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1 Tribunes libres et courriers adressés aux rédactions 13 octobre 2017 Le Qatar s’adapte rapidement au blocus mené par l’Arabie saoudite S.E. Ali Shareef Al Emadi, ministre des Finances Newsweek C’est la réaction des individus, des entreprises, des gouvernements en période de danger ou d’adversité qui met véritablement le caractère d’une personne ou d’une entité à l’épreuve. Devons-nous reculer face aux épreuves ? Ou bien devons-nous y puiser une source d’invention et de courage ? Au cours des quatre derniers mois, l’État du Qatar a connu sa propre crise, victime d’un embargo terrestre, maritime et aérien arbitraire imposé par l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis et Bahreïn. Pourtant, si cet embargo visait à mettre à genoux le Qatar, c’est précisément le contraire qui s’est produit. Le danger se faisant sentir, nous avons saisi l’occasion et nous avons renforcé l'économie et la politique de notre pays. Depuis plusieurs années, notre nation s’est inscrite dans une stratégie de diversification économique globale, en effectuant des investissements avisés et de long terme. Résultat, le Qatar a établi des relations commerciales fortes avec d’autres pays partout dans le monde. Depuis le 5 juin, lorsque le blocus a commencé, nous avons redoublé d’efforts pour renforcer nos relations actuelles et pour en forger de nouvelles. Les résultats sont dores et déjà tangibles. Notre économie a résisté et a fait preuve d’une grande capacité d’adaptation à cet embargo. De ce fait, de nouvelles opportunités se font jour et la quête de l’autosuffisance est devenue une ambition partagée avec tous les résidents du Qatar. Dans l'ensemble, la vie quotidienne au Qatar, d'un point de vue économique, n'a pas été interrompue et s'améliore de plusieurs façons. De nouveaux marchés ont été identifiés. Parmi les projets en cours, nous pouvons citer l’accord récemment signé entre le Qatar et le Bangladesh pour l’export de gaz naturel liquéfié (GNL) pour les 15 prochaines années. Le Qatar n’a pas tardé à identifi er le potentiel de l’Asie du Sud comme un nouveau marché prometteur pour le GNL et nous comptons profiter pleinement de cette opportunité. Le Port Hamad du Qatar, récemment inauguré, a tracé de nouvelles routes maritimes dans différents pays notamment au Sultanat d’Oman, en Turquie, en Inde et au Pakistan, contournant ainsi le port Jebel Ali aux Émirats arabes unis. Dès lors, les frais de transport ont chuté de 31 % depuis le début de l’embargo. De même, en raison des restrictions de survol de l'espace aérien, nous avons créé de nouvelles routes commerciales qui ont permis d'accroître notre efficacité. Les fouisseurs de produits alimentaires indiens avaient pour habitude d’approvisionner les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite en passant par le Qatar. Désormais, ils expédient leurs produits par avion directement au Qatar, ce qui, à long terme, se révèlera plus rentable et plus rapide.

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Tribunes libres et courriers adressés aux rédactions

13 octobre 2017 Le Qatar s’adapte rapidement au blocus mené par l’Arabie saoudite S.E. Ali Shareef Al Emadi, ministre des Finances Newsweek C’est la réaction des individus, des entreprises, des gouvernements en période de danger ou d’adversité qui met véritablement le caractère d’une personne ou d’une entité à l’épreuve. Devons-nous reculer face aux épreuves ? Ou bien devons-nous y puiser une source d’invention et de courage ? Au cours des quatre derniers mois, l’État du Qatar a connu sa propre crise, victime d’un embargo terrestre, maritime et aérien arbitraire imposé par l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis et Bahreïn. Pourtant, si cet embargo visait à mettre à genoux le Qatar, c’est précisément le contraire qui s’est produit. Le danger se faisant sentir, nous avons saisi l’occasion et nous avons renforcé l'économie et la politique de notre pays. Depuis plusieurs années, notre nation s’est inscrite dans une stratégie de diversification économique globale, en effectuant des investissements avisés et de long terme. Résultat, le Qatar a établi des relations commerciales fortes avec d’autres pays partout dans le monde. Depuis le 5 juin, lorsque le blocus a commencé, nous avons redoublé d’efforts pour renforcer nos relations actuelles et pour en forger de nouvelles. Les résultats sont d’ores et déjà tangibles. Notre économie a résisté et a fait preuve d’une grande capacité d’adaptation à cet embargo. De ce fait, de nouvelles opportunités se font jour et la quête de l’autosuffisance est devenue une ambition partagée avec tous les résidents du Qatar. Dans l'ensemble, la vie quotidienne au Qatar, d'un point de vue économique, n'a pas été interrompue et s'améliore de plusieurs façons. De nouveaux marchés ont été identifiés. Parmi les projets en cours, nous pouvons citer l’accord récemment signé entre le Qatar et le Bangladesh pour l’export de gaz naturel liquéfié (GNL) pour les 15 prochaines années. Le Qatar n’a pas tardé à identifier le potentiel de l’Asie du Sud comme un nouveau marché prometteur pour le GNL et nous comptons profiter pleinement de cette opportunité. Le Port Hamad du Qatar, récemment inauguré, a tracé de nouvelles routes maritimes dans différents pays notamment au Sultanat d’Oman, en Turquie, en Inde et au Pakistan, contournant ainsi le port Jebel Ali aux Émirats arabes unis. Dès lors, les frais de transport ont chuté de 31 % depuis le début de l’embargo. De même, en raison des restrictions de survol de l'espace aérien, nous avons créé de nouvelles routes commerciales qui ont permis d'accroître notre efficacité. Les fouisseurs de produits alimentaires indiens avaient pour habitude d’approvisionner les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite en passant par le Qatar. Désormais, ils expédient leurs produits par avion directement au Qatar, ce qui, à long terme, se révèlera plus rentable et plus rapide.

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Les innombrables alternatives aux produits alimentaires en provenance d'Arabie saoudite et des Émirats auront également un effet à long terme sur la réduction des prix. Cette perturbation a même créé de nouvelles opportunités dans le transport aérien : grâce aux vols supplémentaires réalisés par la Qatar Airways, nous avons été en mesure d'élargir nos offres de services sur des marchés à forte rentabilité et de gagner 24 nouveaux marchés pour les 12 prochains mois. Les investisseurs s’interrogeront sur les enjeux financiers du Qatar face aux nations imposant le blocus. Alors que l’embargo accélère la diversification de notre économie pour les entreprises axées sur le savoir, le secteur du pétrole et du gaz compte encore pour plus de la moitié du PIB du Qatar. En effet, grâce aux ressources minérales dont nous disposons, nous avons d’importantes liquidités : nous disposons d’actifs et de titres suffisant pour assurer la stabilité de notre économie pour de nombreuses années. Nos actifs et investissements à l’étranger représentent plus de 250 % de notre PIB, ce qui nous permet non seulement de défendre notre monnaie et notre économie, mais également de diversifier nos activités vers de nouvelles orientations innovantes. Nous n’appuyons, ni nous tolérons aucunement ce blocus. Ce dernier a engendré de graves conséquences sur le plan humanitaire en séparant des familles, des parents de leurs enfants et en privant des étudiants de poursuivre leurs études. Mais nous préférons le voir comme un catalyseur d’une nouvelle approche et de nouvelles opportunités commerciales et diplomatiques. Alors que cette approche porte ses fruits avec une meilleure qualité de vie pour les Qatariens et permet les échanges commerciaux sans interruption, nous ne devons pas oublier les vraies victimes de cet embargo : les gens ordinaires qui veulent travailler, apprendre et vivre parmi nous. Des délégués en provenance du monde entier se rassemblent cette semaine à Washington pour les assemblées annuelles de la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Nous aborderons les problèmes qui préoccupent le monde entier, notamment les perspectives économiques, l’éradication de la pauvreté, le développement économique et l’efficacité des aides. Le monde peut être assuré que nous n’oublions pas la rupture de la solidarité régionale et la crise humanitaire imposée par nos voisins et que le Qatar continuera à jouer son rôle pour garantir la continuité de la croissance globale et du développement régional. Un précédent dangereux a été établi avec l'imposition de ce blocus illégal, qui défie les conventions internationales établies de longue date. Néanmoins, avec ce danger vient l’opportunité de répondre à cette injustice flagrante, une opportunité que la communauté financière mondiale, qui se réunit dans la capitale des États-Unis, doit saisir. 18 juillet Refuser de fermer Al Jazeera au Qatar est une prise de position en faveur du journalisme indépendant Son Excellence Sheikh Saif bin Ahmed Al - Thani, directeur du Bureau de la communication du gouvernement Newsweek

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Dans une région dominée par des médias contrôlés par l’État, le réseau de télévision d’Al Jazeera fait preuve d’exception en tant que source d’information indépendante pour des millions de personnes de la péninsule arabique, du Moyen-Orient et du monde entier. Le Qatar croit en la contribution de ce genre de journalisme indépendant dans la sensibilisation du public et le renforcement de l’engagement citoyen. Nous croyons également que les gouvernements qui jouissent du soutien de leurs citoyens n’ont rien à craindre des informations télévisées. Nos voisins, quant à eux, croient que le journalisme indépendant est dangereux et ils ont exigé la fermeture d’Al Jazeera. Leurs gouvernements reprochent à Al Jazeera de diffuser des reportages sur les développements politiques, économiques et sociaux opérés dans la région et qui « attisent les masses » et entraînent des troubles. Le Qatar croit en la contribution du journalisme indépendant dans la responsabilisation des autorités et la promotion de la bonne gouvernance. Les critiques portées à l’encontre d’Al Jazeera proclament que le réseau déçoit son audience à cause de la « propagande qatarienne ». Nous estimons qu’une telle perception condescendante montre le mépris porté à l’intelligence et au jugement des peuples du Moyen-Orient, qui ont massivement choisi de suivre les actualités sur Al Jazeera plutôt que sur les chaînes gérées par leurs pays. En ma qualité de directeur du Bureau de la communication du gouvernement, j’ai regardé des centaines, voire des milliers d’heures d’informations couvertes par Al Jazeera et je peux vous affirmer qu’Al Jazeera peut être à la fois favorable et critique envers les politiques et les actions menées par les gouvernements voisins. Nous pouvons en dire autant pour CNN, la BBC, l’Associated Press ou toute autre organisation de presse internationale indépendante. Ces chaînes couvrent l’actualité telle qu’elles la voient, ce que tout journaliste est supposé faire. Et contrairement à ce que racontent les critiques, Al Jazeera traite également des dossiers sensibles du Qatar. Il est rare que je rencontre un diplomate ou un ministre du Qatar sans entendre une plainte à propos d'une histoire diffusée sur Al Jazeera. À chaque fois que j’adresse ces plaintes aux éditeurs du réseau, ils me répondent systématiquement en citant l’Article 3 de la charte du réseau : « Al Jazeera est attachée à la liberté de parole et d'expression, et à la production efficace et professionnelle d’un journalisme indépendant », ce qui, traduit de l'arabe, signifie grosso modo « occupez-vous de vos propres affaires ». J’ai été réconforté, ces dernières semaines, de voir la vague de soutien qu’a reçue Al Jazeera. À sa une, « La tentative de l'Arabie Saoudite de faire taire Al Jazeera est scandaleuse », le journal britannique The Economist a qualifié, dans un récent article, le réseau du « seul grand diffuseur fougueux dans le monde arabe » et a déclaré que l’exigence portant sur la fermeture d’Al Jazeera était ... une attaque extraterritoriale incroyable à la liberté d'expression. C’est comme si la Chine demandait à la Grande-Bretagne de mettre fin à la BBC. » Les journalistes ne sont pas les seuls à s’indigner. « Que vous les regardiez, que vous les aimiez ou que vous soyez d’accord ou pas avec leur ligne éditoriale, les chaînes d’Al Jazeera en arabe et en anglais sont légitimes et des millions de personnes les suivent », Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissaire aux droits de l'Homme des Nations Unies Zeid Ra’ad al-Hussein, a déclaré : « Cette demande sommaire de fermer Al Jazeera est, de notre point de vue, une attaque inacceptable lancée contre le droit à la liberté d’expression et d’opinion. » Ceux qui ne sont pas satisfaits de la couverture d'Al Jazeera ont le choix d’ouvrir leurs propres réseaux et de rivaliser ouvertement sur le marché des idées. Les Saoudiens s’y sont déjà aventurés, avec Al Arabyia, mais on raconte que leur réseau n’arrive pas à générer la même audience que celle d’Al Jazeera. Il est clair qu’Al Jazeera a gagné la confiance des peuples du Moyen-Orient, là où d’autres ont échoué.

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Depuis plus de vingt ans, les journalistes d’Al Jazeera risquent leur vie pour rapporter l’actualité que d’autres journalistes du Moyen-Orient ont peur de rapporter et leurs gouvernements ne veulent pas que leurs citoyens en prennent connaissance. Accéder à cette exigence concernant la fermeture du réseau serait une trahison pour tous ces journalistes courageux, qui ont dédié leur vie et leur carrière à la couverture réaliste de l’actualité sans crainte et en toute impartialité. Tout le monde peut se plaindre d’Al Jazeera ; c’est le droit de chacun. De la même façon que les ambassadeurs et les ministres du Qatar le font, des représentants et des gouvernements étrangers peuvent également le faire. Nous n'avons pas cédé à ces critiques dans le passé, et nous n’y cèderons pas aujourd'hui. Le Qatar est fier du réseau d’Al Jazeera et de son rôle de précurseur du journalisme indépendant au Moyen-Orient. Nous allons de l’avant et nous continuerons à soutenir la liberté d’expression au Qatar. Nous ouvrirons de nouveaux organes de presse et nous invitons les journalistes et les chaînes à installer leur maison-mère à Doha. Nous doublerons la mise sur le journalisme. Et nous ne fermerons pas Al Jazeera.

13 juillet Lettre aux éditeurs Son Excellence Sheikh Saif bin Ahmed Al - Thani, directeur du Bureau de la communication du gouvernement The Times Votre article du 11 juillet intitulé « Lines in the Desert » est dangereusement fallacieux. La « substance » du conflit des pays du blocus avec le Qatar concerne notre politique étrangère indépendante et non la lutte contre le terrorisme. Soyons clairs : le Qatar n’a jamais soutenu et ne soutiendra jamais le terrorisme sous quelque forme que ce soit. Nous sommes un allié du Royaume-Uni engagé dans la lutte contre le terrorisme. Nous disposons des mesures les plus rigoureuses pour empêcher le transfert d'argent à des organisations caritatives soupçonnées de financer le terrorisme, et nous réglementons fortement la collecte de fonds par des particuliers. Nous employons des dispositifs directs nous permettant d'échanger des renseignements avec des agences de sécurité internationales et nous nous assurons que toutes les aides humanitaires sont supervisées par le Système de surveillance financière de l’ONU. Nous avons signé, cette semaine, un nouvel accord avec les États-Unis pour renforcer davantage notre coopération dans la lutte contre le terrorisme et son financement. Nous sommes le premier et le seul pays du CCG à le faire. Nous espérons que cet accord servira de modèle à d’autres pays du CCG pour créer un tel cadre avec les États-Unis, ce qui nous permettra de tous nous unir pour combattre efficacement le terrorisme. Vous affirmez que des personnes finançant Al-Qaeda circulent librement au Qatar. C’est absolument faux. Tous les individus figurant sur les listes de sanctions de l’ONU et des États-Unis qui sont actuellement présents au Qatar ont été arrêtés, poursuivis et interdits de quitter le pays. Leurs actifs ont également été gelés et conformément aux directives de l’ONU, ils ont été placés sous surveillance 24h/24, 7jours/7. Vous citez l’Arabie saoudite comme un bel exemple dans la lutte contre le terrorisme. C’est là une déformation déplorable de la réalité. Pas plus tard que la semaine dernière, le groupe de réflexion

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britannique, Henry Jackson Society, a publié des informations sur le rôle de l’Arabie saoudite en tant que principale source de financement de l’extrémisme au Royaume-Uni. En fait, il existe presque dix fois plus de personnes et d'organisations en provenance d'Arabie saoudite et d'autres pays du blocus sur les listes de sanctions de l'ONU et des États-Unis qu’il en existe au Qatar. En résumé, il est clair que les motivations de nos voisins n’ont aucun rapport avec la lutte contre le terrorisme. Il s’agit uniquement d’une diversion ayant pour but de détourner l’attention de leur tentative de contrôle de la politique étrangère du Qatar et de saper sa souveraineté. Le Qatar continuera à travailler sans relâche pour vaincre le fléau du terrorisme. À leur tour, nous espérons que d’autres ne seront pas induits en erreur par la campagne cynique et hypocrite menée contre nous.

Autres représentants du gouvernement 13 août Le Qatar ne sera pas intimidé S.E. l’ambassadeur Dr Mutlaq bin Majed Al Qahtani, envoyé spécial du ministère des Affaires étrangères qatarien chargé de la lutte contre le terrorisme et de la médiation dans les règlements des conflits Wall Street Journal Alors que la crise du Golfe entame son troisième mois, il est clair que le blocus imposé au Qatar n’a pas eu l’effet escompté. Si l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, pays à l’origine de cette confrontation, malgré les apparences d’un bloc uni, espéraient mettre le Qatar à genoux, ils ont échoué. S’ils pensaient détruire la réputation du Qatar et améliorer la leur, ils ont échoué. S'ils espéraient renforcer leurs relations avec les États-Unis au détriment du Qatar, là encore, ils ont échoué. Au contraire, la campagne de dénigrement dirigée contre le Qatar a braqué les projecteurs sur un épisode honteux et des méthodes douteuses des Saoudiens et des Émiratis. L’Arabie saoudite justifie le blocus en affirmant que les autorités qatariennes « soutiennent l’extrémisme et les organisations terroristes ». Mais ces accusations ne font que rappeler aux observateurs que les Saoudiens n’ont essuyé que des échecs dans la prévention contre la radicalisation de leurs citoyens. Parmi les 19 pirates du 11 septembre 2001, 15 étaient des citoyens saoudiens. Des milliers de citoyens saoudiens ont pris les armes et ont rejoint l’État islamique et d’autres groupes radicaux. Des manuels scolaires saoudiens sont utilisés dans les écoles de l’EI. Un grand nombre des cinq douzaines de groupes que le Département d'État américain désigne comme organisations terroristes est financé par des ressortissants saoudiens. Les Émirats ont pris la même position hypocrite. Alors que les Émirats arabes unis se présentent de manière trompeuse comme le meilleur allié des Américains dans la région, leurs antécédents ne valent pas mieux que ceux de l’Arabie saoudite. Deux ressortissants émiratis ont participé aux attaques du 11 septembre 2001 et le rapport de l’équipe de la Commission sur le 11/9 a révélé qu'une grande partie du financement des attentats a été acheminée par les Émirats arabes unis, qui étaient alors un centre mondial de blanchiment d'argent. Les Émirats ont également échoué à promouvoir la liberté de parole et de presse. En 2014, les autorités ont arrêté un homme préparant un attentat terroriste sur le circuit de Formule 1 d’Abu Dhabi. Cependant,

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les Émirats ont interdit aux médias internationaux de couvrir le procès. Les récentes mesures de répression de la liberté d'expression menées par les Émirats arabes unis ont été largement condamnées, en particulier après que le ministère de la Justice émirati a déclaré en juin que soutenir le Qatar sur les médias sociaux pourrait être passible d'amendes et même de peines de prison. Pendant ce temps, une fuite d’e-mails a révélé que des responsables émiratis préparaient une campagne avec différents groupes d'intérêt et lobbyistes pour calomnier le Qatar bien avant que le blocus ne soit imposé. Désormais, des experts du renseignement et les services de la cybersécurité du Qatar ont identifié les Émirats arabes unis comme l’auteur du piratage de l’agence de presse du Qatar, qui a amorcé la crise du Golfe. Les Saoudiens et les Émiratis ne s’attendaient sûrement pas à ce genre de publicité lorsqu'ils ont déclenché la crise. Toutefois, plus le blocus se prolonge, et plus le monde découvrira de nouvelles informations préjudiciables sur eux et il sera alors plus difficile de résoudre leurs différends avec le Qatar. Il est encore temps d'abandonner ces campagnes de relations publiques, de blocus, d’ultimatums et de tactiques de pression et de se rencontrer autour de la table de négociation, de cette façon nous pourrons trouver une solution juste et équitable pour résoudre la crise du Golfe.

5 août Lettre aux éditeurs La situation au Qatar S.E. Sheikha Alya bint Ahmed Al-Thani, représentante permanente du Qatar à l’ONU The Economist L’ambassadeur des Émirats arabes unis à l’ONU a affirmé que les actions hostiles entreprises par les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, Bahreïn et l’Égypte à l’encontre du Qatar ne constituent pas un blocus, car « les mesures diplomatiques prises ne présentent aucune dimension militaire » (Lettre du 15 juillet). La seule frontière terrestre du Qatar a été fermée et le trafic aérien et maritime a été dévié, coupant les principales routes pour les importations. Les produits frais, l’approvisionnement en eau et en médicament doivent désormais être expédiés au Qatar par les voies aériennes ou maritimes. Des parents ont été obligés de se séparer de leurs jeunes enfants et des maris de leurs femmes. Des membres de familles ne peuvent plus rendre visite à leurs proches âgés ou malades. Pour le peuple du Qatar, il s’agit là d’un blocus. Les citoyens des pays imposant le blocus souffrent également. Des centaines de personnes ont été obligées de choisir entre l'abandon de leur emploi ou leur famille ou bien de payer des amendes et même se faire emprisonner pour avoir désobéi aux ordres. Des patients étrangers soignés au Qatar ont vu leurs traitements médicaux s’interrompre. Comme l’a déclaré récemment le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Sheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, lors d’une rencontre à Londres : « lorsque vous avez une mère qui tient son enfant de sept ans, et qu’on lui enlève son fils et ne lui permet pas de voyager avec lui, ça, c'est un blocus. C’est inhumain. C’est illégal. Je suis navré, mais personne ne peut appeler ça "un boycott". »

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27 juillet En finir avec le blocus imposé au Qatar S.E. Ali Shareef Al Emadi, ministre des Finances Bloomberg Pendant deux mois, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont mené un blocus illégal et sans fondement contre le Qatar. Les pays imposant le blocus ont tenté d'utiliser des leviers commerciaux et économiques comme armes, en fermant notamment les frontières, en interdisant les exportations vers le Qatar, en rappelant de force leurs citoyens et en censurant les informations. Le Qatar a réussi à déjouer ces tentatives visant à restreindre sa souveraineté, grâce notamment à ses citoyens et résidents qui ont su relever courageusement chaque défi et obstacle. Notre force remonte à notre indépendance en 1971, période durant laquelle nos dirigeants ont pris la décision de toujours chercher le dialogue et la diplomatie plutôt que d’engager les menaces et la force. Cette période avait également été marquée par notre volonté de prendre des décisions économiques et d'investissement en adoptant une vision de long terme concernant nos intérêts sur le plan national, régional et international. Cette approche a porté ses fruits. Le projet de City Center D.C dans la capitale américaine en est un parfait exemple : l’investissement d’un montant de 1,5 milliard de dollars de la Qatari Diar dans un projet commercial et résidentiel, le plus grand investissement du secteur privé à Washington, a permis de créer des emplois et de fournir un point d’ancrage d’aide au développement futur de la ville. Cet exploit est reproduit près de Sabine Pass, au Texas, où la Qatar Petroleum s’est associée à deux autres grandes entreprises énergétiques, ExxonMobil et ConocoPhillips, pour construire l’un des plus grands terminaux de gaz naturel liquéfié au monde. Ce projet d’un montant de 10 milliards de dollars générera des milliers d’emplois aux États-Unis et fera progresser le développement économique de plusieurs milliards de dollars. Ces projets viennent s’ajouter aux 27 milliards de dollars que le Qatar a investis aux États-Unis au cours des deux dernières années et aux 10 milliards de dollars prévus pour des projets nouveaux ou actuels dans les années à venir. Nous avons également effectué d’importants investissements dans notre pays. Le Qatar dispose aujourd'hui de l’un des plus grands aéroports modernes au monde, ce qui permet désormais d'augmenter le volume de fret aérien des partenaires commerciaux mondiaux, pour atténuer les insuffisances des pays imposant le blocus. Le rôle de notre nouveau port maritime a été capital dans l’acheminement des produits alimentaires, des provisions et des matériaux de construction vers le pays. La vie quotidienne au Qatar ne s’est pas interrompue. Tout aussi important, le Qatar continue à être le plus grand exportateur au monde de gaz naturel liquéfié. Aucune exportation n’a été annulée ou retardée, même celles destinées aux Émirats arabes unis, l’un des pays imposant le blocus. Alors qu’ils ont suspendu tout export vers le Qatar, nous continuons à fournir aux Émirats arabes unis 40% de leur consommation quotidienne en gaz naturel liquéfié par l’intermédiaire de Dolphin Pipeline. Nous continuons à agir ainsi car le Qatar n’utilise pas des moyens économiques pour nuire à ses partenaires commerciaux. Pas plus que nous n’exploitons les transactions commerciales à des fins politiques. Nous voulons faire savoir aux pays et aux entreprises dans lesquels nous investissons que le Qatar fait la différence entre les affaires et la politique. C’est pour cette raison que nous honorons nos contrats commerciaux avec l’Égypte et l’Arabie saoudite et que nous laissons nos espaces aériens ouverts à tous les transporteurs.

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Ces mêmes pays rappellent leurs citoyens et expulsent les Qatariens, forçant ainsi des personnes à vendre leurs actifs ou dans certains cas à abandonner leurs entreprises qui ont nécessité des années de travail. Nous déplorons les coûts humains qui en découlent : des familles déchirées lorsque seulement l’un des deux parents est Qatarien. Malgré le comportement des pays imposant le blocus, nous ne changerons pas fondamentalement notre approche. Dans son discours adressé au peuple la semaine dernière, Son Altesse Sheikh Tamim Bin Hamad Al Thani, Émir du Qatar, a appelé au développement de nouveaux projets et investissements pour diversifier l’économie. Cette diversification permettra au Qatar de parvenir à une plus grande indépendance économique grâce à des coopérations bilatérales sur le plan régional et international, mais toujours en s’appuyant sur ses partenariats dans l'intérêt et le respect mutuels. Le Qatar souhaite toujours entretenir de bonnes relations, parvenir à la croissance économique et saisir les opportunités que les dirigeants de nos pays ont imaginées lorsqu'ils ont créé le Conseil de coopération du Golfe en 1981. Avec leur embargo, les autres membres du CCG font tout le contraire. Réparer les dégâts économiques et sociaux que cela cause ne sera pas simple. Mais il faut commencer par lever ce blocus et laisser place à un dialogue raisonnable. Comme le disait Henry Ford : « Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès et travailler ensemble est la réussite. » Finissons-en avec cette impasse désastreuse et visons le succès. 6 juillet Le Qatar tient tête à ses voisins S.E. Fahad bin Mohammed Al-Attiya, ambassadeur du Qatar en Russie New York Times Mon pays, le Qatar, est une nation en état de siège. Au cours du dernier mois, ses frontières et ses routes aériennes ont été fermées à la suite du blocus régional imposé par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Égypte. Les autorités des pays du Golfe voisins ont forcé les citoyens qatariens à quitter leurs territoires, sans égard à leur âge ou leur santé. Le blocus a donné suite à une liste d’accusations infondées contre le Qatar. Parmi ces accusations, l’accueil du Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne dans notre capitale, Doha ; le financement du Hezbollah, milice libanaise pro-iranienne ; et le soutien du groupe terroriste État islamique. Ces accusations n’ont aucun sens, le Hezbollah et l'État islamique étant des ennemis jurés et se faisant la guerre en Syrie. D'autres revendications sont également fausses. Le Qatar est accusé de soutenir les rebelles houthis au Yémen. Pourtant, jusqu’au début de ce blocus, mon pays a participé à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen et a perdu des soldats au combat contre les rebelles houthis. Cette accusation est une insulte à leur mémoire. Le blocus du Golfe a également dressé une liste de groupes et d’individus terroristes supposés que le Qatar accueillerait et parrainerait, parait-il. Parmi eux, se trouve en réalité un leader salafiste yéménite

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qui vit à Riyad, capitale de l’Arabie saoudite. Les autres groupes et individus mentionnés ne vivent pas au Qatar et n’ont aucun lien avec Doha. Tout comme en 1914, lorsque le gouvernement austro-hongrois avait dressé une liste d’exigences impossibles et injustifiées comme prétexte pour attaquer la Serbie, de la même façon, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte ont adressé à mon pays une liste exigeante et insultante de conditions à remplir pour que ce blocus infondé soit levé. Le Qatar n’a reçu aucune notification de ces exigences auparavant. Malgré notre position de membre du Conseil de coopération du Golfe, nous n’avons même jamais été invités à en discuter. Avec l’expiration de l’ultimatum lancé par le blocus, l’Arabie saoudite menace d’allonger la liste des sanctions. Des milliers de citoyens qatariens ont été affectés par ce blocus. Ma propre mère effectuait son pèlerinage à la Mecque, en Arabie saoudite, quand le blocus a été lancé. Elle a été obligée de retourner à Doha de manière humiliante. L’Arabie saoudite a prétendu, par cette exclusion protéger les lieux saints de l’Islam et leurs visiteurs, mais cette exclusion des pèlerins est une offense au monde musulman. Parmi les conditions que le blocus tente d’imposer au Qatar, nous trouvons la fermeture d’un certain nombre d’organes de presse, dont la chaîne satellitaire primée Al Jazeera, ainsi que d’autres médias basés à Londres. La position du Qatar est claire : nous soutenons la liberté de la presse, ces médias sont libres de publier des contenus critiques, même à l’encontre du Qatar, et notamment contre le blocus actuel. Nous n’acceptons pas l’exigence du blocus concernant leur fermeture. Al Jazeera a acquis une renommée internationale grâce à ses reportages tournés au Moyen-Orient, où la plupart des autres groupes de presse sont soit servilement pro-régime, soit fortement censurés. Pendant le Printemps arabe, les médias des pays imposant le blocus ont généralement montré des scènes sereines et pacifiques dans des villes où, en réalité, les manifestants étaient abattus par les forces de sécurité. Ces pays ont pratiquement cessé de diffuser toute information de ces mouvements pro-démocratiques ; aujourd’hui, ils nous en veulent, car leurs citoyens ont pu regarder Al Jazeera et découvrir la vérité. À l’heure actuelle, les plateformes de talk-shows ou des réseaux sociaux des médias soutenus par l’État en Égypte, en Arabie saoudite et aux Émirats exécutent les ordres de leurs maîtres et appellent au changement de régime au Qatar. Certains animateurs de talk-shows et leurs invités ont appelé à perpétrer des attaques terroristes sur le sol qatarien. De hauts responsables qatariens ont fait l’objet d’assassinats ou d’insultes. En Arabie saoudite et aux Émirats, s’opposer à ce blocus est devenu un crime et toute personne parlant en faveur du Qatar est passible de poursuite et jusqu’à 15 ans de prison. Cette campagne a été orchestrée d’en haut. Un ministre d’État saoudien et conseiller en communication du prince héritier, Mohammed bin Salman, a déclaré sur Tweeter qu’il espérait que les Qatariens « n’acceptent pas » ces exigences et que « ceci n’est que le début ». La déclaration du chef de police adjoint de Dubaï et général de la sécurité sur Tweeter : « le Qatar a toujours fait partie des Émirats arabes unis et cela ne peut être autrement », attise délibérément la tension pour la transformer en une menace implicite contre notre souveraineté. Soyons clairs : Le Qatar est sanctionné car des acteurs conservateurs du bloc, encouragés par les changements de l’équilibre géopolitique dans la région, voient là l’occasion de montrer aux peuples du Monde arabe que s’ils osent rêver de changement, les régimes autocratiques vont les détruire. Mais le Qatar ne reculera pas face à cette attaque injustifiée. Le Qatar est un État souverain, fier d’être à l’avant-garde du développement dans le Monde arabe. Notre pays embrasse le changement, encourage le débat et soutient ceux qui ont besoin d'aide, peu

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importe leur ethnie, religion ou passé. Lorsque le Printemps arabe est survenu, il ne s’est pas rangé aux côtés d’une religion ou d’une secte, mais aux côtés de tous les citoyens de la région. En plus de la participation du Qatar à la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen, nous sommes également un membre actif de l’alliance internationale de lutte contre le terrorisme menée par les Américains. Les forces aériennes américaines, décollées depuis la base aérienne Al Udeid, ont frappé contre l'État islamique en Syrie et contre des groupes terroristes en Afghanistan. Le Qatar est un centre logistique capital pour la lutte internationale contre le terrorisme et nous lui avons apporté un soutien financier et politique majeur. Nous sommes satisfaits de cette contribution. Contrairement à de nombreux autres régimes dans la région, le Qatar défend les valeurs américaines et notamment le gouvernement constitutionnel, la liberté d’expression et les droits de l’homme. L’administration Trump devrait conseiller à ses alliés du Golfe de changer d’attitude. Si les États-Unis continuent à soutenir et à acquiescer les actions hostiles de ce bloc dirigé contre le Qatar, qui tirera notre région encore plus dans la division et l’instabilité, les intérêts américains au Moyen-Orient seront mis en péril.

5 juillet La crise du Qatar ne prendra fin que si nous nous réunissons pour la résoudre en tant que frères S.E. Yousef Ali Al-Khater, ambassadeur du Qatar au Royaume-Uni Daily Telegraph Le 5 juin, les gouvernements de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis ont créé une situation sans précédent dans l’histoire du Conseil de coopération du Golfe : ils ont déclenché un blocus diplomatique, économique et social sur un pays frère, le Qatar. Le 23 juin, ces mêmes gouvernements ont adressé une liste d’exigences que le Qatar doit remplir pour que le blocus soit levé. Nous, au Qatar, espérons que cette crise peut être résolue par le dialogue et la négociation avant que la situation ne s'aggrave. Les raisons pour lesquelles ces actions ont été engagées par les pays imposant le blocus semblent concerner le soutien du Qatar au terrorisme, son ingérence dans les affaires internes de ses voisins et son alliance secrète avec l’Iran. Nous réfutons toutes ces accusations. Nous estimons que les problèmes soulevés par les Saoudiens et les Émiratis ne représentent qu’une diversion à leurs objectifs réels : limiter la souveraineté et l’indépendance du Qatar. Soyons clairs : Le Qatar ne soutient pas le terrorisme de quelque manière que ce soit. Nous estimons que cela viole nos principes, nos valeurs et notre foi. En outre, comme l'Arabie saoudite et les Émirats le savent, les gouvernements de toutes les nations du Golfe sont des cibles privilégiées pour ces groupes extrémistes. Le Qatar serait stupide de soutenir ceux qui ont juré de nous faire du mal. La déclaration concernant le Qatar comme étant un allié secret de l’Iran, qui résonne dans plusieurs pays de la péninsule arabique qui se sentent menacés par les ambitions de l’Iran, est également fausse. Il est vrai que notre gouvernement maintient des relations diplomatiques et commerciales avec l’Iran, de la même façon que tous les pays du Golfe. En réalité, le partenaire commercial le plus important de l'Iran est l’une des nations qui dirige aujourd'hui un blocus anti-Qatar : les Émirats arabes unis.

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Quant à l’accusation qui prétend que le Qatar s’ingère dans les affaires internes de ses voisins, elle ne concerne en vérité qu’une seule chose : la couverture médiatique indépendante et libre du réseau d’information d’Al Jazeera. Dans une région dominée par des médias contrôlés par l’État, Al Jazeera fait preuve d’exception en tant que source d’information indépendante pour des millions de personnes de la péninsule arabique et du monde entier. Nous sommes fiers du réseau d’Al Jazeera. Nos voisins aimeraient le réduire au silence. Nous pensons que les véritables motivations des nations imposant le blocus doivent être comprises dans le contexte du Printemps arabe et de ses conséquences. En 2011, le Qatar a pris une position de principe sur les mouvements populaires qui ont eu lieu à travers la région. Nous avons soutenu les peuples contre les tyrans et nous avons préféré le changement au statu quo. Notre position s’est inscrite dans les politiques des gouvernements occidentaux, mais était incompatible avec les attitudes de nos voisins, qui s'inquiétaient que le cours de l’histoire ne les chasserait du pouvoir. En fin de compte et bien évidemment, les contre-révolutions ont réussi à réduire à néant la plupart des acquis obtenus lors du Printemps arabe. Mais le Qatar s’est accroché à ses positions de principes. Le Qatar croit également que le dialogue et la négociation peuvent être des remparts aux conflits. Pour cette raison, nous avons poursuivi une politique étrangère « d’ouverture » qui permet de créer un espace sûr pour que les adversaires se rencontrent et expriment leurs opinions. Ces derniers temps, nous avons accueilli des délégations du Hamas, des autorités palestiniennes, Israël, les Talibans et les Frères musulmans et des représentants des gouvernements occidentaux pour discuter des questions épineuses auxquelles nous faisons face au Moyen-Orient. Les nations imposant le blocus ont cherché à transformer notre engagement avec certains de ces groupes en un « soutien » à leurs programmes et idéologies. Ce n’est pas le cas. Nous nous sommes engagés à leurs côtés pour encourager les solutions non-violentes aux problèmes dans notre région et nous sommes fiers des efforts que nous avons déployés pour faire avancer la cause de la paix. Le Conseil de coopération du Golfe a été créé, en partie, avec l’objectif de fournir un mécanisme pour résoudre les conflits existants entre les nations membres. Nous espérons que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis lèveront leur blocus imposé à notre nation et nous permettront ainsi de nous rassembler et de résoudre nos différends en tant que frères. 22 juin Le blocus imposé au Qatar n’est qu'une diversion. Voici ce qu’il cache. S.E. Sheikh Meshal bin Hamad Al-Thani, ambassadeur du Qatar aux États-Unis Le Washington Post Aujourd'hui, nous sommes au 18ème jour du blocus diplomatique, économique et social imposé au Qatar par plusieurs de ses voisins arabes, et jusqu’à lors, aucune condition de levée de ce blocus ne nous a été présentée. Mardi dernier, la porte-parole du Département d'État a déclaré : « Plus le temps passe et plus nous nous interrogeons sur les actions engagées par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. À ce jour, il nous reste une question simple : ces actions ont-elles vraiment été prises concernant leurs préoccupations relatives au prétendu soutien du Qatar au terrorisme, ou portent-elles sur des griefs couvant depuis longtemps entre et parmi les pays du CCG [Conseil de coopération du Golfe] ? »

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Notre gouvernement a maintenu, depuis le premier jour, que ce blocus n’a aucun rapport avec les accusations colportées à l’encontre du Qatar. Les allégations prétendant que le Qatar soutient le terrorisme et que le Qatar est l’allié secret de l’Iran, comme le suspecte le Département d'État, ne sont qu’une diversion pour tenter de porter atteinte à la souveraineté du Qatar et pour sanctionner le Qatar pour son indépendance. L’Arabie saoudite et les Émirats ont décrit leur campagne anti-Qatar comme une tentative pour forcer le Qatar d'abandonner son « soutien au terrorisme », bien qu'ils sachent que nous ne soutenons pas le terrorisme, que nous ne l’avons jamais fait et que nous ne le ferons jamais. Ils savent que le terrorisme représente une menace pour le Qatar tout autant que pour l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou toute autre nation. Le deuxième énorme mensonge dans cette campagne de dénigrement concerne la prétendue alliance secrète du Qatar avec l’Iran. Les Saoudiens et les Émiratis et chaque gouvernement du Golfe maintiennent des relations diplomatiques et commerciales avec l’Iran. En réalité, le partenaire commercial le plus important de l’Iran est l’une des nations qui dirige aujourd'hui un blocus anti-Qatar : les Émirats arabes unis. Mais surtout, le Qatar apporte un soutien vital à l’opposition en Syrie, c’est-à-dire se battre contre les forces alliées du gouvernement aux côtés de l’Iran. Derrière cette diversion, nous pensons que les pays imposant le blocus cherchent à isoler et sanctionner le Qatar pour son indépendance et à riposter contre nous pour le soutien que nous apportons aux véritables aspirations des peuples contre les tyrans et les dictateurs. Il devrait toujours exister un moyen de mettre fin à la discorde et le Qatar croit toujours que le dialogue, la négociation et le compromis sont les solutions pour lutter contre la violence et résoudre les conflits. Nous avons encouragé ces discussions par l’intermédiaire d’une politique étrangère « d’ouverture » tout au long de notre histoire. Des délégations de l’autorité palestinienne, du Hamas, d'Israël, des Talibans et des Frères musulmans et des représentants des gouvernements occidentaux se sont tous réunis autour de la table de négociation à Doha pour des discussions pacifiques portant sur les questions épineuses auxquelles fait face le Moyen-Orient. Cette politique d’ouverture nous permet d’intervenir pour le compte de gouvernements, tels que les États-Unis, qui ont besoin, de temps en temps, de s'engager, mais ne disposent pas de leurs propres moyens de communication. Le Qatar a longtemps été la table centrale de négociation dans la région et nous ne nous excuserons pas pour cela. Les pays imposant le blocus affirment que notre volonté d’engagement avec ces groupes implique notre soutien envers leurs idéologies ou leurs programmes. Ce n’est pas le cas. En réalité, nos positions sont souvent diamétralement opposées à celles de ces groupes que nous accueillons à Doha. Vous ne pouvez pas trouver, encore moins atteindre, la table de négociation si la porte est fermée. Les pays imposant le blocus cherchent clairement à semer la discorde entre le Qatar et les États-Unis pour leur propre intérêt politique. Si cela réussissait, il pourrait y avoir des répercussions profondément négatives sur les efforts de lutte contre l'État islamique et d'autres menaces dans la région et dans le monde. Comme l’a expliqué clairement le gouvernement du Qatar et comme l’indiquent les récentes déclarations du secrétaire d’État Rex Tillerson, ces pays ne réussiront pas à détourner, ni les États-Unis, ni le Qatar, de leur mission essentielle. Comme l’a affirmé clairement le gouvernement américain, les responsables américains savent que le Qatar est un allié fiable et un partenaire solide pour les États-Unis dans les bonnes périodes comme dans les mauvaises. Ils savent que nous sommes un acteur actif de la coalition menée par les États-Unis dans la lutte contre l’État islamique et que nous travaillons en étroite collaboration avec les agences

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de sécurité américaines pour identifier les individus soupçonnés de terrorisme et intercepter les sources de financement du terrorisme. Ils reconnaissent également l’important rôle que le Qatar joue dans l’accueil de la base aérienne d’Al Udeid alors que les autres nations au Moyen-Orient ont refusé aux États-Unis une présence militaire sur leur sol. Les politiques du Qatar sont rationnelles, morales et justes, et nos efforts pour encourager le dialogue et s’opposer à la tyrannie offriront un meilleur avenir non seulement à notre peuple, mais également au monde entier. Le Qatar est en droit de décider seul de la voie à suivre, sans l’ingérence d’autres nations. Nous pouvons le faire et nous le ferons. La porte de la table de négociation restera ouverte.

18 juin Le Qatar répond aux accusations des Émirats arabes unis S.E. Sheikh Meshal bin Hamad Al-Thani, ambassadeur du Qatar aux États-Unis Wall Street Journal Dans sa tribune du 13 juin, « le Qatar ne peut pas jouer sur les deux tableaux », l’ambassadeur des Émirats arabes unis, Yousef Al Otaiba, demande que le Qatar soit « totalement investi » dans la lutte contre le terrorisme. Je peux lui assurer que nous le sommes. La question serait plutôt de savoir quelle est la position des Émirats arabes unis et des autres nations imposant actuellement un boycott au Qatar face à cette menace existentielle ? L’ambassadeur Otaiba doit certainement savoir que la liste du ministère des Finances américain et du Département du Trésor de l’ONU contient 10 fois plus de terroristes présumés et de personnes finançant le terrorisme en provenance des pays imposant le blocus qu’en provenance du Qatar. Il est certain que son excellence se rappelle également que les Émirats ont été pointés du doigt dans le rapport de la Commission du 11/09 pour son rôle de blanchissement d’argent pour les terroristes et que des Émiratis - et non des Qatariens, faisaient partie des pirates qui ont fait écraser les avions contre les Tours Jumelles. L’ambassadeur Otaiba invite le Qatar à « revenir vers la communauté des nations responsables » et critique la chaîne de télévision Al Jazeera pour son incitation à la violence, tout en omettant de mentionner que les Émirats arabes unis ont financé le coup d’État militaire qui a renversé le premier gouvernement d’Égypte élu démocratiquement et que les Émirats auraient financé les auteurs du coup d’État qui a tenté de renverser le gouvernement élu en Turquie. L’ambassadeur a écrit que les Émirats arabes unis n’ont pas agi dans « la précipitation » contre le Qatar, bien que ces derniers n’aient jamais déposé aucune de leurs plaintes aux entités responsables du Conseil de coopération du Golfe (CCG) avant de lancer des mesures diplomatiques et économiques agressives à notre encontre. Au contraire, une fuite d’e-mails montre que l’ambassadeur et le gouvernement émirati ont comploté contre le Qatar dans l’ombre. La situation est devenue claire concernant la campagne actuelle dirigée contre le Qatar et qui n’a aucun rapport avec le terrorisme, Al Jazeera ni aucun des autres problèmes soulignés par les nations imposant le boycott. Cela concerne l’indépendance du Qatar, qui semble constituer une menace pour certains. Nous voulons que nos frères du CCG sachent que nous ne sommes une menace pour personne. Mais ils doivent également comprendre que le Qatar est une nation souveraine et que nous ne nous laisserons pas intimider.