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GNOS IE Géoéconomie de la Serbie : bilan et perspectives 06/2014 Auteurs : Tanja Miletic Sous la direction de : Christian Harbulot Avertissement et Copyright Ce document d’analyse, d’opinion, d'étude et/ou de recherche a été réalisé par un (ou des) membre(s) de l’Association de l’Ecole de Guerre Economique. Préalablement à leurs publications et/ou diffusions, elles ont été soumises au Conseil scientifique de l'Association. L'analyse, l'opinion et/ou la recherche reposent sur l'utilisation de sources éthiquement fiables mais l'exhaustivité et l'exactitude ne peuvent être garantie. Sauf mention contraire, les projections ou autres informations ne sont valables qu'à la date de la publication du document, et sont dès lors sujettes à évolution ou amendement dans le temps. Le contenu de ces documents et/ou études n'a, en aucune manière, vocation à indiquer ou garantir des évolutions futures. Le contenu de cet article n’engage la responsabilité que de ses auteurs, il ne reflète pas nécessairement les opinions du(des) employeur(s), la politique ou l’opinion d’un organisme quelconque, y compris celui de gouvernements, d’administrations ou de ministères pouvant êtres concernés pas ces informations. Et, les erreurs éventuelles relèvent de l’entière responsabilité des seuls auteurs. Les droits patrimoniaux de ce document et/ou étude appartiennent à l'Association, voire un organisme auquel les sources auraient pu être empruntées. Toute utilisation, diffusion, citation ou reproduction, en totalité ou en partie, de ce document et/ou étude ne peut se faire sans la permission expresse du(es) rédacteur(s) et du propriétaire des droits patrimoniaux.

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GNOS IE

Géoéconomie de la Serbie : bilan et

perspectives

06/2014

Auteurs :

Tanja Miletic

Sous la direction de :

Christian Harbulot

Avertissement et Copyright

Ce document d’analyse, d’opinion, d'étude et/ou de recherche a été réalisé par un (ou des) membre(s) de l’Association de

l’Ecole de Guerre Economique. Préalablement à leurs publications et/ou diffusions, elles ont été soumises au Conseil

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Avertissement 2

Introduction 4

1. La transition économique serbe au lendemain des guerres d’Ex-Yougoslavie 6

1.1. L’échec de la transition économique au lendemain de la mort de Tito : les guerres

d’indépendance 6

1.2. Une exclusion durable et pesante des échanges internationaux 9

1.3. Quelles conséquences structurelles ? 11

2. Une économie prometteuse engluée par un système politique corrompu et

inexpérimenté 14

2.1. Les partenariats économiques comme méthode malgré des obstacles structurels

importants 14

2.2. Des secteurs porteurs 17

2.3. Une politique géoéconomique opportuniste 21

3. Quelle place géostratégique pour la Serbie à l’horizon 2020 ? 24

3.1. La Serbie à la recherche de partenariats stratégiques 24

3.2. 2014 : une année charnière pour la stratégie serbe ? 27

3.3. Quelle marge de manœuvre la Serbie peut-elle avoir à l’horizon 2020 ? 29

Conclusion 33

Tableau des sources 34

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Introduction

La Serbie a officiellement obtenu son statut de candidat à l’entrée dans l’Union Européenne le 2 mars

2012. Cette décision du Conseil Européen vient récompenser Belgrade pour les efforts de réconciliation

accomplis pour mettre un terme à la décennie des guerres d’ex-Yougoslavie. Au-delà du geste politique,

l’intégration européenne est souvent considérée en économie – pour les anciens pays de l’Est – comme

l’aboutissement du processus de transition du communisme au capitalisme (passage d’une économie

centralisée, planifiée, à une économie de marché). Les retards qu’enregistre la Serbie tant dans son

processus d’intégration européen que dans sa transition économique laissent néanmoins songeur. Les

guerres des années 1990 ont en effet eu un effet dévastateur sur l’économie serbe. Le démantèlement

de la Yougoslavie ainsi que les embargos ont eu raison de la transition économique engagée après la

mort de Josip Broz Tito. Lors des bombardements du printemps 1999, 62% des infrastructures de

transport sont endommagées, et 80% des capacités de raffinage sont détruites1. L’inflation a poussé

les populations à avoir massivement recours au marché noir dans une atmosphère où la contrebande

faisait légion. L’oligarchie en place profitait du vide étatique pour s’enrichir, dans une Serbie isolée de

la scène internationale.

Ces retards accumulés à cause des guerres d’Ex-Yougoslavie continuent de peser aujourd’hui sur

l’économie serbe. Les très récentes inondations dévastatrices qui ont frappé la Serbie au mois de mai

2014 ont prouvé à quel point l’équilibre serbe pouvait être fragile : le pouvoir en place, pourtant porteur

de tous les espoirs depuis les élections présidentielles de 2012 et les élections législatives anticipées

de 2014, s’est montré extrêmement maladroit voire franchement incapable de gérer une telle crise. Le

président Nikolic n’est en effet intervenu publiquement que deux fois pendant cet épisode tragique, qui

a fait des dizaines voire des centaines de morts2.

La place de la Serbie dans le nouveau contexte géopolitique européen et mondial suite à la crise

ukrainienne peut également être le sujet de nombreuses interrogations. Traditionnellement, la Serbie a

pour habitude de rester neutre et de mener un habile double jeu entre la Russie d’un côté, et l’Europe

d’autre part. Cependant, l’année 2014, riche en événements, semble marquer un tournant et obligera

la Serbie à, tôt ou tard, clarifier ses positions, alors même qu’elle ne peut actuellement se passer

1 « Les conséquences des guerres d’Ex-Yougoslavie sur la transition économique serbe », SLT Matias Moulines, Ecoles de Saint Cyr Coëtquidan, 2013. 2 Les autorités se refusent pour le moment à livrer un quelconque bilan du nombre de morts.

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d’aucun acteur. Son développement économique, qui constitue une priorité tant pour le pouvoir politique

que pour l’opinion publique en dépend.

Quelles perspectives reste-t-il donc à la Serbie dans le cadre d’une stratégie géoéconomique,

notamment à l’aune de ces inondations qui ont fait plus d’un milliard d’euros de dégâts3 ? Quelle place

la Serbie peut-elle avoir sur la scène régionale, en étant un des pays ayant le plus souffert des dégâts

de la guerre ?

Tout d’abord, nous établirons un bilan sur la transition économique effectuée par la Serbie au lendemain

de la dernière guerre d’indépendance d’Ex-Yougoslavie, à savoir : le Kosovo en 1999. Il est en effet

essentiel de faire le bilan de ces années de guerre afin de comprendre de quel mal souffre actuellement

la Serbie.

Ensuite, nous analyserons en détail l’économie serbe afin d’en déduire les secteurs porteurs et les

points faibles. Effectivement, nous savons à quel point économie et politique extérieure sont

intrinsèquement liées lorsqu’il s’agit de se faire une place sur l’échiquier international.

Enfin, nous dresserons un tableau géoéconomique de la Serbie et tenterons d’évaluer des perspectives

pour sa stratégie à l’horizon 2020.

3 Le Figaro : « Inondations dans les Balkans : les dégâts estimés à plus d'un milliard d'euros », 22/05/14, Caroline PICQUET

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1.La transition économique serbe au

lendemain des guerres d’Ex-Yougoslavie

Source : site internet de la revue « l’Histoire »

1.1. L’échec de la transition économique au

lendemain de la mort de Tito : les guerres

d’indépendance

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Suivant la tendance de libéralisation dans les pays de l’Est dans les années 1980 et 1990, la Serbie, au

cœur de la République Fédérative Socialiste de Yougoslavie (RFSY), entame une transition

économique tournée vers le capitalisme. Les premiers résultats obtenus au début de cette transition

sont relativement bons : la constitution a été modifiée afin de centrer la transition sur deux axes

principaux qui sont l’accès à la propriété et la stabilisation macroéconomique.

Cependant, ces mesures qui s’accompagnent par un gel des salaires et une hausse du chômage sont

extrêmement impopulaires dans une Yougoslavie où les initiatives entrepreneuriales n’ont pas encore

pris le pas sur la planification économique de l’Etat. Couplée avec la mort de Tito en 1981, qui a eu pour

conséquence une mésentente politique entre les différentes fédérations, la situation devient rapidement

instable. Chaque république essaye de tirer la situation à son avantage. L’éparpillement des populations

dans toute la Yougoslavie opéré par Tito pour mieux régner montrent vite le revers de la médaille d’une

telle méthode. Les discours nationalistes prennent le pas dans chaque république fédérative, et

notamment en Serbie même, avec Slobodan Milosevic comme figure emblématique. L’analyse de

Xavier Bougarel4 est à ce titre très intéressante et peut parfaitement résumer la situation : « au fur et à

mesure que la crise yougoslave s’aggrave, ce phénomène de « conversion nationaliste » s’étend à

l’ensemble des communautés nationales et des républiques. Les années quatre-vingt sont partout

marquées par une revalorisation des identités nationales et surtout confessionnelles, et par un

rapprochement entre tout ou partie des élites politiques communistes et les élites religieuses ou

oppositionnelles ».

Pour la première fois, des élections multipartites sont organisées dans chaque république, et les

résultats sont sans appel: les partis séparatistes sont très largement majoritaires. Le 21 juin 1991, la

Slovénie et la Croatie proclament quasi simultanément leur indépendance. En avril 1992, la Bosnie

devient également indépendante. Il s’ensuit une décennie de guerre pour la Serbie, qui envoie l’armée

yougoslave rétablir l’ordre dans les républiques réfractaires. La Serbie, auparavant appréciée sur la

scène internationale, se retrouve vite au centre des critiques, et est rapidement tenue pour responsable

des violences qui se déroulent dans les Balkans. Son isolement débute par les différents embargos qui

lui sont imposés. Les conséquences sur son économie sont désastreuses.

4 Xavier BOUGAREL : « Bosnie, anatomie d'un conflit », la Découverte, coll. Les dossiers de l'Etat du Monde, Paris, 1996, pp.42

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Source : Banque mondiale

Nous observons sur ce graphique que le produit intérieur brut de la Serbie a été divisé par deux en

seulement quatre ans. De nombreuses études sérieuses comparent la Serbie des années 1990 à

l’Allemagne de Weimar des années 1920. Le sous-lieutenant Moulines, dans son étude5, dresse à ce

titre un comparatif intéressant : « Au plus fort de la crise, les prix augmentent de 313 000 000% (Janvier

1994) en RFSY, quand ils ne progressent « que » de 29 500% en Allemagne (octobre 1923) ». Cette

simple comparaison décrit à elle seule l’ampleur de la catastrophe économique entraînée par les

guerres d’indépendances. Les déplacements de population massifs, avec le retour de plus d’un million

de personnes dans un pays qui n’en comptait qu’à peine plus de cinq millions, ont eu pour conséquence

d’achever une économie totalement déréglée. La carte suitée ci-après illustre l’ampleur des

déplacements de population dans les Balkans pendant les guerres d’indépendance, et démontre que

c’est la Serbie qui a aspiré la majorité des réfugiés.

5 « Les conséquences des guerres d’Ex-Yougoslavie sur la transition économique serbe », SLT Matias Moulines, Ecoles de Saint Cyr Coëtquidan, 2013.

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1.2. Une exclusion durable et pesante des

échanges internationaux

Les guerres d’indépendance dans la région des Balkans se sont traduites par une rupture dans les

échanges économiques dans la région mais surtout par une dégradation durable des échanges

diplomatiques. Les républiques étaient auparavant fortement complémentaires. La situation n’est pas

explicable au sens strictement économique, elle renvoie à des clivages géopolitiques évidents. La

région garde les cicatrices profondes des conflits. La Serbie, qui du temps de la Yougoslavie se

positionnait comme l’une des puissances les plus actives d’un espace économique dynamique et libre-

échangiste, se retrouve désormais marginalisée. Elle n’entretient presque plus de relations

économiques avec les deux entités les plus attractives que sont la Croatie (0% des exportations et 0,5%

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des importations) et la Slovénie (1,6% des exportations et des importations), alors qu’elles s’élevaient

respectivement à 34,33% et 22.37% pour les exportations et 33,93% et 31,60% pour les importations

dix années auparavant.

Son exclusion de la scène internationale est aussi très importante : la Serbie a été tenue pour

responsable des violences dans les Balkans en raison de sa gestion extrêmement maladroite des

indépendances. Les pays occidentaux interrompent toute relation diplomatique, commerciale et

culturelle avec elle. Deux types de sanctions ont frappé la Serbie : les sanctions purement économiques,

et les sanctions militaires.

Elle est visée par les sanctions dès 1991, avec la résolution 713 de l’ONU qui interdit toute livraison

d’armes et d’équipements militaires à l’ensemble de la fédération yougoslave. Les sanctions

commerciales entrent en vigueur dès 1992, avec les résolutions 757, 787 et 820 des Nations Unies.

Elles suspendent toute relation commerciale, politique, culturelle et sportive avec la RFY. Sont entre

autre interdites aux Etats membres de l’organisation toute importation et exportation (dont le pétrole, et

à l’exception des médicaments) ; les avoirs de la fédération à l’étranger sont gelés ; les vols en direction

de la RFSY sont suspendus à l’exception de ceux à motifs humanitaires ; un blocus maritime et

continental est imposé ; le pays voit ses participations à l’ONU, au FMI et au GATT suspendues. La

signature des accords de Dayton en novembre 1995 conduit à la levée du dispositif selon la résolution

1022. Cependant, avec la reprise du conflit au Kosovo en 1998, les sanctions reprennent, mais visent

plus spécifiquement les élites politiques et commerciales. La résolution 1160 suspend quant à elle la

vente d’armes et de pétrole à la Serbie.

En ce qui concerne les sanctions militaires, elles débutent sur le sol national serbe à partir de la guerre

d’indépendance du Kosovo. L’opération « allied force » dure exactement 78 jours, et débute le 24 mars

pour s’achever le 10 Juin. Son bilan est mitigé. Les Serbes sont en effet passés maîtres dans l’art du

camouflage et ayant dissimulé troupes et matériels dans tout le pays, l’armée est peu touchée par les

frappes. A titre d’exemple, l’aviation occidentale détruit seulement 26 des 600 chars de combats

yougoslaves. Ce sont surtout les infrastructures civiles qui ont été durement touchées : centrales

thermiques, ponts et raffineries, axes routiers, aéroports, antennes relais, sites industriels… A ces

dommages, il faut ajouter la pollution permanente des sites suite à l’utilisation de munitions à l’uranium

appauvri6.

6 Sortir du nucléaire n°33 - décembre 2006, « Serbie : les conséquences des bombardements à l’uranium appauvri »

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La situation ne s’améliore cependant pas du jour au lendemain une fois les hostilités terminées. Le «

capital sympathie » du pays est détruit. Bien que les sanctions soient levées, il persiste ce qui sera

appelé le « mur extérieur » des sanctions. De nombreux Etats, les Etats-Unis en tête, ont émis des

réserves dans la normalisation de leurs relations avec la Serbie. L’exclusion de celle-ci des échanges

internationaux a perduré, et de nombreux actifs à l’étranger ont continué d’être gelés, les puissances

occidentales ne voulant pas trancher dans la répartition des biens entre les Etats héritiers de l’ex-

Yougoslavie. Si la suppression de ces sanctions était conditionnée à l’application des accords de

Dayton, le « mur extérieur » ne tombera qu’avec le soulèvement populaire d’octobre 2000.

Cependant, même au-delà de la révolution des bulldozers de 2000, la Serbie continue de traîner une

mauvaise réputation maladive, fruit d’un matraquage médiatique tout à fait particulier. En effet, les

études les plus sérieuses en matière de communication médiatique tendent à démontrer l’orientation

évidente des médias occidentaux et de la communication otanienne, particulièrement pour le conflit au

Kosovo7. Des journaux pourtant connus n’ont pas hésité à déformer les récits des journalistes sur place,

cédant à la volonté de donner aux lecteurs du sinistre et du sensationnel8.

1.3. Quelles conséquences structurelles ?

Les événements du mois de septembre de l’année 2000 marquent un tournant dans la vie politique en

Serbie, et la rupture avec un régime ayant mené le pays à la ruine. Slobodan Milosevic, après un énième

trucage des élections présidentielles, est contraint au départ face à la mobilisation massive de la

population serbe (le fait que révolutions de couleurs furent fomentées par les Etats-Unis est un secret

de polichinelle). Il laisse place au candidat de l’opposition : Vjislav Kostunica. Les nouvelles autorités

de Belgrade s’empressent donc de reprendre la transition économique face à une population impatiente

et échaudée par une décennie de guerre et de privations.

La décennie de conflits ainsi que les sanctions internationales qui ont pesé sur la Serbie continuent de

constituer un vrai fardeau aujourd’hui. La Croatie, par exemple, a été très fortement assistée par l’UE

7 Revue : Questions de communication, « Regards sur les médias dans le conflit Yougoslave », 01/03/02, Alice KRIEG 8 Le Monde diplomatique : « Mensonges de guerre au Kosovo », août 1999, Robert FISK (article disponible uniquement en cache sur internet)

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dans son processus de transition économique. Le retard accumulé par la Serbie, notamment en

comparaison avec la Croatie, est indéniable.

Le graphique suivant représente une comparaison du PIB serbe et croate entre 1989 et 2011. On

constate ici qu’un écart chronique structurel se soit mis en place.

Source : Banque mondiale

En effet, on constate que les deux courbes sont parfaitement parallèles à partir de 1995, et qu’elles

suivent les évolutions de la conjoncture internationale, notamment avec la crise économique de 2008.

Le passage à l’économie de marché est assimilable à une « thérapie de choc »9. La libéralisation de

l’économie est provoquée par l’arrêt du contrôle des prix et des salaires et l’ouverture extérieure

débridée en supprimant toutes les barrières tarifaires. La stabilisation macroéconomique s’obtient par

des politiques restrictives, qu’elles soient monétaires (encadrement de la croissance de la masse

monétaire, taux d’intérêts réels élevé, ancrage du cours du dinar sur celui de l’euro) ou budgétaires (gel

des salaires dans la fonction publique). Elles visent à éviter les dérapages inflationnistes et de la dette.

Les résultats obtenus sont encourageants quant à l’objectif visé : l’inflation passe de 95% en 2001 à

9 « Les conséquences des guerres d’Ex-Yougoslavie sur la transition économique serbe », SLT Matias Moulines, Ecoles de Saint Cyr Coëtquidan, 2013.

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19,49% en 2002, et le déficit public reste sous les 4% du PIB entre 2000 et 2004. Le bilan de la transition

reste cependant mitigé, dans la mesure où il s’est déroulé tous azimuts, sans tenir compte de

l’expérience des PECO en matière de transition économique. Mais la raison principale de cette difficile

transition économique résulte surtout du fait que les autorités étatiques refusent de perdre la main sur

les organes principaux du pays : économie, justice… Le droit des affaires peine toujours à être respecté,

et les juges sont facilement corruptibles (notamment en raison des bas salaires). En définitive, nous

pouvons dire que l’Etat garde une place prédominante dans une économie peu compétitive, qui reste

administrée à plus de 65% pour maintenir la paix sociale. Les hauts fonctionnaires nomment

directement les cadres des entreprises d’Etat ; les donneurs d’ordre publics privilégient les entreprises

locales. Les ministères utilisent leurs propres certifications, bien en-deçà des standards européens.

L’environnement économique se caractérise à la fois par une forte insécurité et une forme de

protectionnisme, contraires à l’esprit du capitalisme. Ceci peut s’expliquer, au-delà des années de

guerre qui ont marqué la Serbie, par un certain rejet de la population et même des élites, d’un système

capitaliste représentatif de l’Occident. Même quatorze ans après les derniers conflits et après la

normalisation des relations avec la majorité des pays qui l’entourent et avec le reste du monde, le

ressentiment face aux pays jadis ennemis reste présent dans de nombreuses franges de la population,

et notamment chez les jeunes. Ce sentiment est particulièrement probant en ce qui concerne les Etats-

Unis, l’Albanie, et dans une moindre mesure, l’Europe. C’est d’ailleurs par l’Europe qu’est passée par

la reprise diplomatique et économique de la Serbie.

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2.Une économie prometteuse engluée par un

système politique corrompu et

inexpérimenté

2.1. Les partenariats économiques comme

méthode malgré des obstacles structurels

importants

Il est tout d’abord important de préciser que la Serbie a souhaité rendre son économie plus attractive

étant donné les faiblesses qui lui sont propres. La stratégie utilisée est la libéralisation des échanges

avec des zones stratégiques ainsi que l’affaiblissement des taxes douanières. L’Europe, jadis hostile,

est ainsi devenu le premier partenaire économique de la Serbie. Cette dernière est signataire de

plusieurs accords économiques européens10 :

L’accord de libre-échange centre-européen ALECE signé en 2007 (en anglais CEFTA : Central

European Free Trade Agreement), un accord économique entre des pays du Sud-est de

l'Europe qui permet le libre-échange entre la Serbie, l’Albanie, la Bosnie- Herzégovine, la

Croatie, la Macédoine, la Moldavie, le Monténégro et le Kosovo.

L’Accord commercial intérimaire dans le cadre de l'ASA (Accord de stabilisation et d’association

de la Serbie à l’UE signé en 2008) entre l’UE et la Serbie est entré en vigueur le 1er janvier

2010. Cet accord a permis à la Serbie des mesures commerciales exceptionnelles, permettant

l'exportation de tous les produits originaires de Serbie sans douane ni autres droits, à l'exception

de certains produits de la pêche, des bovins et du vin soumis aux quotas.

En outre, l'Accord de l'UE a aboli les droits de douane et des limitations quantitatives à

l'importation de produits textiles serbes et des garanties afin de maintenir la même politique

10 Site de la chambre de commerce et d’industrie de Serbie : informations générales sur la Serbie

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dans l'avenir (sur la base des mesures commerciales autonomes de l'UE). Dans la réciprocité,

la Serbie s'est engagée à réduire progressivement pendant six ans les droits de douane sur

les importations de biens de consommation et de biens industriels européens en Serbie.

La Serbie a signé en décembre 2009 l’accord de libre-échange avec l’Association Européenne

de Libre Echange AELE (en anglais EFTA : The European Free Trade Association) composée

de la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein. Cet accord est entré en vigueur en

octobre 2010 avec la Suisse et le Liechtenstein. Pour ce qui concerne la Norvège et l’Islande,

il entrera en vigueur au second semestre 2011.

Outre ces accords conclus avec des pays de l’Union Européenne, la Serbie a également conclu des

accords importants avec la Russie, la Turquie, et le Kazakhstan. Mais le plus intéressant demeure celui

signé avec la Russie en 2000, puisqu’il s’agit d’un accord de libre-échange. Ainsi, la Serbie est

extrêmement attractive pour tout investisseur souhaitant pénétrer le marché russe. Les marchandises

produites en Serbie ou celles dont la valeur ajoutée est majoritairement obtenue en Serbie, ou encore

les biens considérés comme d’origine serbe, ne sont pas soumis aux droits de douane lorsqu’ils sont

exportés vers la Fédération de Russie. La liste des produits exclus de l'Accord de libre-échange est

révisée chaque année.

La Serbie est également signataires d’accords économiques de moindre importance avec la Biélorussie

et les Etats-Unis.

La Serbie jouit également de points forts indéniables sur le marché mondial. Le niveau de qualification

tant de la main d’œuvre ouvrière que des ingénieurs est similaire à celui d’un pays développé ; plus de

49% de la population est anglophone. Le pays a connu une baisse du niveau de vie à cause des neuf

années de sanctions économiques, ce qui a pour conséquences un niveau de salaire des plus faibles

dans la région (400 euros en province et 700 euros à Belgrade11). La Serbie possède donc de nombreux

facteurs d’attractivité qui devraient faire d’elle un espace de production important.

Les derniers accords économiques en date concernent ceux signés entre la Serbie et les Emirats

Arabes Unis. Cet accord surprenant aux premiers abords est d’une importance capitale pour la Serbie

dans la mesure où il est la garantie d’une manne financière majeure pour le pays. Le premier trimestre

de l’année 2014 témoigne d’une accélération des relations entre la Serbie et les Emirats, sans doute en

raison des inondations qui ont dévasté la Serbie et du besoin en argent qui en découle. Ainsi, le 30 mai

11 Il s’agit ici de chiffres officiels : les salaires réels s’approchent plus des 250 euros en campagne et 450 euros dans la capitale.

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2014, le parlement serbe a ratifié une loi autorisant la république de Serbie à contracter un crédit d’un

milliard de dollars remboursable en dix ans pour un taux à 2%12. N’oublions pas les accords signés

auparavant, concernant les relations diplomatiques entre les deux pays et la création du comité mixte

de coopération13, ou encore le don ahurissant de 10 millions de dollars de la part du Seik Muhamad des

Emirats pour les sinistrés des inondations de mai 201414. Nous développerons l’intérêt géopolitique d’un

tel partenariat dans notre dernière partie.

Néanmoins, malgré cette évidente bonne volonté de l’Etat Serbe de progresser, le pays continue de

souffrir d’un retard notable hérité de la guerre et d’obstacles structurels. La COFACE affirme que les

principaux points faibles de la Serbie sont des finances publiques fragilisées, une dépendance envers

les financements extérieurs, une faiblesse des investissements étrangers et un fort taux de chômage15

(supérieur à 20%). Cependant, malgré une économie très moribonde en 2012, la reprise fut effective

dès 2013 (+1.6% de croissance), notamment grâce aux poids des exportations extérieures. Les

récentes inondations viendront certainement marquer un coup d’arrêt à la reprise serbe.

De plus, la Serbie souffre d’un véritable problème politique qui vient contaminer irrésistiblement son

économie. La bureaucratie serbe est extrêmement dissuasive tant les procédures pour obtenir ne serait-

ce qu’un permis de construire sont compliquées. Pire, les projets proposés par les hommes politiques

eux-mêmes se voient au final être refusés. Le problème est que les hommes politiques serbes sont très

souvent démagogues et populistes, souhaitant flatter leur électorat dans l’optique d’une réélection, et

ne savent pas mener des affaires avec des professionnels lorsque le temps de la concrétisation est

venu. Ceci aboutit à une politique maladroite et peu transparente en matière d’économie16, en plus d’une

décrédibilisation de la Serbie dans sa capacité à mener des projets économiques. La conséquence

directe est le faible taux d’investissements étrangers en Serbie.

12 Radio Serbie Internationale, « Le Parlement de Serbie a ratifié les lois sur les crédits des Emirats arabes unis », 30/05/14. 13 Radio Serbie internationale, « La signature de plusieurs accords entre la Serbie et les Emirats arabes unis », 14/03/14 14 Kurir, « PRIJATELJI UZ SRBIJU: Šeik Muhamed šalje 10 miliona dolara za ugrožene! », 18/05/14, agence TANJUG. 15 Site de COFACE, fiche sur la Serbie. 16 Farm Land Grab, « Les investisseurs arabes à l’assaut de la Serbie : illusion ou réalité ? », 03/09/13

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2.2. Des secteurs porteurs

La Serbie peut se targuer de posséder de nombreux avantages sur son territoire, comme des sous-sols

riches et des sols et un climat favorables à une agriculture performante. Ces avantages lui permettront

sans doute de peser sur la scène régionale voire européenne dans un futur plus ou moins proche. Nous

allons ici voir pourquoi.

Tout d’abord, la première ressource naturelle notable de la Serbie est celle de ses sous-sols. La Serbie

possède de grandes réserve de cuivre, de bauxite, de charbon, de plomb, mais aussi et surtout, de

lithium et de bore. La Serbie possède en effet plus d’un million de tonnes de réserves de lithium dans

ses sous-sols, soit 2% des réserves mondiales17, denrée absolument fondamentale pour nos nouvelles

sociétés de l’information. Les estimations les plus hautes affirment que la Serbie possède jusqu’à 20%

des réserves mondiales en lithium et en bore (ou borate), bien que ces réserves ne soient pas encore

exploitées et pour la majorité pas encore découvertes18. Cependant, il semble que l’on soit loin

d’estimations farfelues : des géants du secteur minier se sont déjà penchés sur le cas de la Serbie

depuis plusieurs années déjà (2001)19. C’est le cas de Rio Tinto, du canadien Pan Global et du chinois

Betek. Ces réserves de lithium et de bore dans le monde furent longtemps méconnues en raison du

monopole de Rio Tinto, mais depuis la crise de 2008, Rio Tinto a revendu nombre de ses licences, dont

quelques-unes en Serbie, comme le site très prometteur de Jadar20 (c’est de Jadar que vient le nom du

minerai Jadarite qui contient du bore et du lithium, découvert en 2007 par Rio Tinto), dont l’ouverture

est prévue en 2015. D’autres gisements ont été identifiés, comme celui de Valjevo. Ce segment peut

s’avérer extrêmement lucratif pour l’Etat serbe, dans la mesure où, selon de nombreuses études, le

marché du bore est sur le point d’exploser21. En effet, le bore est un minerai à fort potentiel nécessaire

à l’industrie du verre de haute résistance dans le bâtiment, l’aéronautique ou encore le « fiberglass ».

17 Le blog énergie, « Faudra-t-il multiplier l’estimation des ressources mondiales de lithium par cinq? », 01/08/11, Raymond BONNATERRE 18 Radio Serbie Internationale, « La Serbie sur la mappe du monde des mines », 17/08/12. 19 Site officiel de Rio Tinto: « Rio Tinto Serbia brochure (PDF) » 20 L’AGEFI, « Le borate: ce cousin méconnu du lithium », 07/11/13 21 Agora Vox, « Le bore : pétrole du XXIe siècle ? », 06/01/06

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Par ailleurs, la Serbie possède d’importantes réserves de bauxite, de lignite, d’or22, de fer, de plomb, de

zinc, et de cuivre. Le pays possède également quelques ressources en pétrole et en gaz.

L’autre secteur excédentaire est l’agriculture, notamment grâce aux bonnes capacités de production de

la Voïvodine, considérée à juste titre comme le grenier à blé de la Serbie. L’agriculture rapporte chaque

année environ un milliard d’euros de recettes23. Les résultats les plus performants sont obtenus dans la

culture du blé, du maïs, de la betterave sucrière et des fruits rouges. L’élevage bovin et porcin est

également important, et possède un fort potentiel dans le domaine de l’agroalimentaire. Dans le

graphique suivant, nous pouvons observer la part des exportations et des importations en matière de

produits agricoles, et que la balance est excédentaire :

La Serbie a également choisi de se positionner sur un secteur en plein boom : l’agriculture biologique.

C’est un choix judicieux dans la mesure où la Serbie a toujours gardé une agriculture assez

22 Radio Serbie Internationale, « Un minerai qui vaut son pesant d’or », 16/07/12 23 Ministère de l’agriculture français, « Les politiques agricoles à travers le monde ; quelques exemples »

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traditionnelle. Les exploitations sont partagées par une multitude de petits exploitants, on est loin du

modèle latifundiaire (pour le moment24). L’agriculture est la source de travail majoritaire dans les milieux

ruraux, qui composent la majorité du territoire serbe. Il n’y a que très peu de supermarchés, la grande

distribution n’est en réalité représentée que dans les grandes villes (Belgrade, Novi-Sad, Kragujevac…).

Le mode de consommation est ainsi lui aussi resté traditionnel : les gens achètent leurs denrées au

marché local, aux producteurs locaux, et ne consomment en général que des produits de saison.

L’exemple emblématique est celui des poissons de mer, et des fruits de mer en général, complètement

absent du régime des Serbes. Ainsi, la Serbie souhaite se positionner à l’avenir comme un modèle

d’agriculture et d’alimentation saine. La part des surfaces cultivées de façon « biologique » n’a cessé

de croître ces dernières années, témoignant d’une véritable prise de conscience de ce marché. Ce

segment est d’autant plus intéressant qu’il ne nécessitera pas de grands investissements de la part de

l’Etat serbe.

Nous pouvons observer sur le graphique suivant la part grandissante des surfaces bio en Serbie.

24 Le Courrier des Balkans, « Serbie : les Émirats arabes unis à l’assaut des riches terres de Voïvodine », 20/02/13

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Le secteur ayant contribué à la reprise de la croissance en 2013 est indéniablement celui de

l’automobile, grâce à l’usine Fiat implantée à Kragujevac, qui produit les modèles de voiture Fiat 500.

L’usine Fiat de Kragujevac ne constitue qu’un exemple sur le potentiel serbe en matière d’industrie :

avec une main d’œuvre qualifiée et peu chère, et un marché russe à portée de main, la Serbie possède

de nombreuses cartes à jouer en matière de reprise économique, notamment lorsque celle-ci est

généreusement accompagnée par des investissements étrangers, et notamment russes. La Russie, qui

a réalisé un come-back saisissant ces dernières années dans l’est européen, a investi plusieurs dizaines

de millions de dollars en Serbie, dans de nombreux secteurs industriels : industries pétrochimiques,

gaz, armement et infrastructures. Mais le projet le plus ambitieux et le plus stratégique pour la Serbie

est sans conteste le gazoduc South Stream. A vrai dire, South Stream a largement dépassé la phase

de projet puisque la construction du pipeline a commencé depuis 2012 et que la construction de la partie

offshore doit commencer incessamment sous peu. En plus des revenus classiques engendrés par le

passage d’un gazoduc sur son territoire et les milliers de créations d’emplois qui en découlent, la Serbie

a engagé toute une politique de redressement économique tournant autour de cette énergie. Grâce au

gaz, la Serbie compte remettre en route ses vieilles industries bientôt rénovées : pétrochimie, usines de

traitement du gaz, centrales thermoélectriques, industries métallurgiques… Les revenus dégagés par

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ces industries permettent au petit pays d’envisager des projets d’envergure, comme la remise en état

du chemin de fer (qui sera faite grâce à des investissements russes), étape nécessaire pour

l’optimisation des investissements étrangers dans le pays25. La crise ukrainienne et les sanctions

européennes ne semblent pas avoir mis un terme au projet, mais nous développerons cet aspect dans

les parties suivantes.

2.3. Une politique géoéconomique opportuniste

A l’aune de tous les éclaircissements précédents que nous avons effectué tant sur le bilan des années

de guerre de la Serbie que sur le potentiel de son économie, il est désormais temps de se poser la

question de la place que la Serbie peut tenir sur la scène régionale puis internationale. La Serbie est un

pays au retard économique indéniable, malgré les atouts qu’elle possède et que nous avons vu. Elle

reste soumise au bon vouloir de l’Union Européenne pour sa balance commerciale. Elle a conscience

d’être un petit pays en proie aux difficultés, mais c’est justement dans cette optique qu’elle a développé

une logique de comportement du faible au(x) fort(s). Nous pouvons qualifier, à juste titre, la politique

extérieure de la Serbie d’opportuniste. Elle est à la recherche de leviers qui pourraient permettre à son

économie de décoller, et les dernières années, notamment depuis l’élection du président Tomislav

Nikolic et de son gouvernement, ont été assez concluantes. La reprise économique en 2013 est là pour

en témoigner, mais au-delà de cela, la Serbie a effectué des choix stratégiques intéressants que l’on se

doit d’analyser.

L’élection du nationaliste Tomislav Nikolic en 2012, ancien allé de Slobodan Milosevic26, a eu l’effet d’un

coup de tonnerre. En effet, son élection a balayé le candidat pro-européen Boris Tadic. Les plus folles

spéculations quant à cette élection étaient partout véhiculées, y compris en Serbie : le spectre du

nationalisme guerrier planait encore. Et pourtant, il n’en fut rien… La Serbie n’a jamais été aussi active,

tant sur le plan européen qu’international, que sous le mandat Nikolic (qui a toujours cours

aujourd’hui). Un homme se distingue cependant de ce mandat : Aleksandar Vucic. C’est en réalité lui le

véritable maître de la Serbie. Cumulant allègrement le statut de premier ministre et de ministre de la

25 Infoguerre, « South Stream : quels enjeux pour la Serbie ? », 11/12/13, Tanja MILETIC 26 France TV Info, « Tomislav Nikolic, un ancien allié de Milosevic aux commandes de la Serbie », Laurent RIBADEAU DUMAS, 29/05/12

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défense, Vucic est devenu l’homme fort de la Serbie de ces dernières années, et a porté haut les espoirs

de sa nation en termes de développement économique. Les critiques ne se sont cependant pas faites

attendre : trop autoritaire, trop ambitieux, Vucic est au centre de l’attention géopolitique de la région27.

Malgré cela, sous son commandement, la Serbie a pris un tournant géopolitique tout à fait intéressant

et original. Elle a cessé de faire de l’Europe son objectif absolu, et a adopté un mode d’action

pragmatique. Tous ceux qui souhaitent faire des affaires (et avec beaucoup d’argent de préférence)

avec la Serbie sont les bienvenus.

L’exemple le plus représentatif, et pas le moins humoristique, est sans doute le recrutement de

Dominique Strauss-Kahn par l’Etat serbe, pour ses compétences en matière de finance. Tandis que la

polémique sur Dominique Strauss-Kahn grossissait dans le monde entier, Belgrade, elle, ne voyait « que

le spécialiste en économie »28. Le contenu de ses préconisations pour cette dernière n’a en revanche

jamais été rendu public.

L’autre exemple plus sérieux de l’opportunisme de la Serbie en matière de politique extérieure est sans

aucun doute son double discours tenu vis-à-vis de l’Union Européenne et de la Russie. Dès son élection,

Tomislav Nikolic a affirmé que le processus d’intégration ne sera pas arrêté. Cependant, ces dernières

années ont été marquées par un rapprochement sans précédent de la Serbie et de la Russie. Les

accords commerciaux et économiques se sont multipliés. L’octroi d’un crédit de 800 millions de dollars

à la Serbie pour la rénovation de ses chemins de fer en janvier 201329 ne fut que le premier d’une longue

liste. On pourrait s’attendre à un changement de politique européenne de la Serbie, mais dans le même

temps, la Serbie a réalisé des progrès de normalisation de ses relations avec le Kosovo encore inédits

jusqu’à lors. Le parlement serbe a en effet approuvé dès avril 2013 l’accord de normalisation des

relations avec le Kosovo, sous l’égide de l’UE30. C’est sur cette base que l’ouverture des pourparlers

pour l’adhésion de la Serbie à l’UE a été réalisée.

27 Le courrier des Balkans, dossier : « Serbie : Aleksandar Vučić ou l’ivresse du pouvoir absolu », 2014 28 Le Figaro, « Strauss-Kahn ne promet pas de miracle pour l’économie serbe », 17/09/13, AFP

29 La voix de la Russie, « La Russie a accordé à la Serbie un crédit de 800 millions de

dollars », 11/01/13

30 Le Monde, « Le Parlement serbe approuve l'accord de normalisation avec le Kosovo », 27/04/13, AFP

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La Serbie se lance donc dans un habile jeu diplomatique et économique. Tandis que les Russes sont

perçus comme des frères, alliés naturels de la Serbie, l’Europe est considérée comme une alternative

économique majeure impossible à négliger.

Cependant, la Russie et l’UE ne sont pas les seuls acteurs sur l’échiquier serbe. Un troisième acteur

pour le moins surprenant mais absolument fondamental a fait son apparition en Serbie depuis plusieurs

années déjà : les Emirats Arabes Unis. La Serbie a tissé des liens économiques extrêmement étroits

avec ce pays. Certaines sources en viennent même à considérer la Serbie comme totalement rachetée

par les Emirats31. Et pour cause : les Emirats Arabes Unis, bien plus que la Russie, forts de leur

immense fortune, investissent dans de nombreux secteurs stratégiques : agriculture et défense pour les

plus importants. Nous développerons les détails de cet accord stratégique ultérieurement.

Par ailleurs, la Serbie entretient des liens économiques étroits avec l’Algérie, l’Ethiopie, la Birmanie, la

Chine… En prenant du recul et en observant la stratégie serbe, la comparaison avec le comportement

de la Yougoslavie, chef de file des non-alignés, se pose comme une évidence. Il est dans l’intérêt, et

même dans la culture de la Serbie, de trouver une troisième voie face à l’affrontement de deux blocs,

jadis représentés par le bloc de l’est et le bloc de l’ouest pendant la guerre froide, mais dont le modèle

semble revenir aujourd’hui.

Cependant, la conjoncture internationale actuelle semble montrer que la Serbie ne pourra pas entretenir

son double-jeu indéfiniment, au moment où une Europe affaiblie est à la recherche de ses alliés en leur

demandant de clarifier leurs positions. Des éléments de rupture semblent se dessiner, notamment

depuis la crise Ukrainienne, qui a chamboulé l’échiquier géostratégique de l’Europe. Il est donc

intéressant de se demander quelle place a et peut avoir la Serbie dans cet échiquier géostratégique

régional puis international.

31 Source humaine, cf : Amir Aslani

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3.Quelle place géostratégique pour la Serbie

à l’horizon 2020 ?

3.1. La Serbie à la recherche de partenariats

stratégiques

La Russie est la première puissance, bien plus que l’UE, qui a contribué à redonner à la Serbie un

semblant de place sur la scène géostratégique, notamment grâce au gazoduc South Stream. Ce dernier

donnera une place centrale de la Serbie dans la région, car elle en fera la plaque tournante de l’énergie

dans les Balkans. En effet, des raccordements vont être construits à partir de la Serbie afin d’alimenter

la Croatie et la Republika-Srpska en Bosnie–Herzégovine. Dans une perspective régionale, le réservoir

de Banatski Dvor, en Voïvodine, acquiert une importance fondamentale. En effet, il sera capable de

contenir au minimum 300 millions de mètres cubes de gaz, ce qui représente environ trois jours de la

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consommation de gaz d’un pays comme la France (les sources les plus folles parlent de 800 millions

de mètres cubes)32. A plus long terme, la Macédoine et la Grèce seront également fournies en gaz russe

via la Serbie. Mais outre le gaz, l’électricité et le pétrole seront également concernés. Les faibles coûts

du gaz dont bénéficiera la Serbie, ainsi que les forts investissements russes dans les infrastructures

énergétiques, permettront à terme à la Serbie de devenir un important exportateur d’énergie dans la

région : le gaz mais aussi l’électricité seront concernés. Sur la carte suivante, nous pouvons observer

le tracé du gazoduc South Stream :

Nous observons ainsi qu’après la Bulgarie,

et sans compter la partie offshore du

pipeline, la Serbie sera le pays qui

possèdera le plus gros tronçon du

gazoduc sur son territoire. On peut dire

que la Serbie remplacera l’Ukraine dans

son rôle de distributrice de l’énergie en

Europe, étant donné le réservoir de

Banatski Dvor et les nombreuses stations

de compression qui se trouveront sur son

territoire. C’est d’ailleurs là le rôle même

de South Stream : contourner l’Ukraine, et

trouver une nation bien plus conciliante

aux projets russes. Ci-contre, nous

pouvons observer plus en détail le

passage du gazoduc sur le territoire serbe.

Nous pouvons voir que le pipeline aura

une position centrale en Serbie, et

entraînera de très nombreuses créations

d’emplois dans les régions impactées par son passage. Avec la crise ukrainienne, on peut également

s’attendre sur une accélération de la construction du gazoduc, censée être terminée pour 2016 au

maximum.

32 Infoguerre, « South Stream : quels enjeux pour la Serbie ? », 11/12/13, Tanja MILETIC

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Outre le secteur énergétique, la Serbie et la Russie ont développé leur partenariat dans le domaine de

la défense, marquant ainsi le retour de la Russie dans un secteur où elle était présente depuis l’époque

de la Yougoslavie. En 2013, la Serbie a signé un traité de coopération militaire avec la Russie et est

devenue membre observateur de l’OTSC33. Une nouvelle usine d’armement à Velika Plana sera

alimentée par des matières premières russes. La presse russe ne cache pas les ambitions supposées

de la Russie, souhaitant faire de la Serbie un avant-poste de la sécurité collective. Cette ambition est

souvent interprétée comme une volonté de contrer le bouclier antimissile américain en Europe. Un

positionnement russe en Serbie aura aussi pour effet de faire face à la base de Bondsteel au Kosovo.

Dans le même temps, les pourparlers de l’adhésion de la Serbie à l’Union Européenne ont commencé.

La Serbie représente-t-elle une zone d’affrontement entre l’ouest américano-européen et l’est russo-

chinois ?

La Chine représente également un partenaire de choix de la Serbie. En 2009, un accord de coopération

économique et technique a été signé entre les deux pays d’une valeur de plus d’un milliard d’euros,

prévoyant entre autres la construction d’un pont sur le Danube (le pont de l’amitié Chine-Serbie)34. La

coopération militaire semble également se dessiner35. Aujourd’hui, environ 100 000 Chinois vivent en

Serbie, et représentent des acteurs fondamentaux du commerce de proximité, adapté au budget serbe.

Nous avons donc ici deux puissances mondiales, membres du conseil de sécurité de l’ONU, qui ne

reconnaissent pas le Kosovo, et qui sont alliées à la Serbie.

Les Emirats Arabes Unis sont également un partenaire majeur de la Serbie. Ils ont investi dans

l’aéronautique, en rachetant la compagnie aérienne serbe déficitaire Jat, pour en faire une filiale d’Etihad

s’appelant aujourd’hui Air Serbia, et dans l’agriculture, en accord avec leur politique de sécurité

alimentaire36. Même si la coopération entre les deux pays se montre parfois tortueuse, les projets

d’envergure ne manquent pas, comme le fameux Belgrade on Water37.

33 RIA NOVOSTI, « La Serbie, avant-poste de la sécurité collective », 12/04/13 34 Arte, « Les Chinois bien servis en Serbie », 05/01/11 35 Le quotidien du peuple en ligne, « La Serbie et la Chine vont renforcer leur coopération en matière de défense », 12/09/11 36 Farm Land Grab, « Les investisseurs arabes à l’assaut de la Serbie : illusion ou réalité ? », 03/09/13 37 Wikipédia, « Belgrade on Water Project »

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3.2. 2014 : une année charnière pour la

stratégie serbe ?

La crise ukrainienne a marqué un tournant dans la géostratégie de l’Europe, et l’on est en droit de se

demander si la Serbie va pouvoir continuer de mener son habile double jeu. La crise en Ukraine a

constitué un test, et l’échiquier géopolitique a beaucoup bougé, et parfois de façon surprenante.

L’Europe a en effet tenté d’entraver le projet South Stream en demandant aux pays européens impliqués

dans le projet de geler le processus en raison de soudaines nouvelles normes qui seraient pour l’instant

incompatibles avec le gazoduc. Or, il semble que l’autorité européenne ne fasse plus trembler grand

monde… La Bulgarie a explicitement montré qu’elle comptait continuer le projet38, tandis que l’Autriche

a signé des accords supplémentaires avec Gazprom39. Lors de la phase de mise en place des sanctions

à l’encontre de la Russie, cette dernière est partie à la recherche de ses alliés et a demandé, de façon

assez subtile, de clarifier sa position sur la question. C’est ainsi que la Serbie a déclaré refuser de mettre

en place des sanctions : ceci est largement compréhensible, car c’eut été complètement absurde de la

part de la Serbie, qui n’est pas en mesure, tant financièrement que géopolitiquement, de mettre en place

une quelconque sanction contre la Russie. Cependant, la Serbie s’est élevée en souhaitant faire valoir

son droit à la neutralité : Belgrade tente donc, malgré tout, de continuer son double, voire son triple jeu.

La Serbie souhaite conserver de bonnes relations avec Bruxelles, Kiev et Moscou40.

Cependant, il ne s’agit là que de la voix officielle de la Serbie. L’opinion publique serbe est, dans son

immense majorité, bien plus favorable à la Russie qu’à l’Union Européenne. Les cicatrices de la guerre,

et surtout du bombardement, restent présentes. La participation de la France à ces actions militaires,

alliée séculière de la France, a été vécue comme une véritable trahison et une insulte à l’histoire. La

bonne réputation des Russes en Serbie a sensiblement augmenté depuis les inondations de mai 2014,

38 Euractiv, « Le torchon brûle entre la Bulgarie et la Commission sur South Stream », 25/04/14, Georgi GOTEV 39 Web Tribune, « Šokantan obrt u slučaju „Južni tok“: Austrijanci stali uz Rusiju », 21/05/14 40 Le courrier des Balkans, « Crise ukrainienne : Belgrade veut rester neutre entre Moscou, Kiev et Bruxelles », 24/036/14

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où la Russie a été la première à envoyer de l’aide, et où les sauveteurs Russes se sont montrés

particulièrement valeureux.

Ci-contre, nous pouvons observer un photomontage

assez populaire dans la presse serbe actuellement,

où il est écrit en cyrillique serbe « merci » (pour l’aide

accordée par la Russie à la Serbie lors des

inondations). La symétrie parfaite entre les deux

drapeaux montre à quel point l’opinion publique

serbe est attachée à la proximité avec la Russie.

Le parallèle exercé entre la Crimée et le Kosovo est

omniprésent dans l’actuelle crise ukrainienne, tant

dans la presse que dans les esprits. Le « précédent

du Kosovo » est d’ailleurs explicitement cité dans

l’annexion de la Crimée par la Russie. Ceci a

également eu un effet très positif sur l’opinion

publique serbe, qui continue de très mal vivre ce qui

constitue pour elle l’annexion du berceau de son

histoire. Le silence pesant de l’Europe sur les exactions commises quotidiennement au Kosovo contre

les Serbes, alors que l’Europe a littéralement victimisé Bosniaques et Albanais pendant la guerre, a

tendance à échauder les esprits sur place, et rend l’Europe encore plus impopulaire. La situation est

tendue, et ce n’est qu’un semblant de paix qui règne actuellement dans cette partie des Balkans.

Dans un contexte international bien plus que régional, nous pouvons constater aujourd’hui que l’ordre

mondial promet de changer. Le récent gigantesque accord gazier entre la Russie et la Chine prouve

que les sanctions des Etats Unis et de l’UE ne sont plus une épée de Damoclès qui pend au-dessus de

la tête de pays « voyous », et qu’il y a de nombreuses alternatives pour les éviter. La Chine est appelée

à devenir la première puissance mondiale, laissant place à un monde qui ne sera plus monopolistique.

Beaucoup de voix s’élèvent actuellement en se demandant si l’Europe, dans ce contexte, reste toujours

aussi incontournable pour la Serbie. Traditionnellement, la Serbie a toujours joué le rôle de zone tampon

entre l’Occident chrétien et l’Orient musulman. Quelle décision la Serbie va-t-elle prendre face à une

Europe en perte de vitesse ?

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3.3. Quelle marge de manœuvre la Serbie peut-

elle avoir à l’horizon 2020 ?

Nous avons déjà évoqué la capacité de la Serbie à mener son double jeu et à manier avec beaucoup

de langue de bois les discours diplomatiques. Nous avons également évoqué le refus de la Serbie de

prendre explicitement position pour un camp ou pour l’autre dans le cadre de la crise ukrainienne. La

Serbie ne serait-elle pas en train d’essayer de gagner du temps, en attendant un revirement de la

situation internationale, pour faire valoir ses intérêts ? La crise ukrainienne ne constituait apparemment

pas une raison suffisante pour se ranger clairement aux côtés de la Russie. Car en effet, l’intégration

de la Serbie dans l’Union Européenne est-elle vraiment viable ? Nous sommes dans une période où on

peut observer une percée de l’euroscepticisme, ou au moins d’un repli de l’Europe sur elle-même. La

crise économique a fragilisé l’équilibre politique. Une Serbie avec une économie sinistrée saura-t-elle

convaincre la commission européenne de son adhésion ? Une Serbie avec un accord de libre-échange

avec la Russie sera-t-elle compatible avec les normes européennes ? Et enfin, la population serbe

souhaite-t-elle vraiment adhérer à l’UE ? Malgré un certain attentisme et souhaitant surtout

l’amélioration de son niveau de vie, la population serbe ne semble pas particulièrement enthousiasmée

par une Europe vivant au crochet des USA.

La question fondamentale nécessaire avant toute spéculation sur les perspectives de la Serbie à

l’horizon 2020 est : que veut véritablement la Serbie ? Dans un ordre de priorité, nous pouvons classer,

sans prendre trop de risque au vu de la politique serbe, quelques objectifs majeurs pour le pays :

Le redressement économique

La préservation de son identité

Le redressement économique constitue en effet une priorité absolue pour la Serbie et cette dernière,

nous l’avons vu et répété jusqu’à lors, tient à tirer profit de n’importe quel partenariat sans s’aliéner

aucune relation. La situation de juste milieu entre l’Europe et la Russie est une position idéale mais ne

pourra pas tenir dans le temps, ne serait-ce que parce les pourparlers d’adhésion à l’UE sont déjà

entamés. La Russie n’a pas montré une quelconque hostilité vis-à-vis de l’adhésion de la Serbie à l’UE :

au contraire, une Serbie dans l’UE alliée de la Russie pourrait être un atout majeur au sein des divers

organes représentatifs de l’UE. La Serbie pourrait donc à ce titre jouer un rôle similaire à celui de la

Bulgarie. La Russie s’appuie en effet sur Sofia pour demander une exception à la règle de l’accès des

tiers aux réseaux de transport d'énergie dans l’Union Européenne. Ceci constitue une pression. Ainsi,

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plus les pays pro-russes à l’UE sont nombreux, plus Moscou est satisfaite. On pourrait appeler ceci « la

stratégie du cheval de Troie ». Nous avons vu récemment à quel point les avis discordants au centre

de l’UE pouvaient être efficaces, notamment lorsqu’on a vu l’Allemagne tergiverser au sujet des

sanctions à prendre contre la Russie dans la crise ukrainienne. Ci-après, la carte de la position des

pays quant aux sanctions à appliquer à la Russie dans la crise ukrainienne :

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Source : Le Monde41

Il suffirait d’ajouter à l’équation d’autres pays à tendance pro-russe dans l’Union Européenne, comme

la Serbie ou la Macédoine, pour avoir un lobby intéressant au sein de l’UE.

L’adhésion de la Serbie à l’UE tout en restant alliée à la Russie dans une moindre mesure constitue

donc une possibilité, notamment lorsque l’on connaît les politiques financières parfois généreuses de

l’UE. Cependant, cette alternative peut entrer en contradiction avec la volonté serbe de préserver son

identité, notamment parce que l’adhésion à l’UE semble inévitablement passer par une reconnaissance

totale de l’indépendance du Kosovo. Or, c’est un pari loin d’être gagné à l’heure actuelle. Le statut des

Serbes du nord du Kosovo est toujours en suspens et ne satisfait ni Belgrade, ni Pristina. En effet, la

zone au-delà de la rivière Ibar est une zone où aucun Etat n’a véritablement la main. La situation est

très instable et ne demande, en réalité, qu’à exploser. Cependant, la Serbie peut faire valoir le fait que

plusieurs pays membres de l’UE depuis belle lurette (comme l’Espagne, la Grèce, la Slovaquie, la

Roumanie) n’ont toujours pas reconnu l’indépendance du Kosovo. La population serbe reste en général

assez opposée à une reconnaissance du Kosovo, et l’adage « Kosovo je Srbija » (le Kosovo c’est la

Serbie) est extrêmement courant jusqu’au coeur de nombreux organes officiels de l’Etat42.

Ainsi, un renoncement de la Serbie à l’UE reste plausible, surtout s’il se fait sans rupture des relations

diplomatiques et économiques. Le cas de figure probable serait que la Serbie essuie un refus face à

une première tentative d’adhésion à l’UE, et qu’elle se base sur cet échec pour redéterminer

officiellement sa politique étrangère en direction de l’est. Plus le processus d’adhésion (et de refus) est

long, et plus ce sera bénéfique pour la Serbie : les marchés à l’est s’ouvrent et se développent, et

gagnent en importance au fur et à mesure que les années passent. Une Serbie non-candidate à l’UE

mais conservant des relations stables à la fois avec l’UE et avec la Russie semble être le compromis le

plus avantageux pour la Serbie si elle souhaite à la fois se développer économiquement et préserver

son identité.

De cette façon, elle pourrait jouer un rôle de médiateur assez objectif entre l’UE et Moscou, puisqu’elle

n’aurait pas à subir de pressions politiques ou normatives impliquées par son adhésion, et puisqu’elle

dépend à la fois des deux puissances. Sa position centrale dans les Balkans se trouverait renforcée,

41 Le Monde, « Sanctions contre la Russie : pourquoi l'Europe est divisée », 28/04/14, Elvire CAMUS 42 L’hymne de la gendarmerie serbe cite explicitement le Kosovo comme étant éternellement une terre serbe

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notamment grâce à son potentiel énergétique et industriel. N’oublions pas également que la Serbie est

la première puissance militaire des Balkans : lui donner le rôle de gendarme local pourrait contribuer à

la stabilité de la région, en étroite collaboration avec des observateurs de l’Union Européenne. Dans

une relation de confiance avec tous ses interlocuteurs, une Serbie hors de l’Union Européenne, à la

manière de la Suisse, serait tout à fait apte à tenir ce rôle de puissance régionale.

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Conclusion

Ainsi, nous pouvons dire qu’après les années de guerre qui ont plongé l’économie serbe dans le

marasme, après une mise au ban de la scène internationale, la Serbie est parvenue à se reconstruire

une place modeste mais tout à fait intéressante dans la géoéconomie régionale. Forte d’alliances

stratégiques avec des figures majeures comme la Russie et la Chine, possédant des ressources

naturelles non-négligeables comme le lithium et le bore, la Serbie a la possibilité de devenir une

puissance régionale. Le gazoduc South Stream qui passe sur son territoire lui donnera sans aucun

doute les moyens de le devenir.

Néanmoins, la priorité de la Serbie reste son développement économique. En effet, en 2012, plus de

700 000 personnes en Serbie vivaient sous le seuil de pauvreté. Les hommes politiques serbes font

également souvent preuve d’un comportement absurde et contre-productif, ayant pour conséquence de

découragée les investisseurs étrangers.

Tiraillée entre l’Europe et l’est, la Serbie cherche à préserver son identité tant bien que mal, notamment

avec la question épineuse du Kosovo. Au regard de la situation internationale et de l’ordre mondial qui

est sur le point de changer, s’apprêtant à consacrer la Chine comme première puissance mondiale, on

en vient à se demander si l’adhésion de la Serbie à l’Union Européenne conserve toujours un

quelconque intérêt, dans la mesure où la Serbie pourrait s’aliéner un camp d’importance pour elle.

Jouissant des bienfaits de sa politique extérieure opportuniste, la Serbie a pu afficher un taux de

croissance de 1,6% en 2013. La possibilité d’un renoncement à l’UE est donc réaliste, surtout au

moment d’un retournement de la situation internationale suite à la crise ukrainienne : Belgrade

chercherait à gagner du temps, tout en jonglant habilement avec la multitude d’acteurs présents sur son

échiquier géopolitique.

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Tableau des sources

1

« Les conséquences des guerres d’Ex-Yougoslavie sur la transition économique serbe », SLT Matias Moulines, Ecoles de Saint Cyr Coëtquidan, 2013.

2 Les autorités se refusent pour le moment à livrer un quelconque bilan du nombre de morts.

3 Le Figaro : « Inondations dans les Balkans : les dégâts estimés à plus d'un milliard d'euros », 22/05/14, Caroline PICQUET

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/05/22/20002-20140522ARTFIG00097-inondations-dans-les-balkans-les-degats-estimes-a-plus-d-un-milliard-d-euros.php

4 Xavier BOUGAREL : « Bosnie, anatomie d'un conflit », la Découverte, coll. Les dossiers de l'Etat du Monde, Paris, 1996, pp.42

5 « Les conséquences des guerres d’Ex-Yougoslavie sur la transition économique serbe », SLT Matias Moulines, Ecoles de Saint Cyr Coëtquidan, 2013.

6 Sortir du nucléaire n°33 - décembre 2006, « Serbie : les conséquences des bombardements à l’uranium appauvri »

http://www.sortirdunucleaire.org/Serbie-les-consequences-des

7 Revue : Questions de communication, « Regards sur les médias dans le conflit Yougoslave », 01/03/02, Alice KRIEG

http://questionsdecommunication.revues.org/6469

8 Le Monde diplomatique : « Mensonges de guerre au Kosovo », août 1999, Robert FISK (article disponible uniquement en cache sur internet)

http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:gG3N6lwoTwEJ:www.monde-diplomatique.fr/1999/08/FISK/12

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378+&cd=11&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&client=firefox-a

9 « Les conséquences des guerres d’Ex-Yougoslavie sur la transition économique serbe », SLT Matias Moulines, Ecoles de Saint Cyr Coëtquidan, 2013.

10 Site de la chambre de commerce et d’industrie de Serbie : informations générales sur la Serbie

http://www.pks.rs/Predstavnistva.aspx?id=4&t=14&jid=4

11 Source humaine

12 Radio Serbie Internationale, « Le Parlement de Serbie a ratifié les lois sur les crédits des Emirats arabes unis », 30/05/14.

http://voiceofserbia.org/fr/content/le-parlement-de-serbie-ratifi%C3%A9-les-lois-sur-les-cr%C3%A9dits-des-emirats-arabes-unis

13 Radio Serbie internationale, « La signature de plusieurs accords entre la Serbie et les Emirats arabes unis », 14/03/14

http://voiceofserbia.org/fr/content/la-signature-de-plusieurs-accords-entre-la-serbie-et-les-emirats-arabes-unis

14 Kurir, « PRIJATELJI UZ SRBIJU: Šeik Muhamed šalje 10 miliona dolara za ugrožene! », 18/05/14, agence TANJUG.

http://www.kurir-info.rs/prijatelji-uz-srbiju-seik-muhamed-salje-10-miliona-dolara-za-ugrozene-clanak-1375427

15 Site de COFACE, fiche sur la Serbie. http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Serbie

16 Farm Land Grab, « Les investisseurs arabes à l’assaut de la Serbie : illusion ou réalité ? », 03/09/13

http://farmlandgrab.org/post/view/22501-les-investisseurs-arabes-a-lassaut-de-la-serbie-illusion-ou-realite

17 Le blog énergie, « Faudra-t-il multiplier l’estimation des ressources mondiales de lithium par cinq? », 01/08/11, Raymond BONNATERRE

http://www.leblogenergie.com/2011/08/01/faudra-t-il-multiplier-lestimation-des-ressources-mondiales-de-lithium-par-cinq/

18 Radio Serbie Internationale, « La Serbie sur la mappe du monde des mines », 17/08/12.

http://voiceofserbia.org/fr/content/la-serbie-sur-la-mappe-du-monde-des-mines

19 Site officiel de Rio Tinto: « Rio Tinto Serbia brochure (PDF) »

http://www.riotintoserbia.com/documents/Rio_Tinto_Serbia_Brochure.pdf

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20 L’AGEFI, « Le borate: ce cousin méconnu du lithium », 07/11/13

http://www.agefi.com/une/detail/archive/2013/november/artikel/pan-global-la-societe-canadienne-cherche-des-investisseurs-pour-ses-mines-de-borate.html

21 Agora Vox, « Le bore : pétrole du XXIe siècle ? », 06/01/06

http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/le-bore-petrole-du-xxie-siecle-5830

22 Radio Serbie Internationale, « Un minerai qui vaut son pesant d’or », 16/07/12

http://voiceofserbia.org/fr/content/un-minerai-qui-vaut-son-pesant-d%E2%80%99or

23 Ministère de l’agriculture français, « Les politiques agricoles à travers le monde ; quelques exemples »

http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/14-_Serbie_cle0fb77f.pdf

24 Le Courrier des Balkans, « Serbie : les Émirats arabes unis à l’assaut des riches terres de Voïvodine », 20/02/13

http://balkans.courriers.info/article21840.html

25 Infoguerre, « South Stream : quels enjeux pour la Serbie ? », 11/12/13, Tanja MILETIC

http://www.infoguerre.fr/matrices-strategiques/south-stream-quels-enjeux-pour-serbie/

26 France TV Info, « Tomislav Nikolic, un ancien allié de Milosevic aux commandes de la Serbie », Laurent RIBADEAU DUMAS, 29/05/12

http://geopolis.francetvinfo.fr/tomislav-nikolic-un-ancien-allie-de-milosevic-aux-commandes-de-la-serbie-5521

27 Le courrier des Balkans, dossier : « Serbie : Aleksandar Vučić ou l’ivresse du pouvoir absolu », 2014

http://balkans.courriers.info/spip.php?page=dossier&id_article=19460

28 Le Figaro, « Strauss-Kahn ne promet pas de miracle pour l’économie serbe », 17/09/13, AFP

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/09/17/20002-20130917ARTFIG00474-strauss-kahn-ne-promet-pas-de-mirache-pour-l-economie-serbe.php

29 La voix de la Russie, « La Russie a accordé à la Serbie un crédit de 800 millions de dollars », 11/01/13

http://french.ruvr.ru/2013_01_11/La-Russie-a-accorde-a-la-Serbie-un-credit-de-800-millions-de-dollars/

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30 Le Monde, « Le Parlement serbe approuve l'accord de normalisation avec le Kosovo », 27/04/13, AFP

http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/04/27/le-parlement-serbe-approuve-l-accord-de-normalisation-avec-le-kosovo_3167593_3214.html

31 Source humaine, cf : Amir Aslani http://amir-aslani.com/

32 Infoguerre, « South Stream : quels enjeux pour la Serbie ? », 11/12/13, Tanja MILETIC

http://www.infoguerre.fr/matrices-strategiques/south-stream-quels-enjeux-pour-serbie/

33 RIA NOVOSTI, « La Serbie, avant-poste de la sécurité collective », 12/04/13

http://fr.ria.ru/presse_russe/20130412/198059512.html

34 Arte, « Les Chinois bien servis en Serbie », 05/01/11

http://www.arte.tv/sites/fr/leblogueur/2011/01/05/les-chinois-bien-servis-en-serbie/

35 Le quotidien du peuple en ligne, « La Serbie et la Chine vont renforcer leur coopération en matière de défense », 12/09/11

http://french.peopledaily.com.cn/International/7593561.html

36 Farm Land Grab, « Les investisseurs arabes à l’assaut de la Serbie : illusion ou réalité ? », 03/09/13

http://farmlandgrab.org/post/view/22501-les-investisseurs-arabes-a-lassaut-de-la-serbie-illusion-ou-realite

37 Wikipédia, « Belgrade on Water Project »

http://en.wikipedia.org/wiki/Belgrade_on_Water_project

38 Euractiv, « Le torchon brûle entre la Bulgarie et la Commission sur South Stream », 25/04/14, Georgi GOTEV

http://www.euractiv.fr/sections/energie/le-torchon-brule-entre-la-bulgarie-et-la-commission-sur-south-stream-301772

39 Web Tribune, « Šokantan obrt u slučaju „Južni tok“: Austrijanci stali uz Rusiju », 21/05/14

http://web-tribune.com/tema_dana/sokantan-obrt-u-slucaju-juzni-tok-austrijanci-stali-uz-rusiju#

40 Le courrier des Balkans, « Crise ukrainienne : Belgrade veut rester neutre entre Moscou, Kiev et Bruxelles », 24/036/14

http://balkans.courriers.info/article24497.html