Tisseron Le bonheur dans l'image chapitre 1 manuscrit
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L'Occident a appris à traiter les images comme des signes. Cette conception lui a permis, depuis la Renaissance, de s'approprier le monde. Mais elle gêne aujourd'hui notre compréhension des nouvelles formes d'images et de leurs enjeux.
Rompre avec l'impérialisme du sens afin de prendre en compte l'ensemble des pouvoirs de l'image.
Etude de la relation que nous nouons avec des images aussi diverses que celles de la publicité, la bande dessinée, la télévision, le cinéma, les jeux vidéo...
Serge Tisseron, Le bonheur dans l'image,1996, 2003 – UVHC Master Création Numérique 2013
Serge Tisseron, psychiatre, psychanalyste, directeur de recherches à l'Université Paris X, l’essentiel de son travail porte sur trois thèmes :
les secrets de famille, les relations que nous établissons avec les images
et nos rapports aux nouvelles technologies.
- régulièrement consulté par les ministères et les médias sur ces questions.- a publié une trentaine d'ouvrages personnels et participé à une cinquantaine d’ouvrages collectifs.
Histoire de la psychiatrie en bandes dessinées, 1978, Éditions Savelli (BD). Tintin chez le psychanalyste, 1985, Aubier.Psychanalyse de la bande dessinée, 1987, PUF, (Champs-Flammarion2000). ...Virtuel mon amour, 2008, Albin Michel. Qui a peur des jeux vidéo ?, 2008, Albin Michel. Faut-il interdire les écrans aux enfants ?, avec Bernard Stiegler 2009, MordicusRêver fantasmer virtualiser : un vouloir voir absent, Dunod, 2012
Blog sur http://www.squiggle.be/tisseron
Introduction
● Consensus : moyen essentiel de communication● Technique d'impression : XIX° almanach, Epinal● Technique de reproduction : gravure● Techniques d'enregistrement : photo, cinéma● Techniques de diffusion : télé, ordinateurs,
téléphone 3G
● Et pourtant : mise en garde constante
« nous sommes régulièrement invité à ne pas céder à ses attraits et à nous mobiliser contre ses dangers »
● BD : pauvreté du texte, donc de la pensée● Télé : abrutissement hypnotique, culture de
masse● Jeu vidéo : schizophrénie, épilepsie
Image → machine à décerveler
« partisans et adversaires de l'image partagent la même erreur : ils considèrent l'image d'un seul de ses points de vue : celui du sens »
● Réduction au signe : dimension symbolique par laquelle on s'approprie le monde
Renaissance : cartographie, perspective● Oubli que les images ont été inventées par l'homme
pour lui donner des émotions
Libérer l'imagination, libérer la pensée● Esthétique : théorie de la sensibilité (grec aitésis :
sensibilité– Sens large : sentiment de plaisir en général– Sens restreint : plaisir spécifique provoqué par la beauté
Querelle des images● Concile de Nicée (787)
« De l’image visible, l’esprit s’élance vers le divin. Ce n’est pas l’objet, l’icône matérielle qui est vénérée, mais la beauté par ressemblance que l’icône, transmet mystérieusement ».
● Tradition chrétienne
« bonnes images » : icônes
« mauvaises images » : idoles
● Siècle des lumières
usage symbolique / usage illusoire
Tout ce qui, dans l'image ne relève pas de la signification
des contenus est condamné comme obscurantiste
« l'image est plus qu'un symbole du fait des pouvoirs d'enveloppe et de transformation qui habitent le rapport que nous établissons avec elle »
● Pouvoirs d'enveloppe● territoire● capacité à éveiller des expériences émotionnelles● illusion d'un « bain d'images »
● Pouvoirs de transformation● sur son objet● sur son spectateur● sur elle-même
● Envers son objet : les images peuvent contribuer à changer ce qu'elles représentent
image de synthèse
Video
● Envers son spectateur : principe de toutes les pédagogies en images axées sur la transformation de la personnalité ou des savoirs
● Envers elle-même : participer à sa propre transformation, en se situant dans une suite ininterrompue de mise en relation
Répétition sérielle
Effet Koulechov
Video
Chapitre 1 : Dessins idiots des manuscrits
« Avant d'être un rapport au sens, à la signification portée par le langage, l'écriture est un rapport à l'espace »
● sorte d'image produite par le geste de l'inscription
● moyen de symbolisation d'expériences psychiques
● travail de détachement
fin de la symbiose mère/enfant
acceptation de la séparation
Tisseron p29
Les ratures, les gribouillis et les petits dessins plus ou moins abstraits ne sont pas des procédures d'attentes de l'inspiration et encore moins de divertissements de la pensée.
Il s'agit au contraire d'activités essentielles par lesquelles le scripteur investit psychiquement le support d'inscription de la possibilité de revoir des traces et de participer à la transformation de sa pensée.
A travers l'ensemble de ces apartés du texte, le scripteur peut continuer à s'appuyer sur l'investissement du papier comme contenant métaphorique à la fois du corps maternel et du corps propre.
Au contraire, l'angoisse de la feuille blanche correspond à l'angoisse d'un contenant défaillant à accueillir un contenu.
Parallèle entre les processus qui constituent génèse de l'oeuvre et le développement enfant
Œuvre
● Premières inscriptions
● Flèches, report, rajout
● Plan même partiel
Surface de l'enveloppe corporelle
● Espaces hétérogènes
● Premières coordinations
● Globalité corporelle (unité perceptive : miroir
Conclure chapitre 1
● Gribouillages et ratures = traces inutiles ?● Paratexte
● « revécu » du processus de détachement● marge = espace d'échange entre le dedans et le
dehors de l'oeuvre● Sorte d'enveloppe : lieu des entrées/sorties
psychiques
● Chapitre 2 : image publicitaire vue comme une évocation consistante de cette enveloppe : la peau
Le corps propre
● Notion qui désigne une représentation, une image : surpasse la dimension biologique du corps pour ouvrir sur la dimension imaginaire
● Ne désigne pas le corps « physiologique » mais la subjectivité du corps (objet vs sujet)
● C'est l'identité de soi-même qui précède l'identité intellectuelle du « cogito » (je pense cartésien)
● C'est le moi au niveau le plus primordial qui se réalise par ses possibilités motrices et sensibles
Différente du « schéma corporel » : compréhension immédiate de la position et de la posture par la proprioception en rapport à l'intensité de l'attraction terrestre.
Stade du miroirFREUD (1923) l'image du corps est libidinale car elle permet au « moi » de se constituer dans le narcissisme premier. Moment où le « moi » Cesse d'être un être biologique pour devenir une instance psychologique (idée d'opération psychique).
LACAN (1949) entre 6 et 18 mois, l'enfant s'identifie à l'image spéculaire, se perçoit comme une unité. Auparavant ne ressent que des parties de son corps. Ne s'intéresse qu'à des zones éparses (orale, anale, érogène) = corps morcelé.
Se reconnaître dans le miroir, c'est mettre un terme à cette fragmentation, c'est constituerl'image du corps comme une gestalt.
Conscience de soiL'identification complète ne se réalise qu'à un stade ultérieur (4/5 ans) où l'enfant entre dans la dimension intersubjective.Pour Freud : résolution de l'OedipePour Lacan : transition de l'ordre imaginaire à l'ordre symbolique
Pas de conscience « identitaire » de soi, mais « kinesthésique » (position et mouvements de leur corps)
2/3 ans :
seulement 1/3 des enfants retire l'autocollant en images différées (3mn)
Réalité virtuelle et conscience de soi
Karolinska Institut, Suède
2007
2013 Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, 2007, 2013
L'invention du corps, M.A. Descamps, 1986
● L'ombre, première forme du reflet : Le mythe de la caverne
● Introduire l'ordre et la raison : Conquête de la perspective
● L'image naturelle de l'homme● Mythe du regard aveuglant● Trois périodes : totémisme, fétichisme, nudisme.
Stade du miroir social
Stades de développement du dessin
● Stade I : le gribouillage
1a : production de tracé par activité motrice, sans intention figurative.- tracés lancés- balayage
1b : apparition d'éléments représentatifsrévélés par la verbalisation, entrée en jeu de la fonction symbolique- tracés angulaires- arabesques
● Stade II : le schématisme (3-5 ans)
2a : schémas individuels produits par juxtapositionet combinaison d'éléments graphiques simples (3 ans)
Le « bonhomme tétard »
Vers 5 ans apparition du tronc
● Stade II : le schématisme (5-7 ans)
2b : combinaison de schémas enscènes élémentaires
Vers un « réalisme intellectuel » : reproduction de « ce qu’il sait » et non plus de « ce qu’il voit ». Multiplicité des détails, aspects narratifs, détails typiques, renversement et rabattage, diversité des points de vue, transparence, indication de mouvement.
● Stade II : le schématisme (5-9 ans)
2c : Combinaison de schémas en scènes plus complexes
La maison « transparente »
« rabattement »
● Stade III : le réalisme conventionnel
(9-12 ans)
Représentation plus fidèle aux apparences visuelles, abandon du schématisme, attention croissante aux formes, aux détails, aux attitudes, aux rapports topologiques et aux proportions.Introduction de la perspective
Ebauche de la 3D, particularisation des sujets représentés, tendance à une figuration objective et conventionnelle.