T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

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COHECTMND'8UVBA6ESRELATIFS AUX

SCIENCES HERMÉTIQUES

L'OR

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MB~IOTHÈ~UE CHACORNAC

tt. QjMiSaint-Michel.Paris

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L'OR

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LA TRANSMUTATtONDES MÉTAUX

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COLLECTtON B'OUVRA&ES RELATIFSALX

SCIENCES HERMÉTIQUES&'HShAr~~H~t'M.jHt.Est.KRM)S<

L'OR

pr

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX

Par G. TuÉODOKETtEFEREAUL'A!eh'ntist-tfuxtx"StL'c!

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PARACELSE ET ~ALCHIMIEAuxnSüclc

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2 09 0~

Page 5: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PprMMKt

PRÉFACE

Tout, danslanatureextérieure,se réduità un

changementde formedans('agrégationdescte-ments chimiqueséternellementinvariables

(Hetmhotfz).

En pu6fiantle premiervolumedecelleeo~g~Mft~'<'<:n&

– MCMfH modernes-relatifs auxsciencesAerm~KM,

nousn'obtlissonspasau pulgairedésir de faire tBtffrt:de

&t6Mo~MM,ff't.~fYBfOtt~rJ~~F~M~fM, f:<mn~p<!Fle /b~, ~<ïr.r<M~<!<M<<t/orm6,MHfMfaft~MM at eon!-

prendre, où se n!t' parfois des~jtt~jtïtt'ï presque ridi-

culesatMconceptionslesplus hardiesde rM<K<~0<

~VMMvisonsplus haut etplus loin.

Aujourd'huil'esprithumainest asse; nettement~H<rJ

de fOM~r~'a~ï pour ne reculer devantaucuneA~t'o~M:ne se laissantarr~r par aucune superstition ni aucune

crainte, il pa/tH~«'<!t<x~MmM limites de la logique,estimant <~f<'dtoute constatation acquise,uneétudet!OM-

vellepeut ajouterun <m-M. s'est ~.g'~J surtoutde la

p~r ~Mmo& ne condamne aucune manifestationde

l'efforteJrJ~ra~,sous quelque('~MHg qu'elle se présente

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PRÉFACE

Alchimie, ~crm(~Hn!C,Occt(~HnK,neM~pocr/M~tM

des-rubriquesffon<~s<fV/«reîm~/Jr;<*<Mesne fc~raf'Mt

pas. ~!Msousson)'OtVs~<'a!a~orjf/rc commeun <?'<*fan-

tastique, t'cmmcun ~fe~ troublant.Le sot'~n~va droit

il elle et p~~cn~voirsonvisage.

~M<re/oM.<)<:cmo<d'oM)tm~,<Mfrissonnait ou o'!

souriait. Superstitionou scepticismequi ne sont ~M'Mnt'seule et mêmeforme de l'ignorance ~<de la paresse.

On a comprismaintenantque l'hommen'a~ &~rotf

de nier nt (fermer à priori. Dire que r~e&tmMft'Mt

~M'tM/rHHd'erreursgrotesquesest aussiabsurde que de

croire, par un élan ~efoi, tt desmiraclesM~JmMMï.

Qtt'Mf-Cf:~'<!tMMr~~<t*m~At~o~e ~rmj~ae

QKan~, MMM, W~Mm-~MtMK, ~OKr~~

sa théorie des atomes-tourbillons,fait jaillir d'un COM~

baguette,frappé sur un drap <eyt~M,lesanneauxde fumée

du chlorhydrated'ammoniaque,~Man~Hs~mAo~ano~-M

les mouvementstourbillonnantsdans K/t ~!t<~<!parfait,

c'est-à-dire n'existant<d FJ~~ ~po~tJM nM~tfma~-

que, commele point 6a ~J<(.~fM, quand Af. ÛMpri'

Mm~e, dans uncubed'eau <)'jn~o;tr edMtt~ n:{~tjmede

mf~t~C, M~utM~au microscope,un nombre énorme de

225millions ~mo~eafM. cc~M)'n&/Of!{a'Kyrf:~'aMt-

mistes,et l'ignorant qui les verrait agir, sans compren-

dre la ~or~e leurs <r~MX,en ~ar~cc M~f~~n/x,

tes taxerait defolie.

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ï -1

PRÉFACE lit

c* r\t~<t<'FbM/ ? nut est &tt:MM~prononcé FjM,DJmocn~,

~fra~rMur~MtoM direque lesMrfJMs touteschoses

~endcni des Mn'JMx leursa~omcï.en aom~ri;.dimen-

sion et ~r~af[Oft;fo!ttE'm~J~oc/e~t<t~rM)!~f<t!p~a-

<ionfou, Epicure quiniail la mort,fou, Z,Mcr<'<;<?qui pro-

fessait rm~t'ïtrtfC~fMJ des atomes, iM~(;rMM&t!M<J-

fMax de <'cn;Mr~

M. Frémy ftt:y<tM~ pas œ~fc d'alchimiste,quand,

en faisant rJ~if au rougeAt fluorure de calcium sur de

l'aluminecontenantdes traces de hc/ifomt!~ ~o~M,

t7prOt<UMat<~!t:nxbt<xpo~)'n~KM ~Krubis.

Seules, les conditionsdu travailM<C/M; Les souf-

~ffrs du mo~n-ti~ toujours<;nerjm<<;~c ~er~eM~onï.

pd~~arhpCKr~M ët!~err ~~c~tiKH~ mat=

/at'~Mrï,f't'Mttla puissance~orm~ et f~pt~m~nfacquise

qui <rMm~~CMf7de leurs &o:<ffMM.Y.Sur le mon~<

caM~MiMpesait, avecsa tJ~~o~ sinistreda la science,

CMCson mépris du bien-être cor~oM~,a~M sa ~OKr~c

~<'orMdu sacrifice, avec sa méconnaissanceatroce des

besoinsci des droitsde <'<tMm<!f!t<J.

~e savant se terraitdans sa science,et, si, o&JuMn~à

celtepassion innéeau c<x;Mrde l'hommequi le pousse à

/~f'rt:~r~~ef sesjoies de~ottKHrKx ~~mHaMM,il K

~Maft p<tW<;f,encoreM MMnMt't~ prince lui

conseillaitf~mp~'er unehf<He nt)'ï<('neMM,arMfMi'M);

et cependant,le plus souvent,pour qui sait ~T~A~f,

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tV PRÉFACE

simple en sonessence,commetout ce qui est logique e

!'rat.

Aujourd'hui, comme Fa dit Tyndall, la science n'a

plus le droitde s'isoler, maisellecombinelibrement tous

les efforts qui tendent vers ~nt~oraft'Oft ~tt sort de

l'homme.

Z~r<!f!A faute des Hermétistes-faute quin<~f!t«leur

être imputéeà crime, car ils étaient~raïdïSOt~ le joug de

fer de l'ignoranceet de la tyrarrnieintransigeante,c'est

~'af0<rrcc«~t'devantla généralisationdes ~FMCt~M.Ils

s'arrJ~Kn~, tK~MtC~,au seuil de &: f~nM, sans oser le

franchir, s'attardantd ~Mrecherchesparfois enfantines

commedes jeux. C'est ~H'attMt Bibleles enserrait, les

p~rM~MC&ÏC<O~M~~&MKMN~res-

pectables,mouraientde ne pouvoirtravailler librement.

Ce ~«'~ faut considérerencesp&~oso~M,Msont moins

les applications~K't~fontde leurs théoriesque l'idéepre-

mMrcqui les leur dictait.En les écrits de chacun ~'e«A:,

il y a, sousla /orm~, /dn~, fa base, le substratum.

LorsqueBacon appelait le son un mouvementspirituel,

pM~re proclamait-ilun des axiomesde ra~mr i

Ne retrouvons-nouspas tous les JMmen~ science

alchimique dans les ~tfrf'MCM ~Vofm<!ftLockyer,

Cr0t<f<!<t:f ses études.spectroscopiques,que dans les

étoilesles pluschaudes,on ne trouile~Mjde rA~M~t'ns

pur, tandisquedans cellesmoins chaudes, les métaux.

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PRÉFACE~ v

puis les mJ~~o~Mapparaissent,et quesur la krre, c~n,

~~ro~M,m~afM:~n!<oMM<!<:K<MMft<ant<!M

à fJM ~r/h{~m<'n<pur, maisen des combinaisonsplus

ou moinscomplexes.Çu'M donc que cet Ar~rO~nc,

sinon t'Absolu desalchimistes,et queltepreuvepresque

concluantede la réductionpossiblede la matière en son

principe un et primordial?

Aujourd'hui on peut professer ~OM~n~n~ dogme

de l'unitéde la matiJre: enexpérimentantavecde ~'a~coot

ou de ~M~, onacquiert la démonstrationirrécusablede

la créationdu ~!MnM M~i're, par fragmentation~'UM

masseunique.MaKrA~ro~neMt-tH'fxMme~oM~eA'~r~ccc

g~noNï~~oMM~fo~me~ r

Les ïpt'cfreïpAo!p/!orMC<&ont mot~t' en ~fanM un

~Mme cMm~at:complexedont les ('Mmcn<!constituants

pCt<)~n<('<n;dissociés.Huggins,L~eo~deBoisbaudranont

~M~ftïf' MMet'JrtMqueKM~eaujourd'huila mauvaisefoi

pourraitrt'M~KCfen doute.

Mais f'afonM~M<corpscomposé. a-f-fYau~M

queseraientses .m~fth constituants? Scrjtcnf-tbmulti-

p~ ou seMjE'pOf<<'rt!<M<-t~un (~JmM<unique

cellcquestionWf~NntCrookesrj~ft~ hardiment:

– me/)tMt!f~<t CO)K~ttMque les f'~MM~des soi-

<fM.!nbcorps simplesquenouscannaissons,sontenrJj~M

~ï mo~CM~xcom~o!<'cï.Je )'t!M~~manJt; pourquevous

Page 10: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

1- VFVI- -PREFACE- 1-~ –

ayie; uneconceptionde leurgenèse,de reportervotrees-

pn~aMrWes ~es/Mrs 7~ (cm~o~f'MmMrï~aSt'f~et sansforme, et de suivrele développementde la matière

dans les étatstt nousconnus~'apr~ quelquechosed'anté-

cédent.Je ~ro~oM~'a~~rpro~e ce qui existait~Mtf

nos éléments,a~an~la m~fjre telle que nous-laconnais-

sonsà présent.Cette MJc matitre première, pro~ préexiste

aMX~M<MCX~rf~raMO<!MR~.C*Mfaf~ I~ëscâr=

t esparle d'unfluide universelpareil tt uneliqueurla plussubtilee~a plus pdn~nM~.quisoit au mo~<

M. Ber<A~o< a~Mm~ aHï<f(' reculait pas

~~M~'A~o~K~MMpo~MntfMeorp!Mm~~

K~mo~MOOf)< nous ~OMMaa/Mf~Kt,restent encoreimpuissants,rtjft tt'cmp<<? de supposer

~t<*«ft(?découvertenom'<*Ht',MmMaM~<icelle du courant

fo~af~M, permetteaux chimistesde l'avenirde franchirles limitesquinoussont imposés toutenserefusant t!

mettrela n<'cfM(Mlogique~rt/n<M ma~r~, ft'mt-

nentahimistereconnaissait~fraMem~~nc~de la transmu-

ta~'Oftdesélémentsactuelsles uns dansles autres.`

Les recherchessur la thermochimie,enM<ro~M<Ma~dans

la sciencefM~ de ~MMf:Mt<KM,ont pOfMunCOK~)A'C:H/'aux ~r<~t<&SHrtt7!n<nohmn!gn<<trAj"po~~<'ntM.

De la dissociationà la ï)'<jM, marcheest logique,

1

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PREFACE Vtt

et M<*<:de la <Mf!!fMtt<<!<tOftf<MmJ~MJCCMp~M<<fe~Kf

eonï~H<Mnj''t!f~~<:f/cc<Mnttfme<!<t~rd~meft~ro~~ue

s'impose~'t:~('-tt!<'<

M. E. Varennene ~Ma~ pas, il a trois ans

Cont~rtme~ r~ro~'M /M~K\t e~M.~centntille

t!!nMxpA<tr<'ïetvousaarc~un lingot d'or pur.

De ee~Canalyse~t; nx!<<<'r(;ti l'analyse de la Vie,

le passera bienMtfranchi.A <jrMM(?hauteurncï't'MMp.Mbsciencento.ft'fne~u~m~

r~t!r~anf/<!c<!tt grands ~rt'6Mn!Morganiques,elledit avecC<<n<~B<;M<!r~

–f.M~MmJMï~'K~Cor~s 6rM~ ~tï corp.<

vivantsont pour conditionsles i)t<?m~JfJmjn~ et les

t!!t!mc~~r~nJ~~n!m&!rM. C'csf com~f<!X!M~<

nM~'cmen<quifait la ~~nce.

Descartesavaitd'ailleursaffirmé J"t*<;une (M~cj

~it!~ que la M<:ft' qu'un r~M~.t<plus JjtH~<~f<~des

~aMde la physique<;< n!<'c~f!t'~f«:.

P~tt~frf. et c'est fCt~ff'm~rfMnftëft<~rm~fïm~ et

~'OcCtt~Mmt:,<<M~-< t~~M~JttCMpfO~CM~Ï,M<~f-

~«eMf~ ~Mtimcn~t'h~~Ke de nt~JrM~M<*MMpassent

à un autre <<<Mt!,sansMh<Mexacte, nousappellerions

dèsà ~'yen~spirituelles,~MM/ornM~ndontla formation

oula naissancede~'t'~rfCt~ n<MX/OMfftt!M~~M

similarités~ro&aMM.L'(;~n'<n'M<-t7pas tMJ~~ essentiel,

~'Jd<~ maftjrj, M~A~'r-~n~t', ~OMJde /tKu~s

Page 12: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

Vttt PREFACE

aclivesdont nousressentonsles e~, sans qmf noussoit

e'Mor~/tOK~crm~er~n~Mff~

De (jM~empï,ces problèmesont~oecK~t'/M hommes

~'JMe~t~er~M/M~~M'er~Mf~a à ~<;t<leurs rc-chercheset leurs ~jttMr~ ont changé <ï.ce ~fscience.

Quelqu'un oserait-ilaujourd'hui taxer de folie, dechar-

latanismeou demc~tMn~Crookes ou Gt~MrQui ose-rait fermer ~eK~M-KM~n'M<pomt<!pj&<!fM.<G

Il nous,parait plus~K'MM~Ha~, nous semble utile

de placerà nouveausous les ~tM: des AommM bonne

foi ces<cwr~, presquetaulesintrouvablesqui constituent

les ~CM~Mgrand dossierAgrn!J&'{M,de ce p<-oe~,/t<~J

~ff'~MM~CB.m~~M~~Bh~ Nou~ar~ons:

~conf!<N~~H<t!MffMopt<sc~Mm~eon/ttM mal

<?«?' telsquele Miroir d'Alchimiede ~~er Baconou

!'Etixir des philosophes <!Mft~<<au pape Jean XX~,f<'vrai chercheursaura ~er le diamant<<t gangue

combiend'autres<E«frMdédaignéesEn ~Jn'ff',quand on comprendraleso'Hf'rg!de SM'c~e/t-

borg, ~Wfsnf' Wro/f, Z.ot<M~ea~de F~re ~'O~t-

M<,des Aort'~nïnouveaux,immenses,s'ouvriront devant

lesesprits.Et ~M'Ottn'oublie pas que nossavants, fussent-ils de

~'7n!<t<M<0<!<lesfils, trop souventingrats, <fM~rm~M-

tes. Pe<t<-Mre,commele veulent lessage duThibet, sont-

Page 13: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PRÉFACE

ils les<'< inconscientsdes savantsdequelque lantide

~ï~anM, les écouteursencoreà demi sourds ~'('cAo~se

propageant ~M~M catastrophesantiquesde la machine

cosmiquc.La collection~t'erth, relatifs auxscienceshermétiques

sera, enfett de <t-m~, M~-n~cum de c<:M.qui, hors

de tous ~M~ admettentle poH<7' m<'mj~<Mf

vraisemblable.

JULES LËRMM~.

Mai [889.

Page 14: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARACELSE

ET L'ALCHIMIEAU XVI~ SIÈCLE

PAR M. FRANCK

MEMBRE DE L'ACADÉMIE DES SCŒKCE5 MORALES ET POLITIQUES

Lu à ta scance publique annuelle des cinq Académies,

tei; octobre tR; 1.

Sr t'atchimie n'avait jamaiseu pourobjet que ce dou-

ble rêve de la cupidité et de la faiblesse, le secret de

convertir tous les métaux enor et celui- de prûfongcrJï

volonté la vie humaine dans un corps exempt de dou-

leurs et d'infirmités, je me garderais bien d'évoquer te

souvenird'un art aussi chimérique,et, s'it ne t'était pas,

aussi dangereux. Mais elle s'est proposé, à un certain

moment, un but ptus étevéet plus sérieux. Entraînée

par ses illusionsmêmesà la recherche, quelquefoisà la

découverte du vrai, elle a préparé la régénération des

sciences naturelles, en les poussant, du côté des faits,

dans les voies de l'expérience et de t'analyse, et en les

rattachant par leurs principes aux plus hautes spécula-

tionsde la métaphysique.A ce titre, ettc pourra exciter

Page 15: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

2 L'M.CHtMtEAUX\'f-S!ECLEC "cc o-C:.C -F-

quelque intérêt dans un temps qui est à l'épreuvede ses

erreurs ef qui se pique de justice envers les. siècle

passés.L'origine de l'alchimie,comme cette de la plupart de

nos connaissances vraies ou fausses, se perd dans un

nuage. Cependant ilest difficilede lafaire remonter avec

quelquesadeptes jusqu'à Mezaraim, filsde Cham et pre-

mier roi d'Égypte, ou jusqu'à l'auteur supposé duP<f-

MM~r. ce prétendu monument de la mystérieuse sa-

gesse des prêtres égyptiens. Tant HermèsTrismégiste.

Le titre de philosophiehermétique, sous lequelon desi-~

gne l'alchimie, et la ressemblance de ce dernier nom

avecee!uLdeehan~!epatf(arcncde;)'Mnque,neptt-

ra!tront à personneune garantiesuffisantede cette véné-

rable antiquité. On reconna!tra peut-être un premier

essai de chimiegénérale dans quelques-unsdes plus an-

cienssystèmesphitosophiquesde la Grèce dans les ato-

mes de Leucippeet de Démocrite, ressuscités,avec des

attributions plus modestes, par ta science contempo-

raine dans les quatre éléments d'Empédocle, qui conti-

nuent de désigner sinonles principes, au moinsles dine-

rents états de la matière,tantôt solide comme la terre,

tantôt fluidecommel'air, liquidecomme t'eau, impalpa-

ble, c'est-à-dire impondérable, comme te feu et enfin

Page 16: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARACELSE

dans la théorie plus savante des homéomériesd'Anaxa-

gore. Mais, il y a loin de là à faire de Démocrite un

alchimiste,disciple des prêtres de Memphis,du mage

Ostanes et d'une certaine Marie, surnommée la Juive.

dans laquelle, franchissant une distance de dix à douze

siècles, on a reconnu la sœurde Moise. Cependant n'a-

vons-nouspas les ouvrages que le philosopheabdéritain

a composéssur le grand art, sur l'art M<:r~,commeil

t'appette:-Oui, sans doute! Mais ils méritent le même

degré de confianceque ceuxde Taut lui-mème,du mage

Ostanes, de ta prophétesse Marie, qui sont également

entre nos mains, avecbeaucoupd'autres, signésdes noms

d 'Âristotë,du roFSaIbntOtiet de ta reine CtéopiUre.

Ce quiest certain, c'est que la foidans l'alchimieétait

déjà accréditée au commencementde notre ère car

nous tisonsdans t'M~<we naturellede Pline (f )que l'em-

pereur Catiguta réussit à tirer unpeu d'or d'une grande

quantité d'orpiment mais que, le résultat ayant trompé

son avidité, it renonça à ce moyende grossirson trésor.

Un autre fait qu'on peut affirmeravec confiance,c'est

que ta science alchimique a prisnaissance en Égypte.

soust'innuence de ce panthéismemoitié métaphysique.

moitié religieux, qui s'est <brméà Alexandrie,durant les

(t)Mt!<fiMnf!fHf.liv.XXXttt,ch~p.4.

Page 17: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

4 LA!.CH[MtEAUXY!S)EC)LE

premierssièclesde Forechrétienne, par la rencontre de

ta philosophiegrecque avecles croyancesexaltées et les

rêves ambitieuxde i'Orienf. On remarque,en effet, qu'a-

près tes personnages fabuleuxou manifestementanté-

rieurs à cet ordre d'idées, les premiers noms invoqués

par la philosophiehermétiquesontdesnomsalexandrins:

Synésius, Hétiodore, Otympiodorc, Zosimc. Ajoutez

cette traditionrapportée par Orose (t) au commence-

ment du v' siècle,et recueillie par Suidas (2), que Dio.

ctétien, ne pouvantvenirà bout des insurrectionsmulti-

pliéesdes Égyptiens,ordonnaladestructionde tous teurs

livresde chimie,parce que là était, selon tui, te secret

détours richesseset. de teuropiniâtreréststafice. Enfin,

c'cst à un'phMosophed'Alexandrie, â un philosophe

chrétien,probablement à la manièrede t'évoquede Pto-

témaïde,te discipled'Hypathte, queles Arabes se disent

redevablesde toutes leurs connaissancesalchimiques.

Ce personnage,appelé Adfar, florissaitpendant la pre-

mièremoitiédu vn*siècle, dans l'ancienne capitate des

Ptolémées,avec la réputation de posséder tous tes se-

crets de lanature,et d'avoirretrouvétes écritsd Hermès

sur le grandart. C'est lui vraisemblab!ementqui en est

(t) MMionjnfm<m'rs«s~*t!MCs,tib. VUc. tn.

(2)Voirson~.Mf~M,aumotCAtm~VIIc. to'

(2)VoirsonLeirique,aumotChintie.

Page 18: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARACELSE

l'auteur. Sa réputation s'étendit jusqu'à Rome, d'oùette

attira vers lui un autre enthousiaste, un jeune hommedu

nom de Morienus, qui. admis dans la connanced'Adfar

et initiéà toute sa science, ta communiqua,vers ta finde

sa vie, au prince Ommiade Kha!cd,fils du calife Yezid,

devenu te souverain de l'Egypte après ta conquêtede ce

pays sur les empereurs de Constantinopte(t).Des ce

moment, l'alchimie devient mulsulmane,sans cesser de

respirer l'esprit qui avait sountt;sur son berceau. Le

premier écrivainqu'elle produisit chez tes Arabes, le fa-

meux Geber, ou plus correctement Djâber. né à Kou(a,

sur les bords de l'Euphrate, aucommencement du xm"

siecte, appartenait ta secte de&so{!s,hëridèr&directe

et jusqu'à un certain point, échofidèle du mysticisme

alexandrin. Cette alliance est facileà expliquer. En ad-

mettant, dans l'ordre philosophique et religieux,qu'il

n'y a qu'une substance unique des êtres, ou qu'il n'y

a qu'un seul être sous des formes infiniment variées,

comment s'empêcher de croire que ta sphère de la na-

ture et de l'industrie humaine, que tous lescorpsdont ce

monde est composé ne sont quedes combinaisonset des

(t) Voirle savantouvragede MM.Reinaudet Favé.DK~K

grégeois,<~ /j<Mde ~KCr~ tics<M'~<n<'ï ~re Mnm.

in-8";Paris, t84).

Page 19: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

b'At.CHtMtEAUXVt°StEGt.E

états différents d'un seut corps que tous les métaux,

pourvu qu'ils soient soumis à un agent assez puissant

peuvent être ramenés à un métat unique qui est leur

type communet teur plus haut degré de perfection Tel

est. eneffet, te principe d'où est sortie t'atchimie, par

lequel elle se lie d'abord au panthéisme mystique des

Grecs d'Alexandrie et des sofisde ta Perse.

Maispeu à peu à mesure qu'on s'éloigne de t'antt-

quit~ et que les croyances nouvellesprennent un carac-

tère plusferme, ce principe se dérobe aux regards, et

l'alchimie,au lieu de tenir sa place dans un systèmegé-

néral des connaissanceshumaines,devient un art tout à

fait isolé, un empirismeétroit, auquet H ne reste ptus

que te champdes iHusionser des aventures. Tette nous

la rencontrons, au commencementdu x' siècle, chez

Razi, vulgairementRhazès, ce médecin fameux, qui, se

vantant de faire de l'or, ne put trouver une sommede

dix piècesd'argent, promiseen dot à sa femme, et dut

subir l'humiliationde ta prison pour dettes qui. possé-

dant un secret pour soustraire)'hommeà toutes tes ma-

ladies, et mêmeaux infirmités de ta vieittesse, ne put

empêcher une cataracte de fermerses yeux à la lumière.

Telle nous ta trouvonsencore, un sicete ptus tard, chez

un autre auteur fréquemmentcité, et probablementaussi

Page 20: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PAKACELSE7

~s,ïH04.

t

un médecinarabe, Artephius ou Artèphe, qui a bien puservir de modèleau comte de Saint-Germain car ifs'at-

tribue commelui une existence de mille ans, due à t'é-

lixir de longuevie.

L'alchimie,en passant des musulmans chez les au-

teurs chrétiensdu moyen-âge,nechangepas de caractère

et t'en peut douter qu'elle se soit beaucoupenrichie en-

tre leurs mainsde ces découvertes imprévuesdont ta chi-

miea hérite. Ainsi, par exempte, c'cst une erreur d'at-

tribuer à Roger Bacon t inventionde la poudre à canon.

La compositiondésignée en termes éni~matiquespar le

célèbre franciscaina été décrite avantlui,avec beaucoup

d'autres par MareusGrsBeu& jettes auteurs arabes.

On conçoit que la mêmehorreur qui poursuivaittes ma-

giciens atteignit aussi tes alchimistes,confondus avec

eux par t'ignorance populaire, et que la longuecaptivité

infligéeà Roger Bacon ne devait pas encourager teurs

expériences. Du moinsest-il certain que l'alchimie, pour

parter le langagedu temps, n'est qu'unaccident dans la

schotastique elle ne se rattache par aucun lienauxprin-

cipes, et n'entre par aucune porte dans tes cadres de

cette étude. Les objets de ses recherches sont, comme

auparavant,la pierre philosophaleette fameuxétixir.dont

t. Lf~'rf~f!ti<nta~ cjm'wjn~M/!f!<M:id~" Paris,1804.

Page 21: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

8 L'ALCHtMtE AU XVt* StÈCt-E

personne, à ce moment,pas plus saint Thomaset Albert

le Grand que RaymondLulle et Arnauldde Vitteneuve,

ne songeà contester l'existence. Ce n'est qu'à l'époque

de ta renaissance des lettres, dans lecours du xv" et du

xvt"siëcie, que, choisissantpour son point d'appuita phi-

losophie.ou du moinsun systèmephilosophique,et pour

son champd'opérationsta nature entière, elle s'efforce

non-seulementde prendre rang parmi les sciences, mais

de les employertoutes à sonusage.Voici commentcette

révolutions'accomplit.

Le moyen âge, sauf quelques essais de résistance

étouffésà l'instant, avaitvécu tout entierdans les espa-

ces surnaturels de ta foi-oudans tes arides abstractions

de la logique, admise comme par grâce à exposer et,

pour ainsi dire, à détailler le dogme. La renaissance,

justementmaudite par les partisans de ce régime, c'est

le retour de t'esprit humainà la nature, dans toutes tes

carrièresouvertes &t'emptoide ses facultés.fi se trompe

souvent et passe à côté d'elle mais c'est elle toujours

qu'il cherche, même dans les plus grossières supersti-

tions. Il admire ta peinture des sentimentsnaturels dans

les chefs-d'œuvre littéraires des anciens, et la raison

naturelledans leurs systèmes philosophiques. H reven-

dique le respect du droit naturel dans les institutions et

Page 22: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

fARACEt.SE 9

les lois. tt assure la défense des intérêts naturels en °

réclamant, pour la société civile, une existence distincte

et indépendantede tasociétë religieuse. Enfin; daMte;arts, l'enthousiasme na'ff, les saintes inspirations quisentesl'avaient captivé, cessent de lui suffire, et il faut

qu'à la beauté de l'expression viennent se joindre [a L

forme et la vie, l'imitation fidèle de la nature. Que)autre ordre d'idées devait entrer dans ce mouvement

d'une manière plus directe et plus irrésistible, quel'étude de la nature proprement dite ou l'ensemble des

sciencesphysiques f )est vraiqu'on rencontreau moyen.°

âge, à partir du Xffsiecie, quetques connaissancespar-tielles d'astronomie, d'anatomie, de minératogte, em-

pruntëesa['érudition arabe, qui, eHe-mcme.avsitpmsédans ['antiquité grecque mais nulle part ces connais-

sances nesont retiées en un faisceau et ce qui portealors le nomde physique n'est qu'un texte à allégories.commedanst'nr~ro~ d'Abétard ou une imitation

du Timée, d'après ta versionde Chalcidius, comme dans

le traité du monde (le Macrocosme)de Bernard de

Chartres ou une argumentation purement logique sur

la matière et sur ta forme, le temps, te mouvement.

l'infini,t'éternité, comme chezles maîtres les plus célè-

bresdu x)n'' et du XtV siècle, quand ils commentent

Page 23: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

tO L'ALCHIMIE AU XVt° StÈCt.E

et développent la physiqued'Aristote. Une scienceayant

pour but d'étudier l'univers comme un seul tout. de

saisir les rapports qui unissent toutes ses parties, de

surprendre dans teur activitémême les princires et les

causes des phénomènes, pour les observer ensuite dans

leurs plus mystérieusesopérations: enun mot. une philo-

sophie de la nature, fondéesur l'examendes choses, non

sur la discussion des vieux textes, et osant avouer

nettement sondessein une telle idée n'existe pas avant

t'ere de la renaissance, et c'est dans les livres d'atchimie

qu'il faut atter la chercher.

Le mysticismeorientalvenaitde repara!tresous toutes

es formes dans la kabbale, restauré&par. Reuchtinet

Ptcdc!aMirandote;dans!epythagonctsntea)exandrin,

remis au jour et développéavec imaginationpar le cardi-

nat Nicolas de Cusa ;dans le néoplatonisme,importéen

Italie par Gémiste Ptethon, puis propagédans tout l'Oc-

cident par les écrits de Marsile Plein. Surpris par cette

lumière, qui avait éclairéte berceau de leur art, et restés

fidèles néanmoins aux dogmesde la création et de ta

liberté humaine,ces deux bases de leur éducation mo-

rate, tes alchimistescommencèrentà voir ta nature d'un

point de vue nouveau, égalementéteigne du panthéisme

antique et des allégoriesou des abstractionsdu moyen

Page 24: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARACELSE t[

âge. Elle apparutà leurs yeuxcommeun immenselabo-

ratoire où la nature toujours en fusion, et, pour parier

teur langage, toujoursen fermentation, est modifiée de

millemanières,est revêtue de mille formes par des ar-

tistes invisiblesptacé; sous ta main d'un maitre suprême.

Ces artistes,ce sont les forcesqui fontmouvoir te monde

et qui animenttoute; ses parties, depuis tes astres sus-

pendus dans t'espace jusqu'au moindre grain de pous- r

sière ce sont lesprincipes immatérielsqu'orr découvre 1

partout, lorsqu'onne veut point admettre d'effets sans

ca'uses dans tesêtres organises, comme ta source de la

formeet de fa vie dansla matière brute, comme tacause

du mouvement,deta.~cohesiondes étements et de. leurs

affinitésélectives,En effet, tout corps, dans le système

qui nousoccupe,fut associé i une cause, à laquelle il

devaitsa compositionet son développement intérieur.

Chaqueorganeimportantdanslesanimauxeut son are~c

ou son principe particulier d'organisation et d'action.

Mais tousces agentsn'étaient pas isolés dans les dtn'é-

rents corpsdévolusà leur puissance ilsétaient appelés.

dans unordre hiérarchique,à exercer leur énergie, ou,

pour me servird'une expression consacrée~à imprimer

leur signaturelesuns sur les autres, les astres sur les ani-

mauxet tes plantes,ceux-ci sur les métaux, et en géné-

Page 25: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

[2 1 L'ALCHtMtEA.UXVfStECLE

rat t'âme sur tes organes, l'esprit sur ta matière. Dieu,

créateur de la-nature, habitait au-dessusd'eHe,sans~ces-

ser de lui verser sa lumièreet sa force, sa sagesse et sa

puissance. Tout ce qu'elle renferme était ~n~ de son

nom. L'homme, imagede Dieu et résume de !a création

demeurait libre au milieude ce travail universet,dont it

cherchait à surpendre touslessccrets, et qu'ilimitaitpour

son usage, en mêmetempsqu'il y trouvait, pour des fa-

cultés plus élevées, un objet desublimescontemplations.

Telle fut l'alchimieà son dernier périodede dé\'etop-

pement, bien qu'elle restât toujours, pour la fouleobs-

cure des adeptes et dans la penséede la multitude,fart

de convertir Ies inétaux.Ce n'est pas en un jour qu'ettea atteint cette hauteur. Ce n'est pas une seule main

qui t'y a portée. Mais t'hommcà qui elle doit le plus, le

premier qui ait coordonné ses principes en système, et,

non content de les avouer oude tes pratiquer pour son

compte, ait tenté de tes introduire dans t'enseignement

public, à la place desvieillesdoctrines, c'est Paracelse.

It est donc juste que nous nousarrêtions devantce hardi

réformateur,qui, après avoir inspiré une admirationfa-

natique et des haines implacables,devenu l'objet d'un

dédain immérité, attend encore une appréciation calme

et impartiale.

Page 26: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARACELSE t

Théophraste Paracelse sont les noms sous lesquelsil

s'est rendu célèbre maisce sont des noms d'emprunt,

commeles savantsde cette époque en prenaient souvent

pour frapper {'imaginationde la foule et chatouiller leur

propre vanité. Je soupçonnefort, quoique te fait, à la

distance où nous sommes,.soit difficile à vérifier, qu'il

n'avait pas plusde droits au titre et au blason des Ho-

henheim,une ancienneet très noble maison dont il se

prétendait issu. H s'appelait Philippe Bombast et

comme son père, pauvre médecin de village, s'était déjà

occupé d'alchimie, c'est de lui sans doute qu'il reçut,

par allusion au grand œuvre, le surnom d'Auréotus. f f

naqu't,em~Q~âEinstedetn,ou Notre-Dame des Er-

ntites,dans le cantonde Schwitz, et non pas, commeon

l'a dit par erreur, à Gaïss, dans le canton d'Appenzel

car lui-mème, dans ses écrits, se nomme quelquefois

Fhéréstarque, t'âne sauvage d'Einsiedetn. Après avoir

reçu de son père et dedeux fameuxalchimistes du temps

l'abbé Tritheimet SIgismondFugger, les premières no-

tionsdu grand art, it se mit à voyager, gagnant sa vie

tantôt en chantant des psaumes dans les rues comme

Luther avait fait, tantôt en prédisant t'avenir par l'astro-

logie, la chiromancieet l'évocationdes morts tantôt en

échangeant contre un morceaude pain le secret de faire

Page 27: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

14 L'À!.CH!M!EAUXVt" SIÈCLE

de l'or. H parcourut ainsi toute l'Europe, du nord au

midi et de l'est à l'ouest. !) assure même avoir été à

Constantinopte, et avoir poussede là ses pérégrinations

aventureuses jusqu'en Tartarie et en Égypte, afin de re-

monter à la source de la science hermétique. Mais

l'exercice des arts imaginaires n'était pour lui qu'un

moyend'augmenter ses connaissances réettes. H visitait

en passant tes plus célèbres universitésde ta France, de

ttatie et det'Attemagne il étudiaitdans les minesde fa

Bohême et de la Suède ta minéralogieet la métallurgie;

et, se préparant dès tors à l'exercice de la médecine, il

comparait avec l'enseignementofficieldes facultés, t'ex-

périenee:naTvedu peupte~tes recettes des vieitles femmes

et des barbiers de village. Après avof mené cette vie

errante pendant dix ans, n'ouvrant pas un livre, mais

cherchant la vérité dans la nature et dans la parolevi-

vante de ses semblables, il retourna en Allemagne,où sa

réputation d'habileté et de savoir le plaça bientôt au

premierrangparmitesmédecins.Commeil promettaitde guérir des matadies jusque-tâ jugées incurables,on

venait de tous côtés te consulter car souvent la douleur

ne cherche qu'à se tromper ette-mëme, et sait gré à

t'homme de l'art de lui laisser l'espérance. Paracelse

eut l'honneur de compter parmi ses clients Erasmeet

Page 28: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

'PA.RACEME i

Œcotampade. C'est sur ta recommandationde ce der-

nier qu'il fut appelé, en t~.à l'université de B~e.

commeprofesseurde physiqueet de chirurgie. Rien ne

te peintmieuxque la manièredont il prit possession de

sa chaire. Des son entrée dans ('amphithéâtre, où se

pressait une fouteimpatientede t'entendre, il réunit en

formede bûcher lesdifférents livres qui servaient alors

de texte à l'enseignementde la médecine, puis, y ayant

mis le feu, il les regarda tomberen cendre et s'envoler

en fumée. C'était, dans sa pensée, une ère qui venait

de finir, une autrequi venaitde commencer.

Après un tel début, il ne lui restait rien à ménager.

Aussine met-it pointde bornes à son enthousiasme de

réformateur et à son orgueil de savant ;t'un et t'autre

lui troublentta tète commeles fuméesde l'ivresse. Ce

n'est pas à moi, écrivait-il dans la préface d'un de ses

ouvrages (f), et probablementil tenait le mêmelangage

devant ses auditeurs, ce n'est pas à moi de marcher

derrière vous,c'est à vousde marcherderrière moi. Sui-

vez-moidonc, suivez-moi,Galien, Rhasès, Montagnana

Mesueh,etc., suivez-moi Et vous aussi, messieurs de

Paris, de Montpellier; vous de la Souabe, vous de la

t. Préfacedu livrePaf~rannm.dansle tomeH.p. ro, de

t'éditionallemandedeHuser;to vot. in-4";B~tet~t~f.

Page 29: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

*6 L'ALCtttMtEAUXVt"StÈCLE

Misnie, vous de Cologne, vous de Vienne, et tout ce

qui habite les plaines du Danube, tes bords du Rhin,les :)es de la mer; toi Italien, toi Dalmate, toiAthénien,toi Grec, Arabe ou Jsraétite, suivez-moi Je suis votre

roi, la monarchie m'appartient: c'est moi qui gouverneet qui dois vous ceindre les reins. "Un peu plus loin il

écrit: « Oui, je vousle dis, le poil follet de ma nuqueen sait plus que vouset tous vosauteurs et les cordons

de messouliers sont plus instruits que votre Galien etvotre Avicenne, et ma barbe & ptus d'expérience quetoutes vos universités (t). »

On a prétendu que Paracelse, en le prenant desihaut

avectascieMedesontcmps~maprisaiteequ'itttecon-

naissaitpas.ett'usagequ'it adopta de faire ses leçonset d'écrire ses ouvragesen allemanda fait croire que telatin même lui était étranger. Ces suppositionssont dé-

nuées de fondement. Lorsqu'ona eu le courage de vivre

quelque temps avec tui. on voit que Paracelse n'ignoreabsolument rien de ce qu'on enseignait communément.dansles universitésdu xvf siècle qu'il parte avec beau-

coup de sens de Pline, de Quintilien, d'Aristote, dePlaton et des anciens en général; et que les livreslatins,les phrases latines de sa façon qui sont incorporées dans

t. M'tïK/'ra,p. t8.

Page 30: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARACELSE 17

ses oeuvresallemandespeuventpassergénéralementpour

innocentes devant la grammaire.Maissa prétention, est

de ne riendevoirà ce passéavec lequel il veut en finir,

et d'être un géniecomplétement originalqui, formépar

la nature, s'adresseaussi à ceuxqu'une fausseéducation

n'a pas gâtés, aux esprits simpleset droits, aux gens du

peup!e. De ta te méprisqu'i) affecte pour les livres, le

soinqu'il met à n'en avoir presquepasdanssa maison,et

l'ignorance dontil se vante souventavecnonmoinsd'or-

gueit et aussi peu de fondement que de sa science. De

là, cette prédilectionpour lalanguevulgaire,dont nous

trouvons aussiun exemplechez Descartes car le re-

cueifdesespretenduesaeuwestatinesn'esf qu'une imi-

tation d&cotoreeou t'en ne saurait tereconnaitre. En-

core, commentle parle-t-il, commentt'écrit-il, cet idio-

me informede l'Allemagne du xvt°siècleAvec une

rudesse d'accent, avec une grossièreté d'images que

t'en ne trouveplus que rarement chez tes paysans des

cantons de Schwitzet de Bâte-Campagne,et aussi avec

un tuxe de néologismespédantesquesdont la tradition

s'est beaucoupmoinsperdue de l'autre côté du Rhin.

Paracelse ne resta qu'un an à t'universit~de Bâte, où

sa parole, après avoirexcite t'ëtonnement et attiré une

affluenceextraordinaire,ne s'adressa plus qu'a un petit

Page 31: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

)3 L'AMH!MtE AU XVt° StÈCt-E

nombrede croyants, résolus à le suivre jusqu'au bout.

Ce rapide déclin s'explique aisément par la nouveauté

des idées de Paracelse et la barbarie de son langage,

peupropresà former des docteurs selon les règles éta-

blies. La passiondégradante dont it fut pris subitement

pour te vin, après vingt-cinqans d'une sobriété toute

musulmane, dut aussi y contribuer car, s'il faut en

croire untémoignagetrès respectable, celui d'Oporin, le

célèbre imprimeurqui fut pendant deux ans son secré-

taire, it était souvent à moitié ivrequand il montait dans

sa chaireou qu'il se rendait au lit des malades, et même

quand il dictait ses nombreux ouvrages. Enfin, s'étant

brouiU&aveefes~magistrats, qutdans~un procès contre-

un de ses clients avaient prononcé contre lui quand il

avait évidemmentte droitde son côté, il sedécida brus-

quementà quitter la ville.Maisce qui a surtout provoqué

cette décision,c'est le goût de Paracelse pour les voya-

ges, etta conviction,souvent exprimée dans ses écrits,

qu'il n'y a pasde meilleureécole pour apprendre la \é-

rité. Cetui-tà,dit-it(t),qui veut amasser de vraiescon-

naissances,doit fouler à ses pieds tous les tivres et se

mettre à voyager car chaque contrée qu'il parcourrat. Quatrième~<-M,-<-n/<n'<'Hr~<:b MHMf/t:ottMtMf/M,tomet,

p. t!<,éditioncitée.

Page 32: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARACEt.SE t9()

est une page de la nature. Le médecin,particulièrement,

recueilleraun grand fruit des voyages.Quiconqueveut

connaître un grand nombr&demaladiesdoit voirbeau-

coupde pays: Plus loin il ira, plus it gagnera en ex-

périenceet en science.

En effet, peine est-1!sorti de Bâte. que nous te re-

trouvonsreprenant sa vie errante, en [~8 àCotmar, en

t~zoà Nuremberg, à Saint-Gatt en !~t, à Augsbourg

en!~6. Il habite tourà tour, pendant les dix années

suivantes, les villes principales de la Moravie, de ta

Hongrie, la capitale de l'Autriche, la petite villede

Villach,en Carinthie, ancienne résidence de son père,

et finalementSalzbourg.C'est là, dansl'hôpital de Saint-

Êtiennë, qu~nj~traprcs avoir léguéKens aux

pauvres,il terminaà quarante-huit ans, sa carrière labo-

rieuseet agitée. Il laissait, commeje t'ai dit, des disci-

plesfanatiqueset des adversaires, ou plutôt des enne-

misacharnés. Hlaissait une réformequicontinueencore,

si t'en veut bien y regarder, et que ses ennemismême

ont été obligésde subir dans ce qu'ette a d'essentiel. Iti

laissaitdes œuvres dont les titres seuts rempliraientplu-

sieurspages, et qui recueilliesd'une manièrefort incom-

plète,ne formentcependant pas moins de dix volumes

in-4°,dans t'éditionaftemandede Huser. Évidemment,

Page 33: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

20 t.'ALCHtM!EAUXVt°S[RCt.B

celuidont l'intelligence,dansun intervalle aussicourt et

dansles circonstancesqui viennent d'être racontées, apu

produiredetetsenets, n'était pas un hommeordinaire.

Malgré cela,quand on s'arrête à la première impres-

sion que font naître la vie et les écrits de Paracetse,

on ne peut s'empêcher de voir en lui un aventurier et

un chartatan.Mais lorsqu'après avoir {étéun coup d'œit

sur ses contemporainson revient à lui avec un espritlibre de prévention,on se laisse gagner à une opinion

toute différente. Le charlatanisme, ta jactance, ta plus

grossière superstitionmêlée à t'audace et à ['incrédulité

même. le goût des aventures dans l'ordre des idées

commedans celui des événements. ce sont tes traits

qui composentenquétque sorte ta physionomiegénérate

des philosopheset des savants de ta renaissance; on tes

trouve également dans Cornélius Agrippa, dans Fran-

çois Patrizzi,Jérôme Cardan, Jordano Bruno, Vanini.

Campanella,et à ptus forte raison chez les alchimistes

de profession,les Van Hetmont et tes Robert Ftudd.

Gommedes éeotiers fratchement émancipés, les espritsde cette époque,à peine affranchisde ta rude disciplinede la scholastique, usent avec emportement de leur

jeune indépendance, et l'agitation de leur pensée se

manifeste jusque dans leur vie intérieure. Pour être

Page 34: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARACEtSE 2t

équitable envers Paracelse, it ne faut donc point tropinsister sur les viceset tes erreurs qui lui sont communs

avec son temps; il faut t'etudier dans tes qualités et

dans tes pensées qui lui appartiennent en propre.La première idée dont on est frappeen lisant les li-

vres de Paracelse, c'est la liberté absoluequ'it réclame

pour la science dans la sphère qui lui appartient, et la

carrière infiniequ'il ouvre devant elle. Sur ce point, it

n'a pas été dépasse par les réformateursmodernes. La

science, pour lui, c'est ta nature elle-même s'ouvrant

aux regards de l'homme,se réfléchissantdans sonesprit,tandis que Dieu se rénéehit en ette. H lui arriveaussi de

ta dénnir une révélationde Dieu à ta lumière de la na-

ture; de sorte,que toute, autorité qui interviententre

nous et les choses tui parait une usurpation,un empié-tement sur l'autorité divine. Mais il distingue, comme

notre cartésianismea fait plus tard, entre l'ordre de la

r science et celui de la foi, entre la philosophie naturelle

et la religion nh'étée l'une remonte de la terre, vers te

ciel, sur tes ailes de la raison l'autre descend du ciet

sur la terre sur les ailes de la grâce. Identiques dans

leur essence, elles doivent se réunir dans t hommesans

pourtant se confondre ( ).

(t) Aïtfore'mMmagnaou f/tf/jtC/tMditnf.Tt'rj(;mt:ct dit mi.

CfCCfMmt,t. X,cdit. cit.

t

Page 35: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

22 t.*A[.CHtMtBAUXV[°StËCLB

La science, étant infiniecomme la nature, réclame,

seton Paracelse, le concoursdu genre humain, et n'est

jamaiste partageni d'un seul'homme ni d'un seul peu.

pie. C'est unevérité qu'il appuie sur le témoignage de

l'expérience comme sur celui de la raison car it a

observé que tes hommes n'apportent en naissant ni tes

mêmesaptitudes ni les mêmesinclinations pour les tra-

vaux de l'intelligence mais les uns réussissent dans

une branchedes connaissances ou des arts, tes autres

dansuneautre: et ceta est vrai des nations commedes

individus.Aussi Paracelse revient-il à cette occasion sur

son thème favori le seul moyen de s'instruire est de

courir te monde (t).

Be mêmequ'us sontdivisa dans t'espace, tes dons de

t'intettigenceet de ta sciencesont divisés dans le temps.

Ils ne se transmettentpas simplement comme une tradi-

tion its se développentet se perfectionnent d'une géné-

rationà l'autre,de tellesorte quenon seulementles mêmes

arts, tes mêmes sciences paraissent plus accomplis à

mesurequ'on s'éloigne de leur origine, mais qu'il s'en

formetoustes jours de nouveaux dont nos devanciers

n'avaient pas connaissance. La doctrine du progrès,

(t)~t~rFJM~MMm;~M<ff~MA~tM,ton)eH,p. édi-

tioncitée.

Page 36: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARACEt. j~

~y~/nx, est ensetMt~pM PamceMedamsssi nouvetteà nos yeux, est enseig~~tf~Pa~acsMee d s

les termes les plus clairs et avecth~~rdeur~~oi &

peine égalée par les philosophes du xvm'' siècle. On

cite très souvent cette pensée de Pascal qui, transpor-tant dans t'antiquité t'enfance de t'esprit humainet sa

vieillessedans les temps modernes, nous montre toute la

suite des hommescomme un même hommequi subsiste

toujours et quiapprend continuellement. Apart la beauté

inimitabledu langage, où Pascal n'a pas de devanciers

ni de successeurs, quelle différence y a-t-it entre

cette idée et cette que Paracelse exprime dans un pas-

sage que je vais traduire: '< tt faut que tu considères

qu~nousrtoustarttqnsnëussommesrptu~ nous-vivons

longtemps, plus nous devenons instruits, et plus Dieu

metde siècles à nous instruire, plus il donne d'étendue

à nos connaissances plus nous approchons du juge-ment dernier, plus nous croissons en science, en s~es-

se, en pénétration, en intelligence car tous les germes

déposésdans notre esprit atteindront à leur maturité

en sorte que lesderniers venus seront les plus avancés

en toutes choses, et que les premiers le seront le moins.

Alorsseulementon comprendra ces paroles de t'Évan-

gite tes premiers seront les derniers (:))).

(f) f-f~fdef'ni'<;nti'j/!t:jf<tM<)t,t. [X, p. t~cdit. cit.

Page 37: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

!.) L'ALCtHMtE AU XV<°StÊC~E

Faisant l'application de ce principe à la profession

qu'il a choisie, Paracclse ouvreaux douleurset aux in-

firmitéshumainesun vaste champ d'espérance. « Ne dis

pas, s'écrie-t-it (t), qu'une maladie est incurable; dis

que tu ne peuxpas et que tu ne sais pas la guérir. Alors

tu éviterasla malédictionqui s'attache aux fauxprophè-

tes alorson cherchera, jusqu'à ce qu'on le trouve, un

nouveau secret de l'art. Le Christ a dit Interrogez

rÊcrIture. Pourquoi donc n'interrogerait-on pas ta na-

ture aussi bien que les livressaints?·

Le but immédiatque se propose Paracetse est la ré-

forme de la médecine, alors partagée, commeil nous

t'apprend-~), entre t'ëmpirisme.la superstition et la

routinede t'écoie. Le premier n*employaitque des spé-

cifiques,dont ne connaissaitni tes principes ni la ma-

nière d'agir, ni les rapportsavecl'organisme.La seconde

n'avaitrecours qu'aux talismanset auxévocations.Enfin

la dernière, servitementattachéeàGafien et aux Arabes.

ne sortait pas du cercle étroit des qualités purement

physiques,le chaud, le froid,le sec et l'humide,sur tes-

(t) ff<mMf<:~/<:fM<:en~dMaf<f<;(a~Mi'< m~<ne, tome[[p. m, édit.cit.

(2)Paramirumde~Mftt~MeMffi'fMomniummo~'jrMm,tome

page édit,cuee.

Page 38: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARAGELSE

quellesse fonde le fameuxaxiome,bien contesMaujour-

d'hui Les contraires doivent être combattus par les

contraires, Contraria eonfMrtM.Paracelse, au moyende

t'analysechimiqueet du raisonnementtout ensemble.en-

treprendde mettre i nu les vraisprincipes,Ics éléments

trréductibtesde notre organisationet des substancesca-

pablesde la modifier, soit en bien, soit en mat. Lui,

qu'on représente ordinairementcomme le type de l'em-

pirisme,il flétrit !c médecin empiriquedes épithètes de

bourreauet d'assassin(t). ti ne veut pas non plus qu'on

s'en tienne à ta théorie pure. « Une théorie, dit-il (2),

qui n'est pasdémontréepar )'expérience, ressemble un

saintqurne fait pasdcmiraetes.'t Maisdans quelle me-

sure la théorie.doit-otte être associéeà ['expérience' À

quellehauteur de la spéculationfaut-ilchercher les prin-

cipespour en comprendre tes effetset nous en appro-

prier l'usage' C'est ici que Paracelse, méconnaissant

toute mesure, se perd dans l'immensité,tout en ta s<t-

lonnantde brillanteslueurs.

On réussirait bien mal, selon tui, à éclairer tes mystè-

res de t'organisationhumainesi on l'isolaitdes corpsqui

agissentsur elle et dont t'ensembte composenotre mon-

(t) Lc/<frt:~t!M~t!MMm,t. If, p. {(<,édit.cit.(!) UK~r<

Page 39: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

2<) f/ALGHtMIE AU XVt' StÈCLE

de sublunaire. Ce monde, avec tout ce qu'il renferme.

hommes, animaux,minéraux,plantes, est subordonnéau

reste de l'univers,et principalementaux sphères les plus

proches, au sotmtet aux planètes.Qui oserait nier l'ac-

tion du soleilsur nous-mêmeset sur tout ce qui nous en-

toure" Eh bien! l'on ne peut pas dire que des astres en-

core plus voisinsde nous, et les corps célestes en géné-

ra), n'exercent pas sur notre terre une influenceausst

réelle, quoiquemoinssensible. Enffn, tous ces corps ne

subsistent.nese meuventet n'agissentles uns sur les au-

tres que par certainesforces intérieures,certains prino-

pes actifset invisiblesqui, eux-mêmes,ne sont que tes

mihistre~de)apuissanceetdetaFàison'divinës,fou{ou~

présentes dans les choses.La médecinene peut donc passe détacher de la scienceuniversellede la nature, que

Paracelse, pour le but particulier qu'il se propose, di-

viseen trois parties et, pour ainsidire, en trois zônes

la philosophie,l'astronomieet l'alchimie.Si l'on y ajoutela pratique de ta morale ou la vertu, indispensable,se-

tonlui, a qui veut exercer l'art de guérir, on aura ce

qu'il appelle les quatre colonnesde la médecine.

On a dit que la philosophiede Paracelse était toute

panthéiste rien de plus inexact.Lepanthéismeconfond

Dieu et la nature. Paracelse les distingue, et confesse a

Page 40: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARACEME 2i-

hautementle dogmede ta création. Le panthéismefait

de l'âmeune idée du corps, soumisecommetui aux tois

invariablesde ta nature, ou un mode fugitifd'unepensée

universellequi n'appartient à aucun être pensant. Par~-

celse voit dans l'âmehumaine un être !ibre qui domine

ta nature, tout cn t'imitant, bien plus grand, dit-il, queles astres, et que Dieu, après t'avoir créé, conduit et

éctaire, nonen se substituant à lui, mais en luilaissant la

tâche de féconderpar te travail des germes divinscon-

gés à sonintelligence. Mais it est vraique, dans ta na-

ture distinguéede son auteur, Paracelse maintient l'u-

nité de substance,empruntée à la kabbale et aux écoles

d'Alexandrie, n admet, sous le nomde grand arcane ou

de grand t!!ystère(nf~'S&r&ntnta~~ftnt),une matiëF&pre-

mière, invisible,active, d'où sont sortis avecordre. & la

voix de Dieu, tous tes corps simpleset composes, tes

éléments, les astres, les minéraux, les plantes, les ani-

maux, et enfinle corps humain, la plus savante composi-

tion de t'être suprême, le résumé et l'image de l'uni-

vers car il est formé avec tous les éléments et avec

toutes les forcesde la création(r Il estvraiaussi qu'au-

dessous de l'âmehumaine, à une distance infranchissa-

(t) A~trfMMMtM~fMouphilosophie<<MntjtfMMtHt:et du mi-crocosm:,t. Xde tcd. cit.

Page 41: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

2& L'AtGHtMtEAUXVt°StÈCLE

ble, il reconnait, sous le nom d'esprit, un principeactif

d'organisation, de conservation et de vie pour chaque

corps, et même pour chaque organe du corps humain:

esprit animal, vital, séminal,archée, dans les animaux

esprit végéta!dans les plantes esprit du sel, du soufre

et du mercured~ns les minéraux,ou principe de la con-

crétion, de ta combustionet de la fusibilitédans fa ma-

tière brute, dans ces élémentsmêmesqui passaient,de-

puis Empédocte, pour des corps indécomposables.Tous

ces esprits, ou arcanes particuliers, commeParacelse

les appelle quelquefois,ne sont que les divers états ou

transformationsde plus en plus obscuresdu grandarca-

ne (t).

eeq~eParaeetseappe~fatchimien'estqueted~-

veloppementet l'applicationnécessairede saphilosophie.

L'alchimie,pour tui, n'est plus l'art de fairede l'or, mais

d'approprier à notre usage, par une suite d'opérationsimitéesde la nature, tout ce qui peut nous être utile

car, la nature, dit-il (:), est le premieret le plus grandde tous lesalchimistes ta transformationdes corps n'est

(t) UbiM~ra;PAt<jj~ ai AMt.'ttMMt,tomaVfH,p. t etsuiv.,éditione!tce.

(!) Le&MPaM~a'tam, chap. [LI, dansle tomeII de lam~mecdit.

f

Page 42: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PÀftACEMË 20

pas autre choseque ta vie (t).f Tout homme devient

un alchimiste, qui prend la nature pour modèle, qui,

s'emparant des principes qu'ette met en œuvre et les

employantde la même manière, les fait servir a. nos

fins.

On aperçoit sur-te-champ les rapports qui existent

entre ce système et la réforme médicale de Paracelse.

Les principes les plus actifs des corps, dégagés par t'ana-

lyse et substituésaux corps eux-mêmes dans le traite-

ment des maladies les combinaisonschimiques mises à

la place des mélangesrepoussantsemployés jusqu'alors

ta force organique et vitale de ta nature invoquée de

préférence à la force mécaniquedes instruments, ou a

t'mterventtoa redoutéedu fëf et du feu enfin, t'obser-

vation, t'examen des principes, au lieu d'une routine

aveugle tels sonttes principaux traits de cette réforme

qui a, en quelque façon, spiritualisé fart de guérir, et

qui, ramenée de ses excès, inévitables conséquences

d'une révolution,poursuit son cheminencoreaujour-d'hut.

Que Paracelse ait été moinsheureux en appelant t'as-

tronomie au secoursde la médecine,on te conçoit sans

(t) jP/)fhMpA(.<ad A<AAtt):M<quatrièmetexte, tome V[H,éditioncitée.

Page 43: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

~0 L'At.CHIMtEACXVfSIÈCLE

peine;ear s'itest vrai. en thèse générate, que toutes-

les partiesde l'universsoient liées entreelles et agissenttes unessur les autres, il est cependant impossiblede

définirces rapports et d'en faire aucun usage, s'ils ne

tombentpas sous l'observation ou sous les lois du cal-

cul. Aussi lui arrive-t-il plus d'une fois de confondre

('astronomieavecl'astrologie,et de retomber dans ces

pratiquessuperstitieusesqu'it a vouludétruire par l'ob-

servationde ta nature. Ce qu'il dit de la ressemblance

des astres avec les germesdes êtres vivants,de celle de

notre sphère planétaireavecta structureducorps humain

et des signatures,propres à nous découvrir,par la con-

formationextérieure des choses, leurspropriétéset leurs

principestes ptussecret&~toute cette p&rtiedeso~sys-tëme, quoiquepleined'imagination,souventde vues ori-

ginales, est d'un hommequi rêve ou qui parie dans

t'ivresse, non d'un esprit qui méditeet qui pense. C'est

sans douteaussi dans un de ces moments fréquents de

divorceavec ta raisonqu'il a dicté à unde ses secrétai-

res sonpetit Traité des nymphes,des sylphes, des gno-meset des salamandres( t), et qu'il a écrit de sa propremainquelquespages, expressiondu plus haut degré de

(t) DeA~'m~/tf'~)'A&,p~nKE~etMfam<!n<~ff't. 1 X,pag.de t'cdit.cit.

Page 44: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PARACELSE }t

détire,pouf prouverque certainsetres semëtabresS nous

et connus dans la tanguede l'alchimie sous te nom d'/tO

monca~, peuvent naitre en dehors des voies de la

nature (t).

Malgré ces écarts, Paracefse n'en est pas moins un

des génies les plus vigoureuxet les plus orignaux d'une

époque féconde en grandes intelligences. H a ressuscité

par la philosophie et régénéré par le spiritualisme les

sciences naturelles, particulièrementcelle du corps hu-

main, abandonnée depuisdes siectes au hasard et à la

routine; il teur a ouvert unecarrièreinfiniede conquêteset d'espérances que l'imaginationn'avait ose chercher

qu'en dehors de la nature il est peut-être te premier quia<ténoncé cfatrement, et avecune- convictionrëftéehie,

ce principe de la perfectibilitéhumaine que confirment

chaque jour, dans le domainedessciences et de l'indus-

trie, de nouveaux triomphes de l'esprit sur ta matière,

et que, malgrè toutes les apologies du passé, la société

moderne garde dans sa consciencecommeune religion.Sans doute, ce n'est pas un Galilée, un Bacon, ni un

Descartcs mais it leur a ouvert ta voie en rappelant la

raison humaine au sentimentde sa force et de sa liberté.

Quant à t'atchimie. son histoire nous présente un en-

(t) De y<o<n.'<t)CM<f:<'fnxM~fM.fff'tsupra,p. jj[.i.

Page 45: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

L'ALCHtMtBAUXVt°StËCLE

seignementplein d'intérêt ellenous montre comment te

désir et l'imaginationnous frayent peu à peu une route

vers la science.D'abord on souhaite ardemmentta santé

et ta fortune.Quoi de plus spontané et de plus nature!?·

Bientôt, en réalisant ce vœu par la pensée, on rêve ta

transmutationdes métauxet t'étix'r de longuevie. La cu-

riositéet faction s'enmetent; on veut s'assurer s'it n'y

aurait riendefondé dans ce rêve; on interroge la nature,

on ta fouilleau hasard, on la tourmente en tous sens, et

l'on trouvece qu'on ne cherchaitpas, ou bien plus qu'on

ne cherchait, tout un ordre de connaissances nouvelles

d'oùnoussaurons tirer d'inépuisables trésors. Quet mo-

tif d'indutgenceenversle passé et d'espérance pour t'ave-

nir f

FRANCK,de l'Institut.

Page 46: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

L'OR ARTIFICIEL

TRANSMUTATIONDES MÉTAUX

INTRODUCTION

Il n'appartient point à unsimpleouvrierde la science

tel que moi, de prétendre faire dans cette introduction

de h science pure~exposecquetques'faits~nauveaux,,les

rapprocher d'autres faitsantérieurementconnus, mettre

en évidence la liaison qui les unit pour constituer la

branche toute nouvellede ta science qui prendra rangdésormaissous le nomde TRANSMUTATIONDESMÉTAUX

c'est à quoije dois me borner. Les faits, du moins les

faitssatisfaisantset en nombresuffisammentrespectable,

manquentet probablement manquerontlongtemps en-

core.

Les faits naturellementnous arrivent bien moins vite

qus les idées nouvelles, quant aux hypothèses plus ou

Page 47: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

;4 L'OR

moinsplausibles sur les métamorphosesdes corps mé-

talliques les uns dans les autres. C'est que les faits ne

peuvent.se conquérir que par un labeurtrès-long, tres-

pénible, très-dispendieux te temps manque toujours,

et le temps, c'est l'existence, c'est la vie, c'est tout.

Pourmoi, si j'espère arriver promptement àfaireac-

cepter au monde ma découverte, qui doit être, après

tout, l'une des gloires de notre siècle auquel elle don-

nera te moyen de composeret décomposertes corps à

volonté,c'est par ta persévérance,c'est par te concours

et l'appui deshommes éclairés, des hommesd'avenir.

Remarquonsd'abord combien, par cette découverte,

les trois règnes, qui ne devraient en réalité en faire

qu'un, sont-rapprochés et rattachés Rmrà l'autre. La

dénominationd'lires Mor~Mf~KMme semble éminem-

mentimpropre ces êtres ont. euxaussi, leursorganes

ils n'aspirentqu'à se perfectionner,à vivrede leur ma-

nière, en passant d'âge en &g&par diversesstations plus

ou moinsprolongées. La durée de ces stations dépend

des circonstancesptus ou moins favorablesau dévelop-

pementde ce que je nommerai les M~~MttNJï mmtf-

rales, jusqu'à ce que celles-ciarriventà teur dernier de

gré de perfection, pour renaUresous une autre forme,

après avoirdépassé cette limite,et veniralors en aide,1

Page 48: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX

elles aussi, à la perfectibttité de ces premières mdittdua-

lités.

L'azote. ce corps indispensableà t'accfoisscmcntdes

êtres des deux règnes animal et végéta), doit aussijouer

un rôle important dans celui des êtres du règne minéral.

Et qui nous dit que l'azote n'est pas élément indispen-

sable à la perfectibilité de tout cet ordre d'êtres Ne

peut-il pasa~ir sur eux par sa seute présente:' Cespoints

seront sans doute ultérieurementéclaircispar['expérience.

Tout cet ensemble indique les rapports intimesentre

tous tes différentscorps il rend sensible ta force incon-

nue qui régit tous les êtres; il mène invinciblementà ce

qui sera te dogme incontesté de la sciencedans tavenir

rNHtM~WanM~r~. Ce dogme des à préscnE adm'~

tacitement par tes savantsde bonne foi. est en effet te

seul conforme &l'unité deDieu; chaque nouveaupas en

avant de la science nous révèle de nouveaux aspects de

ta toute puissance par laquelle tout subsiste dansl'uni-

vers.

Je ne pense pas qu'il soitpossible de sitôt de parvenirà démontrer séance tenantequetes métauxsont descorps

composés, et d'en donner immédiatementta démonstra-

tion par t'analyse et ta synthèse il faudra longtempss'en

tenir à des expériences de longue haleine, exécutées en

Page 49: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

L'OR

présence de forcespeu devetoppees, maisd'une action

tonguement prolongée it faudra même faire intervenir

les massespour arriver à la preuve de fait de la compo-sitiondes métaux. Maisunefois qu'on tiendra la clé du

systèmede combinaison des forces, la durée des expé-riences pourraêtre singulièrementabrégée; car rienncm-

péchera d'en modifierlesformesà)'innni.Jusque-)&.at!ons

doucement, ne demandonspas trop à la fois à nos expé-riences, c'est ['unique moyend'approcher du but et de

t'atteindre sansfrais ruineux;on risque au contraire d'en~

perdre tout te fruit en voulant aller trop vite; j'en puis

parler avec connaissancede cause, car c'est ce qui m'est

arrivé à moi-même.

Mon intentionest de~consacrer auetaues séancespu-

bliquesà t'expose de mes travaux sur la transmutation

des métaux; j'ysoumettrai âmes auditeurs l'or artinciet

que j'ai obtenu, j'y développerai les faits relatifs à ma

découverteavec toustes détails, de nature à jeter du joursur le phénomènede la transmutation en or pur de l'ar-

gent allié.

J'aurais usé depuis longtemps de ce moyende publi-cité et de propagation, si j'avais obéi seulementà mon

vif désir d'augmenter le nombre des hommes pénètrescommemoides ventes de la transmutation des métaux.

Page 50: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION BES MÉTAOX )-

Mais le moment ne me semblaitpas arrivé aucun écho

n'aurait répondu à ma voix. Aujourd'hui, des savants

connus et honorés du publicont eu la hardiesse (car c'en

est une trfs grande) d afnrmer la possibilité de la trans-

mutationdes métaux, d'où découleforcément celle de la

composition, et l'aveu implicitede l'unité de la matière;

je n'ai jamais prétendu autre chose. Je crois donc avoir

en ce moment ce qui m'avait manqué à mon début,

des chances pour reunir un auditoire et pour m'en faire

écouter. Que, par ce mode de publicité, je fasse faire

seulement quelquespas en avant à la science de la trans-

mutation des métaux, et ma peine sera largement re-

compensée.

Quant âmes motifspourtivrer à ta eanosite publique

la série de mes précédents mémoiressur cette matière.

le plus puissant de ces motifsréside dans les demandes

qui me sont journellement adressées par écrit, par ceux

qui désirent avoir cette série eomptete je pense être à

la foisutile et agréableà cette portion du monde savant

qui veut bien y prendre intérêt, en réunissant mes Mé-

moiresdans l'ordre selon lequel ils ont été présentés à

l'Académie. D'ailleurs, les expériencesque je continue

sans interruption exigent, pour la plupart beaucoupde

temps. Les résultats de mes nouveaux travaux, à nM-

Page 51: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

;8 L'OR

sure que je les réaliserai,seront successivementcommu-

niqués &['Académie ils formerontune seconde série de

mémoires.

J'ai lieu de conserver l'espoir fondé que la commis-

sion, composéede MM. Thénard, Dumaset Chevreul,

chargée d'examiner mes opérations, ne tardera pas à

faire son rapport, et qu'elle me viendra puissammenteu

aide pour la continuationde mes expériences.

On me dit: si cette découvertede la transmutation

des métaux pouvaitêtre vraie,ce serait un grand mal-

heur public. Je ne puis laisserpasser cette objection je

dois y répondre dans l'intérêt mêmede madécouverte.

D'abord, je comprends à peine comment des rai-

sonnements de cette nature osent se produireen pte!n

x[x"siècle. Si la production artificielledes métaux pré-

cieux peut amenerquelquesperturbations dans les tran-

sactions, cet inconvénientseracompensépard'incalcula-

bles avantages.

Les modificationsqui peuventen déeouter seront gra-

duelles, commele sont sousnos yeux cellesqui résul-

tent des milliardsdéjà versés dans la circulation par

les placersde la Californieet de l'Australie; la produc-

tion de for, dans ce dernier pays,est o/~tC~mMf éva-

luée pour t8~, à 8 mt~fu par KnMMj', soit 4t6 mil-

Page 52: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRAtMMUtATtOX DES MÉTAUX

4

tienspar an' Quels troubles, quclsdésastres publicspeut-

on signaler comme produits par cette surabondancede

l'un des signes représentatifs de ta richesse ?ften sera

de mêmedes conséquences de ta transmutation, le jour

inévitable, prochain peut-être, où elle pourra s'effectuer

par des procédés économiqueset rentrer dans les con-

ditions ordinaires de la chimie industrielle. On peut, au

surplus, s'en rapporter avec toute sécurité aux mesuresà

prendre, le cas échéant, par un gouvernement éetairé

pour sauvegarder tous les intérêts.

Quen'a-t-on pas objecté dans l'origine aux apptica-

tions de ta vapeur Nous en voyonspourtant de jour en

jour grandi!'tes immenses avantages; nous la voyonsvt-

vifierde plus en ptus toutes les branches de l'industrie

et du commerce, porter sur tous. les points du gtobe

l'activité, le bien-être, ta vie et la vapeur n'a pasdit

sondernier mot et, d'une heure à l'autre, elle peut être

passée, débordée, remptacée. J'en dis autant de t'étectn-`

cité. Pourquoiceux qui redoutent la productionartificiel-

le des métaux, ne s'épouvantent-its.pas de t'etectricité,

de cette force magiquequi transmet l'échange de ta pen-

sée avec une rapidité cent fois supérieure à celle des

vents et les applicationsde Fétectricité n'en sont qu'à

leur début;ettes doivent enfanter bien d'autres prodiges

Page 53: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

40 L'OR

La transmutationdes métauxaura donc son tour, sans

plus de difficultés,sans résultatsptus réellement dange-reux. Onpëutdénërt'espr't te plus profond, t'mtelif-

gence la ptus viveet la plus pénétrante, de prévoir tout

ce que cette découvertepeut produire. Dans l'industrie,elle apportera d'importantes améliorations, les métaux

facilement oxydablespouvant être remplacés par ceux

qui s'oxydentdifBcitementon comprendce qu'y gagne-raient nos ustensilesde ménage en salubrité comme en

propreté. Les sciences, ta médecine, ta physique, la chi-

mie, sont appelées toutes également, chacune dans ses

attributions,ârépandresurt'numanité,commeconséquen-ces de ta transmutationdes métaux,des bienfaits san&

nombreconquis par te seut effort,de ['espnt humain)ut-

tant victorieusementcontre tes forcesbrutesde la nature.

Notons soigneusementun faitcapital qui doit se pro-duire avantmêmeque tout cet avenir puisse être réalisé.

La propriété foncièreva preadre "unevaleur réette, ptussotide et plus stableque précédemment; quand les mé-

taux précieuxseront démonétisés, cet accroissementde

valeur de la propriété foncièrese produira de tui-méme.

Pourquoi tesgouvernements,une foisque ta produc-tion ittimitéede l'or et de l'argentaura commencéà en-

trer dans le domainedesfraisaccomplis,n'accorderaient-

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LA TRASSMUTA.TfOK DES MÉTAUX 41

ils pas une prime à la propriété foncière, comme ifs en

accordentune aux métaux précieux Ce serait à bien

plus )ustetitre; car, la propriété foncière, base fonda-

mentaleducommerce et da l'industrie, de la tranquillité,

du bien-être généra!et de la prospérité publique, a bien

ptus de droit que l'or et l'argent dont elledevrait tenir la

place, à représenter à elle seule toutes les valeurs.

Qu'est-ce, après tout, pour l'homme affamé, par exem-

ple, qu'un lingotd'or et d'argent, s'il ne peut t'échanger

contre ce quise mange En temps de famine, te posses-

seur du blé est assurément plus riche que le détenteur

de l'or le premier se passe du second, qui ne peut, lui,

se passer du premier. La valeur des métaux précieux

n'est quedu~ second ordreTëHees~ sous certains rap-

ports; purementfactice et imaginaire. Du jour où ilsces-

serontd'être reconnuscommeayant une valeur constante

et légale,cette valeur s'évanouira l'or et l'argent n'au-

ront plusqu'une valeur sujette à ta hausse et à la baisse

selonles mêmes circonstances qui affectent toutes les

valeurs industrielles.La propriété foncière la moinssu-

jette de toutes à ces variations, est pour cela mêmela

plusapte représenter toutes les valeurs.

L'agricultureprofitera largement de la transmutation

des métaux elle occupera les bras rendus disponibles

Page 55: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

4~ L'OR

par h réductiondu nombrede ceux employésauxmines;

elle attirera à elle par l'attrait des salairesplus é!evës

qu'elle pourra payer en raison de la plus grande stabi-

lité de la propriétéfoncière, les bras intelligentsqui dé-

sertent aujourd'hui les campagnes pour venir dans tes

villesencombrer tes avenues de toutes les carrières in-

dustrielles l'espace me manque pour compléter cet

aperçu du biensocial découlant des applications de la

transmutationdes métaux.

J'ai maintenantquelques mots à adresser aux jeunes

gens qui voudraientse livrerà des expériencesdans cette

voie. Le problème, qu'ils le sachent bien, est des plus

ardus la solutionpeut être lente et laborieuse.Bien que

plusieurs foisyaieréuss!a résoudre une partie du pra-

v btème par la transmutationen or pur de l'argent attié,

j'éprouve encoredes difficultésgraves pourrépéter cette

expérience. Je ne puis donc trop engager ceux qui se

mettront à t'œuvre,à procéder avec prudence, à ne pashasarder àtft foistous leurs moyensd'action,s'ils ne veu-

lent s'exposerà des tourments sans nombre, aux décep-tions les plusamères, à la perte de leur liberté, de leur

repos. Ce n'est pas, direz-vous, le moyen d'aller vite

rien n'est ptus vrai. Mais aussi, la voieque j'indique estla moinsscabreuse,ta moinspéritteusede toutes; c'est !a

Page 56: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

[.AT)tANSMUTAT)OttDESMÉTAUX

seuleque doive suivre l'hommeguidé par une sage pré-

voyance. Ne consacrezdonc à vos expériences que ce

que vos moyensvouspermettent de risquer vouspour-rez ainsi les continuerplus longtempset vousdonner, parcela seul, plusde chances pour arriver au but, sansexcès

de dépenses. Si vous sacrifiez, au contraire, tout votre

avoir par trop d'impatience, si, dans votreprécipitation,vous multipliezinconsidérémentles expériencescoup sur

coup, qu'arrivera-t-it Vous aurez risqué de tout perdresans arriverà rien le désespoirvous prendra, et qui sait

où il peut vousconduire Conservez doncprécieusementtout votrecourage, et gardez-vousde vouslaisser entraî-

ner par quelquesuccèspartiel. Que n'ai-je pas eu moi-

mêmede luttes à soutenir contre l'enthousiasme ne de

mes premiers résultats- J'aurais été capable, si je n'a-

vais réussià medominer, de tout sacrifier à ma décou-

verte. Mais j'avaisprésentsà ta pensée lesexemptesquetant d'inventeursont laissés leur triste histoireservitde

frein à mon ardeur. C'est ainsique j'ai pu persévérerdans mestravauxet poursuivre les conséquences de ma

découverte. Lesmomentsque j'y consacre sont, je dois

l'affirmer,les plus doux de mon existence, et mon uni-

que regret est de ne pouvoirdonner une plus forteparde mon tempsà ces chères études.

Page 57: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

44 L'OR

La solution complète du problème est une œuvreno-

ble et grande; elle promet tout à celui qui t'accomplira

honneur, gloire, fortune, ta réatisation des espérancesles plus illimitées,des ptus immensesdésirs. Mais, entre

vouset ce résultat, attendez-vousà rencontrer des diffi-

cuttés non moinsgrandes, proportionnées à la grandeurdu résultat lui-mème solution pour laquellete mot!«-

blimene me semble pas exagéré, quand on en considère

les incommensurablesconséquences.

Que cette solution soit possible, n'en doutez pas; les

faits conquis par mes recherches en sont lapreuve irré-

cusablè.

Si mon propre témoignagene semblepas suffisamment

exemptde préventions,qu'i! me soit permisd'en attéguerd'autres dont le poids en pareille matièrene peut êtreconteste. Voici dans quels termes M. Victor Meumer,

l'éminent publiciste, rend compte de mes travaux,dans

la Presse du 2~ juin [8~.)..« Le prédécesseur immédiatde M. Tiffereaudansla

poursuite dugrand œuvre, est (sauf erreur ou omission)

l'auteur d'une brochure qui parut en t8~2 sous le titre

)W<:rnt~~fOt7j. Malgré les promesses du titre, l'auteur

se comporte en adepte ambitieux demériter les élogesadressés par Paracetse à ceux qui, ayant reçu communi-

Page 58: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION'DES MÉTAUX 4~

cation des grandssecrets de D~eu(Af~.t<ttff)et), ont

la prudence de les tenir cachés jusqu'à la venue d'Élie,

t'artiste.

« M. Tiffereau,it faut d'abord lui rendre cette (usti-

ce, est plus élémentaireque son prédécesseur. On voit

tout de suite quece n'est pas danstes Œt~r~ d'~rnî~,

dans le Pimandre,dans la Table des septchapitres, dans

la T~Me d'Émeraude, qu'ila cherche la clé mystérieuse

de t'or. !t ne sera pas nécessaire qu'on fassepour lui ce

que Autendusa fait pour Paracelse, an dictionnnaire

des termes dont il s'estservi.

« Ancien élèveet préparateur de chimie à t'écote pro-

fessionnellede Nantes, s'il se rencontre avec les phi-

losophes hermétiques~c'estparce qu'apr&sa~oiedéversé

sur elle tant de mépris, ta cMmtctend de nos {ours&

faire sa jonction avec l'alchimie. Ici, comme en tant

d'autres circonstances,il parait bien. en effet, que la

science adulte finirapar venger la pensée philosophique

des outrages qu'une scienceà ses débuts tui a prodi-

gues.« La chimien'est plus, sans doute, comme au temps

de SMt'~s, l'art de composer l'or et ['argent mais elle

s'intitule elle-mêmescience des transformations de la

matière. EDe admet comme principe fondamental, que

Page 59: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

46 L'OR

tes propriétés des corps sont fiées à teur arrangement

moléculaire. Elle dit avec Laurent La terme, le nom-

bre et l'ordre, sont plusessentiels queta matière (t).Sur la tombe encore ouverte de l'immortelcréateur

de la théorie de l'unité de composition organique,un

chimistedisait « Ette (cette théorie pénètre mainte-

nant dans tes scienceschimiqueset y prépare peut-êtreune révotuttion dans les idées (2). Et quette nom-

breuse sérisde faitempruntésà la chimie minérale,à la

chimie organique, à ta cristallographie,nous pourrions

invoquerà t'appui decette pensée~ De ta au principemêmede la chimie, au principe de l'homogénéité radi-

cale des métaux, ou. commeon diraitaujourd'hui de leur

~!t:n!tfrM,)a dtstaneeeneorèmfranchië~neparattpasin-franchissable.

Dans ses leçons de philosophie chimique professéesau collège de France, M. Dumas s'exprimait ainsi à

propos de t'/MmJrM,principe dont la découverte luiest

due Serait-il permis, disait-it, d'admettre des corps

simples isomères (~) Cette question, vous le voyez,

t. Théoriedes radicauxdérivés,page Extraitde faRc-fMCSftt~t/~tft:(;<Industrielle.

ParolesdeM.Dumas.?. M.Dttmas~ommakf<'r~sMM~rc-ceuxquiayantla mente

Page 60: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

I.A TR.ANSMUTAttOM DES MÉTAUX 47

touche de prêt à ta transmutationdes métaux. Résolue

affirmativement,elle donne des chances de succès à la

pierre phitosophate.Il faut donc, disait encore M. Du-

mas, consulter t'expërieice, et ('expérience, il faut le

dire, n'est point en oppositionjusqu'ici avec ta possibi-

lité de la transmutationdes corps simples,au moins,de

certains corps simples.

M. Louis Figuier, dans son livresur l'alchimieet tes

alchimistes, sanstrancher la questionde latransmutation

des métaux, nese prononce pas contre et laissevisibte-

ment apercevoir la possibititéde ce phénomène.Voici ce

qu'it dit à ce sujet Par un revirementétrange, et

bien de natureà nous inspirerde fa réservedanst'apprc

ciation des ~u~sscteHtNquesdépasse, la chimiede nos

jours, après avoir, pendant cinquante ans, considère

comme inattaquablele principede ta simplicitédes mé-

taux, inclineaujourd'huià l'abandonner.L'existence,dans

les sels ammoniacaux,d'un metatcomposed'hydrogène

et d'azote, qui porte le nom d\MtnNm'Mm,est aujour-

d'hui admised'une manière unanime.On a réussidepuis

quelques annéesà produira touteune série de composés

renfermant un véritablemétal, et ce métat est constitué

composition,ont des propriétéschftniquesdttKrcntcs.Ce mot

reçoitsouventuneautresignification.

Page 61: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

48 L'OR

par la réunion de ou 4 corps différents. Le nombre

des combinaisonsde ce genre s'accrott chaque jour, et

tend de ptus en plusà jeter du doute sur la simpticitédes

métaux. HConcluons de cet examen que les faits em-

pruntés à l'expérience offraient des caractères suffisants

de probabilitépour donnerle change à l'esprit des obser~

vateurs,et autoriser ainsi teur croyance au grand phé-nomènedontils poursuivaientta réalisation.

Page 62: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

PREMIER MÉMOIRE

.Pn'MnMt) McMjmfJ des Sciences~J't! la sJftfMJtfH

27/MMt8~.

Les métaux sont des corps composés.

A toutes les merveilleuses créations industriellesqui

signaleront le X)x~siècle à la postérité, je viens, hum-

ble et obscur ouvrier, apporter ma pierre pour l'édifice

commun. La vapeur, t'~tectricitéont déjà changé la face

dutnoHde~qmpeutdiTeoHs'arr&tet'&teurpuissance?);f

mais it est d'autres mobilesde fa richessep(tbt!que',et

)'en viens signaler un dont la découverte changera bien

des conditionsde travail et effraierapar sa portée les es-

prits les plushardis. H ne faut pas moins,pour me déci-

der à confier au public ta découverteque j'ai faite,que

la consciencede son importanceet l'honneur qui jaillira

sur monpaysd'avoir été le berceaud'une pareille inven-

tion.

J'ai ~JcjKMf< moyende faire de l'or art~etc~,/'t!t

fait de l'or.

Page 63: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

L'OR.

cette annonce, {'entendsdt;jà les clameurs des in-

crédules et les sarcasmesdes savants mais aux uns et

aux autres, je répondrai: Écoutez et voyez.Étève et préparateur de chimie à t'Éeote profession-

nelle supérieurede Nantes en t8~o, je m'adonnai sur-tout à t'ëhtdedes métaux,et, convaincu que cette partiedesscienceschimiquesoffraitun champimmenseà mois-

sonner pour un homme d'observation, je résolus d'en-

treprendre un voyage d'exploration au Mexique, cette

terre classiquedes métaux. En décembre [842. je par-tis et cachant mes travaux secrets sous l'abri d'un art

encore nouveau,te daguerréotype, je pus parcourir en

tous sens ces immensescontrées, ces ptacers, cette pro-

vmcedeSonora.cesCatifbrhiësqM.deputs. ont tantt

nxt; les regards du monde. C'est en étudiant les gise-mentsdesmétaux, leurs gangues, leurs divers états phy-

siques, c'est en interrogeant tes mineurs et comparantleurs impressions,que j'acquis ta certitude que les mé-

taux subissaientdans leur formationcertaines fois, cer-

tains stagesinconnus,maisdontles résultatsfrappent l'es-

prit de quiconquetes étudieavec soin. Une fois placé àce pointde vue, mesrecherches devinrent plusardentes,

plus fructueuses peu à peu la lumière se fit, et je com-

pris l'ordre dans lequel je devais commencer mes tra.

¡

Page 64: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES METAUX <!1-=-

vaux. Après cinq ans de recncrchesret de- tabeurs, et

réussis enfinà produire quelquesgrammesd'or pa'fatte-

ment pur.

n m'est impossiblede peindre l'immense joie que je

ressentis en touchant ce but si désiré. Des tors je n eus

qu'une pensée fixe. rentrer en France et faire profiter

mon pays de ma découverte. Quitter le Mexique était

fort difficilealors, car tes Américainsvenaientde s'em-

parer de Vera-Cruz, de Mexicoet de Tampico,et ne

fallut pas moinsde six moispour venir de Guadalajaraà

Tampico, où je me suis embarqué pour la France en

mai t&~S.

A mon arrivée, je constatai de nouveaules propriétés

de l'or qu<~{'avaisarttncIeHemenEobtenu:CFistaHisation,

aspect, densité, maitéabititéparfaite, ducti!i:d. insotubi-

lité absoluedans tes acides simples, solubilitédans l'eau

régate et tes sulfuresatcatins: rien n'y manque. La quan-

tité que je possède aujourd'hui ne peut me laisseraucun

doute sur le fait de ta découverteet sur te peu de fraisau

moyen desquels j'ai pu lapréparer.

Maintenant, pour faire disparaitre te merveilleuxdont

cette découverte ne manquera pas d'ètre entourée aux

yeux de bien des gens, faut queje disequelles sont les

vuesqui m'ont guidé dans mon travail,et commentma

Page 65: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

L'OR

réussite aété t'ceuvre dedéductions togiquesdéjà acqui-ses à ta science.

Les métaux ne sont pas des corps simples, mais

bien des corps composés.

Les alchimistes et tes philosophes hermétiques du

moyen-agen'avaient aucune théorie fixe dans leurs re-

cherches sur fa nature des métaux guidés par une pen-sée mystiqueet voyantdans tous les corps de la nature

unmélangedematièreet d'émanationdivine, ilspensaient

pouvoirarracher à ta nature le secret de ce mélange.et,

dégageant fa matièrebrute de son essence, ta ramener à

un typ(~unique~pouFtes'métaux, du moins. Bet&E'tdée

de ce qu'ils appelaientle grand œuvre, (a pierre phitoso-

phale, ta transmutationdes métaux.

Divisésen plusieurs sectes, les t~K/HM~se flattaient

vainementde découvrir une panacée propre à prolongerla vie des hommesau-delà du termeordinaire, tandis que

d'autres, les ptus positifs, se bornaient à chercher ta

transformationdes métaux vils ott imparfaits en métaux

précieux et parfaits,c'est-à-dire en argent, en or.

Les travauxde ces hommes sont restés stériles, sauf

Ics quelquesremèdeshéroïquesdont ils ont doté l'art de

Page 66: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRAHSMUTA-nOtt DES MÉTAHX J

guérir, remèdespuisesdans tes préparations antimonia-

les et mercuriellesprincipalement aucommencementde

cesiècte, il était de bongoût de jeter le sarcasmeà plei-

nes mains sur ces fous d'une autre époque, et c'est A

peine si aujourd'hui quelques savants rendent justiceà

l'idée, à la pensée mère qui a guidéles alchimistes.

Posons d'abord un principe fécondadmis aujourd'hui

par tous les chimistes Les prjpf~'s des cor~xsontle

r~H~af~e fcMfcoo~~f~Mnmo~CM~frc'.

La nature nous présente un grand nombrede corps

polymorphesqui, suivant qu'ils cristallisentdans unsys-

tème ou dans un autre, acquièrent des propriétéstrès

différentes, sans que, cependant, leur compositionsoit

aitéré&ou changée en aucune façon. Ainsite-carbonate

de chaux rhomboédriqueou spath cafcaire, et tecarbo-

nate de chaux prismatiqueou arragonite ont exactement-

la mêmecomposition, et cependant possèdent des pro-

priétés très différentes. La science est parvenueà pro-`

duire ces deux sels à volonté sous ces deuxformes.L'un

d'euxpossède la double réfraction,l'autre ne la possède

pas; t'un est plus dense qué l'autre, l'un enfincristal-

lise à la température ordinaire, t'autre seulementA ta

température de plus de too degrés.

Tout te mondesait que lesoufre possède des proprié-

Page 67: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

~4 t-'ott

tés différentes suivant la température à laquelle on l'a

exposé et la forme cristallinequ'on lui a faitprendre.Une foute d'oxydes métriques, teh que certains oxy-des de fer et de chrome, se substituant à d'autres bases

dans les sels, leur donnent des propriétés diverses sous

des formes typiques. Les oxydes de zinc, de mercure,

ptusieurs combinaisonsde ces métaux, changent de pro-pnété sous l'empire d'un changement de constitution

motécutairc produitpar la chateurou des forcesélectri-

ques. Le platine spongieux, f'argite chauffés à blanc,déterminent, par leur simpleimmersiondans un mélange

d'oxygène et d'hydrogène, la combinaison de ces deux

gaz, dont le résultat est de l'eau.

Dans la nature organique, ne voyons-nouspas des

phénomènes analoguesse produirechaque jour? L'ami-'don ne se transforme-t-ilpas en sucre par son seul con-tact avec l'acide sulfurique,sans que, cependant celui-cisoit attéré~ N'est-ce pas à la présence d'une matière

azotée qu'est du le phénomènede la fermentation quifait subir aux matières organiquesde si curieusestrans-

formations? Enfin, te cyanogène, ce radical composé,n'cst-il pas le produit de l'action d'une base alcalinesurunematière azotée? Je pourraisciter mille autres faits à

l'appuidu principe énoncé, si je ne craignaisde paraitre

Page 68: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRAt!SMUTATtON,DES MÉTAUX

vouloirfaire étalage de science. Je répéterai donc sim.

plementqu'il n'y a rien que de très juste dans cette pen.

sée que la constitution d'un corps-étant changée, ce

corps acquiertdes propriétés nouvelles tout en conser-

vantsa nature intime,sacomposition,si l'on veut.

En conséquence,il suffira de découvrir le corps qui,

par saforcecatatytique,peut agirsur le corps qu'on veut

transformer,puis de mettre ce dernier en certaines con-

ditionsde contactaveclui, pouropérer cette transforma-

tion. Voilàle principe qui n'est nié par aucun chimiste

aujourd'hui, celui que j'ai misen application, et auquel

je doismonsuccès.

Dans un ordre d'idées analogues. repéterai-te ici

tout ce qui acte dit et écrit par les modernes sur la

probabilitéde ta composition des métaux Si t'en partde la théorie de Staht, qui considérait tes métauxcomme

formésd un radicalet d'un principe appelé phlogistique

pour arriver à Lavoisierqui, par sa théorie de ta com-

bustion. a si longtempsfait fairefausse route auxobser-

vateurs sienfinon considère que tous les corps de ta

nature, végétaux et animaux, en' nombre incalculable.

sont forméspourtantde trois ou quatre éléments, mal-

gré leur immensediversité, et sil'on réfléchitquece n'est

jamaisqu'avecun très petit nombrede substancessimples

s

Page 69: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

~6 L'Ott

que ta nature produit tous tes composés,.n'est-il pas na-

turel de penser que les quarante et quelquesmétaux,

considérés aujourd'huicommedes corpssimples,ne sont

que des mélanges, des combinaisons, peut-être, d'un

radical unique avecun autre corps inconnu,mal étudié,

sans doute, dont l'action nous échappe, maisqui seul

.nodineles propriétés de ceradical,et nous montre qua-

rante métauxlà où il n'y ena qu'un? Commentadmettre

que ta nature ait créé cette quantitéde métaux divers

pour former te règneinorganique,quand,avecquatre élé-

mentsau plus, elle a créé une si prodigieusequantité de

végétauxet d'animaux Et, si un hommevientà démon-

trer ce corpsinconnu qui a échappe &tant de recher-

ches, et à te faireagir surun nféta)donne, qu'y a-t-il de

surprenant à ce que cet hommechangeta nature de ce

métaten lui donnant, avecune constitutionmotécutaire

différente,les propriétésde tel autre métal dans lequel

existenaturellementcette constitution?

En voilà assez sur ce sujet pour tout hommequelque

peu versé dans l'étude dessciencesphysiques,et pour le

bonsensde tous. J'arrive maintenantà préciser la posi-

tion. J'ai pu produirede l'or etarriver ta~mfi~/brnM~Mt!

eompM<Cd'une quantité donnéed'un métal en or pur.

J'aidit déjà que cette quantité donnée était de quelques

Page 70: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX )7

grammes,et jusqu'àprésent je ne suis pas encore parve-

nu &opérersur une masse assez considérable pour pou-

voir dire que j'ai réussi en grand. Pour y parvenir, il

me faut d'autres ressources, je les demande à ceux qui

voudront se mettre en rapport avec moi. Je ne veux

pas, à moinsd'y être contraint, avoir le sort de tant

d'inventeursdédaignés dans leur patrie, porter à l'é-

trangerte fruitde ma découverte, et en faireprofiter nos

rivauxen industrie. Je faisappel à mes compatriotes,et

j'attends de la puMicitét'aide dont j'ai besoin pour par-

faire monoeuvre.

En terminant, je crois inutile et imprudent, peut-être

de fairedes rénexions sur ['immenseportée de ta pro-

duction de rbrarti~ciet: la France poss~ le plus

fort numérairede l'Europe, environ trois milliards de

francs ta dépréciation prochaine de t'or, par l'abon-

dance de ce métal provenant de ta Californie et de

l'Australie, sont deux faits assez faciles à rapprocher

pour que tes conséquencesen découlent d'elles-mêmes.

Je metais donc et j'attends.

Page 71: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

DEUXIÈMEMÉMOIRE

Lu à i'~M~mM dcs Sciencesdansla Séancedu t~ oe<o-

&r<?<8~.

PAR T. TIFFEREAU.

Les métaux sont des corps composés.

Afinde faire disparaître les doutes qui peuvent rester

dans tes esprits au sujet de ta découverte que j'ai faite,

de l'or artificiel, je vais entrer dans quelquesdétails de

mes-expériences,et- prouver,que-, dans les circonstancesoù {'aiopéré, je [i*aipu prendre des illusionspour des

réalités.

Messieurs, le métal que j'ai choisi pour base de mes

expériences est l'argent, métal parfaitementdistinctdes

autres par ses propriétés chimiques, qui sont tout à fait

caractéristiques, commeon sait, et qui, par conséquent.ne permettent pasde le confondreavec aucunautre parcette raisonmême, il est facilede t'obtenirchimiquement

pur de sorte qu'agissant sur ce métal, je pouvais me

rendreparfaitement compte des ehangements partiels ou

Page 72: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LATRANSMUTATtONDESMÉTAUX

entiers que pouvaient opérer les agents chimiques que

j'employais.Dans mes premiers essais, je pus me convaincre

qu'une très minimequantitéd'argent passait à t*étatd'or,

maisen si petite quantité que je doutai d'abord de ta

réussite du fait,quoiquecependantje fusse bien convain-

cu que l'argent que j'employaisne contenait pas la moin-

dre quantité d'or.

Si je n'avaisque ce résultat montrer, on pourraitdou-

ter et dire que l'argent empioyén'était pas chimiquement

pur: que d'ailleurs ['argent renfermetoujours de l'or, et

qu'il n'y adonc rien d'étonnant à ce que j'en aie trouvé.

J'admettrais encoreque l'argentpouvaitcon.tenirdes tra-

ces d*or mais ce que je ne puis admettre, c'est qu'

puisse y avoirillusionde ma part, lorsque, dansplusieurs

autres expériences capitates que j'ai faites, j'ai vu tout

l'argent employé changer d'aspect et de propriétés le

métal qui, avant['expérience,était enentier solubledans

l'acide azotique, est devenucomptétementinsolubledans

ce reactif il est devenu au contrairesoluble en entier

dans i'eau régale et les sulfuresalcalins en un mot il a

acquis toutes les propriétés chimiques et physiques de

l'or; l'argent tout entiers'est changéen or.

J'ajouterai que j'aiopéré surd'assez grandes quantités.

Page 73: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

6o L'OR

commeje t'ai dit dans mon précédent mémoire, pour

qu'il ne puisseme rester aucun doute sur le faitaccom-

pli j'ai suivt avec attention toutes les phases de ces

expériencesquiont été fort longues, et si je ne puis pas

toujourstes répéter avec le même succès,te faitcapitalde la, transformationde l'argent en or n'en existe pasmoins.

J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie

une faiblepartie de cepremier or tel-queje t'ai obtenu

il est facile de se convaincre que ce produit a son

cachet particulier qui le distingue de l'or de mine, de

celuide placeret de celui des sabtes aurifères; lorsqu'ilest <bndu,itestJmpossibtede le distinguerde t'or natu-

re!, parfaitementidentique avec tui.

J'ai l'honneurde mettre sous les yeux de l'Académie

un petit tingot decet or fondu.

Pour parer à tout événementet conjurer toute éven-

tualité relativeà la découverte que j'ai faite,outre le pa-

quet cacheté que j'ai déposa à l'Académie,j'ei remis en

maintierce des échantillons de mon or artificielet ta

descriptiondétaittéc des procédés que j'aiemployéspourl'obtenir.

Dans le cours des opérationsdont je viensde parler,et que j'ai variées soustouteslesformes, j'ai remarquédes

Page 74: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LATRANSMUTATIONCESMÉTAUX 6t

analogiesfrappantesdans tephenomënede ta transforma-

tion desmétauxdivers surtesqnets{'aiopéré et, sans en-

trer ici-dansdes défaits inutiles, jecroispouvoirconclure

de mes expériences que la transformation du cuivre en

argent m'est démontréeet sera bientôt un fait acquis à

la science que d'autres métaux. )ë fer, par exemple.

peuventêtre transformésen cuivre, en argent, en or.

Maintenant. il me faut obteniren grand de L'or artifi-

ciel e est ce procédé que je cherche, pour tequet tes

moyens me font défaut.

Cet aveu d'impuissancen'étonnera pas l'Académie

it est conforme à tous les précédents des inventeurs qui

m'ont devance; aucun d'eux, que je sache, n'a perfec-

tionné son invention avec ses propres moyens, et trop

souventils en ont perdu tefruit,épuisésqu'ils étaient par

les dépenses qu'ils avaientfaites,ou décourages par l'in-

crédutité et l'insouciancepubliques.

Quant aux conséquencesde ta transformationde l'ar-

gent en or, la production de t'or artificiel. je laisse à ta

sagesse de l'AcadémieAprévoirtout ce qu'elles pour-

ront apporter de perturbations et d'avantages dans les

relations commercialesdes peuples, dans notre système

financier, dans tes valeurs respectives des produits du

sol et de l'industrie.

Page 75: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

6~ L'OR

En publiant ici te fait de ma découverte, j'ai moins

pour but d'en tirer honneur ou profit, que d'enrichir ta

science et d'en faire profiter mon pays.

Instrumentde la Providence qui a guidé me; essais,

j'obéis à fimputsronqui me pousse, et viens demander

conseilet appui au premier corps du monde.

Je me borne ici, messieurs,à ces rcnexions, en priant

l'Académied'honorer de son attention fa communication

que je viens de lui faire, et de m'accordercet encoura-

gementmorat dont tout inventeura besoin pour perfec-

tionner son oeuvre.

Je vais répondre maintenant à quelques objections

qu'on m'a faitesau sujet de mon premiermémoire.

Les~unsmedisent ironiquement :<<-Paf~a~MKyaM~

produitA far, <~<t*n't'tt~rc~Mc~'oa.! d'abord~a~~MM

/:<nM!n! puis des quintaux, puisenfindes tonnes,et

vous ~et'Mtt~rc! premier~o~nfa~du moft~, vouspour-

f~~tfMnerfcm~ffMr~ ~;M~t';p~r<; t~OKMr~fm~

plus que ft. du grand FrJ~Wc; AVOTREPLA.CB,JE

ME TAtRAtS.

Je répondrai à cela par des faits connus de tous.

Pourquoi Fulton n'est-il pas arrivé de suite à appliquer

avantageusementla force motrice de la vapeur &ta navi-

gationF Pourquoi a-t-il été obligéde demanderle con-

Page 76: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX 6~

cours et l'argent des souverainspour perfectionner son

œuvreet t'appliquer en grand? Combien d'années n'a-

t-il pasconsacrées à sadécouverte'Que nebornait-il ses

premiers efforts à une machine fonctionnant en petit?

Pourquoi l'ingénieur français Lebon, qui découvrit le

gaz de ['éclairage, pourquoi Leblanc, qui découvrit ta

soudeartificielle, n'ont-its pas tiré partide leurs immor-

telles découvertes Lebonn'est-il pas mortdans la mi-

sère ? Et cependant aujourd'hui les compagnies qui

exploitent sa découverte font des fortunes colossales.

Leblanc s'est-il enrichi par ses travauxr

Lors de la découverte de l'oxygène par Lavoisier,

pour obtenir ce gaz, dans le principe, t'opération était

fort longueet très dtspendfeusae:aujourd'nt!te'es~ une

des opérations les plus simplesde la chimie au lieu

d'un procédé, on en a plusieurs qui fournissentce gaz &

très peude frais, témoin, entre autres. celuide M. Bous-

singault, qui n'est, en réalité, qu'une affairede conbus-

tible, puisque le mêmecorps peut fournir constamment

de l'oxygène. Et qui nous dit qu'il n'en sera point ainsi

de la transmutation des métaux?

Pour en finir avec cette énumération.que je pourrais

prolonger, je citerai la belle découverte de MM. Da-

guerre et Niepce: que de temps,que de dépenses et de

Page 77: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

6~ L'OR

soinsne leur a-t-elle pas coûtés Que ne disait-onà ces

messieursde continuer à perfectionner leurs procédés?f

Ce n'est pas ce que coûtent quelques plaquesd'argent,

quelquesgrammesd'iode, de bromeet de mercure N'ya-t-itpasfade quoifairedesmilliers d'expérienceN'ont-

ils pas vendu au gouvernement leur découverte, tout

imparfaitequ'elle était alors?

De ce moment elle a servi et sert encore à. enrichir

ceuxquil'exploitentencontinuantà la perfectionner.De mêmej'ai ta convictionque la découverte de l'or

artiftcietsera une source d'immensesrichesses pour ceux

qui pourront l'exploiter, et rendra aux sciences, à t'in-

dustrie et aux arts des services réels d'une incalculable

portée.

D'autres personnes m'ont dit (et c'est pour eeta quej'en parteici) Vo~ <~co«Mr<eseracommela produc-tionar~tCf'~ despierres ~r&MMXM,qui eot!/M<~Hï quecelles~M'<Mrencontredans la nature. Cette objection,

messieurs,est sans valeur car, sans parler ici de ta dé-

couverteen elfe-même ni de ses conséquences, je dis

qu'il ne peut y avoir de comparaisonpossibleentre ces

deuxproductionsartificielles,attendu que la plupart des

pierresprécieusesnaturellesn'ont que peude valeur,qu'ellesen acquièrent au contraire beaucoup par l'art de

Page 78: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LATRANSMUTAHÔXCESMÉTAUX 6~

la taitte que, le plussouvent, la màth-d'(Buvrccoûteplus

que te prix de la matière brute. H en est de mêmedes

pierresarti(!eie)tes,et encorecespierresne sontem-

ployéesquecommeobjet deluxe cites n'ont quefort

peud'applications industrielles.

La production artificielle des métaux précieux, au

contraire, est telle, que ta valeurde ceux-ci n'augmente

que fort peu par le travail. et ils sont d'ailleursd'un em-

ploi {ournatieret considérable,commebase de toute in-

dustrie, par leurs propriétés spéciales, qui tes rendent

de plus en ptus indispensablesà tout travail humain.Et

que serait ta civilisation,dont nous sommessi fiers: que

seraient les sciences physiquesettes-mcmes,sans les mé-

taux prectëux* U n*yajdonc, commeon te voit, aucune

comparaison possible entre ta production des métaux

précieux et celle des pierres fines, sous te double rap-

port de leurs conséquences et de leur emploi comme

agent de civilisation.

Page 79: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

TROISIÈME MEMOIRE

frJxjoM 8 mai f8~.

Les métaux sont des corps composés.

J'avais softicité['honneurde lire à t'Apademiece troi-

sième Mémoire depuis ptus de trois mois je m'étaisfait

inscrire au secrétariat dans ce but. Ne sachant point au

juste quand je pourrais obtenir montourde lecture, crai-

gnant qu'i) ne me fa)[Mpeut-être attendre encore plu-sieurs semaines, ma santé et fe temps ne me permettant

plus d'assister aux séances, je prends le parti de livrer

mon travailà fa pubticité, tel que j'avais t'intention de le

lire à l'Académie. Hme tarde d'avoir des juges et qu'onsache à quois'en tenir sur ma découverte. Ces considé-

rations mefont décliner l'honneur que j'avais sotticitéde

paraitre devant l'Académie,honneur qui ne peut, aprèstout, ajouter aucune valeurde plus à ce mémoire.

Page 80: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES METAUX 6;

INTRODUCTION

MESSIEURS,

Dans mes précédentes communications,j'ai eu l'hon-

neur d'annoncer à l'Académiemadécouverte des moyens

d'obtenir t'or artificiellement, d'opérer la transformation

de l'argent en or; j'aisoumis à ['Académie, comparative-

ment avec l'or des placers et t'or en lingots, for artifi-

ciel que j'avais obtenu.

Beaucoup de savantsconsidèrent encore de nos jours

commechimérique, la transmutation des métaux annon-

cée par une foule de gens, les uns de mauvaisefoi, les

autres dupes de leurs propres illusions; j'ai donc dû

subir te sort commun, et t'annonce de ma-découverte a

rencontré beaucoup d'incrédules.

D'aitteurs, de que! poids pouvait ôtre en faveur de

mes affirmations,mon nom totalement inconnu dans la

science, quand j'attestais la possibilitéd'opérer la trans-

mutation La froideur avec laquelle mes efforts ont été

accueillis n'avait pas lieu de me surprendre.

Loinde me plaindre de t espèce de répulsion et de

commisérationqu'ont éprouvée ceux qui ont eu connais-

sance de ma découverte, je crois devoirbien ptutôt m'en

Page 81: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

68 L'OR

féliciter: t'engouement ecLsa faveur aurait pu tui être

funeste car, bien qu'ette soit parfaitement réelle, elle

n'est basée que sur des opérations, sur une éehette très

réduite, ayant produit seutemeMtquelques grammesd'or.

On n'aurait pas manqué de me sommer d'en produiredes quintaux.Si, commeje t'espère. je parviens à con-

vaincre l'Académie de la rcatité de mes succès, j'aurai

conquis le double avantage de triompher de préjuges

que. du reste, je comprends parfaitement, et de prouverune foisde plusque la Providence, dans ses vues impé-

nétrables, daigne quelquefois se servir du plus humbfe

pour opérer de grandes choses.

Jusqu'à ce jour, messieurs, j'avais cru pouvoirespérer

que, soutenu par l'opinion pubtique, je trouverais, pourdbnneFSuiteà mestravaux, {econcoursdequetques hom-

mes éclairés,jalouxd'assurer avec moi à la France l'hon-neur et tes avantagesd'une découverte de cette nature.

Mesespérances, je dois le reconnaitreaujourd'hui, étaient

vaines et illusoires; sans attendre davantage, te moment

est venu d'établir mon droit de pr(orit6 en livrant ta

publicité mes procédés pour la production de l'or arti8-

ciet.

Des milliersd'expériences, répétées et variéesà t'in-

fini,ont fait naître en moi, depui; plusieurs années, la

Page 82: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX <)<)-

€onv)Gt)onqu~ce&procédés ne pouvaient que gagnerà

être exposésau grand jour. Après tout, il ne m'appar-

tient peut-êtrepas de tenircaché ptuslongtempsunsecret

dont ta divulgation doit appeler sur la production des

métaux les investigations des savants, les travauxdes

chimisteséminentsdonts'honore fa France.

Tels sont les motifs qui m'ont valul'honneur de parai-

tre devantvous, messieurs,prèt à fournir toutes lespreu-ves de sincérité qu'il peut plaire à l'Académie de recta-

mer de moi, prêt à opérer sous ses yeux avec les matiè-

res premières qu'ette-mémc aura mises à ma disposition.

Enfin,avantd'entrer en matière, je dois rendre compteà l'Académiedes raisons d'opportunité qui me détermi-

nentà tui faireen ce momentcette communication.Après

cinq annéesentières de séjour et de voyagesdanstoutes

tes partiesdu Mexique, sans autre ressource pour sub-

venirauxfraisde mesexpériences que le produitde mes

travaux en photographie, je revins en France avec un

modestecapital, fruit de meséconomies, pour compléter

ma découverte au moyen de quelques instruments de

préeisioaque je ne pouvaisme procurer au Mexique,et

de nouvellesrecherches confirmèrent pleinementles ré-

sultats obtenus par moi sur cette terre des métauxpré-

cieux.

Page 83: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

70 t.'OR.

Bientôt je vis mesrestources diminuer,sanssavoirsi

ellessuffiraientpour me donner le temps d'atteindre le

but de mes travaux je prévoyais l'instant où tout allait

me manquer à la fois. Je n'hésitai point à sacrifierune

partie de ce qui me restait pour me créer des moyens

d'existence j'en trouvai dansl'exploitation de quelquesinstruments relatifsauxarts physiques.Malheureusement

ces ressources sont trop [imitéespour me permettrede

conduire madéeouverteà laperfectionqu'elledoitattein-

dre. Je prends donc[arésolutionde talivrer, teiïe qu'ette

est, à la puMieité, dans t'interct de ta scienceet pourl'honneur qui doit rejaillir sur mon pays; je mets en

demeure ceux qui ont les moyensde travaillersur mes

donnéeset mesprocédés, d'en enrichirles artxette com-

merce. Ce n'est pas sans éprouver un sentimentp6niMe

que j'adopte cette résolution; il m'eût été douxde mar-

cher seul jusqu'au but, de l'atteindre et de fairehom-

mageà mon siècle d'un succès conquis par mes seuls

efforts. N'importe, je n'en seconderaipas moins cordia-

lementde tout mon pouvoirtoute tentative faite pouraller en avant dans la carrière que j'ouvre aujourd'hui.Car la reatité du grand fait que j'avance ne laissesubsis-

ter aucun doute dans mon esprit; seulement j'auraisvoulu n'offrir au public mesprocédés qu'avec un degré

Page 84: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATtÔH DES MÉTAUX yt

de plus de précisionet de sécurité: ta se bornait toute

monambition.

Mais, à part les ressourcespremières, tout me manque,

la stabilité, l'absence de préoccupations personnelles,

ta facultéde suivre sans distraction et avec maturité les

phénomeMScomplexesde la transmutation des métaux.

De longuesexpériences sur l'influence de la lumière so-

laire ont compromisehez moiles organes de ta vue, les

fatigues ont miné ma santé: des travaux d'un autre or-

dre que m'imposela nécessité de soutenir ma famille,me

forcent à m'avouer mon impuissance, quand i'ai la con-

viction, la certitude moralede la possibilité d'un succès

prochain,coopérant en grand, s'il m'était donné de vain-

cre~~!ëscsuses tourtes-mat~neMesde-cette Impuissance,

En présence de ces circonstances que je viens d'expo-ser à l'Académiedans toute teur vérité, j'exécute maré-

solution de rendre publics mes procédés pour obtenir

t'or artificiel.Que l'Académie me pardonne d'avoir osé

t'en entretenir le sentiment d'amour de la science quiseul me dicte ma démarche porte avec luison excuse.

PREMIÈRE PARTIE

Pour te voyageur éclairé qui parcourt les provincesmexicainesen observant avec une attention intelligente

Page 85: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

~2 L'OR

l'état minératogiqttede ce pays, ses terrains d'alluvion,

ses placers et ses gisements de métauxprécieux. il res-

sort de cet examen un fait propre à jeter un grand jour

sur la production naturelle de ces métaux.Ce fait, c'est

ta présence, je pourrais dire l'extrême abondance des

nitrates de potasse et de soude quis'effleurissentde tou-

tes parts à la surface du sol, et qui s'accumulenten cris-

taux réguliers dans le lit des torrents descendant des

montagnes on en exptoitemêmedes masses naturelle-

ment assez pures pour qu'elles puissentêtre employéesà la fabricationde la poudre de mine.

On y rencontre également des iodures,des bromures

et des chlorures en quantités notables les pyrites, autre

agent non moins important,se trouvent eh contact per-

pétuel avec les azotates atcatins cet agent apporte sa

part d'influence certaine sur (a production des métaux.

Ces deux classes de corps composésagissant sous la

doubte influencede la lumière et de ta chateur, donnent

lieu à des phénomènes électriquesd'où résultent la dé-

composition des terrains métattiféres.et tes combinai-

sons nouvelles d'où proviennentles métaux.

Cette manière de voir. cette théoriede ia/crmM~Mtt

des métaux, peut être soutenue ou combattue; je dirai

seulement qu'cite a pour moiun degré de probabilitéqui

Page 86: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX ~i

est devenute guideet le pômfdedépart de mes rëcnër-

ches.

L'opinionde la transmutation,de la perfectibititédes

métaux, est si génératef.ent admise par les mineurs du

Mexique, qu'il ne faut pas s'étonner de leur entendredire en parlantdes morceauxdeminerai qu'ils admettentou rejettent pour t'exptottation Ceci est bon et MURceci est mauvaiset n'est pas encoreptmjj fj~jf ~r. »

A monpoint devue. les réactionssous l'influencedes-

quellesa lieu la transformationdes métaux, constituentun phénomène complexeoù leprincipal rôle appartientaux composés oxygénés de l'azote. L'action de la cha-

leur, de ta lumière. de l'électricité. favorise ou déve-

loppe. dans de eerfamesHmites.te~com&ina~onsdécès

composésavec te radical inconnuqui constitue tes mé-taux. Tout meporte à croire quece radicalest l'hydro-

gene que nous ne connaissonsqu'At'état gazeux et dont

tes autres états physiques échappent à nos recherches.

L'azote sembleagir dans ces combinaisonscomme agi-rait un ferment dans les transformationsdes matières

organiquessous l'influence cie ce mêmeagent. La fixa-

tion de t'oxygène,sa combinaisonplus ou moinsdurable

avec le radical.sous l'action d'un composé azoté voilà

pour moila clef deta transformationdes métaux.

Page 87: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

74 L'OR

Que ces idées théoriques soient vraies ou fausses,

exactes ou erronées, c'est ce que je n'entreprendrat pas

de discuter ici je crois devoir me borner à dire que,

sans qu'il m'ait été possible d'acquérir la certitude ma-

thématique de leur réa!ité, leur influence a présidé à

mes expériences leur probabilité à mesyeuxest née des

effets notés pendant plusieurs années d'observations. Si

j'en faismention, c'est pour mieux faire comprendre!a

marche que j'ai suivie,et jeter peut-être quetqueclarté

sur la route où marcheront ceux qui suivront après moi

le mêmeordre de recherches.

Quoi qu'it en soit, je tracerai l'exposésuccinctdu ré-

sultat de mes observations; leur filiationpermettra de

saisir parquels enchaînementsde~faits et d'idéest'a! été

amené à concevoir la théorie que ;e viens de résumer.

t" Un premier fait que chacun peut reproduireà vo-

lonté a été mon point de départ. Si l'on réduiten limaille

de l'argent pur et que l'on fasseagir surluide l'acideazo-

tique égalementpur, certaines parcellesde cette limaille

resteront insolubles dans t'acide elles ne disparattront

qu'après que la dissolution aura été, pendant plusieurs

jours, abandonnéeau repos.

Si l'on projette de la limailled'argent pur dans des

tubes de verre de 4 à $ m!t!imetresde diamètre, sur 2 àé

Page 88: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX 7;

t centimètresde hauteur, remplisau tiers de leur capa-cité d'acide azotique à }6 degrés, après que cet acide

aumété, pendantun certain temps,exposé à l'action des

rayons solaires, on verraqu'une certaine portiondes par-

cettesd'argentresteracomplétementinsolubledansl'acide,

malgré l'élévationde température produite par ta réac-

tion.

;° Si l'on opère sur un alliage de neuf dixièmes d'ar-

gent et un dixièmede cuivre, la réaction sera ptus vive

et l'insolubilitéde certaines parties de l'alliage sera la

même que dansl'opération précédente.

4° Le phénomènese reproduira encore, si l'on opère

sur te mêmealliage, hors ducontact des rayons sotaires.

Dans toutes ces ëxpëriënccs~indépëndamm.entde

l'insolubilité des parcelles d'argent puroud'alliage, on

courra constaterla présence d'un léger dépôt brun inso-

tubte.

En variant ces expériences par l'emploi de l'acide

azotique à diversdegrés de dilution, après l'avoir toute-

fois exposé à l'action des rayons solaires pendant un

temps plusou moinsprolongé, j'ai pu recueillirdes par-

celles de métat parfaitement insolublesdans l'acide azo-

tique pur et bouillant,solublesau contraire dans ta solu-

tion de chlore.

Page 89: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

7~l

L'OR

7" Desexpénencës comparativesm'ont permisde re-conna!tre

t° Que l'or, introduit en petite quantitédansl'alliage,facilite ta productionartificiellede ce métal.

2" Quel'argent pur est beaucoup plus difficileà faire

passerà l'état d'orquetorsqu'itestattiéâd'autresmétaux.

)* Que. comme je l'ai énoncé dans monpremiermé-

moire. ta force catalytique est pour quelquechose dansa transmutation des métaux.

4° Que le chlore, te brome, t'iode et le soufre,en pré-sence descomposesoxygën~sde l'azote,favorisentla pro-duction des métaux précieux.

Que l'air ozoniséparait activer cette production.

6'Quctatentpératttrë de 2~ degrés et au-dessusest

favorableà l'accomplissementde ce phénomène.

7<Que les résultatsheureux dépendent en grandepar.tie de la durée des opérations.

Sur ces premiers faits observés, qui ne s'étaient pasofferts avec le mêmedegré de certitude, nonplusqu'avecdes caractères parfaitementidentiques, {ebasai de nou-

velles recherches ayant pour principe l'influencede la

lumière solaire, si intenseet si favorablesousle beau cti-

mat du Mexique. Monpremier succès fut obtenuà Cua-

dalajara. Voicidans quelles circonstances

Page 90: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX 77

Apres avoir exposé,pendantdeux}ours,àà l'aetiondes

rayonssolairesde t'acide azotiquepur, j'y projetai de la

limailled'argent pur alliéà du cuivrepur dans la propor-

tionde l'alliage de la monnaie. Une vive réaction se

manifestaaccompagnée d'un dégagementtrès-abondant

de gaz nitreux; puis ta liqueur, abandonnée au repos.

melaissavoir undépôt abondantde limailleintacteagglo-

méréeen masse.

Le dégagement du gaz nitreux continuant sans inter-

ruption,j'abandonnaile tiquideà lui-mêmependantdouze

jours,je remarquaique te dépôt agrégé augmentait sen-

siblementde volume. J'ajoutai alors un peu d'eau à la

dissolutionsans qu'il se produisitaucunprécipité, j'aban-

dotinarencore ta~iqueaF au repos pendant cinq joues.

Durant ce temps, de nouvellesvapeurs ne cessèrent de

sedégager.

Ces cinq jours écoutés, je portai la liqueur jusqu'à

t'ébuttition.je l'y maintins jusqu'à cessationdu dégage-

mentdes vapeurs nitreuses, après quoi je fis évaporer à

siccité.

Lamatièreobtenue parta dissicationétait sèche, terne,

d'un vert noiràtre; elle n'offrait aucune apparence de

cristallisation aucune~jrh'f:N~rMne~'Jh!f~~osJc.

Traitant alors cette matière par l'acide azotique pur

Page 91: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

78 L'on

et bout)!antpendant dix.heures, je vis la-matMredevenrrd'unvert clair sanscesser d'être agrégée en petites mas-

ses j'y ajoutai une nouvelle quantité d'acide pur et con-

centré jensbouittirde nouveau c'est alors que Jevtsenfin la mâture désagrégée prendre le brillant de l'or

naturel.

Je recueillis ceproduit et j'en sacrifiaiune grande par-tie pour le soumettre à une suite d'essais comparatifsavecde for naturel pur it ne me fut pas possible de

constaterla plus té~cre différence entre l'or naturel et

for artificielque je venais d'obtenir.

Ma seconde expérience, du même genre que ta pré-cédente, eut lieu à Colima tes phénomènesse produisi-rent commeà Guadatajara~soust'influence de ta lumière

s6iaiEe,qutne cessa d'agir pendant tout le traitementdo

l'alliagepar l'acide azotique seulement, je réduisisà

huit jours la durée du premier traitement, et l'acide que

j'employaifut assez étendu d'eau pour que l'action so-

taireseule ne pût produire le dégagement des vapeursnitreuses.Or. commecettes-ci ne cessèrent point de se

dégager,j'attribuai ce fait à uncourant électrique dû à

l'espècede fermentation dont l'azote me parait être le

principe.Le gaz nitreux continua à se dégager constam-

ment,tant quêta tiqueur ne fut pas portée à t'ébuttitton.

Page 92: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LATRANSMUTATIONDESMÉTAUX *<y 1

Je terminaicett~operatiotrcommeta précédente; néan-

moins, dans cette secondeexpérience, j'employai, vers

la finde ['opération, plus d'acide concentré, pour ame-

ner la désagrégationde ta matièreet l'amenerà prendreta couleurbrillantede l'or.

Je fisune troisièmeexpérienceà mon re'ouràGua- [

dalajara, elle réussit comptétement comme tes deux

précédentes sans présenter aucun phénomèneextrsor-

dinaire digned'être noté la quantitéd'alliageque j'avais

miseen expérience se transformatout M~rc en or ~r,

ainsique je l'ai dit dans mon second mémoire.

Voilà, messieurs, dans toute sa sincérité, le fait obte-

nu, le résultat constantque j'ai pu reproduire plusieurs

(bisau Mexique ~ce &it,-{ene réussis pas à. te repro-

duire en France, et en agissant sur des quantités plus

considérables. J'apprécie mal,sans doute, les causes qui

agissentdans les réactionsen vertu desquelles des mé-

taux, solubles dans l'acideazotique, deviennent insolu-

blesen se constituanten unétat motécutaire particulier,

d'où résultent des propriétés entièrement différentes

de celles que ces mêmes métaux possédaient avant

d'avoirsubi ces réactions.

Ces changements,auxquelsfaction de ta lumière so-

taireparait contribuer si puissamment,doivent-ils être

Page 93: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

80 ~'QR

attribuésà unétat électrique ou magnétique spécial, oubienau rôle de l'azote sous cette influence?

Enfin y a-t-it production d'un oxyde particulier de

l'argentet du cuivre, tel que ceux que nous présente [c<er? C'est ce que, jusqu'à présent, je n'ai pu vérifier.

SECONDE PARTIE

MESStEURS.

Aprèsavoir, comme je viensde ['exposer, répété un

grand nombrede fois les expériences qui précédent,

toujours opérant sous L'influencedes rayons solaires

sans pouvoirdécouvrir quelles causes déterminaient ou

empêchaientla productionde for ardnciet, quand je va-

riaisles procédésou que j'y apportais seulement de lé-

gers changements,je voulus enfin m'assurer de t'enet

réet de la lumière en opérant en dehors de cette inHu-

ence. Voicite résuméde mes tentativesdans cette voie,

tentativescouronnéesde succès.

Ayantmeté douzeparties d'acidesulfurique concentré

et deuxparties d'acideazotique à .)0 degrés, je remplisde ce mélange, jusqu~au quart de leur capacité, tu-

bes de verre où je projetai de la limaille d'argent

Page 94: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

[.A TRAKSMUTATtONDESMÉTAUX 8t

et de cuivre, préparée avec tes métaux purs, le

cuivre entrait pour un dixièmede cet alliage. Aprèslà première réaction, accompagnée-d'émissionplus ou

moinsabondante de gaz nitreux, selon la quantité d'acide

azotiqueadmisedans )e mélangeon voit la dissolution

prendre une belle teinte violette on porte alorsà l'ébul-

litionqu'on maintient pendant plusieurs jours, en ajou-

tant de temps à autre, selon le besoin, de l'acide sutfu-

rique pur et concentré, de manière à chasser tout l'acide

azotique.

Cette durée prolongée de t'ébuttition est nécessaire

parce que tes deux acides forment une combinaisontrès

stable tant que cette combinaisonsubsiste, l'or ne se

dépose pas. On peut aussi remarquer qu'après plusieurs

jours d'ébullition, si t'en vient à ajouterà la dissolution

un peud'eau, il se produit encore un faibtedégagement

de gaz nitreux, ce qui indiqueraitque t'aeide sutfuriquc

très concentré a plus d'affinitépour l'eau que pour ce

composé azoté. Pour se débarrasser des vapeursnitreu-

ses, qui pourraient y rester encore, il faut y ajouter un

peu de sulfated'ammoniaqueet fairebouillirde nouveau.

Dans ces expériences l'or paraîtdissousà la faveurdu

gaznitreux, car, mesure que ta quantité de gazdevient

plus faibte, t'or se précipite en pettieuiesexcessivement

Page 95: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

8i L'OR

minces qui se déposent, par le refroidissement, sur tes

parois du tube du côte où il est incliné on peut les y

distinguerà la vuesimple.Quand la quantM d'or produit

est assez grande. le métalse réunit en masse au fonddu

tube.

Un autre moyen,d'un effet moins tent, consiste à rem-

placer, dans t'expericnce précédente, ['acide azotique,

par l'azotate de potasse.

J'ai varié, je le répète, ces essais a t'innnL; saufsous

l'empire decirconstances accidentelles, j'ai gcneratementobservé les mêmesrésultats.

C'est à l'Académie qu'il appartient de prononcer sur

la valeur de ces expériences. Je suis prêt, commetFa:

expran~au début dece mémoire, à opérer sous lesyeuxd unecommissionprise dans le sein de l'Académieavec

tes réactifsqui me seront fournis par cette commission.

J'ai beaucoup mn'ditc sur une théorie probable qui

peut guider les chimistes dans les opérations ayant pourbut la productiou de l'or artificiel. Je pourrais exposerles fortes inductions,les analogiesplus ou moins frappan-

tes, capablesd'éclairer tesdoutes sur la valeurdes agents

auxquelsj'attribue la production de t'or; mais }ecom-

prends ta nécessité d'être sobre de réflexions et de ne

point abuser de l'indulgence de l'Académie. Plus tard.

Page 96: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LATRANSMUTATIONDESMÉTAUX !!)

si un pareil travaildevientopportun, je pourraisdévelop-

per les idées qu'ont éveillées en moi les faitscurieux,

objets de mes observations, depuis quinzeannéescon-

sacrées &desexpériences sur te mêmesujet.

Page 97: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

[

QUATRIÈME MÉMOIRE

PrAcK~à rAcadémiedes Sciencesdansla ~ncc du y

~o~t8~.

Les métaux sont des corps composés.

Mes essais de transmutationdes métauxont eu pour

pointde départ ['observationdesfaits. Ayantdissous une

petite quantité d'argent exempt de traces d'or dans de

l'acide nitriqueparfaitementpur, cet argent, precipitëdc

sadisso!tition)egereme[ttacHeparducuivrepttf,ne(n'x

fourni, au momentoù il venaitd'être obtenu,aucunepar-

celled'or ce même précipité, soumis, au bout de plu-

sieurs mois. à la mêmeméthode d'essai, me donna des

tracesd'or. D'autres échantillonsd'argent précipité par

diversmétauxpurs,obtenusdepuis longtemps,essayéset

étiquetée: argentexemptde traces d'or –m'ont éga)e-

ment permisde constater te mêmerésultat.

Je ne savaisprécisémentà quoiattribuer ce fait. soit à

une transformationlentede ['argent en or, soit à la pré-

sence préaïaHe de parcellesd'or, soit dansl'argent, soits

Page 98: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX 8<

dans tes métaux employésà la précipitation. J'ai renou-

velé les mêmesexpériencesde la manière suivante j'ai

opéré sur de l'argent pur, réduit par la craie et le char-

bon de son chlorure parfaitementlavé à l'eau de chlore,

puis à l'eau pure. J ai faitdissoudre une partie de cet

argent dans l'acide nitriquepur. et une autre partie dans

t'acide sulfurique pur. Les deux dissolutionsont été

étendues d'eau distilléc, puis Httrécs. L'argent de ces

deux dissolutions a été précipite en partie par du cuivre

pur, en partie par un alliageds cuivre e! zinc, avecun

peude fer tes précipites tavésaà l'eau distillée, puis sou-

misà la méthoded'essai précédemment employée,n'ont

pas fourni le moindresigne de fa présence de t'or.

Cesdivers précipitëyd'argsnt ayant été exposés pen-dant ptus de huitmois au contact de l'air, puis essayésde nouveau, j'ai pu constater dans tous la présence de

t'or, en quantité faible, il est vrai, mais très visible au

soleil à la vuesimple.La plus forte proportiond'or a été fourniepar l'argent

précipité de sadissolutionazotique, au moyende l'alliagedes métaux cuivre, zinc et fer. La dissolutionazotique

d'argent, précipitée par le cuivre seul réduit de sonchto-

rure par l'hydrogène, a tenu te second rang, quant à la

production de l'or. L'argent précipité de sa dissolution

Page 99: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

? L'OR

dans ['actdesutfurique adonna de t'or en quantité moin-

dre, toujours enopérantsur ta mêmequantité de matière

première, et avecte mêmeacideemployé&ta.mèmedose.

S'il fallaiten jugerd'après tes atomesproduits dans ces

expériencesdans un temps donné, te temps nécessaire

pour faire passer en entier l'argent At'état d'or serait de

plusieurssiècles.Dans ces essais, j'ai opéré sur ~o centigrammes de

précipite.J'ai constaté l'accélération de ta transformationde

t'armenten or dansle précipite d'argent obtenu comme

je t'ai indiqué plus haut, à travers lequel j'ai fait passer

un courant électrique.J'ai entrepris dans cette voie une

nouvettësérie d'expériences; des qu'ettes seront termi-

nées, j'en ferai connattrele résultat.

Je ne saurais insister trop vivementauprès des physi-

ciens, pour éveitier teur attention sur le r&te.important

que t'étectricitéest appelée Ajouer dans la transmutation

des métaux. Les expériences citées dans mon troisième

mémoire,spécialementcelle où j'ai projeté de ta limaille

d'argent dans l'acide azotique chauffé au soleil, n'en

sont-elles pas unepreuveDans cette expérience ta li-

mailled'argent s'est agglomérée en masseau sein de son

propre dissolvant, et n'a formé qu'un tout, pendant tout

Page 100: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX 8~

7

le temps qu'à duré la transformationde t'atiiage en or

par. La matière n'a pris la couleurde l'or naturel qu'au

momentoù elle a commencéà sedésagréger t'empreinte

de la lime, cachet d'authenticitéfacileà reconnaître pour

cet orartificiel,s'ydistingue encoreaujourd'hui. Je déSe

toute mainhumained'en produirel'imitationavec de l'or

naturel lesforcesmystérieusesde ta natureont passé sur

cette limailled'argent alliée au cuivre elles lui ont pro-

curé, comme il est facile de s'en convaincre, un mode

d'agrégation moléculaire différentde celui de ['attiage

employéà l'opération.

Cette a~gfomératfon,priseet conservéepar la limaille,

ne peut être due qu'à un état électrique ou magnétique

pat'Heu!ter,dëvctoppdsans doute par t'action chimique,

secondéeptr !a radiationsolaire.Je me propose de faire

connaitre, dans un travail ultérieur. les effets de ta lu-

mièresolaire sur l'argent précipitéde sa dissolution azo-

tiquepar le cuivrepur.

tt résulte pour moi de ces expériences, la conviction

qu'aumoyendu 'fluide électriqueemployé sous t'un de

ses diversétats, on opérera très rapidement la transfor-

mation de fardent en or le maximumde rapidité ne

devraêtre atteint qu'Aune températureélevée, dans des

atmosphèresAdiversdegrés d'électricité et de chaleur,

Page 101: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

88 LOR

maisoù,eependant,)achateuretrétectricitéconserve-

raient toujours entre elles un même rapport c'est de

même,en effet, qu'on est parvenu à opérer la préeipita-

tton du cuivreXrétat de fusiondans un bain métallique

au moyendu fer, commeelle a lieu à ta températureor-

dinaire,en plongeantdans une dissolutionde cuivre une

lame de fer décapée.

Quoiqu'il reste quelque incertitudedans les résultats

de mes procédés, le fait n'en subsistepas moins,Ce qui

nuit à cette découverte, c'est qu'efte est dans l'enfancei

mais toute découverte, mêmecelles qui ont remué le

monde, n'ont-ettes pas eu aussi teur période d'enfance ?-

Que lui faut-il pour être acceptée l'équivalent d'un par-

fais mHuent.quetquehautpatroMge~dansfe monde de

la science appliquée.Qu'elle en trouveun, et on la verra

se développer, grandir, porter enfinses fruits. Lespro-

cédés perfectionnes ne tuimanquerontpas on lui trou-

vera, comme on en a trouvépour la photographie,des

substances accé)ëratnces, grâce auxquelles ta transmu-

tation des métauxpourra s'opérer très rapidement.

Le procédé qui m'a réussiplusieursfois au Mexique

recevra, je n'en doute pas,desperfectionnementsenvertu

desquels on pourra opérer coup sur. Alors cette indus-

Page 102: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX S~

trie féconderéalisera toutes que peuvent en attendre

les sciences, tes arts et le commerce.

Pourquoi n'ai-je pas demandé, soit à l'Académie, soi

au public, par la voie des journaux, une avance de cin-

quante mille francs pour aller au Mexique me livrer à

ces recherches scicntifiquessur les métaux,dans le but

de prouver authentiquement que ces corps sont compo-

sés, qu'ils dérivent les unsdes autres, qu'ils se perfec-

tionnent incessamment dans le sein de la terre, et que

ta productionartificielledes métauxprécieuxest parfaite-

ment dans l'ordre des choses possibles C'est que je

prévoyais que cet appel serait sans résultat, que je

n'obtiendrais pas de fonds, que mon temps, mes démar-

ches et mes avancesseraient en pure perte, et qu'on se

raitfëràit demesen'orts par-dessus te marché.

Cependant, cette somme, je t'ai dépensée au Mexi-

que pour arriver à ma découverte; cet argent, je ne l'ai

demandéqu'a mon travail. Ainsi que je t'ai dit dans mon

premier Mémoire, un daguerréotype m'a fourni tes

moyensde fairemes recherches avec mon attirail de chi-

miste photographe.

Après un succès aussi complet que je pouvaiste dési~

rer, puisque j'étais arrivé à la transformation complète

de l'argent en or pur, sans m'être attendu il est vrai, à

Page 103: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

~0 L'OR

un si merveilleuxrésultat, on a refuséd'y croire. Lemétatchoisipour base de mes recherches a produit à ta

fois te succès de l'opération et la méfiance du monde

scientifique. Pent-etre m'aurait-on cru plusaisément, si

j'avaispris pour sujet de mes tentativestout autre métal,

le fer, par exemple, et que je fusseparvenuà le trans-

former en cuivrepur. Mais quand j'afHrmeque j'ai fait

de l'or, c'est, dit-on, vraimenttrop beau poury croire

c'est à qui me jettera et m'accablerade sarcasmesoutra-

geants. Maisrien de toutcela nesaurait medécouragercommele croyant persiste dans ta foi, je persisterai tant

qu'il me restera des forcespour travailler.

En arrivant à Paris, je crus suivre la bonne voie en

consacrant mes économiesà perfectionner madécouver-

te. Je medisais; Quand je n'aurai ptu~ te moyen de

poursuivre avec mes seules ressources, je ferai part de

mes travauxà l'Académie,qui, sansdoute s'empressera,de constater les faits. Cela seul suffira pour me faire

trouver les moyensde poursuivremes expériences. Au-

jourd'huita force des chosesme réduità faire des por-

traits photographiéspour subsister, en attendant le rap-

port de la Commissiondésignéepourprononcer sur ma

découverte.

Mes contradicteursapplaudissentà cette décadenceet

Page 104: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LATRANSMUTAT~DESMÉTAUX 9'1

e!te est déj&a leurs yeux une preuve en-leur faveurcon-

tre moi mais.qu'ils ne croient pas que pour celaj'aban-

donne madécouverte. J'ai ce qu'ils ne peuvent avoir,

la convictionde ce que je soutiens, la conscience de la

réalité de mes résultats elle me donne à moiseul plus

de force que n'enont tous ceux qui nient, sans sincérité

dans tcurs dénégations. La vérité se fera jour malgré

tout.

Quelques journalistes,en rendant compte des séances

de l'Académ'e, ont daigné parler de ma découverte. J

saisis l'occasion de tes en remercier sincèrement j'ai

surtout à rendre grâce à M. Victor Meunier, de ta

Pr~sc, et au rédacteur de la partie scientifique de la

Z.KBtf~M,pour tes parotes d'encouragement par tesquel-

tes ils engagentleshommescompétentsa répéter mes ex-

périences. Si j'étais suffisammuntfavoriséde ta fortune je

dirais aux partisansde la science, auxamis du progrès

Venez travailleravecmoi! Je ne puis malheureusement

leur offrirque des explicationsaussi précises qu'ils pour.

ront les désirer elles les aideront assez, j'en ai l'assu-

rance, pour fairenattre promptement en eux la convic-

tionde la réalité du fait je ne veux rien audetà après

quoi. ils auront, je l'espèrc. !a force de progresser

seuls.

Page 105: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

9~ L'OR

Je dirai à ceuxqui, sansêtre très-versésdans les scien-

ces physiqueset chimiques, voudraient cependant tenter

des expériencesde transmutationdes métaux d'après les

données qui précèdent, que le succès peut égalementcouronner leurs efforts la pratique l'emporte, et de

beaucoup, sur la théorie; la pratique peut toujours con-duire à des progrès nouveaux, souventà desprogrès tout

à fait imprévuset inespérés.Ondoit prendre pour base des expériences l'argent,

par les raisonsdéveloppées dans mon second Mémoireon pourra ensuite les varier de plusieurs manières, afin

de mieux se rendre compte des résultats et de ne

pas s'écarter de la. vérités Qu'o~apereavec dès méta~

facilesà obtenirparfaitement purs, qu'on renouvellefré-

quemnten.tdes expériences comparatives, et l'on sera

toujoursrament dans la bonne voie. s'it arrivait qu'ons'en écartât.

J'ai longtempspoursuivi la recherche d'un reactif très-

sensible,permettant de constater la présence dela plus

petite parcelle d'ordans d'argent; une eaurégate, compo-séede [~ à ~parties d'acide sulfuriquepuret d'une par-tie d'acide nitriquec'gatementpur,est te réactif auqueljeme suis arrêté comme au plus sensible de tous ceux

qu'il m'a été donné d'essayer.

Page 106: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX <)!

Sa manipulationest un peulongue mais il a l'avantage

de déposer l'or avecsa couleur naturelleet un éc!at mé-

tallique parfait, qui permet d'en distinguer la moindre

parcelle. est bond'observer que, quand tes métaux

attiés à l'argent sont en trop forte proportion, ce réactif

n'est plusaussisensible il convient,dans ce casd'y ajou-

ter une plus forte dosed'acide azotique.

J'insiste sur la nécessite, pour ceux qui veulent se li-

vrer des expériencesde cette nature, de s'assurer d'un

réactif d'une grandesensibilité;c'est un point tellement

capital, que souvent, faute d'avoirpu se rendre compte

des résultats minimesdus &l'actiondes agents chimiques

ou~autr€s,onre{etfeunprocéd'~bonentuL-menïe;dQnt

il n'a pas été possiblede bienapprécier la valeur, alors

que peut-être on approchaitdu résultat souhaité.

Je joins ici la liste des objetsqui composent le maté-

riel nécessaire aux expériences de transmutation. Ce

matériel n'est pas très-considérable. H faut posséder

deux fourneaux,t'un à main, l'autre à réverbère quel-

ques cornues et creusets de terre des tubes fermés à

un bout, avec un support un porte-filtre, des enton-

noirs quelques cornues de verre, des capsules de por-

celaine des verresà expériences, une lampeà alcool.

En fait de produits chimiques,il faut des acides suttu-

Page 107: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

94 LOR

1..1! 7-

rique, .nitrique et hydrochlorique purs, du nitrate de

potasse pur, du peroxydede manganèse, du chlorate de

potasse, du nitrate d'ammoniaque.de l'eau distittée; des

métaux, argent, cuivre, fer et zinc, aussi parfaitementpurs que possiblc.

On le voit, je ne meréserve rien, j'ouvre la voietoute

large à ceux qui voudront y marcher avec moi,mais, en

présence de mes convictionsprofondes, quand la trans-

mutattondes métaux,admisedans la-pratique, peut rea-

gir avec tant d'énergie sur les destinées de la France,élever la voix pour proclamerma découverte et la faire

accepter, c'est plus que monintérêt, c'est mondevoir.

Page 108: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

CINQUIEME MEMOIRE

Os~osPr~c~M r~ca~JmM des Sciences~M s~ne~ du tC~'–

oe<t)<'ret8~.

Sur la transmutation des métaux.

SOMMAIRE

De tatransmutationen or de ['argentallié.r Des expérien-ces faites&la Monnaieimpérialede Paris. Dela ditHcuttc

d'amenertes mctaa){:&t'ctatcnimiquemefttpt)t'.4"Detademo-né-tisationde t'oret de t'argent.

Dans mes précédentes communications,j'ai exposé

comment, quand on projette dans t'acidenitrique pur de

la limaille d'argent pur ou alliéau cuivre,il se formetou-

jours un dépôt noir plus ou moinsabondant,dans lequel,la plupart du temps, on ne reconnaitnullementl'appa-rence de l'or, surtout quand ta production de ce metat

est trop minime pour permettre de distinguerles atômes

d'or artificielproduits. Afinqu'il ne puisserester ancun

doute dans l'esprit de t'opérateur, décantez avec soin la

Page 109: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

9~f L'OR

partie limpide, puis ajoutez dans te tube de l'acide sul-

furique pur, dix à douzefoisle volumedu liquide restant;en chauffanton faitdisparaitre entièrement te dépôt noiret la tiqueur devient parfaitement limpide. Maintenez

pendant trente-six heures au moinste tube dans un bain

de sable à une température de ;oo degrés environ;chauffezplutôt plus tontempsque moins; )'or nese dépo-sant pas toujours, quoiqu'il en existe dans ta liqueur, il

se forme,sansdoute, unsel double d'argent et d'or très

stable, qui se produit en présence des deux acides sut-

furiqueet nitrique, et empêchet'or de se déposer. C'est,ce me semble, ce qui peut expliquer commentdans deux

expériences faites~sur!e-mëmeargent, dansâtes mêmes

circonstances, avec les mêmes acides, l'une donne de

l'or, tandis que t'autre n'en donne pas. Cet effetest-ildû à la présencede composés oxygénésde l'azoterestant

dans t'acide sutfurique C'est ce que j'ai peine à croire,r

ayant observé ptusieurs foisque te dépôt d'or avait lieu

ators qu'il existait encore du gaz nitreux dans t'acide.

J'ai observéque plus les tubessont étroits, plus tadécan-

tation du nitrate aété complète, ptus le dépôt de i'or se

faitfacilement tes pellicules métattiques se rassemblent

toutes au fond du tube tandis que s'i! se déposait des {cristaux de sulfate d'argent dans la liqueur, ceux-cidivi-

Page 110: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA.TRANSMUTATKMDESMÉTAUX 97

seraient t'or dont la présence ne serait plus aussi appré-

ciaMc. On peut voir que le dépôt de l'or de ces deux

acides est aussi un phénomène complexequi demande à

être étudie avec soin, afinde rendrecompte des circons-

tances quit'empêchent quelquefoisde se déposer.

Lorsqu'on n'est pas trop pressé par le temps, il faut

toujours laisser s'écouler un intervallede plusieursjours

entre la première opération et la suite, en ayant soin de

maintenirtes tubes Aune températurede ~oà 60 degrés.

Si le temps te permet, exposez tes tubes à la radiation

solaire, après quoi, l'on décantera la partie claire du ni-

trate d'argent sans faire bouillir; le résidu sera ensuite

traité par l'acide sutfunqu<t,commeita étéditplus haut.

Lorsqu'onchauffe [es tu6es, i!se dégage des vapeurs ni-

treuses qui continuent de se produire jusqu la décom-

positioncomplète de l'acidenitrique; la liqueurconserve,

tant qu'elle est chaude, une faibleteinte jaunâtre qu'elle

perd par te refroidissement.

En poursuivantmesexpériences de transmutation, j'ai

observé, ce qui pouvait être prévu d'après mes premiers

résultats, qu'en dissolvantAptusieurs reprises dans l'a-

cide nitrique pur te même argent allié au cuivre (ces

deux. métaux étant exempts d'or) et précipitait &

chaque fois l'argent de sa dissolution par le même cui-

Page 111: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

<)3 L'OR

vre, aprèsquatreprécipitationssuccessives,j'ai pu<aci-ement constater la présence de l'ordans ['argent allié

au cuivre.Si t'on fond à chaque foist'argent, ta quantitéd'or produite sera ptos grande ce qui semblerait indi-fquer encore quecertaines parties d'argentchangent d'é-

tat moléculaireen passant par ces variationsde tempéra-ture, et que ces parties modifiées sontplus aptes à pas-ser à t'état d'or en présence des composésoxygénés de

l'azote. On m'a objecté que t'or provientdu cuivre em-

ptoyéà la précipitationde t'argent j'aiessaye ce même

cuivre, en quantité ptus grandeque celleemployéeà ces

précipitations successives, sans avoir pu en obtenir te~

moindrestraces d'oc. ~'atentrepds d&:nouvet!esexpé-riences dans le but de parer a ces objections; aussitôt

qu'elles seront terminées, j'en ferai part à l'Académie).Je me demande pourquoi la présenceducuivre ne (sci-'tera it pas pour l'argent le moyen de passer en tout ouen partie à unétat motécutaire diSérent,qui, sous cer-

taines influences,par exemplesous cellesdes composésoxygénésde l'azote, favoriserait ta fixationde t'oxygènedans ces parties, en leur procurant un état moléculairesemblableà celui de l'or, av,;c tes propriétésde ce mé-ta)? Pourquoicette nxationd'oxygène. siréettementettea tieu, nese produirait-ellepas d'une manièreinverse de

Page 112: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

tA TRANSMUTAttÔXCESMÉTAUX

celle qui se produit dans tes essaisd~rgent par ta cou-

pellation, au momentoù s'accomplitce curieuxphéno-

mène qu'on appelle t'éctair' L'intéressant travail de

M. Levo! à ce sujet, ne peut laisser, ce me semble,

aucundoute sur cefait, que l'argent, a une haute tempé-

rature, cède au cuivre t'oxygènequ'il a absorbedansl'air

au moment où la température s'abaisse, et où l'argent

passe à l'état solide. Pourquoi, je le demande,uneffet

inverse n'aurait-il pas Heu La chimie n'offre-t-ellepas

d'exemples desemblables réactions?

J'ai observé également que la présence du fer, en

petite quantité, facilite la productionde For.

Ë'.ïp~fMM~~&sd /aJMontt<u<; tm~t'rM~ ~jPan!, eft

pn'Mnee~M.LEvoL.MM~r.

t~ séance, commencéeà une heure et demieet termi-

née à trois heures. Deux alliagesd'argent exemptsd'or

ont été fournispar M. Lcvot, l'un à f)00 mittfemes,l'au-

tre à 8~0 millièmes une partie de chaque alliagea été

réduite en limaille, puis passée à t'aimant: deuxcenti-

grammes de chaque limailleont été projetés dans['acide

nitrique à 40degrés, versé préalablement danslestubes

Certaines partiesde limaillene se sont dissoutesqu'âpresune ébullition prolongée: puis on a constaté dans cha-

Page 113: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

'00 t.'OK

que tube ta présence d'un <a~)ëdépôt noir insoluble,dans lequel il était possiblede distinguer l'or produit le

dépôt a été attribué à du charbon, du fer et à d'autres

'mpuretés. Selon moi, ce dépôt devait contenirde l'or.Cette expérience n'a pas été poussée plus loin.Le restede chaque alliagea'été traité séparément par le mêmeacide; celui dans lequel il entrait un peu de fer qui nes'est pas allié, a forméun dépôt qui a empêchéde recon-naitre si réellement il y a eu production d'or; l'autre

alliagea donné un faibledépôt d'or. Sefonl'expressionde M. Levot, ce sont des mittioniemesde milligrammes.M. Levol prétend que cet or provient de l'argent quin'était pas pur moije pense qu'il a été produit dans laréaction

2°"' séance commencée à deux heures, terminée à

quatre heures. Trois échantillons d'argent, dont unfournipar M. Levot et deux fournispar moi, ont servià ces expériences j'ai réduit en limaillequatreà cinqdécigrammes de chaque alliage, qui a été partagé endeux parties à peu près égales. Une partie seule-ment de chacune des limaillesa été passée à l'aimant,puis elles ont été introduites dans des tubes séparés et

étiquetés j'ai versé par-dessus ta limaille de l'acide ni-

trique pur à 40 degés ['acidea été porté à t'ébuMition.

Page 114: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATfON DES MÉTAUX lot

afin d'activer la réaction et d'abréger la durée de l'opé-

ration. Comme dans ta première séance, la formation

d'un dépôt noir dans tous les tubes a été constatée-

Afinde rendre sensible laprésence des atomes d'or arti-

ficiel produit dans ces réactions, j'ai décanté ta partie

limpide; l'acide se trouvant trop concentre, la décanta-

tion a été difficileà cause de ta formation des cristaux

de nitrate d'argent; elle a été défectueuse surtout sur

tes tubes étroits; puis, j'ai versé de l'acide sulfurique

purdans les tubes sur le dépôt noir qui s'est dissouten-

tièrement. Les tubes devaient être places dans un bain

de sable et portés à une température de ~ooet quelques

degrés; à défaut de bain de sable. les tubes ont été mis

dans tm creuset rempli dé sable etptacé préside l'ou-

verture du fourneau &coupelles: les tubes sont restés là

jusqu'aulendemair to heures; te feun'ayant pas été en-

tretenu, la température n'a fait que décroître. Les tubes

visitésn'ontdonné aucunetrace d'or. Je reconnusdu pre-

miercoupd'aeit que la température n'avait pas été assez

élevée,que, par conséquent, l'or ne pouvait pas être dé-

posé, puisqu'ilétait maintenu en dissolution par l'acide

nitriqueexistant dans la liqueur. Je pris tes deux grands

tubes contenant ta même limaille d'argent t'acide fut

porté à t'ébuttition il s'est dégagé immédiatementdes

Page 115: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

!0~ [.'OR

vapeursnitreuses,- Aprèsune<!but)ttio:rprotongge pen-

dant près de deux heures, il s'est déposé de t'or dans

t'un des tubes, l'autre n'en n'a pas fourni de traces t'é-

buitîtion dans ce dernier tube, n'avait pas été aussi régu-

lière que dans J'autre. y a eu des soubresauts et des

projections d'acide hors du tube i peut se faire que

t'or précipité ait été entralné avec l'acide qui s'est

échappé au dehors.

Ainsique je t'ai fait observerdansmes Mémoires, les

résultats de mes expériencesne sont pas toujours identi-

ques, tout en opérant avec les mêmes matières et sous

t'influence de circonstancesidentiques.

Avant de quitter la Monnaie, j'avais commencéune

troisième expériencesur te dépôt qms'est farmé: dansi~

liqueurcontenant les décantationsdes six tubes. Ce dé-

pôt a été traité commedans tes autres tubes par l'acide

sulfuriqueporté immédiatementà l'ébullition et maintenu

en ébuttition pendant plusieursheures. Le [endemain,à

mon arrivée à la Monnaie, on me dit que le tube était

cassé; l'acide coulait effectivementsur les parois exté-

rieures du tube: maisaprès unexamen attentif, je recon-nus que Ic tube n'était réellement pas cassé, et quel'acide ne pouvaitprovenirque des soubresauts qui t'a-

vaient projeté en dehors. Je constatai dans le tube de

Page 116: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATtON DES MÉTAUXt0~ ->

Ut t

)t

faiblesatomesd'or à peine visibles à ta vue simple mais

rienne prouve que, cette fois encore, ta majeure partie

de t'or n'ait pas été projetée hors du tube.

M. Levotme dit alors Vous voyezqu'il n'y a réelle-

mentpasd'or produit en quantité appréciable. Je recon-

nais, lui dis-je, que l'or déposé n'est pas en aussi grande

quantitéqu'il devait t'être, ce que ('attribue à la manière

dont les tubes ont été chauds. Je demandai alors à

M. Levâtde chaufferau bain de sable les quatre tubes

qui restaient, afin d'opérer dans tes mômescirconstances

que cellesoù j'opère à Grenelle. M. Levotme réponditNous enavons assez, nous savons à quoi nous en tenir

quandvous aurez des procédés plus sdrs, et que vous

produirez des quantités d'or apprëeiaBtës, venez me

trouver. Mais si j'en étais là, je n'auraisplus besoin d'en-

couragement.Ce que je sollicite, ce sont précisémentles moyensde pouvoir continuer mesexpériences et per-fectionnermadécouverte.Je feraiobserver seulement ici

que, quandon opère sur deux décigrammesde matière,it est très difficiled'avoir des quantitésd'or appréciablesce que je tenais à constater, c'est qu'avec de l'argent

chimiquementpur, je pouvais produire de l'or. C'est

pour cela que j'insistais si vivementauprès de M. Levot,

pouravoir de l'argent exempt de toute trace d'or.

Page 117: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t0.t LOR

Ewresumé,i)mesembtequ'itaéte'constaté~

t" Que certaines parties de limaille d'argent restent

inattaquéesdans l'acide nitrique,qu'ellesne se dissolvent

qu'après un certain temps d'ébuttition.

2"Qu'il se forme constammentun dépôt noir, ptus ou

moinsabondant.

Que ce dépôt noir est entièrement soluble dans te

mélange des deux acides nitrique et sulfurique.

Que le mélange de ces deux acides dissout l'or,

ainsi qu'une expérience faitesur un morceaud'or pur l'a

constaté seton moi il y a dissolutionde l'or, et non dé-

sagrégation du métal.

Que l'or ne se dépose qu'après une ébuttitionpro-

longée et un dégagement abondantde vapeurs-nitreu-

ses.

6" Enfin, que t'or se dépose en pellicules excessive-

ment minces, avec l'éclat de l'or métattique le plus

pur.

7" Quant au faitcapital, ce n'est point à moià me pro-

noncer Je crois devoir m'abstenir.

M. Levolm'ayant dit qu'il n'y avait pas lieuà faire un

rapport sur ces expériences, j'ai pris le parti de les rap-

peler ici, afind'éclairer à cet égard le jugementdes per-

sonnes au courant de mestravaux et de celles auxquel-

t'

Page 118: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX te~

les j'avaisannoncé ces expériences. Ce que je regretteinfiniment,c'est que M. Levol n'ait pas eu assez de

de temps disponiblepour continuer et répéter cesex-

périencesqui, aprèstout, ont été très onéreuses pour moi

par la perte de mon tempset par mondéplacement. puis-

que jen'aipour moyend'existence que te produit de mon

travait. Cependant, je n'ai point hésité un instant sur

es sacrificesqu'allaientm'imposer ces expériences. Cefut un grand désappointementpour moi de voir qu'on ne

voulaitni les continuer ni me permettre de terminer

celles qui étaient commencées où je croyais rencontreraide et protection, je n'ai eu que la plus amere des dé-

ceptions on m'a opposé la plus cruelle fin de non

recevoir.

On commencepar trouver qu'il est difficile, sinon im-

possible, de préparer de ['argent chimiquementpurce qui est bien autrement impossiblepour les autres mé-

taux, cuivre, fer, zinc, etc. La raisonenest toute simpleon emploie,pour tes obtenir purs, les réactifs qui agis-sent sur eux en modifiantleur état moléculaire, dans un

rapport plus oumoins restreint, suivant des circonstan-

cesinappréciables jusqu'à présent, et qui constituent te

hasarddes opérations ces parties ainsi modifiées sont

aptes à passer un état supérieur d'inaltérabilité en pré-

Page 119: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t0& L'OR

sence des agents oxydants. H en sera de même pouf

tous les métaux, si t'en cherche à lesavoirà un état de

pureté parfait. C'est une étude &fairequede chercher

tes causes qui modifient ainsi les propriétésdes corps,

afin d'empêcherces altérations moléculairesde se pro-

duire, et d'obtenir des métaux chimiquementpurs; au-

trement, il ne sera jamais ppssibled'y arriver. C'est, ce

me semble, pendant lepassage d'un corpspar ces divers

états d'oxydes, que certaines parties de ces métauxse

modifiententièrement (surtout en présencede la lumiè-

re sotaire), maisen des quantités si faiblesqu'elles ne

sont pas encore appéciaMes à nos moyensd'investiga-tions. C'est a nousà nous tenir sur nos gardes, afin dc

saisir la- cause de ces variations pour tes continuer

ou les arrêter à notre gré. Ce point obtenu, la trans-

mutationdes métauxdeviendra un art des plus impor-tants.

Selon notre manière d'envisagerles métaux, ils doi-

vent être formés seulement d'hydrogène, combinéde

diverses manières et en diverses proportionsavec t'oxy-

gène ces combinaisons formeront tous les métauxquiexistent et qui peuvent exister, lesquelsseront plus oumoins altérablesou oxydablesselon qu'ils renfermerontune plus grande quantité d'hydrogène,et d'autant moins

Page 120: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX !0~

Kttérabte~qu'i) rentermeront-une ptus grande quantité

d'oxygène.Ainsi,d'aprèscesdonnéessur cette ctassede corps, it suffirapour rendre un méta) parfaitde lui

faire absorber, dans certaines conditions;de l'oxygène

ou de lui enleverde ['hydrogène,et MecM*M pour te

rendre moins parfait, il ne faudra que lui entever de

['oxygène,ou tuifaire absorber de l'hydrogène.

Le métalpur primitifserait donc t'hydro~eneinaftéra-

bte dans sespropriétés:nousne te connaissonsqu'à l'état

gazeux nousn'avonsencore pu :e solidifier,ce qui nous

aurait sans doute eetairé sur sa nature. L'eauseraitdonc

un oxyde métallique liquide particuHer, différent des

autres quisont solides, de mêmeque nousavons un me-

taifiqutde, [e mercure, tandis que tous tes autres sont

plus ou moinssolides il nepeut rien y avoird'étrange

dans cette manière de voir, qu'on pourrait, après tout,

appuyer de bien d'autres faits ptus concfuantsque ne te

sont tes deux états d'être de ces corps à ta température

ordinaire.`Les travauxdu célèbre Van Mbns à ce sujet, publiés

à Louvain,en tS: montrentque des hommesdescience

ont déjà envisagéta question des métaux sousle même

point de vue.

Les métauxqui doiventrenfermer te plusd'hydrogène

Page 121: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

'08 L'OR

seront l'ammonium,tepotassiunr.te sodium.etc.~etceux de ta mêmesérie qui doivent en renfermer le moins

par rapport à l'oxygène seront le platine, l'or, l'argent,etc. C'est ce qui est indiqué en quelque sorte, par leur

densité, leur peu d'affinité pour l'oxygène, leur attérabi-ttté en présence des oxydes alcalinsdes premiersmétaux

qui, au contraire, ont une faible densité et une grandeaviditépour l'oxygène.

Je reconnais toute l'insuffisance des faits pour établir

convenablementcette théorie des métaux, puisque {ene

suis point encore parvenuà extraire l'oxygène d'un métat

quelconque,de l'or par exemple, ce qui l'aurait ramené

à l'état d'argent ou d'un autre métal. Malheureusement

tesappareitstnemanquentpout'tenter des expériencesdans ce oùt il n'est peut-Strepas donné à ta scienced'y

arriver; mais,au moins, j'aurais vouluavoirla satisfaction

d'avoir, par des essais suffisammentconcluants, ouvertla voieà des recherches nouvelles d'une incalculablepor-tée.

Qu'on me permette d'ajouter ici quelquesmots sur les

conséquencesprobablesde cette découverte sous le rap-

port de nos intérêts, et de la suppression de notre mon-

naie d'or et d'argent.

Les métaux étant reconnus des corps composés,déri-

Page 122: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA .TRANSMUTATtO!)DES MÉTAUX t09

vanf tes uns des autres, la production derorartinciet

constatée, notre monnaie or et argent ne peut plus se

maintenir tôt ou tard, il faudra qu'elle disparaisse de

nos relations commerciales,pour devenir une marchan-

dise, commetous les autres produits de l'industrie hu-

maine.

fi y a d'ailleurs des raisons très-plausibles de croire

qu'il doit en être ainsidans un avenir très prochain;

pour le moment, la suppressionde t'or comme monnaie

semble imminente;danst'ëtat actuel des chosesc'est ce

qu'on peut prévoir rienque par l'abondante production

des minesd*orde ta Californieet de l'Australie seule-

ment, qui continuent de verser l'or outre mesure dans

~circulation'.

La. production de l'argent n'est plus en rapport ni

avec celle de l'or, ni avec les fraisd'extraction, qui res-

tent à peuprès toujourstes mûmes,pour les mines d'ar-

gent, parce que les filons argentifères sont d'une pro-

duction plus uniformeque tes filons aurifères, qui ne

peuvent être guère suivisavec succès,t'or nese trouvant

que de place en place disséminédans le sol, à peu de

profondeurau-dessous de la surface de la terre. C'est

ce qui a lieudans les mines et surtout dans les ~j~rï,

esquettes fournissentla plus grande partie de notre or,

Page 123: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

trb r.'oR

eeqai met-l'extractionde' ce metat â~taporféëdë toutes

les bourses, en un mot, de tout, hommetravailleur; de

plus ce métal se rencontre à t'état natif, il est vendu tel

qu'onl'extrait du sein de la terre.

Pour l'extraction de l'argent, au contraire, les condi-

tionssont très-différentes. Ces mines ne sont la plupartdu temps productivesqu'à des profondeurs de too à 200

mètres plusieurs sont exploitées à plus de ;oo mètres

de profondeur; l'épuisement de l'eau exige l'emploi de

machinespuissantes de ptus, ce métal n'est pas pur, if

faut le purifier, ce qui exigeencore une main-d'oeuvre

longueet coûteuse. Une grande avance de capitaux est,

commeon le voit, nécessaire pour exploiter les mines

d'argent, ce qui restreint cônsidëra&tement~t'ëxft'aëtton

de ce métal très-rëpandu, d'aitteurs, mais peu exploité.

On serait vraimentétonné du nombre de minesd'argent

déclarées seulementau Mexique dans un intervalle de

M ans; j'en pourrais citer ;o,ooo sur lesquellesun tout

petit nombreseulement est exploité. Ces faits expliquentcomment ta production des deux métaux précieux ne

peut conserver un rapport à peu près constant, en

présence de l'exploitation des nouveaux gisementsd'or

découverts depuis peu sur plusieurs points du monde,et t'en en découvriraprobablement bien d'autres. Dans

Page 124: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX ) 11

quelquelien qu'ibse rencontrent, aussitôt qu'ils seront

connus ils seront exploités, et leur exploitationpourra

prendre en peu*de temps une extensionconsidéraMe.

Aussi depuis longtemps la valeur respective des deux

métauxprécieux n'est-elle plus dans le rapport qui leur

fut attribué dans leprincipe. On comprendcombien l'ex-

tractionde i'or doit finir par porter préjudice à la mon-

naied'or qui conserve toujours la m~mevaleur, sans

égard au prix de revient. C'est, it est vrai, le moyende

stimuler l'extraction de ce métal c'est une forte prime

que tous les gouvernementstui accordent; mais cet état

de choses n'est pas stable, il peut et doit varier d'un

momentà l'autre. Voyons où cela peut conduirequant

à nos intër&tspersonnets dès à présent, nevoyons-nous

pas chaque jour s'accroîtref abondancede l'or sur nos

marchés, au détriment de l'argent qui disparatt de nos

relationscommerciales

Supposons quêtes États voisinsde la France viennent

tout à coup supprimer l'or comme monnaie de leurs

relations commerciales, et à ne plus t'admettre que

comme marchandise ayant un cours variable; c'est ce

qu'a déjà fait la prévoyanteHoilande on devra s'atten-

dre dans ce cas une baisse considérable de ce métal

qui, n'ayant que peu de consommationdans l'industrie.

Page 125: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

tt2 L'ORR

n'aurait qu'un débouché fort restreint. Qu'on juge de t~

perturbation {etée dans ta circonstance monétaire chez

les nations qui posséderaient le plus d'or, et qui n'au-

raient pas pris l'initiativede fa suppression de ta monnaie

d'or.

H suffit,ce me semble, d'appeler l'attention des hom-

mes compétentsde mon pays sur ce sujet, pour qu'ils

songentaux mesuresles ptusconvenablesà prendredans l'intérêt de ta nation.

En supposantqu'on retire l'or de la circulation moné-

taire, ce qui ne peut tarder longtemps, on n'aura encore

faitautre chose que diminuer le mat, mais il subsistera

toujourstantqu'onnesupprimerapas entièrementt'emptoides deux métauxprécieux comme représentation moné-

taire desvaleurs,

De ce qu'onest parvenu à produire de t'or artificielle-

ment, on doit s'attendre également à ce que d'un jour à

l'autre, on produirade l'argent, et cela d'une manière

avantageuse,il n'y a pas à en douter. Aussitôt que ces

découvertes seront reconnues et publiées, l'extraction

des métaux précieux est trop coûteuse, pour qu'ette

ne soit pas promptement dé!aissée et abandonnée pour

être remplacée par l'industrie nouvellede la transmuta-

tion des métauxcommuns en métaux précieux, ce qui

Page 126: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX H}

permettra de faire passer le cuivre à t'état d'argent et

d'or.

H ne faudra pas longtemps pour que cette industrie

devienneflorissante, du momentoù les hommesactifset

éclairés auront te courage de s'y mettre, sans être arrê-

tes par ta crainte d'être traités d'atchimisteset d'insen-

sés. Alors cet art commencera réellementà progresser

l'appât du gain qu'offrira longtempscette industrie fera

que de toutes parts on se mettra a t'œuvre. H ne sera

plus nécessairede s'expatrier pour se procurer ces mé-

taux mais chez soi, au sein de sa famille,on pourra se

livrer à ces travauxqui deviendront une sourcede bien-

être pour l'humanité il ne sera ptusnécessairede se rui-

ner te tempéramentpour extraire du sein de la terre ces

métaux sfrareycomparattYem~t&d~autres~u'ontrottve

partout en abondance; il n'y a, commeon dit, qu'à se

baisser pour en prendre.

La suppressionde l'argent, comme monnaie,ne peut

manquer de suivre cette de l'or, sans compter ici sur la

transmutationdes métaux, regardée encorepar le publiecommeune illusion mais tes progrès incessantsque fait

chaque jour la chimie,apprennent à purifier, à obtenirà

l'état libre des métauxprécieux parleurs propriétés, qui

pourront être obtenus à des prix inférieursà ceux des

Page 127: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

L'OR

métaux précieuxproprementdits. Ces nouveauxmétaux

pourront être alliésavantageusementà l'argent il seratrès difficilede reconnaitre la fraude, le faussaire ne se-

rait, âpres tout pas te-seu! coupable.Hvaudra mieux, jepense, supprimeren temps utile ta monnaie d'argent, et

ne garder commemenuemonnaie,pourfacititer les échan-

ges, qu'un alliage plus convenabfeque celui de billon.

Les deux autres métaux,argent et or, seraient remptaces

par du papier-monnaieque j'appellerai papier hypothé-caire, parce qu'itdevrareprésenter une propriété commele billet debanque représente un lingotd'or ou d'argent.

Je termine ici cet exposé il suffira,je pense, pour le

moment, pour fairecomprendrela gravité de la questionde la productionartiHcieUedes métauxprécieux.

Oh fe voit, je parle ici contre mes propres inféretscar la suppressionde t'or, comme monnaie, enlèvera

beaucoupde prestige et de valeurà ma découverte fin.

téret générât, ce me semble, doit passer avant l'intérêt

personnel je n'ai pour but que de faire profiter de mes

travaux monpayset la science.

Page 128: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

SIXIÈME MÉMOIRE.

Pft'ïMS fAfXKMntM Sciencesle ï~ ~Jc~m~ret8~.

SUR LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX.

L'expériencesuivante doit servir de base à la réalité

de ta découvertede ta production artificiellede t'cr. Fai-

tes dissoudredans l'acide nitriquepurune pièce nouvelle

de cinqfrancs, quoiquecette piècesoit senséene pas con-

tenir d'or. Elle en contient toujours des traces vous en

trouverez ptusqu~eite n'en contenait réellement. C'est

qu.: t'or produit danscette réaction s'ajoute à !'br exis-

tant précédemmentdans la pièce dans cette opération~

l'or sedépose en petits floconsbruns rougeâtres qui na-

gent dans la liqueur étendez celle-ci d'eau distiHee.

puis filtrezcette mêmedissolution plusieursfois desuite,

afind'en tirer tout l'or, précipitez-enl'argent par du cui-

vre pur, réduit de son chlorure par l'hydrogèneou par le

sel marinpurifié dans ce cas, lavez le chlorure à l'eau

pure, puis à t'eau de chlore réduisez ensuite !e chloru-

Page 129: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

tt6 t.'QR.

reparla craieet te charbon, ou bien encore parte gaz-Z

hydrogène fondezcet argent et convertissez-le engre-

naille, en le dissolvant dans l'acide nitrique pur, vous

aurez un dépôt d'or, quel que soit le moyenque vous

avezemployé.Filtrez de nouveaucette dissolutionaprèst'avoirétendued'eau distittée,vous en séparez l'or pro-

`

duit continuezcette opérationcomme il a été dit ptus

haut, vousaurezencore de!'or répétez-ta. mêmeptusieursfoisde suite, vousaurez toujours de l'or enquantitésd'au-

tant ptusappredabies que vousopérez sur de ptus grande

quantitésde matière.

On m'objectera que t'or est fourni par le cuivreou te

sel marin,ou ta craie et le charbon, ou l'eaudans laquelle

on grenaillet'argent.Maisalors qu'on veuillebien m'indi-

quët'un moyend'obtenirde t'argenf chimiquementpur. St

vousne pouvez pas obtenir ce mëtat exempt de toute

trace d'or, avouez donc si vous ne voulez pas affirmer

franchementqu'il est possible qu'i! se produise de t'or,

dans ces réactions maisne niez pas la possibilitédu

faitce serait fairetort à vos connaissances.Il est vrai que

dans les expériencesci-dessus on obtient des quantités

d'or minimesqui ne sont pas toujours en proportion avec

ta quantité d'argentemployé; j'espère avant peu en four-

nir l'explication.

Page 130: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX Il Î

Une analysequi doit intéresser[ascience au- pointde

vuede la transmutationdes métaux, est celle qui a été

faitepar M. le duc Maximiliende Leuchtemberg (Mil-

Ionet Reiset, /tftn;M<n:J<;e/tt'mM,[848, page 81) sur le

précipitenoir qui se formequandondécomposele nitrate

de cuivre par l'électricité vottaïque, et qu'on se sertdu

cuivre du commerce pour formerles deux p&tes. H se

produitpeuà peu au pote positif,une poudre noire long-

tempsregardéecommede l'oxydede cuivre impur; cette

poudre a donneà l'analyse tes métauxsuivants

Antimoine.. 9,22 Fer. o.~o

Étain. ;~o Nicket. 2,26

Arsenic. 7,40 Cobatt 0,86

Ptat!ne~ 0,44 ~ànadMtn. 0,64

Or. 0,98 Soufre. 2,24

Argent. 4,~4 Sélénium. !.2y

Ptomb. t~,oo Oxygène. 24.84

Cuivre. 9,24 Sabte. t,oo

!t serait utile de répéter cette expérience en em-

ployant du cuivre aussi pur que possible; ce métalse-

rait dissous dans Facide nitrique pur, puis le nitratede

cuivre serait soumis &faction de la pite le précipité

qui se formerait étant soigneusementanalysé, on verrait

Page 131: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

"8 L'OR

StréeHement on tl'ytrouveqacde~oxydë de cuivre; si-

non il faudrait recommencerde nouveau t'expériencesur ce mêmecuivre ainsi purifiéune seconde fois, for-

mer de nouveaudu nitrate de cuivre, puis te soumettreà faction de la pile. S'it en résulte toujoursde nouveaux

métaux en proportion à peu près constante, il faudrabien admettre la formationde ces métauxpendantt'opé-ration. On devra égatementparcomparaison traiter une

égaie quantité dumêmecuivrepar l'acide sulfuriquepur,et examinersi tes produitsobtenus sont tes mêmes,etc.Aussitôt que le tempsme le permettra, je comptefépé-tercette expérience,car t'étectricitë,j'en ai la conviction,

joue un puissantrôle dans ces métamorphoses.

De la transmutation des métaux au point de vue

de la Géologie.

Les métiux, dans le sein de la terre, ne se trouvent

jamaisseuls; its sont toujours associés plusieursensem-

ble et forment, pour ainsidire, des famillesdont les in-

dividus ont d'autant plus de ressemblance, d'anatogie,de propriétés physiqueset chimiquescommunes, qu'ilsseront plus proches parents. C'est, en effet, ce qui doit

t-

Page 132: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t.A tttA~SMUTATtONDESMETAUX t!()

êtres!, comme}etepr~nds,tesmetauxsefbrment~

passent d'un état inférieurà un état supérieur d'inattéra-

bitité. De même ils ne peuvent pas exister seuls; par

exemple, le potassiumet le sodium, qui ont une grande

analogiede propriétés, nese rencontrent-ils pas toujours

ensembte en des proportions très diverses Ils s'allient

en toute proportion its se substituent !'un à l'autre dans

les composés; le sodium ne doit être qu un dérivé du

potassium. Le nickelet le cobalt, par exemple, doivent

aussi être très-prochesparents.

Le fer. le cuivre, ['argent et l'or, voilà des métaux

qui, seton moi,dérivent les uns des autres ces métaux

ont été [objet principalde mes recherches je ne (esai

poihtchotsis.au~hasard, maisbiensuivanttem'ot'ctr&de

conductibilité pour la chaleur, ainsi qu'ils sont classés

par M. Despretz.Cet ordre correspond également avec

celui de leur dureté le fer est plus dur que le cuivre,

le cuivre plus que l'argent, l'argent plus que l'or, t'or

plus que le ptatine.

Le platine devrait donc faire suite à t'or c'est ce que

plus tard nousapprendra l'expérience il s'en faut de

beaucoup que leur densité soit dans te mêmerapport, ce

qui supposerait un mode d'agrégation moléculairediffé-

rent pour chacun de ces métaux. Nous ne pouvons pas

')

Page 133: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

fM t-'OR

â~rmerque tes dcnsIMsdes mMaUx,têts qu'ontes a ob-

tenus, soient dans un mêmerapport. Je penseque pour

avoirle véritable rapport de densité qui existe réelle-

ment entre tes différents métaux, il faudraitpouvoir les

obtenirtous au même degré de pureté, dans les mêmes

conditionsd'électricité et de chateur. Par exemple. les

obtenir tous cristalliséspar un faible courant voltaïque,

dans des liqueurs également concentrées et à la même

température.On prendraitalors leur densité telle qu'eueserait dans les métaux ainsi obtenus t'écrouissageet le

martelagequ'on fait subir aux métaux altèrent plus ou

moinsleur état motéGutaire.Ainsi )'or cristallisé qu'on

trouveà l'état natifpossède unedensité bienmoins faible

qu&l''OFfbndu.Jëpensëquesitous les méfàuxq;uenous~

connaissonsétaient tous obteuus au mêmedegré de pu-

reté, il serait facile,a priori, de les classer suivant leur

ordre de génération, en se fondant principalement sur

leurspropriétés physiques.

M. Dufrénoy (MMjf~o~e Dtt/r~o)-, t. Ht.

p. toc) dit en partant de l'or natif <<Les cristaux sont

nombreuxét vané;. Ils dérivent tous du cube. Les ptus

abondants sont des octaèdres et des dodécaèdres. Ils

sont rarement isotés quelquefoisces cristaux sont grou-

pés sous forme de rameaux,comme;e t'ai indiqué pour

Page 134: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATtOK DES MÉTAUX t2)

le-cuivre et t'argent.t.ears faces sont presque-toujours

ternes, elles sont en généra!arrondies, mêmepour les

échantillons extraits de filonset qui, par conséquent,

n'ont subi aucun frottement.Cette disposition lui est

commune avecplusieurs métauxnatifs et les arêtes des

cristaux sont arrondies commecelles de l'argent natif, 't

Ces observations viennentencore à l'appui de ma ma-

nière d'envisager les changementsmoléculairesque su-

bissent les métaux dans leurs différentes métamor-

phoses.On sait, dans la pratique, que là où l'on rencontre

des mines d'or, tes mines d'argent ne sont pas loin, et

que l'or renferme toujours de t'argent ou du cuivre.

c'est~que. dans ta naturetJestransibrmationsne s'effec-

tuent jamaiscomplètement il reste toujours des atomes

du dernier métal,qui sert sans doute de fermentou qui

agit par sa présence en facilitant te passage du métal

nouveauà unautre état supérieur d'inaltérabilité. Mais

l'inverse ne doit pas toujours avoir lieu là où l'on ren-

contre de l'argent, il peutbien se faire que cet argent ne

contiennepas d'or !'or dérivantde l'argent, cette trans-

mutation peut fortbien n'être pas encore commencée,en

vertu de circonstancesqu'onn'est point encore à même

d'apprécier. C'est, en effet,ce que la pratique nous ap-

Page 135: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

m L'OR

prend. L~rgentqutcdnt!ent te ptusd'or dans tes mines

est toujours le plus prés de ta surfacede ta terre à me-

sure que ces minesdeviennentde plusen plus profondes.

elles fournissentdes quantités d'or de moins en moins

appréciables, et finissentmêmepar ne plus en contenir

du tout.

L'pr ne se trouve, commeje t'ai dit dans mon der-

nier Mémoire, qu'à peu de profondeurdans le sein de

la terre il n'y a que de rares exceptions où l'on a

rencontré de l'or à de grandesprofondeurs,ce ne sont

que de ces cas fortuitsqui ne doivent provenir que de

causes accidentelles.

De ce que ''orne se trouvequ'à peudeprofondeurau-

dessousdetasuf<aeedëta.terre,it<autdoneen eonctu-

re que les agents extérieurs de l'atmosphère sont indis-

pensablesà la transformationde l'argent en or. L'eau,

ce puissantdissolvant de la nature, est-elle ce minérati-

sateur que j'appellerai par excellence,qui porterait dans

son sein les éléments de la transmutation des métaux.

laquelle se renouvelant sans cesse, porterait conti-

nuellementla nourriture propre à tous les individusde

cette grande famille,les élémentsde t'air atmosphériqueaux diHerentsmétauxqu'eue rencontre sur son passage

conjointement avecles différentssels qu'elle dissout

Page 136: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX t2) J

Ens'infiltrant dansles roches, l'eau permettrait à ces

corps diversement associés entre eux, combinésde di-

verses manièresavec les métattoïdes, en présence de

courants vottaïques ou magnétiqueset sous t'influence

des masses, de déterminer la transmutationdes métaux

les uns dans les autres, et donneraittieu dans ces mêmes

circonstances à la transformationde l'argent en or.

Lors de monpassageà Saint-Ignacio, prùs Culiacan.

j'examinais une nouvelleminede sulfure d'argent qu'on

venait de découvrir, oùcertaines parties de sulfured'ar-

gent étaient rougeâtres et désagrégées avec l'apparence

de la rouille. Les mineursmexicainsappellent cette subs-

tence particutiere qWA DEORO.Près de Cozala, ta

mine d'argent de M- Gonzalezcontient beaucoupd'or

elle est peu profonde, elle se trouvedans te voisinage

des sources sulfureuses.

Le soufre et f'air comme la plupart des métattoïdes.

doivent certainementinfluerpuissammentsur ces méta-

morphoses.L'or est doncproduit par l'oxydation desdif-

férents sels d'argent au contact de l'air atmosphérique

dissous dans t'eau. conjointementavec les différentssels

qu'elle dissout, en présencede courants électriques dé-

veloppés, sans doute, par l'actionde ces sets les unssur

tes autres.

Page 137: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t:4 !-OR

Klaproth, souste nom d'électruma désigné un alliage

natif d'or et d'argent (MMjrj~M~ Dff/fJn< t.

p. 202). « Onvoit, dit Dufrênoy,déslamellesqui repré-sentent la couleurjaune de l'or, tandis que d'autres sont

d'un blanc jaunâtre en sorte qu'en choisissantles par-

tics différentes par la couleur, on obtiendrait des com-

positionstrès-variées." N'est-ce pas là encore un de

ces faits que ta nature nousmontre commeexemplede

la transformationde ['argenten or ? Commentconcevoir

et expliquer ta formationde ces attiages si variés de ces

deux métauxdans un même minerai, si ce n'est par le

passage de l'argent à l'état d'or parce que certaines la-

mellesont été plus proches du courant générateur que

j'appelle courant étëetnquë, qui a favorisé dans certai-

nesfamés tepassaged'une plus grande quantitéd'argentà l'état d'or, tandisque les autres, étant plus éloignéesou ne recevant qu'une ptus faible portion du courant,ont produit dans te mêmetemps des quantités d'or de

plus en plus faibles.

M. Dufréttoy dit encore, même page « Les nom-

breusesanalyses qui ont été faites des minerais d'or de

t'Amérique méridiona!&par M. Boussingault,et des mi-

nerais de ta Russie par M. Gustave Rose, montrentque

l'argent et l'or se remplacenten toute proportion, même

Page 138: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRAKSMUTATMN DES MÉTAUX H~

danstes cristaux et ilajoute « Ce résultatest natu-

rel et devait se prévoir, ces deux métaux étant isomor-

phes. a 1

D'après tes analyses mentionnéeso-dessus, M. Du-

frénoy fait observer que les proportionsd'argent sont

très variables. la moyenne est environ 8 pour [oo

pour les mineraisde Sibérie, ettes'étëve à [-; pour too

pour ceux d'Amériqueméridionale,ce qui établit une

dinerence remarquableentre tes minerais d or de l'an- F

cien et du nouveaumonde, bien queles gisementssoient

absolument dans les mêmesconditions.

Si c'est effectivementl'air, ainsique je ['ai énoncé plus

haut, qui produit ta transformationde l'argent en or, il

serait donc permisd'admettre, sousce point de vue que

le nouveau mondea paru au-dessusdes eaux bien plus

tard que les nôtre en supposant que le passage de

l'argent à l'état d'or s'effectue graduellement aussi vite

dans l'anciencommedans le nouveau monde, on peut

assigner à ces parties de continents l'époque respec-

tive de leur soulèvement c'est ce que plus tard les

géologuespourront détermineret vérifier,si ces données

sont en rapport avec t'état chronologique des soulève-

ments particls du monde.

Page 139: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LESBËIMXm BESCORPSCMP~S

DEUXIÈME PARTIE

PREMIER MÉMOIRE

La seconde partie de mes travauxa pour but la re-

cherche des causes qui régissent les métamorphosesdes

corps,métaltiquesles uns d~nstesautres~ comme on [&

voit, fe problème résoudre est des plus ardus. Malgréles résultats auxquels je suis arrivé des à présent, je n'ai

point la prétention de le résoudre complétement j'aspi-re seulement&découvrir quelques-unes des causes quiinftuentte ptus puissammentsur ces différents corps, et

qui tes portent à modiner teur état moléculaire en pas-sant d'un état mferieur à un état supérieur d'inaltérabili-

té. Si je parviensà fairefaire un pas de plus à cette par-tie de la science métallurgique des transmutations, je

me trouverai suffisammentrécompense.

Page 140: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LATRANSMUTATIONDESMÉTAUX t2-

On trouvera peut-être que c'est de mapart une gran-

de témérité de vouloir persévérer à poursuivreces re-

cherches. quand trop d'éléments me manquentà la fois;

temps,appareils et livresque je n'ai pas le loisir d'aller

consulter dans tes bibliothèques. Je m'exposeà répéter

des expériences qui ont pu déjà être faites dans ce

cas elles auraient pu me servir et me guider dans

les expériences que je poursuis sous un point de vue

différent. C'est une entrave de plus à mes recherches

malgrécela. je n'en continuerai pas moinsmes travaux,

parce que je suis fermementet profondémentconvaincu.

J'ai fait de ['or. j'en fais encore tous lesjours, enquantité

très limitée. il est vrai, par des moyens dispendieux.

mars{e~toucn&peut-être-au~momentde livrerau monde

savantun procédé vraiment industrielpour fairede t'or.

un procédé rentrant dans les conditionsde la grande in-

dustrie, comme on fait du verre ou du bronze, comme

M. Dcville va faire un de ces jours de t'atumi-

nium.

Je n'ai point à entretenir mes lecteursde ma position

personnelle; je me bornerai simplementà exposer mes

expériences et tes résultats auxquelsje suis arrivé, en

exprimant tous mesregrets que cesexpériencesne soient

pas aussi complètesqu'elles devraientt'être, commeelles

Page 141: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

[28 L'OR.

le seraientsi j'avais pu employer des appareils plus con-

venablesà ces sortes de recherches.

Latumieresotaire~ cet agent complexe, me semble

cire, commeje l'ai déjà dit, un des éléments importantsdansl'oeuvredes métamorphosesdes corps il doit agir

sur la matière par son action ptus ou moins prolongée,

en lui communiquant de nouvelles propriétés électri-

queset chimiques envertudesquellestes moléculesmaté-

rielles peuvent s'associer de différentes manières, en

différentesproportions, suivantdes arrangements mote-

cutairesparticuliers pour chacundes corps.La lumière solaire doit aussi agir continuellementsur

les moléculesatmosphériquesen les fécondant, c'est-à-

dire en,tes rendant propres &servfE<Ha;perfecti&ifitéde

tous les êtres vivants et inanimés. La lumière sotaire

n'influe-t-ellepas puissamment sur tous les êtres végé-

tauxet animaux,qu'elle semble en quelque sortevivifier?

De même. il me semble qu'ette doit agir sans interrup-tion dans l'acte des métamorphosesdes corps métalli-

ques, c'est ce qui m'a déterminé à entreprendremes ex-

périences de transmutationsous soninfluence, je pense

qu'en outre elle faciliteet active considérablement cer-

tainesréactionschimiques.

Dans cette seconde partie de mesexpénences, je <a's

Page 142: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX t~

intervenir la lumière solaire dans le but de tâcherde dé-

terminer sonaction dansl'acte des transmutations,d'une

part en tes comparant aux expériences faitesà l'abri de

l'influence de ta lumière, de l'autre en comparant ses

effets à ceuxde l'étincelle électrique, du courantvoltaï-

que et magnétique dans ces mêmesexpériences.

Voici le résume des questions que traitera cette se-

conde partie

ta Quelle est faction prolongée de la lumièresolaire

sur les gaz confinés secs et humides, soit isolés, soit

métangésou combinésentre eux 1

2'' Quelle est l'influence prolongée de )'ctincette'é)cc-

tnque du courant vottafque eLmagnétiquesur ces mêmes

gaz seuls et en présence de ta moussede platine

Quelle est faction prolongée de ta lumièresolaire

sur les gaz confinés secs et humides, en présencedes

métaux seuts et alliés entre eux Répéter ces mêmesex-

périencesâ l'abri de la lumière solaire.

Quelle est l'action prolongée du courant vottaïque

et magnétiquedans ces mêmes expériences, en plaçant

les métaux dans le circuit vottaïquc ·

)° Soumettre à ces mêmes expériences les minerais

tels qu'ils se rencontrent dans les mines.

6<'Vérifierl'influencede la température, quicertaine-

Page 143: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t;o t.'OR

ment doit exercer des actions très diversessur lamarche

et les résultats deces différentes expériences. Il faudrait

des appareils convenables pour qu'on puisse produiredans ces essais de transmutationdes températures pou-vant être élevéesgraduellementen tes maintenant à un

degré constant pendant toute la durée de l'expérience.C'est par ces opérations de tâtonnement qu'on parvien-draà saisirlestempératuresconvenablespourarriver aveccertitude aux résultats qu'on veut obtenir: hors de là,

jamais on ne possédera une voie sure pour procéderavecsécurité.

Le caloriqueest une force incalculablequi agit à fin-

finisur la matière et qui modifie chaque instant son

état. Cette force agit dans ta plupart des casrcomme te

ferait ta lumièresolaire aussi je pense qu'onpeut rem-

placer l'une par l'autre en t'appliquant convenablement.

Le calorique et t'étecfr'cité sont deuxagents impon-

dérablesde forcesincalculablesqui agissentcontinuelle-

mentdans t couvredes métamorphosesdes corps c'est

par l'application de ces forces aux métaux,en présence

des composésoxygénésde l'azote, que se résoudront les

problèmesde (a transmutationdes corps métalliques fes

unsdans les autres.

Mes moyens ne me permettant pas d'entreprendre à

Page 144: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LATRANsaUTATfOKDESMÉTAOX t;t1

ta fofstoutes ces expériences, je m'attacheraiprincipate-

mentà celles qui ont été la base de mes premiers tra-

vaux.

La plupart des expériences que j'entreprends, pour

avoirplusde portée, devraient être prolongées pluslong-

tempset être faitesavec tous les soins possibles l'insuf-

fisancedu tempsconduit souvent a des résultatsnégatifs

qui auraient pu devenir, par la suite, positi's. Aussine

me rebuterai-je point de ces premiers essais, quand

mêmeils ne seraient pas couronnés du succèsque j'en

attends.

Voiciquelques-unesdes expériences que j'ai entrepri-

ses à la températureordinaire cites ont été prolongées

pendan~phisd'uneatmee.

t"'<!Xpt'fMMt'.– J'a! suspendu d:tns un flacon d'un

litre rempli d'oxygènehumide, un morceaud'argent fin

à millemillièmes,à l'aide d'un fil de platineque j'ai fixé

avec un peu de gomme laque à la partie inférieuredu

bouchonà l'émeri i'appareit ferme est resté exposeà ta

lumière solaire aubout de six semaines, ta grenaille

d'argent avaitpris dans certaines parties une teinte t~è-

rementjaunâtre. Cesparties ont continue, avecle temps

à prendreune teinte de plus en plus foncée au bout de

six mois, elles avaient acquis une teinte rouge-jaunâtre

Page 145: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t;2 L'OR

commet'oxyde defcr;pendanttessixderntersmotsdc ta

durée de t'expérience, la couleur de l'oxyde n'a plus

change.L'oxydationnes'est paspropagée sur toute lasur-

facedela grenaille,dontcertainespartiessont restéesavec

l'éclat et le brillantde l'argent. Cette particularité m'a

porté à penser que les parties oxydées sont cellesqui

ont été en contactavec lesdoigts, sans doute que la par-

tie grasse et acide qui a adhéré à l'argent a condensé

l'oxygènedansles partiesdont elle a détermina l'oxyda-

tion. Cet oxide,pourêtre réduit par taehateur, a néces-

sitéune températureplus élevéeque l'oxyde ordinaire

tt a passé par la colorationnoire avant que t'argent eût

reprissablancheurnaturelle.

2*<?.~('«:c.–J'ar suspendu, par un moyen analo-

gueau précèdent,dans un flacon bouché à t'emert, un

petit tube fermé par un bout contenant de l'argent fin

précipité. L'expérience a duré le même temps que la

pfécédente. sans qu'il y ait eu oxydation de l'argent qui

a conservé pendant tout le temps le même écht;j'ai

observé qu'il s'est dissous plus dinicitement dans

l'acideazotique.

cf 4° M~'rt'M~. J ai répété les deux expérien-

ces dans le protoxyded'azote la grenaille d'argent a été

suspendue commeprécédemment:elle s'est oxydéedans

Page 146: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TR~NSMCTA-hON DES MÉTAUX 1 r

quelquesparties seulement qui ontpassé au jaune pâte

et n'ont pas foncé en couleur comme dans la première

opération.J'ai attribué la formationde t'oxyde à la même

cause quiavait produit l'oxydationde t'arment dansl'oxy-

gène.

L'argent finprécipité de sa dissolution azotique acide

par ducuivrepur, puisse et séché, a été suspendu dans

le protoxyded'azote; il ne s'est nullement oxyde;it acon-

servé pendant tout le temps son brillant primitif. Ce

même argent, traite par l'acide nitrique, s'est dissous

sans dégagementde gaz.

~ex~n'MM.–J'ai répété t'expériencc précédente

dans le deutoxyded'azote humide l'argent s'est dissous

sans quej'aie pudistinguer ta.formationdu gax nitreux i

le flaconétait peut-être malbouché, ce qui aura permis

ta formationdu gaz nitreux par la rentrée de l'oxygène

et par suite la dissolutionde l'argent.t

EXPÉRIENCES FAITES SOUS L'INFLUENCE DU COURANT

VOLTAÏQUE.

t~jxh'f~ncc/<<'? d rj~rt ~t: ~<m<Jrt;M~yj~i-

recte. -J'ai suspendu au moyend'un fil de platine un

grammed'argent 6nen grenaille dans un ballon à trois

Page 147: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

!?4 L'OR

tubulures rempli d'oxygènehumide; par les deux tubu-

tures de côté j'ai fait passerles pôlesde deux éléments de

Bunsen.te&potesvenaient aboutir à quelques miHtm&-

tres de t'argent. Au boutd'un mois, l'argent avait prisdans toutes ses parties une teinte uniformed'une couleur

jaune d'ambre; j'ai continueencore quinze{ourscette

expérience sans observeraucunphénomène particulier.

L'oxydation de l'argentn'ayantpaschangéde couleur, j'aidémonta 1 «appareil la grenaillepesée avait augmenté

de ) milligrammes, {'af continué de nouveau l'opéra-tion après avoir rempli le ballon d'oxygène et ai chargé

de nouveau la pile au bout de trois semaines, l'appareil

ayant été démonte, l'argent pesé n'avait pas sensibte-

ment augmenté ertpoidSrSa couleurétait devenue seu-

lement un peu plus foncée.

ï''<:xpt'r<eftt't:.–J'atremptacédsns cette expérience

l'oxygènepar te protoxyded'azote, l'appareil est resté le

même au bout de quinzejours, t'argentétait oxydé et

avait ta mêmecouleur qae dans t'expénence précédente.

J'ai continué t'opération encore huit jours, l'argent pesé

avait augmenté de 6 milligrammes.J'ai renouvelé le gaz

et chargé de nouveauta pile: au bout de quinze jours

l'appareil ayant été démonté, t'argent pesé n'avait passensiblementaugmentéde poids, l'oxyde était seulement

Page 148: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX t~

cnteoeommtfgrammes.

t0

devenud'une couleur plus foncée, il était plus dense et

moinsattaquable aux acides simples,iulfurique et nitri-

que, que celui de l'expérience précédente.

}''et 4° cxp~rf'enccs. J'ai répété les deux opérations

précédentes sous l'influence de la lumière solaire avec

unseulcouple de Bunsen~l'oxydationde l'argent est ef-

fectuéeplus promptementdans ces deux expériences, et

c'est encore dans le protoxyded'azote qu'elle s'est effec-

tuee ptus rapidement: l'oxyde formé avait également

plus foncé en couleur dans le protoxyde d'azote quedans t'oxygène. L'oxydations'est également arrêtée au

bout de quelques jours commedans les expériences pré-

cédentes c'est que t'oxyde formeune espèce de vernis

insotuëte qui empecné t'oxydationde se continuer plus

profondément.e~" exp<'rtCtces.–J'at placé dans le courantd'un

circuit vottafque d'un couple de Bunsen, un morceau

d'argent fin en grenaittede o,~ milligrammesdans de

t'oxygène confiné l'expérience a eu lieusous l'influence

directe des rayons solaires. L'oxydation de t'argent a été

bien plus prompteque dans les expériences précédentes.

Au bout de huit jours, tout le morceau d'argent était

devenucomplétementnoir au bout de quinze, l'appareilétait démonté, l'argentavait augmentéde8 milligrammes.

rn

Page 149: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

r~6 L'OR

J'ai recommencét'opération et l'ai continuée encore

quinze autres jours ta grenaitted'argent pesée avaitaug-

menté de mittigrammes.J'ai prolongél'expérience pen-

dant trois semaines en renouvelantle gaz et l'acide; au

bout de ce temps, la grenaille pesée n'avait augmenté

que de t milligrammet/2.

J'ai traité la grenaille d'argent par t'itcidesutfurique

pur à froid il s'est dégagé quelques bulles de gaz au

commencement,mais l'oxydene s'est nullementdissous.

J'ai retiré la grenaille après t'avoir tavéeà l'eau pure je

t'ai plongée dans l'acide nitrique pur à 40°; t'oxyde ne

s'est nullement dissous, seulementil s'est détaché de la

grenaille. Cet oxyde traité par le mélangede deux aci-

dès, sutfùnquc et nttrique~s'est fmmëdiafëmentdtssdu~

Cette même expérience ayant été répétée dans le

protoxyded'azote, l'argent s'est encoreoxydé plus rapi-

dement. et t'oxyde produit était plus dense et plus noir

que celui obtenu dans l'oxygène; il était moinsattaqua-

ble aux acides, mais solubleégalementdans le mélange

des deux acides.

Cette mêmeexpérience étant répétée dans le deuto-

xyde d'azote, toujours en plaçant l'argent dans le circuit

voltaïquc, il s'est oxydé très rapidementsans offrir rien

de particulier dans la marche de t'opérstion qui a sensi-

Page 150: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX t~

btementété ptus prompte que dans t'expérience précé-

dente dansces trois expériences, ['oxydationde t'argent

a commencéà se développersur les partiessaillantes de

la grenaittequi ont passé promptement au noir, tandis

que les parties creuses qui ont passéau rose verdâtre,

puis au violet,qui a foncé en couleur par l'action du

temps, maissansacquérir la mêmeintensitéque dans les

pointes et tes autres partiessaillantes.

Ces trois expériencesont été répétéesdans mon tabo-

ratoire, beaucoup ptus de temps y a été consacré;

cependant l'oxyde formé n'a point acquis les mêmes

propriétés que celui obtenu sous l'influencedu soleil.

J'ai remarquéque l'oxyded'argent obtenudans t'oxy-

gène, dans te protoxydëet te deutoxyde d'azote,sous-Ia

double influencedu circuit voltaïque et de ta lumière

solaire, nécessite pour être réduit une température de

plusen plus élevée les parties qui sont les dernières à

se dissoudresont cellesquise sont oxydéesles premières.

L'oxyde devient ausside ptus en plus insolubledans les

acides simples,sulfuriqueet nitrique. 2°Que les oxydes

obtenus dans ces mêmesexpériences à t'abri de la tu-

miëre solaire, nécessitent toujours une température

plus éievée. pour être réduits, que t'oxyde obtenu par

les procédés ordinaires.

Page 151: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t)3 !/OR

N'ayant pu obtenir que âepetites quantités d'oxydes

par ces moyens, je me propose de recommencerces

expériences en opérant sur de ta limailled'argent sou-

miseS. l'innuence du courant vottaïque,ce qui me per-

mettra d'obtenir à la fois une ptus grande quantité

d'oxyde et de (aire de nouvellesexpériences sur cet

oxyde obtenu par ces divers moyens.

J'espère présenter sous peu à l'Académieun second

mémoire qui comprendra une partiede mesautresexpé-

riences que je continue depuis longtempset qui appro-

chent de leur terme. Elles mettront, ;e n'en doute pas,dans un nouveau jour, la possibilitéde ta transmutation

de t'argent en or, c'est-à-dire le phénomènetout entier

si longtempscontesté et dësormaistncontestabte.d~ ta

transmutationdes métaux.

Page 152: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

MSN~mSBMBESCORPSCOMPOSÉS

DEUXIÈMEPARTIE

DEUXIÈME MEMOIRE

PRODUCTION ARTIFICIELLE DE L'OR PAR L'OXYDATION

DES SULFURES.

Les pyrites en décompositionfournisMntpresque tou-

jours de l'or, c'est un fait bien'connu, que j'ai eu occa-

sion d'observer dans plusieurs contrées du Mexique.

spécialementprès de Sapotran el Grande, où se trouve

une montagne du sulfure de fer en décomposition.La

rivière qui passe au pied de cette montagne charrie de

l'or en assez grandequantité pour donner lieu, dans ta

saison des pluies, à une exploitationtucrative.

Dans la contrée deQuanajuato, près des minesde ta

Luz, où if existe aussi des pyrites en décomposition,on

rencontre des veinesd'or à la vérité, elles ne sont pas

Page 153: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

!40 L'OR

riches,maiselles confirmentce fait que, dans tevoisinagedes pyrites, on peut presque toujours constater la pré-sence de ['or; J'ai pu m'assurer queces pyritescontien-

nent des traces de sulfure d'argent. Dans monopinion,c'est ce sulfure qui produit le plus directement t'or tes

autres sulfures peuvent éprouver ta mêmetransmutation,

maisplus lentement,paruntravai[ptustong,et)eptussou-venten passant pardilférentesstations intermédiaires,tan-

dis que le sulfure d'argent passe directementAt'étatd'or.

Dans ta premièrepartie de mes mémoiressur la trans-

mutationdes métaux, j'ai signaté ta mine desutfure d'ar-

gent de M. Gonzalès, près de Cozata, commel'une des

minesde ce sulfure tes ptus riches eELor qui soient dans

tourte Mexique. Cette mine, peu profonde, est voisine

de sourcesd'eau chaude sulfureuse: ta transmutationdu

sulfure d'argent en or doit être certainement favorisée

par ['élévation de température produite par la proximitéde ces eaux thermales.

Guidé par ces observations, j'ai entrepris une série

d'expériences, dans te but de constater si réellement,dans ta décompositiondes sulfures it se produit de l'or.

Cinq de ces expériences ont été commencées en t8:sur ce nombre, deux seulement, la seconde et la troi-

sième,ont pu être amenées à donner unrésultat.

Page 154: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMÙTAttO~ DES MÉTAUX t~t

2' c.~ncnM. – J'ai forméuhniétangedës substances

suivantes

Silicepulvérisée. o parties.

Alumine. 20 –

Fer.

Cuivre. –

Argent. 20 –

A ces substancesobtenues à leur plus grand état pos-

sible de pureté, avant d'en opérer [e mélange, j'ai ajouté

de la fleur de soufre, puis j'ai chauffépour dégager!'ex-

cès de souffre j'ai diviséde nouveau ta matière,et je t'ai

laissée pendant deux moisexposée au contact de t'air.

Au bout de ce temps, je t'ai arrosée avecde l'eau aigui-

se&det~p.o.~d'actdenitreux~ J'ai eu soin d'agiter de

temps en tempspour donneraccès à t'âirt et j'aimaintenu

le tout constammenthumide, en l'arrosant du mêmeli-

quide. Au bout d'un certain temps. la matière s'est oxy-

dée il s'estformé des cristaux, des sulfates, des métaux

en présence; !amatièrea pris unenuance verte. Afinque

t'oxydationfût aussi complèteque possible, j'ai continué

à opérer de même pendant toute une année. Alorsseu-

lement j'ai soumista matière à un essai pratiqué en pe-

tit j'ai obtenu des traces appréciablesd'or.

J'ai soumista matière à une chafeur assez forte pour

Page 155: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t4: L'OR

décomposeriossutfaïes formés dans ta première partiede l'expérience. J ai ajouté de nouveau de la fleurde

soufreen quantité sufSsante pour transformer en entier

la matière en sulfures.

J'ai recommencel'expérience et l'ai continuée comme

je viens de l'exposer, sans y apporter aucune modifica-

tion; j'ai renouvelé trois fois toutes les mêmes manipu-lations. Lamatière, essayéeparte mercure, m'a donné,

sur cent parties d'argent, f.oo!: d'or.

fjc~ftcs. J'ai employé, pour cette expérience.

tes mêmessubstances, dans les mêmes proportions que

pour l'expérience n" 2. J'ai fait dissoudre tous ensemble

les métauxdansl'acide nitnque pur. J'ai ajouté à ta dis-

sotutiontasiUee et ratamtne~putvéFisées~j'ai fait passer

dans ta liqueurun courant d'hydrogène sulfuré, jusqu'à

précipitationcomplète des métauxdissous. J'ai fait éva-

porer jusqu'à siccité, puis j'ai exposé ta mati&re au con-

tact de t'air. La silice et t'atumine ont facitité la division

des sulfures,et, par conséquent, l'accès de l'air dans la

masse monbut était d'activer l'oxydation et de vérifier

en mêmetempssi la présence de la silice et de l'alumine

ne favoriseraitpas la transmutation. Au bout de six se-

maines, j'ai arrosé la matièreavec unpeu d'acide nitrique

étendu de quinzeparties d'eau. ;f'a<continué cette ma-

Page 156: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX t4~

mpulationcommedans l'expérience précédente. Quand

la massea été oxydéeen totalité, j'en ai fait l'essai; l'or

m'aparu être en quantité plus faible que dans l'expé-

riencen" 2. J'ai ajouté assez d'eau pour dissoudre tous

lessets solublesqui s'étaient formés,puis j'ai fait passer

dansla dissolutionun courant d'hydrogène sulfuré,pour

transformerde nouveau les métauxensulfures; j'ai éva-

porél'excès de liquide, et poursuivi l'opération comme

ci-dessus. J'ai répété trois fois cette même opération,

sansavoireu à signalerdans sa marche aucune particu-

larité.La matière, essayée commeprécédemment parte

mercure distitté, m'a fourni, sur cent parties d'argent,

0,00[o d'or.

Lerésultat de t'ëxpértenë~n' à été perdue j'avais

augmenté,pour cette expérience, la proportion de ta si-

liceet de l'alumine. et diminuécette des métaux après

avoirsulfuré lamatière, j'y avaisfait passer. & différen-

tes reprises, un courant de protoxyde. et de deu-

toxyded'azote, en te faisant alterner avec un courant

d'air.

L'expérienceno4 a eute mêmesort que l'expériencen"t j'avais ajoutéau mélangeprécédent du zincet de

l'antimoine, avec un peu de chaux et de potasse. Les

métauxavaientété dissousdans t'acide nitrique t'opé-

Page 157: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t44 L'OR

ratrott avattdtf être cont'nuéecomme dans la précédente

expérience.

L'expériencen*~ était entreprise dans des conditions

un peu duférentes. Commedans t'expériencen" je n'a-

vais opéré que sur le fer. tecuivre et l'argent, en suppri-mant la silice et t'atumin",afinde m'assurer si elles con-

tribuaient,oui ounon, par uneaction quelconque &l'acte

de la transmutation.

C'est avec une douteur que tes expérimentateurs com-

prendront aisément, que ['ai vu se perdre ces expérien-

ces je pouvais en recueillir des données précieuses,

d'après lesquellesj'aurai opéré plus sûrement. Mais il

m'estarrivéce qui, matheureusement,a lieu trop sou-

vent pour tesexpénence~sdefongue-durée, quandcelui

qui les entreprend n'est pas maître de son temps:

l'homtne propose, et les affaires disposent.

Ce qui m'a faitterminer,plus tôt que je ne l'aurais dû

pour arriverà un meilleurrésultat, les deux expériencesdont je viens de donner t'exposé très sommaire

c'est la crainte de voir, en les prolongeant, se briser

mes appareils. Par des essais renouvelés à différentes

reprises pendant le cours de ces expériences, je me suis

convaincuqu'à mesure que la quantité d'or augmente

<)ansla matière, la quantité déjà produite en activait )a"~

Page 158: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX t~

productionnouvelle il y a par conséquenttout à gagnerà continueret a prolonger l'opération. !t ne me peut

plus rester aucun doute sur ce fait que dansl'oxydatioades pyrites, il se produit )ourne!iemcnt'del'or, maisquecet or n'apparaît que lorsque la transmutationdes par-ties métalliques, modifiéesdans leur état moléculaire,

est complète.Or, il arrive souventque ces parties modi-

fiéesdans lapyriteen décomposition, sont entraînées

par leseaux dans le cours d'une rivière ou d'un fleuve

voisin,où s'achèvela transformationd'un métal dans un

autre te mouvementcontinuel.que procure l'eau à ces

moléculesdoit faciliter beaucoupcette opération, en tes

mettantà même, dans leurs parcours, de condenser la

quantité de ga~propreât~ccompttSsemenMecette mé-

tamorphose. C'est ce qui expliquerait pourquoi on

n'aperçoit pas toujours l'or sur les lieux mêmes du

gisementde ta pyrite, parce que là lesmatériaux,nesont

pas toujours propices à ['achèvementde ce phénomène.

Les matièresemptoyées dans mes expériences,et les

proportionsde ces matières, ont été choisies et déter-

minées un peu au hasard. Ce n'est qu'en répétant tes

manipulationsqu'on arrivera Ades données pfus cer-

taines, et qu'on connaîtra mieuxles corps les plus aptesA activer te phénomène de ta transmutation. La pré-

Page 159: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t4<t L'OR

sencedes chlorures, des bromures, des iocfures et cette

du soufre allié aux métaux, sont de simplesintermé-

diaires dont te rate est d'activer la transmutation, la

condensationde gaz qui s'effectue dans la matière et lui

donne ta formedu mctaî le plus parfait en produisantde t'or. C'est ce que je me propose de rendre encore

plusévidentpar de nouvelles expériences.

N'importe, j'avance lentement vers le but, mais j'a-

vance. D'après les expériences que je poursuis, j'espère

qu'avant peu on composera des placers artificielspour

ta productionde l'or, tout commeon forme des nitrières

artificielles: au fond, l'un n'est pas plus difficile que

l'autre. De mêmequ'on le fait pour tes nitrières, on fera

intetvenift'air atmosphérique, d'où nous recevons tant,

et ot tout retourne. C'est à nous à favoriser son action

sur les matièresque nous Koutons transmuter; lui seul

fera le reste, à se? dépens, dansun temps dont ta durée.

ptus ou moinslongue, variera suivant la température, ta

naturedes corps que nous aurons misen présence, ou

les milieuxdans lesquels nous aurons fait intervenir cet

agentuniverset.En multipliantet variant les expériencesde transmutations, nous rencontrerons infailliblement

tes moyens d'opérer promptement alors les bénéfices

pourrontêtre immenses.

Page 160: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX [47

Je suis convamcuqttesH'onopéraitsur u~s&~Ottve-

nablement approprié&ces sortes de transmutations,on

arriverait & de meillcursrésultats qu'en opérant dans

des vases de terre, dans lesquels l'action des courants

magnétiques est faible ou presque nulle. Or l'action de

ces courants doit être pour beaucoup dans tes change-

ments de l'état moléculairede ta matière,ce qui lui per-

metd'absorber ou de condenser de nouvefiesquantités

de gaz, et d'acquérir ainsi des propriétésentièrement

nouvelles, propriétés qui ne changeront quequand son

état moléculaire sera rompu par son passage dans un

nouveaugenre.

Du train dont marche te progrès des sciences,ce qui

efLt-il y a unsie,~cte-demanciécînquante ans et plus;poureût,ityaunsiëc)e,demandéctnqusnteansetptus,pour

l'utilisation pratique d'une idée féconde,peut de nos

jours se réaliser en moins de dix ans, surtout si les

efforts tentés dansce but sont encouragéspar une

prime d'une valeur significative.

Pour moi, s'il m'arrivede voir se fonder, dans ta

plaine de Grenelle, une usine où ton composeraitdes

placers artificiels pour la production de !'or, placersd'abord égaux et, plus tard, de beaucoup supérieursen

richesse ceux de la Caiifbrnie, je déctareque je n'en

serai pas surpris car, dans ma conviction,tous les pta-

Page 161: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t~8 L'OR

cers du mondesont destina à rester un jour bien en,

arrière de cette industrie, actuellementdans sa période

d'incubation. Avec mes convictions ardentes et fermes.

c'est un grand erëve-cœur pour moide n'avoir qu'un

temps limité à consacrerà ces expériences, qui ont pour

moi tant de charmes, et tant d'avenirpour te genre hu-

main.

Je ne doute pas, je n'ai jamais douté, que les alchi-

mistes atent pu certainementfairede t'or, en faire beau-

coup et réaliser des fortunes cotossates: leur secret est

mort aveceux. Il n'en sera plus désormaisainsi pour per-

sonne tout le mondepourra faire de l'or, mais par des

procédés varies, les unsavec perte, tesautres avec bé-

néfice; toute ta questionest )à: longtemps encore, là

solution du problèmesera dans les manipulations.

Qu'il me soit permisde relever ici un fait très digne

de remarque, et qui ce'fneidetout-à-faitavec mes idées.

Depuis que de nouveauxprocédés d'affinage, qui datent

d'un demi-siècleenviron, ont permisde retirer l'or con-

tenu dans les anciennes monnaies d'argent, de grands

bénéficesont été réalisas par ceux qui ont pratiqué en

grand cet affinage.

Les pièces postérieuresà l'introduction de ces pro-

cèdes ne contiennent ptus que des tracesd'or c'est du

Page 162: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

LA TRANSMUTATION DES MÉTAUX t.)<~

moins-ce-quepensaient ceuxqui ont présidéâ tem'fabri-

cation. Comment se fait-il donc qu'aujourd'hui voici

qu'on se rcmetà recherchernotrc monnaied'argent.qu'onamrrnaitne pluscontenird'or, et qu'on réatise desbénén-

ces en en retirant néanmoinsdenouvettes quantités d'or,ce qui fait que, de jour en jour, notre monnaie dargent

disparait de la circulation? Le fait ne peut pas être nie.

Sans sortir du point de vue purement chimiquede la

question, je fais remarquer que ceux qui fondentdes

piècesde monnaied'argent, pour en retirer de l'or opè-rent unevéritable~snxmui.~Mft,-de l'or artificiel se pro-duit et s'ajoute &l'or existantdéjà dans la pièce de mon-

naie c'est par là qu'en dépit de manipulationsdispen-dieuses, la fonte et l'affinagedes monnaies d'argent oro-

cure des bénéfices ëtevës. On n'entrevoit pas de terme

à cet état de choses qui, par le perfectionnement des

procédés pour ta transmutation, ne peutque prendreptusd'extensionde jour en jour il conduit, ainsi que je l'ai

prévu dans la premicra partie de mes mémoires, à la

démonétisation de l'or, fait déjà accomplidans ta Hol-

lande, puis à la démonétisation de fardent. Les métaux

précieuxcesseront d'être te signe des valeurs; ils seront

marchandise,tout simplement, et te soleil ne s'en lèvera

pas moinsà son heure.

Page 163: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t;0 L'OR

En attendant, l'art des transmutations,cet art qui doit

si profondémentremuerJe monde, progresse et s'avance

vers sa période industrielle qu'on essaie donc de te

nier f

Page 164: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

[[

CONFÉRENCE

ff~/f P~r~, ~6 M~ f~~

MESSIEURS,

Encouragepar te bienveiiïantaccueilfait par le public

âmes premières conférences, malgréquelques critiques

amèresqui s'y sont metëes. Je viens aujourd'hui vous

rëmerctefdevôtres aimablecotteouES.Mle vouspromets

de n'épargner rien pour le mériter de plus en plus.C'est

pourquoi, Messieurs,je me présenteà nouveau devant

vous, pour vousdonner une preuve deplusde ta réa)it&

de ma découverte et de son importance.

Messieurs, vous le savez, je ne suis ni un charlatanni

un de ces hommessans foi ni toi qui font argent de tout

je ne veuxet ne cherche qu'une chose, lagloire et le

bonheurdema Patrie. Humble disciple des Hermès,

des Paracetse et des Van Helmont, je m'honore du titre

d'Alchimiste, titre jadis synonymede sorcier, titre diffi-

Page 165: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

<;2 CONFÉRENCE

cile à porter, dangereuxmêmeIlsoutenir pendant cette

longue suite de siècles d'ignorance et desuperstition, où

tout phénomène chimiquepassaitpour t'oeuvre du dé-

mon, siècles à certains égards peu dignes de regrets, où

un simplefabricant d'attumettese&t été brute vif sur un

bûcher attumé avec les produitsde sonindustrie.

Oui. Messieurs, je suis alchimiste,j'aifaitdet'or,j'en

fais encore tous les jours, en quantitétrès limitée,il est

vrai, et dans les conditions d'une expérience de labora-

toire mais je touche peut-êtreau moment de tivrer au

monde savant unprocède pour fairede l'or dansles con-

ditions de ta grande industrie, commeon fait du verre,

du bronze, commeM. Deville est parvenu à faire de

U~tutninium, comme-on~fai&aujourd'hu~du~Magnésium.

Voilà bientôt ~o ans que jetutte pour faire connaître

cette vérité de l'or artificiel, basée sur un fait indénia-

ble.

Pris en pitié par les uns, tourné en dérision par les

autres, repoussédurement par ceuxqui semblaientde-

voir le mieux m'accueillir, je suis aujourd'huià me de-

mander que faut-ilfaire,que faut-ildire,aprèstoutes mes

affirmationsde sincérité restées stériles. L'incrédulitéà

mon égard est tellement grande qu'on se bouche les

oreilles pour ne pas entendre, et qu'on ferme les yeux

Page 166: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

FAtTE A PARtS t.E t~ MAt t8~ t

pocrnepssvoir: tan~ones~fanatfséparcet or, on ne

veut rien entendrequi puisse porter atteinte àsa valeur.

à sa puissance,en un mot, c'est un dieu qu'onadore.

H faudrabien pourtant se rendre à l'évidencede ce

fait capital de t'or artificiel qui trop d'importancepour

qu'iiputsse passer inaperçu.

Lesimaginationssont en travai!et les espritsen quêtedu progrés, « disait ily a quelques semainesle généralFévrierdans son adieu à ses so!dats." Malheurà celui

qui s'arrête en chemin, il est bien vite distancé !Ne

vousattardez jamaisen route, prenez la tête du mouve-

ment et ne la quittez plus.

Ces sages et patriotiquesconseils m'ontpousséà por-tera ta pubUcitécetteheureuse trouvaille-que ~'aHong-

temps tenue cachéeau public.D'ailleurs,arrivéau déctin

de t'age, j'ai cruque ma conscience me faisaitun devoir

de parler haut, c'est pourquoi j'ose aujourd'huime pré-senter devant vous, Messieurs, pour vous exposer mes

principes sur ta transmutation des métaux. Ils m'ont

conduit à un longet périlleux voyage, a de laborieuses

recherches, et enfinune découverte inespéréedont les

conséquencesencore indéterminées, promettentAnotre

pays un avenir brillantde gloire et de prospérité.Le point de départ de mes convictions et de mes re-

Page 167: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

[ CONFÉRENCE

cherches sur la transmutationdesmétaux,taetef de tout

le système, c'est l'unité de la matière.

Cette idée, que la matière est une commet'essenceest

la volontéde son créateur. et, que tous les corps admis

eh qualitéde corps simples pour tes savants,sont ceux

donton ne peutpousser plus loinla décomposition,cette

idée, dis-je, est à mon sens parfaitementrationnelle.En

réalité, il n'y a pas de corps simples,pas plus parmi tes

métauxque parmi les autres corps it y a ta matièreune

dans son essence, soumiseà destois en partie inconnues,

enpartieconnues,et appliquéesà volontéparle savoirhu-

main, lois en vertu desquelles la matière se montre à

nous sous des formes tant&tvariables, tantôt permanen-

tes, it n'ya;rien deplus.

Telle fut labase des doctrines des alchimistesd'autre-

fois,et les savants de nos jours arriventà en conve-

nir, sur ce pointcomme sur beaucoupd'autres, lesalchi-

mistesétaient dans le vrai.

Ces idéesont encore sipeu cours dansle monde,elles

renversent tant de théories, actuellementen possession

de la science, si cette expressionm'est permise,que j'ai

besoinde m'appuyerde l'autoritéd'un grandnom,Lavoi-

sier, un des pères de ta chimie moderne, qui n'osant

avouer pleinementses convictionssur unsujetaussi sca-

Page 168: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

fAITE A PARIS tE t6 MAI t88<) t~

breux,tes à ~!ssées entrevoir/en montrantoù conduitsa

théorie non contestée du calorique. On sait que Lavoi-

sier désigna le premiersous ce nom ta force inconnue

et mystérieuse qui produit sur nos organes la sensation

du chaud et du froid,quidilate les corps par sa présence

et les fait passer par tes trois états solide, liquide et

gazeux. Or Lavoisierfaitremarquer qu'en élevant seule-

ment à [Ooou !20 degrés la température moyennede la

surface du gtobe~t'eau disparait plus d'Océan, plus de

lacs ni fleuve, tout cela faitpartie de l'atmosphère, plus

de végétation, plus d'êtres animés. Chauffez encore un

peu, des ruisseauxde ptomb,de zinc et de bismuth vont

couler comme de t'eau continuezà étever ta tempéra-

ture~ffn'en est pas.d&Stétevéequet'on ne puisse suppo-

ser susceptible d'un degré supérieur, un momentviendra

où la terre sera à l'état de fusion ignée, par lequel elle

a évidemmentpassé chauffez encore, le liquide igné

deviendra une massede vapeursincandescentes avec un

noyaucomme les comètes, puis un assemblagede va-

peurs d'une ténuité extrême commecelles des nébu-

leuses, enfin à quelques milliers seulement de degrés

pyrométriques, il n'y aura plus que des molécules telle-

mentdivisées qu it serapermis de douter de leur exis-

tence, supposez la décroissance du calorique en sens

Page 169: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

COSFÉRENCE

inverse, vousaurez successivementune né5u!euse, une

comète, une planète, enfindans toutesles conditionsoù

nousvoyons la nôtre aujourd'hui.Si fa votonte du créateur, par ['action d'une seule

force, le Calorique, peut faire subir à ta matière toutes

ces transformations, que deviennent en tout cela les

corps simples et tes corps composés' N'était-ce-pas,autant qu'on pouvait l'affirmer implicitementdans ce

temps-là, t'unité de la matière Si la matière est une. si

ta science peut lui faire prendre à son gré tant de for-

mes diverses, pourquoi un pas de plus en avant ne lui

permettrait-il pas de reproduire aussi 4 volonté les for-

mes des divers métaux, spécialement celles des métaux

précieux'

J'at raconté plus haut mes luttes et mes travaux de-

puis [848.

Parvenu après trente années du plus opiniâtre labeur

à acquérir une modeste fortune, je résolus en t88~ de

reprendre montravail sur t'or et de le conduire à bonne

fin.

En i88=i,j'écrivais à M. Berthelot une lettre restée

sans réponse. Ne croyant pas encore le momentvenu

de parler, je continuai mes travaux dansle silence de

Page 170: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

FAtTEA PARISL-E16 MARSt88~ t

monlaboratoire :Ennn, trouvant dans mes nouvelles

expériencesà l'appui, de ma découverteun fait appelé à

jeter une cfarté sur le phénomène de ta transmutation

des métaux, je déposais en juin de l'année dernière un

pli cacheté à l'Académie des sciences sur le nouveau

fait. C'est alors que je me suis adressé à monpays en

écrivantd'abord à Messieurs tes membres de la Com-

missiondu budget, puis à Messieurs tes Sénateurs et

Députés. Je viens aujourd'hui insisterplus particulière-

nrent auprès de vous, Messieurs, pour que vous me

veniezen aide.

A mon point de vue, les réactions sous l'influence

desquellesstieu~atransformationdesmétaux.cQttstituent

un phénomène complexeou le principa)rSte appartient

auxéléments atmosphériques. Ce sont eux qui opèrent

journellement ces métamorphosesdont nous ne pouvons

suivre te cours, tant tes effets en sont lents, à com-

mencerpar le potassium et te sodiumpour finir par les

métauxprécieux Argent, Or et Platine.

L'air doitagir premièrement par ses éléments simptes,

puispar ses éléments combinés.

Le second agent indispensableà toutes ces transfor-

mationsmétalliques c'est t'eau, te grand dissolvant de la

Page 171: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t~8 COH~REUCE

nature sercnouvetant sans cesse, toujoursen mouvement,w

que j'appellerai ta mcre nourricière par excellence de

tous les corps. EUe se chargede fournir par ette-meme

la nourriturepropre à toutes les individualitésminorâtes

En effet nous ta voyons s'étever dans cette atmosphère

à l'état de pureté pour puiser ses éléments Oxygèneet

Azoteet autres corps qui s'y trouvent en minimesquan-

tités toutes tes moléculesde ces différents corps sont

ptusoumoinsmodinéespartesastres,surtoutpartesotei)

qui vient les vivifieret tes rendresaptes à être assimilées

à ces différentsêtres suivai-t leur âge, pour constituer

cette grande famille du règne minérat.Cette eau en des-

cendant sur terre va se charger de nouvellessubstances,

des nitrates de potasse et de soudeet-autres, puis'pour-

suivantson œuvre, elle traverse la mince couched'hu-

mus, puis tes terrains d'atluvionoù elle va commencer

par fournirta nourriture à ces êtres qu'ette va rencontrer

sur son passage. Elle, ensuite pénètre dans les roches

métattiféres,associées à diversautres corps, des Chloru-

res, des Pyrites, des Carbonates et elles vontse rencon-

trer avec tes nitrates alcalins,d'où vont résulter des réac-

tions chimiques des courantsélectriqueset magnétiques

vont se produire; ces roches vont être décomposées

de ces différentscorps en présence, sous des pressions

Page 172: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

FA!TEA PARISLE t~' MARSt88t; f ~9

et des températures diverses, des réactions multiples,

des dissociationsde certains de ces corps vontse pro-

duire, d'autres céderont un excès de leur combinaison,

tous ceséléments à l'état naissanten présence de leurs

individualités minérates, vont leur permettred'absorber

tes éléments propres à leur perfectionet de passer d'un

&geà un autre d'inaltérabilité, jusqu'àce qu'Us arrivent

après plusieursstationsà leur dernier degrédeperfection;

ces réactions se renouvelant sans cesse par le courant

continuel dece liquidegénérateur de toutes les familles.

L'azote semble agir dans les combinaisonscomme

agirait un ferment dans tes transformationsdes matières

organiques. Sous l'influence decetagent, la fixationde

l'oxygène, sacombinaisonplus ou moinsdurableavec le

radica!, va s'y opérer.Voifà pour moita ctefdc ta B'ans-

formation des métaux et tout me porte à croire que le

radicat est l'hydrogène.Que ces idées théoriquessoient

vraies ou fausses, exactes ou erronées,c est ce que je

n'entreprendrai point de discuter ici, ;e crois devoirme

borner à dire que sans qu'd m'aitété possibled'acquérir

la certitude mathématiquede leur réatitc, leur innucnce

a présidé à mes expériences, leur probabilitéà mesyeux

est née des effets notés pendant plusieursannées d'ob-

servations si j'en faismention ici c'est pour mieux faire

Page 173: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

[f)0 CONFÉRENCE

comprendreta marche que j'aijsuivie, et jeter peut-être

quelque clarté sur la route où marcherontceux qui sui-

vraient d'après moi le mêmeordrede recherches.

Dans cette expérience capitale, de l'or artinciet, en

effet, il s'est produit une réaction,qui est en désaccord

avec les faitschimiquesconnus jusqu'à ce jour ici des

circonstances exceptionnelles ont engendré un phéno-

mène nouveau pour la science tant qu'on né pourra

pas bien en précisertes causes, l'artde la transmutation

ne progresseraguère. Que faut-ildonc pourcela ? ~/ut-

gariser les expériences, les répéterà l'infini, en varier

les circonstances,c'est par ta qu'onarrivera à un procédé

certain pour opérer une transmutation complète d'un

métal dans un autre. Toute ta question est ta, étudier

parlapratiquejointe-àà ta théorie,on trouvera ta cfef du

mystère. Alorsla transmutationdesmétaux sera la chose

laplus simpledu monde.

C'est pouratteindre ce but, Messieurs,que les moyens

mefont défaut,je suis arrêté de toutes parts dans mes

expériences; n'ayant aucun laboratoire, où je puisse les

faire commodémentavec chance de succès n'ayantà

ma dispositionque quelques tubes et matras, modique

accessoire tout à fait insuffisant; ne possédant aucun

appareil pourétudier, apprécier et enregistrer toutes les

Page 174: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

FAtTEA PARISLE !& MARSt38ç [6t

circonstances qut peuventse présenter dans une réaction

de ce genre, c'est en portant une observation attentive

et minutieusequ'on arrivera, en modifiant les appareils,

ainsi que les circonstances, à trouver la marcheà suivre

pour arriver au but désire.

Cet aveu d'impuissancene vous étonnera pas vous

savezcomment on m'&retiré tes uns après tes autres tous

les moyens qui eussent pu me faciliter des ressources

pour poursuivremon travail et t'amenerà bonne fin. De

plus c'est un point de ressemblance matheureuxavecles

inventeurs qui m'ont devancés.

Aucund'eux, que je sache, n'a perfectionné son in-

vention avecses propres moyens et trop souvent ils en

ont perdu te fruit, épuiséequ'ils étareht par te~dépeM~~

qu'ils avaient faites, ou décourages par t'incrédutité ou

l'insouciance publiques. Sous ce rapport, Messieurs, je

crois ne leur ressembler jamais, on ne me lassera pas,

on ne me découragera pas, et j'ose espérer, moi et ma

découverte, on ne nousétouffera pas. J'ai foidansl'ave-

nir parce que je suis fermement convaincu.J'ai fait de

l'or, pour peu que je sois secondé j'en feraiencore, j'en

feraibeaucoup, j'en feraipar des procédés rentrant dans

ta grande industrie et quand j'en serai là, Messieurs,

Page 175: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t6; CONFÉRENCE

croyez-le bien, je ne mettraipas la lumièresous le bois-

seau.En attendant qu'its se détrompent, ceux qui se figu-

rent, par- leur obstination constante à monégard, arrê-

ter l'essor de cette découverte qui leur déplaît, qui les

contrarie, parce que leurs intérêts peuventêtre compro-

mis ils voudraient t'étoigner, ta faire disparattre si

cela était possible,au lieu de se réjouir que cette décou-

verte ait vu le jour dans notre beau paysde France,que

nous devons tenir à ennoblir de plus en plus et sur

lequel notre savoiret notre justice doit attirer les sym-

pathiesdes peuples.

Non, ilspréfèrent mettre obstacte sur obstacle, afin

de donner le tempsà nos ennemis d'arriver et de nous

dépasser peut-être: Vbita du patnotismé d'un autre

genre.

Eh bien, Messieurs. arrière ceux dont l'égoïsme

étouffe l'amourde la patrie, il est urgent pour nous d'af-

fronter résolumentles difneuttésprésentes et chercher

à tes résoudre promptement. Sachez que cette décou-

verte sera commeun coup de foudre te jour où l'on

pourra opérer sûrement la transformation d'un métat

dans un autre.

Un exemplevous fera mieux comprendre la profon-

Page 176: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

FAtTEA PARISLB16 MARSt8&) t6;

deur de f'abime dans lequel nous sommes menacés de

tomber, d'un jour à t'autre. Un kilo de cuivre pur pour

être transforma en un kito d'or pur nécessite peu de

frais à en juger d'âpre les résultats que j'ai obtenus; il

n'y a de dépenses que la matière première Acide, com-

bustible, et la maind'oeuvre.Je mets au pis-aller le tout

à Ho francs: ce prix pourra être réduit facilementde

moitié, quand on opérera sur une moyenne échelle, ce

qui mettra te prix net du kilo A francs au lieu de

).~4..{fr.-}.) centimes qu'il vaut aujourd'hui: bénéfice

net, ~60 francs. N'est-ce pas assez beau pour qu'on

daigne s'en occuper ? Vouspouvez juger par là du cata-

etisme que cette découverteamènera dans le mondeen-

tier, quand on pourra produire l'or 40 à ~o foismeilleur

maFchëqu'itrtevautaujourd'hur.

Ainsi, une personne qui aurait ~o.ooo francs en or

n'aura plus qu'une valeur en nombre rond de t.ooo

francs, et eeta ne sera pasle dernier mot. Qu'attendons-

nous donc? it faut être prêt à tout événement, ce n'est

pas en fuyant la difficultéqu'on arrivera à la résoudre.

qu'on pourra être maîtrede ta situation.

Depuis longtempsc'est un feu qui couve sous la cen-

dre, il suffit d'une étincette pour te faire éclater, nul

alors ne pourra en arrêter les progrès, qui seront rapides,

Page 177: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

!&4 CONFÉRENCE

n'en doutez pas, nousserons forcés, malgré nous, d'en

subir tes conséquencesqui seront affreuses si nous n'ar-

rivons pas les premiers pour en atténuer tes effets, H

ne nous restera ptus qu'ànous maudire d'avoir été incré-

dules à la voixde la vérité.

Permettez-moi, Messieurs, de vous rappeter ici tes

judicieuses paroles de M. Richet dans la revue scienti-

fiquedu t8 mars dernier,en partant des pro~resaccom-

plis chez certaines nations voisines. H faudrait, dit-il,

que nous imitassionsces nations, qui malheureusement

pour nous deviennentde jour en jour plus puissantes. Le

secret decette puissance,sans cesse grandissante, il ne

faut pas le chercher ailleurs que dans l'association de

plus en plus intimede la science et de l'industrie. Mat-

hcureusëmënr noussommestrop pcrsonnets et ce défaut

nous empêched'arriverà temps, parce que notre exis-

tence est trop courte pour mener à bonne finune idée

juste et reconnue pour arriver à la mettre en pratiqueet

à en profiter tout en enrichissant la société, nous arri-

vons trop tard

Ce que je désire avanttout, c'est qu'on constate le fait

de l'or artificiel, c'est pour moi te point essentiel. Je ne

suis ni unsauteur, ni un faiseurde dupes, je ne veuxpas

que ma bonne foi soitmise en doute et qu'on puissedire

Page 178: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

FAITEA PARISLE t6 MARS[88<) t6~.

que j'ai cherché à tromper mon pays. fi faut donc se

convaincrepar expérience dufait que j'avance, et si ce

que je vousai présenté, à t'aeadémic, n'est pas de l'or

artificiel, il est inutilede poursuivre mes recherches.

Messieurs, je marche péniblement, pousséque je suis

par cette crainte sanscesse présente à monespritque je

puis être dépassé. C'est ce que je voudrais éviter dans

l'intérêt de mon pays. C'est ce qui m'a donné ta force

de venirici afin d'attirer tout particulièrementvotre atten-

tion sur la gravité de cette question de l'or arti'iciet qui

est une vérité incontestable.

Pour en finir, Messieurs, je vous dirai qu'if ne suffit

pas que je sois convaincu de ce que j'avance, il faut en-

core que vous le soyiez tous. Connaitrc ta vérité est

non'seutëmentVotredrOLtr~miaisc'est mêmevotre devoir,

car il y va de vos intérêts tes plus sacrés. Si toutes mes

démarches ont été vaines jusqu'à ce jour, cen'est pas un

motifpour que vousen restiez là, il vousappartientdonc

de réclamer de vosreprésentants que la lumièrese fasse

sur cette découverte, ici Messieurs, nous n'avons tous

qu'un seul but, la Patrie

C'est donc à vous,que j'en appelle, Messieurs de ta

presse, vous qui avez toutes tes connaissances voulues

pour apprécier les avantageset tes dangers de la situa-

Page 179: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

't<~ CONFÉRENCE

`tien présente et à venirquinousest faitepar cette décou-

verte. et tous les périls qui peuvent en résulter pournotre Patrie, si nous sommesdevancés par une nationvoisinequi en profitera certainementà notre détriment.Ne nous laissonsdonc pas surprendre, et c'est pourquoije viens aujourd'hui, remplissantun devoir, faire appelàvotre patriotisme pour trouverauprèsde vous un géné-reux et puissant concours, afin que tous ceux qui ontconfiance en moi et ma découverte, m'honorentd'une

obole indispensable à la continuation de mes travaux

dans intérêt de mon pays.

Je m'adresse aussi à vous, Messieurs, Étudiants,

Bourgeois,Commerçantset Ouvriers,pour que vousme

prêtiez votre appui moral par l'élan généreux de vos

esprtt~justesete!airvoyants.ncfm[tbasdë5pré}ugésdM

temps: Vous jugerez sainementla valeur de ce faitdel'or artificiel, et chercherezà prévenir les dangers quepeut courir la patrie si t'étranger nousdevançait. Rappe-Ions-nous toujours les nobles paroles du Général

Février: « Malheur celuiquis'arrête enchemin

T. TtFFEREAU.

U", ruedu Th~trc, Grenelle

Page 180: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

)2-1

Paris, le /KM!88o

Cher Monsieur,

Laconformitéde vos idées et des miennes sur t'unité

de la matière nous a mis en rapports. H y a quelque

temps {'aieu l'occasion de vous entendre dans une devos conférences, Boulevard des Capucines, et j'ai pu

approuver vos affirmations annonçant que les métaux

sont des corpscomposés,et qu'itest possible de produire

par ta synthèseet les réactions chimiqueset électro-chi-`

mïques de t'brsfttnciët comme fout autre métat.

C'est aussimonopinion,et, puisquevous me tedeman-

dez, je vaisvousrelater tes faits et expériences sur lés-

quelselle s'appuie. ainsi quetesconcfusionsquejecrots

pouvoir en tirer.

Les problèmesà résoudre dans l'ordre d'idées ou jesuissur les matièresminéralesetmétattiquesm'ont préoc-

cupé des mondébut comme ingénieur civil des mines.à partir de ma sortie de t'Écote et pendant toute ma

longue carrière comme directeur des usines métattur-

Page 181: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

l68 ACCROtSSËMBNT MÉTAt-LtÇUE

giquesdeGommentryetMonttuçon,Fume),etc:,etdes

exploitations de mineshouittèresqui en dépendent.

Pendant longtemps je n'ai pu utiliser que quelques

loisirs pour mes études préférées.

Mais il y a déjàplusieursannées, ayant été atteint par

uneparalysie progressive dont je n'ai pume guérir qu'au

bout d'une année, et forcé de renoncer à mes travaux

actifs comme ingénieur des mineset métallurgiste, je

me suis spécialement occupé,pendantenvironquatre ans.

de la grande question de l'unité de la matière.

D'abord commesystème et moyende réduire ta dé-

pense des expériences et de facilitermesétudes, travaux

et démonstrations, j'ai laisséà peu près de côté !a pro-

duction des métaux précieux, et je ne mesuis guèreoc-

cupé que de la productiondu cuivre, pensant, je le crois,

avec juste raison, que la questiondu cuivre étant réso-

lue, cette solutionentratnera toutes les autres.

Cependant i) m'est arrivé plusieurs fois de constater

la production de l'argent et de l'or, et très souvent celle

duzinc et cettede ['aluminium&['état d'alumine.

En résuméaprèsdestâtonnementsetexpériences,pourainsi dire sans nombre, attestés et constatés par leurs

procès-verbaux, je suis arrivé à produire du cuivre au

Page 182: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

ACCROISSEMENTMËTALLtçUE

'~oratoire dansdes conditionsqu: meparaissent suseep-

tibles d'être appliquéesindustriellement.Mais afinde déterminer la genèsede ce métal(comme

de tout autre sans doute) il est indispensablequ'il enpréexisteà ['état soluble, dans les bains chimiques,où iidoit se former,sous l'influence des réactifsspéciaux.

De tellesorte que fa production métrique a lieu paraccroissement ainsique cela arrive, par exemple, pourles matièresvégétales.

~'ajoutera:que l'intervention de certainesmatières fé-condante;paraitutile, si ce n'est nectaire, ainsi quecertainesconditionsde chaleur, de lumière,d'électricité,de temps,etc., toujourscommepour l'accroissementdesmatièresvégétâtes.

Lacrôissemenfmëtafuqueestvanaëtes~ ta mé-thode avec taquctt: opération est conduite,ainsi)a: puobtenir des accroissements métalliquesdépassant toopour too et j'ai lieud'espérer le double.

D'un autrecôté en opérant trop rapidementet sans

ménagements,t'aecroissementmétalliqueest insignifiant,ou ne se produitpas.

Enfinle métalprovenantde t'accroissementmétattiqucparait être d'abord At'état naissant, et alors ir ne pré-sente pas toutes les réactions et propriétés du métat

Page 183: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t~Oa ACCROISSEMENT MÉTALUQUE

adulte; il peut fnëmedisparaître en tout ou en partie,mais on parvient à !e fixer et à l'amenerà l'état adulte

sous l'influencede certaines réactionschimiques.

Agréez, cher Monsieur, l'assurance dema considéra-

tiondistinguée.

LE BRUNDEVtRt.OY.

Page 184: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

ETUDE SCIENTIFIQUE ET COMPARATIVE

SURL'ORARTtFtCtEL.

Ayantété mis en relations avec M. Tinereau dans

une de ses premières conférences sur l'unité de la ma-

ture à la salle Pétrelle, le t6 février t889, jefus chargé,

par un groupe d'affairesque la question intéressait, de

vérifierla nature de l'or artificiel en comparaison avectes éehantittonsdu métat brut et purK!é.

Établir par analysechimiqueet Fétude des propriétés

micrographiques qu'un échantittond'or est naturel ouartificielest une chose impossiblepremière vue. Car si

!es&nantH)bns sont du mêmenr~atretau même degréde pureté, ilsdoivent donner des réactions absolument

identiques et des formescristallographiques semblablesou analogues.

Si j'ai permis l'insertion dans ce volumede la note

scientifiquequi va suivre, c'est qu'on y trouve un faitcurieux qui, malheureusement tout en n'expliquantrien,

jette un jour nouveausur la production artificielled'unmétalpar dérivation d'un autre.

Lesnombreusespersonnes qui s'occupent de trans-

Page 185: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t7~ ETUDESCtENTtftqUEET COMPARATtVE

mutationspourronttirer parti suivant leurs idées de ce

documentpurement analytique.

Dtfnciteà convaincre, mais n'étant pas ennemi des

idées nouvelles, j'ai fait ce travail à mon laboratoire in-

dustriel, et je vaissoumettre le résultat impartialde mes

observations.

ANA LYSE MICRO-CHIMIQUE

&'UX ÉCHAtTtD-OM D'OR ARTIFICIEL

remispar

M. TtFFEMAu.

L'échantillon étudié porte le n*' et la mention(prépa-

rée à Guadatajara, t8~, avec limaille d'argent allié au

cuivredans;!àproportton de tadë monnaie).

CARACTÈRES PHYSIQUES.

La matière se trouvant dans un petit tube scellé, à

l'aspect, A premièrevue,d'une poudre jaune verdâtreassez

fine.

Sous l'objectif du microscope on constate que ta

poudre est composée de grains métalliques, d'un beau

jaune terne et d'un jaune verdâtre dans les parties

minces.

Page 186: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

SUR L'OR ARTIFICIEL t~

Lesgrainssontforméspar ta juxtapositionde particules

métattiques, arrondies commede la mousse de platiné;

maiscomme ta matière est jaune, e!te ressemble beau<-

coupà la coupe d'un gâteau d'abeittcs privéde son miel,

ou encore à un fragmentd'éponge.

On ne constate pas d'aspérités et d'angles aigus, la

matièreest mamelonnée,on n'y trouvepas aussiles faces

brillantesd'un cristal métallique.

Le métal non fondus: brise en poudre fine sous le

marteau,mais après fusion,il devient parfaitementmat-

léable.

CARACTÈRES emMtQUES.

Une partie de la poudre d'or pesant o g.too milli-

grammesa ëtëdissouteaisément dans unmétangediacide

azotiqueet d'acide chlorhydrique;c'est sur le bichtorure

préparé avec ta poudreque les réactionschimiques ont

eulieu. Voicita compositionde l'eaurégale, ta meilleure

pour dissoudre ce produit: Acideazotiquepur et fumant

= deux parties, acidechtorhydriquepurifié = dix par-

ties.

On a essayé de dissoudre le métatdans un mélange

d'acide azotique et d'acide iodhydrique, il est resté

totalementinsoluble.

Page 187: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t74 ETUDESCtEKTtFtQUEET COMPARATtVE

Une eau régate Bromhydriquea pu le dissoudre avec

unpeudediMcutt~.

Un mélanged'acide chtorhydrique et d'acide chromi-

quea produit une attaque énergique du métat.

En chauffant à t'air une esquille d'or avec un petit

fragmentde potasse,)a masse devient {aun&tre,l'or se

dissoutpeu à peu sous forme d'aurate de potasse.

Uneexpérience analoguefaite avec de ta soude n'a

riendonne. Un cchantitfond'or recouvert d'acide sut-

fhydriqueconcentréest resté brillant, mêmeau bout de

vingtheures.

Un échantillond'or traité par le sulfhydrate d'ammo-

niaqueest devenu rapidement noir, it y a eu formation

d'un sulfure.

Un~fragmentd'octra!t<~parunegouttetettede~nterGur&

s'estfort biendissous.

ESSAI DE L'OR. PAR VOtE SÈCHE

AUCHALUMEAU.

Uneesquille de métal chauffée à une température

élevéea fondu en gtobutesjaunes, malléables; lorsqu'ils

se solidifient, après ta fusion, its redeviennent incan-

descents,cette réaction est absolumentsemblable à celle

Page 188: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

SUR L'OR ARTIFICIEL t

produiteavec les ors purs. Cet or fondu dans du cristal

cotorecetui-ci en rosc pâfe.

ESSAtDEL'ORMRVO'EHUMtOE.

Réactions chimiques faitessur ta sotutionaqueuse du

bichlorure du m~tat&étudier.

AcideSulfhydrique

précipité noir, soluble lentementdanstessulfuresat-

calins.

Sutfhydratcd'ammoniaque

précipité noir, solubledans unexcèsde réactif.

Carbonate de soude

pas de précipite, ni à froid, ni à chaud.

Potasse:

pas de précipité, nià chaud,ni à froid.

Ammoniaque

précipitéjaune.liqueurclaire.

Cyanoferrurede potassium

coloration vert emcraude.

Sotutiondes chlorurcsd'étain

précipité rouge~trc très faible, le liquideest très

brun.Acide Oxalique

Page 189: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

!:& ÉTUDESCtEMtFtQUEETCôMfARATfVE

La liqueurdevient bleu indigo, et il se formeun tëger

nuagebrun venantprobablementde ta réductionet de la

précipitationde l'or. Dans l'échantillon analysé on ne

trouve aucunestraces de silice et de cuivre, maisoncons-

tate la présenced'un peud'argent.

ETUDE SUR L'OR NATUREL

PROPRIÉTÉS PHYSIQUES,

L'or natif n'est jamais pur, il est toujoursallié à l'ar-

gent dansdes proportions variables,on y trouveaussi de

la silice.

tt seprésente toujours avec une couleur jaune qui lui

est propre, et le métal est d'autant plusjaune qu'il ren-

~rmeMotnsrd'argenf.SQnëtaCcsEmétaiHqueses-surfa-

ces naturellessont peu brillantes maissousle polissage

d'unedent de loupil prend unviféclat légèrementverdâ-

tre.

L'or naturet est plus dur dueIe plombet l'étain, mais

ilt'est moinsquet'argent. le cuivreet le fer.

t!est très malléable,et on peut réduire les échantillons

enfeuillesextrêmementmincespar un battageprogressif.

La densité de l'or naturel est très variable, mais en

moyenneelle est de t.),~ (La densitéde t'or de M. Tif-

Page 190: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

SURL'ORART!FtC!EL tj~

fereau n'a pas puêtre établie d'une façonabsolue, car

t'échantiHon était trop minime,mais par des expériences

spéciales de laboratoire. il a été reconnuque sa densité

est beaucoupsupérieure à l'or nature)).

L'or natif se présente en filaments,en rameaux,en pe-

tits cristaux, ayant la formede pyramidesquadrangutaires

ou d'octaèdres, en lames, en paillettes, en ptaques, en

grains disséminésdans(esrochers, en poudremélangéede

sable, enfinon le trouve souvent en pépites, c'cst-à-dirc

en morceauxirréguliers ptus ou moinsgros.

PROPRIÉTÉS CHtMtqUES.

Pour faire l'étude chimiquecomparative sur i'or natu-

ret t~me suis servi nond'ornaitiCtmpuF,mais~d'QPpu*

riRé, préparéau taboratoire.On a dissout une pièce d'or dans une eau régale

faite avec une partie d'acide azotique &20 de l'aréomè-

tre et .t. partiesd'acide chlorhydrique très pur. On filtre

ta liqueur, pour la séparer du chlorure d'argent qui s'est

formé, et on y ajoute un excès de proto-chforured'anti-

moine, dissousdans un mélanged'eau et d'acidechlorhy-

drique. L'or se précipite au bout de quetquesheures,

surtout lorsqu'on chauffe tég~rementla liqueur, sous

Page 191: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

)-H ÉTUDE SC!E!fTtHQUE ET COMPARATIVE

formede petites tames cohérentes qui se rassemblent

rapidement.On te lave d'abord avec de l'acide chtorhydrique,

puis avec de t'eau distittecet on l'a fondudans un creu-

set de terre avec un mélangede nitre et de Borax.

On a obtenu de la sorte un cutot d'or à tooo/tooo

c'est-à-dire chimiquementpur.

Cet or a et~misen solution dansdel'eau régale, trans-

formé en bichlorure d'or évapora à sec pour chasser

l'excès d'acide et repris par l'eau distillée.

Sur ta sotutionaqueuse on a opéré tes réactions de

l'or trèsconnues des chimistes.

J'en dresse te tabteau ci-dessous, pour faciliter aux

personnes qui n'ont pas fait de Chimiela comparaison

desréactionschimtqùesdët'orartit~ et de l'orptir

naturel.

Acidesulfhydriqueprécipité noir. sotubtedans tes sulfuresalcalins.

Sutfhydrate d'ammoniaque

précipité noir, solubledans un excès de réactif.

Carbonate de soude

pas de précipité à froid, à chaud précipite {aun&tre

d'oxyde d'or ta liqueur retient de t'aurais desoude en

dissolution.

Page 192: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

SUR L'OR ARTtFtCtEt. t~ Ej

Potasse:

dans une solution neutre, surtout à chaud; préci-

pité jaune rougeâtre d'oxyded'or.

Ammoniaque

précipité jaune d'or fulminant.

Cyanoferrurede potassium

coloration vert émeraude.

Solutiondes Chlorures d'étain

précipité brun rougeâtre de pourpre de Cassius;

une solutionétendue n'est pas précipitée, maisse colore

lentementen rouge brun.

AcideOxatique

a chaud précipitation d'or métatiique sous forme de

poudrebrune au momentde la précipitation,la liqueur

detient~Mëtte.Ott&tFaitû une petite quantité de li-

maille venant du culot d'or pur préparé, commei! a

été dit ci-dessus par une eau régate iodhydrique, la

solutiondu méta) a eu lieu.

La mêmeopération étant faite avec de t'acide bro-

mhydriquc, on a aussi obtenu une dissolutioncompiéte

et rapidede la poudre d'or traitée. Unmétange d'acide

chlorhydriqueet d'acide chromique a attaqué énergi-

quement le métal.

En chauffant à l'air un fragment de potasse avec un

Page 193: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t8o ÉTUDE SCtËNTtFtqUE ET COMPARATfVE

peu de poudred'or, la matière est devenue d'un beau

jaune soluble dans!'cav, c'est de taurate de potasse.La mêmeopérationétant faite avec du Protoxyde de

sodium ou Soude,on a obtenu aussi une masse un peumoinsjaune, maissolubledans t'eau. il y a eu formation

d'aurate de soude.

Un échantittond'or en poudre recouvert d'une solution

de gazacidesulfhydriqueest resté complètement brillant.

Un échantillond'or en poudre recouvert de sutfhy-drate d'ammoniaqueest devenu rapidement noir, car

il s'est forméà la surfacedu métal une mincecouche

d'un sulfure.

Un peu de poudred'or pur traité à chaud par du

mercure a disparucomplétement, il se forme un amal.

game d'or~

ESSAtS DE L'OR PAR VOIE SÈCHE AU CHALUMEAU.

Une esquille de métal chaufTéeà une températureélevée sous le dard du chalumeau fond en globules

jaunes, maitéaMes en se so)idi(!ant its subissent te

phénomène d'incandescence, et ta surface des globules

parait ridée.

Page 194: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

SUR L'OR ARTtFtCtEf. t3t

NOTES ET COSCLUSMU.

En comparant, tes propriétésphysiques de Forarfif!-

ciel &cènes de l'or naturel, onconstate une différence

sensibte.quoiquepourtant onpuissetrouver rarement, il

est vrai, des poudres d'or natif, ayant le même aspect

que celui de M. Tiffereau.

Quant aux propriétés chimiques, elles sont inté-

ressantes âconstater; les réactionspnncipatesdet'orar-

tificiel sontpresque anatoguesà celles de for natif, mai:;

quelques réactions comme on peut le voir difTerent

sensiblementdes réactions habituefles.

Je pr~fënds~que-c'est, justementce résultat anormal-

qui donneun certain poids auxtravauxde M. Tiffereau.

Il y a [à un fait que je ne puispas expliquer, maisqui

existe, en définitive; cela indique que t'or artificiela

toutes les propriétés physiquesde l'or natif, maisdiffère

de celui-ci par quelques propriétéschimiques, n'appar-tenant pas en propre à un autre métal.

Je rappellerai ici un passagedu rapport de M. Le

Brun de Virloy,ingénieur des mines,sur l'accroissement

métallique dont il s'est beaucoup occupé. (Le métal

Page 195: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

t !!2 ÉTUDE SG!ENTtF:qUE ET COMPARATIVE

Imp. des Éco es, HEit~JOUVE, !),ftte Racine, Paris.

'~Ë?

venant de l'accroissementmétalliqueparait être d'abord

à l'état naissant, et alors il ne présente pas toutes les

réactions et propriétés du métal adutte. Le métat peut

mêmedisparattreen toutou en partie, maisonparvient à

le fixeret &le fairepasser à l'état adulte sous l'influence

de certaines réactionschimiques).

Je n'ai pas à discuter ici cette théorie, mais je cons-

tate que le résultat de notre travail semble tuidonner

raison.

Ma mission se borne à donner un compte-rendu

complet des travauxde laboratoire faits sous madirec-

tion, de l'échantillond'or quem'a remisM. Tiffereau et

c'est à son étude exacte que je me suis attaché.

L'échantitton étudié n'a pas été fait sous mesyeux,

ayant été préparé au Mexiqueen [8~.

GUSTAVE tTASSH

Chimiste,S,rue Bayen,Paris-Ternes

Page 196: T. Tiffereau - L'or et la Transmutation des Metaux

TABLE

prefaceparJutesLermina. t

Paracetse et l'alchimie au Xt: siecte par M, Franck, de

t'tnstitut. t

L'orartinciet.–Transmutation des métaux.–Introduction

Les nt<'<Jtt.tsont des corps ccmpMJt.

Premier mémoire présenté à t'Acadumie des Sciences

danstas(;ancedut~)uini8; 4~

Deuxième mémoire lu à t'Acad~mie des Sciences dans ta

séance du i7oeMbret8; $3

Troisième mémoire présente le 8 mai !8,4. <)<<

Quatrième mémoire présenté a. t'Aeademie des sciences

dans la séance du 7 aoûtt: 8~

Sur ta (MfMMMbtMt <~Mmt'fttM.<.

Cinquième mémoire présenta a t'Acadcmie des Sciences

danstasêancedutû octobre [U~ <~

Sixième mémoire présente- ~rxcad~mic des Sciences te

ï!;decembrei8;4. -– r;

Lesmétaux sont des corps composés.

Deuxième partie. Premier mémoire. t;&

id. Deuxième mumoife, production ar-

tificielle de l'or par l'oxydation des sulfures. [;o

Con[erencefaiteaParis,tei&m~rst889. t

Lettre de M. Le Brun de Virtoy, tngcnieurcivit des Mines

surt'aecroissemefitmctattique. t<'7

Étude scientifique et comparative sur l'or artiticiet par

M.Gustave Itasse, chimiste. '7tt