uccès total : du brillant niveau local où elleétait jusqu’ici, la 4e édition d’AmnésieInternationale, le 22 mars à Marseille, a com-

mencé à prendre les dimensions d’un événementnational.

Sur le thème « Génocides etNégationnismes : la mobilisationcitoyenne », la JAF de Marseilleavait invité cette année quatrepersonnalités de notoriété publi-que : Jacky Mammou, président d’Urgence Darfour ;Jean-Michel Quillardet, grand maître du GrandOrient de France ; Yves Ternon, le patriarche del’historiographie des génocides, et enfin Bernard-

Henri Lévy, venutout exprès d’Amé-rique du Sud àMarseille, pour mar-quer sa solidaritéavec ceux qui com-battent le néga-t i o n n i s m e ,particulièrementcelui qui frappe legénocide armé-nien. Fait rare chezle philosophe, c’està la fois au nomdes principes uni-versels qui animent

son combat et au nom de sa judéité qu’il s’est pro-noncé.

« Pour moi, insista-t-il, qui ai passé ma vie à lut-ter contre le négationnisme de la Shoah, c’est unequestion de principe et d’honneur d’être aux côtésdes Arméniens… La tentative d’extermination desJuifs a sans doute atteint une sorte de sommet dansl’horreur. Mais le négationnisme est aussi odieux danstous les cas. Il faut une solidarité des mémoires. »

Les intervenants ont été unanimes. Loin de selimiter à la seule question arménienne, leurs argu-ments ont inscrit le génocide arménien à sonniveau naturel : 1915 a fourni le modèle à tous lesgénocides qui ont suivi. Il est plus que l’inaugura-tion de l’horreur d’Etat, il en est tout simplement

le modèle exemplaire de la Shoah, du génociderwandais et aujourd’hui encore de celui du Darfour.Le millier et plus de personnes qui s’était déplacéont clos les discours par une standing ovation. En

clôture, Robert Guédiguian,cinéaste et président d’honneurd’Amnésie 4, a apporté la touchede l’artiste. Le tout en partena-riat avec les Nouvelles d’Arménie(Ara Toranian animant lesdébats), Radio-France Interna-

tionale, La Provence et les autres médias locaux.

Le concert qui a suivi fut du même niveau.Jusque tard dans la nuit, le Dock des Suds a retentides clameurs du millier de spectateurs venus pour legroupe Bratsch, Charlélie Couture, de Keren Ann,chanteuse à succès chez les jeunes et de VincentBaguian, étoile montante du hit-parade et arménienengagé. Relayé par les télés, les radios locales etRFI, plus qu’à la communauté arménienne, l’événe-ment s’est adressé à la société française et auxreprésentants des partis politiques français. Et pourcause, ceux des partis politiques arméniens étaientabsents. La stratégie du ghetto. Fort heureusement,vu la foule, leur absence est passée inaperçue. Maisce n’est qu’un début, cardésormais, l’action armé-nienne se passe là où on nel’attend pas : dans la sociétéfrançaise.

Le plus difficile restecependant à faire : une 5e

édition d’Amnésie qui soitdu même niveau que celle-ci. Mais sans doute faut-ilfaire confiance à la centainede bénévoles qui ont travaillé d’arrache-pied à cesuccès et à son jeune président, Julien-DikranHarounian, épaulé par son ancien président, élumunicipal et président du CCAF Marseille-Provence,Pascal Chamassian.

Rendez-vous dans deux ans.

René Dzagoyan �

Pascal Chamassian

Une Amnésie dont on se souviendra

S

« MONDE » BIMENSUEL BILINGUEDE LA VIE ARMENIENNE ET D’INFORMATION

3 € – 48e ANNEE N° 444 (Nlle SERIE)SAMEDI 5 AVRIL 2008

Fondateur :Avedis Alexanian

AACCHHKKHHAARR

Himnatir4Avydis Aliksanyan

entretien 10

Robert GuédiguianSortie de son nouveau filmLady Jane

Musique 12

Magar Ekmalian

1915a fourni le modèle

à tous les génocidesqui ont suivi

élections municipales 2

Les grands rêvesDes élus arméniens dans lesconseils municipaux

3-4

Arménie et diasporaQmpacragan 5

Grna|3 Grgnovil

Danse 9

ANI et Nor Aliken représentation, le 12 avrilà Cachan (94)

8

Nov-u`Qorhrtan,an

ais à peine les urnes remisées, les leçonsdu suffrage entrent tout doucettementdans l’oubli. La droite, après quelquesajustements médiatiques du président,

continuera adroitement à droite ; la gauche, affûtantses couteaux, préparera tout aussi gauchement soncongrès refondateur denovembre tandis que leModem, fidèle aux illusionsde son leader, s’enfonceralentement dans un néantirrémédiable, à l’instar d’unFront national retournantvers les scores microscopi-ques de l’avant-Mitterrand.La France redevient laFrance.

Tradit ionnel lementabsents des suffrages locaux et a fortiori nationaux,les Arméniens ont cette fois-ci fait un effort particu-

lier. À Saint-Chamond(Loire) Philippe Kizirian,PS, seul maire d’originearménienne, a remporté lesiège de premier magistratavec, dans l’oppositionUMP, Annick Boyadjian,militante engagée dans lacause. À Alfortville, PatrickBédrossian, UMP, a atteintle score honorable de 19 %devant le Marmoréen RenéRouquet, ami des Armé-

AACHKHAR N°444 • 5 AVRIL 2008 2

niens de toujours. À Arnouville, la liste UMP comportecinq élus d’origine arménienne dont Alice Rustikianqui conserve son poste de maire-adjoint. À Sarcelles,figure Katchig Katchiguian sur la liste victorieuse deFrançois Pupponi (PS). Et à Bagneux, PatrickAlexanian, fils du fondateur d’Achkhar, est éluconseiller général des Hauts-de-Seine.

À Lyon, Georges Képénékian, directeur de campa-gne de Gérard Collomb pour le PS, l’a emporté haut lamain dans le 3e arrondissement, tandis que MadeleineYérémian y représentera l’UMP. À Villeurbanne, MovsesNissanian épaulera Jean-Paul Bret, PS, tandis qu’àValence, Céline Kizirian et Sonia Abrahamian assiste-ront Alain Maurice, PS,face à NoubarKéchichian de la listede Patrick Labaune,UMP. Paul Boghossianest conseiller municipaldélégué à Vaulx-en-Velin. Certes, au regardde la population armé-nienne de ces commu-nes, et de la présencegrandissante desautres communautés dans les conseils municipaux, lebilan paraît assez maigre.

Le blason se redore un peu du côté du sud. À Toulon,Hubert Falco (UMP), élu au premier tour, a conservéMaryse Grigorian, célébrissime présidente d’Abriss Club. ÀMarseille, ville-phare, le PS y avait son maire de secteur,Garo Hovsépian, qui l’a emporté facilement sur la liste deSylvie Andrieux. Parmi les anciens, Gilbert Kerkérian(UMP), a disparu des listes Gaudin, tandis que Jean-PierreBerbérian s’y maintenait. Soucieuse d’apporter un peu desang neuf à sa campagne, le maire de Marseille a fait appel

Les grands rêves

M à Didier Parakian,homme d’affairesrenommé et prési-dent de la Chambrede commercefranco-arménienne,devenu maire-adjoint du fait deson élection dans le6e secteur. Face àlui, la gauche avait

placé en position éligible Pascal Chamassian, président duCCAF Marseille-Provence. Tous deux quadragénaires. Uncoup de jeune en quelquesorte. Derrière eux, déjà, ras-surés par le succès de leursaînés, comme notammentPatrick Devedjian, Présidentdu conseil général des Hauts-de-Seine, député des Hauts-de-Seine et Secrétaire généraldélégué de l’UMP, les trente-naires se préparent à suivreleurs traces, à briguer desmandats. Dans leur longuemarche vers les honneurs,sans doute faudrait-il qu’ils sesouviennent de ce conseil deNicolas Sarkozy durant sacampagne: «N’ayez pas peur de faire de grands rêves.» Car,ces rêves, ce sont les nôtres.

René Dzagoyan �

A ACHKHAR • N°444 • 5 AVRIL 20082

Voilà, les élections municipales sont closes, avec leur lot habituel de regrets rétrospectifs,de triomphes faussement modestes, de projets aussi illusoires et de mea culpa.

Alice Rustikian, adjointeau maire d’Arnouville (95)

Georges Képénékian,directeur de Campagne deGérard Collomb, 58 ans,chirurgien hospitalier

Garo Hovsépian Maire (PS) des 13e

et 14e ardts de Marseille

Patrick Dévédjian,Président du conseilgénéral des Hauts-de-Seine, député des Hauts-de-Seine et Secrétairegénéral délégué del'UMP

Philippe Kizirian (PS)Nous félicitons Antony Chémédikian, petit-fils duPrésident de l’UCFAF de Lyon, Paul Chémédikian, quivient d’être élu à 21 ans, conseiller municipal délé-gué à Vaulx-en Velin au même titre que PaulBoghossian.

◗ Violation des règlesde sécurité alimentaire

En 2007, des amendes pour une valeurde 63 millions de drams ont été infli-gées en Arménie pour violation desrègles en matière de sécurité alimen-taire. Grisha Baghyan, vétérinaire ins-pecteur en chef de la républiqued’Arménie au ministère de l’Agriculture.a annoncé que les inspections avaientportés sur 1300 entités économiques etseules 16 d’entre elles n’avaient pascommis de violations. « Notre tâchen’est pas de condamner à une amendemais de vérifier la qualité des produitsalimentaires » a dit M. Baghyan. Il aajouté que 140 à 150 inspections sontconduites dans tout le pays une foistous les dix jours dont 50 % à Erevan.

◗ Une cour du Vatican dédiée àSaint-Grégoire l’Illuminateur

Une cour duVatican a étédédiée à SaintG r é g o i r el’Illuminateur, lepère de l’Arméniechrétienne, il y a17 siècles :Benoît XVI ainauguré la pla-

que commémorative en présence deS.B. Nerses Bedros XIX Tarmouni, patriar-che de Cilicie des Arméniens catholiques.Une statue du grand saint arménien trônedéjà dans une niche de cette cour nord(côté droit lorsqu’on regarde la façade deSaint-Pierre) : les pélerins du monde entiery passent en allant serecueillir sur la tombedes papes ou en allant àla coupole de Saint-Pierre.Elle avait été voulue làpar Jean-Paul II, il y atrois ans, quelquessemaines avant sa mort,comme Benoît XVI l’arappelé dans son discourssur l’héritage de saintGrégoire.

A 3ACHKHAR • N°444 • 5 AVRIL 2008

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◗Grandes manœuvres◗ RencontreSargsian-Medvedev

La première visite officielle de SergeSargsian en qualité de futur présidentde la république arménienne se devaitd’être en Russie et la rencontre, lundi24 mars, des nouveaux présidents, sousle regard attentif du parrain VladimirPoutine, ne se voulait pas être de purecourtoisie seulement. Les deux hommesse connaissent, leurs pays sont alliés etles événements du mois dernier en

Arménie n’ont pas assombri leurs entre-tiens. Outre les félicitations mutuellespour les résultats des élections prési-dentielles respectives, il est ressorti decette rencontre que la Fédération deRussie et l’Arménie vont poursuivre etrenforcer leurs relations et leur coopéra-tion. Et cela, au moment même oùl’OTAN ne cache pas qu’elle vise à l’élar-gissement à la Géorgie et à l’Ukraine.Serge Sargsian prendra sa nouvellefonction le 9 avril et Dmitri Medvedevle 7 mai prochains.

◗ Convention de l’Union desFrançais de l’Etranger

Précédée la veille d’un séminaire réunis-sant les Présidents des représentationset leurs équipes, la Convention 2008 del’UFE s’est déroulée au Grand Hôtel àParis le 29 février dernier, en présencede 165 délégués. La délégation armé-nienne était représentée par son prési-dent Raymond Yezeguelian, de AnoucheYezeguelian et du Pasteur RenéLéonian. À l'issue du Congrès, lePrésident de la république française àreçu à l’Elysée les Présidents des sec-tions de l’UFE présentes dans 165 pays ;l’Arménie en est membre, contrairementà la Géorgie et à l’Azerbaïdjan où iln’existe pas de section locale.

Sur cette photo, Nicolas Sarkozy avecRaymond Yezeguelian, Président de lasection Arménie. Ce dernier a émis lesouhait d’un voyage présidentiel enArménie à l’instar de celui du PrésidentChirac.

◗ Encourager la productionde blé

Dans une perspective d’avenir, le minis-tre de l’agriculture Davit Lokian a prévuun programme de production du maïsdans les régions de Tavouch et de Lori etl’État subventionnera les villages quiensemenceront sur plus de 50 ha. Unsecond programme consistera à accroîtreconsidérablement la production de blépour ne plus recourir aux importationset faire face aux augmentations incon-trôlables des cours du blé sur le marchéinternational. Dans ce but, le gouverne-ment prévoit d’importer des graines debonne qualité et de prévoir des condi-tions de stockage. La production inté-rieure de blé atteint 180 000 tonnesalors que la demande est de 480 000.

◗ Bientôt, le second terminalde Zvartnots

« En raison du nombre croissant de pas-sagers, 130 millions de dollars vont êtreinvestis pour la construction du secondterminal de l’aéroport Zvartnots et 26

autres pour la protection contre lesrisques d’incendie et les mouvementssismiques », a déclaré le chef du dépar-tement de l’aviation civile, ArtemMovsisyan, ajoutant que Zvartnots aservi 1,4 million de passagers en 2007.Le nombre des points d’enregistrementpassera de 21 à 42 tandis que celui despostes de contrôle passera de 12 à 25.

◗ L’usine ArmenAlse développe

La société ArmenAl (propriété du russeRusAl) a produit en 2007, 12 256 tonnesde produits finis, soit mille tonnes parmois. Un programme de modernisationprévoit une mise à jour majeure d’équi-pement de laminage au fleuret et lacréation d’un cycle de production pourconduire l’usine à une capacité de25 000 tonnes d’aluminium par an, dont18 000 tonnes de papier d’aluminiummince très rentable. Le bureau d’étudesallemand Achenbach a été choisi pourexécuter le programme pour un coûtd’investissement de 80 millions de dol-lars. ArmenAl vend ses produits enEurope, aux États-Unis et en Iran.

◗ L’Arménieen chiffres…

Déminage : L’organisation britanniqueHalo Trust qui a la charge de déminer leKarabagh a annoncé que les opérationsdureront encore 6 ans et que le person-nel à pied d’œuvre sur le terrain devraitatteindre 280 personnes.

Longévité : Les centenaires du Caucasene sont pas un mythe. L’Arménie comp-terait ainsi 824 citoyens âgés de plus de100 ans, le doyen du pays affichant 117ans.

Erevan : Yervant Zakharian, le maired’Erevan, a annoncé que, d’ici 2010, ilest prévu d’installer des systèmes dechauffage locaux dans toutes les écolesd’enseignement secondaire et les jar-dins d’enfants de la ville. Il a été égale-ment mentionné que d’ici fin 2008,2464 ascenseurs de la capitale serontréparés grâce aux 3 milliards de dramsalloués par l’Etat.

Arménie et diaspora

Les exercices militaires del'Organisation du Traité deSécurité Collective (OTSC) sedérouleront en Arménie du 1er

au 5 août 2008.Selon Seïran Chakhsouvarian,porte-parole du ministèrearménien de la Défense, lesblindés, l'artillerie et l'aviationainsi que la DCA et les unitésdu génie et de liaison serontmobilisés lors de ces manœu-vres.

19/01/05 : Inaugurationde la statue

NECROLOGIE

Varaztad Haroutiounian, le célèbrearchitecte arménien, n’est plus. Ils’est éteint à Erévan le 20 mars der-nier. Historien d’art, membre del’Académie des sciences, docteur enarchitecture et professeur, il estl’auteur de 800 articles et une qua-rantaine d’ouvrages sur l’architec-ture arménienne et internationale.Il s’était consacré à la restaurationdes monuments arméniens. Natif deVan, il en avait toujours gardé lanostalgie.

poste. Retenons tout de même cette réaction deJennifer Daskal, responsable d’Human Rights Watch :« Le président Bush restera dans l’histoire comme le pré-sident de la torture ». Une étude du Pentagone vientd’être « publiée » dans la plus complète discrétion (on ases pudeurs) : elle n’est ni diffusée sur internet, ni four-nie aux journalistes, elle est uniquement disponible surdemande et envoyée par courrier. Cette étude reconnaîtqu’il n’y avait aucun lien entre Saddam Hussein et AlQaïda, contrairement à ce que martelaient les oracles dela Maison Blanche.

Le parlement israélien pourrait enfin se pencher sur legénocide arménien : la Knesset a en effet décidé hierd'ouvrir le débat sur la question de la reconnaissancecomme génocide du meurtre de masse des Arméniens.La décision a été prise sur proposition du député HaimOron, et approuvée à l'unanimité sans que le gouverne-ment ne s'y oppose. Rappelant que le génocide armé-nien avait été reconnu par la France et par unecommission parlementaire aux Etats Unis, le députéestime qu’il serait juste que la Knesset, qui représentele peuple juif, reconnaisse aussi le génocide arménienet conclut : « Cessons d'ignorer et de rejeter la Shoahvécue par un autre peuple. »

Décès deStephen Charles Feinstein

Décès brutal à l’âge de 65ans de Stephen CharlesFeinstein, spécialiste del’Holocauste et de tous lesgénocides. Associé actif del’Institut Zorian, grand ami dupeuple arménien, il a travailléénergiquement pour présenter leGénocide arménien dans les pro-grammes d’études et les programmes publics del’Université du Minnesota, en créant un outil péda-gogique produit en collaboration avec la TélévisionPublique du Minnesota et primé au film documen-taire : Le Génocide arménien : 90 ans après.

Sous sa supervision, son site Web CHGS(www.chgs.umn.edu), est devenu une source pré-cieuse de renseignements fiables sur tous lesaspects de l’Holocauste et du Génocide. Déclarationémue de Vahakn N. Dadrian, le directeur de larecherche sur le génocide de l’Institut Zorian : « Sonabnégation et son profond engagement à la promo-tion d’études qui vont au-delà des sujets centrés surl’Holocauste, en particulier le génocide arménien, enfont un monument d’une sublime humanité. Il vacruellement nous manquer. »

Le feuilleton juridique du mémorialarménien érigé sur la place Antonin-Poncet à Lyon (2e) pourrait bientôt trou-ver son épilogue. Devant le tribunaladministratif pour la quatrième fois,l’Association de défense et de protectiondes places Antonin-Poncet et Bellecour ademandé le démontage du Mémorial,auquel elle est opposée depuis l’origineen 2004. « On ne remet pas en cause legénocide arménien, a soutenu ChantalLefort, présidente de l’association, maisce monument pourrait aller ailleurs ».Pour Serge Deygas, avocat du GrandLyon, il s’agit d’un « acharnement sur-prenant ». Le commissaire au gouverne-ment a, lui, estimé que le montagejuridique du Grand Lyon et de la ville deLyon permettant l’érection du mémorialétait « curieux ». Aussi a-t-il conclu àl’annulation de deux actes administra-tifs, mais sans que cela n’implique ledémontage du mémorial. Le tribunal ren-dra sa décision dans quelques semaines.

A ACHKHAR • N°444 • 5 AVRIL 20084

Le procureur de la Cour d’appel turque a saisi leConseil constitutionnel dans l’espoir d’obtenir la disso-lution de l’AKP, parti du Premier ministre TayyipErdogan, qu’il accuse d’activités anti-laïques. Selon lachaîne de télévision turque NTV, le procureur en chef dela Cour d’appel, Abdurrahman Yalcinkaya, a égalementdemandé qu’une suspension pour cinq ans de la vie poli-tique soit prononcée contre le président Abdullah Gül,Erdogan et d’autres hauts dirigeants de l’AKP (Parti de lajustice et du développement). Selon lui, la récente ten-tative du gouvernement pour autoriser le port du fou-lard islamique dans les universités et le durcissementdes règles sur la consommation d’alcool constituent desatteintes à la laïcité.

Tout devient banal, même la torture. Le monde,l’ONU, l’UE se sont-ils indignés après que George Bushait opposé son veto au texte voté par le Congrès et leSénat interdisant à la CIA de recourir au waterboarding,torture dite de « la baignoire » méthode d’interrogatoiresimulant la noyade, à l’encontre des terroristes ou « pré-sumés » ? L’information a glissé comme une lettre à la

TURQUIE

ÉTATS-UNIS

ISRAËL

À propos du Mémorial de Lyon

NOTE D'INFORMATION

Déclaration du ministère des Affaires étrangèresde la République du Haut-Karabagh

D’après l'armée de Défense de la République du Haut-Karabagh, une concentration des formations de forcesarmées azerbaïdjanaises est observée près du village de Levonarkh, sur le terrain de la ligne de front des forcesarmées de la RHK et de l'Azerbaïdjan; où le 4 mars courant une violation du régime de cessez-le-feu de la part del'Azerbaïdjan a eu lieu. Une fois de plus nous appelons les autorités de l'Azerbaïdjan à renoncer aux tentativesde violation du régime de cessez-le-feu et nous prévenons que toute atteinte à ce régime de la part des forcesarmées azerbaïdjanaises trouvera une réponse adéquate de l'armée de Défense de la RKH. À cet égard, nousdéclinons toute responsabilité pour la montée de la tension possible sur la ligne de front en raison de la posi-tion destructrice du Bakou officiel, qui, malheureusement, n'a pas reçu une réaction politique de la part desintermédiaires internationaux. Stépanakert 07.03.2008

Artsakh

La République d’Artsakh a été traversée par des ventsviolents toute la journée du samedi 29 mars atteignantdes pointes de 150km/h. Des centaines de toits ontété en tout ou partie détruits. Par mesure de sécuritél’électricité avait été coupée toute la journée desamedi et a été rétablie petit à petit tout au long de lajournée de dimanche pour les zones les moins tou-chées. Les équipes de secours étaient en action le jourmême de samedi pour débloquer les axes et rues cou-pées par des chutes de branches et d’arbres. Les dégâtssont importants et touchent les nouvelles et lesanciennes constructions.

ARTSAKH

Conseil de l’Europeet trésors culturels

L’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe aprésenté un projet de résolution sur l’état du patri-moine culturel en Turquie contenant une recommanda-tion sur « L’état actuel des trésors de la culturearménienne dans ce pays ».

Le texte fait référence au génocide et à la dépos-session des biens du peuple arménien et demandenotamment à la Turquie d’entreprendre un inventairecomplet et à restaurer l’héritage du patrimoine culturelarménien, détruit ou ruiné au cours du siècle dernier, ycompris toutes les villes, les églises, les forteresses,les cimetières, antiques et médiévales arménien, ainsique les trésors de l’Arménie historique actuellementsous sa juridiction.

Le projet de résolution traite également de laliberté d’expression, de l’enseignement du génocide,des droits des minorités et de la restitution de leursbiens, et la réconciliation par la vérité.

EUROPE

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nent ce soir le final, autrement dit la conclusion de lareprésentation qui doit être son feu d’artifice.

Arto rappelle les pas chassés, glissés, reprécise leurnombre, puisque c’est l’une des dernières danses ensei-gnées, il revient surtout sur les enchaînements, sur lesdistances à respecter entre les rangs, qui doivents’adapter aux dimensions de la salle, il surveille le portet la position de la tête, revient sur la taille de la scène,la salle de répétition étant petite. Certains garçonsredemandent des précisions : « Il faut lever le bras ? »

Tout ceci se passe sans musique, Arto fredonne ettape la mesure, de temps en temps il ironise, puis lamusique arrive, Arto ne dit plus rien, son regardattentif cherche les imperfections, les énonce directe-ment.

« Replacez-vous ! reculez ! », la légèreté et la grâcedes filles sont surprenantes, de nouvelles recrues, unpeu à l’écart, répètent elles aussi. Devant le miroir leprofesseur, seul, danse, montre, décompose, montre

AGENDA

PARIS - ILE-DE-FRANCE

◗ Daron MouradianExposition Daron MouradianDu 17 mars au 20 avril – Galerie Mouvances - 2, place desVosges-75004 Paris, ts les jours de 10h30 à 19h sauf le lundide 14h30 à 19h.

Expositions« Variations » peintures, sculptures, photos, poèmesprésentés par l’Académie internationale des Arts etLettres et le Lions Club avec la participation deMarguerite GhazerianDu Lundi 31 mars au dimanche 6 avril 2008 de 12h à 19hGalerie Espace Z -62 avenue de la Grande Armée Paris 17e

(métro Argentine)

◗ LittératureLa danse des obèses de Sophie Audouin-Mamikonianchez Flammarion le 7 avril 2008. Le premier thrillerde l’auteur après la série des Tara Duncan.Tournée de dédicaces en France du 5 avril au 8 juin 2008.

◗ La compagnie Astres Mélodiesmusiques d’opéra, chants arméniens, mélodies.Direction artistique Astrig Dedeyan- piano AnnaShirikyanDimanche 6 avril – 16h30- Cathédrale Sainte Croix - 13, ruedu Perche -75003 Paris – métros Temple ou Filles-du-Calvaire- rés 01.47.50.46.93, places 20, 15 et 10 euros

◗ Liz SarianRécital Liz Sarian, présenté par l’Association Haytaset la ville d’Enghien-les-Bains

Dimanche 6 avril 2008 – 15h30 - Théâtre du Casinod’Enghien-les-Bains 0139341080 - Réserv. Haytas06.09.02.04.54 – magasin B12 d’Enghien 06.07.05.82.89

◗ Robert GuédiguianSortie de lady Jane, film de Robert Guediguian avecAriane Ascaride, J.P. Darroussin, G. Meylan.Mercredi 9 avril, en salles (voir p.10)

◗ Conférence« Les réfugiés arméniens et le droit internationalpendant l’entre-deux-guerres » par DzovinarKévonian, maître de conférences Université Paris X.Mercredi 9 avril, 21h. Maison des étudiants arméniens, 56,bd Jourdan 75014 Paris

◗ Danses d’ArménieEnsembles traditionnels Ani et Nor Alik, présentéspar la JAF.Samedi 12 avril, 20h30. Théâtre de Cachan- 21 av. LouisGorgeon- 94230 Cachan - RER B Arcueil-Cachan - PAF 15€-infos-réserv. 01.47.36.22.31 et 06.63.10.32.28www.ani-noralik.fr

◗ Ciné-club Rouben MamoulianLes 40 Jours de Musa Dagh, d’Edward Minassianprojection-débat avec Claude MutafianJeudi 17 avril, 20h- Ciné-Club Rouben MamoulianUCFAF 6 Cité du Wauxhall Paris 10e

◗ Association ANIL’Association ANI commémorera le 93e anniversaire dugénocide des ArméniensSamedi 19 avril, 11 h. Cimetière des Lilas – 47 rue del’Egalité -Les Lilas.

AQUITAINE

◗ CINEMA CONFERENCELes amis du cinéma présentent Ararat d’ AtomEgoyan, suivi d’une conférence sur le génocide armé-nien par Claude Mutafian, agrégé de l’UniversitéMardi 29 avril à 19 h au Cinéma Rex à Sarlat - Entrée 6 €

REGION LYONNAISE

◗ ConférenceL’INSTITUT Tchobanian en partenariat avec l’APECLE,l’UGAB Lyon, et le Club Tekeyan convient à laconférence « Les fondements de la sécurité del’Arménie et les moyens de les appliquer » par ArmenAyvazyan PhD –professeur assistant de SciencePolitique à l’Université américaine d’ArménieJeudi 10 avril, 18h30- Salons de l’UGAB - 12 rue Emile Zola-69002 Lyon

◗ DébatVendredi 11 avril -20h- Rencontre-débat présenté parle MAFP -Mouvement des Arméniens de France pourle Progrès, « Crise et avenir de la 3e Républiqued’Arménie » en présence de M. Guy Fischer, vice-pré-sident du SénatSalons du l’UGAB – 12 rue Emile Zola – Lyon 2e (MétroBellecourt)

La dernière ligne droite avant la représentation du12 avril à Cachan !

7 ans c’est l’âge de raison, c’est l’âge d’ANI et deNOR ALIK les deux ensembles traditionnels de danse dela Jeunesse Arménienne de France (JAF) de Paris-Ile deFrance.

Pour leur âge de raison, Ani et Nor Alik vont se pro-duire au Théâtre de Cachan le 12 avril et les 3 répéti-tions hebdomadaires d’ANI la troupe des plus de 15 anset celle de Nor Alik pour les 6 à 15 ans vont bon trainavec encore plus d’énergie et de volonté que d’habitude.

Achkhar s’est rendu à l’une des répétitions d’ANIsous la direction de leur professeur Arto Bekjian

à la République dans le local UCFAF-JAF déjà troppetit mais aménagé pour les répétitions, un miroirdoublant le grand mur de la salle comme toute salle dedanse.

Vendredi 21 mars, une partie des 50 jeunes filles etgarçons de la troupe, en tenue de répétitions, repren-

Ani et Nor Alik La dernière ligne droite

encore, puis intègre le rang et répète avec les danseurs,dans la troupe. Les danseurs doivent enchaîner ryth-mes rapides qui vont accelerando puis reprendre lesrythmes lents, maintenant les danseurs doivent se tenirpar les épaules, Arto leur insuffle de l’énergie, les bous-cule un peu, montre encore, en imite certains, puisdans un temps de répit, fait répéter un ou deux dan-seurs nouvellement arrivés.

Beau travail de discipline, de ténacité, d’amour dela danse et de la musique arméniennes, joie de retrou-ver ses camarades, de former un cercle, il est intéres-sant de constater que des jeunes dansent non pas depar leur origine, mais par amitié, par plaisir des dansesarméniennes.

Venez les voir le 12 avril à Cachan (94) une trèsbelle soirée en perspective, car en plus, vous aurez lesmagnifiques costumes, bouquet du feu d’artifice !

A.T. Mavian �

Vient de paraître

� L’Aigle de Constantinople de Marina Dédéyanpublié chez Flammarion.

Date limite de réception pour les annoncesdu n° 445 : jeudi 10 avril 2008.

A ACHKHAR • N°444 • 5 AVRIL 200810

Lady Janede Robert Guédiguian

Lady Jane, quinzième film de Robert Guédiguian,sera sur les écrans à partir du 9 avril, après avoir étéprésenté en sélection officielle à Berlin. Cette fois, lecinéaste aborde le thème de la vengeance et signe unfilm noir dans la pure tradition du genre. Malgré l’usuredu temps sur les êtres, seule reste intacte la violencedu désir de vengeance et de l’acte qui s’ensuit. Troisamis se sont connus à l’époque des Rolling Stones;quinze ans après, leurs chemins se sont séparés, ils ontperdu leur superbe et n’ont pas envie de réveiller unpassé bien enfoui. Le trio se reforme autour de Muriel(Ariane Ascaride) lorsqu’elle demande leur aide à sesanciens complices, François (J.-P. Daroussin) et René(G. Meylan) pour réunir la somme exigée par les ravis-seurs de son fils. Les liens sont-ils encore assez forts etpourront-ils se mobiliser pour agir ensemble alors quechacun est ferré dans son quotidien?

L’angoisse de la mère est le premier élément detension qui ne fait qu’augmenter tout au long du filmgrâce à une écriture cinématographique soignée: obs-curité omniprésente assortie d’un jeu d’ombres et delumières très contrastées, scènes de braquage et coupsde feu à bout portant, violence de la détonation qui serépercute dans le parking, force de la bande sonore. Laconstruction implacable du récit, les prises de vuesminutieusement filmées et le jeu des acteurs donnentune grande intensité au film qui tient le spectateur enhaleine jusqu’au bout. On en sort complètementretourné. Avec tous les éléments qui le caractérisent,Robert Guédiguian réussit un film à suspense, genreauquel il ne nous avait pas habitués.

Anahid Samikyan �

« Plus rien ne fait sens »Entretien avec Robert Guédiguian

Achkhar : Dans la plupart de vos films, l’amour,l’amitié ou l’art sont salvateurs ou positifs, votre der-nier film Lady Jane qui va sortir le 9 avril s’inscrit-ildans cette lignée ?

Guédiguian : Non, dans Lady Jane, ça ne fonctionnepas, c’est plus noir que La ville est tranquille, pire, car iln’y a rien. Les gens sont aphasiques, plus rien ne fait sens.Même l’amitié dans Lady Jane n’est pas positive.

Dans ce film, entre autres sur la vengeance, y a-t-il un message ?

La vengeance, il faut que quelqu’un l’arrête, c’est laseule chose positive.

Croyez-vous au pardon ?Ni au pardon ni à la vengeance. Je préfère dire

oublier que pardonner.

Pourquoi avez-vous choisi cette fois le genrepolar ?

J’ai voulu faire ce film, j’ai choisi une forme avant defaire le fond, on est toujours dans l’attente de quelquechose, tout le monde en rêve, « je vais faire un polar », jechoisis le cadre avant l’histoire. Puis il faut charger lesquelette, on va trouver dans Lady Jane l’humeur danslaquelle je suis dans cette France aujourd’hui. Tout estnoir, le film raconte cela par une métaphore.

Dans tout ce noir, le fait que les mêmes acteursjouent, reste un message d’amitié ?

Dans le non-sens dont parle le film, il est vrai queretrouver les trois mêmes acteurs, cela fait sens dans moncinéma.

En attendant d’aller nous plonger dans ce film etde le recevoir dans le plexus, parlons du prochainfilm que vous allez tourner sur la Résistance. Est-cesur la Résistance en général ou des résistants del’Affiche Rouge ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

Mon père a toujours voté communiste, le père deGérard Meylan qui était instituteur, a été mon maître.Manouchian fait partie de ma mythologie personnelle,des héros qui meurent jeunes. Un ami est venu me pro-poser ce sujet, il est critique aux Cahiers du cinéma, maisdéjà avant cette proposition, je voulais faire un film sur

l’Affiche Rouge, un film populaire, pas trop étroit, unfilm d’aventures, d’action, d’amour.

Vous allez prendre des libertés avec l’Histoire ?J’ai demandé à Gilles Taurand qui a travaillé sur Le

Promeneur du Champ de Mars d’écrire à partir des docu-ments et des livres compulsés. On était au courant debeaucoup de choses, je veux aller vers quelque chose del’ordre de la légende, sans contresens bien sûr, mais onprend des libertés, j’imagine des dialogues, il faut oublierce qu’on a vu de près. C’est un groupe, un chef, mais lefilm est structuré autour de trois personnages, MissakManouchian / Méliné, avec le côté romanesque,Rayman, jeune héros romantique et Elek qui au momentdes événements a 17 ans, il était petit, trop jeune, il a dûmontrer ce qu’il savait faire pour entrer dans le groupe.Ses parents sont des personnes très sympathiques, la mèred’Elek sera interprétée par Ariane Ascaride. Je parle aussid’Olga Bancic, de Boczov, de Krazucki.

Il s’agit de raconter la légende, en reparler. Raconterune période qui met du sens. J’ai passé un après-midiavec Henri Karayan,l’un des deux survi-vants du groupeManouchian, je neveux pas prendre deliberté avec l’Histoiremême.

G a rd e z - vo u svotre équipe d’ac-teurs ?

Simon Abkarianinterprétera bien sûrMissak Manouchian,Virginie Ledoyen seraMéliné ; Louis Garre,Rayman; Grégoire Leprince-Ringuet, Elek; RobinsonStévenin, Krazucki.

Aucun rôle pour Jean-Pierre Darroussin etGérard Meylan ?

Darroussin sera un flic méchant, peut-être pourGérard Meylan un rôle de flic « gentil ».

Quand commencerez-vous à filmer ? Avez-vousdéjà un titre ?

Je commencerai à filmer cet été ; l’Armée du crime,nom qui leur est donné sur l’affiche rouge, en sera le titre.

Merci Robert Guédiguian, nous sommes impa-tients de voir le polar Lady Jane qui sort le 9 avril etL’Armée du Crime passionnera certainement les lec-teurs d’Achkhar auxquels nous avons très souventparlé de Missak Manouchian et de la Résistance.

Entretien mené par A.T. Mavianfin janvier 2008

� Rappelons le livre Conversation avec RobertGuédiguian par Isabelle Danel paru fin janvier 2008aux Carnets de l’Info « un texte chaleureux, drôle etsincère, qui est l’occasion pour Robert Guédiguian derevenir sur ses quinze films – de Dernier été à LadyJane, sa “troupe”, ses engagements politiques, sesdésillusions et ses espoirs. »

““

On va trouver dans Lady Janel’humeur dans laquelle je suisdans cette France aujourd’hui

La Californie à l’heureWilliam Saroyan

Vous êtes déjà allé àFresno, Californie ? Oui.Bizarre, personne n’yva.

Cependant, de nom-breux arméniens y ontreplanté leurs racinesdès la fin du XIXe siècle,et William Saroyan a eula bonne idée d’y naîtreil y a 100 ans et y a sonMusée et son monu-ment.

L’Etat de Californieet la ville de Fresno vont tout faire pour fêter cetteillustre naissance.

Un livre, L’Essentiel de Saroyan, composé d’extraitsde romans, d’essais, de nouvelles et de pièces de théâ-tre de Saroyan vient d’être publié en anglais.

Dans la vallée de San Joaquin en avril et mai 2008une série d’évènements vont célébrer l’écrivain :

– une exposition retraçant les parcours à bicyclettede Saroyan à travers Fresno,

– des conférences des professeurs DikranKouyoumdjian et Barlow der Meguerditchian surl’œuvre de Saroyan,

– des débats sur Saroyan et Hollywood par l’histo-rien du cinéma Paul Kaser,

– des promenades à travers Fresno pour évoquerles premières années de l’écrivain,

– des concerts en son hon-neur, musique classique ins-trumentale et chorale,musique traditionnelle,

– une réception avec l’ac-teur Mickey Rooney qui ajoué dans la comédiehumaine,

– des fêtes avec musique,danse et cuisine arménienne.Tout ceci pour les deux mois àvenir !

Un Indien de Calcutta, Debashis Bandopadhyay,boursier Fulbright, est arrivé à Fresno en novem-bre 2007, pour une année universitaire afin d’y étudierl’œuvre de William Saroyan. Il y a déjà rencontré la com-munauté arménienne et aime Fresno, loin de l’agitation,qui lui permet de travailler en paix et à son rythme.

Beaucoup d’autres manifestations vont suivre depar le monde… A.T. Mavian �

A 11ACHKHAR • N°444 • 5 AVRIL 2008

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Association ANI (93 Les Lilas) 32 €

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M.Mme HAGOPIAN Georges (06 Nice) 42 €

M.Mme GRIMA Pierre (06 Drap)en mémoire de leur mamanfidèle lectriceMarie KURKDJIAN décédée le 24 Mars 2004 40 €

◗ CINÉ-CLUB ROUBEN MAMOULIANLes 40 Jours de Musa Daghd’Edward Minassian projection-débat avec ClaudeMutafianJeudi 17 avril, 20hUCFAF 6, cité du Wauxhall Paris 10e

LA RECETTE DE TANTE SUZANNE DONS À ACKHAR

Beurek d’épinards (présentation en rouleau)

• Préparer les épinards (Épinards congelés : suivreles instructions. Epinards frais : cuire quelquesminutes dans une grande quantité d’eau bouillantesalée.) Les égoutter et couper fin.• Ecraser la féta à l’aide d’une fourchette.• Ajouter les épinards coupés plus 1 œuf.• Mélanger la moitié du beurre fondu avec le lait et2 œufs.• Sur chaque deux feuilles, à l’aide d’un pinceaubadigeonner du mélange beurre, lait, œufs.• À 1/3 de hauteur des feuilles et sur toute la lon-gueur, étaler le mélange épinards, féta, puis rouleren forme de boudin.• Placer les rouleaux dans un plat allant au four etpréalablement beurré.• Battre le dernier œuf et badigeonner le dessus desrouleaux.• Arroser du beurre tiède restant.• Enfourner à 200/220° pendant environ 20 mn(four préalablement chauffé).

À déguster chaud et sans modération.

Ingrédients– 1/2 paquet de pâte à filo– 500 g d’épinards en branche surgelés (frais 2 kg)– 250 gr fromage blanc féta– 100 cl lait– 100 g beurre demi-sel– 4 œufs– 1 c.a.café sel fin

Demandeznotre brochureArménie 2008

Séjour à la carteCircuits accompagnésLocation de Voiture

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SABERATOURS11, rue des Pyramides 75001 Paris

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Le spécialiste du voyage en Arménie

Mickey Rooney

A ACHKHAR • N°444 • 5 AVRIL 200812

Magar Ekmalian est né à Vagharchapat (prèsd’Etchmiadzine) le 21 janvier 1856. Sesparents, paysans, étaient originaires de la région

d’Alachguerd du village d’Ekmal en Arménie occiden-tale. L’enfant fait ses études primaires à Etchmiadzine.Ses professeurs ayant décelé ses aptitudes musicales, leprésentent à Nigoghos Tachdjian venu de Constan-tinople pour travailler à l’élaboration et la transcriptionde la musique sacrée Arménienne. Afin de réaliser cetimmense travail il sollicite la collaboration de quelquesélèves, dont Magar Ekmalian. Grâce à cela, le jeunehomme va acquérir une connaissance approfondie de laLiturgie. En plus de la musique religieuse, il se familiariseavec la musique populaire grâce aux traditionnelles fêtespopulaires d’Etchmiadzine réunissant des milliers de vil-lageois, venus de la plaine de l’Ararat. À ces rencontres lamusique et la danse tenaient une grande place.

En 1874, s’ouvre à Etchmiadzine le séminaireKévorkian qui va jouer un rôle considérable dans le déve-loppement de la vie culturelle. Nigoghos Tachdjian,ayant terminé sa mission retourne à Constantinople.Magar Ekmalian est invité à le remplacer. Conscient desqualités exceptionnelles du jeune musicien, le CatholicosKevork IV l’envoie à Saint-Pétersbourg pour perfection-ner ses connaissances musicales. Magar s’y rend en 1878et rencontre d’énormes difficultés compte tenu de sonfaible niveau en musique classique. Malgré son échec àl’examen d’entrée, il est autorisé à suivre les cours en étu-diant libre ! Ses études dureront finalement dix années…Il rencontre des géants de la musique russe commeA. Rubinstein, P. Tchaïkovski ou Rimsky-Korsakov quidevient son professeur. Pour son diplôme final, il com-pose une cantate Les tourments de Rosa pour solistes,chœur et orchestre symphonique, créée sous sa directionle 28 mai 1888. Le jeune musicien a également écritdiverses pièces pour piano dans le style de Chopin.

Sa formation classique terminée, Magar Ekmalianprolonge son séjour de deux ans, on lui propose de s’oc-

cuper de la musique de l’église arménienne de la ville.L’élaboration de sa messe va commencer…

En 1891, Magar Ekmalian retourne à Etchmiadzine.Son protecteur, le Catholicos Kevork IV étant mort, ils’installe à Tiflis où il enseigne à l’école Nercessian, créeun chœur masculin et fait chanter des extraits de samesse pour l’église de l’école. Il obtient un accueil trèschaleureux de la population. Rappelons qu’au mêmemoment, les églises russes et géorgiennes avaient déjàune tradition chorale importante. Les religieux ne parta-gent pas cet enthousiasme, considérant que la transcrip-tion polyphonique est contraire à la traditionarménienne. D’autres trouvent l’harmonisation sansintérêt. Pour mettre fin à ces critiques et éviter de renou-veler l’échec de Kara-Mourza, Magar Ekmalian, retourneà Saint-Pétersbourg où il soumet sa Messe à l’appréciationdu comité musical du Conservatoire impérial qui avaitparmi ses membres des sommités comme Rimsky-Korsakov et Balakirev)

L’accueil, très favorable, se concrétise par deux diplô-mes datés des 13 et 19 janvier 1893. Ces diplômes préci-sent que « l’harmonisation à trois et quatre voix est dans unstyle qui permet de les chanter dans la liturgie ».

La partition de la messe est écrite à trois et quatrevoix, pour chœur d’hommes ou mixte. On connaît troisversions, la première et troisième comportent des mélo-dies d’Etchmiadzine, la seconde des mélodies deConstantinople. La partition comporte une partied‘orgue.

Fort de ces diplômes, Magar Ekmalian retourne àEtchmiadzine, demande et obtient en 1895 un« Gontag » du Catholicos Khrimian Hayrig qui autorisela diffusion et l’édition de la messe.

Avec l’aide de mécènes et des Mekhitaristes, la messedédiée à la mémoire du Catholicos Kévork IV est éditéeà Leipzig par Breitkopf et Härtel en 1896. Grâce à l’ap-pui du Catholicos, et de Kara-Mourza qui en donne desextraits à ses concerts, la messe est peu à peu chantée

dans les églises arméniennes.Elle sera donnée pour la première

fois à Constantinople en 1906. Jusqu’àcette date, seule la messe de Tchi-linguirian était admise et ce change-ment provoque de nombreux débats.

Extrait d’un article paru dansl’hebdomadaire Louys du 25 mars1906 : Le chant à plusieurs voix n’est pasune nouveauté et ce qui est nouveau estcontre le maintien de l’esprit, spéciale-ment de notre église… Pour que notreéglise demeure purement arménienne elledoit rester dans sa forme originelle, il n’ya pas d’autres solutions… pas de poly-phonie, seulement la monodie comme

cela est, à travers les siècles… chanter à une voix et d’uneseule voix. Pas d’instruments polyphoniques ou mélodi-ques… durant la prière tout instrument doit être interdit.

Le rôle joué par Magar Ekmalian dans la diffusion dela messe est tel que le reste de son œuvre est demeuréignoré. Il a joué un très grand rôle dans l’harmonisationde chants religieux, populaires, nationaux, citons « DèrGuètso, Ov hayots Achkhar, Hov tou Parégam, Mèr azkhaladzvadz, Lerets ambère yegan, Guiliguia, GuétséZeitoun, Kélé Kélé, Hov Arèk, Lusnag Anouch, Tchèmguernar Khaghal ». La plupart de ces chants ont été repriset immortalisés par son élève le R. P. Komitas…

Il a également été le premier à s’intéresser aux chantsdu moyen âge, écrit de nombreux chants pour enfants etmis en musique les textes de Alichan, Raffi,Béchiktachlian, Il a eu de prestigieux élèves commeA. Chahmouradian, Chara Dalian, Armen Tigranian etbien sûr Komitas « Novembre 1885 : en ce moment, j’étu-die (gratuitement) auprès de Magar Ekmalian, la musique,l’harmonie, la pédagogie et la composition et ce jusqu’aumois de mai. Je participe également au chœur de l’écoledirigé par Magar Ekmalian pour étudier également ladirection de chœur et le chant. »

En 1902, à 47 ans, Magar Ekmalian est frappé parune terrible maladie mentale. Il s’éteint le 6 mars 1905 àTiflis. Durant ces trois années il aurait hélas détruit denombreuses œuvres, d’autres ont été égarées après samort. C’est probablement pour cela que Magar Ekmalianest connu uniquement comme l’auteur de la Messe !

Alexandre Siranossian �

ACHKHAR Bimensuel bilingue d’information et de la vie arménienneTél. 01 40 40 02 82 • Fax. 01 42 08 09 70 • achkhar@free.fr

Fondateur : Avedis Alixanian • Gérante-directrice de la publication : Roseline Djihanian • Rédacteur en chef : Gérard Dédéyan.Collectif de rédaction : G. Dédéyan, R. Dzagoyan, M. Haladjian, A.T. Mavian, B. Maslak, L. Mirdjanian, A. Samikyan, T. Samikyan, S. Serik, O. Vanig, H. Vardanian.

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Magar Ekmalian (1856-1905)

Panorama de la littérature et de la musique arménienne du XIXe siècle

Dans l’histoire de la musique arménienne, Magar Ekmalian (prononcer Yekmalian) pédagogue, chef de chœur etcompositeur occupe une place particulière, il a réussi à imposer officiellement la version polyphonique de laLiturgie Arménienne. Avant lui, Kara-Mourza connut les pires difficultés avec le clergé arménien dans ses ten-tatives de faire chanter la messe par un chœur à quatre voix. Pourtant, dès 1870, des essais d’harmonisationde la liturgie arménienne avaient commencé, avec Bianquini (Venise) et Apkarev (Inde).

Raffi et son roman Le FouDans le numéro 442 nous vous parlions de Raffi et de sonroman Le fou, traduit en français en 2007 par MoucheghAbrahamian aux Editions Bleu Autour. Ce livre pour soncontenu et sa traduction vient d’être récompensé du prixdes Mots d’Or de la francophonie à l’unanimité du jury parl’APFA. Il avait été soumis au jury par M. PhilippePilibossian, promoteur du bulletin de l’ACAM.