Texte original et adaptation Sylvie Drapeau

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Texte original et adaptation Sylvie Drapeau Mise en scène Angela Konrad 12 novembre au 7 décembre 2019 DISTRIBUTION ALICE BOUCHARD SYLVIE DRAPEAU KARELLE TREMBLAY MARION VIGNEAULT ET SAMUËL CÔTÉ PATRICIA HOULE JEANNE MADORE ALEX-AIMÉE MARTEL ROSALIE PAYOTTE EMMA PLAMONDON MATTIEU PLAMONDON ÉQUIPE DE CRÉATION Conseillère à la dramaturgie ANGELA KONRAD Décor ANICK LA BISSONNIÈRE Costumes ANGELA KONRAD et PIERRE-GUY LAPOINTE Éclairages SONOYO NISHIKAWA Conception vidéo HUB STUDIO/THOMAS PAYETTE et GONZALO SOLDI Musique originale et bande sonore SIMON GAUTHIER Maquillages ANGELO BARSETTI Assistance à la mise en scène STÉPHANIE CAPISTRAN-LALONDE

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Texte original et adaptation Sylvie DrapeauMise en scèneAngela Konrad12 novembre au 7 décembre 2019

DISTRIBUTION ALICE BOUCHARDSYLVIE DRAPEAU KARELLE TREMBLAYMARION VIGNEAULTETSAMUËL CÔTÉPATRICIA HOULEJEANNE MADOREALEX-AIMÉE MARTELROSALIE PAYOTTEEMMA PLAMONDONMATTIEU PLAMONDON

ÉQUIPE DE CRÉATIONConseillère à la dramaturgie ANGELA KONRADDécor ANICK LA BISSONNIÈRECostumes ANGELA KONRAD et PIERRE-GUY LAPOINTEÉclairages SONOYO NISHIKAWAConception vidéo HUB STUDIO/THOMAS PAYETTE et GONZALO SOLDIMusique originale et bande sonore SIMON GAUTHIERMaquillages ANGELO BARSETTIAssistance à la mise en scène STÉPHANIE CAPISTRAN-LALONDE

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Argument « Il y a toujours eu le fleuve. » Le Saint-Laurent

forme à la fois le décor fondateur et le déclencheur de ce récit initiatique.

La première œuvre écrite par la comédienne Sylvie Drapeau, arrachée

à sa propre vie. Trois voix, celles de la narratrice saisie à différents âges

— la Petite, la Jeune Femme et la Femme —, se relaient pour raconter

cette histoire échelonnée sur plusieurs décennies et qui s’enracine

dans un « territoire mythique » : la Côte-Nord, là où le fleuve ressemble

à la mer. Sa nature est le terrain de jeu magique où grandit la Petite et

sa nombreuse fratrie, la « meute ». Jusqu’au jour où l’audacieux Roch,

brave l’interdit du large, alors que la mère est restée sur la plage pour

s’occuper du petit dernier. Le frère aîné adoré est englouti par la marée

montante, sous le regard impuissant de ses sœurs. C’est la fin d’un

monde. Le malheur originel qui semble précipiter toutes les pertes à

venir. Le décès de la mère, rongée par un chagrin trop grand. Démuni

sans cette alliée de toujours, le benjamin, Richard, est bientôt envahi

par le « monstre » schizophrénie et amorce une descente aux enfers

contre laquelle ses proches ne peuvent rien. Quand la maladie frappe

encore, la narratrice est elle-même en train de perdre pied. Après une

représentation théâtrale, la comédienne s’effondre, le corps et l’âme

usés par ces tragédies successives. C’est le début d’une patiente

remontée vers la lumière. Entre épreuves et moments de grâce, entre

deuils et reconstruction, cette pièce retrace le long fleuve tumultueux

d’une vie. Un destin qui émerge de l’ombre pour être transcendé par la

force rayonnante de l’écriture et de la scène. MARIE LABRECQUE

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Nos applaudissements au Théâtre du Nouveau Monde.

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 LE SAINT-  LAURENTl’importance d’un fleuve

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Le fleuve Saint-Laurent accompagne la vie des habitants de notre territoire depuis des millénaires. Ce grand cours d’eau qui coule sur près de 1200 kilomètres, reliant le lac Ontario à l’océan Atlantique, servait déjà de route aux peuples autochtones. Il portait alors plusieurs noms différents : Moktogameck, Wepistukujaw Sipo, Moliantegok, Roiatatokenti ou Raoteniateara…

En 2017, le gouvernement du Québec a d’ailleurs reconnu le rôle primordial qu’il a joué dans notre développement en le désignant lieu historique. « À l'époque de la Nouvelle-France, le fleuve Saint-Laurent constitue la porte d'entrée des explorateurs français qui pénètrent à l'intérieur du continent nord- américain. Il est aussi l'épine dorsale du réseau commercial de la traite des fourrures1. »

Puissante ressource naturelle qui favorise le peuplement, indispensable outil d’essor économique au fil des siècles, le Saint-Laurent est aussi étroitement entrelacé à l'identité québécoise. Avec son visage mouvant, tantôt assez étroit pour être enjambé par les ponts des villes, tantôt large de dizaines de kilomètres, empruntant la vastitude de la mer, il est un véritable joyau de notre paysage. Et à ce titre, il a toujours nourri l’imaginaire des artistes.

L’une des œuvres majeures de la poésie nationale, composée au début des années 1960 par Gatien Lapointe, s’intitule d’ailleurs Ode au Saint-Laurent. En préface de cette publication des Écrits des Forges, l’éditeur Gaston Bellemare écrivait que « le Saint-Laurent est le premier, le plus grand et le plus intime lien entre Québécois ». On retrouve le fleuve au premier plan d’un flot d’œuvres en tous genres, de populaires téléromans campés dans le Bas-Saint-Laurent (tels Cormoran de Pierre Gauvreau ou Nos étés d’Anne Boyer et Michel d’Astous), aux marquants films de cinéma-vérité de Pierre Perrault. Le cinéaste de Pour la suite du monde en exalte aussi la « sauvage grandeur » dans certains de ses poèmes que l’on peut lire dans le recueil Le Visage humain d’un fleuve sans estuaire.

Ce vigoureux cours d’eau a également inspiré un abondant répertoire folklorique au Québec et au Canada français. Dans une entrevue accordée à Radio-Canada, l'ethnologue Jean Du Berger expliquait que ces récits visaient à « éclairer les mystères entourant le Saint-Laurent ». « Les dangers ont toujours été nombreux sur le fleuve, les noyades et les bateaux coulés étaient fréquents, et ça se reflète dans nos contes et nos légendes2. »

MARIE LABRECQUE

1 Répertoire du patrimoine culturel du Québec, ministère de la Culture et des Communications : patrimoine-culturel.gouv.qc.ca2 ici.radio-canada.ca/nouvelle/596898/contes-fleuve-portraits

« Qui jamais a chanté, qui pourrait jamais chanter en strophes dignes de leur sujet ce roi des fleuves […] qui a gardé de la mer la majesté terrible ou souriante, tumultueuse ou assoupie » — Le Fleuve chanté d’Arthur Buies

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Grande interprète, Sylvie Drapeau est aussi désormais auteure. Entre 2015 et 2019, elle a publié chez Leméac une tétralogie de courts, mais puissants romans : Le Fleuve, Le Ciel, L’Enfer et La Terre. Une œuvre qu’elle a transposée elle-même pour la scène, avec la collaboration de la metteure en scène Angela Konrad.

À quel moment a commencé votre rapport à l’écriture ?À quatorze ans, je voulais devenir écrivaine. J’adorais la lecture et le pouvoir des mots m’a toujours fascinée.

Vous écriviez déjà, alors ?Pas du tout. Dans mon esprit, il fallait étudier pour apprendre ce métier. C’est drôle, non ? J’avais eu des cours de ballet classique toute mon enfance et je pensais que ce serait pareil avec l’écriture. Alors j’ai étudié en lettres au cégep de Baie-Comeau. Après, je me suis inscrite en Études françaises à l’Université de Montréal. Mais je n’ai fait qu’une session. J’ai frappé un mur. Maintenant je comprends pourquoi : il n’y avait aucun cours de création littéraire à l’époque, juste des cours très théoriques. Alors j’ai pensé que ce n’était pas fait pour moi, qu’il fallait être une intellectuelle pour écrire. C’est cette fausse idée qui m’a plutôt amenée à devenir comédienne. Ce qui n’est pas mal du tout ! Incarner les grands rôles, c’est une belle façon d’apprendre à écrire. Lorsqu’on étudie un rôle, on passe à travers le texte des centaines de fois. C’est une connaissance de la langue par l’intérieur, les mots sont éprouvés dans la chair.

Témoigner de la TRAVERSÉE HUMAINEENTRETIEN AVEC SYLVIE DRAPEAU

01 Sylvie Drapeau, Et Vian ! Dans la gueule de Boris Vian, collage et m.e.s. Carl Béchard, TNM, 2009–2010. Photo : Yves Renaud

02 Emmanuel Bilodeau, Catherine B. Lavoie, Rénald Laurin, Sylvie Drapeau, François Arnaud, Sébastien Dodge, L’Imprésario de Smyrne de Carlo Goldoni, m.e.s. Carl Béchard, TNM, 2007–2008. Photo : Yves Renaud

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Qu’est-ce qui a déclenché l’écriture de votre premier roman, Le Fleuve ?J’ai commencé à écrire il y a huit ans, après un épuisement professionnel. Une occasion extraordinaire : lorsqu’on tombe vraiment très bas, nos résistances et nos barrières tombent aussi. Il m’est apparu absurde de ne pas oser écrire, alors que quelque chose voulait s’exprimer.

À cette époque, j’avais déjà coécrit, avec la comédienne Isabelle Vincent, la pièce Avaler la mer et les poissons [créée en 2005]. Mais pour moi, il ne s’agissait pas encore d’écriture. C’était presque une improvisation écrite. Et au début, Le Fleuve devait aussi être une pièce de théâtre. C’était le territoire que je connaissais. Mais très vite, je voyais que les indications scéniques étaient plus nombreuses que les dialogues. J’ai alors compris que ce serait plutôt un roman.

Pourquoi écrire à partir d’un événement vécu, la noyade de votre frère aîné ?J’ai pas mal toujours su que j’écrirais l’histoire de Roch, un jour. Ce n’était pas juste un récit qui m’habitait parce que je l’ai vécu. C’était

une matière extraordinaire pour une auteure. J’y voyais un espace créatif et l’idée de raconter cette histoire m’apparaissait remplie de lumière, bien qu’il faille passer par la réalité de la tragédie. Cela s’est imposé, je ne saurais pas le dire autrement.

Et l’histoire de Roch, je l’ai toujours racontée, en tant qu’interprète. Les personnages sont toujours chargés de notre histoire personnelle, de toute façon. Le processus créatif est indissociable de qui nous sommes. La sensibilité, la présence, le tempérament de l’interprète sont forgés par son enfance, par sa vie. Une actrice, c’est déjà un territoire occupé.

Retraçant le parcours d’une femme, de l’enfance à la reconstruction après un épuisement professionnel, toute votre tétralogie est inspirée de votre vie…Mais c’est tout sauf une autobiographie. C’est une sculpture de mots, à partir d’impressions sur ma vie. Et j’ai choisi un point de vue très précis. Il y a mille anecdotes que je n’ai pas cru intéressant de raconter.

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L’adaptation théâtrale, Fleuve, s’appuie beaucoup sur le premier livre qui porte sur l’enfance de la narratrice. C’est comme un entonnoir, dans le sens où ce premier roman forme le cœur de la pièce. Parce que tout part de là. De la mort du frère. On ne sait pas quelle aurait été la vie de cette femme, s’il n’y avait pas eu cette première tragédie, cette marque initiale au cœur de la famille. C’est un événement fondateur. Est-ce que je serais devenue actrice ? Est-ce que j’aurais quêté ainsi la lumière des projecteurs ? Cela a tout changé.

Votre famille a été éprouvée par plusieurs tragédies…Je ne pense pas que c’est particulier à ma famille. Par exemple, j’ai eu tellement de témoignages de lecteurs sur la maladie mentale de leur proche, après la publication de L’Enfer. Je crois que tout le monde a ses deuils, que c’est universel. C’est ça, le fleuve : c’est la traversée humaine. On vit défi sur défi. Notre passage sur Terre est un combat, une quête, un long parcours. Ma petite histoire est anecdotique. Ce qui compte, c’est de témoigner de cette difficulté d’être, mais aussi de la beauté de ce labeur incroyable qu’est la traversée de l’existence.

Et c’est ce partage qui m’intéressait. L’histoire que je raconte n’est pas tant la mienne. Chaque spectateur peut lire sa propre histoire, j’espère, à travers mon récit familial. C’est là que ça commence à être intéressant. Et c’est cette dimension qui me fascine dans les œuvres d’art.

Contrairement à l’interprète, l’écrivain a un contrôle complet sur son art…Cette liberté absolue est assez jouissive. J’ai toujours parlé au nom des auteurs et à travers un regard de metteur en scène. Ici, c’est moi qui témoigne de ma vision du monde. C’est un privilège. La solitude, l’introspection et le silence de l’écriture sont aussi très séduisants pour moi qui ai toujours travaillé — ce qui est aussi magnifique — dans la convivialité, l’exubérance de la création théâtrale. Le monde intérieur de l’écriture est spirituel. On se met à l’écoute de ce qui veut s’exprimer. Si on n’a pas plus grand que soi auquel se raccrocher devant le désastre, le chagrin le plus extrême, qu’est-ce qui nous reste ? Alors, mon œuvre porte en filigrane une quête spirituelle.

Dans la pièce Fleuve, vous allez porter votre propre parole sur scène…Je n’aime pas cette croyance selon laquelle les acteurs se cacheraient derrière leurs personnages. Comme si c’était possible ! Mais ici il y aura une couche de moins. Impossible d’être plus nue que ça… Lorsque je joue Shakespeare ou Racine, je suis dans une grande vérité. Mais je me mets à la place d’un personnage. Dans Fleuve, je ne vais rien incarner, puisque c’est une parole directe de Sylvie. Je ne sais vraiment pas comment je vais le jouer. C’est vertigineux, mais il y a en même temps une grande jouissance dans le fait de dire cette vérité. Il y a là quelque chose d’une catharsis.

Il y a une impudeur à jouer ses mots au théâtre ?Pas tant que ça. Maintenant que j’ai écrit ces romans, bas les masques ! (rires) Je n’ai pas de cachette. Cela peut sembler étrange, parce que je suis une personne très pudique. Mais comme je l’ai dit, dans mon esprit, cette œuvre parle bien sûr de moi, de ma famille. Mais plus encore, elle parle de l’humanité. Il y a quelque chose de plus fort que moi qui veut s’exprimer à travers ce texte.

PROPOS RECUEILLIS ET MIS EN FORME PAR MARIE LABRECQUE, MARS 201904

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L’histoire du TNM a été marquée par quel-ques mémorables adaptations d’œuvres littéraires. Mais la transposition de romans sur scène y est surtout un phénomène récent. Il faut attendre presque jusqu’aux années 2000, sous le directorat de Lorraine Pintal, pour les voir apparaître régulièrement dans la programmation. Durant le premier demi-siècle d’existence du théâtre fondé en 1951, elles se font rares.

DU LIVRE À LA SCÈNE

panorama des adaptations au TNM

Une exception notable : en novembre 1970, alors que la Crise d’octobre fait rage et que le Québec est justement sous l’emprise de la Loi des mesures de guerre — un hasard qui ne s’invente pas —, le romancier Roch Carrier porte sur les planches La Guerre, yes Sir !, sa fameuse fable sise durant le Deuxième Guerre mondiale. Au printemps suivant, la pièce mise en scène par Albert Millaire tourne aussi dans plusieurs pays européens. Il faut également noter, pendant la saison hivernale 1973, un Quichotte joué par la troupe Les Jeunes comédiens du TNM. Signé Jean-Pierre Ronfard, le spectacle voyagera lui aussi jusqu’en Afrique.

Vingt-cinq ans plus tard, c’est une autre adap-tation du classique de Cervantès qui paraît marquer un tournant et inaugurer une ère beaucoup plus abondante en transpositions scé niques. Théâtralisé par Wajdi Mouawad, avec la collaboration du metteur en scène Dominic Champagne, Don Quichotte connaît un tel succès que le spectacle est repris durant la saison 1999–2000. C’est aussi cette année-là que le directeur du Théâtre Il va sans dire

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s’attaque à une deuxième transposition de chef-d’œuvre, cette fois en duo avec Alexis Martin : L’Odyssée d’Homère. Une production qui deviendra, avec ses deux reprises dans les années suivantes et ses quatre-vingt-quatre re pré sentations, l’un des grands succès du TNM.

À partir de là, les adaptations se multiplieront sur le plateau du TNM, espace de (re) décou-verte de classiques, le plus souvent issus du répertoire mondial. Poursuivant son travail sur l’œuvre immortelle d’Homère, Alexis Martin se mesure ensuite à L’Iliade, en septembre 2007. Un spectacle qu’il met lui-même en scène. À l’automne 2004, le cinéaste François Girard présente une dramatisation du fascinant roman Le Procès par l’écrivain québécois Serge Lamothe. Peu s’en souvien-dront, mais ce n’était pas la première adaptation de Franz Kafka par le TNM : Rupert Caplan y avait dirigé The Trial en 1956, alors que la compagnie théâtrale débutante occupait la salle du Gesù et qu’elle cherchait à rejoindre aussi le public anglophone.

La programmation fait aussi place à quelques œuvres plus contemporaines, telle Une adoration, l’adaptation que tire Lorraine Pintal, en 2005, d’un roman publié à peine deux ans plus tôt par la célébrée écrivaine Nancy Huston. On doit aussi à la directrice artistique du TNM la transposition d’un classique québécois : L'Hiver de force de Réjean Ducharme. Créé en novembre 2001, le spectacle est présenté ensuite, à Paris, à L’Odéon, Théâtre de l’Europe.

MYTHES MODERNISÉSDans les années 2000, le dramaturge Pierre Yves Lemieux est sollicité pour écrire de nouvelles versions théâtrales à partir de mythes littéraires éternels : Tristan et Yseult (2003) et La Belle et la Bête (2011), un spectacle multi média de Michel Lemieux et Victor Pilon. À l’été 2015, il revisite la populaire saga d'Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, montée par Serge Denoncourt. Et trois ans plus tard, Lemieux appose sa griffe sur Candide ou l’Optimisme, une adaptation très libre du conte éponyme de Voltaire, augmentée d’éléments biographiques, mise au monde par Alice Ronfard.

Les dernières années se révèlent d’ailleurs particulièrement riches en transformations théâtrales d’œuvres littéraires. En 2015, on peut voir Le Journal d’Anne Frank, dans une nouvelle dramatisation scénique sous

la plume d’Eric-Emmanuel Schmitt ; une adaptation du rocambolesque Le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne par le metteur en scène Hugo Bélanger. Et une troisième ambitieuse transposition d’un chef-d’œuvre de la littérature par Dominic Champagne ; le créateur s’allie cette fois à Bryan Perro pour mettre à flot Moby Dick, inspiré de l’épique roman de Herman Melville.

À l’hiver et au printemps 2018, deux adapta-tions se succèdent sur la scène du TNM. Le créateur Olivier Kemeid et la comédienne Marie-Thérèse Fortin font entendre sur les planches la parole de Gabrielle Roy, telle qu’immortalisée dans sa bouleversante auto-biographie La Détresse et l’Enchantement. Quant au dramaturge Étienne Lepage, il offre une lecture moderne d’un roman phare de Dostoïevski, L’Idiot, dans un imposant spectacle monté par Catherine Vidal.

Fleuve vient donc s’ajouter à un corpus vaste et contrasté d’adaptations. À ce qu’on peut désor mais définir comme une tendance artistique importante dans la programmation du TNM.

MARIE LABRECQUE

03 Francis Ducharme, Marc Béland, Sylvie Drapeau, Britannicus de Racine, m.e.s. Florent Siaud, TNM / Les songes turbulents, 2018–2019.

04 Sylvie Drapeau, Richard III de Shakespeare, traduction Jean Marc Dalpé, m.e.s. Brigitte Haentjens, Sibyllines en collaboration avec le TNM, 2014–2015.

05 Le Procès de Franz Kafka, traduction Axel Nesme, adaptation Serge Lamothe, m.e.s. François Girard, TNM, 2004–2005.

06 La Belle et la Bête de Pierre Yves Lemieux, m.e.s. Victor Pilon et Michel Lemieux, TNM / Pilon.lemieux 4D art, 2010–2011.

07 L'Idiot, d'après le roman de Dostoïevski, texte Étienne Lepage, m.e.s. Catherine Vidal, TNM, 2017–2018.

08 Moby Dick, d'après l'œuvre d'Herman Melville, texte Bryan Perro et Dominic Champagne, m.e.s. Dominic Champagne, TNM, 2015–2016.

09 Le Journal d'Anne Frank, texte Eric-Emmanuel Schmitt, d’après Le Journal d’Anne Frank, m.e.s. Lorraine Pintal, Spectra Musique / TNM / Didier Morissonneau, 2014–2015.

10 Candide ou l'Optimisme, une création pour la scène de Pierre Yves Lemieux, d’après le roman de Voltaire, m.e.s. Alice Ronfard, TNM, 2018–2019.

Photos : Yves Renaud

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Native d’Allemagne, Angela Konrad a passé deux décennies en France où elle était notamment associée au Théâtre des Bernardines à Marseille. Immigrée au Québec, la dramaturge et metteure en scène n’a pas tardé à imprimer sa griffe sur les scènes montréalaises, grâce aux productions de sa compagnie La Fabrik. Des spectacles personnels où la réflexion critique fait bon ménage avec une théâtralité ludique.

Dès sa première création, à l’automne 2013, Variations pour une déchéance annoncée, inspirée de La Cerisaie de Tchekhov, elle est encensée pour sa réactualisation audacieuse du répertoire théâtral. Une veine poursuivie à l’hiver 2015 avec Auditions ou Me, Myself and I, d’après Richard III de Shakespeare.

Angela Konrad entame ensuite une résidence de trois années à l’Usine C avec un autre Shakespeare : un grinçant Macbeth pour lequel elle exhume la traduction québécoise de Michel Garneau. Elle va aussi signer,

PLONGER dans une tragédie contemporaineENTRETIEN AVEC ANGELA KONRAD

au Théâtre de Quat’Sous, une étonnante production de la pièce Le Royaume des animaux, écrite par son compatriote Roland Schimmelpfennig. À l’automne 2017, avec Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me, la professeure à l’École supérieure de théâtre de l’UQÀM amorce un cycle consacré à l’adaptation de textes non théâtraux, où elle dramatise et vulgarise notamment des discours philosophiques ou scientifiques. Suivront Les robots font-ils l'amour, un colloque fictif basé sur un essai de Laurent Alexandre et Jean-Michel Besnier autour du transhumanisme, et Golgotha Picnic, montage d’un texte sulfureux de l’Argentin Rodrigo García, où la metteure en scène dirige Sylvie Drapeau pour la première fois.

11 Lise Roy, Sylvie Drapeau, Dominique Quesnel, Samuël Côté, Golgotha Picnic de Rodrigo García, traduction Christilla Vasserot, adaptation et m.e.s. Angela Konrad, La Fabrik / Usine C, 2018–2019. Photo : Maxime Robert-Lachaine

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En novembre 2018, Angela Konrad récidive avec une adap ta tion de Tchekhov, Platonov amour haine et angles morts, présentée au Théâtre Prospero.

Fleuve marque son entrée au TNM, une institution qui, dit-elle, possède un « ancrage historique et identitaire très fort ».

Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter sur scène la tétralogie de Sylvie Drapeau ?Lorsque j’ai lu Le Fleuve, ça m’a beaucoup touchée. C’est vraiment un coup de cœur. Je fais des choix très affectifs, il faut que les projets m’appellent. Et j’avais envie de travailler sur l’adaptation de romans. Je suis aussi intéressée par la question de l’identité liée à la culture et à la géographie. Notre identité, notre histoire familiale sont traversées par la grande Histoire et par des lieux géographiques très marqués. Le fleuve fait partie de l’identité québécoise. Pour moi, ces romans s’ancrent à la fois dans le Québec et dans la tragédie.

Et il y a un style narratif très particulier dans l’écriture de ces œuvres. J’aime beaucoup

cette langue, elle est étonnante. Elle passe de l’imparfait au présent, d’une objectivité très précise dans la description à des relents lyriques qui créent une correspondance entre l’émotion, l’âme et la nature. Cette écriture me fascine : il y a d’un côté une grande transparence dans l’authenticité, la quête de vérité et, de l’autre, la construction d’une forme très maîtrisée.

Et vous voyez dans ce récit une référence à la tragédie grecque ?Totalement. Pour moi, c’est la tragédie avec tous ses éléments. À commencer par la démesure du héros, ce qu’on appelle l’hubris. Sauf qu’elle s’incarne ici chez un enfant. Elle me parle tellement cette démesure de l’enfance, ce sentiment d’être tout-puissant, sans limites. Petite, je passais mes étés à la mer du Nord et le souvenir que j’en garde, c’est l’impression que j’aurais été capable de courir toute la journée sans me fatiguer.

Dans Fleuve, Roch défie les lois parentales une première fois en amenant ses sœurs dans la forêt interdite, où ils goûtent aux fruits interdits. Et il meurt en désobéissant

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en s’aventurant trop loin sur la plage. Toute puissance se confronte aux lois de la nature. L’irrévocable s’est produit… Ensuite, il y a la question de la responsabilité, de la culpabilité. Il s’agit donc d’une tragédie contemporaine.

Qu’est-ce qui a guidé l’adaptation des romans ?La langue est si belle qu’il faut lui donner toute sa place, la faire entendre dans toute sa splendeur. Et pour moi, il était clair qu’il fallait diviser la partition de la narratrice en trois âges distincts. J’ai surtout su d’emblée que la noyade devait être racontée par la petite fille, témoin de l’événement tragique. Je voulais cette radicalité-là : faire tenir un monologue par une enfant de dix ou onze ans, qui ouvre le spectacle. Parce que l’œuvre est ancrée dans l’enfance. Il faut que l’enfance soit vraiment présente sur scène, qu’on ne fasse pas semblant.

Pour le rôle de la jeune femme, je voulais Karelle Tremblay. En audition, elle nous a soufflés. Cette comédienne a une dimension de jeu très brute, très pulsionnelle, et en même temps une grande intelligence du texte. Elle a quelque chose du volcan, comme Sylvie Drapeau. Celle-ci porte une fonction quadruple dans le spectacle : auteure, protagoniste, narratrice, actrice. Mais elle ne peut pas se jouer elle-même. Dans Fleuve, elle agit donc comme coryphée de la tragédie, qui se détache du chœur pour raconter ce qui se passe au public.

Comment s’annonce la mise en scène de Fleuve ?J’ai l’impression que ce que j’essaie de faire dans une mise en scène, c’est toujours de lire la face cachée d’une œuvre. Quel est le nerf du texte ? Et derrière cette histoire, il y a le cheminement de quatre vies, plus celui de la narratrice. Il y a le rapport au temps, à la mort, à l’amour. Donc quelque chose de très universel. Je cherche à créer une communauté autour d’une tragédie qui a été vécue comme un événement très intime, familial, mais qui peut être partagée par tous. Pour moi, c’est important que la famille soit là, sur scène. Il y aura donc des figurants pour évoquer les parents et la « meute » dans l’espace du chœur, en arrière. J’y vois la représentation de la famille au moment de la mort de Roch. Comme si cette tragédie avait épinglé à tout jamais ces êtres dans le temps. Et comme si on se souvenait de cette famille. Ce qui me stimule aussi, c’est le défi de trouver une forme reflétant l’émotion que j’ai ressentie au

moment de la lecture de l’œuvre. Et puisque ce sont des romans, on est ici dans un rapport très différent à l’espace et au temps, une narration. Il ne s’agit pas d’orchestrer des situations, mais plutôt de composer des tableaux.

Quelle place va prendre l’image dans le spectacle ?Depuis que j’ai lu le troisième roman, j’ai toujours eu en tête la vision du petit garçon resté sur la plage avec sa mère lors de la noyade de Roch. Je trouve le récit de L’Enfer tellement puissant, que je voulais créer une tension entre ce que Richard était, bébé, et ce qu’il est devenu à cause de la maladie mentale. Ce jour-là, où son frère est mort, a été déterminant pour le reste de sa vie, le roman le raconte très bien. Et je trouve que cela crée un rapport au temps, aussi. C’est le cheminement d’une vie.

J’ai découvert dans un musée à Berlin l’artiste visuel Thomas Ruff qui photographie des gens ordinaires et en fait des portraits géants, où paraît le moindre grain de la peau. Il y a là quelque chose qui s’impose comme incontournable. C’est lui qui m’a inspiré les portraits surdimensionnés.

J’ai l’impression aussi que l’extraordinaire verticalité de la scène du TNM nous aspire vers le haut. Elle a quelque chose de l’ordre d’une transcendance, si on ne la brise pas. Moi j’avais envie de travailler sur cette transcendance. Et donc sur quelque chose de démesuré, comme la tragédie. Ce que la petite fille de Fleuve a vécu nous dépasse complètement. Un peu comme les forces de la nature.

Les spectacles que vous avez créés au Québec jusqu’ici révélaient toujours un mélange de tragédie et d’humour grinçant, voire une forme de grotesque. Fleuve semble différent…C’est un projet très particulier qui vient nous chercher à un endroit très spécifique. Chaque fois que je travaille sur des tableaux de cette pièce, je sens qu’une très grande retenue s’impose. Comme si on devait composer avec le caractère inéluctable de la tragédie. Il y a dans Fleuve quelque chose qui relève d’une beauté sublime et d’une infinie tristesse.

PROPOS RECUEILLIS ET MIS EN FORME PAR MARIE LABRECQUE, AVRIL 2019

12 Marie-Laurence Moreau, Samuël Côté, Platonov amour haine et angles morts d’Anton Tchekhov, traduction André Markowicz et Françoise Morvan, m.e.s. et adaptation Angela Konrad, Groupe de la Veillée / La Fabrik, 2018–2019. Photo : Maxime Robert-Lachaine

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Fleuve mise sur deux conceptrices émérites, aux feuilles de route impressionnantes. Des femmes de talent qui s’illustrent dans des domaines se déclinant encore majoritairement au masculin.

SONOYO NISHIKAWAConceptrice de lumière depuis 1986, Sonoyo Nishikawa a débuté sa carrière dans son Japon natal, où son travail n’a pas tardé à être remarqué. Dès l’année suivante, elle remporte un prix du Japan Lighting Association pour la comédie musicale I Got Merman. Des études à Londres l’amènent ensuite à rencontrer le grand créateur québécois Robert Lepage, dont elle devient une fidèle collaboratrice à partir de 1993. Elle participe ainsi à ses productions : A Midsummer Night's Dream, Noises Sound and Sweet Airs - Tempest, Apasionada / Casa Azur, La Trilogie des dragons et Les Sept Branches de la rivière Ota en 1996, pour laquelle sa conception d’éclairages s’est distinguée par le prestigieux prix torontois Dora Mavor Moore Award.

Au Québec, où Sonoyo Nishikawa a mis en lumière des dizaines de pièces, notamment dans des théâtres de la Capitale nationale, son travail a remporté plusieurs récompenses : un Masque pour L’Éden Cinéma (2004) et un Prix Jacques-Pelletier pour Antigone (2003), deux spectacles dirigés par Brigitte Haentjens. En 2015, elle recevait de nouveau ce prix d’excellence des arts et de la culture, décerné à Québec pour sa conception d'éclairages dans le Macbeth mis en scène par Marie-Josée Bastien, présenté par le Théâtre du Trident.

À Montréal, on a pu admirer ses conceptions dans Électre dirigé par Serge Denoncourt, Sauvageau Sauvageau et Le reste, vous le connaissez par le cinéma, mis au monde par Christian Lapointe, et dans deux mises en scène de Marie Brassard, Peepshow et La Vie utile.

Sonoyo Nishikawa a également touché à l’art lyrique (La Damnation de Faust au Metropolitan Opera à New York, La Veuve joyeuse à l’Opéra de Montréal, Hansel et Gretel à l’Opéra de Québec) et à la danse, à travers deux chorégraphies de Jocelyne Montpetit (Avril est le mois le plus cruel, Faune).

Grâce à Fleuve, elle renoue avec la scène du TNM, vingt ans après son travail sur Marie Stuart de Dacia Maraini.

ANICK LA BISSONNIÈREAnick La Bissonnière est venue à la scéno-graphie par l’architecture, une formation reçue à Montréal et à Lausanne. Avant même de créer des décors sur les scènes théâtrales, elle a collaboré à concevoir près d’une cinquantaine de projets de salles de spectacles pour Trizart Alliance, une entreprise montréalaise de consultation.

Depuis 1993, cette amoureuse de lignes épurées a imaginé l’espace pour une centaine de productions et d’événements dans divers domaines artistiques : le théâtre, la danse, le cirque, les expositions muséales. De plus, elle enseigne son art à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM.

De l'éclairage à la scénographie… DES CONCEPTRICES REMARQUABLES

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En 2015, la récompense théâtrale la plus réputée au Canada lui a été attribuée par le jury du Prix Siminovitch, grâce à son « talent extra ordinaire » pour créer des environnements à la fois épiques et intimes. Anick La Bissonnière, dont le travail a été diffusé au Théâtre du Châtelet à Paris, au Festival d’Avignon comme au Brooklyn Academy of Music à New York, a aussi été plébiscitée à l’étranger : en 2007, à Prague, son œuvre a été honorée lors du 40e anniversaire de l'Organisation internationale des scénographes, techniciens et architectes de théâtre.

Sur la scène montréalaise, Anick La Bissonnière poursuit depuis 1999 une complicité forte avec la créatrice Brigitte Haentjens, pour qui elle a conçu certaines de ses scénographies les plus marquantes. Mentionnons, pour n’en nommer que quelques-unes, La Cloche

de verre, Molly Bloom, Une femme à Berlin, Dans la solitude des champs de coton et Richard III, montée au TNM en 2015. Sur notre scène, on doit aussi à la scénographe le vertigineux salon où prenait place Le dieu du carnage mis en scène par Lorraine Pintal en 2010, la scène-miroir vue dans Le roi se meurt (2013) et les impressionnants gradins des Chaises (2018), deux productions dirigées par Frédéric Dubois.

Fleuve marque sa troisième association artistique avec Angela Konrad en quelques années, après Le Royaume des animaux et Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me.

MARIE LABRECQUE

13 Anne-Marie Cadieux, Pascale Montpetit, Marie Stuart de Dacia Maraini, traduction Marie José Thériault, m.e.s. Brigitte Haentjens, scénographie Anick La Bissonnière, éclairages Sonoyo Nishikawa, TNM, 1999–2000. Photo : Pierre Desjardins

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PATRICIA HOULELA MÈRE

JEANNE MADORESUZANNE 8 ANS

SYLVIE DRAPEAU LA FEMME

KARELLE TREMBLAYLA JEUNE FEMME

MARION VIGNEAULTLA PETITE (en alternance)

SAMUËL CÔTÉLE PÈRE

MATTIEU PLAMONDONROCH 10 ANS

EMMA PLAMONDONCHRISTINE 3 ANS ET DEMI

ALEX-AIMÉE MARTELHÉLÈNE 9 ANS

ROSALIE PAYOTTEJOHANNE 11 ANS

ALICE BOUCHARDLA PETITE (en alternance)

DISTRIBUTION

REPÈRES BIOGRAPHIQUES DES ARTISTES TNM.QC.CA

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Dessin de Roch Drapeau, archives personnelles de Sylvie Drapeau.

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FONDATEURS JEAN GASCONJEAN-LOUIS ROUX GUY HOFFMANN GEORGES GROULX ANDRÉ GASCON ROBERT GADOUAS ÉLOI DE GRANDMONTCOFONDATRICESMONIQUE MILLERJANINE SUTTO

FONDATION 1951

DIRECTEURS ARTISTIQUES JEAN GASCON1951–1966 JEAN-LOUIS ROUX1966–1982 ANDRÉ PAGÉ1981OLIVIER REICHENBACH1982–1992 LORRAINE PINTALDepuis 1992

L’ENVERS DU DÉCOR

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LES BEAUX ENTRETIENSEn collaboration avec Les Belles Soirées de l'UdM. Animés par Lorraine Pintal sur la scène du TNM.

Élever des passerelles entre l’art et la communauté

ÉCHANGER SAISIR APPRÉCIER

Invitée : Sylvie Drapeau Autour de son parcours de théâtre qui l’a menée à l’écriture, de son rôle d’actrice, du pouvoir des mots et de cette question fondamentale : comment l’art peut­il donner sens au chaos de l’existence ? LUNDI 18 NOVEMBRE DE 14 H À 16 H

Invité : Marc Hervieux Autour de son impressionnant parcours de ténor, du répertoire classique à la chanson populaire, de l’opéra au théâtre. LUNDI 20 JANVIER DE 14 H À 16 H

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CONFÉRENCESToujours en collaboration avec Les Belles Soirées, trois conférences sur des thématiques et des enjeux liés à des spectacles. À L'Auditorium BAnQ / Vieux­Montréal.

LA PERTINENCE DE KNOCK AUJOURD’HUI Conférenciers Daniel Brière et Dr Alain Vadeboncoeur

Lundi 23 septembre de 13 h 30 à 15 h 30

Le sous­titre de l’œuvre, « ou le Triomphe de la médecine » est très évocateur, car cette comédie diablement efficace propose aussi une étonnante anticipation de la place que prendra dans nos sociétés la médecine du 20e siècle. Jules Romains nous entraîne ainsi, bien malgré nous, dans une réflexion tout à fait actuelle sur certaines dérives de la médecine contemporaine.

FRATERNELLEMENT, TCHEKHOV Conférencier Paul Lefebvre

Lundi 9 mars de 13 h 30 à 16 h

Avec ses quatre dernières pièces — La Mouette, Oncle Vania, Les Trois Sœurs et La Cerisaie — créées entre 1896 et 1904, l’auteur russe Anton Pavlovitch Tchekhov a complètement bouleversé la dramaturgie et, en moins d’un siècle, est devenu pour les praticiens de théâtre un auteur aussi fondamental que Shakespeare. Son théâtre et ses presque 600 nouvelles s’inscrivent dans l’extraordinaire effervescence culturelle de la Russie de la seconde moitié du 19e siècle — celle qui a donné au monde Dostoïevski, Tolstoï, Tourgueniev, Moussorgski et Tchaïkovski — mais sont aussi le fruit d’un parcours artistique très personnel. Qui était Anton Tchekhov ? Au sein de quels contextes culturel, social et politique son œuvre a­t­elle jailli ? Et, surtout, qu’a­t­il apporté d’unique au théâtre ?

LE JOUR OÙ LES FEMMES ONT DIT NON Conférencières Fanny Britt et Lorraine Pintal

Lundi 27 avril de 14 h à 16 h

Quel pouvoir les femmes ont­elles réellement, aux yeux du monde ? Une fois que l’on acquiert des pouvoirs tant espérés, qu’en fait­on ? Réussit­on à maintenir le cap sur nos valeurs et nos idéaux, ou succombons­nous au chant des sirènes de l’ambition ou de l’ego ? Ces questions ont animé la création de Lysis dès le début, quand Lorraine Pintal a invité Fanny Britt et Alexia Bürger à se pencher sur le classique d’Aristophane, Lysistrata. Moins allumées par l’idée d’une grève du sexe comme véhicule de la révolte actuelle, les deux autrices ont plutôt choisi d’aborder de front l’un des derniers remparts du pouvoir féminin : celui de mettre des enfants au monde. Les femmes de Lysis choisissent de cesser d’enfanter, non pas pour punir les hommes, mais pour signifier à un système effréné, gourmand, dévastateur, leur refus de le nourrir davantage. Plus encore, elles croient qu’un autre monde est possible et essentiel, mais que comme dans toute révolution, son avènement ne se fera pas sans heurts et sans remettre en question l’ordre établi. C’est donc dans un esprit de réflexion critique, d’urgence de nommer et d’ouverture aux autres que la création de Lysis a vu le jour. Cette causerie sera l’occasion d’en exposer les fondements, les détours et les conclusions, en toute complicité.

Infos : bellessoirees.umontreal.ca 15 % de réduction aux abonné.es du TNM

Précieuse tradition dans notre théâtre. Au terme de la représentation du 3e mardi, les artistes reviennent sur scène à la rencontre du public. Animés par Lorraine Pintal, ces échanges permettent de riches réflexions sur les œuvres et sur le travail de création.

LES RENCONTRES DU 3e MARDI

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S’IMPLIQUER EXPÉRIMENTER CRÉER

L’ART DANS TOUS SES ÉTATSLe TNM, en partenariat avec les Grands Ballets canadiens, offre aux jeunes adultes de l’organisme Autisme sans limites un atelier hebdomadaire qui allie la pratique de la danse et du théâtre. En contribuant ainsi à bonifier le programme L’art dans tous ses états, qui permet de travailler les émotions, la communication et les comportements sociaux à travers les arts, le TNM participe à la précieuse mission de cet organisme qui œuvre à l’épanouissement et à l’inclusion sociale des adultes autistes de haut niveau de fonctionnement.

01 L'art dans tous ses états. Photo : Claudia Bilodeau

02 + 03 Le Monde de Clémence, 2019. Photos : Mikaël Theimer

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PRATIQUE THÉÂTRALE INCLUSIVERéunir des personnes en rétablissement et les inviter dans un parcours de création théâtrale, voilà le rendez­vous orchestré par Lorraine Pintal pour une septième année. Après L’Asile de la pureté de Claude Gauvreau (2013) et Marcel poursuivi par les chiens de Michel Tremblay (2015), qui mettaient en vedette des patients partenaires de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM), le groupe s’est agrandi pour accueillir des membres du Théâtre Aphasique et des Impatients. Ensemble, ils auront porté à la scène quatre productions inédites : Cabaret poétique (2016), Banquet de la mémoire (2017), J’veux d’l’amour (2018, avec la collaboration des Muses – Centre des arts de la scène) et Le Monde de Clémence (2019), à partir des textes de Clémence Desrochers. Les participants et participantes entreront de nouveau dans cette expérience où la prise de parole se conjugue au dépassement de soi pour fouler les planches du TNM au printemps 2020.

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INSPIRER UNIR CONSTRUIRE

LE CERCLE DES ABONNÉ.ESEn 2015, le Cercle se donnait pour mission de s’impliquer dans la vitalité du TNM et de contribuer à son rayonnement et à sa pérennité. Depuis, les actions se multiplient et prennent différentes formes telles que l’organisation de la Journée de la culture, la tenue de rencontres de réflexion autour des spectacles de la saison ou encore des tournages de capsule vidéo pour le rayonnement du TNM. Merci à tous les membres du Cercle pour leur précieuse implication : Solange Côté, Colette Cummings, Julie Fantigrossi, Irène Galesso, Robert Molenge, René Robitaille, Ghislain Savage, Carole Thériault, Louise Favreau, Virginie Ouellet, Gilles St­Jacques, Normand Perreault, Anne­Claire Hurillon et Alexandre Bourduas.

Vous souhaitez joindre le Cercle ? Manifestez­vous ! [email protected]

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LES LABORATOIRES OUVERTS SUR LA DIVERSITÉ ET LES PEUPLES AUTOCHTONESInitié par le TNM et Diversité Artistique Montréal, en collaboration avec l’Union des Artistes, Les Laboratoires du TNM ouverts sur la diversité et les peuples autochtones se sont tenus au TNM les 31 mai et 1er juin derniers. Orchestré dans la continuité de L’Atelier ouvert sur la diversité (2018), cet événement, imaginé et animé par Lorraine Pintal, aura permis à une vingtaine d’artistes de mettre en valeur leur vision et leur savoir­faire. En effet, tous auront bénéficié d’un coaching physique et vocal, mais également de périodes de travail sur des textes du répertoire en complicité avec des metteur.es en scène montréalais.es. Destinés à la découverte et aux rassemblements, Les Laboratoires du TNM constituent maintenant un précieux rendez­vous annuel où s’échafaude un imaginaire collectif qui inclut les personnes issues de toutes les communautés ethno culturelles

et qui contribuera assurément à faire de la scène un véritable miroir de la communauté montréalaise.

ARTISTES ASSOCIÉ.ESLe TNM poursuit le développement d’actions qui favorisent la diversité culturelle en théâtre. Grâce à la Bourse inclusion et équité instaurée par Lorraine Pintal en 2017, Nadine Jean et Philippe Racine ont eu l’opportunité d’évoluer à titre d’artistes associé.es du TNM et de participer à différentes productions et comités. De plus, et grâce au soutien du Conseil des arts de Montréal et du pro gramme DemART­Mtl, Nelly Zarfi participante au premier atelier ouvert sur la diversité, profitait en 2019 d’un stage à la direction artistique et présentait le 3 juin dernier sa création autour du mythe de Médée, Médée-Yaa.

04 + 05 Les Laboratoires du TNM. Photos : Maude Touchette

06 Nelly Zarfi, entourée de la chorale Afrika Intshiyetu, dans sa création Médée-Yaa, 2019. Photo : Hélène Sirois

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SOUTENIR FACILITER ACCUEILLIR

FORUM DE CORÉDACTION DE LA CHARTE D’ACCESSIBILITÉ CULTURELLEsous le patronage de la Commission canadienne pour l’Unesco

En 2016, Exeko, en collaboration avec le Groupe des onze et neuf organismes commu­nautaires montréalais, a conçu le Lab’Culture Inclusive visant à identifier les meilleures pratiques d’accessibilité et d’inclusion aux milieux institutionnels montréalais de la culture. Ce projet d’une durée de trois ans, déployé à travers trois étapes de recherche formées de sorties culturelles inclusives, d’analyses et de théâtre invisible, aura permis à l’ensemble des partenaires de prendre une part active dans la réflexion et la corédaction d’une charte d’accessibilité culturelle qui comportera des directives stratégiques et des recommandations pratiques. Le dernier tour de piste avant le lancement de la Charte en 2020 se tiendra le 8 octobre prochain dans les locaux du Conseil des arts de Montréal à l’occasion d’un forum réunissant l’ensemble des participant.es.

LES LUNDIS DU TNMEn ouvrant ses générales à des groupes issus de divers horizons et en leur offrant un espace de rencontre qui valorise la réflexion et les échanges autour des grands enjeux des spectacles, le TNM accueille de façon toute singulière ces personnes et les guide dans leur découverte du théâtre et du travail de ses artistes et artisans.

MA FENÊTRE SUR LE THÉÂTRESoutenu par BMO Groupe financier, ce projet de sensibilisation, d’accompagnement et d’accessibilité au théâtre est destiné aux élèves du 2e cycle du secondaire, provenant de milieux défavorisés du Grand Montréal. Ainsi, sur chacune des matinées scolaires de notre saison, ce sont une trentaine d’adolescents qui plongent dans un parcours où le théâtre est une occasion sans pareil d’élargir ses horizons et d’aller à la rencontre de soi et du monde.

LA JOURNÉE DE LA CULTURE AU TNMC’est sous le thème de la rencontre qu’aura lieu la prochaine Journée de la culture qui se tiendra le dimanche 29 septembre de 11 h à 16 h. Soyez des nôtres pour célébrer l’accessibilité culturelle et profitez d’une multitude d’activités inspirantes imaginées pour vous par le Cercle des abonné.es. ©

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