. Les terrasses, le Bataclan… le froid net sur Paris vide, prostré, et la peur, panique, tout le temps au moindre pétard. Eux comme nous vivons comme cela depuis que « ça » a basculé. « Ca », c’était la paix. Alors, quoi faire ? Un jeu direct, sans emphase théâtrale Ils se mettent à table, l’un cuisine un peu. Et ils enquêtent, cherchent sans trouver de quoi alimenter leur spectacle. Échec total jusqu’au jour où le sujet se décale. Et si l’ennemi ce n’était pas les terroristes mais ceux qui les financent ? Ils s’intéressent alors aux évasions fiscales et découvrent qu’il est bien trop facile d’ouvrir un compte offshore. Le jeu est direct, sans emphase théâtrale. Ils nous parlent, en leur nom, et nous font partager leurs avancées. Ils sont incollables sur les « Panama Papers » comme sur les « Paradise Papers » et nous font réaliser à quel point les lanceurs d’alerte sont des héros, dont les missions vont être compliquées par la loi sur le secret des affaires qui impose le silence à la presse sur des sujets sensibles. Heroe(s) est le récit de leurs recherches, très journalistiques. Cela ne changera pas l’état du monde, mais permet, et c’est déjà bien, de le regarder en face. Du 6 au 26 juillet à la Manufacture – centre ville – 1 h 15.

« HEROE(S) », THEATRE -TRES- DOCUMENTE

27 juillet 2018 ·

LEBRUITDUOFF.COM – 27 juillet 2018. AVIGNON OFF : « Heroe(s) » – Mise en scène : G. Barbot, Ph. Awat, V. Gauthier-Martin – Spectacle recommandé Sur le plateau les trois metteurs en scène, Guillaume Barbot, Philippe Awat et Victor Gauthier-Martin, avec Pierre-Marie Braye-Weppe à la création musicale et en live sont face au public en plein tâtonnement et en complète recherche artistique. Quel spectacle donner à Avignon ? Proposant un jeu de piste improbable et incongru autour des remparts, le public s’amuse et rit avec eux. Peu à peu, le climat s’assombrit, les trois compères, qui semblent amis depuis toujours, en viennent à parler des attentats, de la peur qui s’installe dans nos esprits, de cette angoisse liée à l’impuissance que chacun peut ressentir au lendemain d’une tuerie aveugle, puis, de jour à jour, de cet autre sentiment bizarre lorsque la vie reprend son cours et que le drame passé s’efface progressivement. Par petites touches, nos trois comédiens – chercheurs – metteurs en scène en viennent à se poser des questions sur ce quasi état de guerre que les états disent livrer au terrorisme et, de fil en aiguille, en tirant sur la pelote des évènements, commencent à se poser des questions sur le financement de ces guerres et, bien évidemment, sur les grosses fortunes mondiales et sur l’évasion fiscale qui en découle. S’ensuit durant plus d’une heure, une véritable enquête que ces trois comparses ont menée sur deux ans. Deux années de recherche acharnée sur tous les scandales financiers qui ont vu le jour, Panama Papers et autres, optimisation et fraude fiscale où l’on retrouve tous les fleurons de l’industrie mais aussi quelques grands talents de la pop ou même le Vatican. Ce détricotage à la mode journalistique met en évidence les vrais héros que sont ces lanceurs d’alerte qui sont avant tout des gens ordinaires qui permettent, peut-être pas de changer un monde à la dérive, mais à chacun d’entre nous de conserver l’espoir que les choses évoluent dans le bon sens, que n’importe quel quidam puisse dénoncer abus et fraudes à grande échelle tout en prenant des risques inouïs contre un système qui les écrase. Sûrement pas des héros façon Marvel mais bien ces héros du réel et du quotidien qui se battent contre des titans pour le bien de tous. Trois comédiens – metteurs en scène et un musicien sur le plateau, jouant avec intelligence de tous les rouages ayant conduit le monde vers des dérives ultralibérales qui polluent nos démocraties au bénéfice d’un très petit nombre. Un très beau travail de recherche, entre espoir et désespoir, d’hommes ayant besoin de croire en l’avenir. Un spectacle qui peut donner le tournis tant chacun peut se sentir impuissant devant cet ultra-libéralisme galopant, mais aussi la démonstration que le petit grain de sable qu’est un lanceur d’alerte, ce héros anonyme de tous les jours, peut enrailler cette machine infernale en se sacrifiant pour le bien commun, quitte à se faire broyer par le système. Pierre Salles

le 27/07/2018

Heroe(s) à la Manufacture

Ce sont des héros certes ! mais fatigués … qui veulent en découdre avec le monde ! Le

premier « a toujours eu une gueule de flic », l’autre « la voix d’un truand » et le dernier «

une allure de pigeon voyageur ». Philippe Awat, Victor Gauthier-Martin et Guillaume

Barbot, ces 3 copains metteurs en scène, acteurs et directeurs de compagnie ont passé

deux ans à tenir un journal de bord des « catastrophes » récentes : les attentats, les

crises financières, la défaillance de l’état, l’impuissance des peuples … C’est un chaos

qui donne le tournis et qui vient s’écrire sur le mur à la craie blanche. C’est, pour ces

artistes en éveil, l’occasion d’exprimer leur révolte face à la déglingue du monde.

Heroe(s) est le fruit de deux ans de recherches, vaste entreprise menée avec verve et

humour sous la forme d’une réunion de crise, QG de leurs espoirs et de leur amitié à

toute épreuve. Accompagnés d’un quatrième larron à capuche (un anonymous?), sous

les traits de Pierre-Marie Braye -Weppe, un musicien qui ajoute une touche poétique et

dramatique à l’entreprise, ils vont surtout s’arrêter sur le vaste scandale d’évasion

fiscale dénoncé par les Panama puis les Paradise papers. Leur réflexion prend alors le

visage d’un combat jusqu’au-boutiste contre l’injustice. Il y a un côté à la fois candide et

sincère dans leur démarche qui fait mouche et nous tend un miroir très noir de notre

société. Même les lanceurs d’alerte, ces derniers héros de notre temps, viennent

pointer à Pole Emploi. On sort de ce spectacle avec l’envie de renverser les tables, et

de les rejoindre dans cette lutte pour un monde meilleur. Anne Verdaguer

22 JUILLET 2018 / VEROBENO A l’origine, à l’été 2015 Guillaume Barbot, Victor Gauthier-Marin et Philippe Awat réfléchissaient à un spectacle déambulatoire dans Avignon, qui s’appellerait War and Breakfast, spectacle qu’ils avaient deux ans pour préparer et présenter à Avignon en 2018. Trois mois plus tard, le 13 novembre 2015, les attentats de Paris pulvérisaient leurs certitudes, leur projet. Des doutes des peurs des interrogations plus tard ils décident de changer d’axe : ce ne sera pas la guerre qui sera le centre de leur spectacle, mais ceux qui alertent, ceux qui dénoncent, ceux qui témoignent. Ces héros invisibles, anonymes, qui témoignent, alertent, révèlent. Lanceurs d’alerte, pour un théâtre qui devient à son tour un témoin nécessaire, lanceur d’alerte. Une table centrale, un discret nécessaire de cuisine, de grands tableaux noirs en fond de scène : la scénographie est réduite au strict minimum : elle sera largement remplie par le récit des trois metteurs en scène. Évasion fiscale, Panama papers, Paradise papers, Daesh, les mots et témoignages s’enchainent, les dates s’inscrivent sur les tableaux noirs ; les noms, ceux qui occultent, ceux qui optimisent, ceux qui dissimulent, ceux qui maquillent, se succèdent et s’alignent sur une liste de plus en plus longue. Une affaire « sort » ? Passé l’effet d’annonce, plus rien ne se passe, elle est aussitôt remplacée par une autre, et ainsi va le monde toujours serein de la finance. Guillaume Barbot, Victor Gauthier-Marin et Philippe Awat ont rencontré quelques uns de ces héros ordinaires : ils ont pour la plupart si ce n’est la totalité, presque tout perdu : emploi, employabilité, vie sociale. C’est pour eux que les trois metteurs en scène créent ce spectacle, éminemment nécessaire, construit comme un reportage rythmé et édifiant dont on sort dans un silence nécessaire, sonnés par ce récit. Changerons-nous pour autant notre quotidien ? Non, évidemment, mais au moins serons-nous au courant, serons-nous sensibilisés, serons-nous attentifs. Et plus reconnaissants. C’est aussi pour ça que le théâtre existe.

#OFF18 – Heroe(s) 17 juillet 2018

Avec Philippe Awat, Guillaume Barbot, Victor Gauthier-Martin (du 15 au 26) et Régis Royer (du 6 au 14) et Pierre-Marie Braye-Weppe à la musique Puisque j’ai pris le petit-dejeuner à La Manufacture, j’ai décidé d’y rester pour mon deuxième spectacle de la journée. C’est grâce au magazine Théâtre(s) que je découvre l’existence de ce spectacle et sa conception particulière. C’est d’abord ça qui m’a plu : le processus créatif. Trois metteurs en scène issus de trois compagnies différentes se sont retrouvés pendant 2 ans pour écrire sur le monde d’aujourd’hui. Deux ans de veille journalistique, à suivre les actualités, à essayer de comprendre le monde qui nous entoure. Un beau projet. Le projet commence le 14 novembre 2015. Pas besoin d’explication – qui, dans la salle, n’a pas souvenir de ce 14 novembre 2015 comme du jour d’après ? Les dates se succèdent, et plusieurs événements avec elles : des attentats, Paris, Nice, Londres, Orlando, le Thalys, et des noms de lanceur d’alerte fusent, John Doe, Chelsea Manning, et d’autres : Jérôme Kerviel, Daesh, Lafarge, Fillon, HSBC… Il y en a de partout. Des noms, des affaires. Des horreurs. Des horreurs qu’on a vécues, dont on a suivi l’actualité, nous aussi. Mais on se les prend étonnamment de pleine face, avec eux. Le tableau noir qui leur sert de décor se remplit vite, très vite, trop vite. Le spectacle est étonnamment calme mais la violence du propos nous heurte de plein fouet. Mal à l’aise, sur mon fauteuil. Tout ça, en si peu de temps ? Je n’ai pas voulu voir, rien voulu savoir, pas voulu être de ce monde là. J’ai manqué de courage. Pourquoi est-ce que ça prend ? Je ne sais pas. Peut-être parce qu’en face de nous, ces trois artistes nous ressemblent. Face à l’horreur du monde, face à l’évidence du mal dans l’homme, ils sont presque comme nous : sans arme, sans force, sans espoir. Et pourtant ils continuent, peut-être pour essayer de comprendre, en tout cas pour arriver au bout d’un projet qui leur tient à coeur. Et mince, mais c’est beau et poignant. Les deux histoires, la leur et celle plus large dans laquelle ils s’insèrent, se mêlent parfaitement. Pas de voyeurisme, ni d’un côté ni de l’autre. Simplement beaucoup d’humanité. Un beau projet. ♥ ♥ ♥

HEROE(s) HOTTELLOTHEATRE JUILLET 2018

Qui sont les héros ? Les lanceurs d’alerte, si l’on en croit le spectacle HEROE(s), réunion politique d’artistes engagés qui ne peuvent rester indifférents à ce qui se passe alentour en nos temps de terrorisme et de guerres en Syrie et autres pays. Les héros qu’ils affichent être eux-mêmes par un détour ironique sont encore les metteurs en scène, acteurs et directeurs de compagnie, Philippe Awat de Feu Follet, Guillaume Barbot de Coup de Poker et Victor Gauthier-Martin de Microsystème. En résidence au Théâtre de Chelles entre 2015 et 2017, le trio d’amis manifeste une volonté commune de se réunir en collectif pour créer un objet théâtral en écho à un monde contemporain extrêmement incisif, ainsi les attentats du Bataclan de 2015. Le spectacle s’est donné, entre autres, au TCI à Paris en février 2018. Travail de fourmi et enquête en cours, rigueur journalistique, enthousiasme des débuts suivi peu à peu de résultats lents et décevants, si l’on considère cette longue peine ardue qui consiste à traquer la tactique guerrière de l’improbable Daesch. Et remonter la filière financière de ces mouvements de haine, responsable en diable. Les comédiens-citoyens s’informent et font le compte verbal de leurs connaissances. Au XXI é siècle, sont apparus les lanceurs d’alerte – « fous » ou héros d’aujourd’hui – dénonçant les dérives malhonnêtes – pléonasme – du monde capitaliste. Vigilants par nature, et d’une juste conscience civique, politique et sociale – on croyait que ces énergumènes avaient disparu du paysage sociologique, accusés d’utopie avérée. Denis Robert pour l’affaire Clearstream, John Doe, Edward Snowden à présent, les vies personnelles et professionnelles de ces lanceurs d’alerte sont mises à mal. Le lanceur d’alerte désigne toute personne, groupe ou institution qui, ayant connaissance d’un danger, risque ou scandale, adresse un signal d’alarme et, enclenche un processus de régulation, de controverse ou de mobilisation collective. Le lanceur d’alerte – seul ou en groupe – estimant ses découvertes menaçantes pour l’homme, la société, l’économie ou l’environnement, les porte à la connaissance d’instances officielles, associations et médias, parfois contre l’avis de sa hiérarchie. Il divulgue un état de fait dommageable pour le bien commun et l’intérêt public. Les trois comédiens évoquent les documents fournis par le lanceur d’alerte anonyme connu seulement sous le pseudonyme de John Doe, de 1970 à fin 2015. Les missions des lanceurs d’alerte sont rendues plus complexes encore par la loi sur le secret des affaires qui impose le silence à la presse sur des sujets sensibles. Les trois évoquent un contact, une journaliste suivie aux Halles et passant une porte pour une séance de natation à la piscine, une réunion anonyme entre confrères. Sont évoqués les Panama Papers et la fuite de plus de 11, 5 millions de documents confidentiels issus du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, détaillant des informations sur plus de 214 000 sociétés offshore et les noms de leurs actionnaires. Aussi, les chiffres invraisemblables de l’évasion fiscale, les Paradise papers et autres montages financiers : les « prises » d’un groupe de journalistes internationaux. Les sociétés « offshore » ne sont pas illégales en elles-mêmes, mais est illégal leur usage comme sociétés-écran dans l’évasion fiscale ou le blanchiment d’argent. A titre d’essai, nos lurons créent leur propre société offshore avec grande facilité, via la Société Générale : une démonstration concrète, pragmatique et presque à vue. Humilité, réserve, moquerie mutuelle et réciproque, les trois amis racontent surtout le sentiment d’impuissance que chacun peut ressentir en ces moments de crise, quoiqu’on cherche, quoiqu’on enquête, quoiqu’on traque pour le bien public. Reste l’amitié, l’esprit facétieux de camaraderie, l’entente existentielle face à un grand tableau noir d’écolier que l’on blanchit de chiffres et de noms – Guerre économique, Vatican, « il faut fabriquer la peur pour justifier la guerre »…-, que les acteurs soient à table pour les repas ou à la cuisine pour préparer un plat. L’écriture de HEROE(s)de Guillaume Barbot, d’après ce travail collectif, est soutenue encore sur le plateau par la création sonore et musique live de Pierre-Marie Braye-Weppe via les mouvements ludiques de son violon électrique. Ressurgissent les retours à soi de chacun, la visite rituelle paternelle pour l’un, la naissance à venir puis venue chez le second, et les affaires afférentes au troisième. Tous se retrouvent à la fin pour un bain nocturne dans le port de Brest, heureux. Un travail authentique d’investigation journalistique, politique et citoyenne, une vraie proposition théâtrale façon work in progress qui invite le spectateur à rejoindre le trio dans ses questionnements, ses égarements, ses errements et ses jolies trouvailles. Véronique Hotte

HEROE(s)

mise en scène de Philippe Awat, Guillaume Barbot et Vincent Gauthier-Martin au Théâtre de la cité Internationale

Fév 08, 2018 article de Jean Hostache UN FAUTEUIL POUR L’ORCHESTRE : 08/02/2018

© Benjamin Lebreton

Trois metteurs en scène signent une création collective, fruit d’un travail de recherche journalistique, qui décape minutieusement l’actualité pour rendre compte d’un certain durcissement du monde contemporain. Depuis 2015, ils retraversent les grands évènements de ces dernières années : attentats, fraudes fiscales, déclin du capitalisme, montée du fascisme, ostracisassions des sociétés, soulèvements populaires, crises républicaines…Ils essaient de dégager de tout cela une mythologie contemporaine, dans laquelle la figure de la bravoure héroïque viendrait se nicher au sein de tels bouleversements. C’est le cas notamment des lanceurs d’alerte voulant, lors de dossiers pareils aux Panama papers ou plus récemment aux Paradise papers, faire éclater la vérité au grand jour tout en gardant l’anonymat. Des héros-citoyens d’une part, tandis que d’autre part le reste du monde révèle en lui la fatalité d’un héros qui évolue dans le théâtre tragique de l’actualité. Tous trois, sous le mode d’une conférence, d’un rapport étroit au public, mettent en scène le processus même de la création de leur spectacle. Ils font revivre les grandes étapes traversées, les évènements qui ont pu –comme un grand nombre-bouleversés leur quotidien et les rencontres qui ont nourries leur recherche au cours de leur travail. Leur histoire est traversée d’une puissante épopée musicale réalisée en direct au violon électronique et qu’imagine avec subtilité Pierre-Marie Braye-Weppe. Ils interrogent notre capacité à analyser la température de l’immédiat, la prise de conscience avec notre réel et notre puissance d’action face à cela. Pour eux le théâtre demeure leur voix et leur mode de médiation privilégiés pour raconter, rassembler et tenter de comprendre ces problématiques. Il s’agit là d’un travail didactique assez précieux, qui rentre dans le vif du sujet, et nous fait prendre conscience du terrible sort que nous inflige un système économique et politique contemporain trop peu humain.

« Heroe(s) » ou les lanceurs d’alerte Emilie Darlier-Bournat http://www.artistikrezo.com 08/02/2018

Trois metteurs en scène s’interrogent sur l’état de la France en tenant un journal de bord théâtral. Jouant leur propre rôle sur le plateau, ils feignent d’improviser au fil de l’actualité et inventent quasi en direct une réflexion politique. C’est épidermique, vif, jeune et insoumis. Ce trio inventif et dynamique jongle en créateurs à fleur de peau avec les secousses et les drames de notre société : les attentats, les élections, l’état d’urgence, l’évasion fiscale…. Sur scène ils incarnent ce qu’ils sont, c’est-à-dire trois jeunes hommes metteurs en scène-comédiens qui s’emparent de la parole théâtrale pour tisser avec le public une prise de conscience responsable. Les informations multiples tombent ; sur un écran défilent des propos de personnalités diverses telles que l’informaticien Snowden ou le journaliste Denis Robert. Puis on réécoute, diffusées en archives sonores, les discours de François Hollande, les interviews de Manuel Valls, les interventions de Boris Cyrulnik et les émissions de Léa Salamé. Le rythme est rapide, entrecoupé de ces allocutions diverses auxquelles les trois protagonistes réagissent. Ils saisissent la balle au bond, ils écrivent frénétiquement des mots clés ou des slogans sur des tableaux sur le pourtour de la scène et leurs messages s’additionnent à la craie au fil du spectacle. Comme piqués au vif par ces emballements médiatiques, ils s’en font les interprètes et les décrypteurs. Puis tombe soudain l’affaire des Panama Papers et ce scandale vient structurer l’ensemble. Les lanceurs d’alerte se profilent alors en héros des temps modernes, menacés et rejetés par le pouvoir, amenés à vivre cachés pour éviter l’emprisonnement, héros mal vus par un pan de la démocratie qu’ils tentent pourtant de clarifier. Les trois compères qui se définissent en un trio rappelant les Pieds Nickelés ont accumulé des informations durant deux ans. « Le canevas du spectacle, c’est notre histoire à nous trois », expliquent-ils. « Rester réactif à l’actualité tout en gardant un certain recul demande de s’adapter en permanence, de se remettre en question, d’adapter la dramaturgie.» Ils ont longuement enquêté, ils ont rencontré des journalistes et ont choisi de mêler leurs émotions intimes à leurs avancées dans le travail. Dans cet écheveau collectif teinté de bric-à-brac artisanal, le public se prend au jeu. Il semble en permanence qu’une information peut tomber et réorienter le spectacle différemment. L’expérience est donc une aventure, les comédiens se font citoyens en dialogue avec la salle et cette volonté affirmée entraine le public particulièrement jeune dans un bouillonnement original quoiqu’hasardeux, l’intervention de la réalité par les extraits sonores attisant les réflexions.

Heroe(s), théâtre documentaire et héros d’aujourd’hui

Theatrorama .com : 31/01/2018

Heroe(s) – Création à La Loge Trois copains sur la scène nous adressent la parole. Ils nous sont d’emblée sympathiques, même si le début du spectacle manque de clarté et laisse craindre le déroulement bon enfant d’un entre-soi culturel… Les compères sont en effet metteurs en scène, et ils nous parlent avec humour d’un projet ambitieux qu’ils développent et qui nécessiterait force déambulations et vidéo-projecteurs. Très vite cependant, la réalité les rattrape. L’Histoire est de retour sur le territoire et dans les imaginaires et il faut la rattraper, être capable à nouveau d’en parler, sortir de la bulle. Alors dans leur petit bureau-cuisine, les trois amis devisent, tentent de comprendre, écrivent, se brouillent gentiment, se réconcilient. Ils sont intransigeants aussi et ils ne laissent jamais rien passer de ce qu’ils pensent vraiment. La vraie amitié est à ce prix, la pertinence d’un propos aussi. Héros d’aujourd’hui Ce sont les attentats de Charlie d’abord, puis les Panama Papers, puis le 13 novembre, puis la troïka européenne, puis Nuit Debout, puis les Paradise Papers… Tout cela tourne autour d’eux, vite très vite. Comment faire pour saisir tout cela, quelle est la place de l’artiste, quel rôle peut-il jouer ? Les trois compères notent à la craie sur des tableaux noirs, font des schémas. La multitude et la complexité des informations fait vite office de décor dans lequel ces trois humains évoluent. Submergés certes, mais vaillants, avec une volonté toute simple de ne pas se laisser faire et de mettre en acte ce que le mot « citoyen » veut dire. Mais suffit-il de dire ? Suffit-il de comprendre ? Se pose alors de façon lancinante la question de la lutte, de l’action à mener, du risque physique et moral et par ricochet la pertinence ou non de la notion de « héros ». Qu’est-ce qu’un héros dans notre très complexe actualité ? Sont-ce les lanceurs d’alerte ? Ceux qui ont révélé l’ampleur mondiale du système de blanchiment d’argent et de fraude fiscale ? Peut-être sont-ils des héros car en tous cas ils payent le prix de leurs actions. Mais ils ne seront pas de nouveaux Che Guevara sur les t-shirts des ados… Être héros aujourd’hui reviendrait à courir tous les risques sans pour autant être érigé en exemple à suivre. Constat qui peut vite amener au découragement ou au sentiment d’impuissance. Que faire ? Ce qui ressort de leur théâtre documentaire, c’est l’empathie que l’on peut éprouver pour soi-même, petit humain perdu dans les grands orages bancaires et la violence du monde… Ce que l’on retient, au-delà de leur démonstration claire qui agit comme une piqûre de rappel, ce que l’on retient donc, c’est eux. Les compères sympathiques, l’humilité et la bienveillance qu’ils dégagent. Ils ne peuvent pas grand chose, mais ce qu’ils peuvent faire ils le font. Et l’on repart avec la sensation que tout n’est pas perdu, que l’on peut faire à sa petite, toute petite échelle quelque chose contre cette catastrophe permanente. Et puis ils sont là, eux, la preuve. Il y a des amis sur qui l’on peut compter

HEROE(s) Cri

d’alarme IOGAZETTE .fr

Julien Avril 1/03/2018

Ça commence comme le teaser d’une performance participative, le rêve éveillé de ce que serait un

spectacle idéal avec une liberté totale et des moyens illimités, l’état dans lequel se sentaient les trois

metteurs en scène comédien Philippe Awat, Guillaume Barbot et Victor Gauthier Martin en recevant

une commande du Théâtre de Chelles : deux ans pour inventer un spectacle sur le thème de la

guerre. Mais que se passe-t-il lorsque l’actualité dépasse en trombe sur la droite le sujet de votre

spectacle ? Comment prendre la parole quand le pays compte ses morts aux abords des stades, aux

terrasses des cafés et dans les salles de concert ? Pas d’autre solution pour continuer à créer que de

s’accrocher à l’actualité. Comme trois cascadeurs s’agrippent à un train lancé à grande vitesse dans

un film d’action, les trois artistes, pris dans la tourmente des événements post-attentats de 2015,

cherchent à donner du sens à cette nouvelle ère qui s’ouvre.

Pour mieux nous embarquer dans cette course poursuite avec le réel, ils la représentent sous la forme

d’une chronique, faisant ainsi de son processus de création le sujet même du spectacle. Il s’agit de

comprendre et pour comprendre enquêter. Enquêter sur ce qui fonde l’état d’urgence, ce qui se

détraque dans notre démocratie, sur la nécessité de la guerre pour faire fonctionner le capitalisme…

Dans un intérieur, espace diffracté de recherche et de mise en commun, pour ne pas dire de

retrouvailles, entre les nappes sonores et le violon électrique de Pierre-Marie Breye-Weppe, ils

épluchent les discours aliénants, débusquent les liens obscurs entre les pays, les gouvernements et

les industriels, observent la ronde des classes dominantes, démêlent les causes des conséquences.

Ils inscrivent leur cheminement sur les murs où s’invitent parfois des archives sonores et vidéos.

Au milieu de tout cela émerge une nouvelle figure héroïque contemporaine, celle du lanceur d’alerte.

D’Edward Snowden au John Doe des Panama Papers en passant par d’autres moins connus, c’est

une figure éminemment tragique puisque, bien qu’altruiste, elle est juridiquement précaire,

systématiquement menacée et bien souvent détruite par ceux qu’elle dénonce. Théâtre comme

preuve par l’expérience collective, « Heroe(s) » nous explique à la fois comment créer facilement une

société off-shore sur internet et pourquoi le miroir de la dette publique qu’on nous tend si l’on refuse

de se plier aux politiques d’austérité, n’appartient qu’aux alouettes et non pas aux générations futures.

Le mandat de l’acteur est celui de jouer à notre place. Dans ce cas, ce n’est pas pour que purger de

nos passions afin que nous puissions reprendre une activité normale, mais bien pour lancer le jeu et

nous mettre nous même en action. Comme au football, la première passe : l’engagement.

Ce travail théâtral présente la vie de trois artistes pendant les deux dernières années, rythmées par les grandes actualités qui ont marqué la France. Des attentats de novembre 2015 à la révélation des « Paradise papers », ces trois amis essayent de comprendre comment toutes ces actualités ont bouleversé notre façon de penser et de ressentir ce qui se passe dans le pays, au-delà de nos vies personnelles. En partant de ce constat tout bête Philippe Awat, Guillaume Bardot et Victor Gauthier-Martin, metteurs en scène et acteurs de cette pièce, proposent une critique de l’actualité depuis fin 2015 et leur regard sur la façon dont notre perception du mythe du héros a évolué au fil des événements. https://linsatiable.org/HEROE-s-Quand-le-citoyen-reprend-l-Histoire-en-main?var_mode=recalcul