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UNIVERSITE DE CAEN U.F.R DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ANNEE 2002 SERIE N° THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE Présentée et soutenue publiquement le 16 décembre 2002 par Delphine FALET née le 1 er mai 1976 à Sainte Adresse (76) SUJET : LA DOULEUR AIGUE CHEZ LE PATIENT HEMODIALYSE CHRONIQUE. RESULTATS D’UNE ENQUETE DE PREVALENCE REALISEE AU CENTRE HOSPITALIER REGIONAL CLEMENCEAU A CAEN. JURY: Monsieur SINGLAS Eric PRESIDENT Monsieur LOBBEDEZ Thierry EXAMINATEUR Madame DELORME Claire EXAMINATRICE Madame PETIT Françoise EXAMINATRICE

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UNIVERSITE DE CAEN

U.F.RDES

SCIENCES PHARMACEUTIQUES

ANNEE 2002 SERIE N°

THESE POUR LE DIPLOME D’ETATDE DOCTEUR EN PHARMACIE

Présentée et soutenue publiquement le 16 décembre 2002

par

Delphine FALET née le 1er mai 1976 à Sainte Adresse (76)

SUJET :

LA DOULEUR AIGUE CHEZ LE PATIENT HEMODIALYSECHRONIQUE.RESULTATS D’UNE ENQUETE DE PREVALENCE REALISEEAU CENTRE HOSPITALIER REGIONAL CLEMENCEAU ACAEN.

JURY:

Monsieur SINGLAS Eric PRESIDENTMonsieur LOBBEDEZ Thierry EXAMINATEURMadame DELORME Claire EXAMINATRICEMadame PETIT Françoise EXAMINATRICE

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A Monsieur Eric Singlas, professeur de pharmacocinétique à la faculté de

pharmacie de Caen, qui me fait l’honneur de présider ce jury.

Vous avez su par vos enseignements nous faire apprécier la

pharmacocinétique.

Trouvez ici le témoignage de ma gratitude.

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A Monsieur Thierry Lobbedez, praticien hospitalier du service de

néphrologie de Caen ,

Vous m’avez fait l’honneur de me proposer de réaliser ma thèse sur ce

sujet auquel vous portez intérêt pour vos patients.

Tout au long de ce travail, vous m’avez encadrée par vos conseils, votre

aide et votre gentillesse et avez accepté d’être membre du jury.

Recevez aujourd’hui tous mes remerciements.

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A Madame Claire Delorme, médecin de l’unité anti-douleur de l’hopital

de Bayeux,

Vous m’avez soutenue et guidée lors de la réalisation de l’étude sur la

douleur chez le patient hémodialysé. Votre aide et vos conseils ont été

précieux lors de la rédaction de ma thèse.

Vous me faites l’honneur d’être membre du jury.

Soyez en sincèrement remerciée.

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A Madame Françoise Petit, pharmacien à Caen,

Je vous remercie vivement d’avoir accepté de participer au jury.

Vous m’avez permis, par le partage de votre expérience et votre

gentillesse, de réaliser un stage officinal de grande valeur pour mon

exercice professionnel.

Que ce travail soit l’expression de toute ma reconnaissance.

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A Madame le Pharmacien Catherine Ollivier, pour sa participation à cette

enquête et son soutien lors de mon stage hospitalier.

A Monsieur Loïc Morvant, surveillant du service d’hémodialyse ainsi

qu’à l’équipe de soin, pour leur accueil, leur gentillesse et l’aide qu’ils

m’ont apportée lors de cette enquête.

A tous les patients du service d’hémodialyse

Vous avez eu la gentillesse de répondre à l’enquête.

Merci pour tout ce que vous m’avez apporté.

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A Sébastien, mon futur mari, pour le seul fait de sa vie qui comble la

mienne.

A mes parents,

Cette thèse est l’aboutissement des années d’étude que vous m’avez

permises de réaliser.

Je vous la dédie en remerciement de tout ce que vous avez fait et ce que

vous faites aujourd’hui pour moi. Vous m’avez donné tout votre amour et

toutes les chances de réussir ma vie.

Je vous en serai éternellement reconnaissante.

A ma grand-mère,

A mes frères et sœurs,

A mes beaux-parents,

A mes ami(e)s.

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SOMMAIRE

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Introduction.................................... 1L’HEMODIALYSE................................... 5

1- HISTORIQUE DE L’HEMODIALYSE........................................................ 52- PRINCIPES PHYSICO-CHIMIQUES.......................................................... 9

2.1 Définition des principes de base ....................................................... 92.1.1 La diffusion........................................................................................ 92.1.2 L’ultrafiltration ou transport convectif ............................................ 102.1.3 Applications cliniques de la diffusion et de l’ultrafiltration ............ 11

2.1.3.1 Ultrafiltration ............................................................................... 112.1.3.2 Diffusion ...................................................................................... 11

3- LE MATÉRIEL ............................................................................................. 123.1 Les dialyseurs.................................................................................. 13

3.1.1 Les dialyseurs en plaque .................................................................. 133.1.2 Les dialyseurs à fibres creuses......................................................... 13

3.2 Prévention du risque de coagulation .............................................. 143.3 Les membranes de dialyse .............................................................. 143.4 Les générateurs de bain de dialyse................................................. 15

3.4.1 Préparation du dialysat..................................................................... 153.4.2 Monitoring complet de la séance de dialyse .................................... 153.4.3 Désinfection et rinçage .................................................................... 15

4- LE DIALYSAT............................................................................................... 164.1 Obtention et composition ................................................................ 16

4.1.1 Sodium ............................................................................................. 174.1.2 Potassium ......................................................................................... 174.1.3 Calcium............................................................................................ 174.1.4 Acétate ............................................................................................. 174.1.5 Bicarbonate ...................................................................................... 174.1.6 Chlore............................................................................................... 184.1.7 Glucose ............................................................................................ 18

4.2 Traitement de l’eau ......................................................................... 184.2.1 Objectifs du traitement de l’eau....................................................... 184.2.2 Circuit du traitement de l’eau de ville.............................................. 194.2.3 Adoucissement de l’eau ................................................................... 194.2.4 Osmose inverse ................................................................................ 20

5- DISPOSITIFS DE CONTRÔLE .................................................................. 215.1 Les moniteurs du circuit de bain de dialyse ................................... 215.2 Les moniteurs du circuit sanguin.................................................... 21

6- LES ABORDS VASCULAIRES POUR HÉMODIALYSE....................... 226.1 Intérêt .............................................................................................. 226.2 Principe........................................................................................... 226.3 Les fistules artério-veineuses (FAV)............................................... 23

6.3.1 Fistules du membre supérieur .......................................................... 246.3.1.1 FAV radiale.................................................................................. 246.3.1.2 FAV cubitale................................................................................ 246.3.1.3 FAV céphalique ........................................................................... 24

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6.3.1.4 FAV humérale.............................................................................. 246.3.2 Fistule du membre inférieur............................................................. 25

6.3.2.1 FAV saphène interne.................................................................... 256.4 Les pontages artério-veineux (PAV).............................................. 256.5 Les accès vasculaires temporaires ou cathéters veineux centraux 26

6.5.1 Circonstance d’utilisation des cathéters........................................... 266.5.2 Sites d’implantations des cathéters .................................................. 26

6.5.2.1 Trois voies veineuses profondes .................................................. 266.6 Les chambres implantables............................................................. 276.7 Complications de l’abord vasculaire.............................................. 27

6.7.1 Examen clinique............................................................................... 276.7.2 FAV – PAV...................................................................................... 28

6.7.2.1 Complications immédiates........................................................... 286.7.2.2 Complications secondaires........................................................... 28

6.7.3 Cathéters veineux centraux .............................................................. 306.7.3.1 Complications immédiates........................................................... 306.7.3.2 Complications retardées............................................................... 30

7- DÉROULEMENT D’UNE SÉANCE D’HÉMODIALYSE ....................... 317.1 L’ultrafiltration ............................................................................... 31

7.1.1 La détermination du poids sec ......................................................... 327.2 Connexion vasculaire...................................................................... 337.3 Héparinisation ................................................................................ 337.4 Repas au cours de la séance d’hémodialyse................................... 347.5 Fin de dialyse et restitution de sang ............................................... 347.6 Surveillance clinique de la séance de dialyse................................. 34

8- PHARMACOCINÉTIQUE CHEZ L’HEMODIALYSE........................... 358.1 Modifications de la pharmacocinétique chez l’insuffisant rénalchronique : ................................................................................................. 35

8.1.1 Absorption-biodisponibilité ............................................................. 358.1.2 Distribution ...................................................................................... 35

8.1.2.1 La fixation aux protéines plasmatiques........................................ 358.1.2.2 Les espaces liquidiens.................................................................. 368.1.2.3 La fraction libre du médicament .................................................. 36

8.1.3 Demi-vie du médicament................................................................. 368.2 Principe de l’adaptation posologique chez l’insuffisant rénal....... 378.3 Facteurs intervenant sur la dialysance d’un médicament .............. 42

8.3.1 Les propriétés physicochimiques et pharmaco-cinétiques dumédicament ...................................................................................................... 428.3.2 Caractéristiques de l’hémodialyseur ................................................ 43

8.4 Mesure de la dialysance des médicaments en hémodialyse ........... 438.4.1 La quantité de médicament extraite par hémodialyse...................... 438.4.2 La clairance d’hémodialyse (Cl HD) ................................................. 44

8.5 Adaptation posologique en hémodialyse ........................................ 44

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LA DOULEUR..................................... 471- DÉFINITION DE LA DOULEUR ............................................................... 47

1.1 Les composantes de la douleur ....................................................... 481.1.1 La composante nociceptive.............................................................. 481.1.2 La composante sensori-discriminative............................................. 481.1.3 La composante affective et émotionnelle ........................................ 481.1.4 La composante cognitive ................................................................. 491.1.5 La composante comportementale .................................................... 49

1.2 Les mécanismes générateurs de la douleur .................................... 511.2.1 Douleur par excès de nociception .................................................... 511.2.2 Douleur neurogène........................................................................... 511.2.3 Douleur psychogène......................................................................... 52

1.3 Les caractéristiques de la douleur.................................................. 531.3.1 Douleurs aiguës, douleurs chroniques ............................................. 53

1.3.1.1 Douleur aiguë............................................................................... 531.3.1.2 Douleur chronique ....................................................................... 53

2- MÉCANISMES FONDAMENTAUX DE LA DOULEUR........................ 552.1 De la périphérie à la moelle épinière ............................................. 55

2.1.1 Périphérie ......................................................................................... 552.1.1.1 Voies de la douleur ...................................................................... 552.1.1.2 Les mécanismes périphériques de la nociception ........................ 57

2.1.2 Au niveau de la moelle épinère........................................................ 612.1.2.1 voies de transmission spinale des nociceptifs périphériques ....... 612.1.2.2 Transmission de l’influx des nocicepteurs aux neuronesnociceptifs spinaux....................................................................................... 63

2.2 De la moelle épinière au cerveau ................................................... 642.2.1 De la moelle vers le thalamus .......................................................... 64

2.2.1.1 La voie LEMNISCALE ............................................................... 642.2.1.2 La voie EXTRA-LEMNISCALE ................................................ 64

2.2.2 Du thalamus vers le cortex............................................................... 642.2.3 Les différents relais.......................................................................... 67

2.2.3.1 Relais BULBAIRES .................................................................... 672.2.3.2 Relais PONTO-MESENCEPHALIQUES................................... 672.2.3.3 Relais THALAMIQUES.............................................................. 672.2.3.4 Relais CORTICAUX ................................................................... 68

2.3 Les systèmes de contrôle de la douleur .......................................... 682.3.1 Mécanismes spinaux de l’inhibition d’origine périphé-rique .......... 68

2.3.1.1 La théorie du « Gate control » ..................................................... 682.3.1.2 Le modèle proposé par Jessell et Iversen en 1977....................... 692.3.1.3 Contrôles segmentaires ................................................................ 69

2.3.2 Contrôles d’origine supra-spinale .................................................... 702.3.3 Contrôles inhibiteurs descendants diffus induits par stimulationnociceptive (CIDN).......................................................................................... 702.3.4 Le système de contrôle opioïde........................................................ 72

2.3.4.1 Récepteurs ou sites de liaison ...................................................... 722.3.4.2 Les ligands ................................................................................... 72

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3- TRAITEMENTS DE LA DOULEUR.......................................................... 733.1 Principe du traitement antalgique .................................................. 733.2 Traitement médicamenteux ............................................................. 74

3.2.1 Les antalgiques périphériques (palier I de l’OMS).......................... 753.2.1.1 Les antalgiques purs..................................................................... 753.2.1.2 Les antalgiques antipyrétiques..................................................... 753.2.1.3 Antalgiques antipyrétiques anti-inflammatoires .......................... 76

3.2.2 Les antalgiques centraux.................................................................. 773.2.2.1 Les antalgiques centraux non narcotiques ................................... 773.2.2.2 Antalgiques centraux narcotiques ................................................ 79

3.2.3 Anesthésique local utilisé en hémodialyse : l’emla® ...................... 883.3 Traitements non médicamenteux .................................................... 90

3.3.1 Méthodes intervenant sur le contrôle de la douleur ......................... 903.3.1.1 La neurostimulation ..................................................................... 903.3.1.2 Le renforcement du contrôle opioïde........................................... 92

3.3.2 Techniques anesthésiques et neurochirurgicales ............................. 933.3.2.1 Les techniques anesthésiques et neurochirurgicales à butthérapeutique................................................................................................ 933.3.2.2 Les blocs anesthésiques transitoires à visée diagnostique ........... 93

3.3.3 Autres méthodes............................................................................... 944- MÉTHODES D’ÉVALUATION DE LA DOULEUR................................ 96

4.1 Introduction..................................................................................... 964.2 Echelles d’évaluation...................................................................... 98

4.2.1 Les échelles unidimensionnelles...................................................... 984.2.1.1 Echelle verbale simple (E.V.S.) ................................................... 994.2.1.2 Echelle numérique (EN) .............................................................. 994.2.1.3 Echelle visuelle analogique (E.V.A.)......................................... 100

4.2.2 Les échelles multidimensionnelles ................................................ 1014.2.2.1 Généralités ................................................................................. 1014.2.2.2 Les questionnaires...................................................................... 101

4.2.3 Schéma corporel............................................................................. 1054.2.4 Echelle du retentissement émotionnel (H.A.D. : hospital anxiety anddepression scale) ............................................................................................ 1054.2.5 Echelle du retentissement de la douleur sur lecomportement quotidien ................................................................................ 106

5- LA DOULEUR CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE....................................... 1085.1 Epidémiologie ............................................................................... 108

5.1.1 Les principales causes du syndrome douloureux chronique et leursconséquences cliniques .................................................................................. 109

5.2 Age et perception douloureuse...................................................... 1105.3 Evaluation de la douleur............................................................... 111

5.3.1 Chez le sujet âgé aux fonctions supérieures conservées, gardant unecommunication satisfaisan-te......................................................................... 1115.3.2 Chez le sujet non communicant qui n’est pas capable d’exprimer sadouleur (démence sévère, aphasie, troubles de la conscience…) .................. 112

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6- DOULEURS ET HÉMODIALYSE............................................................ 1156.1 Douleurs chroniques..................................................................... 115

6.1.1 Les complications vasculaires périphériques................................. 1156.1.2 Complications neurologiques d’origine urémique......................... 116

6.1.2.1 La neuropathie urémique ........................................................... 1166.1.3 Complications ostéo-articulaires.................................................... 116

6.1.3.1 Amylose à β2-microglobuline ................................................... 1166.1.3.2 L’ostéodystrophie rénale............................................................ 1186.1.3.3 Autres manifestations ostéo-articulaires douloureuses.............. 1196.1.3.4 Handicap fonctionnel ................................................................. 121

6.2 Douleurs aiguës durant la séance d’hémodia-lyse....................... 1216.2.1 Les crampes ................................................................................... 1226.2.2 Douleur à la ponction de la fistule ................................................. 1236.2.3 Injection d’EPO (érythropoïétine) ................................................. 1246.2.4 Hypotension et nausées.................................................................. 1246.2.5 Douleurs de dos et articulaires....................................................... 1256.2.6 Douleurs thoraciques ..................................................................... 125

ENQUETE REALISEE EN CENTRE LOURD.............. 1281- OBJECTIFS DE L’ÉTUDE........................................................................ 1282- PATIENTS ET MÉTHODES ..................................................................... 129

2.1 Population étudiée ........................................................................ 1292.1.1 Critères d’Inclusion........................................................................ 1292.1.2 Critères d’Exclusion ...................................................................... 129

2.2 Méthodes ....................................................................................... 1302.2.1 Questionnaire ................................................................................. 1302.2.2 Enquête .......................................................................................... 130

2.2.2.1 Généralités ................................................................................. 1302.2.2.2 Evaluation de la douleur ............................................................ 131

2.2.3 Statistiques ..................................................................................... 1323- RÉSULTATS................................................................................................ 133

3.1 Statistiques descriptives ................................................................ 1333.1.1 Population étudiée.......................................................................... 133

3.1.1.1 Renseignements généraux.......................................................... 1333.1.2 La douleur ...................................................................................... 146

3.1.2.1 Evaluation de la douleur à domicile........................................... 1463.1.2.2 Evaluation de la douleur à l’arrivée en dialyse (H0) ................. 1533.1.2.3 Evaluation de la douleur à la ponction de l’abord vasculaire .... 1553.1.2.4 Evaluation de la douleur en milieu de dialyse (H2)................... 1583.1.2.5 Evaluation de la douleur en fin de dialyse ................................. 162

3.2 Analyse .......................................................................................... 1653.2.1 Fréquence de la douleur au cours du temps (domicile, arrivée,ponction, milieu, fin) ..................................................................................... 1653.2.2 Intensité de la douleur.................................................................... 166

3.2.2.1 Etude de l’EVA minimale.......................................................... 1663.2.2.2 Etude de l’EVA maximale ......................................................... 1693.2.2.3 Evolution de l’intensité de la douleur dans la population totale 1713.2.2.4 Evolution de l’intensité de la douleur aux différents moments dansla population exprimant une douleur ......................................................... 173

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3.2.2.5 Nombre de patients ayant une EVA supérieure ou égale à 5 cm enfonction du temps de la mesure ................................................................. 174

3.2.3 Apparition d’une douleur aiguë au cours de la séance de dialyse . 1763.2.4 Facteurs de risque de l’apparition d’une douleur en milieu et en finde dialyse ....................................................................................................... 178

3.2.4.1 Milieu de dialyse........................................................................ 1783.2.4.2 Fin de dialyse ............................................................................. 1793.2.4.3 Evolution de la proportion de patients douloureux dans deuxgroupes de population différents. Influence de la douleur à domicile. ...... 181

Commentaires des résultats.................... 1901- SUR LE PLAN CLINIQUE ........................................................................ 1902- SUR LE PLAN THÉRAPEUTIQUE ......................................................... 198

2.1 Prise en charge de la douleur au domicile ................................... 1982.2 Anesthésie locale transdermique .................................................. 2002.3 Prise en charge de la douleur lors de la séance........................... 202

3- SUR LE PLAN PSYCHOLOGIQUE ........................................................ 2033.1 Prise en charge ............................................................................. 2063.2 Problème de l’arrêt de la dialyse.................................................. 208

Conclusion.................................... 209Annexe........................................ 213Bibliographie................................. 219

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-1-

INTRODUCTION

Actuellement, le nombre de français atteints d’insuffisance rénale chronique est estimé pour

l’année 2001 à 45000 malades ; les deux tiers de ces patients sont traités par dialyse, les autres

par greffe rénale. Ces données n’étant pas connues avec précision, il s’est créé en France un

programme REIN (Réseau Epidémiologie et Information en Néphrologie) pour palier ce

manque.

Cette pathologie devient un véritable problème de santé publique du fait de l’augmentation de

son incidence ainsi que de sa prévalence (7000 nouveaux cas par an.)

Un grand nombre de maladies sont capables d’entraîner une insuffisance rénale chronique

terminale. Parmi ces affections, il convient de relever les maladies cardiovasculaires et le

diabète mais aussi les effets liés à la toxicité de certains médicaments (lithium, anti-

inflammatoires non stéroïdiens, produits de contraste iodés…)

Les néphropathies primitives longtemps prédominantes dans un passé récent ne représentent

aujourd’hui que la moitié des insuffisances rénales.

Les néphropathies interstitielles chroniques sont liées aux obstructions des voies de sortie de

l’urine ou du fait de calculs ou tumeurs, aux infections et agressions toxiques ou

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médicamenteuses. Les néphropathies héréditaires représentent environ 9% du total et la

polykystose rénale est de loin la plus fréquente.

Pour l’autre moitié des insuffisances rénales chroniques, elles surviennent comme

complications de problèmes vasculaires, liés à l’hypertension artérielle, au diabète ou à une

maladie du système comme le lupus. Leur fréquence n’a cessé de croître en France.

L’insuffisance rénale chronique évolue inexorablement vers la destruction complète de la

fonction rénale et la nécessité d’une méthode de suppléance.

En ce qui concerne l’épuration extra-rénale et en particulier l’hémodialyse, de nombreux et

importants progrès techniques ont été réalisés autorisant maintenant des espérances de vie

dépassant dix voire vingt années de traitement. Le concept du « vieux dialysé » est ainsi

progressivement apparu amenant également un ensemble de pathologies chroniques dues aux

complications de l’hémodialyse.

Compte tenu de leurs polypathologies, des interventions fréquentes qu’ils nécessitent

(création d’un abord vasculaire, dilatation endovasculaire…), des séances d’épuration extra

rénale qu’ils subissent, les patients hémodialysés sont particulièrement exposés à la douleur

chronique et aiguë.

Reconnue aujourd’hui comme un symptôme à part entière, la douleur fait l’objet de nos jours

d’une évaluation et d’une prise en charge thérapeutique beaucoup plus systématique. Les

progrès immenses de la recherche (découverte des morphines endogènes…), l’action des

politiques (création de comités de lutte contre la douleur (CLUD) dans les établissements de

santé, harmonisation de la durée des prescriptions de morphinique…), l’amélioration de la

formation médicale, le développement de l’utilisation de la morphine a permis un véritable

changement dans l’appréhension de la douleur.

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Ainsi dans ce souci de prise en charge de douleur, il nous a paru intéressant d’évaluer dans le

service d’hémodialyse du centre lourd hospitalier Clémenceau, la prévalence de la douleur

aiguë en cours de séance d’hémodialyse chez les patients hémodialysés chroniques.

Afin de mieux comprendre en quoi consiste l’hémodialyse, nous étudierons en premier lieu

cette technique. Nous essaierons ensuite de donner une définition du phénomène complexe

que représente la douleur.

La troisième partie sera consacrée à l’étude proprement dite avec l’analyse des résultats

statistiques, puis au cours de la discussion nous confronterons nos données aux quelques

études réalisées sur le sujet pour en dégager des conclusions quant à la prévalence, aux

facteurs de risque de la douleur aiguë chez les patients hémodialysés chroniques.

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CHAPITRE 1

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-5-

CHAPITRE 1

L’HEMODIALYSE

11-- HHIISSTTOORRIIQQUUEE DDEE LL’’HHEEMMOODDIIAALLYYSSEE

Comme forme de thérapie, la dialyse est au moins aussi vieille que la civilisation elle-même ;

en effet les romains réalisaient déjà des « dialyses » dans des bains très chauds rendant la peau

plus perméable laissant ainsi passer les toxines. (1)

C’est en 1854 que le terme de dialyse fut employé pour la première fois dans la littérature

scientifique : Thomas GRAHAM, professeur de chimie à l’université d’Anderson, Glasgow,

montre que le composant cristalloïde d’une solution diffuse à travers une membrane végétale

de parchemin ; il appelle ce phénomène dialyse (venant du grec dialusis : séparation) (2)

Soixante années s’écoulent entre les expériences de ce dernier et la mise au point à Baltimore

par John J. ABEL, Léonard G. ROWNTREE et B. B TURNER, en 1913, d’un dispositif ayant

déjà les caractéristiques fondamentales des reins artificiels actuels (la membrane de dialyse

est en collodion de nitrocellulose, le circuit sanguin rendu incoagulable par l’hirudine.)

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Figure 1 : Le système de dialyseur d’Abel, Rowntree, Turner (d’après 1)

La première dialyse humaine est à attribuer, en 1924, à Georg HASS (1886-1971), chercheur

allemand à l’université de Giessen.

En 1943, KOLFF et BECK créent la première « machine d’hémodialyse » (la membrane est

en cellophane -commercialisé en 1935 ; l’anticoagulant est l’héparine –purifiée en 1933)

Figure 2 : L’appareil à tambour rotatif développé par Kolff (d’après 1)

Dans le milieu des années 40, un autre type de rein artificiel fut développé en Suède par Nils

ALWALL ; son appareil possédait un tambour vertical qui n’avait plus besoin d’être tourné et

il fut à l’origine de la création du concept de la différence de pression entre le coté sanguin de

la membrane (+) et le coté de la solution de dialyse (-).

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Figure 3 : Schéma du rein artificiel d’Alwall (d’après 1)

Figure 4 : Version clinique du design d’Alwall (d’après 1)

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C’est dans les années 50 que les trois types de dialyseurs utilisés dans l’hémodialyse actuelle,

commencent à ressembler à ceux de nos jours : modèle à couche parallèle initié par SKEGGS

et LEONARDS, en rouleau (« twin-coil ») et à fibres creuses.

Utilisé dans l’insuffisance rénale aiguë, le rein artificiel ne fut couramment appliqué à

l’insuffisance rénale chronique qu’après avoir résolu le problème de l’abord vasculaire.

En 1960, SCRIBNER B.H et QUINTON W. imaginent le court-circuit artério-veineux

externe permettant la répartition des séances.

Figure 5 : Première version du shunt artério-veineux de Quinton-Scribner (d’après 1)

Ce n’est qu’en 1966 que la fistule artério-veineuse est proposée par CIMINO et BRESCIA

pour devenir l’abord vasculaire le plus largement utilisé.

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22-- PPRRIINNCCIIPPEESS PPHHYYSSIICCOO--CCHHIIMMIIQQUUEESS

La dialyse est une méthode d’épuration extra-rénale ; il s’agit d’un échange entre deux

solutions, le sang et un liquide appelé dialysat au travers d’une membrane semi-perméable.

Cette membrane peut être considérée comme perforée de multiples trous ou pores permettant

le passage des molécules d’eau et de solutés de petit poids moléculaire, les solutés de poids

moléculaire très élevé (par exemple les protéines ) ne pouvant pas traverser la membrane.

2.1 DEFINITION DES PRINCIPES DE BASE

2.1.1 LA DIFFUSION

C’est un transfert passif de solutés du sang vers le dialysat au travers de la membrane de

dialyse sans passage de solvant. Des échanges s’établissent entre le sang et le dialysat pour

des substances de taille inférieure à celle des pores de la membrane selon leur différence de

concentration entre les deux compartiments.

Schéma 1 : Principe de la diffusion (d’après 6)

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Les différents facteurs qui influencent la diffusion

Le gradient de concentration du soluté de part et d’autre de la membrane (diffusion

vers le compartiment où la concentration est la plus basse).

Le poids moléculaire : la rapidité de diffusion d’une molécule est inversement reliée

au poids moléculaire.

La résistance de la membrane : la taille de ses pores et son épaisseur sont les

principaux facteurs de résistance.

La liaison des molécules à des protéines plasmatiques : seul le soluté libre c'est-à-dire

non lié à des protéines passe la membrane.

2.1.2 L’ULTRAFILTRATION OU TRANSPORT CONVECTIF

Schéma 2 : Principe de l’ultrafiltration ou convection (d’après 6)

Le transfert par ultrafiltration est un transfert simultané du solvant et d’une fraction des

solutés qu’il contient. Il s’opère soit du compartiment sanguin vers le dialysat ou inversement.

Le phénomène d’ultrafiltration dépend d’un gradient de pression qui pousse l’eau du secteur

où la pression est plus forte vers le secteur où la pression est la plus faible.

Ce gradient est réalisé en induisant soit une pression positive sur le compartiment sanguin,

soit une pression négative sur le compartiment du liquide de dialyse.

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Dans la plupart des générateurs de dialyse, la pression transmembranaire peut être ajustée de 0

(+ 50 mm Hg côté sang et –50 mm côté dialysat) à 500 mm Hg (+50 mm côté sang

et – 450mm côté dialysat) sans dépasser 500 mm Hg sinon il y a rupture de la membrane.

Ce phénomène d’ultrafiltration joue un rôle essentiel pour la soustraction d’eau. Son débit

dépend :

Du gradient de pression transmembranaire

De la perméabilité hydraulique de la membrane

De la surface de la membrane

2.1.3 APPLICATIONS CLINIQUES DE LA DIFFUSION ET DE

L’ULTRAFILTRATION

2.1.3.1 Ultrafiltration

Elle vise à enlever au cours d’une séance de dialyse de 4 à 5 heures la quantité de liquide

accumulée entre deux séances de dialyse. Habituellement, celle-ci correspond à une prise de

poids de 2 à 3 Kg. En fonction de la durée de la séance de dialyse, le taux d’ultrafiltration sera

compris entre 500 et 800 ml/heure.

2.1.3.2 Diffusion

Le dialysat est constitué d’eau, d’électrolytes (potassium, calcium, magnésium, chlore,

glucose, bicarbonate).

Lorsque le sang d’un urémique est exposé au dialysat au travers d’une membrane de dialyse,

le transfert des solutés du sang vers le dialysat est très rapide. Le fait que le dialysat soit sans

cesse renouvelé au cours de la séance, permet un transfert maximum des solutés. (3)

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33-- LLEE MMAATTEERRIIEELL

Schéma 3 : Montage d’hémodialyse (d’après 6)

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3.1 LES DIALYSEURS

Ils sont caractérisés par une membrane semi-perméable, naturelle ou synthétique qui sépare le

compartiment sanguin du compartiment du dialysat.

Les deux principaux types de dialyseurs actuellement utilisés sont (4) :

3.1.1 LES DIALYSEURS EN PLAQUE

Ils sont composés d’un nombre variable de compartiments parallèles, rectangulaires, séparés

par des structures de soutien rigide sur lesquelles repose la membrane. Le sang circule entre

les couches de membranes, tandis que le dialysat s’écoule à contre-courant autour des

structures de soutien.

Figure 6 : Dialyseur à plaques (d’après 5)

3.1.2 LES DIALYSEURS A FIBRES CREUSES

Ils sont constitués par la juxtaposition de 10 à 15000 fibres creuses ou capillaires. Le faisceau

de fibres est enfermé dans une gaine plastique percée d’entrées pour le sang et le liquide de

dialyse. Le sang circule à l’intérieur des fibres, tandis que le dialysat s’écoule à contre-courant

à l’extérieur des capillaires.

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Figure 7 : Dialyseur à fibres creuses (d’après 5)

Les dialyseurs sont livrés prêts à l’emploi et sont conçus pour un usage unique.

3.2 PREVENTION DU RISQUE DE COAGULATION

Les dialyseurs et les tubulures du circuit sanguin sont thrombogènes et exigent une anti-

coagulation du patient ou du circuit sanguin extracorporel. De plus, lorsque l’héparinisation

est adéquate, la perte de sang à l’occasion de chaque séance de dialyse ne dépasse pas 1 à 2

ml.

3.3 LES MEMBRANES DE DIALYSE

Elles sont conçues pour reproduire au mieux les caractéristiques de perméabilité de la

membrane basale glomérulaire. Les membranes peuvent être en matériaux synthétiques ou en

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cellulose. Elles se caractérisent par leur résistance à la diffusion des solutés, par leur

perméabilité hydraulique et par leur perméabilité aux solutés.

3.4 LES GENERATEURS DE BAIN DE DIALYSE

Ils permettent la production de liquide de dialyse ou dialysat, dans des conditions définies de

concentration, de pression et de débit.

Le moniteur générateur ou appareil de dialyse assure les fonctions suivantes (5) :

3.4.1 PREPARATION DU DIALYSAT

Après une première phase de dégazage et réchauffage de l’eau d’alimentation traitée, il s’agit

de la préparation du dialysat proprement dit par mélange de l’eau dégazée avec une solution

concentrée de sels minéraux définie selon la prescription médicale et choisie parmi les quatre

possibilités suivantes : dialyse à l’acétate (concentré A), dialyse au bicarbonate (concentré B

liquide ou poudre + concentré A), biofiltration sans acétate (concentré sans acétate),

hémodialfiltration (concentré B + A).

3.4.2 MONITORING COMPLET DE LA SEANCE DE DIALYSE

Rinçage / remplissage initial des circuits « sang » et dialysat /dialyse et restitution / rinçage

final du circuit « sang » avec un liquide stérile apyrogène, l’ensemble des opérations de

réglage des paramètres de dialyse étant réalisé sur l’initiative de l’infirmière selon la

prescription médicale.

3.4.3 DESINFECTION ET RINÇAGE

Il s’agit de la désinfection et rinçage du circuit hydraulique de la machine, après chaque

séance de dialyse.

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44-- LLEE DDIIAALLYYSSAATT

Le bain de dialyse est une solution d’eau et de sels minéraux de concentration voisine de celle

du plasma sanguin. Ces solutés contiennent les ions physiologiquement prépondérants :

sodium, calcium, potassium, magnésium, chlorure. On utilise le bicarbonate ou l’acétate

comme tampon.

4.1 OBTENTION ET COMPOSITION

Il est obtenu par le mélange d’une eau ultra pure à un dialysat concentré selon une proportion

de un volume de concentré pour 33 volumes d’eau. On utilise le bicarbonate ou l’acétate

comme tampon.

Le liquide de dialyse est une solution électrolytique dont la composition est proche de celle du

liquide extracellulaire normal. Mais de nombreuses variations permettent d’assurer la

correction des anomalies entre les deux dialyses. (6)

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4.1.1 SODIUM

La concentration est au moins égale à sa concentration dans l’eau du plasma pour éviter

une perte de sodium par diffusion.

4.1.2 POTASSIUM

La concentration doit permettre l’extraction du potassium accumulé durant la période

inter-dialytique ; la concentration peut être plus élevée si une déplétion trop forte en

potassium en fin de dialyse entraîne des troubles du rythme cardiaque (surtout chez les

sujets âgés).

4.1.3 CALCIUM

La concentration doit être assez élevée pour éviter la création d’un bilan négatif du

calcium au cours de la dialyse ; elle peut être plus élevée si de fortes doses de carbonate

de calcium sont administrées par voie orale pour contrôler une hyperphosphorémie.

4.1.4 ACETATE

Il est utilisé comme tampon du bain de dialyse. Si on emploie des dialyseurs à hautes

performances, le transfert diffusif de l’acétate à partir du dialysat peut déborder les

capacités de conversion métabolique du foie entraînant une hyperacétatémie ce qui

implique au cours de la séance des troubles comme hypotension, crampes musculaires,

céphalées et vomissements.

4.1.5 BICARBONATE

Il est également utilisé comme tampon, mais il donne une correction plus physiologique

de l’acidose métabolique que l’acétate car la concentration en ions bicarbonate et le pH

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sanguin augmentent progressivement au cours de la dialyse sans augmentation continue

post-dialytique avec une amélioration du bien-être après la dialyse. L’utilisation du

tampon bicarbonate est préférée chez les patients à l’état cardio-pulmonaire précaire et

chez ceux ayant développé des réactions indésirables lors d’une dialyse avec le tampon

acétate ; au cours de la dialyse à haute performance, l’utilisation du tampon bicarbonate

est impérative.

4.1.6 CHLORE

La concentration en anion chlore doit être égale à la concentration totale en cations

(surtout Na+) diminuée de la concentration de l’anion acétate ou bicarbonate pour obtenir

une neutralité électrochimique.

4.1.7 GLUCOSE

L’hémodialyse est généralement effectuée à l’aide d’un dialysat dépourvu de glucose. La

quantité de glucose transférée du sang vers le dialysat au cours de chaque dialyse est de 25

à 30 grammes. Cette perte peut être responsable de céphalées, de nausées ou de fatigue

post-dialytique.

4.2 TRAITEMENT DE L’EAU

4.2.1 OBJECTIFS DU TRAITEMENT DE L’EAU

Le traitement de l’eau utilisée pour diluer les solutés concentrés a pour objet de lui donner une

qualité répondant aux normes de la pharmacopée ; cette qualité doit être assurée à tout

moment de la production de l’eau en cours de dialyse, il est primordial d’assurer une

production d’eau suffisante pendant toute la dialyse. Cette eau doit être éliminée des

substances nocives et avoir une composition définie en sel.

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4.2.2 CIRCUIT DU TRAITEMENT DE L’EAU DE VILLE

Il prévoit :

Un appareil pour le chlorage de l’eau de canalisation, pour obtenir la réduction

draconienne ou l’élimination des bactéries qu’elle contient ;

Une série de filtres pour éliminer les particules présentes dans l’eau et de diamètre

minimal de 15-20 microns

Un adoucisseur

Un appareil à déchlorer composé d’une colonne de charbon actif pour éliminer le

chlore contenu dans l’eau des canalisations

Une microfiltration supplémentaire pour éliminer des particules très petites (jusqu’à 5

microns de diamètre) résiduelles ou libérées par le charbon actif

Un équipement à osmose inverse

Des appareils qui contrôlent la pression et la conductivité de l’eau traitée

4.2.3 ADOUCISSEMENT DE L’EAU

C’est le procédé qui élimine la dureté de l’eau constituée par les sels de calcium et de

magnésium en remplaçant les ions Ca2+ et Mg2+ par des ions Na+. Pour cela, on utilise une

résine échangeuse d’ions. Cependant l’eau ainsi traitée ressort enrichie en Na+ donc dans la

préparation de la solution de dialyse, il faut tenir compte de cette salinité résiduelle provenant

du sodium. L’inconvénient de cette méthode est de ne pas épurer l’eau de certaines substances

toxiques. L’eau adoucie est donc envoyée sur un appareil à osmose inverse.

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4.2.4 OSMOSE INVERSE

On utilise une membrane d’acétate de cellulose ou en polyamide qui est perméable à l’eau et

non aux sels et aux substances solides qu’elle contient. On fait passer l’eau de canalisation

d’un côté de la membrane où l’on applique une pression de plusieurs atmosphères de manière

à vaincre la pression osmotique et à ne pousser que de l’eau de l’autre côté de la membrane.

L’eau ainsi obtenue n’a pratiquement pas de continu salin, est pure aussi bien du point de vue

chimique que bactériologique puisque la membrane retient aussi les bactéries et substances

organiques. (7)

Schéma 4 : Principe de l’osmose inverse (d’après 7)

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55-- DDIISSPPOOSSIITTIIFFSS DDEE CCOONNTTRROOLLEE

Des moniteurs et des alarmes sont incorporés dans le générateur pour vérifier en permanence

la composition du liquide de dialyse et pour déceler toute anomalie pouvant se produire dans

le circuit sanguin ou le circuit de bain de dialyse.

5.1 LES MONITEURS DU CIRCUIT DE BAIN DE DIALYSE

Ils contrôlent :

L’osmolalité du dialysat par conductimétrie

Sa température

Son pH

La pression régnant dans le circuit de dialysat

Le débit du dialysat

5.2 LES MONITEURS DU CIRCUIT SANGUIN

Ils contrôlent :

Le débit sanguin par une pompe calibrée

La pression du circuit sanguin par des capteurs

La présence d’air dans le circuit par la surveillance du niveau sanguin au niveau du

piège à bulles.

Chaque fois que l’un de ces paramètres sort des limites de sécurité fixées, le dialysat est dévié

hors du dialyseur, la pompe à sang est stoppée et les lignes sanguines sont clampées tandis

que des alarmes sonores et visuelles se déclenchent. L’ensemble de ces dispositifs est tel qu’il

assure une sécurité pratiquement totale de la séance de dialyse.

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66-- LLEESS AABBOORRDDSS VVAASSCCUULLAAIIRREESS PPOOUURR

HHEEMMOODDIIAALLYYSSEE

6.1 INTERET

Pour être efficace, une épuration extra-rénale nécessite un débit sanguin minimum de 250 à

300 ml/min, débit possible que dans un système artériel ou dans les gros troncs veineux.

Comme les artères sont difficilement ponctionnables, on utilise soit des cathéters centraux soit

des fistules artério-veineuses le plus souvent.

De plus, la répétition indéfinie des séances d’hémodialyse impose de disposer d’un accès

vasculaire permanent permettant la connexion du patient au circuit sanguin du dialyseur lors

de chaque séance de dialyse.

6.2 PRINCIPE

Pour la mise en place d’une connexion entre le lit sanguin du patient et le circuit sanguin de

dialyse extracorporel il faut :

Un vaisseau sanguin qui ait un débit élevé et une haute pression, duquel on peut

aspirer facilement une quantité considérable de sang à envoyer au dialyseur.

Un autre vaisseau à débit élevé mais à basse pression, auquel on fait arriver le sang

reflué déjà épuré par le dialyseur et qui pourra rentrer facilement dans le lit sanguin du

patient.

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Figure 8 : Accès aux vaisseaux pour hémodialyse (d’après 4)

6.3 LES FISTULES ARTERIO-VEINEUSES (FAV)

C’est la création chirurgicale d’une anastomose entre une artère et une veine superficielle. Il

va en résulter une dilatation de la veine ainsi que l’épaississement de sa paroi : elle devient

facile à ponctionner et son débit augmente.

Il est d’une importance primordiale qu’un délai suffisant soit respecté entre la création et

l’utilisation de la fistule.

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Schéma 5:méthode de l’intervalle (figure 3) et méthode de la dose (figure 4)( d’après 20 )

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La concentration à l’équilibre est fonction de la biodisponibilité du médicament (F), de la

dose administrée (D), de l’intervalle d’administration (t) et de la clairance totale du

médicament (Cl) :

Cmoy = F × D/t × Cl

Cette formule permet de comprendre le principe des trois méthodes d’adaptation posologique

qui peuvent être utilisées chez l‘insuffisant rénal. Elles ont toutes pour but de maintenir la

concentration à l’équilibre dans la marge thérapeutique quand la clairance diminue.

La méthode de la dose (schéma 5-figure 4) consiste à diminuer la dose administrée (D) en

conservant l’intervalle d’administration.

Avec la méthode de l’intervalle (schéma 5-figure 3), on augmente t qui est le temps entre

chaque dose que l’on maintient normale.

Enfin on peut utiliser la méthode dite mixte où on diminue D tout en augmentant t.

La clairance totale d’un médicament (Cl T), chez le sujet sain, est la somme d’une clairance

rénale (Cl r) et d’une clairance non rénale (Cl nr) (21) :

Cl T = Cl r + Cl nr

La clairance rénale est fonction de la fraction du médicament éliminée dans les urines sous

forme inchangée (Fe) et de la clairance totale :

Cl r = Fe × Cl T

Fe = Cl r / Cl T

On peut donc écrire que :

Cl nr = Cl T – Cl r

Cl nr = Cl T – Fe × Cl T

Cl nr = (1- Fe) × Cl T

Cl T = Fe × Cl T + (1- Fe) × Cl T

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Si on se place dans la situation où Cl nr n’est pas modifiée et où la clairance rénale est

diminuée alors la clairance du médicament chez l’insuffisant rénal peut s’écrire :

Cl T IR = Cl r IR + Cl nr

et

Cl T IR = Kf × Fe× Cl T + Cl T× (1-Fe)

Kf est le rapport des clairances de la créatinine (Cl créat) chez le malade insuffisant rénal et

chez le sujet sain; Kf est aussi égal au rapport des clairances rénales du médicament puisque

la clairance rénale du médicament est fonction de la filtration glomérulaire et donc

proportionnelle à la clairance de la créatinine.

Kf = Cl créat IR / Cl créat = CL r IR / CL r

La clairance du médicament est donc diminuée d’un facteur Q IR qui varie entre 0 et 1 :

Q IR = Cl T / Cl T IR = 1 / 1- Fe (1- Kf)

Donc pour un médicament donné si on connaît Fe, on peut calculer Q IR et déterminer Cmoy :

Cmoy = F× D / t × (Cl T /QIR)

Cmoy = F× D / t × Cl T IR

En fonction de Fe et de Kf, il existe des abaques qui fournissent directement le facteur

correctif.

La méthode de la dose consistera donc à laisser t IR = t et à choisir D IR :

D IR = D/Q IR

La méthode de l’intervalle consistera, à l’inverse, à garder la même dose mais à augmenter

l’intervalle de temps entre deux prises :

t IR = t ×Q IR

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Ces différentes méthodes d’adaptation posologique présentent des avantages et des

inconvénients respectifs. Par ailleurs, elles font abstraction des autres modifications de la

pharmacocinétique survenant chez l’insuffisant rénal (modification de l’absorption digestive,

de la fixation protéique…)

Tableau 1 : Avantages et inconvénients des méthodes d’adaptation posologique ( d’après

19 )

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8.3 FACTEURS INTERVENANT SUR LA DIALYSANCE D’UN

MEDICAMENT

Lorsque les malades sont traités par hémodialyse, il est nécessaire de savoir si le médicament

est épuré ou non pour adapter la posologie. L’épuration des médicaments dépend de plusieurs

facteurs :

8.3.1 LES PROPRIETES PHYSICOCHIMIQUES ET PHARMACO-

CINETIQUES DU MEDICAMENT

Les médicaments hydrosolubles de faible poids moléculaire sont plus extraits que les

médicaments liposolubles. De plus, la fraction libre du médicament va seule être concernée

par le mécanisme de diffusion passive. Gwilt et Perrier (22) ont proposé un indice pour

prédire la dialysance d’un médicament :

I = f u / V

f u : fraction libre plasmatique (%)V : volume de distribution (l/kg)

Si I inférieur à 20 : extraction nulleSi I supérieur à 80 : extraction significativeSi I supérieur à 100-120 : extraction maximale

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8.3.2 CARACTERISTIQUES DE L’HEMODIALYSEUR

Les débits sanguin et du dialyseur, la durée de la dialyse, le type de membranes (en particulier

la surface et la perméabilité) influencent l’extraction d’un médicament.

8.4 MESURE DE LA DIALYSANCE DES MEDICAMENTS EN

HEMODIALYSE

8.4.1 LA QUANTITE DE MEDICAMENT EXTRAITE PAR HEMODIALYSE

Elle peut être obtenue :

A partir de la constante de vitesse d’hémodialyse kHD qui correspond à la fraction de

médicament extrait par unité de temps. La connaissance du paramètre kHD et de la durée de la

dialyse permet de mesurer la quantité de médicament éliminée durant une séance et de

calculer l’extraction du médicament par hémodialyse :

K HD = Cl HD / V

Par la fraction du médicament extrait pendant la dialyse. Pour cela Gwilt et Perrier ont

proposé deux équations à partir de la comparaison des cinétiques plasmatiques entre les deux

dialyses et pendant la dialyse :

1ère équation : utilisable que pour les médicaments qui ont une demi-vie courte

f Hd = [(t ½ a – t ½ b) / t ½ a] ×(1- e- k’e T dial )

f HD : fraction du médicament éliminée pendant la dialyset ½ a : demi-vie entre les séancest ½ b : demi-vie pendant la séancek’e : constante de vitesse d’élimination durant la séanceTdial : durée de la séance

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2ème équation : elle est basée sur les valeurs des clairances et des surfaces sous la courbe

f HD = [Cl HD . AUC (b)] / [(Cl NR + Cl HD) AUC (b)] + [ Cl NR . AUC (a)]

AUC (a) : surface sous la courbe pendant une séanceAUC (b) : surface sous la courbe entre deux séances

8.4.2 LA CLAIRANCE D’HEMODIALYSE (CL HD)

L’intensité de l’épuration peut être quantifiée par un coefficient d’extraction (E) et une

clairance d’hémodialyse Cl HD tel que :

Cl HD = Q × E

Q est le débit sanguin au travers du dialyseur

E = (C A – C V) / C A

C A et C V sont les concentrations sanguines à l’entrée et à la sortie du dialyseur

Ce sont souvent des concentrations plasmatiques qui sont mesurées ; dans ces conditions, le

débit utilisé doit être le débit plasmatique :

Cl HD = Q (1- Hte) × E où Hte = hématocrite

Il peut être nécessaire de tenir compte de l’ultrafiltration ; la formule proposée par Gotch est

la suivante :

Cl HD = [Q (1- Hte) C A – [Q (1- Hte) – Q UF] C V] / C A

Q UF est le débit d’ultrafiltration

8.5 ADAPTATION POSOLOGIQUE EN HEMODIALYSE

En général, chez le patient insuffisant rénal, qu’il soit ou non hémodialysé, on doit administrer

une dose de charge du médicament qui soit identique à celle que recevrait un malade à

fonction rénale normale. Les doses suivantes doivent ensuite être adaptées au degré

d’insuffisance rénale et une dose supplémentaire doit fréquemment être administrée après

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-45-

chaque séance d’hémodialyse (23). L’adaptation posologique peut se faire à l’aide de la

méthode de la dose ou de l’intervalle.

Au cours d’une épuration extrarénale continue la dose adaptée doit être majorée de la quantité

de médicament éliminée par la méthode d’épuration extracorporelle. Il est bien sûr possible de

mesurer directement la quantité du médicament dans l’ultrafiltrat et d’en déduire la quantité

totale éliminée en 24 heures. On peut sinon s’aider des formules ci-dessus pour évaluer la

quantité éliminée et alors majorer d’autant la quantité administrée.

Ces méthodes présentent des inconvénients qui sont de réaliser un dosage plasmatique et

l’utilisation de la fraction libre du médicament souvent évaluée chez le sujet sain.

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CHAPITRE 2

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-47-

CHAPITRE 2

LA DOULEUR

11-- DDEEFFIINNIITTIIOONN DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

« La douleur ne grandit pas l’Homme, elle le diminue » R. LERICHE

Bien qu’il ne soit pas aisé de donner une définition du phénomène multidimensionnel qu’est

la douleur, on peut proposer celle de l’International Association for the Study of Pain

(I.A.S.P.) en 1979 :

« La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion

tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en des termes impliquant une telle lésion. »

Cette définition est accompagnée d’une note qui la précise et dont les premières phrases sont :

« La douleur est toujours subjective. Dès les premiers instants de la vie, tout individu apprend

la signification de ce mot par l’expérience reliée à la blessure … ».

L’accent est mis, comme on le voit sur ce que sent, ressent, vit et décrit le patient, sans

préjuger ni du mécanisme générateur, ni d’une quelconque notion de durée. En d’autres

termes, on peut dire que : « est douleur ce que le patient dit être la douleur » (24)

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-48-

1.1 LES COMPOSANTES DE LA DOULEUR

(25)

1.1.1 LA COMPOSANTE NOCICEPTIVE

La seule activation des fibres responsables de la conduction nociceptive n’est pas une

condition suffisante pour provoquer la douleur (I.A.S.P., 1979, 1982). D’une part, un seuil

minimal d’activation doit être atteint, et d’autre part, de nombreux mécanismes peuvent

moduler ces afférences (ex : la distraction).

1.1.2 LA COMPOSANTE SENSORI-DISCRIMINATIVE

Elle correspond à ce que le patient sent, ce à quoi ressemble la douleur (piqûre, déchirure,

électricité…). C’est cet aspect qui fait appel aux expériences antérieurement vécues, qui sert

de référence. Cette composante met en jeu des mécanismes neurophysiologiques qui assurent

la détection du stimulus nociceptif et l’analyse de ses caractères intensifs, qualitatifs et

temporospatiaux.

1.1.3 LA COMPOSANTE AFFECTIVE ET EMOTIONNELLE

Il s’agit de la façon dont le patient ressent sa douleur : pénible, désagréable, gênante ou

intolérable… Elle peut se prolonger vers des états affectifs plus différenciés tels que l’anxiété

ou la dépression.

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-49-

1.1.4 LA COMPOSANTE COGNITIVE

C’est l’ensemble des processus mentaux susceptibles de moduler les autres dimensions ;

phénomènes d’attention distraction, signification et interprétation de la situation présente,

référence à des expériences passées, vécues ou observées.

1.1.5 LA COMPOSANTE COMPORTEMENTALE

Elle englobe l’ensemble des manifestations verbales et non verbales observables conscientes

ou non, et de manifestations végétatives (modification du pouls…) chez la personne qui

souffre (plaintes, postures, impossibilité de maintenir un comportement normal, …).

Elle dépend de multiples facteurs, cause réelle ou présumée de la douleur (origine bénigne ou

non …), mécanisme générateur (excès de nociception somatique ou viscéral…), culture

origine, personnalité, durée…

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-50-

Schéma 6 : Illustration du modèle pluridimensionnel de la douleur (d’après BOUREAU

F. Pratique du traitement de la douleur. Paris 1992)

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-51-

1.2 LES MECANISMES GENERATEURS DE LA DOULEUR

(26)

1.2.1 DOULEUR PAR EXCES DE NOCICEPTION

L’excès de nociception est le mécanisme générateur le plus fréquent de la douleur. Constante

après la lésion, elle siège au foyer lésionnel et dans sa région ou à distance. Elle s’exprime

selon un mode mécanique ou inflammatoire s’accompagnant d’une réaction exagérée à toute

stimulation non douloureuse (hyperesthésie) ou douloureuse (hyperalgésie), sans déficit

sensitif objectif.

1.2.2 DOULEUR NEUROGENE

Une lésion périphérique, médullaire ou centrale du système nerveux sensitif provoque un

dysfonctionnement de la transmission des messages, une hyperexcitabilité des neurones

spinaux et supra spinaux, une perturbation des contrôles inhibiteurs physiologiques.

La douleur est décrite en termes de dysesthésies, sensations anormales et désagréables,

spontanées ou provoquées (brûlures, décharges électriques, coups de poignard, striction,

fourmillements…) plus ou moins intenses continues et (ou) paroxystiques. Ces sensations

sont influencées par la pression atmosphérique, le nycthémère, les phénomènes d’attention ou

de diversion, l’humeur.

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-52-

L’examen retrouve le plus souvent des signes d’hypersensibilité comme :

- l’allodynie : douleur provoquée par une stimulation habituellement non douloureuse.

- l’hyperpathie : réaction excessive et durable après une stimulation répétée

et (ou) d’hypo sensibilité comme :

- l’hypoalgésie : diminution de la sensibilité à une stimulation nociceptive, dans une

zone spontanément douloureuse. On peut d’ailleurs parfois parler d’anesthésie

douloureuse.

1.2.3 DOULEUR PSYCHOGENE

L’origine psychogène d’une douleur est rarement évoquée précocement. Il s’agit soit du

phénomène de réactivation d’une douleur sous l’influence de facteurs psychologiques

(douleur mémoire) soit d’une origine psychopathologique pure (hystérie de conversion,

dépression, hypocondrie), soit de troubles somatiques mineurs majorés par des difficultés

psychosociales. L’approche thérapeutique est souvent pluridimensionnelle et pour une grande

part psychothérapique. L’origine psychogène de la douleur est toujours difficile à reconnaître

et nécessite une attention particulière à la rechercher. Comme il est précisé dans le CIM 10

(27) de l’OMS : « il peut être difficile d’affirmer l’origine psychologique de ces troubles

même quand elle paraît très probable (…). En l’absence d’arguments en faveur d’une cause

psychologique, le diagnostic doit rester provisoire et on doit poursuivre les explorations

somatiques et psychologiques. »

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-53-

1.3 LES CARACTERISTIQUES DE LA DOULEUR

(28)

1.3.1 DOULEURS AIGUËS, DOULEURS CHRONIQUES

1.3.1.1 Douleur aiguë

Elle est d’évolution brève et souvent de forte intensité. Elle a un début et une fin bien

précise. Elle s’accompagne de manifestations physiques, psychiques et comportementales

du domaine du stress.

C’est un signal d’alarme utile qui appelle un diagnostic et un traitement étiologique.

1.3.1.2 Douleur chronique

Elle est sans limite dans le temps et évolue depuis 3 à 6 mois. D’intensité variable, elle

s’accompagne de modifications émotionnelles du registre de l’anxiodépression et de

modifications du comportement social, familial et professionnel. Son origine peut être

variable (cancéreuse, séquellaire…).

Alors que la douleur aiguë est plus considérée comme une « douleur-symptôme », la

douleur chronique se définit comme une entité propre, véritable « douleur-maladie ». La

douleur chronique atteint tout l’individu, elle n’a plus aucune fonction, ni objectif

biologique. Elle envahit la vie de l’individu, l’univers affectif, le vécu quotidien, qu’il soit

professionnel, social et personnel, modifiant ainsi sa relation au monde.

« La douleur chronique détruit physiquement, psychologiquement et socialement »

(Steinbach – 1974)

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Tableau 2 : Comparaison des douleurs aiguë et chronique (non cancéreuse) ( d’après

VIBES J. Guide de la douleur 2001)

DOULEUR AIGUË

(SYMPTOME)

DOULEUR CHRONIQUE

(SYNDROME)

Finalité biologique Utile protectrice signald’alarme

Inutile destructive maladie àpart entière

Mécanisme générateur Uni factoriel PlurifactorielRéactionsSomato-végétatives

Réactionnelles Habituation ou entretien

Composante affective Anxiété DépressionComportement Réactionnel RenforcéModèle de compréhension Médical classique Pluridimensionnel « somato-

psychosocial »

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-55-

22-- MMEECCAANNIISSMMEESS FFOONNDDAAMMEENNTTAAUUXX DDEE LLAA

DDOOUULLEEUURR

2.1 DE LA PERIPHERIE A LA MOELLE EPINIERE

(29-30)

2.1.1 PERIPHERIE

2.1.1.1 Voies de la douleur

♦♦ NNOOCCIICCEEPPTTEEUURRSS

En périphérie, les messages nociceptifs sont générés au niveau des terminaisons nerveuses

libres amyéliniques constituant des arborisations plexiformes dans les tissus cutanés,

musculaires et articulaires. Ces terminaisons sont considérées aujourd’hui comme les

récepteurs habituels de la douleur ou nocicepteurs. Les messages nociceptifs sont ensuite

véhiculés dans les nerfs par les fibres Aδ et les fibres C.

On distingue trois modalités de nocicepteurs :

UNIMODAUX : activés que par stimulation nociceptive mécanique

(= mécanonocicepteurs) ; ils sont en relation avec les fibres Aδ.

MULTIMODAUX : activés indifféremment par des stimulations

nociceptives mécaniques ou thermiques.

POLYMODAUX : activés aussi bien par stimulation physique,

mécanique ou thermique, que par nature chimique.

(= chimiorécepteurs). Ils sont en relation avec les fibres C.

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-56-

♦♦ VVOOIIEESS AASSCCEENNDDAANNTTEESS MMEEDDUULLLLAAIIRREESS

Les terminaisons nerveuses libres se prolongent par des fibres dans les nerfs périphériques. Il

existe deux types de fibres :

fibres myélinisées (groupe A) à seuil d’excitation bas, dissociées en

fonction de leur calibre et de leur vitesse de conduction en sous-

groupe : α, β, δ (peu myelinisées).

fibres amyéliniques (groupe C), à seuil d’excitation bas, de très petit

calibre.

Les fibres de gros calibre, de conduction rapide, ne conduisent pas la douleur, mais

conduisent des messages sensitifs. Les fibres de petit calibre, de conduction très lente,

conduisent la douleur.

- Aδ, transmettent les douleurs aiguës de courte durée à type de piqûre ; elles assurent la

conduction de la douleur rapide, épicritique.

- Les fibres C, transmettent les douleurs plus diffuses à type de brûlure ; c’est la

conduction de la douleur lente protopathique.

L’influx suit un neurone périphérique ou protoneurone dont le corps cellulaire est situé dans

le ganglion rachidien. Les fibres convergent dans la corne postérieure de la moelle et font

relais dans la substance gélatineuse de Rolando par l’intermédiaire d’interneurones qui ont un

rôle important de « filtres » de la douleur et auraient pour médiateur la substance P entre

autres et pour neuromédiateur l’enképhaline.

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-57-

2.1.1.2 Les mécanismes périphériques de la nociception

(31)

Les mécanismes intimes responsables de la genèse des messages nociceptifs ne sont pas

élucidés. Pourtant, même si l’éventualité d’une action directe des terminaisons périphériques

ne peut être écartée, il est maintenant bien établi que de nombreux facteurs chimiques sont

capables de modifier l’activité des fibres afférentes primaires de faible diamètre. (32)

La majorité des nocicepteurs sont des chémo-récepteurs qui peuvent être activés ou

sensibilisés par des substances dites algogènes libérées lors d’une lésion tissulaire. La

contiguïté anatomique fréquente des terminaisons nerveuses libres avec des artérioles ou des

veinules permet la mise en contact de ces médiateurs et des nocicepteurs.

On peut classer ces substances en 3 groupes (appelées aussi « soupe périphérique »)

- 1er groupe :

o la bradykinine plasmatique qui est le plus puissant algogène connu

o la sérotonine plaquettaire

o l’histamine libérée par les mastocytes

- 2ème groupe :

o Ce sont les substances impliquées dans le processus inflammatoire

(prostacycline, prostaglandines, leucotriènes), toutes issues du métabolisme

des phospholipides, via l’acide arachidonique. Elles seraient responsables de

l’hyperalgésie primaire. (33)

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3ème groupe : il s’agit de neuropeptides dont le plus connu est la substance P (SP),

d’autres assurent aussi la pérennisation de la douleur comme le peptide lié au gène

de la calcitonine (CGRP).

Certaines de ces substances (bradykinine, histamine, sérotonine, prostaglandines…)

sont capables d’activer et (ou) de sensibiliser les nocicepteurs ; d’autres telle que la

substance P, interviennent dans les processus d’inflammation neurogène, alors que le

système sympathique via la libération de noradrénaline, modulerait l’activité des

nocicepteurs dans des conditions pathologiques particulières, notamment dans le cas

de lésion de nerfs périphériques. (34)

Schéma 7 : physiologie de la douleur : étape cutanée

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-59-

Schéma 8 : Initiation de l’influx nociceptif (d’après A. ROUSSIN et B. FRANCES, 1996)

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Schéma 9 : Nociception et neuromédiateur ( d’après P. GINIES Atlas de la douleur Paris

1999)

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-61-

2.1.2 AU NIVEAU DE LA MOELLE EPINERE

2.1.2.1 voies de transmission spinale des nociceptifs périphériques

(35)

♦♦ NNEEUURROONNEESS IIMMPPLLIIQQUUEESS

Schéma 10 : Distribution des fibres afférentes au niveau de la corne dorsale de la moelle

(d’après VIBES J. Guide de la douleur 2001)

On distingue deux groupes d’interneurones médullaires nociceptifs.

- neurones spécifiquement nociceptifs : ils ne sont activés que par des stimulations

nociceptives cutanées, mécaniques et/ou thermiques (couche I et II)

- neurones nociceptifs non spécifiques dits convergents :

Ils répondent de façon préférentielle mais non exclusive aux stimulations nociceptives

mais aussi à des stimulations mécaniques diverses non nociceptives de faible intensité

ainsi qu’à des stimulations nociceptives viscérales ou musculaires (couche V)

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-62-

Après leur trajet dans les nerfs périphériques, les fibres afférentes rejoignent le système

nerveux central par les racines rachidiennes postérieures ou leurs équivalents au niveau des

nerfs crâniens. Les fibres Aδ et C se terminent de façon massive au niveau des couches

superficielles de la corne dorsale de la moelle (couche I, zone marginale et couche II, qui

correspond à la substance gélatineuse). Les fibres A de gros calibre forment 2 collatérales

primaires dans la moelle, l’une monte et rejoint les fibres des colonnes dorsales pour atteindre

l’étage bulbaire, l’autre descend pendant quelques segments. De ces deux collatérales

primaires partent des collatérales secondaires dont certaines prennent contact avec les

motoneurones ce qui correspond au réflexe médullaire (réflexe d’extension, phénomène

médullaire sans intégration corticale), les autres connectent avec les interneurones

médullaires qui reçoivent déjà les terminaisons des fibres afférentes de plus fin diamètre (C et

un peu de Aδ).

♦♦ VVOOIIEESS AASSCCEENNDDAANNTTEESS IIMMPPLLIIQQUUEEEESS

Les voies ascendantes antéro-latérales jouent un rôle majeur dans la transmission des

messages nociceptifs vers les centres supérieurs.

- faisceaux spino-réticulaires

- faisceaux spino-ponto-mésencephaliques

- faisceau spino-thalamique

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-63-

2.1.2.2 Transmission de l’influx des nocicepteurs aux neurones nociceptifs

spinaux

Cette transmission s’effectue grâce à la libération par les fibres afférentes.

• d’acides aminés excitateurs (A.A.E) : glutamate surtout mais aussi aspartate

De plus, des récepteurs de ces acides aminés ont pu être identifiés notamment au niveau de la

moelle épinière : type N-méthyl-D-aspartate (NMDA) ou non NMDA ; la stimulation des

NMDA entraînerait une amplification des phénomènes d’hyperalgésie et d’allodynie et

neurogènes.

• neuropeptides :

Une vingtaine ont pu être décrits comme neuromédiateurs substance P, le CGRP, la

sérotonine, la somatostatine.

• monoxyde d’azote

La substance P serait capable de libérer à partir des cellules endothéliales le monoxyde

d’azote qui accroît la vasodilatation capillaire. Il serait impliqué dans le processus de douleur

chronique associant les récepteurs NMDA (36).

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-64-

2.2 DE LA MOELLE EPINIERE AU CERVEAU

(37-38)

2.2.1 DE LA MOELLE VERS LE THALAMUS

De la moelle vers le thalamus, les fibres se regroupent en faisceaux, déterminant :

2.2.1.1 La voie LEMNISCALE

Elle est composée de fibres myéliniques Aα de gros calibre ; cette voie est le support de la

sensibilité discriminative (sensibilité tactile fine,…).Elle intervient davantage dans un

contrôle de la douleur que dans sa conduction.

2.2.1.2 La voie EXTRA-LEMNISCALE

Elle est composée de fibres myéliniques Aδ et amyéliniques de petit calibre, elle est celle de

la sensibilité discriminative (perceptions tactiles grossières, thermiques, douloureuses).

2.2.2 DU THALAMUS VERS LE CORTEX

Après leur trajet dans les nerfs périphériques, les fibres afférentes font synapse dans le

thalamus, relais fondamental de la nociception. A partir du thalamus, les projections se font

sur les aires sensitives du cortex.

La sensation douloureuse brute est fournie par le thalamus ; le cortex intervient pour y ajouter

des composantes : l’algognosie et l’algothymie.

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Schéma 11 : Les voies de la douleur (d’après COUTURIER M. La douleur Paris)

L’état des connaissances sur les structures supraspinales impliquées dans la nociception est

imparfait. La multiplicité des faisceaux médullaires ascendants suggère que la nociception et

la douleur ne peuvent être dépendantes d’un système unique et qu’il n’y a pas de centre

spécifique de la douleur.

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-66-

Schéma 12 : Principaux relais supraspinaux impliqués dans la nociception (d’après

GINIES P. Atlas de la douleur Paris 1999)

Après relais dans la corne postérieure

de la moelle, la plupart des messages

nociceptifs croisent la ligne médiane

par la commissure grise antérieure et

gagnent les centres supérieurs par le

quadrant ventrolatéral, puis se

projettent massivement sur la

formation réticulée du tronc cérébral

du thalamus.

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-67-

2.2.3 LES DIFFERENTS RELAIS

2.2.3.1 Relais BULBAIRES

La formation réticulée bulbaire pourrait avoir un rôle dans les réactions motrices et les

réactions d’éveil liées à la douleur.

Elle participe également aux phénomènes régulateurs de l’activité des neurones spinaux

(boucle spino-bulbo-spinale). La plupart des neurones de ces structures sont également activés

par d’autres modalités sensorielles.

C’est aussi une zone de contrôle et d’interaction de multiples systèmes : la motricité, la

respiration, la vigilance.

2.2.3.2 Relais PONTO-MESENCEPHALIQUES

De part leurs projections, les relais ponto-mésencéphaliques jouent un rôle important dans les

processus émotionnels liés à la douleur (peur, mémorisation de l’atteinte nociceptive).

La formation réticulée mésencéphalique est une interface entre des mécanismes de douleur et

d’éveil.

2.2.3.3 Relais THALAMIQUES

o le thalamus LATERAL possède un rôle important dans la composante sensori-

discriminative de la douleur.

o du thalamus MEDIAN partent des projections sur les aires corticales motrices.

Cela lui donne un rôle dans l’élaboration des réactions motrices et

émotionnelles liées à la douleur.

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2.2.3.4 Relais CORTICAUX

L’état des connaissances est encore imparfait. On peut dire par exemple que le thalamus

médian envoie des connexions synaptiques vers le cortex somato-moteur, vers le cortex

associatif au sens large c’est à dire le paléo-cortex à l’origine de la réaction émotive avec son

aspect désagréable, et le néo-cortex pré-frontal, siège de la composante cognitive de la

douleur. Le cortex insulaire apparaît comme l’interface des aspects émotionnel et cognitif.

2.3 LES SYSTEMES DE CONTROLE DE LA DOULEUR

Les premiers travaux mettant clairement en évidence l’existence de systèmes de contrôle de la

douleur ont été ceux de Melzack et Wall en 1965 qui ont défini la « Gate control theory of

Pain »

2.3.1 MECANISMES SPINAUX DE L’INHIBITION D’ORIGINE PERIPHE-

RIQUE

2.3.1.1 La théorie du « Gate control »

Les fibres sensitives de gros calibre Aδ et Aβ inhibent la propagation de l’influx nociceptif en

excitant un système interneuronal inhibiteur. L’influx algique est lui véhiculé par les fibres Aδ

et C. L’interneurone est situé dans la couche II ou substance gélatineuse de Rolando d’après

hypothèse, les influx en provenance des grosses fibres entretiendraient un tonus inhibiteur,

lequel serait fixé par l’arrivée « suffisante » d’une volée nociceptive- entraînant l’ouverture de

portillon- tonus qui au contraire, serait renforcé par une activation supplémentaire des Aδβ.

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-69-

Schéma 13 : la théorie du gate control

2.3.1.2 Le modèle proposé par Jessell et Iversen en 1977

L’inhibition des fibres nociceptives par l’interneurone dépend de la libération d’un

neuromédiateur-enképhaline ou/et GABA qui se comporte comme une clé qui va se fixer sur

un récepteur, la serrure, situé à l’extrémité de la fibre nociceptive, en position pré-synaptique,

inhibant ainsi la libération, par cette fibre, de ses propres neurotransmetteurs (A.A.E…).

Ce modèle complète la théorie du « Gate control ».

2.3.1.3 Contrôles segmentaires

Le passage d’influx conduits par des fibres de grand diamètre, en majorité tactiles, exerce une

inhibition sur les messages nociceptifs qui le suivent. Cependant, une arrivée massive d’influx

nociceptifs peut limiter les effets de cette inhibition.

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-70-

2.3.2 CONTROLES D’ORIGINE SUPRA-SPINALE

(39)

Ils s’exercent essentiellement depuis le tronc cérébral. Expérimentalement, la stimulation

électrique de la substance grise péri-aqueducale (SGPA) au niveau du mésencéphale ou de

certains noyaux du raphé (au niveau du bulbe) entraîne des effets antalgiques importants. Elle

bloque la transmission spinale de l’influx nociceptif en mettant en jeu des voies descendantes

inhibitrices qui sont surtout sérotoninergiques et noradrénergiques. D’autres systèmes ont été

identifiés : dopaminergiques, cholinergiques (avec la CCK ou cholécystokinine), etc.

2.3.3 CONTROLES INHIBITEURS DESCENDANTS DIFFUS INDUITS PAR

STIMULATION NOCICEPTIVE (CIDN)

Le concept repose sur le fait qu’un stimulus douloureux est susceptible de diminuer, voire de

masquer la douleur appliquée sur une partie différente et éloignée du corps (« douleur qui en

masque une autre »)

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-71-

Schéma 14 : les CIDN (d’après LE BARS D. and Coll. Advances in pain research and

therapy. Vol 5. 1983)

Les CIDN ne s’exercent que sur des neurones convergents. Leur fonctionnement fait

intervenir une boucle spino-bulbo-spinale comprenant dans sa partie ascendante, le faisceau

spino-réticulaire, puis un relais synaptique dans le tronc cérébral. Le contrôle inhibiteur passe

ensuite par les voies ascendantes inhibitrices sérotoninergiques.

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-72-

2.3.4 LE SYSTEME DE CONTROLE OPIOÏDE

« Chaque homme porte en lui sa dose d’opium naturel, incessamment secrétée et renouvelée »

(Baudelaire, Les paradis artificiels)

2.3.4.1 Récepteurs ou sites de liaison

RECEPTEUR µ RECEPTEUR δ RECEPTEUR µ

LOCALISATION :

Moelle épinière

Couche II Dans les différentes

couches

Substance de Rolando

LOCALISATION :

supra-spinal

SGPA , noyau du

raphé

Noyaux gris centraux

Système limbique

Axe

neurohypophysaire

ACTIVITES Analgésique

Dépresseur

respiratoire des

morphino-mimétiques

Analgésique

excitatif

Analgésique

Sédatif

2.3.4.2 Les ligands

Il existe 3 familles d’opioïdes endogènes issus de précurseurs différents. Les interneurones

contenant de l’enképhaline semblent moduler la transmission des messages douloureux en

libérant l’enképhaline qui irait sur les récepteurs morphiniques localisés sur les extrémités des

fibres Aδ et C, bloquant la libération de la substance P.

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-73-

33-- TTRRAAIITTEEMMEENNTTSS DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

3.1 PRINCIPE DU TRAITEMENT ANTALGIQUE

(40)

La stratégie de la prescription d’un antalgique doit respecter quelques règles et principes.

- En cas de douleur aiguë, l’administration peut se faire à la demande du patient bien

que l’attitude préventive soit de plus en plus adoptée.

- Dans les douleurs chroniques, l’antalgique doit être administré à intervalles

réguliers, à horaires fixes, précisés par écrit en fonction de la durée d’action de

l’antalgique choisi.

- Un traitement antalgique doit être réévalué au bout de 24 ou 48 heures et adapté

pour chaque patient.

- Afin d’optimiser le traitement, il faut respecter les contre-indications, choisir le

produit le mieux toléré à posologie efficace, connaître sa cinétique pour

l’espacement des prises, proposer des doses modérées lors des premières prises et

être prudents avec les personnes âgées et enfants.

- La substitution d’un produit actif n’est justifiée que s’il devient mal toléré ou si

l’administration d’un dérivé plus puissant permet de réduire les quantités

prescrites.

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-74-

3.2 TRAITEMENT MEDICAMENTEUX

(41-42)

La méthode proposée par l’OMS est basée sur l’utilisation de 3 types de médicaments classés

par paliers. Cette classification fut adoptée d’abord pour le traitement des douleurs

cancéreuses puis utilisée pour les douleurs non cancéreuses ; elle n’est pas utilisable pour les

douleurs aiguës.

- le premier palier est celui des douleurs d’intensité faible à modéré pour lesquelles

on a recours aux médicaments non morphiniques, essentiellement le paracétamol

ou l’aspirine et les autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

- le second palier est celui des douleurs considérées comme modérées à sévères et

qui n’ont pas été soulagées par les médicaments précédents, pour lesquelles on a

recours aux morphiniques dits « faibles », associés ou non aux produits de premier

palier.

- Le troisième palier est celui des douleurs intenses d’emblée, avec la morphine

comme référence.

Palier 1 : antalgiques périphériques

Paracétamol, aspirine, floctafénine, ibuprofène.

Palier 2 : opioïdes faibles

Dextropropoxyphène, codéine, chlorhydrate de tramadol

Palier 3 : opioïdes forts

Morphine (Skenan®…), Agonistes morphiniques purs (fentanyl (Durogésic®), péthidine

(Dolosal®), dextromoramide (Palfium®)), Agonistes/ Antagonistes morphiniques

(buprénorphine (Temgesic®), nalbuphine (Nubain®), pentazocine (Fortal®))

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3.2.1 LES ANTALGIQUES PERIPHERIQUES (PALIER I DE L’OMS)

3.2.1.1 Les antalgiques purs

Cette classe est représentée par la Floctafénine (Idarac®). Entraînant des réactions allergiques

cutanéo-muqueuses ou générales (choc anaphylactique), cette molécule n’est pas utilisée en

première intention.

3.2.1.2 Les antalgiques antipyrétiques

♦♦ LLEE PPAARRAACCEETTAAMMOOLL

Complètement absorbé au niveau de la muqueuse gastrique, il est métabolisé par le foie en

glycuro- et sulfoconjugués et éliminé à 95% dans les urines. La puissance antalgique du

paracétamol est comparable à celle de l’aspirine. La dose maximale est de 4g/jour et qui doit

être moindre chez l’insuffisant rénal ou hépatique. Ces contre-indications sont l’insuffisance

hépato-cellulaire et l’hypersensibilité au paracétamol. Le surdosage aigu (dose supérieure à

8 g ) entraîne une cytolyse dans les 24 heures.

Chez l’hémodialysé, la demi-vie du paracétamol passe de 119 à 147 minutes dans la période

interdialytique et décroît ensuite lors de l’hémodialyse qui est le seul moyen d’éliminer le

paracétamol et ses métabolites.(43) Une étude qui réalise des dosages quotidiens sur dix jours

de paracétamol et de ses métabolites a été effectuée chez des patients hémodialysés

chroniques ; il a été donné 1 gramme de paracétamol trois fois par jour pendant dix jours par

voie orale ; les résultats ont montré une concentration plus faible en dérivé glycuro et

sulfoconjugués par rapport à ce qui été prévu ; il n’y avait pas donc d’évidente accumulation

de ces métabolites toxiques ; il se peut qu’il y ait alors une élimination entérohépatique des

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dérivés conjugués du paracétamol ou une déplétion de substrat comme le sulfate

inorganique.(44)

♦♦ LLAA NNOORRAAMMIIDDOOPPYYRRIINNEE

Elle est rapidement et totalement résorbée par voie digestive, puis déméthylée et

glycuroconjuguée au niveau du foie et éliminée à 80% dans les urines avec une demi-vie de 7

heures. La posologie recommandée est de 0,5 à 1 g trois fois par jour. Bien que son activité

analgésique soit supérieure à l’aspirine et au paracétamol, elle n’est pas utilisée en première

intention car elle peut être responsable d’agranulocytoses mortelles imprévisibles et

indépendantes de la dose administrée ou de l’administration antérieure éventuelle. En cas

d’apparition de fièvre, d’angine ou d’ulcérations buccales, il est impératif d’arrêter le

traitement et de contrôler la numération de la formule sanguine.

3.2.1.3 Antalgiques antipyrétiques anti-inflammatoires

Ce groupe comprend les salicylés et les AINS. Il faut noter que seules certaines molécules

d’AINS ont leur indication spécifique d’antalgiques pour la sédation de douleurs modérées à

intenses. Mais tous les AINS sont particulièrement indiqués pour les douleurs relevant des

pathologies inflammatoires.

♦♦ LL’’AACCIIDDEE AACCEETTYYLLSSAALLIICCYYLLIIQQUUEE

L’aspirine per os se montre antalgique chez l’adulte à partir de 400mg par prise avec un

plafond antalgique vers 1 g et une durée d’action de 4 à 6 heures pour les formes comprimés

ou solubles. La dose analgésique à ne pas dépasser est de 4g /jour. L’activité antipyrétique

résulte d’une action au niveau des centres hypothalamiques de la thermorégulation. Son

activité anti-inflammatoire n’apparaît qu’à des doses de 3 à 4 g/jour. L’aspirine a un effet

uricosurique à forte dose et antiagrégant plaquettaire à faible dose. Ces contre-indications

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sont : l’allergie à l’aspirine et aux salicylés, les maladies ulcéreuses gastro-duodénales, les

maladies hémorragiques, les risques hémorragiques, l’association avec les AVK et le

méthotrexate.

♦♦ LLEE DDIIFFLLUUNNIISSAALL ((DDOOLLOOBBIISS®®))

C’est un dérivé salicylé présentant les mêmes effets que l’aspirine mais son élimination à 90%

par voie rénale le contre-indique chez les insuffisants rénaux.

♦♦ LLEESS AANNTTII--IINNFFLLAAMMMMAATTOOIIRREESS NNOONN SSTTEERROOÏÏDDIIEENNSS

Les seules molécules qui ont une indication d’antalgiques pour la sédation de douleurs

modérées à intenses sont l’ibuprofène, l’acide méfénamique, le kétoprofène. Leur effet

antalgique dure 4 à 8 heures et plafonne à partir d’une certaine dose : 400 mg pour

l’ibuprofène, 100 mg pour le kétoprofène.

Les AINS et l’aspirine présentant une forte liaison aux protéines et l’utilisation prolongée

entraînant un risque d’insuffisance rénale ne sont pas recommandés en cas d’insuffisance

rénale.

3.2.2 LES ANTALGIQUES CENTRAUX

3.2.2.1 Les antalgiques centraux non narcotiques

♦♦ NNEEFFOOPPAAMM ((AACCUUPPAANN®®))

Cette molécule dont le mécanisme d’action n’est pas encore totalement élucidé possède une

action inhibitrice sur la recapture de la sérotonine, de la dopamine, de la noradrénaline et une

faible action anticholinergique. Il n’entraîne pas de dépression respiratoire ni

d’accoutumance. Ses effets antalgiques apparaissent après 15 à 30 minutes après injection I.M

et durent 4 à 6 heures et sont équivalents à 12 mg de morphine. La posologie maximale est de

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120 mg/24 heures. Il est indiqué dans les douleurs intenses et de courte durée. Les effets

indésirables sont : sueurs, somnolence, effets atropiniques (bouche sèche, tachycardie,

vertiges…). Ses contre-indications sont le glaucome, l’adénome prostatique, antécédents

convulsifs et enfants de moins de 15 ans.

♦♦ LLEESS AANNTTIIDDEEPPRREESSSSEEUURRSS TTRRIICCYYCCLLIIQQUUEESS :: IIMMIIPPRRAAMMIINNEE,, CCLLOOMMIIPPRRAA--

MMIINNEE,, AAMMIITTRRIIPPTTYYLLIINNEE..

Ces molécules exercent leur activité analgésique centrale par inhibition de la recapture de la

sérotonine et de la noradrénaline, neuromédiateurs impliqués dans les contrôles exercés sur la

transmission des messages algogènes au niveau de la moelle et du tronc cérébral. Leurs effets

antalgiques s’observent après plusieurs jours de traitement (5 à 10) pour une posologie (40 à

75 mg / jour) souvent inférieure à celle utilisée pour traiter des syndromes dépressifs. Leur

efficacité antalgique est prouvée pour les douleurs chroniques par désafférentation nerveuse

(neuropathie diabétique, névralgie postzostérienne), des céphalées de tension ou des

lombalgies chroniques.

♦♦ LLEESS AANNTTII--EEPPIILLEEPPTTIIQQUUEESS

Ils sont utilisés dans le traitement de fond de la composante paroxystique de la douleur

neurogène en association avec les antidépresseurs tricycliques.

Le clonazépam est le plus utilisé en raison de ses propriétés anxiolytiques, myorelaxante et

pour sa bonne tolérance.

La carbamazépine peut aussi être utilisée sans dépasser 2000 mg/24 heures.

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3.2.2.2 Antalgiques centraux narcotiques

Les narcotiques, dont le chef de file est la morphine, exercent leurs effets en agissant sur

différents récepteurs opioïdes (mu, delta, kappa, epsilon) situés au niveau du système nerveux

central ou périphérique. Leurs effets antalgiques résultent de l’activation préférentielle des

récepteurs mu et kappa situés au niveau des centres de transmission ou d’intégration des

messages nociceptifs dans la moelle, le tronc cérébral ou les structures diencéphalo-corticales.

Les effets dépresseurs respiratoires sont induits par l’activation des récepteurs mu au niveau

des centres respiratoires du tronc cérébral.

♦♦ AAGGOONNIISSTTEESS MMOORRPPHHIINNIIQQUUEESS FFAAIIBBLLEESS :: PPAALLIIEERR IIII

Codéine

Dérivé naturel de l’opium, c’est un analgésique morphinique ayant un effet antalgique 5 à 10

fois plus faible que la morphine. Elle est absorbée au niveau intestinal à 70% et rapidement

métabolisée au niveau hépatique en dérivés glycuronés et en morphine (10%). Par voie orale,

30 mg de codéine sont équi-analgésiques à 650 mg d’aspirine et ont une durée d’action

d’environ 4 heures. La codéine est utilisée de façon optimale avec un antalgique périphérique

(paracétamol, aspirine). Elle induit des effets secondaires comme la somnolence, la

constipation et les nausées. Aux doses supra-thérapeutiques, il y a risque de dépendance et de

syndrome de sevrage à l’arrêt brutal (surdosage chez l’adulte à partir de 2mg/kg/prise) Les

contre-indications sont la prise simultanée d’agonistes/antagonistes morphiniques, l’asthme,

l’insuffisance respiratoire et hépatique, la toxicomanie, l’enfant de moins de 15 ans…

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Un test réalisé sur un groupe de patients sains et un groupe de patients hémodialysés recevant

chacun la même dose de codéine étude la pharmacocinétique de la codéine et de ses

métabolites dans ces deux groupes : il s’avère que la demi-vie d’élimination de la codéine est

significativement plus importante chez l’hémodialysé mais la clairance et le volume de

distribution de la codéine ne sont pas significativement différents. Un ajustement posologique

peut être fait pour des patients urémiques recevant des doses fréquentes de codéine. (45)

Dextropropoxyphène

C’est un analgésique morphinique mineur ayant un effet antalgique inférieur à celui de la

codéine (50 fois inférieur), peu toxicomanogène aux doses thérapeutiques. Il a une durée

d’action de 4 heures et une demi-vie de 6 à 20 heures qui empêche l’administration répétitive

et invite à la prudence chez les insuffisants rénaux. Le dextropropoxyphène est métabolisé au

niveau hépatique en norpropoxyphène qui a une demi-vie de 15 à 30 heures et qui présente

l’inconvénient d’induire des tremblements et des convulsions. Le dextropropoxyphène est

prescrit soit associé à du paracétamol (Diantalvic®) ou avec en plus de la caféine

(Propofan®). Sa posologie est de 3 à 6 mg/kg/jour répartie en trois prises. Les effets

indésirables sont les nausées, les vomissements, l’asthénie, des douleurs abdominales,

somnolence, la survenue d’hypoglycémie et de cardiotoxicité. Les contre-indications sont la

prescription simultanée d’agonistes/antagonistes, l’insuffisance hépatique et rénale sévère,

toxicomanie, grossesse, allaitement, enfant de moins de 15 ans.

Dans les conditions d’utilisation thérapeutique, la codéine et le dextropropoxyphène ne

présentent pas de risque de dépression respiratoire ni de potentiel toxicomanogène.

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Chlorhydrate de tramadol

C’est un analgésique morphinique agissant par fixation sur les récepteurs opioïdes de type mu

qui inhibe la transmission du message douloureux et par inhibition de la recapture de la

noradrénaline et de la sérotonine (effet monoaminergique) qui renforce le contrôle inhibiteur

de la douleur. Par voie orale, le pic sérique est atteint en 2 heures. Les indications sont les

douleurs modérées à intenses de l’adulte. Les effets indésirables sont les nausées,

vomissements, vertiges, somnolence légère, asthénie, sueurs, convulsions… En cas

d’insuffisance rénale, on administre une prise toutes les 12 heures. La posologie maximale est

400 mg/24 heures. Les contre-indications sont l’épilepsie non contrôlée, insuffisance

respiratoire et hépatique, agoniste/antagonistes, IMAO…

♦♦ LLEESS AAGGOONNIISSTTEESS MMOORRPPHHIINNIIQQUUEESS PPUUIISSSSAANNTTSS :: MMOORRPPHHIINNEE EETT DDEERRII--

VVEESS :: PPAALLIIEERR IIIIII

La morphine

La morphine est un alcaloïde de l’opium, agoniste des récepteurs opioïdes mu. Son effet

antalgique est dose-dépendant. Il n’existe pas d’effet plafond ce qui permet d’aller jusqu’à des

posologies très élevées. Elle existe sous forme de sulfate de morphine (Moscontin®,

Skenan ®) dont l’intérêt majeur réside dans la longue durée d’action autorisant deux prises

quotidiennes et le Sevredol® et l’Actiskenan® à libération immédiate (action en 15 à 30

minutes) et sous forme de chlorhydrate de morphine en soluté buvable (action en 20 à 60

minutes) ou injectable (action en 20 minutes).

Elle est indiquée dans les traitements de douleurs aiguës intenses et comme traitement des

douleurs chroniques après échec des antalgiques des paliers I et II.

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Les effets indésirables sont nombreux : constipation, nausées, vomissements, dépression

respiratoire, somnolence, sédation, confusion mentale, cauchemars, rétention urinaire. Les

contre-indications sont : l’insuffisance respiratoire, l’état convulsif, l’hypertension

intracrânienne, … L’association est formellement contre-indiquée avec les

agonistes/antagonistes morphiniques, la naloxone (Narcan ® antagoniste des opiacés) et les

IMAO sélectifs ou non.

Modalités de prescription de la morphine et des morphiniques (46)

Dans les douleurs aiguës :

Le recours aux morphiniques dépend de l’intensité de la douleur ; si celle-ci l’impose, la

morphine peut être prescrite et utilisée par voie intraveineuse. En pratique, on administre une

dose de charge à intervalles réguliers, de façon séquentielle (0,03 mg/kg toutes les 10

minutes) jusqu’à obtenir une analgésie sans apparition de sédation ou de dépression

respiratoire. L’administration peut se poursuivre par pompe autocontrôlée par le patient ou par

injections à intervalles réguliers. Pour la morphine, la dose de charge est comprise le plus

souvent entre 5 et 10 mg toutes les 3 à 4 heures par voie intraveineuse ou sous-cutanée. La

surveillance se fait par la surveillance hémodynamique, du degré de somnolence, de la

fréquence respiratoire et de l’analgésie avant chaque injection.

Dans les douleurs chroniques d’origine cancéreuse :

Le recours à la morphine est habituel.

Par voie orale, la posologie initiale est de 60 mg / 24H, répartis en 6 prises s’il s’agit d’une

forme à libération immédiate ou en 2 prises espacées de 12 heures pour Moscontin® et

Skenan®. En cas d’insuffisance de soulagement lors de la première journée de traitement, des

doses intermédiaires de 10 mg de morphine à libération rapide peuvent être administrées. La

posologie du lendemain correspond si la sédation de la douleur a été satisfaisante à la dose

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totale reçue, répartie en 6 ou 2 prises. Dans l’hypothèse inverse, la posologie est augmentée

de 50 % jusqu’à obtention d’une analgésie correcte.

Dans les douleurs chroniques non cancéreuses :

Par exemple, concernant les douleurs rhumatologiques, le Cercle d’étude de la douleur

rhumatologique a élaboré en 1999 des recommandations sur l’utilisation de la morphine en

rhumatologie : « la dose de morphine initiale préconisée se situera entre 10 et 30 mg de

sulfate de morphine à libération prolongée, administrée par voie orale deux fois par jour à

horaire fixe, en tenant compte du terrain. Des posologies faibles seront instituées chez le

malade insuffisant rénal, hépatique et chez le sujet âgé. Un ajustement posologique se fera par

paliers en augmentant au plus de 50% la dose journalière. Une surveillance rapprochée, au

minimum à J14 et à J28 sera instituée pour apprécier les effets indésirables et l’efficacité de la

morphine. Un complément antalgique sera prescrit dans le cas de douleurs fluctuantes

(paracétamol, morphine à libération immédiate) ».

La morphine chez l’insuffisant rénal

Chez les patients insuffisants rénaux, il existe un allongement des effets de la morphine, quel

que soit son mode d’administration, avec persistance de la dépression respiratoire au-delà de

la durée d’action de la morphine. Dès 1975, Don rapporte trois cas de dépression respiratoire

jusqu’à six jours après l’administration répétée de morphine intraveineuse (47).

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Les premières études sur la pharmacocinétique de la morphine chez l’insuffisant rénal

retrouvaient une altération de la pharmacocinétique avec une importante accumulation,

ensuite on a découvert que la clairance plasmatique de la morphine et la demi-vie

d’élimination ne seraient pas modifiées par l’insuffisance rénale car elles seraient compensées

(augmentation de l’absorption digestive de la morphine, diminution de l’effet de premier

passage hépatique, diminution de l’élimination de la morphine sous forme inchangée..). (48)

En qui concernent les métabolites de la morphine M3G et M6G (dérivés issus de la

glucuronoconjugaison hépatique) lors de l’insuffisance rénale, il existe une accumulation

importante de ces métabolites dans le plasma et le liquide cephalo-rachidien. Le taux de M6G

à H24 est 15 fois plus élevé chez l’insuffisant rénal (49) or la dépression respiratoire

prolongée décrite dans de nombreuses études chez l’insuffisant rénal pourrait être due à

l’action au niveau central de ces métabolites et surtout de la M6G.

L’ajustement posologique doit permettre de s’adapter à ces modifications

pharmacocinétiques.

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Fentanyl (Durogésic®)

C’est une molécule dont la puissance antalgique est au moins 50 fois plus élevée que la

morphine. Elle présente une affinité hautement sélective pour les récepteurs mu. Il est utilisé

sous forme de patchs (25, 50, 75 ou 100 µg/h); la molécule est solubilisée dans un gel

d’hydroxyéthylcellulose qui contient de l’alcool pour favoriser la pénétration cutanée. Cette

forme permet une délivrance progressive et stable du principe actif évitant ainsi les pics et

« vallées » des autres voies, une accessibilité indépendante de l’état du tube digestif et une

absence de premier passage hépatique. Les concentrations plasmatiques augmentent pendant

les 12 premières heures puis il y a un plateau entre la 24ème et la 72ème heure. Ensuite les

concentrations diminuent pendant une vingtaine d’heures. Le temps de demi-vie est de 17

heures. Ces caractéristiques cinétiques expliquent que l’analgésie apparaisse avec un délai de

8 à 16 heures et qu’elle persiste pendant 12 à 24 heures après l’ablation du patch. Les effets

indésirables sont moindres qu’avec la morphine : moins de constipation, nausées,

vomissements.

Hydromorphone (Sophidone®)

L’hydromorphone est indiquée dans « le traitement de deuxième intention des douleurs

cancéreuses s’il y a résistance ou intolérance à la morphine. ». Elle se présente sous forme de

gélules à libération retardée (12 heures). Il s’agit d’un agoniste des récepteurs opiacés mu

avec une puissance 5 à 7,5 fois supérieure à celle de la morphine.

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Péthidine (Dolosal®)

C’est un analgésique morphinique de synthèse ; elle possède une action antalgique moins

puissante que celle de la morphine, un effet tachycardisant et un pouvoir histaminolibérateur

plus important. C’est le seul morphinique spasmolytique. La posologie en IM est de 100 à 200

mg/ 24 heures et maximum 250mg/ 24 heures.

Dextromoramide (Palfium®)

C’est un antalgique qui a une puissance supérieure deux à trois fois à celle de la morphine. Il

possède un effet hypotenseur et bradycardisant qui obligent le patient à rester en décubitus

pendant l’heure qui suit l’administration.

Aujourd’hui, cette molécule est abandonnée car elle a une courte durée d’action (2 heures) et

un fort pouvoir toxicomanogène.

♦♦ LLEESS AAGGOONNIISSTTEESS PPAARRTTIIEELLSS EETT AAGGOONNIISSTTEESS--AANNTTAAGGOONNIISSTTEESS ::

OOPPIIOOÏÏDDEESS FFOORRTTSS :: PPAALLIIEERR IIIIII

Ces médicaments ont en commun un effet plafond auquel fait suite si on continue

d’augmenter les posologies, une diminution de l’effet antalgique et une augmentation des

effets indésirables.

En outre, les agonistes-antagonistes antagonisent la morphine d’où la nécessité de ne jamais

les associer à la morphine sous peine de voir s’annuler les actions antalgiques des deux

médicaments en présence. De même, l’utilisation d’agonistes-antagonistes chez un sujet traité

par la morphine expose au risque de sevrage. Si cet antagonisme avec les agonistes purs

n’existe pas avec la buprénorphine (« agoniste partiel »), l’intense fixation de celle-ci aux

récepteurs mu est telle que si un malade prend en plus de la morphine, celle-ci se fixe peu sur

les récepteurs et n’agit pas pendant au moins huit heures.

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Agoniste partiel

Buprénorphine (Temgesic®)

Il s’agit d’un agoniste des récepteurs mu mais partiellement c'est-à-dire qu’elle n’induit pas la

totalité de l’activité potentielle du récepteur ; en pratique, on parle de l’effet plafond : au-delà

d’une certaine quantité, on n’obtient pas de supplément d’activité et parfois même on observe

une inversion de celle-ci et les effets indésirables augmentent. Par contre, la liaison de la

molécule au récepteur est très forte : les doses équi-analgésiques à la morphine sont de 30 à

40 fois inférieures avec l’agoniste partiel. Les agonistes partiels mu sont aussi antagonistes

delta et kappa, d’où l’autre dénomination « agonistes partiels-antagonistes »

Cette molécule se présente sous forme de comprimés sublinguaux dosés à 0,2 mg ou en

ampoule de 1 ml(= 0,3 mg). La buprénorphine entraîne une action analgésique entre 15 et 45

minutes après la prise ; la durée d’action est longue, de 8 à 12 heures ce qui réduit le nombre

de prises à deux ou trois fois par jour. L’effet plafond s’observe en clinique à une posologie

de 3 à 8 mg par voie sublinguale. Les effets indésirables sont plus fréquents qu’avec la

morphine mais tout aussi transitoires ; la dépression respiratoire, moins fréquente grâce à

l’effet plafond, est plus grave lorsqu’elle survient car l’antidote (naloxone) déplace plus

difficilement la buprénorphine des récepteurs mu.

Il existe une spécialité le Subutex® (buprénorphine) réservée au traitement de substitution

pour les toxicomanes bien que le risque toxicomaniaque se soit avéré possible.

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Agonistes- antagonistes

Ces molécules sont agonistes des récepteurs kappa et delta tandis qu’elles sont antagonistes

des récepteurs mu.

Pentazocine (Fortal®) (ampoule 1ml = 30 mg)

Son activité antagoniste mu explique sa faible puissance antalgique. L’effet hypertenseur et

tachycardisant de la pentazocine et son potentiel dysphorique et hallucinatoire à fortes doses,

expliquent sa faible utilisation actuelle. La posologie en Intra-Musculaire est de 90 à 120 mg

/24 heures en 4 à 6 injections avec une dose maximale de 180 mg/24 heures.

Nalbuphine (Nubain®) (ampoule 2 ml = 20 mg)

Chez l’adulte, son activité antalgique et ses effets dépresseurs respiratoires n’augmentent pas

au-delà de 30 mg alors que ses effets indésirables à type de somnolence, de nausées, de

vomissements continuent de s’accroître. La posologie est 10 à 20 mg toutes les 3 à 6 heures

avec une dose maximale de 160 mg/24 heures (voie Sous-cutanée, Intra-Musculaire, Intra-

Veineuse). La bonne tolérance cardiaque et hémodynamique de la nalbuphine permet son

emploi pour traiter les douleurs de l’infarctus du myocarde chez le sujet couché, mais sa durée

d’action est trop courte (3 à 6 heures) pour traiter les douleurs chroniques.

3.2.3 ANESTHESIQUE LOCAL UTILISE EN HEMODIALYSE : L’EMLA®

La crème ou patch Emla® est un anesthésique local (E.M.L.A= eutectic mixture of local

anesthesic). Il s’agit d’un mélange équimolaire de cristaux de lidocaïne et de prilocaïne qui

forment un corps huileux très concentré en principes actifs. Cette crème est capable de

traverser la peau et d’agir sur les terminaisons nerveuses superficielles de la peau. Elle

s’applique en couche épaisse sous pansement occlusif pendant au minimum une heure. L’effet

de serre permet un haut niveau d’hydratation local nécessaire à la diffusion du produit et à son

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-89-

activité optimale. Il ne faut pas masser, ni étendre pour faire pénétrer la crème. Certains

patients peuvent être allergiques à l’Emla®. Ils peuvent développer une pâleur cutanée et

érythème (=signe de l’activité de vasoconstriction puis de dilatation superficielle des

anesthésiques locaux)

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-90-

3.3 TRAITEMENTS NON MEDICAMENTEUX

3.3.1 METHODES INTERVENANT SUR LE CONTROLE DE LA DOULEUR

3.3.1.1 La neurostimulation

♦♦ LLAA SSTTIIMMUULLAATTIIOONN EEXXTTEERRNNEE CC''EESSTT--AA--DDIIRREE TTRRAANNSSCCUUTTAANNEEEE

Elle vise à renforcer le fonctionnement des fibres inhibitrices (de gros calibre) des nerfs

périphériques. Elle agirait aussi par un effet de masquage des influx nociceptifs transitant le

long de ces nerfs. Les électrodes doivent être placées sur la peau en regard des troncs nerveux

assurant l’innervation sensitive du territoire douloureux. L’emplacement des électrodes et

l’intensité du courant de stimulation sont jugées adéquats quand des paresthésies à type de

fourmillements sont perçues par le patient dans la zone algique.(50)

Plusieurs conditions sont requises pour observer sa meilleure efficacité :

• Ces troncs nerveux sont superficiels sous la peau.

• La zone douloureuse est topographiquement limitée.

• Les fibres à destinée lemniscale (de gros calibre, destinées aux cordons médullaires

postérieurs) situées centralement par rapport au siège de la stimulation sont

anatomiquement préservées.

• Le mécanisme de la douleur est de type désafférentation.

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-91-

• Le patient doit être motivé par l’utilisation de ce système, qu’il devra porter pendant

plusieurs semaines ou mois, l’ensemble étant constitué d’électrodes, de fils et du

stimulateur. Les meilleures indications sont les douleurs secondaires aux lésions

traumatiques des nerfs périphériques et aux amputations.

♦♦ LLAA SSTTIIMMUULLAATTIIOONN MMEEDDUULLLLAAIIRREE

Elle a pour but de renforcer l’action modulatrice des voies cordonales postérieures. Elle

s’effectue par l’implantation d’électrodes (en intrarachidien et en situation extradurale) soit

par voie percutanée soit par abord direct interlamaire. L’électrode bipolaire doit être placée de

préférence en regard des segments médullaires recevant les racines dorsales correspondant au

territoire douloureux. Le stimulateur est implanté en sous-cutané. Les meilleures indications

de cette technique sont les névralgies tronculaires, les sciatalgies de désafférentation, les

douleurs d’amputation.(50)

♦♦ LLEESS SSTTIIMMUULLAATTIIOONNSS TTHHAALLAAMMIIQQUUEESS EETT CCOORRTTIICCAALLEESS

Lorsque les voies lemniscales (cordonales postérieures) sont insuffisamment fonctionnelles,

on a recourt à ce type de stimulation.

La stimulation thalamique est réalisée par électrodes implantées au niveau du noyau

somesthésique si son intégrité a été démontrée (scanner…)

La stimulation corticale est appliquée à la région précentrale (cortex moteur) après mise en

place d’une électrode extra ou intradurale. Après une période- test d’une dizaine de jours,

l’électrode sera connectée à un boîtier de stimulation identique à celui utilisé au niveau

médullaire. La stimulation est effectuée avec une intensité inférieure à celle du seuil qui

déclencherait une réponse motrice. Les indications sont représentées par les douleurs centrales

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-92-

majeures ayant résisté aux traitements classiques. Les résultats sont remarquables par

l’efficacité antalgique et l’absence d’effets indésirables.

3.3.1.2 Le renforcement du contrôle opioïde

Ce n’est que lorsque les opiacés proposés d’emblée per os (la forme LP ayant transformé le

confort des patients) sont devenus inefficaces ou mal supportés que sont discutées les autres

voies d’administration : parentérale et sous-cutanée, voie périmédullaire et intracérébro-

ventriculaire avec pompe implantable. L’analgésie auto-controlée par le patient (PCA= patient

autocontrolled analgesia) se fait par IV, SC ou péridurale : un pousse-seringue relié à un

ordinateur permet au patient de s’administrer lui-même la morphine que réclame sa douleur,

sous forme de bolus de volumes variables ; les doses de bolus sont souvent de 1mg, il s’agit

souvent de la morphine qui offre le meilleur rapport qualité analgésique /effets colatéraux.

Des systèmes de sécurité évitent les surdosages (posologie horaire limitée, période réfractaire

qui correspond au pic d’action de la morphine intraveineuse et qui est comprise entre 5 et 10

minutes). Des pompes miniaturisées sont adaptées pour le traitement ambulatoire. La PCA

diminuerait la consommation des morphiniques ainsi que leurs effets secondaires. (51)

D’autres médicaments peuvent être injectés par voie péridurale : les corticoïdes, la clonidine

(agoniste α2) dans les douleurs de désafférentation, le baclofène dans les douleurs spastiques.

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-93-

3.3.2 TECHNIQUES ANESTHESIQUES ET NEUROCHIRURGICALES

(42)

3.3.2.1 Les techniques anesthésiques et neurochirurgicales à but

thérapeutique

Elles visent à interrompre les voies ascendantes de la douleur par interruption sélective

des petites fibres nociceptives, respectant les grosses fibres de la sensibilité tactile sous

peine d’induire des douleurs de désafférentation.

L’interruption peut se faire au niveau :

Des voies sensitives périphériques, sur le nerf sensitif lui-même par injection

d’anesthésiques locaux ou de produits neurolytiques ou par thermocoagulation

percutanée détruisant électivement les fibres nociceptives (indication :

névralgie faciale…)

Des voies radiculo-médullaires (douleurs cancéreuses…)

Des voies sympathiques

3.3.2.2 Les blocs anesthésiques transitoires à visée diagnostique

Ils bloquent l’influx douloureux aux différents niveaux des voies ascendantes nociceptives.

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3.3.3 AUTRES METHODES

• Acupuncture

• Kinésithérapie antalgique (massages, vibrations, balnéothérapie, thermothérapie…)

• Méthodes de relaxation

Cette technique est basée sur une action bipolaire c'est-à-dire à la fois sur l’aspect

physique, réduisant la tension musculaire et sur l’aspect psychologique, réduisant la

tension interne (anxiété, stress…). Certaines techniques utilisent le point de départ

musculaire (Jacobson), d’autres le point de départ mental (Schultz). La relaxation favorise

la baisse effective des stimuli nociceptifs liée au renforcement du sentiment que l’on a de

mieux contrôler sa douleur.

• Eléments de réadaptation qui vise à une indépendance physique (appareillage

(orthèses, prothèses…) et sociale

• Thérapies cognitives

Elles permettent une modification du vécu douloureux avec adaptation des pensées, des

idées et des images. On trouve des stratégies de distraction de la douleur qui consistent à

détourner l’attention de la douleur vers des concepts non douloureux et des stratégies de

restructuration du concept douloureux qui va de la simple méthode Coué à la

désomatisation de Turck (concentration de manière détachée sur la partie douloureuse du

corps). On travaille ici du mental vers le physique.

• Thérapies comportementales

Elles permettent une modification du comportement douloureux. Elles sont basées sur la

théorie du « conditionnement opérant de Skinner » qui postule que la probabilité

d’occurrence d’un comportement dépend de ses conséquences (connues ou supposées) les

unes renforçatrices les autres aversives. La suppression de la douleur est considérée

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comme la conséquence, le but étant l’augmentation de l’activité physique, grâce à

l’adoption de stratégies de comportements adaptés. Cette technique diminue à la fois les

influx nociceptifs par des mouvements adaptés et augmentent les mécanismes inhibiteurs

grâce aux influx proprioceptifs qui naissent du mouvement lui-même. A l’inverse des

thérapies cognitives, on travaille du physique vers le mental.

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-96-

44-- MMEETTHHOODDEESS DD’’EEVVAALLUUAATTIIOONN DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

4.1 INTRODUCTION

L’un des principes de base du traitement de la douleur est prendre en considération la plainte

douloureuse, sans jamais émettre de doute sur la légitimité.

Une relation médecin-malade reposant sur la confiance réciproque est essentielle pour la prise

en charge de la douleur.

L’évaluation de la douleur est indispensable avant toute décision thérapeutique. Elle permet

également d’apprécier l’efficacité d’un traitement antalgique déjà instauré. L’évaluation

quantitative vise à déterminer l’intensité de la douleur. L’évaluation qualitative vise à

différencier les différentes composantes de la douleur : évocation du processus causal

(douleur neuropathique, douleur inflammatoire), répercutions psychologiques.

Evaluer un phénomène subjectif

Admettre la nature subjective de la douleur aide à mieux comprendre pourquoi ce que dit le

malade ne doit pas a priori être mis en doute. Il faut accepter que le malade soit en dernière

analyse le seul véritable expert pour apprécier l’intensité d’une douleur. La définition de la

notion de douleur laisse une place à la possible participation de facteurs psychologiques

variés. De plus, le phénomène à mesurer est non seulement psychologique mais également

complexe, faisant intervenir des composantes sensorielles, affectives, cognitives et

comportementales.

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-97-

Enfin, tous les malades n’expriment pas spontanément leur douleur. L’absence de

comportement douloureux manifesté ne signifie pas obligatoirement absence de douleur

perçue. Selon la personnalité (intro ou extravertie), les malades seront plus ou moins enclins à

se plaindre de leur douleur. Il faut donc savoir évaluer systématiquement la douleur.

Ainsi, les composantes subjectives de la douleur empêchent sa mesure précise ; des outils

d’évaluation, qui seront présentés plus loin, ont été mis au point. Ils ont pour objectif la

standardisation des observations, afin de les rendre plus reproductibles et mieux

transmissibles d’un médecin à l’autre.

Critères à apprécier lors de l’évaluation

• type de douleur :

o Douleur par excès de nociception ayant une présentation mécanique ou

inflammatoire.

o Douleur neurogène, continue, fulgurante avec des dysesthésies, de topographie

systématisée, avec ou sans atteinte de la sensibilité.

o Douleur du système nerveux sympathique, algodystrophie.

o Origine musculaire.

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Au terme de cette enquête, la plainte peut paraître disproportionnée par rapport aux données

somatiques : on parle alors sans chercher à approfondir de douleur psychogène.

o Douleur psychogène, douleur décrite de façon luxuriante, imprécise, variable,

atypique, pouvant correspondre comme nous l’avons déjà vu en définition, à

une somatisation, une hypocondrie, une dépression masquée ou à une

conversion.

• préciser si la douleur est aiguë ou bien si elle est chronique

• localisation des foyers douloureux et l’irradiation de la douleur

• la chronologie de la douleur

• les facteurs aggravants et ceux de soulagement

• l’incidence sur le sommeil, sur l’humeur, sur les activités (globalement, sur la qualité

de vie)

• la thérapie anti-douleur antérieure

4.2 ECHELLES D’EVALUATION

Nous n’étudierons que les échelles courantes d’auto-évaluation, celles d’hétéro-

évaluation, le seront dans le chapitre sur la douleur de la personne âgée.

4.2.1 LES ECHELLES UNIDIMENSIONNELLES

Elles ont été conçues dans le but de « mesurer » l’intensité de la douleur. Ces échelles, très

simples d’utilisation, permettent aussi de suivre l’efficacité du traitement antalgique.

Elles sont de trois types principaux :

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-99-

4.2.1.1 Echelle verbale simple (E.V.S.)

Elle est constituée de 5 items et à chaque item un score est attribué. Cette échelle n’est pas

très sensible vu le peu de catégorie qu’elle comporte.

Echelle 1 : L’échelle verbale simple

4.2.1.2 Echelle numérique (EN)

Elle se présente sous forme d’une réglette allant de 0 à 10 pour coter verbalement la douleur.

Le patient attribue un score à sa douleur, 0 correspondant à l’absence de douleur et 10 à la

douleur maximale. L’échelle numérique est facilement comprise par les patients notamment

âgés. L’inconvénient est la préférence pour les nombres pairs, donc il peut y avoir agrégation

des réponses.

DOULEUR SCORE

Absence de douleur 0

Douleurs faibles 1

Douleurs modérées 2

Douleurs intenses 3

Douleurs extrêmement intenses 4

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4.2.1.3 Echelle visuelle analogique (E.V.A.)

Elle se présente comme une réglette large et plate avec deux faces :

Le « côté patient » est constitué d’une simple ligne horizontale, l’extrémité gauche

correspondant à l’item « pas de douleur » et l’autre extrémité à l’item « douleur maximale

imaginable ». Le patient situe le curseur à l’endroit le plus représentatif de sa douleur.

Le « côté médecin » comporte une échelle graduée de 0 à 100 sur laquelle s’arrête le curseur,

ce qui permet une lecture immédiate et quantifiée. Il ne faut pas indiquer de chiffre au

patient.

C’est l’échelle la plus sensible, elle est reproductible et fiable.

Echelle 2 : L’échelle visuelle analogique

En conclusion, ces trois échelles ont l’avantage de se prêter aisément à des mesures répétées,

de permettre de mesurer les variations d’intensité de la douleur et de juger de l’efficacité d’un

traitement antalgique.

L’inconvénient de cette évaluation est de reposer sur la compréhension et le langage, ce qui

contre-indique son usage chez patients en mauvais état général ou aux fonctions supérieures

altérées.

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-101-

4.2.2 LES ECHELLES MULTIDIMENSIONNELLES

4.2.2.1 Généralités

L’analyse du vocabulaire utilisé par le patient pour décrire sa douleur est une première

orientation diagnostique.

Le langage contient des indicateurs quant à :

- la connotation affective : l’utilisation d’adjectifs tels que « gênant », « pénible »,

« insupportable »… renseigne sur l’impact psychique de la douleur sur le patient.

- La connotation sensorielle : les mots « brûlure », « lourdeur », « décharge

électrique », « raideur » renseignent sur l’étiologie.

- L’intensité de la douleur : une douleur à type de « coups de poignard » n’aura pas

la même intensité qu’une « pesanteur »

4.2.2.2 Les questionnaires

Les questionnaires d’adjectifs, Mc Gill Pain Questionnaire (MPG), et le questionnaire douleur

de Saint Antoine (QDSA) sont plus complexes que les échelles globales. On a la possibilité de

faire une évaluation quantitative et qualitative en particulier sur la composante sensorielle et

affective de la douleur.(52)

♦♦ MMCC GGIILLLL PPAAIINN QQUUEESSTTIIOONNNNAAIIRREE ((MMPPQQ))

Il a été mis au point par Melzack. Le questionnaire recense la majorité des termes utilisés par

les patients pour décrire la douleur. Il comporte une liste de 82 qualificatifs répartis en 20

sous-classes qui expriment les nuances qualitatives, sensorielles et affectives de la douleur. Il

n’est pas utilisé en France.

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Le MPQ a fait l’objet de plusieurs critiques ; en particulier, les qualificatifs sélectionnés

paraissent plus provenir de la littérature médicale que des descriptions spontanément faites

par les malades, aussi certains termes seraient peu usités et/ ou de compréhension difficile

pour les malades de niveau culturel moyen.

♦♦ LLEE QQUUEESSTTIIOONNNNAAIIRREE DDOOUULLEEUURR SSAAIINNTT AANNTTOOIINNEE ((QQDDSSAA))

(53)

Spontanément, les malades décrivent souvent avec difficulté leur douleur. Les réponses à une

liste standardisée de qualificatifs ont permis d’observer que les malades peuvent sélectionner

avec facilité des termes adaptés à leur symptomatologie douloureuse.

Ce questionnaire qui n’est pas à proprement parler une version française du MPQ puisque les

auteurs ont modifié le nombre de classes (17 et non 20) et la dénomination de certaines

classes, peut cependant être comparé avec les traductions françaises du MPQ. Le QDSA

comprend 61 qualificatifs répartis en 17 sous-classes, 9 sensorielles, 7 affectives, 1 évaluative

qui est utilisée comme échelle de pondération des autres qualificatifs. Le patient choisit sur la

liste des mots correspondant à ce qu’il ressent, puis attribue une note grâce à une échelle de 0

à 4.

Quatre types de scores peuvent être calculés : le nombre de classes choisies, un score par

somme des rangs, par somme des notes moyennes, par somme des notes données par le

malade.

Les qualificatifs sensoriels ou affectifs précisent la description de la douleur perçue. Ils

reflètent l’importance de la douleur ressentie. Ils ont une valeur d’orientation diagnostique

pour faciliter la reconnaissance de certaines (par exemple : douleurs neurogènes : brûlure,

décharges électriques, picotement) et apprécier le retentissement affectif (la tolérance) de la

douleur. (54)

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Tableau 3 : définition de chaque sous-classe (d’après 53)

Sous-classe Correspondance de l’évaluationA TemporelleB SpatialeC Mécanique « piqûre, coupure »D Mécanique « compression »E Mécanique « distension »F Thermique « chaud »G Thermique « froid »H ParesthésiesI Caractère sourdJ Fatigue, asthénieK Réactions neurovégétativesL AnxiétéM Punition, persécutionN Evaluation gêne, toléranceO Tension nerveuseP DépressionQ Intensité

De nombreux qualificatifs « sensoriels » ont valeur d’orientation diagnostique dans la

sémiologie médicale : douleur à type de torsion pour les douleurs viscérales, de pulsations

pour les migraines, de pesanteur pour les céphalées de tension, de décharges électriques pour

la névralgie essentielle du trijumeau. L’étude de la transmission des messages douloureux a

également montré que, selon le type de fibres sensitives excité par une stimulation électrique,

des sensations douloureuses distinctes sont évoquées : douleur à type de piqûre, bien localisée

lors de l’excitation des fibres myélinisées du groupe A delta, douleur à type de brûlure,

diffuse lors de l’excitation des fibres amyéliniques du type C.

Il s’avère que les malades souffrant de syndromes douloureux chroniques sélectionnent sans

difficultés des qualificatifs « sensoriels » ou « affectifs-émotionnels » dans une liste.

L’appréciation de la douleur par la méthode de questionnaires standardisés parait adaptée à

cette catégorie de malades.

Les inconvénients du QDSA sont la maîtrise linguistique nécessaire à sa compréhension

puisqu’il utilise des termes nuancés et le temps de réalisation de ce questionnaire qui

n’autorise pas son utilisation trop fréquente. En effet, l’intervention d’un personnel médical

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ou paramédical est souvent nécessaire pour faciliter une bonne compréhension des différentes

étapes de la passation du questionnaire. On doit également tenir compte du niveau

socioculturel des malades : ce questionnaire ne peut être proposé aux malades dont la langue

maternelle n’est pas le français et pour les malades extrêmement fatigués et ceux présentant

des douleurs aiguës intenses.

Questionnaire 1 : le questionnaire de Saint Antoine

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-105-

4.2.3 SCHEMA CORPOREL

(55)

Il se présente sous la forme d’un corps humain de face, profil et dos. Il est demandé au patient

de hachurer les zones corporelles où il perçoit la douleur. Il ne nécessite pas d’apprentissage

particulier. Plusieurs systèmes de cotation existent, prenant en compte les surfaces désignées

par le patient. Ils recouvrent des domaines aussi différents que la cotation grâce au coup d’oeil

réalisable par un utilisateur non expérimenté, l’utilisation d’une grille précise ou des systèmes

simples et ne prêtant pas à confusion.

Le dessin de la douleur ne doit être utilisé que pour préciser la topographie et le caractère

localisé ou diffus de la douleur. Ces informations peuvent orienter le bilan étiologique

(territoires neurologiques, reconnaissance de plusieurs zones douloureuses d’une

symptomatologie diffuse).

Il arrive que le patient y mentionne des zones dont il n’avait pas parlé auparavant.

4.2.4 ECHELLE DU RETENTISSEMENT EMOTIONNEL (H.A.D. :

HOSPITAL ANXIETY AND DEPRESSION SCALE)

Dans les douleurs chroniques, l’appréciation du retentissement de la douleur sur l’humeur

(HAD) et le comportement de l’individu sont particulièrement importants à considérer pour

évaluer la sévérité d’une douleur. Ces modifications peuvent être appréciées grâce à un

questionnaire explorant les répercussions sur les activités, le sommeil, le moral.

Il s’agit de pouvoir coter l’item « dépression » se situant dans la première colonne de gauche

et reconnaissable par un « D » et l’item « anxiété » reconnaissable par la lettre « A ».

Les notes de la colonne dépression doivent être additionnées ensemble pour obtenir le score

de la dépression, il en est de même pour l’anxiété, chaque réponse étant cotée de 0 à 3.

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4.2.5 ECHELLE DU RETENTISSEMENT DE LA DOULEUR SUR LE

COMPORTEMENT QUOTIDIEN

Son évaluation est utile à plusieurs points de vue. Elle permet indirectement de mesurer

l’importance de la douleur et la gravité des conséquences de la douleur et le retentissement sur

la qualité de vie. Les questionnaires multidimensionnels comportent tous plusieurs items

évaluant cette dimension. Parmi les instruments traduits en français, le MPI

(Multidimensional Pain Inventory) présente plusieurs items répartis dans un document long,

le DPQ (Dallas Pain Questionnaire) explore plus particulièrement le retentissement lié à la

lombalgie. L’ANAES recommande l’utilisation du QCD (Questionnaire Concis sur les

Douleurs) qui présente l’avantage d’être court ; en l’absence de validation, chaque item doit

être coté et considéré comme une information séparée.

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Questionnaire 2 : Le QCD

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-108-

55-- LLAA DDOOUULLEEUURR CCHHEEZZ LLAA PPEERRSSOONNNNEE AAGGEEEE

Il semblait intéressant d’aborder ce sujet en raison de la moyenne d’age élevée des patients

hémodialysés ; de plus cela permet de comparer la fréquence de la douleur dans deux

populations de même âge.

5.1 EPIDEMIOLOGIE

(56)

Chez les personnes âgées de plus de 65 ans vivant à domicile, environ 75% rapportent la

présence de douleur (57). Lorsqu’on demande à des personnes âgées d’identifier les

symptômes qu’ils ont ressentis la journée précédente, la douleur est le symptôme le plus

souvent rapporté (73%).

La plupart des études épidémiologiques ont observé une augmentation de la prévalence de la

douleur chronique avec l’âge (58).

Chez les patients vivant en milieu d’hébergement, la douleur est également fréquente : 70%

de ceux-ci se plaignent de douleur, présente de façon constante chez 24% d’entre eux et

ressentie en moyenne à 3 sites différents. Les plaintes de douleur sont moins fréquentes chez

les patients nécessitant des niveaux de soins plus élevés et chez ceux présentant des troubles

cognitifs ou des difficultés de communication.

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-109-

5.1.1 LES PRINCIPALES CAUSES DU SYNDROME DOULOUREUX

CHRONIQUE ET LEURS CONSEQUENCES CLINIQUES

(59)

L’incidence des douleurs aiguës semble identique quel que soit l’âge. En revanche, les sujets

âgés sont incontestablement plus exposés à des pathologies chroniques :

- rhumatologiques : ostéoporose fracturaire, arthrose, maladie de Paget, polyarthrite

rhumatoïde.

- neurologiques (dus aux accidents vasculaires entraînant des séquelles

douloureuses).

- vasculaires : artériopathie des membres inférieurs pouvant évaluer de façon

chronique…

- algies postzostériennes : survenant dans 25 à 40% des cas de zona, après 70 ans.

- chutes très fréquentes entraînant des fractures.

Les conséquences cliniques sont nombreuses aboutissant à terme à un syndrome de

glissement. Il peut s’agir d’anorexie et dénutrition, les troubles du sommeil et la dépression

aggravent aussi la douleur. Notons que l’association de la douleur chronique et de la

dépression est fréquente, avec auto-entraînement et création d’un cercle vicieux : 15 à 20%

des personnes âgées institutionnalisées présentent cette association (60). De plus, la perte

d’autonomie engendre l’immobilisation, elle-même à l’origine d’escarres, de rétractions

tendineuses…

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5.2 AGE ET PERCEPTION DOULOUREUSE

Le seuil de sensation douloureuse augmente-t-il avec l’âge ? Cette question soulève beaucoup

de discordances dans les données de la littérature.

Pour certains auteurs, le seuil de perception de la douleur est peu modifié par le vieillissement

(61).

Pour d’autres, « la douleur du sujet âgé est réelle et sa moindre perception est un mythe ». Sur

le plan physiologique, aucune étude n’a montré qu’il existait une augmentation du seuil de la

douleur. Une des explications est qu’il existe un problème méthodologique majeur :

l’expérience de la douleur provoquée diffère de celle éprouvée cliniquement, difficile à

reproduire (62).

Ainsi, cette théorie entre en totale contradiction avec des études selon lesquelles il y aurait

une baisse de sensibilité et de prévalence de la douleur avec l’âge. Pour exemple, la majorité

des études utilisant des stimuli thermiques ont montré une sensibilité diminuée de la douleur

au cours du vieillissement et en ce qui concerne la nociception, le vieillissement affecterait les

fibres nerveuses Aδ et C, ce qui pourrait entraîner une perception atténuée de la douleur chez

le sujet âgé… (63).

En plus, du vieillissement neuronal périphérique et central, des facteurs psychologiques ont

été avancés pour expliquer les changements chez le sujet âgé : l’expérience de la douleur

passée et le souvenir d’une gamme de douleurs différentes pourrait rendre plus stoïque devant

l’évènement nociceptif et aussi moins impulsif dans le témoignage ce qui tendrait à augmenter

les seuils. Pour conclure, le fait décrit par certains comme quoi les personnes âgées

ressentaient moins la douleur est à l’origine d’une sous-estimation des phénomènes de

douleur du sujet âgé. (64)

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-111-

5.3 EVALUATION DE LA DOULEUR

(65)

Une mauvaise évaluation de la douleur entraîne une prise en charge insuffisante de la douleur

chez le patient âgé. Celle-ci peut résulter de la difficulté que l’on rencontre dans l’évaluation

de la douleur dans cette population.

L’attitude fataliste de certaines personnes âgées qui négligent de rapporter leur douleur et

l’expression parfois atypique de la douleur dans le grand âge, surtout s’il existe des troubles

cognitifs, sont des facteurs de sous-évaluation.

Deux types d’évaluation seront proposés selon qu’il s’agit d’une personne ayant conservé ses

facultés cognitives ou non.

5.3.1 CHEZ LE SUJET AGE AUX FONCTIONS SUPERIEURES

CONSERVEES, GARDANT UNE COMMUNICATION SATISFAISAN-

TE

• L’échelle la plus utilisée est l’échelle visuelle analogique (E.V.A.) car elle est

simple et rapide. Elle permet d’évaluer l’intensité de la douleur initiale et son

évolution sous traitement mais elle ne permet d’évaluer comparativement l’intensité

d’une douleur chez des patients différents.

Elle demande cependant des capacités d’abstraction et de compréhension qui peuvent en

limiter l’usage ; il est donc nécessaire de s’assurer au préalable que le patient a bien

compris l’utilisation de l’échelle.

L’EVA n’étant pas toujours comprise, la présentation de la réglette en position verticale,

comme un « thermomètre de la douleur » permet une meilleure compréhension du

principe.

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• A défaut, on peut utiliser une échelle numérique (EN) « A combien cotez-vous votre

douleur entre 0 (= pas de douleur) et 10 (douleur maximale) ? » ou une échelle verbale

simple (EVS) (le malade évalue sa douleur comme absente, très légère, modérée,

marquée ou insupportable).

• Le QDSA peut être plus difficilement utilisé.

5.3.2 CHEZ LE SUJET NON COMMUNICANT QUI N’EST PAS CAPABLE

D’EXPRIMER SA DOULEUR (DEMENCE SEVERE, APHASIE,

TROUBLES DE LA CONSCIENCE…)

C’est l’observation du comportement et des attitudes du patient qui va orienter les soignants.

Des échelles d’hétéroévaluation sont recommandées chez le sujet âgé non communicant ; le

grand apport de ces échelles est de ne pas faire appel à la subjectivité des soignants (66).

On utilisera l’échelle DOLOPLUS qui s’appuie sur l’étude des positions antalgiques, de la

protection des zones douloureuses par le malade, de la mimique et du retentissement

psychomoteur et social de la douleur. L’utilisation de cette échelle nécessite un apprentissage

et doit être cotée en équipe pluridisciplinaire (au minimum : un médecin et un soignant). A

domicile, il faut intégrer la famille et les autres intervenants.

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Echelle 3 : L’échelle DOLOPLUS

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On peut utiliser une autre échelle (E.C.P.A.) : échelle comportement de la personne âgée

qui comprend huit items et peut être effectuée par une seule personne en une à cinq minutes.

Chez le sujet âgé, le rôle de l’entourage est fondamental car il peut favoriser l’observance

thérapeutique, recueillir la plainte du patient et apprécier le retentissement sur la vie de tous

les jours.

Echelle 4 : L’ECPA

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66-- DDOOUULLEEUURRSS EETT HHEEMMOODDIIAALLYYSSEE

Il existe très peu d’articles ou de recherches publiés en ce qui concerne le problème de la

douleur chez l’hémodialysé et ceci en dépit du fait que la douleur est un phénomène très

fréquent chez ces patients.

Deux thèmes seront présentés dans cette partie : la douleur chronique et la douleur

intradialytique.

6.1 DOULEURS CHRONIQUES

Les douleurs chroniques sont pour la plupart liées aux complications rencontrées lors d’un

traitement prolongé par hémodialyse. Les complications douloureuses seront étudiées dans

cette partie.

D’après une étude réalisée en juin 1999 par une équipe médicale italienne (67), sur 100

patients traités par hémodialyse 37 souffrent de douleurs chroniques avec comme causes

principales des douleurs ostéo-articulaires (24 cas), vasculaires périphériques (3 cas), 9 autres

cas ont montré des douleurs d’origine neuromusculaire.

6.1.1 LES COMPLICATIONS VASCULAIRES PERIPHERIQUES

L’athérosclérose accélérée est responsable de l’artériopathie oblitérante des membres

inférieurs, en particulier chez le dialysé diabétique et tabagique. Elle est plus fréquente chez

l’homme que la femme. Elle touche les artères poplitées et fémorales, ainsi que les artères

plus distales (tibiale et péronière). Au stade symptomatique, le patient, outre la claudication

intermittente se plaint de douleurs de décubitus et de crampes pendant la dialyse. Le

traitement vasodilatateur et la revascularisation lorsqu’elle est possible sont des palliatifs de

courte durée avant l’amputation.

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6.1.2 COMPLICATIONS NEUROLOGIQUES D’ORIGINE UREMIQUE

6.1.2.1 La neuropathie urémique

C’est la manifestation neurologique la plus fréquente chez l’insuffisant rénal chronique. Elle

concerne environ 50% des hémodialysés.

Les symptômes les plus courants sont (68-69):

• les crampes vespérales ou nocturnes, souvent inaugurales

• un syndrome d’impatience des membres inférieurs, disparaissant ensuite au cours de

l’évolution

• des dysesthésies siègant au niveau des extrémités à type de paresthésies surtout

associées à des phénomènes douloureux à type de brûlure…

Grâce aux études de conduction nerveuse et de sensibilité vibratoire, on peut prévenir les

problèmes de neuropathies induits par une dialyse mal conduite. Cette complication est assez

rare car elle est prévenue par un début précoce de la dialyse.

6.1.3 COMPLICATIONS OSTEO-ARTICULAIRES

Plus de 60% des patients hémodialysés depuis au moins 10 ans ont des complications

rhumatologiques, sources de douleurs et de qualité de vie altérée. Les étiologies multiples sont

dominées par l’ostéodystrophie rénale et l’amylose β2-microglobuline.

6.1.3.1 Amylose à β2-microglobuline

Cette complication, qui est l’une des principales observées chez les patients traités de longue

date par hémodialyse, se caractérise par des dépôts amyloïdes de β2m.

Les différentes manifestations sont :

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♦♦ SSYYNNDDRROOMMEE DDUU CCAANNAALL CCAARRPPIIEENN

L’apparition des premiers symptômes se situe autour de la 9éme année d’hémodialyse (70) ;

l’âge moyen de survenue se situe vers 50 ans ; la prévalence du SCC varie de 2-4% à 31-63%

des patients hémodialysés. Cette prévalence augmente avec la durée d’hémodialyse.

• Paresthésies, douleurs et gonflement des mains

• Douleurs exacerbées la nuit ou au cours des séances d’hémodialyse

Traitement

Il est chirurgical par libération du nerf médian.

♦♦ LL’’AARRTTHHRROOPPAATTHHIIEE AAMMYYLLOOÏÏDDEE

Il y a atteinte des articulations des épaules, des genoux, coudes, hanches mais aussi poignets.

Elle est parfois associée au symptôme du canal carpien.

Des géodes érosives (têtes humérales, os du carpe) peuvent entraîner des fractures

pathologiques.

♦♦ SSPPOONNDDYYLLAARRTTHHRROOPPAATTHHIIEE

Il y a atteinte du rachis cervical dans 85% des cas (71) avec des douleurs rachidiennes de type

mécanique, bien calmées par les antalgiques classiques.

La douleur peut parfois devenir permanente.

Prévention

L’incidence d’amylose β2-m apparaît plus faible, à durée de dialyse comparable chez des

patients traités exclusivement à l’aide de membrane biocompatible (épuration de

β2m /séance : 30 à 40 mg pour AN69, 0 mg pour les membranes cellulosiques (cuprophane),

100 mg pour le polysulfone (72) (AN 69= polyacrylonitrile)

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L’utilisation de membranes compatibles de haute perméabilité est préférable chez des patients

exposés au risque d’amylose (patients âgés, patients ne pouvant espérer une transplantation)

La transplantation rénale restaure un catabolisme tubulaire normal de la β2m et est souvent

suivie d’une amélioration des douleurs articulaires.

6.1.3.2 L’ostéodystrophie rénale

Ce terme désigne l’ensemble des anomalies squelettiques et des perturbations du métabolisme

phosphocalcique, secondaires à l’IRC.

♦♦ LL’’HHYYPPEERRPPAARRAATTHHYYRROOÏÏDDIIEE SSEECCOONNDDAAIIRREE

Elle est la conséquence d’une diminution de la concentration plasmatique du calcitriol et de la

réduction de l’excrétion urinaire du phosphore.

• Douleurs osseuses (atteinte des genoux et des épaules)

• Faiblesse musculaire, prurit

• Rupture du tendon rotulien quelque fois calcifications péri-articulaires douloureuses

Prévention

- maintenir une calcémie à un niveau suffisant pour supprimer l’hyperproduction

de parathormone.

- contrôler la phosphorémie : les sels de calcium sont plutôt utilisés comme

chélateurs du phosphore plutôt que ceux contenant de l’aluminium pour éviter

le risque d’intoxication aluminique.

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♦♦ LL’’OOSSTTEEOOMMAALLAACCIIEE AALLUUMMIINNIIQQUUEE

L’aluminium, localisé sous forme d’une bande à la limite entre le tissu ostéoïde et le tissu

calcifié inhibe la minéralisation.

• Douleurs osseuses et articulaires sévères

• Fissures costales fréquentes

6.1.3.3 Autres manifestations ostéo-articulaires douloureuses

♦♦ LLEESS AARRTTHHRRAALLGGIIEESS

A 10 ans de dialyse, le pourcentage des arthralgies est de 70% (69), après 10 ans de dialyse,

environ 90% des patients sont symptomatiques.

L’atteinte des épaules est prépondérante reproduisant différents tableaux d’épaule

douloureuse :

-Tout d’abord celui de douleurs chroniques, peu intenses, lancinantes, nocturnes ; la douleur

entraîne une impotence fonctionnelle modérée.

-Des épisodes hyperalgiques, pseudo-arthritiques, avec impotence fonctionnelle importante.

L’articulation est globalement douloureuse, les amplitudes sont limitées. La séance

d’hémodialyse semble être un facteur déclenchant de ces épisodes (73-74)

Traitement

Les antalgiques classiques ainsi que les AINS ont une action certaine mais variable.

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♦♦ LLEESS AARRTTHHRRIITTEESS

Elles sont une manifestation assez courante chez l’insuffisant rénal chronique hémodialysé.

On retrouve plusieurs étiologies :

• Arthrites virales (dûes au virus de l’hépatite B)

• Arthrites septiques (contamination par la fistule le plus souvent)

• Arthrites microcristallines

♦♦ LLEESS AATTTTEEIINNTTEESS DDEESS TTIISSSSUUSS MMOOUUSS

Manifestations musculaires

Elles prédominent au niveau proximal des membres inférieurs (73). L’atteinte myopathique

est d’apparition progressive, se manifestant par des parésies, des myalgies. A côté de ces

manifestations myopathiques, les crampes sont fréquentes chez l’hémodialysé le soir et la nuit

de même que pendant les séances de dialyse. On peut y rapprocher le syndrome des jambes

sans repos présenté par certains patients. Les crampes peuvent être expliquées au cours des

séances d’hémodialyse par une déplétion ionique et une diminution du volume plasmatique

ainsi que par un certain degré d’ischémie cellulaire.

Ruptures tendineuses

Ces ruptures surviennent en dehors de tout traumatisme, lors de la marche, de la montée ou

descente des escaliers ou spontanément (75). La rupture du tendon peut se faire en plein

corps, favorisée par des dépôts calciques ou des lésions dégénératives.

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6.1.3.4 Handicap fonctionnel

Nous avons vu que les douleurs articulaires atteignent au bout de 10 ans de dialyse 70 à 90%

des dialysés. C’est le signe fonctionnel qui vient en premier lieu. Pour exemple,

l’ostéomalacie se rencontre dans 5% des cas, l’ostéopénie est visible dans 30% des cas (76) ;

presque 20% des patients dialysant depuis plus de 10 ans, présentent des géodes osseuses.

Le handicap fonctionnel qui en résulte est dû :

• Aux douleurs articulaires qui entraînent une réduction des activités professionnelles,

sportives, sociales.

• Aux arthropathies distales, notamment des doigts, gênant la réalisation des gestes fins

• Aux tendinites, myalgies…

6.2 DOULEURS AIGUËS DURANT LA SEANCE D’HEMODIA-

LYSE

Une étude réalisée par BENNA en 1981 (76) s’intéresse aux complications neurologiques

durant les séances d’hémodialyse. Elle concerne 103 patients en IRC et se déroule sur 13969

séances d’hémodialyse. Les résultats de l’enquête montrent des complications diverses mais

quelques symptômes sont spécifiques : maux de têtes, nausées et /ou vomissements, crampes.

Ces symptômes sont retrouvés chez 96% des patients avec parfois d’autres signes combinés.

D’autres symptômes présents chez 36% dénotent des atteintes cérébrales réelles comme les

convulsions, perturbations de la conscience.

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LES CEPHALEES (77)

Elles ont une fréquence de l’ordre de 5%. Le mécanisme n’est pas encore connu mais on peut

distinguer 2 causes principales :

• La poussée hypertensive, réactionnelle à une déplétion rapide sous l’effet de

l’ultrafiltration par le biais possiblement d’une libération de catécholamines ; le

traitement comporte l’arrêt de l’ultrafiltration.

• L’hémolyse par hypotonie du dialysat.

Parfois, l’utilisation de solution de dialyse contenant de l’acétate peut être en cause ; ainsi le

changement par une solution au bicarbonate peut être bénéfique.

6.2.1 LES CRAMPES

Elles sont l’ordre de 5 à 20% des complications lors de la séance de dialyse. Elles sont

souvent vécues comme très douloureuses par le patient. On ne connaît pas tout à fait le

mécanisme d’apparition de celles-ci mais plusieurs facteurs sont prédisposants :

- L’hypotension : la majeure partie des crampes survient lors d’une hypotension bien

qu’elles persistent malgré la restauration d’une pression adéquate.

- Patient en dessous du poids sec : des crampes très douloureuses et prolongées

commençant vers la fin de la dialyse et persistant plusieurs heures après peuvent

arriver quand le patient a été amené en dessous de son poids sec.

- Utilisation d’un dialysat pauvre en sodium : une expérience réalisée sur une

préparation isolée de muscle montre qu’une baisse rapide de la concentration en

sodium du plasma entraîne une constriction des vaisseaux sanguins du muscle. Peut-

être que pour cette raison, l’utilisation d’une solution de dialyse pauvre en sodium est

associée à une incidence plus grande des crampes (78).

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Parfois, les crampes peuvent traduire une polynévrite urémique, soit en période d’aggravation,

soit en période d’amélioration. Elles sont parfois calmées par de fortes doses de vitamines B6

ou par des dérivés de QUININE (Hexaquine ®)

Traitement

Les crampes cèdent à l’injection de soluté salé hypertonique ou glucosé hypertonique.

Prévention

La prévention des épisodes d’hypotension peut éliminer la majeure partie des crampes. Une

augmentation du Na+ jusqu’à 145mEq/litre ou plus peut être bénéfique mais cela augmente la

soif et le gain de poids entre les séances.

Une étude réalisée par Ahmad et al. en 1990, en double aveugle, montre que les patients

supplémentés en L-Carnithine avaient moins de crampes.

On peut aussi administrer oralement 260 mg de sulfate de quinine ou 5à 10mg d’oxazépam

(Séresta®) 2 heures avant la dialyse (mécanisme inconnu).

6.2.2 DOULEUR A LA PONCTION DE LA FISTULE

De nombreux patients présentent une douleur lors de la ponction ; elle est plus ou moins

importante : EVA de 3 à 8 cm selon une étude réalisée au CHR de Mâcon en 1996 sur 26

patients hémodialysés. Les hémodialysés ont souvent une appréhension de la piqûre et

développent une certaine anxiété.

Prévention

L’application d’une crème anesthésique telle que l’EMLA® (mélange équimoléculaire de

lidocaïne et de prilocaïne) permet une nette amélioration des phénomènes douloureux de la

ponction. Pour Mac Phail (79), l’application d’une crème anesthésiante locale permet une

efficacité démontrée dans la prévention de la douleur et de l’angoisse dûe à l’insertion des

aiguilles dans la fistule.

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6.2.3 INJECTION D’EPO (ERYTHROPOÏETINE)

Dans une étude prospective, qui compare l’efficacité et la tolérance de l’EPO humaine

recombinante entre l’administration intra-veineuse et sous-cutanée en hémodialyse chronique,

on note que par voie sous-cutanée, dans 98% des cas, les malades ont exprimé soit une

absence de douleurs (50%), soit des douleurs légères à modérées (48%) au niveau du site

d’injection par la voie sous-cutanée et 2% présentent des douleurs modérées à sévères (80).

L’EPO (Eprex® ou Recormon®) est habituellement de 50U/kg de poids corporel, 3

fois/semaine. Elle est administrée à chaque fin de dialyse par voie IV ou SC qui réduit de 30%

la dose hebdomadaire nécessaire. Par ce traitement, les patients retrouvent une sensation de

bien-être avec amélioration de l’activité physique et intellectuelle, de l’appétit, de la libido et

de l’activité sexuelle.

6.2.4 HYPOTENSION ET NAUSEES

Bien que fondamentalement ces 2 phénomènes intercurrents, fréquents en dialyse, ne soient à

proprement parler douloureux au sens strict du terme, les patients les ressentent souvent

comme tels.

L’hypotension est la complication qui est la plus souvent rencontrée lors de la séance. Elle

est peut-être dûe à une déshydratation excessive ou trop rapide pendant la dialyse, à la

survenue d’une allergie à un composant extracorporel, à une hémorragie interne ou externe, à

des médicaments hypotenseurs, à une température excessive du dialysat (81)

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L’hypotension se traduit par différents symptômes :

• Peau froide et moite aux extrémités, due à la contraction des vaisseaux périphériques

• Tachycardie

• Sentiments d’angoisse, transpiration, bâillement, pâleur, grande fatigue ou au contraire

agitation

• Nausées, parfois vomissements

• Vertiges, troubles de la vue

• Crampes musculaires, parfois

Traitement

- Mise du patient en position de déclive

- Arrêter l’ultrafiltration ou diminution

- Perfuser une solution saline à 0,9% (hypertonique) ou du glucose, mannitol ou

albumine

- Une oxygénothérapie nasale peut être indiquée en cas d’hypotension sévère

Nausées

Elles accompagnent souvent une hypotension, plus rarement dues à un symptôme de

déséquilibre ou bien à une indigestion.

6.2.5 DOULEURS DE DOS ET ARTICULAIRES

Certaines douleurs ostéo-articulaires peuvent être réactivées pendant la séance de dialyse

comme cela a été vu dans les douleurs chroniques.

6.2.6 DOULEURS THORACIQUES

Elles se produisent assez fréquemment ; la cause de ces douleurs est inconnue. La survenue

d’une douleur thoracique en cours de dialyse peut correspondre à un angor, un infarctus du

myocarde ou une péricardite. Elle peut également traduire une hémolyse aiguë ou une

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réaction anaphylactique. La survenue d’une crise d’angor en séance de dialyse est traitée par

oxygénothérapie, la correction d’une hypotension en surélevant les pieds, l’administration de

dérivés nitrés par voie sublinguale dès que la pression artérielle est redevenue normale, l’arrêt

de l’ultrafiltration jusqu’à la disparition de la crise d’angor.

Prévention :

Pour atténuer ou éviter l’apparition de cet événement douloureux et angoissant, on peut chez

les patients ayant une maladie coronarienne connue corriger l’anémie, utiliser un tampon

bicarbonate et prescrire des dérivés nitrés.

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CHAPITRE 3

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CHAPITRE 3

ENQUETE REALISEE EN

CENTRE LOURD

11-- OOBBJJEECCTTIIFFSS DDEE LL’’EETTUUDDEE

L’objectif principal de cette étude était de réaliser un état des lieux de la douleur aiguë chez

le patient hémodialysé. L’intérêt de ce travail serait de pouvoir répondre aux questions

suivantes : existe- t’il une souffrance chez ces patients ? La séance d’hémodialyse engendre-

t’elle une douleur chez l’hémodialysé chronique ? Il s’agira donc de déterminer la prévalence

de la douleur aiguë chez des patients hémodialysés en centre lourd.

Dans un deuxième temps, cette enquête nous permettra de nous intéresser aux différents

moments d’apparition d’une douleur aiguë en cours de séance ainsi qu’aux éventuels facteurs

de risque de survenue d’une douleur.

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22-- PPAATTIIEENNTTSS EETT MMEETTHHOODDEESS

2.1 POPULATION ETUDIEE

Elle est composée de 52 patients hémodialysés dans le centre lourd du service d’hémodialyse

du centre hospitalier universitaire de Caen de novembre 1999 à janvier 2000.

2.1.1 CRITERES D’INCLUSION

• Patients traités en centre lourd

• La durée du traitement est supérieure à trois mois

• Présence d’un abord vasculaire permanent :

- Une fistule artério-veineuse

- Un cathéter

- Une chambre implantable

2.1.2 CRITERES D’EXCLUSION

Durée du traitement par hémodialyse inférieure à trois mois

Incapacité ou refus de répondre au questionnaire

Absence du patient

Horaires incompatibles : il s’agit notamment des patients

dialysant la nuit

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2.2 METHODES

2.2.1 QUESTIONNAIRE

(Annexe 1)

Il a été réalisé par la collaboration d’un praticien hospitalier en néphrologie au CHR

Clémenceau de Caen, d’un médecin du centre anti-douleur de l’hôpital de Bayeux, d’un

pharmacien hospitalier et du surveillant du service d’hémodialyse du CHR Clémenceau.

Le questionnaire donne dans une première partie des informations médicales, sociales et

administratives issues des dossiers informatisés et dans une seconde partie une évaluation de

la douleur à des temps précis avec comme outils principaux d’évaluation :

• L’échelle visuelle analogique (EVA)

• Questionnaire de Saint-Antoine (QDSA)

• Schéma corporel

Ces échelles ont été choisies pour leur simplicité (schéma corporel et EVA), leur

compréhension est assez aisée, le QDSA permettant une analyse qualitative et quantitative.

2.2.2 ENQUETE

2.2.2.1 Généralités

L’interrogatoire a été réalisé par un intervenant extérieur, externe en pharmacie,

préalablement formé à l’utilisation des outils d’évaluation de la douleur.

L’ensemble des patients a été interrogé, individuellement par le même enquêteur. L’enquête a

donc duré environ trois mois pour que chaque patient soit correctement interrogé et rendre

ainsi le questionnaire le plus exhaustif possible.

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2.2.2.2 Evaluation de la douleur

Elle est effectuée de façon identique pour chaque patient et à des temps bien définis. Il s’agit

des moments cités ci-dessous.

♦♦ LLAA DDOOUULLEEUURR AAUU DDOOMMIICCIILLEE

L’évaluation de cette douleur qui peut être chronique permet de donner des éléments de

comparaison sur le type et la localisation ainsi que l’intensité de la douleur ressentie pendant

la séance. On réalise une EVA et un QDSA avec la localisation sur un schéma des sites de la

douleur.

♦♦ LLAA DDOOUULLEEUURR AA LL’’AARRRRIIVVEEEE EENN SSEEAANNCCEE DDEE DDIIAALLYYSSEE ((HH00))

Elle s’établit au début de la dialyse, le patient est installé. Si le patient a une douleur, on

quantifie son intensité par la pratique de l’EVA avec évaluation d’une douleur minimale et

maximale ressentie.

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♦♦ LLAA DDOOUULLEEUURR AA LLAA PPOONNCCTTIIOONN DDEE LL’’AABBOORRDD VVAASSCCUULLAAIIRREE

Il s’agit de savoir si la ponction est douloureuse ou non ; il est question le plus souvent de la

fistule artério-veineuse. Le patient qui présente une douleur la quantifie par l’EVA avec une

douleur maximale et minimale.

♦♦ LLAA DDOOUULLEEUURR AAUU MMIILLIIEEUU DDEE SSEEAANNCCEE DD’’HHEEMMOODDIIAALLYYSSEE ((HH22))

La question de la présence ou non d’une douleur se pose aussi au milieu de dialyse soit pour

la majeure partie des cas au bout de deux heures de dialyse. S’il y a douleur, on interroge le

patient sur l’intensité de la douleur avec une douleur maximale et minimale ; de plus, il lui

sera demandé de situer la zone douloureuse sur un schéma corporel.

♦♦ LLAA DDOOUULLEEUURR AA LLAA FFIINN DDEE LLAA SSEEAANNCCEE DD’’HHEEMMOODDIIAALLYYSSEE ((HH44))

Il s’agit d’interroger le patient au moment de la fin de la séance d’hémodialyse, et dans la

plupart des cas au bout des quatre heures de dialyse avant le débranchement. Si le patient

présente une douleur, on réalise une EVA avec douleur maximale et minimale ainsi qu’une

localisation par le patient du site douloureux sur un schéma corporel.

2.2.3 STATISTIQUES

Les données recueillies lors de cette enquête ont été traitées à l’aide du logiciel STATVIEW.

Les comparaisons de moyenne ont été faites à l’aide d’un test t non apparié ; pour les

comparaisons de fréquence, nous avons utilisé le test du chi 2 de Yates. Les différences sont

significatives au risque d’erreur de 5%.

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-133-

33-- RREESSUULLTTAATTSS

3.1 STATISTIQUES DESCRIPTIVES

3.1.1 POPULATION ETUDIEE

3.1.1.1 Renseignements généraux

♦♦ CCAARRAACCTTEERRIISSTTIIQQUUEESS GGEENNEERRAALLEESS DDEE LLAA PPOOPPUULLAATTIIOONN

Notre groupe de patients est composé de 77 patients dont 31 femmes et 46 hommes avec 52

patients répondants aux critères d’inclusion soit une participation de 68%. Ce taux s’explique

par l’incapacité de certains à répondre avec cohérence au questionnaire (surdité, incohérence,

fatigue)

Le sexe ratio était de :

- 30 hommes

- 22 femmes

L’âge moyen de l’ensemble de cette population est de 66 ans (extrémités : 16-86)

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♦♦ LLAA DDUURREEEE DDEE MMIISSEE EENN HHEEMMOODDIIAALLYYSSEE

Elle est en moyenne de 4,48 ± 4,47 années et ceci avec des extrémités allant de 0,25 à 21,56

années.

- 5 patients dialysent depuis plus de 10 ans dont (40% d’hommes). Leur moyenne d’âge

est de 50 ans (extrêmes : 24-68). La durée moyenne de dialyse est de 16,04 années

(extrêmes 11,22-21,56).

- 7 patients dont 28,6% de femmes ont entre 5 et 10 ans de dialyse avec une moyenne

de 6,43 (extrêmes : (5,10-8,08) pour une moyenne d’âge de 67,2 ans (extrêmes 58,1-

76).

- 31 patients dont 32,3% de femmes ont entre 5 et plus de 1 ans de dialyse avec une

moyenne de 3,08 années pour les hommes et 3,49 années pour les femmes soit une

moyenne totale de 3,21 années (extrêmes 1,44-4,95). Leur moyenne d’âge est de 67,9

ans (extrêmes : 50,1-86).

- 9 patients ont moins de 1 an de dialyse avec une répartition de 55% de femmes et 45%

d’hommes. La moyenne d’âge est de 69 ans (extrêmes : 53,5-80). La moyenne de

durée de dialyse est de 0,59 années (extrêmes : 0,32-0,98).

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♦♦ EETTIIOOLLOOGGIIEESS DDEESS NNEEPPHHRROOPPAATTHHIIEESS

La distribution en pourcentage des néphropathies s’établit ainsi :

Tableau 4 : Néphropathies causales

FACTEURS POURCENTAGE EFFECTIF

Néphropathie vasculaire (NV) 17% 9/52

Glomérulonéphrite chronique(GNC) 15% 8/52

Néphropathie intersticielle chronique

(NIC)

15% 8/52

Néphropathie diabétique (NDia) 12% 6/52

Polykystose rénale (PKR) 10% 5/52

Néphropathies indéterminées (Indéter.) 8% 4/52

Néphropathies incertaines (Incert.) 15% 8/52

Autres néphropathies (à IgA…) 8% 4/52

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Figure 9 : Répartition en pourcentage des néphropathies causales

17%

15%15%

12%

10%

8%

15%8%

N.V.

G.N.C.

N.I.C.

N.D.I.A.

P.K.R.

Indéterminée

Incertaine

Autres

♦♦ AANNTTEECCEEDDEENNTTSS EETT FFAACCTTEEUURRSS DDEE CCOOMMOORRBBIIDDIITTEESS

Plus de 90 % des patients (47/52) présentent au moins un facteur de comorbidité.

Tableau 5 : Récapitulatif des comorbidités

Facteurs Effectif Pourcentage

Hypertension artérielle (HTA)Coronaropathie

Insuffisance cardiaqueArtériteDiabète

Accident vasculaire cérébral (AVC)

36/5222/5219/5215/5212/525/52

70%42%36%29%23%9,6%

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Figure 10 : Fréquence des comorbidités

70%

42% 36%

29%23%

9,60%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

HTA Insuffisancecoronarienne

Insuffisancecardiaque

Artérite Diabète AVC

Fréquence des comorbidités

Certains patients ont plusieurs facteurs de comorbidités.

Environ 2 patients sur 3 présentent une HTA, 1 patient sur 2 une coronaropathie et plus d’une

personne sur 3 une insuffisance cardiaque.

5 patients ne présentent aucun facteur de comorbidité

12 patients présentent 1 seul facteur

18 patients présentent 2 facteurs associés

6 patients présentent 3 facteurs associés

10 patients présentent 4 facteurs associés

1 patiente âgée de 80 ans souffrant d’une glomérulonéphrite d’origine vasculaire et

diabétique présente 5 facteurs de comorbidité.

Il n’y a pas de patients sur les 52 interrogés qui présentent les 6 facteurs recherchés.

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Figure 11 : Nombre de patients ayant des comorbidités associées

5

12

18

610

10

0

2

46

8

1012

14

1618

Nom

bre

de p

atie

nts

0 1 2 3 4 5 6

facteurs

♦♦ AABBOORRDD VVAASSCCUULLAAIIRREE

• Sur les 52 patients, aucun ne présentait une chambre implantable comme abord

vasculaire.

• Le cathéter n’est utilisé que chez 4 patients soit 8 %.

• La fistule artério-veineuse est la voie d’accès la plus largement utilisée à raison de 48

patients soit 92 % des patients hémodialysés.

Dans 81 % des cas, la fistule ou le pontage artério-veineux se situe sur le bras non dominant

avec comme localisation 54 % pour l’avant-bras et 27 % pour le bras.

6 % des patients ont leur fistule créée à l’avant-bras dominant et 12 % au bras dominant.

L’abord vasculaire de choix est donc la fistule artério-veineuse au bras non dominant comme

nous l’avons vu dans la première partie.

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♦♦ DDIIAALLYYSSEE

Durée hebdomadaire des séances de dialyse

En moyenne, les patients de notre étude dialysent 2,6 fois /semaine.

La plus grande partie dialyse 3 fois par semaine avec une durée de 4 heures c’est à dire

34 patients sur 52 soit 65 %.

13 patients soit 25 % dialysent 4 heures 2 fois/ semaine.

3 patients soit 6% dialysent 4 heures 1 fois/ semaine.

2 patients soit 4 % dialysent 3 heures et demi 3 fois/ semaine.

Ultrafiltration

L’ultrafiltration moyenne est de 0,76 l/heure avec des extrémités allant de 0,25 à 1,3 l/heure.

Tolérance hémodynamique

Elle a été jugée sur l’apparition fréquente ou non des malaises hypotensifs.

Pour 33% des patients, la tolérance hémodynamique est bonne, 42% ont une tolérance

moyenne et enfin 25% présentent une mauvaise tolérance.

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Figure 12 : Tolérance hémodynamique

25%33%

42%

Bonnetolérance

Moyennetolérance

Mauvaisetolérance

Technique de dialyse et type de dialyseur

La technique de dialyse prépondérante utilisée chez les patients de notre groupe est

l’hémodialyse bicarbonate dans 83 % des cas. La biofiltration sans acétate est utilisée dans

17% des cas.

Tableau 6 : Répartition des différents types de dialyseur

Type de dialyseur Fréquence PourcentageDicea 130G

Mbre diacétate3/52 6%

Crystal 2800Mbre AN69XS

10/52 19%

Crystal 3400Mbre AN69XS

14/52 27%

BLS624Mbre polysulfone

16/52 31%

Tricea 110GMbre triacétate

9/52 17%

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♦♦ DDOONNNNEEEESS SSOOCCIIAALLEESS

73% (38/52) des patients de notre étude vivent avec leur conjoint.

Seuls 8 % de cette population a une activité professionnelle soit 4 personnes avec

comme profession : commerçant, étudiant (2), employé municipal.

48% sont retraitées (dont 2 invalides) avec comme ancienne profession :

• 4 agriculteurs• 8 mères au foyer• 3 mécaniciens• 2 routiers• 2 représentants• 2 commerçants• 7 artisans• 9 fonctionnaires• 1 directeur d’entreprise• 3 sans profession

Le niveau socioprofessionnel a un intérêt dans la mesure où le vécu de la douleur peut être

différent selon sa catégorie socioprofessionnelle.

On constate que seules 4 personnes conservent une activité professionnelle ; ceci s’explique

par la moyenne d’âge élevée des patients et une maladie dont les soins (dialyse 3 fois 4

heures/ semaine) sont difficilement compatibles avec une profession.

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♦♦ TTRRAAIITTEEMMEENNTTSS

Administration d’EPO

88% des patients reçoivent une injection d’érythropoïétine. Le plus souvent, il s’agit de

Recormon® avec une fréquence d’une injection par semaine.

Prescription et utilisation d’antalgiques à domicile

Dans un premier temps, nous nous sommes intéressés à la prescription d’antalgiques chez ces

patients. Il s’avère que 29 patients sur 52 soit 56% prennent quotidiennement un antalgique.

Donc plus de la moitié de ces malades ont recours à ces médicaments pour soulager leur

douleur.

Ces antalgiques ont été classés par paliers de l’OMS ; on retrouve également dans ce tableau

d’autres substances telles que le Rivotril® (clonazepam) et l’Hexaquine® qui sont

administrées ici à des fins antalgiques.

Tableau 7 : Utilisation d’antalgiques

PALIER UTILISE NBRE DE PATIENTS(TOTAL : 29)

FREQUENCE EN POURCENTAGE

1 12 412 10 343 2 7

1 ET 2 1 41 ET 3 1 4

HEXAQUINE® 2 7RIVOTRIL® 1 4

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Figure 13 : Utilisation des antalgiques

41%

34%

7%4% 4%

7%4%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45%

1 2 3

1 ET 2

1 ET 3

Palier utilisé

Pour

cent

age

des

patie

nts

Le palier 1 est le plus utilisé avec des substances comme le paracétamol surtout, l’acide

niflunique. L’association paracétamol-dextropropoxyphène (Diantalvic®) est la plus

fréquente pour le palier 2. Au palier 3, on retrouve surtout le fentanyl (Durogésic®).

Les associations entre les différents paliers sont assez rares avec seulement 2 personnes sur

29. Nous verrons avec l’étude précise des douleurs des patients si les stratégies antalgiques

sont efficaces ou non.

Utilisation de psychotropes

Conjointement à l’étude de l’administration d’antalgiques, on note dans cette population une

grande fréquence de prescription de psychotropes. En effet, sur 52 personnes, 31 soit 61%

sont traitées par un psychotrope.

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Quatre classes de psychotropes se dégagent dans la prescription. Il s’agit notamment de :

Tableau 8 : Fréquence de l’utilisation des psychotropes

CLASSE EFFECTIF pourcentage

ANXIOLYTIQUES 20 65ANTIDEPRESSEURS 9 30

HYPNOTIQUES 14 45NEUROLEPTIQUES 1 3

Figure 14 : Principaux psychotropes utilisés

3%45%

30%65%

ANXIOLYTIQUES

ANTIDEPRESSEURS

HYPNOTIQUES

NEUROLEPTIQUES

65% des patients utilisant un ou des psychotropes prennent un anxiolytique.

30% prennent un antidépresseur et 45% un hypnotique.

Nous avons décomposé l’utilisation associée ou non dans le graphique suivant.

Anxiolytiques 8/31 26%

1 seul psychotrope Antidépresseur 2/31 7%

Hypnotiques 8/31 26%

Neuroleptiques 1/31 3%

Anxiolytiques hypnotiques 4/31 13%

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Anxiolytiques + Hypnotiques 1/31 3%

2 psychotropes Anxiolytiques + Antidépresseur 6/31 19%

3 psychotropes Anxiolytiques + Hypnotiques + Antidépresseur 1/31 3%

On peut donc dire que :

• 25% de ces patients utilisent au moins deux psychotropes

• 75% de ces patients utilisent un psychotrope

L’administration de ces psychotropes a une influence sur le vécu douloureux de ces patients

en permettant une perception moindre de l’angoisse que peut engendrer une séance

d’hémodialyse.

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3.1.2 LA DOULEUR

3.1.2.1 Evaluation de la douleur à domicile

♦♦ FFRREEQQUUEENNCCEE DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

Sur 52 patients arrivant en séance d’hémodialyse et répondant aux critères de sélection de

notre étude, 27 ressentent une douleur quotidienne exprimant la douleur au domicile soit 52%.

Dans cette population, une personne sur deux éprouve un phénomène douloureux chronique.

♦♦ IINNTTEENNSSIITTEE DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

Chez les patients douloureux chroniques, nous avons utilisé l’échelle visuelle analogique pour

quantifier la douleur avec une EVA minimale de la douleur ressentie et une EVA maximale

exprimée en cm sur réglette (0 cm EXCLU)

Tableau 9 : Distribution en effectif et pourcentage pour EVA minimale par paliers pour

douleur au domicile

PALIERS EN CM NOMBRE POURCENTAGEPalier 0-0,9 1 4Palier 2-2,9 6 24Palier 3-3,9 9 36Palier 4-4,9 3 12Palier 5-5,9 2 8Palier 6-6,9 3 12Palier 7-7,9 1 4

TOTAL 25 100%

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D’après ces résultats, on constate que :

24% de ces patients expriment une EVA minimale supérieure à 5 cm dont 4% avec un

palier de 7 à 7,9 cm, donc un patient sur 5 ayant des douleurs à domicile peut ressentir

une douleur ayant une intensité d’une EVA de 5 cm au minimum. Cette douleur n’est

pas forcément constante.

72% présentent une EVA minimale comprise dans un palier de 2 à 4,9 cm.

Seuls 4% ont une douleur d’intensité minimale faible (1er palier).

Tableau 10 : Distribution en effectif et pourcentage pour EVA maximale par paliers

pour la douleur au domicile

PALIERS EN CM NOMBRE POURCENTAGEPalier 4-4,9 3 11,5Palier 5-5,9 3 11,5Palier 6-6,9 3 11,5Palier 7-7,9 6 23Palier 8-8,9 6 23Palier 9-10 5 19,5TOTAL 26 100%

88,5% des 26 patients ont une EVA maximale supérieure à 5 cm dont 11 patients

ayant une douleur pouvant atteindre une intensité supérieure à 8 cm sur l’EVA.

L’intensité maximale se situe toujours au-dessus de 5 cm ; aucun patient n’exprime

une douleur maximale dans des paliers moyens.

Ces résultats sur la douleur chronique, quant à l’intensité ressentie, nous renseignent sur le

vécu douloureux quotidien de ces patients. Ils seront un élément important pour faire un bilan

de la douleur chronique et surtout un outil de comparaison par rapport à la douleur aiguë

exprimée lors de la séance.

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Figure 15 : Intensité de la douleur au domicile

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Palier

0-0,9

cm

Palier

2-2,9

cm

Palier

3-3,9

cm

Palier

4-4,9

cm

Palier

5-5,9

cm

Palier

6-6,9

cm

Palier

7-7,9

cm

Palier

8-8,9

cm

Palier

9-10

cm

Paliers de l'EVA

Pour

cent

age

de p

atie

nts

EVA Minimale

EVA Maximale

♦♦ LLEE QQUUEESSTTIIOONNNNAAIIRREE DDEE SSAAIINNTT AANNTTOOIINNEE QQDDSSAA

Les 17 sous-classes du QDSA sont réparties comme suit :

De A à I : composantes sensorielles

De J à O : composantes affectives

P : composante évaluative

Nous avons noté la fréquence de citation de chaque sous-classe par les 27 patients qui

présentent une douleur au domicile.

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Les composantes sensorielles

Tableau 11 : les composantes sensorielles du QDSA et leurs fréquences pour la douleur

exprimée au domicile.

SOUS-CLASSES QUALIFICATIFS Fréquence de citationn=27

A

BattementsPulsations

ElancementsEn éclairs

Décharges électriquesCoups de marteau

4%8%50%8%15%8%

1/272/2713/272/274/272/27

B RayonnanteIrradiante

18%20%

5/276/27

C PiqûresCoupures

PénétrantesTransperçantes

Coups de poignard

26%8%4%4%18%

7/272/271/271/275/27

D PincementsSerrements

CompressionsEcrasements

EtauBroiement

15%8%10%20%4%0%

4/272/273/276/271/270/27

E TiraillementsEtirementsDistensionsDéchiruresTorsions

Arrachements

10%8%4%8%0%4%

3/272/271/272/270/271/27

F ChaleurBrûlure

15%18%

4/275/27

G FroidGlace

8%0%

2/270/27

H PicotementsFourmillementsDémangeaisons

30%18%10%

8/275/273/27

I EngourdissementsLourdeurSourde

52%4%4%

14/271/271/27

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Les composantes affectives

Tableau 12 : les composantes affectives du QDSA et leurs fréquences pour la douleur au

domicile

SOUS-CLASSES QUALIFICATIFS Fréquence de citationn=27

J FatiganteEpuisanteEreintante

75%10%0%

20/273/270/27

K NauséeuseSuffocanteSyncopale

15%8%0%

4/272/270/27

L InquiétanteOppressanteAngoissante

33%4%4%

9/271/271/27

M HarcelanteObsédante

CruelleTorturante

Suppliciante

4%10%4%4%0%

1/273/271/271/270/27

N GênanteDésagréable

PénibleInsupportable

18%37%45%18%

5/2710/2712/275/27

O EnervanteExaspéranteHorripilante

37%10%4%

10/273/271/27

La composante évaluative

Tableau 13 : la composante évaluative du QDSA et sa fréquence pour la douleur au

domicile.

SOUS-CLASSES QUALIFICATIFS Fréquence de citationn=27

P DéprimanteSuicidaire

8%0%

2/270/27

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Dans le tableau suivant, nous avons noté quels étaient dans chaque sous-classe les

qualificatifs les plus fréquemment choisis par les patients pour décrire leurs douleurs au

domicile.

Tableau 14 : Qualificatifs du QDSA les plus cités par le groupe de patients

SOUS- CLASSE QUALIFICATIF LE PLUSCITE

FREQUENCE EN %

A Elancements 50%B Irradiante 20%C Piqûres 26%D Ecrasements 20%E Tiraillements 10%F Brûlure 18%G Froid 8%H Picotements 30%I Engourdissements 52%J Fatigante 75%K Nauséeuse 15%L Inquiétante 33%M Obsédante 10%N Désagréable

Pénible37%45%

O Enervante 37%P Déprimante 8%

On observe que pour décrire leurs douleurs chroniques, les patients utilisent principalement

des qualificatifs « affectifs-émotionnels ».

Le qualificatif « élancement » (50%) (Classe A : temporelle) est le plus utilisé de la catégorie

des qualificatifs sensoriels, viennent ensuite les termes « engourdissements » (52%) (Classe

I : caractère sourd) et « picotements » (Classe H : paresthésies) (30%).

Le qualificatif « fatigante » est le plus fréquemment cité à la fois de la catégorie des

qualificatifs « affectifs- émotionnels » et de l’ensemble des 17 sous-classes.

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Score global

Le sore global de chaque patient pour son questionnaire a été calculé en additionnant le score

de tous les qualificatifs choisis par le patient.

Trois scores n’ont pu être défini car les patients ne pouvaient ou ne savaient pas pondérer le

qualificatif choisi.

La moyenne des scores est de 21,45 ± 10,35.

La répartition des scores par paliers est la suivante :

Tableau 15 : Répartition par palier des scores du QDSA

Palier Nombre de scores0-10 311-20 1021-30 530-40 540-50 1

Figure 16 : Répartition des scores du QDSA

135

5 10

palier 0-10

palier 11-20

palier 21-30

palier 31- 40

palier 40-50

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3.1.2.2 Evaluation de la douleur à l’arrivée en dialyse (H0)

♦♦ FFRREEQQUUEENNCCEE DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

Sur les 52 patients interrogés, 12 patients soit 23% ressentent une douleur à l’arrivée en

hémodialyse. Bien que 52% des malades se plaignent de douleurs au domicile, tous ne

débutent pas la séance (H0) avec des douleurs.

♦♦ IINNTTEENNSSIITTEE DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

Tableau 16 : Distribution en effectif et pourcentage pour EVA minimale à l’arrivée en

séance d’hémodialyse

PALIERS EN CM NOMBRE POURCENTAGEPalier 0-0,9 2 16,5Palier 2-2,9 3 25Palier 3-3,9 3 25Palier 4-4,9 3 25Palier 5-5,9 1 8,5

TOTAL 12 100%

91,5% des patients ont une douleur d’intensité inférieure à 5 cm dont 75% entre 2 et

4,9 cm.

8,5% ont une EVA supérieure à 5 cm.

Tableau 17 : distribution en effectif et pourcentage pour EVA maximale par paliers à H0

PALIERS EN CM NOMBRE POURCENTAGEPalier 3-3,9 4 33,5Palier 4-4,9 2 16,5Palier 5-5,9 2 16,5Palier 6-6,9 1 8,5Palier 7-7,9 1 8,5Palier 9-10 2 16,5TOTAL 12 100%

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-154-

50% des patients ont une EVA maximale supérieure à 5 cm.

L’EVA maximale ne commence qu’à un palier de 3-3,9 cm.

16,5% expriment une EVA dans un palier correspondant une douleur maximale

imaginable.

Figure 17 : Intensité de la douleur à l’arrivée en séance d’hémodialyse

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Palier0-0,9cm

Palier2-2,9cm

Palier3-3,9cm

Palier4-4,9cm

Palier5-5,9cm

Palier6-6,9

Palier7-7,9

Palier9-10

Paliers de l'EVA

Pour

cent

age

des

patie

nts

EVA minimale

EVA maximale

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-155-

3.1.2.3 Evaluation de la douleur à la ponction de l’abord vasculaire

♦♦ FFRREEQQUUEENNCCEE DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

Sur 52 patients, 26 patients soit 50% ressentent une douleur lors du branchement.

♦♦ IINNTTEENNSSIITTEE DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

Tableau 18 : Distribution en effectif et pourcentage pour EVA minimale par paliers

pour la douleur à la ponction de l’abord vasculaire

PALIERS EN CM NOMBRE POURCENTAGEPalier 1-1,9 1 12,5Palier 2-2,9 3 37,5Palier 3-3,9 1 12,5Palier 4-4,9 1 12,5Palier 5-5,9 2 25

TOTAL 8 100

8 patients sur 26 ont au moins une douleur dont l’EVA est comprise entre 1 et 5,9 cm

lors de la ponction ce qui représente 15,4% de l’ensemble de la population étudiée.

50% de la population totale ne présente pas de douleurs à la ponction.

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-156-

Tableau 19 : Distribution en effectif et en pourcentage pour EVA maximale par

paliers pour la douleur à la ponction de l’abord vasculaire

PALIERS EN CM NOMBRE POURCENTAGEPalier 1-1,9 2 7,7Palier 2-2,9 7 27Palier 3-3,9 4 15,4Palier 4-4,9 1 3,9Palier 5-5,9 5 19Palier 7-7,9 4 15,4Palier 8-8,9 2 7,7Palier 9-10 1 3,9TOTAL 26 100

46% des 26 patients ressentent une douleur dont l’EVA est supérieure à 5 cm dont

27% dans de très haute intensité c'est-à-dire avec une EVA supérieure à 7 cm.

Figure 18 : Intensité de la douleur à la ponction de l’abord vasculaire

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Palier1-1,9cm

Palier2-2,9cm

Palier3-3,9cm

Palier4-4,9cm

Palier5-5,9cm

Palier7-7,9cm

Palier8-8,9cm

Palier9-10cm

Paliers de l'EVA

Pour

cent

age

des

patie

nts

EVA minimale

EVA maximale

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-157-

♦♦ UUTTIILLIISSAATTIIOONN DDEE PPAATTCCHHSS OOUU DDEE CCRREEMMEE EEMMLLAA®® AAVVAANNTT LLAA

PPOONNCCTTIIOONN

Dans notre étude, 20 patients sur 52 recevaient l’anesthésique local EMLA® soit 38,5%.

Pour le groupe ne présentant pas de douleur à la ponction

10 patients sur 26 utilisent l’anesthésique EMLA® soit 38,5%.

Pour certains, le patch est indispensable sinon la ponction devient très douloureuse.

Un patient décrit la ponction de la fistule comme une sensation de picotement qu’il ne

considère pas être une douleur.

Pour le groupe présentant une douleur à la ponction

La répartition des patients utilisant l’anesthésique local en fonction de l’EVA maximale se

présente comme suit :

Tableau 20 : Répartition des patients utilisant EMLA® en fonction de l’EVA maximale

PALIERS DE L’EVAMAXIMALE EN CM

NOMBRE DE PATIENTSUTILISANT EMLA ® / A LA

TOTALITE (26)

POURCENTAGE DEPATIENTS UTILISANTEMLA® PAR PALIERS

Palier 1-1,9 2 / 2 100%Palier 2-2,9 3 / 7 43%Palier 3-3,9 2 / 2 100%Palier 5-5,9 2 / 5 40%Palier 7-7,9 1 / 4 25%Palier 8-8,9 0 / 2 0%Palier 9-10 0 / 1 0%

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-158-

Sur les 26 patients ayant des douleurs, 10 utilisent un anesthésique avec EMLA® le plus

souvent, sauf un patient qui tamponne l’abord vasculaire avec une solution de xylocaïne.

On constate que les patients ayant les EVA maximales les plus basses (inférieures à 5

cm) utilisent plus d’anesthésique local, c'est-à-dire pour une EVA comprise entre 1 et

4,9 cm, il y a 7 patients avec anesthésique sur 14 soit 50%.

Pour des EVA supérieures à 5 cm, sur 12 patients seuls 3 utilisent EMLA® soit 25%.

Pour des valeurs très élevées d’EVA, les patients n’utilisent pas d’anesthésique.

Certains malades ressentent une sensation de brûlure au branchement.

3.1.2.4 Evaluation de la douleur en milieu de dialyse (H2)

♦♦ FFRREEQQUUEENNCCEE DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

Il s’agit d’étudier le pourcentage de patients douloureux après 2 heures de dialyse. Il s’avère

que 33% ressentent une douleur.

♦♦ IINNTTEENNSSIITTEE DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

Tableau 21 : Distribution en effectif et pourcentage pour EVA minimale par paliers

pour la douleur du milieu de dialyse

PALIERS EN CM NOMBRE POURCENTAGEPalier 0-0,9 2 12,5Palier 2-2,9 6 37,5Palier 4-4,9 5 32Palier 5-5,9 1 6Palier 6-6,9 1 6Palier 8-8,9 1 6

TOTAL 16 100%

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-159-

1 patient présentait une douleur mais n’a pas exprimé une EVA d’où un nombre total

de patients égal à 16.

82% des patients ont une EVA minimale inférieure à 5 cm.

18% des patients ont une EVA minimale supérieure à 5 cm à avec 6% ayant des

valeurs élevées (8-8,9 cm).

Tableau 22 : Distribution en effectif et pourcentage pour EVA maximale par paliers

pour la douleur en milieu de dialyse

PALIERS EN CM NOMBRE POURCENTAGEPalier 3-3,9 4 25Palier 4-4,9 2 12,5Palier 5-5,9 3 18,75Palier 6-6,9 4 25Palier 7-7,9 2 12,5Palier 9-10 1 6,25TOTAL 16 100%

1 patient n’a pas su répondre d’où un total de 16 personnes.

62,5% des malades ont une douleur ayant une EVA maximale supérieure à 5 cm.

37,5% ont une EVA maximale inférieure à 5 cm.

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-160-

Figure 19 : Intensité de la douleur en milieu de séance d’hémodialyse

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Palier0-

0,9cm

Palier2-

2,9cm

Palier3-

3,9cm

Palier4-

4,9cm

Palier5-

5,9cm

Palier6-

6,9cm

Palier7-

7,9cm

Palier8-

8,9cm

Palier9-10cm

Paliers de l'EVA

Pour

cent

age

des

patie

nts

EVA minimale

EVA maximale

♦♦ SSIITTEESS DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

Il a été demandé aux patients qui exprimaient une douleur en milieu de dialyse de la situer sur

un schéma corporel. Les résultats sont groupés par localisation identique, une même personne

pouvant avoir plusieurs zones douloureuses.

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-161-

Localisations

Tableau 23 : les sites de la douleur exprimée en milieu de dialyse

LOCALISATIONS NOMBRE DE

PATIENTS

COMMENTAIRES

FACE 1 patient 6% Algie de la face

EPAULE 1 patient 6% Douleur d’arthrose

POITRINE GAUCHE 1 patient 6%

DOS, BAS DU DOS 2 patients 12%

COTES 1 patient 6%

BRAS 4 patients 24% Dû à l’arthrose

FISTULE 1 patient 6%

Crampe ou

polyarthrite

3 patients 18%

Site d’amputation ou

artérite

JAMBE

2 patients 12%

Crampe ou site

d’amputation

PIEDS

4 patients 24%

Un patient ressent au niveau des talons des

douleurs intermittentes

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-162-

Donc les sites essentiels sont :

Au niveau des bras et épaules et cela dû à des douleurs arthrosiques dans la plupart des

cas.

Au niveau de zones d’amputation (moignon, orteils) et de zone d’artérite.

3.1.2.5 Evaluation de la douleur en fin de dialyse

♦♦ FFRREEQQUUEENNCCEE DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

40% des patients présentent une douleur aiguë à H4 c'est-à-dire en fin de dialyse, ce qui

représente 21 patients sur 52.

♦♦ IINNTTEENNSSIITTEE DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

Tableau 24 : Distribution en effectif et pourcentage pour EVA minimale par paliers

pour la douleur en fin de dialyse

PALIERS EN CM NOMBRE POURCENTAGEPalier 0-0,9 8 38Palier 1-1,9 1 5Palier 2-2,9 4 19Palier 3-3,9 1 5Palier 4-4,9 3 14Palier 6-6,9 3 14Palier 8-8,9 1 5

TOTAL 21 100%

38% des 21 patients ont une EVA minimale entre 0 et 0,9 cm.

19% ont une EVA supérieure à 5 cm.

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-163-

Tableau 25 : Distribution en effectif et en pourcentage pour l’ EVA maximale

par paliers pour la douleur en fin de dialyse

PALIERS EN CM NOMBRE POURCENTAGEPalier 1-1,9 2 9,5Palier 2-2,9 3 14Palier 3-3,9 4 19Palier 4-4,9 1 5Palier 5-5,9 5 24Palier 6-6,9 2 9,5Palier 7-7,9 2 9,5Palier 8-8,9 1 4,75Palier 9-10 1 4,75TOTAL 21 100

52,5 % des patients ont une EVA maximale supérieure à 5 cm.

9,5% ont une EVA maximale supérieure à 8 cm.

Figure 20 : Intensité de la douleur en fin de séance d’hémodialyse

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Palier0-0,9cm

Palier1-1,9cm

Palier2-2,9cm

Palier3-3,9cm

Palier4-4,9cm

Palier5-5,9cm

Palier6-6,9cm

Palier7-7,9cm

Palier8-8,9cm

Palier9-10cm

Paliers de l'EVA

Pour

cent

age

des

patie

nts

EVA minimale

EVA maximale

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♦♦ SSIITTEESS DDEE LLAA DDOOUULLEEUURR

En comparaison des sites de douleur au milieu de dialyse, il y a des patients qui ressentent :

Tableau 26 : Autres phénomènes douloureux en fin de dialyse

Malaise hypotensif 4 patients sur 21 19%

Grande fatigue 3 patients sur 21 15%

Crampes, fourmillements 5 patients sur 21 24%

Tableau 27 : Les sites de la douleur exprimée en fin de dialyse

LOCALISATIONS NOMBRE DE PATIENTS

Douleurs des pieds 5 patients 24%

Douleurs des jambes 2 patients 9,5%

Mal à la tête 3 patients 15%

Fistule 3 patients 15%

Moignon 1 patient 4,75%

Poitrine 1 patient 4,75%

Bras 3 patients 15%

Côtes 1 patient 4,75%

Les patients conservent en général le site douloureux qu’ils avaient noté en milieu de dialyse.

Certains, souvent en plus de douleurs évoquées, sont l’objet de chute de tension, crampes et

fatigue.

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-165-

3.2 ANALYSE

3.2.1 FREQUENCE DE LA DOULEUR AU COURS DU TEMPS (DOMICILE,

ARRIVEE, PONCTION, MILIEU, FIN)

Dans l’ensemble de la population étudiée, 52% des patients (27/52) ressentent une douleur à

leur domicile. Lors de leur arrivée en dialyse (moment H0), 23% des dialysés (15/52)

présentent une douleur. Au moment de la ponction de l’abord vasculaire, 50% des patients

(26/52) se plaignent de douleurs aiguës. Après deux heures de dialyse (moment H2), 33% des

sujets (17/52) expriment une algie aiguë, ce chiffre augmente jusqu’à 40% (21/52) en fin de

dialyse (moment H4).

Tableau 28 : Fréquence de la douleur

Temps de mesure Fréquence Effectif

Douleur au domicile 52% 27/52

Douleur à l’arrivée (H0) 23% 15/52

Douleur à la ponction 50% 26/52

Douleur milieu de dialyse (H2) 33% 17/52

Douleur fin de dialyse (H4) 40% 21/52

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-166-

Figure 21 : Répartition des fréquences de la douleur

52%

23%

50%

33%

40%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

domicile arrivée Ponction milieu fin

3.2.2 INTENSITE DE LA DOULEUR

3.2.2.1 Etude de l’EVA minimale

Pour chaque temps de mesure (domicile, arrivée en dialyse, ponction, milieu de dialyse, fin de

dialyse), il a été défini, dans la population étudiée, la répartition du nombre de patients en

fonction des différentes valeurs de l’EVA minimale. Ces valeurs de l’EVA sont classées par

paliers exprimés en cm sur l’échelle de la réglette (0 cm exclu). La fréquence est exprimée en

pourcentage, le chiffre noté entre parenthèses correspond au nombre de patients ressentant

une douleur pour ce palier de l’EVA.

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-167-

Tableau 29 : Répartition du nombre de patients en fonction des valeurs de l’EVA

MINIMALE

PALIERS

DE EVA

(CM)

DOMICILE ARRIVEE PONCTION 2H

DIALYSE

FIN DE

DIALYSE

0-0,9 4% (1) 16,5% (2) - 12,5% (2) 38% (8)

1-1,9 - - 12,5% (1) - 5% (1)

2-2,9 24% (6) 25% (3) 37,5% (3) 37,5% (6) 19% (4)

3-3,9 36% (9) 25% (3) 12,5% (1) - 5% (1)

4-4,9 12% (3) 25% (3) 12,5% (1) 32% (5) 14% (3)

5-5,9 8% (2) 8,5% (1) 25% (2) 6% (1) -

6-6,9 12% (3) - - 6% (1) 14% (3)

7-7,9 4% (1) - - - -

8-8,9 - - - 6% (1) 5% (1)

9-10 - - - - -

Total

patient

25 12 8 16 21

- Les EVA exprimées par les patients pour décrire le minimum de douleur ressentie

se situent dans la plupart des cas entre 0 et 5,9 cm.

- Les moments qui génèrent le moins de douleur en terme d’intensité sont à l’arrivée

en dialyse et à la ponction. Le minimum d’EVA est toujours en dessous de 5,9 cm.

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-168-

♦♦ RREEGGRROOUUPPEEMMEENNTT DDEE TTOOUUSS LLEESS EEFFFFEECCTTIIFFSS PPAARR PPAALLIIEERRSS DD’’EEVVAA

MMIINNIIMMAALLEE

Dans le tableau suivant, pour chacun des paliers d’EVA minimale exprimée en cm, nous

avons additionné le nombre de patients ayant cité ce palier sur l’ensemble des temps de

mesure.

Tableau 30 : Effectifs selon les paliers de l’EVA MINIMALE

PALIEREVACM

EFFECTIF

0-0,9 131-1,9 22-2,9 223-3,9 144-4,9 155-5,9 66-6,9 77-7,9 18-8,9 29-10 0

- Le palier 0-0,9 cm comprend 13 patients ; la majeure partie des personnes se

répartit du palier 2-2,9 cm au palier 4-4,9 cm. Les douleurs exprimées par ces

patients restent dans des valeurs moyennes.

- Une population relativement importante de patients exprime des valeurs d’EVA

minimales proches de celles données pour des EVA maximales. Dans l’ensemble

de la population étudiée, il a été considéré 2 fois la douleur minimale comme étant

une douleur très violente et ce en milieu et en fin de dialyse.

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-169-

3.2.2.2 Etude de l’EVA maximale

Comme pour l’étude de l’EVA minimale, le tableau suivant indique le nombre de patients par

paliers d’EVA maximale (cm) selon le temps de mesure.

Tableau 31 : Répartition du nombre de patients en fonction des valeurs de l’EVA

MAXIMALE

PALIERS

(CM DE

EVA)

DOMICILE ARRIVEE PONCTION 2H

DIALYSE

FIN DE

DIALYSE

0-0,9 - - - - -

1-1,9 - - 7,7% (2) - 9,5% (2)

2-2,9 - - 27% (7) - 14% (3)

3-3,9 - 33,5% (4) 15,4% (4) 25% (4) 19% (4)

4-4,9 11,5% (3) 16,5% (1) 3,9% (1) 12,5% (2) 5% (1)

5-5,9 11,5% (3) 16,5% (1) 19% (5) 18,75% (3) 24% (5)

6-6,9 11,5% (3) 8,5% (1) - 25% (4) 9,5% (2)

7-7,9 23% (6) 8,5% (1) 15,4% (4) 12,5% (2) 9,5% (2)

8-8,9 23% (6) - 7,7 (2) - 4,75% (1)

9-10 19,5% (1) 16,5% (1) 3,9% (1) 6,25% (1) 4,75% (1)

Total

patient

26 12 26 16 21

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-170-

- Les EVA exprimées pour décrire la douleur maximale ressentie se distribue surtout

à partir du palier 4-4,9 cm.

- Le palier exprimant la douleur insupportable c’est à dire 9-10 cm est atteint à

chaque fois aux différents moments.

- C’est la ponction de l’abord vasculaire et en fin de dialyse que les valeurs d’EVA

maximale peuvent être les plus faibles.

- On constate que pour une très forte proportion de patients l’EVA maximale se

situe au-dessus de la moyenne c’est à dire 5 cm.

♦♦ RREEGGRROOUUPPEEMMEENNTT PPAARR EEFFFFEECCTTIIFFSS DDEE TTOOUUSS LLEESS PPAALLIIEERRSS DD’’EEVVAA

MMAAXXIIMMAALLEE

Tableau 32 : Effectifs selon les paliers de l’EVA MAXIMALE

PALIEREVA CM

EFFECTIF

0-0,9 01-1,9 42-2,9 103-3,9 164-4,9 95-5,9 186-6,9 107-7,9 158-8,9 99-10 10

- Les plus grands effectifs se trouvent au-dessus du palier 5 cm ce qui augure d’une

douleur importante chez les patients.

- On retrouve la forte proportion de patients ressentant des douleurs dont l’intensité

exprimée par échelle EVA se situe dans les paliers les plus hauts.

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-171-

3.2.2.3 Evolution de l’intensité de la douleur dans la population totale

Pour suivre l’évolution de l’intensité de la douleur, il s’agit de déterminer l’EVA moyenne

aussi bien minimum que maximum aux différents moments de l’enquête. Les résultats sont

regroupés dans le tableau suivant :

Tableau 33 : EVA moyen minimale et maximale en cm pour tous les instants

MOMENT DE

MESURE

EVA MINIMAL

MOYEN

EVA MAXIMAL

MOYEN

∆ EVA MOYEN

Domicile 1,73 ±2,15 3,55 ±3,85 1,82

Arrivée 0,54 ±1,34 0,94 ±2,10 0,4

Ponction 0,5 ±1,31 2,13 ±2,85 1,63

Milieu de dialyse 1,05 ±1,94 1,75 ±2,72 0,7

Fin de dialyse 1,03 ±2,05 1,91 ±2,77 0,88

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-172-

Figure 22 : Evolution de l’EVA moyen pendant la séance d’hémodialyse

1,73

1,03

3,55

0,94

2,131,91

0,54 0,5

1,05

1,75

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

3,5

4

Domicile Arrivée Ponction milieu f in

EVA

moy

enne

(cm

)

EVA minimale moyenne (cm) EVA maximale moyenne (cm)

Ces données sont calculées sur la population totale c’est à dire sur les

52 patients qui expriment ou non une douleur.

- Pour ce calcul :

o L’EVA moyenne minimale ainsi que l’EVA maximale sont toujours plus

élevées au domicile que lors des autres mesures.

o Il y a une nette augmentation de l’intensité de la douleur entre l’arrivée et

le milieu et une stabilisation du milieu jusqu’à la fin et ce pour l’EVA

minimale et maximale.

o Les écarts les plus importants entre les deux EVA sont au domicile et à la

ponction.

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-173-

3.2.2.4 Evolution de l’intensité de la douleur aux différents moments dans

la population exprimant une douleur

La moyenne des EVA maximale et minimale est calculée en prenant comme effectifs de

chaque temps de mesure le nombre de personnes exprimant une douleur à ce moment.

Tableau 34 : EVA moyen minimale et maximale en cm à chaque temps de mesure dans

la population exprimant une douleur

TEMPS DE

MESURE

EVA MINIMALE

MOYEN

EVA MAXIMALE

MOYEN

∆ EVA MOYEN

Domicile 3,75 ±1,53 7,09 ±2,01 3,34

Arrivée à la séance

d’hémodialyse

3,53 ±1,07 4,87 ±1,93 1,34

Ponction de l’abord

vasculaire

3,24 ±1,49 4,25 ±2,68 1,01

Milieu de dialyse 3,88 ±1,75 5,35 ±1,79 1,47

Fin de dialyse 4,11 ±2,05 4,74 ±2,36 0,63

- Si on ne considère que le groupe de patients exprimant une douleur, on constate

que l’EVA moyenne minimale augmente tout au long de la séance ( de 3,2 cm à

4,1 cm).

- Mis à part l’EVA moyenne maximale à domicile, les autres EVA maximales

varient de 4,2 cm à 5,3 cm.

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-174-

- L’EVA moyenne maximale est très élevée quand on le ramène à la population

douloureuse.

- Les écarts sont assez rapprochés sauf pour la douleur au domicile.

3.2.2.5 Nombre de patients ayant une EVA supérieure ou égale à 5 cm en

fonction du temps de la mesure

Tableau 35 : Nombre de patients avec une EVA supérieure ou égale à 5 cm

Patients avec EVA

Maximale supérieure ou

égale à 5 cm (n= 52)

Patients avec EVA

Minimale supérieure ou

égale à 5 cm (n=52)

Domicile 23 6

Arrivée 6 1

Ponction 12 2

Milieu 10 3

Fin 11 4

Dans la population douloureuse, l’évolution de l’intensité de la douleur peut être prise en

compte par le nombre de patients ayant une EVA supérieure à 5 cm à chaque temps de

mesure. Il s’agit aussi bien de l’EVA minimale que maximale.

On constate que :

- C’est dans la cotation de la douleur au domicile que le nombre de patients

exprimant une EVA supérieure ou égale à 5 cm est le plus important (EVA

maximale et minimale).

- La ponction semble être vécue comme assez douloureuse.

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-175-

- Le nombre de patients dont l’EVA maximale est supérieure ou égale à 5 cm

augmente au cours de la séance ; il en est de même pour les EVA minimales

supérieures ou égales à 5 cm.

Figure 23 : nombre de patients ayant une EVA supérieure ou égale à 5 cm

Domicile Arrivée Ponction Milieu Fin0

5

10

15

20

25

nomb

re de

patie

nts

EVA MaximaleEVA Minimale

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-176-

3.2.3 APPARITION D’UNE DOULEUR AIGUË AU COURS DE LA SEANCE

DE DIALYSE

L’apparition d’une douleur aiguë en cours de dialyse est étudiée pour les patients ne

présentant pas de douleur à leur arrivée en séance d’hémodialyse.

Le groupe des patients sans douleur à l’arrivée en séance d’hémodialyse est de 40 patients soit

77% de la population totale.

Dans ce groupe, 43% des patients expriment une douleur à domicile (17/40).

43% (17/40) ressentent une douleur à la ponction de l’abord vasculaire.

15% (6/ 40) éprouvent une douleur en milieu de séance.

27,5% (11/ 40) expriment une douleur en fin de séance d’hémodialyse.

Tableau 36 : Schéma récapitulatif

Groupe des patients sans douleurs en début de séance : 40 patients (77% de la population

totale)

Douleur Pas de douleur

Douleur à domicile 43% (17/40) 57% (23/40)

Douleur à la ponction 43% (17/40) 57% (23/40)

Douleur au milieu de dialyse 15% (6/40) 85% (34/40)

Douleur à la fin de dialyse 27,5% (11/40) 72,5% (29/40)

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-177-

Figure 24 : proportion de patients exprimant une douleur à chaque mesure pour le

groupe des patients non douloureux en début de séance.

43%

57%

43%

57%

15%

85%

27,50%

72,50%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Pour

cent

age

de p

atie

nts

domicile ponction milieu fin

Pas de douleur

Douleur

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-178-

3.2.4 FACTEURS DE RISQUE DE L’APPARITION D’UNE DOULEUR EN

MILIEU ET EN FIN DE DIALYSE

Plusieurs variables ont été testées en analyse univariée. (Tableau 37 et 38)

La fréquence des variables selon la présence d’une douleur a été définie en milieu et en fin de

dialyse.

3.2.4.1 Milieu de dialyse

Tableau 37 : Fréquence des variables selon la présence d’une douleur en milieu de

dialyse

FACTEURS DOULEUR PAS DE DOULEUR P

Age 74± 8 63± 15 NSSexe 4/6 7/11 NS

Diabète 50 % 14% NSArtérite 83% 23% p< 0,05

Insuffisancecardiaque

16% 44% NS

Insuffisancecoronarienne

83% 32% NS

Durée enHémodialyse (mois)

31± 19 58± 48 NS

Ultrafiltration(l/heure)

0,71± 0,08 0,74± 0,06 NS

Mauvaise tolérance 50% 17% NSConjoint 100% 65% NS

Erythropoïétine 83% 94% NSAntalgiques 50% 50% NS

Psychotropes 100% 63% NS

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-179-

Les facteurs de risque de l’apparition d’une douleur en milieu de dialyse ont été déterminés

dans le groupe des 40 patients ne présentant pas de douleur à leur arrivée en séance

d’hémodialyse. La fréquence de chaque variable est évaluée dans les sous-groupes présentant

une douleur en milieu de dialyse ainsi que celui n’en présentant pas. La différence entre ces

deux groupes est alors significative ou non.

Si la différence est significative, c'est-à-dire que p<0,05, la variable est alors considérée

comme un facteur de risque d’apparition de douleur en milieu de dialyse pour des patients non

douloureux à l’arrivée en séance d’hémodialyse.

Par exemple : la fréquence de l’artérite était de 83% parmi les patients qui exprimaient une

douleur au milieu de la séance de dialyse. Chez les malades ne présentant pas de douleur en

cours de dialyse, la fréquence de l’artériopathie était de 23% (p = 0,01).

3.2.4.2 Fin de dialyse

Tableau 38 : fréquence des variables selon la présence d’une douleur en fin de dialyse

FACTEURS DOULEUR PAS DE DOULEUR PDiabète 58% 35% NSArtérite 60% 32% NS

Insuffisancecardiaque

33% 38% NS

Insuffisancecoronarienne

54% 30% NS

Ultrafiltration(l/heure)

0,81 ± 0,06 0,72 ± 0,07 NS

Mauvaise tolérance 38% 16% NSErythropoïétine 39% 50% NS

Antalgiques 52% 26% NSPsychotropes 38% 45% NS

Douleur à domicile 66% 20% p<0,05 (=0,0001)Douleur en milieu de

séance94% 14% p<0,05 (= 0,0093)

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D’après les résultats ci-dessus, on constate que la fréquence de la douleur à domicile est de

66% dans le groupe présentant des douleurs en fin de dialyse, alors que cette fréquence est de

20% dans le groupe ne présentant pas de douleurs. La différence entre les deux groupes est

significative (p<0,05).

Il en est de même pour la douleur en milieu de dialyse ; en effet, la fréquence de la douleur en

milieu de dialyse est de 94% dans le groupe présentant des douleurs en fin de dialyse contre

14% dans l’autre groupe. La différence entre les deux groupes est aussi significative (p<0,05).

En ce qui concerne l’artérite, la différence de fréquence de ce paramètre entre les deux

groupes n’est plus significative.

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-181-

3.2.4.3 Evolution de la proportion de patients douloureux dans deux

groupes de population différents. Influence de la douleur à domicile.

♦♦ EETTUUDDEE DDEESS PPAATTIIEENNTTSS AAYYAANNTT DDEESS DDOOUULLEEUURRSS AA DDOOMMIICCIILLEE

52% des patients (27/52) ressentent des douleurs à domicile. Dans ce groupe, 37% des

patients (10/27) arrivent à la séance avec une douleur ; 52% des patients (14/27) expriment

une douleur en milieu de séance et 59% (16/27) en fin de dialyse.

44% des patients (12/27) ressentent une douleur à la ponction de l’abord vasculaire. Ainsi,

nous retrouvons dans ce groupe de patients une augmentation de la douleur au cours de la

séance.

Tableau 39 : Schéma récapitulatif

Groupe des patients présentant des douleurs au domicile (27 patients : 52% de la population

totale)

Douleur Pas de douleur

Douleur à la ponction 44% (12/27) 56% (15/27)

Douleur à l’arrivée 37% (10/27) 63% (17/27)

Douleur au milieu de dialyse 52% (14/27) 48% (13/27)

Douleur en fin de dialyse 59% (16/27) 41% (11/27)

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-182-

Figure 25 : proportion de patients exprimant une douleur à chaque temps de mesure

dans le groupe de patients douloureux au domicile

44%

56%

37%

63%

52%

48%

59%

41%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

pour

cent

age

de p

atie

nts

Ponction Arrivée Milieu Fin

Pas de douleur

Douleur

♦♦ EETTUUDDEE DDEESS PPAATTIIEENNTTSS NNEE PPRREESSEENNTTAANNTT PPAASS DDEE DDOOUULLEEUURRSS AA

DDOOMMIICCIILLEE

48% (25/52) de la population totale étudiée n’expriment pas de douleur à domicile. 92% des

patients (23/25) n’ont pas de douleurs à l’arrivée en séance d’hémodialyse. A la ponction,

56% des patients (14/25) se plaignent d’une douleur. 12% (3/25) ressentent une douleur en

milieu de séance d’hémodialyse et 20% (5/25) en fin de séance d’hémodialyse.

Il y a donc une augmentation du nombre de patients qui expriment une douleur mais de façon

beaucoup moins intense que dans le groupe des patients douloureux à domicile.

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-183-

Tableau 40 : schéma récapitulatif

Groupe des patients n’exprimant pas de douleur au domicile (25 patients : 48% de la

population totale)

Douleur Pas de douleur

Douleur à la ponction 56% (14/25) 44% (11/25)

Douleur à l’arrivée 8% (2/25) 92% (23/25)

Douleur en milieu de dialyse 12% (3/25) 88% (22/25)

Douleur en fin de dialyse 20% (5/25) 80% (20/25)

Figure 26 : Proportion de patients exprimant une douleur aux différents temps de

mesure dans le groupe de patients sans douleur au domicile

56%

44%

8%

92%

12%

88%

20%

80%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

pour

cent

age

de p

atie

nts

Ponction Arrivée Milieu Fin

Pas de douleur

Douleur

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-184-

♦♦ CCOOMMPPAARRAAIISSOONN DDEE DDEEUUXX GGRROOUUPPEESS DDEE PPAATTIIEENNTTSS :: CCEEUUXX

EEXXPPRRIIMMAANNTT UUNNEE DDOOUULLEEUURR EETT CCEEUUXX SSAANNSS DDOOUULLEEUURR AAUU DDOOMMIICCIILLEE..

Tableau 41 : Comparaison entre les deux groupes de population. Proportion de patients

ayant des douleurs pour chaque temps de mesure.

Groupe sans douleur au

domicile

Groupe avec douleur au

domicile

Arrivée 8% 37%

Ponction 56% 44%

Milieu 12% 52%

Fin 20% 59%

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-185-

Figure 27 : Comparaison de ces deux groupes de population

8%

37% 56%

44%

12%

52%

20%

59%

0%

20%

40%

60%

80%

100%po

urce

ntag

e de

pat

ient

s

Arrivée Ponction Milieu Fin

Groupe sans douleur au domicile Groupe avec douleur au domicile

- Pour les deux groupes de patients, on constate qu’à chaque temps de mesure il y a des

patients douloureux.

- Dans chacun des deux groupes de patients, il y a une augmentation de la proportion de

patients douloureux.

- Le groupe ayant déjà des douleurs au domicile présente une plus importante

proportion de patients exprimant une douleur pour chaque temps de mesure. On note

une augmentation de la proportion de patients douloureux tout au long de la séance

d’hémodialyse pour les deux groupes de patients.

- Il n’y a qu’au moment de la ponction de l’abord vasculaire où les deux proportions de

patients douloureux sont comparables.

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-186-

Tableau 42 : Rapport entre les proportions de patients douloureux aux différents temps

de mesure entre les deux groupes.

Temps de mesure Groupe de patients sans

douleur au domicile

Groupe de patients avec

douleur au domicile

Arrivée en dialyse 8% 37%

Ponction de l’abord vasculaire 56% 44%

Milieu de dialyse 12% 52%

Fin de dialyse 20% 59%

Si on compare les deux groupes de patients, le rapport entre les proportions de patients

douloureux est proche de 1 au moment de la ponction ce qui signifie que les deux groupes

ont environ la même proportion de patients douloureux.

Dans les autres temps de mesure, le groupe des patients ayant des douleurs au domicile a

toujours la plus importante proportion de patients douloureux.

×4,63

×0,79

×4,34

×2,95

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Tableau 43 : Evolution de la proportion de patients douloureux entre les différents

intervalles de mesure pour chacun des deux groupes.

Intervalle de mesure Taux d’augmentation

Groupe de patients sans

douleur au domicile

Taux d’augmentation

Groupe de patients avec

douleur au domicile

Arrivée – Ponction 7 (56/8) 1,2 (44/37)

Ponction – Milieu de dialyse 0,2 (12/56) 1,18 (52/44)

Arrivée – Milieu de dialyse 1,5 (12/8) 1,40 (52/37)

Milieu - Fin de dialyse 1,65 (20/12) 1,13 (59/52)

D’après ce tableau, on constate que :

Il y a 7 fois plus de patients douloureux au moment de la ponction qu’à l’arrivée en

séance d’hémodialyse dans le groupe n’ayant pas de douleurs au domicile et 1,2 fois

pour le groupe ayant déjà des douleurs au domicile.

La ponction augmente donc de façon importante le nombre de patients douloureux

dans le groupe sans douleur au domicile.

Pour le groupe sans douleurs à domicile, il y a 0,2 fois moins de patients douloureux

en milieu de dialyse qu’au moment de la ponction mais la proportion de patients

douloureux est plus importante en milieu qu’à l’arrivée en dialyse. Par contre, pour le

groupe ayant des douleurs au domicile, il y a une augmentation de 1,18 fois de la

proportion de patients douloureux.

Il est important de noter que pour les deux groupes de patients, l’augmentation du

nombre de patients douloureux est quasiment identique entre l’arrivée en dialyse et le

milieu de séance c'est-à-dire environ 1,5 fois plus.

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-188-

Entre le milieu et la fin de séance d’hémodialyse, il y a une plus importante

augmentation du nombre de patients douloureux dans le groupe n’ayant pas de

douleurs au domicile.

Le taux d’augmentation de la proportion de patients douloureux dans les deux groupes

est similaire entre l’arrivée et la fin de la séance hormis à la ponction.

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CHAPITRE 4

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CHAPITRE 4

COMMENTAIRES DES

RESULTATS

De cette enquête se dégagent plusieurs points fondamentaux comme l’évaluation de la

douleur sur le plan clinique, thérapeutique et psychologique. Ces différents aspects seront

discutés en regard d’autres travaux réalisés sur la douleur aiguë chez le patient hémodialysé

chronique.

11-- SSUURR LLEE PPLLAANN CCLLIINNIIQQUUEE

L’analyse des résultats met en évidence une prévalence importante de la douleur chez le

patient hémodialysé aussi bien sur un plan chronique qu’aigu. En effet, plus de la moitié de

notre groupe de patients soit 52% présente une douleur chronique au domicile. Etant donné la

moyenne d’âge élevée de nos patients (66 ans), nous avons comparé nos résultats concernant

la douleur chronique avec une étude épidémiologique réalisée sur la douleur chronique chez

les personnes âgées de plus de 65 ans vivant à domicile. Il en ressort que 75% de cette

catégorie de personnes rapporte des douleurs alors que notre groupe, 52% des patients

expriment une douleur. Dans une étude portant sur 26 patients hémodialysés en centre

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-191-

hospitalier, la fréquence des douleurs chroniques évoluant depuis plus de 6 mois, était de 76%

avec pour un certain nombre de patients (40%) des douleurs à la fois chroniques et aiguës

(82).

La confrontation de ces résultats est en faveur d’une moindre fréquence de la douleur

chronique dans notre groupe de patients hémodialysés.

L’analyse du questionnaire de Saint Antoine révèle le ressenti du patient quand à l’expression

de sa douleur chronique ; dans notre étude, elle correspond à la douleur décrite au domicile.

Les 27 patients présentant des douleurs au domicile ont donc été soumis à ce questionnaire.

Il apparaît clairement que les qualificatifs les plus cités font partie de la catégorie « affectifs-

émotionnels ».Dans une étude réalisée par BOUREAU F. (53) sur cent malades non

sélectionnés présentant divers syndromes douloureux chroniques (moyenne d’âge 56,6 ± 16

ans), il est démontré de façon significative que les qualificatifs « affectifs-émotionnels » sont

plus fréquemment utilisés que les qualificatifs « sensoriels ». Parmi les qualificatifs les plus

fréquemment utilisés dans cette expérience par les patients souffrant de douleurs chroniques

sont : élancements (56%), décharges électriques (32%), brûlure (33%) pour les qualificatifs

« sensoriels » et les mots fatigante (47%), déprimante (49%), énervante (41%), insupportable

(38%) pour les qualificatifs « affectifs- émotionnels ». Les qualificatifs sensoriels les plus

fréquemment cités par nos patients ne sont pas tout à fait les mêmes que dans cette

expérience. On retrouve la composante temporelle avec le qualificatif « élancement » cité à

50%, mais le caractère sourd et les paresthésies prédominent dans les autres choix alors qu’il

s’agit du caractère thermique chaud dans l’expérience de BOUREAU. Quant aux descriptifs

de la composante affective - émotionnelle, les termes cités sont assez similaires dans les deux

cas : le qualificatif « fatigant » revient de façon prédominante 75% et 47%, il en est de même

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pour « énervante » mais le terme déprimant n’apparaît dans notre étude qu’à la valeur de 8%

contre 49% dans cette expérience. Ce résultat semble assez surprenant quand on considère la

consommation importante de psychotropes dans notre groupe de patients.

Dans l’étude n°2 (83), il a été réalisé également un questionnaire de Saint Antoine ; les

résultats trouvés confirment la prédominance des qualificatifs affectifs – émotionnels dans la

description de la douleur chronique (« énervantes » (48%), « désagréables » (39%),

« inquiétantes » (35%), « pénibles » (39%)).

En ce qui concerne le score global, la moyenne calculée indique l’importante souffrance de

nos patients ; en effet, le score maximal annoncé est de 42 ce qui veut dire que ce patient a

soit coché de nombreux items ou que chaque qualificatif choisi est pondéré d’une note très

élevée.

Le QDSA s’est donc avéré indispensable pour élaborer un état de lieux de la douleur

chronique chez les patients ayant des douleurs au domicile.

En ce qui concerne l’évolution de la fréquence de la douleur aiguë au cours de la séance, on

constate que 23% des patients arrivent à la séance d’hémodialyse avec des douleurs, puis en

milieu de séance 33% des personnes expriment une douleur et 40% en fin de dialyse. Il y a

donc une augmentation constante de la douleur au cours de la séance de dialyse dans le

groupe de patients étudié. La dialyse entraîne ou accroît le nombre de patients douloureux.

Pour la ponction de l’abord vasculaire, on a constaté que 50% de l’ensemble de la population

ressentent ce moment comme particulièrement douloureux ; ce chiffre semble très élevé

sachant que plus de 35% de patients utilisent un anesthésique local type Emla®.

La mesure de l’EVA permet d’établir l’intensité de la douleur des patients. Quand on

considère l’EVA minimale exprimée aux différents moments, il y a au domicile 60% de

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patients qui ont une EVA minimale compris entre 2 et 3,9 cm mais 4 patients (16%) donnent

des valeurs très élevées (6-7,9 cm) pour quantifier une douleur minimale.

- A l’arrivée en séance d’hémodialyse, la plupart des patients expriment une douleur

dans des valeurs moyennes de l’EVA.

- A la ponction, 37,5% des patients ont une EVA minimale comprise entre 2 et 2,9

cm.

- Après 2 heures de dialyse, quelques valeurs de l’EVA minimale passent dans des

paliers non encore atteints en début de séance, c'est-à-dire au-dessus de 6 cm.

- A la fin de la dialyse, le premier palier comprend 38% des valeurs d’EVA

exprimée, mais la proportion de patients ayant de fortes EVA minimales augmente.

L’EVA maximale notée se situe dans la plupart des cas au-dessus de 5 cm au domicile et

sur l’ensemble de la séance. Il est intéressant de voir que des douleurs maximales imaginables

sont décrites pendant la séance, le palier 9-10cm est atteint 10 fois de l’évaluation au domicile

jusqu’à la fin de la séance.

L’étude de l’EVA moyenne maximale et minimale permet de voir l’évolution de

l’intensité de la douleur. En dehors de la douleur au domicile qui nous a servi de point de

comparaison, il y a augmentation de l’EVA maximale et minimale en cours de séance. C’est

au moment de la ponction que l’EVA maximale moyenne est la plus élevée sur l’ensemble de

la séance.

Lors d’une enquête effectuée dans un service d’hémodialyse sur 22 patients, il a été noté que

la moyenne générale du centre est évaluée à 6,4 cm sur l’échelle EVA (83). Ce chiffre reflète

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-194-

la douleur durant la séance. Cette étude ne différencie ni plusieurs moments de la séance

d’hémodialyse ni une EVA maximale et minimale.

Pour être en mesure de comparer des données équivalentes, l’EVA moyenne de notre étude

sera calculée dans la population exprimant une douleur, car dans l’étude citée ci-dessus, les

patients interrogés étaient choisis parmi les plus douloureux.

Si on effectue une moyenne des EVA moyennes maximales et minimales à chaque temps de

mesure (hormis celles du domicile), on constate que notre groupe de patients présente une

moyenne de 4,5 cm sur l’échelle de l’EVA ce qui évoque une moindre intensité de douleur

chez nos patients douloureux. Dans cette seconde étude, les patients sont divisés en 3 groupes

selon les horaires de dialyse et il faut noter que chez ces patients, on retrouve de très fortes

EVA qui se situe entre 7 et 10 cm et des EVA moyennes élevées pour chaque groupe (6 ; 7,6

et 5,4 cm en moyenne).

L’évaluation de l’intensité de la douleur se juge également par l’étude de la proportion de

patients ayant une EVA supérieure à 5 cm. Aussi bien en ce qui concerne les EVA maximales

et minimales, il semble qu’au cours de la séance il y ait une nette augmentation entre le

moment de l’arrivée et la fin de séance d’hémodialyse.

De ces différents points, on peut dire que :

- La douleur est toujours en moyenne plus intense au domicile qu’à n’importe quel

autre moment de l’ensemble de l’enquête c'est-à-dire l’arrivée, à la ponction, au

milieu et en fin de dialyse ; de même, elle comporte la plus grande proportion de

patients douloureux.

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-195-

- La ponction est l’instant de la séance d’hémodialyse qui est vécu comme le plus

douloureux. C’est en effet à ce moment que la proportion de patients avec une

EVA maximale supérieure à 5 cm est la plus importante.

- Au cours de la séance d’hémodialyse, seules dix personnes ont présenté une EVA

minimale supérieure à 5 cm alors que l’expression d’une EVA maximale

supérieure à 5 cm a été citée 39 fois.

Un des intérêts de cette enquête réside dans le fait que l’on puisse juger d’une éventuelle

survenue de douleur au cours de la séance d’hémodialyse.

Dans le groupe arrivant en séance d’hémodialyse sans présenter de douleur, il y a une

augmentation de la proportion de patients douloureux tout au long de la séance.

Dès la ponction, 43% des patients ressentent une douleur. Dans de même groupe, il existe une

douleur en milieu (15% des patients) et en fin de dialyse (27,5%). La ponction représente un

risque potentiel de douleur aiguë pour près d’un patient sur deux en cours de dialyse et ce

pour des patients arrivant sans douleurs à la séance. Notons que dans ce groupe, 43% des

patients ressentent une douleur au domicile donc l’hémodialyse et l’environnement (position

allongée..) pourraient réactiver certaines de leurs douleurs chroniques.

L’étude des facteurs de risque de l’apparition d’une douleur a montré significativement

que l’artérite était un facteur de risque de douleur en milieu de dialyse ; en effet, la fréquence

de cette pathologie est de 83% chez les patients se plaignant de douleurs pendant

l’hémodialyse. La présence d’une douleur au domicile semble être en faveur de la survenue

d’une douleur aiguë en cours de dialyse.

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D’autre part, dans ce même groupe, la présence d’une douleur au domicile et en milieu de

dialyse sont les facteurs de risque significatifs quant à la survenue d’une douleur en fin de

dialyse. L’artérite ne semble pas faire partie de ces facteurs ; en effet, la fréquence de cette

pathologie chez les patients douloureux passe de 83% en milieu de dialyse à 60% en fin de

séance.

Par contre, dans notre étude, les caractéristiques principales de la dialyse (technique, durée,

ultrafiltration…) ne semblent pas intervenir dans l’apparition d’une douleur aiguë aussi bien

au milieu qu’en fin de dialyse.

En conclusion, on peut dire qu’il faudrait instaurer une prémédication antalgique chez les

patients atteints d’artérite pour éviter des phénomènes algiques en cours de séance dans cette

population à risque. Il en est de même pour les patients ayant des douleurs au domicile et qui

arrivent en séance avec ou sans douleurs.

Les résultats trouvés ci-dessus sont confirmés par l’étude de l’évolution du nombre de

patients douloureux chez les patients ressentant des douleurs au domicile et chez ceux n’en

ayant pas. Il semblerait que le nombre de patients douloureux au cours de la séance soit plus

grand dans le groupe ayant déjà des douleurs au domicile. Par contre, le taux d’augmentation

du nombre de patients douloureux en cours de séance est comparable dans les deux groupes.

Dans une étude portant sur des patients hémodialysés ayant en moyenne d’âge 69 ans (82),

il a été mis en évidence différents types de douleurs :

- Des douleurs ostéo-articulaires aiguës 8% (fractures ostéoporotiques)

- Douleurs ostéo-articulaires chroniques : le site le plus fréquent est l’épaule mais

aussi la colonne et toutes les articulations.

- Quelques cas d’ulcères gastriques, d’infection urinaire.

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- Des douleurs dues à la polynévrite.

- Douleurs cardiaques et au niveau des artères des membres inférieurs.

Dans une 3ème étude réalisée sur des patients hémodialysés ayant une moyenne d’âge de 68

ans (84), les types de douleurs sont : 30,2% liées à d’autres pathologies, 32,6% d’origine

psychologique et morale, 7% liée au montage, 9,3% liée à la dialyse et 22,9% absence de

douleurs.

Pour les patients de notre groupe, les localisations de douleur citées sont à peu près les

mêmes que celles déjà présentées dans les études ci-dessus.

Les douleurs dues à l’arthrose (30%) se situent au niveau de l’épaule (6%) et des bras et

articulations (24%). Le site de l’épaule est également commun dans la deuxième étude citée

(83) aux trois groupes définis par les différents horaires de dialyse. Il n’y a qu’une patiente

qui ressentait des douleurs à la poitrine. En ce qui concerne les douleurs dues à l’artérite ou au

niveau de sites d’amputation, c’est ce type de douleur qui est le plus fréquent avec comme

localisation les jambes (30%) et les pieds (24%). Une patiente présente une douleur au niveau

de la fistule ce qui est comparable aux résultats trouvés dans la 3ème (84) (7% douleur liée au

montage) alors que 55% des patients de l’étude (83) considèrent que la fistule artério-veineuse

est le principal site de douleur. Pour les douleurs type névrite, 6% des patients ressentent une

algie de la face.

Les douleurs étudiées dans ces expériences réalisées dans d’autres services d’hémodialyse

sont basées sur l’analyse des douleurs chroniques aiguës mais ne concernent pas celles

pendant la séance. Cependant, les résultats démontrent que la majeure partie des sites

douloureux chroniques (arthrose, artérite, …) sont les sites de douleur au cours de la séance.

De plus, les sites évoqués en milieu de dialyse sont semblables à ceux de fin de dialyse.

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On assiste fréquemment, surtout en fin d’hémodialyse, à des malaises hypotensifs (19%) et

des crampes (24%) ainsi qu’à une grande fatigue (15%). Ces signes reviennent très souvent

dans la littérature et peuvent être vécus comme douloureux et pénibles par les patients. Dans

la troisième enquête citée, les signes d’intolérance à la dialyse tels que les crampes, les chutes

de tension artérielle et les céphalées conduisent les patients à évaluer ces effets par des EVA

comprises entre 6,5 et 9,5 cm. Nous n’avons pas, dans notre travail, quantifié l’intensité de

ces phénomènes d’intolérance de façon ponctuelle surtout en ce qui concerne les malaises

hypotensifs. Les crampes et céphalées entrent dans les cotations des douleurs exprimées en

milieu et fin de dialyse.

22-- SSUURR LLEE PPLLAANN TTHHEERRAAPPEEUUTTIIQQUUEE

2.1 PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR AU DOMICILE

Les résultats de l’enquête montrent que les patients hémodialysés sont une population qui

exprime des douleurs aussi bien chroniques qu’aiguës. Plus de 50% des patients ressentent

une douleur au quotidien ; 56% des patients prennent un antalgique tous les jours. Les

antalgiques prescrits sont dans 41% des cas de palier 1 de l’OMS, 34% pour le palier 2 et

seulement 7% pour le palier 3. Seuls 2 patients associent plusieurs paliers. On peut s’étonner

de voir une si faible utilisation du palier 3 représenté par les opioïdes forts.

Il pourrait s’agir d’une crainte émanant du patient d’être mis sous morphine et une certaine

réticence du médecin à prescrire des opioïdes à un insuffisant rénal chronique.

Dans la 3ème étude (84), un cinquième de l’ensemble des patients présentant une douleur avait

un traitement antalgique efficace au moment du questionnaire. Pour les auteurs, cette absence

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de traitement est liée à la chronicité de certaines maladies, à une absence de doléance algique

du patient.

La prescription d’antalgiques doit respecter un certain protocole pour les douleurs

chroniques : chacun des 3 paliers de l’OMS ne peut être franchi que lorsque le médicament

appartenant au palier inférieur et utilisé à posologie maximale ne soulage pas suffisamment le

patient (EVA toujours élevée) (85). Or on constate, que dans plusieurs cas, la prescription

d’antalgiques est soit trop faible, soit mal conduite.

Prenons l’exemple de quelques patients :

Une patiente âgée de 75ans et souffrant de polyarthrite lui provoquant des douleurs

dont l’EVA se situe entre 4 et 10 cm, se voit administrer un patch de Durogésic®

25µg.

Un homme de 71ans ayant des névralgies dans le pied dues au diabète exprime un

EVA comprise entre 4,2 et 8,5 cm et ne reçoit aucun antalgique.

Une patiente âgée de 77ans qui ressent des douleurs dans les yeux (3,5<EVA<10 cm)

et dans l’épaule (0<EVA<8 cm) ne prend que du Claradol caféiné® à 3/ jour.

Une patiente âgée de 61ans et souffrant de douleurs aux articulations (6,5<EVA<10

cm) ne prend aucun traitement contre ses douleurs.

Un homme de 66ans avec des douleurs aux jambes, bras et épaules (2<EVA<5,3 cm)

n’a pas d’antalgiques.

Un homme âgé de 45ans avec des douleurs dans le pied droit (3,2<EVA<4,5 cm) ne

prend que de l’Efferalgan®.

Un patient de 85ans ayant des douleurs à la hanche et à la jambe (2,4<EVA<8,3 cm)

n’a que du Codoliprane® comme antalgique.

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De trop nombreux patients ne sont pas soulagés par le traitement antalgique qu’ils reçoivent.

Dans la première étude (82), les traitements antalgiques prescrits sont relativement efficaces

puisque entre le premier mois de l’enquête et le 3ème, on passe de 24% de patients calmés à

68%. Dans l’étude n°3, 82,1% des patients estiment avoir un traitement antalgique efficace

contre 3,6% et 14,3% ne reçoivent pas de traitement. La prise en charge thérapeutique

antalgique est bien plus importante que dans notre groupe où 50% des patients n’ont pas de

traitement.

Il serait intéressant de faire un bilan chez nos patients sur l’efficacité antalgique du traitement

qui leur est prescrit.

Pour conclure, on peut dire que plus de patients devraient faire l’objet de consultations

spécialisées en centre anti-douleur afin d’éviter de voir des patients exprimer des douleurs

d’intensité 10 sur l’échelle de l’EVA.

2.2 ANESTHESIE LOCALE TRANSDERMIQUE

Au moment de la ponction de l’abord vasculaire, 50% des patients ressentent une douleur

dont l’EVA moyenne minimale est de 3,24 cm et maximale de 4,25 cm. Il faut noter que 7

patients sur 26 décrivent cette douleur avec une EVA supérieure à 7 cm.

En comparaison, dans la première étude (82), les douleurs liées aux ponctions ont une EVA

comprise entre 3 et 8 cm. Donc, ces patients n’atteignent pas, comme dans notre groupe, des

paliers supérieurs à 8 (3 patients sur 26). Rappelons que dans la 2ème étude, le site le plus

douloureux pour 5 patients sur 9 est la fistule artério-veineuse.

Pour nos patients, la ponction de la fistule représente une douleur aiguë au début de la

séance d’hémodialyse. De plus, elle génère une anxiété et une appréhension car la plupart du

temps les patients ont tous eu un hématome lors de la première ponction et ont ressenti de

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fortes douleurs. Pour certains, la qualité et la précision des gestes de l’infirmière sont

impliquées dans la survenue d’une douleur.

Pour la prise en charge des douleurs périphériques liées notamment aux ponctions de

montage, on a recours à une anesthésie locale transdermique souvent réalisée grâce à

l’Emla®. Dans notre groupe de patients, 20 utilisent l’Emla® soit 38,5%. Un patient utilise

une solution de xylocaïne. Quelques patients disent ne pas pouvoir supporter la ponction sans

anesthésique. D’autres ne peuvent utiliser l’Emla® pour des raisons médicales (allergie…) ou

bien car la douleur engendrée par la ponction est modérée voire inexistante, la douleur est

protectrice (elle met en éveil si un problème survient (claquage, aiguille engagée dans la paroi

du vaisseau…)).

Dans l’enquête n°3 (84), un protocole de mise en place d’une utilisation de pommade

anesthésiante est décidé en collaboration avec le patient qui doit mettre la pommade une heure

avant la ponction ; il a été constaté que la douleur lors de la ponction d’un nouveau montage

était généralement plus importante au cours des 5 ou 6 premières ponctions.

Une étude réalisée sur 12 mois avec 7 patients hémodialysés ayant une fistule comme abord

vasculaire, démontre que le mélange lidocaïne-prilocaïne diminue la douleur et l’anxiété

relative à l’insertion des aiguilles dans la fistule, ceci en regard du niveau de douleur défini

avant le début de l’enquête (79).

L’intérêt de l’utilisation de l’Emla® a été décrit dans l’enquête suivante (86) : 81,25% des 32

patients du groupe ayant une moyenne d’âge de 73±8 ans utilisent l’Emla® contre 38,5%

dans notre groupe. 62% de ces patients utilisent le patch et 19% la pommade, le patch étant

plus facile à poser. Par contre, 67% des patients utilisant la pommade la trouvent plus efficace

car la surface anesthésiante d’un patch est insuffisante et il est impossible d’en appliquer 2, et

pour une fistule trop développée, la pommade revêt mieux la surface.

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Les conclusions de cette étude sont :

Il existait une appréhension de la ponction chez 83 à 95% des patients avant l’utilisation de

l’Emla® et celle-ci a totalement disparu après utilisation.

L’application de l’Emla® a permis la disparition totale de la douleur dans environ 67% des

cas lors de la ponction de fistule.

Il convient donc de recommander ce type d’anesthésie à un nombre plus important de

patients.

2.3 PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR LORS DE LA

SEANCE

Administration d’antalgiques

En milieu de séance d’hémodialyse, sur 17 patients présentant des douleurs, seuls 2

patients ont reçu 1 antalgique soit environ 12%. A chaque fois, il s’agissait de l’association

paracétamol-dextropropoxyphène retrouvée dans le Diantalvic® à raison de un comprimé.

Pour un patient souffrant du pied (5<EVA<6,2 cm), après la prise à H2 de Diantalvic®,

l’EVA diminue à 4,3 cm minimum et 5,1 maximum.

En fin de dialyse, sur 21 patients douloureux, il n’y a pas d’antalgiques administrés.

Il ressort de ces résultats que malheureusement trop peu de patients reçoivent des antalgiques

pendant la séance lorsqu’ils souffrent.

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33-- SSUURR LLEE PPLLAANN PPSSYYCCHHOOLLOOGGIIQQUUEE

Dans cette enquête, il nous a semblé indispensable de nous intéresser également à la

prescription chez ces patients hémodialysés de médicaments psychotropes. Il en ressort que

61% des patients de notre groupe utilise au moins un psychotrope. Il s’agit notamment

d’anxiolytiques (61%), d’antidépresseurs (30%) et d’hypnotiques (45%). 22% de ces patients

associent 2 psychotropes. Ces résultats amènent à une réflexion sur les causes de cette

consommation importante de psychotropes.

L’angoisse et la dépression font partie du vécu du malade hémodialysé chronique. On ne peut

donc pas parler de douleur du patient hémodialysé sans aborder sa souffrance psychologique.

A la différence d’autres traitements, l’hémodialyse oblige le patient à adopter un mode de vie

complètement différent générateur de stress et d’angoisse. La gravité et l’aspect définitif de la

mise en hémodialyse chronique confrontent le malade à la dépression et à l’angoisse, ainsi

qu’à d’importantes difficultés engendrées par les bouleversements que subissent son corps

dont l’image de détériore, sa vie familiale qui va s’organiser autour de sa maladie

« occupation », ainsi que sa vie socio-professionnelle lorsqu’il n’a pu conserver son travail,

ses responsabilités, ses relations (87). Les troubles les plus largement observés sont l’anxiété

et la dépression : l’anxiété est omniprésente mais particulièrement importante le soir

entraînant des ruminations et ce d’autant plus que le rythme veille-sommeil est perturbé par le

rythme des dialyses ; elle est liée à la blessure narcissique et à la peur de la mort. La

dépression est liée à la perte de santé, à l’amenuisement de son espérance de vie, au décès

d’autres patients…L’état dépressif est quasi-incontournable et doit être l’objet d’une attention

particulière (88).

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L’angoisse de la mort est omniprésente : la gravité de l’affection conduit à deux alternatives :

subir un traitement lourd et contraignant ou mourir. Cette survie artificielle fait émerger une

angoisse permanente et constante. L’idée de mort menace de la perte des liens unissant

l’individu à son entourage ; elle peut être par ailleurs masquée par la banalisation et la routine

des soins se déroulant selon un rythme immuable (89).

L’atteinte corporelle comme la fistule, cicatrice, l’anurie, détermine chez le dialysé des

perturbations psychologiques liées à une dévalorisation de son image corporelle. L’atteinte de

l’appareil uro-génital, bien que son anatomie soit souvent mal connue dans le grand public car

sa situation est interne et profonde, n’en a pas moins une valeur castratrice évidente ; il s’agit

d’une zone symbolisant la puissance (« il a les reins solides »), l’agressivité et elle est très

fortement investie de représentations sexuelles. De même, la question de la vie sexuelle est

souvent éludée malgré les problèmes connus d’inappétence sexuelle et d’impuissance. Tout

ceci entraîne l’image d’un corps cassé, défaillant.

Les contraintes et les frustrations sont omniprésentes : hydriques, alimentaires, physiques

(asthénie, anémie…), sociales (modifications professionnelles, abandon de certains loisirs).

Le régime auquel est contraint le dialysé est une phase active et volontaire du traitement ; il a

une valeur de médicament pour le maintien au bon poids et à un équilibre physiologique

satisfaisant. Le côté restrictif a une valeur de frustration orale, d’interdit, équivalant à une

punition.

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Les patients hémodialysés sont d’une part dépendants de la machine et d’autre part du temps :

la machine est vécue comme un objet symbolisant le rein ou sa fonction manquante et comme

salvatrice, dispensatrice de vie. Mais le patient est dépendant de cette machine, elle le retient,

ligote le dialysé par son abord vasculaire à la tubulure ; cela exacerbe l’anxiété et d’ailleurs

comment en serait-il autrement pour des patients qui assistent régulièrement à la circulation

extracorporelle de leur propre sang. Cette machine est à la fois bonne et mauvaise : le patient

en dépend mais grâce à elle il vit. Le temps de dialyse est un temps mort, un temps volé au

patient mais aussi un temps de résurrection (90). Le temps est long disent les patients : les

minutes s’écoulent plus lentement la dernière heure. C’est un moment d’ennui et de fatigue.

Certains lisent, d’autres dès qu’ils sont branchés essaient de dormir, d’autres discutent.

La vie du dialysé est donc largement dominée par l’organisation que génère une telle maladie,

mais il faut dans la mesure du possible conserver une vie « normale ». Dans notre groupe, il

n’y a que 4 personnes qui ont gardé leur activité professionnelle. Il est essentiel pour l’adulte

jeune de se maintenir dans le milieu professionnel qu’il occupait avant la survenue de

l’insuffisance rénale chronique terminale. Cette adaptation peut se faire par la collaboration

du médecin responsable, avec une assistante sociale.

Pour les personnes âgées qui représentent l’essentiel de notre groupe, la dialyse et les

transports qu’elle induit sont de grands moments de fatigue. De plus, les pathologies de ces

patients souvent en fin de vie sont très invalidantes (amputés, diabétiques, coronariens…).

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Si on peut parler de qualité de vie chez l’hémodialysé chronique, elle s’est améliorée au cours

de ces dernières années grâce à l’augmentation d’efficacité de membranes de dialyse, au

contrôle plus précis de l’ultrafiltration, au traitement par l’EPO….En ce qui concerne la

séance d’hémodialyse, elle est vécue comme un stress répété 3 fois/semaine. Chaque séance

est plus ou moins angoissante et l’accumulation finit par éroder psychiquement le patient

renforçant son sentiment d’insécurité, aggravant son état de détresse, sa dépendance et sa

demande vis-à-vis du personnel soignant et parfois son agressivité. Chaque ponction de la

fistule est ressentie comme une agression voire une effraction (91). Ainsi, à ce stress

permanent, s’ajoutent les douleurs que peuvent ressentir les patients, douleurs qui peuvent

être nettement augmentées par l’anxiété et l’angoisse.

3.1 PRISE EN CHARGE

L’amélioration de la qualité de vie du patient peut se faire d’une part par l’intervention d’un

soutien de la famille et par l’équipe soignante. Une étude américaine a montré qu’un des

facteurs les plus importants pour avoir une bonne qualité de vie est ce qu’ils appellent le

« support social » (voisins, amis…) ; de plus, plus la famille est soudée mieux le patient se

portera au niveau psychique et somatique. Dans notre étude, 73% des patients ont la chance

de ne pas vivre seul mais avec leur conjoint. La relation à l’équipe soignante est primordiale :

le patient doit accepter une dépendance totale aux soignants qui sont investis affectivement

mais qui détiennent fantasmatiquement un pouvoir de vie et de mort. La qualité de la relation

soignant-soigné influence l’observance des traitements et en ce qui concerne la séance la

présence du personnel soignant est un soutien pour le malade.

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Dans l’étude n°2, il a été réalisé un entretien avec chaque patient au cours duquel la question

suivante était posée : « la présence d’une infirmière dans la salle diminue-t-’elle l’expression

de votre douleur potentielle ». Les patients répondent qu’elle est nécessaire et qu’ils se sentent

rassurés. De ces entretiens sont ressortis la peur de mourir lors des chutes de tension, de la

machine, des alarmes…, ainsi que l’absence d’expression de leur souffrance indépendamment

de la douleur, l’impossibilité de l’extérioriser que ce soit à l’entourage ou au personnel

soignant. De notre propre expérience, nous avons constaté un élément fondamental :

l’influence de la parole vis-à-vis des douleurs des patients.

L’anticipation douloureuse est assez fréquente dans notre groupe : les patients redoutent une

ponction car elle a été douloureuse la fois précédente, une chute de tension qu’eux-mêmes

disent ressentir toujours aux mêmes heures… Le fait d’être à leur écoute réduit ce phénomène

par déviation du sujet d’angoisse.

Il serait très important de permettre aux patients qui sont désireux de pouvoir communiquer

avec d’autres malades en les regroupant dans la salle par groupe d’affinités. Cette demande a

été faite par plusieurs patients. D’autres désiraient accéder à des activités telles que pouvoir

regarder la télévision, écouter la radio…Il faudrait mettre en place des structures de

divertissement dans ce centre lourd d’hémodialyse.

Il apparaît clairement que l’on sous-estime la part d’angoisse liée à l’environnement et à la

séance et qui influence la douleur des patients au cours de l’hémodialyse.

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3.2 PROBLEME DE L’ARRET DE LA DIALYSE

Il se pose lorsque des patients hémodialysés depuis de nombreuses années ayant en outre de

pathologies associées (artérite, insuffisance cardiaque..) vivent une fin de vie en dialyse trop

douloureuse et intolérable. La demande peut émaner du patient comme chez cette femme

dialysée pour polykystose rénale et nécessitant une amputation due à une artérite (92).

La décision d’arrêt de dialyse pose des problèmes éthiques et moraux : il n’y a pas de solution

infaillible. Cette décision revient au médecin seul après avoir entendu différents intervenants :

l’équipe soignante, la famille, le malade, un psychiatre.

L’insuffisance rénale grave relevant de la dialyse, non traitée aboutira à une mort certaine

dans des délais assez courts. La décision de ne pas traiter ou d’arrêter un traitement de ce type

s’apparente donc à un acte d’euthanasie. Cela conduit à une complexité de la décision

médicale : renoncer trop tôt ou s’obstiner avec acharnement. La convention européenne des

droits de l’Homme condamne expressément l’euthanasie.

Devant la décision médicale, le médecin est toujours seul face à sa conscience, aucun texte de

loi, aucun code de déontologie, aucune éthique ne lui indiquera sa conduite en le déchargeant

de sa responsabilité.(93)

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CONCLUSION

Malgré une conscience grandissante de la douleur comme étant une réalité pour les patients

hémodialysés par les professionnels de santé, force est de constater qu’il existe encore une

lacune dans l’intérêt du monde médical ainsi que dans les articles scientifiques pour ce

phénomène aigu et chronique très fréquent dans cette population.

L’étude de la prévalence de la douleur dans notre groupe de personnes hémodialysées a révélé

que 50% des patients ressentent des douleurs de façon chronique, un chiffre élevé mais

s’inscrivant dans les moyennes retrouvées quant à la douleur chez les personnes âgées.

En ce qui concerne la séance d’hémodialyse, on a pu conclure à une augmentation du nombre

de patients douloureux au cours de la dialyse : de 23% de patients ayant des douleurs en début

de séance, on passe à 40% en fin de séance d’hémodialyse.

L’étude de l’intensité de la douleur montre que les EVA minimales augmentent en cours de

séance avec parfois des valeurs atteignant de paliers très élevés.

Quant aux EVA maximales, elles augmentent également et sont dans la plupart des cas

supérieures à 5 cm sur l’ensemble de la séance.

Notre enquête a mis en évidence que plusieurs patients malheureusement expriment des

douleurs maximales imaginables aussi bien au domicile que pendant la séance.

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Enfin la douleur est toujours en moyenne plus intense au domicile qu’à n’importe quel autre

moment de l’ensemble de l’étude.

Pendant la séance d’hémodialyse, la ponction est vécue comme douloureuse chez 50 % des

patients ; 46% des 26 patients ayant une douleur à la ponction expriment une EVA maximale

supérieure à 5 cm. De plus, elle est un facteur d’apparition d’une douleur aiguë chez 43% des

patients arrivés sans douleur à la séance.

La dialyse peut augmenter ou réactiver des douleurs : en effet, dans le groupe de patients sans

douleur en début de séance, on a constaté que des patients exprimaient une douleur lors de la

séance ( 15% des patients en milieu de dialyse et 27,5% en fin de dialyse).

L’étude statistique des facteurs de risque d’apparition d’une douleur en milieu de dialyse a

prouvé significativement l’implication de l’artériopathie. La présence de douleur au domicile

semble influencer la survenue de douleurs lors de la séance. Pour les douleurs en fin de

dialyse, la présence de douleur au domicile et en milieu de séance sont les facteurs de risques

significatifs.

On peut donc conclure que les patients hémodialysés sont touchés par le phénomène de la

douleur aiguë pendant la séance avec des localisations aussi diverses que le sont les

polypathologies associées des dialysés (crampes dans les jambes, douleurs au site

d’amputation…)

La prise en charge de la douleur de ces patients au niveau thérapeutique laisse apparaître le

manque de données concernant les modalités du traitement antalgique chez l ‘hémodialysé

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aussi bien pour la douleur chronique et qu’aiguë. Les médecins sont confrontés au risque

d’administrer ces médicaments chez ces patients.

Cet état de fait est à l’origine d’un véritable problème éthique car la souffrance de ces patients

existe d’autant plus que l’allongement du temps de vie en dialyse permet le développement de

comorbidités associées.

Il serait nécessaire de mettre en place des consultations spécialisées en centre anti-douleur ou

réalisées par des unités mobiles dans le service et permettre une prise en charge

pluridisciplinaire. Il faudrait laisser une plus grande place aux thérapies adjuvantes

(kinésithérapies, hypnose, …).

Parce que la douleur renvoie souvent à un sentiment d’impuissance, elle peut être souvent

sous-estimée, minimisée ou négligée par le personnel.

Il serait important d’inciter l’équipe soignante à utiliser les échelles d’évaluation pour

authentifier la douleur du patient lors de la séance qui serait alors signalée au médecin. Cette

attitude pourrait permettre d’éviter la douleur du patient et la culpabilité du personnel soignant

qui peut survenir quand le soin qu’il prodigue est douloureux.

En regard de ces mois passés à réaliser l’enquête, on s’est aperçu qu’une prise en charge

psychologique et un soutien pendant et après la séance pourrait occuper une place indéniable

dans le soulagement de la douleur de ces patients. En effet, ces patients sont fortement

demandeurs d’écoute et de réconfort. Une simple fonction d’enquêteur s’est révélée

comporter en quelques temps une réelle implication émotionnelle vis-à-vis des patients.

Ainsi, des consultations psychologiques seraient souhaitables pour aider les patients à évacuer

leurs angoisses fréquentes dans cette population.

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-212-

De plus, une amélioration des locaux d’accueil du service d’hémodialyse permettrait aux

patients de participer à certaines activités (radio, télévision…)

Des progrès ont été réalisés dans la prise en charge de la douleur chez l’hémodialysé mais

beaucoup restent encore à accomplir pour le confort de vie de ces patients.

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-213-

ANNEXE

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-214-

Annexe 1

N° DOSSIER :

Enquête de prévalence de la douleur aiguë chez les patients hémodialysés

Inclusions

HémodialyseDurée supérieure à 3 moisFAV/cathéter central permanent ou chambre implantable

Renseignements généraux

Nom :Prénom :Age (années) :Date de mise en dialyse :Durée de la dialyse (mois) :Date de mise en HD :Durée de l’HD (mois) :Néphropathie :

1. HTA oui � 1 non � 22. Diabète oui � 1 non � 23. Artérite oui � 1 non � 24. Insuffisance cardiaque oui � 1 non � 25. Insuffisance coronarienne oui � 1 non � 26. AVC oui � 1 non � 2

Abord vasculaire

7. Type d’abord vasculaire :

1. Cathéter �2. Chambre �3. Fistule � 1. Au bras � Bras dominant Oui �3

2. Avant bras � Non �4

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Dialyse

Durée de la séance (heure) :Nombre de séance / semaine :

Ultrafiltration moyenne (l/h) :

8. Tolérance hémodynamique

1.bonne �2.moyenne �3.mauvaise �

9. Type de dialyseur : 1 � dicea 130 G membrane diacétate ster gamma� crystal 2800 membrane AN 69 XS� crystal 3400 membrane AN 69 XS� tricea 100 membrane triacétate� BL S624 membrane polysulfone ster eto� tricéa 110G membrane triacétate

10. Technique de dialyse (HD/BFSA)1. HD �2. BFSA �

Patient

Poids avant HD (kg) :

11. Conjoint :

Oui �1Non �2

12. Niveau socioprofessionnel : retraité oui � 1 non � 2

13. Activité professionnelle : actuelle : ancienne :

Traitement

14. EPO oui � 1 non � 2

15. Antalgique oui � 1 non � 2

Si oui lesquels : --

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Douleur à domicileOui �1Non �2

Si ouiEVA

Douleur minimale Douleur maximaleEchelle Visuelle Analogique (EVA)(Score en mm)

QDSA complet

Première Partie : Evaluation à H0EVA

Douleur minimale Douleur maximaleEchelle Visuelle Analogique (EVA)(Score en mm)

Ponction de l’abord vasculaireEVA

Douleur minimale Douleur maximaleEchelle Visuelle Analogique (EVA)(Score en mm)

Deuxième partie : Evaluation à H2

Douleur non � 2 oui � 1

Si oui :EVA

Douleur minimale Douleur maximaleEchelle Visuelle Analogique (EVA)(Score en mm)

Site(s) de la douleur :

Troisième partie : Evaluation à H4

Douleur non � 2 oui � 1Si Oui :EVA

Douleur minimale Douleur maximaleEchelle Visuelle Analogique (EVA)(Score en mm)

Site(s) de la douleur :

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-217-

Questionnaire complet de Saint Antoine

Description : Parmi la liste de mots ci dessous, certains peuvent décrire la douleur que vous ressentez.Indiquez par une croix dans la première case les mots qui décrivent votre douleur en général.Afin de préciser votre douleur, donnez une note dans la deuxième case à chacun des motschoisis selon le code suivant :Douleur : 0 absente ;1 faible ;2 modérée ;3 forte ;4 extrêmement forte

KNauséeuseSuffocanteSyncopale

� �� �� �

ABattementsPulsationsElancementEn éclairsDéchargesélectriquesCoups de marteau

� �� �� �� �� �

� �

ETiraillementsEtirementsDistensionsDéchiruresTorsionsArrachements

� �� �� �� �� �� �

LInquiétanteOppressanteAngoissante

� �� �� �

BRayonnanteIrradiante

� �� �

FChaleurBrûlure

� �� �

MHarcelanteObsédanteCruelleTorturanteSuppliciante

� �� �� �� �� �

GFroidGlace

� �� �

NGênanteDésagréablePénibleInsupportable

� �� �� �� �

CPiqûresCoupuresPénétrantesTransperçantesCoupsde poignard

� �� �� �� �� �

HPicotementsFourmillementsDémangeaisons

� �� �� �

OEnervanteExaspéranteHorripilante

� �� �� �

IEngourdissementsLourdeurSourde

� �� �� �

DPincementsSerrementsCompressionsEcrasementsEn étauBroiement

� �� �� �� �� �� �

JFatiganteEpuisanteEreintante

� �� �� �

PDéprimanteSuicidaire

� �� �

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92- LANDRU I.

Jusqu’à la mort : une qualité de vie. La fin de vie en dialyse.

Revue des échanges de l’AFIDTN, n°58, décembre 2000, pp37-38

93- MORALI J.

Dialyse du patient âgé : volet éthique.

Prise en charge du patient âgé en dialyse. 12 Septembre 1997 Dinard, pp1-4.

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« L’université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans

les thèses et mémoires. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs

auteurs. »

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VU LE PRESIDENT DU JURY

CAEN, LE

VU LE DIRECTEUR DE L’U.F.R

CAEN, LE