Tema 1 - Model Analelae Universității de Vest din Timișoara
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ATELIER 3 : « STEREOTYPES CULTURELS & CONFLITS
D’INTERPRETATION »
Jeudi 03 Décembre
Janice Argaillot (Université de Cergy-Pontoise)
Le système politique cubain et ses représentants vus par la presse française à l’occasion du
renoncement de Fidel Castro aux postes de Président du Conseil d’Etat et de Commandant
en Chef (février 2008)
Février 2008, Fidel Castro annonce par voie de presse à ses compatriotes sa volonté de ne pas
briguer un nouveau mandat. Quelques jours plus tard, Raúl Castro est élu Président du Conseil
d’Etat de la République de Cuba. Le terme « mandat » peut interpeller lorsque l’on parle du
Comandante, et pourtant, telle est bien la réalité du système politique cubain. Les informations
diffusées en France à cette occasion, notamment dans la presse nationale, ont démontré, une fois
encore, que Cuba reste un mystère pour le monde. Il n’est que de souligner les termes qui furent
employés : « dictateur », « transition », « processus électoral » … La mise en avant constante de
Fidel Castro dans les médias français, parfois au détriment des institutions et autres membres du
gouvernement cubain, ainsi que les supputations sur l’avenir de son pays après son décès, alors
même que les événements qui intervenaient respectaient scrupuleusement les dispositions
prévues par la Constitution cubaine, sont autant de preuves que l’on ignore beaucoup de ce pays
et de ce personnage, dont on parle pourtant sans cesse, mais aussi et surtout que l’on nous en
offre une vision quelquefois tronquée. Nous aimerions ainsi aborder le traitement qui fut fait à
cette période de Cuba, de son organisation politique et de deux de ses représentants, Fidel et
Raúl Castro, dans la presse hexagonale, et le comparer aux textes officiels qui régissent la vie
politique cubaine ainsi qu’au ressenti des principaux intéressés, dans le but de démontrer que
certains points critiqués en France le sont en parfaite ignorance de l’Histoire et des lois de l’Ile.
Car si le crocodile vert est tout à tour dépeint comme un paradis à touristes et un goulag
misérable, c’est bien que les passions qu’il déchaîne empêchent nombre d’entre nous de le
regarder d’une manière objective. En conséquence, il nous faudra analyser l’impact que peuvent
avoir les préjugés et stéréotypes qui s’impriment dans l’inconscient collectif, notamment dans les
relations entretenues par Cuba et la France. De la sorte, nous espérons mettre en avant le
décalage entre la représentation que nous, Français, pouvons nous faire de Cuba, et la façon dont

les Cubains vivent leur Révolution. En effet, sans nier qu’il existe un secteur d’opposition au
processus révolutionnaire cubain à l’extérieur comme à l’intérieur même de l’Ile –et sans doute
pour de bonnes raisons–, nous tenterons de montrer que ce qui peut être perçu comme un
exercice du pouvoir par le peuple dans un pays peut, à quelques 7000 kilomètres de là, être
ressenti comme une dictature.
Mots-clés : Castro, Cuba, système politique, stéréotypes
Julieta García (CERCI – Université de Nantes)
La gestion internationale de l’eau : enjeux d’une dimension socioculturelle et conflits de
représentations
Près de six mille personnes, pour la plupart des enfants, meurent tous les jours des causes liées à
l’eau. L’incidence consécutive au dérèglement du climat sur la fonte des glaciers, inondations,
sécheresses, sur la diminution de 50% de la quantité d’eau disponible par personne et aussi sur
les migrations est devenu un facteur limitant de développement social, sanitaire, agricole et un
facteur générateur de conflits locaux d’utilisateurs. Étant donné que toutes les activités de
l’homme sont liées à l’eau, de loin ou de près, l’eau est donc une affaire qui incombe à tout le
monde ! Car l'eau est une ressource indispensable à la vie humaine, et à laquelle on ne connaît
aucun substitut. Tout le monde a droit à la vie donc à l'eau et en tant que droit à la vie, il est le
droit qui conditionne tous les autres. Or, jusqu’à présent, le monde souffre d'un excédent de
conférences et d'un manque d'actions crédibles. Cependant, d’aucuns plaident pour
l’établissement d’une entité qui veillerait sur la gestion de la ressource eau, au niveau
international ; d’autres insistent sur l’application des normes nationales existantes faisant
allusion au droit à l’eau ; et enfin, certains verraient une loi internationale comme un
empiètement sur leurs ‘us et coutumes’, particulièrement dans les pays sous-développés. Face à
toutes ces constatations préoccupantes, le défi de mieux voir et penser pour mieux gérer, devient
un impératif. Par conséquent, l’objectif de cette communication consisterait à poser le débat sur
les enjeux d’une dimension socio-culturelle de la dualité sens-représentation incarnés par
chacune des propositions controversées.
Mots-clés : Conflit, sens-représentation, socio-culturel, droit, eau

Jean-Baptiste Pointel (CESJ - Université de Rouen)
Le modèle juridique en question: retour sur l’apparition du modèle scandinave
En l’espace de moins d’un siècle, les pays scandinaves ont réussi à s’imposer dans les esprits en
tant que modèle, y compris en droit. Or, traditionnellement dans le champ juridique, des grands
modèles monopolisent l’attention : l’ancien système communiste, le système allemand, la
version anglo-saxonne et enfin la conception française.Le juriste est un taxinomiste compulsif. Il
aime trier, classifier, ranger. Dans son travail de systématisation, il use de multiples recours pour
clarifier son propos et le rendre intelligible. Dès qu’il s’insère dans une logique comparative avec
l’étranger, très rapidement survient le concept de modèle juridique. Caractérisée par son aspect
systématisant, la modélisation des systèmes étrangers offre une simplicité d’exposition et des
repères aisés à acquérir. Leur enseignement est alors facilité : la focalisation sur les spécificités
d’autrui et la problématisation de leur identité offrent une grande source d’inspiration aux
juristes, tout en satisfaisant à leurs besoins de catégorisations.La remise en cause du monopole
des modèles traditionnels permet de s’interroger sur le concept de modèle en droit : pourquoi et
comment se forme-t-il ? Quelle réalité recoupe-t-il ? Quels sont les éléments de définition d’un
modèle ? Qui sanctionne cette apparition ? Et pour quels effets ? Le contenu est-il figé ou en
constante évolution ? Peut-il même « mourir » ? Existe-t-il un modèle par observateur ou bien un
modèle de manière « objective » ?La formation du modèle scandinave offre un potentiel de
réponse assez intéressant. En effet, son existence apparaît durant la première moitié du XVIIIe
siècle, sous la plume d’auteurs allemands. En pleine recherche du droit pur germanique, ils se
tournent vers les pays du Nord. Une représentation systémique en est tirée, opposée à la pensée
couramment admise autour de la mer baltique. Toutefois, sous la pression du pangermanisme
notamment – mais de manière déconnectée de son pendant scandinave –, les Nordiques vont se
saisir de cette représentation culturelle pour la faire leur. En admettant l’existence d’un « modèle
nordique », les juristes scandinaves ont réellement consacré sa naissance. En acceptant le rôle
qui leur a été attribué par autrui – pourtant fondé sur un contresens historique –, ils l’ont
transformé en réalité, procédant à un renouveau du sens des œuvres précédentes, notamment une
relecture de leurs règles juridiques. En présentant la généalogie du modèle scandinave, il est
possible de procéder à une définition stimulante du modèle. Ce concept, bien que souvent usité,
manque d’un réel accord sémantique. Et peut-être est-ce sa polysémie qui lui confère un tel

succès. Il faudra donc s’attacher à la signification du mot et du concept. De là, il sera possible de
s’interroger quant à son utilité, puis sur son rôle dans la création du sens des éléments – en
l’espèce, les règles juridiques – produits par ce modèle. Ce dernier apparaît comme une
prédétermination du champ des possibles lors de l’interprétation et la recherche du sens.
Mots-clés : Modèle – Droit comparé – Pays scandinaves
Célia Gissinger (Laboratoire Culture et Société en Europe - Université de Strasbourg)
Recherche de sens et conflit de representations chez les jurés populaires en Cour d’Assises.
Lorsque les jurés populaires, tirées au sort sur la liste électorale, entrent dans la salle d’audience
pour juger de la culpabilité d’une personne accusée de crime, ils ne connaissent bien souvent de
la justice que ce qui est véhiculé par les médias. Ils viennent ainsi avec leurs représentations sur
le fonctionnement de la justice et celles qu’ils se font d’un accusé et d’une victime. Pourtant, la
découverte de la complexité des affaires et la mise en présence des différentes personnes
concernées entrainent une modification des représentations chez les jurés. La figure du méchant
peut alors se transformer en victime d’une enfance malheureuse. Il se produit alors un double
conflit chez les jurés populaires : un conflit qui se déroule sous leurs yeux entre les parties en
contradiction, arbitré par le président de la session, et un conflit intérieur pour tenter de percer
une réalité dans l’affaire. Le conflit qui est mis en scène dans le procès d’assises est central pour
que le doute apparaisse sur une apparente évidence d’une culpabilité, et que la justice soit rendue
avec le recul et la neutralité nécessaire.
Le support sur lequel nous nous appuyons est celui des entretiens qualitatifs que nous avons
effectué auprès d’anciens jurés au Tribunal de Grande Instance de Strasbourg et à la Cour
d’appel de Colmar. C’est à partir de la parole des jurés que nous avons constaté cette recherche
de sens dans le conflit de leurs représentations. C’est lors de ces entretiens, que les interviewés,
après avoir fait l’expérience du jury populaire, ont exprimé leur étonnement en réalisant que la
personne qui comparaissait devant eux ressemblait à « monsieur tout le monde », ou que si son
acte ne pouvait être excusé, il pouvait être compris par des circonstances atténuantes.
L’importance de la décision que ces jurés doivent prendre, les place dans une constante
recherche de sens qui va être ensuite débattue au moment du délibéré.

Les jurés n’ayant pas droit à la parole pendant le temps de l’audience, le délibéré est donc le
moment où le conflit, jusque là intérieur chez chacun, vient s’exprimer et se confronter aux
autres points de vue. La particularité du jury populaire réside en effet dans la création d’un
groupe qui n’a a priori aucun point commun : ils ne se connaissent pas et ils viennent de milieu
sociaux différents. Nous sommes là dans des conflits d’interprétation concernant une même
situation, mais à partir de stéréotypes différents selon les personnes. C’est donc parce qu’il y a
recherche de sens et confrontation de différentes représentations qu’il y a conflit. Le conflit qui
caractérise le procès d’assises est ce qui permet chez les jurés d’opérer un changement de point
de vue, et provoque en même temps une prise de conscience par rapport à des stéréotypes
construits a priori. Le conflit de représentation qui anime les jurés, ainsi que la recherche de sens
dans une affaire souvent complexe, est ce qui permet finalement de ne pas rendre une justice
arbitraire.
Mots-clés : Sociologie ; justice ; jury populaire ; représentation ; conflit
Nejla Hlioui (Université de Rouen)
Les stéréotypes culturels, source de conflit dans l’élaboration des instruments juridiques
internationaux
Cadre théorique : On assiste souvent à un échec des négociations des instruments juridiques
internationaux à cause des conflits d’interprétation dus aux différences de perceptions culturelles
de l’objet des traités en discussion. Ce phénomène concerne plus particulièrement les
instruments juridiques ayant un contenu qui touche aux représentations culturelles d’autrui.
Certaines parties au traité sont alors méfiantes de la conception présentée par d’autres parties à
cause de l’image culturelle stéréotypée qu’ils se font les unes des autres. Des exemples de ce
phénomène nous sont fournis par les négociations difficiles qui ont finalement abouti a
l’adoption de la convention internationale sur la diversité culturelle ainsi que la convention
internationale relative au patrimoine culturel immatériel. Plus révélateurs de ce phénomène, les
traités régionaux et internationaux qui n’ont pas étés adoptés à ce jour comme la déclaration
mondiale sur les droits culturels que l’UNESCO n’a pas pu faire adopter à ce jour (la déclaration
informelle arrêtée a Fribourg en 2007 témoigne de l’échec des tentatives de trouver un accord sur
son contenu). De même, la convention cadre du conseil de l’Europe adoptée à Faro en 2005 sur
la valeur du patrimoine culturel pour la société, n’a pas obtenu à ce jour, le nombre de
ratifications requises pour son entrée en vigueur. Ainsi, les désaccords qui aboutissent à l’échec

partiel ou total des accords internationaux se manifestent le plus souvent en matière culturelle
essentiellement à cause de l’image stéréotypée qui déforme la perception des Etats parties à la
négociation de leurs cultures respectives. Problématique principale de la communication : Dans
quelle mesure les stéréotypes culturels constituent ils une source de conflit dans l’élaboration des
instruments juridiques internationaux ? Méthodologie : Une première partie de la communication
traitera des « stéréotypes culturels en tant que source de difficultés pour l’adoption des traités
internationaux » il y sera question essentiellement des réserves d’interprétation lors de l’adoption
des traités motivées par des raisons culturelles d’une part, puis des refus d’adoption à motivation
culturelle, d’autre part. La seconde partie de la communication traitera des « stéréotypes culturels
en tant que source d’échec des traités internationaux » et ce, à travers le rôle des stéréotypes
culturels dans l’échec des négociations d’une part, et l’impact de ces stéréotypes culturels sur le
développement de nouveaux instruments internationaux, d’autre part.
Mots-clés : Stéréotypes culturels, conflits d’interprétations, traités
Vendredi 04 Décembre
Chloé Tessier (CERCI – Université de Nantes)
Les Conflits d’interprétation de l’iconographie des textiles préhispaniques de
Chuquibamba (Pérou, 900 -1300 après J-C)
Les textiles ont joui depuis la nuit des temps et chez de nombreuses cultures d’un statut
particulier dans le cadre de la sacralité. Chez les peuples préhispaniques péruviens,
particulièrement les Incas, les étoffes jouaient un rôle fondamental dans l’exécution des
sacrifices et des offrandes aux divinités ; on leur accordait volontiers des pouvoirs magiques et
ils entraient dans la composition des sortilèges et des rites de sorcellerie. Alors lorsque l’on
s’attarde sur les étranges motifs qui couvrent les textiles anciens de Chuquibamba, et que l’on
s’arrête sur la manière dont les couleurs et les signes se répètent, comment ne pas s’interroger sur

la finalité d’un tel agencement iconographique ? S’agit-il d’un « simple » chef d’œuvre textile,
ou bien devrait-on les considérer comme une forme de communication graphique ? Bien peu de
chroniqueurs se sont attardés sur la question de l’écriture chez les Incas, et ceux qui en parlent
sont catégoriques : les incas ne savaient pas écrire. Malgré cela, on recueille, par ci par là,
quelques remarques sur les quipus, ces faisceaux de cordelettes nouées qui étaient, selon les
récits, utilisés pour fixer des données comptables de l’administration, ou bien des descriptions et
des dessins des tocapus qui ornaient les unkus de l’Inca. Remarquons également que le IIIè
Concile de Lima de 1583 interdit formellement l’usage des quipus dans l’ensemble du vice-
royaume, afin d’endiguer l’idolâtrie du peuple inca. Pourtant, il semblerait que ces fameux
quipus, tocapus et autres capacquipus, ticcisimis, yupanas, ou cequecunas (variantes des quipus,
utilisant également les techniques de comptage pour enregistrer des informations numériques et
non numériques) avidement détruits par les espagnols, comportaient des caractéristiques de
système d’écriture idéographique. Il est certain que les chroniqueurs étaient soumis à une féroce
censure menée conjointement par la Couronne Espagnole et par l’Eglise, afin de ne pas mettre en
péril la conquête de ces nouvelles terres et l’évangélisation de ces hommes nouveaux. Alors,
doit-on s’interroger sur la présumée absence d’écriture chez les peuples préhispaniques
péruviens ? Il s’agit ici de présenter une proposition d’interprétation de la valeur symbolique des
textiles de Chuquibamba, construite à partir de l’analyse de sa structure iconographique
(variation et répétition des motifs, séquences et combinaisons de signes-images) et de la
confrontation des différents articles et théories dédiés au sujet.
Mots-clés : Discours, iconographie, interprétation, écriture, textile
Nanta Novello Paglianti (Univeristé Lyon 2)
La construction de la représentation de l’Autre : le cas de la photographie ethnographique
La proposition de communication s’insère dans le premier axe du colloque. Nous voudrions se
centrer sur les images photographiques d’Autrui en ethnographie. L’emploi de la photographie
dans l’ethnographie était considéré comme une clé pour la représentation « fidèle et vraie » de
l’autre. L’image assume ici un statut particulier : celui du témoignage, de « l’être là », du « ça a

été » (R. Barthes, 1980). Ce type de photographie s’insère dans une tradition du genre reportage-
journalistique précis mais aussi dans une manière de représenter l’autre qui n’est pas en dehors
des enjeux du pouvoir et de domination. Ces clichés forgent une image de l’autre qui n’est pas
réaliste mais qui permet à l’anthropologue de construire la sienne par opposition et par renvoi.
D’où le conflit d’interprétation qui passe nécessairement, dans notre cas, par celui de la
représentation imagière. Comment peut-on comprendre des photographies qui exhibent des
stéréotypes culturels et qui apparaissent, à l’époque, comme une des voies pour parvenir à la
connaissance de « l’exotique » ? (S. Price, 1989). Quelles méthodes et quelles techniques
l’ethnographie construit-elle pour rencontrer le divers? La construction du sens devient ici une
négociation continue de savoirs, d’identités et d’images pas indifférentes à la notion de
« bricolage » lévi-straussien. Les images seront tirées d’un contexte historique précis : la mission
Dakar-Djibouti (1931-1933), première expédition ethnographique par excellence et cadre idéal
d’une volonté de « captiver » la culture d’Autrui (J. Clifford 1988). On cherchera de montrer
comment ces photographies dialoguent avec les idées culturelles de l’époque et comment elles
apportent une preuve concrète à la construction d’une autorité ethnographique.
Mots-clés : photographie, représentation, sens, identité, Autrui
Séverine Malenfant (CERCI – Université de Nantes)
La fête et ses suppléments, producteurs d’évidences La « Kinderzeche » de Dinkelsbühl et
le « Meistertrunk » de Rothenburg au Sud de l’Allemagne
Chaque année, la « Kinderzeche » de Dinkelsbühl et le « Meistertrunk » de Rothenburg nous
plongent dans les événements de la guerre de Trente Ans. Ces fêtes réaffirment les liens des
localités avec leur passé et manifestent par là des représentations collectives qu’elles
« textualisent ». Si les spectacles justifient une identité, sur quels contenus sémantiques se
construisent-ils ? Bien qu’ils se targuent d’authenticité, les textes constitués par Ludwig Stark et
Adam Hörber durant l’ère de Bismarck, amalgament les éléments les plus disparates. Ils n’ont
pas seulement recours à une « Seconde histoire », ils utilisent aussi une « Seconde langue », une
parade esthétique qui produit un effet d’évidence. Avec une langue patinée, ils cherchent un
fondement dans le passé. Ils sont emplis d’un « plus » d’origine (« supplément d’origine ») et
affirment la souveraineté de l’esprit sensible dans un champ sémantique de la souffrance et de
l’affectivité, relevant du « pathos » (« supplément d’émotions »). De plus, ils imitent Friedrich

Schiller par le biais de pastiches ou plagiats (« supplément référentiel »), ce qui produit de la
fiabilité. La langue du poète considéré à l’époque comme mythe national a un caractère
séduisant, elle accrédite le discours et le renvoie discrètement à une place d’autorité. Or si
Schiller donne de l’efficacité à l’authentique, il s’agit ici d’une authenticité culturellement
reconstruite, d’une vraisemblance de récit. Finalement, le style des textes est également affecté
d’une solennité plus ou moins religieuse (« supplément religieux »). Par l’analyse des tournures
lexicales, il est possible de retrouver dans les textes des psaumes et sentences de l’Evangile,
dissimulés ou dissouts. A l’instar des œuvres de Schiller, ces références religieuses constituent
un ensemble d’« épistémès », de connaissances légitimées par le groupe. Elles permettent de
justifier ou de renforcer sa cohésion, en lui donnant une origine, une valeur et une portée. Pour
l’autorité, elles sont un moyen de transmettre des modèles de moralités accessibles à tous. Les
textes mettent donc en œuvre des « suppléments » et spécialement des citations appartenant aux
évidences partagées, empruntées au réel, à la littérature ou à la religion. Ils puisent dans le
réservoir des modèles qui fournissent des critères de valorisation. Ils s’appuient sur des autorités
peu discutables, sur des schèmes culturels figés et des opinions admises, ce qui suscite chez les
participants l’illusion référentielle. En dialoguant avec ces savoirs constitués, ils ne font que
déplacer la notion même d’évidence : ils fabriquent des « pseudo-évidences ».
Mots-clés : Mémoires collectives et représentation linguistique, identités et écrits littéraires,
stéréotypes culturels et conflits d’interprétation
Andres Castro Roldan (Université de Nantes)
Du modèle ascétique à la représentation de l’autre :
conflits et convergences dans l’écriture missionnaire jésuite
Ma thèse de doctorat ayant pour sujet la Compagnie de Jésus en Nouvelle-Grenade durant le
XVIIème et XVIIIème siècles, je me propose d’interroger les modèles littéraires et scripturaires
jésuites et leur rapport avec la mémoire et l’écriture de l’histoire instaurées par la Compagnie
dans le cadre de l’activité missionnaire du bassin de l’Orénoque. Ce sont les rapports entre
l’identité et les écrits littéraires qui nous intéressent surtout ici, mais également ceux qui
s’établissent entre l’écriture de soi, inspirée par toute l’ascétique ignacienne (biographie,
hagiographie), et celle qui met en scène l’altérité (histoire, ethnographie). Le plus souvent, c’est

la première qui “contamine” la seconde, mais il peut y avoir aussi interpénétration, ou glissement
de l’une à l’autre. Trois axes de travail me paressent pertinents ici:
1. Tout d’abord, ce travail consiste à examiner les modèles rhétoriques et littéraires mis en place
pour la construction de soi en ce qui concerne leur propre régime d’historicité. Dans la mesure
où la réalité missionnaire nous est donnée à lire à travers des opérations d’écriture, il semble
nécessaire, tout d’abord, d’interroger ces opérations, de les restituer dans la logique propre à leur
production, de les envisager, non seulement comme des traces d’une expérience d’écriture, mais
de les regarder aussi comme des actions qui doivent produire des effets. Ce n’est que dans cette
mesure que l’on peut évaluer quelle est la place de la rhétorique édifiante dans le processus de
construction identitaire, processus qui dévoile souvent des failles et des écarts par rapport au
modèle, non seulement parce qu’il s’agit d’une écriture qui pratique, dans sa dimension
apologétique, l’oblitération ou le masquage, mais par sa volonté même de mettre en valeur des
réalités divergentes.
2. Un deuxième aspect réside dans l’étude des relations entre un modèle global d’édification qui
consolide une identité du corps missionnaire dans son ensemble, et l’écriture particulière mise en
place en Nouvelle-Grenade pour raconter les vies des missionnaires et l’histoire des missions. Si
cette relation reste généralement bien inscrite dans un contexte d’interdépendance et de
subordination, elle peut être aussi conflictuelle.
3. Enfin, quels sont les conflits qui apparaissent entre la représentation de soi et celle d’autrui,
aussi bien dans la production des textes que dans leur circulation en Europe ?
Pour ce qui touche à la rhétorique de la construction identitaire, l’étude des récits biographiques
ainsi que des lettres édifiantes et de leur circulation met souvent en évidence le décalage des
pratiques ascétiques missionnaires et leur différenciation. En effet, l’étude d’un certain nombre
de textes de la fin du XVIIème siècle nous laisse percevoir des distorsions du modèle dans les
pratiques ascétiques des jésuites créoles, ainsi que dans l’écriture exemplaire destinée à susciter
la vocation des jeunes candidats européens.
Concernant l’altérité, nous étudierons plus en détail deux écrits missionnaires du XVIIIème siècle
(Gumilla et Gilij) dans lesquels les représentations de l’Indien semblent dégager une dimension
ethnographique. Même si elles sont “contaminées” par le ”souci de soi” propre à la rhétorique
jésuite, l’étude de leur circulation montre bien l’interrelation entre les écrits éclairés – garants de
nouveaux épistèmes – et les écrits missionnaires.
Bernard Lyonnet (LASELDI - Université de Franche-Comté)

L’interprétation et ses contraintes culturelles : les représentations du druide et leurs
modèles historiques
La figure historique et mythique du druide, apparue dans l’historiographie gréco-latine, a été
l’objet de nombreux débats et controverses. Relevant de l’histoire la plus érudite comme des
appropriations nostalgiques et identitaires du passé, elle constitue un bon exemple de
construction intellectuelle ou artistique due à des interprétations conditionnées par des contextes
culturels souvent éloignés de l’objet historique réel. Les documents les plus anciens étaient eux-
mêmes étrangers à la culture dans laquelle ce groupe social s’est manifesté, et ils sont l’objet de
controverses non seulement quant à leur interprétation, mais quant à leur statut et leur validité.
Cet exemple intéresse l’analyse historique mais aussi la sociologie des « nouveaux mouvements
religieux », et il interroge notre propre capacité à comprendre un phénomène culturel relégué sur
les marges de l’héritage occidental classique. Surtout, il interroge la position du couple sens /
représentation dans sa relation au réel. A partir d’une analyse sémantique des discours des
principaux historiens et linguistes ayant abordé ce thème, je me propose d’explorer la thèse de
François Rastier selon qui « on ne réfère jamais qu’à une doxa, c'est-à-dire un ensemble
d’axiomes normatifs localement établis par le corpus des textes oraux ou écrits faisant autorité
dans la pratique en cours » (Arts et sciences du texte, PUF, Paris, 2001 : 108). En observant la
variation des différents sens produits, il s’agira d’en dégager les représentations du druide posées
comme « réalité historique », et de s’interroger sur les modèles ayant contraint ces constructions
et leurs éventuelles origines idéologiques ou culturelles. Deux objets seront particulièrement
abordés. D’abord celui constitué par les débats autour de l’étymologie du mot « druide » qui, en
tant qu’activité strictement linguistique, révèle les limites des conjectures érudites faites sur la
base d’un lexème isolé de son contexte original. Ensuite celui de la question du rôle social du
druide : « prêtre » pour les uns, « philosophe » pour d’autres, « sorcier » ou encore « savant »
sans que l’on puisse donner une idée précise de la nature du savoir qu’il produisait et/ou dont il
était dépositaire. Autant de choix qui pourraient traduire des jeux d’oppositions propres à notre
modernité. Loin de se limiter au constat de l’impossibilité de ce type de spéculation historique, il
s’agira de se demander si le débat ne peut pas être renouvelé en réintégrant la question du sens,
pris dans toute l’ampleur de sa dimension culturelle, au cœur même de l’objet historique. C'est-à-
dire en se demandant dans quelle mesure, à partir des modèles sémantiques propres aux corpus
en langues celtiques, il n’est pas possible d’approcher un mode de production discursif qui nous
renseignerait sur leurs univers sémantiques et, par-là, sur leurs propres représentations du monde.
Questionnement et démarche pouvant être généralisée à d’autres productions historiques ou plus

généralement anthropologiques, à condition d’admettre la valeur et l’originalité de la pensée de
l’Autre : barbare, métèque, primitif.
Mots-clés : histoire, sens, représentation, modèle, idéologie
Véronique Madelon (LASELDI – Université de France- Comté)
Représentation médiatisée d'un téléspectateur-type : dé-construction d'un stéréotype
Deux conceptions antagonistes du rôle des stéréotypes coexistent. Si ce sont ses manques qui
sont fréquemment retenus (notamment dans son usage commun) : réducteur, fictionnel, faux,
préconçu, immuable... ces mêmes aspects, d'un point de vue savant, permettent à l'être humain
d'avoir prise sur le réel : ce denier a en effet besoin de comparer ce qu'il découvre avec ce qu'il
connait déjà. Comme le soulignent Ruth Amossy et Anne Herschberg Pierrot (1997), le caractère
schématisant et catégorisant des stéréotypes facilite et est même nécessaire à la cognition. Sur un
autre plan, cette notion est un outil privilégié en sciences sociales pour étudier le rapport de
l'individu à l'autre et à lui-même. En effet, le réel est appréhendé en fonction de représentations
culturelles prééxistantes et chacun construit sa propre image et celle de l'autre en fonction de
catégories sociales, ethniques, politique, générationnelle... auxquelles il se rattache et rattache
Autrui. Les médias sont donc des lieux privilégiés dans lesquels les représentations stéréotypées
sur des individus, des groupes... sont produites puis véhiculées. En effet, les formats imposés par
ces supports sont relativement courts et permettent rarement de présenter les différents objets
dans leur complexité. Cela dit, l'enjeu de notre communication n'est pas de dénoncer l'utilisation
de stéréotypes dans les médias, de mettre au jour les intentions simplificatrices de leurs acteurs
ou encore de révéler la manière dont ces stéréotypes sont perçus par ceux qui les reçoivent. Notre
but est de comprendre, en nous appuyant sur l'étude de l'énonciation, (c'est à dire, selon Algirdas-
Julien Greimas et Jacques Fontanille (1991), l'étude des stratégies du destinataire pour « faire
savoir »), comment l'utilisation des stéréotypes construit les conditions d'une réception
particulière (que cette réception soit effective ou non), plaçant ainsi notre recherche aux
confluences des sciences du langage et des sciences de l'information et de la communication.
Nous nous proposons donc d'analyser une séquence de l'émission Arrêt sur Images (diffusée en
septembre 2004 sur France 5) consacrée à l'émission de téléréalité Le Pensionnat de Chavagnes.
Notre attention s'est portée sur la mise en scène de la parole d'un absent : celle du téléspectateur
adolescent, considéré comme le public cible de ce programme. Cette parole est re-présentée à

l'aide de la diffusion d'un reportage dans un collège au cours duquel un groupe d'élèves visionne
un épisode de l'émission en question pour le commenter et expliciter ses réactions. Nous
envisageons de démontrer d'une part comment cette parole singulière va acquérir un statut
(stéréo)typique et d'autre part comment elle va s'intégrer dans le discours global d'Arrêt sur
Images. Autrement dit, nous allons étudier comment le montage, les questions des journalistes, la
mise en scène de cette réception... vont construire une image des téléspectateurs du Pensionnat
de Chavagnes et dans quelles conditions ce reportage est diffusé, est donc donné à voir aux
téléspectateurs d'Arrêt sur Images.
Mots-clés : Stéréotype, énonciation, médias
Valentyna Dymytrova (ELICO- Université Lumière Lyon 2)
Les médias et la formation des identités :
Des représentations aux significations de la « révolution orange »
Cette communication a pour but d’interroger les rapports entre le sens et les représentations dans
la perspective des sciences de l’information et de la communication en posant comme
questionnement principal le rôle du discours d’information dans la formation des identités
culturelles et politiques. Face à une double visée de crédibilité et de captation propre au discours
d’information médiatique en général, le traitement de l’actualité se construit autour d’un
événement qui à travers sa représentation dans les médias devient interprétable et sert de base
d’une double identification du sujet-lecteur. Il s’agit, d’une part, de l’identification à
l’énonciateur du discours d’information (journal, journaliste), de l’autre, de l’identification aux
acteurs et aux personnages du récit de l’événement. Comment par cette double identification
qu’ils instituent les médias donnent-ils du sens à notre appartenance et à notre sociabilité lors de
la couverture de l’actualité internationale? Par quels moyens énonciatifs, stylistiques et
rhétoriques parviennent-ils à représenter l’autre dans son instance politique et culturelle et, en
même temps, constituer l’identité symbolique et institutionnelle dans laquelle nous pouvons nous
reconnaître ? Nous nous intéressons à la couverture médiatique de la « révolution orange ».
Considérées par les uns comme les changements de régime téléguidés par les Etats-Unis dans
leur stratégie de bloquer le développement de la Russie et d’assurer leur domination en Europe
de l’Est, la « révolution orange » peut se lire par les autres comme un mouvement de
démocratisation de l’espace postsoviétique témoignant de la naissance de la société civile. Nous

nous pencherons en particulier sur le sens donné par les médias aux représentations des identités
politiques et culturelles dans le jeu constant du miroir entre l’autre Ukrainien et le journal et
entre le journal et le lecteur français. Nous nous appuyons sur le corpus de presse constitué des
quatre quotidiens français Le Monde, Le Figaro, Libération et L’Humanité du 31 octobre 2004
au 25 janvier 2005. Notre communication s’organisera en trois temps. Premièrement, nous
analyserons les représentations des acteurs qui redéfinissent leurs appartenances et restructurent
leurs sociabilités lors de l’événement. Ainsi, nous observons la coupure dans les logiques
d’appartenance et l’émergence d’un nouvel acteur, l’opposition démocratique ukrainienne qui
fait l’objet de reconnaissance, c'est-à-dire d’une identification par le journal, le journaliste et le
lecteur. Deuxièmement, nous montrerons comment la confrontation des identités positives et des
identités négatives donnent du sens à l’événement représenté. Ainsi, les représentations
médiatiques de l’autre-Ukrainien se structurent autour de la défense d’un idéal démocratique et
suscitent une empathie de la part du lecteur, en même temps elles s’accompagnent de la négation
de l’autre –Russe, notamment à travers la figure de Vladimir Poutine. Enfin, nous évoquerons les
modes d’intervention de l’imaginaire dans la mise en scène de soi et de l’autre qui se traduit dans
notre corpus principalement par l’imaginaire de la démocratie, des peurs de la « non-
démocratie » et des fantasmes de la guerre froide.
Mots-clés : Représentations, médias, identité
Samedi 05 Décembre
Sarah Lebbal (Ecole Normale Supérieure - Constantine, Algérie)
Représentation de la femme dans le dire proverbial français.
La présente proposition s’inscrit dans une dimension essentiellement socioculturelle, où il est
question d’identifier, et surtout soumettre le statut féminin à une étude pluridisciplinaire.
Loin de toutes les polémiques et les approches qui se sont multipliées en guise de définir le statut
de la femme, que ce soit au niveau politique, juridique, social, économique, etc., nous nous
limitons à le considérer -le plus objectivement possible- dans le cadre littéraire voire proverbial.
En effet, l’utilisation des proverbes est un phénomène inhérent à toutes les sociétés. Les
locuteurs y font souvent appel pour étayer leurs dires et donc pour donner plus de crédibilité à
leurs propos, d’autant plus qu’il est considéré comme un trait de sagesse.

Parmi la multitude des thèmes abordés par ces formules, celui de la femme apparaît comme
prégnant ; décrivant sa conduite, son comportement, ses habitudes et son physique, il permet de
faire miroiter son image dans la société.
Ainsi, afin de déceler sa représentation dans la société française, nous avons fait recours aux
expressions proverbiales, car qu’y a-t-il de plus représentatif qu’un dire bien formulé, figé,
percutant et imprégné de toute la conjoncture socioculturelle du contexte auquel il appartient ?
Ainsi, notre problématique se résume dans la question suivante :Quelle est l’image de la femme
qui se dégage du dire proverbial français ? Parle-t-on de valorisation ou de dévalorisation ?
Quelle serait la source de ce regard ?
Mots-clés : Proverbe, representation, imagologie,, imaginaire, psychologie
Marion Boucher ( LIRE-SEMA – Université de Lyon 3)
De ‘Jane Eyre’ à ‘Mary Poppins’ : étude des stéréotypes culturels et conflits
d’interprétation autour de la figure de la gouvernante anglaise
Je me propose d’étudier les représentations sociales de la gouvernante anglaise, l’ambiguïté
inhérente de cette figure qui appelle une réflexion sur la fragilité des constructions identitaires,
en tâchant de mesurer la distance qui sépare Mary Poppins de Jane Eyre–deux personnages clés
dans la lignée littéraire des gouvernantes. Jane Eyre, fragile et discrète, ne serait-elle pas cet
‘ange du foyer’, proche de l’idéal féminin du 19ème et du début du 20ème siècle, alors que Mary
Poppins, avec ses manières franches et directes lui conférant un caractère déstabilisant, voire
subversif, s’en éloignerait ? Pourtant, ces œuvres adressent des questions touchant à l’expérience
d’une certaine marginalité sociale et aux effets contraignants d’une idéologie des genres. Que ce
soit par le recours à la tradition du conte de fée et au merveilleux, ou en empruntant des éléments
au conte gothique, P.L. Travers et C. Brontë parviennent à inquiéter la représentation à priori
réaliste adoptée initialement dans ces oeuvres et à brouiller la possibilité pour le lecteur de
choisir entre différentes interprétations. Ces deux auteurs réactivent ainsi le mythe de la
coïncidence des contraires : la gouvernante comme à la fois ange et démon, acceptée et exclue,
dans la norme et anormale, familière et étrangère, admirée et méprisée, vulnérable et influente,
garante des valeurs bourgeoises et menace, emblème de la société britannique et en marge de
cette dernière. La gouvernante anglaise se fait donc le reflet des contradictions propres à la
société victorienne et eduardienne. Le miroir, objet hautement symbolique, cristallise cette

problématique des doubles dans ces livres. C’est en effet une étrangère que voit Jane, se
regardant dans le miroir avant de se rendre à l’église pour épouser Rochester. Dans le film Mary
Poppins, le dédoublement est poussé encore plus loin puisque le reflet de Mary Poppins continue
de chanter alors que la protagoniste principale a fini sa chanson. Mary Poppins est en effet
aujourd’hui connue de tous grâce à l’adaptation filmique des studios Walt Disney de 1964. Dans
la lignée des « cultural studies » il faut dès lors replacer au cœur de la réflexion la question de la
réception du livre, film, par un lecteur actif, et prendre en compte la tension entre le texte du
passé et l’horizon d’attente du lecteur actuel. Chaque lecteur, spectateur interprète le(s) sens
d’une œuvre en fonction de ses propres références culturelles ou expérience personnelle. Ainsi,
depuis le film de 1964, Mary Poppins a intégré un imaginaire collectif idéalisé, dont les
accessoires métonymiques seraient le parapluie, le sac à main, la paire de gants, le chapeau orné
de fleurs-autant d’emblèmes d’une identité britannique stéréotypée dont se nourrirait une
certaine nostalgie. Cependant, le personnage de Mary Poppins, tel qu’il nous est (re)présenté
dans les livres, semble être plus sombre et plus mystérieux que celui qui nous est donné à voir
dans le film. Il semblera donc intéressant d’interroger ce décalage de représentation de la
gouvernante, en prenant en compte la nature du média, ainsi que son inscription dans une époque
particulière, un contexte culturel.
Mots-clés : gouvernante anglaise, époque victorienne et éduardienne
Nako Nontsasa ( State Univ. Of New York Binghamton University)
Now That the Rainbow’s Gone: Analyzing Portrayals of Black Women in Post-TRC South
African Popular Culture, Media and Public Imagination
Abstract: This paper seeks to examine the representation of black women in South African
popular culture, fiction and public discourse in post-TRC South Africa to argue that the way the
South African Truth and reconciliation shaped and created a narrative out of black women’s
public testimonies partly explains the prevailing stereotypes that emerged in post-apartheid
South Africa. The meaning that the TRC constructed out of black women’s experiences under
apartheid often conflicted with these women’s lived experiences, thus, the ready associations of
black women with ubuntu, nurturing, and morality which contrasted with black women’s
negotiation of space under hostile apartheid demarcation that limited their movements to rural
areas, as well as their exploitation as domestic labourers, can be traced back to the Truth and

Reconciliation Commission’s notions of restorative justice that sought to reify rehabilitation and
reconciliation at the expense of truth and retributive justice. Furthermore, the TRC curtailed
representations of women of all races as perpetrators of human rights violations which would
have undermined the images of women as stoical, dignified survivors that the commission set out
to portray. I use recent troubling events like the Zuma rape trial and the Free State university
racist video scandal as examples to propose a reading of the representations of black womanhood
in fictions, popular culture and media that can be linked to images of black women that featured
in the TRC narratives. The concretized categories of victim, survivor, and perpetrator also served
to obscure women’s contribution to the freedom struggle and to confine their public testimonies
in the TRC to particular narratives and excluded a gendered analysis of justice that resonates
with local conceptualisations of power, justice, and truth. My main concern in this paper is with
the way the struggle for shared memory, or memory of consensus, in the service of nation-
building, can, in the long run, produce debilitating stereotypes for certain social groups.