François IssalyUn aveyronnais au pays des gauchos

Conseil général des jeunes Commission « Mémoires citoyennes» 2011-2013

Le thème « Mémoires citoyennes » nous a attirés parce que nous sommes intéressés par l’histoire des hommes et celle de l’Aveyron. Les archives départementales nous ont ouvert leurs portes et nous ont donné la possibilité de rechercher et de découvrir des documents anciens de toute sorte. Nous avons souhaité effectuer des recherches sur la vie et l’œuvre d’un personnage aveyronnais, parti à la conquête d’un pays étranger. Nous allons découvrir et reconstituer son aventure exceptionnelle et la ferons partager à tous les collégiens.

Les conseillers généraux juniors.

Les conseillers généraux juniors Commission « Mémoires citoyennes »

Les archives départementales de l’Aveyron conservent les documents historiques relatifs au département

Carte de l’Argentine, avec la région de Piguëprovince de Buenos Aires

Enquête sur un aventurier aveyronnais : François Issaly

Survit aujourd’hui encore en Aveyron le souvenir de ce groupe parti fonder une colonie importante en Argentine à la fin du xixe siècle. Nous avons décidé de suivre François Issaly, l’un des principaux fondateurs de cette colonie de Piguë, ville située à environ 200 km au Sud-Ouest de Buenos Aires.

Les habitants de Piguë cultivent leurs racines aveyronnaises et entretiennent des liens suivis avec la région d’origine de leurs ancêtres. Dans le cadre des relations entre le Conseil général de l’Aveyron et la ville de Piguë, Olga Perez-Issaly, petite-fille de l’un des fondateurs, François Issaly, a remis au Conseil général une copie du manuscrit du journal de son grand-père, afin qu’il soit édité et diffusé.

piguë

Visite de la maison natale de François Issaly à Saint Félix de LunelNous nous sommes rendus dans son village natal, Poudans, qui se situe sur le territoire de la commune de Saint-Félix-de-Lunel, dans le canton de Conques. Nous y avons été accueillis par M. Zéphirin Quintard, maire de Saint-Félix-de-Lunel, et nous avons rencontré un arrière-petit-neveu de François Issaly, M. Jean-Paul Fabre, descendant de sa sœur restée en Aveyron. M. Fabre nous a montré la correspondance échangée entre François Issaly et sa famille aveyronnaise après son émigration (photographies, lettres, cartes postales) et nous a ouvert les portes de sa maison natale. Nous avons pu voir dans le village son ancienne école, aujourd’hui transformée en mairie, et l’église où il a été baptisé.

Sur les traces de François IssalyLa lecture de la partie aveyronnaise de son manuscrit nous a mis sur la piste de sa famille et de sa vie en Aveyron. Nous avons choisi de rechercher des documents illustrant son récit  : les actes de naissance de François et des membres de sa famille ; les documents de recrutement de son service militaire ; les traces de ses voyages en Argentine  ; les publicités parues dans la presse aveyronnaise pour recruter des colons.

Maison natale de François Issaly

au lieu-dit Poudans, commune

de Saint-Félix-de-Lunel

Fiche d’identitéNom : ISSALYPrénom : Pierre Jean FrançoisDate de naissance : le 20 novembre 1852 à 7h du matinNoms des parents : - Père : François Valentin ISSALY - Mère : Catherine Marianne Marie PRADALIEProfession des parents : - Père : cultivateur - Mère : Sans professionAdresse : Lieu dit : Poudans Commune : Saint Félix-de-Lunel

Nombre de frères et sœurs : 5 sœurs Marie Lucie, née le 16 mai 18503 autres sœurs, nées entre François et Eulalie Darie, dont nous ne connaissons pas les prénoms, mortes en bas-âgeEulalie Darie, née le 18 mars 1861 Il semblerait qu’il ait eu un frère, mais il ne cite pas son prénom.

Extrait du registre d’état civil de Saint-Félix-de-Lunel portant l’acte de naissance de François Issaly le 20 novembre 1852Archives départementales de l’Aveyron, 4 E 232-4

A l’époque de François Issaly, le recrutement du service militaire s’effectuait à l’âge de 20 ans, par tirage au sort. D’abord, tous les garçons d’une classe d’âge sont consignés sur les registres de recensement militaire  ; ensuite ils sont convoqués pour le tirage au sort qui désignera ceux qui seront appelés sous les drapeaux  ; ceux-ci sont alors mentionnés dans les registres du conseil de révision  ; tous les jeunes déclarés physiquement aptes sont envoyés au service militaire.

Lors du tirage au sort pour le service militaire, François Issaly s’est vu attribué le numéro 62  et a été désigné par le hasard pour faire son service militaire.

Archives départementales de l’Aveyron, [2 R 212]

Service militaire

Registre du recensement militaire où est inscrit François Issaly. Les registres contiennent des descriptions des jeunes gens. Celle de François Isslay le décrit comme présentant « cheveux, sourcils : châtains, yeux : gris, front : ordinaire, nez : moyen, bouche : grande, menton : rond, visage : ovale ».

Archives départementales de l’Aveyron, R. vol. 1223

Le registre matricule du recrutement permet de suivre l’évolution de leur carrière militaire. Il mentionne l’état civil du militaire réserviste, les différents régiments dans lesquels il a été incorporé ainsi que ses résidences successives.

En ce qui concerne François Issaly,

Ces différents documents nous montrent qu’il a été désigné par tirage au sort, déclaré apte au service, qu’il est passé par différents régiments militaires (régiment de ligne et 595e régiment territorial d’infanterie), ainsi que ses différents lieux de résidence (Buenos Aires, Santa Fé en Argentine, Saint-Félix de Lunel, Piguë). Ils nous montrent aussi que François Issaly est libéré de la réserve de l’armée le 1er novembre 1898, à l’âge de quarante-six ans.

Archives départementales de l’Aveyron, matricules du recrutement militaire, bureau de Rodez, classe 1872

Les conseillers généraux juniors s’activent

dans la recherche d’informations concernant

François Issaly

Recherche du passeport de François Issaly

La démarche de recherche du passeport

Pour quitter la France, François Issaly avait besoin d’un passeport, délivré par la préfecture. Nous avons donc recherché, dans les archives de la préfecture de l’Aveyron, les traces de la délivrance d’un passeport à François Issaly en 1880 ou 1884, mais nous ne l’avons pas trouvé.

Nous avons poursuivi les recherches auprès des archives départementales des départements où ont eu lieu les embarquements, à savoir les Bouches-du-Rhône pour l’embarquement à Marseille en 1880, et la Gironde pour l’embarquement à Bordeaux en 1884 ; les passeports ont peut-être été délivrés sur place et non sur les lieux de résidence des émigrants.

passeport

Exemple de passeport fin XIXe siècle

Afin d’améliorer sa condition sociale, François Issaly envisage de partir en Amérique. Travaillant comme valet de ferme puis apprenti charpentier, il économise l’équivalent de plus d’une année de salaire pour payer son passage vers l’Amérique du Sud.Le 14 octobre 1880, il embarque à Marseille sur le vapeur « Le Poitou  », appartenant à la Société générale des transports maritimes à vapeur à destination de Buenos Aires qu’il atteint après une traversée d’environ un mois.Il décide de revenir en France pour chercher sa famille. Lors de son passage à Buenos Aires, il rencontre Clément Cabanettes, qui lui confie la tâche de recruter des Aveyronnais pour peupler la colonie qu’il est en train de fonder à Piguë.Le 25 octobre 1884, le groupe de colons mené par François Issaly embarque à Bordeaux sur le « Belgrano », de la Compagnie des chargeurs réunis à destination de Buenos Aires, où ils arrivent le 30 novembre suivant.

Navire à propulsion mixte (voiles et machine à vapeur) le « Belgrano », fleuron de la Compagnie des chargeurs réunis, assurait la liaison entre l’Europe et l’Amérique latine, et notamment Buenos Aires. Son nom est celui d’un quartier de Buenos Aires, et vient d’un héros national argentin.Association French Lines

Premier voyage de François Issaly à Pigüé en 1880

1881 (novembre, fin) – François Issaly décide de repartir en France pour ramener ses parents avec lui en Argentine.

1882 (mai, fin) – Il repasse à Buenos Aires pour embarquer et rencontre Clément Cabanettes le 1er juin.

1883 (14 mai) – François Issaly embarque pour la France afin d’aller recruter des colons en Aveyron.

(18 juin) – Arrivée à Marseille.

(24 juin) – Arrivée à Villecomtal.

1884 (25 octobre) – Départ des colons escortés par François Issaly de Bordeaux pour l’Argentine.

(30 novembre) – Arrivée du bateau à Buenos Aires.

Les colons se sont rendus à Piguë par le chemin de fer pour s’y installer et commencer à cultiver les terres qui leur étaient concédées.

Rôle de François Issaly dans le recrutement des Aveyronnais 1883 – 1884

Article du Courrier Républicain de l’Aveyron (PER 512)

Lettre du Conseil général (en espagnol) de demande d’autorisation d’édition à Mme Olga Perez-Issaly

En annexe aux recherches, la commission « Mémoires citoyennes » a participé à la rédaction de la lettre destinée à la petite-fille de François Issaly, pour lui demander son autorisation pour la publication du manuscrit, et si elle accepte l’utilisation des reproductions du manuscrit et éventuellement, de documents familiaux qu’elle pourrait fournir, pour illustrer l’édition du manuscrit.

François Issaly, son épouse et leurs enfants

Photo récente des puits et bâtiments d’accueilde Piguë portant la date de 1883

Nous vous remercions pour le don de la copie du manuscrit de votre aïeul François Issaly, que vous avez remise au Conseil général de l’Aveyron. Ce manuscrit fait l’objet d’un travail d’édition par les archives départementales, travail en cours. C’est pourquoi nous vous demandons de bien vouloir nous confirmer votre autorisation de procéder à la publication de ce document.Conjointement, une commission de jeunes élus du Conseil général travaille sur la recherche de documents illustrant ses écrits : actes d’état civil concernant sa famille française, son service militaire,

Rodez, le 21 février 2013

Madame,

Nous vous remercions pour le don de la copie du manuscrit de votre aïeul

François Issaly, que vous avez remise au Conseil général de l’Aveyron. Ce

manuscrit fait l’objet d’un travail d’édition par les archives départementales,

travail en cours.

C’est pourquoi nous vous demandons de bien vouloir nous confirmer votre

autorisation de procéder à la publication de ce document.

Conjointement, une commission de jeunes élus du Conseil général travaille sur

la recherche de documents illustrant ses écrits : actes d’état civil concernant

sa famille française, son service militaire, la trace de ses embarquements pour

l’Argentine, ses efforts pour recruter des colons aveyronnais.

Pour un travail de qualité, nous vous proposons de faire numériser l’original

du manuscrit que vous détenez par un professionnel, bien évidemment

à la charge du Conseil général de l’Aveyron, afin d’illustrer la publication de

quelques extraits du manuscrit original.

Afin de compléter et préciser certains éléments du manuscrit, nous

voudrions savoir si vous détenez des documents (lettres, photographies,

cartes postales…) qui pourraient figurer en illustration de la publication en

préparation, et si vous accepteriez de nous autoriser à les utiliser. Dans ce cas,

les reproductions nécessaires seraient prises en charge par le Conseil général

de l’Aveyron.

Les archives départementales et le Conseil général des jeunes restent à votre

disposition pour vous fournir toute précision que vous pourriez souhaiter sur

le projet en cours.

Veuillez agréer, Madame, l’expression de notre considération distinguée.

Traduction de la lettre en français

Lettre à Mme Olga Perez-Issaly

Les conseillers généraux juniorsen plein travail dans les magasinsdes Archives départementalesde l’Aveyron

En salle de lecture

Les jeunes élus immergés dans la consultation

des registres

Remerciements à :

- Pierre-Marie Blanquet, Conseiller général du canton de Campagnac,

- Bernard Burguière, Conseiller général du canton de Conques,

- Zéphirin Quintard, maire de Saint-Félix-de-Lunel,

- Béatrice Olive, Directeur des Archives départementales de l’Aveyron et à son équipe,

- Jean-Paul Fabre descendant de François Issaly,

- Association Rouergue-Piguë,- Patricia Gondres et Daniel

Fernandez, animateurs de la commission «Mémoires citoyennes».

Crédits photos : Photothèque du Conseil général de l’Aveyron et Collection Issaly.

Les conseillers généraux de la commission « Mémoires citoyennes » :Liam ALAUZET au collège des 4 Saisons – ONET LE CHATEAUJade BODIO au collège Albert Camus – BARAQUEVILLERébecca BOU au collège du Sacré Cœur - RODEZChiara DECRON au collège St Joseph - RODEZThibaut DIJOLS au collège St Matthieu – LAGUIOLECharles GAUDIN au collège privé Dominique Savio - RIEUPEYROUXInès HERAL au collège Marcel Aymard - MILLAUChristophe IZARD au collège des Monts et Lacs – SALLES CURANInès PEYROTTES au collège Jeanne d’Arc – ST AFFRIQUEZoé SOLIGNAC au collège Louis Denayrouze - ESPALIONDounia SOUGRATE au collège Jeanne d’Arc - MILLAU

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