Transfert de la pédiatrie à l'adulte de patients atteints de … · 2017. 1. 28. · Transfert de...

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Transfert de la p´ ediatrie ` a l’adulte de patients atteints de mucoviscidose : le v´ ecu des patients et des ´ equipes au CHU de Nice Marie Giannantonio To cite this version: Marie Giannantonio. Transfert de la p´ ediatrie `a l’adulte de patients atteints de mucoviscidose : le v´ ecu des patients et des ´ equipes au CHU de Nice. M´ edecine humaine et pathologie. 2013. <dumas-00852029> HAL Id: dumas-00852029 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00852029 Submitted on 19 Aug 2013 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destin´ ee au d´ epˆ ot et ` a la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publi´ es ou non, ´ emanant des ´ etablissements d’enseignement et de recherche fran¸cais ou ´ etrangers, des laboratoires publics ou priv´ es.

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  • Transfert de la pédiatrie à l’adulte de patients atteints

    de mucoviscidose : le vécu des patients et des équipes au

    CHU de Nice

    Marie Giannantonio

    To cite this version:

    Marie Giannantonio. Transfert de la pédiatrie à l’adulte de patients atteints de mucoviscidose: le vécu des patients et des équipes au CHU de Nice. Médecine humaine et pathologie. 2013.

    HAL Id: dumas-00852029

    https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00852029

    Submitted on 19 Aug 2013

    HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

    L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

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  • 1

    UNIVERSITE DE NICE SOPHIA-ANTIPOLIS

    FACULTE DE MEDECINE DE NICE

    THESE

    Pour l’obtention du

    DIPLOME d’ETAT de DOCTEUR EN MEDECINE

    Présentée et soutenue publiquement le 18 Juin 2013

    Par

    Marie GIANNANTONIO

    Née le 25 Mai 1984 à Nice (Alpes Maritimes)

    TRANSFERT DE LA PEDIATRIE A L’ADULTE DE

    PATIENTS ATTEINTS DE MUCOVISCIDOSE :

    LE VECU DES PATIENTS ET DES EQUIPES AU CHU DE

    NICE

    MEMBRES DU JURY :

    Président du Jury

    Monsieur le Professeur Marc ALBERTINI

    Directrice de thèse

    Madame le Docteur Michèle BERLIOZ-BAUDOIN

    Assesseurs

    Monsieur le Professeur Patrick BOUTTE

    Madame le Professeur Dominique CRENESSE

  • 2

    UNIVERSITE DE NICE-SOPHIA ANTIPOLIS

    FACULTE DE MEDECINE _________

    Liste des professeurs au 1er mars 2013 à la Faculté de Médecine de Nice

    Doyen M. BAQUÉ Patrick

    Assesseurs M. BOILEAU Pascal

    M. HEBUTERNE Xavier

    M. LEVRAUT Jacques

    Conservateur de la bibliothèque M. SCALABRE Grégory

    Chef des services administratifs Mme HIZEBRY Valérie

    Doyens Honoraires M. AYRAUD Noël

    M. RAMPAL Patrick

    Professeurs Honoraires

    M. BALAS Daniel M. BLAIVE Bruno

    M. BOQUET Patrice

    M. BOURGEON André

    M. BRUNETON Jean-Noël

    Mme BUSSIERE Françoise

    M. CHATEL Marcel

    M. COUSSEMENT Alain

    M. DARCOURT Guy

    M. DELMONT Jean

    M. DEMARD François

    M. DOLISI Claude

    M. FREYCHET Pierre

    M. GILLET Jean-Yves

    M. GRELLIER Patrick

    M. HARTER Michel

    M. INGLESAKIS Jean-André

    M. LALANNE Claude-Michel

    M. LAMBERT Jean-Claude

    M. LAPALUS Philippe

    M. LAZDUNSKI Michel

    M. LEFEBVRE Jean-Claude

    M. LE BAS Pierre

    M. LE FICHOUX Yves

    M. LOUBIERE Robert

    M. MARIANI Roger

    M. MASSEYEFF René

    M. MATTEI Mathieu

    M. MOUIEL Jean

    Mme MYQUEL Martine

    M. OLLIER Amédée

    M. SCHNEIDER Maurice

    M. SERRES Jean-Jacques

    M. TOUBOL Jacques

    M. TRAN Dinh Khiem

    M. ZIEGLER Gérard

    M.C.A. Honoraire Mlle ALLINE Madeleine

    M.C.U. Honoraires M. ARNOLD Jacques

    M. BASTERIS Bernard

    Mlle CHICHMANIAN Rose-Marie

    M. EMILIOZZI Roméo

    M. GASTAUD Marcel

    M. GIRARD-PIPAU Fernand

    Mme MEMRAN Nadine

    M. MENGUAL Raymond

    M. POIREE Jean-Claude

    Mme ROURE Marie-Claire

  • 3

    PROFESSEURS CLASSE EXCEPTIONNELLE

    M. BENCHIMOL Daniel Chirurgie Générale (53.02)

    M. CAMOUS Jean-Pierre Thérapeutique (48.04)

    M. DELLAMONICA Pierre Maladies Infectieuses ; Maladies Tropicales (45.03)

    M. DESNUELLE Claude Biologie Cellulaire (44.03)

    Mme EULLER-ZIEGLER Liana Rhumatologie (50.01)

    M. FENICHEL Patrick Biologie du Développement et de la Reproduction (54.05)

    M. FUZIBET Jean-Gabriel Médecine Interne (53.01)

    M. FRANCO Alain Gériatrie et Biologie du vieillissement (53-01)

    M. GASTAUD Pierre Ophtalmologie (55.02)

    M. GERARD Jean-Pierre Cancérologie ; Radiothérapie (47.02)

    M. GILSON Éric Biologie Cellulaire (44.03)

    M. GRIMAUD Dominique Anesthésiologie et Réanimation Chirurgicale (48.01)

    M. HEBUTERNE Xavier Nutrition (44.04)

    M. HOFMAN Paul Anatomie et Cytologie Pathologiques (42.03)

    M. LACOUR Jean-Philippe Dermato-Vénéréologie (50.03)

    Mme LEBRETON Elisabeth Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique (50.04)

    M. ORTONNE Jean-Paul Dermato-Vénéréologie (50.03)

    M. PRINGUEY Dominique Psychiatrie d'Adultes (49.03)

    M. SANTINI Joseph O.R.L. (55.01)

    M. THYSS Antoine Cancérologie ; Radiothérapie (47.02)

    M. VAN OBBERGHEN Emmanuel Biochimie et Biologie Moléculaire (44.01)

    PROFESSEURS PREMIERE CLASSE

    M. AMIEL Jean Urologie (52.04)

    M. BATT Michel Chirurgie Vasculaire (51.04)

    M. BERARD Etienne Pédiatrie (54.01)

    M. BERNARDIN Gilles Réanimation Médicale (48.02)

    M. BOILEAU Pascal Chirurgie Orthopédique et Traumatologique (50.02)

    M. BONGAIN André Gynécologie-Obstétrique (54.03)

    Mme CRENESSE Dominique Physiologie (44.02)

    M. DARCOURT Jacques Biophysique et Médecine Nucléaire (43.01)

    M. DE PERETTI Fernand Anatomie-Chirurgie Orthopédique (42.01)

    M. DRICI Milou-Daniel Pharmacologie Clinique (48.03)

    M. ESNAULT Vincent Néphrologie (52-03)

    M. GIBELIN Pierre Cardiologie (51.02)

    M. GUGENHEIM Jean Chirurgie Digestive (52.02)

    M. HASSEN KHODJA Reda Chirurgie Vasculaire (51.04)

    Mme ICHAI Carole Anesthésiologie et Réanimation Chirurgicale (48.01)

    M. LONJON Michel Neurochirurgie (49.02)

    M. MARQUETTE Charles-Hugo Pneumologie (51.01)

    M. MARTY Pierre Parasitologie et Mycologie (45.02)

    M. MICHIELS Jean-François Anatomie et Cytologie Pathologiques (42.03)

    M. MOUNIER Nicolas Cancérologie ; Radiothérapie (47.02)

    M. MOUROUX Jérôme Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire (51.03)

    M. PADOVANI Bernard Radiologie et Imagerie Médicale (43.02)

    M. PAQUIS Philippe Neurochirurgie (49.02)

  • 4

    Mme PAQUIS Véronique Génétique (47.04)

    M. QUATREHOMME Gérald Médecine Légale et Droit de la Santé (46.03)

    M. RAUCOULES-AIME Marc Anesthésie et Réanimation Chirurgicale (48.01)

    Mme RAYNAUD Dominique Hématologie (47.01)

    M. ROBERT Philippe Psychiatrie d’Adultes (49.03)

    M. ROSENTHAL Eric Médecine Interne (53.01)

    M. SCHNEIDER Stéphane Nutrition (44.04)

    M. TRAN Albert Hépato-Gastroentérologie (52.01)

    PROFESSEURS DEUXIEME CLASSE

    M. ALBERTINI Marc Pédiatrie (54.01)

    Mme ASKENAZY-GITTARD Florence Pédopsychiatrie (49.04)

    M. BAHADORAN Philippe Cytologie et Histologie (42.02)

    M. BAQUE Patrick Anatomie - Chirurgie Générale (42.01)

    Mme BLANC-PEDEUTOUR Florence Cancérologie – Génétique (47.02)

    M. BOUTTE Patrick Pédiatrie (54.01)

    Mlle BREUIL Véronique Rhumatologie (50.01)

    M. CANIVET Bertrand Médecine Interne (53.01)

    M. CARLES Michel Anesthésiologie réanimation (48.01)

    M. CASSUTO Jill-Patrice Hématologie et Transfusion (47.01)

    M. CASTILLO Laurent O.R.L. (55.01)

    M. CHEVALLIER Patrick Radiologie et Imagerie Médicale (43.02)

    M. DUMONTIER Christian Chirurgie Plastique (50.04)

    M. FERRARI Emile Cardiologie (51.02)

    M. FERRERO Jean-Marc Cancérologie ; Radiothérapie (47.02)

    M. FOURNIER Jean-Paul Thérapeutique (48-04)

    M. FREDENRICH Alexandre Endocrinologie, Diabète et Maladies métaboliques (54.04)

    Mlle GIORDANENGO Valérie Bactériologie-Virologie (45.01)

    M. GUERIN Olivier Gériatrie (48.04)

    M. HANNOUN-LEVI Jean-Michel Cancérologie ; Radiothérapie (47.02)

    M. JOURDAN Jacques Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire (51.03)

    M. LEVRAUT Jacques Anesthésiologie et Réanimation Chirurgicale (48.01)

    M. PASSERON Thierry Dermato-Vénéréologie (50-03)

    M. PRADIER Christian Epidémiologie, Economie de la Santé et Prévention (46.01)

    M. ROGER Pierre-Marie Maladies Infectieuses ; Maladies Tropicales (45.03)

    M. ROHRLICH Pierre Pédiatrie (54.01)

    M. RUIMY Raymond Bactériologie – virologie (45.01)

    M. SADOUL Jean-Louis Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques (54.04)

    M. STACCINI Pascal Biostatistiques et Informatique Médicale (46.04)

    M. THOMAS Pierre Neurologie (49.01)

    M. TROJANI Christophe Chirurgie Orthopédique et Traumatologique (50.02)

    M. VENISSAC Nicolas Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire (51.03)

    PROFESSEUR DES UNIVERSITES

    M. SAUTRON Jean-Baptiste Médecine Générale

  • 5

    MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS

    Mme ALUNNI-PERRET Véronique Médecine Légale et Droit de la Santé (46.03)

    M. BENIZRI Emmanuel Chirurgie Générale (53.02)

    M. BENOLIEL José Biophysique et Médecine Nucléaire (43.01)

    Mme BERNARD-POMIER Ghislaine Immunologie (47.03)

    M. BREAUD Jean Chirurgie Infantile (54-02)

    Mme BUREL-VANDENBOS Fanny Anatomie et Cytologie pathologiques (42.03)

    M. DELOTTE Jérôme Gynécologie-Obstétrique (54.03)

    M. DOGLIO Alain Bactériologie-Virologie (45.01)

    Mme DONZEAU Michèle Biologie du Développement et de la Reproduction (54.05)

    M. FOSSE Thierry Bactériologie-Virologie-Hygiène (45.01)

    M. FRANKEN Philippe Biophysique et Médecine Nucléaire (43.01)

    M. GARRAFFO Rodolphe Pharmacologie Fondamentale (48.03)

    M. GIUDICELLI Jean Biochimie et Biologie Moléculaire (44.01)

    Mme HINAULLT Charlotte Biochimie et Biologie Moléculaire ( 44.01)

    Mlle LANDRAUD Luce Bactériologie–Virologie (45.01)

    Mme LEGROS Laurence Hématologie et Transfusion (47.01)

    M. MAGNE Jacques Biophysique et Médecine Nucléaire (43.01)

    Mme MAGNIE Marie-Noëlle Physiologie (44.02)

    Mme MUSSO-LASSALLE Sandra Anatomie et Cytologie pathologiques (42.03)

    M. NAÏMI Mourad Biochimie et Biologie moléculaire (44.01)

    M. PHILIP Patrick Cytologie et Histologie (42.02)

    Mme POMARES Christelle Parasitologie et Mycologie (45.02)

    Mlle PULCINI Céline Maladies Infectieuses ; Maladies Tropicales (45.03)

    M. ROUX Christian Rhumatologie (50.01)

    M. TESTA Jean Epidémiologie-Economie de la Santé et Prévention (46.01)

    M. TOULON Pierre Hématologie et Transfusion (47.01)

    PROFESSEURS ASSOCIES

    M. DIOMANDE Mohenou Isidore Anatomie et Cytologie Pathologiques M. HOFLIGER Philippe Médecine Générale

    Mme POURRAT Isabelle Médecine Générale

    Mme. KLEEFIELD Sharon Médecine Légale

    MAITRES DE CONFERENCES ASSOCIES

    M. GARDON Gilles Médecine Générale

    M. PAPA Michel Médecine Générale

    PROFESSEURS CONVENTIONNES DE L’UNIVERSITE

    M. BERTRAND François Médecine Interne

    M. BROCKER Patrice Médecine Interne Option Gériatrie

    M. CHEVALLIER Daniel Urologie

    Mme FOURNIER-MEHOUAS Manuella Médecine Physique et Réadaptation

    M. MAGNE Jacques Biophysique

    M. QUARANTA Jean-François Santé Publique

  • 6

    REMERCIEMENTS

  • 7

    A mon jury de thèse :

    A Monsieur le Professeur Albertini,

    Je vous remercie de me faire l’honneur de présider le jury de cette thèse et pour tout

    l’enseignement que vous m’avez apporté tout au long de mon internat, ainsi que pour l’intérêt

    pour la pneumologie pédiatrique que vous avez fait naitre en moi.

    Soyez assuré de mon profond respect et de ma reconnaissance.

    A Monsieur le Professeur Boutté,

    Je vous remercie de l’honneur que vous me faites d’avoir accepté de faire partie du jury de

    cette thèse. Merci de m’avoir permis de réaliser le cursus de mon choix et de m’avoir fait

    bénéficier de votre enseignement. Merci de votre disponibilité auprès des internes.

    Soyez assuré de mon profond respect et de ma reconnaissance.

    A Madame le Professeur Crenesse,

    Je vous remercie de m’avoir fait l’honneur de participer à mon jury. Merci de l’enseignement

    que vous m’avez apporté. Je vous remercie de la confiance que vous m’accordez pour la suite

    de notre collaboration. Soyez assuré de mon plus profond respect et de ma reconnaissance.

    A Madame le Docteur Michèle Berlioz,

    Je te remercie de m’avoir fait l’honneur et le plaisir de m’aider et juger ce travail, sur ce sujet

    qui me tient à cœur. Je te remercie de m’avoir soutenu dans les différents travaux que nous

    avons menés ensemble. J’ai pris un grand plaisir à être ton interne. Reçois le témoignage de

    ma gratitude.

  • 8

    A ma famille :

    A mes parents, pour leur amour et leur soutien indéfectible tout au long de ces années. Pour

    avoir fait la personne que je suis maintenant, pour votre présence dans les bons comme dans

    les mauvais moments, je vous remercie de tout mon cœur. Vous avez toujours cru en moi et

    cela me touche énormément.

    A mes petits frères, la prunelle de mes yeux, merci pour votre amour et votre insouciance.

    Merci François pour ton soutien, je sais qu’avec mes sauts d’humeur je ne suis pas facile à

    vivre tous les jours, tu as toujours été là pour moi, je te remercie du plus profond de mon

    cœur.

    A ma mamie qui a toujours cru en moi et qui m’a toujours apporté son soutien. A mon papi

    tu es toujours près de moi…la fierté dans tes yeux a été ma force. Nonno e Nonna, grazie per

    il vostro amore, siete sempre nel mio cuore.

    Au reste de ma famille, ma marraine, mes tantes, oncles, cousins, cousines, petits cousins et

    petites cousines de France et d’Italie, à mes beaux-parents, je vous remercie.

    A mes amis :

    A Sophie, ma meilleure amie, merci pour tout, merci de m’avoir soutenue et aidé dans ma vie

    professionnelle comme dans ma vie privée, merci pour ton amitié.

    A Marie-Laure, Ariane et Emilie, merci pour votre amitié, votre confiance et votre soutien à

    chaque instant depuis le début de mon internat.

    A mes amis de longue date, Rémi, Babou, Guilhem, Vaness, Emilie Bob, Arnaud, Thibault,

    Magali…Merci de faire partie de ma vie.

    A mes amis Marseillais, Maxence, Chloé et les autres, nous avons grandi ensemble dans la

    faculté de médecine de Marseille, puis chacun a suivi un parcours différent, vous êtes dans

    mon cœur.

    A Anton, l’amour de sa tata, et Gabin, des petits hommes formidables.

  • 9

    A mes collègues :

    A mes co-internes, les Marine, Tessa, Fabien (Allez mon ronchonchon un petit verre ?),

    Ducasse (merci pour ce que tu m’as appris et pour les parties de rigolades), Alice, Charles,

    Mae, Florence, Steph, Sandrine, Olivier, Alex… et tous les jeunes internes (vous êtes l’avenir

    de la pédiatrie). Un merci spécial pour Joy, pour ta gentillesse et ton investissement pour tes

    co-internes, profite de ta vie canadienne encore quelques mois.

    Aux chefs :

    Anne-Laure merci pour ces 6 mois à Fréjus, tu m’as donné le goût de la pneumo, merci pour

    ton soutien, ta gentillesse et ton amitié.

    Hervé, Isa, Carole, Antoine…la dream team des urgences, merci pour votre enseignement et

    votre bonne humeur, (Antoine : merci pour les stats et ton travail sur ma thèse).

    Marie et Lisa, merci pour ce stage à l’U1 et votre enseignement.

    Christian, Florence, Steph, Julie, Anne-Marie, Marie-Christine, je vous remercie de tout

    cœur pour ce stage en réa néonat, vous m’avez appris énormément.

    Marilyn, Christine, Marion, Françoise, Anne et Fabrice, merci pour ces 6 mois en

    hémato…moi qui ne voulait pas y aller, j’y ai été agréablement surprise et j’ai énormément

    appris au niveau médical mais aussi au niveau humain.

    Pr Marquette, merci pour votre confiance et de votre enseignement. Soyez assuré de mon

    profond respect et de ma reconnaissance.

    A Sylvie Leroy, je te remercie de ta confiance, de ce que tu m’as appris au niveau

    professionnel et humain. Merci de m’avoir permis de mettre un pied au CRCM adulte, et de

    débuter mon projet de thèse à tes côtés.

    A tous les autres docteurs que j’ai croisés tout au long de mon cursus.

    Aux Autres :

    A tous les patients qui m’ont donné envie de mener ce projet… A Elo, nouveaux

    poumons, nouvelle vie…je te la souhaite merveilleuse !

    Aux autres patients qui m’ont fait grandir en tant qu’interne et m’ont beaucoup appris au

    niveau humain.

  • 10

    ABREVATIONS

    ABPA Aspergillose broncho-pulmonaire allergique

    AFDPHE Association Française pour le Dépistage et la Prévention des Handicaps

    de l'Enfant

    AMP Adénosine monophosphate cyclique

    ARNm Acide ribonucléique messager

    CFTR Cystic fibrosis transmembrane conductance regulator

    CHR Centre hospitalier régional

    CHU Centre hospitalo-universitaire

    CRCM Centres de Ressources et de Compétences de la Mucoviscidose

    ECBC Examen cyto-bactériologique des crachats

    GCS Groupement de coopération sanitaire

    HAS Haute autorité de santé

    IMC Indice de masse corporel

    SOID Syndrome d’obstruction intestinal distal

    TIR Tryspine immuno-réactive

    VEMS Volume expiratoire maximum seconde

  • 11

    TABLE DES MATIERES

    I.INTRODUCTION.......................................................................................................13

    II.GENERALITES........................................................................................................16

    II.1) Qu’est-ce que la mucoviscidose ?.........................................................................17

    II.1.1) Définition............................................................................................................17

    II.1.2) Historique de la découverte de la mucoviscidose...............................................17

    II.1.3) Physiopathologie.................................................................................................19

    II.1.3.1) Le gène et la protéine.....................................................................................19

    II.1.3.2) les mutations..................................................................................................19

    II.2) Présentation clinique et diagnostique..................................................................21

    II.2.1) Présentation clinique...........................................................................................21

    II.2.1.1) Les manifestations respiratoires.....................................................................21

    II.2.1.2) Les manifestations digestives........................................................................23

    II.2.1.2.a) L’atteinte gastro-intestinale

    II.2.1.2.b) L’atteinte pancréatique exocrine

    II.2.1.2.c) L'atteinte hépato-biliaire

    II.2.1.2.d) Complications digestives et nutritionnelles

    II.2.1.3) Les autres manifestations de la maladie........................................................25

    II.2.2) Diagnostic..........................................................................................................26

    II.2.2.1) Dépistage néonatal........................................................................................27

    II.2.2.2) Test de la sueur.............................................................................................28

    II.3) Prise en charge et évolution de la maladie.........................................................30

    II.3.1) Généralités.........................................................................................................30

    II.3.2) Définition et objectif du CRCM........................................................................30

    II.3.3) Définition et objectif du transfert......................................................................33

    II.3.3.1) Définition.....................................................................................................33

    II.3.3.2) Modalité de transfert....................................................................................35

    II.3.3.2.a) Problématique

    II.3.3.2.b) Intérêt de l’étude

    II.3.3.2.c) Description de notre CRCM

  • 12

    III. MATERIELS ET METHODES.........................................................................39

    III.1) Type d’étude.....................................................................................................40

    III.2) Population étudiée............................................................................................40

    III.2.1) Les patients.....................................................................................................40

    III.2.2) Les équipes.....................................................................................................40

    III.3) Recueil des données..........................................................................................41

    III.3.1) Les patients.....................................................................................................41

    III.3.1.1) Description des patients.............................................................................41

    III.3.1.2) Les questionnaires patients........................................................................41

    III.3.2) Les équipes......................................................................................................42

    III.3.2.1) Descriptions des équipes............................................................................42

    III.3.2.2) Les questionnaires équipes.........................................................................43

    III.4) Analyses statistiques.........................................................................................44

    IV. RESULTATS........................................................................................................45

    IV.1) Démographie......................................................................................................46

    IV.2) Résultats des questionnaires.............................................................................47

    IV.2.1) Les motifs de transfert....................................................................................47

    IV.2.2) Modalités du transfert.....................................................................................49

    IV.2.3) Vécu du transfert............................................................................................50

    IV.2.4) Les obstacles au transfert...............................................................................52

    V. DISCUSSION.........................................................................................................55

    VI. CONCLUSION.....................................................................................................72

    REFERENCES...........................................................................................................74

    ANNEXES...................................................................................................................78

    RESUME......................................................................................................................102

    SERMENT D’HIPPOCRATE...................................................................................103

  • 13

    INTRODUCTION

  • 14

    I) INTRODUCTION

    La Mucoviscidose est la plus fréquente des maladies génétiques graves. Elle concerne, en

    France, 1 naissance sur 2500, et 5792 patients en 2010. Elle a été diagnostiquée chez 181

    patients en 2010 (âgés de 0 à 69 ans) (1).

    Le pronostic de cette maladie s’est nettement amélioré durant les dernières décennies grâce au

    perfectionnement de la prise en charge, par un diagnostic plus précoce par le dépistage

    néonatal, et par les progrès de la thérapeutique, la mise en application de protocoles de soins

    et par la prise en charge pluridisciplinaire par les Centres de Ressources et de Compétences de

    la Mucoviscidose (CRCM).

    Actuellement, près de 50 % des patients atteints ont plus de 18 ans (1).

    Il n’est pas souhaitable de poursuivre le suivi des patients adultes au sein des centres de soins

    pédiatriques. En effet, les problématiques spécifiques de l’âge adulte ne peuvent être abordées

    de façon adéquate dans les services spécialisés de l’enfant et de l’adolescent, les structures

    hospitalières pédiatriques ne sont plus adaptées et le patient devenu jeune adulte aspire à son

    autonomisation (2).

    Les adultes atteints de mucoviscidose, comme pour toute autre pathologie chronique débutant

    dans l’enfance, ont besoin de soins adaptés à leur âge.

    La mucoviscidose, autrefois une maladie relevant quasi-exclusivement du pédiatre, intéresse

    de nos jours aussi le médecin d’adulte.

    Aujourd’hui, le transfert des patients vers les services de soins adultes au moment de

    l’adolescence est la règle, mais peu de programmes de transition clairs ont été établis (3).

    Ce transfert peut être source d’angoisse pour les patients mais aussi les équipes pédiatriques et

    adultes, et certains obstacles peuvent entraver le bon déroulement de ce transfert.

  • 15

    Les objectifs de cette étude sont :

    - Evaluer le vécu des patients atteints de mucoviscidose concernant leur transfert de la

    pédiatrie à l’adulte.

    - Evaluer le vécu des équipes pédiatriques et adultes concernant le transfert de ces patients.

    - Définir les facteurs de risques et obstacles du transfert pour les patients.

    - Définir différentes approches afin que ce transfert se déroule au mieux pour chaque patient.

  • 16

    GENERALITES

  • 17

    II) GENERALITES

    II.1) Qu’est-ce que la mucoviscidose ?

    II.1.1) Définition

    La mucoviscidose (ou fibrose kystique du pancréas) est la plus fréquente des maladies

    génétiques potentiellement graves dès l’âge pédiatrique, dans la population blanche.

    C’est une maladie héréditaire, évolutive, à transmission autosomique récessive : seuls les

    sujets ayant hérité de deux mutations (l’une provenant du père, l’autre de la mère) sont

    atteints. Les malades sont homozygotes ou hétérozygotes composites.

    Les mutations du gène CFTR (Cystic Fibrosis Transmembrane Conductance Regulator) sont

    responsables de cette maladie. Ce gène est situé sur le bras long du chromosome 7 (7q31) et

    code pour la protéine CFTR, une protéine intervenant dans la régulation du transport des ions

    chlorures au niveau de la membrane cellulaire. Plus de 1 600 mutations ont été identifiées à ce

    jour, la plus fréquente (rencontrée chez près de 80 % des malades) est la mutation F508del

    (nouvelle nomenclature : c.1521-1523 delCTT (4)).

    II.1.2) Historique de la découverte de la mucoviscidose

    La première description médicale remonte à 1595. Pieter Paw, professeur d’anatomie et de

    botanique à Leiden, décrit, via l’autopsie d’une patiente chétive de 11 ans supposée

    ensorcelée, des lésions pancréatiques rencontrées dans la mucoviscidose. Le pancréas était

    élargi, dur et blanc. « de sorte qu’on aurait pu croire, au toucher, qu’il s’agissait d’un squirre

    (cancer) ».

    En 1606, Alonzo y de Los Ruyzes de Fonteca, médecin espagnol, décrit un patient atteint de

    mucoviscidose et rapporte l’anomalie de transport ionique transépithéliale, ayant pour

    conséquence la production d’une sueur anormalement salée

  • 18

    « Malheur à l’enfant qui laisse un goût salé lorsqu’on l’embrasse sur le front, on lui a jeté un

    sort et il en mourra bientôt » (5).

    Jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle, la maladie est considérée comme une maladie

    gastroentérologique, due à une fibrose kystique du pancréas. En 1938, elle est distinguée de la

    maladie coeliaque (6).

    Le terme de mucoviscidosis, créé à partir des termes « mucus » et « visqueux », fut utilisé

    pour la première fois en 1943 par le docteur Sydney Farber, médecin-chef au Children's

    Hospital de Boston, afin de corriger la dénomination centrée sur le pancréas (5).

    Une découverte importante en 1948, par P. A. Di Sant’Agnese, un jeune pédiatre new-

    yorkais, montre que la composition électrolytique de la sueur sécrétée en réponse à un

    stimulus thermique est anormale chez les patients atteints de fibrose kystique du pancréas, en

    effet, la concentration en chlore et sodium est beaucoup plus élevée (7).

    Cette observation est un tournant majeur dans la connaissance de la maladie. Elle va permettre

    de mettre au point un test diagnostique sensible, spécifique et réalisable en routine : le test de

    la sueur.

    En effet en 1959, le test de la sueur par iontophorèse à la pilocarpine est décrit par Gibson et

    Cooke (8). Le test de la sueur devint et reste jusqu'à ce jour le test le plus fiable pour établir le

    diagnostic, en dehors de l'analyse génétique qui ne fut disponible que bien plus tard.

    En 1989, le gène de la mucoviscidose est mis en évidence par l’équipe de Riordan et

    Rommens, comme codant pour un canal chlorure contrôlé par l’AMP cyclique (9). La

    découverte de l'anomalie génétique permit par la suite d'ajouter le génotypage au protocole

    diagnostique, et d'envisager la thérapie génique.

    http://kasumiremix.appspot.com/fr.wikipedia.org/wiki/Mucushttp://kasumiremix.appspot.com/fr.wikipedia.org/wiki/1943http://kasumiremix.appspot.com/fr.wikipedia.org/wiki/Bostonhttp://kasumiremix.appspot.com/fr.wikipedia.org/wiki/Mucoviscidose#G.C3.A9notypagehttp://kasumiremix.appspot.com/fr.wikipedia.org/wiki/Mucoviscidose#Th.C3.A9rapie_g.C3.A9nique

  • 19

    II.1.3) Physiopathologie

    II.1.3.1) Le gène et la protéine

    La mucoviscidose est une épithéliopathie. Elle est due à l’absence, ou au fonctionnement

    défectueux d’une protéine située à la membrane apicale des épithélia, la protéine CFTR, qui

    est un polypeptide monobrin glycosylé de 1480 acides aminés. Elle appartient à la famille des

    ABC transporters et se localise au niveau des membranes cytoplasmiques du pôle apical des

    cellules épithéliales de nombreux organes (poumon, pancréas, canaux hépatiques,

    épididyme…) (10).Canal chlorure contrôlé par l’AMP cyclique, cette protéine joue un rôle

    majeur dans l’équilibre hydro-électrolytique et rhéologique des sécrétions exocrines, elle est

    la principale voie de sécrétion du chlorure. Son absence, ou sa dysfonction, est associée à une

    déshydratation des sécrétions muqueuses dans différents organes, dont le poumon, l’intestin et

    le pancréas, une inflammation excessive et une colonisation bactérienne chronique

    (particulièrement par Pseudomonas aeruginosa) des sécrétions bronchiques. Au niveau

    cellulaire, de multiples autres anomalies sont observées telles qu’un défaut d’exocytose et

    d’endocytose, une production excessive de cytokines et de prostaglandines, une anomalie du

    métabolisme mitochondrial, de la peroxydation des lipides, un défaut du routage des protéines

    lié à un défaut du cytosquelette (10).

    II.1.3.2) Les mutations

    Plus de 1600 mutations sont identifiées. La mutation la plus fréquemment retrouvée est la

    F508del qui est la délétion de 3 nucléotides codant phénylalanine en position 508. Elle

    représente près de 80% des allèles mutés en France (1). Ces mutations peuvent être classées

    sur la base du mécanisme par lequel elles sont responsables de la maladie (10) (Cf Image 1) :

  • 20

    - Classe I : Absence de synthèse de la protéine (exemple : mutation G542X (soit

    c.1624G>T))

    - Classe II : Défaut de maturation de la protéine et dégradation prématurée (exemple :

    mutation ΔF508 (soit c1521-1523delCTT))

    - Classe III : Défaut de régulation du canal chlore (exemple : mutation G551D (soit

    c.1652G>A))

    - Classe IV : Défaut de conductance des chlores au niveau du canal (exemple : mutation

    R117H (soit c.350G>A))

    - Classe V : Altération de la synthèse des ARNm normaux (exemple : mutation 3489+10kb

    C>T (soit c.3717+10kbC>T))

    - Classe VI : Altération de la stabilité de la protéine mature à la membrane (exemple :

    mutation 4326delTC)

    Image 1 : Classe de mutation du CFTR

    Ces progrès majeurs dans la compréhension de la maladie ont permis de mieux appréhender

    les cibles thérapeutiques (11).

  • 21

    II.2) Présentation clinique et diagnostique

    II.2.1) Présentation clinique

    II.2.1.1) Les manifestations respiratoires

    Le dysfonctionnement de la protéine CFTR entraîne, au niveau de l’épithélium bronchique,

    un défaut de sécrétions des ions chlorures et une augmentation de la réabsorption des ions

    sodium responsables d’une déshydratation des sécrétions, provoquant un défaut de la

    clairance mucociliaire responsable d’infections broncho-pulmonaires à répétition (10).

    L’infection entraîne une inflammation importante. Les cycles infection/inflammation vont

    entraîner une destruction progressive de l’épithélium respiratoire donc une diminution de la

    capacité respiratoire (12).

    Classiquement, le poumon est indemne à la naissance mais les manifestations respiratoires

    débutent précocement, dès les premiers trimestres de la vie. Ces signes ne sont pas

    spécifiques, la toux est sèche, quinteuse, voire coqueluchoïde, particulière par son caractère

    diurne et nocturne , rebelle, insomniante lors des poussées évolutives. La bronchorrhée,

    contemporaine de l’installation de la toux, est parfois d’emblée suppurée ; c’est un élément

    primordial de surveillance, l’intensité augmente avec le temps associant parfois des

    hémoptysies. Les signes auscultatoires sont variables, une diminution du murmure vésiculaire

    traduit la composante emphysémateuse précoce et constante, les râles sous-crépitants localisés

    ou diffus lors des exacerbations sont dus à l’hypersécrétion au niveau des petites bronches.

    Les poussées infectieuses sont marquées par une exacerbation des signes respiratoires avec

    une augmentation de la toux, des expectorations et de leurs purulences. La fièvre n’est pas au

    premier plan du tableau clinique mais les patients présentent très souvent une asthénie

    associée à un amaigrissement. Les trois germes les plus souvent retrouvés sont :

    Staphylococcus Aureus, Pseudomonas aeruginosa, Haemophilus Influenzae (13).

    http://fr.clickintext.net/c/?t=cit&k=%3D%3DwbbtmWttAdS10Bk9AMQhBAzA1UMAkUsRAaTRmAoFVHCQmC%2B4wYRdmApNFOE8zV3QVMAYjCN9VQCY2BXQ1YEkTU5s1aapzC0IlSHozD2AFZAEGUzwwNSVDBpM1ZCUWU8IAEKkjDmFlZCw2UARwNXVDV2AgNK00X4IQaHcBVvRAORFzWjp1PLIjU4cgMPgDU&ck=fr/ann/aff/261875__&r=648b40a650179a495f39d35d6965620c&go=http%3A%2F%2Fad.zanox.com%2Fppc%2F%3F14106127C445288338%26ULP%3D%5B%5B149-4928-324231546%2F%5D%5D&da=http://fr.clickintext.net/c/?t=cit&k=itwZCkWB0JAGPgWUzEgSJw2XGcVSe1WB6QAbW1GXao1MAADVrNFMFkmDpdQbXFWWhBgYQJUVCFgNU5GAE5lbYVzCkJAPF8jAn9gNRNUAykQNfN2Vk4lcF8DBqZlRc1mW3AAMUx2UBVgbOY2BhdVZZJBA1AFZVJUA%2FQVaAQjXhh1PLImA6UwPCc2D&ck=fr/ann/cit/1894296__30&r=648b40a650179a495f39d35d6965620c&go=http%3A%2F%2Fwww.arreter-tabac-hypnose.fr&da=

  • 22

    La succession de ces épisodes va entraîner une augmentation du volume des cellules

    glandulaires et sécrétrices au niveau de l’épithélium respiratoire responsable de la formation

    de bronchectasies (6).

    Au niveau fonctionnel, les signes d’obstruction périphérique apparaissent bien avant la

    dégradation du VEMS (Volume expiratoire minimal par seconde). La chute annuelle

    moyenne du VEMS se situe aux alentours de 2% chez les enfants et les adolescents,

    révélatrice de l’insuffisance respiratoire progressive.

    A terme, la toux et l’expectoration bronchique persistent entre les exacerbations.

    Les complications pulmonaires

    Hémoptysies

    Les bronchectasies, l’existence de collatérales aorto-bronchiques et l’hypertrophie des artères

    bronchiques, en raison de l’inflammation, peuvent entraîner des épisodes d’hémoptysies (12).

    Les hémoptysies de faible abondance sont habituelles, mais en fonction des récidives et

    parfois de leur sévérité, elles posent de réelles difficultés thérapeutiques. Cette complication a

    touché environ 5% des patients en 2010 (1).

    Pneumothorax

    Des kystes bronchiques peuvent se développer et rejoindre la périphérie du poumon et

    prédisposer au pneumothorax, qui est une manifestation fréquente de l’évolution de la

    maladie. Il a touché 1,5 % des patients en 2010 (1).

    Aspergillose BronchoPulmonaire Allergique (ABPA)

    La colonisation par Aspergillus fumigatus concerne plus de la moitié des patients atteints de

    mucoviscidose, seuls 2 à 16% vont développer une ABPA, qui se manifeste par une

    détérioration de la fonction respiratoire et l’apparition de sibilants auscultatoires (12).

  • 23

    Cœur pulmonaire

    L’hypertension artérielle pulmonaire et le cœur pulmonaire peuvent compliquer l’insuffisance

    respiratoire évoluée par hypoxie chronique.

    Chaque épisode respiratoire contribue à la dégradation de l’état respiratoire et conditionne le

    pronostic vital et la qualité de la survie.

    II.2.1.2) Les manifestations digestives

    Les manifestations digestives sont de 3 ordres : atteintes gastro-intestinales, atteinte du

    pancréas exocrine et atteinte hépato-biliaire (14).

    II.2.1.2.a) L’atteinte gastro-intestinale

    Elle peut débuter dès la naissance, avec l’iléus méconial qui réalise une occlusion intestinale

    fonctionnelle. Il se traduit par l’absence de l’émission du méconium dans les 48 premières

    heures de vie et peut s’associer à des vomissements bilieux et à un météorisme abdominal.

    L’iléus peut se compliquer de perforation et de péritonite, de volvulus ou d’atrésie du

    grêle(13).

    Le syndrome d’obstruction intestinale distale (SOID), qui peut se développer plus tard, résulte

    de l’accumulation de matières fécales desséchées dans l’iléon terminal et le caecum, favorisée

    par la déshydratation ou l’alitement prolongé. Il peut être complet, et entraîner une occlusion

    du grêle, ou incomplet, et entraîner des douleurs abdominales récidivantes et des épisodes de

    constipations opiniâtres (14).

    Le gène CFTR étant exprimé sur les entérocytes il est très probable que la composition de la

    couche de mucus qui tapisse la bordure en brosse soit altérée, responsable d’une

    malabsorption.

  • 24

    Le reflux gastro-oesophagien est dépendant de la bronchopathie chronique par la sur-

    distension pulmonaire et la toux. Il a des conséquences nutritionnelles et respiratoires. Il était

    traité chez près de 19 % des patients mucoviscidosiques en 2010 (1).

    II.2.1.2.b) L’atteinte pancréatique exocrine

    L’insuffisance pancréatique exocrine (défaut de production/libération des enzymes) est notée

    chez 85% des patients. Elle est la conséquence de l'obstruction des canaux excréteurs, qui

    entraîne une maldigestion lipidoprotidique, provoquant des troubles nutritionnels.

    La séméiologie peut être bruyante, avec diarrhées graisseuses, inconfort ou douleurs

    abdominales, ou n’être que de traduction biologique par mesure du débit fécal des graisses.

    L'état de la fonction pancréatique exocrine permet d'apprécier la gravité du phénotype des

    patients : fonction pancréatique déficiente (pancreatic insufficiency) ou conservée (pancreatic

    sufficiency) (10).

    II.2.1.2.c) L'atteinte hépato-biliaire

    Elle se résume dans 30% des cas à une hépatomégalie et dans 9% des cas à une insuffisance

    hépatique. Cette atteinte est liée à l'obstruction des voies biliaires intra-hépatiques ou extra-

    hépatiques par compression au niveau du pancréas.

    Dans 2 à 5% des cas, ces lésions conduisent à une cirrhose biliaire dans des délais

    variables(13).

    II.2.1.2.d) Complications digestives et nutritionnelles

    Atteinte du pancréas endocrine

    L’évolution de l’atteinte pancréatique par fibrose des îlots de Langherans et infiltration

    graisseuse du pancréas, peut entraîner avec l’âge, l’apparition d’un diabète par

  • 25

    insulinopénie(14). Cette atteinte n’a pas de lien direct avec le génotype CFTR. Le diabète

    était retrouvé chez près de 15% des patients en 2010 (1).

    En parallèle, il existe une diminution de la sensibilité périphérique à l’insuline, en partie liée à

    l’atteinte respiratoire (hypoxie et inflammation).

    Les exacerbations infectieuses, les traitements par corticoïdes par voie générale, et la

    grossesse peuvent être associés à une augmentation des besoins en insuline (13).

    Dénutrition et carences

    L’atteinte digestive et respiratoire va engendrer une perturbation de l’état nutritionnel.

    L’insuffisance pancréatique va entraîner une augmentation des pertes caloriques,

    vitaminiques et minérales, par malabsorption (13).

    L’atteinte respiratoire va entraîner une augmentation des dépenses énergétiques par

    suppuration et accroissement du travail ventilatoire.

    De plus, l’anorexie, causée par les infections, l’inflammation chronique, les douleurs

    abdominales et parfois un état dépressif, va entraîner un défaut d’apport calorique (13).

    La dénutrition résulte donc d’un déséquilibre de la balance énergétique entre les pertes et les

    apports caloriques. Tout cela est aussi responsable d’un déficit en vitamines (vitamines

    liposolubles) et en oligo-éléments (fer, magnésium, zinc, sélénium).

    II.2.1.3) Autres manifestations de la maladie

    - Manifestations uro-génitales

    L’atteinte de la fertilité masculine concerne 98% des patients atteints de mucoviscidose par

    agénésie bilatérale des canaux déférents (14). Elle est parfois la manifestation isolée de la

    maladie.

  • 26

    La fertilité féminine est le plus souvent normale, cependant elle peut être diminuée par

    l’anomalie de la viscosité cervicale (15). De plus, une dénutrition importante peut aussi causer

    des troubles du cycle menstruel (13).

    - Atteinte rhinosinusienne

    Elle concerne essentiellement les patients au cours de la deuxième décennie de la vie. Elle se

    manifeste le plus souvent par une sinusite chronique et parfois par une polypose nasale (14 %

    des patients en 2010 (1).

    - Manifestations ostéo-articulaires (13)

    Elles sont, en général, plus tardives. La principale atteinte est l’ostéoporose due à la

    dénutrition, l’inflammation chronique, le déficit d’apport calorique, le déficit en vitamine D.

    Les autres manifestations concernent surtout les douleurs thoraciques, par dystrophie du

    thorax conséquence de l’atteinte respiratoire, et les arthralgies secondaires aux antibiotiques.

    II.2.2) Diagnostic

    Avant la mise en place du dépistage néonatal systématique, le contexte le plus fréquent du

    diagnostic était le suivant : alerté par des signes d'appel cliniques (diarrhée graisseuse,

    encombrement des bronches, infections récidivantes des voies respiratoires), le médecin

    faisait pratiquer le test de la sueur ; la présence d'un taux élevé d'ions chlorures dans la sueur

    confirmait le diagnostic clinique ; celui-ci était complété par l’analyse moléculaire du gène

    CFTR et la recherche des mutations en cause (1). Aujourd’hui dans 2% des cas, le diagnostic

    se fait par la clinique car il existe encore des faux négatifs au niveau des tests diagnostiques.

  • 27

    II.2.2.1) Dépistage néonatal

    Depuis 2002, la France procède au dépistage néonatal systématique de la mucoviscidose ;

    cette décision a été prise par le ministère de la Santé, qui en a confié la prise en charge à

    l’Association Française pour le Dépistage et la Prévention des Handicaps de l’Enfant

    (AFDPHE). Le dépistage néonatal de la mucoviscidose est aujourd’hui possible en même

    temps que les autres dépistages néonataux déjà réalisés (hypothyroïdie, phénylcétonurie,

    hyperplasie des surrénales et drépanocytose) (16). Il est réalisé au 4ème

    jour de vie (soit J3, J0

    définissant le 1er

    jour de vie), par prélèvement de sang au talon du nouveau-né (Test de

    Guthrie).

    La technique de dépistage fait appel au dosage sanguin de la trypsine immuno-réactive (TIR)

    et complété en cas d’anomalie par la recherche des trente principales mutations. La TIR est

    une protéine dont la présence est plus abondante en cas d’anomalie pancréatique pendant la

    vie foetale et les premiers mois de vie. Son dosage permet de repérer de 95 à 98 % des

    nouveaux-nés atteints de mucoviscidose ; toutefois, la spécificité du dosage de la TIR est

    insuffisante, il sélectionne également des enfants qui ne sont pas, dans les faits, atteints par la

    mucoviscidose. Ce test est un screen, pas un test diagnostique, donc en cas de positivité, qui

    indique une hypertrypsinogénémie, le patient doit être adressé dans un CRCM pour réaliser

    un test direct de confirmation diagnostique (test de la sueur) (16).

    Après recherche des principales mutations CFTR (F508del et une trentaine d’autres), trois cas

    de figure peuvent se présenter (17):

    - Deux mutations sont identifiées. Le nouveau-né et ses parents sont convoqués dans un

    CRCM pour une confirmation du diagnostic par une évaluation clinique et un test de la sueur

    positif, ainsi que pour la mise en place du traitement et du suivi ;

    - Une seule mutation est identifiée (le risque est d’environ 15 % qu’une deuxième mutation ne

    soit pas identifiée).

  • 28

    Le test de la sueur doit être réalisé dans un centre spécialisé. Si le test est positif, l’enfant est

    pris en charge comme ceux du groupe précédent. Si le test se révèle négatif, l’information sur

    l’hétérozygotie du nouveau-né sera donnée aux parents lors d’une consultation de conseil

    génétique ;

    - La TIR est élevée et aucune mutation n’est retrouvée. Le risque que l’enfant soit atteint de la

    mucoviscidose est, en ce cas, inférieur à 1 %. Un contrôle d’un prélèvement sur buvard à 21

    jours de vie est cependant effectué. La persistance d’une TIR élevée à J21 conduira à une

    consultation dans un CRCM pour évaluation complémentaire (test sudoral). Un examen

    clinique doit être réalisé à 2 mois et le test de la sueur doit être répété entre 2 et 6 mois, sans

    mettre l’enfant en contact avec les enfants malades. A 6 mois, un test de la sueur ≥ 60 mmol/L

    confirme le diagnostic de mucoviscidose et un test de la sueur ≤ 39 mmol/L permet de

    l’écarter. En cas de valeur intermédiaire, l’enfant doit être suivi tous les 6 à 12 mois et des

    examens complémentaires doivent être réalisés. En présence d’une mutation et de signes

    cliniques évocateurs, le diagnostic de « maladie associée à la protéine CFTR » peut être fait

    (18).

    II.2.2.2) Test de la sueur

    Le test de la sueur est un pilier dans le diagnostic de la mucoviscidose depuis la

    standardisation de la procédure établie en 1959 par Gibson et Cooke (8).

    Il repose sur le dosage des ions chlorures dans un échantillon de sueur d’au moins 100mg

    recueillie par iontophorèse à la pilocarpine (18): le passage d’un faible courant à travers la

    peau entre deux électrodes permet de faire passer la pilocarpine, molécule possédant des

    propriétés cholinergiques, à travers la peau, stimulant ainsi la sécrétion de sueur par les

    glandes sudoripares.

  • 29

    Un test de la sueur retrouvant une concentration de chlore supérieure à 60 mmol/L est dit

    positif et est en faveur du diagnostic de mucoviscidose, il doit être positif à deux reprises pour

    affirmer le diagnostic. Une concentration inférieure à 30 mmol/L chez le nourrisson de moins

    de 6 mois et à 40 mmol/L chez l’enfant est normale et le risque de mucoviscidose est faible.

    Un test retrouvant une concentration de chlore intermédiaire comprise entre 30 ou 40 mmol/L

    et 60 mmol/L est douteux et suggère le diagnostic sans pour autant le poser avec certitude, des

    examens complémentaires sont nécessaires (recherche de mutation CFTR et contrôle du test

    de la sueur à distance) (17).

    Figure 1 : Arbre décisionnel du dépistage néonatal de la mucoviscidose en France en 2008 (18).

  • 30

    II.3) Prise en charge et évolution de la maladie

    II.3.1) Généralités (19)

    Un patient atteint de mucoviscidose doit être pris en charge par un CRCM. Après une

    évaluation initiale, la prise en charge inclut :

    - Une prise en charge respiratoire qui repose sur : la kinésithérapie respiratoire,

    l’aérosolothérapie, l’antibiothérapie.

    - Une prise en charge nutritionnelle et digestive avec une alimentation quotidienne équilibrée

    et enrichie en calories avec des compléments en sel, vitamines ADEK, oligo-éléments et des

    extraits pancréatiques.

    - Une éducation thérapeutique et des conseils de mode de vie, avec une aide à l’intégration

    scolaire et à l’orientation professionnelle.

    - La prévention par les vaccinations et la remise de la carte « de soins et d’information

    mucoviscidose ».

    Le regroupement des moyens humains et matériels ainsi que l’expérience des professionnels

    par une organisation des soins structurée en réseau avec la participation du patient et de sa

    famille sous la responsabilité d’un CRCM, situé en milieu hospitalier, permet d’obtenir une

    prise en charge optimale des patients (16).

    II.3.2) Définition et objectif du CRCM

    Les CRCM sont 49 centres français institués par la circulaire n°502 du 22 octobre 2001 du

    Ministère de l'Emploi et de la Solidarité (16) :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Francehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Circulairehttp://fr.wikipedia.org/wiki/22_octobrehttp://fr.wikipedia.org/wiki/2001

  • 31

    « Il s’agit d’un regroupement des compétences de nombreux corps professionnels dans les

    différentes disciplines concernées par la mucoviscidose pour soigner au mieux dans la

    continuité et dans la globalité les patients atteints de cette maladie :

    - Pour les enfants dépistés, il s’agit du lieu où le diagnostic est confirmé puis annoncé et

    où le patient sera régulièrement suivi.

    - Pour tous les patients, il s’agit du lieu où les choix thérapeutiques et les décisions

    importantes sont pris et expliqués au patient et à sa famille.

    - Pour tous les intervenants et soignants, quels que soient les lieux de réalisation des soins,

    il s’agit du lieu de coordination des soins ».

    Les CRCM sont identifiés en pédiatriques (19 centres), adultes (12 centres) et mixtes (18

    centres) (1).

    L’organisation des soins, le diagnostic précoce, dans le cadre du dépistage, et le

    perfectionnement des traitements symptomatiques ont permis une amélioration du pronostic

    de la mucoviscidose.

    Des équipes pédiatriques, dont l’expérience est reconnue, doivent parallèlement pouvoir

    accueillir, sans délai, les familles pour lesquelles le diagnostic de mucoviscidose a été posé,

    alors même que l’état clinique de l’enfant est encore satisfaisant, et mettre en place, le plus

    précocement possible, les protocoles de traitement et de suivi nécessaires.

    La diversité des organes concernés implique une approche à la fois globale et multi-

    professionnelle dans des champs de spécialités différentes.

    Comme dans toute pathologie chronique, la participation de la famille et du patient est

    essentielle pour que le traitement lourd et contraignant soit suivi de façon optimale.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Mucoviscidose

  • 32

    La prise en charge du patient peut également nécessiter, à un moment de l’évolution, des soins

    techniques tels qu’une antibiothérapie par voie intraveineuse sur cathéter central, une nutrition

    entérale, une oxygénothérapie qui peuvent le plus souvent se faire à domicile.

    Pour cela, la coordination des soins, de l’hôpital jusqu’au domicile et autour du domicile, est

    un point essentiel de l’organisation générale de la prise en charge afin de contribuer à offrir à

    ces patients le meilleur rapport qualité des soins/qualité de vie (20).

    Des collaborations sont formalisées avec diverses spécialités (ORL, diabétologie, hépato-

    gastro-entérologie, génétique) et le plateau technique permet la réalisation des examens

    indispensables (biologie courante, test de la sueur, explorations fonctionnelles, endoscopies,

    imageries…) (20).

    Le CRCM doit assumer plusieurs fonctions, dans divers domaines (médicaux et

    paramédicaux, sociaux, psychologiques, éducatifs) de la confirmation et l’explication du

    diagnostic à l’accompagnement du patient en fin de vie et de sa famille :

    - La confirmation et l’explication du diagnostic pour les nouveaux dépistés.

    - La définition de la stratégie thérapeutique et d’une partie des soins, en mettant en

    application les recommandations nationales.

    - La coordination des soins avec les différents intervenants sanitaires et sociaux.

    - L’organisation pour les centres pédiatriques, du transfert dans les meilleures

    conditions aux équipes d’adultes

    - L’éducation thérapeutique du patient et de sa famille.

    - La formation pratique des différents intervenants locaux (infirmières libérales,

    kinésithérapeutes…) ainsi que la formation initiale et continue des professionnels de santé

    concernés.

    - Une activité de recherche par l’élaboration ou la participation à des protocoles de

    recherche clinique et en soins infirmiers.

  • 33

    - La mise en place d’une démarche d’évaluation de l’ensemble de l’organisation (16).

    En 2005, un plan « maladies rares » est établi et propose pour chaque maladie rare une filière

    de soin structurée, composée de centres de références nationaux et de centres de compétences

    régionaux. Les centres de références nationaux labélisés en 2006 complèteront la filière de

    prise en charge assurée par les CRCM régionaux (21).

    II.3.3) Définition et objectif du transfert

    II.3.3.1) Définition

    Le Oxford English Dictionnary définit le transfert comme « le passage ou le changement d'un

    lieu ou un état, ou un ensemble de circonstances à un autre ».

    La mucoviscidose a longtemps été une maladie exclusivement pédiatrique, mais l’espérance

    de vie s’est considérablement améliorée au cours des 20 dernières années, la survie ne

    dépassait pas l’âge de 5 ans il y a un demi-siècle, pour atteindre actuellement une médiane de

    survie de plus de 40 ans (22), et ceci grâce au diagnostic précoce, à l’élaboration de

    protocoles thérapeutiques, à la prise en charge multidisciplinaire et la mise en place de centres

    de compétences. En 2010, parmi les 5792 patients recensés, 47% étaient des adultes (âgés de

    18 ans ou plus), alors que ce pourcentage en 2002 était de 37% (1).

  • 34

    Figure 2 : Nombre de patients vus dans l’année et pourcentage d’adultes, évolution depuis

    1992 (1).

    Il est donc important afin de continuer à prodiguer à ces patients des soins adaptés et

    appropriés à leur âge, qu’ils puissent être transférés dans des services d’adultes.

    De plus les médecins adultes ont plus d’expérience pour conseiller les patients sur des

    questions d'adultes, telle que la maturation sociale et émotionnelle, la vie professionnelle,

    apprendre à vivre avec les autres ou avec un partenaire, la maternité... (23).

    Cependant l’anxiété de la part des pédiatres, parents et patients, et les différences de

    philosophie entre les systèmes de santé pédiatriques et ceux d’adulte, signifient que le fait de

    passer dans un service différent doit prendre du temps et doit être plus précisément décrit

    comme une transition (24).

    La notion de transition fait partie de façon normale d’un développement sain et se produit

    durant toute la vie (25). Elle touche l’être humain pendant toute son évolution, que ce soit la

    transition de l’enfance à l’adolescence, ou de l’adolescence à l’âge adulte et touche à la fois le

    corps et l’esprit.

  • 35

    L’adolescence est caractérisée par un développement de l’autonomie, de son identité

    personnelle, d’une maturité sociale et de la sexualité (26).

    La transition des soins de santé pour les jeunes adultes est définie par un processus

    dynamique continu qui vise à répondre à leurs besoins individuels dans le cadre du passage de

    l'enfance à l'âge adulte (27)(25).

    L’enfant et l’adolescent sont des êtres en développement, les besoins de l’organisme et

    psychiques sont différents des adultes.

    Tout cela affecte les décisions de traitements et les relations entre le patient et l’équipe

    médicale.

    Pour le bien-être du patient et de sa famille, le passage doit être réalisé de façon progressive,

    programmée, selon un protocole flexible (28).

    II.3.3.2) Modalité de transfert

    II.3.3.2.a) Problématique

    Le transfert d’un centre pédiatrique à un centre adulte pour ces patients atteints d’une

    pathologie chronique évoluant depuis la petite enfance, peut être vécu comme un

    traumatisme, peut provoquer des angoisses et des inquiétudes chez ce jeune adulte. La notion

    de transfert de CRCM pédiatrique à CRCM adulte est relativement récente, et de nombreuses

    études ont essayé de mettre en place un protocole de transition et de transfert, en se basant sur

    les données disponibles sur ce sujet concernant d’autres pathologies chroniques (29).

    Cependant aucun protocole national ou international de transfert des unités de soins

    pédiatriques aux unités de soins adultes n’a été validé, mais ces études ont tout de même

    permis de donner une ligne de conduite amenant les CRCM à formuler leur propre protocole

    de transfert.

  • 36

    Pour le patient et sa famille, le processus de transition marque le plus souvent la fin d’une

    longue relation de confiance avec l’équipe pédiatrique. Le changement proposé provoque

    généralement la peur de l’inconnu et une certaine appréhension. Pour éviter la perception

    d’abandon, cette transition doit être préparée et coordonnée et survenir quand le patient et sa

    famille se sentent prêts (30).

    Des moyens de faciliter la transition des adolescents atteints de maladies chroniques de la

    pédiatrie à l’adulte font partie de nombreuses études, conférences de consensus et avis

    d’experts (31)(32).

    II.3.3.2.b) Intérêt de l’étude

    Avant l’ouverture du CRCM adulte de Nice, il y a 2 ans, les jeunes adultes atteints de

    mucoviscidose étaient soignés au CRCM pédiatrique de Nice ou transférés dans les CRCM

    adultes ou mixtes d’autres villes, ce qui ne permettait pas forcément une prise en charge

    adéquate du patient. Depuis 10 patients du CRCM pédiatrique de Nice ont été transférés au

    CRCM adulte de Nice et 5 autres patients provenant d’autres CRCM pédiatriques français.

    Un protocole de transfert a été mis en place entre le CRCM pédiatrique et le CRCM adulte de

    Nice comprenant :

    - Une consultation de pédiatrie de « pré-transfert ».

    - Une fiche de résumé clinique du patient.

    - Une fiche de transfert avec renseignements médicaux, sociaux, psychologiques et de

    prise en charge extérieure (annexe 1).

    - Une consultation de transfert avec un membre de l’équipe pédiatrique et le médecin

    d’adulte.

    Nous avons choisi de mettre en place cette étude qualitative afin d’évaluer la qualité de ces

    transferts, le vécu des patients et des équipes, et de mettre en exergue les difficultés qui en ont

  • 37

    découlées, pour adapter notre protocole et améliorer la transition et le transfert des patients au

    centre adulte de Nice.

    II.3.3.2.c) Description de notre CRCM

    Le CRCM de Nice comporte:

    un centre pédiatrique sur le site du GCS-CHU Lenval, labélisé en 2002, et un centre adulte

    dans le service de pneumologie du CHU Pasteur, ouvert en 2010, en attente de labélisation. Il

    existe une séparation géographique de ces 2 CRCM.

    - Le CRCM pédiatrique prend en charge actuellement 48 enfants résidant dans les Alpes-

    Maritimes, le Var et la Corse, et âgés de 3 mois à 18 ans avec un âge moyen de 8,7 ans.

    Le centre pédiatrique est composé :

    - Au niveau médical de 2 médecins pneumologues pédiatres, 2 médecins gastro-

    entérologues pédiatres, 1 médecin bactériologiste, 1 médecin généticien, 1 médecin oto-rhino-

    laryngologiste, 1 diabétologue.

    - Au niveau paramédical de 1 kinésithérapeute, 1 infirmière coordinatrice, 1

    diététicien.

    - Et au niveau psycho-social de 1 psychologue et 1 assistante sociale

    - Le CRCM adulte prend en charge actuellement 45 patients âgés de 17 à 62 ans, avec un âge

    moyen de 29,3 ans, résidant dans les Alpes-Maritimes, le Var, la Corse, les Bouches du

    Rhône.

    Le centre adulte est composé :

    - Au niveau médical de 2 médecins pneumologues, 1 médecin gastro-entérologue

    nutritionniste, un médecin oto-rhino-laryngologiste, 1 médecin bactériologiste, 1 médecin

    diabétologue, 1 médecin généticien, 1 médecin psychiatre.

  • 38

    - Au niveau paramédical de 2 infirmières coordinatrices, 2 kinésithérapeutes, 1

    diététicien, 1 secrétaire.

    - Au niveau psychosocial de 1 psychologue et 1 assistante sociale

    La démographie de nos CRCM montre qu’il y a autant de patients suivis dans le service

    adulte que de patients suivis dans le service pédiatrique, ce qui est comparable aux données

    nationales (1).

  • 39

    MATERIELS

    ET

    METHODES

  • 40

    III) MATERIELS ET METHODES

    III.1) Type d’étude

    Il s’agit d’une étude d’observation, transversale, qualitative, monocentrique, réalisée par

    questionnaires, pendant la période de Septembre 2012 à Mars 2013 au CRCM du CHU de

    Nice et concernant le vécu du transfert de la pédiatrie à l’adulte tant par les patients atteints de

    mucoviscidose eux-mêmes que par les équipes médicales et soignantes pédiatrique et adulte.

    III.2) Population étudiée

    III.2.1) Les patients

    Etaient inclus dans l’étude, les patients vivant atteints de mucoviscidose diagnostiquée dans

    l’enfance. Ils devaient être suivis par le secteur adulte du CRCM du CHU de Nice et avoir été

    transférés d’un CRCM pédiatrique en France ou du secteur pédiatrique du CRCM du CHU de

    Nice ou suivis par un pneumologue pédiatre en France avant le transfert.

    N’étaient pas inclus, les patients provenant de CRCM mixtes, ceux suivis auparavant dans un

    pays étranger ou dont le diagnostic de la mucoviscidose avait été porté à l’âge adulte.

    III.2.2) Les équipes

    Les membres des équipes ayant répondu aux questionnaires étaient :

    - Concernant la pédiatrie : médecin référent et/ou infirmière coordinatrice dans le CRCM

    pédiatrique ayant suivi le patient avant son transfert ou médecins pneumo-pédiatres référents

    du patient avant son transfert dans le système de soin adulte.

  • 41

    - Concernant les adultes : médecin référent et/ou infirmière coordinatrice du CRCM adulte de

    Nice.

    III.3) Recueil des données

    III.3.1) Les patients

    III.3.1.1) Description des patients

    Les données cliniques des patients au moment du transfert vers l’équipe adulte ont été

    répertoriées à partir du dossier médical de chaque patient et comportaient :

    l’âge du patient, l’âge au moment du transfert, l’état nutritionnel (exprimé par l’Indice de

    masse corporelle (IMC)) et respiratoire (évalué par le VEMS), l’atteinte pancréatique

    exocrine et endocrine, le statut social.

    III.3.1.2) Les questionnaires patients

    Nous avons mis en place un premier questionnaire d’évaluation qualitative à destination des

    patients afin de définir quelles avaient été les modalités de leur transfert du service

    pédiatrique au service adulte, leur vécu, leurs craintes (annexe 2). Il leur a été distribué et

    expliqué lors d’une consultation au CRCM adulte entre Septembre 2012 et Novembre 2012.

    Le questionnaire à destination des patients était nominatif et comportait 10 questions. Il

    s’intéressait aux modalités de leur transfert :

    - Âge au moment de la réponse au questionnaire.

    - Âge au moment du transfert.

    - Qui a décidé du transfert : le patient, les parents ou l’équipe soignante.

  • 42

    - Le ou les motifs de son transfert dans un service adulte parmi: âge, maturité, état clinique,

    nécessité d’une greffe, déménagement, grossesse, problématique relationnelle, problématique

    médicale, autres.

    La maturité est définie comme la période de la vie caractérisée par le plein de développement

    physique, intellectuel et affectif.

    - La durée du transfert.

    - Le déroulement du transfert (consultation mixte, consultation au CRCM adulte avec un

    membre de l’équipe pédiatrique, consultation au CRCM pédiatrique puis au CRCM adulte).

    - Le vécu du transfert (une note allant de 0 à 10 sur une échelle graduée).

    - Les explications données par l’équipe pédiatrique avant le transfert (évaluées par une note

    allant de 0 à 10 sur une échelle graduée).

    - L’accueil par le CRCM adulte (évalué par une note allant de 0 à 10 sur une échelle graduée).

    - Les obstacles éventuellement rencontrés lors de la transition, parmi 13 items, le patient

    devait définir si chacun de ces obstacles représentait pour lui: aucun problème, problème

    mineur, problème modéré, problème majeur (3).

    III.3.2) Les équipes

    III.3.2.1) Descriptions des équipes

    Les membres pédiatriques ayant répondu aux questionnaires étaient :

    - Pédiatre pneumologue référent et infirmière coordinatrice au CRCM pédiatrique de Nice.

    - Pédiatre pneumologue référent du CRCM pédiatrique de Marseille.

    - Pédiatre pneumologue référent du CRCM pédiatrique de Versailles.

    - Pédiatre pneumologue en ville à Nice.

    - Pédiatre pneumologue à l’hôpital d’Aix en Provence.

  • 43

    Les membres adultes ayant répondu aux questionnaires étaient :

    - Pneumologue référent et infirmières coordinatrices du CRCM adulte de Nice.

    III.3.2.2) Les questionnaires équipes

    En parallèle, un questionnaire à destination des équipes pédiatriques et adultes (annexe 3) a

    été envoyé par e-mail et les réponses ont été recueillies dans la période allant de Septembre

    2012 à Mars 2013. Il s’intéressait au vécu des équipes soignantes des CRCM, concernant le

    transfert de chacun des patients ainsi que leur propre perception des craintes de chaque patient

    et des obstacles au moment de leur transfert. Chaque questionnaire pouvait être complété par

    le médecin et/ou le(s) infirmière(s) coordinatrice(s) de façon individuelle ou commune.

    Ce questionnaire comportait 7 questions et concernait chacun des patients transférés:

    - Le ou les motifs du transfert de chaque patient parmi ceux proposés dans les questionnaires

    patients.

    - Il a été demandé à chaque équipe quel était pour elle le bon motif pour transférer un patient

    atteint de mucoviscidose dans un service adulte.

    - Si, selon eux, la durée du transfert était adaptée au patient.

    - Le vécu du transfert par le patient (évalué par une note allant de 0 à 10 sur une échelle

    graduée).

    - Le vécu du transfert par l’équipe (évalué par une note allant de 0 à 10 sur une échelle

    graduée).

    - Les explications données par l’équipe pédiatrique avant le transfert (estimées par une note

    sur 10 sur une échelle graduée).

    - Les obstacles possiblement rencontrés lors de la transition, parmi 13 items, les équipes

    devaient définir si chacun de ces obstacles représentait pour le transfert de chaque patient:

    aucun problème, problème mineur, problème modéré, problème majeur (3).

  • 44

    III.4) Analyses statistiques

    a) Analyses descriptives

    Elles sont exprimées par des moyennes avec leurs écart-types, par des valeurs extrêmes et par

    des médianes avec les écarts interquartiles (Q1-Q3)

    b) Analyses comparatives

    - Pour les variables quantitatives :

    Les comparaisons des moyennes (note sur 10) sur un échantillon apparié (notes attribuées par

    le patient, les équipes pédiatriques, l’équipe adulte concernant le vécu du patient, le vécu de

    l’équipe, la qualité des explications, la qualité de l’accueil,) ont été réalisées par un test T

    (après avoir vérifié la normalité des variables à l’aide du test de Shapiro-Wilk).

    - Pour les variables qualitatives :

    Le test exact de Fischer (car les effectifs étaient réduits), nous a permis de comparer des

    variables qualitatives (exprimées en pourcentage), afin de rechercher un lien entre les données

    cliniques des patients et le vécu de leur transfert.

    En particulier le mauvais vécu (estimé par une note ≤ 3/10) a été comparé à plusieurs

    données : le sexe, les complications de la mucoviscidose, le statut socio-professionnel, la

    décision du transfert, la durée de la transition, le déroulement du transfert, les explications

    fournies au patient, les motifs du transfert, les obstacles rencontrés.

  • 45

    RESULTATS

  • 46

    IV) RESULTATS

    IV.1) Démographie

    Quinze patients, sept garçons et huit filles, ont été transférés d’un service pédiatrique au

    secteur adulte du CRCM du CHU de Nice. Les données descriptives au moment du transfert

    sont représentées dans le tableau 1 de l’annexe 4.

    Au moment de la réponse au questionnaire ils étaient âgés en moyenne de 21.4 ans ± 1,84 ans

    avec des extrêmes allant de 19 à 25 ans. Dix patients étaient suivis au CRCM pédiatrique du

    CHU de Nice, deux étaient suivis à l’hôpital Lenval à Nice par un pneumologue pédiatre, un

    au CRCM pédiatrique du CHU Marseille, un au CRCM pédiatrique du CHR de Versailles et

    un dans le service pédiatrique de l’hôpital d’Aix en Provence.

    Au moment du transfert, l’âge des patients mucoviscidosiques était en moyenne de 20,1 ans

    ±2,2 ans, la médiane était à 20 ans (Q1-Q3: 18,5-22), avec des extrêmes allant de 15,5 à 24

    ans. Au moment de leur transfert vers le service adulte, 80% des patients étaient étudiants,

    collégiens ou lycéens, deux patients exerçaient une activité professionnelle et une patiente

    était sans emploi.

    Le statut respiratoire de chaque patient évalué à partir de l’étude fonctionnelle respiratoire et

    l’étude microbiologique des expectorations, retrouvait un VEMS moyen à 57.2% ± 24,7% et

    des colonisations respiratoires majoritairement à Staphylocoque aureus sensible à la

    méticilline (80%) et Pseudomonas aeruginosa (60%), des colonisations multiples étaient

  • 47

    présentes dans 60% des cas. Les autres germes retrouvés étaient : stenotrophomonas

    maltophilia (13,3%), mycobacterium abscessus (6,7%), achromobacter (6,7%).

    Figure 1 : Répartitions des colonisations respiratoires des patients de notre étude

    Le statut nutritionnel retrouvait, au moment du transfert, un IMC moyen à 18,7 kg/m² ± 2,1

    kg/m², une insuffisance pancréatique exocrine chez 86,6% des patients et trois patients

    diabétiques (soit 20%).

    IV.2) Résultats des questionnaires

    IV.2.1) Les motifs de transfert

    a) Pour les patients, le motif principal de leur transfert était l’âge (80%). La maturité (13,3%),

    l’état clinique (13,3%), la nécessité d’une greffe (6,7%), un déménagement (6,7%), les

    problématiques relationnelles et/ou médicales (53,3%) font partie d’autres critères ayant

    motivé leur transfert (tableau 2 annexe 4).

    73,3% des patients ont défini plus d’un motif pour leur transfert.

  • 48

    b) Pour les équipes pédiatriques et l’équipe adulte, l’âge est aussi le motif le plus souvent cité

    (86,7% pour la pédiatrie et l’équipe adulte).

    Figure 2 : Réponses des patients, des équipes pédiatriques et de l’équipe adulte concernant les

    motifs de transfert de nos patients. [ : Significatif dans chacun des 3 groupes]

    c) Nous avons aussi interrogé les patients et les équipes pour savoir quels étaient, selon leur

    opinion, les bons motifs d’un transfert :

    - Pour les 8 patients ayant répondu à cette question, 5 ont répondu « l’âge », 3 lorsqu’ils

    ressentent le « besoin d’être considéré comme un adulte ».

    - Pour les 6 équipes, 3 ont répondu « l’âge », les 3 autres ont répondu « la maturité » et/ou

    « l’autonomisation ».

  • 49

    IV.2.2) Modalités du transfert

    - La décision du transfert a majoritairement été prise par l’équipe médicale dans 66,7% des

    cas mais tous les patients se disaient prêts à être transférés dans un service d’adulte (tableau 4

    annexe 4).

    - La transition a été relativement courte pour la majorité des patients puisqu’elle a duré moins

    de 3 mois pour 60% des patients. Ce délai de transition a été considéré comme adapté de

    façon significative pour les patients (p=0,018) ainsi que pour les équipes

    (p< 0,0001) (Figure 3).

    Figure 3 : Graphique représentant les différents délais entre l’annonce et le moment du

    transfert concernant nos patients.

    - Seuls 2 patients ont bénéficié d’une consultation pré-transfert avec le pneumologue adulte.

    Plus de 50% des patients ont eu une consultation pédiatrique de transfert puis une consultation

    adulte le jour du transfert.

  • 50

    IV.2.3) Vécu du transfert

    - Le vécu du patient a été relativement bon avec une moyenne de 6,57/10 ± 2,5. En revanche,

    le ressenti des équipes concernant le vécu du patient est moins bon avec une note de 4,18/10 ±

    2,23 pour les équipes pédiatriques (différence significative patient/pédiatrie : p=0,012) et de

    3,87/10 ± 1,6 pour l’équipe adulte (différence significative patient/adulte : p=0,043). Il

    n’existe pas de différence significative entre les équipes pédiatriques et l’équipe adulte

    (p=0,25) (Figure 4).

    Figure 4 : Diagramme en boîte représentant le vécu du patient de son transfert selon : 1 (le

    patient), 2 (l’équipe pédiatrique), 3 (l’équipe adulte).

    - Le vécu du transfert par les équipes est proche du mauvais vécu avec une moyenne de 3,8/10

    ± 3,2 pour la pédiatrie et de 3,53/10 ± 1,77 pour les adultes (Figure 5).

  • 51

    Figure 5 : Diagramme en boîte représentant le vécu du transfert par les équipes : 1 (pédiatrie),

    2 (adulte)

    - L’accueil dans le service adulte a été considéré comme très bon par les patients avec une

    moyenne de 8,17/10 ± 1,71.

    - Les explications fournies concernant le transfert ont été notées en moyenne à 5,9/10 ±

    2,71/10 par les patients eux-mêmes, 6,08/10±1,88 par la pédiatrie et 3,67/10±1,67 par les

    adultes (Figure 6). Il existe une différence significative entre la note des patients et des

    adultes (p=0,0059) et entre la note de la pédiatrie et des adultes (p=0,0002).

    - Par le test exact de Fisher, le seul critère pouvant être rattaché de façon significative au

    mauvais vécu du transfert (note ≤ 3/10) par les patients est la qualité des explications qui lui

    sont fournies concernant leur transfert (p=0,03) (tableau 8 de l’annexe 4). Seuls 3 patients ont

    eu un mauvais vécu ce qui limite notre analyse statistique.

  • 52

    Figure 6 : Diagramme en boîte représentant l’appréciation des explications fournies au

    patient concernant son transfert par : 1 (le patient), 2 (l’équipe pédiatrique), 3 (l’équipe

    adulte).

    IV.2.4) Les obstacles au transfert

    Les obstacles ressentis par le patient sont résumés dans le tableau 1. Il n’y a pas d’obstacle

    ressortant significativement comme un problème majeur ressenti par le patient. On note

    qu’environ 40% des patients ressentent une certaine crainte face à l’évolution de leur maladie,

    qu’ils considèrent comme un problème modéré ou majeur.

    Pour plus de 50% des patients, la difficulté des parents, ressentie par les patients, à quitter

    l’équipe pédiatrique et à abandonner le contrôle des soins de leur enfant est considérée

    comme un obstacle au transfert dans le service de pneumologie adulte.

  • 53

    Aucun problème Problème mineur Problème modéré Problème majeur

    Difficulté à quitter l'équipe pédiatrique 10 3 2 0

    Difficulté à s'intégrer à une nouvelle équipe 12 3 0 0

    Difficulté pour vos parents à abandonner le contrôle des soins 7 3 3 1

    Difficulté pour vos parents à quitter l'équipe pédiatrique 8 6 1 0

    Crainte d'être hospitalisé auprès de patients plus âgés 9 6 0 0

    Crainte sur la capacité de l'équipe adulte à percevoir vos besoins

    médicaux et/ou émotionnels 8 5 1 1

    Crainte concernant l'évolution de votre maladie 7 2 4 2

    Difficulté à assumer votre indépendance concernant les soins

    médicaux 9 2 3 1

    Crainte du changement de locaux 10 3 2 0

    Crainte de la différence d'organisation des soins 10 4 1 0

    Crainte de nouvelles procédures de soins 9 5 0 1

    Être trop jeune pour être transféré chez les adultes 13 1 0 0

    Peur de l'inconnu 11 1 2 1

    Tableau 1 : Problèmes rencontrés par les 15 patients mucoviscidosiques lors de leur transfert

    du service de pédiatrie au service de pneumologie adulte.

    Aucun problème Problème mineur Problème modéré Problème majeur

    Difficulté à quitter l'équipe pédiatrique 2 6 3 3

    Difficulté à s'intégrer à une nouvelle équipe 5 5 4 0

    Difficulté pour vos parents à abandonner le contrôle des soins 2 2 5 5

    Difficulté pour vos parents à quitter l'équipe pédiatrique 2 2 6 4

    Crainte d'être hospitalisé auprès de patients plus âgés 8 1 3 1

    Crainte sur la capacité de l'équipe adulte à percevoir vos besoins

    médicaux et/ou émotionnels 2 3 4 4

    Crainte concernant l'évolution de votre maladie 6 2 5 1

    Difficulté à assumer votre indépendance concernant les soins

    médicaux 9 0 5 0

    Crainte du changement de locaux 1 6 3 3

    Crainte de la différence d'organisation des soins 1 7 2 4

    Crainte de nouvelles procédures de soins 3 3 4 3

    Être trop jeune pour être transféré chez les adultes 13 1 0 0

    Peur de l'inconnu 1 7 5 1

    Tableau 2 : Problèmes rencontrés pour chacun des patients lors de leur transfert selon

    l’opinion des équipes pédiatriques.

    Aucun problème Problème mineur Problème modéré Problème majeur

    Difficulté à quitter l'équipe pédiatrique 10 3 2 0

    Difficulté à s'intégrer à une nouvelle équipe 14 0 0 1

    Difficulté pour vos parents à abandonner le contrôle des soins 2 7 4 2

    Difficulté pour vos parents à quitter l'équipe pédiatrique 2 7 4 2

    Crainte d'être hospitalisé auprès de patients plus âgés 7 7 1 0

    Crainte sur la capacité de l'équipe adulte à percevoir vos besoins

    médicaux et/ou émotionnels 6 8 1 0

    Crainte concernant l'évolution de votre maladie 1 5 7 2

    Difficulté à assumer votre indépendance concernant les soins

    médicaux 5 2 4 4

    Crainte du changement de locaux 11 4 0 0

    Crainte de la différence d'organisation des soins 8 7 0 0

    Crainte de nouvelles procédures de soins 8 5 2 0

    Être trop jeune pour être transféré chez les adultes 13 2 0 0

    Peur de l'inconnu 2 11 2 0

    Tableau 3 : Problèmes rencontrés pour chacun des patients lors de leur transfert selon

    l’opinion de l’équipe adulte.

  • 54

    En comparant les réponses données par les patients et celles données par les équipes (pédiatrie

    et adulte) concernant les obstacles au transfert de chacun des patients, on note une différence

    significative pour certains points (tableau 7 annexe 4) :

    La difficulté à quitter l’équipe pédiatrique a été perçue, par la pédiatrie, comme un obstacle

    plus important que ce que le patient a ressenti (p=0,02).

    La crainte du patient vis-à-vis de la capacité de l'équipe adulte à percevoir leur besoins

    médicaux et/ou émotionnels, ainsi que la peur de l’inconnu ont été jugés comme des

    problèmes plus importants lors du transfert des patients par les équipes pédiatriques et adulte.

  • 55

    DISCUSSION

  • 56

    V) DISCUSSION

    De nos jours, en règle générale, la prise en charge des adultes atteints de mucoviscidose ne se

    fait plus en pédiatrie. Comme dans d’autres pathologies chroniques, le passage des jeunes

    malades, vers l’âge de 18 ans, d’un centre spécialisé pédiatrique à un centre spécialisé adulte

    fait partie intégrante du parcours de soins. Il doit être préparé entre le patient, sa famille et les

    soignants pédiatrique et d’adulte (28).

    La période du transfert, située à la fin de l’adolescence, coïncide avec une période

    d’instabilité psychologique (33).

    Au cours de l’adolescence, les principales tâches du développement incluent l’installation de

    l’indépendance au niveau relationnel, de l’emploi, de l’autonomisation face à sa santé, et tout

    cela peut être perturbé dans le cadre d’une maladie chronique telle que la mucoviscidose. La

    transition des soins fait partie du processus global du développement vers l’âge adulte (34).

    Nous allons discuter les résultats obtenus avec les données retrouvées dans la littérature.

    Notre étude comporte cependant certains biais : le biais d’inclusion du fait du nombre limité

    de patients inclus, limitant l’interprétation et la significativité de nos résultats et du fait d’un

    biais de mémoire par l’utilisation de questionnaire dont les réponses font appel à la mémoire

    des patients et des membres d’équipes sur un évènement passé.

    Les motifs de transfert

    Les critères les plus souvent pris en compte dans la littérature sont :

    - L’âge du patient : 18 ans est l’âge le plus souvent cité dans les études (3) (27)(35),

    parfois 21 ans (22) (36) .