Histoire de lEurope de lEst et des Balkans Quatrième cours : Hongrie et Roumanie.

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Histoire de l’Europe de l’Est et des Balkans Quatrième cours : Hongrie et Roumanie

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Histoire de l’Europe de l’Est et des Balkans

Quatrième cours : Hongrie et Roumanie

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2 – République slovaque

2.1 – Notions générales2.1.1 — Géographie • La Slovaquie est un pays de montagnes faisant partie de

l'ensemble occidental de la chaîne des Carpates et s’étendant sur 48 845 km2.

• Le territoire de la Slovaquie ne compte que deux zones géographiques distinctes, soit une zone montagneuse au nord, et une zone de plaine et de plateau au sud.

• La Slovaquie est enclavée et partage des frontières au nord avec la République tchèque et la Pologne, à l’est avec l’Ukraine, au sud avec la Hongrie et à l’ouest avec l’Autriche.

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• La zone montagneuse du nord comprend des sommets relativement hauts, comme les Hautes Tatras (2 655 mètres d’altitude) et les Basses Tatras (2 043 mètres) et diminue graduellement en descendant vers le sud, en direction de la plaine hongroise. L’altitude moyenne du pays se situe à plus de 500 mètres.

• Les lacs y sont nombreux et le plus important d’entre eux, le Velki incovo pleso, a la particularité d’être situé à près de 2 000 mètres d’altitude, dans le massif des Hautes Tatras.

• Le principal cours d’eau du pays est le Danube, lequel forme la majorité de la frontière avec la Hongrie, au sud.

• Enfin, le climat de la Slovaquie est continental, avec des hivers froids et humides, particulièrement bien sûr dans les zones les plus élevées, et des étés chauds et plutôt secs.

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2.1.2 – Démographie

• Les Slovaques appartiennent à la famille des Slaves de l’Ouest. La population du pays s’élève à 5,5 millions de personnes.

• Ethniquement moins homogène que la République tchèque, la Slovaquie compte une importante minorité hongroise (près de 10 %), ainsi que des Tsiganes (2 %) et des Tchèques (1 %).

• La population du pays est stable depuis 20 ans. Le taux de croissance de la population se situe autour de 0,2 %, avec une natalité plutôt faible (1,35 enfant par femme) en forte baisse depuis 20 ans, comme l’indique d’ailleurs l’âge médian d’environ 35 ans. Les flux migratoires sont peu importants.

• L’espérance de vie s’établit à près de 75 ans, en hausse graduelle depuis le début des années 2000.

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• Le niveau de vie de la population slovaque a toujours été plus faible que celui des voisins de l’ouest, mais les différences tendent à se réduire. En 2010, le pays occupait ainsi le 31e rang dans le classement IDH.

• Les Slovaques sont restés beaucoup plus attachés à la religion que les Tchèques, l’Église catholique ayant longtemps constitué un facteur de rassemblement national

• Aujourd’hui en perte de vitesse (seuls 4 % de la population assiste régulièrement aux offices religieux) l’Église catholique continue néanmoins d’être la confession religieuse de la très grande majorité de la population, avec 71 %, suivie par l’église luthérienne (7 %) et calviniste (2 %).

• Le pays ne compte que deux villes de plus de 100 000 habitants. Il s’agit de Bratislava (430 000 habitants), ainsi que de Kosice (220 000 habitants), situé dans l’est du pays. Le taux d’urbanisation, à 55 % est l’un des plus faibles d’Europe.

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2.2 – Évolution historique2.2.1 – Des origines au Xxe siècle 

• Disputées entre Germains et Romains, les terres que les Slovaques ont occupées au début du VIe siècle passent sous le contrôle des Avars et les Slovaques ne rejoignent les Tchèques qu'au IXe siècle.

• Dès 906, les deux peuples sont séparés par l'invasion des Magyars et la domination hongroise sur la Slovaquie se maintiendra, avec certaines interruptions, jusqu'en 1918.

• Refoulés vers les régions les plus pauvres, les Slovaques connurent plusieurs siècles de régression matérielle et culturelle, accentuée par les destructions des invasions mongoles de 1240-1241.

• Ils parvinrent à limiter leur isolement puis le développement économique du début de la renaissance les remit en relation avec les pays voisins, principalement la Bohême et la Pologne.

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• L’extraction de métaux précieux, le développement des villes, de l’architecture et la redécouverte d'une culture nationale témoignent de ce développement économique et culturel.

• Mais ces résultats seront remis en cause par la victoire des Turcs sur les Hongrois en 1526 : tout le sud-est de la Slovaquie se retrouva sous la domination ottomane jusqu'à la fin du XVIIe siècle.

• Dans le reste du pays, les nobles, Hongrois et Allemands pour la plupart, exploitent avec dureté les paysans asservis, qui se lancent dans des soulèvements férocement réprimés.

• La contre-réforme arrivera à maintenir la domination du catholicisme sur le territoire, qui parviendra à devenir l’un des fondements culturels de la nation slovaque.

• Si le réveil économique est plus lent que dans les pays tchèques, le réveil culturel en revanche s’effectue à un rythme comparable.

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• Soutenue par un sentiment populaire, la culture nationale se voit donner des bases littéraires dès la fin du XVIIIe.

• La même époque voit la fondation de la Société slovaque des sciences et tout au long de la première moitié du siècle, le mouvement s’amplifie. Les Hongrois demeurent intransigeants et une loi de 1847 reconfirme à la langue hongroise son statut de seule langue officielle.

• La vague révolutionnaire de 1848 est accueillie avec enthousiasme, mais les Hongrois n'admettent pas l'égalité des autres nationalités de l’empire et la répression qu'ils exercent après la défaite des minorités nationales est très dure.

• Les troubles paralyseront la terre slovaque pendant plus de dix ans. La énième renaissance économique et culturelle, celle des années soixante, se heurtera encore à l'hostilité des Magyars qui nient l'existence d'une nation slovaque et voient leur domination confirmée par le compromis austro-hongrois.

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2.2.2 – Le XXe siècle

• La lenteur du développement économique causé par cette domination fournit des conditions moins favorables qu'en Bohême à l'évolution de la société et de l'opinion publique et l'émigration ralentit la progression démographique.

• Milan Hodža est élu au Parlement de Budapest en 1905 et obtient la formation d'un groupe des députés slovaques, serbes et roumains, alors que se constitue un parti social-démocrate slovaque.

• C’est dans ce contexte que l'union avec les pays tchèques devient populaire et en 1918, le Conseil national slovaque se rallie à l'idée d'une République tchécoslovaque, qui sera proclamée le 14 novembre.

• Au sein de la République tchécoslovaque, les relations entre Slovaques et Tchèques furent souvent tendues, alors que le pouvoir tendait à se retrouver du côté des Tchèques.

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• Le ressentiment slovaque, allié à la force de l’Église catholique a permis à Hitler dans la foulée de l’écrasement des pays tchèques de mettre en place un État fantoche dirigé par monseigneur Tiso.

• Au lendemain de la guerre, les Slovaques qui ont participé au conflit contre l’URSS seront désavantagés par les Soviétiques et le système d’avant 1938 sera rétabli, système dans lequel les Tchèques continuent de dominer les Slovaques.

• Au cours de la période 1948-1989, cette domination se manifeste par le fait que les principaux chefs de l’État unifié sont d’origine tchèque, cette domination constituant l’une des raisons de la crise de 1968.

• À la faveur de la « révolution de velours », le nationalisme refait surface en Slovaquie et c’est donc naturellement de Slovaquie que naît le désir de mettre fin à la cohabitation avec les Tchèques.

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2.2.3 – Depuis l’indépendance

• Les lendemains de l’indépendance sont difficiles. Meciar, premier ministre de juin 1990 à avril 1991, puis de 1992 à 1994 et enfin de 1994 à 1998, fut confronté aux réalités de la nouvelle situation. Il fallait créer des institutions étatiques, assumer les coûts de la partition, définir le rythme et les méthodes de la transition démocratique et de l'ouverture vers le marché, alors que le pays connait une forte récession.

• Les crises politiques se multiplient et les différents gouvernements tombent rapidement, jusqu’à l’arrivée de Mikulas Dzurinda en 1998, alors que la situation se stabilisera.

• La constitution slovaque en place aujourd’hui a été adoptée à l’automne 1992, avant d’entrer en vigueur au premier janvier 1993, avec la mise en place du nouvel État indépendant.

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• Le parlement slovaque est unicaméral. Le Conseil national de la République slovaque est composée de 150 députés, élus pour un mandat de quatre ans par scrutin proportionnel.

• Dans ce contexte, les gouvernements sont généralement des coalitions de différents partis, ce qui favorise l’instabilité gouvernementale, comme c’est le cas en ce moment.

• Le président est élu par la population dans le cadre d’un scrutin direct à deux tours. Il a pour l’essentiel des fonctions de représentations et doit ratifier les lois, mais il n’a guère le choix d’accepter ou de refuser. Cette faible importance se reflète dans la stabilité de la fonction, qui n’a connu que 3 détenteurs du poste depuis l’indépendance. Ivan Gasparovic, un nationaliste proche de Meciar qui a participé à la rédaction de la constitution en 1992, occupe ce poste depuis 2004.

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• La domination hongroise est responsable du retard de développement caractérisant le territoire de la Slovaquie et l'image d'un pays rural, catholique et fécond en retard sur son époque a perduré jusqu’à ce que, au début des années 1950, le régime mette en œuvre une politique d'industrialisation, permettant le rattrapage économique de la Slovaquie.

• Le gouvernement Meciar a infléchi la politique de privatisation entreprise par les autorités fédérales et il fallut donc attendre 1998, pour que le gouvernement de centre droit de Dzurinda s'attèle aux grandes réformes.

• D’abord en forte récession, on assiste à partir de 1994 à un remarquable redressement économique du pays, même si les méthodes employées sont alors fortement critiquées par l'opposition et par les milieux financiers étrangers.

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• Les réformes libérales de Dzurinda ont entraîné une contraction du PIB en 1998, mais dès 1999, celui-ci remonte, pour atteindre plus de 10 % en 2007.

• Étant donné la position géopolitique du pays, la volonté de réorienter les relations avec les anciens partenaires répondait à des nécessités économiques, mais la Slovaquie ne pouvait pas rester à l'écart de l’Europe, ce qui poussa Bratislava à déposer sa demande d’adhésion dès 1995.

• En dépit des bons résultats économiques, les organisations internationales n'acceptent d’abord pas la Slovaquie. L'OTAN et l’UE ferment la porte en 1997.

• Les objections de Bruxelles concernent alors les relations avec la Russie, de même que l’absence de lois protégeant les langues minoritaires, les relations tendues avec l'opposition et les médias et l'inflexibilité du gouvernement face aux revendications de la minorité magyare de Slovaquie.

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• Jusqu’en 1998, la Slovaquie est en quelque sorte le pestiféré de l’Europe orientale.

• À cette date, le libéral Dzurinda prend la tête du gouvernement. Les réformes économiques et la réorientation internationale de Bratislava vont changer la situation. Ainsi, le pays est finalement admis au sein de l’OTAN en 2004.

• En ce qui concerne l’Union européenne, Bruxelles ouvre la porte en 2002, le traité d’adhésion est signé en 2003 et après un référendum remporté très largement par les partisans de l’union (92 %), la Slovaquie rejoint l’Union européenne le 1er mai 2004, avant de se joindre à l’espace Schengen en 2007.

• Ainsi, depuis 10 ans, le pays a pu réintégrer une position internationale assez forte et proches des intérêts occidentaux sans pour autant, et c’est là le tour de force du gouvernement, envenimer les excellentes relations que le pays entretient avec la Russie, ce qui est exceptionnel.

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• La raison de cette situation est que si Bratislava multiplie les accords avec ses partenaires européens, elle demeure en retrait en ce qui concerne les États-Unis, comme en fait foi le rejet de Bratislava des propositions américaines concernant l’installation d’éléments du bouclier antimissile sur son territoire. Moscou lui en sait certainement gré.

• Même les contentieux avec la Hongrie ont perdu beaucoup d’acuité au cours de la dernière décennie, les gouvernements ayant tout fait pour résorber les tensions, en intégrant la protection de la minorité hongroise dans la législation.

• Bref, malgré sa faible population, l’habileté des dirigeants slovaques depuis 10 ans, alliée au développement puissant de son économie et à son expérience en matière de diversité culturelle, a permis de faire de la Slovaquie un État particulièrement influent dans sa zone, bien campé dans son rôle de pont entre l’Europe et la Russie.

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Quatrième cours : Hongrie et Roumanie

1 – La  Hongrie

2 – La Roumanie

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1 - Hongrie

1.1 – Notions générales1.1.1 - Géographie • La Hongrie, pays continental et très plat, s’étend aujourd’hui

sur 93 000 km2, ce qui représente environ le tiers du territoire qu’il occupait à son apogée.

• Totalement enclavée, la Hongrie a de nombreux voisins et partage des frontières avec la Slovaquie, l’Ukraine, la Roumanie, la Serbie, la Croatie, la Slovénie, et l’Autriche.

• Le territoire est uniforme, s’étendant pour l’essentiel sur une plaine de basse altitude (moyenne de 100 mètres). 2 % du territoire se situent à une altitude de 400 mètres et plus.

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• Le territoire se divise en trois régions géographiques distinctes : le grand Alföld à l’est du Danube, une zone de collines située au nord tout le long de la frontière, et la région transdanubienne, à l’ouest du fleuve.

• Deux cours d’eau importants traversent le pays du nord au sud, avant de rejoindre la Mer Noire, le Danube et la Tisza.

• Le pays compte un certain nombre de lacs importants, même si on ne peut pas dire que le pays soit très choyé. Le plus important, le lac Balaton, à l’ouest du pays, est cependant le plus grand lac d’Europe centrale, s’étendant sur 592 km2.

• Le territoire du pays se distingue par la très grande qualité de son sol, 70 % des terres du pays étant agricole.

• Le climat du pays est continental, avec de fortes amplitudes thermiques. Les hivers peuvent y être très froids et les étés y sont chauds. La pluviométrie est plus forte à l’ouest qu’à l’est, où des sécheresses sévissent de temps à autre.

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1.1.2 – Démographie

• La nation hongroise est isolée des quelques autres nations appartenant à la famille ethnolinguistique finno-ougrienne, plus précisément à sa branche ougrienne, qui comprend en outre les Khanty et les Mantsy de Russie.

• La Hongrie est peuplée d’un peu plus de 10 millions d’habitants, en baisse depuis les années 1980, et même au-delà, puisque le pays fut le premier d’Europe, dès les années 1960, à tomber sous le seuil de renouvellement naturel.

• La population est homogène, près de 95 % est magyare, la seule minorité d’importance étant les Roms.

• Les problèmes démographiques ne font que commencer, à en juger par le faible taux de reproduction (1,3 enfant par femme) et l’âge médian élevé (près de 40 ans). L’espérance de vie est relativement faible pour un État européen (72 ans).

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• Les flux migratoires sont à l’avantage du pays, mais il s’agit de Hongrois qui rentrent au pays et conséquemment, cette source risque de se tarir éventuellement.

• Le niveau de vie de la population du pays est assez élevé, comme en témoigne la 36e place qu’il occupe dans le classement IDH, en hausse d’ailleurs de 5 places depuis 2009.

• 25 % de la population du pays ne se reconnait pas d’appartenance religieuse. Près de 70 % s’identifient aux différentes formes de christianisme, principalement le catholicisme, avec près de 50 %, suivi par le protestantisme (un peu moins de 20 %).

• Assez faiblement urbanisée pour un pays d’Europe (64 %), la Hongrie compte 7 villes de plus de 100 000 habitants, mais seulement deux de plus de 200 000. Il s’agit de Debrecen (205 000) et de la capitale, Budapest ( 2 millions d’habitants) qui compte à elle seule pour 20 % de la population du pays.

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1.2 – Évolution historique1.2.1 – Des origines au XXe siècle

• Le bassin danubien fut de tout temps un territoire convoité et tour à tour les Celtes et les Romains l’occupèrent, avant de céder sous le poids d’Attila et de son éphémère État.

• Les Hongrois ne descendent pas des Uns : les Proto-Hongrois étaient établis au nord de l'Oural au IIe millénaire avant J.-C. et ils sont descendus progressivement vers la moyenne Volga.

• Menacés par les Petchénègues, ils traversèrent les Carpates et s'établirent dans la vallée de la Tisza, avant de se sédentariser.

• Le fondateur de l'État hongrois est le roi saint Étienne (996-1038), qui imposa le christianisme romain et se déclara vassal du Saint-Siège.

• La Hongrie est un carrefour d'influences et le peuple hongrois lui-même est composite, car sur ces terres fréquentées, les populations se sont métissées depuis très longtemps.

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• Cette multiethnicité sera nocive à un territoire où l’élément hongrois domine, sans pouvoir assimiler les populations.

• À la fin du XIIe siècle, l'État hongrois atteignit ses limites : à la plaine hongroise s’étaient ajoutés les territoires de Slovaquie, de Croatie-Slavonie et de Dalmatie, entre autres.

• Les rois de Hongrie agirent comme un rempart face aux invasions venues de l’est et du sud.

• Le système monarchique alors en place était bridé par une aristocratie, détentrice d’immenses domaines terriens.

• Deux périls menaçaient l'État hongrois : l'anarchie nobiliaire et les conquérants turcs. À partir du XVIe siècle, les exactions des nobles entraînèrent des jacqueries, qui eurent pour conséquence la perte d’autorité de la noblesse

• En 1526, les troupes de Soliman écrasèrent les forces hongroises à Mohács, défaite qui se solda par la division du territoire.

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• La grande plaine fut annexée par les Turcs, la Slovaquie et la Croatie passèrent sous le contrôle des Habsbourg, mais la Transylvanie demeura autonome un certain temps.

• D’abord très tentée par le luthérianisme, la noblesse hongroise fut reconvertie, mais les luttes religieuses dégénérèrent en une guerre ouverte qui se solda par un compromis qui autorisa le pluralisme confessionnel.

• Après la libération du territoire occupée par les Turcs (1699), les Hongrois se soulevèrent pour essayer de ressusciter la Hongrie, mais durent se soumettre à l'autorité des Habsbourg.

• Dès le début de l'union, la Hongrie dut batailler pour obtenir la réunion de la Diète. La noblesse contrôlait l'administration locale et jusqu'à 1848 le gouvernement de Vienne n'eut aucune autorité sur les pouvoirs locaux

• Les rapports entre la noblesse hongroise et Vienne, d’abord difficiles, se calmèrent dans la mesure où Vienne respectait une certaine autonomie.

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• La question nationale commença à jouer un rôle au début du XIXe siècle : la noblesse se satisfaisait du compromis, mais pas le reste de la population, s’opposant à sa germanisation.

• En mars 1848, Sándor Petőfi soulèva ses compatriotes contre le régime. La population se mobilisa et l’effet d’entrainement conduisit à l’implication des Roumains, Serbes et Croates.

• La répression fut féroce et la Hongrie fut réduite au rang de province autrichienne, jusqu’à la revanche de 1867.

• Le mouvement national continue entre 1848 et 1867 à se développer, avec l’imposition de plus en plus grande de la langue hongroise, sous l’impulsion de la décroissance du peuple magyar au profit des éléments slaves et roumains.

• Le développement économique entraîne la naissance d’une bourgeoise nationale. Suite à la défaite de Sadowa, la double monarchie est mise en place : gagnant une large souveraineté, l’élite hongroise s’employa à maintenir sa domination sur les nombreuses minorités.

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1.2.2 – Le XXe siècle

• Le mécontentement des élites nationales conduisit à l’éclatement du pays en 1918, même si dans l’ensemble, entre 1914 et 1918, les élites demeurèrent fidèles à la monarchie.

• Après avoir été dépecé par les traités de Saint-Germain-en-Laye et de Trianon, le territoire sera disputé entre différentes forces nationalistes et socialistes et en 1921, Horthy institua un régime réactionnaire qui maintint au pouvoir la noblesse.

• Réduite à sa portion congrue, la Hongrie manifesta tout au long de l’entre-deux-guerres un revanchisme qui la poussa dès 1939 à rejoindre la cause du IIIe Reich

• Débordé sur sa droite par les Croix fléchées, Horthy ne put se dégager du conflit, qui se termina par un désastre : l'occupation allemande, Budapest transformé en champ de bataille (1944-1945), puis l'occupation soviétique.

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• Le fait d'avoir combattu aux côtés de l'Allemagne nazie livra la Hongrie à la puissance soviétique.

• Les Soviétiques ont dans un premier temps toléré une relative liberté, mais dès 1947, les forces non communistes du pays subirent d'immenses pressions et finirent par être liquidées les unes après les autres. L'année 1949 vit la proclamation d'une « République populaire » à la soviétique.

• L'histoire de la Hongrie soviétique a été marquée par un soulèvement en automne 1956. Le remplacement de Rakosi par les communistes nationaux ne permit pas de satisfaire les revendications de la population et le désir d’Imre Nagy de déclarer la neutralité de la Hongrie aboutit à une violente réponse des Soviétiques qui fit près de 25 000 victimes.

• Après l'écrasement de l'insurrection, János Kádár s'installe à la tête du pays comme chef de gouvernement et du parti.

• L’intelligence politique de Kadar permit au régime hongrois de se maintenir dans un calme relatif.

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• Kadar parvint à établir en Hongrie une forme assez libérale du système soviétique au début des années 60, que l’on qualifie dans l’historiographie de « socialisme de goulasch ».

• Le pays ne pourra cependant pas rester à l’écart des difficultés économiques et différentes crises vont finir par affaiblir le pouvoir du parti. 1987 verra basculer la Hongrie dans une crise politique qui se conclura par la fin du régime.

• En 1988, le parti communiste va, avec l’appui et sous la pression de la population, procéder à la liquidation de la démocratie populaire hongroise. En 1989, le parti communiste prend le nom de parti socialiste hongrois, tout en instaurant le multipartisme.

• Le 25 mars 1990 voit le pays tenir ses premières élections libres et pluralistes, lesquelles conduisent le Forum démocratique hongrois, une coalition de centre droit, à la tête de l’État.

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1.2.3 – Depuis 1989

• L'euphorie provoquée par la fin du régime a mené à une prolifération de formations politiques, mais la loi électorale adoptée au cours de 1989 a permis de limiter ceux-ci à 12.

• La constitution actuelle a été adoptée en 2011 et est entrée en vigueur le 1er janvier 2012, invalidant celle de 1989.

• La constitution a été critiquée par les Européens parce qu’elle transfère une partie des pouvoirs de la chambre vers le gouvernement et bride l’indépendance judiciaire.

• Elle met aussi en place des mesures discrétionnaires concernant les médias et octroie certains droits aux minorités hongroises des États frontaliers.

• La Hongrie est une république parlementaire, où l’essentiel des pouvoirs revient à la chambre, suivant un modèle assez semblable à celui de l’Allemagne fédérale contemporaine.

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• La faiblesse des pouvoirs laissés au président (aujourd’hui Pal Schimtt, élu en 2010), lequel est élu pour cinq ans au suffrage indirect, fait en sorte que les pouvoirs du ministre-président n’ont que peu de contrepoids politique

• À l’inverse de la majorité des États de la zone, qui ont connus des difficultés politiques diverses dans les années 1990, avant que la décennie 2000 ne voie une stabilisation de la vie politique, le monde politique hongrois, après une décennie plutôt calme, est en proie à d’inquiétantes manifestations.

• Les problèmes ont commencé en 2006, lors de la réélection de Gurycsany, dont l’autorité est mise à mal par la diffusion d’enregistrements où il affirme mentir à la population pour être élu. Gurycsany se maintiendra au pouvoir jusqu’en 2009, mais lors des élections suivantes, Viktor Orban, profitant de la crise, reprend le pouvoir et entame une dérive autoritaire et populiste qui vaut au gouvernement d’être critiqué.

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• Le pays a connu l’alternance politique depuis 1989, la droite ayant d’abord gouverné de 1989 à 1994, puis de 1998 à 2002, la gauche reprenant le pouvoir de 1994 à 1998 et de 2002 à 2010, avant de le céder à nouveau à la droite de Orban.

• L'économie hongroise s'est écartée du modèle stalinien dès la fin des années 1950, ouvrant la voie à l’initiative individuelle, ce qui fut la réponse hongroise à la crise de l’économie planifiée et en 1989, le pays est déjà partiellement libéralisé.

• Cette particularité a permis au gouvernement Antall d’opter pour une stratégie de réformes graduelles : les privatisations ont été étalées dans le temps, les entreprises publiques faisant au préalable l'objet de restructurations.

• Les premières années postsoviétiques ont été difficiles, comme en fait foi la contraction du PIB de près de 20 % au cours des quatre premières années.

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• L'héritage de l'économie planifiée a imposé des changements entraînant le déclin des industries extractives et la fermeture de centres miniers et l'effondrement du secteur textile et de l'habillement, de la métallurgie et des produits chimiques.

• En revanche, d'autres branches ont enregistré une forte croissance, grâce à l'arrivée des investisseurs étrangers.

• Deux tiers des nouvelles implantations ont été réalisés dans l'automobile et la Hongrie est parvenue à attirer des industries de haute technologie.

• Les flux commerciaux se sont réorientés et les pays de l’Union européenne, surtout Allemagne et Autriche, sont devenus les principaux clients et fournisseurs de la Hongrie, représentant jusqu’à 80 % des échanges. Quant à la Russie, elle ne joue plus guère de rôle dans l’économie hongroise.

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• La Hongrie est parvenue à s'imposer au sein de différents regroupements régionaux, se joignant par exemple dès 1991, au groupe de Visegrad. Budapest se veut aussi très actif au sein de l'Initiative centre-européenne, organisation régionale regroupant l'Italie, la Hongrie et l'Autriche.

• Le grand problème de la Hongrie en matière de relations internationales concerne le sort des nombreuses minorités hongroises, dont elle s’estime responsable.

• Cette question constitue l’un des problèmes récurrents dans les relations avec la Roumanie. Depuis 1989, Budapest a conclu des accords avec Bucarest, Bratislava et Kiev, en vertu desquels ces gouvernements se sont engagés à octroyer des droits collectifs à leur minorité hongroise, en échange de l’acceptation du principe d’intangibilité des frontières.

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• En 2001, alors que le pays est dirigé par Orban, le parlement vota une loi octroyant aux membres des minorités hongroises qui s'installeraient dans la « mère patrie » des droits supplémentaires en matière de couverture sociale et d'emploi, loi qui suscita une levée de boucliers de la part des pays voisins et contrevenaient aux réglementations de l’UE.

• Les négociations concernant l’intégration furent menées rondement et la Hongrie intégra l’Union européenne en 2004, en même temps que les plus avancés de ses voisins sur la voie des réformes, et après avoir obtenu l’assentiment de 84 % de la population lors du référendum de 2003 sur la question

• Les conflits balkaniques ont eu un écho important, car en plus des frontières avec certaines républiques yougoslaves, la question de la minorité hongroise de Voïvodine, menacée de la perte de son statut particulier par Milosevic, abouti à un alignement sans réserve sur l'OTAN.

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• Cet alignement s’illustra aussi lors de l’invasion américano-britannique en Irak, en mars 2003, alors qu’une force symbolique participa à l’attaque.

• Les engagements militaires sont venus rappeler aux Hongrois que l'ambition d'intégrer l'OTAN et l’UE impliquait des contreparties politiques et militaires, suscitant des réticences dans l'opinion publique : lors du référendum de 1997 sur l'adhésion à l'OTAN, la participation fut faible (49%), même si le oui l’emporta avec une très forte majorité de 85 %.

• Depuis janvier 2011, le gouvernement Orban est la cible de critique de la part des autres États membres. Après avoir cavalièrement rejeté du revers de la main ces critiques, Orban a semblé être prêt à revoir sa position après que Bruxelles ait évoqué la possibilité que des sanctions politiques soient prises contre Budapest si ces éléments n’étaient pas corrigés.

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2 - Roumanie2.1 – Notions générales2.1.1 – Géographie

• Si, physiquement, la Roumanie ne peut être qualifié de pays balkanique, conventionnellement, mais aussi historiquement, on l’incorpore souvent dans cette région, entre autres parce que, comme la majorité du territoire des Balkans, elle fut longtemps, du moins certaines zones, sous le contrôle turc.

• La Roumanie s’étend sur 237 500 km2 et est composée de 3 zones géo-historiques : la Moldavie au nord-est (dont une partie forme aujourd’hui la République moldave), la Valachie au sud et la Transylvanie, qui occupe le tiers nord-ouest du territoire.

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• Le pays partage des frontières avec la Hongrie, l’Ukraine, la Moldavie, la Bulgarie et la Serbie.

• La topographie du territoire est deux types. La Valachie et la Moldavie sont de vastes plaines, descendant doucement des contreforts carpatiques, en direction de la mer Noire et de la Moldavie. Quant à la Transylvanie, elle est essentiellement montagneuse et compte certains des plus hauts sommets des Carpates (le point culminant du pays se situant à 2544 mètres)

• La Roumanie compte plusieurs cours d’eau importants, dont le Danube et la Tisza, le plus long sur le territoire roumain, de même que le Prout, le Mures et le Siret, en tout près de 40 rivières et fleuves de plus de 100 km de long. Le pays compte aussi près de 3500 lacs, dont le Razim et le Sinoe.

• Le climat du pays varie selon les régions, mais l’humidité y est élevée partout. Les hivers sont relativement froids et les étés chauds, voire très chauds en Valachie.

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2.1.2 - Démographie • Les Roumains appartiennent à la branche romane de la

famille indo-européenne. Elle est la seule langue de cette famille dans la zone.

• La population de la Roumanie est en baisse constante depuis 1989 et se situe à un peu moins de 20 millions d’habitants, alors qu’elle était de près de 22 millions en 2002.

• La population est relativement homogène, la majorité roumaine formant 90 % de la population. Les principales minorités sont les Hongrois (près de 6 %) et les Roms (2,5 %).

• L’indice de fécondité est plutôt faible, à 1,35 enfant par femme, de même que l’espérance de vie, qui ne dépasse même pas 70 ans. À 39 ans, l’âge médian est assez élevé et avec moins de 18 % d’enfants de moins de 15 ans, la baisse de la population devrait se poursuivre.

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• La Roumanie est l’un des pays les plus pauvres d’Europe comme en témoigne son indice de développement (63e rang mondial). C’est l’un des rares États de la mouvance soviétique à avoir un taux d’alphabétisation inférieur à 99 %, soit 97 %.

• La religion orthodoxe est considérée confession de plus de 86 % de la population, suivie par le catholicisme (7 %) et le protestantisme (4 %), répandus chez la minorité hongroise.

• Seul 0,1 % de la population se considère sans appartenance religieuse, mais cela ne veut pas dire que la population est très religieuse : par exemple, on baptise les enfants, mais la fréquentation des offices demeure très variable.

• La population roumaine est faiblement urbanisée (55 %). Les plus importantes villes sont Bucarest (1,9 million d’habitants), la capitale, suivi de Iasi, dans la région moldave (320 000 habitants) de Constanza, sur la mer Noire (310 000) et de Cluj-Napoca (310 000 habitants), en Transylvanie.

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2.2 – Bref historique2.2.1 – Des origines au XXe siècle

• Les premiers habitants du territoire actuel de la Roumanie furent les Daces, qui formèrent une ébauche d'État au Ier siècle avant notre ère, qui deviendra au siècle suivant assez puissant pour que Rome en prenne ombrage.

• C'est dans le peuplement que Rome liasse ses traces : soldats, et colons font souche, se mêlent à la population dace et constituent avec elle le peuple daco-romain, qui disparaît de l'histoire en 271.

• On sait très peu de choses sur ce qui se déroule sur le territoire pendant de longs siècles, et c’est à la faveur des invasions slaves de la zone que se renoue le fil de l’histoire.

• Intégré dans l’empire bulgare de Siméon, le territoire entre à son tour dans l'aire culturelle de Byzance et le christianisme s'y répand à partir de la fin du IXe siècle.

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• L'émergence politique des Roumains est contrariée par les invasions qui empruntent le couloir danubien, isolant la Transylvanie menacée par l’expansion hongroise, ce qui provoque un reflux des Roumains vers le Danube. C’est alors que se forment les principautés de Valachie et de Moldavie, qui se déclarent indépendantes à la fin du XIVe siècle.

• Mais les invasions se poursuivent et la Valachie se soumet aux Turcs dès 1411, la Moldavie un siècle plus tard. Mais ces territoires ne subiront pas un joug aussi féroce que les pays balkaniques et conserveront une certaine autonomie.

• Quant à la Transylvanie, elle résiste jusqu’en 1526, alors qu’elle devient à son tour une principauté vassale du sultan. Les liens avec les autres territoires ne sont jamais coupés.

• Le XVIIIe siècle est difficile, alors que les principautés sont occupés et qu’on assiste à la dénationalisation des élites. Le servage s’alourdit pour la majorité de la population.

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• La Transylvanie est annexée par les Habsbourg en 1691 et pourvue d'une vague autonomie interne.

• L'Empire ottoman décline, mais les appétits de l'Autriche et de la Russie grandissent. En 1775, l'Autriche annexe la Bucovine. En 1774, la Russie avance jusqu'au Boug et en 1812, annexe la Bessarabie, arrachée à la principauté de Moldavie.

• Le tournant du XVIIIe siècle tient une place décisive dans la formation de la conscience nationale des Roumains, qui découvrent leur originalité et leur romanité, alors qu’en Transylvanie, l'idée nationale trouve une expression politique avec l’église uniate.

• C'est en Valachie que se produit la première tentative de libération nationale : avec l’appui de la Russie, des partisans préparent un soulèvement dans les deux principautés, lequel échoue, mais pas totalement, car l'insurrection grecque et l'intervention russe aboutissent au traité d'Andrinople (1829).

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• Par ce traité, la Russie occupe les principautés danubiennes et leur donne un nouveau statut, suivant lequel les dirigeants des territoires seront dorénavant roumains.

• Les révolutions de 1848 donneront un prétexte aux Turcs pour rétablir l'ordre et ils occuperont le territoire militairement avec la Russie ; en Transylvanie, la mésentente entre patriotes hongrois et roumain ne permettra pas un front commun contre Vienne.

• Une conférence internationale en 1858 décide que les principautés seront autonomes, mais non indépendantes, qu’elles seront séparées, chacune ayant son prince et son assemblée élue par les propriétaires fonciers

• En 1859, les deux assemblées, moldave et valaque, élisent le même prince, mettant l’Europe devant le fait accompli de l'unité de la nouvelle principauté moldo-valaque, qui est toujours cependant dépourvue de souveraineté externe.

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• Diverses lois et mesures sont prises afin de consolider l'union et le servage est aboli dans les années 1860.

• La question de l'indépendance roumaine est soulevée par la guerre russo-turque de 1877-1878 et la victoire de la Russie ouvre la voie à la proclamation de l'indépendance de la Roumanie unifiée en 1881. Mais les territoires de Transylvanie sont toujours sous la coupe des Hongrois.

• Une monarchie locale prend place, sans pour autant modifier les rapports de forces sociaux. Manquant de capitaux, l’industrialisation est lente et la question agraire demeure en suspens.

• La Roumanie cherche alors sa voie dans la politique européenne et rejoint la Triplice en 1883.

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2.2.2 – Le XXe siècle

• Le déclenchement du premier conflit mondial contraint la Roumanie à un choix : les puissances centrales lui offrent la Bessarabie, les Alliés, la Transylvanie; les seconds remportent la mise en 1916.

• Mais les Allemands entrent à Bucarest et la Roumanie devient un simple protectorat économique allemand en 1918, même si elle conserve la Bessarabie, occupée en janvier 1918.

• Le sort des armes change le désastre en triomphe : les troupes roumaines entrent en Transylvanie, et le 1er décembre 1918 est proclamé le rattachement à la Roumanie de tous les territoires roumains.

• La nouvelle Roumanie connaît un grave problème de minorités, 25 % de la population n’étant pas roumaine.

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• Le pays, monarchie constitutionnelle, connait tout au long des années 20 l’alternance politique, mais la corruption et les luttes au sommet de l’État minent les institutions et au début des années 30, les effets de la crise mondiale enlèvent à la démocratie ses dernières chances.

• Le contexte permet alors la montée de l’extrême droite, qui trouve de nombreux appuis : clergé, officiers nationalistes, intellectuels, paysans et ouvriers.

• En 1938, le roi Carol promulgue une Constitution d'inspiration mussolinienne et supprime les partis politiques.

• Suite à la perte de la Bessarabie aux mains de Staline, un coup d’État renverse le roi et le remplace par le général Antonescu, qui se proclame « guide ». Michel premier monte sur le trône, mais il n’a alors aucun pouvoir.

• Le pays se rapproche de l’Allemagne nazie et n’entrera en guerre qu’en juin 1941, aux côtés des nazis, contre l’URSS.

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• En mars 1944, l'Armée rouge pénètre en Roumanie et en août, Antonescu est renversé par la résistance. Le nouveau gouvernement déclare la guerre à l’Allemagne, mais les alliés continuent à considérer le pays comme un ennemi

• Après avoir tenté de négocier avec les Soviétiques, le roi Michel est finalement contraint à abdiquer après les élections de 1946, qui voient la victoire du Front national démocratique, dominé par les communistes de Gheorghe Gheorghiu-Dej.

• Dans les premières années, la Roumanie s’aligne sur les positions de Moscou. La constitution de 1952 met en place un régime institutionnel de type soviétique.

• Peu à peu, le pays fait preuve d’indépendance face à Moscou, qui veut obliger la Roumanie à demeurer un État agraire

• La crise éclate en 1963. Bucarest tient tête et réclame le droit à poursuivre son développement sans interférence extérieure.

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• Cette politique constitue l’un des facteurs du ralliement au régime de larges fractions de la population. Le règlement de la succession de Gheorghiu-Dej, qui meurt en 1965, se fait sans heurt et Nicolaï Ceausescu prend la tête du parti.

• En 1965, la République populaire roumaine devient la République socialiste roumaine et le Parti ouvrier roumain est érigé en Parti communiste roumain.

• Le régime mis en place par Ceausescu sera l’un des plus staliniens, ce qui n’empêche pas Bucarest de conserver une certaine distance face à Moscou.

• Mais le pays ne reste pas à l’écart des mouvements causés par les difficultés économiques. Ainsi, les crises pétrolières des années 1970 seront durement ressenties et la misère s'installe, suscitant la grogne de la population.

• À partir de 1985, la position de Ceausescu suscite la colère même des membres de son parti : en 1989, six anciens dirigeants du parti désavouent la politique de Ceausescu.

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• En décembre 1989, après avoir tenté de résister à la population, Ceausescu est arrêté avec sa femme et un Front de salut national prend le pouvoir, dirigé par Ion Iliescu. Dans la foulée de la « découverte » d’un « charnier », le Conducator et son épouse sont jugés et exécutés le 25 décembre 1989.

• À partir de ce moment, le « Conseil du Front de salut national », dirigé par Ion Iliescu, exerce le pouvoir exécutif intérimaire et en mai 1990, le Front de salut national remporte les premières élections pluralistes législatives : Iliescu, élu président, a réussi sa conversion…

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2.2.3 – Depuis 1989• La vie politique n’a pas été de tout repos depuis 1989, alors

que l’ancienne direction parvient à se recycler dans le cadre d’un système pluripartiste. Dès 1989, les difficultés sociales, économiques et politiques divisent le pouvoir et redonnent provisoirement une certaine force à l’opposition, mais le président Iliescu est réélu en 1992.

• Il faut attendre 1996, alors que les élections sont remportées par l’opposition, pour que la Roumanie connaisse l’alternance politique.

• Les crises ont rythmé la politique roumaine depuis 20 ans, comme en 2007, alors que le premier ministre parvint à suspendre le président Basescu, lequel fut néanmoins confirmé à ce poste par un référendum où il obtint l’appui de 75 % des la population. Il occupe encore d’ailleurs ce poste.

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• L’une des causes de ces crises est sans doute le système politique complexe et comprenant un système de contre-pouvoir élaboré.

• La constitution roumaine fait du système politique une république mi-parlementaire, mi-présidentielle, dans lequel les pouvoirs sont répartis entre les deux chefs de l’exécutif.

• Le président a le pouvoir de nommer le chef du gouvernement. Gardien de la constitution, il est chef des armées et responsable de la politique étrangère du pays. Il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans.

• Le processus de nomination du chef du gouvernement est responsable de la grande volatilité de celui-ci : en à peine 22 ans de pluralisme, 13 personnes ont occupé cette fonction, le dernier en date (Catalin Predoiu) ayant pris la tête du gouvernement le 6 février 2012, suite à la démission de son prédécesseur.

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• Après un début très lent, causé par le maintien au pouvoir de l’équipe entourant Ceausescu, mais aussi par l’état déplorable des infrastructures, l’économie va peu à peu se redresser à la fin des années 1990.

• Sous la direction d’Iliescu les privatisations seront limitées et l’économie demeurera dans une large part sous le contrôle de l’État, mais à partir de 1997, le gouvernement entreprend des réformes et lance une politique de privatisation.

• L’élan sera interrompu par les crises asiatiques et russes, alors que le pays échappe de peu à un défaut de paiement, mais la mise en place de mesures d’urgence permettra au pays de compter sur une bonne croissance à partir de 2001, fondée sur les exportations et le développement du marché intérieur, grâce à l’apparition d’une classe moyenne.

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• Au lendemain de l’effondrement du régime de Ceausescu, le principal problème extérieur du pays vient de la minorité hongroise, qui réclame une autonomie territoriale.

• En 1996 est signé un traité de bon voisinage roumano-hongrois, qui règle la question de la frontière entre les deux pays en échange d’une reconnaissance par Bucarest de certains droits linguistiques octroyés aux Hongrois de son territoire.

• Une autre zone de tension à partir de 1991 se trouve en Moldavie. Une partie des forces nationalistes au lendemain de la disparition de l’URSS réclamèrent la réunification, mais à Bucarest, les coûts d’une telle réunification firent en sorte que le gouvernement manifesta peu d’empressement. À la place, on a plutôt favorisé l’octroi de la citoyenneté roumaine aux Moldaves qui en faisaient la demande.

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• La Roumanie d’avant 1989 menait une politique étrangère plus indépendante que la majorité des États du glacis soviétique et dès 1974, Bucarest avait établi des relations avec la CEE et la Roumanie va chercher à les étendre dès 1989.

• Mais son niveau de développement va retarder l’adhésion de la Roumanie, et ce n’est qu’en 2007 qu’elle intègre l’Union. En octobre 2003, un référendum portant sur des modifications constitutionnelles nécessaires à l’adhésion est tenu et le projet est approuvé par près de 90 % des votants.

• En ce qui concerne l’OTAN, le maintien au pouvoir d’Iliescu va retarder le rapprochement, mais en 1993, le processus est lancé, lequel aboutira en 2004.

• Bucarest dispose d’un atout important, soit sa côte sur la mer Noire. Dans un contexte où les pays d’Europe occidentale cherchent à diminuer le rôle clé de la Russie en matière énergétique, la Roumanie dispose ainsi d’un pouvoir de négociation.