Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

download Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

of 22

Transcript of Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    1/22

    ______________________________________________________________________

    Les Balkansvus de Berlin aujourd hui

    ______________________________________________________________________

    Franz-Lothar Altmann

    Janvier 2011

    Comit dtudes des relations franco -allemandes

    NN oo ttee dd uu CC ee rr ffaa 88 11

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    2/22

    LIfri est, en France, le principal centre indpendant de recherche,dinformation et de dbat sur les grandes questions internationales. Cr en1979 par Thierry de Montbrial, lIfri est une association reconnue dutilitpublique (loi de 1901).

    Il nest soumis aucune tutelle administrative, dfinit librement ses activits etpublie rgulirement ses travaux.

    LIfri associe, au travers de ses tudes et de ses dbats, dans une dmarc heinterdisciplinaire, dcideurs politiques et experts lchelle internationale.

    Avec son antenne de Bruxelles (Ifri- Bruxelles), lIfri simpose comme un desrares think tanks franais se positionner au cur mme du dbat europen.

    Les opinions exprimes dans ce textenengagent que la responsabilit de lauteur.

    Cette Note du Cerfa est publie dans le cadre du Dialogue davenir franco -allemand , un projet men en coopration par le Comit dtudes des

    relations franco- allemandes de lInstitu t franais des relations internationales,la Deutsche Gesellschaft fr Auswrtige Politik et la

    Directeurs de collection : Louis-Marie Clouet, Hans Stark

    Traduction : Anne-Cline Cornet

    ISBN : 978-2-86592-831-6 Ifri 2011 Tous droits rservs

    Site Internet : Ifri.org

    Ifri-BruxellesRue Marie-Thrse, 21

    1000 Bruxelles BELGIQUE Tl. : +32 (0)2 238 51 10Fax : +32 (0)2 238 51 15

    Email : [email protected]

    Ifri27 rue de la Procession

    75740 Paris Cedex 15 FRANCE Tl. : +33 (0)1 40 61 60 00Fax : +33 (0)1 40 61 60 60

    Email : [email protected]

    http://www.ifri.org/http://www.ifri.org/http://www.ifri.org/mailto:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]://www.ifri.org/
  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    3/22

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    4/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    2 Ifri

    Rsum

    La chute du mur de Berlinet la runification ont fait de lAllemagne lepartenaire privilgi des tats de lEurope du Sud-Est, mme de lessoutenir dans leur intgration europenne. Les Balkans ont jou unrle privilgi durant les annes 1990 et 2000 pour Berlin, en servantde champ dapplication au retour de lAllemagne sur la scne inter-nationale. Ces initiatives, traduisant une nouvelle confiance alle-

    mande, ont t parfois incomprises par les partenaires et allis delAllemagne.

    La politique allemande dans les Balkans a t en pratiqueporte par les ministres fdraux des Affaires trangres successifs.Depuis 2005, la priorit accorde aux Balkans a t sujette uncertain nombre de repositionnements, en fonction des volutionsdivergentes des tats de la rgion vis--vis de lUnion europenne (UE).

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    5/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    3 Ifri

    Sommaire

    LALLEMAGNE NOUVELLEMENT UNIFIE ET LESBALKANS..................... 4

    La reconnaissance incomprisede la Slovnie et de la Croatie ................................................... 5

    Le Kosovo, dclencheur de la Realpolitikpour le SPD et les Verts allemands ........................................... 6

    UNE NORMALISATION DE LA POLITIQUE ALLEMANDE DEPUIS2005 ......... 8

    Une implication prioritairepour les sociaux-dmocrates (2005-2009) ................................ 9

    Rorientation des priorits de la politique dlargissement .. 10

    La normalisation de lengagement de la Bundeswehr ............11

    UNE PRIORIT MOUSSE SOUS LA COALITIONCDU/CSU-FDP .......... 13

    Un repositionnement des soutiens la Croatie et la Bosnie-Hergovine .................................... 14

    La difficile gestion de la question serbe/kosovare ................. 15

    Lincomprhension face aux rticences europennes lgard de la Macdoine ........................................................ 15

    Un dcalage entre lintrt diplomatique et conomique ...... 16

    CONCLUSION.................................................................................... 19

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    6/22

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    7/22

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    8/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    6 Ifri

    avec les firmes serbes ntaient pas moins intenses que celles avecdes entreprises en Slovnie et en Croatie ; bien souvent, les contacts surtout les contacts politiques stablissaient dabord par linter -mdiaire de Belgrade, qui tait le centre administratif et conomiquede lensemble de la Yougoslavie. Il faut cependant prciser que les-pace de lEurope du Sud-Est et la Yougoslavie en tant que pilote na jamais plus retrouv limportance quil avait eue pour lAllemagnependant lentre-deux-guerres. Nanmoins, lAllemagne tait sansdoute plus intresse au dveloppement de relations conomiques etpolitiques stables avec lEurope du Sud-Est que tous les autres tatsoccidentaux, exception faite de lAutriche, etdevait donc avoir en vuela stabilitde lespace dans son ensemble.

    Le Kosovo, dclencheur de la Realpolitik pour le SPD et les Verts allemands

    Si la guerre en Croatie et la Bosnie a contribu une prise deconscience tant dans lopinion publique que dans la sphre politiqueallemande, le Kosovo marque quant lui un tournant dfinitif dans lapolitique trangre allemande, puisquil a provoqu un changementde cap net en direction de la Realpolitik , en particulier chez lescologistes des Verts (Die Grnen) et les sociaux-dmocrates duParti social-dmocrate dAllemagne (Sozialdemokratische ParteiDeutschlands, SPD). Il avait alors t soulign que la position cen-trale de lAllemagne au sein de la Communaut europenne lui con-frait la responsabilit de contribuer la rsolution de conflits ethni-ques violents, dapporter son soutien la construction dmocratique,au respect des droits de lHomme et des minorits, et dagir de faoncrdible dans des organisations internationales telles que lUE,lOrganisation du trait de lAtlantique nord (OTAN), lOrganisationpour la scurit et la coopration en Europe (OSCE) etlOrganisationdes Nations unies (ONU).

    Le 5 mai 1999, le vice-chancelier et ministre des Affairestrangres Joschka Fischer prsentait au Parlement europen leprojet dunPacte de stabilit pour lEurope du Sud-Est. Pour le mini-stre allemand des Affaires trangres, qui lavait rdig, lobjectif tait le suivant: la communaut internationale devait accrotre laidefinancire et le soutien en expertise fournis aux tats de la rgion afinde provoquer chez eux un changement dtat desprit et de les inciter privilgier la coopration plutt que la confrontation, tout en leuroffrant long terme la perspective de rejoindre le processus dint-gration de lUE. Lide duPacte de stabilit, qui a ensuite pris une

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    9/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    7 Ifri

    forme trs concrte et a dbouch, aprs une bonne dizainedannes, sur lactuel Conseil de coopration rgionale (CCR), avaitreu tout dabord un accueil peu enthousiaste de la part des tats-Unis, qui avaient dj lanc leur Southeast European Co-operationInitiative (SECI), des partenaires europens et, surtout, de Bruxelles.Encore une fois, ctait lAllemagne qui soumettait une ide tellementplausible quelle tait vidente, mais qui navait pas t labor econceptuellement par les autres acteurs europens : la Commissioneuropenne paraissait regretter particulirementde navoir pas tlinitiatrice duPacte de stabilit et se montrait plutt rserve dans unpremier temps.

    Lors de la mise en uvre de la rsolution du Conseil descurit n 1244 (1999), lAllemagne devint pour la premire fois nation cadre dans un des secteurs de la Kosovo Force (KFOR)au Kosovo, se plaant politiquement sur un pied dgalit avec lesAmricains, les Britanniques, les Franais et les Italiens. Selon leministre allemand de la Dfense Rudolf Scharping, ce signal clairindiquait que lAllemagne runifie tait dsireuse de prendre de plusgrandes responsabilits et, en mme temps, que ses partenairesallis taient prts accepter quelle joue un rle nouveau dans ladfense de la paix et de la stabilit en Europe. cet gard, la contri-bution militaire et humanitaire de lAllemagne au Kosovo est en effetremarquable dans la mesure o elle illustre la difficult avec laquelleles politiques et lopinion publique se sont appropri cette nouvelle

    situation internationale.

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    10/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    8 Ifri

    Une normalisation de la politiqueallemande depuis 2005

    La politologue allemande Helga Haftendorn a qualifi la premirephase de la politique trangre allemande, de la runification la findes annes 1990, de priode de continuit et consolidation , quipeut aussi tre caractrise comme un retour dans la politiquemondiale 1. Cependant, le refus quelque peu embarrass de Bonnde participer la guerre en Irak (la Rpublique fdrale a apportune aide logistique et financire aux tats-Unis) a isol lAllemagneen Europe et port un coup rude aux relations transatlantiques. Sur lesujet de la politique financire et agricole delUE, lAllemagne a dfaire de coteuses concessions la France ; la demande dun sigepermanent au Conseil de scurit des Nations unies na pas abouti.Le projet germano-russe de construction dun gazoduc en mer Baltique a encore loign lAllemagne de ses partenair es, en parti-culier des nouveaux tats membres dEurope centrale et orientale.

    Aprs la dfaite lectorale de la coalition rouge-verte duchancelier Gerhard Schrder, les efforts de la nouvelle chancelireAngela Merkel ont vis redonner lAllemagne son rang de puis-sance centrale en Europe et faonner la politique europenne selonla conception allemande. Pour cela, il fallait rechercher une concer-tation troite avec la France et dautres partenaires importants, enparticulier la Grande-Bretagne et la Pologne. Plus que tout autre gou-vernement ne lavait jamais fait, lagrande coalition rouge-noire for-me des partis social-dmocrate et conservateur a dfendu les int-rts allemands et europens avec assurance, aprs que lAllemagneavait rclam au cours des annes prcdentes de pouvoir jouer lerle de moteur de la politique europenne, y compris en matiredlargissement de lUnion. Dans cette optique, A. Merkel et le

    1 H. Haftendorn, Deutschlands Rckkehr in die Weltpolitik ,Politische Studien , n425, mai/juin 2009.

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    11/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    9 Ifri

    ministre des Affaires trangres Frank-Walter Steinmeier se sontrvls des pragmatiques ralistes plus que des visionnaires2.

    Une implication prioritaire pour les sociaux-dmocrates (2005-2009)

    Laccord de coalition conclu entre le SPD et les conservateurs delUnion chrtienne dmocrate dAllemagne et lUnion chrtienne-sociale en Bavire (Christlich Demokratische Union Deutschlands/ Christlich Soziale Union in Bayern, CDU/CSU) le 11 novembre 2005contenait des promesses grandioses : Berlin voulait retrouver le rlede moteurde lUnion europenne et surmonter la perplexit qui staitinstalle sur le continent au lendemain de lchec des rfrendumsorganiss en France et aux Pays-bas au sujet du trait constitution-nel. La chancelire Merkel souligna de manire trs claire que lapolitique europenne relevait de son pr carr, cequi lui tait dautantplus facile que ses allis au gouvernement ne comptaient aucunepersonnalit de poids et quelle navait donc pas composer avec unministre des Affaires trangres en vue, contrairement ses prd-cesseurs Helmut Kohl (avec Hans-Dietrich Genscher aux Affairestrangres) et G. Schrder (avec Joschka Fischer). Fr.-W. Steinmeierdisposait cependant dune vraie expertise diplomatique et surtoutdun secrtaire dtat trs expriment en la personne de GernotErler, qui tait depuis des annes, entre autres fonctions, prsidentde la Sdosteuropa-Gesellschaft. Si A.Merkel soccupait prioritaire-ment de la politique dintgration de lUE et des relations avec lestats-Unis, ne permettant que rarement Fr.-W. Steinmeier de venirsur le terrain de la politique europenne, ce dernier ainsi que G. Erlerpouvaient cependant agir dans les autres domaines de la politiquetrangre allemande. LEurope du Sud-Est, avec ses chantierspermanents en Bosnie-Herzgovine et auKosovo, ainsi que lentreattendue de la Bulgarie et de la Roumanie dans lUE en janvier 2007,devint un de leurs thmes de prdilection. Ceci est aussi li, enpartie, au fait quil ny avait que relativement peu de spcialistes de la politique trangre dans les rangs des partis conservateurs etpresque aucun connaisseur avr de lEurope du Sud-Est. linverse, les sociaux-dmocrates affichaient un rel intrt pour

    2 W. Weidenfeld, Kleine Schritte statt groer Wrfe. Eine Bilanz schwarz-roterEuropapolitik ,WeltTrends, Zeitschrift fr internationale Politik , vol. 17, n 67, juillet/aot 2009, p. 85 et suivantes.

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    12/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    10 Ifri

    lEurope du Sud-Est et de vraies connaissances. Leurs dputspouvaient aussi compter sur un fort soutien de la part de la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES), fondation politique proche du SPD, qui disposaitde reprsentants dans tous les tats dEurope du Sud-Est, rdigeaitdes rapports, prparait et accompagnait les dplacements des dpu-ts sociaux-dmocrates dans la rgion.

    Rorientation des priorits de la politique dlargissement

    Dans laccord de coalition pour la 16e lgislature3, une seule pagetait consacre la politique dlargissement. Les ngociationsdadhsion avec la Croatie taient salues et la perspectiveeuropenne des autres tats des Balkans occidentaux, fixe par leConseil europen de Thessalonique, tait confirme. En revanche, laquestion des relations avec la Turquie et de larrimage de ce pays lUE sevoyait accorder une place nettement plus grande. Les rdac-teurs de laccord soulignaient que les ngociations dadhsion entames le 3 octobre 2005 taient un processus dont la fin demeu-rait ouverte, qui ne justifiaitaucun automatisme et dont lissue nepouvait tre garantie.

    Le programme pour la prsidence tournante allemande du

    Conseil, au premier semestre 2007, contenait un point spcifiqueintitul largissement de lUE et dveloppement de lespace euro-pen de scurit et de stabilit . La Grande coalition faisaitspcifiquement rfrence la capacit dabsorption ultrieure delUnion. La stabilisation des Balkans occidentaux et, en particulier, lesoutien apport au Kosovo dans le cadre des ngociations autour deson statut (puis la scurisation de la solution trouve), taient aussimentionns cet gard, le gouvernement Merkel sinscrivait dansla continuit. Cependant, au lieu de miser prioritairement sur laRussie comme partenaire europen, comme lavait fait G. Schrder,le gouvernement rouge-noir Merkel-Steinmeierrenouait avec lidedune nouvelle politique pour lEst (Ostpolitik ), largie stratgique-ment. Lopration de sduction laquelle le gouvernementSchrder avait entrepris de se livrer auprs de la Russie, qui avaitconduit un renforcement des liens dans les domaines nergtiques

    3 Gemeinsam fr Deutschland mit Mut und Menschlichkeit. Koalitionsvertragzwischen CDU, CSU und SPD .

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    13/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    11 Ifri

    et commerciaux, fut prudemment rvise. Le ministre des Affairestrangres Fr.-W. Steinmeier sengagea rsolument en faveur dunediversification des importations allemandes et europennes dner -gie, bien que la seule alternative la route Nord-Est (Nord Stream)ft le gazoduc Nabucco, au Sud-Est. LAllemagne soutint ce projet,dont le trac traversait les Balkans, ainsi que la Communaut delnergie dEurope du Sud-Est, fonde conventionnellement Athnes en 2006. La nouvelle politique trangre comprenait surtoutle nouveau Partenariat oriental (PO) instaur lors du sommet dePrague, au dbut du mois de mai 2009, qui devait clairement se lirecomme un contrepoids lUnion pour la Mditerrane(UPM) initiepar la France. Le veto oppos la cration dune UPM domine parla France et nassociant pas lensemble des 27 tats membresrefltait la nouvelle assurance de lAllemagne souveraine, sans toute-

    fois la mettre en scne de manire trop force.Sous la houlette allemande, le processus de ratification du

    trait de Lisbonne surmonta sa paralysie,qui stait installe aprslchec des rfrendums relatifs au trait constitutionnel. Outre lesncessits internes, ceci tait particulirement important pour dblo-quer llargissement, qui aurait atteint ses limites institutionnellessous lempire du trait de Nice.

    La normalisation de lengagement de la Bundeswehr

    Aujourdhui, laprsence militaire allemande dans les Balkans sembletre une vidence. Les conflits dans cette rgion ont conduit unchangement de paradigme dans la politique de scurit allemande,changement qui sous leffet des vnements et de leurs cons -quences directement perceptibles sest produit en un temps trscourt et a t soutenu par le gouvernement rouge-vert. Le processusde rorientation la redfinition de la politique de scurit allemande a dabord t marqu par de vives controverses politiques, mais aconduit faire de larme allemande (la Bundeswehr ) un des princi-paux contributeurs en troupes pour les missions de paix internatio-nales4. En novembre 2010, la Bundeswehr dploie encore 1 385

    4 Cf. St. Flechtner, In neuer Mission. Auslandseinstze und die deutscheSicherheitspolitik ,Kompass 2020 , Berlin, Friedrich-Ebert-Stiftung, mai 2007, p. 8 etsuivantes. Cf. aussi Fr.-L. Altmann, Die Bundeswehr auf dem Westlichen Balkan

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    14/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    12 Ifri

    soldats au Kosovo (au sein de la KFOR) et 115 en Bosnie-Herzgovine (Force de lUnion europenne [EUFOR] Althea). Il fautaussi souligner que ce sont les dbats autour de lengagement de laBundeswehr dans les Balkans qui ont rendu possible la participationde lAllemagne des interventions internationales dans le mondeentier, dans lesquelles sont engags plus de 7 000 soldatsallemands.

    (The German Army in the Western Balkans) ,IMS Internationales Magazin fr Sicherheit , n5, 2008, p. 37-39.

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    15/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    13 Ifri

    Une priorit moussesous la coalition CDU/CSU-FDP

    Outre le soutien gnral la politique dlargissement, qui se rvlepourtant moins convaincant de la part la nouvelle coalition noire- jaune5, la Bosnie-Herzgovine et le Kosovo restent des lmentsdominants de la politique trangre allemande. Le passage consacr la politique dlargissement dans le contrat de coalition du 24octobre 2009 est pourtant encore plus laconique que dans leprcdent contrat de coalition quatre ans auparavant : Noussommes en faveur dune politique dlargissement mesure6. Entout et pour tout, ce sont six lignes qui sont consacres la politiquedlargissement en gnral ; la Turquie, en revanche, fait lobjet duneplus grande attention, le caractre ouvert des ngociations dadh-sion tant soulign et la relation privilgie entre la Turquie etlAllemagne mentionne. La question turque rvle une nettedivergence dapprciation entre les partenaires de coalition. Avant lavisite en Turquie du vice-chancelier et ministre des Affaires tran-gres Guido Westerwelle (Parti libral-dmocrate [Freie Demo-kratische Partei, FDP]), la fin du mois de juillet 2010, la CSU luiavait expressment demand de dire la Turquie que des discus-sions ultrieures ne sont pertinentes que si elles sont menes aveclobjectif exclusif dun partenariat privilgi7. Lors de son dplace-ment en Turquie, G. Westerwelle a dclar que le pays ntait pasencore en mesure dintgrer lUnion, tout en soulignant lintrtallemand pour un arrimage lUE . Il a toutefois vit demployer lexpression prise de la CDU et de la CSU (et de la chancelireMerkel) dun partenariat privilgi la place dune adhsion

    pleine lUE.

    5 La coalition noire-jaune unit les conservateurs de la CDU/CSU et les libraux duParti libral-dmocrate (Freie Demokratische Partei, FDP), suite aux lections auBundestag du 29 septembre 2009.6 Wachstum. Bildung. Zusammenhalt - Koalitionsvertrag von CDU, CSU undFDP .7 Dclaration du secrtaire gnral de la CSU au quotidienDer Tagesspiegel le 27 juillet 2010.

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    16/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    14 Ifri

    Un repositionnement des soutiens la Croatie et la Bosnie-Hergovine

    La coalition noire- jaune na pas de rserves lgard de ladhsion lUEde la Croatie, hypothse qui semblait perue de manire plusambivalente sous lre de la grande coalition (2005-2009). Lessociaux-dmocrates gardent une distance critique vis--vis deZagreb, ce qui sexplique notamment par le f ait que le soutienaccord par H. Kohl et H.-D. Genscher au gouvernement de FranjoTudjman, avec lassentiment de la plupart des Allemands, avaitsuscit de nombreuses critiques dans les pays amis. Le successeurde Fr. Tudjman la ttede lUnion dmocratique croate (HrvatskaDemokratska Zajednica, HDZ), le Premier ministre Ivo Sanader, taitun partenaire apprci en particulier Munich, auprs de la CSU,alors que le SPD essayait toujours dincarner une sorte de contre-poids la politique trangre favorable la Croatie mene par laCDU/CSU. Le casdAnte Gotovina, gnral croate aujourdhui jugpour crimes de guerre devant le Tribunal pnal international pour lex-Yougoslavie (TPIY), et la lenteur des rformes (justice et admini-stration) font lobjet dapprciations divergentes au sein de laCDU/CSU. En revanche, le rcent scandale autour du groupebancaire Hypo Alpe Adria fraudes et malversations supposes enAutriche, Bavire et Croatie a conduit la CSU sloigner de sonancien ami I.Sanader. Pour justifier lattitude positive envers ladh-sion de la Croatie lUE, cest dornavant surtout la fonction de poisson pilote du pays pour le reste des Balkans occidentaux quiest mise en avant.

    LAllemagne est membre du Groupe de contact pour lesBalkans depuis 1994 et simplique activement dans le suivi delvolution en Bosnie-Herzgovine, au Kosovo et en Serbie. Lesfondations politiques allemandes FES (proche du SDP) et Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS, proche de la CDU) sont trs prsentes enBosnie-Herzgovineet y mettent en uvre souvent de manireconjointe la politique de dveloppement officiellement soutenue parlAllemagne. Ainsi, elles se sont plusieurs reprises impliques dansle funeste dbat autour de la rforme constitutionnelle en Bosnie. Endpit de la nature fdrale de son rgime, lAllemagne soutient dansce cadre clairement une centralisation plus forte des structures politi-ques et administratives en Bosnie-Herzgovine. Lors de sa visite Sarajevo, la fin du mois daot 2010, le ministre fdral des Affairestrangres G. Westerwelle a mis en garde les Bosno-Serbes contreune scession de leur entit, la Rpublique serbe de Bosnie(Republika Srpska). Lintgrit territoriale de la Bosnie ne saurait

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    17/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    15 Ifri

    faire lobjet daucune discussion, a-t-il dclar le 27 aot 2010 ausortir dune runion avec son homologue bosniaque, Sven Alkalaj.Une dsintgration de ltat fdral de Bosnie-Herzgovine ruineraitaussi ses chances dintgrer lUE.

    La difficile gestion de la question serbe/kosovare

    Au cours de sa tourne balkanique, G. Westerwelle sest galementrendu en Croatie, en Serbie et au Kosovo, et a confirm les positionsallemandes : la Croatie serait bientt membre de lUE; la Serbie enrevanche devrait cooprer avec le TPIY et clarifier sa relation auKosovo, que lAllemagne a tun des premiers tats reconnatrecomme indpendant, en 2008. Il a essay de justifier la politiquemene par lAllemagne lendroit de la Serbie par des argumentsostensiblement factuels. La reconnaissance de lindpendance duKosovo ne serait pas dirige contre la Serbie, mais serait dicteseulement par la situation relle, qui exclurait clairement un retour duKosovo sous lautorit de Belgrade. La Serbie devrait trouver uneformule qui permette une coexistence non problmatique sans recon-naissance formelle, telle que la conclusion dun accord semblable lancien trait fondamental de reconnaissance mutuelle entre lesdeux Allemagnes de 1972 (proposition de Wolfgang Ischinger, anciensecrtaire dtat aux Affaires trangres) ou une reproduction delunion entre la Serbie et le Montngro qui a t dissoutepacifiquement , dans laquelle les deux tats possdaient dessystmes fiscaux et douaniers diffrents, des monnaies distinctes,pour finir mme des dispositions lgales et des ministres desAffaires trangres spars. La Communaut dtats Serbie-et-Montngro navait de ralit que formelle; on aurait pu aussilappeler une confdration, le Parlement commun nayantde facto aucun pouvoir, puisque les parlements de chaque tat taientdcisionnaires.

    Lincomprhension face aux rticences europennes lgard de la Macdoine

    LAllemagne est fermement convaincue que la Serbie elle-mme nepeut pas faire un pas en direction dune UE dont quatre cinquimesdes membres ont reconnu lindpendance du Kosovo. En revanche, ilnest pas possible non plus que la poursuite de llargissement fasse

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    18/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    16 Ifri

    du Kosovo une tache blanche sur la carte de lUE, dfinitivementexclue de lintgration, au seul motif quuntat membre empcheraitson adhsion pour des raisons gostes et nationalistes. Les cinqtats qui nont pas reconnu lindpendance du Kosovo8 font dailleurslobjet de la mme incomprhension en Allemagne. Aprs lavis rendupar la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye sur la dcla-ration unilatrale dindpendance du Kosovo, on estime de plus enplus que le refus de reconnatre le Kosovo sexplique par lexistence de problmes internes (crainte dtre confront des scessions) etnon par le souci du droit international. La politique mene parAthnes sur la question du nom de la Macdoine suscite elles aussilincomprhension en Allemagne, qui nest cependant pas exprimeaussi nettement quil le faudrait. Ici, cest lattitude fondamentalementanti-allemande dune grande partie des Grecs qui est en cause,

    attitude quon ne souhaite pas attiser par des prises de position tropmarques dans le diffrend grco-macdonien. Dun autre ct, lesoutien accord Skopje, aprs avoir t un temps prioritaire, a trelativis depuis que le gouvernement de Nikola Gruevski privilgiedes actions de plus en plus provocantes (par exemple, le nom delaroport international deSkopje, baptis Alexandre le Grand ) etrefuse les propositions de compromis faites par les mdiateurs inter-nationaux. Les observateurs de la vie politique allemande ne com-prennent cependant pas pourquoi le gouvernement fdral accepte,dans sa correspondance officielle, dutiliser lacronyme FYROM

    (Former Yougoslav Republic of Macedonia en franais ARYM,Ancienne Rpublique yougoslave de Macdoine) au lieu du nomconstitutionnel de Rpublique de Macdoine sous lequel lAllemagnea pourtant reconnu ce pays.

    Un dcalage entre lintr t diplomatique et conomique

    La prsence de lAllemagne au sein de la troka (UE, tats-Unis,Russie) mise en place aprs lchec de la rsolution du Conseil descurit des Nations unies visant adopter le plan Ahtisaari pour leKosovo, afin de discuter de manire permanente et haut niveau delavenir du Kosovo, montre quel point les deux gouvernementsMerkel veulent se prsenter comme des acteurs engags. Le poste de

    8 Chypre, Grce, Roumanie, Slovaquie et Espagne.

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    19/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    17 Ifri

    porte-parole de lUE a t confi en juillet 2007 au diplomate mrite,ancien ambassadeur Washington et Londres et ancien secrtairedtat aux Affaires trangres, Wolfgang Ischinger. Auparavant, deuxAllemands avaient dirig dj la Mission intrimaire des Nations unies

    au Kosovo (MINUK) : Michael Steiner et Joachim Rcker. Le ministrefdral des Affaires trangres avait en particulier mis en place unposte denvoy spcial (Special Envoy ) pour lEurope du Sud-Est, laTurquie et les tats de lAssociation europenne de libre-change(AELE), directement subordonn au directeur politique, dont lestitulaires ont rgulirement t promus des postes importants aprsavoir quitt ces fonctions : Michael Schaefer est devenu directeur politique, Lilo Cyrus a pris la tte du service du personnel du ministredes Affaires trangres et Emily Haber est actuellement aussi direc-trice politique. Ces nominations illustrent la trs grande importance

    accorde lEurope du Sud-Est au sein de lAuswrtiges Amt, ind-pendamment de la composition du gouverneme nt.

    linverse ducontexte dans lequel le ministre G. Westerwellea effectu sa tourne balkanique de trois jours durantlt 2010, onremarque que la chancelire sest rendue seulement en Bulgarie eten Roumanie en octobre de la mme anne, laissant les Balkansoccidentaux intgralement son partenaire de coalition une situa-tion analogue celle qui prvalait sous la Grande coalition.

    La place de lEurope du Sud-Est dans le commerce extrieurallemand est relativement faible. Nanmoins, lAllemagne estaujourdhui nouveau le premier partenaire commercial de la rgion,exception faite de lAlbanie, o lItalie occupe la premire place. Lespays des Balkans occidentaux ne reprsentent que 2 % peine ducommerce extrieur allemand, mais tous ont une balance commer-ciale dficitaire avec lAllemagne. Ceci nest compens que partielle-ment par des transferts raliss par des personnes originaires de cespays et vivant provisoirement ou dfinitivement en Allemagne.Les 15,3 millions de personnesissues de limmigration enregistresen Allemagne, susceptibles denvoyer de largent dans leur paysdorigine, reprsentent 18,3% de la population totale allemande ;environ 8 % de ces migrants sont originaires des Balkans occiden-taux. Les trangers, cest--dire les personnes qui ont toujours leurnationalit trangre mais dont le sjour en Allemagne est autoris,sont 6,7 millions, dont environ 720 000 viennent des Balkans occi-dentaux9.

    9 Donnes 2007 du Statistisches Bundesamt (Office fdral des statistiques).

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    20/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    18 Ifri

    Lorsquon examine lengagement conomique dans la rgion,on remarque que les banques allemandes, linverse des banquesitaliennes ou autrichiennes par exemple, ne sintr essent gure auxBalkans ; lorsquelles le font, cest sans succs aucun comme entmoigne laff aire Hypo Alpe Adria. Maislaccompagnement par unebanque nationale est trs important, prcisment pour les inves-tisseurs souhaitant raliser un projet ltranger.

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    21/22

    F.-L. Altmann / Les Balkans vus de Berlin

    19 Ifri

    Conclusion

    Au cours de lavant-dernire lgislature et de la lgislature actuelle, lapriorit accorde aux Balkans occidentaux sest progressivementmousse, sous leffet de la lassitude gnralise de llargissement.Seuls la Bosnie-Herzgovine et le Kosovo sont de temps autresous le feu des projecteurs ; dautres thmes se sont imposs ga -lit: le partenariat avec lEst, la rgion de la mer Noire, la stratgie

    pour le Danube. long terme, cependant, les Balkans occidentauxgarderont certainement une position forte dans la politique trangre.LAllemagne restera proactive dans le dbat autour de llargis-sement, parce quelle sinquite de la stabilit de ses voisins. Maiselle ne sera plus le principal moteur de llargissement : au lieu decela, elle exigera trs clairement que les critres soient remplis et queles indicateurs de performance soient satisfaisants. Des concessionspolitiques, telles que celles qui ont t faites dernirement laSerbie, rencontreront lavenir une rsistance croissante Berlin.

  • 8/7/2019 Les Balkans vus de Berlin aujourd'hui

    22/22