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Le magazine interne de Radio France N O 37 – HIVER 2015-2016 Estelle Cognacq, rédactrice en chef de l’Agence France Info. GRAND ANGLE Stratégie et développement : sur la voie de nouvelles ressources propres Page 6 INITIATIVES Fip : des webradios pour fêter ses 45 ans Page 11 L’Agence France info Pour une info fiable, recoupée et vérifiée COULISSES Page 12

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Magazine de la communication interne de Radio France - Hiver 2015 - n°37

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Le magazine interne de Radio FranceNO 37 – HIVER 2015-2016

Estelle Cognacq, rédactrice en chef de l’Agence France Info.

GRAND ANGLE

Stratégie et développement : sur la voie de nouvelles ressources propres

Page 6

INITIATIVES

Fip : des webradios pour fêter ses 45 ans

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L’Agence France info

Pour une infofiable, recoupée et vérifiée COULISSES Page 12

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Mission HandicapChangeons notre regard sur le handicapFaire l’expérience d’une déficience auditive, se mettre dans la peau d’une personne malvoyante, comprendre les troubles Dys (troubles du langage et des apprentissages), réviser ses préjugés, s’informer sur la question du handicap… en un mot, changer son regard sur le handicap : c’est ce qui était proposé aux collaborateurs de Radio France à l’occasion de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, du 17 au 20 novembre dernier. Deux bornes interactives installées dans l’agora de la Maison de la radio permettaient à tous de s’informer de manière ludique et pédagogique sur les différents types de handicap et l’accès à l’emploi des

personnes en situation de handicap. L’occasion, pour l’équipe de la Mission Handicap, de renseigner les collaborateurs sur les engagements de Radio France et de mettre en lumière le troisième accord triennal de Radio France signé le 25 juin

dernier en faveur de l’insertion et du maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap. En 2016, ces bornes interactives seront également présentées dans chacune des quarante-quatre stations locales de Radio France.

La nouvelle prise de parole de Mouv’ affirme l’identité de la chaîne et son positionnement de radio musicale 100 % hip-hop engagée auprès des jeunes. La campagne met en scène des visuels forts et une série de punchlines (phrases-choc), détournées de classiques du hip-hop, de références cinématographiques ou du langage parlé, autant d’accroches impactantes pour le public cible, les 13-24 ans.

Par cette campagne, Mouv’ ancre son statut de radio jeune et populaire assumant une mission de divertissement et d’information en direction du plus grand nombre, sans exclusion, et à travers la musique, les cultures urbaines et les connexions multisupports afin de renforcer le lien social. La campagne, lancée en novembre dernier à Paris, en Île-de-France et dans neuf grandes villes des régions, a été conçue par l’agence Les Gaulois, à l’issue de la consultation de trois agences. En parallèle de la campagne d’affichage, un dispositif de clean tag (marquage au sol) a été décliné à Paris, Marseille, Lyon, Lille, Toulouse, Nantes, Rennes, Montpellier, Bordeaux et Dijon.

Nouvelle campagne de Mouv’

Hip-hop, never stop

Concours Radio France de la micronouvelle

Grand succès pour la première édition Pour la première fois cette année, Radio France a initié le Concours Radio France de la micronouvelle, du 9 au 25 octobre 2015, lancé dans le cadre de Radio France fête le livre. L’objectif était de rassembler les publics autour de l’écriture et d’encourager la création littéraire sur le thème « le livre dans ma vie ». Le public disposait de quinze jours pour écrire une micronouvelle de mille signes. Avec près

de mille six cents participants, cette première édition est une véritable réussite.Le jury, composé de producteurs des antennes de Radio France spécialistes du livre, et de membres du comité éditorial de Radio France fête le livre, a retenu la nouvelle de Cédric Citharel, Un abri de papier (à découvrir sur le site radiofrance.fr).Le lauréat recevra son prix lors de Radio France fête le livre, les 21 et 22 mai 2016. Un trophée, réalisé par les élèves de l’École supérieure des arts appliqués Duperré, sera remis au lauréat à cette occasion, une création unique autour du thème de la création sonore et de l’écriture.Un projet de concours destiné aux salariés de Radio France est en cours de réflexion pour la prochaine édition.

PartenariatL’humour à mort de Daniel et Emmanuel Leconte

Radio France, partenaire de ce film, a proposé une projection en avant-première spécialement destinée aux collaborateurs de Radio France, le 8 décembre, au studio 104 de la Maison de la radio.Sorti en salle le 16 décembre, ce documentaire, qui rend hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo, a une résonance particulière à Radio France. En effet, nombreux sont ceux qui connaissaient des victimes et leurs proches, ou étaient amis de Bernard Maris.En accueillant les réalisateurs du film au studio 104, le président Mathieu Gallet a souligné combien « ce film nous renvoie à notre responsabilité en matière d’éducation, d’information, d’accompagnement de la société, et de ses évolutions, et tout particulièrement en direction des jeunes, et de tous ceux qui hésitent, aujourd’hui, ou doutent, même, des valeurs collectives. La liberté de création et la liberté d’expression sont au cœur de ces valeurs. C’est à nous, média de service public, d’en délivrer le sens ».

DiversitéUne brochure pour comprendre

Passer de la parole aux actes et inviter chacun à se sentir concerné par l’engagement de Radio France en faveur de la diversité : tel est le message diffusé dans la brochure réalisée par la délégation

à l’Égalité des chances, jointe à ce numéro de Texto. « Quand la différence sonne juste », une accroche ou plutôt une signature qui fait écho à l’identité et aux valeurs de Radio France. La différence est une richesse qu’il faut faire entendre sur nos ondes, au sein de nos formations musicales et dans toute l’entreprise. C’est ainsi que notre responsabilité de service public pour favoriser la cohésion sociale retentira comme une caisse de résonance. À Radio France, « la différence sonne juste » seulement « quand » elle rassemble

et « quand » chacun s’engage. Cette brochure pose les fondements de la politique menée depuis plus de dix ans et illustre l’intérêt de chacun à agir, individuellement ou collectivement.

Régionales 2015France Bleu aux avant-postesLes élections régionales ont mobilisé toutes les chaînes Radio France. Au cœur du dispositif : France Bleu et ses quarante-quatre stations locales. Forte d’un maillage éditorial unique avec près de quatre cents journalistes, France Bleu s’est affirmée comme le média de référence de ce scrutin organisé pour la première fois dans treize régions métropolitaines contre vingt-deux pré cé-demment. Au total, quarante-quatre locales avec autant de soirées et matinales spéciales, entrecoupées par des flash infos de la rédaction nationale. En plus du dossier spécial dédié à l’actualité de ces élections, France Bleu a diffusé en direct sur son site et sur sa nouvelle appli mobile tous les résultats des 6 et 13 décembre, commune par commune. Pour explorer la politique au plus près des territoires, France Bleu et France Culture se sont associées sur des opérations spéciales dans de futures capitales régionales (Lille, Rennes et Strasbourg). Enfin, ambassadrices en régions des missions d’information de Radio France, les quarante-quatre rédactions de France Bleu ont traité l’actualité des Régionales pour le compte de France Inter et de France Info.

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Festival Présences L’Italie à l’honneur

CommunicationL’Auditorium s’affiche

« Oggi l’Italia » (Aujourd’hui l’Italie), tel est le thème retenu pour l’édition 2016 du festival Présences : quatorze concerts, qui se dérouleront du 5 au 14 février à la Maison de la radio. Comme l’annonce joyeusement son titre, l’Italie sera au centre de la programmation de ce grand rendez-vous annuel de la création musicale. Outre de grandes figures de la seconde moitié du xxe siècle, comme Berio, Nono ou Maderna, le programme fera bien évidemment la part belle à des

compositeurs actuels reconnus – Ivan Fedele, Luca Francesconi, Stefano Gervasoni, Marco Stoppa –, ou émergents – Mauro Lanza, Francesco Filidei, Francesca Verunelli… Pendant ces dix jours, l’équipe du festival s’appuiera sur les forces vives de Radio France, à commencer par ses formations musicales, les services techniques pour la sonorisation et la captation des concerts, mais aussi France Musique, qui retransmettra tous les concerts, dont certains en direct.

En parallèle des actions de publicité et de marketing relationnel mises en œuvre jusqu’à la fin de l’année pour les concerts des formations musicales (achat d’encarts presse, newsletter, offre cadeau…) Radio France

a lancé, en décembre, une campagne de communication centrée sur l’Auditorium de la Maison de la radio. En effet, les études menées par la direction du Marketing stratégique et du Développement montrent

que la salle séduit instantanément les spectateurs venus y écouter des concerts, mais trop nombreux sont ceux qui ne la connaissent pas encore. Pour en accroître la notoriété, le dispositif média comprenait une bâche de 380 m2 sur un axe stratégique (l’avenue Charles-de-Gaulle, à Neuilly-sur-Seine), un dispositif important dans le métro parisien avec des formats événementiels (plus de sept cents panneaux au total). Enfin, des campagnes de street-marketing (distribution de cart’com près de la Philharmonie) et de marketing relationnel complétaient ce dispositif. Le visuel élaboré par l’atelier graphique de Radio France pour l’occasion répond à cette volonté de valoriser le lieu : photo plein cadre de l’Auditorium, révélant sa grandiose singularité, accompagnée d’un texte très bref.

Concerts de Radio France Un outil de pilotage de l’activitéDepuis un an, la direction du Marketing relationnel développe différentes initiatives visant à mieux connaître, à fidéliser et à diversifier les publics de Radio France. Dans ce cadre, elle intervient, notamment, en étroite relation avec la direction de la Musique et la Billetterie de la Maison de la radio sur les principaux outils de mesure de remplissage des concerts. Cette démarche a permis de constituer un premier tableau de bord apportant des informations riches d’enseignements sur l’évolution de l’activité des concerts. On note, à ce jour, sur la saison en cours (2015-2016), une légère augmentation de la fréquentation (+ 1,4 % pour le taux de remplissage global), un nombre important de nouveaux clients (62,6 %), ainsi qu’une hausse du nombre d’abonnés (+ 12 %) par rapport à la saison précédente. Ces chiffres sont principalement imputables à l’effet nouveauté de l’Auditorium. Véritable outil d’aide à la décision, ce tableau de bord, composé d’une dizaine d’indicateurs clés, permet de mesurer efficacement l’impact des actions engagées et de définir la stratégie de conquête des publics en lien avec la direction de la Communication.

Des concerts, des documentaires, des émissions sur France Musique… Radio France célèbre en janvier le centenaire d’Henri Dutilleux, le grand compositeur français, qui entretenait des liens très étroits avec Radio France, où il a travaillé pendant près de vingt ans. Cet hommage s’articule autour d’un cycle de trois concerts à l’Auditorium (7 et 21 janvier, et 5 février), avec des œuvres comme la Symphonie n° 2, Métabole ou Tout un monde lointain. Des documentaires et des extraits à partir d’archives inédites seront également diffusés avant les concerts. Enfin, à partir du 21 janvier, France Musique consacrera plusieurs émissions au compositeur, disparu en 2013.

Événement

Hommage à Henri Dutilleux

France MusiquePartenaire des grands événements musicaux !Les 5, 6 et 7 février, France Musique fera preuve d’ubiquité en étant présente le même week-end sur deux grands événements de la vie musicale :

La folle journée de Nantes (photo) et le salon Musicora. Pour sa 22e édition, La folle journée sera placée sous le signe de la nature. Comme toujours, des centaines de concerts seront donnés pendant trois jours, en suivant comme fil rouge des thèmes comme « les quatre saisons », « les fleuves », « la nuit » ou « les paysages ». Partenaire de cette grande fête populaire, France Musique réalisera plusieurs émissions en direct le vendredi (La matinale, Carrefour de Lodéon, Classic Club), et retransmettra la majeure partie des concerts du samedi, en direct ou en léger différé. Dimanche, direction la Grande halle de La Villette, à Paris, où les équipes de France Musique passeront la journée au salon Musicora, dont la chaîne est redevenue partenaire. Un studio spécialement installé permettra d’y réaliser les émissions 42e rue, La tribune des critiques de disques, qui fête ses 70 ans en 2016, et Plaisirs du quatuor.

Marketing relationnelConquérir et fidéliser les publicsC’est pour favoriser le rayonnement des contenus événementiels produits par Radio France (concerts, conférences, spectacles, lectures, débats, programmations spéciales sur les antennes…), que la e-newsletter Les actualités de la Maison de la radio a été récemment créée. Impulsée par la direction du Marketing relationnel et coproduite avec la direction de la Musique, la production culturelle et la direction de la Communication, cette publication mensuelle a été lancée en octobre dernier. Diffusé à 26 000 abonnés, le numéro de novembre a remporté un franc succès, avec plus de 40 % de taux d’ouverture et près de 10 % de clics uniques. Des résultats qui témoignent d’une réactivité supérieure aux autres campagnes d’e-mailing de ce type. Proposée à l’ensemble des publics de Radio France identifiés depuis les sites Web des antennes, sur le site maisondelaradio.fr ou depuis l’espace billetterie, cette lettre électronique constitue un véritable outil de marketing relationnel favorisant la conquête et la fidélisation des publics. Modulable et accessible sur smartphones et tablettes en version dite « mobile », elle pourra faire l’objet de numéros spéciaux chaque fois que nécessaire.

Henri Dutilleux (à droite) avec Renée Fleming et Seiji Ozawa.

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Commercialisation des espaces publicitaires, vente de billets de concerts, publication de

livres et de CD… Depuis longtemps, Radio France dégage des ressources propres, qui viennent compléter le budget que lui attribue l’État. Dans le cadre de la trajectoire définie par le Contrat d’objectifs et de moyens 2015-2019 (Com), il est demandé à Radio France d’augmenter les res-sources propres de 10,9 millions d’euros d’ici 2019, pour atteindre 71,6 millions d’euros, contre 60,7 millions d’euros aujourd’hui. Cet effort est indispensable pour que nos comptes reviennent à

Sur la voie de nouvelles ressources propres

Selon les termes du Contrat d’objectifs et de moyens, Radio France doit faire une partie du chemin budgétaire qui la sépare de l’équilibre financier, prévu pour 2018. Concrètement, cela signifie que l’entreprise doit développer ses ressources propres, c’est-à-dire les recettes qu’elle génère par elle-même, au-delà de la contribution à l’audiovisuel public. L’objectif n’est pas que financier. Il s’agit de valoriser le patrimoine de Radio France et de renforcer les liens avec le public grâce à des initiatives originales et créatives cohérentes avec les missions de service public.

d’année en année. Les recettes issues du public ont, ainsi, reculé de 4 mil-lions d’euros depuis 2010, et tout indique que cette baisse devrait se poursuivre », explique Serge Schick. Or, à lui seul, le secteur mutualiste, qui était en croissance, ces dernières années, ne peut compen ser cette tendance. Radio France devait donc réagir pour préserver cette ressource essentielle pour la tenue de la trajec-toire budgétaire pour les prochaines années. « Nous avons une double fra-gilité, financière par un por tefeuille d’annonceurs trop étroit, juridique par une interprétation contestée de notre cahier des missions et des charges », précise Pascal Girodias, le directeur de Radio France Publicité . Des dis-cussions ont donc été engagées, depuis quelques mois, avec l’État actionnaire pour faire évoluer le cahier des missions et des charges qui régit la diffusion de la publicité sur nos antennes. Le précédent décret date de 1987 et sa lecture est obsolète face aux évolutions d’un marché for-tement concurrentiel. Il s’agit, bien sûr, d’un sujet sensible qui doit tenir compte de l’ambition éditoriale de Radio France et des motivations de nos auditeurs, qui apprécient que nos antennes soient très peu occupées par la publicité. « L’hypothèse à l’étude prévoit une ouverture à l’ensemble des annonceurs, hors campagnes promo-tionnelles de la distribution. Autrement dit, une enseigne de la distribution ne pourra pas communiquer sur une offre prix, mais sera légitime si elle souhaite communiquer sur ses produits ou ser-vices comme, par exemple, un site comparateur de prix, ou une campagne institutionnelle », explique Pascal Girodias . Cette ouverture devrait ren-forcer le média radio dans son ensemble face à une concurrence accrue des acteurs du numérique.

l’équilibre en 2018. 10,9 millions d’euros : la somme représente un palier significatif, mais raisonnable. « Cela correspond à une hausse de 18 % par rapport au budget 2015. Comme nous avons quatre ans devant nous, cela revient à une croissance de 4,5 % par an », précise Serge Schick, directeur du Marketing stra-tégique et du Développement . Les pistes de développement envisagées s’inscrivent dans le prolongement ou l’intensification d’activités existantes et restent cohérentes avec nos métiers et notre identité. Les res-sources propres sont de deux types : celles qui proviennent des profes-sionnels, très majoritaires, égales à plus de 90 % des recettes, au sein desquelles l’on retrouve la publicité, les concessions, les locations évé-nementielles et les locations longue durée, et celles qui proviennent du grand public : la billetterie liée aux concerts et les ressources dégagées par les éditions. « Nous prévoyons une croissance raisonnée pour l’ensemble de ces ressources, en mettant en exergue et en valorisant de manière plus systématique ce qui fait le patri-moine de Radio France : ses espaces, ses contenus et les talents de ses équipes », ajoute Serge Schick.

MODERNISATION DU CAHIER DES CHARGES ET SÉCURISATION DES RECETTES PUBLICITAIRESPour atteindre les objectifs du Com, l’une des priorités sera déjà de sécu-riser les recettes publicitaires de Radio France, qui se situent autour de 40 millions d’euros par an. En effet, « les annonceurs publics et parapublics, qui constituent l’une de nos deux principales familles d’annon-ceurs avec le secteur mutualiste, réduisent leurs budgets publicitaires

profitera pas aux recettes du premier trimestre, le projet de décret étant toujours en discussion. Le dévelop-pement des recettes publicitaires passe également par le numérique : Radio France a comme objectif de doubler ses recettes publicitaires sur la période du Com. De 1 million d’eu-ros en 2014, elles passent à 1,4 en 2015 avec un objectif de 1,8 million d’euros en 2016 pour atteindre 2,8 mil-lions d’ici la fin du Com. À travers cette refonte des règles publicitaires, Radio France souhaite sécuriser ses res-sources financières, si importantes en cette période de contraintes bud-gétaires, tout en maintenant le slogan de sa régie publicitaire « l’espace préservé ».

« Valoriser de manière plus systématique ce qui fait le patrimoine de Radio France. » Serge Schick

« L’objectif n’est pas d’augmenter le temps de publicité à l’antenne. »Pascal Girodias

Évolution des recettes publicitaires (2015-2019) (en millions d’euros)

Elle pourra s’accompagner d’effets bénéfiques en termes d’image pour nos antennes, où les campagnes et messages monothématiques peuvent parfois produire des effets de lassi-tude sur les auditeurs. La question des durées de diffusion est importante. « C’est un débat très technique, mais il est absolument clair que l’objectif n’est pas d’augmenter le temps de publicité à l’antenne, affirme Pascal Girodias, avec la volonté de préserver le confort d’écoute de nos auditeurs. » Des déci-sions sont attendues assez ra pi-dement. L’équipe commerciale de Radio France Publicité prépare les annonceurs et agences à ce chan-gement majeur. Cette évolution ne

Stratégie et développement

Frais de mise à l’antenne

Supports digitaux

Évolution du cahier des charges

Parrainage

Publicité

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Esquisse de l’avant-projet du restaurant de la galerie Seine.

Tout en sécurisant ses recettes publicitaires, indispensables à sa santé budgétaire, Radio France va explorer de nouvelles voies de développement pour contribuer efficacement au budget de l’entreprise, dans le respect de son identité, de son histoire et de ses activités.

Pour compléter ses revenus, Radio France possède un atout majeur : la Maison de la radio, un lieu chargé de sens, d’his-

toire et de culture. Le bâtiment recèle de superbes espaces – l’Auditorium, le studio 104, la galerie Seine, les studios moyens ou la salle panoramique -, qui peuvent intéresser les associations, col-lectivités et entreprises pour organiser des événements ponctuels comme des réunions, des conférences ou des sémi-naires. Depuis la réouverture de la Maison de la radio, ces lieux sont pro-posés à la location dans des conditions précisées dans une charte de fonction-nement. « Le lieu commence à être connu et les demandes sont nombreuses. Nous y répondons lorsque le planning d’occu­pation des salles le permet. L’Auditorium, par exemple, n’a été loué qu’une fois en 2015, à une entreprise de fabrication d’instruments à vent, et devrait l’être moins de cinq fois sur l’ensemble de l’année 2016. La salle panoramique du 22e étage est également très recherchée », souligne Romain Beignon, responsable du pôle Diversification. La Maison de la radio suscite donc un réel engouement, car elle constitue un lieu unique. Radio France ouvre également ses portes à des équipes de tournage, mais aussi à des associations, à des tarifs préférentiels. Mi-décembre, le Secours populaire a ainsi organisé son opération Pères Noël verts dans une partie de la galerie Seine. En parallèle sont organisés des visites d’entreprises mais aussi des ateliers d’immersion radio, où les participants d’une entreprise apprennent à réaliser

STRATÉGIE ET DÉVELOPPEMENT

une émission. Des projets ont également été développés avec d’autres directions de Radio France comme la vente aux enchères de matériel réformé avec la DGATTN et l’organisation de la confé-rence Musique et cerveau en collabo-ration étroite avec la direction de la Documentation. Au total, ces activités auront engendré plus de 1 million d’euros de recettes en 2015.

LA CONCESSION DU SERVICE DE RESTAURATION L’ouverture d’un restaurant principal de cent quarante couverts au premier étage de la galerie de Seine, ouvert sept

jours sur sept midi et soir, et d’un bar/restaurant, plus intime, situé un étage au-dessus, ouvert le soir, est planifiée fin 2016. En extérieur, un ou plusieurs food trucks compléteront le dispositif de façon plus ponctuelle, lors d’événe-ments particuliers. Le bénéficiaire de cette concession a l’habitude d’opérer dans l’univers culturel : « Il a su trouver la bonne formule – cuisine exigeante, prix raisonnables, architecture élégante – en parfaite symbiose avec le lieu et les caractéristiques de la Maison de la radio », précise Romain Beignon. Ces espaces vont apporter de la convivialité, du plaisir, et attirer de nouveaux publics vers la Maison de la radio. À l’instar

des grands lieux culturels parisiens, on pourra manger avant ou après un concert, organiser un repas d’affaires, tout simplement passer un bon moment. Il est également envisagé d’ouvrir une librairie à l’Agora à moyen terme, et Radio France s’efforcera de tirer parti de la location de son parking. Au total, les concessions devraient, ainsi, rap-porter autour de 1 million d’euros à Radio France en 2019.

PROLONGER LA RELATION AVEC LE GRAND PUBLIC Radio France souhaite également déve-lopper son offre en direction du grand public. « L’édition constitue un formi­dable moyen de prolonger notre offre de programmes radiophoniques et musicaux, qui sont appréciés par le public. Nous avons plusieurs priorités : développer des collections autour d’émissions phares de nos chaînes, affirmer la dimension prescriptrice de nos antennes, mettre en avant nos talents, diversifier les formats d’édition et travailler sur les “objets”,

qu’il s’agisse des livres ou des CD », pré-cise Serge Schick. Des succès sont au rendez-vous : le livre-CD Pierre et le loup atteint quinze mille exemplaires vendus ou ceux de la collection « Ça peut pas faire de mal », de Guillaume Gallienne, plus de dix-sept mille exem-plaires. « Dans ce domaine, notre ambi­tion est de développer davantage de projets en coédition dans lesquels nous partageons les risques mais aussi les recettes, comme nous l’avons fait avec nos collections référentes, “Un été avec” ou “Sur les épaules de Darwin” », explique Magali Fourmaintraux, direc-trice des Éditions. En projet, également, des offres 360° autour d’émissions fortes. Pour La tête au carré, une boîte de jeu et deux hors-série ont déjà été publiés, tandis qu’un livre illustré est en préparation pour 2016. « Nous pen­sons qu’il y a une véritable marge de progression à dégager en travaillant spécifiquement avec chacune de nos antennes et de nos formations pour iden­tifier, en amont, les contenus les plus

intéressants à éditer », poursuit Serge Schick. « France Inter a ouvert la voie avec de grands succès de coédition et nous nous employons à développer les activités d’édition avec les autres chaînes ». La revue France Culture Papiers, qui poursuit son chemin, mais aussi des livres événements comme Génération Jedi, sur les traces de Georges Lucas, enquête réalisée par la rédaction de France Info, ou Les Coulisses de la radio, écrit par une figure célèbre de la maison, Gérard Courchelle.Autre voie prometteuse, des collections musicales portées par nos chaînes, comme « L’esprit Inter », les coffrets Fip ou « Les Talents France Bleu », qui ont une véritable légitimité et une capacité de prescription. Mais aussi des collec-tions « pointues » dans des domaines musicaux précis, comme la musique traditionnelle (Ocora), l’orgue ou la musique contemporaine. Enfin, Radio France commande des œuvres destinées à devenir des habillages d’antenne ou des génériques d’émissions. En tant qu’éditeur musical de ces œuvres, Radio France perçoit des recettes lors de leur diffusion.

LES RESSOURCES LIÉES AUX CONCERTS CLASSIQUESDu côté de la musique, différentes actions sont menées pour accroître la fréquentation des concerts des forma-tions de Radio France, et donc engran-ger davantage de recettes. La mise en place d’un nouveau système de billet-terie et le recours au marketing rela-tionnel contribueront à cette évolution positive (voir page 5).

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vec près de 14 millions d’auditeurs quotidiens, qui sont souvent des amateurs et des passionnés de musique, Radio France est un acteur majeur de la vie musicale française, entendue au sens le plus large. Aussi, afin d’accroître son influence dans ce monde très concur-rentiel, où les radios se disputent souvent les « exclus », les concerts ou les partenariats avec des artistes, Radio France a décidé, fin 2014, de constituer ce Comité Musique, composé des directeurs en charge de la musique dans les différentes chaînes.« Sa création marque notre volonté de renforcer la commu­ni ca tion et les échanges entre les chaînes, et d’aborder les questions musicales avec une vision plus globale », explique Frédéric Schlesinger, directeur délégué aux Antennes et aux programmes de Radio France. Concrètement , ce comité se réunit tous les quinze jours. « C’est pour nous tous l’occasion d’échanger sur de mul­tiples sujets, comme la programmation éditoriale, l’actua­lité musicale, l’évolution des pratiques de la filière, les partenariats ou les outils », poursuit Frédéric Schlesinger . De même, « Il est important que nous soyons informés de ce que font les autres chaînes, de connaître leurs projets en matière musicale, pour mieux nous coordon­ner », ajoute Jean-François Delettrez, directeur des Programmes de Fip.Les partenariats musicaux occupent une place à part, dans ces discussions, dans la mesure où ils relèvent de ce Comité Musique. Toutes les chaînes étant repré-sentées, cette instance offre une excellente occasion d’affiner la complémentarité entre les chaînes. C’est

dans ce cadre qu’il a, par exemple, été décidé que le prochain concert en « double plateau » de Grand Corps Malade et Oxmo Puccino, bien qu’étant associés à la culture hip-hop, serait diffusé sur France Inter, ces deux artistes s’adressant à un public d’adultes.« Plus qu’une simple réunion des responsables musicaux, ce comité est une nouvelle façon de travailler, en équipe, et d’aborder la musique sous un angle “groupe”. Maintenant , lorsque nous allons voir un festival ou un tourneur, nous avons, en arrière­plan, toute la force du groupe, ce qui accroît notre pouvoir de négociation », souligne Hervé Riesen, directeur adjoint aux Antennes et aux Programmes de Radio France et animateur de cette instance. « C’est la mise en avant de cette force collective qui a récemment valu à Radio France de décro­cher le partenariat sur le dernier album d’Adèle, mais aussi de conserver celui des Victoires de la musique, ou encore celui du retour sur scène d’Eddy Mitchell. »De fait, ce comité évite aux acteurs de la filière de faire la tournée des antennes lorsqu’ils veulent faire passer un message. Il n’y a plus qu’une seule porte d’entrée  – le Comité Musique –, qui peut leur apporter une vision panoramique de l’offre globale de Radio France en matière de musique.En 2016, le Comité Musique invitera, d’ailleurs, les principaux acteurs de cette filière afin de leur présenter les lignes de programme de Radio France, ainsi que ses spécificités et ses audiences. « Nous insisterons sur toutes les forces et toutes les possibilités de collaboration avec Radio France », conclut Frédéric Schlesinger.

Comité Musique

Une porte d’entrée unique pour la musiqueDepuis un an, les principaux responsables de la musique des antennes de Radio France se réunissent au sein du Comité Musique. Cette nouvelle instance permet à Radio France d’aborder les questions liées à la musique de façon collective, globale, et d’affirmer sa force vis-à-vis de la filière… Explications.

FipDes webradios pour fêter ses 45 ans

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Championne toutes radios confondues de la diversité musicale (trente-cinq mille titres différents proposés

chaque année), Fip propose depuis quarante-cinq ans une sélection musi-cale de qualité mariant diversité de styles et d’époques. À l’occasion de son anniversaire, Fip démontre qu’elle s’enracine dans un riche passé, mais aussi qu’elle va de l’avant et sait se conjuguer au futur. « Fip est une chaîne qui a vécu de grands moments d’émo-tions, au fil du temps, avec parfois des périodes difficiles mais surtout de grands moments de bonheur. Elle a débuté à Paris, puis s’est développée en régions. Une chose qui, elle, n’a jamais bougé : la qualité de sa program-mation musicale », commente Anne Sérode, sa directrice. Le 5 janvier, Fip lancera six webradios. Une initiative éditoriale qui a pour but de compléter son offre musicale, en mettant en valeur les quatre genres qui dominent à l’an-tenne : Fip autour du monde, Fip autour du jazz, Fip autour du rock, Fip autour du groove, une webradio dédiée aux nouveautés pour valoriser le côté pres-cripteur de la chaîne et, enfin, une

« Fip, c’est la radio libre par excellence. »Jane Villenet

Le 5 janvier 1971 naissait un ovni radiophonique : France Inter Paris. Exploratrice, partageuse, avant-gardiste, la chaîne se caractérise toujours, 45 ans après, par un éclectisme musical qui n’a pas son pareil sur les ondes…

dernière qui sera thématisée selon l’actualité. En janvier, elle sera dédiée aux 45 ans de Fip et mettra à disposi-tion la playlist de 1971. « L’autre élément remarquable, pour-suit Anne Sérode, c’est l’engagement des équipes qui travaillent ici et y ont trouvé un espace rare, qui n’existe nulle part ailleurs. Il n’y a pas une autre radio musicale au monde qui propose une programmation aussi riche et variée. C’est inédit, et la façon dont les voix l’accompagnent est tout aussi unique. Il y a une véritable pla-nète Fip. » C’est ce qui explique la longévité des collaborateurs qui s’y investissent depuis très longtemps. C’est le cas, notamment, de l’anima-trice Jane Villenet. « Je suis entrée à

Fip en 1982 sans savoir que j’allais y dérouler ma carrière. C’était provisoire, et quand le provisoire dure si long-temps, c’est que la magie a bien œuvré ! J’ai accompagné l’évolution de cette chaîne en épousant l’époque, le ton, les modes… avec cette écriture qui parle à l’auditeur, cette “écriture Fip”. J’ai beaucoup de chance d’avoir cette histoire du passé en moi pour écrire le présent et le futur. Fip, c’est la radio libre par excellence, je m’y sens libre moi-même avec l’envie toujours aussi forte de découvrir comme de faire partager. Ma motivation, je la dois aux auditeurs, ce sont eux qui me motivent. À Fip, je ne vois pas le temps passer… et pourtant, il passe ! Fip a 45 ans, déjà ! »

Ci­dessus, de gauche à droite, aux premier et deuxième rangs : Serge Schick, Bruno Laforestrie, Dominique Bourron, Anne Sérode, Éric Sorek, Hervé Riesen, Jean-François Delettrez Au dernier rang : Didier Varrod et Frédéric Schlesinger.Absents de la photo : Rachid Bentaleb, Pierre Charvet, Marc Maret et Marc Voinchet.

Ci­dessus : Charlotte Bibring, animatrice.

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Ci­dessus, de gauche à droite :Laëtitia de Germon, Nicolas Favreau, Matthieu Mondoloni, Baptiste Schweitzer, Estelle Cognacq, Ariane Griessel, Aurélien Accart et Gabriel Pereira (debout) ; Mélanie Delaunay et Grégoire Lecalot (assis).

Ci­dessus, de gauche à droite : Laëtitia de Germon, Aurélien Accart, Ariane Griessel et Mélanie Delaunay.

Ci­dessous : extrait du film de présentation de l’Agence France Info.

Ci­contre : Estelle Cognacq. Ci­dessous : Baptiste Schweitzer.

« Avec l’Agence, l’objectif est d’augmenter notre capacité à vérifier l’info. »Estelle Cognacq

Au 4e étage de la Maison de la radio, les accroches décalées de sa campagne de publicité s’affichent en grand : « Grèce : du pétrole sous l’acropole », « Le Qatar intègre la zone euro », et

toutes indiquent : « Si c’était vrai, France Info vous le dirait en premier ! ». Bienvenue à France Info ! Pour donner corps au positionnement de la chaîne – l’in-formation au plus proche de l’événement, exclusive et vérifiée –, Laurent Guimier, son directeur, a initié, à l’été 2014, plusieurs chantiers dont un majeur autour de la circulation de l’information au sens large. « Laurent m’a confié ce dossier afin d’identifier les problématiques rencontrées, explique Estelle Cognacq, rédactrice en chef du numérique et future rédactrice en chef de l’Agence France Info. En novembre 2014, j’ai rendu un rapport contenant des axes rapides d’amélioration. Mais il restait un certain nombre de questions liées à l’info elle­même. Par exemple, nous nous sommes aperçus qu’on n’exploitait pas assez les bonnes interviews, “les pépites”. On a aussi remarqué que, parfois, d’un présentateur à l’autre, du Web à la rédac radio, d’un journaliste sur le terrain en direct au présentateur, personne ne donnait la même info… De ces constats est née la volonté de centraliser en un lieu unique une info clairement écrite et vérifiée à laquelle chacun puisse se référer. »

L’Agence France InfoPour une info fiable, recoupée et vérifiéeEn janvier prochain, France Info lancera son agence « maison ». Plusieurs mois de travail ont conduit à la création de cette entité, dont les contenus seront accessibles dans Édito, sur le site Web et les applications de France Info. Coulisses…

La troisième entrée : la veille. Nous mettrons à profit les process déjà mis en place au sein de notre direction du numérique pour à la fois mieux détecter et déclencher plus rapidement une info : regarder du côté de nos concurrents, mais aussi de France Bleu, défricher les tweets et les réseaux sociaux. Des infos dont nous éva­luerons l’intérêt et que nous vérifierons si elle intéresse France Info. Et qui donneront lieu, ensuite, à des dépêches et éventuellement à des éléments pour l’antenne sous forme de papiers, de son, etc. »

La marque de fabrique de la chaîneLe nouveau fil de news sera proposé en priorité aux collaborateurs de Radio France. « Ce fil n’a pas, cependant, vocation à faire concurrence à ceux de l’AFP ou de Reu­ters. D’une part, nous n’avons pas leur force de frappe et d’autre part, notre objectif est de nous concentrer sur un

certain type d’infos. Nous ne recher­chons pas l’exhaustivité à tout prix, souligne Estelle Cognacq. Avec cette agence, notre objectif est de nous mettre en ordre de bataille pour aug­

menter notre capacité à vérifier l’info. C’est notre marque de fabrique : délivrer une info fiable, recoupée, vérifiée. » Si ce projet répond à une problématique spécifique à France Info, le contenu de l’agence sera mis à la dis-position des autres chaînes via Édito. Cette base pourra aussi être accessible à tous sur le site et les applications mobiles de la chaîne.

Un projet expérimental associé à un plan de formationLa future agence sera composée d’une douzaine de personnes : rédacteur en chef, rédacteur en chef adjoint et une équipe mixte de dix journalistes issus de la radio et du numérique. Elle fonctionnera, à terme, sept jours sur sept, de 4 h à minuit. « Ce projet est l’occasion de réorganiser les postes au sein de la chaîne, explique Estelle Cognacq. Nous menons une refonte du bocal en secrétariat de rédaction. Nous développons, actuellement, un plan de formation pour faire évoluer le personnel vers des fonctions plus éditoriales. Les postes de desk du matin et des lancements intégreront, eux, l’agence. » L’équipe se donne jusqu’à fin juin pour roder cette nouveauté. « Toute l’équipe est mobilisée pour que cette agence soit une réussite, pour s’y investir et être force de proposition. Je pense que, dans six mois, l’Agence aura évolué par rapport au projet que nous avons imaginé au départ. C’est un projet expérimental unique, qui n’existe nulle part ailleurs en France ! »

Centraliser les infos dans un lieu dédiéPour répondre à l’ambition de la chaîne de lier réac-tivité et qualité, Estelle Cognacq a lancé, en février 2015, un groupe de réflexion avec des volontaires parmi les représentants des métiers concernés de France Info (présentateur, fil rouge, rédacteur en chef de tranche, rédacteur en chef de journaux, journaliste de services, chef de service, attaché de production, personnels du bocal et de la rédaction…). Au total, une quinzaine de personnes se sont réunies à raison d’une fois par semaine pendant deux mois. « En avril dernier, j’ai remis à Laurent une étude sur la création d’une agence et son mode opératoire. Nous avons collectivement défini trois manières de produire les contenus qui ali­menteront cette agence. L’écoute de notre antenne : nous scriptons et nous découpons des sons courts que nous pourrons associer à nos dépêches. Deuxième cas de figure : les infos récoltées par nos journalistes, notamment sur le terrain, soit une exclusivité ou une info non encore donnée par l’AFP, à partir desquelles l’agence écrira une dépêche qui sera “urgentée” ou non selon les cas.

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Ci­contre, de gauche à droite : Carole Roth, Florent Latrive, Grégoire David et Chloé Leprince.

« Accompagner nos ambitions éditoriales »Sandrine TreinerLe numérique semble avoir été inventé pour France Culture. Notre singularité, c’est de produire des programmes qui ne se périmeront jamais, qui ont vocation à être écou-tés à tout moment : magazines des savoirs et des connaissances, docu-mentaires, fictions. France Culture est une immense bibliothèque ouverte sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre : notre site est le bibliothécaire. Il accueille, il archive, il oriente, il conseille… Un événement survient, une commémoration s’annonce, une personnalité disparaît : il va vous chercher de quoi nourrir votre curiosité et répondre à vos questions. Il vous connaît : il suggère, il incite. Le vendredi, il pointe ce que vous avez manqué et vous donne une playlist à écouter pour le week-end. Vous écoutez un documentaire ? Il en a cinq autres à vous proposer. Une fiction ? Il vous renvoie à une interview de l’auteur. L’enjeu, pour nous, était de penser notre identité numérique pour les années à venir. La base, c’est de faire vivre et revivre nos contenus. L’am-bition, c’est de devenir un lieu numé-rique de référence pour la vie des idées, des débats et de la culture.

C’est aussi de continuer à développer notre plateforme de propositions contributives venues du monde universitaire et académique en direction des étudiants et de tous ceux qui se vivent en état de forma-tion permanente. Notre vie numé-rique ne fait que commencer !

«Un site adapté à notre époque »Florent LatrivePlus qu’une simple modernisation du site actuel, nous inventons une écriture numérique propre à France Culture. Nous avons, tout d’abord, voulu faciliter au maximum la recherche de programmes à écouter au sein de notre gigantesque fonds patrimonial : vous trouverez un moteur performant, une ergonomie plus claire, des repères adaptés. L’éditorialisation et la mise en scène des contenus ont aussi été repensées. Nous lançons, ainsi, un portail do cumen taire, qui va venir complé-ter l’offre aux côtés du portail fictions et de Campus, l’offre académique des savoirs. Et nous allons proposer une sélection hebdomadaire de pro-grammes à réécouter. Le site va aussi proposer la réécoute des émissions sans limite de temps, alors qu’aujourd’hui, la plupart ne sont accessibles que pendant trois ans. C’est la réalisation concrète

d’un service public de radio pérenne. Enfin, à l’ère des smartphones et des réseaux sociaux, nous avons également veillé à ce que le site s’adapte à tous les formats d’écran, ordinateur, tablette ou téléphone portable – ces derniers s’imposant de plus de en plus comme les tran-sistors de l’avenir – et à ce que ses contenus soient faciles à partager et à relayer.

« Clés de compréhension et moments de grâce »Chloé LeprinceDepuis sa création, France Culture a accumulé un fonds d’archives d’une richesse prodigieuse, qui recèle d’innombrables pépites, « moments de grâce », clés de compré hen sion ou outils pédago-giques, susceptibles d’éclairer le

temps présent. Dans le cadre de la refonte du site, nous menons avec la Documentation de Radio France un travail intense de rééditorisali-sation de ces ressources, afin de faire remonter à la surface les éléments qui font écho aux problématiques contemporaines. Différents formats coexistent. Chaque semaine, nous mettons, par exemple, en avant une thématique que nous déclinons en cinq archives. Après les attentats, par exemple, nous avons remis en ligne des interventions de philo-sophes ayant réfléchi sur la terreur. Autres thèmes déjà abordés : Aragon , les femmes artistes ou l’histoire de l’extrême gauche italienne. Plus ponctuellement, il nous arrive éga-lement de faire revivre des temps forts radiophoniques, comme Don Quichotte, vu par Michel Foucault,

occupation a été de réaliser un site très simple d’emploi pour les audi-teurs et internautes. Première nou-veauté : ils auront, désormais, la possibilité de réécouter l’ensemble des émissions et ce, dès la première seconde de sa diffusion à l’antenne. Un réel « plus », sachant qu’aupara-vant, ce délai variait beaucoup d’un contenu à l’autre. Il suffira, pour cela, d’appuyer sur le bouton « play », qui figurera sur tous les contenus. Instantanée, la réécoute sera égale-ment illimitée dans le temps, pour les nouveaux contenus. Un travail de rééditorisalisation des archives est en cours. Enfin, nous avons beau-coup travaillé pour qu’il soit très facile de retrouver un contenu à partir de multiples « entrées » : nom de l’émission, du producteur, thème, date, etc.

Début 2016, France Culture mettra en ligne son nouveau site Internet, entièrement remanié. Plus riche et plus agréable, grâce à un graphisme sobre et épuré, il sera surtout beaucoup plus simple d’emploi et doté d’un moteur de recherche performant.En parallèle, le prodigieux fonds d’archives de la station sera éditorialisé pour mettre en lumière des émissions, des débats ou des interventions susceptibles d’éclairer le temps présent…

Franceculture.fr

La révolution numérique prend du sens

Emil Cioran et ses insomnies, un témoignage de Robert Desnos sur ses expériences d’hypnose, ou Alice, explicitée par Lacan. Bref, nous faisons revivre notre fonds d’archives afin de susciter l’intérêt des internautes, familiers ou nouveaux venus dans le paysage de France Culture.

« Une réécoute instantanée et illimitée »Grégoire DavidAprès France Bleu, France Culture est la deuxième antenne à appliquer, pour son site, la nouvelle stratégie et la nouvelle architecture numé-riques de Radio France. L’ensemble du projet a été mené selon la méthode agile (cf. article Francebleu.fr, Texto 36), qui est ciblée sur les attentes des utilisateurs. Notre principale pré-

Florent Latrive, délégué Numérique à France Culture.

Sandrine Treiner, directrice de France Culture.

Chloé Leprince, responsable de la mission Archives à France Culture.

Grégoire David, chef de projet Technique à la direction du Numérique.

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texto I Le magazine interne de Radio France I Société nationale de radiodiffusion – 116, avenue du Président-Kennedy – 75220 Paris Cedex 16 – Tél. : 33 (0) 1 56 40 22 22 I Directeur de la publication : Mathieu Gallet, président-directeur général – Monique Denoix, directrice déléguée à la Communication I Rédactrice en chef : Marianne Devilléger, déléguée à la Communication interne, assistée de Florence Bellanger I Conception-réalisation : 21x29,7 – www.21x29-7.fr I Photos : Christophe Abramowitz (les autres crédits photo sont précisés dans le magazine) I Iconographie : Frédéric Michel I Impression : Solubis – 92250 La Garenne-Colombes I Dépôt légal à parution.

Radio France a créé un fichier répertoriant les prénom, nom et adresse de son personnel, destinataire du magazine Texto, aux fins d’envoi à domicile dudit magazine, ce fichier étant transmis au prestataire de Radio France chargé de son acheminement. Conformément aux dispositions de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification des données vous concernant et figurant dans le fichier des destinataires de ce magazine. Vous pouvez également demander que vos coordonnées soient radiées de ce fichier si vous ne souhaitez plus recevoir le magazine Texto.

Bruno Denaes

Un pédagogue à l’écoute

ailleurs, il rédige une lettre, adres-sée aux responsables d’antenne, dans laquelle il dégage les grandes tendances des messages de la semaine.Raconter, expliquer in las sa-blement les coulisses de la radio : l’exercice convient parfaitement à ce journaliste « dans l’âme », qui totalise trente-cinq années à Radio France et a notamment été rédacteur en chef des matinales de France Info. Ce parcours riche et ces années d’expérience ont nourri une connaissance ency-clopédique de la « Maison », qu’il met à profit pour toujours trouver les personnes en mesure de répondre aux questions des audi-teurs. « Qu’ils soient aussi nom­breux à s’exprimer témoigne d’un at ta chement très profond à Radio France. Or, qui aime bien châtie bien. » Ces esprits alertes ne laissent, en effet, rien passer. Quand, au Jeu des 1 000 euros, un candidat s’est vu demander « Comment se dénomme un qua­drilatère à douze côtés ? », la boîte mail de Bruno Denaes n’a pas tardé à se gonfler de réactions. Celui-ci s’en est amusé. Il en a profité pour inviter Nicolas Stoufflet à l’antenne, pour qu’il explique comment sont sélec-tionnées les questions du jeu. La pédagogie, dans le service public, c’est très sérieux.

Journaliste expérimenté ayant accompli une grande partie de sa carrière à France Info, Bruno Denaes a été nommé médiateur des antennes au cours de l’été 2015. Une fonction qui conjugue écoute, pédagogie, pertinence de jugement…

lorsqu’il retourne dans sa région, file volontiers admirer le cap Gris-Nez, d’où l’on aperçoit l’Angleterre par beau temps. Pour autant, Bruno Denaes ne veut pas que son rôle se borne à être le récep-tacle des humeurs des auditeurs. « De nombreux messages sont motivés par une méconnaissance des règles, des contraintes ou des coulisses de la radio. Je place donc la pédagogie au cœur de ma démarche. Je me fais un devoir d’expliquer, par exemple, l’enca­drement du temps de parole des formations politiques qui nous est imposé par le CSA, ou comment se déroule une conférence de rédac­tion. » Il y a quelques semaines, des auditeurs ont reproché à Omar Ouahmane, envoyé spécial permanent de Radio France à Beyrouth , d’avoir soutenu l’arrivée

« Je regrette d’entendre régulièrement le décompte des cent trente “victimes” et

trois cent cinquante blessés. De mon point de vue, tous sont vic­times… » ; « J’ai admiré, toute cette semaine, votre grand profession­nalisme ! Vraiment, bravo ! » ; « Une température, mesure chif­frée, n’est ni chaude ni froide ; elle est basse ou élevée. Peut­on le faire savoir à vos présentateurs météo ? ». Des messages de ce type, Bruno Denaes en reçoit mille cinq cents, en moyenne, chaque mois, avec des pics pendant les périodes de crise. Normal : il est là pour ça, pour faire le lien entre les antennes et les auditeurs. Une mission qu’il assume avec conviction en coor-dination avec les antennes. « Je réponds à tous les messages, en compagnie de ma community manager, Catherine Cadic, et en transmets certains aux antennes quand c’est justifié », précise ce natif du Pas-de-Calais, qui,

et l’implantation des migrants au cours d’un reportage. Bruno Denaes a profité d’un de ses ren-dez-vous réguliers sur les antennes pour inviter le journa-liste à expliquer ses choix et les conditions de son reportage. Par

JE PLACE LA PÉDAGOGIE AU CŒUR DE MA DÉMARCHE.

PAR

CO

UR

S

1980Participation à la création de Fréquence-Nord (1re locale Radio France).

1985Rédacteur en chef, à 29 ans, de Radio France Creuse.

1989Rédacteur en chef de la matinale de France Info.

2004Secrétaire général de France Info.

2015Médiateur des antennes de Radio France.

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