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La prise de décision par les patients atteints de cancer concernant leur traitement médical DEBORAH FAVRAT Étudiante Bachelor Filière Soins infirmiers EMILIE CARMINATI Étudiante Bachelor Filière Soins infirmiers Directrice de travail : NANCY HELOU TRAVAIL DE BACHELOR DÉPOSÉ ET SOUTENU A LAUSANNE EN 2015 EN VUE DE L’OBTENTION D’UN BACHELOR OF SCIENCE HES-SO EN SOINS INFIRMIERS Haute Ecole de Santé Vaud Filière Soins infirmiers

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La prise de décision par les patients atteints de

cancer concernant leur traitement médical

DEBORAH FAVRAT

Étudiante Bachelor – Filière Soins infirmiers

EMILIE CARMINATI

Étudiante Bachelor – Filière Soins infirmiers

Directrice de travail : NANCY HELOU

TRAVAIL DE BACHELOR DÉPOSÉ ET SOUTENU A LAUSANNE EN 2015 EN VUE DE

L’OBTENTION D’UN BACHELOR OF SCIENCE HES-SO EN SOINS INFIRMIERS

Haute Ecole de Santé Vaud Filière Soins infirmiers

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Résumé

Introduction : Lors du diagnostic de cancer, les patients doivent prendre des décisions quant aux

traitements. Des conséquences néfastes pourraient s’en suivre car ils n’ont pas les outils en main pour

y faire face et se sentent démunis.

Objectif : Identifier les interventions infirmières qui favoriseraient la prise de décision des patients

atteints de cancer concernant leur traitement médical à l’annonce du diagnostic.

Méthode : Les bases de données sont Medline et CINHAL. Sept articles choisis entre 2004 et 2014,

avec une population adulte récemment diagnostiquée pour un cancer, ont été analysés à l’aide de la

grille de Fortin.

Les thèmes issus des différentes études, ont été classés selon les concepts de la théorie intermédiaire

de Meleis.

Résultats : Les principaux résultats s’inscrivent sous les propriétés de la personne, les conditions

facilitantes ou entravantes et communautaires. Les interventions infirmières sont : un dialogue ouvert,

interactif et le soutien du patient par le soignant ; l’éducation du patient : la préparation ainsi que

l’accès aux informations concernant le cancer ; la mise en place d’un outil d’aide à la décision ;

augmentation de l’accès aux soins pour les régions défavorisées. Elles seraient des facteurs facilitants

la prise de décision concernant le traitement médical.

Conclusion : Un nombre restreint d’articles existent sur ce sujet. Les études ont mis en valeur la

nécessité d’un accompagnement infirmier précoce après la pose du diagnostic de cancer pour favoriser

les sentiments positifs chez les patients.

Mots clés : Patient, cancer, prise de décision, traitement médical.

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Avertissement

Les prises de position, la rédaction et les conclusions de ce travail n’engagent que la responsabilité de

ses auteurs et en aucun cas celle de la Haute Ecole de Santé Vaud, du Jury ou de la directrice du travail

de Bachelor.

Nous attestons avoir réalisé seules le présent travail, sans avoir utilisé d’autres sources que celles

indiquées dans la liste de références bibliographiques.

Le 28 juin 2015, Deborah FAVRAT et Emilie CARMINATI

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Remerciements

Nous remercions, dans ce chapitre, en premier lieu notre directrice de travail de Bachelor, Madame

Nancy Helou, pour sa disponibilité ainsi que la qualité de son suivi tout au long de ce travail.

Nous remercions également nos proches pour leur soutien ainsi que pour la relecture de notre travail.

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Table des matières

1. Introduction ............................................................................................................................ 1

2. Problématique ......................................................................................................................... 1

3. Cadre théorique ...................................................................................................................... 5

Le cancer ................................................................................................................................ 5

Prise de décision ..................................................................................................................... 7

4. Stratégie de recherche documentaire .................................................................................... 10

4.1 Critères d’inclusion et d’exclusion ................................................................................. 10

4.2 CINHAL ......................................................................................................................... 11

4.3 Medline ........................................................................................................................... 11

4.4 Critique de la stratégie de recherche .............................................................................. 12

5. Résultats ............................................................................................................................... 14

5.1 Tableaux de présentation des résultats ........................................................................... 14

5.2 Synthèse des résultats ..................................................................................................... 25

5.2.1 Nature des transitions .............................................................................................. 25

5.2.2 Conditions de transition facilitantes et entravantes ................................................. 26

5.2.3 Modèles de réponses ............................................................................................... 30

5.2.4 Interventions ............................................................................................................ 32

6. Discussion ............................................................................................................................ 32

6.1 Validité et limites par étude ........................................................................................... 33

6.2 Résumé et confrontation des principaux résultats .......................................................... 37

6.2.1 Propriétés ................................................................................................................. 37

6.2.2 Conditions de transition facilitantes et entravantes ................................................. 38

6.2.3 Modèles de réponses ............................................................................................... 42

6.2.4 Interventions ............................................................................................................ 43

6.3 Généralisation des résultats ............................................................................................ 43

6.4 Réponse à la question de recherche et recommandations pour la pratique .................... 44

6.5 Mise en perspective avec la littérature récente ............................................................... 46

6.6 Recommandations pour la recherche ............................................................................. 47

7. Conclusion ............................................................................................................................ 47

8. Liste de références bibliographiques .................................................................................... 49

9. Bibliographie ........................................................................................................................ 52

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1. Introduction

[Etre une patiente responsable.

Dans ma relation au cancer, il m’appartenait d’assumer ma responsabilité personnelle. Je veux être

une patiente responsable. Pour cela, il faut bien s’informer. C’est essentiel. J’appelle cela « La

connaissance contre la peur ». Cela apporte un soulagement de s’immiscer dans le traitement et de

participer à la prise de décision. Ce n’est pas toujours facile. Il y a des décisions que l’on doit prendre

tout seul. A un moment de mon traitement, je me suis décidée contre une chimiothérapie. Cela a été la

décision la plus difficile de ma vie. On ne devrait pas entamer un traitement sous la pression. Je

trouve qu’il est également important de recourir à un deuxième avis avant toute opération ou tout

traitement décisif. (Damaris)] (Ligue suisse contre le cancer, 2009).

Lors de l’annonce du diagnostic de cancer, les patients débutent un long chemin sur lequel ils vont être

entraînés malgré eux. Lors de cette période, les patients doivent prendre des décisions quant aux

traitements et cela peut représenter une difficulté. C’est pourquoi, nous nous interrogeons sur

l’accompagnement spécifique de ces patients. Dans le témoignage ci-dessus, la patiente parle de sa

relation au cancer et exprime le fait qu’il peut être salutaire d’être responsable, de s’engager et de

participer à la prise de décision concernant le traitement.

Dans ce travail, nous commencerons par décrire notre problématique et expliciter la question de

recherche qui en découle. Dans un deuxième temps, nous définirons les concepts de ce travail qui

sont le cancer et la prise de décision, sous l’angle des concepts de la théorie de la Transition d’Afaf

Meleis. Nous allons ensuite décrire notre stratégie de recherche d’articles et faire une synthèse des

résultats de ceux-ci, selon les concepts de la théorie de la Transition, avant de les discuter. Une

réponse à la question de recherche ainsi que des recommandations pour la pratique et pour la

recherche seront finalement apportées avant la conclusion de ce travail.

2. Problématique

Le cancer touche environ 30 millions de personnes dans le monde. Les patients atteints de cette

maladie font face, lors de l’annonce du diagnostic, à une quantité innombrable de possibilités de choix

à faire quant aux traitements. Or ils n’ont pas forcément les outils en main pour pouvoir y faire face et

faire un choix éclairé. Des conséquences néfastes comme le sentiment de perte de contrôle pourraient

se faire ressentir dans cette situation. Faire participer le patient à la gestion de sa maladie, plus

particulièrement dans la prise de décision concernant le traitement médical, pourrait constituer une

solution que l’infirmière peut mettre en place afin de les éviter.

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Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (2014), le cancer est un terme général appliqué à un grand

groupe de maladies qui peuvent toucher n’importe quelle partie de l’organisme. L’une de ses

caractéristiques est la prolifération rapide de cellules anormales qui peuvent essaimer dans d’autres

organes formant ce qu’on appelle des métastases (OMS, 2014). Il s’en suit des répercussions sur les

différentes dimensions de la personne et sur les différentes fonctions des organes. Sa vie est mise en

danger, ainsi que son estime de soi et son image corporelle (Smeltzer & Bare, 2011). Le patient est de

ce fait fragilisé par la maladie. Avec les nouvelles technologies et l’avancée dans les traitements

médicamenteux, il se retrouve face à une myriade de choix à faire quant aux traitements proposés

(Shannon- Dorcy & Wolfe, 2003).

En 2008, la prévalence du cancer dans le monde était de 28.8 millions et le nombre de nouveau cas est

passé de 12.7 millions à 14 millions en 2012. Cette incidence est prévue d’augmenter à 22 millions au

cours des vingt prochaines années. Cette augmentation sera principalement due à une augmentation de

la population vieillissante dans le monde (Bray et al., 2012).

En 2010, le nombre de nouveaux cas par année en Suisse était estimé à 37'000. Ces chiffres

couvriraient seulement 60-70% de la population suisse dans un pays dans lequel le cancer ne fait pas

partie des maladies dont la déclaration est obligatoire. Dans certains cantons seulement quelques cas

de cancer sont inscrits dans un registre des tumeurs (Lutz, Lorez & Pury, 2011).

Le cancer reste la deuxième cause de décès après les maladies cardiovasculaires dans le monde (Bray,

Ren, Masuyer & Ferlay, 2012). Le centre international de recherche sur le cancer parle de cette

maladie comme un « fardeau mondial » dans le sens où elle cause de plus en plus de décès (Ferley,

Steliarova-Foucher, Lortet-Tieulent, Rosso, Coegergh, Comber et al., 2013).

En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie, de la mortalité associée, l’ampleur du cancer

représente pour les professionnels de la santé, une complexité dans la prise en charge.

Dans une étude qualitative ayant comme but de décrire les expériences des patients face aux choix du

traitement au moment du diagnostic, les patients atteints de cancer relèvent plusieurs raisons de se

sentir perdre le contrôle et être impuissants et désespérés (Chang, Li & Liu, 2004). En effet, le cancer

arrive de manière insidieuse et sournoise dans la vie du patient. Cette maladie aventure le patient dans

une expérience désagréable et inconnue pouvant mener à la mort. Des questions sans réponse, une

incertitude, un manque de connaissance, de fausses représentations peuvent induire une péjoration

psychologique chez le patient. Ces éléments peuvent générer de l’anxiété, de la souffrance, du déni, de

la peur, de la vulnérabilité et de la dépression dans les situations de cancer (Chang et al., 2004). Bien

souvent, les patients sont vus comme passifs et incapables de prendre des décisions à cause de ces

sentiments négatifs et du manque d’informations qui les rendraient aptes à décider (Chang et al.,

2004).

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Selon une opinion d’expert, le fait de participer et de choisir le traitement idéal pour eux,

redonneraient aux patients un sentiment de prise de contrôle et les aideraient psychologiquement à se

sentir mieux (Kelly-Powell, 1997). En effet, la participation à la prise de décision concernant le

traitement, est avantageuse et augmente le sentiment de confiance et d’espoir, le soutien ainsi que le

sentiment d’utilité (Chang et al., 2004). Cet avantage est appuyé par une étude longitudinale, qui a

investigué les facteurs de prise de décision éclairée contribuant à la satisfaction des patients, montrant

que les patients qui ont participé, ont amélioré leur satisfaction (Pipe, Conner, Dansky, Schraeder &

Caruso, 2005). En effet, un patient se sentant écouté, sera motivé à être actif dans sa maladie. Il

expérimentera de façon plus favorable les effets du traitement, et cela contribuera à faire diminuer le

risque de dépression ainsi que le risque de désespoir (Brown & Bornstein, 2012).

Alors qu’un manque d’implication concernant sa maladie pourrait avoir comme conséquence un

sentiment de désespoir, une attitude dépréciative envers soi-même, ceci conduirait généralement à des

comportements de santé inadéquats (Chang et al., 2004).

Dans une revue de la littérature qui avait pour but d’examiner la correspondance entre le rôle actuel de

participation à la prise de décision des patients atteints de cancer et le rôle préféré par ceux-ci, il est

démontré que depuis 40 ans, un changement s’est produit dans l’investissement des patients dans les

décisions concernant leur santé. Il semble qu’ils aient passé d’un rôle passif à un rôle actif, autonome

ou collaboratif. Il existe d’ailleurs un déséquilibre entre le désir de participer à la prise de décision face

au traitement de la part des patients et ce qui est respecté par l’équipe soignante dans la pratique

(Tariman, Berry, Cochrane, Doorenbos & Schepp, 2010).

Une revue systématique ayant pour objectif d’identifier les préférences des patients quant à la prise de

décision du traitement confirme, sur la base de 119 articles, que les patients ont augmenté leur désir de

participation à la prise de décision (Chewning, Bylund, Shah, Arora, Gueguen & Makoul, 2012). En

effet, les résultats de Chewning et al. (2012) mettent en avant que plusieurs études menées, entre 1974

et 1989, ont démontré que 43% des patients avaient envie de coparticipation contre 43% qui

préféraient laisser le médecin intervenir, tandis que 14% ne savaient pas encore. En revanche, les

résultats d’études faites entre 2000 et 2007 mettent en avant que le taux de personnes désireuses de

participer à la prise de décision est de 71% ; 16% préféraient laisser le médecin choisir et 13% étaient

sans avis clair (Chewning et al., 2012).

Mis à part ce désir de participation personnel, les patients ont le droit fondamental de prendre une

décision et de choisir quels traitements ils veulent adopter (Kelly-Powell, 1997). Selon Kelly-Powell

(1997), le personnel soignant a la mission de respecter ce droit, d’autant plus que les infirmières et

d’autres professionnels de la santé sont de plus en plus conscients de l’effet positif d’une prise de

décision personnelle sur la vie du patient et sur les coûts de la santé (Kelly-Powell, 1997).

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De plus, il faut noter que le meilleur traitement aux yeux du médecin ne sera peut-être pas perçu

comme tel par la personne elle-même, d’où l’importance d’inclure le patient dans la prise de décision.

En effet, l’objectif du médecin peut diverger de celui du patient. Ces derniers disent choisir un

traitement en fonction de leurs antécédents, des projets de leur vie future, de la vision qu’ils ont d’eux-

mêmes, de leur valeur et croyances (Kelly-Powell, 1997). Les patients choisissent donc un traitement

qui leur ressemble et ils se posent la question « qu’est-ce qui est mieux pour moi ? ». Cette question

prouve l’importance du choix du traitement aux yeux du patient et quel sens il donne à sa vie. L’effet

que le traitement aura sur sa vie est plus important que l’efficacité du traitement lui-même (Kelly-

Powell, 1997).

Dans leur étude de cas, Brown et Bornstein (2012) ont mis en évidence l’impact d’un programme mis

en place dans un hôpital américain afin de réduire le « fardeau financier » qu’est le traitement des

personnes ayant un cancer. Le programme s’appelle « The Partnership and Empowerment Program

model », un programme basé sur le modèle du partenariat et de l’Empowerment. Ce modèle a été mis

en place non seulement en faveur des patients, mais également pour voir s’il était rentable. Les

résultats ont montré que ces derniers peuvent, avec les connaissances qu’ils ont acquises, avoir de

l’autonomie en participant aux prises de décisions. Ils ressortent satisfaits et encouragés par l’équipe

infirmière. En plus d’une satisfaction globale chez les personnes qui suivent un tel programme, une

réduction des coûts a été identifiée en raison d’un traitement plus adapté à chacun, personnalisé et

spécifique (Brown & Bornstein, 2012).

Les nouvelles caractéristiques des patients quant à leur participation à la prise de décision concernant

leur traitement doivent être intégrées à la prise en charge. En effet, dans une étude qualitative qui a

pour but d’évaluer les perceptions des patients atteints de cancer concernant l’importance d’être

respectés en tant que partenaire, dans la prise de décision des interventions et dans la gestion des

problèmes de santé, trois thèmes importants ont été significatifs (Kvale & Bondevik, 2008). Dans le

cadre des soins centrés sur la personne, il s’agit de l’Empowerment, la prise de décision partagée par

rapport au traitement et le partenariat dans la relation patient-infirmière. Les soins centrés sur la

personne identifient le patient et le soignant comme partenaire de soin tout au long de la prise en

charge. Ainsi, l’auto-détermination peut être améliorée ou générée par les professionnels de la santé,

dont les infirmières (Kvale & Bondevik, 2008). Les infirmières et les professionnels de la santé

doivent constamment prendre en compte la volonté du patient afin d’améliorer sa satisfaction

(Tariman et al., 2010). Selon Meleis (1992) dans Gagnon et Grenier (2004, p 51), les infirmières ont le

devoir « de rechercher les connaissances dans le but de favoriser l’Empowerment et d’habiliter les

personnes à développer et à utiliser leurs propres ressources internes et externes ». Ce qui nous amène

à nous demander « Comment favoriser la prise de décision des patients atteints de cancer concernant le

traitement médical à l’annonce du diagnostic? ».

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3. Cadre théorique

Nous avons choisi la théorie intermédiaire de la Transition d’Afaf Ibrahim Meleis comme cadre

théorique pour structurer notre travail. Nous allons poursuivre en définissant les concepts clés de notre

travail de Bachelor en fonction de la théorie de la Transition.

« Une transition consiste en un changement dans la santé, dans les rôles, dans les attentes de soi et des

autres, dans ses capacités et fait appel à des processus internes chez la personne (Pepin, Kérouac, &

Ducharme, 2010) ». La transition fait la liaison entre deux périodes plutôt stables qui durent un certain

temps (Chick & Meleis, 1986) et se distinguent par des périodes de déséquilibres et de

bouleversements (un changement dans la santé par exemple) qui vont mener à nouveau à des périodes

de stabilité (Meleis, Sawyer, Im, Hilfinger, Messias, & Schumacher, 2000).

Les concepts de cette théorie intermédiaire sont : les types de modèles (patterns) de transition, les

propriétés d’une expérience de transition, les conditions d’une transition (facilitantes ou entravantes),

les indicateurs de processus, les indicateurs de résultats, et les thérapeutiques de soins infirmiers (Im,

2010, p. 420).

Selon la théorie intermédiaire de Meleis, une transition en santé est décrite comme un passage d’un

état stable vers un autre. Dans ce travail, la période pré-diagnostic est un état stable. Le moment du

diagnostic de cancer et le moment crucial de prendre une décision concernant le traitement,

représentent la période d’instabilité et de chaos. Une fois que la personne a pu prendre une décision

libre et éclairée, elle retrouve à nouveau une période de stabilité.

Le cancer

La nature des transitions

Selon Meleis, il existe dans un premier temps des types de transition et des modèles (patterns). Dans le

cadre de ce travail, le cancer entre dans le type de transition intitulé « expériences de transition de

santé et de maladie ». Cette catégorie englobe le processus de guérison, le congé de l’hôpital et le

diagnostic de la maladie chronique (tel qu’un cancer). Cela fait partie de la nature des transitions

(Meleis & Trangenstein, 1994).

Puis, il y a des modèles ou patterns de transition dites multiples et complexes (Meleis et al., 2000).

Ces modèles ne font pas l’objet du présent travail car ils sont très spécifiques à la personne.

Dans la nature des transitions, Meleis parle de « propriétés d’une expérience de transition ». Ce sont :

la prise de conscience, le niveau d’engagement, le changement et la différence, l’espace dans le temps,

les points critiques et les événements.

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Selon Meleis et al. (2000), la prise de conscience, qui est la perception, la connaissance et la

reconnaissance d’une expérience de transition, influence le niveau d’engagement de la personne.

Ainsi, l’engagement n’apparaît pas sans une prise de conscience. Le niveau d’engagement se rapporte

au degré auquel une personne démontre son implication dans le processus consécutif à la transition

(Meleis et al., 2000). Il faut que le patient prenne conscience de la nature de sa transition face à son

cancer pour pouvoir s’engager personnellement dans sa maladie, se prendre en charge et faire des

choix.

Il y a également une notion de temps pour que la personne puisse à nouveau atteindre une certaine

satisfaction (Meleis et al., 2000). Selon Meleis et al. (2000), l’espace dans le temps est défini comme

« un flottement, un mouvement dans le temps ». Lors d’un diagnostic de cancer, la personne se

retrouve dans une période d’instabilité, de détresse et de confusion. Cela marque le début de la

transition, du mouvement dans le temps jusqu’à l’atteinte d’une stabilisation.

Les points critiques et les événements sont définis comme des marqueurs. Cela peut être une

naissance, un décès, l’arrêt des menstruations ou le diagnostic d’une maladie (cancer par exemple).

Avec les points critiques et les événements, s’en suivent un accroissement de la prise de conscience

des changements et des différences qui amènent à un niveau d’engagement plus dynamique pour saisir

la transition (Meleis et al., 2000).

Les conditions de transition : facilitantes ou entravantes

Les conditions d’une transition ont un rôle dans l’évolution de celle-ci. Elles peuvent faciliter ou

entraver le processus vers la réalisation d’une transition en santé (Schumacher & Meleis, 1994). Les

conditions d’une transition comportent des facteurs personnels, communautaires et sociétaux (Im,

2010, p.421).

Les conditions personnelles sont le sens donné aux événements précipitant la transition, les croyances

et les attitudes culturelles, le statut socio-économique, la préparation et la connaissance (Im, 2010,

p.422). Une préparation au préalable ou au contraire un manque de motivation pourrait faciliter ou

inhiber l’expérience de la transition chez les patients (Im, 2010, p.422). La préparation permettra une

certaine gestion de l’incertitude et un investissement de la part de l’individu dans sa période de

transition. Ainsi, il ressentira le besoin d’acquérir de nouvelles connaissances et de développer des

habiletés. C’est un élément central de la théorie intermédiaire de la transition. La personne va

demander à recevoir plus que des encouragements de la part de l’infirmière. Elle aura le désir de

connaître précisément les points reliés à sa maladie. Un manque d’informations auprès du patient

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concernant sa situation va être un obstacle pour la prise de décision dans un moment de difficulté tel

que l’annonce d’une mauvaise nouvelle (Schumacher & Meleis, 1994).

Les facteurs communautaires sont les ressources provenant de la famille, des amis ou des

professionnels de la santé. Le soutien social provenant de la communauté peut être une richesse pour

la personne et une aide primordiale pour maintenir le bien-être (Schumacher & Meleis, 1994).

Cependant, lorsqu’il n’y a pas de soutien ou que la communication avec les soignants est moindre, les

individus disent ressentir un sentiment d’impuissance, de confusion, de frustration et de conflits

pendant la période de transition (Johnson, Morton & Knox, 1992).

En soins infirmiers, les patients qui expérimentent une transition dans leur environnement propre,

auront une vision de leur situation de santé et donneront un sens à leur pathologie (Aubin & Dallaire,

2008). La manière dont la personne interprète ces événements influence la qualité de la transition.

De ce fait, la compréhension des conditions personnelles, communautaires et sociétales du patient

traversant une transition sont une aide pour évaluer les conditions facilitantes ou entravantes (Aubin &

Dallaire, 2008).

En plus de ces conditions, des moyens permettent de vérifier l’évolution de la personne au sein de sa

transition. Ces moyens se nomment modèles de réponses, constitués d’indicateurs de processus et

d’indicateurs de résultats (Aubin & Dallaire, 2008).

Prise de décision

Les modèles de réponses

Les modèles (patterns) de réponses sont les indicateurs de processus et les indicateurs de résultats

selon Meleis (2010). Ces derniers révèlent des réponses en santé.

Les indicateurs de processus permettent d’observer l’évolution de la transition. Ils ont l’avantage de

permettre aux infirmières d’évaluer la situation de manière précoce et d’anticiper la prise en charge en

mettant en place des interventions adaptées. Ceci a comme effet de faciliter les résultats (outcomes) en

santé (Im, 2010, p.422).

Ils comprennent le sentiment d’être en lien avec les siens et les professionnels de la santé, pouvant

répondre aux questions des patients et évaluer leur processus de transition. Ces indicateurs incluent

l’interaction (la « dyade patient-aidant ») (Meleis et al., 2000), la situation dans le temps et l’espace, le

développement de la confiance et du coping (capacités du patient à faire face à une transition). Le

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besoin d’être en interaction, en lien avec autrui, est un indicateur de processus d’une transition en

santé (Im, 2010, p.422).

Les indicateurs de résultats quant à eux vérifient l’atteinte des résultats à la fin de la transition. Ils

permettent de contrôler si la transition est une transition en santé ou pas (Im, 2010, p.422). Ils incluent

la maîtrise de nouvelles habiletés et le renouvellement de l’identité (Meleis et al., 2000). Ceci marque

la fin en santé d’une transition (Im, 2010, p.422).

La prise de décision concernant le traitement est un indicateur de résultat, il peut indiquer une gestion

de la situation actuelle, une maîtrise de nouvelles habiletés et un renouvellement de l’identité. Cet

indicateur signifierait que la personne a abouti à une transition en santé.

La vérification d’une transition en santé peut se faire via l’interaction qui permet d’identifier la

signification de la transition et les comportements développés (Im, 2010, p.422).

Les interventions infirmières

Les interventions infirmières ou thérapeutiques en soins infirmiers de Schumacher et Meleis (1994)

contiennent trois mesures à appliquer durant les transitions.

Dans un premiers temps, elles ont proposé qu’une évaluation de niveau de préparation soit intégrée à

la thérapeutique des soins infirmiers en multidisciplinarité. Elle est complète car elle nécessite une

évaluation de chacune des conditions de transition de manière à en ressortir un profil individuel du

niveau de préparation du patient (Im, 2010, p.422).

Dans un second temps, la préparation à une transition est perçue comme une intervention qui comporte

de l’éducation. Il s’agit d’un point central à mettre en place pour une transition optimale (Im, 2010,

p.422).

Un troisième élément est également identifié comme thérapeutique de soins : le rôle de soutien et de

suppléance inhérent aux professionnels de la santé.

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4. Stratégie de recherche documentaire

Dans ce chapitre, nous allons expliciter la stratégie de recherche d’articles. Les bases de données

utilisées ainsi que leur pertinence en regard du travail vont être décrites brièvement. La méthode qui

nous a permis de sélectionner sept articles au total sera détaillée. Nous nommerons également les

critères d’inclusion et d’exclusion que nous avons appliqués. Enfin, nous présenterons une critique de

cette méthodologie.

La base de données CINHAL a été la plus évidente pour débuter la recherche des articles qui

répondent à notre question de recherche puisqu’elle est spécifique aux soins infirmiers. Elle contient,

en effet, des articles actualisés qui traitent des sciences de la santé et intègrent les notions infirmières.

Elle nous a avant tout servi à étoffer notre problématique. Afin de mieux cerner le sujet, nous avons

également consulté internet et par ce biais, nous avons eu accès à des chiffres. La base de données

Medline contient plutôt des articles de sciences biomédicales incluant la médecine et les soins

infirmiers. Elle a donc complété les articles issus de CINHAL. Ces bases de données sont reconnues et

représentatives des connaissances actuelles.

Nous avons alors pris les mots-clés issus des concepts de notre question de recherche pour les traduire

en descripteurs et les avons utilisés pour nos équations. Ces derniers, lorsqu’ils sont liés à un même

concept, ont alors été associés par l’opérateur booléen « OR », alors que les différents concepts ont été

associés avec « AND » dans les équations. Nous avons alors obtenu un certain nombre de résultats et

en avons lu les titres puis les résumés afin de sélectionner de manière plus précise les articles

utilisables.

4.1 Critères d’inclusion et d’exclusion Ci-dessous sont présentés les critères d’inclusion et d’exclusion qui ont été appliqués tout au long de la

recherche sur les bases de données. Ces critères nous ont permis d’affiner notre recherche et de

s’assurer que les articles retenus pour ce travail répondaient à notre question de recherche.

Critères d’inclusion

- Langue : français et anglais - Année : articles datés publiés il y a moins de 10 ans

Critères d’exclusion

- Articles qui n’impliquent pas les infirmières - Articles n’impliquant pas les patients adultes ayant un cancer

Page 17: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

11

4.2 CINHAL Au total, deux articles ont été trouvés grâce à l’association de descripteurs sur cette base de données.

L’équation de recherche « Cancer patients AND treatment AND self decision OR Participation OR

Empowerment AND Decision making » a donné 12’469 résultats après avoir fait le tri des articles qui

ne parlaient pas des adultes en sélectionnant « all adult » sur la base de données. Nous avons alors

obtenu cet article :

Ramfelt, E., & Lützen, K. (2005). Patients with cancer: their approaches to

participation in treatment plan decisions. Nursing Ethics, 12 (2), 143-156.

A partir de l’équation « Cancer AND treatment AND self decision » qui a donné 156 résultats, nous

avons pu retenir un article :

Hacking, B., Wallace, L., Scott, S., Kosmala-Anderson, J., Belkora, J., & McNeill. A.

(2012). Testing the feasibility, acceptability and effectiveness of a « decision

navigation » intervention for early stage prostate cancer patients in Scotland – a

randomised controlled trial. Psycho-Oncology, 22, 1017- 1024.

4.3 Medline Au total cinq articles ont été extraits de la base de données Medline.

Les descripteurs (MeSH Terms) associés sur cette base de données n’ont été fructueux que grâce à une

équation qui comprend également des mots-clés : « (((Patients AND Decision Making) AND recently

diagnosed)) AND cancer)))». Elle a donné 203 articles au total dont un a été sélectionné :

Chabrera, C., Zabalegui, A., Bonet, M., Caro, M., Areal, J., Gonzalez, J.-R., &

Font, A. (2014). A Decision Aid to Support Informed Choices for Patients Recently

Diagnosed With Prostate Cancer. Cancer Nursing, 0, 1-9.

Une recherche par mots-clés a également complété nos investigations sur cette base de données. Avec

les mots « patient decisional role », nous avons pu retenir un article parmi les 159 qui sont sortis:

Stacey, D., Paquet, L., & Samant, R. (2010). Exploring cancer treatment decision-

making by patients: a descriptive study. Current Oncology, 17 (4), 85-93.

Les mots-clés « empowerment in cancer decision making » ont permis de trouver 69 résultats parmi

lesquels deux articles ont été retenus :

Ernst, J., Berger, S., Weissflog, G., Schröder, C., Körner, A., Niederwieser, D.,

…Singer, S. (2013). Patient participation in the medical decision-making process in

haemato-oncology- a qualitative study. European Journal of Cancer Care, 22, 684-

690.

Page 18: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

12

Alden, D.L. (2014). Decision Aid Influences on Factors Associated with Patient

Empowerment prior to Cancer Treatment Decision Making. Medical Decision

Making. 34(7). 884-898.

Les mots-clés « Improving patient cancer treatment decision making » ont quant à eux donné 263

résultats et nous avons pu sélectionner un article parmi ceux-ci :

McConigley, R., Holloway, K., Smith, J., Halkett, G., Keyser, J., Anoun, S., &

Monterosso, L. (2011). The Diagnosis and Treatment Decisions of Cancer Patients in

Rural Western Australia. Cancer Nursing, 34 (4), 1-9.

4.4 Critique de la stratégie de recherche Le premier élément qui peut être cité afin de poser un regard critique sur notre stratégie de recherche,

concerne le choix des bases de données utilisées. En effet, nous avons recherché nos articles sur

CINHAL et Medline puisque ces bases de données font partie de notre cursus Bachelor à HESAV et

qu’elles sont les seules que nous ayons apprises à utiliser. Le recours à d’autres bases de données

aurait pu enrichir les résultats que nous avons obtenus et ainsi nous permettre une sélection d’articles

différente.

Ensuite, il est important pour nous de relever ici que nous avons commencé nos recherches d’articles

avec une problématique et une question de recherche qui avaient comme concepts principaux

l’Empowerment et la prise de décision concernant le traitement médical. Nous avions alors sélectionné

neuf articles que nous avons présentés à notre directrice de travail de Bachelor. Nous nous sommes

alors rendues compte, suite aux discussions communes, qu’il était difficile de trouver des articles qui

réunissaient nos deux concepts principaux. En effet, les articles trouvés jusque-là évoquaient, soit la

prise de décision concernant le traitement médical soit l’Empowerment des patients atteints de cancer.

Nous avons alors choisi de réorienter notre problématique et donc notre question de recherche sur la

prise de décision plus particulièrement. A partir de là, nous avons pu garder quatre articles et avons

lancé une recherche par mots-clés afin de compléter le nombre d’articles retenus.

Nous aurions probablement obtenu d’autres résultats si nous avions reconduit notre recherche avec nos

équations et ainsi retenu également les articles qui ne mentionnaient pas l’Empowerment. Pour des

raisons de délais, nous avons préféré la méthode de recherche par mots-clés, validée par notre

directrice de travail de Bachelor.

Une des sources possible d’imprécisions dans le choix des articles peut être en lien avec le tri, par la

lecture rapide des titres et des résumés, de la masse d’articles obtenus avec nos équations. Il est alors

possible que nous ayons exclu des articles susceptibles de donner des éléments de réponse en raison du

titre peu précis et de notre regard peu expérimenté. En effet, la première équation présentée ci-dessus a

donné un nombre considérable d’articles. Les premiers titres et résumés ont été lus rapidement,

Page 19: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

13

comme ils ne correspondaient majoritairement pas à nos concepts, nous n’avons pas effectué la lecture

des titres de tous les résultats.

Malgré les difficultés rencontrées, notre méthodologie de recherche, bien que non exhaustive, nous a

permis de trouver sept articles utilisables pour le travail de Bachelor.

Page 20: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

14

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15

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ée a

insi

que

des

ai

des

pour

les

beso

ins

prat

ique

s D

eux

cher

cheu

rs o

nt a

naly

indé

pend

amm

ent l

es

tran

scri

ptio

ns.

L’a

nal

yse

des

donnée

s e

t

l’id

enti

fica

tion d

es c

once

pts

clés

ont

été

fai

tes

à l’

aide

d’u

n

logi

ciel

NV

ivo

8 so

ftw

are

(QR

S I

nter

nati

onal

Cam

brid

ge,

Tro

is th

èmes

pri

ncip

aux

ont é

mer

gés:

·

Les

exp

érie

nces

du

diag

nost

ic e

t la

pris

e en

cha

rge

par

un

spéc

iali

ste

: -

Inat

tent

ion

aux

sign

es e

t sym

ptôm

es

- P

réoc

cupa

tion

s au

tres

que

la s

anté

(tr

avai

l)

- In

atte

ntio

n de

s m

édec

ins

géné

rali

stes

sur

tout

que

les

sym

ptô

mes

n’o

nt

pas

été

spéc

ifiq

ues

et

man

que

de

com

plia

nce

de la

par

t du

pati

ent q

uant

au

trai

tem

ent

- A

tten

te p

rolo

ngée

jusq

u’à

ce

que

les

sym

ptô

mes

soie

nt in

supp

orta

bles

et a

igüs

. L

e re

nvoi

ver

s le

sp

écia

list

e s’

est

fait

aux u

rgen

ces

pour

plu

sieu

rs

pati

ents

. L

a p

rése

nce

de

l’in

firm

ière

coord

inat

rice

en o

nco

logie

pour

fai

re la

liai

son

entr

e le

s di

ffér

ents

spé

cial

iste

s a

été

décr

ite

com

me

néc

essa

ire,

com

me

une

sourc

e de

souti

en, d’i

nfo

rmat

ion e

t

d’a

dvoca

cy e

t un b

esoin

d’ê

tre

rap

idem

ent

mis

en c

onta

ct a

vec

el

le. ·

L

a pé

riod

e du

trai

tem

ent :

-

Pou

r ce

rtai

ns, l

e ch

oix

quan

t au

trai

tem

ent a

été

fac

ile

à fa

ire

car

ils

ont l

aiss

é le

spé

cial

iste

cho

isir

-

L’a

bse

nce

de

pro

xim

ité

entr

e le

s m

ilie

ux r

ura

ux e

t le

s

cent

res

de tr

aite

men

ts (

pour

la r

adio

thér

apie

par

ex

empl

e) a

été

iden

tifi

ée c

omm

e pr

oblé

mat

ique

par

le

s pa

tien

ts s

urto

ut q

ue c

erta

ins

ont t

rave

rsé

tout

le

pays

pou

r re

cevo

ir d

es s

oins

hos

pita

lier

s.

- L

es p

atie

nts

qui o

nt r

eçu

des

soin

s da

ns le

ur r

égio

n on

t tro

uvé

que

cela

a d

imin

ué le

ur s

tres

s et

aug

men

leur

con

fort

·

La

ges

tion d

e l’

auto

-soi

n -

Les

pat

ients

ont

senti

qu’i

l fa

llai

t qu’i

ls s

’im

pli

quen

t

face

à le

ur m

alad

ie p

our

assu

rer

la q

uali

té d

es s

oins

. -

Ils

ont d

û êt

re le

ur p

ropr

e co

ordi

nate

ur p

our

mai

nten

ir la

com

mun

icat

ion

entr

e le

s pr

ofes

sion

nels

Page 23: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

17

MA

).

de

s m

ilie

ux u

rbai

ns e

t ceu

x de

s m

ilie

ux r

urau

x ;

l’éc

han

ge

d’i

nfo

rmat

ions

entr

e le

s deu

x é

taie

nt

plu

tôt

lim

ité.

-

L’e

xp

érie

nce

a é

té d

écri

te c

om

me

mei

lleu

re p

ar l

es

pers

onne

s qu

i se

sont

impl

iqué

es d

ans

leur

pri

se e

n ch

arge

. U

n q

uat

rièm

e th

ème

a ém

ergé

déc

rivan

t l’

atti

tude

pos

itiv

e de

s pa

tien

ts e

n re

gard

aux

soi

ns p

rocu

rés

dura

nt c

ette

pér

iode

:

·

La

conf

ianc

e im

plic

ite

- S

atis

fact

ion

de la

par

t des

pat

ient

s qu

ant à

leur

pri

se

en c

har

ge

mal

gré

les

dés

agré

men

ts d

e l’

exp

érie

nce

de

la m

alad

ie

- C

ette

con

fian

ce d

ans

le s

ystè

me

de s

anté

a p

erm

is

aux

pati

ents

de

mie

ux v

ivre

cet

te p

ério

de.

Page 24: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

18

Au

teu

rs

Bu

t

Dev

is e

t p

opu

lati

on

Mét

hod

e d

e co

llec

te d

e d

onn

ées

Rés

ult

ats

Ern

st e

t al.,

20

13

(All

emag

ne)

Iden

tifi

er le

s ra

ison

s po

ur

lesq

uell

es le

s pe

rson

nes

atte

inte

s du

ca

ncer

du

sang

on

t un

faib

le

dési

r de

pa

rtic

ipat

ion

à la

pri

se d

e dé

cisi

on

conc

erna

nt

leur

tr

aite

men

t.

Etu

de q

uali

tati

ve

de ty

pe

phén

omén

olog

ique

U

tili

sant

des

en

tret

iens

de

grou

pes

à de

ux

étap

es :

1èr

e éta

pe n

= 1

77

pati

ents

att

eint

s du

ca

ncer

du

sang

, 2èm

e éta

pe n

=19

pa

rtic

ipan

ts a

yant

pond

u au

qu

esti

onna

ire

: n

= 1

1 pa

tien

ts

âgés

de

39 à

70

ans

ont é

inte

rvie

wés

apr

ès

le d

ébut

de

la

thér

apie

sur

l’

évolu

tion e

t

l’év

aluat

ion d

e la

part

icip

atio

n à

la

pris

e de

déc

isio

n m

édic

ale

Les

outcomes s

uiva

nt o

nt é

té é

valu

és :

- le

s be

soin

s de

s pa

tien

ts p

our

part

icip

er à

la p

rise

de

déc

isio

ns m

édic

ales

-

les

inte

ract

ions

ent

re p

atie

nt e

t méd

ecin

-

les

infl

uenc

es d

u co

ntex

te f

amil

ial s

ur le

s dé

cisi

ons

méd

ical

es

Ent

reti

ens

face

à f

ace,

sem

i-st

ruct

urés

bas

és s

ur S

trau

ss

et C

orb

in (

1996)

avec

un g

uid

e d’e

ntr

etie

n (

Ern

st,

Sch

röde

r &

Ber

ger,

200

5).

Rec

rute

men

t de

177 p

atie

nts

d’u

n h

ôp

ital

univ

ersi

tair

e,

d’u

n h

ôp

ital

com

munau

tair

e et

d’u

ne

clin

ique

d’o

nco

logie

. T

rois

à c

inq p

atie

nts

ont

été

inte

rrogés

par

grou

pe. 1

9 pa

tien

t s o

nt é

té r

eten

us e

t con

tact

és. O

nze

pat

ients

ont

acce

pté

de

par

tici

per

à l

’étu

de.

F

orm

atio

n de

troi

s gr

oupe

s di

stin

cts

selo

n la

pré

fére

nce

du s

tyle

de

pri

se d

e déc

isio

n à

l’a

ide

de

l’éc

hel

le «

C

ontr

ol p

refe

renc

e s

cale

by

Deg

ner

» (D

egne

r &

Slo

a,

1992

) qui

mes

ure

l’a

mp

leur

du d

ésir

de

par

tici

pat

ion

chez

les

pati

ents

qua

nt a

ux d

écis

ions

thér

apeu

tiqu

es.

a.

Pré

fére

nce

pour

la

pris

e de

déc

isio

n pa

tern

alis

te

(le

méd

ecin

cho

isi)

n=

5 b.

P

réfé

renc

e po

ur le

par

tage

des

déc

isio

ns n

=4

c.

P

réfé

renc

e po

ur u

ne p

rise

de

déci

sion

aut

onom

e n=

2

Les

ent

reti

ens

ont é

té b

asés

sur

des

dir

ecti

ves

engl

oban

t de

s th

èmes

cen

trau

x ba

sés

sur

des

situ

atio

ns d

e pr

ise

de

déc

isio

n m

édic

ale

(l’é

volu

tion d

e la

mal

adie

, le

par

tage

des

info

rmat

ions,

l’é

volu

tion d

u t

rait

emen

t et

de

la

thér

apie

, la

part

icip

atio

n da

ns la

pri

se d

e dé

cisi

on e

t le

Les

ana

lyse

s on

t abo

uti à

troi

s ca

tégo

ries

: 1.

F

acte

urs

de

l’en

vir

onnem

ent

méd

ical

: la

m

alad

ie e

t les

dem

ande

s th

érap

euti

ques

2.

L

es p

réfé

renc

es c

once

rnan

t les

pri

ses

de

déci

sion

: co

mp

rom

is e

ntr

e l’

auto

nom

ie

et le

s at

tent

es q

uant

au

rôle

. 3.

L

a pr

ise

de d

écis

ion

: abs

tent

ion,

léga

tion

, aba

ndon

ner

la r

espo

nsab

ilit

é

1.

Fact

eurs

de

l’en

vir

on

nem

ent

méd

ical :

la

mal

adie

et

les

dem

ande

s th

érap

euti

qu

es

Les

pat

ient

s on

t dit

: -

Que

le d

élai

n’a

pas

été

suff

isan

t p

our

expl

ique

r de

man

ière

cla

ire

les

élém

ents

du

trai

tem

ent e

n ra

ison

de

la n

atur

e m

orte

lle

du c

ance

r et

la n

éces

sité

de

réag

ir im

méd

iate

men

t (m

anqu

e de

tem

ps,

pres

sion

éle

vée

pour

déb

uter

un

trai

tem

ent r

apid

emen

t)

- Ê

tre

dépa

ssés

par

la c

ompl

exit

é de

la

mal

adie

et d

e la

thér

apie

-

Avo

ir e

u un

e te

nsio

n ém

otio

nnel

lem

ent

haut

e et

ne

pas

avoi

r eu

tout

es le

urs

capa

cité

s po

ur p

rend

re u

ne d

écis

ion

écla

irée

. -

Vou

loir

obt

enir

just

e le

s in

form

atio

ns

néc

essa

ires

et

évit

er d

’en s

avoir

tro

p.

2.

L

es p

réfé

ren

ces

con

cern

ant

les

pri

ses

de

déc

isio

n :

com

prom

is e

ntr

e

Page 25: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

19

bes

oin

en t

erm

e d’i

nfo

rmat

ions)

.

l’au

ton

om

ie e

t le

s att

ente

s q

uan

t au

rôle

.

Les

pat

ient

s on

t dit

:

- N

e pa

s vo

uloi

r as

sum

er d

e re

spon

sabi

lités

m

édic

ales

dan

s la

pri

se d

e dé

cisi

on

conc

erna

nt le

trai

tem

ent

- D

ésir

er a

voir

un

rôle

act

if d

ans

la

part

icip

atio

n, m

ais

il y

a u

n di

lem

me

entr

e ce

bes

oin

et le

cha

mps

de

libe

rté

rest

rein

t lai

ssé

par

les

onco

logu

es

3.

L

a p

rise

de

déc

isio

n :

ab

sten

tion

, d

élég

atio

n, a

ban

don

ner

la

resp

onsa

bil

ité

Les

pat

ient

s on

t dév

elop

pé d

es s

trat

égie

s de

co

pin

g f

ace

à la

per

te d

e co

ntrô

le e

t le

fard

eau

psyc

holo

giqu

e et

phy

siqu

e :

- L

a m

ajor

ité

des

pati

ents

ont

lais

sé la

pri

se

de d

écis

ion

au m

édec

in

- Il

s on

t dév

elop

pé u

n li

en d

e co

nfia

nce

alla

nt a

u-de

là d

u «

pact

e th

érap

euti

que

» et

dan

s le

quel

l’h

onnêt

eté,

la

vér

acit

é, le

s co

mp

éten

ces

et l

’exper

tise

méd

ical

e on

t ét

é im

port

ante

s.

- U

n so

utie

n ém

otio

nnel

de

la p

art d

u m

édec

in e

nver

s le

pat

ient

peu

t com

pens

er

le s

enti

men

t de

per

te d

’auto

nom

ie e

t

cont

ribu

e à

ce q

ue la

per

sonn

e re

gagn

e un

équ

ilib

re e

t se

sent

e en

séc

urit

é av

ec

l’éq

uip

e de

soin

. -

Quat

re p

atie

nts

ont

expri

l’im

port

ance

d’a

voir

une

atte

nti

on i

ndiv

idual

isée

Page 26: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

20

com

me

des

enco

urag

emen

ts v

erba

ux

- A

voir

un

sent

imen

t de

détr

esse

dur

ant

cett

e pé

riod

e et

des

att

ente

s tr

ès

pate

rnal

iste

s de

la p

art d

u co

rps

méd

ical

qu

i es

t un f

acte

ur

lim

itan

t l’

hab

ilit

é de

pren

dre

des

déci

sion

s pa

rtag

ées.

-

Man

quer

de

sout

ien

: il y

a u

n m

anqu

e de

mat

érie

l d’a

uto

-soin

, d’i

nfo

rmat

ions

et

de g

roup

e de

sou

tien

qui

est

rel

iée

à un

fa

ible

deg

ré d

’Em

pow

erm

ent

dans

cet

te

popu

lati

on c

ible

.

Page 27: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

21

Au

teu

rs

Bu

t D

evis

et

pop

ulat

ion

Mét

hod

e d

e co

llec

te d

e d

onn

ées

Rés

ult

ats

Hac

king

et

al.,

20

12

(Eco

sse)

Eva

luer

la

fais

abil

ité,

l’

acce

pta

bil

ité

et

l’ef

fica

cité

d’u

ne

inte

rven

tion

de

Navi

gate

ur

de

déci

sion

pou

r le

s pa

tien

ts

réce

mm

ent

diag

nost

iqué

s d’u

n c

ance

r de

la

pros

tate

: -

éval

uer

si

l’in

terv

enti

on

augm

ente

la

conf

ianc

e et

la

cert

itud

e pa

r ra

ppor

t aux

cisi

ons

conc

erna

nt le

tr

aite

men

t et

dim

inue

le r

egre

t as

soci

é au

x

déci

sion

s pr

ises

-

éval

uer

l’im

pac

t de

l’in

terv

enti

on s

ur

l’hum

eur

et

l’ad

apta

tion

Etu

de c

ontr

ôlée

ran

dom

isée

sur

six

m

ois

n= 1

23 a

dult

es r

écem

men

t dia

gnost

iqués

d’u

n c

ance

r de

la

pros

tate

com

me

tum

eur

prim

aire

et

ayan

t une

déc

isio

n à

pren

dre

conc

erna

nt le

trai

tem

ent

- gr

oupe

con

trôl

e : n

=60

par

tici

pant

s su

ivan

t le

proc

essu

s de

soi

ns h

abit

uel,

incl

uant

une

ren

cont

re a

vec

un

spéc

iali

ste

pour

dis

cute

r de

s op

tion

s de

trai

tem

ent

- gr

oupe

inte

rven

tion

: n=

63

part

icip

ants

qui

reç

oive

nt

l’in

terv

enti

on p

ar l

e nav

igat

eur

de

déci

sion

qui

a é

té c

onst

itué

e de

: 1.

une

ren

cont

re a

vec

un a

ssis

tant

de

rech

erch

e av

ant l

a co

nsul

tati

on a

vec

le s

péci

alis

te. C

et a

ssis

tant

a m

ené

des

entr

etie

ns n

on d

irec

tifs

pou

r ai

der

le

pati

ent à

iden

tifi

er s

es q

uest

ions

clé

s et

ses

pré

occu

pati

ons

2. un a

ccom

pag

nem

ent

par

l’a

ssis

tant

de r

eche

rche

lors

de

la c

onsu

ltat

ion

avec

un

enre

gist

rem

ent d

es

disc

ussi

ons

pour

le p

atie

nt.

Les

outc

om

es s

uiva

nts

ont é

té é

valu

és :

1. L

’eff

icac

ité

déc

isio

nnel

le p

erso

nnel

le p

ar

le b

iais

de

l’éc

hel

le D

ecis

ional

Sel

f E

ffic

acy

(DSE

) de

type

Lik

ert,

de 1

1 it

ems

cronbach

= 0

.93)

au

dépa

rt, a

près

la

renc

ontr

e av

ec le

nav

igat

eur

pour

le g

roup

e in

terv

enti

on u

niqu

emen

t, ap

rès

la

cons

ulta

tion

et à

six

moi

s 2.

Les

con

flit

s dé

cisi

onne

ls p

ar le

bia

is d

e l’

échel

le C

onfl

ict

Dec

isio

nal

Sca

le (

DC

S),

de

type

Lik

ert d

e 16

item

s (α

cro

nbach

=

0.86

) ap

rès

la c

onsu

ltat

ion

et à

six

moi

s 3.

Les

reg

rets

con

cern

ant l

a dé

cisi

on p

ar le

b

iais

de

l’éc

hel

le D

ecis

ion R

egre

t (R

S),

de

type

Lik

ert d

e 5

item

s ( α

cro

nbach

= 0

.81

à 0.

92)

à si

x m

ois

4. L

’aju

stem

ent

et l

’hum

eur,

res

pec

tivem

ent

par

le b

iais

des

éch

elle

s de

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Lik

ert

- M

enta

l A

dju

stm

ent

to C

ance

r Sca

le

(MA

C),

de

40 it

ems

(α c

ronbach

= d

e 0.

45 à

0.

78 s

elon

les

sous

-éch

elle

s)

- H

osp

ital

Anxi

ety

and D

epre

ssio

n S

cale

(HA

DS),

de

14 it

ems

(α c

ronbach

= 0

.80)

5. L

’appré

ciat

ion d

e la

nav

igat

ion b

asée

sur

une

éche

lle

de ty

pe L

iker

t :

Dec

isio

n P

rep

ara

tion M

easu

re

au d

épar

t et à

six

moi

s

- un

e au

gmen

tati

on s

igni

fica

tive

de

l’ef

fica

cité

déc

isio

nnel

le p

erso

nnel

le

du g

roup

e in

terv

enti

on (

n= 5

0) p

ar

rapp

ort a

u gr

oupe

con

trôl

e (n

= 4

0)

aprè

s la

con

sult

atio

n (8

9.4

v.s.

83.

3 ; p

<0.0

1)

et à

six

moi

s (8

9.0

v.s.

82.

7 ; p

<0.0

5)

- un

e di

min

utio

n si

gnif

icat

ive

des

conf

lits

déc

isio

nnel

s du

gro

upe

inte

rven

tion

(n=

56)

par

rap

port

au

grou

pe c

ontr

ôle

aprè

s la

con

sult

atio

n (n

= 4

5) (

1.98

v.s

. 1.7

2 ; p

<0.0

5)

et

une

dim

inut

ion

non

sign

ific

ativ

e à

six

moi

s -

une

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inut

ion

sign

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e de

s re

gret

s pa

r ra

ppor

t à la

déc

isio

n du

gr

oupe

inte

rven

tion

(n=

58)

par

ra

ppor

t au

grou

pe c

ontr

ôle

(n=

44)

(17.

1 v.

s. 1

0.8

p<

0.0

5)

à 6

moi

s -

aucu

n e

ffet

sig

nif

icat

if s

ur

l’hum

eur

et l

’aju

stem

ent

- un

e ap

préc

iati

on d

e la

nav

igat

ion

par

91.9

% d

es p

arti

cipa

nts

du g

roup

e in

terv

enti

on c

omm

e tr

ès a

idan

te e

t co

mm

e un

peu

aid

ante

par

8.1

%

Page 28: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

22

Au

teu

rs

Bu

t D

evis

et

Pop

ulat

ion

Mét

hod

e d

e re

cuei

l de

don

née

s R

ésu

ltat

s

Ald

en,

2014

(U

SA

)

Etu

dier

l’

infl

uen

ce d

’un

outi

l d’a

ide

à la

déci

sion

sur

les

fact

eurs

an

técé

dent

s, e

t le

s m

édia

teur

s as

soci

és à

l’

emp

ow

erm

ent

des

pati

ents

av

ant l

a pr

ise

de

déci

sion

co

ncer

nant

le

trai

tem

ent

d’u

n

canc

er.

Etu

de c

ontr

ôlée

ra

ndom

isée

bas

ée s

ur

une

vign

ette

tude

pil

ote

non

incl

ue

d ans

le tr

avai

l)

n= 4

52 p

arti

cipa

nts

(mo

yen

ne

d’â

ge=

52,8

)

recr

utés

en

lign

e et

ra

ndom

isés

en

deux

gr

oupe

s, o

nt é

té p

rié

de

s’im

agin

er c

onsu

lter

leur

der

mat

olog

ue p

our

disc

uter

des

opt

ions

de

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tem

ent s

uite

à u

n ca

ncer

de

la p

eau

nouv

elle

men

t di

agno

stiq

u é.

- G

roup

e in

terv

enti

on

(DA

gro

up)

: n=

224

pa

rtic

ipan

ts a

yant

reç

u un o

uti

l d’a

ide

à la

déci

sion

ava

nt

l’hyp

oth

étiq

ue

cons

ulta

tion

ave

c le

de

rmat

olog

ue

- G

roup

e co

ntrô

le (

No

DA

gro

up

) : n

= 2

28

part

icip

ants

ac

com

pagn

és e

n sa

lle

d’a

tten

te a

van

t

Les

outc

om

es s

uiva

nts

ont

été

mes

urés

: 1. L

e dés

ir d

’info

rmat

ion

méd

ical

e pa

r le

bia

is d

e l’

échel

le H

ealt

h O

pin

ion

Surv

ey (

α c

ronbach

=

0.7

6)*

(K

rant

z et

al.,

19

80)

2. L

a sa

tisf

acti

on a

vec

la

vie

par

le b

iais

de

l’éc

hel

le S

ati

sfact

ion w

ith

Lif

e Sca

le (

α c

ronbach

=

0.8

7)*

(D

iene

r et

al.,

19

85)

3. L

a co

mpr

éhen

sion

du

canc

er e

t la

conf

ianc

e da

ns la

par

tici

pati

on à

la

déc

isio

n p

ar l

e b

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d’u

ne

sous

-éch

elle

de

l’éc

hel

le

Cance

r Sel

f -E

ffic

acy

cronbach

= 0

.84)*

(W

olf

et a

l., 2

005)

4. L

’att

itude

enver

s le

cance

r p

ar l

e bia

is d

’une

sous

-éch

elle

de

l’éc

hel

le

Cance

r Sel

f-E

ffic

acy

cronbach

= 0

.88)*

(W

olf

et a

l., 2

005)

Le

dés

ir d

’info

rmat

ion

s m

édic

ales

a m

ontr

é :

1. d

ans

le g

roup

e in

terv

enti

on :

-u

ne c

orré

lati

on p

osit

ive

sign

ific

ativ

e av

ec la

com

préh

ensi

on d

u ca

ncer

et l

a co

nfia

nce

dans

la p

arti

cipa

tion

(0.

141

; p<

0.0

5)

et le

se

lf-e

mpow

erm

ent (

0.23

6 ; p

< 0

.01)

indiq

uan

t qu’u

ne

amél

iora

tion d

e

la c

ompr

éhen

sion

du

canc

er e

st a

ssoc

iée

à un

e am

élio

rati

on d

e la

co

nfi

ance

et

de

l’em

pow

erm

ent d

u pa

tien

t. -

une

corr

élat

ion

néga

tive

sig

nifi

cati

ve a

vec

la s

atis

fact

ion

avec

la v

ie

(-0.

173

; p<

0.0

1)

indiq

uan

t qu’u

ne

amél

iora

tion d

e la

com

pré

hen

sion

du c

ance

r es

t ass

ocié

e à

une

dim

inut

ion

de c

ette

sat

isfa

ctio

n.

- un

e co

rrél

atio

n né

gati

ve n

on s

igni

fica

tive

ave

c l’

atti

tude

enver

s le

canc

er

2. d

ans

le g

roup

e co

ntrô

le :

aucu

ne c

orré

lati

on s

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fica

tive

-

le d

ésir

d’i

nfo

rmat

ions

méd

ical

es a

eu

une

infl

uenc

e po

siti

ve

sign

ific

ativ

e su

r le

sel

f-em

pow

erm

ent d

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le g

roup

e in

terv

enti

on p

ar

rapp

ort a

u gr

oupe

con

trôl

e (4

.56/

0.30

7 v.

s. -

1.17

/-0.

055

; p<

0.0

1)

indiq

uan

t qu’u

n d

ésir

d’i

nfo

rmat

ion

s m

édic

ales

est

ass

ocié

à u

ne

amél

iora

tion

du

self

-em

pow

erm

ent.

-

le d

ésir

d’i

nfo

rmat

ion m

édic

ale

n’a

pas

eu d

e dif

fére

nce

sign

ific

ativ

e su

r la

com

préh

ensi

on d

u ca

ncer

et l

a co

nfia

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dans

la

part

icip

atio

n en

tre

le g

roup

e in

terv

enti

on e

t le

grou

pe c

ontr

ôle.

L

a co

mpr

éhen

sion

du

canc

er e

t la

conf

ianc

e da

ns la

par

tici

pati

on o

nt

mon

tré

: da

ns le

gro

upe

inte

rven

tion

et d

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le g

roup

e co

ntrô

le d

es

corr

élat

ions

posi

tives

sig

nif

icat

ives

avec

l’a

ttit

ude

enver

s le

can

cer

(res

pect

ivem

ent 0

.563

et 0

.373

; p

<0.0

1),

la s

atis

fact

ion

avec

la v

ie

(res

pect

ivem

ent 0

.230

et 0

.172

; p

<0.0

1)

et le

sel

f-em

pow

erm

ent

(res

pect

ivem

ent 0

.320

et 0

.199

; p

<0.0

1)

indi

quan

t qu'

une

amél

iora

tion

dan

s la

com

préh

ensi

on d

u ca

ncer

et d

ans

la c

onfi

ance

dan

s la

par

tici

pat

ion e

st a

ssoci

ée à

une

amél

iora

tion d

e l’

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tude

enve

rs le

can

cer,

de

la s

atis

fact

ion

avec

la v

ie e

t du

self

-

emp

ow

erm

ent.

Page 29: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

23

l’hyp

oth

étiq

ue

cons

ulta

tion

ave

c le

de

rmat

olog

ue

5. L

’em

pow

erm

ent d

u pa

tien

t con

cern

ant l

e ca

nce

r p

ar l

e bia

is d

’une

éche

lle

déve

lopp

ée e

t te

stée

pour

l’ét

ude

en s

e

basa

nt s

ur la

litt

érat

ure

cronbach

= 0

.71)*

-la

com

préh

ensi

on d

u ca

ncer

et l

a co

nfia

nce

dans

la p

arti

cipa

tion

a e

u une

infl

uen

ce p

lus

posi

tive

et s

ignif

icat

ive

sur

l’at

titu

de

enver

s le

canc

er d

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le g

roup

e in

terv

enti

on p

ar r

appo

rt a

u gr

oupe

con

trôl

e (0

.729

/0.6

01 v

.s. 0

.403

/0.4

09 ;

p<

0.0

1)

L’a

ttit

ude

enver

s le

can

cer

a m

ontr

é :

- da

ns le

gro

upe

inte

rven

tion

et d

ans

le g

roup

e co

ntrô

le, u

ne

corr

élat

ion

posi

tive

sig

nifi

cati

ve a

vec

la s

atis

fact

ion

avec

la v

ie

(res

pect

ivem

ent 0

.276

et 0

.178

; p

<0.0

1),

et a

vec

le s

elf-

emp

ow

erm

ent (

resp

ecti

vem

ent 0

.456

et 0

.442

; p<

0.0

1),

exp

liqu

ant

qu’u

ne

atti

tude

pos

itiv

e en

vers

le c

ance

r es

t ass

ocié

e à

une

amél

iora

tion

de

la s

atis

fact

ion

avec

la v

ie e

t du

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-em

pow

erm

ent.

La

sati

sfac

tion

ave

c la

vie

a m

ontr

é :

- da

ns le

gro

upe

inte

rven

tion

et d

ans

le g

roup

e co

ntrô

le, u

ne

corr

élat

ion

posi

tive

sig

nifi

cati

ve a

vec

le s

elf-

emp

ow

erm

ent

(res

pect

ivem

ent 0

.175

p<

0.05

et 0

.236

p<

0.0

1)

indi

quan

t que

la

sati

sfac

tion

ave

c la

vie

est

ass

ocié

e à

une

amél

iora

tion

du

self

-

emp

ow

erm

ent.

- A

ucu

ne

dif

fére

nce

n’a

été

dém

ontr

ée e

ntr

e le

s deu

x g

roup

es p

ar

rapp

ort

à l

’infl

uen

ce d

e la

sat

isfa

ctio

n av

ec la

vie

sur

la

com

préh

ensi

on d

u ca

ncer

et l

a co

nfia

nce

dans

la p

arti

cipa

tion

, l’

atti

tude

enver

s le

can

cer,

et

le s

elf-

emp

ow

erm

ent

Page 30: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

24

Au

teu

rs

Bu

t D

evis

et

pop

ulat

ion

Mét

hod

e d

e co

llec

te d

e d

onn

ées

Rés

ult

ats

Cha

brer

a et

al

., 20

14

(Esp

agne

)

1. E

valu

er

l’im

pac

t d’u

n

outi

l d’a

ide

à la

déci

sion

en

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es d

’op

tions

de tr

aite

men

t pou

r le

s pa

tien

ts

atte

ints

de

canc

er

de la

pro

stat

e 2.

Ana

lyse

r la

re

lati

on e

ntre

l’

aide

à la

déci

sion

et l

es

méc

anis

mes

de

cop

ing u

tili

sés

par

les

pati

ents

at

tein

ts d

e ca

ncer

de

la p

rost

ate

Etu

de c

ontr

ôlée

ran

dom

isée

à d

eux

bras

sur

troi

s m

ois

n= 1

22 a

dult

es d

e pl

us d

e 45

ans

nou

vell

emen

t di

agno

stiq

ués

avec

un

canc

er (

tum

eur

prim

aire

) de

la

pro

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e qui

n’o

nt

pas

enco

re r

eçu d

e tr

aite

men

t

cont

re le

can

cer

- gr

oupe

con

trôl

e : n

= 6

1 pa

rtic

ipan

ts r

ecev

ant

uniq

uem

ent

l’in

form

atio

n d

e b

ase

- gr

oupe

inte

rven

tion

: n=

61 p

arti

cipa

nts

rece

vant

une

b

roch

ure

im

pri

mée

, co

mm

e u

n o

uti

l d’a

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à la

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sion

, con

cern

ant l

es c

hoix

de

trai

tem

ent

La

broc

hure

est

org

anis

ée e

n de

ux p

arti

es :

-

une

par

tie

com

pre

nan

t l’

info

rmat

ion s

ur

son

util

isat

ion,

sur

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rost

ate,

le c

ance

r de

la p

rost

ate,

et

les

opti

ons

de tr

aite

men

t ave

c le

s ri

sque

s et

bén

éfic

es

de c

hacu

ne.

- un

e de

uxiè

me

part

ie c

ompr

end

des

exem

ples

de

ques

tion

s à

pose

r au

x pr

ofes

sion

nels

de

sant

é, tr

ois

des

crip

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d’e

xpér

ience

s de

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ients

ayan

t ch

ois

i

diff

éren

tes

opti

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de tr

aite

men

t, se

lon

leur

s va

leur

s pe

rson

nell

es e

t aya

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écu

le p

roce

ssus

de

pris

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cisi

on f

inal

e en

qua

tre

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ies

(la

clar

ific

atio

n de

s id

ées,

l’i

den

tifi

cati

on d

es b

esoin

s p

our

pre

ndre

la

déc

isio

n, l’

explo

rati

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s, l

’app

roch

e des

étap

es à

fra

nchi

r)

Les

outc

om

es s

uiva

nts

ont é

éval

ués

au d

ébut

de

l’ét

ude

et à

tro

is

moi

s :

1.

Les

con

nais

sanc

es d

es p

atie

nts

sur

le c

ance

r de

la p

rost

ate

par

le

bia

is d

’un q

ues

tionnai

re à

13

item

s av

ec d

es q

uest

ions

à c

hoix

m

ulti

ples

ou

sim

ples

(a

ffir

mat

ions

et r

épon

ses

vrai

es,

faus

ses,

ince

rtai

nes)

2.

L

es c

onfl

its

déci

sion

nels

par

le

bia

is d

e l’

échel

le d

e ty

pe

Lik

ert

Confl

ict

Dec

isio

nal

Sca

le (

DC

S),

de 1

6 it

ems

(α c

ronbach

= 0

.86)

3.

L

a sa

tisf

acti

on p

ar r

appo

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u pr

oces

sus

de p

rise

de

déci

sion

p

ar l

e bia

is d

e l’

échel

le de

typ

e

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5.2 Synthèse des résultats

Afin de rédiger la synthèse des résultats des études présentées dans les tableaux, nous nous sommes

basées sur la théorie de la Transition d’Afaf Meleis. Les résultats sont donc classés selon des thèmes

qui correspondent aux concepts de cette théorie.

5.2.1 Nature des transitions

a) Types de transition

Selon la théorie intermédiaire de Meleis, il faut avant tout définir le type de transition dont il est

question. Dans le cadre de ce travail, il s’agit d’une expérience de santé ou de maladie : le cancer.

b) Propriétés

Selon la théorie intermédiaire de Meleis, les propriétés d’une transition influencent le processus de

celle-ci. Nous allons donc reporter ci-dessous les résultats des études qui illustrent cette influence. Ces

éléments aident à dresser un profil pour chaque personne confrontée à l’annonce d’un diagnostic de

cancer et qui doit prendre une décision concernant le traitement médical.

Espace dans le temps

Dans une étude qualitative de type phénoménologique (n=10), qui avait pour but d’explorer les

expériences de participation dans la prise de décision des patients récemment traités pour un cancer

colorectal concernant la planification du traitement, la notion d’espace dans le temps a été présente et

a influencé la prise de décision (Ramfelt & Lützen, 2005). Ces données ont été confirmées par les

résultats d’une deuxième étude qualitative de type phénoménologique, ayant pour but d’identifier les

raisons pour lesquelles les personnes atteintes de cancer du sang ont un faible désir de participation à

la prise de décision concernant le traitement (n=11). En effet, les patients ont dit manquer de temps

pour comprendre et subir une pression élevée concernant le délai de prise de décision qui doit être très

court (Ernst, Berger, Weissflog, Schröder, Körner, Niederwieser et al., 2013).

La notion de temps dans la transition que vivent ces personnes atteintes de cancer a donc une

importance reconnue. Elle influence les conditions dans lesquelles ils pourront prendre une décision.

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26

Points critiques et événements : annonce du diagnostic

Dans ce travail, le point critique au sens de la théorie de la Transition est l’annonce du diagnostic. Les

patients vivent un événement qui bouleverse leur vie et va nécessiter une prise de décision importante.

Le moment critique de l’annonce du diagnostic va avoir des conséquences directes sur l’aptitude des

patients à prendre une décision. En effet, selon Ernst et al. (2013), le moment du diagnostic provoque

une tension émotionnelle haute. Les patients disent alors ne pas avoir toutes leurs capacités pour

prendre une décision éclairée à ce moment-là.

Niveau d’engagement

Le niveau d’engagement démontre la manière dont les personnes s’impliquent dans le processus de

transition et détermine ainsi la manière dont la transition va se passer. Dans l’étude de type

descriptive, qui avait pour but d’identifier la manière dont les patients ont perçu leur implication dans

la prise de décision concernant le traitement médical et les facteurs qui influencent cette implication

(n=192), les résultats ont démontré que certains patients ont un désir fort de s’impliquer activement

dans la prise de décision (Stacey, Paquet & Samant, 2010). On pourrait penser que leur niveau

d’engagement est élevé et aurait une influence sur la suite du processus de prise de décision. Ces

données sont appuyées par les résultats de l’étude de type qualitative (n=18), qui avait pour but

d’identifier les raisons pour lesquelles les personnes vivant en milieu rural ont tendance à consulter

tardivement ainsi que les facteurs qui ont influencé leur prise de décision concernant le traitement

médical (McConigley, Holloway, Smith, Halkett, Keyser, Anoun et al., 2011). Les patients de cette

étude ont dit qu’ils ressentaient la nécessité de s’impliquer pour assurer la qualité de la prise en charge.

En parallèle, selon Ernst et al. (2013), certains patients ont évoqué ne pas vouloir assumer de

responsabilités médicales et préfèrent laisser le médecin décider.

5.2.2 Conditions de transition facilitantes et entravantes

Les conditions de transition déterminent elles aussi le processus de transition. Dans le cas du cancer

qui implique que chaque patient est contraint à faire des choix concernant un traitement médical, les

conditions peuvent avoir une influence plutôt positive comme négative sur la manière dont ils vont

gérer leur transition. La théorie de la Transition de Meleis propose d’évaluer ces conditions afin de

mettre en valeur celles qui sont facilitantes et travailler sur celles qui sont entravantes.

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a) Conditions personnelles

Sens donné à la transition durant le processus

Dans une étude contrôlée randomisée ayant pour but d’évaluer l’influence d’un outil d’aide à la

décision sur les facteurs antécédents, et les médiateurs associés à l’empowerment des patients avant la

prise de décision concernant le traitement (n=452), les résultats ont montré que la compréhension du

cancer et la confiance dans la participation ont une influence positive sur l’attitude face au cancer

(Alden, 2014). Ainsi ces éléments amènent le patient à donner un sens à la transition qu’il vit par sa

maladie.

Préparation et connaissances

Plusieurs études relèvent que la préparation et les connaissances jouent un rôle important dans le

processus de prise de décision concernant le traitement médical. Elles font partie des conditions

personnelles pouvant faciliter ou entraver la transition.

Une partie de la préparation fait référence aux connaissances des patients, elle relève donc de

l’information donnée. Dans l’étude de Stacey et al. (2010), les patients ont révélé non seulement

vouloir de l’information mais aussi être aidés à la comprendre et que les professionnels de santé soient

à l’écoute. Dans cette étude, les patients à qui on a offert le choix du traitement ont été plus actifs dans

la prise de décision (Stacey et al., 2010). Cette donnée est en lien avec la préparation nécessaire pour

un processus de prise de décision en santé.

Dans l’étude d’Ernst et al. (2013), le besoin d’informations et le besoin d’augmenter ses connaissances

ont été démontrés par ce que les patients relèvent. Ils ont dit être dépassés par la complexité de la

maladie qu’est le cancer du sang et par la complexité de la thérapie. Ils ont relevé un manque de

soutien notamment de matériel d’autosoin, d’informations données et de groupes de soutien. Toujours

selon Ernst et al. (2013), ceci pourrait conduire à un faible degré d’Empowerment, qui peut être vu

comme un indicateur de processus plutôt négatif relié à un manque de préparation et de connaissances.

Les patients ont dit ne pas vouloir être submergés par les informations mais recevoir juste le nécessaire

(Ernst et al., 2013). Il convient donc de doser l’information à donner.

Dans une étude randomisée clinique portant sur l’évaluation de l’impact d’un outil d’aide à la décision

chez des patients atteints de cancer et évaluant la relation entre cet outil et l’utilisation de mécanismes

de coping par les patients (n=122), les résultats ont montré que les patients vivent une transition en

santé (Chabrera, Zabalegui, Bonet, Caro, Areal, Gonzalez et al., 2014). La prise de décision leur est

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28

donc facilitée grâce à leurs connaissances renforcées par l’outil d’aide à la décision. En effet, une

partie de l’outil comprenait des informations sur la prostate, le cancer de la prostate, les options de

traitement ainsi que les bénéfices et risques de chacune des options. L’amélioration des connaissances

des patients a montré alors des résultats positifs en termes de prise de décision (Chabrera et al., 2014).

Ces indicateurs de résultats sont présentés sous le concept de « modèles de réponses » selon la théorie

intérmédiaire de la Transition.

Ce besoin d’informations et donc de connaissances a également été relevé par une deuxième étude.

En effet, selon Alden (2014), le désir d’information médicale des patients a une influence positive sur

le self-empowerment. Le self-empowerment qui en résulte fait partie des indicateurs de processus

démontrant le parcours vers une transition en santé. L’outil d’aide à la décision testé par cette étude a

augmenté le désir d’informations des patients. Autrement dit, l’utilisation de cet outil d’aide à la

décision a valorisé le désir d’informations des patients qui en verraient leur Empowerment augmenter.

Cet outil était informatisé et contenait des informations de base sur le cancer et ses traitements (Alden,

2014).

La préparation des patients peut être liée à d’autres notions que ce qui a trait aux connaissances. Dans

l’étude d’Ernst et al. (2013), il est apparu qu’un manque de préparation des patients pourrait se

traduire par un sentiment de détresse lié à la période qui suit l’annonce du diagnostic. Ce sentiment de

détresse a été démontré comme étant un facteur limitant l’habileté à prendre des décisions partagées,

représentant ainsi une condition personnelle entravant le processus de transition.

Croyances et attitudes culturelles

Les croyances ainsi que les attitudes culturelles des patients influencent également le processus de

prise de décision. Différents auteurs ont relevé des données qui peuvent être classées sous ce concept.

Dans l’étude de McConigley et al. (2011), menée en milieu rural, les données ont montré que

différentes croyances et attitudes culturelles influencent l’implication dans le processus de transition et

donc la prise de décision. Certains patients dédramatisent les signes et symptômes avant coureur du

cancer et consultent tardivement, ils attendent de manière prolongée jusqu’à ce que les symptômes

soient insupportables et aigus. Ces patients ont présenté également un manque de compliance quant au

traitement (McConigley et al., 2011). Ces données ont démontré qu’un faible niveau d’implication vis-

à-vis de leur maladie peut être mis en lien avec des croyances et attitudes culturelles. La transition peut

en être entravée. Certains patients de cette étude ont laissé le spécialiste choisir pour faciliter la prise

de décision. Une confiance implicite quant à leur prise en charge et une confiance dans le système de

santé a été signalée (McConigley et al., 2011). Il s’agit d’éléments également liés aux aspects

culturels.

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Cette préférence de laisser le médecin prendre la décision, pouvant être liée à des aspects culturels, a

également été relevée par l’étude d’Ernst et al. (2013). En effet, certains patients ont préféré laisser le

médecin choisir pour ne pas assumer de responsabilités médicales et cette composante fait partie des

croyances et attitudes culturelles susceptibles d’influencer l’implication des patients et donc le

processus de transition en santé. Dans cette même étude, les patients ont évoqué avoir des attentes

paternalistes envers les médecins, ce qui pourrait être un élément culturel. Les patients ont mis

également en lien ces attentes avec le sentiment de détresse qu’ils ont ressenti à l’annonce du

diagnostic, ressorti plus haut comme étant lié à un manque de préparation dans les conditions

entravantes.

Statut socio-économique

Le statut socio-économique est une composante importante qui influence la prise de décision chez les

patients. Selon McConigley et al. (2011), certains patients ont des préoccupations autres que leur santé

notamment le travail en rappelant que le contexte de cette étude est à placer en milieu rural.

b) Conditions communautaires

Les conditions communautaires comprennent le soutien qui entoure les patients tant au niveau

familial, amical, professionnel que structurel.

Une des composantes des conditions communautaires concerne le lieu d’habitation. Selon McConigley

et al. (2011), un lieu d’habitation éloigné du lieu de traitement peut entraver l’implication des patients

dans la prise de décision et donc leur processus. Le confort est augmenté et le stress est diminué si ces

lieux sont rapprochés.

L’autre composante des conditions communautaires relevée par une étude dans ce travail est la notion

de soutien de la part des professionnels de la santé. Ramfelt et Lützen (2005) ont mis en évidence,

dans leur étude, l’importance d’un dialogue ouvert et interactif permettant aux patients de partager

leurs valeurs et émotions ce qui facilite la prise de décision. Dans l’étude de Stacey et al. (2010), les

patients ont décrit vouloir être écoutés par les professionnels de la santé et qu’on leur accorde du

temps. Selon Ernst et al. (2013), les patients ont besoin d’un soutien émotionnel de la part des

professionnels de la santé. Ils ont relevé avoir développé un lien de confiance au-delà du pacte

thérapeutique, ce qui permet la transition en santé. Ils attendent une attention individualisée.

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Croyances et attitudes des médecins

Selon Ernst et al. (2013), les conditions communautaires de la transition, comprenant le réseau privé et

professionnel des patients, influencent la prise de décision. Cette fois l’influence provient de l’attitude

des professionnels de santé, notamment des médecins, par rapport à l’implication des patients dans le

processus de prise de décision. En effet, certains patients ont vécu un dilemme entre leur besoin de

gérer leur situation et les oncologues qui empiètent sur ce besoin (Ernst et al., 2013). Autrement dit,

les patients ont ressenti le besoin de s’impliquer dans la prise de décision mais certains médecins

entraveraient cette participation.

5.2.3 Modèles de réponses

Selon la théorie intermédiaire de Meleis, les modèles de réponses donnent des indications sur

l’évolution de la transition. Ce sont des guides qui démontrent si la transition évolue en santé ou non.

Certains auteurs ont mesuré des résultats quant à la prise de décision que les patients atteints de cancer

avaient souligné dans leur étude. Nous allons les classifier en tant que résultats sous ce concept.

a) Indicateurs de processus

Sentiment d’être en lien

Les patients qui relèvent des besoins relationnels font référence au sentiment d’être en lien. Ce dernier

en tant qu’indicateur de processus est lié aux conditions facilitantes.

Dans l’étude de Stacey et al. (2010), les patients ont fait référence au besoin d’être écoutés et ont

demandé du temps dédié au relationnel. Selon Ernst et al. (2013), les patients ont dit avoir développé

un lien de confiance avec les soignants au-delà du pacte thérapeutique comme expliqué dans le

paragraphe sur les conditions communautaires. Ceci les a alors aidé dans leur prise de décision. Ils ont

nommé un besoin de soutien émotionnel par le médecin afin de retrouver un équilibre qui

compenserait la perte d’autonomie. Enfin, les patients ont relevé un besoin d’attention individualisée

(Ernst et al., 2013).

Il a été vu également que les conditions communautaires comme le soutien, dont celui des

professionnels de la santé, est perçu comme facilitant la transition. Il est donc normal que ces éléments

se retrouvent comme indicateurs de processus en santé.

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Développement de la confiance, du coping et interaction

Le développement du coping est un indicateur de processus dans le sens où il montre que le patient a

des stratégies pour entreprendre et réussir la prise de décision concernant le traitement médical du

cancer. En effet, Ramfelt et Lützen (2005) ont montré que la participation des patients est une manière

saine de promouvoir le coping. En revanche, les patients qui ont eu des difficultés avec la prise de

décision ou qui n’ont pas participé, ont présenté des caractéristiques comme l’incertitude, l’humeur

dépressive, le fait d’être submergés par les décisions à prendre et de ne pas avoir le temps, pouvant

justement être mises en lien avec un manque de développement du coping (Ramfelt & Lützen, 2005).

Les patients ont présenté des stratégies d’adaptation et également de la confiance notamment lorsqu’ils

ont eu des interactions facilitantes durant leur processus. Un sentiment de confiance en soi et de

compétences personnelles ont facilité les interactions avec le médecin et ainsi la participation à la prise

de décision (Ramfelt & Lützen, 2005). Le manque d’interaction entre le patient et le médecin ainsi que

la monopolisation de la décision par ce dernier ont déjà été soulevés comme étant des facteurs

communautaires entravants (Ernst et al., 2013).

Dans l’étude contrôlée randomisée qui avait pour but d’évaluer la faisabilité, l’efficacité et

l’acceptabilité d’une intervention de Navigateur de décision pour des patients atteints de cancer de la

prostate (n=123), il a été montré que l’intervention a permis une transition en santé pour les patients,

mise en évidence par des résultats positifs liés à la prise de décision (Hacking, Wallace, Scott,

Kosmala-Anderson, Belkora, McNeill, 2012). L’intervention a consisté en l’implication d’un

navigateur de décision, c’est-à-dire d’un assistant de recherche, qui rencontre le patient avant sa

consultation avec le médecin afin de l’aider à identifier ses questions clés ainsi que ses préoccupations

et enfin l’accompagner à la consultation (Hacking et al., 2012). Une diminution des conflits

décisionnels, une augmentation de l’efficacité personnelle ainsi qu’une diminution des regrets associés

aux décisions prises ont été observées. Il s’agit également d’indicateurs de résultats liés au

développement de la confiance et du coping. Ernst et al. (2013) ont présenté encore d’autres stratégies

liées au coping que mettent en place les patients. Ces derniers nomment effectivement leurs besoins,

notamment un besoin de soutien émotionnel (Ernst et al., 2013).

Dans l’étude de Chabrera et al. (2014), la brochure d’aide à la décision qu’ils ont testée a permis une

transition en santé chez les patients prouvée par une diminution des conflits décisionnels ; en accord

avec les résultats de l’étude de Hacking et al. (2012), mais a aussi permis une augmentation de la

satisfaction ainsi qu’une augmentation de l’utilisation des mécanismes de coping.

Des indicateurs de processus sont également relevés par Alden (2014) en faisant référence à

l’Empowerment des patients.

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b) Indicateurs de résultats

Comme décrit ci-dessus, les indicateurs de résultats servent à démontrer si la transition s’est faite en

santé ou non. Les marqueurs comprennent la maîtrise ainsi que le renouvellement de l’identité.

Concernant les études sélectionnées pour ce travail, le but était de parvenir à une transition en santé et

donc une prise de décision en santé. Les indicateurs de résultats relevés pour les différentes études

sont indiqués sous le chapitre « indicateurs de processus » et ne seront donc pas répétés ici.

5.2.4 Interventions

Les interventions infirmières relevées par les auteurs ont été explicitées et détaillées à plusieurs

reprises dans différentes parties du chapitre résultats. Nous pouvons tout de même préciser qu’elles

peuvent être classées en deux sous-thèmes, notamment la préparation par l’éducation du patient et

l’évaluation du rôle de soutien et de suppléance.

La préparation par l’éducation thérapeutique est illustrée principalement par Hacking et al. (2012)

avec l’intervention de Navigateur de décision ainsi que par Chabrera et al. (2014) et Alden (2014)

avec des outils d’aide à la décision.

L’évaluation du rôle de soutien et de suppléance est étayée par Ramfelt et Lützen (2005) ainsi

qu’Ernst et al. (2013) en ce qui concerne le soutien, puis par McConigley et al. (2011) en ce qui

concerne la suppléance.

6. Discussion

Dans ce chapitre, les limites pour chaque étude seront tout d’abord discutées avant de résumer et de

confronter les principaux résultats des études. La question de la généralisation des résultats suivra

ainsi qu’une réponse à la question de recherche et des recommandations pour la pratique. Enfin, une

mise en perspective avec la littérature récente ainsi que des recommandations pour la recherche seront

amenées.

Pour rappel, les résultats des études sélectionnées pour ce travail peuvent être classés sous trois thèmes

principaux selon la théorie intermédiaire de Meleis ; les propriétés, les conditions de la transition et les

modèles de réponses. Les propriétés comprennent notamment la notion du temps qui presse les

patients pour choisir un traitement suite à l’annonce du diagnostic. Cette annonce représente d’ailleurs

un point critique qui entrave les capacités des patients à prendre des décisions. Le niveau

d’engagement des patients est également compris comme ayant un impact sur le processus de prise de

décision. Les patients présentent, de plus, des conditions personnelles comme leur niveau de

préparation et leurs connaissances qui peuvent les aider à faire un choix éclairé, ou encore leurs

croyances et attitudes culturelles comme la notion du paternalisme pouvant entraver leur participation.

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Les conditions comprennent également le soutien des professionnels de la santé, notamment dans la

relation soignant-soigné. Dans le cadre de ce travail, les patients qui présentent un développement de

la confiance et de leurs stratégies de coping ainsi qu’une interaction facilitante avec les professionnels,

sont vus comme réussissant leur prise de décision.

6.1 Validité et limites par étude

Hacking et al. (2012) : Cette étude a été menée en Ecosse, la généralisation des résultats est donc

possible en comparaison avec la Suisse. Les auteurs ont reconnu que leurs conclusions ne

s’appliquaient probablement que chez les patients de type caucasien, la seule population de l’étude.

L’intervention étudiée ici avait déjà fait l’objet d’une précédente étude aux Etats-Unis et les résultats

ont concordé, ce qui renforce les possibilités de généralisation des résultats. Concernant la population,

les auteurs ont dit que les deux groupes randomisés étaient semblables mais aucune analyse statistique

n’a été présentée. Il est apparu néanmoins que certaines caractéristiques étaient différentes d’un

groupe à l’autre. Aucun calcul statistique qui permette de conclure à des résultats significatifs en

termes de taille d’échantillon n’a été indiqué. Les auteurs ont soulevé eux-mêmes avoir pu recruter

moins de patients qu’il ne fallait pour atteindre la puissance souhaitée. Les échelles de mesure utilisées

dans l’étude ont été brièvement décrites par les auteurs et référencées. Les auteurs n’ont pas présenté

de donnée concernant la fidélité ou la validité de ces échelles. L’analyse des données s’est basée sur

des méthodes statistiques auxquelles les auteurs ont été fidèles pour leurs conclusions.

Chabrera et al. (2014) : Cette étude a été effectuée en Espagne. La comparaison de la population de

ce pays avec celle de la Suisse au niveau de la culture des soins permet la généralisation des résultats,

même si les attentes paternalistes vis-à-vis du médecin sont encore parfois présentes chez certains

patients en Espagne. L’étude n’a pas présenté de cadre de recherche et les auteurs ne l’ont pas justifié.

Au niveau de la population, les auteurs ont dit que les deux groupes randomisés étaient semblables

mais aucune analyse statistique n’a été indiquée pour le prouver. Cela constitue un biais qui requiert

donc de considérer les résultats avec prudence, d’autant plus qu’à l’œil nu notamment le statut marital

semble présenter une grande différence entre les deux groupes alors que cet élément pourrait avoir une

influence. En revanche, la taille de l’échantillon nécessaire pour pouvoir conclure à des résultats

significatifs a été calculée en utilisant un logiciel informatique (GRANMO). Les échelles utilisées

dans l’étude ont été référencées par les auteurs, leur validité et fidélité ont été présentées. Les calculs

statistiques pour l’analyse des données sont présentés et suivis pour les conclusions des auteurs.

Alden (2014) : Cette étude a été menée à Hawai (USA), il convient d’utiliser les résultats en tenant

compte des différences culturelles possibles. Seule l’étude contrôlée randomisée a été utilisée pour ce

travail, cependant l’étude pilote et l’étude expérimentale ont été présentées dans le même article ce qui

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34

rend la lecture critique moins évidente. En effet, certains éléments ont été présentés dans l’étude pilote

seulement (par exemple le modèle structurel). Un modèle structurel a donc été utilisé par l’auteur pour

cette étude mais il n’a pas été clairement décrit ce qui fait que les hypothèses ne sont pas

complètement justifiées. Les hypothèses ont été présentées avec un schéma. La recension des écrits

n’apporte d’ailleurs pas l’entier du complément nécessaire.

Le recrutement de l’échantillon apporte un biais considérable pour la généralisation des résultats

puisqu’il ne s’agit pas de patients qui vivent l’expérience de maladie. Les participants étaient des

personnes recrutées par internet, elles ont été rémunérées et ont été exposées à une vignette qui décrit

la situation. L’outil informatisé d’aide à la décision cité dans la vignette n’a pas été décrit de manière

détaillée, nous savons seulement qu’il contient de l’information de base sur le cancer et ses

traitements. Cela implique qu’il est difficile de savoir ce qui est vraiment utile pour favoriser la prise

de décision. Il s’agissait de plus, d’un échantillon de convenance. Toujours au niveau de la population

de l’étude, les caractéristiques des participants ont été présentées dans un tableau avec des analyses

statistiques qui ont démontré des différences significatives entre les deux groupes, cependant pas

relevées par l’auteur. Les échelles utilisées ont été référencées et la fidélité de celles-ci a été

démontrée par l’alpha cronbach. L’auteur n’a pas mentionné de soumission de l’étude à un comité

d’éthique pour obtenir une validation.

Ramfelt & Lützen (2005) : Cette étude qualitative a été menée en Suède. Les informations

concernant la population de l’étude, n’ont pas été décrites de manière précise. Il n’y a pas de tableau

des caractéristiques des participants, nous savons seulement qu’ils avaient entre 61 et 76 ans. Ceci

aurait été intéressant car c’est une étude de type qualitative et l’environnement socioculturel est un

élément essentiel pour décrire la personne dans son contexte. D’autant plus que dans un des extraits de

témoignages, un participant a expliqué qu’il a pris la décision avec sa femme. Concernant la crédibilité

des données, un biais est probable. En effet, les auteurs se sont basés sur la théorie ancrée qui a comme

but d’explorer le processus social et d’identifier les mécanismes humains caractéristiques qui

répondent et traitent avec différentes circonstances de la vie. Cette théorie veut que les patients

valident les données analysées pour éviter l’interprétation. Cette étape n’a pas été présentée dans

l’article. De plus, il n’est pas mentionné que les données aient été analysées par deux chercheurs

indépendamment. Enfin, le premier auteur a une grande expérience dans le caring chez des patients

atteints de maladies graves. Ceci aurait pu faciliter l’interaction qu’il a eue avec les patients du fait de

son empathie et de sa sensibilité marquée mais ceci sous-entend qu’il avait une représentation et une

compréhension préalable du phénomène et aurait donc pu interpréter les résultats durant le processus

d’analyse. Pour ces différentes raisons, un risque d’interprétation de la part des auteurs est possible.

Stacey et al. (2010) : Cette étude a été menée au Canada. La transférabilité des résultats est donc

possible en comparaison avec la Suisse. L’étude a été guidée par un modèle d’aide à la prise de

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décision reconnu, ce qui augmente la transférabilité des résultats. L’étude a été basée sur un

échantillon de convenance qui était néanmoins d’une taille adéquate (n=192). Au niveau de la

méthode de collecte de données ainsi que l’analyse, les auteurs n’ont pas donné de précision quant à la

conduite de la recherche en ce qui concerne la partie qualitative. Aucune indication n’a été donnée

quant à la manière de faire l’analyse thématique, ce qui limite considérablement la transférabilité. En

nommant les limites de leur étude, les auteurs ont dit que les réponses des participants avaient été

notées par l’assistant de recherche directement lors des entretiens mais qu’aucun enregistrement audio

n’avait été fait, ce qui a pu réduire la richesse des données et en biaiser la retranscription. La

crédibilité des données n’a donc pas suffisamment été explicitée par les auteurs. Cependant, les

résultats de cette étude ont coincidé avec la recension des écrits et les résultats attendus. Les patients

ont participé à l’étude trois à six mois voire plus après le moment où ils ont du prendre une décision.

Les résultats ont alors pu être biaisés car ils ont pu ne plus se souvenir si clairement de comment ils se

sont sentis au moment de l’annonce du diagnostic. La transférabilité des résultats en est réduite et, de

ce fait, les conclusions ne correspondent pas directement à la question de recherche qui est centrée sur

l’annonce du diagnostic. Toujours en ce qui concerne les résultats, il y a des différences entre les

chiffres présentés dans le tableau et ceux du texte. Les auteurs ont relevé qu’un autre biais réside dans

le fait que les patients ayant accepté de participer à cette étude devaient déjà présenter un intérêt pour

la participation à la prise de décision à la base et auraient pu ainsi avoir répondu ce qui leur semblait

plus acceptable. Ils ont également soulevé comme limite les différents types de cancer inclus ainsi que

les différents stades de la maladie qui ont pu influencer les réponses des participants.

McConigley et al. (2011) : Cette étude a été menée dans les milieux ruraux d’Australie. La

comparaison avec les milieux ruraux de Suisse pourrait donc être difficile étant donné que la distance

entre le lieu d’habitation et les centres de traitements est plus accessible en Suisse. En effet, les

participants habitaient à plusieurs heures de voiture des villes munies d’hôpitaux.

Concernant la population et l’échantillon de cette étude, les caractéristiques des patients présentent des

différences notables. Il y avait le double d’hommes (n=12,66.6%) par rapport aux femmes (n=

6,33.3%), ce qui pourrait introduire un biais quant aux résultats.

De plus, plus du double des participants étaient mariés (n= 11,61.1%) par rapport aux

célibataires/divorcés (n= 7,38.9%). Cela aurait pu avoir un impact notamment sur le rapport à la

maladie. L’âge des participants variait passablement avec une fourchette de 31 ans à plus de 80 ans

(moyenne 57.6 ans). Les réponses des participants auraient pu également varier en raison de différents

facteurs comme la mobilité, la possession d’une voiture, d’un permis, d’autres problèmes de santé et

du travail. De plus, l’échantillon représentatif de chaque région rurale de l’Ouest australien était petit,

ce qui pourrait réduire la transférabilité des données.

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36

Les participants potentiels ont été choisis en fonction de la pertinence de leur profil en regard de

l’étude et de s’ils étaient intéressées à participer à celle-ci. Ainsi, seulement les personnes ayant de

l’intérêt ont participé ce qui pourrait constituer un biais.

Concernant le devis, les participants ont été contactés par le chercheur assistant pour planifier un

entretien. Les entretiens étaient semi-structurés et menés soit face-à-face soit par téléphone pour des

raisons de localisation géographique, de choix des participants et d’accessibilité. De ce fait, il aurait pu

y avoir une modification des réponses liée à la méthode de collecte de données. Toutefois, les auteurs

argumenté dans la discussion en disant que cela montrait bien la réalité du terrain. Ils ont dit que

c’était aussi une manière de privilégier ces groupes qui n’auraient pas pu se déplacer. L’entretien est

basé sur un guide d’entretien comportant des questions spécifiques. La personne qui tenait l’entretien

était un professionnel de la santé avec de l’expérience dans ce type de recherche. Cependant l’article

n’a pas mentionné précisément la fonction de ce dernier. Un guide d’entretien a été utilisé dans le but

de faire ressortir les éléments clés qui ont le plus influencé les décisions des patients en regard du

traitement et du diagnostic. Cependant, aucune information n’est décrite concernant ce guide

d’entretien et son auteur. Nous ne savons pas d’où viennent les questions de l’entretien et comment

elles ont été construites.

Ernst et al. (2013) : Cette étude qualitative a été faite en Allemagne, du fait de la proximité avec la

Suisse, les données sont transférables. L’échantillon de l’étude était moindre (n=11). Les auteurs ont

recruté 177 patients et ont formés trois groupes distincts selon leur préférence quant au mode de prise

de décision (groupe « decision paternaliste », groupe « décision partagée » et groupe« décision

autonome »). Dix-neuf patients ont été retenus entre les trois groupes (soit six à sept par groupe). Nous

ne savons pas comment/sur quels critères ils ont choisi leur 19 patients. Le seul critère d’exclusion

connu était si les personnes habitaient à plus de 100 km car les entretiens ont été effectués face à face.

Onze patients ont accepté de participer à l’étude et répondu au questionnaire, ce qui est inférieur à un

échantillon suffisant de 20 à 30 personnes pour une étude de type qualitative.

Le tableau des caractéristiques des patients présente seulement l’âge, le sexe et le diagnostic. Dans un

souci de saisir l’ensemble du contexte du patient, il aurait été intéressant de connaître les données

sociodémographiques des patients qui n’ont pas été présentées au lecteur. A savoir qu’un des

outcomes de l’étude, était d’évaluer les influences du contexte familial sur les décisions médicales. Les

auteurs ont utilisé une grille pour l’entretien mise en place par Ernst, Schröder et Berger (2005). La

référence pour retrouver la grille est inexistante et la grille ne figure pas en annexe.

Les résultats ont été catégorisés par thèmes mais il n’y avait pas de distinction entre les groupes

formés en amont. Ceci perturbe la lecture des résultats étant donné la divergence concernant le

positionnement face à la participation dans la prise de décision concernant le traitement.

Page 43: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

37

6.2 Résumé et confrontation des principaux résultats

6.2.1 Propriétés

Espace dans le temps

Le temps semble jouer un rôle important pour que les patients puissent être dans de bonnes conditions

pour la prise de décision. Deux études de type qualitative ont relevé que le manque de temps pour la

prise de décision avait comme conséquence une pression supplémentaire subie par les patients

(Ramfelt & Lützen, 2005 ; Ernst et al., 2013).

Il est donc important de prendre en compte cette pression qui peut être facilitée par des interventions

infirmières. Le patient a rapidement besoin d’outils nécessaires pour qu’il puisse prendre une décision

éclairée dans de brefs délais. Pour le professionnel cela implique de trouver le juste milieu entre

l’urgence de la maladie et la nécessité de commencer un traitement rapidement, sans tout de même

bousculer le patient dans sa réflexion.

Points critiques et événements : l’annonce du diagnostic

A l’annonce du diagnostic, les patients disent ressentir une tension émotionnelle haute qui les empêche

d’avoir toutes les capacités requises pour prendre une décision éclairée concernant le traitement (Ernst

et al., 2013). Ce déséquilibre psychologique est décrit dans d’autres études qualitatives plus anciennes

détaillées dans la problématique (Kelly-Powell, 1997 ; Chang et al., 2004).

Une étude de type qualitative ayant pour but de décrire les expériences des patients face aux choix du

traitement au moment du diagnostic, affirme également que les patients disent avoir un sentiment de

perte de contrôle au moment du diagnostic (Kelly-Powell, 1997). Cependant, l’auteur ajoute que la

possibilité de participation à la prise de décision concernant le traitement, favorise la venue de

sentiments positifs chez le patient, comme le sentiment de reprise de contrôle sur sa vie (Kelly-Powell,

1997). Selon Chang et al. (2004), le cancer arrive dans la vie des patients de manière inattendue. Ils se

trouvent plongés dans une expérience désagréable et mettant leur vie en péril. Les auteurs parlent de

sentiments négatifs de la part des patients pendant cette période qui les amènent à être vulnérables et

perdre le contrôle sur leur vie (Chang et al., 2004).

Niveau d’engagement

Des divergences quant à l’implication et donc au niveau d’engagement de chacun concernant la

participation à la prise de décision ont émergé. En effet, certains patients disent vouloir s’impliquer

dans leur maladie (Stacey et al., 2010 ; McConigley et al., 2011), alors qu’il y a tout de même un

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38

certain nombre de patients qui cèdent au médecin la prise de décision concernant le traitement médical

car ils ne veulent pas assumer la responsabilité qui en découle (Ernst, 2013). Il est à noté que, d’une

manière générale, depuis quelques années, une augmentation du désir de participation aux décisions

concernant le traitement de la part des patients se fait ressentir (Chewning et al., 2012). Néanmoins,

les différences en rapport avec le niveau d’engagement dans les études citées ci-dessus pourraient être

dues à divers facteurs. Selon notre interprétation, les facteurs générationnels sont à prendre en compte.

De plus la complexité de la maladie, soulevée par exemple dans les cas de cancer du sang est un

facteur dissuasif quant à l’implication des patients (Ernst et al., 2013). Des facteurs socioculturels

pourraient également être impliqués dans le processus du niveau d’engagement (McConigley et al.,

2011).

Selon Chang et al. (2004), les résultats de la participation et de l’implication du patient dans sa prise

en charge sont positifs ; on peut citer l’augmentation du sentiment de confiance, d’espoir, de soutien et

d’utilité. Un déficit dans l’engagement aurait comme effet de favoriser le désespoir et ainsi mettre à

mal la transition (Chang et al., 2004). Les résultats positifs de la participation à la prise de décision de

manière éclairée ont été confirmés dans la problématique grâce à un autre auteur (Pipe et al., 2005).

De ce fait, le niveau d’engagement est un point central de la prise en charge de ces patients, qui

conduirait à une transition en santé.

6.2.2 Conditions de transition facilitantes et entravantes

a) Conditions personnelles

Sens donné à la transition

Un seul article dans ce travail amène la notion du sens que le patient donne à la transition. Selon Alden

(2014), si le patient donne un sens facilitant à la transition qu’il vit par la compréhension de la

maladie, alors ce sens aura une influence positive sur l’attitude qu’il va avoir face à son cancer. Cette

condition facilitante pourrait, selon notre vision, avoir un rôle important dans l’acceptation de la

maladie et ainsi contribuer à une transition en santé ou le retour à une période stable. C’est pourquoi

nous pensons qu’il serait intéressant d’explorer ce concept dans d’autres recherches.

Préparation et connaissances

Six articles de ce travail mentionnent que la préparation et les connaissances des patients jouent un

rôle facilitant pour favoriser la prise de décision (Stacey et al., 2010 ; McConigley et al., 2011 ;

Hacking et al., 2012 ; Ernst et al., 2013 ; Chabrera et al., 2014 ; Alden, 2014). Nous avions soulevé

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39

dans la problématique que le manque d’informations et de connaissances pouvait détériorer l’état

psychologique des patients ayant un cancer et étant confrontés à une prise de décision concernant le

traitement médical. Ceci amenait les professionnels à avoir une image des patients comme étant

incapables de prendre des décisions. Dans l’étude de Ramfelt et Lützen (2005), certains patients ont

relevé être compliants avec la décision prise par le médecin sans pour autant y avoir participé. Il est

possible de se poser la question si cette compliance est due à un manque de connaissances qui rendrait

la prise de décision difficile pour le patient, parmi d’autres causes possibles.

Il est alors intéressant de voir que les articles de ce travail se rejoignent pour conclure que les patients

ont besoin d’informations et de connaissances pour améliorer leurs résultats en termes de prise de

décision. Les différents auteurs relèvent chacun des particularités autour de l’information. Pour Stacey

et al. (2010), il faut donner de l’information mais pas seulement. Il est important de prendre le temps

d’aider les patients à comprendre cette information et répondre à leurs questions. L’étude d’Ernst et al.

(2013) ajoute qu’il est nécessaire de doser l’information donnée, notamment dans le contexte de

complexité de la maladie (cancer du sang) relevée par les participants de l’étude. Il faudrait alors se

demander si le niveau d’information à donner diffère en regard de chaque cancer et dans ce cas quelles

informations donner. Cette donnée peut être mise en lien avec la problématique en décrivant que

l’avancée scientifique dans les traitements médicamenteux des cancers joue un rôle dans la complexité

de la situation (Shannon-Dorcy & Wolfe, 2003). En effet, une maladie comme le cancer peut être

complexe et ses traitements également, ce qui rend plus difficile la prise de décision sans information

et connaissance.

L’outil d’aide à la décision, utilisé dans l’étude de Chabrera et al. (2014), comprend une partie

d’informations mais également en parallèle une partie de descriptions d’expériences de patients et

d’exemples de questions à poser au médecin. L’information étant ici complétée par d’autres éléments,

il serait utile de savoir quelle partie de l’outil d’aide à la décision favorise le plus la prise de décision

pour les patients ou s’il est question des deux parties ensemble.

L‘outil d’aide à la décision d’Alden (2014) ne comprend lui que de l’information de base concernant

le cancer et ses traitements mais il est difficile de comparer les deux études puisqu’elles ne mesurent

pas les mêmes résultats.

Croyances et attitudes culturelles

Le contexte de vie des patients est un facteur qui contribue largement à leur choix d’implication dans

leur santé (McConigley et al., 2011 ; Ernst et al., 2013). De manière plus spécifique, les croyances et

les attitudes culturelles pourraient expliquer certains choix notamment le désir ou pas de s’impliquer

dans les décisions médicales concernant le traitement et la manière de s’impliquer.

Certains patients habitant des milieux ruraux disent dédramatiser les signes et symptômes avant-

coureurs du cancer. Ces raisons les pousseraient à attendre que les symptômes soient aigus pour

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40

consulter (McConigley et al., 2011). Nous l’interprétons ici comme une attitude culturelle dans ces

milieux où il n’y a pas de place pour la « bobologie » et un probable manque de connaissances de la

part de ces personnes. Il en ressort un manque d’implication des patients dans la prise en charge de

leur santé, lié à des aspects culturels. Bien que l’étude qui discute ces propos ait été faite en Australie,

les résultats pourraient aussi présenter des similitudes en Suisse où ces problématiques sont tout à fait

probables et actuelles concernant les milieux ruraux.

D’autres éléments ressortent dans l’étude de McConigley et al. (2011), certains patients des milieux

ruraux demandent du soutien et de l’aide tandis que d’autres ne sont pas compliants (McConigley et

al., 2011). Ces différences seraient à évaluer à plus grande échelle car l’échantillon de l’étude

représente un faible pourcentage de cette population rurale. Dans l’étude d’Ernst et al. (2013), les

attentes paternalistes de la part du médecin sont aussi des éléments culturels qui sont mentionnés

surtout au moment de l’annonce du diagnostic, qui engendre un sentiment de détresse exprimé par les

patients.

Bien qu’ancrée dans les attitudes culturelles, cette approche paternaliste serait à discuter. En effet, il a

été démontré dans l’étude de Ramfelt et Lützen (2005), que les patients compliants (qui ont laissé le

médecin prendre les décisions concernant le traitement) mais qui n’ont pas participé à la prise de

décision ont exprimé des sentiments négatifs tels que l’incertitude et la dépression. En revanche, il en

ressort que les personnes compliantes ayant participé aux prises de décisions concernant le traitement,

voient leur confiance en elles et leurs compétences personnelles augmenter et induire des effets très

bénéfiques comme le respect, la responsabilité, les interactions facilitées avec le médecin, et l’espoir

(Chang et al., 2004 ; Ramfelt & Lützen, 2005).

Statut socio-économique

Le statut socio-économique semblerait être un sujet pertinent quand à la prise de décision concernant

le traitement médical mais étonnamment, seulement un des auteurs le mentionne. En effet, le regard

des patients sur leur santé divergerait dans les milieux plus défavorisés en matière d’accès aux soins

(milieux ruraux par exemple). Les patients mentionnent une problématique financière qui les

pousserait à travailler malgré des problèmes de santé notables et à ne pas prendre le temps d’aller

consulter (McConigley et al., 2011). Leur implication dans leur maladie et dans la prise en charge

notamment au niveau de la prise de décision en est donc affectée. D’une certaine façon, cette

thématique socio-économique démontre la complexité du système de santé face aux enjeux sociaux et

se devrait, selon notre compréhension, d’être évaluée et prise en compte.

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41

b) Conditions communautaires

Le soutien des professionnels de la santé est démontré comme nécessaire dans les résultats de

plusieurs études de type qualitatif (Ramfelt & Lützen, 2005 ; Stacey et al., 2010 ; Ernst et al., 2013). Il

est proposé de favoriser le dialogue ouvert et interactif de la part des professionnels (Ramfelt &

Lützen, 2005). Cette attitude permettrait l’expression des valeurs et des attentes des patients,

augmenterait l’implication de ces derniers dans les décisions concernant le traitement et éviterait le

dilemme de certains patients entre leur désir de participer qui est entravé par certains médecins qui

prendraient les décisions (Ramfelt & Lützen, 2005 ; Ernst et al., 2013). De plus, elle favoriserait une

attention individualisée de la part des professionnels qui est un besoin indiqué par les patients atteints

de cancer (Ramfelt & Lützen, 2005). Les patients disent avoir développé une relation de confiance au-

delà du pacte thérapeutique qui a été perçue par eux comme avantageuse (Ernst et al., 2013) et vouloir

que les professionnels de la santé soient à l’écoute (Stacey et al., 2010). Bien que la communication

avec le patient semble implicite et faire partie des compétences de l’infirmière, il est nécessaire de le

rappeler dans ce travail car la relation patient-soignant semble jouer un rôle primordial dans cette

thématique. D’ailleurs les résultats des études ne mentionnent pas systématiquement cette thématique.

On pourrait alors se demander si la cause qui fait que certains patients compliants avec les décisions

du médecin (mais n’ayant pas participé à la prise de décisions) présentent des sentiments négatifs

(Ramfelt et Lützen, 2005), serait due à un manque d’interaction entre soignant-soigné. Ceci entraverait

leurs capacités du moment à pouvoir participer aux prises de décisions concernant le traitement de

manière adéquate.

Pourtant faisant partie des conditions communautaires, l’entourage n’a que très peu été soulevé dans

les sept articles sélectionnés. Seulement dans quelques extraits d’interviews (Ramfelt & Lützen, 2005)

certains patients ont mentionné leur conjoint comme un pôle aidant quant à la prise de décision

concernant le traitement. Ceci peut être dû à la manière de poser les questions lors des entretiens et la

manière dont les personnes comprennent à leur tour la question. Les réponses des patients, dans le

cadre d’études qualitatives ne correspondent donc pas toujours aux attentes ou aux buts spécifiques

des chercheurs.

La communication et le soutien avec les pairs ont été relevés comme étant des désirs des patients.

Certains parlent de la nécessité d’avoir un groupe de soutien qui les amènerait à un plus haut degré

d’Empowerment (Ernst et al., 2013). Toutes ces conditions communautaires sont donc à prendre en

compte dans le profil du patient afin qu’elles puissent mener à une transition en santé.

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42

6.2.3 Modèles de réponses

Indicateurs de processus et de résultats

Un des indicateurs de processus d’une transition en santé concerne le sentiment d’être en lien. Il a trait

aux besoins relationnels que présentent les patients. L’interaction est un autre indicateur de processus.

C’est-à-dire que lorsque les patients ont des interactions facilitantes durant leur processus alors ils se

dirigent vers une transition en santé. L’interaction a été reliée dans ce travail avec le développement de

la confiance et du coping, qui est un autre indicateur de processus.

Un seul article parle du sentiment d’être en lien comme étant un indicateur de processus (Ernst et al.,

2013). Cependant cet indicateur est en lien direct avec les conditions facilitantes de la transition. En

effet, si les patients expérimentent des relations aidantes au niveau des conditions communautaires,

c’est-à-dire notamment qu’ils ont du soutien, alors ils démontreront un sentiment d’être en lien. Deux

études ont relevé, sous ce point, l’importance du relationnel comme condition communautaire

facilitante (Ramfelt & Lützen, 2005 ; Stacey et al., 2010). Il s’agit de privilégier un dialogue ouvert et

interactif avec les patients pour permettre le partage de leurs valeurs et émotions, ce qui facilite le

processus de prise de décision (Ramfelt & Lützen, 2005). Pour Stacey et al. (2010), il faut être à

l’écoute des patients et leur consacrer du temps. Enfin, pour Ernst et al. (2013), il s’agit d’offrir un

soutien émotionnel, de créer un lien de confiance et de porter une attention individualisée.

L’interaction peut également être vue comme un indicateur de processus qui est également lié au

soutien faisant partie des conditions communautaires facilitantes. En effet, le manque d’interaction et

le fait que certaines fois le médecin accaparerait la prise de décision, ont été relevés comme entravant

la transition (Ernst et al., 2013).

Autrement dit, qu’il s’agisse de conditions de la transition ou d’indicateurs de processus, les besoins

relationnels des patients n’ont été soulevés que dans trois études, alors que selon notre compréhension,

il s’agit d’un point essentiel pour favoriser la prise de décision chez des patients atteints de cancer.

L’importance de l’aspect relationnel est probablement implicite dans l’étude d’Hacking et al. (2012).

En effet, l’intervention qui consiste à inclure un assistant de recherche qui rencontre le patient avant sa

consultation avec le médecin pour discuter du traitement, comprend sûrement des attitudes

relationnelles de la part de l’assistant de recherche qui favorisent le partage des valeurs, des émotions

et permettraient au patient de poser ses questions ouvertement. Néanmoins, il s’agit d’une hypothèse

puisque l’impact de la relation n’a pas été évalué en tant que tel. Il est cependant possible de penser

que cette intervention appliquée par le corps infirmier apporterait le bénéfice relationnel lié au rôle

propre infirmier.

Plusieurs auteurs relèvent en revanche des indicateurs de processus liés au développement de la

confiance et du coping. Il serait alors possible de dire que le fait de favoriser la prise de décision

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concernant le traitement médical passerait par le développement de la confiance et du coping. Ce sont

soit les patients qui trouvent seuls des stratégies d’adaptation (Ernst et al., 2013), soit les outils d’aide

à la décision qui les aident dans le processus (Chabrera et al., 2014 ; Alden, 2014), soit l’intervention

d’un tiers qui prépare le patient à la prise de décision (Hacking et al., 2012), qui induisent des

indicateurs de processus en santé liés au développement de la confiance et du coping.

6.2.4 Interventions

La discussion qui concerne les interventions infirmières apparaitra dans le chapitre des

recommandations pour la pratique.

6.3 Généralisation des résultats

Après avoir mené ce travail jusqu’ici, il convient de définir les limites de celui-ci. Ces limites peuvent

réduire la généralisation des résultats, c’est pourquoi elles sont explicitées dans ce chapitre. Nous

commençons tout d’abord par les limites concernant la stratégie de recherche. Comme expliqué dans

la partie sur la critique de la stratégie de recherche, notre question de recherche a évolué et donc notre

stratégie aussi. Cet ajustement a pu implicitement avoir un impact sur la qualité de la recherche et ainsi

réduire le choix des articles.

Ensuite, nous n’avons pas choisi un type de cancer spécifique, nous nous sommes intéressées à

différents types de cancer. Sachant la complexité propre à chaque type de cancer, il est probable qu’on

ne puisse pas généraliser toutes les interventions dans la pratique, même s’il ne faut pas ignorer les

caractéristiques communes du cancer. Nous pouvons également relever que nous avons impliqué une

population adulte qui confond plusieurs catégories d’âges avec des besoins liés à leur étape de vie.

Ceci pourrait également marquer des différences significatives et ainsi réduire la généralisation.

De plus, aucune étude suisse répondant à la question de recherche n’a pu être trouvée. Les études

sélectionnées pour ce travail ont été effectuées dans différents pays. Pour certaines d’entre elles les

ressemblances supposées au niveau de la culture des soins peuvent faire penser que les résultats

seraient applicables en Suisse. Enfin, les différentes études relèvent que l’implication du patient dans

la prise de décision concernant le traitement a évolué durant ces dernières années et donc que cela

induit un rôle nouveau pour les professionnels de la santé, spécifiquement pour les infirmières. Le

caractère nouveau de ce rôle fait que le sujet n’a pas encore été beaucoup exploré et que peu d’études

sont actuellement disponibles.

Malgré les critiques relevées ci-dessus, les études sélectionnées pour ce travail comprennent des devis

qualitatifs et quantitatifs. Cet élément appuie la validité de ce travail ainsi qu’en partie la

généralisation des résultats puisque les études qualitatives permettent de prendre en compte le vécu

ainsi que l’avis des patients autour de la question de la prise de décision concernant le traitement

Page 50: La prise de décision par les patients atteints de cancer ... · La prise de décision par les patients atteints de ... En plus de l’augmentation de la prévalence de la maladie,

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médical et que les études quantitatives sont des études randomisées cliniques qui représentent un haut

niveau de preuve scientifique.

6.4 Réponse à la question de recherche et recommandations pour la pratique

Compte tenu du fait qu’il s’agit ici d’une recension des écrits qui ne comprend que sept études ainsi

que des points critiqués dans les chapitres « Validité et limites par article » et « Généralisation des

résultats », une réponse exhaustive à la question de recherche n’est pas envisageable. Cependant, les

études que comprend ce travail amènent des pistes d’interventions applicables aux soins infirmiers.

L’infirmière a un rôle à jouer à différents niveaux pour favoriser la prise de décision des patients

atteints de cancer. Il s’agit de prendre en compte les caractéristiques propres aux patients et à leur

situation qui vont influencer leur processus de prise de décision. Il faut également rendre facilitantes

les conditions qui favorisent la prise de décision, notamment au niveau personnel en améliorant la

préparation et les connaissances et au niveau communautaire en contribuant au soutien dont ont besoin

les patients.

En ce qui concerne le fait de prendre en compte ce qui va influencer la prise de décision de la

personne, il faut se référer principalement aux propriétés de la transition au sens de la théorie de la

Transition de Meleis. La première chose à laquelle font référence les différentes études de ce travail

concerne le rôle à jouer dans l’implication des patients qui peut être mise en lien avec le niveau

d’engagement comme propriété. Dans la problématique, nous avons relevé qu’il existe un déséquilibre

entre le désir de participer des patients et leur réelle implication par les soignants (Tariman et al.,

2010).

Il s’agit donc, selon les études de notre recension, d’évaluer avant tout les préférences des patients en

matière de participation à la prise de décision et de les respecter si elles sont issues d’un choix éclairé

(Ramfelt & Lützen, 2005 ; Stacey et al., 2010 ; Ernst et al., 2013 ; Chabrera et al., 2014).

L’implication des patients dans la prise de décision est une bonne manière de promouvoir la santé et

de favoriser le développement de mécanismes de coping face à la maladie (Ramfelt & Lützen, 2005).

Un dialogue ouvert et interactif permettrait de favoriser cette étape (Ramfelt & Lützen, 2005). Il est

proposé d’améliorer l’implication des patients dans la prise en charge de leur maladie et donc dans la

prise de décision concernant le traitement médical en améliorant l’accès aux soins pour certains

patients (McConigley et al., 2011). Il faut alors penser aux personnes qui habitent loin des centres de

soins et ont des difficultés au niveau des déplacements. McConigley et al. (2011) proposent

d’implanter des centres de soins proches des milieux ruraux par exemple mais ceci semble peu réaliste

en raison des coûts engendrés par de telles mesures. Ils donnent comme autre solution un service

téléphonique (nommé Telehealth) qui fournit de l’information et des conseils de santé par des

infirmières.

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45

Les patients ont besoin de soutien lors de ce point critique qui perturbe leur capacité de prise de

décision (Ernst et al., 2013). Un autre élément à considérer dans ce sens serait la pression émise par le

temps à la suite de l’annonce du diagnostic en raison des conséquences d’une attente trop prolongée

avant le début d’un traitement (Ernst et al., 2013). Hacking et al. (2012) et Chabrera et al. (2014)

proposent chacun une intervention qui permette aux patients de prendre conscience de ces propriétés et

de les inclure pour prendre une décision. Respectivement l’un par l’intervention d’un tiers telle

l’infirmière pour aider le patient à se questionner sur ses valeurs, émotions et contraintes et à se

préparer avant la consultation avec le médecin, l’autre en donnant un outil d’aide à la décision

contenant une partie avec des récits d’expériences de patients et des exemples de questions à poser aux

professionnels.

Un autre rôle prépondérant pour les infirmières pour favoriser la prise de décision est de s’attacher aux

conditions qui vont influencer cette dernière et de les rendre facilitantes. Un point essentiel soulevé par

les différents auteurs relève de la préparation des patients ainsi que de leurs connaissances. Ce rôle

concerne l’éducation des patients. Il faut donner de l’information sur tout ce qui peut aider à prendre

une décision éclairée, principalement de l’information sur les bénéfices et risques des différents

traitements (Stacey et al., 2010). L’infirmière se doit d’être impartiale et neutre pour ne pas influencer

les patients. Il ne faut pas oublier de donner la possibilité de choisir de ne pas traiter. De l’information

à ce sujet doit également être donnée. De plus, souvent cette option n’est pas présente dans les

brochures d’informations. Il faut enfin aider les patients à comprendre l’information donnée, c’est-à-

dire prendre du temps avec eux et répondre à leurs questions (Stacey et al., 2010). Cela implique

également de reconnaître ses limites et de faire le relais avec le médecin, ce qui appuie le principe de

collaboration.

L’information se doit d’être donnée rapidement après le diagnostic (McConigley et al., 2011). Il

s’agirait de trouver des stratégies pour favoriser l’auto-management et le self-advocacy (McConigley

et al., 2011). Une des manières de procéder serait d’utiliser un outil pour donner l’information et aider

à peser le pour et le contre de chaque option (McConigley et al., 2011). Hacking et al. (2012)

proposent par leur intervention d’aider les patients à rendre la consultation avec le médecin

personnalisée et rechercher ainsi précisément les connaissances qui leur sont nécessaires.

L’information donnée doit correspondre un maximum avec la complexité de la maladie et être dosée

de manière juste (Ernst et al., 2013).

Les outils d’aide à la décision qui comprennent de l’information pouvant améliorer les connaissances

des patients sur leur maladie et ses traitements représentent une bonne solution (Chabrera et al., 2014 ;

Alden, 2014). Les infirmières ont alors le rôle de les présenter, les promouvoir et de guider les patients

dans leur utilisation.

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Un dernier rôle est apparu dans différentes études pour favoriser la prise de décision chez les patients

atteints de cancer. Il concerne le soutien que les professionnels de la santé doivent offrir au patient.

Les infirmières ont une relation particulière à développer avec les patients. En effet, le dialogue ouvert

et interactif entre les professionnels et les patients est vu comme un outil qui favorise la prise de

décision concernant le traitement médical (Ramfelt & Lützen, 2005). Il sert à permettre au patient

d’exprimer ses valeurs et ses émotions susceptibles d’agir sur le processus de prise de décision. Il faut

passer par la construction d’une relation de confiance ce à quoi les professionnels doivent être formés

(Ramfelt & Lützen, 2005). De plus, il convient d’être à l’écoute des patients et de leurs besoins, pour

cela nécessite de prendre du temps pour la relation avec eux (Stacey et al., 2010).

L’intervention testée par Hacking et al. (2012), évoque également de manière tout à fait implicite (la

relation soignant-soigné n’ayant pas été examinée en tant que telle), que l’écoute ainsi qu’une attitude

relationnelle adéquate peut être favorable pour aider le patient dans la prise de décision. Au-delà d’une

communication adéquate, il convient de tisser un lien de confiance fort avec le patient et

d’individualiser l’attention qui leur est portée (Ernst et al., 2013).

6.5 Mise en perspective avec la littérature récente

Afin de faire la mise en perspective de ce travail avec la littérature récente, nous avons relancé sur les

bases de données nos équations de recherche, présentées dans la stratégie de recherche documentaire.

Deux publications, qui sont en lien avec notre question de recherche, ont pu être ressorties à ce

moment du travail, le 01.06.15.

Une étude qualitative récente (n=73 patients et 18 membres de la famille) a évalué, par des entretiens

semi-structurés et des focus group, l’expérience de patients migrants ayant un cancer concernant la

prise de décision quant au traitement (Shaw, Zou & Butow, 2015). Elle appuie les résultats des études

inclues dans notre travail en soulignant la volonté des patients de participer à la prise de décision.

Cette étude a relevé principalement les barrières linguistiques pour la participation à la prise de

décision, que nous n’abordons pas dans ce travail.

Une revue systématique récente examinant l’impact des outils d’aide à la décision sur la prise de

décision, a comparé six articles par rapport à cet outcome et n’a pas pu conclure à un effet positif

malgré une amélioration globale des connaissances des patients (Violette, Agoritsas, Alexander,

Riikonen, Santii, Agarwal et al., 2015). Les auteurs ont suggéré que les outils d’aide à la décision ne

doivent pas se limiter à informer le patient mais inclure un moyen de promouvoir et faciliter les

décisions partagées. Ceci fait écho avec la discussion des résultats de nos études, qui relève que les

outils d’aide à la décision qui s’en tiennent à un apport d’informations, améliorent les connaissances

des patients et favorisent ainsi indirectement la prise de décision, mais ne facilitent pas l’interaction et

donc la prise de décision partagée. D’autres études sur ce sujet permettraient d’apporter plus

d’éclairage pour des recommandations pertinentes pour la pratique.

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6.6 Recommandations pour la recherche

Plusieurs études de ce travail suggèrent qu’il serait profitable d’évaluer plus spécifiquement l’impact

de la relation soignant-soigné sur la prise de décision concernant le traitement médical chez des

patients atteints de cancer (Ramfelt & Lützen, 2005 ; Ernst et al., 2013 ; Chabrera et al., 2014). Il

serait intéressant que les études futures ciblent un seul type de cancer à la fois afin d’évaluer les

différences qui pourraient ressortir (Stacey et al., 2010 ; Hacking et al., 2012). Les études à venir

concernant les outils d’aide à la décision devraient se pencher sur l’impact de ceux-ci en termes de

coûts et mesurer plus précisément quel contenu des ces outils ont des effets significatifs (Chabrera et

al., 2014). Il serait également profitable de savoir comment implanter concrètement ces outils dans la

pratique. L’intégration dans la pratique serait également à étudier en ce qui concerne l’intervention de

Navigateur de décision (Hacking et al., 2012). Quant à l’étude d’Alden (2014), il serait plus

significatif d’expérimenter à nouveau cette étude en incluant des patients réelement atteints de cancer

pour éviter le biais de l’échantillonnage.

Il serait nécessaire également, en référence à l’étude de McConigley et al. (2011), de faire une autre

étude qui concerne les populations des milieux urbains afin d’avoir une comparaison entre les

personnes qui ont un bon accès aux soins et les autres.

7. Conclusion

Pour conclure, notre but était d’identifier les interventions infirmières favorisant la prise de décision

des patients atteints de cancer concernant le traitement médical à l’annonce du diagnostic. Ce sujet a

été encore peu exploré par les études. Cependant, nous avons trouvé sept articles compatibles avec

notre question de recherche qui ont apporté des pistes de réponses. La théorie intermédiaire de la

Transition nous a permis de trier les résultats des articles. Ce cadre théorique a été un catalyseur qui a

transformé ces résultats en thèmes spécifiques tirés des concepts de la théorie. Ainsi, il a été plus

évident de comprendre le processus par lequel les patients passent et les interventions qui répondent au

mieux à leurs besoins. Ce travail a permis d’identifier le rôle spécifique de l’infirmière auprès des

patients atteints de cancer.

Ce rôle implique de prendre en compte l’état vulnérable et confus du patient à cette période donnée.

Selon les études sélectionnées, l’utilisation des outils d’aide à la décision est un des aspects centraux.

Cette aide peut provenir des professionnels eux-mêmes et/ou de moyens tels qu’un dossier explicatif

sur les thèmes abordant le cancer. Ces différentes interventions auraient un rôle important pour

augmenter les sentiments positifs de la part du patient mais aussi de favoriser sa satisfaction et son

implication dans les choix à faire quant au traitement. L’infirmière comme soutien favoriserait

l’expression des sentiments et des valeurs de la personne de par son attitude réceptive. Plus

l’interaction et le sentiment d’être en lien avec le soignant se créent, plus la personne aura tendance à

s’engager dans sa prise en charge. C’est à ce moment que l’infirmière doit soutenir la personne avec

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de l’information et augmenter les connaissances de cette dernière de manière adéquate pour qu’elle

puisse faire un choix qui lui ressemble. Le patient ne sera plus vulnérable mais acquerra une certaine

responsabilité, une augmentation de la confiance en lui et de l’espoir. Ces conditions facilitantes

mèneront la personne à une transition en santé.

Ces résultats, certes non exhaustifs, sont non-négligeables pour la pratique et ont un impact positif

autant pour le patient que pour les soins infirmiers. L’incidence du cancer ne cesse d’augmenter, c’est

pourquoi nous pensons que plus de recherches devraient être menées pour développer la connaissance

de ce sujet et ainsi proposer plus d’interventions pour les intégrer dans la pratique.

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