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Table des matières page

• Prologue 4

• Chapitre I - Probabilités pratiquement nulles... 16

• Chapitre II : Pour tes prochaines vacances, oublie la Seyne sur Mer... 23

• Chapitre III : Un risque nucléaire sur Toulon ? tu rigoles... 108

• Chapitre IV : Tsunami + Nucléaire = Boum ! 151

• Chapitre V : Heureusement, nous avons le PPI 179

• Chapitre VI : Apocalypse, le direct... 222

• Chapitre VI (suite) : Trois ans plus tard... 254

• A nos chers élus... 260

• JPPI, le Plan d’Intervention de JP 262

• Sources et bibliographie 268

Tous les documents et évènements relatés dans cet ouvrage sont du domaine public

dépôt à l’INPI sous le N° 477 621

ISBN : 978-1-291-54435-0

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Prologue

e soleil sort lentement de sa torpeur. Sept heures du mat, plus sommeil… L’odeur du café chaud, les

toasts grillés, la grande bleue me regarde, la vraie, celle de Pagnol et de Camus. Elisabeth dort. Les Italiens ont encore fait la bringue hier soir. Le Ferreti 52 flambant neuf est toujours ancré devant la plage, en forain depuis trois jours. La nuit, ça chante ça danse, peut-être un peu plus. Le jour, ça dort. L’inverse eut été mieux, mais bon, ils sont jeunes…

Brusli vient de se réveiller, il me gratte la jambe, signe avant coureur d’urgence sanitaire. Je vais d’abord finir mon caoua. Quand j’appelle Brusli mes potes attendent un molosse. C’est un tout petit caniche blanc super sympa qui s’amène, tout le monde rigole. Quatorze ans déjà…

Toulon, calme et tranquille, bien loin de la frénésie azuréenne. Des coins superbes à quelques kilomètres du centre : Tamaris, les Sablettes, Fort Balaguier, le Mourillon. Deux kilomètres de sable fin, comme sous les

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tropiques. Jours heureux les pieds dans l’eau... Enfin, presque dans l’eau. Le boulevard Frédéric Mistral où je réside domine l’immense plage. De quelques mètres. Pelouse nickel, sable fin, petits restos sympas, génial. La tribune préférée des Toulonnais pour admirer la Patrouille de France le quinze août.

Ma terrasse au cinquième est grandiose, vingt cinq mètres carrés face à la rade. Je sirote mon café, meilleur moment de la journée. Les baigneurs n’ont pas encore envahi la plage, seules les mouettes virevoltent autour des restaurants fermés et quelques joggers font leur petit footing quotidien. Une maman promène son petit dans une poussette, elle joue à éviter les minuscules vagues qui se brisent sur la grève déjà tiède. J’écoute d’une oreille distraite la télé.

– Tremblement de terre… force 8,7 sur l’échelle de Richter… Algérie… les morts se dénombrent déjà par milliers…

Encore une catastrophe...

Presque à côté cette fois.

Je me lève, mets le son un peu plus fort. Brusli croit que c’est le moment des galipettes matinales et me suit comme un chien. Je me suis assis sur un pouf face à l’écran.

– Un tremblement de terre d’une rare violence vient de frapper les côtes d’Afrique du Nord. L’Algérie a été touchée par un séisme sous-marin de magnitude 8,7 sur l’échelle de Richter. Le séisme a eu lieu ce matin à cinq heures trente GMT au large des côtes de Constantine. L’Algérie se trouve sur la ligne de jonction des plaques

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tectoniques eurasiennes et africaines. Cette zone particulièrement active a déjà vu plusieurs catastrophes au cours des dernières décennies notamment en 1960 à Agadir où un tremblement de terre avait fait plus de 15.000 victimes, en 1980 à Orléansville où l’on dénombra 5.000 morts et plus récemment à Boumerdès en 2003 où 2.300 habitants périrent sous les décombres. Le séisme s’est produit à vingt cinq kilomètres au large de Jijel par une profondeur de plus de 2.500 mètres. Il a été fortement ressenti à Constantine situé à quatre vingt dix kilomètres de l’épicentre où notre correspondant sur place nous annonce que plusieurs quartiers ont été complètement détruits. Le tremblement de terre a été suivi d’une gigantesque vague qui a frappé les bas quartiers de Jijel submergeant toutes les habitations sur son passage. Les habitants ont été surpris dans leur sommeil et ont péri par milliers, noyés sous plusieurs mètres d’eau. Un avion de ligne au décollage sur les pistes de l’aéroport de Ferhat Abbas a été emporté par les flots et s’est brisé en deux à plus d’un kilomètre à l’intérieur des terres. La vague géante s’est ensuite retirée…

S'est ensuite retirée...

Vagues, ondes, hydrologie, mécanique des fluides, c’était il y a quelques années. Ou quelques dizaines d’années peut-être. L’INSA1, les bassins de simulation de l'ENSEEIHT 2, les potes du laboratoire IMFT 3, les folles

1 Institut National des Sciences Appliquées 2 Ecole Nationale Supérieure d'Electrotechnique, d'Electronique, d'Informatique, d'Hydraulique et des Télécommunications.

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soirées place Wilson, mes études d’Ingénieur à Toulouse, l’université Paul Sabatier, tout me revient d’un coup.

Et aussi ces mots de notre vieux prof de sismologie, la mer se retire à l’arrivée du tsunami sur les côtes...

Je me retourne brutalement.

Devant moi, là où la grande bleue me faisait des clins d'oeil il y a quelques minutes, il n’y a plus... rien.

L’eau semble s’être évaporée comme aspirée par une gigantesque marée.

Le Ferreti 52 gît sur le flanc, les Italiens hurlent des tas d’insultes. L’un d’entre eux est sur le sable et regarde d’un oeil hébété son gros joujou désormais relégué à l’état d’épave. Les mouettes se sont ruées à la curée sur des centaines de petits poissons frétillant dans les flaques d’eau, la maman promeneuse se dirige avec sa poussette vers le large…

Et je comprends.

Je me jette comme un fou sur le portable. Ça sonne. Une fois, deux fois, trois fois, interminable. Cédric ne répond pas.

– Salut P’pa.

– Tu es où ?!

– Oh, t’as l’air énervé…

– Tu es où j’te dis ?!

3 Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse.

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– Ben je suis devant l’appart, à la Seyne. Je vais à la boulangerie, croissants chauds ce matin…

– Retourne à ton appart Cédric ! Et monte au dernier étage sur la terrasse du toit!

Il a l’air inquiet le fiston.

– Tu vas bien P’pa ?

– Arrête tes conneries, fais ce que je te dis, retourne à ton appart et monte le plus haut possible !

– Tu peux… m’expliquer ?

– Cédric un tsunami se dirige droit sur La Seyne. Si tu ne montes pas de suite le plus haut possible tu es mort !

– P’pa !!… Je l’entends !

– Tu l’entends et moi je le vois ! Il est énorme et il te fonce droit dessus ! Monte le plus haut possible mon fils, vite !!!

– J’y vais P’pa !

– Ne coupe pas le téléphone, ok ? tu es où ?

– J’ouvre la porte du bas… voilà j’entre dans l’immeuble... je suis dans le hall, je monte l’escalier, je suis au premier, putain ça fait un bruit d’enfer…

– Je ne t’entends plus Cédric, ça a coupé ! Tu es là ? Réponds Cédric ! Mais réponds !

Plus rien.

L’horizon s’est transformé en une épaisse ligne anthracite. Elle ne déferle pas. Juste elle avance vers la côte, vers nous, vers Toulon à une vitesse vertigineuse. La maman et sa poussette ne sont plus qu’un lointain petit

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point multicolore qui se dirige droit dessus, les Italiens continuent de s’engueuler, les mouettes font bombance.

La vague vient de heurter la presqu’île de Saint Mandrier de plein fouet. Elle est énorme, un immeuble de six étages. Un véritable geyser d’écume s’élève dans les airs et recouvre la petite presqu’île. La partie haute culmine à une centaine de mètres d’altitude mais la ville de Saint Mandrier est au niveau de la mer. La vague passe au dessus de la ville, engloutit toutes les habitations et entraîne dans un gigantesque raz de marée tout ce qu’elle rencontre sur son passage. Les bateaux du port de plaisance sont des fétus de paille. Ils se mêlent aux maisons et aux arbres arrachés qui flottent tels des jouets d’enfants, surfant sur l’énorme mascaret. En heurtant la presqu’île le tsunami s’est coupé en trois. A l’est il se dirige droit sur moi, sur le Mourillon. A l’ouest il a complètement recouvert la plage des Sablettes qui a disparu sous plus de quinze mètres d’eau. Au centre, poussé par un puissant effet venturi4 sur Saint-Mandrier, le raz de marée s’amplifie et se dirige tout droit sur les bateaux de la Marine Nationale ancrés aux portes de la ville.

De ma terrasse je vois l’immense chose qui se rapproche à une vitesse vertigineuse. Le bruit devient de plus en plus ahurissant. A mes pieds sur le Littoral Frédéric Mistral un groupe de touristes hébétés est appuyé à la rambarde de la promenade et contemple le spectacle, ils prennent des photos. Je leur hurle :

4 Augmentation de la vitesse d'un fluide lorsque celui-ci est forcé de transiter dans une zone rétrécie.

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– Montez vite, montez vers la colline, dans les immeubles, le plus haut possible, c’est un tsunami !

Ils ont compris. Et se précipitent en courant vers les hauteurs du fort Lamalgue. La dame à la poussette a disparu. La montagne d’eau arrache un à un les restaurants du bord de l’eau et les précipite sur les immeubles du Littoral Frédéric Mistral. Le Ferreti 52 soulevé par la gigantesque vague s’élance vers le ciel et se dirige droit sur moi, il est pratiquement au niveau de mon balcon. Agrippée au bastingage une jeune fille dénudée hurle à mort, je peux voir ses yeux exorbités à quelques dizaines de mètres de moi. C’est un cauchemar. Le bateau vient se fracasser sur l’étage en dessous. Les images du tsunami de Fukushima sont là, devant moi, elles défilent devant mes yeux, mais pour de vrai cette fois, pas comme à la télé.

Dans la rade les trois gigantesques vagues se sont rejointes au niveau du fort Balaguier. La corniche Michel Pacha ainsi que toutes les constructions du littoral sont recouvertes par plus de douze mètres de flotte. Le raz de marée qui a recouvert la ville de Saint Mandrier s’est renforcé des deux vagues en provenance du Mourillon et des Sablettes. La grande jetée jamais reconstruite depuis la dernière guerre n’a pas tenu le choc et s’est littéralement désintégrée sous la puissance de la lame de fond. C’est une vague de plus de quinze mètres de haut qui se dirige maintenant tout droit sur les navires de guerre ancrés devant la ville. Cette rade, ce havre de sécurité s’est transformé en une immense nasse, un piège désormais refermé sur ses proies captives, les énormes navires militaires rassemblés pour la grande parade de

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dimanche prochain… Plus de 1.300 marins Français perdirent la vie sous les obus britanniques en 1940 piégés dans la rade de Mers El Kébir. Soixante dix ans plus tard ils sont à nouveau piégés dans la rade de Toulon sans le moindre espoir d’échapper au cataclysme. Les milliers de bateaux de plaisance des ports de Saint Mandrier et de Pin Rolland forment un innommable magma qui avance inexorablement à plus de trois cent kilomètres à l’heure vers le Charles de Gaulle et les six sous-marins nucléaires d’attaque ancrés en bordure de la ville. Huit réacteurs nucléaires à l’arrêt, à quelques centaines de mètres des 180.000 habitants de Toulon. A l’arrêt, ou presque à l’arrêt je ne sais plus…

A moins de deux mètres au-dessous de moi c’est un immense fleuve en crue qui pénètre à l’intérieur de la ville, impensable torrent animé d’une puissance pharaonique. En ligne droite face au Mourillon c’est l'Algérie, Jijel. Pas le moindre obstacle entre l’épicentre et notre petit immeuble du Littoral Frédéric Mistral. Le tsunami de 2004 fit plus de 45.000 victimes au Sri Lanka situé pourtant à plus de 1.200 kilomètres de l’épicentre de Sumatra. Jijel n’est qu’à 700 kilomètres de Toulon... Combien de personnes noyées dans leur sommeil ont-elles déjà succombé au cours de ces dernières minutes ? C’est trop horrible…

Babeth dort toujours.

J’enfile à la hâte un jean, un blouson, je prends les clés du quatre-quatre, le portable, complètement paniqué. Et la réveille.

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– Tu ne sors sous aucun prétexte, tu restes dans l’appart, je vais chercher Cédric.

– Qu’est-ce qu’il a ? Il est malade ?

– Va sur la terrasse et tu comprendras. Je reviens.

Brusli attendra pour ses petits besoins matinaux.

Il n’y a plus d’électricité dans l’immeuble, tout a du disjoncter dans la ville. Je descends d’un étage et ne peux aller plus loin, l’eau a envahi la cage d’escalier. Une petite fenêtre permet de faire entrer un peu de lumière à chaque palier. Je la casse d’un coup de coude, m'agrippe à une vieille gouttière en zinc, et me laisse entraîner par le courant. Je n’ai jamais nagé tout habillé, pas facile, mais j’y arrive. D’ailleurs je ne peux pas nager, le courant est trop fort, alors je me laisse entraîner. Je manque plusieurs fois de me faire assommer par des débris flottant à la surface. Il y a de tout, tables, chaise, arbres, morceaux de toitures. Une femme enfermée dans son véhicule dérive à toute vitesse. Elle hurle à mort, je ne peux rien faire pour elle, le courant nous éloigne au lieu de nous rapprocher. Je heurte de plein fouet un platane sur le boulevard Miramar, c’est là que je gare d’habitude la voiture. Pourvu qu’elle ne soit pas elle aussi sous les eaux. Le boulevard Miramar a échappé au désastre, il est un peu en hauteur. Je rejoins le Grand Cherokee. Je suis trempé, je grelotte de froid, et peut-être aussi de terreur. Il démarre au quart de poil, je pars sur les chapeaux de roues. Je dois à tout prix m’éloigner de la zone inondée. Je prends plein nord, sans réfléchir. Il y a une boussole sur le tableau de bord, je n’imaginais pas qu’elle me servirait un jour. Alors je suis la lettre N au compteur, bêtement, sans réfléchir.

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M’éloigner le plus vite possible de la plage. La ville prend lentement conscience de l’ampleur du désastre qui vient d’arriver. Pas de sirènes de pompiers, la caserne principale se situe au niveau de la mer, avenue de l’Infanterie de Marine. Elle ne doit plus exister. Un silence quasi absolu, un silence de mort recouvre la ville d'une lourde chappe funèbre. Il n’y a plus d’électricité. Je continue vers le Nord pour aller à La Seyne, le tunnel doit être probablement submergé.

J’ai fait un énorme détour. Quand j’arrive au niveau de la sortie quinze sur l’A50 la route n’est pratiquement plus visible, recouverte sous plus de deux mètres de boue et de toutes sortes d’épaves. L’eau a du s’engouffrer dans la rivière cachée sous le quai Jean Charcot et remonter loin vers l’intérieur, peut-être jusqu’au grand rond-point du Jonquet. Des tonnes de débris en tout genre jonchent le sol, des voitures sont entassées comme des jouets contre les immeubles sur plusieurs mètres de haut. Je réussis tant bien que mal à progresser. Des dizaines de personnes viennent vers moi, me font des signes désespérés, me supplient de les aider. Je ne m’arrête pas, j’ai honte. Sans arrêt j’essaye d’appeler Cédric sur son portable tout en conduisant, mais inlassablement c’est sa messagerie qui me répond. Toutes les lignes doivent être saturées. La radio ne diffuse aucune consigne à la population, rien. Je suis l’avenue Aristide Briand. Sans le Grand Cherokee je ne serais jamais passé. Je dois rouler tantôt à contre sens, tantôt sur le terre-plein central, tantôt sur les trottoirs pour éviter les tonnes de débris amassés pêle-mêle.

Face à moi une immense masse noire me barre la route, énorme, au moins soixante dix mètres de long. Je m’en

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approche. Des bandes rouges ont été déroulées à la hâte et empêchent toute approche de l’engin à moins de vingt mètres. Des ronds jaunes et noirs pendouillent un peu partout. Le logo risque nucléaire. Une vingtaine d’hommes armés, chargeur engagé entourent la grosse chose noire. Ils sont vêtus d’une combinaison blanche intégrale, on peut deviner leur visage au travers des masques de verre couverts de buée. L’un d’entre eux vient vers moi en courant, agressif.

– Faites demi-tour, foutez le camp, vous ne pouvez pas passer !

– Si je ne fais pas demi-tour tu fais quoi, tu tires ? Dégage !

Le pauvre gars est probablement plus paniqué que moi, il n’a pas vingt ans. Il baisse le canon de son arme. Je me rapproche du gros truc noir pour tenter de le contourner. En grosses lettres blanches souillées par la boue je peux lire Perle. Un de nos six sous-marins nucléaires gît sur le flanc à l’entrée de la Seyne Sur Mer, au beau milieu des immeubles… Le kiosque est fermé. Dedans il y a un réacteur nucléaire, et probablement tous les membres d’équipage… Les hommes en blanc me font des signes affolés. J’embraye la prise directe pour passer un tas de détritus de plusieurs mètres de haut et m’éloigne à plus de cent à l’heure.

J’arrive au carrefour des deux stations services. L’avenue Emile Zola est face à moi. Je la prends à contre sens, comme un fou. Le quatre-quatre patine dans la fange. Je stoppe devant le numéro sept. La porte de l’immeuble est fermée, je n’ai pas la clé. Je recule et d’un

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coup de pare-choc l’enfonce. Le vieil escalier n’existe pratiquement plus. J’escalade les poutres en bois vermoulu en gueulant à tue tête :

– Cédric, Cédric !

Il doit être là, il ne peut pas ne pas être là, il va me répondre.

Et il me répond.

Il est vivant.

J’arrive au cinquième, Cédric est là, debout devant sa porte intacte. Il me sourit. Une larme coule sur sa joue. Je le prends dans mes bras.

– Viens, on va rejoindre Babeth…

Les sirènes d’alarmes de la ville se mettent en marche, les groupes électrogènes ont du être réparés…

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Chapitre I

Probabilités pratiquement nulles...

e n’est pas la bande annonce du dernier Spielberg. Ce scénario n'est pas une simple probabilité, un cas

d'école, un cauchemar impossible, ce cataclysme, cette catastrophe va bel et bien se produire. Dans quelques années, dans quelques heures, ou peut-être même en cet instant précis où confortablement installé dans ton fauteuil face aux Deux Frères sur la plage des Sablettes, tu souris, en parcourant d'un oeil dubitatif les premières lignes de ce bouquin...

Les scénarios (j'ai vérifié, on ne dit pas des scénarii...) catastrophiques ne sont jamais crédibles. Ils font toujours rigoler. Tu peux prévoir le pire des cataclysmes, être absolument certain qu'un jour ou l'autre il va se produire, personne ne te croit. La nature humaine est ainsi faite, les oiseaux de mauvaise augure ne plaisent pas. Nos politiciens sont experts en ce domaine, ils n’annoncent jamais de mauvaise nouvelle. Et pour cause, ça fait perdre des voix... Alors ils délèguent à l’un de leurs sous-fifres la

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lourde mission d'être impopulaire, afin de rester là, prêts à rafler quelques suffrages aux prochaines élections.

Notre passé récent est riche de ces évènements relégués au statut de simple phantasme par nos experts, d'évènements qualifiés par tous nos intellectuels de fortement improbables. Ils se sont pourtant produits.

2 décembre 1959. Le barrage de Malpasset est flambant neuf. Inauguré il y a moins de cinq années, fleuron de la technologie moderne, le barrage s'apprête à irriguer pendant de longs siècles les cultures maraîchères de la région de Fréjus, en retenant les eaux du Reyran, un torrent qui ne coule qu'en hiver et qui est souvent à sec en été. Quelles sont les probabilités pour qu'un tel ouvrage ne s'écroule? Pratiquement nulles... Le barrage cèdera pourtant sous la pression des eaux et la ville de Fréjus comptera 423 victimes, noyées ou ensevelies sous des tonnes de gravats et de blocs de béton.

26 avril 1986. La centrale nucléaire de Tchernobyl alimente sereinement en énergie électrique une grande partie de l'Ukraine. Mise en service en 1977, le centrale âgée de neuf ans à peine, ne présente aucun signe avant coureur d'un quelconque problème de disfonctionnement. Quelles sont les probabilités pour que le réacteur numéro quatre de la centrale n'entre en fusion et provoque l'accident nucléaire le plus dramatique de tous les temps? Pratiquement nulles... Deux cent milles personnes devront être évacuées suite à la catastrophe et quatre mille cancers de la thyroïde seront diagnostiqués parmi les populations civiles locales entre 1986 et 2002.

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11 septembre 2001. Elles sont belles les twins... Les deux plus hauts gratte-ciels de Manhattan sont la fierté des new-yorkais. Des millions de touristes visitent chaque année les deux building pour admirer du haut de leurs 415 mètres la ville de New York, et plusieurs milliers de citoyens américains s'y rendent quotidiennement pour y travailler. Quelles sont les probabilités pour que dix-neuf terroristes apprennent à piloter un Boeing 747, et détournent quatre avions de ligne afin de les écraser sur les tours jumelles du World Trade Center et sur le Pentagone? Pratiquement nulles... Cet attentat terroriste hors du commun et fort improbable fera 2.977 victimes.

11 mars 2011. Le japon est le leader mondial incontesté de la prévention des risques sismiques, nucléaires et tsunamiques. De par sa situation dans une zone où quatre plaques tectoniques font du yo-yo quotidiennement, le nombre de secousses telluriques d'intensité comprise entre quatre et neuf sur l'échelle de Richter dépasse allègrement plusieurs milliers par an. C'est dire si les ingénieurs en travaux publiques et génie civil sont tous au top de la technologie pour prévenir tout risque d'incident sismo-nucléo-tsunamique grave. Quelles sont les probabilités dans un tel contexte pour qu'un tremblement de terre somme toutes assez banal, ne provoque un tsunami encore plus banal, qui va submerger et arrêter des groupes électrogènes on ne peut plus ordinaires, entraînant un arrêt du refroidissement des réacteurs nucléaires? Pratiquement nulles... L'accident nucléaire qui s'en suivit fut classé au niveau 7, le plus élevé sur l'échelle internationale des évènements nucléaires, soit au même niveau que

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Tchernobyl. Et nous sommes passés très très près ce jour là d'une contamination radioactive... mondiale.

13 janvier 2012. C'est la fête à bord du paquebot. Long de plus de 290 mètres, le gigantesque palace flottant navigue tranquillement dans les eaux territoriales italiennes. Depuis la mésaventure du Titanic, les normes de sécurité en mer ont été décuplées, et l'idée même qu'un navire de cet acabit puisse connaître le plus petit incident de fonctionnement relèverait de la pure fiction. Quelles sont les probabilités pour que le capitaine du Concordia décide de faire un petit coucou amical à ses potes de l'île Giglio, qu'il ne se rapproche suffisamment de la côte pour s'y échouer lamentablement comme tu le ferais de ton matelas pneumatique sur la plage de Saint Cyprien, qu'aucun des différents sonars et autres sondeurs présents sur la passerelle ne fonctionne, et pire, qu'aucun des officiers de quart ne réalise que la barque est en train de s'esclaffer sur un haut fond? Pratiquement nulles... Cette catastrophe maritime coûtera la vie à trente deux personnes, victimes d'un banal incident fort improbable.

Cinq catastrophes majeures en moins de cinquante ans. Cinq catastrophes improbables, impensables, et qui se sont pourtant bien produites.

Tiens, je vais te donner tout de suite la citation du bouquin. Tu sais la grande phrase des grands auteurs que l’on enseigne dans les grandes universités... Ma citation (je monte la police d’un cran pour marquer la postérité), c’est :

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Un évènement improbable est un évènement qui peut se produire.

Pas de copyright, tu peux reproduire sans modération.

Bon.

Imaginons, mais imaginons seulement...

Nous sommes le 15 août 2014, et tout à coup, la mer se retire sur plus d'un kilomètre, le long de la plage du Mourillon, la superbe plage de Toulon. Comme tu as lu le début du bouquin, tu devines la suite : une vague géante en provenance d'Afrique du Nord va submerger tout le littoral méditerranéen, laissant derrière elle plus de 800.000 morts. Pire. La vague va retourner comme des fétus de paille le Charles de Gaulle ainsi que les six sous-marin nucléaires ancrés dans la rade de Toulon. Bien sûr, les huit réacteurs nucléaires presque à l'arrêt totalisant 588 mégawatts vont illico entrer en surchauffe et nos pompiers de service seront totalement incapables de les refroidir. Pour mémoire, le réacteur N°1 de Fukushima faisait quant à lui 1.380 mégawatts, un peu plus du double... Comble de malheur, la vague a sur son passage complètement recouvert de plus de treize mètres d'eau la piscine de Missiessy, où sont entreposées plusieurs centaines de kilos de matières fissibles radioactives. Ces matériaux vont se disperser entre l'Espagne et l'Italie au gré des courants marins provoquant la plus grande catastrophe écologique de tous les temps...

Notre Président de la République accompagné de son Ministre de l’Intérieur et de la moitié de son

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gouvernement va nous expliquer en un sublime élan pathétique que :

– Nul, vous m’entendez bien, nul ne pouvait prévoir un tel cataclysme. Et je tiens à vous assurer de la complète solidarité de tous les membres du gouvernement avec les familles des sinistrés. J'ai décidé de réunir dès demain une cellule de crise qui devra faire dans les plus brefs délais toute la lumière sur les circonstances qui ont conduit à un tel drame. Le bilan en vies humaines s’avère d’ors et déjà absolument catastrophique. Si des négligences ont été commises dans le processus d'alerte et de mise en sécurité des populations civiles, les coupables seront identifiés et punis, j'en fais solennellement le serment. Le gouvernement n'avait bien sûr pas la moindre connaissance de l'existence d'un tel risque tsunamique sur nos côtes. Il est bien évident que si cela avait été le cas, il aurait pris immédiatement toutes les mesures nécessaires afin qu'un système d'alerte soit mis en place pour informer et sécuriser les populations civiles bla bla bla, bla bla bla...

Le même discours sorti d’un carton, à chaque attentat, à chaque accident, à chaque catastrophe...

Je voudrais te lire, cher lecteur, un extrait du Plan Local d'Urbanisme de la ville de Toulon. A la page 132, il y est écrit :

– La loi de 1987 (n° 87-565 du 22 juillet 1987) sur la Sécurité Civile précise que les populations doivent être informées sur les dangers qu'elles encourent sans avoir à en faire la demande. L'article 21 de cette loi stipule que : les citoyens ont un droit a l'information sur les risques

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majeurs auxquels ils sont soumis dans certaines zones du territoire et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent. Ce droit s'applique aux risques technologiques et aux risques naturels prévisibles.

Sans avoir à en faire la demande... Du bon sens le plus absolu... S’il y a un risque, tu dois en être informé, point. Tu ne

vas pas, chaque fois que tu rends visite à ton petit neveu à Toulouse, te précipiter à la mairie pour savoir si par hasard il n’y aurait pas un risque d’explosion dans un entrepôt de l’AZF. Donc les habitants de l’agglomération toulousaine doivent être informés, sans avoir à en faire la demande, d’un éventuel risque de détonation brutale et meurtrière. Et bien sûr toutes les populations riveraines de la Méditerranée doivent être informées, sans avoir à en faire la demande, d’un éventuel risque de tsunami dévastateur sur nos côtes.

Alors... Si tu te demandes où passer tes vacances l’été prochain,

je vais t’aider à choisir. Ou plutôt à ne pas choisir...

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Chapitre II

Pour tes prochaines vacances, oublie la Seyne sur Mer...

ingt six décembre 2004. Le monde entier découvre le sens du mot tsunami. Avant cette date, personne, ou

presque personne ne savait ce que c’était. Juste un mot à consonance un peu latine. Ou asiatique peut-être. Une grosse vague je crois...

Mais le 26 décembre 2004...

Un séisme de magnitude 9,1 se produit au large de Sumatra. Le tremblement de terre provoque un tsunami qui va frapper les côtes d’Indonésie, du Sri Lanka et de l’Inde. Les populations locales auraient pu être prévenues par un réseau de surveillance approprié mais ce réseau n’existait pas. La propagation du tsunami mit plusieurs heures à atteindre certains des pays touchés, heures pendant lesquelles chaque habitant de ces pays regardait tranquillement sur sa télé, les images du tremblement de terre qui s’était produit à quelques milliers de kilomètres

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de là. Ce fut le tsunami qui suivit le séisme qui fut le plus dévastateur. Le bilan en pertes humaines fut terrible, plus de 228.000 morts. Ils auraient pu être tous sauvés, mais ils n’ont pas eu connaissance de l’arrivée de la vague. Il leur aurait suffi de se réfugier à l’intérieur des terres, sur de simples promontoires ou tout simplement dans les étages supérieurs des immeubles… Aucune alarme tsunami ne les informa du danger, ils moururent par centaines de milliers.

Un tremblement de terre n’est jamais prévisible, un tsunami l’est... toujours.

Les dirigeants des pays situés dans des zones à risque tsunamique et qui refusent d’en informer les populations, qui ne mettent en place aucun processus d’alerte sont des… criminels.

Un tsunami, comment ça marche ?

Plutôt que de réinventer la poudre, je vais m’appuyer sur l’excellent rapport présenté au Parlement le 7 décembre 2007 par le sénateur de l’Aude Roland Courteau. Un sénateur qui doit savoir ce dont il parle, juge plutôt : membre de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, membre du Haut comité pour la transparence et la sécurité en matière nucléaire, membre du Conseil supérieur de l'énergie, membre de la Commission Energie au Centre d'Analyse Stratégique .

Cette présentation de 2007 te permettra de noter au passage qu’aucun parlementaire, Président de la République, élu local ou ministre ne pourra un jour

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affirmer... qu’il ne savait pas. Il n’y eut pas moins de cinq présentations au Parlement sur ce thème du risque tsunami sur la côte méditerranéenne entre 2007 et 2012. Pas une ou deux, mais bien... cinq. Chaque compte rendu fut communiqué à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Lors de la dernière présentation, pas très lointaine puisque le 18 octobre 2012, l’emploi du temps du notre Ministre de l’Intérieur monsieur Valls ne lui permit pas d’être présent...

Donc...

Si l’on exclut les cas très particuliers des tsunamis qui seraient générés par une explosion d’origine humaine ou par l’impact d’une météorite, on peut dire que les tsunamis ont toujours une origine géologique. Ils sont provoqués par la pénétration ou la disparition (en ce qui concerne les séismes, on évoque plutôt le soulèvement et / ou, affaissement) dans les fonds marins d’une quantité importante de matériel géologique, entraînant le déplacement d’une grande masse d’eau.

Trois types d’événement sont susceptibles d’engendrer

un tsunami : les séismes sous-marins ou côtiers, les glissements de terrain et les explosions volcaniques.

1. Les séismes sous-marins.

Un séisme se traduit en surface par des vibrations du

sol. Il provient de la fracturation des roches en profondeur. Cette fracturation est due à une grande accumulation d'énergie qui se libère, en créant ou en faisant rejouer des failles, au moment où le seuil de

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rupture mécanique des roches est atteint. La partie superficielle du globe terrestre est constituée de plusieurs grandes plaques lithosphériques qui évoluent les unes par rapport aux autres. Alors que les plaques se déplacent régulièrement de quelques millimètres à quelques centimètres par an, dans les régions de frontière entre deux plaques, ce mouvement est discontinu. Les failles peuvent rester bloquées durant de longues périodes, tandis que le mouvement régulier des plaques se poursuit.

Pour qu’un séisme sous-marin génère un tsunami, il faut qu’il entraîne le mouvement vertical du fond de la mer, l’hypocentre doit donc se situer à moins de 100 Km de profondeur. Par ailleurs, il doit avoir une magnitude minimale de 6,5.

2. Les glissements de terrain.

Si l’on reprend la définition du glissement de terrain du BRGM5, il s’agit du déplacement d'une masse de terrains meubles ou rocheux le long d'une surface de rupture par cisaillement, qui correspond souvent à une discontinuité préexistante. L'apparition d'un glissement de terrain est le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs qui peuvent être :

- soit permanents, c'est-à-dire peu ou pas variables dans le temps (nature et propriétés mécaniques des matériaux,

5 Bureau de Recherches Géologiques et Minières. Il fut notamment présidé pendant cinq années de 1992 à 1997 par Claude Allègre.

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présence de plans de rupture préférentiels, pente des terrains, etc.)

- soit semi permanents, c'est-à-dire évolutifs dans le temps (teneur en eau des matériaux, érosion en bas de pente, action anthropique, secousse sismique, effondrement d’un volcan, etc...).

Les glissements de terrain sont à l’origine de nombreux tsunamis. Le 16 octobre 1979, une partie de la plate-forme de remblaiement de l’aéroport de Nice disparaissait dans la mer. Quelques minutes plus tard, après une baisse relative du niveau de la mer, un tsunami submergeait le littoral et une vague estimée entre 2,5 et 3,5 m de haut déferlait sur la plage de la Salis à Antibes. Les origines de ce tsunami restent très contestées. Deux thèses s’affrontent, mettant en cause soit les travaux réalisés dans le cadre de l’extension de l’aéroport de Nice, soit l’instabilité géologique naturelle de la côte aggravée par de fortes pluies qui s'étaient abattues sur la région quelques jours auparavant. Les études les plus récentes évoquent deux glissements de terrain : un premier glissement de terrain, d’un volume de 10 millions de m3 serait intervenu sur le talus de l’aéroport, tandis qu’un deuxième, beaucoup plus important (150 millions de m3) se serait produit au large de Nice.

Les glissements de terrain peuvent également résulter de l’effondrement d’un volcan. Le 30 décembre 2002, deux glissements de terrain de plusieurs millions de mètres cubes de blocs et de cendres se produisirent au Stromboli. Ils emportèrent la coulée émise quelques jours plus tôt, le 28 décembre. Après un retrait de la mer, des vagues de

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plusieurs mètres de haut blessèrent six personnes sur l’île tout en provoquant des dégâts matériels importants.

Les tsunamis résultants de glissements de terrain peuvent être très destructeurs, mais ils sont limités géographiquement. En effet, si la déformation verticale peut dépasser quelques dizaines de mètres, les dimensions horizontales impliquées, de quelques centaines de mètres en général, excèdent rarement la dizaine de kilomètres.

3. Les explosions volcaniques.

Les explosions volcaniques sont également responsables du développement de tsunamis puisqu’elles provoquent l’entrée brutale dans la mer de volumes immenses de roches. L’explosion volcanique à Santorin vers 1650 avant Jésus-Christ a ainsi provoqué un tsunami dévastateur qui aurait conduit à l’extinction de la civilisation Minoenne (et à la disparition de l’Atlantide selon Platon). Il aurait balayé les côtes de la Méditerranée orientale avec des vagues estimées à une quarantaine de mètres au voisinage de l’île de Crète. De même, l’explosion volcanique du Krakatoa en Indonésie le 27 août 1883 a créé des vagues de 41 mètres de haut qui ont détruit des villages situés le long du détroit de Sunda entre l'île de Java et l'île de Sumatra et causé la mort de quelque 36.000 personnes.

Bon. Maintenant que tu sais cher lecteur comment prend

naissance un tsunami, je vais t’expliquer les méchancetés

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que la vilaine grosse vague peut te faire en arrivant sur ta belle plage préférée. Le Mourillon ou les Sablettes pour mes amis toulonnais.

Suite à un séisme, un glissement de terrain ou une éruption volcanique, la couche océanique est ébranlée, avec un soulèvement, ou parfois un affaissement sous-marin qui peut avoir plusieurs mètres.

La formation d’un tsunami

La surface de l’eau commence à osciller sous l’action des forces de gravité et les vagues se propagent dans toutes les directions à partir de la source. En eau profonde, le tsunami se propage très rapidement. Entre 700 et 900 km/h lorsque les fonds marins sont compris entre 4.000 et 7.000 mètres, avec une longueur d’onde très importante, de 100 à plus de 200 Km. La longueur d’onde, c’est la distance séparant deux vagues successives. Soulignons à titre comparatif qu'une vague générée par le vent a une longueur d'onde de 150 m. Les vagues de

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tsunami étant très éloignées sont d’autant plus meurtrières, car la deuxième vague peut arriver alors que des secours sont déjà en train d’agir, suite aux dégâts causés par la première vague.

L'énergie des vagues de tsunami correspond à la somme de l'énergie cinétique due à la vitesse de la vague, et de l'énergie potentielle liée à la hauteur de la vague. En haute mer, la vitesse est très importante et la hauteur de la vague est infime, quelques dizaines de centimètres à peine. Donc l'énergie cinétique est très grande et l'énergie potentielle est très faible. De ce fait et parce que la période des vagues est très longue, entre quelques minutes et plusieurs dizaines de minutes, les vagues de tsunami ne sont pas perçues par les bateaux au large.

A l'approche des côtes, les vagues sont ralenties par les frottements avec le fond. Il se produit un échange entre l'énergie cinétique et l'énergie potentielle. L'énergie cinétique diminue, la vitesse de propagation descend jusqu’à 36 km/h, et en contrepartie l'énergie potentielle augmente. La hauteur des vagues s’amplifie pour finalement provoquer une remontée rapide de la mer dans les ports et les baies ou un débordement de la mer sur le littoral. Le tsunami est né.

Lorsqu’il atteint le littoral, le tsunami peut avoir des manifestations variables en fonction des causes qui l’ont généré. Ainsi, plus le volume d’eau déplacé est grand, plus la distance parcourue par les tsunamis sera longue, plus le nombre de pays concernés sera élevé et plus les dégâts seront importants.

Les scientifiques distinguent trois types de tsunamis :

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- Les tsunamis locaux qui ne sont pas observables au-delà d’une centaine de kilomètres. Ils sont généralement provoquées par des séismes de magnitude comprise entre 6,5 et 7,5, des glissements de terrain ou des éruptions volcaniques. - Les tsunamis régionaux qui se propagent sur une distance comprise entre 100 et 1000 Km. Ils sont générés presque uniquement par des séismes de subduction (à l’exception de l’explosion du volcan Santorin en 1650 avant Jésus-Christ). Un séisme de subduction est un séisme induit par le glissement d’une plaque lithosphérique sous une autre.

- Les tsunamis capables de détruire les côtes à des milliers de kilomètres de la source, appelés télétsunamis. Ils sont provoqués également par des séismes de subduction (à l’exception du volcan Krakatoa en 1883). Le plus récent a touché l’océan Indien le 26 décembre 2004, mais on peut également citer le tsunami du 1er novembre 1755 après le tremblement de terre au large de Lisbonne qui traversa l’océan Atlantique, ou encore le tsunami du 22 mai 1960 lié à un séisme au Chili qui parcourut tout l’océan Pacifique et provoqua des vagues de 5 mètres de haut au Japon 24 heures après.

Les tsunamis dépendent en outre du relief des côtes. Alors que les pentes fortes réfléchissent les vagues, dans les pentes douces, l’amplitude des vagues augmente. Ceci explique pourquoi les effets d’un tsunami sont amplifiés dans les ports et les embouchures de rivière. Et pourquoi la connaissance précise du relief côtier permet de modéliser un tsunami.

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Lorsqu’il arrive près des côtes, le tsunami provoque un retrait de la mer, puis un retour très rapide qui engendre des courants violents et destructeurs. Quand l’eau se retire, l’effet du reflux est aussi très dommageable aussi bien pour les installations légères que pour les personnes qui se trouvent aspirées . Selon le relief du littoral, l’effet de la vague est amplifié. C’est le cas dans les rivières qui s'enfoncent à l'intérieur des terres en formant un goulet étroit dans lequel l’eau va s’engouffrer et créer un mascaret. De même, dans les ports et les baies qui constituent un espace fermé, les vagues vont se succéder les unes après les autres à un intervalle de 10 à 20 minutes, générant un effet de vidage-remplissages successifs, avec des courants importants et des tourbillons.

La vulnérabilité particulière des ports explique que plusieurs bateaux ont été endommagés dans certains ports sur la Côte d’Azur après le séisme de Boumerdes en Algérie le 21 janvier 2003. Les médias avaient pourtant communiqué sur l’absence d’impact de ce tsunami sur les côtes françaises... Dans le port de Théoule-sur-Mer, il a été observé une montée rapide et importante du niveau de l'eau avec ensuite un retrait provoquant par "effet de pompe" un assèchement partiel du port. Dans le port de la Figueirette, le niveau de l'eau est descendu d'environ 1,5 m dans l'ensemble des bassins, avec de très forts courants entrants et sortants.

Enfin, dans les situations extrêmes, le tsunami se manifeste par une série de vagues géantes pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres de haut. Leur espacement dans le temps, entre 20 et 40 minutes, les rend particulièrement dangereuses car les populations qui ont

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échappé à la première vague pensent souvent que la catastrophe est terminée et se rendent près des rivages pour constater les dégâts et porter secours aux sinistrés. En outre, la plus grosse vague est rarement la première. Mais plutôt l’une des vagues suivantes qui, outre sa propre énergie potentielle, récupère l’énergie d’une vague qui s’est déjà brisée et retourne vers la mer. Ainsi, à Banda Aceh, lors du tsunami de Sumatra en 2004, la première vague a mesuré entre 1,5 et 2 mètres tandis que la deuxième a atteint une hauteur de l’ordre de 30 mètres en certains endroits de la côte.

Dans la conscience collective, les tsunamis sont dangereux parce qu’ils sont assimilés à des vagues de plusieurs mètres de hauteur s’abattant sur le littoral en détruisant tout sur leur passage. En réalité, la force destructrice d’un tsunami est moins directement corrélée à la hauteur de la vague, ou des vagues, qu’à sa vitesse. Celle-ci peut atteindre 40 Km/h et la quantité d’eau qu'elle transporte lui permet de déferler jusqu’à plusieurs centaines de mètres à l'intérieur des terres si le relief est plat et sans obstacles naturels. La vague pénétra jusqu’à 5 km à Banda Aceh.

Alors qu’une vague classique n'élève pas le niveau de l'eau suffisamment longtemps pour qu'elle pénètre profondément, une vague de tsunami entraîne une augmentation du niveau des eaux pendant 5 à 30 minutes. C’est donc la quantité d’eau qui déterminera l’étendue de l’inondation des terres et la hauteur du run-up, c’est-à-dire le niveau maximal de montée des eaux par rapport au niveau de la mer.

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Le phénomène de run-up est fondamental dans la prévision des dégâts que peut causer un tsunami. Je t’explique ce phénomène à ma façon, tu vas voir, c’est hyper simple. Dans ta cave, ton gros chauffe-eau de deux cent litres fuit. Oh, pas beaucoup, mais il fuit. Et le dernier week-end en rentrant chez toi, catastrophe, deux centimètres d’eau sur le sol. Bon, tu as appelé le plombier et l’affaire a été classée.

Mais. Imagine que ton chauffe-eau explose brutalement. Pas

très rigolo, surtout si tu es en train de bricoler sur ton établi. Et bien là, tu as une vraie vague qui va se former en une fraction de seconde, se propager dans tous les sens, et remonter jusqu’à un mètre le long des murs. Ce mètre, c’est le run-up.

En termes un peu plus techniques, pour un tsunami c’est la même chose. Sauf qu’il y a plus de deux cent litres d’eau qui vont arriver sur la côte. La partie haute avant de l’onde ralentit fortement en raison de la diminution de la hauteur d’eau à l’approche du rivage. Mais l’arrière continue de se propager à une vitesse importante, et pousse la partie frontale de la vague vers la terre. Il s’en suit une forte augmentation de la hauteur qui peut atteindre plusieurs mètres. Même au large, si le tsunami rencontre un haut fond, le phénomène peut se produire induisant une forte augmentation de la hauteur crête à creux. En l’absence d’obstacle, le tsunami pénètre à l’intérieur des terres sur des distances pouvant atteindre plusieurs kilomètres, avec une hauteur de vague de 10 mètres ou plus. Une vague de tsunami de 13 mètres peut allègrement causer des dégâts jusqu’à 20 mètres

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d’altitude, voire plus, et remonter très loin dans les terres si le relief est plat. Circonstance aggravée lorsque le relief se situe au niveau de la mer, comme en Camargue...

Un tsunami de 13 mètres (H) peut provoquer un run-up (R)

de plus de 20 mètres...

Alors, ce run-up dévastateur, un danger pour Toulon ou pas ?

Là, ça se corse...

Ou ça se Corse.

Le 21 novembre 2005, un peu moins d’un an après la catastrophe de Sumatra, le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable lança le Plan Séisme sous la tutelle du BRGM. Ce plan était destiné à identifier les risques liés à une activité sismique ou tsunamique sur les

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territoires de France et d’Outre-Mer afin d’en anticiper les conséquences et bien sûr de sauvegarder les populations situées dans les zones à risques.

Comme tu le vois nous sommes toujours très très loin du scénario Spielberg…

Le BRGM fit un travail de titan. Il effectua un inventaire extrêmement détaillé des précédents séismes et tsunamis sur nos côtes, réalisa un zonage sismique des régions à risque, dressa un état des lieux des relevés bathymétriques existants et par simulation détermina quelles seraient les conséquences de ces évènements géologiques sur les infrastructures et populations de nos côtes. Tous ces rapports extrêmement détaillés sont publics, disponibles sur le site du plan séisme6 et c’est la synthèse de ces analyse qui fut présentée au Sénat et à l’Assemblée Nationale par cinq fois entre 2007 et 2012.

Le plus époustouflant, c’est que ce travail initialisé en 2005 s’et poursuivi durant plus de sept années sans que les populations n’en aient été informées le moins du monde. Rien. La certitude d’un tsunami majeur sur la côte méditerranéenne et plus particulièrement sur Toulon a pourtant été identifiée dès 2007. Il y eut bien sûr maintes publications. Ces rapports ont tous été diffusés sur le net. Var Matin, le Monde, le Figaro et bien d’autres médias s’en sont fait plusieurs fois écho. Mais aucune annonce publique d’envergure, aucune sensibilisation des populations civiles, aucun petit débat chez Calvi, Denisot, Pernaut, Delahousse ou Pujadas, strictement rien. Hormis

6 http://www.planseisme.fr/-Jetee-.html

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ceux qui ont contribué à cette analyse et toi bien sûr, qui me fait l’immense honneur de lire ce bouquin, personne ne saura que faire lorsqu’il assistera demain à un retrait brutal des eaux sur la promenade des Anglais ou sur la plage du Mourillon.

Pour que tu prennes bien conscience de l’ampleur incroyable de ces recherches, je te propose, cher lecteur, de parcourir, de manière synthétique bien sûr, les différents rapports (tous publics, j’insiste, ne m’attaque pas en violation d’un quelconque secret d’état) qui ont jalonné ces huit dernières années. Soit rassuré, je ne te les joins pas en annexe, cet ouvrage ferait allègrement plus de deux milles pages et je ne suis pas certain que mon éditeur serait d’accord pour mettre dans les bacs de la Fnac un bouquin de trois kilos.

Donc...

21 novembre 2005 - Première publication : le Plan Séisme.

Ce plan initial s’est articulé en quatre chantiers.

Chantier N°1 : Approfondir la connaissance scientifique de l’aléa, du risque et mieux informer sur celui-ci.

Chantier N°2 : Améliorer la prise en compte du risque sismique dans les constructions.

Chantier N°3 : Concerter, coopérer et communiquer.

Chantier N°4 : Contribuer à la prévention du risque de tsunami.

Travail de préparation donc, préliminaire au vif du sujet.

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2 février 2007 - Deuxième publication : Etude préliminaire de l’aléa tsunamis en Méditerranée et aux Antilles françaises.

Un année à peine s’est écoulée depuis l’initialisation du Plan Séisme, et la base de données inventaire des tsunamis passés est opérationnelle. Les zones tsunamigènes les plus dangereuses ont été identifiées tant aux Antilles françaises qu’en Méditerranée, les premières simulations ont eu lieu et différents scénarios d’impact sur notre littoral ont été définis. Donc, ça avance. Plutôt vite même.

Mai 2007 - Troisième publication : Réalisation d’un zonage sismique de la Méditerranée occidentale préalable aux choix de scénarios de tsunamis .

Ce zonage est essentiellement issu des relevés cinématiques des mouvements des plaques tectoniques en Méditerranée occidentale et centrale. Pour faire simple, la plaque Africaine remonte vers le Nord Ouest, poussant devant elle la plaque Eurasienne, que tu connais bien sous le nom de... Europe. Malheureusement ces énormes plaques ne se déplacent pas à la même vitesse, ce serait trop beau. Les wagons d’un train se déplacent tous à la même vitesse et le convoi ferroviaire va de Marseille à Paris sans encombre. Bon. Mais si tu t’amuses à freiner les roues de la dernière voiture, je te parie que vite fait bien fait, ça va casser quelque part.

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La vitesse des plaques tectoniques varie de 0,5 à 8 millimètres par an. Tu es scotché par la précision, mais pas bien difficile à comprendre : il suffit d’ancrer solidement quelques GPS un peu partout en Afrique et en Europe pour mesurer ces déplacements. Je te mets une figure pour que tu aies une idées plus précise de ces mouvements.

Face à Toulon, la plaque africaine pousse sans relâche la

plaque eurasienne vers le Nord

Conséquence première de ce conflit : la côte de l’Afrique du Nord est une zone sismique très sensible, à

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quelques centaines de kilomètres de la Côte d’azur. Et de Toulon... Pour mémoire si tu es quelque peu sceptique, 1.400 morts à Orléansville en 1954, 3.000 au même endroit en 1980, 12.000 morts à Agadir en 1960, 3.000 morts à Boumerdès en 2003. A peine dix ans.

Donc, quoiqu’il arrive, un jour où l’autre le détroit de Gibraltar sera fermé et notre belle Méditerranée se transformera d’abord en un gigantesque lac, puis en une mer morte plus très rigolote, et enfin en un gigantesque salar à côté duquel Uyuni fera figure de salière de table.

En complément d’information, et c’est assez impressionnant, tu pourras admirer sur le relevé de la page suivante emprunté à cette troisième publication du BRGM les séismes enregistrés en méditerranée occidentale entre 1973 et 2006. Bon, tu es obligé de tourner le bouquin (ou ton écran si tu l’as téléchargé) pour admirer la carte, mais même si tu n’es pas franchement matheux, tu peux constater que tous les séismes sont concentrés sur l’Algérie et sur l’Italie. Ce sont tous les petits ronds sur la carte. Ce qui pourrait en fait t’apparaître comme une bonne nouvelle puisque tu vis aux Sablettes et que finalement, foin de tremblements de terre dévastateurs du côté de Saint Mandrier ou de Toulon au cours des trente dernières années...

Malheureusement...

Je te passe sur les quelques cent pages d’analyses techniques du rapport de mai 2007, mais le BRGM a identifié trois zones à risque particulièrement élevé : les zones 4, 49 et 32. Une de ces trois zones, la 32, nous concerne plus particulièrement.

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Les séisme en Méditerranée occidentale de 1973 à 2006

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Elle nous concerne parce que toi et moi nous vivons à Toulon et que juste en face de la rade, se situe la zone à risque maximale dite zone 32, avec un séisme annoncé de magnitude... 7,8.

Toujours pour mémoire, Orléansville magnitude 7 en 1954 et 7,3 en 1980, Agadir magnitude 5,7 en 1960, Boumerdès magnitude 6,7 en 2003. Nous parlons pour Toulon d’un séisme de magnitude 7,8. Ces derniers séismes étaient moins violents que celui annoncé par les experts du BRGM, et ce n’est franchement pas très rassurant.

Le choix de ces zones repose sur quatre indicateurs précis :

• Le type de déformation attendu : à savoir un mouvement avec une composante verticale majeure.

• La magnitude maximale attendue : suffisamment forte pour donner lieu à un décalage significatif du fond marin.

• La proximité par rapport aux côtes françaises de la zone de source sismique

• Le contexte bathymétrique, à savoir le relief sous-marin : hauteur suffisante et absence de hauts fonds entre la zone de source et la zone française.

Et là, ça se gâte.

Juge d’ailleurs par toi-même c’est à la page 94 du rapport. Tu peux aller faire un tour sur le net, c’est en libre service, et donc à la disposition de nos élus et journalistes bien aimés. Parmi les scénarios envisagés

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pour modéliser le futur tsunami Big One, la plus forte magnitude attendue est de 7,8 sur l’échelle de Richter. Le séisme se situe pile poil face à Toulon, entre Oran et Constantine, à la longitude 6°00’ et latitude 37°24’ exactement. Plus précis tu meurs. Oran, très belle ville par ailleurs, j’y suis né (aucun rapport avec l’objet du bouquin, mais ça va faire plaisir à mes potes pieds-noirs). Ceux qui pensent que :

De toute façon si ça doit arriver, ce sera dans quelques millions d’années sont tout simplement des... crétins.

page 94, rapport du BRGM : proposition de scénarios sismiques

pour la modélisation de tsunamis

Bon. Intéressant, mais tu t’interroges, ce méga séisme annoncé par le BRGM, juste en face de nous, dans les eaux territoriales algériennes, est-ce si grave ?

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Le BRGM va nous apporter un élément de réponse (dirait Pujadas) quelques mois plus tard en décembre 2007, dans un nouveau rapport musclé.

Décembre 20077 - Quatrième publication : Tsunamis, étude de cas au niveau de la côte méditerranéenne française – Modélisation numérique – Rapport intermédiaire.

Ce rapport porte le numéro BRGM/RP-55760-FR. Je te mets le lien en bas de page, des fois que tu ne doutes de ma bonne foi quand tu liras la suite. C’est en fait le rapport du BRGM le plus inquiétant pour les habitants de l’agglomération toulonnaise. Je te précise quand même que la page de garde indique document public , et que tu peux donc le communiquer à tes amis sans modération, sans risquer les foudres de la violation de copyright.

Le rapport complet fait 172 pages, un pavé. Et ses conclusions sont plus que préoccupantes.

Il commence par nous préciser qu’il existe un certain nombre de zones dépourvues de toutes données bathymétriques. Les données bathymétriques sont des lignes de niveaux sous-marins. Plus ces relevés sont précis, en haute résolution donc, et plus les simulations de tsunamis à l’approche de nos côtes sont fiables. A la page 27 de ce rapport, nous découvrons où se situent les principales lacunes dans ces données.

7 http://www.planseisme.fr/IMG/pdf/Rapport_BRGM_Tsunami_Mediterranee_Modelisation.pdf

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Je cite le rapport :

– Au large de La Ciotat, à l’est de Toulon, et au niveau de la rade d’Hyères...

Petite image issue du rapport juste pour comprendre : les zones en rouge sont totalement dépourvues de bathymétrie haute résolution. Ou pour le moins l’étaient en décembre 2007...

Les manques de données bathymétriques haute résolution

aux abords de Toulon

Donc sans grand risque, nous pouvons affirmer que toute simulation d’un tsunami à l’approche de Toulon était pour le moins aléatoire en décembre 2007... Toulon où je te le rappelle, huit réacteurs nucléaires d’une puissance totale équivalente à la moitié de celle du

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réacteur N°1 de Fukushima sont à quai sept jours sur sept...

Enfin presque, certains d’entre eux sortent en mer de temps en temps.

Sur ce point des lacunes bathymétriques, notre Ministre de l’Intérieur serait très gentil de nous rassurer. Et de nous confirmer que ces bathymétries hautes résolution existent désormais... Car si c’est toujours le flou artistique, notre gouvernement actuel est bien incapable en 2013 de prévoir ce qui va se passer sur ses petits réacteurs nucléaires à quai quand le tsunami va se pointer.

L’aventure se corse lorsque nous atteignons la page 109 du rapport. Le BRGM y analyse le scénario dit MAX-MAX, donc le pire des cas. Ce scénario est envisagé sur la zone 32, soit sur la côte algérienne. Le séisme de magnitude 7,8 a lieu quelque part au large d’Oran (très belle ville, mais je te l’ai déjà dit je crois...) ou de Constantine. Et là, catastrophe, il provoque un tsunami. Celui-ci va mettre 95 minutes pour atteindre Toulon. Quatre vingt quinze minutes, c’est juste une petite heure et demi, tu avais fait la division de tête. En partie protégée par la Sardaigne, la Corse n’est que faiblement impactée. Par contre les amplitudes maximales sont atteintes à la Ciotat, Toulon, sur la presqu’île de Giens, au Lavandou et près de Saint-Tropez.

J’ai bien dit Toulon, et tu n’as pas rêvé.

La propagation de l’onde de choc simulée par le BRGM est effrayante. Elle se dirige pile poil sur les six sous-marins nucléaires et sur le Charles de Gaulle ancrés dans la rade. Regarde le graphique de la simulation page 110

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du rapport BRGM/RP-55760-FR. rapport intermédiaire, c’est impressionnant.

Cette simulation met en évidence une succession de cinq vagues qui vont frapper le littoral toulonnais.

Le BRGM prévoit que le tsunami va se diriger tout droit sur les

huit réacteurs nucléaires ancrés dans la rade de Toulon (source BRGM).

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Ces vagues font respectivement crête à creux 8 mètres, 10 mètres, 13,1 mètres, 9 mètres et 7 mètres. Tu as bien lu, la plus grosse fait 13,1 mètres. Et elle se dirige tout droit sur, devine quoi ? Et oui, la rade de Toulon, port d’attache de six sous-marins nucléaires et du porte-avions Charles de Gaulle. Soit un total de huit réacteurs nucléaires à quai (le Charles de Gaulle en a deux), à quelques centaines de mètres des premières habitations ! Puissance totale cible du tsunami, la moitié du réacteur N°1 de Fukushima. On croit rêver, aucun habitant de la ville n’a jamais été informé de ce rapport.

Le graphique issu des ordinateurs du BRGM fait froid dans le dos :

Cinq vagues vont frapper la rade (courbe en vert). La plus grosse fera 13,1 mètres de haut... (source BRGM)

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Toulon est la ville la plus touchée. Mais le tsunami va dévaster toute la côte méditerranéenne entre Menton et marseille. Les amplitudes crête à creux sont effrayantes. La page 112 du rapport indique les temps d’arrivée de la vague depuis le séisme au large des côtes algériennes jusqu’à la Côte d’Azur. De une heure et demi à deux heures. Pas grand chose, mais ce temps serait largement suffisant pour mettre en sécurité les populations. Enfin, si informées par nos gentils élus.

mn Creux Crête Amplitude

Marseille 117 -3,5 5,3 8,8

La Ciotat 103 -3,3 7,6 10,9

Toulon 95 -4,6 8,5 13,1

Le Lavandou 98 -4,3 6,6 10,9

Saint-Tropez 96 -3,3 5,8 9,1

Saint-Raphaël 97 -2,2 4,1 6,3

Cannes 99 -3,1 5,2 8,3

Antibes 99 -3,8 4,2 8,0

Aéroport Nice 99 -3,5 4,7 8,2

Villefranche 100 -5,4 4,0 9,4

Menton 104 -4,1 4,6 8,7

A aucun endroit de la côte le tsunami ne sera inférieur

à six mètres (source BRGM)

Le rapport précise que :

– Les amplitudes maximales sont atteintes à la Ciotat, Toulon, sur la presqu’île de Giens, au Lavandou et près de

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Saint-Tropez. Ces mêmes secteurs sont très exposés, la surface libre y atteignant, à terre, des élévations de 8 à plus de 15 m.

Je n’invente rien, c’est à la page 109. Et tu as bien lu,

tout ce qui se situe au dessous de 15 mètres sera recouvert de flotte. Quinze mètres, la hauteur d’un immeuble de cinq étages...

Pour atteindre notre rivage, pour parcourir la distance qui sépare le rivage algérien de la Côte d’Azur, le tsunami mettra approximativement cent minutes. Cent minutes, un peu plus d’une heure et demi, plus de temps qu’il n’en faut pour se réfugier sur un promontoire rocheux ou dans un immeuble de plus de cinq étages. Enfin, si ton maire a bien voulu t’informer de l’imminence du désastre. Ce rapport a été établi et publié en décembre 2007. Et depuis cette date, rien, mais alors strictement rien, aucune information n’a été communiquée au public, aucune consigne n’a été donnée aux municipalités, aucun de nos élus locaux n’a daigné mettre en oeuvre le moindre petit plan pour préserver la sécurité et la survie des riverains. Lourde responsabilité monsieur le Maire de Toulon, si le tsunami se pointe sur votre ville avant la fin de votre mandat...

En plein mois d’août, mille personnes se bronzent au soleil sur le coup de midi sur chacune de nos plages méditerranéennes. Cent plages, fait le calcul, cela représente cent mille de nos compatriotes qui vont mourir de par la négligence coupable de nos politiciens. Et lorsque ce bouquin sera dans les bacs, ces mêmes politiciens ne pourront plus dire... nous ne savions pas. A

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moins que messieurs les présentateurs de JT et autres chroniqueurs politiques n’oublient d’en parler sur leurs antennes...

Tout au long de cet effrayant rapport, les zones à risque majeur défilent inexorablement. Il ne s’agit pas de la lubie d’un illuminé passionné de calendrier maya, mais bel et bien d’une analyse scientifique, fruit d’une intense coopération pendant plus de deux années entre nos plus éminents spécialistes, et de l’utilisation des algorithmes de simulation les plus sophistiqués.

Mais il n’y a pas que ça dans ce rapport.

Au delà du risque sismique, l’annexe 2 (page 117) va analyser les risques liés à des glissements de terrain sous-marins. Car ce risque est tout aussi préoccupant que le risque sismique. Le risque maximal de méga-glissements sous-marin se situe au niveau de la côte nord de la corse : un glissement de plus de 2.250 millions de m3 de sédiments à une profondeur de départ de 800 mètres va créer un violent tsunami qui atteindra la côte Corse en moins de 17 minutes. Il sera annoncé par un retrait de la mer de 7,3 mètres au Golfu d’Alisu, et sera suivi de 8 à 10 vagues extrêmement violentes qui pourront atteindre des hauteurs crête à creux allant jusqu’à... 15 mètres.

Sur la côte ouest de la Corse, un glissement de 4.500 millions de m3 de sédiments à partir d’une profondeur de 1.700 mètres va provoquer à son tour un tsunami qui atteindra la côte 16 à 17 minutes plus tard. Là aussi, le retrait de la mer de plus de cinq mètres sur le golfe de Chiuni sera suivi d’une succession de quatre à six

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vagues très fortes, atteignant des hauteurs crête à creux de plus de 18 mètres dans la baie de Focolara. En général, c’est la première vague qui sera la plus forte. Dans la baie de Nichiarero et dans le golfe de Girolata, c’est la cinquième vague qui sera la plus intense. Girolata, anse privilégiée de centaines de plaisanciers tout au long de nos belles soirées d’été... Sur la côte Sud-ouest de la Corse, une vague de plus de dix mètres crête à creux touchera le Capo di Feno et Tour d’Olmeto. Sur la côte Est, la Tour d’Alistro sera submergée sous plus de 6,8 mètres d’eau.

Ces glissements de terrains seront également meurtriers sur le continent. Le BRGM dans son rapport nous prédit une élévation de 4,5 mètres d’eau au cap Camarat soit une amplitude crête à creux de 8,9 mètres. Toujours en crête à creux, 3,6 mètres à Bandol, 4,6 mètres au Port d’Alon, 6,5 mètres à Port Leucate, 6,4 mètres à la Presqu’île de Giens, 5,4 mètres à Callelongue, etc...

Est-il besoin de poursuivre cette longue énumération ? Je te renvois cher lecteur au rapport intégral disponible sur le site du Plan séisme (note N°7) pour décider sereinement où passer tes prochaines vacances avec ta petite famille.

Cinquième publication : Etude de cas au niveau de la côte méditerranéenne française – Décembre 2007

Etrange...

Le rapport final de cette étude publié quelques jours seulement après le rapport intermédiaire ne mentionne plus les données catastrophiques présentes dans l’étude

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préliminaire. Ce rapport est beaucoup plus général et aucune hauteur prévisionnelle de tsunami n’y apparaît, ni en Corse, ni sur le continent, ni sur Toulon. Mystérieuse censure pour ne pas effrayer les populations ou simple oubli du rédacteur du rapport ?... Je te laisse le soin de choisir la bonne réponse. Je tiens néanmoins à ta disposition une copie du rapport précédent sur mon ordi, si des fois il venait à disparaître de la toile...

Nous ne nous étendrons donc pas sur ce rapport, mais le 7 décembre 2007, Roland Courteau, Député de l’Aude présentait pour la première fois ses conclusions au parlement. Quatre autres présentations suivront cet exposé, les compte rendus sont disponibles sur le net, sur le site du Sénat. Grand coup de chapeau au sénateur de l’Aude pour sa persévérance et son acharnement .

Première présentation au Sénat le 7 décembre 2007 : l’évaluation et la prévention du risque de tsunami sur les côtes françaises.

C’est l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques qui fut maître d’oeuvre dans l’analyse confiée au BRGM. Créé en 1983, l'OPECST a pour mission d'informer le Parlement des conséquences des choix de caractère scientifique et technologique afin d'éclairer ses décisions. A cette fin il recueille des informations, met en œuvre des programmes d'études et procède à des évaluations. Son président de l’époque Henri Revol est aujourd’hui Président du Haut

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Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire...

Seize de nos élus qui ont participé dès 2007 aux travaux de l’OPECST sur les risques tsunamis siègent à ce jour au Parlement. Ces seize personnalités de notre monde politique sont donc parfaitement informées des risques encourus par nos riverains sur la côte méditerranéenne, et ne pourront jamais dire :

– Bête, nous ne savions pas...

Tiens, je te donne leurs noms, des fois que tu n’aies glissé leur nom dans une urne lors d’une récente élection. Il s’agit de mesdames et messieurs :

• Christian BATAILLE : Député du Nord et Vice Président de

l’OPECST

• Alain CLAEYS : Député de la Vienne

• Jean Pierre DOOR : Député du Loiret

• Geneviève FIORASO : Actuelle Ministre sous le gouvernement Ayrault

• Alain GEST : Député de la Somme

• Christian KERT : Député des Bouches du Rhône

• Jean Yves Le DÉAUT : Député Meurthe et Moselle et Premier Vice Président de l’OPECST

• Bérengère POLETTI : Député des Ardennes

• Jean Louis TOURAINE : Député du Rhône

• Jean Sébastien VIALATTE : Député du Var et Vice Président de l’OPECST

• Marie Christine BLANDIN : Sénatrice du Nord et Vice Présidente du groupe écologiste.

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• Marcel Pierre CLEACH : Sénateur de la Sarthe

• Roland COURTEAU : Sénateur de l’Aude et Vice Président de l’OPECST

• Catherine PROCACCIA : Sénateur du Val de Marne

• Daniel RAOUL : Sénateur de Maine et Loire

• Bruno SIDO : Sénateur de la Haute-Marne et Actuel Président de l’OPECST

Tu noteras que madame Geneviève Fioraso, actuelle Ministre de l’Enseignement et de la Recherche était membre de l’OPECST en 2007. Cette dame membre de notre gouvernement actuel connaît donc mieux que quiconque le risque tsunamique sur notre côte méditerranéenne, risque identifié dès 2007...

Ce rapport 8 présenté au Parlement est très musclé. Cent soixante huit pages exactement. C’est un véritable cri d’alarme lancé à nos dirigeants, toutes orientations politiques confondues, face au risque encouru par les populations riveraines de la Méditerranée. A la page 8 on peut y lire :

– En raison de son éparpillement territorial, la France est particulièrement sensible au risque de tsunami. Elle a d’ailleurs mis en place le dispositif d’alerte aux tsunamis en Polynésie française dès les années 60. Après le tsunami de Sumatra, elle s’est fortement mobilisée pour l’instauration d’un système d’alerte aux tsunamis dans les trois autres bassins, et en particulier dans l’océan Indien.

8 Enregistré à la Présidence de l’Assemblée Nationale le 7 décembre 2007 et annexé au procès verbal de la séance du Sénat à la même date.

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Néanmoins, force est de constater que l’émotion passée, cette dynamique s’est rapidement essoufflée faute de volonté politique et de moyens financiers adéquats. Si la dernière réunion consacrée à la mise en place d’un dispositif d’alerte en Méditerranée et dans l’Atlantique nord a constitué une rupture par rapport à l’attentisme dans lequel la France s’était réfugiée depuis plus d’un an, aucune décision concrète n’a encore été prise et de nombreuses interrogations planent sur l’architecture du système national d’alerte aux tsunamis, sa couverture géographique et surtout les moyens qui lui seront attribués.

Dès le début de sa présentation du 7 décembre 2007, le rapporteur met en exergue le risque de tsunamis sur le bassin méditerranéen. Les sept principaux tsunamis recensés s’étagent de 1650 avant JC, jusqu’à 1908. Soit environ 3.500 années.

A l’échelle d’une vie humaine, il semblerait que nous

puissions dormir tranquilles. Mais à l’échelle géophysique... Tiens, imagines que tu sois dans le Guinness des records et que tu n’aies pas banalement trente ou cinquante ans comme tout le monde, mais bien 4,56 milliards d’années. C’est l’âge présumé de notre bonne vieille terre et tu es bien conservé pour ton âge... Et bien, sur une base d’espérance de vie actuelle de quatre vingt ans, les sept derniers tsunamis méditerranéens se sont produits au cours des 34 dernières minutes. Le dernier, il y a quelques secondes à peine. Un peu tiré par les cheveux, je te le concède...

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Date Lieu Tsunami

1 650 - Santorin Eruption du volcan Théra - Tsunami de 40 m

365 Crète Séisme de magnitude 8,5 - Tsunami de 10 m

373 Helike Séisme de magnitude 7 - Tsunami de 10 m

1 303 Rhodes Tsunami suite à séisme de magnitude 8

1 365 Alger Tsunami suite à séisme de magnitude 7

1 755 Lisbonne Séisme de magnitude 8 - Tsunami de 4 m

1 908 Messine Séisme de magnitude 7 - Ttsunami de 8 m

Les sept principaux tsunamis recensés en Méditerranée et présentés au Parlement le 7 décembre 2007

Mais cette approche montre que finalement, les

cataclysmes géologiques dans le bassin méditerranéen ne sont pas si lointains que ça. Le prochain tsunami sera-t-il dans quelques années ou quelques millénaires ? Je parierai plutôt pour la première hypothèse. Voire dans quelques heures peut-être...

La page 88 du rapport n’est guère plus rassurante :

– La forte densité de la population sur les côtes françaises à travers une importante urbanisation et l’industrialisation poussée des côtes rend ces dernières très vulnérables. Les exemples suivants sont révélateurs. En 1999, la densité de la population sur le littoral communal métropolitain était de 272 habitants par km² contre une moyenne nationale de 108 habitants par km². Localement, ces chiffres peuvent atteindre 2500 habitants par km² sur le littoral des Alpes maritimes. Ce

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département accueille près de 10 millions de touristes par an, avec des pics de 750.000 touristes par jour en été.

Les exemples de montées des flots occasionnées par des mouvements sous-marins sont nombreux, ils sont rappelés à la page 86 :

La France compte 5.800 km de côte en métropole. S’agissant de la côte française en Méditerranée, les évènements suivants ont été répertoriés :

- Le 20 juillet 1564, un séisme a entraîné une inondation à Antibes et des dégâts à Nice.

- le 4 février 1808, un flux / reflux fut observé à Marseille après un séisme.

- le 9 décembre 1818, un séisme a entraîné de violentes vagues à Antibes.

- le 23 février 1887, un séisme en mer Ligure a provoqué un retrait de la mer suivi de vagues qui sont montées jusqu'à 2 m d'altitude à Cannes et à Antibes, inondant les plages et causant des destructions matérielles.

- le 16 octobre 1979, l'effondrement d'une partie de l'aéroport de Nice a entraîné des vagues de 3 m de haut sur Antibes.

- le 21 mai 2003, le tsunami généré par le séisme de Boumerdès en Algérie de magnitude 6,8 sur l'échelle de Richter, a causé des dégâts dans certains ports français.

Ces deux derniers événements sont symptomatiques des événements qui pourraient affecter, à l'avenir, la côte d'Azur.

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D'une part, un effondrement de terrain est susceptible d'engendrer un tsunami local dont le délai de propagation serait très court. Dans le cas de l'aéroport de Nice, les travaux et l'instabilité de la zone se sont sans doute conjugués pour provoquer l'accident. De façon générale, en mer Ligure, de Fréjus à Menton pour la France, la côte est jugée instable et profonde, ce qui crée des conditions maximales de risque.

D'autre part, le contexte géodynamique de la côte méditerranéenne en fait une zone de danger. Un tremblement de terre provoquant un effondrement de terrain ou un séisme sous-marin pourrait générer un tsunami qui aggraverait l'événement. Un tel séisme pourrait se produire en mer Ligure où il existe des failles actives. Il pourrait également avoir lieu en Algérie. Ainsi, le séisme de Boumerdès s'est produit à la zone frontière entre la plaque tectonique eurasienne et la plaque africaine, dans une région où la plaque africaine bouge vers le nord-ouest contre la plaque eurasienne, à une vitesse de quelques millimètres par an. Le déplacement relatif de la plaque crée un environnement tectonique propice à des tremblements de terre de magnitudes élevées potentiellement générateurs de tsunamis de plusieurs mètres de haut, avec des délais d'alerte très courts (maximum une heure).

A la page 153 de cette présentation au Parlement on peut lire :

– En Méditerranée et dans les Caraïbes, la situation est préoccupante puisque actuellement, la France reste totalement démunie face au risque de tsunami : elle ne

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dispose pas des instruments de mesure pour les détecter, aucun plan de secours spécialisé n’a été arrêté par les services de la protection civile et faute de sensibilisation, il y a fort à parier que la population ne saurait pas réagir correctement. Pourtant, un tsunami peut survenir demain sur les côtes françaises .

Demain...

Certes, les évènements cités plus haut peuvent nous

paraître suffisamment lointains pour ne pas nous inquiéter. Mais d’autres séismes beaucoup plus récents quoique de moindre magnitude nous rappellent si besoin est que les pourtours méditerranéens représentent bel et bien un réel danger sismique, et par voie de conséquence tsunamique.

La terre a tremblé à Nice en 2001, à Menton en 2002, à Aquila (Italie) en 2009 faisant 308 victimes, au large de Toulon le 9 novembre 2010, à Murcie (Espagne) le 11 mai 2011, au large d’Ajaccio le 8 juillet 2011, à Barcelonnette le 28 février 2012 et à Guillestre le 7 janvier 2013… Pas si loin que ça.

Et malgré cela, les inconditionnels du rêve et de l’inconscience continuent de clamer à haute voix, si ça doit arriver, ce sera probablement dans quelques millions d’années...

Un évènement improbable est un évènement qui peut se produire...

Ce n’est pas Hergé qui a rédigé les lignes de cette présentation à nos élus. Ce rapport date de décembre 2007

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et fut bel et bien présenté à tous nos sénateurs et députés. Ces derniers ne pourront jamais dire qu’ils ne savaient pas… Je vis à Toulon depuis plus de douze ans et je peux t’affirmer cher lecteur, que strictement rien n’a été fait depuis ce rapport pour informer la population d’un risque de tsunami sur la région. Monsieur le Ministre de l’Intérieur, monsieur le Maire, monsieur le Préfet, et bien sûr, Monsieur le Président, ce n’est pas... correct.

Dès 2007 nos politiciens de tout bord savaient. Tous, sans exception, écologistes en tête bien sûr puisqu’ils siègent au parlement. Mais depuis cette date là, ils continuent de garder le silence, de pratiquer une impensable politique de l’autruche vis à vis de nos concitoyens au mépris le plus total des risques qu’ils leur font courir.

Tu dois être intrigué cher lecteur. Tu dois te demander si je suis sérieux, si je n’ai pas tout inventé juste pour me faire un peu de pub. Tu dois te demander s’il est possible que devant tant et tant d’énergie dépensée par nos scientifiques, aucun de nos concitoyens n’ait été informé de ce danger latent. Mais tu ne rêves pas. Tous nos élus savent, probablement tous nos journalistes aussi, et tout le monde se tait. Complaisance, peur, ou... omerta ? Va savoir.

Après la phase d’analyse rondement menée par le BRGM, l’OPECST a entamé un long processus d’information de nos parlementaires. Avec conviction, patience, acharnement, le Ministre de l’Intérieur a même

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été plusieurs fois interpellé. Mais en ce deuxième semestre 2013, soit plus de cinq ans après l’identification du risque de tsunami sur la côte méditerranéenne, for est de constater qu’aucune alerte descendante n’est opérationnelle...

Deuxième présentation au sénat le 23 juin 2009 : Les dispositifs d’alerte aux tsunamis en France et dans le monde.

La première présentation à nos parlementaires eut lieu le 7 décembre 2007. Une nouvelle présentation au sénat se tint le 23 juin 2009, soit un an et demi plus tard. Coup de chapeau à l’OPECST pour son acharnement et sa persévérance... Le volumineux rapport de 156 pages remis en cette occasion à nos parlementaires est disponible sur le site du Sénat.9 Et encore et encore, sonnette d’alarme, bilan des travaux en cours, point de la situation, mais foin d’alarme descendante vers les riverains. Lors de cette nouvelle présentation, trois points cruciaux furent abordés.

Le premier relève de la bathymétrie haute résolution qui faisait défaut dans le rapport du BRGM de décembre 2007, deux ans plus tôt.

9 http://www.senat.fr/rap/r08-546/r08-5461.pdf

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Question de Roland Courteau à la page 33 :

– Où en est-on des levés bathymétriques sur la zone des 0 à 200 mètres ? A ce niveau, on est parfois dans le flou et c’est quand même capital de connaître en détail cette zone.

Réponse de Dominique Bresson, adjoint au directeur de la stratégie, de la planification et des relations extérieures du SHOM10 :

– Évidemment, comme vous l’avez souligné dans votre rapport, une connaissance plus fine que celle issue des éléments dont on dispose, dont certains remontent parfois aux levés opérés au XIX ème siècle, non pas qu’ils aient été de mauvaise qualité, mais simplement leur densité n’est pas celle que les outils modernes permettent. Une connaissance plus fine de la bathymétrie, des fonds de 0 à 200 mètres est très souhaitable. Seulement, la France a une très vaste étendue d’espace maritime sous sa responsabilité en métropole et encore plus Outre-mer. Et donc j’allais dire que c’est petit à petit que cette connaissance peut être acquise ; des programmes comme Litto3D, permettent d’accélérer, sur les zones concernées, cette connaissance. Mais il est bien évident que beaucoup de travail reste à faire.

Monsieur Ronan Creach, chef de la cellule

Hydrodynamique côtière et chef du projet RONIM au SHOM complètera cette réponse :

10 Service Hydrographique et Océanographique de la Marine

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– La modélisation numérique au large nécessite des données bathymétriques par grands fonds. Il y a une réponse, la GEBCO (General Bathymetric Chart of the Oceans), qui est une base de données bathymétriques. Pour davantage de détail, il faut réaliser des levés bathymétriques grands fonds qui sont conduits par différents organismes en France, dont le SHOM et l’IFREMER11 : ces levés alimentent eux aussi les données sources pour la modélisation. Enfin sur le littoral qui sera lui concerné par les études de vulnérabilité, il existe aujourd’hui un trou entre les données de l’IGN et du SHOM. En effet le SHOM a historiquement travaillé pour la sécurité de la navigation dans les faibles fonds et ces levés étaient conduits à partir de vedettes. L’IGN arrêtait ses travaux au-delà des plus hautes mers astronomiques. La réponse à une cartographie continue sur le littoral est le programme Litto3D : son avancement actuel donnera une couverture complète dans une première région qui sera l’océan Indien à l’issue de 2009 mais il est nécessaire de continuer à développer la suite de ce programme avec des partenaires éventuels en Méditerranée, dans les Caraïbes et dans l’océan Atlantique.

En juin 2009, de nombreuses lacunes semblent donc toujours exister quant à la fiabilité de ces relevés bathymétriques, et donc quant à la modélisation d’un tsunami sur nos côtes, sur Toulon. Et sans modélisation précise en haute résolution, point de plan efficace de

11 Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer.

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prévention du risque tsunami, point d’alerte descendante vers les populations riveraines...

Le deuxième point relève de l’implantation de tsunamimètres dans les eaux territoriales algériennes. Comme nous l’avons déjà énoncé plus haut, si un séisme n’est jamais prévisible, un tsunami l’est... TOUJOURS. Et malheureusement le risque méditerranéen est notablement amplifié par le piètre équipement actuellement opérationnel à l’intersection des plaques africaines et eurasiennes en matière de capteurs, au large de l’Algérie.

Ceux-ci sont de trois types.

• Les tsunamimètres : Un tsunamimètre est un capteur de pression installé au large capable de détecter des vagues de très faible amplitude, soit quelques centimètres. En effet, lorsqu’une vague passe, la pression augmente en raison de l’augmentation du volume d’eau au-dessus du capteur. L’intérêt des tsunamimètres est d’enregistrer le tsunami et de prévoir le développement et l’impact des tsunamis régionaux ou lointains. Le capteur transmet ses données soit par un câble sous-marin, soit via une bouée de surface qui communique avec la terre par satellite. Le tsunamimètre est le seul appareil capable de détecter un vrai tsunami et d’en informer en temps réel un poste de commandement situé sur la côte.

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• Les marégraphes : Un marégraphe est un instrument qui mesure le niveau de la mer à un point donné. Généralement, il est situé dans un port, parfois associé à une station GPS. Cet instrument est utilisé essentiellement pour la mesure des marées. Aussi, ses données sont rarement transmises en temps réel, mais stockées et récupérées une fois par jour ou par mois. Dans la mesure où ils sont localisés sur le rivage, ils ne peuvent pas servir à l’anticipation d’un tsunami dans la zone où ils sont localisés. Pour autant, leur utilité est double. D’une part, ils font partie du dispositif d’alerte en fournissant de précieuses informations pour les pays limitrophes ou les régions et îles voisines, ainsi qu’aux services de sécurité civile qui peuvent déclencher immédiatement les secours en cas de détection de fortes vagues. D’autre part, les données mesurées, ampleur des vagues, nombre de vagues, heure d’arrivée, sont utilisées dans la reconstitution du phénomène et dans les modèles de simulation. Pour autant, leur intégration dans le dispositif d’alerte implique qu’ils soient capables de transmettre leurs données en temps réel.

• Les GPS (Global Positioning System) : Bien sûr ta voiture en est équipée. Tiens, je vais t’expliquer cher lecteur, comment fonctionne un GPS. Mais en quelques lignes rassure toi. C’est un bidule que je connais très bien, j’ai été le premier à en équiper un de mes mulets lorsque j’étais dans l’industrie automobile. C’était en 1997. Je te précise que je ne

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testais pas à l’époque le GPS sur des bourricots, un mulet c’est un véhicule de démonstration dans l’industrie automobile. En plus tu vas voir, c’est super simple à comprendre. Tu vas pouvoir frimer en société, tous tes potes en ont un et personne ne sait comment ça marche. Alors imagine. Vingt quatre satellites géostationnaires au dessus de nos têtes. Vingt six en fait, deux sont juste là en cas de panne. Ils envoient vers la terre le même signal horloge, en parfaite synchronisation. Le petit appareil dénommé GPS embarqué sur ta Clio reçoit ces signaux et calcule la différence de temps de parcours entre les signaux émis par trois satellites visibles. Et oui, plus le satellite est loin, et plus le signal mettra de temps pour arriver à ta voiture. Un simple algorithme en déduit ensuite, par analyse des trois temps d’arrivée, les latitude et longitude de ton véhicule. S’il capte quatre satellites, il peut même calculer aussi ton altitude. Le microprocesseur de ton GPS embarqué reporte alors ces données sur une cartographie intégrée à la mémoire de l’appareil. Tout simple non ? Et bien figure toi qu’un GPS solidaire de nos plaques tectoniques permet de mesurer avec une extrême précision leurs mouvements. Bon, ça tu le savais déjà, si tu as lu les pages qui précèdent. Mais plus bluffant, il permet aussi de prévoir un tsunami. Un tsunami prenant naissance en pleine mer provoque des ondes de pression dans les couches de l’atmosphère qui vont perturber le cheminement du signal horloge entre les satellites et la station GPS réceptrice. Une analyse de ces perturbations permet de mesurer la vitesse, la

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direction, et l’amplitude du tsunami, et donc de prévoir son arrivée à terre.

Et là malheureusement... la politique s’en mêle. Ou s’emmêle.

Car tu imagines bien que mettre en oeuvre, et surtout maintenir en parfait état de fonctionnement une armada de tsunamimètres, marégraphes et GPS, ça coûte une fortune. Et tu le sais peut-être comme moi, mais... nous sommes en crise.

Je te propose ami lecteur de jeter un coup d’oeil à la carte émise par notre Ministère de l’Intérieur, incluse dans la brochure Dispositif d’alerte au tsunami en Méditerranée 12 . Cette carte nous montre le niveau d’équipement des matériels de détection actuellement opérationnels sur le pourtour méditerranéen. Enfin à la date d’édition de la brochure.

Sur cette carte, un élément est très, mais alors très très grave. Tu constates que si nos côtes sont équipées de capteurs, les marégraphes et tsunamimètres au large de l’Algérie sont tous... à prévoir. Et oui, il n’y a strictement rien d’installé au large de l’Algérie pour prévenir nos baigneurs des Sablettes ou du Mourillon de l’arrivée d’une vague de 13,1 mètres.

12 Emetteur : Direction de la Défense et de la Sécurité Civiles – DSC/SDGR/Bureau des risques majeurs

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Aucun tsunamimètre n’est installé au large de l’Algérie pour nous

informer de l’arrivée du tsunami sur nos côtes.

Lors de cette deuxième présentation au Sénat en 2009, l’OPECST interpelle le gouvernement sur ce point de manière extrêmement précise.

A la page 36 :

– La mise en place de tsunamimètres et de marégraphes le long des frontières de l’Algérie et de la Tunisie a-t-elle fait l’objet d’un accord ? Est-ce que la France s’est engagée à financer ou cofinancer en partie ?

La réponse est apportée par Dominique Bresson, adjoint au directeur de la stratégie, de la planification et des relations extérieures du SHOM.

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– Dans le cadre de l’Organisation hydrographique internationale, organisation au sein de laquelle le SHOM est très actif, nous avons des relations particulièrement étroites avec les pays de l’ancienne communauté française et notamment un certain nombre de pays africains avec lesquels nous avons des accords bilatéraux soit pour exercer en leur nom des responsabilités hydrographiques et cartographiques, soit pour les amener petit à petit à construire des capacités dans ce domaine. Je sais qu’avec tous les pays du Maghreb, Maroc notamment, Algérie, c’est en cours de discussion. Il y a des accords sur ces thématiques de l’hydrographie et de la cartographie, dans lesquels je pense, l’implantation de marégraphes peut trouver à s’intégrer.

Ronan Creach, chef de la cellule Hydrodynamique Côtière, complètera cette réponse :

– Comme le CEA et le Ministère de l’Intérieur ont pu le mentionner, dans le projet de centre régional, il n’y a pas de tsunamimètre prévu. Il en faudrait trois a priori proposés par le CEA. Le projet à échéance fin 2011 ne prévoit pas l’installation de ces tsunamimètres au large des côtes nord africaines. Pour les marégraphes, nous travaillons en étroite relation avec le Maroc et la Tunisie et potentiellement un accord d’hydrographie est en vue avec l’Algérie pour les aider à mettre à niveau leurs réseaux et suivre leurs avancées.

En 2009 donc, l’Assemblée Nationale et le Sénat sont parfaitement informés et conscients de l’urgence à mettre en place un réseau de tsunamimètres dans les eaux

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territoriales algériennes. En octobre 2012, le Ministère de l’Intérieur confirmera que ces tsunamimètres sont toujours inexistants. Qu’en est-il en ce jour où tu lis ces lignes cher lecteur ? Je te suggère d’en faire la demande à ton Député préféré...

Le troisième point nous est présenté par François Schindele, expert en aléa tsunami au Commissariat à l’Energie Atomique. Il s’agit, enfin, des grandes lignes directrices du futur système d’alerte et d’information des populations civiles concernées. – L’objectif du schéma d’alerte, est d’envoyer dans les quinze minutes après un tremblement de terre le premier message aux autorités et aux autres centres nationaux et points focaux. Donc il s’agit de traiter automatiquement les données, d’analyser les résultats, de prendre une décision et d’envoyer les messages. Ensuite, l’alerte à la population (quelques minutes : ce sera dans le programme d’alerte descendante) sera effectuée. Et il restera, en cas de tsunami en provenance de la marge africaine de l’ordre de 40 à 50 minutes pour évacuer les zones menacées.

Le système va surveiller en continu, grâce aux données sismiques et marégraphiques, ainsi qu’aux tsunamimètres disponibles. Dès les deux minutes qui suivent tout événement sismique, il y aura acquisition automatique des données, analyse automatique des données avec détection des événements, localisation, calcul de la première estimation de la magnitude et, s’il y a des marégraphes à proximité, mesure de l’amplitude du tsunami. Les personnels de permanence seront prévenus par une alerte

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interne du système, environ trois minutes après le tremblement de terre et seront là d’une part pour valider les résultats mais aussi pour utiliser tous les résultats des scénarios des tsunamis qui auraient été pré-calculés ainsi que les bases de données existantes, que ce soit les bases de données sismologiques ou les bases de données tsunamis.

Les informations qui seront envoyées dans les différents messages (messages d’avis ou messages d’avertissement) sont, d’une part l’information qui concerne le séisme (localisation, magnitude, origine), d’autre part les heures théoriques d’arrivée du tsunami. Par ailleurs, des niveaux d’alerte ont été définis dans le cadre du groupe du GIC/SATANEM de l’UNESCO (Groupe Intergouvernemental de Coordination pour la mise en place du Système d’Alerte contre les Tsunamis en Atlantique du Nord-Est et en Méditerranée) . Ces niveaux d’alerte ont deux niveaux. Un niveau que l’on peut appeler orange ou niveau d’avis, et un niveau rouge qui serait plutôt un niveau d’avertissement. On aura également une carte de la hauteur maximale du tsunami attendu au large à partir du scénario le plus proche de l’événement réel. Dès que le tsunami aura atteint un marégraphe, on aura les mesures de l’amplitude, de la période du tsunami et on pourra en déduire si un tsunami a été généré, quelle est son amplitude et quelle est la menace le long des côtes de la région.

Il est incontestable que les choses avancent. Mais alors qu’il semblerait extrêmement banal de ne

plus attendre et d’informer les populations du risque latent

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de tsunami sur nos côtes, nos experts et analystes continuent... d’expertiser, et de ne rien dire aux riverains de la Méditerranée. Lorsque la mer se retirera du Mourillon, des milliers de vacanciers tout heureux iront ramasser les petits poissons barbotant dans les flaques d’eau au lieu de prendre leur jambes à leur cou et de se réfugier le plus vite possible sur les hauteurs avoisinantes.

Sur les deniers du contribuables, des centaines d’experts ont prévu une gigantesque vague de 13,1 mètres qui va s’abattre sur Toulon et ses huit réacteurs nucléaires en activité, et nos médias, nos journalistes, nos élus locaux, nos ministres, nos préfets, nos députés, nos sénateurs, nos écolos, nos Présidents de la République continuent de se taire, ne font strictement rien pour informer nos concitoyens et préserver des centaines de milliers de vies humaines.

Troisième présentation au Sénat le 7 juillet 2010 : la France est-elle préparée à un tremblement de terre ?

Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre dévaste Haïti, faisant 200.000 morts, 300.000 blessés, et laissant plus de 1.000.000 de personnes sans le moindre abri. L’OPECST décide de lancer une audition publique le 7 juillet de la même année, afin d’analyser dans le détail l’efficacité de nos système d’alerte et de gestion des séismes, tant en métropole, que dans les Antilles françaises. Bien sûr les tsunamis aux Antilles et en Méditerranée seront longuement abordés tout au long de l’audition publique. Cette rencontre donnera lieu à un

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rapport13 plutôt musclé de 272 pages qui sera une fois de plus enregistré, tant à la présidence de l’Assemblée Nationale qu’à la présidence du Sénat le 8 juillet 2010.

Imagine cher lecteur, qu’entre les analyses techniques effectuées par le BRGM et les cinq présentations à nos parlementaires, ce sont plus de 1500 pages de messages d’alertes en tous genres qui auront été communiquées à nos élus entre 2007 et 2012. Sans toujours en ce deuxième semestre 2013 la moindre alerte descendante vers les riverains de la Méditerranée...

Que nous apprend cette nouvelle présentation ?

Tout d’abord , Jean Claude Etienne, Sénateur et premier vice-président de l’OPECST, nous rappelle si besoin est, l’aspect parlementaire de l’Office qui mène depuis 2005 les investigations en matière de risque sismique et tsunamique dans notre pays :

– Je tiens à rappeler que l’OPECST est constitué de trente-six parlementaires, dix huit députés et dix-huit sénateurs choisis par chacune des assemblées sur le mode de la représentation proportionnelle des groupes politiques. C’est dire que l’Office parlementaire entend évoluer de la façon la plus regroupée à partir des pré-requis idéologiques qui peuvent habiter chacun de ses membres. Il n’en reste pas moins que cette démarche est garantie, pour chaque rapport, par un conseil scientifique ayant trait à chaque rapport, coiffé par un conseil scientifique général pour tout l’Office Parlementaire. Ce

13 http://www.senat.fr/notice-rapport/2009/r09-653-notice.html

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conseil scientifique regroupe des gens d’horizons très différents, reconnus pour leurs données particulièrement averties sur les thématiques principales qui sont regroupées en termes d’énergie, de biotechnologie, les deux pouvant d’ailleurs se regrouper, en termes également de biodiversité. Ce petit rappel semble être un gentil message adressé à nos deux assemblées, tous nos politiciens de droite comme de gauche ou écolos sont concernés par ce risque majeur de tsunami sur nos côtes méditerranéennes...

Tout au long des interventions qui vont se succéder, une particulière emphase sera apportée à l’absence totale d’information et de préparation des populations civiles sur ce risque, l’alerte descendante, ainsi qu’au risque majeur de retard dans le déclenchement du plan d’alerte, lié à l’absence de capteurs au large de l’Algérie...

Hélène Hébert, experte au CEA déclare : – La vulnérabilité des côtes croît énormément, sur les

côtes méditerranéennes en particulier, mais pas seulement. Ce qui pose la problématique de l’évacuation des plages, de la réponse à une alerte que l’on sait faire technologiquement. Cette problématique existe toujours. Actuellement, on a très peu de signalisations, de routes d’évacuation. L’éducation des populations est encore assez limitée. Il ne faut pas verser dans le catastrophisme, mais il est vrai qu’une prise de conscience minimale servirait pour un rivage tel que la Méditerranée. Nous sommes tous appelés à être touristes sur d’autres rivages, cette éducation sera efficace aussi pour toutes les côtes

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exposées. Tout cela ne doit pas occulter l’aléa pour des raisons économiques et touristiques sur des rivages très peuplés, l’été en particulier.

François Schindelé, Expert international, Département

analyse, surveillance environnement du CEA :

– Au niveau océanographique, le SHOM a déjà modernisé certaines stations. Plus d’une quinzaine sont disponibles, à ce jour, en temps réel. Le CEA reçoit déjà des données de ces stations via le centre de réception de données du SHOM. Une dizaine de stations supplémentaires seront modernisées d’ici 2012. Cinq nouveaux marégraphes seront installés : trois en Corse et deux le long de la Mer Ligure, à des endroits où il manquait des stations pour détecter rapidement les vagues du tsunami. Deux des nouvelles stations seront d’ailleurs déjà installées en 2010.

En ce qui concerne les autres pays, l’Espagne, l’Italie, le Portugal se sont engagés à moderniser également leur réseau marégraphique. Une partie des données est déjà disponible sur un site mis en place par l’UNESCO. Il devrait y avoir de l’ordre de 80 stations disponibles d’ici 2012. Par contre, le long de la marge nord-africaine, les pays n’ont pas encore pris de décision. Il manque en tout cas l’information concernant les stations existantes. Il faut surtout savoir si les données seront disponibles d’ici 2012 pour permettre de détecter et d’observer le tsunami au plus vite en cas de génération de tsunami le long de ces côtes.

La partie côtière de Menton sera plusieurs fois mentionnée comme zone à fort risque de séisme en mer,

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avec grosse probabilité d’occurrence d’un tsunami induit. Le 23 Février 1887 la côte Ligure, entre Menton et Imperia, était frappée par un séisme qui fut la catastrophe naturelle la plus importante qu’ait connue la Riviera. Ce séisme a provoqué la mort de plus de 600 personnes, plusieurs centaines de blessés et des destructions importantes dans de nombreux villages de l’arrière-pays. Il fut aussi à l’origine d’un tsunami ressenti de Cannes à Gênes avec des vagues atteignant deux mètres par endroit.

François Schindelé reprend: – Le long de la côte proche de Menton ou de Monaco,

dans le scénario envisagé, l’alerte serait traitée de la même façon. Ce serait une magnitude entre 6.0 et 6.2, peut-être un peu supérieure. Mais c’est essentiellement à ce niveau de magnitude maximal auquel on s’attend. On serait au niveau Regional Tsunami Advisory, avis de tsunami au niveau régional.

Vous avez ici la carte régionale de temps d’arrivée du tsunami généré en face de Menton. Les côtes qui seraient affectées en moins de 15 minutes concernent toute la zone hachurée sur la figure. La Corse serait atteinte entre 15 et 20 minutes. Les premiers marégraphes situés dans la région détecteraient les vagues en 10 à 15 minutes en fonction de la localisation de l’épicentre et de celle du premier marégraphe. On aurait dans certains cas une information du tsunami.

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Temps d’arrivée d’un tsunami prenant naissance au large de

Menton (source CEA - ndlr : la rade de Toulon serait atteinte en 20 minutes)

Dans d’autres cas, on enverrait un premier message

d’alerte avec seulement les informations du tremblement de terre.

Il faut savoir que les zones les plus proches sont les zones qui seront les plus touchées par le tsunami. Dans ce cas, le message arrivant après la vague, c’est la composante de prévention, d’éducation et de préparation qui est primordiale pour les zones proches de l’épicentre. Il s’agit de mettre en place en parallèle de toutes les composantes technologiques et scientifiques, une composante éducation qui est indispensable pour les zones

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portuaires, les plages, les estuaires qui sont les zones les plus sensibles au risque tsunami. Il faut que les gens sachent quoi faire s’ils ressentent un tremblement de terre ou s’ils voient la mer se retirer rapidement, pour qu’ils puissent réagir correctement.

Si on prend à nouveau l’événement de 1887, on s’attendrait à un même niveau de run-up, donc d’inondation. Les montées du niveau de la mer dans certains endroits pourraient atteindre jusqu’à deux mètres. Vous voyez que certaines plages seraient totalement inondées. Il s’agira d’évacuer, si cet événement se passe le 15 août à 15 heures, quelques centaines de milliers de personnes ou même plus en quelques minutes, ou quelques dizaines de minutes pour les localisations plus lointaines comme en Corse ou le long de la Côte d’Azur.

Les zones touchées par ce type d’événement sont les ports, les estuaires, les plages. On s’attend à très peu d’inondations supplémentaires, sauf si le séisme générait un effondrement sous-marin. Localement, dans la région de l’épicentre, ou très proche de l’épicentre, on pourrait avoir à certains endroits des run-up un peu plus importants, qui monteraient à plusieurs mètres d’altitude.

Nouvelle interrogation de Roland Courteau concernant

l’alerte aux populations : – Vous nous avez expliqué l’alerte montante : on alerte les autorités. Où en est-on de l’alerte descendante, c’est-à-dire des autorités vers les populations ? Vous avez parlé de sensibilisation, d’information, à la limite même d’éducation dans les écoles. C’est essentiel surtout dès

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lors que vous nous dites que dans certains cas, c’est moins de 15 minutes.

La réponse sera apportée par Emilie Crochet de la Sécurité Civile : – C’est un deuxième projet qui a démarré en janvier 2010, qui est le projet ALDES, Alerte Descendante. Ce projet est mené avec le CEA, le BRGM, le SHOM et l’IGN, dans lequel nous allons travailler sur trois zones, trois sites pilotes. • Languedoc-Roussillon • Toulon, Provence, Marseille • PACA

Sur les zones Languedoc-Roussillon et Toulon Provence, nous faisons des levées topographiques et bathymétriques, afin d’avoir un produit mis en 3D. C’est un produit qui donne une carte continue de la terre jusque dans les fonds, jusque dans les modélisations que font le CEA ou le BRGM entre autres. Le souci de cette tranche est qu’elle est très proche de la côte et elle est très importante pour modéliser les tsunamis, puisque c’est en approchant la côte que le tsunami va vraiment s’amplifier, déferler ou non.

Ce premier projet se terminera début 2012. Parmi ces trois sites pilotes, on va choisir un site qu’on appelle le site démonstrateur, sur lequel on va vraiment suivre le système du début à la fin : à partir du moment où on reçoit ce message d’alerte, il s’agit de voir comment on le traite, et comment on le dissémine à la population. On va étudier toute la partie sur les systèmes d’alerte à utiliser, quels moyens, ceux existants, ceux qu’on pourrait mettre en

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place. Autour de cela, on va aussi travailler sur tout ce qui concerne les plans de secours : les dispositions spécifiques ORSEC séisme, ainsi que la mise en place des plans communaux de sauvegarde. C’est vraiment un projet global sur un démonstrateur. Parallèlement à cela, il y a le SAIT qui est la rénovation du système d’alerte. C’est un projet qui a démarré depuis deux ans maintenant, qui devrait se terminer fin 2011, début 2012. Ils ont fait un inventaire complet de toutes les sirènes qui existent, sirènes des usines, sirènes privées. Ils sont en train de travailler sur tous les systèmes d’alerte qu’on pourrait mettre en place : le self broadcast, les panneaux à messages variables, les automates d’appels. Pour chaque système, ils étudient les avantages et les inconvénients. Il s’agit de voir quel système sera intéressant à déployer ou pas par rapport aux risques à traiter. Ces deux projets complémentaires font vraiment osmose sur cette partie alerte descendante vers les populations.

Au 7 juillet 2010, le monde scientifique est unanime

pour accepter l’éventualité d’un risque majeur de tsunami sur nos côtes. Et nos politiciens refusent toujours d’en informer les populations... Nous sommes en 2013. La simple recommandation, si la mer se retire, prenez vos jambes à votre cou et montez le plus haut possible, n’est toujours pas communiquée aux riverains et baigneurs sur nos plages, n’est pas enseignée dans nos écoles. Cette négligence est criminelle et... coupable. Et lorsque je parle de tsunami sur nos côtes à mes proches ou amis, je continue de faire rigoler...

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Monsieur Patrice Dallem, Directeur de l’urgence et du secourisme de la Croix Rouge, fera une intervention très remarquée, en listant les dommages structurels et humains attendus lors d’un fort séisme sur notre territoire. Ces remarques s’appliquent en grande partie à l’arrivée d’un tsunami sur nos côtes.

– La France est-elle prête ? Quelle France ? De quoi parlons-nous ? Nous parlons des services de l’Etat, de la population. J’ai envie de parler de tout en même temps. La France est d’abord une Nation. C’est une population. C’est l’aspect sociétal qui m’intéresse. Je vais enfoncer des portes ouvertes par rapport à ce qui a été dit aujourd’hui. Vous allez dire que je radote, que je répète, mais j’aimerais l’aborder sous un autre angle.

Que se passe-t-il lors d’un séisme ? Des populations sont touchées. Avant tout, le séisme touche la population. Je voudrais qu’on l’aborde sous cet angle. Il y a des morts. Des morts, oui, mais des morgues ? Que fait-on des cadavres? Qui les identifie ? Un mort doit être identifié. Il faut mettre une logistique autour. Il faut « stocker » le mort. Il ne faut pas qu’il se désintègre. Derrière, pour la population, il y a du deuil. Le mort, c’est d’abord le deuil et les familles, ce sont les proches, c’est une catastrophe où tout le monde est bouleversé. Il y a des blessés. C’est l’inquiétude, le désarroi. Qui va les prendre en charge? On sait que les hôpitaux seront peut-être détruits. En tout cas, il faut prendre les blessés en charge. On les évacue? On les traite sur place? Y a-t-il des médecins compétents? Donne-t-on des médicaments ? A-t-on ce qu’il faut pour les soigner? Je pose simplement des questions. Je ne suis pas chargé des secours publics en France. Je suis chargé

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d’apporter un soutien à la population. Des gens vont être bloqués, sont sous les décombres. Là encore, inquiétudes de la famille, le stress, l’angoisse, les cris, les hurlements, le désespoir. Là encore, il faut agir.

Les sans-abri : des milliers de personnes dans la rue. Il fait chaud, il fait froid, il gèle. Que fait-on de ces personnes? Comment les couvrir ? Comment les habiller? Comment prendre soin d’elles ? Aujourd’hui, ce sont encore des questions qui restent posées. Les enfants seuls, les orphelins, qu’en fait-on ? Je pose encore des questions. [...] Tremblement de terre, grosses crues, peut-être des pluies, des ruptures de digues qui viennent aggraver la situation. Là encore je pose des questions. Donc des familles, des hommes, des femmes, des enfants qui sont victimes. Tremblement de terre, gaz, incendie forcément. Les pompiers sont-ils encore opérationnels sur le terrain? Ont-ils encore les moyens d’éteindre les incendies. Je pose encore des questions. Les voies de communication: elles sont coupées, elles ne sont pas coupées. Il y a des moyens d’accès.

A l’Aquila, heureusement, une voie autoroutière a été dégagée. Tout le reste était bloqué, mais il y avait un boulevard pour amener les secours. Cela s’est fait vite et bien. Les Italiens ont bien travaillé. La chance est qu’il restait une voie accessible. Les routes, les voies ferrées, les aéroports, les fleuves, les rivières ?

La mer, un tsunami, des bateaux échoués partout, des gens sinistrés. Là encore je pose des questions. L’énergie: on va rétablir l’énergie. Y en a-t-il encore? Pour combien de temps est-on dans le noir ? C’est l’hiver, on a froid, il n’y a plus de gaz, il n’y a plus rien. Comment faire?

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Même ceux qui peuvent encore habiter leurs maisons, comment vont-ils se chauffer ? Ce n’était pas prévu. On n’a pas fait de réserves. On n’est pas préparé à un séisme. Il n’avertit pas. Aujourd’hui, que fait-on ? L’eau : y a-t-il encore de l’eau ou pas ? Il va falloir en amener, la rendre potable, il va falloir mettre les moyens en oeuvre. Ce ne sont que des questions que je pose.

Il ne faut pas considérer que le sinistre lui-même. Il n’y a pas que le site. Il y a l’amont. Que se passe-t-il ? Les avions sont bloqués, les gens attendent dans les aéroports : qu’en fait-on? Ceux qui sont bloqués dans les trains en rase campagne: qu’en fait-on ? Ceux qui sont naufragés de la route, qui sont bloqués parce que tout est bloqué, des milliers de gens sur la route dans des embouteillages inextricables: comment prendre soin d’eux ? Là encore je pose des questions. Les conditions sanitaires : les égouts sont rompus. Il n’y a plus de colonnes. Comment faire face éventuellement à l’hygiène ? J’ai parlé des conditions climatiques. Il fait très chaud comme en ce moment, c’est la canicule. Imaginons ce qu’il se passe aujourd’hui. Imaginons qu’il gèle.

La compréhension de la situation par les populations : Tenons-nous compte des us et coutumes? Des centaines de communautés différentes vivent en France. Certains étrangers ne parlent pas français. Des Français ne savent ni lire ni écrire. Ils sont incapables de lire un message d’alerte. Ils ne sont d’ailleurs pas capables de le comprendre. Imaginez que la sirène se déclenche en ce moment. Croyez-vous que les gens vont déserter les terrasses et cesser de boire leur apéritif ? Bien sûr que non. Ils se demanderont ce qui se passe. Quelques-uns

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diront qu’il vaut mieux rentrer et s’enfermer. Combien vont le dire et entraîner les autres avec eux ? Très peu.

Donc, aujourd’hui, personne n’est prêt. Est-ce que la France est prête ? J’ai tendance à dire non. On est vraiment très loin d’être prêt. Tout ce qui a été exposé tout à l’heure est très autocentré. On est sur l’Etat et ses prérogatives, avec tout ce qui est régalien. Parle-t-on d’associer le monde associatif ou la population elle-même à la gestion de crise ? Depuis 2004, la loi de sécurité civile dit que le citoyen est acteur de sa propre sécurité. Cela fait six ans que la loi est passée. Je fais remarquer que depuis six ans, il n’y a toujours pas de décret d’application de cette loi. Cherchez l’erreur.

J’ai le sentiment aussi que la population continue à croire que l’Etat veille sur elle, qu’il faut dormir tranquille et qu’il l’aidera. Il est temps aujourd’hui de rentrer dans la rupture par rapport à ce langage qui a tendance à endormir nos concitoyens, et il est temps de les réveiller durement. Arrêtons de délirer.

Quand les secours publics s’imaginent qu’ils vont entrer en oeuvre pour sauver la population, il faut se demander, dans le cas d’un séisme, si on a encore du matériel, des hommes. Les hommes sont-ils valides ? Je ne parle pas forcément physiquement, mais psychologiquement. Sont-ils victimes ? Ne sont-ils pas préoccupés par ce qui arrive à leur femme et à leurs enfants ? Eux mêmes ne sont-ils pas sinistrés ? Peut-on compter sur eux ?...

Discours émouvant. Merci monsieur Dallem, vous avez

dit tout haut, ce que je pensais tout bas. Messieurs les

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journalistes et chroniqueurs, qu’en pensez-vous ? Allez-vous un jour enfin vous réveiller...

Quatrième présentation au Sénat le 11 octobre 2011 : Centre d’alerte aux tsunamis en Méditerranée.

Une nouvelle année s’est écoulée... l’OPECST décide à nouveau d’interpeller le gouvernement au Sénat. Je te fais un copier coller de la demande formulée auprès du ministre de l’Intérieur de l’époque par Roland Courteau14 .

– Madame la Ministre, je souhaite rappeler à Monsieur le Ministre de l’Intérieur que, conformément aux préconisations que j’avais formulées dans le cadre des travaux de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques, et développées dans mon rapport n° 117 intitulé « L’évaluation et la prévention du risque du tsunami sur les côtes françaises en métropole et outre-mer », qui montre un risque certain et une impréparation manifeste, le Centre National d’Alerte aux Tsunamis, le CENALT, couvrant la zone allant des Açores, dans l’Atlantique Nord, jusqu’à la Sicile, en Méditerranée, devrait être opérationnel en juillet 2012. Le CENALT devrait ainsi s’appuyer sur le système d’alerte et d’information des populations, lequel est d’ailleurs, me semble-t-il, en cours de réalisation. À toutes fins utiles, je rappelle une fois encore que, lors du seul XXème siècle, on a dénombré quelque quatre-vingt-dix tsunamis en Méditerranée, dont deux très meurtriers en Méditerranée

14 http://www.senat.fr/seances/s201110/s20111011/s20111011.pdf - page 6572

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occidentale : en 1908 à Messine, 35 000 morts, et en 1979 à Antibes, en plein mois d’octobre.

Même si de tels phénomènes n’ont pas la même ampleur que ceux du Pacifique ou de l’océan Indien, le risque est bien réel. J’appelle l’attention du Ministère sur le fait que le plus grand obstacle réside dans la rapidité de la propagation de l’onde du tsunami associée à la dimension réduite de la Méditerranée. Ainsi, le temps disponible pour la mise en sécurité des personnes sera toujours très court.

Or je souhaite le rappeler ici, les rivages méditerranéens français, qui s’étirent sur 1960 kilomètres, présentent un ensemble de côtes basses sablonneuses, notamment en Languedoc-Roussillon ainsi que sur la côte Est de la Corse, dont la largeur de la bande côtière située à moins de six mètres d’altitude varie de cinq cents mètres à deux kilomètres, tandis que la courbe de niveau des douze mètres peut se situer bien loin du rivage. Par ailleurs, les cordons littoraux sont eux aussi exposés aux effets d’un éventuel tsunami d’une certaine ampleur : je pense plus particulièrement au bassin de Thau ou à l’étang de Leucate. Enfin, d’autres rivages comme la Camargue se caractérisent par une extrême platitude à des altitudes à peine positives.

Ainsi, fuir ces lieux en cas de tsunami implique de parcourir de longues distances afin de se réfugier dans des endroits hors d’atteinte de la montée des eaux. Madame la ministre, a-t-on réfléchi à ce problème très précis ?

Je précise également, et c’est ma seconde préoccupation, que l’urbanisation littorale se trouverait dans bien des secteurs en situation difficile. Or le littoral

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méditerranéen est l’une des régions les plus peuplées. De plus, durant les mois d’été, l’augmentation de la population atteint jusqu’à 75 %, voire 150 % en certains lieux. Cette importante concentration humaine au contact des vagues est donc inédite dans l’histoire de nos régions où l’on note bien souvent une absence de culture du risque.

C’est la raison pour laquelle je vous rappelle que, concomitamment à la mise en place d’un centre d’alerte, j’avais formulé plusieurs autres préconisations dans mon rapport : - Sensibiliser régulièrement la population, - Impliquer les élus locaux, les autorités portuaires et les

professionnels du tourisme, - Mettre en place des campagnes de sensibilisation, - Intégrer l’éducation aux risques naturels dans les

programmes scolaires, - Expérimenter la gestion de l’alerte aux tsunamis en

coopération avec les collectivités territoriales concernées,

- Réaliser des exercices d’entraînement pour tester l’efficacité du dispositif d’alerte,

- Evaluer la nécessité d’installer des sirènes ou des zones refuges, selon la vulnérabilité des côtes.

Je souhaiterais donc savoir si, dans la phase de préparation du projet relatif à l’alerte descendante, le Gouvernement entend tenir le plus grand compte de ces préconisations et s’il est en mesure de faire un point précis sur l’avancement de ce projet.

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Réponse de Madame Marie-Luce Penchard, Ministre auprès du Ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l'Immigration, chargée de l'Outre-mer :

– Monsieur le sénateur, permettez-moi de vous répondre à la demande de Claude Guéant, qui n’a pu être présent ce matin. Conscient du risque que représente un tsunami et tout particulièrement dans une zone comme la Méditerranée où, comme vous le soulignez à juste titre, la rapidité de propagation, la dimension réduite ainsi que l’urbanisation littorale rendent la situation d’autant plus délicate, le Gouvernement porte une attention particulière aux risques climatiques et à l’avertissement de la population.

A la suite de l’engagement pris par la France auprès du groupe intergouvernemental de coordination du système d’alerte aux tsunamis de l’Atlantique Nord-est et de la Méditerranée, le GIC-SATANEM, le ministère de l’Ecologie et le ministère de l’Intérieur ont confié au Commissariat à l’Energie Atomique la mission de surveillance et d’alerte aux tsunamis pour l’Atlantique Nord-est et la Méditerranée. Dans ce but, un centre national d’alerte aux tsunamis pour l’Atlantique Nord-est et la Méditerranée, le CRATANEM, à vocation régionale pour la Méditerranée occidentale, doit être opérationnel début 2012. Ce centre a vocation à agir en direction de la population pour la mise en place de vecteurs de diffusion des messages d’alerte appropriés et une reconnaissance de l’alerte par les populations, via une sensibilisation.

Ainsi le choix des vecteurs d’alerte – sirènes, téléphonie

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mobile, panneaux à messages – est-il réalisé en tenant compte des risques encourus, de leur intensité, de leur cinétique. Sur la bande littorale, le système d’alerte des populations prévoit la mise en réseau des vecteurs existants et le comblement de lacunes sur certains territoires, et ce à compter de 2013. Les études relatives à la création de ce dispositif d’alerte descendante pour le littoral de la Méditerranée ont d'ores et déjà été budgétées à hauteur de 850.000 euros pour l’exercice 2010-2011 et un complément budgétaire sera recherché si nécessaire pour finaliser cette étude en 2012.

Je note votre intérêt et votre engagement pour ce projet ainsi que vos préconisations. Je peux vous assurer que cet outil sera doté des meilleures technologies et disposera d’une véritable souplesse. Ces deux éléments permettront de déterminer rapidement et précisément la zone d’alerte. Le Président de la République lui-même a affirmé son attachement à cet outil lors du cent dix-huitième congrès de la fédération nationale des sapeurs-pompiers à Nantes, le 24 septembre dernier :

– Je veux également évoquer un outil qui me tient particulièrement à coeur, le futur système d’alerte des populations, parce que c’est vraiment le coeur de votre métier. […] C’est le devoir de la société de mettre en oeuvre ce système .

Mais ce système d’alerte, monsieur le sénateur, ne serait pas efficace sans la sensibilisation et l’éducation de la population aux risques et missions des services de secours. La sécurité civile, avec ses partenaires, y consacre une part considérable de son activité, notamment

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à destination des élèves, puisque c’est une exigence légale en vertu de l’article L.312-13-1 du code de l’éducation.

Des supports de sensibilisation sont régulièrement diffusés lors d’actions de communication, c'est-à-dire lors de la journée de la sécurité intérieure, du salon des maires et du salon de l’éducation, par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises et les préfectures. Celles-ci constituent à cet égard un relais de première importance dans la diffusion de la culture des risques.

M. Roland Courteau : – Madame la Ministre, je vous remercie des précisions

que vous m’avez apportées. Dès lors que le CRATANEM doit être opérationnel très prochainement, il me paraissait nécessaire qu’un point puisse être fait sur le travail de préparation de ce que nous appelons le projet ALDES ou alerte descendante, à destination des populations. En fait, la mise en place d’un centre d’alerte capable d’émettre vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept un message indiquant la survenue d’un séisme ou d’un glissement de terrain sous-marin susceptible d’avoir généré un tsunami ne constitue que la première brique de l’architecture d’un dispositif d’alerte efficace. Il faut également que le dit message parvienne aux autorités compétentes et que ces dernières sachent parfaitement ce qu’elles ont à faire à tous les échelons et surtout auprès des populations. Aucune place ne peut être laissée à l’improvisation.

Je reste persuadé qu’il ne faut pas parier, comme c’est le cas de certains, sur la rareté du phénomène et prendre ce

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prétexte pour ne pas être très exigeant dans la mise en oeuvre de cette phase essentielle. Bien imprudents seraient ceux qui feraient un tel calcul, car, même si les tsunamis sont des phénomènes rares, ils n’en sont pas moins terriblement dévastateurs.

Cette intervention au Sénat le 11 octobre 2011 du

Ministère de l’Intérieure nous rappelle l’existence du projet d’alerte descendante toujours en cours, le projet ALDES, et porte à la connaissance du public la mise en oeuvre d’un centre national d’alerte aux tsunamis, le CRATANEM.

Septembre 2013, je rédige ces lignes. Toujours aucune

alerte descendante opérationnelle sur Toulon...

Conférence sous l’égide de l’UNESCO le 22 octobre 2011 à Santander.

Le GIC-SATANEM s’est réuni les 22-24 octobre 2011 sous l’égide de l’UNESCO à Santander en Espagne, pour faire un point d’avancement sur ses travaux de mise en oeuvre d’un plan d’alerte aux tsunamis. Je te livre un extrait du compte rendu de cette rencontre :

– « La 8e session du groupe inter-gouvernemental de coordination sur le système d'alerte aux tsunami en Atlantique Nord Est et Méditerranée (ICG NEAMTWS) s'est tenue à Santander, Espagne du 22 au 24 novembre 2011 sous l'égide de l'UNESCO. Séismologues,

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modélisateurs, experts en marégraphie, acteurs de la sécurité civile et représentants des ministères s'y sont côtoyés afin de poursuivre la coopération internationale autour de l'alerte aux tsunamis dans le bassin méditerranéen et l'Atlantique nord est. Ces zones sismiques sont en effet concernées par ce risque comme en témoignent les inventaires historiques réalisés et les dégâts humains et matériels recensés au cours des premières études.

Principaux séismes tsunamigènes en Atlantique Nord-Est et Méditerranée occidentale. La zone ombrée correspond aux zones

sismiques tsunamigènes (source CEA)

Au cours du processus de génération d'un message d'alerte, alerte montante, les données de hauteur d'eau issues des marégraphes et transmises en temps réel sont cruciales afin de confirmer la génération puis les temps d'arrivée d'un tsunami à la côte. Ces mesures permettront

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en effet, lors d'un évènement sismique ou gravitaire, de détecter les premiers signes d'arrivée de la vague sur les côtes, et de préciser ses caractéristiques physiques (heure d'arrivée, amplitude, période). Ultérieurement, elles serviront également à la validation des modèles de propagation des tsunamis sur lesquelles les premières estimations et prévisions sont basées.

Le SHOM était présent sur place afin de rendre compte des actions réalisées en France dans ce domaine : notamment l'installation de 5 nouveaux marégraphes en Méditerranée sur les sites les plus exposés (Corse et Côte d'azur) ainsi que le passage à une transmission en temps réel pour l'ensemble des marégraphes RONIM existant.

Lors des différents ateliers, l'accent a été mis sur la criticité des transmissions en temps réel des marégraphes. Dans ce domaine, le SHOM fait figure de référence et apporte, entre autres, son expertise sur le codage des transmissions par satellite des données de hauteurs d'eau vers le système mondial de télécommunication de l'organisation météorologique mondiale.

La communauté a reçu très positivement l'effort apporté sur la formation des futurs opérateurs du centre d'alerte, sur la marée et la technologie des marégraphes, afin d'assurer de leur part une meilleure interprétation possible des signaux marégraphiques.

Enfin, la coordination internationale nécessaire au fonctionnement de l'alerte à l'échelle d'un bassin maritime, encourage et permet la mise en place d'une collaboration étroite entre la France et ses pays voisins (Espagne, Italie) notamment sur l'échange des données marégraphiques

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temps réel. Le centre national d'alerte aux tsunamis (CENALT) hébergé par le commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) sur le site de Bruyères-le-Châtel prévoit d'être opérationnel dès juillet 2012 après une période d'essai de près de 6 mois. »

Une simulation du temps d’arrivée du tsunami généré le 21 mai 2003 par un séisme au Nord de l’Algérie fut présentée lors de la rencontre. Soixante dix minutes entre l’épicentre et Toulon... Soixante dix minutes pour évacuer des dizaines de milliers de vacanciers sur nos plages en plein mois d’août, soixante dix minutes pour alerter et évacuer en pleine nuit des dizaines de milliers de riverains endormis dans leur foyers.

Incroyable, et effrayant.

Jette un coup d’oeil (page suivante) au diagramme présenté lors de la conférence.

Si cher lecteur, tu es toujours sceptique quant à l’éventualité d’un super tsunami sur Saint Mandrier, je te suggère de ne pas aller plus loin dans la lecture de cet ouvrage. Promis juré, tu le gardes pour en faire du feu, et je te le rembourse. Si par contre tu décides d’aller jusqu’au bout du bouquin, je vais te donner quelques informations sur le système d’alerte concocté par la Direction de la Sécurité Civile pour sauver ta peau. Bien sûr ce système d’alerte doit être classé Secret Défense (mdr), aucun civil n’en a jamais entendu parler.

Mais David Pujadas le présentera peut-être un jour au JT de vingt heures...

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Simulation des temps d’arrivée du tsunami généré par le séisme du 21 mai 2003 au nord de l’Algérie (source CEA)

Ce système d’alerte s’appelle CENALT, Centre national d’Alerte aux Tsunamis. Créé par le CEA en partenariat avec le SHOM et le CNRS, il est opérationnel depuis le 1er juillet 2012.

Les objectifs opérationnels du centre d’alerte sont au nombre de trois :

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1. Alerter dans les 15 minutes qui suivent un évènement sismique potentiellement tsunamigène les autorités de sécurité civile française en donnant les paramètres de l’évènement.

2. Informer dans le même délais, en tant que centre à vocation régionale, les centres d’alertes nationaux et régionaux étrangers.

3. Confirmer ou infirmer l’occurrence éventuelle d’un tsunami dans les 20 minutes suivantes.

Un système d’alerte beaucoup trop lourd : jamais les populations

civiles ne seront alertées à temps.

Le projet CRATANEM est bien sûr au coeur de ce processus.

Et je reste un peu sceptique...

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Car imaginer que tout va fonctionner parfaitement, même durant un réveillon de jour de l’an ou un 15 août, et que les populations locales seront informées de l’imminence du danger dans un délai compatible avec leur évacuation, j’ai des doutes.

Calcule toi-même.

Dans les 15 minutes, la Sécurité Civile est informée. Dans les 20 minutes qui suivent, le tsunami est confirmé. Le tsunami qui se rapproche de la rade de Toulon à plus de 400 km/h et qui sera là 90 minutes au plus après le séisme...

Restent donc 90 – 20 – 15 = 55 minutes pour communiquer l’alerte aux populations et procéder à l’évacuation en bon ordre de centaines de milliers de personnes.

C’est totalement irréaliste. Surtout sur les coups de trois heures du matin lorsque tu fais des galipettes avec madame sous la couette. Le seul processus viable serait un automatisme intégral qui déclenche sans intervention humaine une alerte aux populations. Via SMS, sirènes à tonalité spécifique, à savoir tonalité différente d’une alerte nucléaire pour l’agglomération de Toulon, foyers lumineux intenses la nuit telles les bombes au magnésium utilisées par l’armée pour réveiller les populations, et ce dans un délai de une à deux minutes après le séisme.

Ah oui, je te précise un truc cher lecteur toulonnais, et mon bouquin qui sait, te sauvera peut-être un jour la vie : le PPI, le Plan Particulier d’Intervention de la ville de Toulon te demande de te calfeutrer chez toi si les sirènes retentissent.

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Le séisme annoncé... en face de Toulon

Bon.

Seulement voilà, si c’est un tsunami qui s’amène, il faut faire exactement le contraire.

Si tu vis près de la côte et à moins de quinze mètres d’altitude, disons vingt mètres par sécurité donc au dessous d’un cinquième étage, surtout abandonne les lieux où tu te trouves et monte le plus haut possible. Les sirènes actuelles ne différencient pas tsunami, d’alerte nucléaire. Donc si le tsunami devait se pointer demain, il est fort probable que les rares personnes ayant eu connaissance du

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PPI ne se barricadent chez elles, se condamnant ainsi immanquablement... à une mort certaine.

Si le CENALT existe, le plan d’alerte aux tsunamis quant à lui n’existe toujours pas.

Mais il avance. Il sera peut-être même bientôt opérationnel. Le 10 août 2011, toujours sous l’égide de l’Unesco, se déroulait avec succès le premier test du système d’alerte pour la Méditerranée. Dans l’indifférence la plus totale, aucun média n’en parla, il y avait l’affaire DSK…

Probablement par le fait du plus grand des hasards, en octobre 2011, Météo France mettait en place une nouvelle vigilance intitulée vagues submersions. Cette vigilance donna naissance à un nouveau pictogramme sur ses cartes. Météo France motivait cette initiative, fort louable au demeurant, par l’approche des grandes marées...

Or,

La carte explicative présentée au public en cette occasion fut assez curieuse. Les zones de fortes immersions représentées sur la carte étaient en rouge. On aurait pu imaginer pour cet outil pédagogique, des zones rouges du côté de la Vendée ou de la Charente-Maritime, là où la tempête Xynthia fit 59 morts en mars 2010.

Mais non, les zones rouges de forte immersion étaient positionnées... sur le littoral méditerranéen. Et plus particulièrement dans les parages de Toulon et sur la côte Sud Ouest de la Corse. Curieux hasard. Il est vrai que la

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Méditerranée est bien connues pour ses grandes marées toujours dévastatrices...

Les vagues submersion de Météo France ne sont pas sur la Vendée mais... sur la Méditerranée !

Cinquième présentation au sénat le 18 octobre 2012 : tsunamis sur les côtes françaises.

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Au 18 octobre 2012, le France a changé de couleur politique. Mais la détection du futur tsunami au large des côtes algériennes reste toujours aussi préoccupante. Car totalement inexistante. Le gouvernement précédent a certes mis en place une alerte ascendante efficace entre 2007 et 2012, mais l’installation dans les eaux territoriales algériennes des tsunamimètres reste à faire pour finaliser notre système d’alerte. La tension se détend entre la France et l’Algérie et notre ministre de l’Intérieur Manuel Valls est interpellé sur ce sujet lors de la cinquième présentation de l’OPECST au Sénat. Je te livre cher lecteur la réponse apportée par Madame George Pau-Langevin, ministre déléguée auprès du ministre de l’Education Nationale, chargée de la réussite éducative (si tu vois le rapport avec les tsunamis tu m’expliques...). Madame la Ministre intervint au nom du Ministre de l’Intérieur, l’emploi du temps de monsieur Valls ne lui ayant pas permis de se libérer ce jour là...

– Le système d’alerte montante, sur lequel vous m’avez demandé des précisions, s’appuie sur deux réseaux : le réseau sismologique et le réseau marégraphique. Le réseau sismologique comprend en France 70 stations dites temps réel appartenant au CEA et au CNRS, auxquelles s’ajoutent celles du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie, de la Tunisie et de l’Allemagne. Le réseau complet relie une centaine de stations. S’agissant du réseau marégraphique, le SHOM a modernisé le long des côtes françaises 26 stations en leur ajoutant une transmission temps réel, et a installé cinq nouvelles stations, trois en Corse et deux entre Toulon et Nice. Les données des trente et unes stations sont transmises au CENALT en continu, chaque

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seconde. Des conventions sont en cours avec l’Italie et l’Espagne.

Donc merci monsieur Sarkozy pour le gigantesque travail effectué, mais en ce 18 octobre 2012, aucune station, ni sismologique, ni marégraphique, et encore moins de tsunamimètres, installés et opérationnels le long des côtes algériennes. Monsieur Hollande va donc devoir prendre le relais.

Car c’est bien là que se situe le foyer à risque le plus important identifié par le BRGM dès 2007. Le tsunami mettra 90 minutes pour atteindre nos côtes. Ce temps dérisoire pour informer les populations de l’arrivée de la gigantesque vague de 13,1 mètres et permettre leur évacuation ne peut être amputé d’une seule seconde pour des raisons purement politiques ou budgétaires. Notre pays sait donner de magnifiques exemples d’aide et de soutien humanitaire à toutes ces populations qui vivent dans la faim, la misère, ou sous le joug du terrorisme. Notre dernière intervention au Mali en est la preuve. Ces aides coûtent une fortune au contribuable français, mais nos concitoyens l’acceptent volontiers, au nom des valeurs de notre République. Et nous devons continuer d’aider ces populations. Mais il n’est pas concevable que notre exécutif néglige de telle sorte la propre sécurité de ses concitoyens. Il n’est pas concevable qu’un risque grave identifié en 2007 soit toujours en 2013 dénué de toute mesure préventive, il n’est pas concevable que notre Ministre de l’Intérieur se présente devant les caméras à chaque drame de notre vie quotidienne et qu’il se désintéresse totalement de ce tsunami annoncé sur la Côte

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d’Azur, il n’est pas concevable que notre Président de la République ne mette tout en oeuvre pour installer ces tsunamimètres au large des côtes de ce pays ami qu’est l’Algérie. A moins qu’il ne soit en train de le faire à l’heure ou je rédige ces lignes...

Ce n’est pas concevable. Et cette négligence sera peut-être un jour reconnue comme coupable, et criminelle.

Nous avons besoin de savoir, d’être certains que nos autorités compétentes sont aujourd’hui capables de prendre connaissance de la menace d’un tsunami sur nos côtes, dès sa naissance, et non pas plusieurs dizaines de minutes plus tard. Il en va de la survie de dizaines de milliers de nos concitoyens, et notre gouvernement a le devoir de nous apporter une réponse claire et précise à cette préoccupation. A l’heure d’une amitié ouverte et renforcée avec le gouvernement algérien, il n’est ni pensable, ni concevable que ces tsunamimètres ne soient mis en place au plus tôt. Et notre ministre de l’Intérieur serait gentil de nous dire si oui ou non, ces tsunamimètres ont été installés au large de l’Algérie, au lendemain de la dernière élection présidentielle.

Car l’activité sismique de notre région ne semble pas vraiment se ralentir.

Le 26 février 2012, la terre tremblait près de Barcelonnette dans les Alpes de Haute Provence. C’était la plus forte secousse sismique enregistrée en France depuis 1959. Barcelonnette est à 153 kilomètres de Toulon...

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Le séisme de Barcelonnette le 26 février 2012, à 153 km de

Toulon (source CEA-DAM)

Sophie Lambotte, sismologue et responsable du Réseau National de Surveillance Sismique répondait aux questions de Var-Matin.

– Pourquoi cette secousse a-t-elle été ressentie sur toute la côte ?

– Il s’agit d’un séisme avec une magnitude importante. Il a été ressenti dans un rayon de 200 km autour de l’épicentre, près de Barcelonnette. Le Bureau Central de

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Sismologie Français, le BCSF, a reçu près de sept cent témoignages crédibles. Nous pouvons dire avec certitude que la secousse a été perçue à Nice, Toulon, Marseille, le vallée de Grenoble et sur la plaine du Pô en Italie !

– La Côte d’Azur vient de ressentir deux secousses en un mois. Faut-il s’inquiéter ?

– Les secousses sont de plus en plus ressenties et l’épicentre est souvent de plus en plus près. Le tremblement de terre de Parme (le 27 janvier, note de Var-Matin) était très gros et très profond. Celui de Barcelonnette beaucoup moins. Une chose est sûre : ces deux évènements ne sont pas liés. Il n’y a aucun lien direct. Les structures tectoniques sont différentes et il n’y a aucune augmentation de l’activité sismique.

– Ces secousses rapprochées sont-elles annonciatrices d’un plus gros séisme dans la région ?

– Ce n’est pas à exclure. La sismicité de la mer Ligure entre la Côte d’Azur et la Corse est une zone à risques. Elle est très surveillée. Nous ne sommes pas à l’abri d’un gros tremblement de terre.

– De là à imaginer un « Big One » par ici, même si les dernières études le situent dans le Missouri, à New-Madrid...

– On peut en avoir un. Historiquement, le plus gros séisme en France est celui de Lambesc en 1909, d’une magnitude de 6,2. Un scénario de ce type est possible aujourd’hui. Ce ne serait pas le « Big One ». Juste le Big One français...

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Un Big One français sur Toulon où sont ancrés huit réacteurs nucléaires à quelques centaines de mètres du centre ville...

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Chapitre III

Un risque nucléaire sur Toulon ?

tu rigoles...

epuis l’accident de Fukushima, bon nombre de nos politiciens et autres experts se sont évertués à

dénoncer le risque majeur lié à notre politique énergétique nucléaire. Nos centrales sont elles vraiment sûres, il faut fermer Fessenheim, il faut sortir du nucléaire, les énergies renouvelables sont notre seul salut, il faut arrêter notre EPR mais on peut le vendre à l’étranger, bla bla bla, bla bla bla… Alors à chaque élection, ils se succèdent sur nos antennes, nous expliquent ce qu’ils ont l’intention de faire, nous présentent des tas de slides incompréhensibles, critiquent leurs prédécesseurs, et une fois élus... continuent de faire comme eux, à savoir, pas grand chose.

Tous les français savent que nous avons sur notre territoire un tas de centrales nucléaires. En fait, nous sommes le premier pays au monde en nombre de réacteurs en exploitation par habitant : 58 réacteurs pour 64 millions de Français en 2008, répartis sur 19 centrales en activité. Ces centrales sont toutes bien sûr au niveau top de la

D

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sécurité. Si tu veux savoir si EDF respecte ces exigences de la réglementation en matière de sûreté nucléaire, facile, tu vas sur le site de l’ASN15, et tu parcours tout ce que tu veux savoir : gestion des déchets radioactifs, gestion des situations d’urgence, effets des rayonnements ionisants et que sais-je encore. Tu pourras même y trouver une magnifique carte de France qui t’indique à combien de kilomètres de ton pavillon se trouve la plus proche centrale nucléaire.

Tiens, je te montre la carte page suivante.

Comme tu peux le voir ami Toulonnais (ou Brestois), tu peux dormir tranquille, pas le moindre petit réacteur nucléaire dans les parages de ta commune.

Enfin presque...

Parce que l’ASN contrôle l’activité nucléaire civile sur notre territoire, mais pas l’activité nucléaire... militaire. Si tu veux en savoir un peu plus sur les réacteurs qui sont à quai à quelques kilomètres de chez toi, tu dois te rendre à toute allure sur le site de l’ASND, ou Autorité de Sûreté Nucléaire Défense. Cette autorité est dirigée par le DSND (Délégué à la Sûreté Nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la Défense). En fait il n’y a pas de site ASND... Frappe ASN sur Google, tu tombes sur le site plutôt bien fait de l’Autorité de Sûreté Nucléaire.

15 Autorité de Sûreté Nucléaire

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Aucune activité nucléaire sur Toulon ou Brest pour l’ASN...

Frappe ASND, tu tombes sur... l’Association Sportive Nationale des Douanes. Véridique. En fait en pataugeant un peu tu vas trouver une ou deux pages relatives à l’ASND sur le site de notre Ministère de la Défense, et rien de plus. Probablement parce que notre sécurité sur les agglomérations de Toulon ou de Brest est classée Secret Défense...

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D’où mon bouquin, pour éclairer ta lanterne, cher lecteur.

Brest accueille quatre sous-marins lanceurs d’engins dits SNLE. Chacun est équipé d’un réacteur à eau pressurisée type K15 de 150 MW 16. Ils sont stationnés à neuf kilomètres du centre de la ville et totalisent 600 MW. Neuf kilomètres...

Toulon héberge le Charles de Gaulle équipé de deux réacteurs K15 de 150 MW thermiques chacun et six sous-marins nucléaires d’attaque SNA équipés chacun d’un réacteur K48 de 48 MW thermiques. Ils sont installés à moins de deux kilomètres du centre ville et à quelques centaines de mètres des premières habitations. Fait le calcul ami toulonnais, lorsqu’ils sont tous à quai, ce sont 588 MW de puissance nucléaire qui barbotent dans le port à quelques mètres de chez toi.

Froid dans le dos.

Enfin si tu sais estimer à quoi correspondent ces 588 MW. C’est beaucoup, ou c’est... peanuts ? Bon, je vais t’aider.

Dans un interview paru dans Var Matin le 16 mars 2011, à la question :

16 1 MW = 1 mégawatt = 1.000.000 Watts. Un réacteur de centrale ou de navire se caractérise par sa puissance thermique exprimée en MW. La puissance électrique fournie par les alternateurs d’une centrale nucléaire s’exprime en MWe, ou mégawatts électriques. Compte tenu d’un rendement de l’ordre de 30%, une installation nucléaire de 1.000 MW délivre une puissance électrique de l’ordre de 700 MWe.

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– L’équivalent d’une centrale nucléaire est-elle implantée au pied du Faron ?

Le contre-amiral Béraud, adjoint au Préfet maritime, en charge notamment de la question du nucléaire, répondait :

– Non. Ou alors d’une centrale de petite taille qui serait à l’arrêt.

Quant à la puissance embarquée sur nos navires de guerre, il précisait :

– Leur puissance est de 30 à 100 fois plus faible que celle d’un réacteur de centrale.

Toujours dans Var Matin, l’amiral Yann Tainguy déclarait le 7 février 2013 :

– Un réacteur de SNA, c’est 1/100 e de la puissance d’un réacteur de centrale.

Nous voilà donc rassurés.

Sauf que...

Tu as entendu parler du réacteur N° 1 de Fukushima ? La centrale nucléaire de Fukushima faisait partie des 25 plus importantes centrales nucléaires du monde. Le top de la technologie en matière de nucléaire. Et son réacteur N°1 faisait... 1.380 MW. Mégawatts thermiques, donc comparables aux mégawatts de nos navires nucléaires. La puissance nucléaire globale à quai dans la rade de Toulon représente 588 MW, soit un peu moins de la moitié de celle du réacteur N°1 de Fukushima. Non négligeable. Idem pour Brest, 600 MW.

Pire.

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Nos six sous-marins nucléaires SNA (Sous-Marins Nucléaires d’Attaque) ancrés à Toulon ne sont plus très jeunes. Le plus ancien, le Rubis, a été lancé le 7 juillet 1979, il y a donc un peu plus de 33 ans. Je te précise que ces sous-marins ont été conçus pour une durée de vie opérationnelle de 25 ans...

L’amiral Pierre-François Forissier déclarait en novembre 2010 à l’hebdomadaire Marianne :

– Conçus pour servir pendant vingt-cinq ans, ils vont largement dépasser cet âge et nous devons les faire durer au moins trente-cinq ans, peut-être quarante. Nous n'avons pas beaucoup d'inquiétudes, compte tenu des normes retenues à l'époque de leur construction, notamment en matière nucléaire. Nous devons cependant rester vigilants, car nous ne sommes pas à l'abri d'une mauvaise surprise. Le pari est raisonnable, mais nous n'avons pas toutes garanties qu'il sera gagné.

Pour ton information, la centrale de Fessenheim qui fit hurler d’horreur pendant la campagne présidentielle tous les dirigeants, tant du Parti Socialiste que d’Europe Ecologie Les Verts a été mise en service en 1979. Cette centrale a le même âge que le SNA Rubis ancré à quelques centaines de mètres de chez toi, et qui lui baigne en permanence en milieu corrosif salin...

Suite à l’incident survenu le 5 septembre 2012 à Fessenheim, le député de la Gironde Noël Mamère, EELV déclarait :

– Cet incident est la preuve qu'il faut fermer Fessenheim au plus vite. Les écologistes soulignent la vétusté de cette

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centrale haut-rhinoise et son exposition aux risques sismiques et d'inondation.

Inondation...

Bon, nous y reviendrons au chapitre IV, quand nous aborderons l’aléa tsunami sur nos petits réacteurs nucléaires flottants. Mais l’âge du SNA Rubis n’émeut pas outre mesure monsieur Noël Mamère, il ne s’est jamais exprimé sur les risques liés à ce bâtiment quelque peu vétuste, quoique parfaitement entretenu bien sûr... Mesdames Cécile Duflot ou Eva Joly, monsieur Jean Vincent Placé non plus ne s’en sont jamais inquiété.

Si je dis vétuste, je ne veux surtout pas être le moins du monde péjoratif ou insultant vis à vis de notre Marine Nationale. D’ailleurs monsieur Larousse n’attache aucune connotation négative à ce terme : état de détérioration produit par le temps. Donc dire que le Rubis est quelque peu vétuste n’a rien d’offensant. D’ailleurs nos élus, notables et autres amiraux ne cessent de clamer haut et fort à chaque rencontre avec Var Matin que nos SNA sont tous flambants neufs parce que parfaitement entretenus, et démontés, vérifiés, soignés, bichonnés, remontés régulièrement.

Bon.

Il n’empêche que l’Amiral Bernard Rogel déclarait à l’Assemblée Nationale le 18 juillet 2012 :

– Le taux de disponibilité de nos SNA à Toulon est de l’ordre de 55%, ce qui n’est pas suffisant...

En fait, si nos six sous-marins nucléaires d’attaque sont toujours en parfait état, si le temps n’a pas d’emprise sur

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eux, pourquoi donc dépenser 8,6 milliards d’euros pour en construire six nouveaux ? Monsieur le Président, à l’heure où vous cherchez désespérément quelques milliards d’euros pour équilibrer notre budget à l’horizon 2017, je vous fait une proposition totalement anodine : pourquoi ne pas reporter à plus tard cette dépense faramineuse, plutôt que de ponctionner chaque semaine les ressources de nos concitoyens ? Si nos six SNA ancrés à Toulon sont tous en bon état, pourquoi voulez-vous, Monsieur le Président, à tout prix les remplacer par six autres flambant neufs, pourquoi n’avez-vous pas stoppé le projet Barracuda au PLF 2013 ( Projet de Loi des Finances, ou Budget) ? A moins que nos sous-marins ne soient en fait quelque peu... vétustes.

Le projet Barracuda, c’est le remplacement des six sous-marins SNA classe Rubis ancrés à Toulon par six autres sous-marins de type SMAF, Sous-Marins d’Attaque du Futur. Le premier, le Suffren, devrait être mis en service en 2017, soit dans quatre ans. Le coût unitaire moyen de chaque sous-marin est supérieur au milliard d’euros, hors frais de développement... Nos vieux qui voient pour la première fois depuis le début de la cinquième république leur retraite amputée apprécieront.

Ces nouveaux sous-marins seront tous équipés de réacteurs K15 de 150 MW chacun, les mêmes que ceux qui équipent le Charles de Gaule aujourd’hui. Fait la multiplication ami lecteur toulonnais, six réacteurs de 150 MW pour les nouveaux sous-marins Barracuda, plus bien sûr les deux réacteurs du Charles de Gaule, dans quelques années la puissance nucléaire à quai à quelques centaines de mètres de la Place de la Liberté sera de... 1.200 MW.

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Plus très loin des 1.380 MW du réacteur N°1 de Fukushima.

Autre point préoccupant.

Lorsque le contre-amiral Béraud déclarait à Var Matin que la puissance nucléaire installée sur les quais de Toulon correspondait à une centrale de petite taille qui serait à l’arrêt, il avait raison. Enfin, il avait raison sur un point : l’ensemble des réacteurs nucléaires de nos six SNA et du Charles de Gaulle correspond actuellement à la puissance d’une petite centrale nucléaire. Par contre le terme à l’arrêt , je ne suis pas sûr de comprendre. Ou plutôt, je ne suis pas du tout d’accord.

Je ne suis pas un spécialiste du nucléaire loin s’en faut. Mais je sais comment fonctionne un réacteur nucléaire. Et la notion d’un réacteur à l’arrêt me gène. Lorsque le tsunami atteignit la centrale de Fukushima tous les réacteurs se mirent à l’arrêt automatiquement. Bon. Ils étaient donc tous à l’arrêt au moment du drame. La suite tu la connais. Le tsunami endommagea les circuits de refroidissement et le cœur du réacteur entra en fusion. Il eut été facile d’utiliser l’eau de mer avoisinante pour refroidir le coeur du réacteur, mais cela aurait eut deux conséquences gênantes : provoquer la destruction des installations peut-être encore en état de marche par le fort taux de salinité de l’eau de mer, et provoquer un désastre écologique par le rejet en mer de l’eau de refroidissement fortement chargée en particules radioactives. Pour nos réacteurs nucléaires embarqués, c’est strictement la même chose. Rien ne dit que l’utilisation directe de l’eau de mer toute proche pourra être utilisée pour refroidir un coeur en

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fusion, surtout en raison du risque écologique non seulement pour nos côtes, mais aussi pour les pays limitrophes. Je cite : Espagne, Italie, Maroc, Algérie et Tunisie principalement.

Si tu le veux bien cher lecteur, et pour que tu comprennes la suite, je vais t’expliquer comment fonctionne un réacteur nucléaire. Ou plus particulièrement un moteur nucléaire embarqué. Ne t’inquiète pas, tu vas voir, je ne veux pas frimer, c’est tout simple.

Et j’entends déjà les spécialistes en je sais tout et ne dis rien s’offusquer :

– Ridicule, ce n’est pas aussi simple que ça...

J’adore cette phrase, tu l’as probablement entendu des milliers de fois. Lorsque ton pote est nul sur ce que tu dis, il te sort immanquablement le sacro-saint ce n’est pas aussi simple que ça... Phrase en principe accompagnée d’un air prétentieux qui te ramène illico au niveau de la carpette. J’imagine déjà les intellos qui viendront massacrer mon bouquin au Grand Journal :

– Euh, non monsieur Mélia, en fait ce n’est pas aussi simple que ça...

Alors si lors de ton prochain dîner entre amis tu expliques entre la poire et le fromage comment fonctionne un réacteur nucléaire, ne t’inquiète pas, il y aura obligatoirement parmi tes convives un spécialiste du...

– Ce n’est pas aussi simple que ça...

Ah oui, n’explique pas le même soir le fonctionnent du GPS et du réacteur nucléaire, tu vas faire prétentieux...

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Donc, un réacteur nucléaire, comment ça marche ?

Un réacteur nucléaire, c’est un peu comme ta cocotte minute. Tu chauffes ta cocotte minute, ça fait de la vapeur à l’intérieur et quand il y en a trop elle s’échappe par une petite soupape de sécurité. Ça siffle dans ta cuisine... Si tu mettais un petit turboalternateur à la sortie de la soupape tu pourrais te fabriquer ton électricité, juste ce qu’il faut pour faire tourner l’hélice d’un navire ou alimenter tous les équipements électriques à bord. C’est comme ça que fonctionne une centrale nucléaire. Le réacteur n’est en fait qu’une grosse, très grosse cocotte minute, inventée par les spécialistes d’AREVA.

Pour chauffer la cocotte minute, ils ont eu une idée géniale : au lieu de ton bon vieux gaz butane, ils ont pensé à utiliser un combustible beaucoup moins volumineux que le butane, l’oxyde d’uranium plus ou moins enrichi. Avec quelques kilos, tu peux faire faire plusieurs fois le tour du monde à un banal porte-avions.

Toi qui es licencié es-cocottes-minutes tu sais que la petite soupape peut siffler pendant une bonne demi-heure après que tu n’aies arrêté le feu. Et oui, la cocotte minute reste chaude... un certain temps. Et il faut... un certain temps pour qu’elle ne se refroidisse. Un réacteur nucléaire c’est la même chose. Pour qu’il se refroidisse après l’arrêt ça peut prendre… un certain temps. En tout cas plus que quelques heures. Lorsque les systèmes de refroidissement de Fukushima cessèrent de fonctionner, la chaleur résiduelle du réacteur fit entrer le cœur en fusion alors qu’il était à l’arrêt. Le réacteur à l’arrêt resta tellement chaud, qu’il fit tout fondre autour de lui. D’ailleurs pour te

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donner un ordre de grandeur du temps nécessaire au refroidissement d’un coeur de réacteur, s’il te prenait la fantaisie de tripoter le combustible encore enfoui sous les décombres de la centrale de Tchernobyl, tu constaterais avec stupeur que celui-ci est encore chaud, 27 ans après la catastrophe.

Alors la question fort simple que je me pose, et que je pose par la même occasion à nos amiraux qui donnent des interviews à Var Matin, est la suivante : sur un navire, le coeur d’un réacteur à l’arrêt peut-il entrer en fusion comme ce fut le cas à Fukushima ?

Nos spécialistes diront que celui-ci est auto stable, et que les probabilités sont pratiquement nulles.

Pratiquement nulles... Tu as déjà entendu ça quelque part.

Mais revenons à notre réacteur.

Je ne veux pas te raser avec ces quelques considérations techniques fort simples au demeurant, mais tu vas voir, ça t’aidera à comprendre le chapitre IV que j’ai intitulé :

Tsunami + nucléaire = boum !

Recette pour faire chauffer de l’eau dans un réacteur : tu prends des petites pastilles d’oxyde d’uranium. Si tu n’en as pas sous la main, tu peux utiliser du MOX, qui n’est autre qu’un mélange d’uranium et de plutonium (j’aime bien les mots en « um » , ça te fait intello dès que tu les prononces...). Tu empiles ces pastilles dans de longs tubes bien fermés, un peu comme les tubes d’aspirine de nos aïeux en alu, et tu disposes le tout bien verticalement dans

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une cuve. On appelle ces tubes des crayons. Puis tu recouvres d’eau.

Et là, oh miracle, il ne se passe strictement rien !

Oui, tant que le processus de fission de l’atome d’uranium n’a pas été initialisé, makach, walou, rien ne se passe. Car l’uranium est totalement inoffensif tant qu’il n’a pas démarré son processus de fission. Les pauvres gars qui extraient l’uranium dans les mines du Niger ou du Kazakhstan ne travaillent pas en combinaison blanche anti radiations. Je vais même te scotcher, mais on trouve de l’uranium partout. Même dans l’eau de mer. Et le Rhône en charrie des tonnes chaque année.

Bon, revenons à notre réacteur.

Sur ta Clio, pour mettre le moteur en marche, un tour de clé à droite, et le tour est joué. Pour l’arrêter, tu tournes la clé dans l’autre sens et le moteur s’arrête. Sur un réacteur nucléaire, ce n’est pas aussi simple que ça...

Pour mettre le réacteur en marche, tu dois envoyer sur les crayons remplis d’uranium, quelques neutrons, c’est le processus dit de divergence du réacteur. Chaque neutron, en heurtant le noyau d’un atome d’uranium va le casser en deux. Et cette rupture va libérer à son tour un ou deux neutrons. J’ai oublié de te le dire, mais le noyau d’un atome d’uranium contient un tas de protons, et aussi pas mal de neutrons. Ces neutrons libérés vont à leur tour heurter les noyaux des atomes d’uranium voisins, entraînant de nouvelles fissions de noyau, et nous avons initialisé une réaction en chaîne, impossible à arrêter. S’il

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y a une masse suffisante17 d’uranium, et si les neutrons libérés sont surabondants... boum ! Tu viens d’inventer la bombe atomique.

Je te rassure cher lecteur toulonnais, la masse de combustible de nos réacteurs embarqués est loin d’être critique, et il n’y a donc aucun risque de voir le Charles de Gaulle ou le Rubis se transformer un jour en champignon atomique (la couverture du bouquin, c’est juste pour accrocher le regard dans les bacs...). Par ailleurs, les réacteurs embarqués sont dits autostables : par conception même, la réaction nucléaire est décroissante quand la température du fluide qui entoure le coeur augmente. Donc en principe, tu peux dormir tranquille, nous n’avons pas huit bombes A ancrées dans la rade de Toulon.

Quoique ...

Le 14 août 2013, le sous-marin Sindhurakshak (n’essaye pas de prononcer à voix haute, tu vas faire rigoler ton entourage) a purement et simplement explosé dans le port de Bombay. Les dix huit marins à bord du navire ont péri. Il semble que ce soit une des torpilles embarquées qui soit la cause du désastre. Fait curieux, cette nouvelle a été annoncée au JT de huit heures le matin, sur France 2 et ensuite, plus rien. Comme c’est étrange... Information censurée ? Certes, ce sous-marin était à propulsion conventionnelle, mixte diesel électrique. Mais qu’adviendrait-il si un tel incident se produisait sur un de nos sous-marins à quai dans la rade de Toulon ? Car il doit bien y avoir de temps en temps quelques munitions à

17 Masse critique

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bord de nos navires. Sinon à quoi servirait la ZMS, Zone Militaire Sensible de l’Arsenal, classée SEVESO ? Var-Matin y a pénétré en septembre 2008 et nous précise que plus de 200 tonnes de munitions y dorment tranquillement.18 Dont pas mal de missiles Exocet, des petits bijoux technologiques de 800 kg chacun... Certes une simple explosion ne peut en aucun cas transformer un réacteur embarqué en bombe atomique. Mais qu’en est-il de l’enceinte de confinement du réacteur ? Qu’adviendrait-il au combustible fortement radioactif embarqué en cas d’explosion d’une torpille à quelques mètres seulement du coeur du réacteur ? Nos stratèges de la Défense Nationale ont du y penser j’en suis sûr. Quoique cette hypothèse soit ... fort improbable.

Mais revenons au bouton démarreur de nos navires à propulsion nucléaire.

La réaction en chaîne initialisée par les neutrons baladeurs va dégager un max de chaleur. Et c’est cette énergie calorifique qui va chauffer l’eau qui entoure les crayons, en lieu et place de ton gaz butane préféré.

Comme tu le sais, à 100° C l’eau bout, et se transforme en vapeur. Et s’il n’y a plus d’eau, plus moyen de refroidir l’uranium. Alors pour éviter cette bouillance (ne cherche pas dans le dico, ça n’existe pas. Tu peux utiliser si tu préfères... bouillitude) il faut augmenter la pression à l’intérieur de la cocotte minute via une pompe primaire,

18 http://www.varmatin.com/article/environnement/toulon-immersion-en-zone-interdite.45819.html

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et ainsi l’eau reste à l’état liquide. Petit schéma pour mieux comprendre page suivante.

Ta cocotte minute avec la soupape de sécurité sur le couvercle, c’est le générateur de vapeur. Dessous, tu trouves le réacteur en guise de gazinière.

La cocotte minute posée sur ta gazinière

Ensuite c’est banal. Cette eau chaude va circuler dans un générateur de vapeur via un échangeur de chaleur, et la vapeur produite grâce à quelques turbines sera ensuite

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convertie en énergie électrique pour les besoins du navire, ou en énergie mécanique pour faire tourner l’hélice de propulsion. Tu peux mettre le deuxième schéma à droite du premier si tu aimes découper les bouquins.

Les groupes propulsion et énergie électrique.

Pour terminer ton cursus d’Ingénieur en physique nucléaire navale, je vais t’expliquer ce qui remplace sur le

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Charles de Gaulle l’accélérateur et la clé de contact de ta Clio.

Donc,

Tu pars de chez toi, tu mets le contact, et ta Clio démarre. Pour mettre en marche le réacteur d’une centrale nucléaire, ce n’est pas aussi simple que ça : on introduit mécaniquement dans le combustible nucléaire à l’arrêt, des barres fortement chargées en neutrons.

Ces barres s’appellent des crayons sources dans une centrale, ce sont des croix de contrôle sur les réacteurs embarqués. Juste une question de forme. Elles sont en californium pour la première mise en marche, ou en antimoine béryllium pour les démarrages ultérieurs (j’adore...). Ces croix de contrôle vont émettre spontanément les méchants petits neutrons. Ces neutrons vont passer au travers du tube d’aspirine qui contient l’uranium, tube en fait fabriqué en... zirconium (sublime). Pourquoi du zirconium ? Parce que ce matériau laisse passer les neutrons. Les neutrons vont donc percuter les atomes d’uranium, et le moteur démarre. Ou plutôt le réacteur, encore appelé chaufferie sur un navire de guerre.

Bon, le moteur du Charles de Gaulle a démarré. Mais si tu ne fais rien, il va s’emballer, because la réaction nucléaire en chaîne. Il faut donc réagir au plus vite, pour ralentir le processus de fission des atomes d’uranium. En fait c’est tout simple pour contrôler le processus, et je suis sûr que tu as déjà trouvé la solution : si on réduit le nombre de neutrons qui bombardent l’uranium, la réaction va se calmer.

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Et pour réduire le nombre de neutrons bombardiers, il y a deux moyens.

Le premier et le plus efficace, faire descendre dans la cuve entre les barres d’uranium, des barres, ou plutôt des croix de contrôle sur les navires, chargées d’une matière capable d’absorber les neutrons. Que penses tu de l’hafnium ? Promis juré, ça existe. En plus ça résiste à la corrosion. Et tu en as même probablement chez toi, on en trouve dans nos vieilles lampes à incandescence (tu sais celles qui duraient trois fois plus longtemps et qui coûtaient trois fois moins chères... Merci pour le cadeau les écolos). Bon. Donc, tu fais monter ou descendre ces barres absorbantes de neutrons entre les barres d’uranium, et tu viens d’inventer la pédale d’accélérateur du Charles de Gaulle.

Petit croquis pour rendre le chapitre un peu plus gai :

La pédale d’accélérateur du Charles de Gaulle

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Le deuxième moyen consiste à ralentir le flux de neutrons dans l’eau en y injectant du bore, ou un poison neutronique. Par exemple du... gadolinium (je te jure, ça existe aussi). Ce matériau a pour caractéristique d’absorber les méchants neutrons. Cette technique est utilisée essentiellement dans les centrales nucléaires civiles. Sur un navire, le fluide primaire ne contient pas de bore pour éviter tout type d’accident de dilution, et pour réduire le nombre de circuits auxiliaires.

Tu as probablement compris que l’équivalent du tour de clé de contact sur ta Clio pour arrêter ton moteur, c’est l’enfoncement total des croix de contrôle entre les barres d’uranium sur le Charles de Gaulle. Ou sur n’importe quel sous-marin nucléaire.

L’intérêt de ce système de barres plongeantes pour moduler la puissance d’un réacteur, c’est que la simple gravité peut les introduire entre les barres d’uranium. Dans une centrale nucléaire, ces barres sont contrôlées par de puissants électroaimants, et en cas de rupture de l’alimentation électrique, elles tombent sous leurs propre poids dans la cuve. Arrêtant instantanément le réacteur.

Sur un navire, ce n’est pas aussi simple que ça. En raison de la gîte ou de l’assiette du bâtiment, les barres, ou plutôt les croix de contrôle, pourraient ne pas tomber suffisamment vite sous l’effet de leur poids. Des systèmes de type ressorts ont donc été intégrés à l’ensemble pour propulser ces dernières au coeur du réacteur.

Mais tu ne visualises pas. Tu te demandes en fait, cher lecteur depuis que tu parcours ces lignes un peu rébarbatives, à quoi peut bien ressembler ce que le

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contre-amiral Béraud appelle une centrale de petite taille qui serait à l’arrêt. Tu dois te dire, bon, une machine à laver peut-être... Ou une Punto ? (j’ai changé de marque, tu devais commencer à penser que j’avais des actions chez Renault). Ou alors un gros 4x4 ? Et bien non, tu as tout faux. Je vais d’ailleurs te montrer à quoi ressemble une centrale de petite taille qui serait à l’arrêt.

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Le réacteur K15 en cours d’embarquement sur le sous-marin Le Triomphant

Il s’agit du réacteur nucléaire K15 en cours d’embarquement sur le sous-marin Le Triomphant basé à Brest. Ce sont les mêmes réacteurs qui équipent le Charles de Gaulle. Tu compares à la taille d’un des petits bonhommes en bas de la photo, et tu vois que la centrale de petite taille fait quand même près de huit mètres de haut...

Pas si petit que ça.

Deux de ces centrales de petite taille sont aujourd’hui installées sur notre porte-avion, et six, plus petites, sur nos sous-marins. Chacun des quatre sous-marins basés à Brest est équipé d’une de ces centrales de petite taille de type K15 identiques à celle de la photo. Amitiés à mes amis Brestois... Lorsque le programme Barracuda sera finalisé, si notre Président ne l’arrête pas entre temps, il y aura huit réacteurs identiques à cet engin ancrés dans la rade de Toulon, à quelques centaines de mètres de chez toi. Et de chez moi par la même occasion. Je te laisse le soin d’imaginer à quoi ressemblera alors la centrale de petite taille de Toulon...

Navré de t’avoir infligé ces pages quelque peu techniques cher lecteur, mais c’était indispensable pour que tu perçoives bien ce qu’est la notion d’un réacteur à l’arrêt .

En effet.

Malgré que le réacteur soit à l’arrêt, la réaction en chaîne elle, ne s’est pas interrompue. Les atomes d’uranium qui se désintégraient pendant le processus de

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scission continuent d’émettre des neutrons, en quantité moindre certes, mais ces neutrons vont continuer de désintégrer les atomes d’uranium avoisinants, et cette désintégration va dégager de la chaleur. C’est ce que l’on appelle la puissance résiduelle.

Et c’est là que se situe le hic.

Cette désintégration résiduelle va durer un temps très long. A titre d’exemple, une seconde après son arrêt, le réacteur nucléaire d’une centrale de 2.700 MW dégage 7% de sa puissance maximale, soit 190 MW. Avec une telle puissance, tu portes à ébullition une demi tonne d’eau, en une seconde ! Donc si le système de refroidissement du réacteur est tombé en panne au moment de l’arrêt, grave, le coeur du réacteur va fondre en moins de deux. Ce qui s’est passé par trois fois au cours des trente dernières années19...

Après une journée, la puissance résiduelle sera de 16 MW, et après un mois, elle sera encore de 4 MW. Il est donc hors de question d’arrêter ne serait-ce qu’une seule seconde le processus de refroidissement du combustible nucléaire, que ce soit pour maintenance, arrêt volontaire, ou... incident majeur. Sur nos navires, c’est strictement la même chose. Il a fallu prévoir des dispositifs extrêmement sophistiqués pour ne jamais arrêter ce refroidissement.

Je te laisse le soin d’imaginer la prouesse technique nécessaire au déchargement pour remplacement du matériau radioactif du Charles de Gaulle ou d’un de nos

19 Three Mile Island (USA) en 1979, Tchernobyl (Ukraine) en 1986, Fukushima (Japon) en 2011.

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sous-marins nucléaires, sans cesser de le refroidir une seule seconde. Et tu comprends probablement maintenant pourquoi le Charles de Gaulle est plus souvent en zone d’entretien quai Vauban, que sur les flots bleus de la Méditerranée. Pendant cette délicate opération à cinq cent mètres du centre ville, tu dégustes tranquillement ton pastis chez Herrero, les pieds dans l’eau du vieux port...

A Toulon (et à Brest), le combustible usagé est ensuite transféré dans une piscine de désactivation à proximité de la darse de maintenance des SNA. Cette piscine contient de l’eau refroidie en permanence, dans laquelle vont séjourner ces matériaux fortement radioactifs en attendant d’être transférés hors de l’Arsenal. En fait, l’eau a été additionnée d’acide borique, qui comme chacun sait est un absorbeur de neutrons. Enfin tu le sais si tu n’as pas somnolé au début de ce chapitre. L’acide borique va ralentir les sissions déclenchées par les neutrons qui continuent d’être émis par l’uranium. L’eau joue donc deux rôles essentiels : fluide caloporteur permettant en permanence de refroidir le combustible usagé ou prêt à être installé, et blindage liquide destiné à empêcher les émanations radioactives dans l’atmosphère. Le stockage en eau dure toujours plusieurs années. Le combustible usagé sera ensuite conditionné pour être stocké sous terre, en couche géologique profonde, dans des caves prévues pour une durée de conservation pluri-séculaire, ou... pluri-millénaire.

Le stock de combustible usagé de notre Défense Nationale est estimé à 50 tonnes en 2010. Un cœur arrivé en bout de course est remplacé lors d’un carénage. L'ancien est entreposé en piscine pour au moins trois ans,

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le temps que la radioactivité diminue et qu’il ne se refroidisse partiellement. Le combustible des premiers sous-marins nucléaires lance-engins est stocké à sec dans l'entreposage CASCAD, au centre du CEA de Cadarache. Ceux plus récents sont retraitables et devraient être pris en charge par l'usine de retraitement de La Hague. Aujourd'hui, cinq cœurs sont stockés à sec et quatorze autres sont répartis dans les trois piscines dont dispose la France.

Autre point préoccupant. Ces combustibles usagés issus de nos réacteurs embarqués sont stockés temporairement à la piscine de Missiessy pour la base de Toulon et à la piscine de l’Ile Longue pour la base de Brest. La piscine de Missiessy est située à 170 mètres du Palais Omnisports20 de Toulon...

Et la question que je me pose, et que tu te poses probablement cher lecteur, est :

– Quand et comment ces produits hautement radioactifs quittent-ils nos bases navales pour rejoindre des lieux plus sereins ? Tant à Brest qu’à Toulon.

Intéressant comme question, non ?

Je vis à Toulon, je suis abonné à Var-Matin, j’écoute régulièrement une bonne demi-douzaine de radios locales, et jamais, mais alors jamais, je n’ai entendu parler du moindre transfert de matériaux radioactifs dans nos rues, au départ ou en direction de l’Arsenal.

Et pourtant...

20 5.000 places assises.

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Ces matériaux hautement radioactifs doivent bien à un moment ou un autre sortir de leur piscine où ils font trempette, et donc transiter centre ville, à quelques centaines de mètres de nos habitations. Personne n’en parle jamais, personne n’informe les populations du risque encouru. J’imagine que ces transits sont effectués de nuit, à une heure où personne ne peut imaginer que la petite camionnette probablement escortée de deux ou trois motards se dirige vers Cadarache ou l’usine de retraitement de La Hague, avec à son bord plusieurs centaines de kilos de ces matériaux hautement radioactifs. Ou alors ces matériaux sont transférés par la voie ferroviaire qui traverse l’Avenue Aristide Briand, au niveau du Rond Point de la Pyrotechnie derrière Castorama ? En tout état de cause, ce n’est pas correct de ne pas informer les riverains de ces transits. Pas correct et coupable.

Si un accident survenait un jour...

– Nul, vous m’entendez bien, nul ne pouvait prévoir un tel accident. Et je tiens à vous assurer de la complète solidarité de tous les membres du gouvernement avec les familles des victimes. J'ai décidé de réunir dès demain une cellule de crise qui devra faire dans les plus brefs délais toute la lumière sur les circonstances qui ont conduit à un tel drame. Si des négligences ont été commises dans le processus d'alerte et de mise en sécurité des populations civiles, les coupables seront identifiés et punis, j'en fais solennellement le serment. Le gouvernement n'avait bien sûr pas la moindre connaissance de l'existence d'un tel risque radioactif dans les rues de Toulon. Il est bien évident que si cela avait été le cas, il aurait pris

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immédiatement toutes les mesures nécessaires afin que bla bla bla, bla bla bla...

Tu as déjà lu ce discours je sais, c’est celui de la page 21.

La législation prévoit que les colis civils agréés par l’ASN doivent résister à une chute de neuf mètres, ce qui correspond à un choc de 50 km/h. Ils doivent aussi résister à un choc sur poinçon, suivi d’un feu élevant la température de ces emballages à 800°C pendant 30 minutes. La sûreté doit également être démontrée dans le cas d’une immersion totale. Les fonctions de sûreté des colis doivent être préservées.

• Prévention du risque de criticité. Certains atomes peuvent déclencher une réaction en chaîne du simple fait de leur proximité. Il est donc indispensable de les maintenir suffisamment écartés les uns des autres par une géométrie adaptée.

• Etanchéité du colis. Celle-ci évite toute dispersion de radio-éléments dans l’environnement, y compris en cas d’accident. Les exigences de sûreté portent par exemple sur les joints, la qualité des soudures, ou les propriétés mécaniques des colis. Les différentes couches des matériaux du colis sont conçues pour absorber la radioactivité émise par les combustibles usagés. Cela permet de rester en dessous des limites fixées par la réglementation, afin de ne contaminer en aucun cas un individu passant à proximité du colis. Une personne située à deux mètres du véhicule de transport ne doit pas recevoir une dose de radioactivité

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supérieure à 0,1 mSv.21 Cette dose correspond à l’exposition aux rayons d’un patient pendant une radiographie pulmonaire, ou à l’exposition aux rayons d’origine cosmique d’un passager pendant un vol transatlantique.

• Refroidissement naturel : les produits radioactifs produisent pendant de nombreuses années de la chaleur, de par leur puissance résiduelle. Le colis doit assurer un refroidissement naturel, afin de préserver la qualité des joints et ses propriétés mécaniques.

Les critères de résistance des colis sont élaborés à Vienne, au sein de l’AIEA, Agence Internationale de l’Energie Atomique. Mais ces critères concernent les matériaux issus de l’activité nucléaire... civile. Quels sont les critères de sécurité en matière de transport pour les matériaux usagés d’origine militaire ? Secret défense probablement. Existe-t-il au sein de l’Arsenal de Toulon une structure capable de réaliser ces emballages sophistiqués pour prévenir tout risque de contamination accidentelle des populations lors des transferts inévitables entre Toulon et Cadarache ? Probablement je suppose.

Je suppose...

La Préfecture de Toulon nous apporte une réponse positive à cette question en 200922. La réponse est plutôt rassurante. Extraits d’un compte rendu de réunion :

21 Milli sievert 22 Compte rendu de la commission d’information du port militaire de Toulon – 9 juillet 2009

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– Mouvements d’éléments combustibles en 2008. Transferts des éléments combustibles usés des SNA de l’INBS (Installation Nucléaire de Base Secrète) Missiessy vers l’Installation nucléaire de base (INB) de Cadarache pour libérer de la place dans la piscine : cette évacuation se fait à l’aide d’un emballage agréé pour le transport par route.

Donc en 2008, les transports étaient routiers si l’on en croit ce rapport. Et sans information préalable bien sûr, des populations riveraines résidant entre Toulon et Cadarache.

Bon.

Mais ce compte rendu nous apporte d’autres indications intéressantes sur le traitement des déchets radioactifs liquides ou gazeux générés à quelques mètres de chez toi ou de chez moi :

– Depuis 1997, il n’y a plus aucun rejet radioactif liquide dans la rade de Toulon. Ces effluents sont collectés au niveau de l’INBS puis transférés par citerne vers un centre agréé en vue de leur traitement.

Depuis 1997...

En ce qui me concerne j’ai du bol, je suis arrivé dans la région en 2001. Je suis donc en principe à peu près sûr de n’avoir jamais mangé de daurade radioactive pêchée dans nos élevages au large de Saint Mandrier.

A peu près sûr...

Car en fait, et si par hasard ces rejets radioactifs avaient une période un peu plus longue qu’une treizaine d’années ?...

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Tu ne c’est pas ce que c’est que la période d’un élément radioactif ? Tu es nul. Attend, je t’explique. La période d’un isotope radioactif est le temps nécessaire pour que la moitié des atomes se désintègrent naturellement. Cette période varie de 8 jours pour l’iode, à... 710 millions d’années pour l’uranium 235.

Reste à espérer que nos stratèges militaires ne rejetaient pas le moindre petit atome d’uranium 235 dans la rade avant 1997. Dans le cas contraire, il faudra attendre l’an 710.001.997 pour que la radioactivité de ces atomes ait diminué de moitié...

Pour les rejets radioactifs gazeux, ce que dit ce compte rendu de 2009 est plutôt rigolo :

– Les rejets qui ont pour origine les opérations d’entretien (dégazage des circuits primaires) nécessitent une autorisation préalable délivrée par l’autorité détentrice de l’autorisation de rejets. Ils sont rejetés par la cheminée de l’atelier nucléaire léger de l’INBS et par la cheminée du porte avions Charles de Gaulle (sic).

L’autorité détentrice de l’autorisation de rejets...

C’est quoi ça ?

Il existerait donc une autorité habilitée à décider si oui ou non, on peut rejeter des particules radioactives dans l’atmosphère. Je te parie que cette autorité détentrice de l’autorisation de rejets se trouve à Lille ou à Valencienne.

– Les rejets de ventilation sont issus des locaux nucléaires et sont rejetés en continu (cheminées INBS, cheminée du Charles de Gaulle et ventilateurs connectés aux SNA). (re sic)

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Rejets en continu...

Sans commentaires, c’était en 2009 et j’imagine qu’en 2013 il n’y a plus le moindre rejet en continu sur l’agglomération toulonnaise.

Mais ce délicieux compte rendu d’une réunion à laquelle participaient non moins de vingt neuf personnes, dont un Sous-préfet, un Vice-amiral d’escadre Préfet Maritime de la Méditerranée, un Contre-amiral, deux Capitaines de Vaisseau, deux Capitaines de Frégates nous rassure néanmoins :

– L’impact calculé des rejets radioactifs sur la population cible, celle potentiellement la plus exposée, est de 0,00000013 mSv (millisieverts) soit 30.000 fois moins qu’une radiographie dentaire. (re re sic)

La population cible...

Ça ne s’invente pas, la population cible c’est toi et moi, tout simplement.

Je suis un scientifique, pas un politicien. Et je m’interroge. Si les circuits primaires où barbotent les combustibles nucléaires, et les circuits secondaires où transite la vapeur d’eau sont si bien isolés, s’il existe vraiment deux, trois, quatre enceintes de confinement pour garantir la parfaite isolation entre les produits fissibles et l’atmosphère, alors, d’où viennent ces rejets ? Oui, comment la moindre petite particule liquide ou gazeuse peut-elle s’échapper du réacteur nucléaire ? Si une seule particule peut s’échapper du circuit primaire hautement radioactif, comment est-il possible que cette fuite reste ignorée, et ne soit pas comblée ? Et surtout,

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pourquoi ces doses radioactives sont-elles délibérément rejetées dans l’atmosphère, même si elles sont faibles, négligeables, infimes, etc...

Bon, ce compte rendu date de 2009. Ce serait super sympa que notre Ministre de la Défense Nationale monsieur Jean-Yves Le Drian nous rassure, qu’il nous confirme qu’il n’y a plus aucun rejet radioactif dans l’atmosphère au dessus de Toulon en ce mois de septembre 2013.

Comme tu le vois cher lecteur toulonnais, l’environnement dans lequel tu coules des jours paisibles est loin d’être aussi serein que voudraient bien nous le faire croire les autorités dites compétentes. Et dans un tel environnement je m’interroge de plus en plus. Existe-il un risque sérieux, disons non point d’incident mineur, mais plutôt d’accident grave ?

Au lendemain de la catastrophe de Fukushima nos responsables nous rassurèrent :

– Cet accident ne peut pas nous arriver, nos centrales sont les plus sûres du monde.

Ce qui dut faire super plaisir aux autres pays producteur d’électricité nucléaire…

Seulement voilà, cette affirmation ne fut étayée d’aucune preuve concrète susceptible de nous rassurer.

Pire. Le 17 juin 2011, monsieur Eric Besson alors Ministre de l’Industrie, interrogé sur la sécurité de nos centrales nucléaires, quittait le plateau de Capital sur un :

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– Je vous laisse, je me casse, je me barre...

Pas très convaincant comme argument.

Mai 2012, changement brutal de majorité. Les écolos et les socialistes en campagne ont clamé haut et fort qu’il fallait sortir du nucléaire. Mais une fois au gouvernement, foin de fermeture de Fessenheim, foin d’arrêt de la construction de notre EPR. Bien au contraire, AREVA confirme son objectif de commande de dix EPR d’ici fin 2016. Un peu comme si un EPR à Flamanville était dangereux pour les populations françaises, mais pas s’il était implanté de l’autre côté de la Manche, à quelques 115 km de là ! Oui, la Grande Bretagne est l’un de nos clients potentiels pour l’EPR...

Un peu comme si le nucléaire était dangereux pour nous, mais pas pour nos clients...

En fait, et tu le sais bien cher lecteur puisque tu as lu avec grande attention les chapitre précédents, le plus grand risque lié à l’industrie nucléaire est de nous trouver dans l’incapacité de refroidir un coeur en fusion, en cas d’incident, ou plutôt d’accident majeur. D’autres risques existent certes, mais si l’on sait refroidir le combustible entreposé dans l’enceinte primaire, ils sont, et de loin, de moindre importance. Confère Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima...

Il serait donc fort simple de nous rassurer.

Il suffirait que notre Ministre du Développement Durable monsieur Montebourg nous confirme que, quel que soit l’évènement fortuit, tempête, tremblement de terre, typhon, inondation, erreur humaine, attentat, crash

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d’un 747 ou tiens, pourquoi pas, tsunami en provenance directe de l’Algérie, il sera capable de refroidir le coeur de chacun de nos réacteurs. Pas d’un ou deux de nos réacteurs, mais bien des 58 réacteurs répartis sur nos 19 centrales. Auxquels nous devons rajouter bien sûr, les huit réacteurs ancrés à Toulon et les quatre autres ancrés à Brest. Une simple petite réponse positive à cette question somme toute assez banale, de la part de notre Ministre nous suffirait amplement. Et nous rassurerait grandement.

Mais en fait, la réponse... n’est pas aussi simple que ça...

Les catastrophes nucléaires passées nous ont prouvé que multiplier à l’infini les systèmes de secours pour refroidir un réacteur ne servait strictement à rien s’il n’y avait plus d’énergie pour les alimenter. Seul un système de refroidissement entièrement autonome, capable de fonctionner sans énergie externe, sans câbles électriques, sans tuyauteries susceptibles d’être endommagées lors de l’incident, peut garantir un refroidissement du coeur quoiqu’il arrive. D’après mes modestes connaissances en thermodynamique 23, il existe de nombreux systèmes de ce type, et donc entièrement autonomes, installés sur des réacteurs de part le monde. En cas de panne d’électricité, des multiples pompes diesels, ou de défaillance des circuits de secours, le réacteur continue ainsi d’être refroidi. Je te cite cher lecteur, deux exemples de ces

23 Ce n’est pas du Wikipédia, j’ai un superbe diplôme de Thermodynamique et Mécanique Physique accroché au dessus de ma cheminée...

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systèmes. Mais il doit bien y en avoir des tas d’autres dont j’ignore l’existence.

Le premier système de sécurité consiste à stocker de l’eau à une altitude supérieure à celle du réacteur. En cas de fusion du coeur il suffit d’ouvrir une vanne, manuellement pourquoi pas, pour que l’eau s’écoule sur le cœur du réacteur et le refroidisse. La vanne est bien sûr aussi éloignée que possible du coeur. Nul besoin d’électricité, nul besoin de pompe diesel, la seule force de gravité est l’élément moteur. Cette eau peut-être stockée dans un réservoir éloigné pour les centrales en plaine, ou dans un barrage proche dans le cas des centrales situées en zone montagneuse. Dispositif on ne peut plus simple ne nécessitant que la construction de réservoirs surélevés de quelques mètres par rapport au coeur du réacteur, ou même l’utilisation de l’eau stockée dans nos barrages, alimentant nos centrales hydrauliques de montagne.

Le deuxième système de refroidissement autonome consiste à utiliser la vapeur générée par la chaleur résiduelle du réacteur à l’arrêt pour faire tourner une turbo-pompe. Lorsque le réacteur passe à l’arrêt, si le système de refroidissement est défaillant, l’eau dans laquelle baigne le combustible passe à l’état de vapeur. Cette vapeur est récupérée au travers d’une soupape de sécurité, la même que celle de ta cocotte minute... Et fait tourner une turbo-pompe. Pompe qui aspire l’eau du fleuve le plus proche ou de la mer, et la rejette directement sur le coeur. Un tel système ne nécessite aucune énergie externe : plus le réacteur chauffe, plus il génère de la vapeur, et plus la turbo-pompe aspire de l’eau

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pour la rejeter sur le combustible en fusion, à l’intérieur du réacteur.

La centrale nucléaire de Diablo Canyon aux Etats-Unis est équipée de ces deux dispositifs de sécurité.

Qu’en est-il de nos 58 réacteurs équipant nos centrales nucléaires ? (Nouvelle question à monsieur Montebourg...)

Je vais te raconter, cher lecteur, ce qui se passerait si par un malencontreux concours de circonstance, les responsables de la centrale nucléaire la plus proche de chez toi n’arrivaient pas à refroidir un coeur en fusion.

Le premier matériau endommagé serait le zirconium24 (j’aime...) qui sert d’emballage à l’uranium. On a vu plus haut que ce matériau laisse passer les neutrons, mais il a un gros défaut, à haute température il décompose l’eau environnante, capte ses atomes d’oxygène et libère ses atomes d’hydrogène. Tu te souviens probablement de tes cours de chimie au bahut, l’eau n’est rien d’autre qu’un mélange d’hydrogène et d’oxygène, H2O... L’hydrogène libéré se recombinerait avec l’oxygène de l’air, et boum. Là, tu viens de comprendre l’explosion du réacteur N°2 de Fukushima.

Après, tu imagines la suite.

C’est la cata. Panique à bord, plus rien ne marche. Le combustible devient de plus en plus chaud, il se met à

24 En fait pour tes amis puristes, il s’agit d’un alliage à base de zirconium, le zircolay. Ça n’a strictement aucun intérêt, mais je sens venir le sempiternel... ce n’est pas aussi simple que ça..

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fondre et s’accumule au fond de la cuve sous forme d’une pâte nauséabonde que l’on appelle le corium. Mais ce n’est pas fini. La cuve fond, le corium attaque le radier en béton sous la cuve, celui-ci part en lambeaux sous l’effet de l’intense chaleur. Puis il se dirige en dégoulinant vers les premières couches géologiques, et enfin s’enfonce sous terre, jusqu’aux nappes phréatiques... Pas très sympa. Pour te donner un ordre de grandeur, le radier en béton sous la cuve de l’EPR fait six mètres d’épaisseur.

En 1979, le film Le syndrome Chinois décrivait la ballade d’un corium qui après avoir traversé le radier d’une centrale nucléaire, s’enfonçait dans les entrailles de la terre et ressortait de l’autre côté. Bon, ce scénario n’est pas plausible. Le corium pourrait à la rigueur descendre par gravité au travers de la croûte terrestre et atteindre le manteau, puis le noyau terrestre, mais en aucun cas effectuer une progression inverse vers la périphérie de la planète. Et oui, la gravité attire vers le centre de la terre, en aucun cas le contraire. Par ailleurs, le corium perdrait rapidement de sa matière et donc, ne resterait pas très longtemps en fusion. Mais s’il entrait en contact avec la nappe phréatique, là, plus grave. Les dégâts causés à l’environnement seraient incommensurables, car irrémédiables pour de nombreuses années, voire de nombreux siècles.

Donc,

Si ce cas de figure a été longuement analysé dans le cas du réacteur d’une centrale nucléaire, quid... du coeur d’une chaufferie nucléaire embarquée sur un navire militaire. Cas d’école bien sûr, mais si un évènement

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fortuit géologique, climatique ou terroriste venait à rendre inutilisables les pompes de refroidissement diesel ou électriques des moteurs nucléaires embarqués, voire même celles disponibles à quai, existe-t-il à bord ou à terre un moyen de refroidir le cœur de ces réacteurs sans aucune nécessité d’énergie externe ?

Je n’ai malheureusement pas de réponse à t’apporter, cher lecteur. Encore du Secret Défense. Probablement l’un de nos ministres connaît la réponse à cette question, probablement des systèmes extrêmement sophistiqués sont en place et opérationnels pour pallier à un tel scénario, probablement même la conception d’un réacteur embarqué empêche tout risque de fusion de son coeur. Mais j’aimerai bien en être sûr. Juste pour pouvoir dormir tranquille, parce que tu vois, je vis avec toute ma petite famille que j’aime beaucoup à quelques centaines de mètres de ces réacteurs...

Alors Monsieur le Président, pourriez vous nous rassurer ? Pourriez vous nous confirmer que même en cas de panne totale du réseau électrique et des pompes thermiques, nos techniciens sauront refroidir le coeur d’un réacteur en fusion ? Que celui-ci soit implanté dans une centrale nucléaire, où sur un navire à quelques centaines de mètres du centre de Toulon...

De grâce, Monsieur le Président, une réponse toute simple, un seul mot, oui ou non, c’est tout. Pas un long discours politique...

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Le 9 mars 2013, une gigantesque chaîne humaine protestait dans les rues de Paris pour l’arrêt du nucléaire en France : des milliers de manifestants demandaient la fermeture pure et simple de nos centrales. Le concept en soi est louable. Le concept. Mais utiliser l’adhésion à ce concept de 90 % des Français, aux seules fins de créer la pagaille dans nos rues ou de récupérer des voix pour les prochaines élections, ce n’est pas correct.

Ce n’est pas correct, parce que le simple coût d’un tel démantèlement serait de 750 milliards d’euros, à la charge du contribuable. Ce montant faramineux a été présenté à l’Assemblée Nationale par le député socialiste Marc Goua le 11 octobre 2011. Ce n’est pas correct parce qu’aucun écologiste n’informe nos concitoyens que le coût unitaire à payer par chacun d’entre nous pour ce démantèlement sera de 11.500 euros. Fais la division par toi-même, 750 milliards d’euros, divisé par 65 millions de Français... Ce n’est pas correct parce qu’à ce jour nous n’avons pas la moindre solution de remplacement, et laisser croire à des millions de citoyens que l’éolien ou le photovoltaïque vont un jour assurer notre indépendance énergétique, c’est plus que stupide, c’est de la duperie. Ce n’est pas correct parce que le coût de mise en oeuvre et de production des énergies renouvelables pour la totalité de nos besoins serait tel, que notre facture EDF exploserait littéralement. Et cela aucun Français n’est prêt à l’accepter, surtout bien sûr les plus démunis. Ce n’est pas correct parce que la mise en oeuvre des énergies renouvelables impose de recourir à la production houillère pendant les périodes sans vent ou sans soleil. Par simple honnêteté les

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écologistes se doivent d’informer leurs militants que la mise en oeuvre des énergies renouvelables est la plus grande contribution à la destruction de notre couche d’ozone, à la destruction accélérée de notre planète.

Enfin et surtout ce n’est pas correct, parce que les dirigeants d’Europe Ecologie Les Verts ne peuvent ignorer le risque que nous courons tous, face à la fusion d’un seul de nos réacteurs, qu’il soit civil ou embarqué sur un de nos navires, et qu’ils ne font strictement rien pour nous prémunir de ce risque, pour nous garantir qu’il existe pour chaque réacteur sur notre sol, un système de refroidissement entièrement autonome, et opérationnel.

N’est-ce pas madame Duflot ?...

Alors juste une petite question à nos écologistes qui occupent désormais une place importante au sein du gouvernement.

Mesdames et messieurs les écolos, étiez vous au courant de ce risque tsunamistique sur la rade de Toulon avant de lire mon bouquin ? Saviez-vous qu’un tsunami frappant de plein fouet nos sept navires nucléaires ancrés à quelques mètres des habitations civiles pourrait entraîner un cataclysme humanitaire et écologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité?

Car voyez-vous mesdames et messieurs Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly, Cécile Duflot, Nicolas Hulot, José Bové, Jean Vincent Placé, Noël Mamère et consorts, si vous ignoriez ce risque potentiel, c’est grave. Très grave même, surtout pour un parti qui développe comme doctrine vouloir nous aider à vivre mieux en préservant l’humanité et la planète . Comment

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le simple citoyen lambda que je suis peut-il être informé de ce risque, et pas vous ?

Mais si vous étiez informés de cet incroyable risque qui pèse non seulement sur la tête des 180.000 habitants de Toulon, mais aussi sur toutes les populations riveraines de la Méditerranée, sur notre écosystème, et sur toute la population de l’hexagone, votre silence est coupable, inacceptable et criminel. Vous vous présentez au peuple français en sauveurs de la planète et de l’humanité, tout simplement, tout modestement. Alors vous n’avez pas le droit moral de vous contenter de crier à tue tête qu’il faut sortir du nucléaire, votre premier devoir est d’abord et avant tout de préserver l’existant, d’apporter les compétences que vous avez, du moins je l’espère, pour aider nos autorités à sécuriser les installations nucléaires en fonctionnement, pour aider nos concitoyens à vivre mieux certes, mais aussi et surtout à vivre, tout simplement, à ne pas mourir.

Car nous voulons vivre.

Les impôts, les embouteillages, la vie chère, la maladie, les mauvaises notes du petit, le chômage, l’insécurité dans les rues, l’été pourri, le frigo en panne, la voiture qui ne démarre pas, les programmes nuls à la télé, le terrorisme, la Syrie, le Mali, le voisin qui fait du bruit, l’évier bouché, les traites en fin de mois, ça nous suffit. Vous semblez vous complaire à en rajouter, à en rajouter encore et encore, à nous proposer chaque jour que Dieu fait un nouvel emmerdement de plus, des fois que nous n’en ayons pas assez des nôtres.

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Ma veilleuse de télé allumée en permanence provoque une pénurie mondiale d’électricité sur la planète, mon robinet qui fuit assèche la nappe phréatique, je cours à une mort certaine parce que je ne mange pas bio, mon fichu quatre-quatre condamne les Inuits à une mort certaine, et je suis traître à la patrie parce que j’ai jeté la bouteille en plastique dans la poubelle verte… S’il vous plait mesdames et messieurs les écolos, si vous voulez sauver la planète, faites le, c’est bien, c’est une intention louable, je vous en félicite et je vous en remercie. Mais s’il vous plait, faites le seuls, comme des grands, en silence surtout, et sans nous empoisonner la vie.

Savez vous madame Joly, madame Duflot, monsieur Hulot, monsieur Pascal Durand, monsieur Jean Vincent Placé et autres, que nous en sommes à notre quatrième réchauffement de la planète ? Un peu compliqué peut-être à comprendre car vous n’êtes peut-être pas toutes et tous des géophysiciens confirmés, mais si notre planète a connu quatre ères glaciaires, ça veut dire aussi… qu’elle s’est déjà réchauffée quatre fois de suite. C’était il y a quelques millions d’années et je vous jure sur ce que j’ai de plus cher au monde, que mon quatre-quatre n’y était pour rien…

Sortir du nucléaire pourquoi pas. Développer des énergies renouvelables, bravo. Sauver la planète, d’accord. Mais alors, pouvez-vous une seule toute petite fois nous prouver votre compétence pour faire aboutir tous ces magnifiques projets, pouvez-vous nous prouver que votre seule ambition n’est pas de détruire des Mcdonald’s et des champs d’OGM, juste pour passer à la télé. Pouvez-vous un jour enfin nous présenter un projet

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écologique sérieux, un projet qui tienne la route, un projet qui soit surtout, financé de manière crédible, et durable.

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Chapitre IV

Tsunami + Nucléaire = Boum !

rchimède, tu te souviens ? Tout corps plongé dans un liquide subit de la part de celui-ci une poussée

verticale dirigée de bas en haut égale au poids du volume d’eau déplacé...

Du charabia si les maths et toi ne font pas bon ménage. Je te donne le Principe de JP, beaucoup plus simple à comprendre.

– Un bateau, ça flotte.

Et ça flotte toujours. Sauf bien sûr s’il y a un trou dans la coque. Un bateau flotte, quel que soit son poids. Que ce

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soit la petite pastera de ton grand-père pied-noir, ou le Charles de Gaulle, ça flotte.

L’important pour flotter, c’est le tirant d’eau, la partie de coque qui se trouve sous l’eau. Si le bateau pèse un max, il s’enfonce dans l’eau un max, et selon le fameux principe de JP, il va subir une poussée verticale de bas en haut, égale au poids du volume d’eau qui est sous l’eau. Tu as donc d’un côté le poids du bateau qui le fait s’enfoncer dans la flotte, et de l’autre le principe de JP qui s’y oppose, et qui le pousse vers le haut. Les deux forces s’équilibrent et le bateau... flotte.

Si je te fais ce petit rappel de physique pas très compliqué, c’est juste pour que tu comprennes que quand la mer monte, sans honte, les bateaux montent (superbe...). Tous, sans la moindre exception. Et si un tsunami se radine dans la rade de Toulon, il y a plus de deux mille bateaux qui... vont allègrement flotter.

Mieux, ils vont surfer sur la vague. Tiens, je te fais un inventaire très sommaire.

Rien que pour la navigation de plaisance :

- Saint Mandrier : 800 bateaux

- Port Pin Rolland : 350

- Toulon Vielle Darse: 610

- La Seyne sur Mer : 300

Total si tu n’as pas ta calculette, 2.060 engins flottants.

Ces bateaux de plaisance font de 3 à 15 mètres de long, avec un tirant d’eau de 0,5 à 3 mètres pour les voiliers.

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Tu y rajoute le gros gibier, et là, ça se corse. Les postes d’amarrage des gros navires sont certes moins nombreux, mais juge par toi même.

- Toulon : 3 ferries de 170m chacun pour la Corse. Leur tirant d’eau est de 6,5m.

- La Seyne sur Mer : un navire de croisière, de la Royal Caribbean le plus souvent. Il fait 340m de long, avec un tirant d’eau de 8,8m. D’autres navires de croisière, compagnies MSC ou Costa, et cargos plus petits y font également escale.

- Saint Mandrier : une frégate désarmée le Duquesne. Longueur 158m, tirant d’eau 7,25m. A ses côtés l’épave du Rance, longueur 101 mètres et tirant d’eau 4,25 mètres. Ces deux épaves sont ancrées et jouent un rôle de brise-lames.

- Port Pin Rolland, chantier IMS : une vingtaine de yachts de 25 à 50 mètres. Le plus souvent sur les quais.

- Dans la rade : trois épaves en piteux état sont ancrées à quelques centaines de mètres de la ville. Les Dives et Argens, 102m de long et 3,2m de tirant d’eau. Le Commandant Rivière, 102m de long et 4,3m de tirant d’eau. Le Saône, 160m de long et 10m de tirant d’eau est en cours de désamiantage sur un dock flottant à La Seyne Sur Mer.

- A quai dans le port militaire: les trois plus grosses unités à quai sont le Charles de Gaulle, propulsion nucléaire, 261m de long, tirant d’eau 12,5m, le Mistral et le Tonnerre, 199m de long, tirant d’eau 6,2m. Puis les six sous-marin nucléaires classe Rubis, 73,6 m de

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long, tirant d’eau 6,4m. Et enfin plusieurs unités de 120 à 160m de long, avec un tirant d’eau de 5 à 10m.

Bien sûr tous ces bateaux, à l’exception du Duquesne, de la Rance et des trois épaves flottantes, ne se trouvent pas simultanément dans la rade.

Comme tu le vois, il y a pas mal de gros trucs qui flottent dans la rade de Toulon. Et tous ces navires ou bateaux de plaisance ont un point en commun, aucun d’entre eux n’a un tirant d’eau supérieur à ... 13,1 mètres.

Aïe, le tsunami annoncé par le BRGM fait 13,1 mètres !... Déjà tu souris, tu devines la suite.

Enfin, tu souris si tu n’habites pas Toulon. Imaginer qu’un tsunami va gentiment amener toutes ces embarcations dont certaines pèsent plusieurs dizaines de milliers de tonnes s’esclaffer sur les immeubles du port qui longent l’avenue de la République, ridicule.

Enfin bon...

Tu te souviens de la hauteur de la vague du 11 mars 2011 au Japon ? La vague faisait en moyenne 10 mètres de haut. Par endroit elle atteint 23 mètres, run-up oblige. Les médias se firent longuement écho des pertes humaines et matérielles que subit la population japonaise durant ces instants de cauchemar. Mais le plus ahurissant fut l’extraordinaire fragilité dont firent preuves les méthodes d’amarrage des navires, dans ce pays pourtant accoutumé à ce genre d’évènement géologique. Pas un seul bateau, mais alors pas un seul, ne resta à quai. Tous sans aucune exception, furent soulevés comme des fétus de paille et

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entraînés par les flots à l’intérieur des terres. Tous, quel que soit leur poids, quelle que soit leur taille.

Car en fait, l’élément capital dans cette débâcle fut bel et bien le tirant d’eau de ces navires. Aucun d’entre eux n’avait un tirant d’eau supérieur à la hauteur de la vague, aucun d’entre eux ne put profiter de la protection de son quai d’amarrage.

Que s’est-il donc passé, pourquoi aucune amarre n’a-t-elle tenu ? La clé du mystère tient banalement dans la forme des bittes d’amarrage couramment utilisées dans tous les ports du monde. Je te montre comment est amarré le Liberty of the Seas à la Seyne sur Mer :

Le Liberty of the Seas à quai à La Seyne sur Mer : 339 m de long et

8,5 m de tirant d’eau. Le tsunami le portera à 5 m au dessus de son quai d’amarrage.

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Ces bittes sont conçues pour empêcher un bateau de s’éloigner vers le large, et pas pour le retenir en cas d’une éventuelle poussée vers la terre ferme. Lors de la montée des eaux, les navires selon le fameux principe de JP ont continué de flotter, et se sont rapidement retrouvés au dessus du niveau du quai. Les amarres ne se sont pas rompues. Elles se sont tout simplement désolidarisées de la bitte qui les retenait, et les navires poussés par la force du courant ont tranquillement dérivé vers l’intérieur des terres. Ils se sont ensuite échoués lors du retrait des eaux, parfois à plusieurs kilomètres de leur poste d’amarrage.

Petit croquis pour mieux comprendre l’impact de la montée des eaux sur un navire amarré à quai, quel que soit sa taille ou son poids.

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Au Japon, toutes les embarcations situées sur le passage du tsunami furent littéralement projetées sur les populations, les bâtiments, les voies de communication, les lieux publics. Pas une seule amarre ne résista à la force du tsunami.

L’Asia Symphony est un cargo de 97 mètres de long. Malgré ses quelques 175.000 tonnes, il fut une des nombreuses victimes de ce défaut d’amarrage. L’Asia Symphony fut déposé tel un fétu de paille sur son quai d’amarrage. Par chance il ne fut pas entraîné plus loin : en cet endroit la vague atteignit seulement 4,5 mètres, à savoir son propre tirant d’eau.

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Lorsque le niveau de la mer se mit à monter, l’Asia Symphony se mit à gîter comme sur la figure 2 ci-dessus, retenu à quai par ses amarres. Mais celles-ci cédèrent rapidement. Le navire se mit à monter lentement et lorsque le niveau des eaux atteignit 4,5 mètres, il se mit à dériver vers la terre. Par un curieux hasard, la hauteur du tsunami à Kamaishi n’excéda pas 4,5 mètres. Et l’Asia Symphony fut déposé avec délicatesse sur son quai d’amarrage lorsque le tsunami se retira.

L’Asia Symphonie, 97 m de long, 175.000 tonnes. Aucun doute n’est permis, un tsunami de plus de treize

mètres sur Toulon déposera tous les navires, quelle que soit leur taille, sur les quais. Ou en centre ville... A titre de

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comparaison, les six sous-marin nucléaires d’attaque ancrés dans la rade font à peine 73,6 mètres de long.

Les sous-marins nucléaires de classe Rubis font à peine

73,6 mètres de long.

Je te laisse cher lecteur, par ces quelques photos te faire une idée de l’effet d’une vague de plusieurs mètres de haut, sur des navires amarrés à leur quai. Ces photos ne sont pas truquées, c’est la dure réalité qui nous attend dans quelques années, ou dans quelques heures. Lorsque le tsunami se pointera sur Toulon, mieux vaut éviter de pécher à la ligne le long des quais.

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