TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS Tahibou ... · Présentation des rapports d’audit 2011 de l’ARMP,...

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Tahibou, aveu ou pression ? C M J N ISSN • 2230-133X www.enqueteplus.com 100 F MERCREDI 28 AOÛT 2013 NUMÉRO 663 PÈLERINAGE 2013 Les Saoudiens sauvent le privé P.5 TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS P.5 Il transige pour 3,6 milliards Cfa… Mais ses proches dénoncent des abus REDÉCOUPAGE ADMINISTRATIF L’État recule et réforme en deux temps P.3 TIC - ENTREPRENEURIAT Le boom programmé des startups au Sénégal P.4 COUPE DU SÉNÉGAL - JARAAF / CASA Souvenirs… Souvenirs P.12 REPORTAGE Dans l’univers des SDF du Plateau P.6

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Tahibou, aveuou pression ?

CMJN

I S S N • 2 2 3 0 - 1 3 3 X

www.enqueteplus.com100 F

MERCREDI 28 AOÛT 2013NUMÉRO 663

PÈLERINAGE 2013

Les Saoudienssauvent le privé P.5

TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS

P.5

Il transige pour 3,6 milliards Cfa…Mais ses proches dénoncent des abus

REDÉCOUPAGE ADMINISTRATIF

L’État recule et réformeen deux temps P.3

TIC - ENTREPRENEURIAT

Le boom programmé des startups au Sénégal P.4

COUPE DU SÉNÉGAL - JARAAF / CASA

Souvenirs… Souvenirs P.12

REPORTAGE

Dans l’univers des SDF du Plateau P.6

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Macky Sall ne rentre de Namibie quevendredi prochainLe président de la République se

plaît tellement en Namibie où il areçu tous les honneurs qu'il ne rentreau Sénégal que vendredi prochain,nous a câblé une source proche deson entourage. Apparemment, le chefde l’État profite de son séjour au SudOuest de l'Afrique pour recharger sesbatteries. Lui et sa délégation ont étél'objet de tous les honneurs, depuisleur arrivée à Oshakati, dans le Norddu pays, pour la célébration de laJournée des héros de la lutte de libé-ration dont le chef de l’État duSénégal était l'hôte d'honneur. Etmême s'il n'y a pas de vacances offi-cielles, le Président Macky Sall sem-ble s'aménager des fenêtres de reposdurant ses sorties hors du territoire,notamment lors de son dernier voyageau Maroc. D'autres membres du gou-

vernement qui s'étaient rendus enNamibie samedi dernier en sa com-pagnie, ont de façon séparée prisaussi quelques jours de repos, nousprécise notre interlocuteur.

Convocation de Pape Diop à la SR :Les cadres de Bokk Gis-Gis rappel-lent que c'est à titre de témoinLa Convergence nationale des

cadres de Bokk Gis-Gis ont réagi dansun communiqué qui est parvenu àEnQuête à l'annonce de la convoca-

tion de leur leader, Pape Diop, devantla Commission d'instruction de laCour de répression de l'enrichisse-ment illicite (CREI) dans le cadre dela traque des biens mal acquis. Ilssoulignent d'emblée que la convoca-tion de Pape Diop à la Cour de répres-sion de l’enrichissement illicite, c'està titre de témoin dans l’instructionsur les biens présumés mal acquis.''Comme à son habitude, en véritablehomme d’État respectueux des lois etrèglements en vigueur dans notrepays, le président Pape Diop a décidéde répondre à cette convocation avectoute la sérénité et la confiance qui lecaractérisent, sans tintamarre'', indi-quent les partisans de l'ancien prési-dent de l'Assemblée nationale et duSénat. Les cadres de Bokk Gis-Giss'offusquent de la volonté d'''oiseauxde mauvaise augure, voulant fairepasser le président Pape Diop de sim-ple témoin à celui de suspect'', alorsque ce dernier ''pourra, contraire-ment à beaucoup de leaders poli-tiques, y compris des ténors de lamajorité actuelle, chaque fois quebesoin se fera, justifier ses biensacquis exclusivement à la sueur deson front et après des décennies desacrifice et de labeur''.

Présentation des rapports d’audit2011 de l’ARMP, jeudi Les responsables de l’Autorité de

régulation des marchés publics

(ARMP) procéderont jeudi prochain àDakar à la présentation des rapportsd’audit sur 99 structures contrac-tantes pour l'exercice 2011, annoncel'organe de régulation dans un com-muniqué qui nous est parvenu. ‘’Lesobjectifs de ces audits commanditéspar l’ARMP visent à évaluer le respectdes procédures de passation des mar-chés publics par les autoritéscontractantes (AC) et comparer lesniveaux effectifs de décaissement parrapport au niveau d'exécution desmarchés’’, explique la même source.La réalisation de ces audits physiqueset financiers et l’exercice de leur pré-sentation au public trouvent son fon-dement juridique dans l'article 2.8 dudécret n° 2007-546 du 25 avril2007, portant sur l’organisation et lefonctionnement de l'ARMP. Ainsi,toutes les autorités contractantes quigèrent des budgets supérieurs à 10milliards de francs Cfa font l'objetd'un audit. 50% des budgets comprisentre 5 et 10 milliards de francs Cfa

sont passés au crible par les cabinetschoisis. Idem pour 25% des autoritéscontractantes dont les budgets sontcompris entre 1 et 5 milliards defrancs Cfa, et pour 10% de cellesdont les budgets sont inférieurs à 1milliard de francs Cfa. Aussi, pour laprésentation de ces audits 2011,l’ARMP tient un déjeuner de pressece jeudi 29 août 2013 à 13h à l'hôtelTerrou-bi à Dakar.

L'ancien patron de la SR, le capi-taine Mbow, est rentré au Sénégalpour être affecté à ThièsLe capitaine Ibrahima Mbow,

ancien commandant de la redoutableSection Recherches de la Gendar -merie ayant pignon sur rue à lacaserne de Colobane, est rentré aupays, après un séjour à l'étranger.Ayant réussi à un examen, le capi-taine Mbow était donc allé fourbir sesarmes en subissant une formationdont nos sources n'ont pas pu nousdonner la teneur. En tout cas, celuique le commandant Cheikh Sarr aremplacé en juillet 2012 n'est pasrevenu au Sénégal pour se tourner lespouces. Nos interlocuteurs rensei-gnent qu'il a été affecté à Thiès.

Décentralisation, huit «pôles-terri-toires» proposés par l'AmsLes passions montent autour de

l'acte 3 de la décentralisation auSénégal, avec la volonté du gouver-nement de réformer à tout-va. Unedémarche critiquée par de nom-breux acteurs de la société civile etdu fonctionnement des collectivitéslocales. Pour calmer les inquié-tudes, Ismaïla Madior Fall et ArameNdoye (voir page suivante) sontmontés hier au front pour dissipertoute volonté unilatérale des pou-voirs publics de mener les ditesréformes sans concertation.Néanmoins, la réflexion se pour-

suit, notamment au niveau del'Association des maires du Sénégal(voir notre édition du lundi). L'Amspropose en effet un découpage en 7ou 8 «pôles-territoires» pour plusd'efficacité dans la gestion des col-lectivités locales. Ces pôles sont :Dakar, Thiès, Diourbel-Louga,Fleuve (Pôle-territoire Saint-Louiset Pôle-territoire Matam), SineSaloum, Casamance et Sénégaloriental.

Enquête sur l'emploi dans le monde :L'Afrique subsaharienne a moins dechômeurs que le Moyen OrientL'institut Gallup a mené une

enquête internationale sur la situa-tion de l'emploi dans 141 pays en2012. L'Afrique subsaharienne seretrouve en queue de peloton danstous les domaines concernés parcette étude, sauf quand il s'agit depopulation active et des chômeurs.Concernant la population inactive,c'est en Afrique au Sud du Saharaque le taux est le plus faible avec32%, derrière l'Amérique du Nord(31%). S'agissant du taux de chô-mage, la zone Moyen Orient etAfrique du Nord passe devant avec19% de chômeurs, suivie de l'Afriquesubsaharienne avec 15%. Ce sont lespays asiatiques qui comptent lemoins de chômeurs, surtoutl'Extrême Orient avec seulement 4%.Pour le travail à temps partiel,l'Afrique au sud du Sahara est devantavec 16%, paradoxalement suivie parl'Amérique du Nord avec 13%. Maisil faut comprendre qu'aux Etats-Unis,on travaille à temps partiel sur plu-sieurs emplois. Ce qui est remarqua-ble dans cette enquête est que lesous-emploi est à deux chiffres dansles pourcentages partout dans lemonde. Néanmoins, si l'Afrique sub-saharienne passe encore devant avec31% de travailleurs sous-employés,l'Amérique du Nord et l'AmériqueLatine suivent avec 22%. Les zonesoù le sous-emploi est le plus bas sontcelles de la Communauté des Étatsindépendants (CEI) à 13% etl'Extrême Orient à 15%. Le taux du

nombre d'employés permanents paremployeur est de 11% en Afrique ausud du Sahara, de 18% au MoyenOrient et Afrique du Nord, de 33%dans l'Union européenne et de 42%en Amérique du Nord. L'auto emploiest plus élevé en Afrique subsaha-rienne avec un taux de 23%, plus fai-ble en Europe (6%) et en Amériquedu Nord (5%).

Le constructeur Nissan mettra sur lemarché sa voiture sans conducteur''en 2020''

Nissan a annoncé mardi qu’il pré-voyait de lancer ses premières voi-tures sans conducteur, intégralementgérées par ordinateur, dès 2020,selon l'AFP. ''Je m’engage à présenterla voiture autonome, une révolutiontechnologique, dès 2020 et noussommes en bonne voie pour y parve-nir'', a indiqué Carlos Ghosn, le PDGde Renault-Nissan, cité dans un com-muniqué. Nissan, qui a lancé sonvéhicule électrique il y a trois ans,assure que la voiture sans conducteurpourra être vendue à un ''prix raison-nable'', sans toutefois avancer dechiffre. Le groupe travaille à étendreson système de caméras et de cap-teurs qui permet déjà au conducteurd’éviter les collisions et l’aide à segarer. Nissan est en train deconstruire au Japon un circuit pourtester sa voiture ''révolutionnaire''. Leparcours ''comprendra un vrai pay-sage de ville avec des bâtiments endur et non des décors. Il va permettrede repousser les limites des essaisautomobiles sur les routes et de s’as-surer que la technologie est sûre'',explique encore le groupe.

EN COULISSES 2

numéro 663 • mercredi 28 août 2013www.enqueteplus.com

Publications - Société éditriceBoulevard de l’Est-Point EImmeuble Samba Laobé Thiam DakarTél. : 33 825 07 31E-mail : [email protected]

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L es journalistes aiment bien les devinettes sans qu’onne sache dans quel genre rédactionnel les ranger. Ehbien ! Cette devinette-là qui met en scène des per-

sonnalités de la République sans qu’on ne puisse dire dequi il s’agit réellement risque d’aller loin. On y évoque uneaffaire de jalousie entre un ministre d’État et sa dulcinée,un mannequin bien connu de la place, qu’il aurait surprisedans un restaurant en train de dîner avec un homme.L’article qui a été publié dans un site assez connu et qued’autres sites plus visités ont repris, intéresse bien laDivision des investigations criminelles (Dic) qui a com-mencé à creuser l’affaire. Une personnalité très proche duPrésident Macky Sall s’étant sentie visée par les allusionsfaites dans l’article avait décidé de porter plainte avant dese raviser. L’imbroglio dans cette affaire, c’est que les nomsde trois gros calibres du pouvoir répondent bien aux initialesavancées dans l’article qui a déjà été repris par beaucoup desites d’informations. Et donc potentiellement elles sonttoutes les trois concernées. ‘’Ce qui nous porte préjudice àtous les trois’’, grommelle l'une des personnalités de l’Étatconcernées. Une affaire qui n’a sans doute pas dit son der-nier mot…

JALOUSIE

La devinette, les trois ministres et la Dic

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POLITIQUE 3

Des allégations sur de prétendus droits dontla Caisse de Sécurité Sociale serait débitrice àl’endroit de travailleurs se prévalant de la qua-lité « d’Ex Travailleurs du CTO », ont été por-tées à l’attention du public.Le Conseil d’Administration de la Caisse de

Sécurité Sociale composé de l’ Etat, desEmployeurs et des Travailleurs a déploré cettesituation, portant sur une affaire jugée, classéeet frappée du sceau de l’autorité de la chosejugée.

Rappel des faits.Par délibération n° 105 du 06 novembre

1995, le Conseil d’Administration de la Caissede Sécurité Sociale a autorisé la cession duC.T.O à l’État du Sénégal qui a rebaptisé lastructure sous le nom de l’Hôpital Général deGrand Yoff dit HOGGY, à compter du 1er jan-vier 1996.La mutation s’est opérée suivant une

convention de cession signée en bonne et dueforme, et l’ensemble des contrats de travail ontété maintenus, en application des dispositionsde l’article L66 alinéa 1 du code du travail quidispose que dans ce cadre, les contrats de tra-vail dont bénéficiaient les travailleurs de l’exCTO sont transférés intégralement à l’acqué-reur (ETAT du Sénégal).

1ère procédureEn 2005, bien après ladite cession, la

Caisse de Sécurité Sociale a été assignée parle personnel de l’ex-C.T.O constitué en collec-tif devant le Tribunal du Travail.Le montant des sommes réclamées s’élève à

onze milliards huit cent quatre vingt quatre mil-lions six cent soixante quatre mille quatre cent

dix francs (11 884 664 410 FCFA) à titre d’in-demnités de licenciement, de préavis et dedommages et intérêts pour licenciement abusif.

Les conclusions de la 1ère procédure :Par jugement en date du 24 avril 2007, le

Tribunal du Travail Hors Classe de Dakar adéclaré leur action irrecevable pour cause deprescription sur le fondement de l’article L126 du code du Travail qui fixe le délai deprescription à 5 ans pour engager une telleaction.Le 04 mai 2007, un appel a été formulé

devant la Cour d’Appel de Dakar et le 22 jan-vier 2013 un arrêt a été rendu, la 2èmeChambre Sociale de la Cour d’Appel aconfirmé le jugement rendu en 1ère instance.

La 2ème procédureLe même collectif a initié une nouvelle pro-

cédure devant le tribunal du travail de Dakaren installant l’Etat du Sénégal dans la cause,avec les mêmes chefs de réclamations soule-vés précédemment oureformulés, agrémentés d’autres demandes

nouvelles telles que : la gratification de l’année1994, les congés reportés, 20% d’augmenta-tion, les heures supplémentaires, les primesd’anciennetés etc …

Les conclusions de la 2ème procédure :Le 30 janvier 2013, le Tribunal du Travail

Hors Classe de Dakar a déclaré l’action desagents de l’ex-CTO irrecevable,Ce jugement a été frappé d’appel par la par-

tie demanderesse le 1er février 2013.Soucieuse de respecter les décisions deJustice qui s’imposent définitivement à elle, laCaisse de Sécurité Sociale se fera le devoird’informer le public de la suite pour que nuln’en ignore.

La Direction Générale

COMMUNIQUE

AMADOU NDIAYE

L’ acte 3 de la décentralisationsera à coup sûr déroulé endeux temps : d'abord «dans

les mois à venir», puis «après les élec-tions locales» prévues en 2014.L’Etat du Sénégal a donc revu sesambitions par rapport à un nouveaudécoupage administratif qui avait étéannoncé pour avant les électionslocales. C'est la conséquence del'énorme levée de boucliers notéeavec les incertitudes entretenuesautour de la date des élections. Les copies ont donc été retouchées

par le Comité national de pilotagedirigé par le ministre-conseiller,Ismaïla Madior Fall (à droite). ‘’Lechef de l’Etat a tenu fermement aurespect du calendrier républicain… Etface à des contraintes de temps, nousavons préféré mettre l’accent sur lespoints de consensus’’, a précisé leministre de l’Aménagement du terri-toire et des Collectivités locales,Arame Ndoye (à gauche). C'était hierà l'occasion d'un point de presse tenuau dit ministère.Selon Ismaïla Madior Fall, l’érec-

tion du département en collectivitéterritoriale a été ‘’fortement approu-vée’’ par les populations. Les lienssociologiques, culturels et écono-miques entre les acteurs et leurespace sont des opportunités à saisirpour construire de nouveaux cadresde gouvernance territoriale, a soutenuArame Ndoye.Autre point de consensus, c’est

celui relatif à la communalisationintégrale. Elle est considérée commeun pas décisif dans le renforcementinstitutionnel du cadre juridique séné-galais et confère le statut communal àl’actuelle communauté rurale. ‘’Celalui permettra d’accéder à d’autressources de financement. En outre,cela contribue aussi à un meilleuraménagement de l’espace rural etrépond à l’impératif d’une gestion deproximité’’, a souligné le ministre. Le dernier point de consensus con -

cerne les régions qui seront mainte-nues. De l’avis du président du comité

national de pilotage, cette nouvellearchitecture territoriale a le souci decorriger les dysfonctionnements et lesdéséquilibres constatés au sein desterritoires en vue d’une rationalisationde l’espace en entités plus homogè -nes. Et par rapport aux changementsannoncés dans la région de Dakar, leministre dira qu’il n’en sera rien.

Le découpage de Dakar sera maintenu Du moins pour cette phase de la

décentralisation que l’Etat entendmettre en œuvre avant les électionslocales. Cette décentralisation va êtreune opportunité pour une territoriali-sation des politiques publiques, del’avis du ministre-conseiller. ‘’Ils’agira d’inscrire les politiques publi -ques de manière coordonnée et com-plémentaire au sein des territoires ; etceci pour une meilleure appropriationpar ceux-ci de ces politiques qui ensont les principaux bénéficiaires’’,déclare le ministre. Interpellé sur le consensus autour

de cette réforme largement décriée,Ismaïla Madior Fall a expliqué quetoutes les catégories d’acteurs ont étéassociées. La mise en œuvre du pro-cessus, confie-t-on, s’appuie sur desconsultants au niveau national etrégional, ainsi que sur l’expertise desterritoires, de la diaspora, des autresdépartements ministériels, de lasociété civile, de la presse, desacteurs du secteur privé et des res-sources humaines du ministère. Rappelant que la décentralisation

est un processus, il a fait état deslimites notées dans la précédentepolitique, et qui sont surtout relativesau manque de viabilité des territoires,à la non valorisation de leurs potentia-lités, à la faiblesse de la gouvernanceterritoriale et de la coproductionaccentuée par une multitude d’ac-teurs aux logiques et préoccupationsparfois différentes. En outre, le caractère inefficient

des mécanismes de financement dudéveloppement territorial constitueune entrave pour les collectivitéslocales. Sur ce dernier point, il a étédit que les compétences transféréesrestent pour l’heure les mêmes etl’Etat du Sénégal s’est engagé à aug-menter les financements pour plus desuccès dans les démarches.

ACTE 3 DE LA DÉCENTRALISATION

L’Etat recule et opte pourune réforme à deux temps Hormis la communalisation intégrale et l’érection du département en Collectivité territoriale, toutesles autres réformes de l’acte 3 de la décentralisation ont été suspendues jusqu’au lendemain desélections locales.

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EN VUE 4

SOPHIANE BENGELOUN

L es acteurs du secteur ne s’ytrompent pas. D’iciquelques années, le secteur

de entrepreneuriat TIC (créationd’applications) va connaître unvéritable boom avec une multipli-cation non seulement de sociétésmais aussi des revenus générés parle secteur dans son ensemble.Aujourd’hui, néanmoins, c’est

encore une autre histoire, même side l’avis de quelques-uns, on com-mence à apercevoir le bout de tun-nel. A la vérité, entrepreneuriat TIC

(technologies de l’information et dela communication) est parti de rienau Sénégal. ''Les startups ont pourl’essentiel été mises en place etdéveloppées par des jeunes cadresdésirant sortir de l’entreprise tellequ’on la comprend sous sa formeclassique et voler de leur propresailes. Ce qui veut dire que ce sontavant tout des initiatives indivi-duelles. L’essentiel de ces entre-preneurs, j’irais jusqu’à dire les2/3, ont entre 19 et 30 ans. Ilspeuvent venir de tous les secteurs,certains d’entre eux ne savent d’ail-leurs même pas coder'', expliqueBasile Niane, journaliste et blog-geur spécialisé TIC.Comment alors expliquer, vu la

pluralité des profils, que le secteurmarche si bien ? La question estd’autant plus importante que, s’ilest vrai que des filières informa-tiques existent bel et bien, il n’y ena aucun qui se spécialise dans lamise en place de startups. Celas’expliquerait, entre autres, parl’ouverture du milieu qui est par

essence interconnecté. ''Les startu-peurs sont tous des férus de TIC,même s’il viennent d’autres sec-teurs. Interconnectés, ils se ren-contrent régulièrement sur lesréseaux sociaux ou utilisent d’au-tres moyens similaires pour entreren contact et travailler ensemble,partager leur expériences, trouverou développer de nouvelles compé-tences. L’Afrique brûle aujourd’huiles étapes et fait un travail extra enmatière de TIC, c’est définitive-ment une filière qui a de l’avenir'',ajoute le chroniqueur de l’émissionKenkeliba.Si des Africains (dont des

Sénégalais), font un travail aussiextra, c’est également parce qu’ilsdisposent de structures chargéesde les accompagner : les incuba-teurs. On en compte actuellementdeux à Dakar : Jokkolabs et leCentre incubateur des Tic (CTIC).''Nous avons ouvert en 2011. À

l’époque, une forte motivation dusecteur privé et de partenairescomme l’Optic ou la Banque mon-diale avait conduit à la mise enplace de la fondation des incuba-teurs du Sénégal. Notre mission sedivise, aujourd’hui, en deux pro-grammes phares. Il y a l’+incuba-tion+, permettant aux entrepre-neurs TIC d’apprendre à structurerleur entreprise et générer des reve-nus, notamment en termes debusiness développement, etl’+accélération+, qui est dédiéeaux porteurs de projets prototypeset se traduit essentiellement par unaccompagnement de ces derniersjusqu’à l’implémentation de leuridée'', fait savoir Yann Le Beux,dirigeant du CTIC.

L’accompagnateur TIC en ques-tion, basé en centre-ville de Dakar,a déjà ''incubé'' une quinzaine destartups aujourd’hui économique-ment viables et mêmes généra-trices de croissance, à l’exempledes sociétés People Imput, SamaEvent, Mlooma (une applicationdestinée aux agriculteurs),Agendakar ou encore Xtrem (appli-cation d’hôtellerie). Concernantl’''accélération'', le CTIC accompa-gnerait une vingtaine de projet paran en plus d’organiser des événe-ments ponctuels comme le ''Tekki48'' ou le ''StartupWeekend'', ren-contres annuelles permettant à deséquipes de développeurs, gra-phistes et/ou marketeurs de monterleurs propres entreprises.

''Marché complètement vierge''''Avec un minimum de structura-

tion, je pense qu’il ne sera pas dif-ficile de conquérir le secteur TICsénégalais, surtout qu’il s’agit d’unmarché complètement vierge.Notre expérience nous a permis dedéterminer qu’une startupmoyenne peut atteindre les 85%de croissance par an, les 4 secteursd’activité les plus populaires étantle développement logiciel, la créa-tion de contenus web, les applica-tions mobiles et le Communitymanagement (gestion de pages surles réseaux sociaux pour le compted’un tiers), soutient le responsablecatalyse de l’Incubateur TIC de larue Béranger Féraud.

Défaut de compétitivité,manque de soutien publicCe dynamisme et cette ouverture

du marché n’occultent cependantpas le fait que tout n’est pas rosepour le startup au Sénégal. Ondéplore un manque de compétiti-vité de ces startups en tant qu’en-treprises, qui s’expliquerait par lefait que leurs créateurs, issus pourla plupart de filière scientifiques,ont souvent du mal à gérer lesaspects business (administration,marketing, comptabilité).Il y a aussi à leur égard une apa-

thie apparente de la part des gou-vernants. ''En ce qui concernel’État, ça bloque un peu car nom-bre de startups ont des problèmesavec les procédures administra-tives, même si des structurescomme l’Apix (Agence pour lapromotion des investissements etdes grands travaux de l'État) faci-litent les choses. En ce qui

concerne les décideurs, néan-moins, il ne se passent pas grandchose : les annonces et les pro-messes faites ne sont générale-ment que du discours politicien'',déplore Basile Niane. ''Il nousmanque avant tout une véritablestratégie nationale concernant lesecteur TIC. Il faudrait en faireune qui dérive de celle du secteurprivé, à mon avis. Il faut motiverles jeunes entrepreneurs afin qu’ilaient plus d’avantages doncmoins peur de se lancer'', renché-rit Yann Le Beux. Et qu’en est-il des ''startupeurs''

eux-mêmes ? S’ils admettent quel’aventure n’a pas toujours étéfacile, aucun ne regrette vraimentde s’être lancé dans entrepreneu-riat Tic.''J’ai commencé en 2009 avec le

lancement du portail local d’événe-mentiel. Autant dire qu’on est partide zéro moyen, de surcroît dans unenvironnement peu propice.Monter une startup était alorsquelque chose d’extrêmementcompliquée parce qu’on avaitpresque de la peine à convaincrenos partenaires que ce qu’on fai-sait, essentiellement du service,était un vrai travail. Il était parexemple impossible d’obtenir unprêt bancaire alors qu’aujourd’huice sont de gros clients comme Tigoou le British Council qui nousconfient leur com'', confieAlassane Deme le manager généralde la startup NelamServices.Ceux qui acceptent néanmoins

de mettre les mains dans le cam-bouis expliquent leur choix parune logique de positionnement.''Je travaille dans le développe-ment d’applications, notammentpour mobile. Et si je me suis ins-tallé à Dakar, c’est pour deux rai-sons : la première est que je vou-lais démontrer qu’il était possiblede développer des programmes100% made in Sénégal ; ladeuxième est que je crois qu’il estpossible de développer le marchépotentiel de ma startup dans cepays, plutôt que d’opter pour êtrejuste en offshore. J’emploie 15personnes, dont une équipe tech-nique basée et formée à Dakar,etdont 4 membres disposent d’unCDI (contrat à durée déterminé),fait savoir Moustapha Ndoye,expatrié revenu vivre au Sénégal etfondateur de Xtreme.Se battre donc, et être toujours

plus performant : tel est le combatdes startupeurs sénégalais, dont lamajorité reste optimiste quant àl’avenir malgré les obstacles. ''Leterme startup n’est pas encore for-cément bien perçu mais nous tra-vaillons à cela. Je crois en ce sec-teur et aux opportunités qu’il offresurtout en terme de BtoB(Business to Business). Il y a énor-mément de solutions à trouver, par-ticulièrement en terme d’applica-tions mobiles, ou de logicielsspécialisés. C’est à nous, startu-peurs, de créer de la valeur ajoutéeà nos logiciels'', indiqueMoustapha Ndoye, lucide.

TIC- ENTREPRENEURIAT

Le boom programmé des startups au SénégalEncore au stade embryonnaire au milieu des années 2000, le secteur de l’entrepreneuriatTIC (technologies de l’information et de la communication) est actuellement en pleine effer-vescence et expansion au Sénégal. Et devrait véritablement exploser en termes de générationde revenus d’ici 5 ans. Florilège d'exemples de réussites.

INFORMATIQUE – PIRATAGE DU WEB CHINOISLa Grande muraille virtuellecraquelée, dimanche Une attaque cybernétique a réussi, dimanche,à priver la majorité des Chinois d’internetpendant près de 13h, et sans que personne, àce jour, n'en connaisse le ou les responsables.Chronique d’un hack d’anthologie.

D imanche dernier, dans la matinée, l’in-ternet de la Chine a été frappé par laplus grande attaque par Déni de service

(encore appelé ''DdoS''  : il s’agit d’un piratageinformatique ayant pour but de rendre indisponi-ble une page web en empêchant ses utilisateurslégitimes d’y accéder) que le pays ait jamaisconnu. L’information a été donnée par le ChinaInternet Network Information Center(CNNIC), organisation chargée, entre autres, del’opérationnalisation et l’administration de l’en-semble du système de noms de domaines chinois,notamment du domaine national de premierniveau ''.cn''.

L’attaque a consisté en deux vagues successives,la première à partir 2h du matin (heure locale). Leou les hacker(s) se sont servis de l'utilisation depostes internet infectés de programmes espionspour saturer les serveurs chinois et rendre les sitesweb qui en dépendaient inaccessibles. La ''cou-pure'' d’internet aurait duré, selon les média chi-nois, entre 2 et 13 heures. L’assaut a réussi à fermerdes portails comme Weibo (l’équivalent chinoisde Twitter), Amazon.cn ou encore le site officielde la Banque de Chine, résultant d'une chute de32% du trafic internet.

Le hic, c'est que les autorités chinoises n'enconnaissent pas encore les auteurs ou ne l'ontpas fait savoir. Le CNNIC s’est dit disposé àdonner sous peu de plus amples détails.

Ce qui se conçoit, à première vue, comme undémantèlement complexe d’une partie du nom dedomaine chinois aurait étonnamment pu être trèsfacile à accomplir. Selon Matthew Prince, PDGde Cloudflare, société offrant des solutions desécurité et performance internet à plus d’un mil-lion de sites à travers le globe, il ne faudrait, eneffet, qu’un rudiment d’expérience en piratageinformatique pour accomplir cette prouesse. ''Iln’est pas nécessairement correct de déduire que lehacker, dans ce cas de figure, disposait d’un arse-nal technologique très large ou même sophisti-qué. Cela aurait même pu être une seule per-sonne'', a déclaré l’expert, interrogé hier par lereporter Paul Mozur, du Wall Street Journal.

La Chine aurait même pu s’être attaquée elle-même. Réputée, par ailleurs, pour être l’un despays conduisant le plus d’attaques DDoS chaqueannée, la Chine (ici, par extension, son gouverne-ment) aurait possiblement pu estimer que letemps était politiquement convenable pour unembargo internet, particulièrement en ce quiconcerne Weibo, site où se passe l’essentiel desfluctuations de l’opinion publique.

Les coupures arrivent, en effet, à un momentsensible de la vie sociale du pays, particulièrementquand on sait que le procès de Bo Xilai, dignitairedéchu du régime, s’est conclu dans une ruée descommentaires sur les médias sociaux.

Parmi les autres potentiels coupables se trou-vent les gouvernements étrangers comme lesÉtats-Unis, la Corée du Sud, l’Allemagne, Taïwan,le Tibet, l’Inde ou encore certains pays duMoyen-Orient. Quel qu’en soit l’organisateur,cette attaque démontre que la sécurité internetchinoise souffre de failles assez grosses pour êtreaisément exploitées, qui mieux est par un seulindividu.

C’est plutôt choquant au vu de l’extrêmesophistication des experts en sécurité cyberné-tique chinois. L'Empire du Milieu possède, eneffet, l’un des systèmes de filtrage internet les plussophistiqués au monde. Les analystes notent trèshaut la capacité de son gouvernement à conduire,lui-même, des attaques informatiques avec succès.Comment se fait-il alors la Chine ne soit pascapable de se défendre quand elle est attaquée ?

S. BENGELOUN

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numéro 663 • mercredi 28 août 2013www.enqueteplus.com

SOCIÉTÉ 5

PÈLERINAGE AUX LIEUX SAINTS DE L’ISLAM

En l'absence du Sénégal,les Saoudiens sauventles voyagistes privésPlus de peur que de mal. Les 6 000pèlerins sénégalais peuvent pousserun ouf de soulagement. Le GroupeBurhan du mutawif Abdoul Wahid Bu-rhan (qui s'occupe des pèlerins africainsnon arabes) a signé la lettre d’enga-gement qui devra permettre aux voya-gistes privés de remplir toutes les for-malités relatives au «Hadj».

Depuis La Mecque où il se trouve,le secrétaire général de l’Unionnationale des organisations pri-

vées pour le Hadj et la Oumra (Unofom),Sadi bou Seck, a exprimé toute sa satisfac-tion après le sauvetage in extremis du pèleri-nage côté privé. «La situation s’est décantéeaujourd’hui (mardi 27 août) grâce àAbdoul Wahid Burhan, le mutawif duSénégal. Il s’est substitué, en tant quecitoyen saoudien solvable, aux autoritéssénégalaises en vue de ne pas décevoir lesattentes de nos compatriotes», a-t-il indi-qué. «Désormais, les pèlerins des voyagis tesprivés pourront se rendre aux Lieux Saintsde l’islam dans les meilleures conditions. Il asigné la lettre d’engagement du Sénégal.Nous som mes en train de régler les der-nières formalités», s’est-il réjoui lors d’unentretien téléphonique avec EnQuête.

«Quand on change de tête, lesystème est paralysé»

Pour autant, le silence assourdissant duCommissariat général voire de l’Etat duSénégal dans cette affaire suscite des interro-gations. D’un côté, on met en avant un pro-blème d’expertise et de compétences du faitque le commissariat général ne disposeraitpas d’un personnel outillé et expérimenté.«Quand on change de tête, c’est le systèmequi est paralysé. Il s’y ajoute qu’avec son rang(commissaire général), ses proches n’osentpas lui dire la vérité», souffle un habitué dupèlerinage contacté par nos soins.

D’un autre côté, on craint que l’Etatsénégalais ne cherche à se désengager vis-à-vis des voyagistes privés. «C’est une tradi-tion de voir l’Etat couvrir le privé en ver-sant une caution qui lui sera rembourséeaprès le hadj. Maintenant, si l’Etat ne veutplus être leur garant, c’est son droit. C'estpourquoi le commissariat général n’est pasresponsable de cette situation», expliqueun interlocuteur qui a préféré garder l'ano-nymat. Selon un ancien membre du com-missariat, «si les voyagistes privés consta-tent une rupture, ils doivent se tourner versla tutelle. Avec plus 70% des pèlerins, ilsdoivent s’organiser plus et mieux».

«L'Etat veut-il se désengager ?» Les autorités sénégalaises seraient-elles

dans une logique de rompre les amarresavec les voyagistes privés, s'interroge-t-on? Pour Sadibou Seck, «ce serait là une trèsmauvaise manière de se désengager. Il fautque le commissariat général cesse de sepositionner en concurrent du privé, c'estsource de dysfonctionnements. Il estnécessaire donc de mettre un terme auxsuspicions et que le dialogue soit rétablidans l’intérêt de tous».

Pour rappel par ailleurs, 24 pèlerinssénégalais s’étaient fondus dans la naturel’année dernière en Arabie Saoudite.Toutefois, relativise le secrétaire généralde l'Unofom qui regroupe 37 des 45 voya-gistes privés, «les responsabilités étaientpartagées. On s’est rendu compte que lesfuyards venaient autant des voyagistes pri-vés que de la commission».

MATEL BOCOUM

FATOU SY

A rrêté depuis samedi dernierdans le cadre de la traquedes biens mal acquis, l'an-

cien directeur du Cadastre TahibouNdiaye a humé l’air de la liberté hier.L’ex-Directeur d’un des services lesplus stratégiques de la haute admi-nistration a acheté sa liberté contreses biens, notamment des terrains etdes immeubles estimés à 3,6 mil-liards de francs Cfa. Il a transigé à lasuite de son inculpation par le procu-

reur spécial pour le délit d'enrichis-sement illicite. Il semble du resteque les biens qu’il a mis à la disposi-tion de la justice ne seront pasimmédiatement confisqués. Lesinvestigations se poursuivent pourétudier les arguments mis sur latable par l’ancien Directeur duCadastre. Après l’expiration, vendredi der-

nier, du délai de la mise en demeurequi lui avait été servie, TahibouNdiaye a été gardé à vue à la Sectionde recherches de la gendarmerie de

Colobane. L’ex-Directeur duCadastre a été interpellé parce qu'iln’aurait pas pu justifier l’originelicite de ses biens estimés à 7 mil-liards. Déféré au parquet spécial prèsla Cour de répression de l’enrichisse-ment illicite (CREI), lundi, le géomè-tre a fait l’objet d’un retour de par-quet. Le temps d’arriver à unemédiation pénale concluante,comme nous l’écrivions hier. Car à encroire nos sources, les avocats deTahibou Ndiaye étaient divisés à pro-pos de la médiation pénale. Si lesuns étaient pour, les autres persua-dés de l'innocence de leur clientétaient foncièrement contre.Finalement, ils ont accordé leurs vio-lons. C'est la raison pour laquellel'ancien directeur du Cadastre qui aaidé beaucoup de personnalités del’ancien régime comme du nouveau,a été libéré sous caution et placésous contrôle judiciaire.

Ses proches parlent d’abus…Comme nous l’écrivions dans

notre édition d’hier, le patrimoineimmobilier de l’ex-homme deconfiance de Wade, jugé énorme parles enquêteurs de la Section de

recherches qui ont rendu un dossiervolumineux sur lui, intrigue leParquet spécial de la CREI. Parmi cepatrimoine, il y a une luxueuse villaaux Almadies, que Tahibou Ndiayedéclare avoir construite grâce à l'aided'amis, un immeuble de la CitéGorgui et d'autres biens, des terrainssurtout. La liberté n’ayant pas deprix, l’ex-DG a finalement accepté detransiger. Ce qui lui a permis derecouvrer la liberté.Mais certains de ses proches avec

qui nous nous sommes entretenusévoquent des ‘’abus’’ dans le dossierde Tahibou Ndiaye. ‘’Ce n’est paspour le défendre parce que je ne suispas son avocat, mais il n’a pas la for-tune qu’on lui prête’’. Et pour ce quiest du foncier, ‘’tout le monde saitque les terrains qui coûtaient 60 mil-lions Cfa aux Almadies il y a 15 anscoûte maintenant dix plus fois. Est-ce qu’on doit calculer sa fortune surla base de la valeur présente d’un ter-rain acquis il y a longtemps ?’’ s’in-terroge ce proche de Tahibou Ndiayequi met en avant ses valeursd’homme de foi et de disciple de laTijania. ‘’La vérité éclatera bien unjour, Incha Allah’’, assène-t-il.

TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS

Tahibou Ndiaye lâche 3,6 milliards F Cfa, ses proches parlent d’abus L'ancien directeur du Cadastre Tahibou Ndiaye s'est évité la prison, en acceptant de mettre sur la balance des biens estimés à 3,6milliards. Depuis hier, il est sous contrôle judiciaire.

FATOU SY

E ntendu hier au fond par ledoyen des juges, Bara Gayea encore assumé les propos

qui l’ont envoyé en prison depuis le28 mai dernier, si on en croit nossources. Le secrétaire général del’Union des jeunesses travaillistes etlibérales (UJTL) avait été arrêté etenvoyé en prison, pour offense auChef de l’État. Après son interpella-tion, avec d’autres responsableslibéraux par la Division des investi-gations criminelles (DIC), il avait étéle seul à assumer ses propos. BaraGaye avait laissé entendre au coursd’un meeting organisé par le Partidémocratique sénégalais (PDS) àMbacké, que le président MackySall avait retiré des passeportsdiplomatiques à des maraboutspour les offrir à des homosexuels. Hier devant le magistrat instruc-

teur, Bara Gaye a reconnu avoir tenude tels propos jugés offensants à

l’endroit du Chef de l’État.Toutefois, le jeune politicien ne lesconsidère pas offensants. D’aprèsnos sources, il a clamé son inno-cence, en déclarant au juge ‘’qu’ilest un républicain ayant des aspira-tions et par conséquent, sa positionlui interdit un tel écart, notammentd’offenser le président de laRépublique’’. Ces précisions faites,le pensionnaire de la prison du CapManuel a précisé sa pensée. Selonnos sources, il aurait rappelé àMahawa Sémou Diouf, ‘’qu’étantdans le cadre d’un meeting poli-tique, il a fustigé le fait que desmarabouts soient privés de passe-port diplomatique, au profit deBabacar Ndiaye, un homme quirevendique son homosexualité’’.Aussi aurait-il fait savoir qu’il necomprenait pas cette affaire,comme d’autres Sénégalais. Bara Gaye a également contesté

le délit d’actes et manœuvres denature à compromettre la sécurité

publique. Nos sources renseignentque le patron de l’UTJL a rétorquéau juge d’instruction que tous lesactes qu’il a posés entrent dans lecadre d’une activité normale etlégale pour un parti politique.Puisqu’il s’agissait d’une manifesta-tion autorisée par le préfet deMbacké. Et qu'en tant que leader, ilen a assuré la coordination.

''Délit d'opinion''Quid de son séjour carcéral ? Bara

Gaye a, selon nos sources, confié aujuge qu’il ‘’vit bien’’ son incarcéra-tion. Car, ‘’il a compris que la politi -que est un métier comportant desris ques, notamment aller en prisonpour le délit d’opinion’’. A l’issue deson face-face qui a duré deux toursd’horloge, Bara Gaye, vêtu de bleu,est retourné à la prison du Cap Ma -nuel à bord d’une 4x4 blanche, sousles encouragements de ses frèreslibéraux qui scandaient : ‘’Tu es unhomme courageux.’’

Modou Diagne Fada confiantpour la LP de Bara GayeCette audition semble capital

aux yeux de Modou Diagne Fada,venu soutenir son jeune “frère”.Pour lui, “c’est un pas importantvers la libération de Bara Gaye,même si ses avocats n'ont pasencore déposé de demande deliberté provisoire”. ‘’Tant qu’iln’était pas entendu au fond, on nepouvait pas espérer une libertéprovisoire”, a déclaré le présidentdu groupe parlementaire libéral etdémocrate. Et d’ajouter très opti-miste : ‘’Nous pensons que le par-quet ne va pas s’opposer à laliberté provisoire et qu’il sera libre,en attendant son procès. C’est ceque le PDS souhaite, parce quenous avons besoin de lui à la têtedes jeunes du parti où il joue unrôle important.” Tronquant sonmanteau de parlementaire contrecelui de la robe d’avocat, le libérala plaidé l’innocence de Bara Gaye.“Je crois, dit-il, qu’il a tenu despropos assez engagés, mais iln’est jamais sorti de la légalité, caril n’a jamais offensé le Chef del’État, ni appelé à l’insurrection”,a-t-il fulminé, tout en soulignantque “Bara Gaye n’a pas tenu depropos assimilables à ceux del’Apr”. Doudou Wade a abondédans le même sens, en soutenantque le patron de l’UJTL, “en tantque jeune politique, a juste parléavec fougue”.

INCARCÉRÉ POUR OFFENSE AU CHEF DE L’ÉTAT

Baye Gaye “assume” ses propos,tout en clamant son innocenceAprès quatre mois de détention préventive, le secrétaire général de l’Union des jeunesses travail-listes et libérales (UJTL) Bara Gaye a été entendu au fond hier, par le doyen des juges d’instruc-tion, Mahawa Sémou Diouf.

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HABIBATOU WAGNE (STAGIAIRE)

C’ est le calme plat, en cetteheure avancée de la nuit.Les lampadaires jettent

une lumière diaphane sur les trottoirs.Les phares des quelques rares véhi-cules, surtout des taxis, éclairent lescoins sombres qui cachent çà et làune table en bois ou un ballot. Del’avenue Lamine Guèye à la place del’Indépendance, en passant par l'ave-nue Georges Ponpidouet la rue de Thiong, onaperçoit çà et là desgroupes de personnesconfortablement installées sur descartons de fortune. Des couverturescachent une partie de leur corps, auregard des rares passants. Au centre ville, rares sont les rues

qui n'accueillent pas des sans domi-cile fixe (SDF). Au marché Sandaga,en face de la boulangerie, quelquesrares personnes arpentent la rue. L'undes habitués du lieu, Doudou Ndiaye,est un toxicomane notoire qui peine àtenir sur ses deux jambes. Les deuxbouteilles de diluant et d’alcool qu'iltient à la main renseigne sur sesmœurs dissolues. Il garde les yeuxouverts avec grand peine. Son panta-lon déchiré a connu des jours meil-leurs, mais on du mal à croire que lesous-vêtement brun qui lui colle aucorps a un jour été blanc. Avec peine,il parvient à nous raconter sa vie deSDF. ''Cela fait 10 ans que je vis ici,dans les poubelles. Je suis unéboueur. L’argent que je gagne mepermet d’acheter mes bouteilles’’.Même s'il est nostalgique de sonpassé, il semble se résigner à son pré-sent de marginal. Il a quitté très jeuneson Dagana natal où vivent ses

parents. Il s'est installé à Guédiawaye.Puis les mauvaises fréquentationsaidant : ''J'ai fini par atterrir ici'',confesse-t-il. Doudou ne peut plus sepasser de cette vie. Dans sa philoso-phie, tous les moyens sont bons pourgagner de l’argent. Il se considèremême comme un as du vol.Ordinateur, portable, sac à main,Doudou ne laisse rien passer. ''Je voletout ce qui se trouve à portée demain’’, dit-il. Chaque matin, Doudou

se transforme en ven-deur de ''promotion'',ce qui lui permet d'ar-penter les quartiers

huppés de la capitale. ''Je rode, his-toire de trouver quoi voler. Je ne laisserien traîner, car tout est utile pourmoi''. Parfois, dit-il, il lui arrive de pla-nifier et d'opérer des cambriolagesdans des magasins ou des maisons.''J’ai fait presque toutes les prisons deDakar. Mais, j'y reste entre 6 mois et1 an seulement'', dit-il, avec unepointe de fierté. Aujourd'hui, Doudouse plaît dans sa vie qu’il mène sanssouci. Pour satisfaire son libido,Doudou donne rendez-vous aux bellesde nuit. D'habitude mille francs suffi-sent. ''Si l'argent fait défaut, je profitedes femmes (SDF) qui sont nos voi-sines'', dit-il avec humour.

''Ma mère me manque, cela fait11 ans que je ne l’ai pas vue'' Pour tous ces sans domicile fixe, la

majeure partie de la journée est occu-pée à trouver leur pitance. Ce qui n'estpas une mince affaire. C’est le casCheikh Ndiaye, 27 ans, qui a quitté lenord pour venir à Dakar, à l'âge de 7ans. ''J’étais maltraité chez moi. Monpapa était compliqué, personne ne lecomprenait. Il nous maltraitait,

comme si nous n'étions pas sesenfants. Je ne pouvais plus vivre aveclui. Je n’en pouvais plus.'' Avec sonshort en jean et son t-shirt rouge mar-ron, il porte des cicatrices qui bala-frent son visage de teint clair. Le‘’Foutanké’’, comme l’appellent sesamis, a alors atterri à Dakar. Tout sepasse avec un ami de son cousin, ven-deur de tissus au marché Hlm,jusqu'au jour où l'un des frères de sonmentor débarque du Fouta. ''Voulantse débarrasser de moi, il m’a accuséde vol.'' ''Au bout du gouffre'', Cheikhs'est résolu à partir. Il passe deuxnuits à la belle étoile, avant de seretrouver à Sandaga. ''Tout ce que jesouhaite, c'est de sortir de cette vie demisérable''. Il désire retourner dansson village natal, Mais, il doit vaincreses démons d'abord, car il est devenutoxicomane. Il ne peut plus se passerde sa bouteille de diluant et de sescornets de chanvre indien. Même sortpour Médoune allongé à côté. ''Jepeux ne pas manger, mais je préfèremourir que de n’avoir pas ma bouteillede diluant avec moi'', déclare le para-plégique. Ce sont ses amis qui luitrouvent sa nourriture et sa ration dedrogue quotidienne. Dans cet universde la débrouillardise, se développeune certaine forme de solidarité. MaisMédoune n'attend pas tout desautres. Il rampe jusqu'au marché pourmendier. ''J’étais bien entouré chezmoi, même si on vivait difficilement,par manque de moyens. En voulantbien gagner ma vie et subvenir auxbesoins de mes parents, j’ai décidé dequitter Kaolack pour Dakar''. Dans lacapitale, les choses sont allées de malen pis. Ne trouvant pas de travail, ildevient rabatteur à Sandaga. ''À forcede les fréquenter, confesse-t-il, ''jesuis devenu pire que tout le monde'',

narre-t-il. Vivre loin des siens estcomme une déchirure pour lui. ‘’Mamère me manque, cela fait 11 ansque je ne l’ai pas vue. Je sais mêmepas si elle est en vie'', dit-il, les larmesaux yeux.

''Quitter cet endroit ''maudit''Une odeur pestilentielle se dégage

des lieux. L'insalubrité ne sembledéranger personne. La discussionréveille Modou Yade qui se met à pro-férer des injures. Il est aussitôt calmépar Doudou. Le jeune de 19 ans vitavec ses ''grands'', depuis 7 mois.Ayant pris connaissance de l'objet dela discussion, il révèle qu'il vient deKeur Massar. ''Je suis issu d’unefamille polygame. Mon père n’arrêtaitpas de battre ma mère devant sescoépouses''. Rendu agressif par cetraumatisme, Modou a fini par fuguer,pour rejoindre un de ses amis qui vit àGrand-Yoff. Il s'y s’adonne à l'alcool età la drogue. Pour se nourrir, Modoupasse ses journées au marché à aiderdes femmes à transporter leursbagages. Une chose qui lui permet degagner sa vie, révèle-t-il. À la diffé-rence de ses congénères, Modou nes’est pas complètement déconnectéde sa famille. Il voit souvent sa sœurqui vit chez sa belle famille. Il lui faitcroire qu’il vit dans un centre avecd’autres enfants. Modou déclare sedébrouiller pour envoyer de l’argent àsa maman, par le biais de sa sœur.Une fois par mois, il rencontre samère. Comme Médoune, Modou nedemande qu'à quitter cet endroit''maudit''. Il a peur de devenir dépen-dant de la drogue et de transformer savie en enfer.

Mendiantes le matin, prostituées la nuit

''Je vis difficilement ici avec mesenfants. J'ai perdu mon mari, il y atrois ans, à la suite d'une longue mala-die''. Mariétou fait partie de la cohortede femmes SDF qui squattent lesruelles de la capitale, avec une prédi-lection pour l’avenue Pompidou. Laplupart d’entre elles viennent du sud-est du pays ou même des pays de lasous-région, notamment le Mali et laGuinée Bissau. La dame est assise surun carton, à côté de ses trois enfants.Elle a eu sa dernière fille avec un SDF.''Mon amant, révèle-t-elle, est SDFcomme moi. Nous vivons en concubi-nage, vu que nous passons nos nuitsensemble. Il passe ses journées à la

cité des eaux à mendier. La nuitvenue, il me retrouve ici où nousmenons une belle vie amoureuse''. Ladame déclare se sentir en sécuritéavec son homme. Car dans cet univers glauque, elles

restent confrontées à des agressionssouvent d'ordre sexuel, voire à desvols des toxicomanes qui rôdentautour d'elles. Mendiante le jour,prostituée la nuit, c'est le lot de la plu-part d'entre elles. Difficile pour ellesde résoudre l'équation : vivre à la belleétoile et élever ses enfants. D'ailleursleurs progénitures sont souvent issuesde relations indésirables ou simple-ment de la prostitution. Elles décla-rent ne pas avoir le choix. Le citoyenlambda aurait le réflexe de les prendreen pitié, et pourtant, elles déclarentse sentir à l’aise dans ce milieu.

Handicapée et prostituée : ''Mes clients et les indicationsde leurs marabouts''C'est le cas de cette dame en

chaise roulante. Malgré son handicap,Ndèye Arame parvient tant bien quemal à satisfaire ses partenaires. Unchoix, qui selon elle, s’impose parfaute de moyens. ''C'était difficilepour moi de gagner ma vie, juste entendant la main. Maintenant, on negagne plus ce qu'on gagnait avant'',dit-elle. ''Je n'ai jamais voulu être unebelle de nuit, mais les tentations etcertaines personnes qui me proposentde l'argent pour coucher avec moi, surindication de leur marabout, m'ontpoussée à me prostituer''. Malgré sonhandicap, Ndèye Arame assurequ’elle est bien au lit. Elle en a fait unmétier. Elle parvient, en se prosti-tuant, à bien s’occuper de ses enfantset de sa famille restés au village. Même cas de figure pour Nd. D.. La

dame de teint clair vient juste de finirde se faire tresser. Assise sous l’ombred’un arbre, avec à ses côtés sesjumelles et son fils cadet, laGuinéenne raconte que ses malheursont débuté avec la maladie de mari,alité depuis 2 ans. ''Ce n’est pas facilepour moi de tendre la main. Mais, jen’ai pas le choix''. Dans la mesure où,depuis qu'elle mendie et se prostitue,elle parvient à subvenir à ses besoinset à envoyer de l’argent en Guinée.Elle a fini par se faire à la vie dans larue. Même si elle en garde un trèsmauvais souvenir. ‘’Mon fils a perdula vie ici même sous mes yeux. Unevoiture qui roulait à vive allure lui a ôtéla vie''. Elle est contrainte de vivreavec ce souvenir douloureux.

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CMJN

SOCIÉTÉ

VOL, MENDICITÉ, PROSTITUTION...

Dans l'univers glauque des SDF de DakarLa vie est loin d'être rose dans la jungle des Sans Domicile Fixe (SDF). Hommes, femmes et enfantss'y escriment dans une vie de marginaux où les drames font partie du quotidien. Repris de justice,voleurs et prostituées s'y battent avec acharnement pour survivre. D'aucuns parmi ces laissés pourcompte cherchent par tous les moyens à sortir du traquenard, tandis que d'autres se sont faits àcette vie en marge de la société. EnQuête propose une plongée dans cet univers qui détonne.

REPORTAGE

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CMJN

numéro 663 • mercredi 28 août 2013www.enqueteplus.com

7ÉCO / SOCIAL

ALIOU NGAMBY NDIAYE

L’ agriculture sénégalaise en pertede vitesse. La part du secteurdans la croissance économique

baisse d’année en année. Et d’après uneétude de la Direction de la prévision et desétudes économiques (DPEE), ''la contri-bution de l’agriculture à la formation duPIB a sensiblement baissé durant lesquinze dernières années''. Elle est mêmepassée de 10,10% entre 1997 et 2001 à7,86% entre 2007 et 2011’’, note laDPEE qui présentait hier à Dakar les résul-tats d’une étude sur la ‘’politique agricole,productivité et croissance à long terme auSénégal : une analyse en équilibre généralcalculable dynamique’’.Pourtant depuis son indépendance, le

pays a développé plusieurs stratégies dedéveloppement agricole, souligne l’étude.Ces stratégies sont passées d’une politiqueinterventionniste de l’État, dans les années1960, au plan d’ajustement structureldans la période 1980. Puis le Sénégal aentrepris un plan de Retour vers l’agricul-ture (REVA) en 2006 et la Grandeoffensive agricole pour la nourriture etl’abondance (GOANA) en 2008. Et malgrétoutes ces tentatives de redresser l’agricul-ture, la contribution du secteur à la crois-sance économique est quasi nul, repré-sentant 0,1%. Néanmoins, a souligné, le directeur de

la DPEE, Pierre Ndiaye, l’agriculturedemeure essentiel à la croissance de l'éco-nomie sénégalaise. ‘’Pour lutter contre lapauvreté, il faut vraiment miser sur l’agri-culture. Elle a des effets très forts sur lereste de l’économie’’, a-t-il indiqué.

Difficultés énormesPour y arriver, le pays devra surmonter

les difficultés liées, entres autres, à lavétusté des équipements, à l’état de dégra-dation des infrastructures, à la qualité des

semences, au manque d’unités destockage, et à l’insuffisance de crédits agri-coles.Le gouvernement tente d’apporter des

réponses à tous ces manquements àtravers un programme d’équipement dumonde rural. Dans ce cadre, d'ailleurs, leministre de l’Agriculture et del’Équipement rural Abdoulaye Baldé aréceptionné, lundi à Pout, un lot de16 000 outils sur un besoin estimé à300 000 unités. Il y a aussi un programmede reconstitution du capital semencierpour lequel le gouvernement comptefinancer, chaque année, une enveloppe de5 milliards de F Cfa.

Accroissement moyen annuel de 10,27%En outre, le programme triennal

d’investissements publics (PTIP)est aussi consolidé pour apporterdes solutions durables au secteuragricole. L’étude de la DPEE relèvemême que le PTIP 2013-2015 aaugmenté de 126,034 milliards deF Cfa par rapport au précédent(2012-2014). Et sa bonne mise enœuvre devrait ''susciter un accrois-sement annuel de 10,27% de l’ac-tivité agricole sur la période 2014-2023'', ont estimé les experts de laDPEE.

“L a crise est bien réversible.Parce que les détermi-nants d’une inversion de la

tendance sont là'', a soutenu, à proposde la filière arachidière, le directeur del’Institut sénégalais de recherches agri-coles (ISRA), Macoumba Diouf. C'étaithier lors du 18e mardi du Bureaud’analyses macro-économiques(BAME), sur le thème : ‘’La reconfigu-ration de la filière arachidière auSénégal : La crise est-elle réversible ?''

Locomotive de l'agriculture au début del'indépendance du pays, la culture del'arachide a par la suite décliné.''Statistiquement, la place que cette

filière a occupée en termes de PIB, derecettes d’exportations, de diversifica-tion de notre économie, même si cetteplace doit régresser, on devrait êtredans des gammes encore relativementplus élevées'', a dit cependant M.Diouf. Il cite parmi les déterminants leprogramme de reconstitution du capi-

tal semencier qui est passé de 417millions à 5 milliards chaque année.''Près d’une vingtaine d’années, unintérêt marqué n’a pas été porté sur lasemence. Alors que seule la semencegère 35% de la productivité agricole.Si vous avez des semences de mau-vaise qualité, vous perdez d’entrée35% de votre production. La solutionexiste parce que les déterminants nesont pas perdus. On a des huiliers quis’intéressent plus qu’avant à l’ara-

chide, mais des partenaires qui veu-lent venir'', a soutenu le directeurgénéral de l’ISRA. Il a noté que pour lafilière, l’ISRA a homologué six nou-velles variétés en 2009-2010. Présidant la cérémonie d’ouverture, le

ministre de l’Agriculture et del’Équipement rural, Abdoulaye Baldé, arappelé la place qu’occupait l’arachide

dans l'économie. Entre 1960 et 1980,60% du PIB et 80% des recettes d’ex-ploitation ont été tirés de cette filière, ren-seigne Abdoulaye Baldé. Mais avec lesdifficultés qu’elle traverse, sa part dans lesrecettes d’exportation a baissé passant de15% dans les années 1990 à 6,5% en2001, a ajouté le ministre.

A. NG. NDIAYE

CROISSANCE ÉCONOMIQUE

L'apport de l’agriculture en chute libreNaguère une des mamelles de l'économie sénégalaise, le secteur agricole est à la peine. Et sa contri-bution à la formation du Produit intérieur brut (Pib) a nettement baissé depuis 1997. Mais, soutient laDirection de la prévision et des études économiques (DPEE), le programme triennal d’investisse-ments publics peut susciter un accroissement de 10,27% par an d’ici 2023.

O nze ans après la cessationd'activités d’Air Afrique,une partie des ex-travail-

leurs sénégalais réclament toujoursdes indemnisations. Hier, lors d’unpoint de presse à Dakar, un collectifd'ex-agents de la défunte compagniemultinationale n'a pas mâché sesmots face à une telle situation quiperdure. Ses animateurs ont dénoncéune ''liquidation anarchique'' desbiens d'Air Afrique par le Syndic-liquidateur.

De l'avis du coordonnateur du collec-tif, Bou El Moctar Doukouré, uneliquidation ne peut excéder trois anssauf en cas de renouvellement sousréserve de raisons avancées par le liqui-dateur. L'ancien pilote de ligne dit seréférer aux textes de l'Organisationpour l'harmonisation en Afrique dudroit des affaires (OHADA).

D'après M. Doukouré, le siège dela compagnie, qui abritait l'Agenceet la Direction locale, ainsi que l'en-semble du stock des pièces derechange et de matériaux avioniques,ont été tous vendus par le Syndic-liquidateur sans aucune explicationparticulière. De même, a-t-il affirmé,une grande partie des terrains duCentre de formation professionnelleaéronautique de Dakar et 12 villasnichés au Point E ont été distribués àcertains agents du Syndicat uniquedes travailleurs des transports aérienset activités annexes au Sénégal(SUTTAAAS). ''Les matériauxavioniques qui devaient revenir àplus de 3 milliards ont été vendus à600 millions par le Syndic. C'estinadmissible dans la mesure où unmoteur coûte 825 millions'', a pestéBou El Moctar Doukouré. Aux yeuxdu collectif, cet acte s'apparente à

une ''nébuleuse''. Raison pourlaquelle, ses camarades et lui exigentl'arrêt de la liquidation et son audit.

Par ailleurs, le collectif demande àl'État le versement total des indemnisa-tions aux 398 agents restants. ''Nous necomprenons pas pourquoi le Sénégalenregistre autant de lenteur dans le pro-cessus d’indemnisation des agents'', s'estinterrogé Babacar Ndiour, président ducomité des retraités d'Air Afrique.Avant d'ajouter que tous les 11 paysmembres de la défunte compagnie ontpayé leur personnel, ''sauf le Sénégal quiaccuse un tel retard. C'est ahurissantpour un pays pilote'', a déploré M.Ndiour. Ainsi, le collectif a lancé unSOS au président Macky Sall.

Air Afrique a déposé son bilanle 25 avril 2002 après 40 ansd’existence.

Le 5 août dernier, 250 ex-travailleurssénégalais avaient reçu au total 700 mil-lions de F CFA d’indemnisations, à rai-son de 2 à 4,3 millions issus du fondssocial créé à la suite à la liquidation de lasociété. Le ministre des Infrastructureset des Transports Thierno Alassane Sallavait expliqué que ces bénéficiairesavaient été ''privilégiés'' parce qu'ilsn’ont pas trouvé du travail depuis la fail-lite de la compagnie. ''Ils sont dépour-vus de toute ressource et certains parmieux sont actuellement assez gravementmalades. Bref, il s’agit d’ex-travailleursvulnérables'', avait dit M. Sall. Il ajoutaitque le processus d''indemnisation ''n’estpas encore terminée et se poursuit, caril y a encore 500 millions non mobili-sés. Il avait laissé entendre que leSénégal allait ''bientôt apurer ce pro-blème des indemnisations''.

DJIDI DIARRA (STAGIAIRE)

ONZE ANS APRÈS SA CESSATION

D'ex-agents dénoncent une ''liquidation anarchique'' des biens d'Air AfriqueUn collectif sénégalais d'ex-travailleurs d'Air Afrique a dénoncé le mode de liquidation des biens de la défunte compagnie. Il exigeun audit ainsi que l'octroi de la totalité des indemnités aux 398 ex-agents restés sans indemnisation.

La subvention à l’engrais contribue-t-elle à l’amélioration de la productivitéagricole ? C’est la question que se pose le professeur d’économie, AbdoulayeSeck, à travers une étude réalisée dans la zone de la Vallée du fleuve Sénégal

(Nord du pays). ‘’Les subventions à l’engrais n’ont pas contribué à améliorer defaçon significative la productivité agricole’’, a révélé le professeur à la Faculté dessciences économiques et de gestion (Faseg) de l’université Cheikh Anta Diop deDakar (Ucad).Selon Abdoulaye Seck, pour comprendre le pourquoi, il faut interroger la logique

comportementale des agriculteurs sénégalais. ‘’Quand vous permettez à un agri-culteur, qui a des problèmes financiers, de faire des économies en termes dedépenses par rapport aux intrants, l’idéal était qu’il puisse utiliser ces intrants, parceque le prix a diminué, pour acheter de nouvelles machines, pour embaucher denouveaux agriculteurs. Mais, ce qu’on a pu constater n’est pas le cas ; il y a desgens qui font face à des problèmes financiers importants et toute économie quevous leur donnez, ils ne vont pas la réinvestir dans le tissu de production, mais ilsvont l’utiliser dans la consommation’’, a expliqué le chercheur. Pour lui, cela estassimilable à un détournement de la subvention qui réduit la productivité.Pour y remédier, M. Seck propose à l’État de mettre l’accent sur deux aspects

importants : renforcer les organisations paysannes et intégrer le paysan dans lachaîne de production agricole. ''On s’est rendu compte que les agriculteurs qui sontappuyés par ces organisations tendent à être beaucoup plus productifs que les agri-culteurs qui ne sont pas affiliés à ces organisations paysannes. L’agriculteur n’estpas aussi bien intégré dans la chaîne de production agricole qui doit les suivre dela fourche à la fourchette'', indique-t-il.

A. NG. NDIAYE

AMÉLIORATION DE LA PRODUCTIVITÉ Contribution mitigée des subventions d'engrais

FILIÈRE ARACHIDIÈRE

Le retour à l'embellie possible,selon Macoumba DioufMalgré les difficultés que traverse la filière arachidière, le directeur de l’ISRA reste optimiste quant à un retour à l'embellie de la culture.

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ÉCO / SOCIAL 8

numéro 663 • mercredi 28 août 2013

VIVIANE DIATTA

De l'espoir pour les entreprisesen difficulté. Un fonds de 20milliards sera créé pour leur

venir en aide, a annoncé le ministreen charge de l’Industrie et du Secteurinformel, Alioune Sarr (photo), hier àDakar, au cours du lancement des tra-vaux de la ''Cellule entreprises en dif-ficulté'' de l’Agence de développe-

ment et d'encadrement des petites etmoyennes entreprises (ADEPME). Lacagnotte qui sera mise en place pourtrois ans servira à restructurer lessociétés bénéficiaires par le biais deservices non financiers et financiers.Selon le ministre, la création de ce

fonds est également destiné au renou-vellement des équipements du tissuindustriel, mais aussi à la fournituredes garanties nécessaires à la réussite

des plans de redressement ou restruc-turation des entreprises. ''Ce fonds derestructuration devrait permettre d’in-verser la tendance actuelle et contri-buer à améliorer la compétitivité del’économie du pays, mais aussi àredresser une masse conséquente dePme/Pmi dans une première phaseportant sur trois ans. Une priorité seraaccordée aux entreprises dotéesd’une forte intensité de main d’œuvreet celles ayant des activités à fortevaleur ajoutée'', a précisé AliouneSarr.D'après lui, il résulte des travaux

sur la question que la restructurationdes entreprises, dont le chiffre d’af-faires est inférieur à cinq milliards deF Cfa, sera confiée à l’ADEPME etcelles de plus de 5 milliards à laDirection de l’appui au secteur privé.La rencontre d'hier visait en outre à

sensibiliser davantage les acteurspublics sur le faible niveau de compé-titivité des Pme et des problèmes éco-nomiques et sociaux importants quela fermeture des entreprises peutengendrer. ''Nous avons donc la res-ponsabilité de leur apporter une

écoute. Mais aussi, à chaque fois quecela sera nécessaire, d'utiliser lesleviers adéquats pour appuyer leredressement des entreprises'', a-t-ildit. Avant d'ajouter que ''de par leurimportance numérique, les Pmeconstituent la base du tissu écono-mique sénégalais. Cependant, ellessont confrontées à d’énormes difficul-tés les empêchant de jouer véritable-ment leur rôle dans le développementéconomique et social du pays''.''Une feuille de route partagée et

réaliste sera mise en place pouraccompagner la restructuration decertaines entreprises dont la relancepourrait constituer une valeur ajoutéeréelle à l’économie. Par conséquent,la consolidation du tissu industrielsénégalais, la création de nouveauxemplois, la préservation des investis-sements déjà réalisés sont, entreautres résultats, attendus par leministère du Commerce etl’ADEPME'', a signifié Alioune Sarr.Par ailleurs, il compte proposer auprésident la tenue d'un conseil inter-ministériel annuel pour une mise ensynergie des actions et des structuresintervenant dans ce cadre.Soutenir 100 entreprises par annéeDe son côté, Louis Sarr, représen-

tant de la direction générale del'ADEPME, a estimé qu'il ne faut pasattendre que l'entreprise soit à terrepour réagir. ''Actuellement, nousappuyons 47 entreprises en difficul-tés. Mais nous voulons avec l'aide dugouvernement appuyer 100 entre-prises par année pour ne pas qu'ellessoient en liquidation'', a déclaré M.Sarr.

AÏDA DIÈNE (STAGIAIRE)

“I l est hors de question que leministre de l’Énergie et Mines,Aly Ngouille Ndiaye, procède à

la monopolisation du projet de dépôtnational''. C’est le cri du cœur lancé hierpar un collectif syndical du pétrole mou-vement ''Touche pas à mon dépôt'', lorsd’un point de presse à Dakar. Selon cecollectif, le ministre Aly Ngouille Ndiaye(photo) ignore les réserves formulées parl'Association sénégalaise des profession-nels du pétrole (ASPP) regroupant VivoEnergy, Oryx et Oil Libya Sénégal, etmaintient sa décision d’articuler le projetautour de Senstock.''Nous ne sommes pas hostiles à un

projet de stockage ou dépôt national,mais réfutons catégoriquement la déci-sion du gouvernement d’articuler leprojet autour de Senstock'', a ditMalick Mbengue, secrétaire général dusyndicat. Il a noté que le ministre detutelle n’a aucunement procédé à unedémarche inclusive dans le processusdu projet en question. Et le collectif sesent menacé par la décision du minis-tre de fermer les dépôts qui rejetterontle schéma proposé. Pour ce syndicat,

la mesure tend à redonner à un desacteurs le monopole du sous-secteurdes hydrocarbures. D'après le coordon-nateur du mouvement, Cheikh Sow, leministre a expliqué que le gouverne-ment veut sauver Senstock quiregroupe (Diprom, Total et la Sociétéafricaine de raffiange-SAR). Or,rapelle-t-il, la loi 98-04 libéralise lesecteur et garantit la libre concurrence.Les membres du mouvement

''Touche pas à mon dépôt'' demandeau ministre Ngouille Ndiaye de renon-cer à son projet et d’engager uneréflexion avec tous les acteurs afind’éviter d’éventuelles perturbations.Le collectif s’engage à lutter contreune telle décision, et n’exclut pas d'or-ganiser une marche de protestation sile ministre maintient sa position.

L a région de Dakar concentre lenombre de personnes les plusaffectées par la tuberculose

avec plus de 45% des cas recensés.Ce s'explique par la forte densité de lapopulation, la pauvreté dans cer-taines banlieues, la promiscuité etl'ignorance, selon docteur MadouKane du programme national de luttecontre la tuberculose (PNT), qui pré-sidait hier à Dakar un atelier d'orien-tation avec des journalistes.''La maladie a affecté 12 810 per-

sonnes en 2012, dont 70% chez leshommes et 9% chez les personnesvivant avec le Vih (Pvvih), avec 3% dedécès. Dakar, notamment sa ban-lieue, est la région qui polarise 5 734malades, soit 45%. Elle est suivie dela région de Thiès avec 1 825 cas etDiourbel 1 226. Parmi ces maladesrépertoriés, 8 448 sont atteints detuberculose pulmonaire à frottis posi-tif (TPM+)'', a dit Dr Kane. Les zonesà faible taux d’infection sont lesrégions de Kaffrine (20%), Matam(22%) et Fatick 25%. A en croire le spécialiste, le nombre

de cas notifiés dans le pays s'accroîtd'année en année. Environ 7 000 à 8

000 cas de tuberculose sont diagnos-tiqués chaque année. La maladietouche principalement la populationactive comprise entre 15 et 44 ansavec 76% de TPM+. Elle affecteaussi plus fréquemment les hommesque les femmes. Le sexe-ratio est de2,23 en faveur des hommes.

Taux élevé d'abandon du traitementMalgré les efforts combinés de

l’État et des partenaires, le PNT n'apas encore atteint ses objectifs dansle dépistage des cas suspects. Le tauxd'abandon et de perdu restent encoreélevé à environ de 6%. Les régionstransfrontalières de Tambacounda,Ziguinchor et Kolda sont les zones oùl’on note des taux élevés d’abandondu traitement de la tuberculose. ''Cespopulations sont à cheval entre deuxrégions, deux pays. Il faut relever quenous avons beaucoup évolué, parceque les taux d’abandon allaientjusqu’à 27%. On est vraiment dansune logique de diminution drastiqueet évidemment, il y a encore desefforts à faire. Le taux acceptable estd’avoir entre moins de 3% et 5%'', a

indiqué docteur Kane. Il a soulignéque les cas d’abandon de traitementsans être guéris sont ''une probléma-tique'' à gérer, d’autant que cela peutentraîner des conséquences pour lapopulation. ''Tout cas d’abandon peuteffectivement aller vers des phéno-mènes de résistance et même dereprise de la chaîne de transmission.Parce que certains malades, aprèsavoir pris leur traitement pendant unmois, pensent qu’ils sont guéris. Et aubout de deux mois, ils reviennent avecune tuberculose évolutive et ils com-mencent à contaminer leur entou-rage'', a-t-il prévenu.Par ailleurs, docteur Kane a évoqué

un certain nombre de défis que le pro-gramme se doit de relever. Il s'agit,entre autres, de la tuberculose del'enfant, celle multi résistante, la co-infection tuberculose-VIH et l'asso-ciation tuberculose/diabète. ''Latuberculose chez les enfants est unvéritable défi. Nous avons énormé-ment de problème pour la réperto-rier'', a-t-il déclaré.

ENTREPRISES

20 milliards pour appuyerles Pme/Pmi en difficultéLe ministre de tutelle a annoncé hier la création d'un fonds de restructuration de près de 20 milliards F Cfa destiné à redresser les entreprises en difficultés.

A Monsieur le Rédacteur en chefdu quotidien ENQUETE

Monsieur le Rédacteur en chef,Dans votre article intitulé

“Radiologie de l’hôpital de Fann ; unservice au scanner noir des patients “,publié dans votre édition du jeudi 22août 2013, vous avez prêté au chargéde communication de l’hôpital deFann les propos ci-après : “Danstoutes les structures sanitairespubliques du Sénégal, c’est seulementà Fann où il y a une IRM”.

Je voudrais à ce propos apporter lesprécisions ci-dessous :

- Une unité d’Imagerie par réso-nance magnétique (IRM) a étéimplantée en 2007 à l’HôpitalPrincipal de Dakar qui est unEtablissement Public de Santé (EPS) ;

- Cette unité d’IRM est actuelle-ment toujours fonctionnelle et prèsde 16 malades y sont reçus quotidien-nement pour des examens.

- Les examens y sont effectués pourtous les patients qui bénéficientd’une prise en charge ou qui peuventpayer par leurs propres moyens.

- Les examens se font sur rendez-vous après validation d’un formulairerenseigné par le médecin traitant etprésentation de la facture de régulari-sation.

Je vous saurais gré de bien vouloirporter ces précisions à l’attention dupublic qui pourra s’orienter versl’Hôpital Principal de Dakar ; ce quicontribuerait largement à déconges-tionner le service dans les autresstructures.

MOUSSA SAMBchargé de communication

et de relations publiques HôpitalPrincipal de Dakar

DÉPÔT NATIONAL D'HYDROCARBURES

Un collectif syndical allume le projet d'Aly Ngouille Ndiaye

TUBERCULOSE

Dakar en tête des zones les plus touchées

PRÉCISION

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SERVICES & LOISIRS 9

numéro 663 • mercredi 28 août 2013

MOTS MELÉS • 473

Ville de Tunisie

HAMMAMET

horoscopeBélier⌘ Relationnel : ce mercredi vous trouverasociable, ouvert et très communicatif. Pourcertains, les amis seront à l’honneur. 〶Bou-lot / Argent : vous aurez envie de vous investirdans des projets concrets et solides. ☤Bien-être : vous serez particulièrement dynamiqueet actif.

Taureau⌘ Relationnel : belle journée pour vousinvestir dans une relation ou pour dévoilervos sentiments. 〶 Boulot / Argent : vousessayerez de trouver le bon rythme ou voustravaillerez sur deux projets à la fois. ☤Bien-être : vous saurez donner de vousquand il le faut.

Gémeaux⌘ Relationnel : aujourd’hui, vous aurezenvie de légèreté et vous fuirez les prisesde tête, que vous soyez seul ou en couple.〶 Boulot / Argent : vous éprouverezquelques petites difficultés à vousconcentrer. Ainsi, vous serez un peu têteen l’air. ☤ Bien-être : rêveur, vous aureztendance à vous perdre dans vos pensées.

Cancer⌘ Relationnel : vous serez à la recherchede plus de cohésion ou de plus de douceurdans votre vie amoureuse, amicale ou fami-liale. 〶Boulot / Argent : bonne journée pourfaire vos comptes et envisager de gérer votrebudget autrement. ☤ Bien-être : vous aureztendance à vous laisser dépasser par vosémotions.

Lion⌘ Relationnel : vous serez à la recherched’action ou de passion et vous ferez lachasse à l’ennui. 〶 Boulot / Argent : ce seraune excellente journée pour entreprendre etlancer des projets. ☤Bien-être : ce mercredivous permettra de connaître un regaind’énergie.

Vierge⌘ Relationnel : vous aurez la tête ailleurset vous aurez bien du mal à être à l’écoutede vos proches, de vos amis ou de votrepartenaire. 〶 Boulot / Argent : tout n’irapas comme vous le désirez et cela vous in-citera à faire preuve d’un peu plus d’adap-tabilité. ☤ Bien-être : un coup de fatigue,des doutes ou une plus grande nervosité.

Balance⌘ Relationnel : vous serez heureux de vousouvrir à d’autres relations. Pour certains, leséchanges seront importants et épanouissants.〶 Boulot / Argent : vous serez amené à faireune dépense pour un déplacement. Pourd’autres, ce mercredi vous permettra d’explo-rer d’autres pistes professionnelles. ☤ Bien-être : vous serez vif et entreprenant.

Scorpion⌘ Relationnel : cette journée vous donnerades envies d’évasion et vous aspirerez à vouschanger les idées avec vos amis proches ouvotre entourage. 〶 Boulot / Argent : pas mald’imprévus ou de remises en question au pro-gramme, aujourd’hui. ☤ Bien-être : les astresvous inciteront à puiser dans vos réservesd’énergie.

Sagittaire⌘ Relationnel : ce sera une belle journéepour vous rapprocher de votre moitié, pourparler et vous retrouver. Pour d’autres, vosamis seront un point clé de votre épanouisse-ment. 〶 Boulot / Argent : excellente journéepour le travail d’équipe, pour les rencontresprofessionnelles ou les réunions… ☤ Bien-être : aujourd’hui, vous vous épanouirez aucontact des autres.

Capricorne⌘ Relationnel : en couple, la douceur et lacomplicité règneront. Célibataire, vous serezà la recherche d’une histoire sympa et pleined’émotions. 〶 Boulot / Argent : vous aurezenvie de travailler sur des projets qui serontvous captiver. ☤ Bien-être : vous parviendrezà garder le contrôle de vos émotions.

Verseau⌘ Relationnel : encore une journée qui voustrouvera assez centré sur la famille. 〶 Boulot/ Argent : vous devrez revenir à l’essentiel ourevoir vos classiques. ☤ Bien-être : vous de-vrez puiser dans vos réserves d’énergie et il sepeut que vous accusiez quelques moments defatigue en cours de journée.

Poissons⌘ Relationnel : aujourd’hui, la famille sera mise

à l’honneur et vous devrez certainement régler une

situation particulière. 〶Boulot / Argent : ce mer-

credi, vous devrez revoir vos classiques ou vous

devrez aller au fond des choses. ☤Bien-être : at-

tention à ne pas vous épuiser.

MOT FLÉCHÉ N°754

Solutions

MOTS FLÉCHÉS • N°755FORCE 3)

SUDOKU N°490SUDOKU N°489

MOTS MELÉS • N°475

Morceau de porc ou de mouton

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numéro 663 • mercredi 28 août 2013www.enqueteplus.com

10LIBRE PAROLE

Les sociétés humaines ont besoindans leur cheminement vers ledéveloppement d’hommes et de

femmes repères dont l’exemplarité duparcours sonne comme une invite perma-nente adressée aux hommes, à tous leshommes, où qu’ils se trouvent, afin qu’ilstracent les sillons d’un avenir dont lamarque, le souvenir et les fruits, seront lasolidarité et l’amitié authentiques entreles hommes. La personnalité dont je veuxtenter d’honorer la mémoire a tout au longde sa vie inscrit sa méditation, sa réflexionet son action dans cette perspective.Abdoulaye Ly a cherché toute sa vie

durant à mener un combat pour libérerl’homme de toutes les contraintes quipeuvent aliéner sa liberté. Ainsi toutesociété qui se veut porteuse d’espérancedoit donner la place qui sied à ces bâtis-seurs que j’ appellerai des défricheursd’avenir. Abdoulaye Ly qui nous a quittésle vendredi 31 mai 2013 fait partie de cesmonuments dont la vie et l’œuvre doiventêtre revisitées en permanence pour servirde boussole aux générations présentes etfutures. Celles-ci en ont bien besoin, sur-tout par les temps que nous vivons. Je l’ai connu au début des années 90

par l’entremise d’une vieille personne, feuAbdou Seck, habitant la communautérurale de Yenne où je servais commeAssistant social au Centre de promotionet de réinsertion sociale. Il avait l’habitudede me parler de cet homme qui l’a forte-ment marqué. Un jour, je lui demande deme présenter à lui. Nous le trouvons danssa modeste demeure sise à Liberté III. Jedois reconnaître ici et pour reprendre labelle formule du philosophe que «dés quenous nous sommes connus, nous noussommes reconnus». De là date une belleamitié qui s’est consolidée au fil des ans.Chaque fois que je descendais sur Dakar,je passais le voir pour l’écouter parler avecpassion et amour du Sénégal, de l’Afriquequ’il aimait par-dessus tout.

Un grand hommeAvec sa disparition, je me suis dit que

je n’avais pas le droit de me taire. Cettedécision s’appuie sur ce bel et riche adagewolof : «Kolëré guinaw lay fété» (1) quirappelle une exigence et une valeur fortede notre société, la reconnaissance. Oui,je dois comme beaucoup d’autres Séné-galais, reconnaissance à Abdoulaye Ly.Malgré son calendrier très chargé, ce tra-vailleur infatigable qui, à 85 ans révolus,continuait ses travaux de recherche, n’hé-sitait pas un seul instant à ouvrir son salonà des hommes et femmes de toutesconditions. Ce n’est que vers la fin de savie, quand sa vue a commencé à baisser,qu’il a réduit drastiquement ses activitésintellectuelles. C’est ce grand Monsieur qui était tou-

jours là avec son sourire d’hommehonnête en paix avec sa conscience quinous accueillait à bras ouverts. Nousétions là, petits fonctionnaires en quêtede connaissance ; apprentis-chercheursdésireux d’approfondir certainesquestions ; ouvriers, paysans, femmes deménage avec lesquels il a cheminé au

plan politique ; hommes politiques à larecherche de conseils avisés ; simplesquémandeurs venus chercher la dépensequotidienne. Tous, on sortait ragaillardisde nos entretiens avec cet homme multi-dimensionnel. Au fait, Ly aura forgé parl’exemple l’armature morale de plusieursgénérations. La jeune génération doitconnaître et mieux apprécier cet intellec-tuel d’élite au sens Gramscien du termequi a voué sa vie au service du combatpour le développement et le rayonnementde l’Afrique. Le témoignage du PrBabacar FALL de l’UCAD paru dans SudQuotidien du samedi 1er Juin 2013 estéloquent : «(Abdoulaye Ly) est l’un despenseurs qui ont le plus influencél’histoire intellectuelle de l’Afrique occi-dentale francophone.»

Un homme courageuxAux brillantes qualités intellectuelles

de ce premier Sénégalais, Docteur Es Let-tres en Histoire (1955), il faut ajouter uncourage physique dont peu d’hommespeuvent se prévaloir. Ainsi que ledémontra cet éclairage du Pr. AbdoulayeBara Diop : «Pendant la guerre 39-45,Abdoulaye Ly fit preuve d’un acte de bra-voure qui lui valut la Croix de guerre, laplus haute distinction de l’arméefrançaise. Celle-ci en déroute devantl’avancée des troupes allemandes, laissabeaucoup de blessés et de morts sur lethéâtre des opérations. Il fallait récupérerces derniers. Le commandement militairedemanda des volontaires pour lesramener. Silence radio dans la troupecompte tenu de tous les risques qu’il y adans ce genre d’opérations très risquéesavec le pilonnage des positions françaisespar les troupes allemandes. Seules deuxpersonnes se portèrent volontaires pourcette «mission-suicide», dont AbdoulayeLy. Ils partirent chercher les combattants,morts ou blessés...»

Son combat pour l’égalité destraitements à l’IfanAprès la guerre, il rentre au Sénégal. Il

est recruté comme Assistant à l’InstitutFrançais d’Afrique Noire. Dans cetteauguste institution où «soufflait au plushaut niveau l’esprit colonial», Ly dutmener des batailles épiques contre lescolons qui dirigeaient cette institution. Cecombat pour la justice sociale et l’équitéfinit par ébranler les fondements sur les-quels s’appuyaient les colons pour fairedu «deux poids, deux mesures». Abdou-laye Bara Diop, encore lui, en témoigna àl’occasion de la commémoration du44ème anniversaire de l’accueil du Géné-ral De Gaulle, le 26 août 1958. «A sonaffectation à l’Ifan, il n’a pas eu droit à unbureau dont bénéficiaient pourtant indi-viduellement tous ses collègues françaismétropolitains parce que lui-même étaitcitoyen français ; collègues qui avaientcependant les mêmes diplômes que lui.Il était installé à une table dans la biblio-thèque de l’Institut au sous-sol du bâti-ment abritant aujourd’hui les réserves dumusée. Cette table-bureau était placée aufond de couloirs traversés par des courants

d’air incommodants, alors qu’il accom-plissait un travail de recherche exigeantune grande concentration». Cette volonté manifeste de l’humilier,

de le pousser à la perte de l’image de soi,n'a fait que renforcer sa détermination. Ilse bat courageusement pour «faire recon-naître l’égale dignité des chercheurs afri-cains par rapport à leurs collègues fran-çais». Et le Pr. Diop de poursuivre :«Même s’il y a eu des survivances de lapratique coloniale au sein de l’administra-tion de l’Institut, il avait déjà ouvert la voiemenant à la fin de la discrimination dontnous étions les victimes. De ce point devue, il était un pionnier, comme il le serapour nous, dans nombre de domaines.»(...)

Un patriote africain intransi-geant sur les principesUne fois l’Indépendance survenue,

Abdoulaye Ly se débarrasse très vite de sanationalité française. En patriote consé-quent et se voulant en phase avec lesidées d’émancipation qu’il défend, ilrefuse de percevoir sa pension militaire aumotif «que la guerre à laquelle il aparticipé n’était pas la sienne. C’est uneguerre qu’on lui a imposée.»Au plan politique, il joue pleinement sa

partition en s’engageant résolument danstoutes les batailles pour l’émancipation etle développement des Nations africaines.Au congrès de Cotonou où se jouait unmoment important de la vie politique del’Afrique occidentale française (Juillet1958), lui et ses amis défendent avecvéhémence le droit à l’indépendanceimmédiate. Ils mettent en minorité Sen-ghor et son groupe qui ne voulaient pas enréalité de l’indépendance. De retour àDakar, Senghor manœuvre ferme pourchanger le cours des choses en faisantvoter le «Oui» au référendum. Après cetépisode, Abdoulaye Ly et ses camaradescontinuent le combat frontal contre Sen-ghor. Une bataille qui va culminer avec dechaudes échauffourées aux allées du Cen-tenaire où on enregistre plusieurs morts.Suite à cette manifestation, Ly est arrêtéet mis en prison. Entre-temps, certains deses camarades ont rejoint Senghor.

Rigueur et transparence faceaux deniers publicsA sa sortie de prison, des négociations

sont entamées qui aboutissent à la fusionentre le Parti de Léopold Sedar Senghor,l'UPS (Union progressiste sénégalaise) etcelui d'Abdoulaye Ly, le PRA (Parti du ras-semblement africain). Il hérite duministère de la Santé et des Affairessociales. Un département ministérieldans lequel il imprime la rigueur dans lagestion des fonds publics. «De l’avis deplusieurs personnalités, Abdoulaye Lys’imposait la rigueur et la transparencedans la gestion des affaires publiques ;cette rigueur, il l’exigeait des agents placéssous son autorité», écrit le Pr. AbdoulayeBara Diop. Un idéal et une pratique dontpourraient s'inspirer bon nombre de poli-ticiens d'aujourd'hui... Au vu de la conjoncture que nous

vivons, il est important voire fondamentald’interroger et de réinterroger la vie de cethomme qui a compris très tôt que pourdes pays comme les nôtres, le salut passepar l’adoption chez les dirigeants de com-portements sobres et vertueux dans tousles domaines de la vie. Cité par son col-lègue, Babacar Fall, le Pr. Djibril Samb amagnifié la vie et l’œuvre de l'illustre dis-paru en ces termes : «Abdoulaye Ly est unhomme libre. Il y a chez lui un effort per-manent de conciliation entre les exi -gences du statut d’historien, formé auculte de l’établissement minutieux desfaits, et celles liées à la gravité du citoyen,imbu des valeurs traditionnelles, compre-nant la gravité de la parole proférée, paressence immarcescible, surtoutlorsqu’elle est infamante».

Un humanisteDans une discussion que j’ai eue avec

lui dans son salon, il me révèle un jour :«Cette armoire que tu vois là renferme desdocuments assez compromettants pourcertaines hautes personnalités de ce pays.Je ne peux même pas te dire commentcertains documents ont atterri entre mesmains ; peut-être la main de Dieu. Cesdocuments, je ne les sortirai jamais parceque ça pourrait nuire à la bonne réputationd’hommes et de femmes que beaucoupde nos compatriotes considèrent commedes hommes de bien.» Il poursuit : «J’aidit à mes enfants de brûler tous ces dos-siers aussitôt après ma mort». On pourraépiloguer longuement sur cette décisionqui prive la nation d’archives essentiellespour la compréhension de certains événe-ments politiques. (…) Je crois à mon humble avis que sa forte

croyance en Dieu a dû peser lourd dans labalance pour l’amener à prendre une réso-lution aussi capitale. En fait, l’hommeétait un musulman pratiquant sincère. Ilavait l’habitude de me dire : «Dieu m’atout donné. Je ne peux que l’en remercieren lui étant reconnaissant en toutes cir-constances».Une autre fois, il me parla de Senghor

avec lequel il n’était pas toujours en bonstermes. «Un jour, sa femme Colette m’ap-pela au téléphone. C’était aux environs de13 h. Elle me demanda de venir en aideà une de ses connaissances qui était dansle besoin. Je lui marquais mon accord.Deux heures de temps après, Senghorm’appela pour s’enquérir d’une situationdonnée. On discuta longuement et vers lafin, je lui dis en passant que Madamem’avait appelé. Il me demanda à proposde quoi. Je lui faisais le compte rendu dela discussion que nous venions d’avoir. Etil me dit : «celle-là, il faut qu’elle arrête !Elle n’a pas à intervenir sur ces questionslà!»». Et Abdoulaye Ly de conclure : «Sen-ghor, malgré ses limites, fut un hommed’Etat».

«Derrière chaque grand homme,une grande dame»Je m’en voudrais si je concluais ce

papier sans dire un mot des femmes quiont accompagné et soutenu Abdoulaye Lydans tous ses combats. C’est le lieu ici de

leur rendre l’hommage qu’elles méritent.Quand je suis venu lui présenter mescondoléances suite au décès de sa pre-mière femme, Madeleine Laurent, il nepeut se retenir et se lance alors dans lesconfidences. «Cette femme que je viensde perdre m’a tout donné. Métisse etmédecin de profession, elle a tout aban-donné pour me suivre à Dakar. Elle étaiten première ligne dans tous les combatsque j’ai dû mener. Elle distribuait et pla-cardait des affiches en pleine nuit avectous les risques et dangers que celapouvait comporter à l’époque.» Plus tard, Ly se remarie avec une Bur-

kinabè naturalisée sénégalaise, DieynabaSéré. «Elle fut la femme d’un ami, d’uncollaborateur, mon ancien Chef decabinet, mort dans un accident de la cir-culation. C’est en souvenir de cet amiauquel me lient beaucoup de souvenirsque j’ai épousé cette femme», racontel'historien et homme politique.

Il mérite d’être honoréJe voudrais me faire l’interprète de mil-

liers de Sénégalais qui ont eu la chancede connaître Abdoulaye Ly. Pour cette jeu-nesse en perte de repères et laissée à elle-même dans un contexte de crise multi-forme, il est essentiel qu'une grande artèrede Dakar porte aujourd'hui le nom d'Ab-doulaye Ly. Cet homme le mérite plus quetout autre. (…) Au moment où l’oncherche à magnifier les valeurs decitoyenneté, il serait utile de donner enexemple ce modèle de désintéressementet de dignité dont l’existence toute entièrefut une leçon de vie.

(TEXTE ÉCRIT AU MOIS DE JUIN 2013)MADI WAKÉ TOURÉ, ASSISTANT SOCIAL,

CONSEILLER EN TRAVAIL SOCIAL,FORMATEUR À L’ECOLE NATIONALE

DES TRAVAILLEURS SOCIAUX SPÉCIALISÉS(ENTSS)

[email protected]

PS : je tiens à exprimer ici toute ma gra-titude au Professeur Abdoulaye Bara Dioppour les informations précieuses qu’il abien voulu me fournir. (1) Je n’ai pas pu par moi-même

trouver la bonne formule pour traduire cetadage wolof ; j’ai dû recourir au serviced’un ami professeur, avec un essai de tra-duction sans prétention. (1) «C’est dansle passé que se nouent les vraies amitiés»ou «L’origine des vrais amitiés est à cher-cher dans le passé.»

ABDOULAYE LY

Un grand destin qui laisse à la postérité une leçon de vie

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numéro 663 • mercredi 28 août 2013www.enqueteplus.com

11SPORTS

KHADY FAYE (envoyée spéciale à Abidjan)

L a mayonnaise semble avoir pris.Après un début de tournoi del’Afrobasket catastrophique sur le

plan de la production de jeu, les Lions ontretrouvé un peu d'équilibre. La crispationqui s'était emparée d'eux, avec les fins dematches peu rassurantes, commence àlaisser la place à un début de sérénité.Face au Rwanda, le Sénégal a haussé

son niveau. Même s'ils ont été dominés aupremier quart temps (13-15) les Lions ontsu tirer leur épingle du jeu. Le Rwanda aconfirmé au début du deuxième quarttemps, avec un grand Kenneth Gasana quia enchaîné les tirs à trois points. Mais leSénégal a réussi à revenir et arriver même à

passer en tête à moins de deux minutes dela fin de la pause. Mais c’était sans compteravec la vivacité des Rwandais qui ont donnéle tournis à la défense sénégalaise pour vireren tête à la mi-temps (33-35).Le Sénégal est ensuite revenu des

vestiaires en force. Avec une défensemieux organisée, les pivots ont museléKennneth Gasana. Le ''géant'' HamadyBarro Ndiaye nettoie tout sur son pas-sage. Le Sénégal montre de bellesphases de jeu offensives et domine enfinle Rwanda à la fin du troisième quarttemps (47-42). Dans le dernier quarttemps, les hommes de Cheikh Sarrdéroulent avec un grand Pape AbdouBadji, qui termine meilleur marqueur dela partie avec 20 points. Défendant har-gneusement, le numéro 15 sénégalais a

été opportuniste sur tous les ballons eta poussé les rwandais à la faute. Dans lejeu intérieur, le Sénégal était intraitable.Score finale 67-57.En quart de finale, le Sénégal affrontera

le Nigeria, mercredi (20h). Les SuperEagles ont battu (112-73) la Républiquecentrafricaine (RCA).

Le 5 de départ Sénégal : Mamadou Ndoye,Ibrahima Mbengue, Mouhamed Faye,Hamady Barro Ndiaye, Pape Abdou BadjiLe 5 de départ Rwanda : Thierry Suku Suku,Hamza Ruhezamihigo, Cameroun Bradley,Kenneth Gasana, Kami Kabangu

STATISTIQUES DU MATCH

Tirs à trois points : Sénégal 7 sur 27, soit 26% -Rwanda 5 sur 31, soit 16%Tirs à deux points : Sénégal 19 sur 33, soit 58% -Rwanda 17 sur 48, soit 35%

RésultatsTunisie - Égypte 67-77Cap Vert - Congo 67-60Sénégal - Rwanda 67-57Nigeria - Centrafrique 112-75

PROGRAMME DES QUARTSAujourd'hui12h30 Angola-Maroc15h Égypte-Cap Vert17h30 Côte d'Ivoire- Cameroun20h Sénégal-Nigeria

8E DE FINALE AFROBASKET 2013 - SÉNÉGAL / RWANDA 67-57

Les Lions se réveillent enfin !Après un premier tour médiocre, le Sénégal a sorti le grand jeupour passer les 8e de finale de l’Afrobasket 2013 en s'imposant(67-57) devant le Rwanda.

MAMADOU LAMINE DIÉDHIOU (STAGIAIRE)

Amy Mbacké Thiam n'est pasencore prête de prendre saretraite sportive. À presque 37

ans, l'athlète sénégalaise championnedu monde du 400 m en 2001 a lancéhier son association ''Cœur de lion''.''C'est une manière d'ouvrir une nouvellepage dans le sport. Cette page concernema carrière, mais surtout à préparer larelève. Nous avons décidé de continuerà nous mettre au service de notre paysmême quand nous allons cesser dedéfendre les couleurs nationales sur lespistes. Au Sénégal, il y a beaucoup dejeunes talents. Donc, créer une associa-tion nommée 'Cœur de lion' est une fiertépour moi. On va travailler dans différentsdomaines pour développer le sport en

général'', a expliqué Amy Mbacké Thiam,lors de la conférence de presse tenue auSalon d'honneur du stade Léopold SédarSenghor. La demi-finaliste des cham-pionnats du monde de Moscou 2013veut ''favoriser la solidarité, la collabora-tion, la concertation, les échanges entreles sportifs anciens''. Pour sa survie etl'efficacité de ses actions, ''Cœur de lion'',créée le 29 mars 2013 à Dakar aprèsune assemblée générale, compte''trouver des partenaires, l'État duSénégal en premier, d'autres moyensadditionnels qui vont (nous)accompagner surtout dans la formationdes jeunes''. Comme l'a fait le ministredes Sports, Mbagnick Ndiaye, venuassister à la cérémonie. Son président detutelle, à savoir celui de la Fédérationsénégalaise d'athlétisme, Momar Mbayen'était pas en reste. Le lutteur Boy Kaïré

et le médaillé d'argent olympique en1988, El Hadji Amadou Dia Ba ont aussipris part au lancement. ''L'associationcompte promouvoir le développementdurable, l'égalité des chances, lecivisme, la protection del'environnement, le dialogue des cultureset la solidarité'', a poursuivi Amy MbackéThiam. Elle est également revenue surses projets en 2014 qui consistent à''implanter des écoles de sports (athlé-tisme, basket, football, handball...). Fairedes tournois entre les écoles, desjournées de reboisement, réfectionnerdes ''daara'' (écoles coraniques) dans unelocalité du pays tout en participant à l'en-cadrement sur le plan sportif des''talibés''. L'association va démarrer sonprogramme à l'occasion de la ''Semainede l'alphabétisation'', prévue la semaineprochaine.

“J'ai refusé la nationalité canadienne”Toutefois, l'ex-pensionnaire du CIAD

n'a pas dit quand elle cessera de courir.''Je vais prendre des vacances et peut-être à la fin de l'année, je pourrais meprononcer sur ma carrière'', a-t-elle pré-cisé. Mais Amy Mbacké a rappelé lesacrifice qu'elle fait pour le Sénégal. "Jepeux vous dire que ma fierté dedéfendre les couleurs de mon pays par-tout et de le servir m'a amenée à refuserde prendre la nationalité canadienne en2002, alors que je m'entraînais à l'uni-versité de Sherbrooke. Le recteur del'université, en plus de la nationalitécanadienne et une offre 150 000dollars canadiens, s'est proposé d'allerrencontrer Lamine Diack (le présidentde la Fédération internationale d’athlé-tisme) pour hâter le processus de natu-ralisation", a-t-elle confié. "J'ai refusé,lui expliquant que je suis fière de défen-dre les couleurs de mon pays. Je veuxque la jeune génération retienne cela demoi", a-t-elle lâché.

LANCEMENT DE L'ASSOCIATION ''CŒUR DE LION''

Amy Mbacké Thiam s'”ouvre une nouvelle page”

FOOT - FINALE COUPE DU SÉNÉGAL

Le Casa promet degagner la bataillede la mobilisation

“S ur les gradins et sur lapelouse, il y aura matchet nous allons gagner

sur les deux terrains, c’est sûr  !'', aaffirmé le vice-président du CasaSport de Ziguinchor. Lors d'unpoint de presse hier, Yves OlivierKassoka a soutenu que ''la Coupede la Ligue a été remportée cedimanche, grâce en bonne partie àla plus forte mobilisation des sup-porters que connaît le champion-nat sénégalais cette année''. Pources derniers, le Casa s’inscrit natu-rellement pour la paix enCasamance et se targue d’unir lescœurs du terroir autour d’unemême passion, le football.

En vue de la finale de la Coupedu Sénégal, ce samedi au stadeDemba Diop, le champion duSénégal 2012, 6ème cette année,ambitionne de doubler son enga-gement dans l’organisation de samobilisation malgré les quelquesdifficultés rencontrées. ''C'était liéà la communication et à la promo-tion de l’événement, expliquent-ils. La non diffusion de la finale dela Coupe de la Ligue 2013 par laRTS (publique) est à déplorer. Elleconstitue une faute de la télévisionnationale et de la Ligue sénégalaisede football pro (Lsfp) dans leursmissions de service public, au-delàde la question financière''.

Le Casa Sport de Ziguinchorrêve d'un doublé Coupe de laLigue-Coupe du Sénégal. Mais ilfaudra battre le Jaraaf, 12 fois vain-queur de cette compétition.

Les deux clubs finalistes desamedi prochain souhaitent vive-ment la présence du chef de l’État,des médias et des supporters pourla promotion du football sénéga-lais au niveau de la diaspora, desannonceurs et de la jeunesse.

FAMORY BATHILY (STAGIAIRE)

ADAMA COLY

C’est rare pour ne pas être souligné,la Tanière n'a pas connu de chan-gement entre deux matches. En

vue du match face à l'Ouganda, le sélec-tionneur du Sénégal a fait confiance auxmêmes Lions qui ont été tenus en échec (1-1) par le Zambie, en amical, le 14 août der-nier à Paris. ''C'est le même groupe qui m'adonné satisfaction. Le match (contre laZambie) a répondu à mes attentes, sur leplan de la préparation et sur la projection'',

a soutenu Alain Giresse lors d'une confé-rence de presse tenue hier au siège de laFédération sénégalaise de football (FSF).

''Il faut que l'ossature arrive à se déterminer''Le patron de la Tanière a-t-il enfin trouvé

l'ossature de son équipe ? ''Il faut que l'os-sature arrive à se déterminer. Quand onarrive à avoir des cadres, environ 8 joueurs,on parlera d'équipe et non de groupe.Même si l'équipe arrive à dégager sonnoyau, la possibilité d'entrer dans le groupe

existe'', a déclaré l'ancien entraîneur duGabon et du Mali. Ce match du 7 septem-bre à Marrakech (Maroc), comptant pourla 6e et dernière journée des éliminatoiresde Coupe du monde 2014, va donc des-siner davantage les contours de l'équipeque Alain Giresse veut mettre en place.Ainsi, malgré le retour de CheikhouKouyaté, le sélectionneur ne compte pasdonner un autre rôle au défenseur LamineSané. ''Les postes de l'axe sont très fournis,plus que les côtés. Mais avec LamineSané, on est plus dans cette possibilité dele voir évoluer ailleurs. Il est en train de sefixer. Sauf cas exceptionnel, il sera défen-seur central'', a-t-il tranché. Et pourl'ancien milieu des Bleus, les critères de''complémentarité'' et d'''équilibre'' déter-mineront sa composition d'équipe.

Quand Giresse se moque de Demba Diop

Gradins délabrés, pelouse en mauvaisétat, éclairage défectueux, le stadeDemba Diop n'honore vraiment pas lefootball sénégalais. Questionné sur les rai-sons qui les ont poussés à fixer l'horaire dumatch contre les ''Cranes'' de l'Ouganda à20 heures GMT, Alain Giresse n'a pashésité à évoqué le cas de cet antremythique de Dakar. ''On joue à 20 heurespour tenir compte de la chaleur. Les auto-rités locales nous ont dit que c'est mieuxde jouer à cette heure-là, les conditionsd'éclairage le permettent, ce n'est pascomme à Demba Diop'', a-t-il lâché.

''Le dossier Mbaye Niangavance bien''Le cas du joueur de l'AC Milan continue

de planer sur la sélection. Hier, l'ex-milieude terrain de Bordeaux a apporté quelquesprécisions. ''Mbaye Niang, c'est un dossierqui avance bien, je ne suis pas en train de

vous raconter des histoires. Il cherche às'imposer avec son club. Et vous savez qu'ily a une épée de Damoclès qui pèse sur satête avec sa suspension par la Fédérationfrançaise jusqu'au 31 décembre 2013'', adit l'ancien coach du Paris Saint-Germain.''Je suis optimiste pour lui'', a-t-il dit.

LISTES DES LIONSGardiens : Bouna Coundoul, Cheikh

Tidiane Ndiaye, Issa NdoyeDéfenseurs : Issa Cissokho, Lamine

Gassama, Lamine Sané, CheikhouKouyaté, Serigne Modou Kara Mbodji,Papy Djilobodji, Cheikh Mbengue, PapeNdiaye Souaré

Milieux de terrain : Idrissa GanaGuèye, Mohamed Diamé, Salif Sané, Sté-phane Badji, Alfred Ndiaye, Sadio Mané

Attaquants : Moussa Sow, DameNdoye, Mame Biram Diouf, ModouSougou, Ibrahima Baldé, Henri Saivet.

ÉLIMINATOIRES MONDIAL 2014 - SÉNÉGAL / OUGANDA DU 7 SEPTEMBRE 2013

Giresse reprend le même groupe qui a “donné satisfaction”

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numéro 663 • mercredi 28 août 2013

SPORTS CMJN

LOUIS GEORGES DIATTA (STAGIAIRE)

“34ans après, je gardetoujours les mêmesouvenirs''

“Je suis encore nostalgique desfaits (finale Coupe du Sénégal 1979entre le Jaraaf de Dakar et le CasaSport de Ziguinchor). Après tout cetemps, je garde toujours les mêmesouvenirs. Ce jour-là, j'étais dans lestribunes. Je n'ai pu prendre part àcette rencontre à cause d'une bles-sure. C'était une grande affiche où leCasa Sport avait surpris le Jaraaf. Ence moment-là, nous avions une belleéquipe au Jaraaf avec de très grandsjoueurs. Notre équipe avait eu beau-coup d'occasions mais n'avait pas pules concrétiser. Il y avait en facel'équipe du Casa Sport mobilisée,appliquée pour gagner le grandJaraaf. Jaraaf-Casa Sport a toujoursété la meilleure affiche de tout lechampionnat. La finale de ce samedisera la plus populaire, comme tou-jours. Ce sont deux équipes qui ontfait, durant la saison, les matchs lesplus passionnants et quasiment lesplus spectaculaires. C'est desmatches où le public se fait toujoursplaisir. Cette affiche a une telle

ampleur qu'il est interdit de la rater.Ce sont les deux meilleures équipes,du point de vue du jeu, qui vont s'af-fronter. En plus ( il insiste), le CasaSport est une grande équipe. C'estl'équipe la plus constante ces der-nières années.

''Dans les tribunes, je me disaisque je pouvais apporter quelquechose''J'ai vu que le match était ouvert. Le

Jaraaf avait beaucoup d'occasions.Dans les tribunes où j'étais assis, jeme disais que je pouvais apporterquelque chose à mon équipe si j'avaisjoué. J'avais des fourmis dans lesjambes. C'est vrai que, quand on estdehors, on a plus de clairvoyance quecelui qui est sur le terrain. J'aurais pufaire quelque chose comme j'auraispu passer à côté, à l'image de mescoéquipiers. J'ai eu des pincementsau cœur en voyant mon équipe per-dre.

''C'était le match Mody Ba etJules François Bocandé contre'Boy Bandit'' Il y a un fait qui m'a marqué. J'avais

un 'frère', Mody Ba, dit ''ModyChinois''. Avec lui, on était partis àZiguinchor rendre visite à notre ami,(feu) Jules François Bocandé (anciencapitaine des Lions décédé en mai2012) et sa famille. Après, Mody y estresté et a intégré l'équipe du CasaSport. Je me rappelle qu'à 72 heuresdu match, Mody est venu offrir del'huile de palme à ma maman. Et ilm'a dit : hé ! Ne joue pas contre nouscar nous allons gagner. Cette finale,c'était le match Mody Ba et JulesFrançois Bocandé contre ''BoyBandit'' (Amadou Diop).

''C'était impossible de revenir auscore''Le Casa Sport s'était bien préparé

pour ce jour très spécial. Nos adver-saires (Casa Sport) étaient plus motivéset plus engagés à aller vers la victoire.Peut-être que mes coéquipiers les (lesjoueurs du Casa sport) avaient sous esti-més. Quand le Casa Sport avait marquéses deux buts par Bassirou Ndiaye,c'était impossible pour le Jaraaf de reve-nir au score après. C'était cuit en cemoment-là''.

FINALE COUPE DU SÉNÉGAL DE FOOT 2013 - JARAAF / CASA, CE SAMEDI

C'était déjà en 1979 !Ce samedi, les amateurs de foot vont vivre une belle affiche sénégalaise. Un choc, une finale de Coupe du Sénégal qui rappelle certainement celle de 1979 remportée parle Casa Sport aux dépens du Jaraaf de Dakar au stade Demba Diop, grâce à Bassirou Ndiaye (70e et 74e). 34 ans après, EnQuête donne la parole aux témoins ou acteursde chaque camp de cette fête. Aujourd'hui, Amadou Diop ''Boy Bandit'' du Jaraaf qui a regardé ses partenaires du haut des tribunes pour cause de blessure, et DaourGaye du Casa nous font partager leurs souvenirs...

AMADOU DIOP ''BOY BANDIT'', ANCIEN MILIEU OFFENSIF DU JARAAF

“J'ai eu des pince-ments au cœur”

ADAMA COLY

Des tournées en CasamanceJaraaf-Casa de 79 ? Énormément

de choses (il insiste), je pense déjàaux sorties. La semaine de la finale,on a fait un tour en Casamance, onest allés à Niamone, à Bignona. Cequi était magnifique, c’est l’am-biance, on était un groupe solidaire.On formait un bloc, on chahutait ;partout, il y avait les plus jeunes quenous comme Tony Coly, il y avait (feu)Amadou Moustapha Diouf ''Pikine'',Jules (Bocandé), Mody Ba, Bass(Bassirou Ndiaye), (Demba) Ramata(Ndiaye) forcément et puisAbdoulaye Gassama. Donc on cham-brait beaucoup et puis y avait l'en-traîneur Vieux Diatta, qui était lesecond de Bocar Diouf. Une trèsbonne ambiance. Ça a commencé 2ans auparavant. Déjà en 1978, on euun président qui s'appelait MatarGaye, qui était le responsable desservices des mines. Il était venu àZiguinchor et a repris l’équipe enmain. Il a été sollicité par PapeBiram Diakhaté. C'est quelqu’un qui,dix ans auparavant, s'est beaucoupinvesti pour le club. Tout tournaitautour de lui et de Maître AliouneBadara Diallo. Et puis en 1978,quand Matar Gaye est venu àZiguinchor, c'était parti. On seregroupait la nuit, on faisait un foo-ting tôt le matin dans la journée ; leschômeurs, les travailleurs et lesélèves vaquaient à leurs occupa-tions ; et puis le soir, on se retrouvaitau stade de Néma, archi-plein tousles jours.

''Compliqué'' nous donnait du 'tulukuno''À, l'époque, je sortais de l’armée,

j’en avais vraiment marre, je suisparti volontairement. J’ai faitquelques piges à l’ASFA(Association sportive des forcesarmées) et puis je suis parti. C'étaittrès bien, on a joué un an pratique-ment sans défaite au stade deNéma. Ce qui a poussé le doyen(feu) Balabasse Diallo (ancien jour-naliste à la Rts Ziguinchor) à com-mencer à appeler le stade ''l’enferde Néma''. Voilà, on était vraimentun groupe solidaire, avec une trèsbonne ambiance, donc c'était partide là. C'était l’aboutissement d’untravail de tout un groupe. C'est untravail qui a commencé 4, 5 ans

plutôt avec Ousmane Ndiaye''Compliqué'', (Dem ba) Ramata etGassama qui jouaient avec nosgrands frères, notamment les''Whisky'', les Sadio Valentin, lesVictor Mendy. Et puis eux sontvenus, pas comme des encadreurs,mais ils étaient vraiment l’âme duclub. Nous derrière, on a joué enjuniors et en cadets au Casa. Je merappelle bien une chose. ''Compli -qué'', tous les matins, tous lesdiman ches de match, avait une bou-teille de ''tulukuno'' (liquide produittraditionnellement et dont les vertusthérapeutiques sont très vantées) eton faisait une file. Il nous donnaitune cuillerée de ''tulukuno'' et unecuillerée de Nestlé pour faire passerl’acidité. C'était vraiment unefamille. Quand on finissait lesentraînements, on allait, moi, Bass,Joe Badiane, chez Ousmane Ndiaye''Compliqué'' qui venait de se marier.

''Les échanges de coups de poing''J'avais 20 ans, et ils avaient fait

de moi un joker ; et ce jour-là, j’étaissur le banc. Je suis rentré je ne saisplus à quel moment du match.D'aucuns disent que c'est quand jesuis arrivé que le jeu a changé. Bonça, je préfère laisser à d’ autres ledire. Je fus milieu de terrain, parfois

excentré droit. Mais ce jour-là, jecrois que j’ai joué milieu excentré,je ne me rappelle même plus. Quand on était arrivés, les

joueurs du Jaraaf étaient psycholo-giquement anéantis. Demba Diopétait pratiquement plein le matin.Nos supporters ont veillé là-bas. Etquand on est arrivés, on est allésdirectement s'échauffer dans lecamp du Jaraaf, c'est-à-dire qu'onvoulait se frotter à eux. Donc on afoncé sur eux et ils ont mis unehaie. Ils ont essayé de nous enempêcher et puis il y a eu deux outrois échanges de coups de poingpuis on est retournés. C'était un peucomme le Casa d'aujourd'hui ; ilavait des footballeurs de talent àtoutes les lignes. C'était une victoirede groupe. C'était allé très vite,c'était sur deux ou trois actions queBassirou Ndiaye a mis deux buts.Le Jaraaf était une grande équipemais vieillissante, on était plusjeunes et plus forts. La preuve, on ajoué la finale de l'année suivante.Mais ce qu'il faut retenir, c'est quel'équipe était bien encadrée. Il yavait l'entraîneur Bocar Diouf quiest un homme extraordinaire, MeAlioune Badara Diallo, BassirouCamara et Pape Biram Diakhaté quiont tout donné. Extraordinaire aven-ture !

DAOUR GAYE, ANCIEN MILIEU DU CASA

“Une aventure extraordinaire”