Un été chargé pour Kovahimba

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KOVAHIMBA N°6-Octobre 2010 NEWS Un été chargé pour Kovahimba ! L’organisation franco-namibienne dont le rôle est d’accom- pagner dans leurs projets les Himbas et autres minorités hereros du nord-ouest de la Namibie, a été chargée par ces mêmes minorités de travailler au projet d’un centre culturel. En 2007,2008 et 2009,de nombreuses réunions avec les différentes minorités avaient déjà permis d’entendre leurs souhaits et leurs besoins sur le sujet. Mais c’est cette année que le projet a réellement pris corps avec la constitution par les communautés d’un comité représentatif des différentes minorités et régions qui est désormais l’interlocuteur des pro- fessionnels associés au projet. Une réunion dans le lit de la rivière d'Omuhonga. L’écoarchitecte-paysagiste kenyan Hitesh Mehta, connu pour ses travaux dans le domaine des écolodges et de l’écotourisme, et la française Fabienne Galangau-Quérat, muséologue à la Grande Galerie de l’Evolution et maître de conférences au Muséum d’Histoire Naturelle (Paris), ont accepté de s’associer au projet. Hitesh Mehta concevra les plans d’un dispositif intégré au paysage, en accord avec les commu- nautés et dans une perspective de développe- ment durable. Il travaillera en collaboration avec des architectes et entrepreneurs namibiens. Hitesh Mehta consulte les différentes communautés héréros de la région. Fabienne Galangau-Quérat, qui intervient béné- volement sur le projet, aura un rôle de conseil auprès du comité et des structures namibiennes associées au développement de la partie muséale du centre. Fabienne Galangau-Quérat avec les communautés. Accompagnés de Solenn Bardet, géographe, ethnologue et présidente de Kovahimba- France, et de Matti Mumbalu, coordinateur local mis à disposition par le National Heritage Council of Namibia, Hitesh Mehta et Fabienne Galangau-Quérat ont passé deux semaines début août avec les quinze membres du comité. Le principal objectif était d’identifier et valider le meilleur site pour la construction du centre culturel. Des tours-opérateurs ont également été consultés pour avis. Des visites de lodges de la région ont été organisées avec le comité afin de réfléchir à l’ensemble des matériaux et des bâtis souhaités pour le centre culturel. Matti Mumbalu, Solenn Bardet et les femmes du comité en réunion au sommet du Rocher du Babouin. Parmi les trois sites proposés par le comité, le choix du Rocher du Babouin (Ewe Ro Ndjima), situé au nord d’Opuwo, 12 kms après Okangwati en direction des chutes d’Epupa, s’est imposé sans équivoque, tant pour la beauté du lieu que pour sa situation dans les parcours des touristes et son statut parmi les communautés (densité de population et importance des traditions). Un centre culturel au Rocher du Babouin ! «Toutes les minorités, toutes les communautés de la région sont unies sur ce projet. Notre monde change vite et nous devons agir. Alors dis à tous ceux qui viennent nous rendre visite, tous ces gens qui paient l’avion et les tours-opérateurs pour nous rencontrer, dis-leur que si vraiment ils pensent que notre culture vaut quelque chose, alors ils doivent nous aider à financer ce projet. Venir nous voir sans nous aider à protéger notre culture, c’est comme quelqu’un dont le baiser vous étouffe ». Message de Katjambia Tjambiru à Solenn Bardet à Opuwo (9 août 2010). OBJECTIFS DU CENTRE recenser et conserver l’histoire culturelle (pratiques, traditions, connaissances) des communautés du Kunene. restituer une partie de ces histoires dans un dispositif muséal. informer les touristes sur la «bonne manière» de visiter les Himbas et autres minorités et permettre à ces derniers de s’organiser pour gérer les flux touristiques. favoriser l’échange culturel et donner aux minorités les outils nécessaires à la mise en valeur de leur culture, à travers l’accueil d’artistes et chercheurs de toutes nationalités et l’organisation d’ateliers de pratiques artistiques, de conférences naturalistes… offrir un lieu d’échanges et de rencontres pour les différentes minorités du Kaokoland. mettre en place des formations (guides, langues, comptabilité) ainsi que des actions de sensibilisation (prévention santé, HIV, orientation scolaire, conservation des ressources naturelles, etc.). plus globalement, offrir aux minorités un lieu de culture et aux jeunes générations des activités orientées vers leurs préoccupations. Plus d’informations sur le projet : www.kovahimba.org

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L’organisation franco-namibienne dont le rôle est d’accompagner dans leurs projets les Himbas et autres minorités hereros du nord-ouest de la Namibie, a été chargée par ces mêmes minorités de travailler au projet d’un centre culturel

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KOVAHIMBA N°6-Octobre 2010NEWS

Un été chargé pour Kovahimba ! L’organisation franco-namibienne dont le rôle est d’accom-pagner dans leurs projets les Himbas et autres minorités hereros du nord-ouest de la Namibie, a été chargée par ces mêmes minorités de travailler au projet d’un centre culturel.En 2007, 2008 et 2009, de nombreuses réunions avec les différentes minorités avaient déjà permis d’entendre leurs souhaits et leurs besoins sur le sujet. Mais c’est cette année que le projet a réellement pris corps avec la constitution par les communautés d’un comité représentatif des différentes minorités et régions qui est désormais l’interlocuteur des pro-fessionnels associés au projet.

Une réunion dans le lit de la rivière d'Omuhonga.

L’écoarchitecte-paysagiste kenyan Hitesh Mehta, connu pour ses travaux dans le domaine des écolodges et de l’écotourisme, et la française Fabienne Galangau-Quérat, muséologue à la Grande Galerie de l’Evolution et maître de conférences au Muséum d’Histoire Naturelle (Paris), ont accepté de s’associer au projet.Hitesh Mehta concevra les plans d’un dispositif intégré au paysage, en accord avec les commu-nautés et dans une perspective de développe-ment durable. Il travaillera en collaboration avec des architectes et entrepreneurs namibiens.

Hitesh Mehta consulte les différentes communautés héréros de la région.

Fabienne Galangau-Quérat, qui intervient béné-volement sur le projet, aura un rôle de conseil auprès du comité et des structures namibiennes associées au développement de la partie muséale du centre.

Fabienne Galangau-Quérat avec les communautés.

Accompagnés de Solenn Bardet, géographe, ethnologue et présidente de Kovahimba-France, et de Matti Mumbalu, coordinateur local mis à disposition par le National Heritage Council of Namibia, Hitesh Mehta et Fabienne Galangau-Quérat ont passé deux semaines début août avec les quinze membres du comité. Le principal objectif était d’identifier et valider le meilleur site pour la construction du centre culturel. Des tours-opérateurs ont également été consultés pour avis. Des visites de lodges de la région ont été organisées avec le comité afin de réfléchir à l’ensemble des matériaux et des bâtis souhaités pour le centre culturel.

Matti Mumbalu, Solenn Bardet et les femmes du comité en réunion au sommet du Rocher du Babouin.

Parmi les trois sites proposés par le comité, le choix du Rocher du Babouin (Ewe Ro Ndjima), situé au nord d’Opuwo, 12 kms après Okangwati en direction des chutes d’Epupa, s’est imposé sans équivoque, tant pour la beauté du lieu que pour sa situation dans les parcours des touristes et son statut parmi les communautés (densité de population et importance des traditions).

Un centre culturel au Rocher du Babouin !

«Toutes les minorités, toutes les communautés de la région sont unies sur ce projet. Notre monde change vite et nous devons agir. Alors dis à tous ceux qui viennent nous rendre visite, tous ces gens qui paient l’avion et les tours-opérateurs pour nous rencontrer, dis-leur que si vraiment ils pensent que notre culture vaut quelque chose, alors ils doivent nous aider à financer ce projet. Venir nous voir sans nous aider à protéger notre culture, c’est comme quelqu’un dont le baiser vous étouffe ».Message de Katjambia Tjambiru à Solenn Bardet à Opuwo (9 août 2010).

OBJECTIFS DU CENTRE• recenser et conserver l’histoire culturelle (pratiques, traditions, connaissances) des communautés du Kunene.• restituer une partie de ces histoires dans un dispositif muséal.• informer les touristes sur la «bonne manière» de visiter les Himbas et autres minorités et permettre à ces derniers de s’organiser pour gérer les flux touristiques. • favoriser l’échange culturel et donner aux minorités les outils nécessaires à la mise en valeur de leur culture, à travers l’accueil d’artistes et chercheurs de toutes nationalités et l’organisation d’ateliers de pratiques artistiques, de conférences naturalistes… • offrir un lieu d’échanges et de rencontres pour les différentes minorités du Kaokoland. • mettre en place des formations (guides, langues, comptabilité) ainsi que des actions de sensibilisation (prévention santé, HIV, orientation scolaire, conservation des ressources naturelles, etc.).• plus globalement, offrir aux minorités un lieu de culture et aux jeunes générations des activités orientées vers leurs préoccupations.

Plus d’informations sur le projet :www.kovahimba.org

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Remerciements : Kovahimba remercie pour leur contribution , la Fondation Juniclair (France), Intego (France), et pour leur soutien logistique, le National Heritage Council of Namibia, l’agence Atalante et Omanda Safaris, ainsi que tous les adhérents et donateurs de Kovahimba, sans lesquels le voyage d’étude préliminaire de cet été n’aurait pas pu se réaliser.

Carte de la région du Kunene avec site du Rocher du Babouin

L’Histoire raconte qu’à cet endroit-même est né Mureti, l’un des grands ancêtres himba qui au début du 20ème siècle a délivré l’un des chefs hereros du joug colonial. Sa naissance aurait été annoncée par un babouin monté sur le rocher qui domine la vallée, d’où le nom du site. La présence d’une savane à mopanes et d’une rivière éphémère (la rivière Omuhonga fait partie du bassin de la Kunene) bordée de nombreux acacias centenaires, donnent à l’ensemble une valeur écologique supplé-mentaire. La proximité immédiate de l’école M.Kapika School, à moins de 300 mètres du rocher, permettra d’ancrer le centre dans un dispositif éducatif formel namibien. Cette école profitera de la bibliothèque et des équipements multimédia du centre. Une Conservancy (juridiction dont l’objectif est de promouvoir l’usage durable de la vie sauvage) est actuellement en cours de création dans la région (Epupa Conservancy). L’héber-gement de ses bureaux dans le bâtiment du centre culturel est à l’étude. L’architecte Hitesh Mehta a présenté au cours d’une dernière réunion, une ébauche archi-tecturale du projet dans le site choisi. Il s’agira de réaliser un bâtiment «transparent» accolé au Rocher du Babouin et construit avec les matériaux de la région et avec les communautés. Son organisation et son entretien seront

Le centre culturel au Rocher du Babouin (suite)

KOVAHIMBA • 92 rue Quincampoix • 75003 Paris www.kovahimba.org

pensés de façon résolument écologique. Cette proposition a été acceptée et validée par le comité, à l’unanimité.Au cours des réunions, le comité a également choisi des thèmes pour l’espace d’exposition, défini les modalités de collecte d’informations et d’objets et a désigné des sous-comités responsables de chaque thématique.Kovahimba interviewera individuellement chacun des membres de chaque sous-comité, puis fera valider l’ensemble des matériaux collectés par le comité. C’est à partir de ces entretiens que pourra être pensé et conçu le dispositif muséal.

Kovahimba retournera dans le nord de la Namibie mi-octobre, pour présenter les premières propositions architecturales aux minorités ainsi qu’aux structures gouver-nementales et régionales. Des voyages réguliers seront nécessaires pour effectuer toutes les démarches admi-nistratives, décider avec le comité les règles et modalités d’organisation et de gestion du centre, valider les fonctions du dispositif et les propositions architecturales et muséales, et définir précisément le contenu de l’exposition et sa forme. Ces données nourriront éga-lement le synopsis d’un film réalisé par les communautés sur elles-mêmes.Ce projet est ambitieux. Vu le dévelop-pement de la région, il est aussi urgent, et pour se réaliser, il a besoin du soutien du plus grand nombre.

Fabienne Galangau-Quérat

Muséologue et maître de conférences au Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris, Fabienne Galangau-Quérat a conçu et réalisé des expositions en France (notamment la Grande Galerie de l’Evolution du Muséum National d’Histoire Naturelle) et à l’étranger. (Australie, Taiwan, Niger). Elle enseigne la muséologie et ses recherches portent plus particulièrement sur la mise en scène du patrimoine dans les musées. Depuis 2007, elle anime chaque année une “summer-school” autour du patrimoine, de son interpré-tation et de sa valorisation, pour des étudiants namibiens en association avec le National Museum of Namibia (Windhoek). A partir des références et des représentations des communautés, elle conseillera le comité des usagers du centre culturel sur l’élaboration de la partie muséale. Elle associera à ce travail des étudiants en muséologie.

Hitesh Mehta

Hitesh Mehta est l’une des autorités mondiales dans les domaines du tourisme durable, de l’éco-tourisme, de l’architecture environnementale et des écolodges. Il a également une grande expérience dans l’aménagement de Territoires Protégés De 1997 à 2006, Hitesh Mehta a été vice-président et responsable de la division Ecotourisme au sein de EDSA (Floride). Il dirige aujourd’hui sa société “HM Design”, créée en 1991 au Kenya. Il est le principal éditeur de “International Ecolodge Guidelines”. En juillet 2006, le magazine National Geographic l’a cité comme étant l’un des cinq Pionniers du Tourisme Durable dans le monde. Son dernier ouvrage intitulé «Authentic Ecolodges» sera publié par Harper Collins en novembre 2010. H.Mehta est également Conseiller International de l’Association des Ecolodges au Japon et de l’Association Française de l’Ecotourisme.

L’eau du puits est délicieuse, je l’ai goûtée !Au cours de son voyage en juillet-août dernier, Solenn Bardet s’est rendue à Wakaparue pour vérifier le bon fonctionnement du puits. Un inspecteur des forages du ministère de l'eau et de l'énergie venait de passer. Il a affirmé que c'était le forage le mieux entretenu qu'il avait vu de sa tournée !

Les Himbas ont en effet construit des enclos

autour de la pompe, du panneau solaire et du réservoir, afin de les protéger du bétail.

Le puits change vraiment la vie de Wakaparue. On compte plus de dix campements qui sont à nouveau habités et environ 150 personnes viennent régulièrement s'y approvisionner ainsi que leur bétail. Solenn Bardet a goûté l’eau et assure qu’elle est délicieuse !